Responsabilité Pénale
Responsabilité Pénale
Responsabilité Pénale
D’une façon générale, la responsabilité est l’obligation de répondre des conséquences de ses
actes. En droit pénal, elle consiste en l’obligation de répondre de ses actes délictueux en subissant
les sanctions pénales prévues par la loi. En droit civil, c’est l’obligation de réparer le préjudice
causé soit par son fait personnel, soit du fait des personnes dont on répond, soit du fait des choses
dont on a la garde.
En droit douanier, à l’instar du droit commun la responsabilité pénale pèse sur l’auteur, coauteur,
complice de l’infraction ou l’intéressé à la fraude. Cependant, compte tenu du fait que les amendes
ont un caractère prédominant de réparation civile, l’effet de sanctionner peut se voir transférer à
des personnes physiques ou morales différentes de celles auxquelles la sanction a été infligée et
qui y sont subrogées pour ce qui est des sanctions à caractère pécuniaire.
Cette situation est d’autant plus vraie que la responsabilité peut être purement civile, lorsque le
contentieux est exclusivement civil.
Pour qu’une personne soit pénalement responsable d’une infraction douanière, il faut que sa
capacité de rendre compte de ses actes soit entière. Autrement dit, il faudra au moment de la
commission de l’infraction, qu’elle soit saine d’esprit et ait atteint la majorité pénale (18 ans
révolus).
La personne pénalement responsable peut être une personne physique ou une personne morale,
avec la différence que la personne morale n’est passible que des peines pécuniaires et des
mesures de sûreté personnelles et réelles prévues aux articles 220, 208 et 305 Code. C’est le cas,
notamment, de l’interdiction d’accès aux bureaux, magasins et terre pleins soumis à la surveillance
de la douane, l’exclusion du bénéfice des régimes économiques en douane, l’interdiction d’accès
aux systèmes informatiques de l’Administration, la fermeture provisoire ou définitive des usines,
ateliers et établissements où les infractions ont été commises et enfin le retrait de l’autorisation
d’exploitation d’un magasin et aire de dédouanement (Art. 220-6°).
La responsabilité pénale pèse sur l’auteur de l’infraction et le cas échéant sur les coauteurs, les
complices et les intéressés à la fraude (Art. 220 et 221 Code).
L’auteur d’une infraction est celui qui a accompli l’acte matériel constitutif du délit ou de la
contravention, tel la signature d’une déclaration en douane ou encore la détention de
marchandises d’origine frauduleuse ou présumée telle. Il peut également s’agir de la personne qui
s’est abstenue d’accomplir un acte imposé par la loi, tel l’omission de faire une déclaration en
douane.
Dans l’hypothèse où plusieurs personnes ont participé à la commission d’une infraction, celles-ci
sont considérées coauteurs et sont traitées sur un même pied d’égalité. Est ainsi coauteur d’une
importation sans déclaration, le passager qui a camouflé sur lui des marchandises appartenant au
conducteur du moyen de transport.
XIV.03.01.01.03 Les complices
Le complice est la personne qui n’a pas participé directement à l’exécution matérielle du fait
infractionnel, mais qui s’y est associé d’une manière indirecte, par exemple en facilitant la
réalisation de l’infraction.
La complicité ne se présume cependant pas. En effet et selon les dispositions de l’article 221
Code, la poursuite du complice n’est à retenir que lorsque celui qui en est l’auteur a agi en
connaissance de cause. Il s’agit là en fait d’un retour au droit commun pour ce qui est de l’élément
moral de l’infraction.
Est alors complice au regard de la législation douanière toute personne qui a délibérément
participé à la commission de l’infraction en fournissant des informations, des moyens (argent,
véhicules etc...), aidé à la réalisation (aide, assistance, notamment par des guetteurs, éclaireurs
etc...) ou encore couvert les agissements frauduleux des auteurs et coauteurs de l’infraction ou a
tenté de leur assurer l’impunité.
- Le fait de procurer aux auteurs de l’infraction des instruments ou tous autres moyens devant
servir à la commission de celle-ci.
