PNDS Rett
PNDS Rett
PNDS Rett
Texte du PNDS
&
Avril 2017
Guide ....................................................................................................................................... 9
1 Introduction ..................................................................................................................... 9
5 Suivi ................................................................................................................................. 33
5.1 Objectifs 33
5.2 Professionnels impliqués (et modalités de coordination) 33
5.3 Rythme et contenu des consultations 34
5.4 Examens complémentaires 35
Caractéristiques de la maladie
Le syndrome de Rett est une maladie neuro-développementale rare, touchant essentiellement les filles,
caractérisée dans sa forme typique, par une phase de développement normal ou sub-normal, suivie d’une
décélération globale du développement psychomoteur, suivie d’une perte des acquisitions cognitives et
motrices. Le syndrome de Rett est causé, dans plus de 95% des formes typiques, par des mutations dans le
gène MECP2.
Les signes les plus typiques du syndrome de Rett (que l’on rencontre à tous les stades) sont :
la perte de l’utilisation volontaire des mains ;
l’absence d’apparition ou la perte du langage oral (pas de mots ou de phrases) ;
des troubles de la coordination et de l’équilibre avec une perte possible de la marche ;
des stéréotypies manuelles caractéristiques à type de pression/torsion, applaudissement,
frottement/lavage des mains ;
des troubles ventilatoires à type d’hyperventilation intermittente, d’épisodes d’apnées, d’expulsions
forcées d’air ou de salive ;
une déficience intellectuelle sévère ;
des troubles anxieux et du comportement ;
une communication par le regard préservée.
À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif. Le traitement est symptomatique et vise à limiter les
complications de la maladie par des soins et des approches médicamenteuses, rééducatives et chirurgicales
appropriés. La plupart des patientes atteintes du syndrome de Rett atteignent l’âge adulte (59,8% au delà de
37 ans) et nécessitent ces traitements toute leur vie.
Les formes atypiques ou variantes du Rett sont diagnostiquées quand les enfants (filles le plus souvent mais
parfois garçons) présentent certains symptômes du syndrome de Rett mais pas l’ensemble des critères
« obligatoires ». Les plus fréquents et reconnaissables sont :
la forme avec préservation du langage ;
la forme congénitale sans phase de développement normal ;
la forme avec une épilepsie sévère et précoce.
Diagnostic
Le diagnostic du syndrome de Rett est confirmé par la mise en évidence d’une mutation dans le gène
MECP2 pour les formes classiques, ou dans les gènes CDKL5, pour la forme variante avec epilepsie
précoce ou dans le gène FOXG1 pour la forme variante congénitale
Cette anomalie n’est pas visible sur un caryotype standard. Elle ne peut être détectée que par une analyse
ciblée du gène, ou par une analyse globale (panel de gènes ou exome) à l’aide de techniques récentes de
séquençage à haut débit.
Prises en charge
Dans l’enfance, la prise en charge est celle du polyhandicap et de ses complications. Les comorbidités
neurologiques sont nombreuses.
L’épilepsie est fréquente, puisque plus de 90% des filles Rett font au moins une crise dans leur vie mais la
prévalence de l’épilepsie pharmacorésistante varie entre 16 et 45% des cas selon les séries. De plus, le
diagnostic d’épilepsie est difficile à porter en raison des anomalies quasi constante de l’EEG et la plus forte
Centre de référence Déficiences intellectuelles de causes rares
Centre de référence des Anomalies du développement & syndromes malformatifs de l’interrégion Est
Avril 2017
5
prévalence de phénomènes paroxystiques non épileptiques. Compte tenu de ces difficultés diagnostiques, il
est indispensable d’avoir une évaluation experte de l’épilepsie, et il est parfois nécessaire de réaliser des
enregistrements EEG video prolongés afin d’utiliser de façon raisonnée les traitements anti-épileptiques.
