La France La Meetropolisation Et Ses Effets1

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Cours Géo / Thème 1 : La métropolisation : un processus mondial

différencié

Question spécifique sur la France :

La France, la métropolisation et ses effets


Exercice d’amorce :
P. 72 : Utiliser les consignes de l’encadré « Lire les cartes »

Réponses attendues (= celle qui rend l’exercice exploitable) :

- 1e consigne « Carte 1 » : Les métropoles en forte croissance sont


suffisamment éloignées de Paris pour ne pas être dans l’ombre, voire
étouffées par l’influence parisienne et l’importance des lieux
décisionnels, des fonctions de commandement de cette dernière (afin de
faire le lien avec la 1e partie du thème 1 « La métropolisation » +
p.20-21, « La métropolisation, qu’est-ce que c’est ? et La
métropolisation, quels effets ? » ;
- Idem pour la 2e consigne « Carte 2 et 3 » : L’attractivité des métropoles
dépend de la présence des « lieux décisionnels, donc des fonctions de
commandement » en question !

Introduction :
En France, les métropoles constituent des sortes d’ « assurances tous risques » pour
les entreprises. Cette analyse de l’urbaniste Pierre Veltz démontre que la métropolisation, à
l’heure d’une mondialisation essentiellement économique, est un processus qui, par la
concentration des hommes et des activités qu’il engendre, transforme certaines grandes villes
en métropoles. Or, à l’échelle de la France, 6e puissance mondiale (chiffre 2018), ce
phénomène, bien que fortement dominé par la capitale, Paris, recompose les dynamiques
urbaines à l’échelle métropolitaine ainsi qu’au cœur des territoires ultramarins, entre
territoires gagnants et territoires plus ou moins en marge de la compétition inhérente à cette
même mondialisation. Dès lors, en quoi la mondialisation impulse le processus de
métropolisation en France, entre domination parisienne et recomposition des dynamiques
territoriales ? Si en France, la métropolisation est d’abord dominée par le poids de Paris, elle
n’en renforce pas moins les métropoles régionales, ce qui conduit à l’évolution de la place et
du rôle des villes petites et moyennes.

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Exercice pour introduire la 1e partie « Paris et le désert français ? » :

Consigne « Activité » p. 79

I- « Paris et le désert français » ? (JF Gravier)


Malgré l’ancienneté de la thèse du géographe Jean-François Gravier (1947) qui en
fait aujourd’hui un concept dépassé, une partie des questions qu’elle soulève fait pourtant
écho à l’actuelle métropolisation qui renforce le poids de Paris.

A- Paris, une ville globale


4e ville globale du monde, Paris domine non seulement le territoire national, mais est
également une des villes les plus influentes de l’Union européenne et du monde. Capitale
politique, économique (31% du PIB en 2018) et culturel de la France, Paris accueille de
nombreuses conférences internationales (COP 21 en 2015), de nombreux hommes d’affaires,
universitaires, etc., ainsi que de très nombreux touristes (1e ville du monde avec plus de 24 ms
de touristes en 2018, 40 ms en incluant l’IdeF).
L’attraction et l’influence parisienne s’expliquent par la présence de nombreux lieux du
pouvoir. Outre les infrastructures gouvernementales d’une puissance nucléaire, membre du
Conseil de sécurité de l’ONU, Paris possède le premier quartier d’affaires d’Europe (3600
entreprises, 1500 sièges sociaux), le quartier de La Défense. L’agglomération est aussi une
technopole (45% des chercheurs français, présence de grandes écoles, telles que HEC,
Polytechnique). Enfin, son patrimoine culturel est remarquable, comme l’illustre le musée du
Louvre, musée le plus visité au monde.
Revers de la médaille, Paris est également une des villes les plus chères du monde (plus de
9000 €/m2 en 2014), d’où un solde migratoire négatif (- 0,9%). Le processus de gentrification
y est le plus important. En conséquence, les classes populaires sont de plus en plus exclues de
la ville-centre (13 des 20 communes les plus pauvres de France se situent dans l’aire urbaine
de Paris). Enfin, Paris est également une ville congestionnée par la saturation de ses axes de
communication (plus d’1h30/jr de transports pour les cadres franciliens), dégradant un peu
plus l’environnement de la ville Lumière.

