Fruitrop Culture Anacardier

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 3

Supplément au numéro 81 — juin 2001

Recherche
La culture de l’anacardier
et Anacardium occidentale L.

Solutions Famille des Anacardiaceae

Exigences de l’anacardier Humidité relative


Durant la saison sèche, elle doit être faible. En
Températures et ensoleillement effet, l’état phytosanitaire des arbres soumis à
un climat humide toute l’année est générale-
L’anacardier est sensible au froid et à l’altitude, ment mauvais (anthracnose, etc.). Dans les zo-
sa production diminue très sensiblement à partir nes à faible pluviométrie (moins de 800 mm),
de 600 mètres. On le rencontre en général dans une humidité relative plus importante pendant
les plaines côtières et sur les collines basses une partie de la saison sèche permet de limiter
voisines. C’est un arbre tropical qui se complaît les besoins des arbres en eau. En revanche, les
aux températures élevées. A partir de son habi- vents desséchants accentuent la dessiccation
tat d’origine, il s’est étendu dans des régions normale de la saison sèche, dessèchent les
semi-arides où les maxima journaliers peuvent fleurs et causent des pertes non négligeables.
dépasser 40°C. On peut estimer que l’optimum
se situe autour d’une moyenne mensuelle pro-
che de 27°C. Dans la plupart des grandes ré-
Sols
gions productrices de noix de cajou, les moyen- L’anacardier se comporte mieux sur de bons
nes journalières des températures minimum sols que sur des sols pauvres, mais ses potentia-
oscillent entre 15 et 25°C et les moyennes des lités n’ont pratiquement jamais été testées sur
températures maximum entre 25 et 35°C. Les de bons sols avec des variétés sélectionnées.
minima et maxima absolus sont fixés respective- Les meilleurs sols sont profonds, légers, bien
ment à 5 et 45°C. drainés, argilo-sableux, sans horizon induré et
avec un niveau de nappe phréatique situé entre
Description L’anacardier, bien adapté à de longues saisons 5 et 10 m de profondeur. Il se développe bien
sèches et à une humidité relative assez faible, aussi dans les sols purement sableux, malgré le
L’anacardier est originaire du se comporte mieux avec un ensoleillement gé- risque de carences minérales. Les graviers latéri-
Brésil, juste au sud de néreux tout au long de l’année. tiques, s’ils ne sont pas trop compactés, permet-
l’Equateur, entre la plaine
tent la pénétration des racines, mais retardent la
côtière et le Sertao.
Pluviométrie croissance. Dans les sols peu profonds, l’anacar-
dier entre en compétition avec la végétation
L’anacardier est un arbre de 5 L’anacardier s’adapte à des régimes pluviométri-
superficielle pour ses besoins en eau durant la
à 20 m de haut, généralement ques très divers : en Inde, on le trouve dans des
saison sèche. Dans ces conditions, la croissance
ramifié près de la base, à port régions où les précipitations annuelles vont de
est modeste et peut être complètement inhibée
normalement en boule. Les 500 à 4 000 mm. Dans le cas de forte pluviosité,
si les mauvaises herbes ne sont pas contrôlées.
feuilles sont simples, alternes, il est nécessaire que le sol soit parfaitement
entières, obovales ou drainé car il ne supporte pas l’inondation,
obovales-oblongues, coriaces, même de courte durée. Dans les régions à pré-
glabres sur les deux faces. cipitations abondantes et régulièrement répar- Variétés
ties sur l’année, il manifeste une grande exubé- Les variétés sont classées par la taille et la cou-
Les inflorescences en rance de végétation, mais fleurit et fructifie peu. leur de la pomme. Les noms locaux sont issus
panicules terminales De plus, la qualité de ses fruits laisse alors beau- des caractéristiques de la pomme. Dans quel-
corymbiformes mesurent de 15 coup à désirer, le pourcentage de noix moisis- ques pays, en particulier le Brésil, on distingue
à 65 cm de long, fleurs mâles sant en magasin pouvant aller jusqu’à 40 %. diverses variétés locales.
et hermaphrodites mélangées.
Pour bien fructifier, l’anacardier exige une plu- Valeriano (1972) détermine deux espèces d’ana-
Les fruits, noix réniforme de viométrie annuelle comprise entre 800 et cardiers, la petite et la grande, chaque espèce
2,5 à 3 cm de long et de 2 à 1 800 mm, répartie sur cinq à sept mois, ainsi étant subdivisée en différentes variétés, caracté-
2,5 de large, sont suspendus qu’une saison sèche bien marquée. Toutefois risées par deux couleurs du pseudo-fruit, rouge
au pédoncule accru (pomme dans cette fourchette 800 - 1 000 mm, la fructifi- ou jaune, et par trois formes de pommes,
cajou), généralement plus ou cation est fonction des déficits hydriques et peut ronde, en forme de poire ou oblongue. Toutes
moins piriforme, jaune ou ainsi être irrégulière. En d’autres termes, l’iso- les autres caractéristiques intermédiaires de
rouge, de 4 à 8 cm de long et hyète 1 000 mm représente pour ce facteur la couleur, de forme et de taille des pommes défi-
de 4 à 6 cm de large. limite de l’aire de culture dans laquelle des ré- nissent des sous variétés.
coltes régulières sont obtenues. Dans les zones
L’anacardier développe un à pluviométrie égale ou inférieure à 500 mm par La variété Jumbo, originaire du Brésil mais pré-
pivot qui s’accroît très an, le niveau de la nappe phréatique sera le sente en Côte d’Ivoire, serait fort appréciée pour
rapidement en conditions facteur déterminant de son comportement. la taille de ses noix, notamment à Trinidad.
favorables (80 cm à 4 mois,
2 m et plus à 2 ans).

