Chapitre1 Série de Fourier EM 2425

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Module : Mathématiques pour l’ingénieur Classes : 3ème année G.C/ E.

M
AU : 2024 / 2025

Chapitre1 : Série de Fourier


Objectif :
L’objectif de ce chapitre est :
• La définition des coefficients de Fourier pour une fonction continue par morceaux, de
période T , à la fois sous les formes cos(nwt) et sin(nwt) et einwt .
• Le théorème de convergence ponctuelle de Dirichlet pour les fonctions de classe C 1 par
morceaux.
• La formule de Parseval.
Il est aussi fait allusion à l’utilisation du développement en série de Fourier d’une fonction
périodique pour calculer la somme d’une série numérique.

1 Introduction
L’intérêt des séries de Fourier apparaı̂t notamment quand on cherche à résoudre les équations
différentielles linéaires du second ordre associées aux circuits électriques. Considérons un cir-
cuit RLC comprenant un condensateur de capacité C, une bobine d’inductance L et une
résistance R . On envoie dans ce circuit un courant alternatif, dont la tension est une fonction

Figure 1 – circuit RLC.

périodique s(t), et on s’intéresse à la charge q(t) du condensateur. L’équation (E) qui régit

1
ce circuit est :

d2 q dq 1
(E) L 2
+ R + = s(t).
dt d C
On sait qu’on en trouve les solutions en ajoutant à la solution générale de l’équation ho-
mogène (E0 ) associée à (E) une solution particulière de (E). Lorsque le signal s est si-
nusoı̈dal, par exemple s(t) = sin(ωt), c’est facile car on cherche une solution de la forme
a cos(ωt) + b sin(ωt). Mais, souvent, le signal fourni est plus compliqué, et pas forcément
régulier (signal en créneau ou en dent de scie par exemple). Si l’on a une décomposition de
s(t) en somme de fonctions trigonométriques :

N
X
s(t) = an cos(nωt) + bn sin(nωt).
n=0

le calcul est encore facile en traitant séparément le cas de chaque terme (on parle d’harmo-
niques) et en les ajoutant (principe de superposition). En général on ne peut espérer avoir un
tel développement avec une somme finie et c’est pourquoi on va essayer d’écrire la fonction
périodique s comme somme d’une série trigonométrique. C’est toute la problématique des
séries de Fourier.

2 Généralités
L’étude des séries de Fourier nécessite l’introduction de quelques notions techniques.

Définition 1.

On appelle subdivision d’un segment [a, b], toute famille finie de réels
σ = (a0 , a1 , ..., an ) telle que :

a = a0 < a1 < ... < an = b.

Les ai sont alors appelés points de la subdivision σ et les intervalles ]ai−1 , ai [ sont
appelés intervalles de la subdivision σ

2
Définition 2.

• Une fonction f : [a, b] −→ R est dite continue par morceaux s’il existe une
subdivision σ = (a0 , a1 , ..., an ) de [a, b] vérifiant :
1. ∀1 ≤ i ≤ n, f est continue sur ]ai−1 , ai [.
2. lim
+
f (x) et lim

f (x) existent et sont finies.
ai−1 ai

• Soit T un nombre réel > 0. Une fonction f définie sur R est dite périodique de
période T si l’on a, pour tout x ∈ R, f (x + T ) = f (x).
• CMT ([a, b], C) = {f : [a, b] ⊂ R −→ C, T -periodique et continue par morceaux}.
Ainsi CMT ([a, b], C) est l’ensemble des fonctions T périodique et continues par
morceaux sur [a, b].

Remarque 3.

On note CT ([a, b], C) = {f : [a, b] ⊂ R −→ C, T -periodique et continue}

Exemples
1. La fonction f (x) = E(x) (on note aussi [x]) est une fonction continue par morceaux
sur [−5, 8].

Figure 2 – Représentation de la fonction E(x) = [x].

2. Soit la fonction f : R −→ C 2π-périodique définie par :

(
exp(t) si t ∈]0, π[
f (t) =
exp(−t) si t ∈] − π, 0[
Représenter graphiquement la fonction f .
3. On considère la fonction périodique de période 2π et définie par

3
(
1 si x ∈]0, π[
f (x) =
−1 si x ∈] − π, 0[
Représenter graphiquement la fonction f sur ] − 5π, 5π[.
4. Soit la fonction g : R −→ C 2π-périodique définie par :

f (t) = |t| sur [−π, π[.

Représenter graphiquement la fonction g.


5. Soit la fonction f : R −→ C 2π-périodique définie par :

f (t) = t sur ] − π, π[.

Représenter graphiquement la fonction f .

Théorème 4.