Les stéréotypies manuelles et les mouvements anormaux font partie de la maladie. Ils sont polymorphes
et évoluent avec l’âge avec des phénomènes hyperkinétiques chez les enfants plus jeunes, et des
phénomènes bradykinétiques chez les plus âgées, qui justifient une expertise par des équipes de neurologie
pédiatrique averties de cette pathologie.
La prise en charge des troubles alimentaires à l’origine d’une dénutrition, des troubles de l’oralité, du reflux
gastro-oesophagien et de la constipation nécessite un avis spécialisé en gastro-entérologie pédiatrique.
La prise en charge de la fragilité osseuse repose sur un régime riche en calcium, une supplémentation en
vitamine D, et parfois des bisphosphonates par voie intraveineuse, et nécessite un suivi spécialisé en
endocrinologie ou rhumatologie pédiatrique.
La prise en charge de complications orthopédiques repose sur des appareillages précoces (orthèses et
appareillages) et un suivi par des équipes de médecine physique et réadaptation et d’orthopédie, averties de
cette pathologie.
La prise en charge de la dysautonomie dans le syndrome de Rett englobe la prise en charge des troubles
ventilatoires, du sommeil et des troubles du rythme cardiaque. Aujourd’hui il n’y aucun traitement curatif aux
troubles ventilatoires du syndrome de Rett. En revanche, il est indispensable de prévenir des troubles de la
déglutition et des épisodes infectieux éventuels. Parfois une prise en charge adaptée des périodes
d’encombrement par de la kinésithérapie respiratoire intensive aidée dans certains cas par des appareils
d’aide à la toux (Cough Assist®) ou de désencombrement (Percussionnaire®) est nécessaire. Cette prise en
charge peut nécessiter un suivi spécialisé par un pneumologue pédiatre.
Les troubles du sommeil sont fréquents (plus de 80% des patientes), associés ou non à des troubles
ventilatoires, et invalidants et leur prévalence diminue avec l’âge. La prévalence plus élevée d’allongement
du QTcorrigé et de tachy-arythmie justifie un dépistage systématique.
Un dépistage des troubles sensoriels auditifs et visuels est nécessaire, ainsi qu’un suivi ophtalmologique et
dentaire régulier auprès de professionnels formés à l’examen des personnes polyhandicapées.
La prise en charge éducative et rééducative des enfants doit se faire dans un cadre multidisciplinaire
associant pédiatres, kinésithérapeute, psychomotricien, éducateur spécialisé, ergothérapeute, orthophoniste
et orthoptiste.
Une évaluation globale est indispensable pour orienter la prise en charge individuelle des troubles moteurs
et orthopédiques, ainsi que des troubles de la communication et de l’anxiété qui sont constants.
Évaluation médicale annuelle par une équipe pluridisciplinaire : examen neuro-moteur, dépistage des
complications orthopédiques (scoliose, cyphose, luxation de hanche, équin), surveillance de la croissance
(poids, taille, puberté), dépistage et anticipation des complications respiratoires (pneumopathies de
déglutition, encombrements respiratoires), évaluation des troubles digestifs (reflux gastro-oesophagien,
troubles de l’oralité et/ou de déglutition avec dépistage de fausses-routes, constipation, et si nécessaire suivi
de la gastrostomie), examen bucco-dentaire. A partir de l’âge de 6 ans, une évaluation de la fragilité
osseuse (ostéodensitométrie et bilans du métabolisme osseux et nutritionnel) est recommandée tous les 2
ans. Un bilan ophtalmologique est également récommandé à partir de 6 ans, ou plus tôt en cas de signes
d’appel (strabisme en particulier).
La transition vers l’âge adulte doit être anticipée pour les jeunes à partir de l’âge de 13 ans.
Chez l’adulte, le traitement multidisciplinaire du syndrome de Rett doit se poursuivre en tenant compte des
complications suivantes : la perte de la marche possible, la prévalence plus élevée de l’épilepsie et de
l’apparition de signes parkinsoniens.
Les troubles de l’humeur (dépression) et du sommeil restent fréquents à l’âge adulte et peuvent justifier
d’une prise en charge par une équipe habituée à la prise en charge des troubles du comportement dans le
polyhandicap.