Il faut noter cependant que contrairement au droit commun, le droit douanier a aligné sur le plan de
la responsabilité le coauteur et le complice qui sont exposés aux mêmes peines que l’auteur
principal (Art. 221 Code).
- les pourvoyeurs des fonds utilisés pour la commission de la fraude, ayant agi en connaissance de
cause ;
A l’instar du complice, le pourvoyeur des fonds en tant que personne intéressée à la fraude, ne
peut être poursuivi que s’il est établi qu’il a agi en toute connaissance de cause.
Il est à noter que les auteurs, les co-auteurs, les complices et les intéressés à la fraudes des
mêmes faits sont tenus, solidairement des amendes, des confiscations et des dépens.
Néanmoins, lorsque la juridiction répressive saisie accorde à l’une des personnes citées ci-dessus
le bénéfice des circonstances atténuantes, sa solidarité se trouve limité à la quote part de
l’amende fixée par le juge (Art. 231 Code).
Les personnes morales peuvent être définies comme des sujets de droit auxquels la loi reconnaît
une existence juridique distincte de celle des personnes physiques qui les constituent.
Celles-ci ont un patrimoine, des droits et des obligations propres. Les personnes morales peuvent
être de droit public (communes, établissements publics etc…) ou de droit privé (sociétés
commerciales, sociétés civiles, associations, syndicats, etc…).
Alors que pour une personne physique, c’est par rapport à l’accomplissement physique de l’acte
délictueux qu’il est possible de déterminer quand la responsabilité pénale sera engagée. Pour une
personne morale ce critère ne peut être retenu, car elle ne peut agir que par l’intermédiaire d’une
personne physique et elle ne peut omettre qu’en raison de l’abstention d’une personne physique.
Pour tenir compte de cette situation, l’article 227 du code indique que les personnes morales sont
responsables des infractions commises pour leur compte par les administrateurs, gérants ou
directeurs.
Les actes accomplis doivent être commis par les administrateurs, gérants ou directeurs, autrement
dit par des personnes qui ont le pouvoir d’agir au nom de la personne morale. Ainsi, un salarié,
non impliqué dans la gestion de la société et sans pouvoir décisionnel en son sein ne saurait
engager la responsabilité pénale de la société.
Enfin, il y a lieu de préciser que la responsabilité pénale des personnes morales n’exclut pas celle
des personnes physiques, auteurs ou complices des mêmes faits sous certaines conditions.
Dans les cas de l’espèce , les personnes physiques peuvent être poursuivies es qualité.
La personne morale est poursuivie «en la personne de son représentant légal». Dès lors en cas de
changement de représentant légal au cours des poursuites c’est le nouveau représentant qui devra
se faire connaître au juge.
L’exemple type des personnes morales auxquelles le service a souvent affaire est la société sous
ses différentes formes. Il importe d’en préciser la notion, notamment pour ce qui est de la
représentation et dans certains cas les coopératives.
Le Code des Obligations et Contrats définit la société comme étant un contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous deux à la fois, en vue
de partager le bénéfice qui pourra en résulter (Art. 982 DOC).
Contrairement aux dispositions de l’article 982 DOC précité la société peut ne comporter qu’une
seule personne, celle-ci est dénommée «Société unique».
Les sociétés sont soit civiles, soit commerciales. Cette distinction repose d’abord sur la nature
d’activité qu’exerce la société.
Sont commerciales les sociétés qui ont pour objet l’exercice habituel d’actes de commerce.
Aux sociétés qui sont normalement commerciales par l’objet de leur activité, il faut ajouter celles
qui le sont obligatoirement en raison de leur forme, quelle que soit leur activité. Tel est le cas des
sociétés en commandite simples ou en commandite par actions, les sociétés en nom collectif, les
sociétés à responsabilité limitée (Loi n°5-96) et les sociétés anonymes (Loi n°17-95).
Sont civiles les sociétés qui, par opposition, n’ont ni une forme réputée commerciale, ni un objet
ayant rapport avec le commerce.
Il existe deux classifications principales de sociétés commerciales selon que l’on considère
l’étendue de la responsabilité encourue par les associés ou les porteurs de parts ou l’intérêt
attaché à la personne des associés.