Soit f : R −→ C et g : R −→ C deux fonction de CM([a, b], C) et α ∈ [a, b] alors :


1. αf + g ∈ CM([a, b], C).
2. f.g ∈ CM([a, b], C).
3. |f | sont dans CM([a, b], C).
4. Ré(f ) et Im(f ) sont dans CM([a, b], C).

Nous allons donner maintenant un résultat important qu’on utilise pour déterminer les co-
efficient de Fourier.

Théorème 5.
Z a+T
Soit f ∈ CMT (R, C) et a ∈ R. L’intégrale f (x)dx ne dépend pas de a et on
Z a

la note f (x)dx et on dit l’intégrale de f sur une période T .


[T ]

Pour démontrer ce thèoréme : Z a+T Z b+T


2
Soit (a, b) ∈ R et a ̸= b, montrons que f (x)dx = f (x)dx.
a b

4
Z b+T Z a Z a+T Z b+T
On a f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx + f (x)dx
b b a a+T
on effectue le changement de variables s = x − T , on démontre que
Z b+T Z a
f (x)dx = − f (s)ds.
a+T b

Z a+T Z b+T
Finalement on déduit que f (x)dx = f (x)dx.
a b

Remarque 6.

1. Si f est paire et T périodique alors :

Z Z T
2
f (t)dt = 2 f (t)dt.
[T ] 0

2. Si f est impaire et T périodique alors :

Z
f (t)dt = 0.
[T ]

3 Coefficients et série de Fourier


Parmi les fonctions périodiques de période T on dispose de trois types de fonctions remar-
quables : cos(nωt), sin(nωt) pour n ∈ N et einωt pour n ∈ Z.

Dans tous les cas ω = T
est la pulsation associée à T . Notre objectif est d’écrire les autres
fonctions comme combinaisons linéaires de celles là.

5
3.1 Définitions générales
Définition 7 (Coefficients de Fourier trignométriques).

Soit f : R −→ C une fonction T − périodique et continue par morceaux sur R.


On défnit les coefficients de Fourier trigonométriques de f par les formules
suivantes : Z
2
a0 (f ) = f (t)dt.
T [T ]

et Pour tout n ∈ N∗
Z
2
an (f ) = f (t) cos(nωt)dt,
T Z[T ]
2
bn (f ) = f (t) sin(nωt)dt
T [T ]

Proposition 8 (paire-impaire).

Soit f une fonction T -périodique continue par morceaux.


• Si f est paire, alors pour tout n ∈ N
bn (f ) = 0
Z T
4 2
an (f ) = f (t) cos(nωt)dt.
T 0

• Si f est impaire, alors


an (f ) = 0.
Z T
4 2
bn (f ) = f (t) sin(nωt)dt.
T 0

Application 1
Soit la fonction f : R −→ C 2-périodique définie par :


 x si x ∈ [0, 1[
f (x) =
 1 si x ∈ [1, 2[
2
Calculer les coefficients de Fourier trigonométriques de f .
Application 2
Soit la fonction f périodique de période 2π et impaire définie par :

f (x) = x si x ∈ [−π, π[.

6
1. Faire la représentation graphique de la fonction f .
2. Calculer les coefficients de Fourier trigonométriques.
Application 3 :
Soit la fonction f : R → R, 2π-périodique définie par :
∀x ∈ [−π, π[, f (x) = |x|.
1. Représenter la fonction f sur [−3π, 3π].
2. Calculer les coefficients de Fourier trigonométriques de f .

3.2 Série de Fourier


Définition 9.

Pour tout n ∈ N, on défint sur R la fonction


n
a0 (f ) X
Sn (f )(t) = + (ak (f ) cos(kwt) + bk (f ) sin(kwt))
2 k=1

• Sn (f ) est appelé polynôme de Fourier de f d’indice n ou somme partielle d’ordre


n de la série de Fourier de f .
• On appelle série de Fourier de f

+∞
a0 (f ) X
S(f )(t) = + (an (f ) cos(nwt) + bn (f ) sin(nwt)).
2 n=1

Notation : La notation S(f )(t) n’a de sens pour les t ∈ R tels que la suite de nombres réels
(Sn (f )(t))n est convergente. Le problème est de savoir en quels t ∈ R la suite (Sn (f )(t))n∈N
converge .

Exercice 1 On considère la fonction périodique de période 2π et définie par

(
1 si x ∈]0, π[
f (x) =
−1 si x ∈] − π, 0[

1. Représenter f sur [−3π, 3π].


2. Calculer les coefficients de Fourier trigonométrique de la fonction f .
3. Écrire le développement en série de Fourier de la fonction f .

7
4 Théorèmes de convergences d’une série de Fourier
Notation : Soit f : R −→ C. Pour tout x ∈ R, on note les limites à droite et à gauche de
f en x par :
f (t+ ) = lim+ f (x) et f (t− ) = lim− f (x)
x−→t x−→t

Théorème 10 (Théorème de Dirichlet).