Les suivis gastro-entérologique et pneumologique doivent être poursuivis en raison de l’importance de la
constipation, des troubles de l’oralité et de la déglutition et des troubles respiratoires (pneumopathies de
déglutition).
Le suivi gynécologique doit être systématique.
La recherche d’une structure adaptée et la mise en place d’une mesure de protection juridique doivent aussi
être anticipées avec les professionnels et la famille.
Informations complémentaires
Orphanet (http://www.orpha.net) ou genereviews –MECP2 related disorders-
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK1497)
Association nationale de patients : www.afsr.fr
1 Introduction
Le syndrome de Rett est une maladie neuro-développementale particulière, touchant essentiellement les
filles, caractérisée dans sa forme typique, par une décélération globale du développement psychomoteur,
suivie d’une perte des acquisitions cognitives et motrices, survenant après une période de développement
normal. Il constitue la principale cause de déficience intellectuelle chez la fille, après la trisomie 21, avec une
prévalence variable de 1/10 000 à 1/22 000 naissances féminines dans les différentes régions du monde.
Le syndrome de Rett est causé, dans plus de 95% des cas typiques, par des mutations dans le gène
MECP2 (Methyl CpG Binding Protein 2) localisé en Xq28.
Le syndrome de Rett est un « diagnostic clinique » qui repose sur l’association de caractéristiques
cliniques co-existant chez une même patiente, sur une séquence d’évolution particulière et sur
l’exclusion de certains diagnostics différentiels.
Ces caractéristiques ont permis de définir des formes typiques ou classiques (¾ de cas)et des formes
atypiques ou variantes (¼ des cas).
L’un des critères essentiels du syndrome de Rett classique est la perte documentée, habituellement
entre 1 et 2 ans, d’acquis psycho-moteurs, tels que l’utilisation des mains, le babillage et les capacités de
communication, y compris parfois l’interaction visuelle. Cette période de régression qui peut durer
quelques semaines à quelques mois, est suivie d’une période de « réveil », où l’on assiste à une
récupération relative des capacités de communication visuelle, sans récupération franche des fonctions
motrices.
Les critères nécessaires pour le diagnostic du syndrome de Rett atypique ou variant (Tableau 2)
Une période de régression suivie par une phase de récupération ou de stabilisation.
Au minimum 2 des 4 critères majeurs.
Au minimum 5 des 11 critères accessoires.
Comment identifier et prévenir si possible les comorbidités/ complications qui se posent chez les
patients ?
Quels parcours de soins proposer pour la surveillance, la prévention et le traitement de ces
comorbidités/complications?
Quelles sont les modalités d’information sur la maladie et sa prise en charge, notamment le rôle du
conseil génétique ?
Un document plus détaillé ayant servi de base à l’élaboration du PNDS et comportant notamment l’analyse
des données bibliographiques identifiées (argumentaire scientifique) est disponible sur le site internet de
l’espace maladies rares de l’hôpital universitaire Necker-Enfants malades, Paris :
http://www.maladiesrares-necker.aphp.fr/
3.1 Objectifs
Chez l’adolescente ou l’adulte, il est évoqué devant un tableau de polyhandicap chez la fille.
L’association d’une petite taille, de stéréotypies manuelles, de troubles ventilatoires, d’une rigidité
parkinsonnienne associée à des troubles trophiques comportant une altération précoce de la peau et des
ongles font évoquer le diagnostic.
L’un des signes particuliers chez l’adulte est la dégradation de l’humeur, en particulier après 25 ans,
avec une diminution de l’intérêt pour l’entourage, contrairement à l’enfant plus jeune.
3.3.2 Pour le syndrome de Rett atypique dans sa forme avec épilepsie précoce
Chez une petite fille (et plus rarement le garçon)
Une épilepsie précoce se manifestant par des orages de crises cloniques ou toniques avant 5
mois ;
L’évolution avant 1 an vers des spasmes infantiles (syndrome de West) ;
Une épilepsie myoclonique pharmacorésistante ;
Un retard du développement sévère ;
Des stéréotypies manuelles.