- Les sociétés qui supposent la responsabilité indéfinie de chaque membre au passif social. Il en
est ainsi de la société en nom collectif sous l’empire de laquelle tout associé peut être poursuivi sur
son propre patrimoine des dettes sociales de la société.
- Les sociétés dites à responsabilité limitée, ainsi dénommées en raison de ce que chaque associé
n’engage que ses apports en garantie des dettes sociales (exemples : la SARL, société
anonyme).
- les sociétés de personnes dans lesquelles on présume que chaque associé n’a accepté de
prendre cette qualité qu’en connaissance de la personnalité des autres membres (Sté en nom
collectif, en commandite simple et dans une moindre mesure la S.A.R.L.).
- les sociétés de capitaux où l’adhésion des associés n’est pas guidée par des considérations
tenant aux personnes. L’exemple type est la société anonyme.
Le représentant légal de la société en nom collectif est le gérant qui dispose de la signature sociale
et lui seul peut engager la société à l’égard des tiers. En principe tous les associées sont gérants
(Art. 6 de la loi 5-96), mais le plus souvent les associés prévoient la désignation de l’un d’entre eux
en cette qualité. Un gérant peut être choisi parmi les associés où des tiers, il peut être statutaire ou
désigné par un acte distinct.
La société en participation est une société de fait, elle n’existe que dans les rapports entre
associés et n’est pas destinée à être connue des tiers. Elle n’est soumise ni à l’immatriculation ni à
aucune formalité de publicité : la société de participation est donc privée de la personnalité morale.
Les associés en participation choisissent parmi eux ou parmi les tiers un gérant. A défaut, tous les
participants ont la qualité de gérant.
Le gérant traite en son nom personnel et non en celui de la société. Le gérant est donc seul
engagé vis à vis des tiers. Ainsi, en cas d’infraction le gérant est seul responsable et il est
poursuivi en tant que personne physique.
Les associés commandités ont le statut des associées en nom collectif. Ils sont donc tenus
personnellement des dettes sociales.
Les associés commanditaires répondent des dettes sociales seulement à concurrence du montant
de leur apport.
Les dispositions relatives aux sociétés en nom collectif sont applicables en société en commandite
simple (Art. 21 de la loi 5-96). La gestion de la société en commandite simple est assurée
conjointement par les commandités, qui ont statut d’associés en nom collectif ou par un gérant qui
peut être un associé ou un tiers. Il peut être statutaire ou désigné par un acte distinct.
La société en commandite par action emprunte, autant que de besoin, les règles de la commandite
simple et de la société anonyme. Les gérants sont désignés par les statuts, puis par
l’assemblée ordinaire des actionnaires avec l’accord de tous les associés commandités.
Le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la
société et l’engager même par des actes qui ne relèvent pas de l’objet social. Les limitations
statutaires de ses pouvoirs sont inopposables aux tiers (Art. 35 de loi 5-96).
Elle est le symbole de la société de capitaux. Les actionnaires n’ont pas qualité de commerçant.
Ils ne répondent du passif social qu’à concurrence de la valeur de leurs apports. Le nombre
minimum des actionnaires est de cinq. La société anonyme acquiert la personnalité morale à
compter de la date de son immatriculation au registre de commerce.
Les personnes qui ont agi au nom d’une société en formation avant qu’elle n’ait acquis la
personnalité morale sont tenues solidairement et indéfiniment des actes ainsi accomplis au nom de
la société à moins que la première assemblée générale ordinaire ou extraordinaire de la société
régulièrement constituée et immatriculée ne reprennent les engagements nés desdits actes. Ces
engagements sont alors réputés avoir été souscrits dés l’origine par la société (Art. 27 de la loi
17-95).
Les statuts de la société doivent être établis par écrit et doivent mentionner entre autres les
clauses relatives à la composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des organes de la société.
Les organes de gestion de la S.A. sont constitués de dirigeants responsables civilement (Art. à
355) et pénalement (Art. 373 à 424).
La représentation de la S.A. :
A l’égard des tiers, le conseil est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société. Les limitations statutaires des pouvoirs du conseil sont
inopposables aux tiers, de sorte que vis à vis d’eux, la société est engagée même par les actes
étrangers à l’objet social (Art. 69).
