Ecmed 0153-8756 2010 Num 36 1 1381 t10 0114 0000 3

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 3

Ecologia mediterranea

Lise Ruffino, Écologie, dynamique de population, comportement


et impact d’un rongeur introduit, Rattus rattus, sur les îles de
Méditerranée, Thèse d’université soutenue le 25 février 2010 à
l’université Paul Cézanne (Aix-Marseille 3)
Lise Ruffino

Citer ce document / Cite this document :

Ruffino Lise. Lise Ruffino, Écologie, dynamique de population, comportement et impact d’un rongeur introduit, Rattus
rattus, sur les îles de Méditerranée, Thèse d’université soutenue le 25 février 2010 à l’université Paul Cézanne (Aix-
Marseille 3). In: Ecologia mediterranea, tome 36 n°1, 2010. pp. 114-115;

https://www.persee.fr/doc/ecmed_0153-8756_2010_num_36_1_1381_t10_0114_0000_3;

Fichier pdf généré le 05/03/2024


09-ecologia-med-36-ResumeTheses-ok:Mise en page 1 8/06/10 10:52 Page 114

Résumés de thèses

espèces dominantes très différentes. La cartographie des cute sur la production d’ozone (+ 2 % à + 8 %). L’utilisa-
formations arbustives a donc été réalisée sur la seule base tion d’une formation type par département semble donner
des données spectrales par classification par maximum de des résultats similaires à ceux qui sont obtenus avec une
vraisemblance d’images ASTER de juin 2006 et juillet 2007. variabilité kilométrique des matorrals. La présence de NOx
La carte obtenue présente de très bonnes précisions de clas- étant indispensable pour la production d’ozone, l’augmen-
sification (Kappa = 0,977 pour la partie est du département, tation de la concentration d’ozone est donc essentiellement
Kappa = 0,996 pour la partie ouest). Dans le département observée dans la zone fortement urbanisée et industrialisée
des Bouches-du-Rhône, qui présente une plus faible varia- Berre-Aix-Marseille.
bilité des matorrals et de leur composition floristique, deux
méthodes de classification (par maximum de vraisem-
blance et par arbre de classification) ont été appliquées à
deux jeux de données (images ASTER seule et image ASTER
associée au temps écoulé depuis le dernier incendie et à la
pente). Les quatre classifications ainsi réalisées pour les
Bouches-du-Rhône ont de très bonnes précisions globales Lise RUFFINO 2009
(Kappa > 0,85). Cependant, seule la classification par arbre
appliquée à l’image ASTER associée aux données feu et Écologie, dynamique de population,
pente permet une bonne discrimination des formations
arbustives. comportement et impact
Ensuite, des cartes de variabilité spatiale de la biomasse d’un rongeur introduit, Rattus rattus,
foliaire des principales espèces ont été réalisées à partir
d’estimations ponctuelles de biomasses foliaires effectuées
sur les îles de Méditerranée
à l’aide de méthodes non destructives. Deux approches ont
Thèse d’université soutenue le 25 février 2010 à l’université
été testées : i) la mise au point de modèles par régressions
Paul Cézanne (Aix-Marseille 3), IMEP, Domaine du Petit
multiples basées sur des couches spectrales et écologiques Arbois, BP 80, 13545 Aix-en-Provence cedex 04.
et ii) la biomasse moyenne des espèces arbustives a été
déterminée pour chaque type de matorral défini par la typo- Jury – Jean-Louis MARTIN (Dr CNRS, Montpellier). Michel PASCAL
logie, la biomasse est ensuite cartographiée grâce à la carte (Dr INRA, Rennes). Franck COURCHAMP (Dr CNRS, Paris), Daniel SIM-
de répartition des différents matorrals réalisée précédem- BERLOFF (Pr université du Tennessee, États-Unis). Frédéric MEDAIL
ment. Les modèles par régression, bien que significatifs, (Pr université Paul Cézanne, Marseille), codirecteur. Éric VIDAL
ne se sont pas avérés robustes pour la prédiction de la bio- (maître de conférences, université Paul Cézanne, Marseille), direc-
masse foliaire suite à la réalisation de points supplémen- teur.
taires de validation. En revanche, une bonne corrélation est
observée entre la biomasse estimée sur le terrain et la bio- Mots clés : dynamique de population, écologie trophique,
masse prédite à partir de la répartition des différents types espèces invasives, extinctions, îles méditerranéennes, impact,
oiseaux marins, prédation, Rattus spp.
de matorrals.
Par la suite, nous avons étudié l’impact de trois facteurs
− la saison, l’âge et le type de substrat – sur les émissions Résumé
de COVb du Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis L.),
espèce arbustive très répandue en région méditerranéenne.
Nous avons ainsi montré que cette espèce émet 70 fois plus
de terpène en été qu’en hiver et 7 fois plus sur substrat sili-
L es espèces dites « invasives » sont reconnues à l’heure
actuelle comme la première cause identifiée d’extinc-
tion d’espèces de vertébrés insulaires survenues durant les
ceux que sur substrat calcaire tandis que l’âge de l’individu 400 dernières années. Plus particulièrement, les trois
n’influence pas ses émissions totales de terpène. Ce travail espèces de rats du genre Rattus spp. introduites sur les îles
a été complété par une analyse bibliographique qui a per- par l’homme sont identifiées comme un facteur majeur de
mis de recueillir les facteurs d’émission standard des raréfaction d’espèces d’oiseaux marins et de risque d’ex-
espèces arbustives présentes en Provence. tinction de pétrels et de puffins. Si de nombreuses études
Enfin, nous avons testé l’influence de ces données d’entrée menées de par le monde s’accordent sur l’impact généra-
affinées (répartition des espèces arbustives, biomasse et lisé des rats invasifs au niveau des écosystèmes insulaires,
facteurs d’émission) pour la prévision des émissions de il n’en demeure pas moins que le fonctionnement des popu-
COVb et de la pollution à l’ozone avec le modèle CHIMERE lations insulaires de rats ainsi que les facteurs favorisant
en région PACA. Pour cela, nous avons comparé les sorties leurs impacts sur les écosystèmes insulaires restent encore
du modèle concernant les émissions de COVb et la pro- mal connus. De plus, des interrogations persistent sur les
duction d’ozone à partir de trois configurations (une for- mécanismes réels et l’intensité d’impact du rat sur des
mation arbustive unique, une formation arbustive moyenne oiseaux aux mœurs aussi discrètes que certains oiseaux
par département, une formation arbustive variable par marins. L’idée générale de ce travail de thèse s’inscrit dans
maille kilométrique). L’utilisation de données d’entrée affi- la nécessité d’une meilleure compréhension de l’écologie,
nées pour les formations arbustives induit une augmenta- de la dynamique de population des rongeurs invasifs, des
tion des émissions de COVb (+ 6 % à + 10 %), qui se réper- mécanismes d’impact du rat sur les oiseaux marins, mais