3.3.4 Pour le syndrome de Rett atypique dans sa forme avec préservation du langage
Chez la fille
Le diagnostic est parfois posé devant un bilan de troubles autistiques chez la fille de 4 ans (régression du
contact, stéréotypies, absence de langage).
Dans ces formes, il persiste quelques mots ou phrases écholaliques. La préservation de l’utilisation des
mains est possible. Les stéréotypies sont fréquentes. L’atteinte motrice (de la marche) est souvent mineure.
Les autres signes classiques du syndrome de Rett (microcéphalie, retard de croissance, scoliose, syndrome
dysautonomique, épilepsie) sont absents.
D’autres formes de syndromes de Rett encore appelées « syndromes de Rett-like, peuvent être
diagnostiquées devant l’association :
d’un retard du développement avec ou sans régression psychomotrice ;
d’une décélération de la croissance du périmètre crânien ;
de stéréotoypies manuelles ;
d’un pointage visuel.
3.5.6.1 L’ostéoporose
La fragilité osseuse du syndrome de Rett se manifeste par des fractures, fréquentes se produisant pour des
traumatismes à faible énergie, et par des douleurs peu spécifiques. 97% des enfants de plus de 9 ans ont
une densité minérale osseuse inférieure à -2DS, cette déminéralisation prédomine au niveau du fémur. Les
facteurs contribuant à cette fragilité osseuse sont :
une diminution de la formation osseuse ;
une augmentation de la destruction osseuse ;
l’absence de la station debout et la marche ;
l’état nutritionnel insuffisant ;
les apports en calcium et en vitamine D insuffisants ;
et le développement pubertaire.
La fragilité osseuse est un signe clinique à part entière de la maladie, conséquence de la mutation de
MECP2.
La fragilité osseuse se quantifie en mesurant la densité osseuse par absorptiométrie biphotonique après
l’âge de 5 ans. La mesure la plus fiable est celle du rachis lombaire (L1-L4). En cas d’arthrodèse ou de
scoliose sévère, il est possible d’utiliser la mesure au col fémoral. Une densité osseuse inférieure à -2DS est
4.1 Objectifs
suivi et prise en charge du retard du développement et du polyhandicap ;
suivi et traitement de l’épilepsie et des phénomènes paroxystiques non épileptiques ;
suivi et traitement des troubles (respiratoires et non respiratoires) du sommeil ;
suivi et traitement de l’encombrement respiratoire et anticipation des décompensations ;
suivi et prise en charge des mouvements anormaux (stéréotypies, dystonie, parkinsonisme) ;
suivi des troubles nutritionnels et digestifs (reflux gastro-œsophagien, constipation) et adaptation
thérapeutique ;
suivi endocrinien (hypothyroïdie, croissance, éventuelle puberté précoce) et adaptation
thérapeutique ;
surveillance, prévention et traitement des complications orthopédiques ;
surveillance, prévention et traitement des complications bucco-dentaires (bruxime, caries) ;
prévention et traitement de la fragilité osseuse et fractures ;
suivi psychologique (anxiété, pleurs) et adaptation thérapeutique ;
mise en place d’une éducation thérapeutique pour le patient et/ou la famille ;
prise en charge globale du patient et de sa famille.
« Plusieurs spécialités pharmaceutiques mentionnées dans ce PNDS pour la prise en charge thérapeutique
de l’enfant sont utilisées dans une indication ou des conditions d’utilisation non prévues dans l’AMM. »
Il est rappelé que la prescription de la spécialité est possible1, en l'absence d'alternative médicamenteuse
appropriée, si l'indication (ou les conditions d'utilisation) a(ont) fait l'objet d'une recommandation temporaire
d'utilisation (RTU) ou si le prescripteur juge indispensable, au regard des données acquises de la science, le
recours à cette spécialité pour améliorer ou stabiliser l'état clinique du patient.