La société anonyme à directoire : Elle est dirigée par un directoire de cinq personnes physiques
nommées par le conseil de surveillance qui confère à l’une d’elles qualité de président. Le
président du directoire représente la société dans ses rapports avec les tiers. Mais les statuts
peuvent habiliter le conseil de surveillance à attribuer le même pouvoir de représentation à un ou
plusieurs autres membres du directoire qui portent alors le titre de directeur général (Art. 103).
Il s’agit d’une société de type hybride qui emprunte ses principaux caractères aussi bien à la
société de personnes qu’à la société de capitaux.
S’il faut en principe deux personnes pour constituer une société, la SARL peut n’en comporter
qu’un « associé unique » (Art. 44).
L’Administration de la société est assurée par un gérant comme dans les sociétés en nom collectif.
La responsabilité des associés ou des porteurs de parts est limitée au montant des apports faits
par eux pour la formation du capital social, ils ne répondent donc pas sur leur fortune personnelle
des dettes de la société. Comme les autres sociétés commerciales par la forme, la S.A.R.L.
acquiert la personnalité morale à compter de son immatriculation au registre de commerce.
La société à responsabilité limitée est gérée par une ou plusieurs personnes physiques.
Il peut être désigné un ou plusieurs gérants soit parmi les associés, soit parmi les tiers. Le gérant
peut être nommé soit par les statuts soit par acte séparé.
Dépositaire de la signature sociale, le gérant ne peut en user que conformément à ses pouvoirs,
tels qu’ils sont définis dans ses rapports avec les associés ou les tiers (Art 63 de la loi 5-96). En
cas de pluralité de gérants, les statuts peuvent prévoir une répartition des tâches, des fonctions et
des pouvoirs entre eux. Chacun ayant alors la charge d’une responsabilité particulière (Art. 63
précité).
Comme dans les sociétés en nom collectif, les limitations des pouvoirs du gérant sont réputées
inopposables aux tiers. Mais à la différence de ce qui est admis dans la société en nom collectif,
les gérants de SARL engagent la société même par les actes qui excéderaient les limites de l’objet
social.
Ainsi, la SARL ne peut être délivrée des suites d’un fait quelconque accompli en son nom que si la
mauvaise foi du tiers est établie.
Enfin les gérants sont responsables, individuellement ou solidairement selon les cas, envers la
société et les tiers, des fautes commises dans leur gestion (Art. 67 de la loi 5-96).
Les coopératives sont des personnes morales constituées par un groupement de personnes
physiques ; qui conviennent de se réunir pour créer une entreprise chargée de fournir, pour leur
satisfaction exclusive, le produit ou le service dont elles ont besoin.
Elles sont régies par les dispositions de la loi n°24/83, promulguée par Dahir n°1-83-226 du 9
Moharrem 1405 (5 octobre 1984).
Quant aux coopératives portant la dénomination de « coopératives agricoles » sont des sociétés
à capital et personnel variables. Elles sont soumises pour leur constitution, Administration et
fonctionnement à la législation sur lesdites sociétés.
Toute coopérative doit comprendre au moins sept membres, la responsabilité des membres est
limitée au montant des parts qu’ils ont souscrites.
Les coopératives sont administrées par des administrateurs élus par l’assemblée générale parmi
ses membres et révocables par cet organe. Ils forment le conseil d’Administration, lequel élit parmi
ses membres le président, le vice-président et nomme un secrétaire général qui peut être choisi en
dehors de ses membres.
Le conseil d’Administration dispose des pouvoirs les plus étendus pour assurer le bon
fonctionnement de la coopérative (Art. 61).
Il peut choisir, nommer et révoquer un directeur qui peut être pris en dehors des membres de la
coopérative (Art. 63).
Le directeur qui exerce ses pouvoirs sous le contrôle et la surveillance du conseil d’Administration
est chargée de la gestion de la coopérative et de l’exécution des décisions du conseil
d’Administration.
Il signe tous actes engageant la coopérative conjointement avec les membres désignés à cet effet
par le conseil d’Administration.