Page II — n°81 — juin 2001


Supplément au numéro 81 — juin 2001

Au Brésil, on a classifié les variétés Amarello On recommande généralement de faire pour le


Recherche
Gigante et Vermelho. Une distinction a été faite
aussi sur la base de la forme de la pomme : Re-
semis des trous de 30 x 30 x 30 cm ou de 60 x
60 x 60 cm où seront placées trois graines. Dans et
Solutions
dondo, Comprimido, Banana. L’île d’Itaparica, les climats à pluviométrie irrégulière et à saison
sur la côte de Bahia, est fameuse pour la variété humide courte, le risque de dessèchement des
Manteiga ou Butter. graines germées peut être réduit en trempant
les graines avant plantation, en les plantant plus
En Colombie, certaines variétés seraient le résul- profond (5 à 10 cm) et en couvrant le sol d’un
tat de croisements naturels : la gigante del rio paillage afin de réduire l’évaporation.
magdalena, la larga di Nazareth, la pequena del
Meta. La première serait également connue
En germant, la graine s’ouvre du côté de la su-
sous les noms de Amirillo et Roja.
ture, dans sa partie la plus épaisse. Lorsque la
Aux Philippines, dans la région de Bataan, on racine émerge, elle croît verticalement vers le
signale deux variétés, l’une à fruits jaunâtres, bas, l’hypocotyle pousse verticalement vers le
l’autre à fruits jaune rouge. haut et entraîne les cotylédons hors de la co-
que. La meilleure manière de favoriser cette
Au Vietnam, on distingue deux variétés sur la germination consiste à placer la graine avec la
base de la coloration du faux-fruit : la variété zone pédonculaire vers le haut, l’ouverture de la
rouge vif et celle jaune d’or, semblant corres- coque se faisant au sommet de la graine.
pondre aux deux variétés américaines Maranon
rosado et Maranon amarillo.
En Malaisie, les variétés Americanum et Indicum Protection phytosanitaire
se distinguent par la forme de leurs fruits.
Au Bengale occidental, il existe une variété à Ravageurs
fruits rouges à forte productivité et connue loca-
lement sous le nom de Hajari. Foreurs