Dans ce cas :
le patient doit être informé du caractère hors AMM de la prescription, « de l’absence d’alternative
médicamenteuse appropriée, des risques encourus et des contraintes et bénéfices susceptibles
d’être apportés par le médicament », des conditions de prise en charge par l’assurance maladie ;
la mention « Prescription hors autorisation de mise sur le marché » doit figurer sur l’ordonnance ;
la prescription doit être motivée dans le dossier médical du patient .
1
Article L. 5121-12-1 du code de la santé publique
Centre de référence Déficiences intellectuelles de causes rares
Centre de référence des Anomalies du développement & syndromes malformatifs de l’interrégion Est
Avril 2017
26
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) peut s’appuyer sur le PNDS
pour élaborer une RTU de la spécialité dans l’indication hors AMM, s’il n’existe pas d’alternative
médicamenteuse appropriée2.
La spécialité peut faire l’objet d’une prise en charge ou d’un remboursement par l’assurance maladie dans
l’indication hors AMM, à titre dérogatoire et pour une durée limitée, après avis de la HAS, à condition qu’elle
ait fait l’objet au préalable d’une RTU et que son utilisation soit indispensable à l'amélioration de l'état de
santé du patient ou pour éviter sa dégradation3 .
2
Article L. 5121-12-1 du code de la santé publique.
3
Article L. 162-17-2-1 du code de la sécurité sociale (CSS).
Centre de référence Déficiences intellectuelles de causes rares
Centre de référence des Anomalies du développement & syndromes malformatifs de l’interrégion Est
Avril 2017
27
comprennent principalement le corset-siège, les orthèses anti-équin et les corsets pour corriger la scoliose.
D’autres appareillages sont couramment prescrits : orthèses de coude, verticalisateur ou matelas moulés,
orthèses de posture d’extension de genoux nocturnes statiques. Les appareillages sont régulièrement
évalués à la recherche de signes de mauvaise tolérance (escarres) et adaptés à la croissance de l’enfant.
Les actes, produits ou prestations non remboursés doivent également être signalés dans le PNDS. Les
produits ou prestations non remboursés peuvent également faire l’objet d’une prise en charge ou d’un
remboursement par l’Assurance maladie, à titre dérogatoire et pour une durée limitée, après avis ou
recommandation de la HAS et consultation de l’ANSM, s’il n’existe pas d’alternative appropriée et à condition
4.4 Éducation thérapeutique et modification du mode de vie (au cas par cas)
Nous partons d’un constat d’un réel besoin pour les patients et leur entourage proche qui vise à améliorer la
prise en charge des patients dans leur globalité.
Meilleure est la prise en charge médicale, paramédicale et éducative, meilleur est le confort du patient. Il est
utile de rappeler que la prise en charge précoce de certains symptômes permet de mieux appréhender les
complications, voire éviter des hospitalisations. Tous ces apprentissages sur la maladie passent par une
compréhension et une éducation des parents pour anticiper et gérer des situations parfois très compliquées.
Pour monter le projet d’éducation thérapeutique et l’appliquer, un coordonnateur de soins est associé aux
consultations du neurologue pédiatre. Cette consultation « à 2 voix » est un réel besoin des parents et
s’apparente à une pédagogie de la diplomatie où l’écoute et la parole permettent de débloquer des
situations. Il s’agit d’un partenariat entre les professionnels et les familles et nécessite un diagnostic éducatif
et des entretiens individuels, sur place lors des consultations chez les professionnels, avec un suivi par
téléphone.
Chaque personne est singulière, chaque situation unique. Cet accompagnement personnalisé est
bienveillant et aide la famille du patient à prendre des décisions pour des soins qui sont parfois lourds et
compliqués, de sorte à améliorer la qualité de vie du patient et a fortiori, celui de ses proches. Il aide aussi la
famille pour des choix qui concerne le projet de vie, l’orientation, la transition ou les aides pour les dossiers
administratifs et aides techniques.