114 ecologia mediterranea – Vol. 36 (1) – 2010


09-ecologia-med-36-ResumeTheses-ok:Mise en page 1 8/06/10 10:52 Page 115

Résumés de thèses

aussi de persistance d’espèces, afin de contribuer à la brotus spp.) sur le fonctionnement des populations de rats
construction de bases scientifiques solides en vue d’une noirs de l’île de Bagaud, suggérant ainsi le rôle important
meilleure évaluation du degré de vulnérabilité des espèces de ces ressources allochtones dans le maintien des popu-
et de la mise en place de stratégies de conservation perti- lations de rats noirs sur les îles de Méditerranée, aux condi-
nentes et efficaces. Le bassin méditerranéen a représenté tions hydriques parfois drastiques.
un contexte d’étude pertinent, notamment du fait de la pro- Des pistes nouvelles de recherche sont suggérées qui per-
blématique d’invasion ancienne du rat noir Rattus rattus mettraient de mieux appréhender les processus impliqués
sur les îles, qui reste à l’heure actuelle encore très présente. dans l’impact des rats sur la faune insulaire, dans les extinc-
Dans le cadre d’un premier axe de recherche, nous nous tions d’espèces mais aussi dans leur coexistence durable
sommes intéressés à la dimension temporelle des invasions parfois observée.
biologiques. L’analyse d’une base de données concernant
ca. 300 îles et îlots du bassin méditerranéen occidental a
permis de souligner que la persistance sur le long terme
des pétrels et puffins de Méditerranée, malgré une présence
ancienne et généralisée des rats noirs sur ces îles, a pu être
facilitée par la diversité de contextes insulaires aux carac-
téristiques biogéographiques variées.
Dans un second temps, nous nous sommes penchés plus
finement sur les mécanismes d’interactions entre rats et
oiseaux marins ainsi que sur les mécanismes d’impact des
rats. Nos études ont été conduites sur l’archipel des îles
d’Hyères (Var) et ont porté, d’une part, sur le suivi des
patrons spatio-temporels d’interactions entre rats noirs et
puffins yelkouan Puffinus yelkouan, et d’autre part, sur la
mise en place de tests comportementaux de capacités de
prédation réalisés in situ. Nos résultats ont révélé, de
manière contre-intuitive, des interactions limitées entre rats
et puffins au niveau des sites de reproduction des puffins
de l’île de Port-Cros, ainsi que des capacités de prédation
limitées des rats noirs sur des œufs d’oiseaux marins,
même de petite taille.
En outre, une synthèse bibliographique des méthodologies
employées depuis les 30 dernières années pour évaluer
l’impact des rats sur les oiseaux marins appuie l’existence
de lacunes dans nos outils méthodologiques, illustrant ainsi
la forte nécessité de combiner les sources d’information
variées afin d’éviter certains biais méthodologiques qui
pourraient contribuer à une mauvaise évaluation de l’im-
pact des rats, et par conséquent du degré de vulnérabilité
des espèces.
Enfin, nous nous sommes intéressés au fonctionnement des
populations insulaires de rats noirs, à partir d’un suivi de
leur écologie (utilisation des ressources et de l’espace) et
de la dynamique spatio-temporelle de leurs populations sur
le long terme. Pour cela, une étude de l’écologie trophique
d’une population de rats noirs a été combinée à un suivi
sur deux années de leurs dynamiques de populations et
patrons de déplacements sur une petite île de Méditerranée
(réserve naturelle de Bagaud), présentant une hétérogénéité
spatio-temporelle marquée dans la disponibilité des res-
sources. Nos résultats ont permis de conforter la forte plas-
ticité écologique des rats noirs à l’échelle de la population
entière. Par contre, ils mettent également en évidence qu’à
l’échelle des individus, la plasticité écologique des rats
noirs est sensiblement restreinte. Nous avons par ailleurs
démontré l’importance des apports épisodiques d’eau
douce (pluies saisonnières) et des ressources d’origine
allochtone (dérivées des goélands leucophées et Carpo-

ecologia mediterranea – Vol. 36 (1) – 2010 115

Vous aimerez peut-être aussi