• Coléoptères
Apate terebrans : a été signalé au Brésil, en Côte
Création des vergers d’Ivoire et au Mozambique. Symptômes : tache
Préparation du sol huileuse sur l’écorce.
Heilipus sp. : envahit les branches âgées de plus  Fabrice Le Bellec
Les jeunes plantules sont très sensibles à la de cinq ans et provoque leur dessèchement
compétition des mauvaises herbes. Cependant,
surtout dans les zones de pente, il ne faut pas Mecocorynus loripes Chevrolat : ravageur le plus
éliminer la végétation avant semis, et lorsque fréquent au Mozambique. Après éclosion, la
les arbres sont encore jeunes pour éviter les larve creuse une galerie juste sous l’écorce et se
risques d’érosion due aux vents et aux pluies. nourrit dans le liber.
Dans les zones moins sujettes à l’érosion, on Plocaederus ferrugineus L. : a été observé en
peut éliminer les buissons et les herbes avant Inde sur troncs et racines. Symptômes : petits
plantation. Ensuite, on désherbe autour des ar- trous dans l’écorce à la base des tiges, exsuda-
bres et on limite la croissance de la végétation tion de gomme et de débris de bois dans les
secondaire pendant la période d’établissement trous, jaunissement et chute des feuilles, dessè-
des arbres. chement des rameaux.
Lutte : en règle générale, les branches atta-
Le semis quées sont coupées et brûlées. Pour éviter l’en- Densité de plantation
vahissement de l’arbre, on en badigeonne la
Dans les zones non irriguées, les semis ou les base avec un insecticide de contact tel l’HCH à Les distances de plantation
plantations s’effectuent en saison pluvieuse. Le 0,1 % ou l’aldrine. sont très variables suivant les
semis en place, avec ou sans trou de plantation, pays producteurs : 8 x 8 m, 16
a été longtemps la technique recommandée • Lépidoptères x 16 m, 10 x 10 m. En pratique,
pour les petites et grandes surfaces. Il a pour les écartements les plus
Anthistarcha binocularis Meyrick : dégâts très
avantage de permettre au plant de développer fréquemment utilisés oscillent
importants au Brésil (« broca das pontas » ou
son système racinaire et particulièrement son entre 10 x 10 m et 14 x 14 m.
« top borer »). Symptômes : similaires à l’an-
pivot ; de plus c’est la méthode de plantation la
thracnose. Lutte : dimethoate 40 EC 0,12 ou
moins onéreuse et la plus rapide. Ses inconvé- Il est clair que des
0,4 % (diméthoate).
nients sont les risques de faible taux de germi- recommandations générales
nation, les dégâts causés par les animaux aux Anarsia epotias Meyr : à peine éclose, la chenille
est logée dans les pédoncules des feuilles et peuvent être données, mais
jeunes plantules mal protégées et la difficulté que sur chaque site on
de sélectionner les meilleurs sujets, alors que migre dans les plis des feuilles des bourgeons.
Symptômes : dessèchement des jeunes pousses prendra en compte les
cela est possible en pépinière sur les semis ré- conditions écologiques,
alisés en sacs plastiques. et exudations gommeuses.
suivant les nombreuses
données disponibles.

Page III — n°81 — juin 2001


Supplément au numéro 81 — juin 2001

Recherche Insectes « ciseleurs » Acariens (Oligonychus coffeae)

et Paranaleptes reticulata Thomson : ravageur le


plus important au Kenya. Symptômes : dégâts
Des zones entre les nervures des feuilles sem-
blent avoir été ciselées, d’une couleur rouge