Les programmes d’éducation thérapeutique des enfants atteints du syndrome de Rett plus spécifiques sont
en cours d’élaboration et reposent sur des outils adaptés aux besoins et aux attentes des parents, grands-
parents, fratrie, aidants qui les accompagnent au quotidien.
4
Article L. 162-17-2-1 du Code de la sécurité sociale (CSS)
Centre de référence Déficiences intellectuelles de causes rares
Centre de référence des Anomalies du développement & syndromes malformatifs de l’interrégion Est
Avril 2017
31
Ses objectifs sont d’aider la famille à :
Comprendre la maladie ;
Comprendre les traitements, leurs effets indésirables éventuels et les précautions à prendre ;
Savoir agir et réagir au quotidien face à des situations particulières ;
Éviter certaines complications ;
Maitriser les gestes techniques (aspiration de mucosités, manœuvres de désencombrement,
alimentation, installation, gestion des mouvements anormaux) liés à la prise en charge de la
maladie.
Les thèmes proposés pour l’ETP concernent des symptômes spécifiques associés au syndrome de Rett.
Chaque parcours étant différent, le patient doit être au cœur des préoccupations et mis au centre du
dispositif. La priorisation des besoins et des compétences à acquérir sont évalués en fonction de chaque
patient et selon la sévérité de l’état clinique.
Les sessions proposées portent sur :
Adaptation de l’alimentation, des prises alimentaires et gestion des troubles digestifs courants ;
Prévention et traitement de la constipation et de la dysmotricité digestive basse ;
Prévention et prise en charge des troubles ventilatoires et des pathologies respiratoires ;
Prise en charge des mouvements anormaux, phénomènes paroxystiques et crises épileptiques ;
Les soins au quotidien : hygiène, soins, médicaments ;
Adaptation des installations autour de l’enfant et de son environnement ;
La transition enfant/adulte.
La conception d’un programme ETP est centrée sur les besoins et les réalités du patient dans le cas de
comorbidites et de polypathologies telles qu’on peut les retrouver dans le syndrome de Rett.
5.1 Objectifs
Il n’existe pas de traitement curatif spécifique au syndrome de Rett
Les objectifs du suivi sont donc de prévenir les complications et de traiter les différentes comorbiditées de la
maladie.
Figure : La grande flèche bleue indique l’âge de l’enfant (en années) au cours du suivi. L’âge médian au diagnostic du
syndrome de Rett classique : 2,7 ans (intervalle2,0-4,1) et l’âge médian au diagnostic du syndrome de Rett atypique
3.8 ans (intervalle 2,3-6,9) sont indiqués par une flèche verticale bleue.
Le suivi de la croissance (poids, taille, BMI et PC) se fait tous les 6 mois jusqu’à 4 ans puis tous les ans jusqu’à 14 ans,
puis tous les 2 ans ; l’objectif de ce suivi est d’identifier une cassure de la courbe pondérale et/ou staturale. L’objectif de
BMI est au 25e percentile.
(1) La consultation de génétique est ponctuelle pour permettre l’identification de la mutation MECP2, et doit être répétée
en cas de nouvelle grossesse.
(2) La consultation neuropédiatrique doit être semestrielle jusqu’à l’âge de 4 ans puis tous les ans jusqu’à l’âge de 16
ans, puis relayée par la consultation en neurologie (3). La transition doit être abordée à partir de 12-14 ans.
Elle comprend systématiquement : a) Examen neurologique avec recherche de déformations orthopédiques précoces
(équin, scoliose, cyphose, asymétrie du bassin, luxation de hanche) ; b) Évaluation de l’intensité des stéréotypies : dans
la bouche (majoration du reflux), déformations-ulcérations des mains ; c) Évaluation des crises d’épilepsie et EEG de
sieste si nécessaire ; d) Évaluation des troubles du comportement : cris, agitation ; e) Dépistage des troubles de
l’endormissement, des réveils nocturnes et de l’inversion du rythme veille-sommeil, troubles respiratoires diurnes ou
nocturnes (ronflement, apnées) ; f) Recherche de régurgitations, difficultés alimentaires, pleurs fréquents, constipation ;
g) Recherche de fausses-routes, pneumopathies de déglutition et/ou encombrement chronique.
