Atlas Des Montagnes - Unknown
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Atlas Des Montagnes - Unknown
imaginés
Éditions Autrement
Collection Atlas/Mémoires
© Éditions Autrement 2013
77, rue du Faubourg-Saint-Antoine – 75011 Paris
Tél. 01 44 73 80 00 – Fax 01 44 73 00 12 – www.autrement.com
ISBN : 978-2-7467-3167-7
ISSN : 1272-0151
d’en haut
DE L’ÉCRITURE À L’ÉVOCATION
Dans les manuels d’écriture des jeunes élèves japonais, le kanji
(idéogramme) signifiant yama (montagne) est souvent figuré par une
construction progressive entre l’image de trois sommets et l’idéogramme
actuel. Attention néanmoins à ne pas réduire sa lecture à une simple
description géométrique : les travaux d’Augustin Berque insistent sur les
deux sens associés à yama, à savoir la montagne et la forêt, avec des
parentés linguistiques fortes pouvant être respectivement distinguées dans
le birman yoma, le turc yamac ou le yema de plusieurs langues d’Asie du
Sud-Est.
Cette ambivalence se retrouve en japonais dans le terme de sanson,
littéralement village de montagne, dont les contours sont définis par des
critères… forestiers. Ces espaces sont de facto utilisés par les agriculteurs. La
tradition japonaise envisage ainsi autant les dichotomies que les porosités
entre plaine et montagne. Clairement délimité, voire borné, le passage de
l’un à l’autre a aussi des significations anthropologiques et religieuses. La
présence des fameux yama-no kami, ces génies maîtres de la montagne, qui
descendent vers la plaine, est ainsi une des signatures de la montagne dans
le shintoïsme.
C’est aussi dans le bouddhisme et l’hindouisme qu’il faut chercher les
origines du népalais himal (« demeure des dieux »), tandis que pahar
désigne en contrebas le domaine des hommes. Les dimensions spirituelles
des cimes sont également présentes dans les termes de tour, ziggourat ou
pyramide (pyramide de Carstensz, Indonésie) qui peuvent, par extension des
bâtiments évoqués, avoir une portée symbolique très forte. Et « tête » ou «
crêtes » déterminent aussi plus que des extrémités ou des terminaisons
topographiques.
La chaîne du Kunlun, dont l’étymologie se confond avec
Hundun et évoque le chaos des origines et l’idée de vie,
se situe sur la frontière nord du Tibet. « Au milieu du
monde », elle est habitée par Xiwangmu, Mère Reine de
l’Ouest ou reine des Immortels (taoïsme).
...
QUELS VOCABULAIRES ?
Les nombreux termes se référant à la montagne
peuvent être regroupés en fonction de leur portée
sémantique. Beaucoup ont des sens multiples que
traduisent en partie les recoupements de la figure ci-
contre. Les mots liés aux caractéristiques géométriques
et aux grandes architectures d’ensemble décrivent
souvent les reliefs (vocabulaire lui-même signifiant) plus
sûrement qu’une définition. Ils glissent aussi vers une
approche des paysages, parfois lus dans des binômes
associant les hauts et les bas, et traduisent souvent les
étagements des systèmes socio-économiques. Les
glossaires sont enrichis par des dimensions
anthropologiques, avec des références à la religion ou à
la transcendance.
Verbatim
« Père, existe-t-il des pays sans montagnes ? »
Friedrich Schiller, 1804, Guillaume Tell.
À chaque montagne son nom
.
Verbatim
...