Solutions
sur branches de 3 à 8 cm de diamètre, encer- vermeille, se transformant par la suite en taches
clées sur la totalité de leur circonférence par argentées correspondant à l’exudie de l’acarien.
une incision en forme de V creusée par l’adulte. Lutte : soufre mouillable micronisé à 80 %.
Lutte : éliminer et brûler tous les bois morts tom-
bés au sol.
Analeptes trifasciata Fabricius : dégâts sembla- Maladies
bles au précédent. Anthracnose (Colletotrichum gloeosporioides)
Une des maladies les plus répandues et nocives
Insectes destructeurs de feuilles pour l’anacardier. Son aire de distribution s’é-
Entretien du sol tend à toutes les régions productrices. La mala-
Crimissa cruralis Stal. : important ravageur
Désherbage (punaise rouge appelée « besouro vermelho » die se développe dans des conditions de tempé-
au Brésil). Les adultes et les larves se nourrissent rature et d’humidité élevées ; elle est particuliè-
Il existe une forte corrélation rement virulente lorsque de fortes pluies coïnci-
des feuilles. Lutte : callathion 500g/kg
négative entre la profondeur dent avec l’époque de floraison. Elle attaque
(parathion-éthyl).
du sol et la nécessité de tous les organes de la plante, en particulier les
désherber, tout comme entre Popillia complanata Newm. : les adultes de ce
hanneton attaquent les anacardiers lorsque jeunes feuilles et fleurs. Sur el s bords et aux
l’âge des arbres et l’impor - extrémités des feuilles apparaissent de petites
tance de l’enherbement. ceux-ci sont en poussée florale. Ils dévorent les
fleurs, épanouies ou non. taches nécrotiques, d’abord isolées, mais ayant
tendance à se réunir avec la progression de l’in-
Même dans les meilleures fection. Lutte : des mesures prophylactiques
conditions de sol et de climat, Insectes attaquant feuilles, fleurs, fruits
comme la taille et les éclaircies, dans le but
il est évident que l’anacardier Helopeltis sp. : piqueur-suceur dont les nym- d’aérer les plantes, peuvent prévenir la maladie.
se développe mieux et plus phes et les adultes se nourrissent des humeurs Traitement : Dithane M45 200g/hl (mancozèbe)
rapidement si le contrôle des cellulaires et de la sève des jeunes tissus des Antracol 290 g/hl (propinèbe).
mauvaises herbes débute dès feuilles, des fleurs et des fruits en formation.
les premiers stades. Symptômes sur feuilles : lésions nécrotiques le L’oïdium (Oïdium anacardii)
long de la nervure principale. Sur pétiole et pé- Il est favorisé par l’alternance de jours pluvieux
La nécessité de désherber doncule floral : dépressions marquées avec noir- et de jours ensoleillés et par un certain degré
résulte de la compétition pour cissement des tissus et suintement de gomme. d’humidité du milieu. Feuilles, pousses et inflo-
l’eau et la lumière. Durant les Lutte : Tecn'ufan 175 cc/hl (endosulfan). rescences se recouvrent d’un voile blanchâtre et
trois premières années de
Pseudaonidia trilobitiformis : appauvrissement farineux. La surface des feuilles, au point de
plantation, le désherbage en
en sève du feuillage qui jaunit et tombe. Lutte : localisation du parasite, présente une légère
rond autour des arbres est
comme précédemment. décoloration. Lutte chimique : Microthiol 700g/
suffisant. Au début, le
Pseudotheraptus wayii. : insecte suceur cause hl (soufre mouillable 80 %), Morestan 30g/hl
diamètre du cercle désherbé
de la stigmatomycose. Se développe sur les (chinométhionate).
peut être limité à 1,5 m puis
s’étendre progressivement fruits en formation qui, à leur maturation, pré-
sentent de petites et profondes lésions qui dé- Stimatomycose de l’anacardier
jusqu’à 3 mètres la troisième
année. précient les noix. Lutte : les traitements réalisés C’est une grave maladie provoquée par des atta-
durant la floraison contre les autres insectes ques de punaises (Helopeltis sp. et pseudothe-
réduisent les populations de celui-ci. raptus), qui par leur piqûre favorisent l’infection
Taille Selenothrips rubrocinctus : thrips largement ré- fongique. Lutte : essentiellement préventive par
pandu dans la zone tropicale. N’est pas considé- la destruction de la végétation spontanée qui
La taille n’est généralement peut héberger le parasite et des traitements
ré comme un ravageur principal car ses attaques
pas pratiquée ; sinon elle se contre les insectes vecteurs.
sont toujours limitées à de petites zones.
réduit à l’élimination des
branches basses. Cette taille Acrocercops syngramma : un des plus redouta- Pestalotiose
permet à la lumière de bles lépidoptères mineurs de feuilles. Fait son
apparition durant la phase végétative de la La maladie se manifeste par des lésions sur les
pénétrer dans les arbres.
plante. Dégâts : creusement de nombreuses et feuilles présentant au début des auréoles trans-
tortueuses galeries qui soustraient une partie parentes et décolorées, devenant ensuite brun
Fertilisation des tissus foliaires de l’arbre à l’activité photo- rougeâtre, arrondies et nécrotiques. Les lésions
de mai de sept. foliaires provoquées par les attaques de Pestalo-
Age synthétique. Lutte : huile + parathion.
à juin à oct.
arbres en kg/ha tiose se distinguent de lésions similaires provo-
en kg/ha
(ans) N P O K O Termites quées par l’anthracnose en raison de leur bord
N P2O5 K2O
net et aussi parce qu’elles ne sont pas fendil-
2 5 2

Présentes dans tous les pays producteurs d’ana- lées. Lutte : similaire à l’anthracnose.
1 100 80 50 40
carde, elles ne provoquent qu’occasionnelle-
2 50 40 30 50 40 30 ment des défoliations de la plante par des atta-
Contact : Christian Didier, Cirad-flhor
3 100 60 60 100 60 60 ques du système racinaire. [email protected]

4 et + 125 60 60 125 60 60

Page IV — n°81 — juin 2001

Vous aimerez peut-être aussi