(4) La consultation en médecine physique est également annuelle afin de compléter la recherche de déformations or-
thopédiques précoces (équin, scoliose, cyphose, asymétrie du bassin, luxation de hanche) avec des radiographies du
bassin et du rachis tous les ans en fonction des signes cliniques. Le médecin de médecine physique est en lien avec
l’appareilleur pour prescrire, adapter et suivre les appareillages (siège coque, verticalisateur, attelles anti-équins, or-
thèses de coudes, matelas..).
Rédacteurs
Pr Nadia Bahi-Buisson, neuropédiatre, Paris
Pr Christophe Philippe, généticien biologiste, Dijon
Groupe de lecture
Pr Thierry Bienvenu, généticien biologiste, Paris
Dr Perrine Charles, neurologue, Paris
Pr Jean-Christophe Dubus, pneumologue pédiatre, Marseille
Pr Patricia Franco, neuropédiatre, spécialiste du sommeil, Lyon
Dr Marie Hully, neuropédiatre, Paris
Sixtine Jarde, assistante sociale, Paris
Pr Sylvie Odent, généticien - coordonnatrice CLAD-Ouest, Rennes
Pr Thierry Odent, chirurgien orthopédiste pédiatrique, Tours
Dr Sylviane Peudeunier, neuropédiatrie, Brest
Pr Nicole Philip, généticien clinique - coordonnatrice CLAD-Sud-PACA, Marseille
Pr Vincent des Portes, neuropédiatre – coordonnateur CRMR Déficiences intellectuelles de causes rares,
Lyon
Dr Celia Rech, médecine physique et réadaptation, Paris
Véronique Richard, coordinatrice espace maladies rares, maladies chroniques et handicap, Paris
Déclarations d’intérêt
Tous les participants à l’élaboration du PNDS ont rempli une déclaration d’intérêt.
Locomotion Normale Normal, peut Marcher, monter Marche Marche avec Debout avec ou Ne tient pas
avoir quelques les escaliers, autonome, assistance sans support assise, ni
signes de courir incapable Peut marcher debout
dystonie/ataxie/dy Peut faire du vélo d’utiliser les avec aide
spra- ou courir escaliers ou de Assise seule ou
xie courir avec support
à l’examen
clinique attentif
Utilisation des Complète-ment Normal, peut Pince Bilaterale. Peut atteindre Peut atteindre Atteint rarement Absent
mains normale avoir quelques Peut utiliser un des objets, mais n’attrape l’objet , n’attrape
difficultés de crayon mais a ratisser pas l’objet pas
motricité fine des troubles de la empoigner ou
motricité fine (i.e. pince unilaterale
tremble-ments) Peut utiliser des
couverts/ tasse
Social Normal Contact visuel Contact visuel Contact visuel Contact visuel Contact visuel, Aucun
(Contact visuel) occasionnel approprié > 30 <20 secs <10 secs Inconsé-quent 5 contact
Evitement sec secs visuel
Attention Entièrement Inattention Attentive à la 50-100% du 50% du temps < 50% du temps 0%
normale occasionnel-le conversa-tion et temps d’observa- d’observa-tion d’observa-tion
suit un ordre tion
Comportement et social
1. Régression des acquis moteurs 0 1 2 3 4
2. Régression des acquis verbaux 0 1 2 3 4
3. Mauvais contact visuel 0 1 2 3 4
4. Absence d’intérêt soutenu 0 1 2 3 4
5. Cris, irritabilité 0 1 2 3 4
6. Hyperactivité / passivité excessive 0 1 2 3 4
7. N’atteint pas les objets ou les personnes 0 1 2 3 4
8. Ne suit pas de commandes verbales 0 1 2 3 4
9. Difficultés alimentaires 0 1 2 3 4