Soit f : R −→ C une fonction T − périodique et de classe C 1 par morceaux. Soit


(Sn (f ))n∈N sa série de Fourier.
Pour tout t ∈ R, la suite (Sn (f )n∈N est convergente et l’on a

f (t+ ) + f (t− )
lim Sn (f )(t) =
n−→+∞ 2

Autrement dit, la série de Fourier de f converge pour tout réel t et l’on a

f (t+ ) + f (t− )
S(f )(t) = .
2

Remarque En tout point t où f est continue, les limites à gauche et à droite sont égales et
l’on a S(f )(t) = f (t).

Théorème 11 (Convergence quadratique : la formule de Parseval).

Soit f : R −→ C une fonction T − périodique et continue par morceaux sur R Alors


X
la série numérique (an (f )2 + bn (f )2 ) converge et l’on a
n≥1

Z +∞
1 2 1 2
X
|f (t)| dt = |a0 (f )| + (|an (f )|2 + |bn (f )|2 )
T [T ] 4 n=1

Exercice 2 Soit la fonction f périodiques de période 2π définies par : f (x) = x si x ∈


] − π, π[.
1. Représenter la fonction f sur [−3π, 3π[.
2. Montrer que f est impaire sur R.
3. Montrer que f est continue par morceaux sur R.
4. Calculer les coefficients de Fourier trigonométriques.

8
5. Ecrire le dévellopement en série de Fourier pour la fonction f .
+∞
X (−1)p
6. Application de théorème de Dirichlet : calculer
p=0
2p + 1
+∞
X 1
7. Application du Théorème de Parseval : Calculer
n=1
n2

5 Forme exponentielle des coefficients de Fourier


Définition 12.

Soit f une fonction T −périodique et continue par morceaux. On note (Sn (f ))n∈N
sa série de fourier et (an (f ))n∈N et (bn (f ))n∈N ∗ ses coefficients de Fourier. On peut
définir les coefficients de Fourier complexes (cn (f ))n∈Z de f de la façon suivante :

2c0 (f ) = a0 (f )

et pour tout n ∈ N∗

1 1
cn (f ) = (an (f ) − ibn (f )) et c−n (f ) = (an (f ) + ibn (f )).
2 2

Remarquons que pour tout n ∈ N∗ , cn (f ) = cn (f )


Proposition 13.

On a alors pour tout n ∈ Z


Z
1
cn (f ) = f (t)e−inωt dt.
T [T ]

Pour tout n ∈ N, la somme partielle de rang n de la série de Fourier de f s’écrit


alors : n
X
∀t ∈ R, Sn (f )(t) = ck (f )eikωt .
k=−n

Application 4 :
Soit la fonction f : R −→ C 2π-périodique définie par :

f (t) = exp(t) sur ]0, π[,


f (t) = exp(−t) sur ] − π, 0[,

9
Calculer les coefficients de Fourier exponentiels de f .

Théorème 14.

Soit f : R −→ R, T -périodique, continue sur R et de classe C 1 par morceaux sur R.



Alors f peut être prolongée en une fonction continue par morceaux sur R et

T −périodique (f ∈ CMT ). et on a


cn (f ) = inωcn (f )

Remarque 15.

On peut généraliser le théorème précédent de la manière suivante :


Soit f : R −→ R, T -périodique, continue sur R et de classe C k par morceaux sur R.
Alors f (k) peut être prolongée en une fonction continue par morceaux sur R et
T −périodique (f (k) ∈ CMT ). et on a

k
cn (f (k) ) = inω cn (f )

Théorème 16.

Théorème de Dirichlet Soit f ∈ CMT de calsse C 1 par morceaux sur R. Alors :


∀t ∈ R on a

+∞
f (t+ ) + f (t− ) X
S(f )(t) = = c0 (f ) + c−n (f )e−inωt + cn (f )einωt
2 n=1

Remarque En tout point t où f est continue, les limites à gauche et à droite sont égales et
l’on a S(f )(t) = f (t).

Théorème 17 (Convergence quadratique : la formule de Parseval).

Soit f : R −→ C une fonction T −périodique et continue par morceaux sur R. Alors


Z +∞
1 X
|f (t)|2 dt = |c0 (f )|2 + (|cn (f )|2 + |c−n (f )|2 ).
T [T ] n=1

10
Exercice 3 Soit f : R → R la fonction 2π-périodique telle que f (x) = ex pour tout x ∈
] − π, π].
1. Calculer les coefficients de Fourier exponentiels de la fonction f .
2. Écrire son développement en série de Fourier de f .
3. En déduire les valeurs des sommes
+∞ +∞
X (−1)n X 1
2+1
, .
n=0
n n=0
n2 + 1

11

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