La responsabilité pénale est précisée de façon formelle par la législation douanière. Les précisions
nécessaires sont prévues par l’article 222 du code.
En matière de douane, il est de règle que l’auteur d’une déclaration soit personnellement
responsable de l’inexactitude de la déclaration qu’il a signée, alors même qu’il aurait déclaré pour
le compte d’autrui.
- même s’il s’est rigoureusement conformé aux instructions reçues de son mandant ;
- même si la déclaration n’est fausse que par suite de l’application de certains documents que le
signataire croyait authentiques (fausses factures...).
La responsabilité du transitaire pour les opérations effectuées par ses soins, découle du fait que,
connaisseur en la matière, sa mission ne consiste pas seulement à recueillir la déclaration verbale
de son client et la reproduire, mais à accomplir une déclaration régulière en toute connaissance de
cause et après avoir effectué les vérifications nécessaires.
XIV.03.01.03.02 Le commettant
Le commettant est la personne physique ou morale qui charge une tierce personne d’exécuter
certains actes pour son compte.
En douane, le commettant est donc cité pénalement responsable des actes commis par ses
employés. Ces actes consistent plus précisément en des opérations en douane effectuées par
l’employé sur instruction du commettant (Art. 222-b Code).
XIV.03.01.03.03 Le soumissionnaire
Les soumissionnaires en matière de régimes économiques en douane sont responsables de
l’inexécution des engagements qu’ils ont souscrits. Il s’agit principalement de l’engagement de
satisfaire aux prescription des lois, règlements et décisions propres au régime économique en
douane dont le soumissionnaire a bénéficié.
En matière d’infraction douanière, les signataires des déclarations et les commettants en tant que
personnes pénalement responsables, ne sont passibles de la peine privative de liberté qu’en cas
de faute personnelle et intentionnelle (Art. 222 Code).
En droit pénal, l’intention réside dans la connaissance chez la personne qu’il accomplit un acte
illicite.
Pour requérir la peine d’emprisonnement, ce dispositif suppose donc la constatation d’une faute
personnelle commise en toute connaissance de cause.
Pour les transitaires, les peines d’emprisonnement édictées par le code ne leur sont pas
applicables s’ils apportent la preuve qu’ils se sont limités à reproduire les renseignements qui leur
ont été communiqués par leur mandant et qu’ils n’avaient aucune raison valable de mettre en
doute la véracité de ces renseignements.
Le code assimile à des infractions données, certains faits si ceux-ci sont accomplis dans des
conditions déterminées (Art. 223 et 287).
C’est ainsi que la preuve de l’infraction d’abus du régime de l’admission temporaire pour
perfectionnement actif ou de l’admission temporaire est réputée établie, lorsque les marchandises
placées sous l’un de ces régimes ne peuvent être présentées par le bénéficiaire dudit régime.
Il s’agit là de présomptions légales simples qui peuvent être combattues par la preuve contraire
(Art. 287 Code) et fléchir devant la force majeure (Art. 225 Code).
Les personnes présumées pénalement responsables sont citées nommément par le code.
XIV.03.01.04.02.01 Le détenteur
XIV.03.01.04.02.01.01 Les détenteurs de marchandises de fraude
Dès lors, l’Administration n’a pas à apporter la preuve que le détenteur ait participé à la fraude ou
qu’il soit propriétaire réel de la marchandise ; elle se limite à prouver la détention. Cette
responsabilité ne peut disparaître que devant la justification d’un cas de force majeure (Art. 224
Code). La preuve du contraire, la bonne foi du détenteur, encore moins son ignorance de
l’existence de la fraude ne suffisent pour écarter sa responsabilité.
La présomption de détention ne joue à l’encontre d’une personne de l’espèce que lorsque cette
dernière a la jouissance des lieux, que la marchandise est déposée dans ce dépôt et que les lieux
ne sont pas d’un usage public.
Concernant l’identification de la personne ayant la jouissance des lieux et dans le cas où le dépôt
est effectivement occupé par une personne identifiable, il importe peu de savoir si cette dernière
est propriétaire, locataire, sous locataire, gardienne ou occupe sans titre les lieux. Il suffit qu’elle
les utilise au moment du constat.