10. Difficultés de mastication 0 1 2 3 4
11. Propreté non acquise 0 1 2 3 4
12. Masturbation 0 1 2 3 4
13. Automutilation (s’arrache les cheveux, les oreilles) 0 1 2 3 4
14. Comportement agressif (crache, jette se tape la tête) 0 1 2 3 4
15. Crises 0 1 2 3 4
16. Apparente insensibilité à la douleur 0 1 2 3 4
Sous-total
Orofacial/respiratoire
1. Troubles du langage 0 1 2 3 4
2. Bruxisme 0 1 2 3 4
3. Blocage de la respiration / blockpnée 0 1 2 3 4
4. Hyperventilation 0 1 2 3 4
5. Incontinence salivaire/Expulsion d’air/salivé 0 1 2 3 4
6. Objets et mains dans la bouche 0 1 2 3 4
7. Auto- ou hétéromutilation par morsure 0 1 2 3 4
Sous-total
Comportement moteur/physique
1. Maladresse/défaut d’utilisation des mains 0 1 2 3 4
2. Stéréotypies à type de lavage, applaudissement 0 1 2 3 4
3. Ataxie/apraxie (troubles de la marche) 0 1 2 3 4
4. Balancement du tronc 0 1 2 3 4
5. Crises oculogyres 0 1 2 3 4
6. Bradykinésie 0 1 2 3 4
7. Dystonie 0 1 2 3 4
8. Hypomimie 0 1 2 3 4
9. Scoliose 0 1 2 3 4
10. Myoclonus 0 1 2 3 4
11. Chorée/athétose 0 1 2 3 4
12. Hyperréflexie 0 1 2 3 4
13. Troubles vaso-moteurs 0 1 2 3 4
14. Stéréotypies à type de lavage, applaudissement
Sous-total
Total
Le Rett Syndrome Behavioural Questionnaire (RSBQ) est une échelle de 42 items développée pour évaluer
les caractéristiques du comportement et des émotions des patientes Rett. Les items sont gradés de 0 à 2, où
0 indique que le comportement est absent (ou que l’affirmation n’est pas vraie), 1 parfois présent (ou
l’affirmation est parfois vraie) et 2 souvent présent (ou l’affirmation est souvent vraie). L’échelle est divisée
en 8 sous-échelles : humeur générale, anomalies respiratoires, comportement des mains, mouvements
répétitifs de la face, balancement du corps et visage sans expression, comportements nocturnes,
frayeur/anxiété, et station debout/assise.
6/ Si le patient reçoit plus de 50% de ses apports caloriques par voie entérale (sonde entérale
ou gastrostomie),
Hémoglobine, Ferritine, Numération Formule Sanguine
Albumine, Protidémie, Ionogramme sanguin, Urée, Créatinine,
Bilan hépatique complet
25 OH, Vitamine D, Calcium, Phosphore, Phosphatase Alcaline, Magnésium, Calciurie et
Créatininurie sur une miction (avec calcul du ration calcium/créatinine)
Vitamine B12 et folate
1/ L’évaluation des besoins nutritionnels doit être réalisée de façon individuelle et adaptée à chaque pa-
tient
2/ Le meilleur indicateur des besoins caloriques peut être déduit en comparant les apports caloriques
actuels et plusieurs mesures de croissance
3/ Si le patient est en dessous du poids attendu pour l’âge, augmenter les apports caloriques jusqu’à ce
que le poids cible soit atteint
4/ Pour augmenter les calories, donner de fréquents snacks de suppléments nutritionnels hypercaloriques
5/ Il n’y a aucune évidence que le régime sans gluten soit associé à une amélioration de la croissance
des enfants Rett
6/ Il n’y a aucune évidence que le régime sans lactose soit associé à une amélioration de la croissance
des enfants Rett
Comorbidités neurologiques
Comorbidités digestives
Anesthésie
Essais Thérapeutiques
Echelles