B- Paris, une métropole polycentrique


Pour répondre aux nouveaux besoins d’une métropole inscrite de longue date dans la
compétition internationale de la mondialisation, des pôles secondaires se sont développés
faisant de Paris une métropole polycentrique. Ainsi, dans le prolongement des Champs-
Elysées s’est développé le CBD de La Défense. La Plaine Saint-Denis voit émerger un pôle
numérique ou encore le plateau du Saclay réunit grandes écoles, universités et centres de
recherche, ainsi que des laboratoires de FTN (Kraftfoods, Danone).
En effet, si le centre de Paris concentre encore de nombreuses activités ainsi qu’un riche
patrimoine à préserver, le fonctionnement polycentrique, dessinant une véritable région
urbaine qu’est Paris et l’Île-de-France, est une nécessaire réponse à la congestion parisienne.
Reliés par d’importants réseaux de communication, ces pôles secondaires renforcent le poids
de Paris. Par exemple, grâce à ses deux aéroports internationaux (CDG et Orly), Paris est l’un
des principaux hubs européens.
C’est dans cette logique que se développe le projet de Métropole du Grand Paris qui vise à
transformer l’agglomération parisienne au nom d’une insertion croissante dans la
mondialisation, en regroupant Paris, les départements de la petite couronne et certaines
communes de la grande couronne. Par exemple, le projet du Grand Paris Express vise à

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développer un réseau de transport et de pôles économiques dans les communes proches de
Paris, afin de faciliter les mobilités et limiter la saturation des réseaux et de l’espace parisien.

C- Paris, une ville primatiale


Néanmoins, la métropolisation a renforcé le poids de Paris dans le réseau urbain
national. De fait, Paris est une ville primatiale, véritable exception européenne, comme
l’illustre l’écart entre celle-ci et la 2e ville du pays, Lyon. Paris est six fois plus peuplée (12ms
contre 2,2ms) que Lyon. De même, Paris est la seule métropole internationale en France.
Ainsi, la macrocéphalie parisienne domine le pays, fruit de siècles de centralisation des
pouvoirs, malgré quelques vaines tentatives de politiques de décentralisation au tournant des
années 1980. Les fonctions métropolitaines sont très largement concentrées en Île-de-France,
comme l’illustre l’actualité du Brexit (Lille sacrifiée à Amsterdam au profit de Paris pour
l’accueil d’institutions européennes quittant Londres, l’Agence européenne des médicaments
pour Amsterdam vs l’Agence bancaire européenne pour Paris).
Dès lors, si les grandes villes les plus éloignées de Paris tentent de développer leurs fonctions
métropolitaines, entraînant une vive concurrence entre elles (Amiens vs Lille pour devenir la
capitale des HdF), leur dépendance reste forte vis-à-vis de la région-capitale, dont la
gouvernance se pense désormais à l’échelle mondiale, les enjeux des prochains JO de 2024 en
étant une parfaite illustration.
Capitale d’un pays centralisé, Paris est une ville mondiale dans la compétition
internationale. En retour, les dynamiques parisiennes ont impulsé une nécessaire
métropolisation à l’échelle régionale.

II- Les métropoles régionales


Malgré le poids de Paris dans l’armature urbaine nationale, les métropoles
régionales jouent le jeu de la compétition inhérente au processus de la mondialisation.

A- Les métropoles à la française


Malgré l’ancienneté des lois de décentralisation (dès la fin du XIXe siècle), tentative
de rééquilibrage territorial face à la macrocéphalie parisienne, il faut attendre les lois cadre
Deferre de 1982 pour que se mettent en place les métropoles régionales, fruit d’une volonté
avant tout politique (« L’Etat accompagne la métropolisation dans un souci de cohésion du
territoire », Pacte Etat-métropoles de 2017). Le statut de « métropole » ne sera établi qu’entre
2010 et 2014.
Ainsi, on dénombre à ce jour 22 métropoles, dont les trois 1e sont, après Paris, Lyon,
Marseille et Lille. Comme le démontre la définition de métropole (p.23), les métropoles
françaises ont des compétences propres en matière d’aménagement, d’enseignement supérieur
et de développement économique. Elles s’engagent également dans de grands projets de
renouvellement urbain, afin d’attirer toujours plus les investissements (ex : les différentes
phases d’Euralille à Lille !).

B- Des métropoles régionales en compétition


La politique de l’Etat en direction des territoires vise donc à faire émerger des
champions nationaux. Elle favorise donc les métropoles régionales qui ont déjà des atouts,
afin d’encourager celles-ci vues comme des « locomotives » du développement économique
régionale. Par exemple (pp. 80-81), Nantes a mis en place un marketing territorial (déf. p. 23
ou p.74) pour attirer les investisseurs.

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Paradoxalement, la priorité des acteurs politiques n’est plus uniquement l’équilibre des
territoires, mais de soutenir la compétition des villes dans la mondialisation, et ce à différentes
échelles. Ainsi, le dynamisme des métropoles régionales ne vise pas à brider le
développement de Paris, mais à soutenir cette dernière dans sa compétition avec les autres
villes mondiales.