COMBINAISONS ET PROGRÈS
Dans les faits, ces différentes techniques ont souvent été combinées entre
elles, comme pour la mesure du mont Blanc publiée par Jean-André Deluc
en 1772. Entre les années 1730 et le milieu du XIXe siècle, plusieurs sommets
furent ainsi identifiés comme le point culminant de la planète, d’abord dans
les Andes de l’Équateur où s’étaient rendus les envoyés de l’Académie des
sciences, puis dans l’Himalaya à partir de 1784. Jusqu’aux années 1950, on
s’interrogea encore sur la réalité d’un sommet qui aurait dépassé les 9 000 m
dans l’ouest de la Chine et dont la révélation aurait confirmé l’existence d’un
mythique Transhimalaya…
Depuis une trentaine d’années, les techniques satellitaires ont validé ou
précisé ce que l’on savait de l’altitude des montagnes : dès 1856-1857, le K2
(Karakoram) a été reconnu comme le deuxième plus haut sommet de la
Terre. En 1986, une campagne de mesures par GPS livre un résultat très
remarqué : le K2 serait plus élevé que l’Everest ! Mais une campagne menée
l’année suivante rétablit la suprématie de ce dernier.
...
Verbatim
...
DEDANS, DEHORS
L’activité sous-glaciaire, en particulier torrentielle, contribue intensément à
l’érosion. L’écoulement des grands glaciers s’accompagne aussi d’autres
formes de « révélations ». Les moraines et les rochers apparaissent et
disparaissent au gré de l’histoire des glaciers qui restituent, parfois après des
années, des cadavres et toutes sortes d’objets. Comment ne pas évoquer ici
les célèbres « Malabar Princess » et « Kangchenjunga », ces deux avions
indiens disparus dans le massif du Mont-Blanc après des crashs survenus
respectivement en 1950 et en 1966 ? Parmi les tonnes d’objets trouvés
pendant les décennies suivantes, dont certains ont été exposés récemment :
une hélice, un moteur, mais aussi des lettres, des bijoux, des documents
personnels… Bref, toute une histoire révélée.
Verbatim
émergées
Verbatim
découvertes
DE GRANDS MARCHEURS
Les montagnes du monde ont vu se succéder des marcheurs qui ont
couvert des centaines, voire des milliers de kilomètres. Ni la clandestinité, ni
les privations, ni la guerre, ni les conditions climatiques n’ont pu décourager
Alexandra David-Néel (1868-1969) qui a parcouru pendant quatorze ans les
contrées tibétaines. À la même époque, l’explorateur Sven Hedin (1869-
1952) consacre près de cinquante ans à l’exploration de la vaste région
comprise entre le Tibet et la Mongolie. Ces expéditions n’appartiennent pas
toutes à un passé lointain : en plus de ses ascensions, Reinhold Messner
accomplit entre 1986 et 1992 de longues marches de plusieurs mois au
Tibet, au Bhoutan et en Asie centrale. Et, à l’automne 2011, un groupe
d’alpinistes français réussit en 28 jours la première traversée de la cordillère
de Darwin, en Terre de Feu. Les montagnes restent donc, à la surface de la
Terre, les dernières régions où la notion d’exploration garde tout son sens.
UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE EXCEPTIONNELLE
Accompagné du botaniste Aimé Bonpland, Alexandre
de Humboldt voyage entre 1800 et 1805 dans l’«
Amérique équinoxiale », dont deux ans dans les Andes
de Colombie et du Pérou. Il multiplie les observations
naturalistes et pose les fondements d’une géographie
des montagnes, précisant l’étagement de la végétation.
Il cherche à préciser l’altitude du Chimborazo et en
tente l’ascension. Puis, il poursuit l’étude des volcans du
Mexique, dont le Jorullo qu’il observe en éruption. Ce
voyage devait contraster avec l’expédition officielle, plus
frustrante, qu’Humboldt conduisit en 1829 dans l’Oural
et sur les contreforts de l’Altaï, sans avoir le temps
d’approfondir ses investigations.
...
EXPLORATION ET DÉPAYSEMENT
Évidemment, l’exploration des montagnes européennes s’est souvent
apparentée à une forme de prototourisme, dont l’intérêt reposait sur la
recherche d’un exotisme de proximité ; ainsi Alexandre Dumas visitant les
montagnes de Suisse et de Savoie utilise tous les moyens de transport qui
sont à sa disposition et parcourt en un été tous les sites renommés des
Alpes occidentales. Les expéditions dans les Andes, en Himalaya ou en
Alaska offrent un exotisme redoublé où la haute altitude s’ajoute à
l’éloignement. Quand ces voyages s’accompagnent aussi de grandes
ascensions, les explorateurs découvrent des environnements nouveaux et
de nombreux pièges qu’ils apprennent à éviter au fil de leur progression. Les
récits d’exploration en montagne sont donc toujours marqués par une
grande composante d’improvisation face à des situations nouvelles :
l’histoire de l’himalayisme regorge d’épisodes où les premières expéditions
ont passé plusieurs semaines à chercher un sommet convoité qu’elles ne
trouvèrent pas toujours !