Cependant, lorsque l’occupant des lieux n’est pas connu ou qu’il y a un doute, c’est le propriétaire
du lieu de dépôt des marchandises de fraude qui est le détenteur, à charge pour lui de dégager sa
responsabilité en produisant la preuve de la jouissance par les tiers (contrat de bail, usufruit, etc.
…).
Lorsque les lieux sont habités par plusieurs personnes, elles sont toutes responsables à moins
qu’il ne s’agisse du conjoint ou descendant du chef de famille.
En droit douanier, les transporteurs sont réputés pénalement responsables des marchandises
qu’ils transportent (Art. 223 Code).
En effet, hormis le cas où le voyageur reconnaît sa responsabilité et où les objets de fraude sont
découverts sur le corps d’un passager ou dans des bagages sous sa garde, c’est le transporteur
qui est réputé pénalement responsable des marchandises de fraude trouvées dans son véhicule.
Le préposé à la conduite est défini comme étant la personne qui conduit le véhicule, le surveille et
préside au chargement et à la livraison des marchandises transportées, qu’il s’agisse de transport
public ou privé.
La responsabilité du conducteur est établie dès lors que les marchandises de fraude sont
découvertes à bord de son véhicule sans qu’il soit nécessaire d’établir à sa charge un acte de
participation personnelle à la fraude. Cette responsabilité se justifie par l’obligation du préposé à la
conduite de vérifier son chargement et de refuser le transport de marchandises suspectes.
A l’effet d’identifier les propriétaires des véhicules, l’Administration prend l’attache des centres
locaux d’immatriculation ou, en cas de difficulté, du service central du Ministère des Transports.
S’agissant des embarcations, l’Administration procède à des investigations au niveau du quartier
maritime en vue de s’assurer de leur nationalité et, éventuellement, d’identifier leur dernier
propriétaire.
A l’exception des décharges légales ci-après indiquées, les présomptions légales ne fléchissent
que devant la force majeure (Art. 224 Code).
la décharge de la responsabilité peut être accordée au transporteur lorsqu’il a été établi que ses
obligations professionnelles ont été accomplies et que la marchandise a été dissimulée en des
lieux échappant normalement au contrôle ou expédiées dans un envoi d’apparence licite ou
lorsqu’ils mettent l’Administration en mesure d’exercer les poursuites contre les véritables
fraudeurs, notamment en facilitant leur identification. Dans ce cas le transporteur est mis hors de
cause et son véhicule peut lui être restitué (Art. 223 Code).
De même, le capitaine du navire est déchargé de la responsabilité s’il est établi qu’il a reproduit
fidèlement les énonciations déclaratives du chargeur et qu’il n’avait aucune raison valable de
mettre en doute la véracité des renseignements contenus dans le connaissement au port de
chargement.
Le principe des circonstances atténuantes retenu par le code pénal est applicable en matière
d’infractions douanières dans les conditions prévues à l’article 257 bis du code.
En effet, lorsque le tribunal constate l’existence d’éléments établissant la bonne foi du délinquant, il
peut lui accorder les circonstances atténuantes. Ce faisant, il peut décider de :
- la restitution du moyen de transport qui n’est pas aménagé pour la fraude et qui ne comporte pas
de cachettes et à condition que ce moyen de transport soit dans une situation régulière ;
- la réduction à 50% des sommes tenant lieu de confiscation des marchandises de fraude ;
- la réduction d’un tiers le montant de l’amende applicable à l’infraction ou son abaissement au
minimum pour les cas où le code prévoit un minimum et un maximum.
Inversement en cas de récidive, le plafond des condamnations pécuniaires prévues par le code est
porté au double dans les conditions fixées par l’article 257 ter du code.
Lorsque la mauvaise foi est établie en cas de répétition d’infraction, le législateur aggrave la
sanction à infliger en majorant de 100% le plafond des amendes encourues.
S’agissant des transitaires, les circonstances aggravantes ne sont retenues qu’en cas de faute
personnelle et intentionnelle (Art 257 ter).