C- Des dynamiques de métropolisation inégales


Malgré un statut commun, les métropoles régionales ont un poids inégal, bien qu’elles
accueillent toutes de plus en plus de croissance, d’emplois qualifiés et d’activités innovantes.
Pour la géographe Eloïse Libourel, Lyon, Lille et Strasbourg sont des métropoles
européennes, dont le rayonnement dépasse les frontières nationales, grâce à la présence d’un
quartier des affaires (CBD « Archipel » du Wacken à Strasbourg), d’universités, d’industries
puissantes, etc. Ainsi, Lille a créé un partenariat avec deux villes belges (Courtrai et Tournai)
insérées dans la MEL, métropole européenne de Lille.
De leur côté, Marseille, Bordeaux et Nantes sont des métropoles nationales, alors que les
métropoles restantes possèdent une influence avant tout régionale, telles que Montpellier,
Rennes, Grenoble. L’attractivité des métropoles régionales est tout autant inégale, entre cadre
de vié agréable, économies tertiaires, etc. pesant plus ou moins fortement sur le coût de
l’immobilier, au détriment des individus les plus fragiles.
Contrepoids imparfait, mais complémentaire de Paris, les métropoles régionales se
sont imposées comme des territoires incontournables du paysage national en ce début de
XXIe siècle. Pour autant, reproduisent-elles à une plus grande échelle le phénomène de
macrocéphalie vis-à-vis des villes petites et moyennes?

III- Les villes petites et moyennes


Dernier échelon de la hiérarchie urbaine, les villes petites et moyennes font face au
défi de la métropolisation, entre déprise et dynamisme à réinventer.

A- Quelle place pour les villes petites et moyennes à l’heure de la mondialisation ?


Situées sous le seuil des 200 000 habitants, les villes petites et moyennes regroupent
en 2018 23% de la population et 26% des emplois. Face aux processus de la mondialisation et
de la métropolisation, elles semblent par essence exclues de ces logiques concurrentielles,
dans lesquelles leur manque de ressources les handicape pour participer aux échanges
internationaux.
De fait, les villes petites et moyennes concentrent les difficultés face à l’étalement urbain et à
la périurbanisation des grandes métropoles : dévitalisation des centres villes, fermetures des
services publics, chômage, déclin démographique, etc. Maux qui peuvent être accentués par
l’effet tunnel (effet TGV), lorsque des infrastructures à grande vitesse (TGV, autoroutes)
entraînent un isolement relatif des espaces traversés mais non desservis par ces dernières.

B- Des situations contrastées


Dès lors, certaines villes petites et moyennes semblent être en phase de déclin
irrémédiable, cumulant les difficultés précédemment évoquées au sein de territoires en crise
(désindustrialisation au Nord comme à l’Est). Leur population vieillit alors que le solde
migratoire est négatif (Fourmies, Nevers).
Inversement, d’autres villes petites et moyennes parviennent à limiter l’effet déprise. D’une
part, certaines sont suffisamment proches d’une métropole régionale pour bénéficier de son

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dynamisme, ou accueillir les individus en recherche d’un logement au coût moins prohibitif
qu’en métropole (Arras). D’autre part, certaines se reconvertissent dans l’économie
touristique et/ou résidentielle, lorsqu’elles bénéficient d’une position proche d’un littoral ou
montagnard (Saint-Malo).

C- Un avenir néanmoins problématique ?


Malgré des actions politiques, tel que le plan « Action cœur de ville » visant à aider
plus de 200 villes moyennes à revitaliser leur centre, le manque de ressources déjà évoqué est
le véritable « nerf de la guerre » pour enrayer la déprise dont souffrent ces territoires qualifiés
de « France périphérique » par le géographe Christophe Guilluy. Ce défi est d’autant plus
d’actualité que le gouvernement supprime une partie des impôts prévus pour le
fonctionnement de ces mêmes villes petites et moyennes.
A défaut de pouvoir relocaliser les individus vers les villes petites et moyennes, l’Etat
impulse, voire impose, la création de réseaux entre métropoles et villes petites et moyennes,
afin que les territoires gagnants viennent en aide à ces dernières. De même, l’Etat encourage
la mise en place des EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale), par
exemple des communautés de communes (ou encore « intercommunalité » déf. p. 76), au
risque de multiplier les rapports de force disproportionnés entre les petites et moyennes
communes, faisant passer le nombre de communes de 36 568 en 2004 à 34 967 en 2019.

Conclusion :
Entre recompositions territoriales induites et compétition par la mondialisation, la
métropolisation reconfigure le paysage non seulement urbain de la France, mais la totalité du
territoire dans son ensemble, de l’hexagone métropolitain aux territoires ultramarins les plus
éloignés. Soutenu par une logique compétitive, donc opposants les territoires entre eux, entre
gagnants et perdants, le processus de la métropolisation révolutionne lentement l’organisation
territoriale, mais aussi économique et sociale, d’un des plus anciens Etat-nation européen.

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