...
Verbatim
« Non Sahib, moi pas suivre toi. Toi très courageux, mais toi
pas connaître dangers montagne ! Toi pas raisonnable,
Sahib !… »
Tharkey à Tintin, Tintin au Tibet, 1960.
Les ascensions et les collections
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SCIENCE ET ALPINISME
Cette prise de risques et cette recherche de la difficulté ont pu légitimer
l’idée que les alpinistes étaient des « conquérants de l’inutile », selon
l’expression de Lionel Terray. Ces ascensions ont constitué autant d’exploits
sportifs, mais elles ont aussi permis de mieux connaître les milieux d’altitude.
Les recherches sur la lumière, sur la haute atmosphère, sur les climats, ont
tiré profit des expériences réalisées depuis des siècles sur les montagnes. Les
alpinistes et les himalayistes ont aussi concouru à l’amélioration des
connaissances physiologiques, surtout lorsqu’ils ont été amenés à séjourner
en altitude, depuis Horace Bénédict de Saussure au col du Géant (3 365 m)
en 1788 jusqu’à Nicolas Jaeger sous le sommet du Huascarán (6 700 m) en
1979.
Verbatim
En conclusion
Qu’elles soient vues d’en bas ou d’en haut, visibles ou
cachées, les montagnes sont appréhendées par les
populations à travers de nombreuses représentations.
L’extrême richesse du vocabulaire et de la toponymie, sans
cesse renouvelés, découle des différentes pratiques autant
que du cadre culturel et religieux ou des imaginaires. La
montagne se révèle bien plus qu’un simple relief et le
drapeau ou la croix plantés au sommet, les tas de pierres,
les écritures monumentales ou les géoglyphes sont des
signes et des symboles de conquêtes. Le « géant
d’Atacama », figure anthropomorphe la plus haute du
monde (86 m), semble ainsi ne faire qu’un avec le flanc
ouest du Cerro Unita (Chili, 1 250 m).
L’acquisition de savoirs et de connaissances sur la
montagne est autant passée par les explorations que par le
développement de techniques de plus en plus
perfectionnées, dont certaines peuvent être mobilisées à
distance.
L’évolution des compréhensions des mondes d’en haut
souligne l’importance des relations aux basses terres et aux
espaces périphériques, en particulier urbanisés, dont ils
sont indissociables. Les nouvelles appropriations de la
montagne en font le lieu de nouveaux enjeux.
« Puisque l’ère des grandes découvertes géographiques est
à peu près terminée, d’autres voyageurs se disputent en
grand nombre l’honneur d’être les premiers à gravir les
montagnes non encore visitées. »
Élisée Reclus, 1880.
Lors de l’inauguration du tunnel du Mont-Blanc le 16 juillet 1965, une stèle
fut dévoilée pour célébrer « le tunnel routier le plus long du monde qui, sous
les montagnes les plus hautes d’Europe, relie deux nations déjà
fraternellement unies ».
Cette courte formule pointe à la fois les enjeux politiques, symboliques,
économiques et techniques du franchissement, qui apparaissent
inextricablement liés. Et près de cinquante ans après, même si le vocabulaire
a changé, il n’est pas un seul Sommet franco-italien qui ne mette à l’agenda
la question des traversées alpines et de la future liaison Lyon-Turin. L’intérêt
pour l’infrastructure à construire est-il également partagé ? L’un des deux
États est-il plus engagé dans le projet ? Est-il en situation de l’imposer à
l’autre ? Si ces enjeux sont perçus avec une telle acuité dans une montagne
pacifiée, ils le sont plus encore lorsque le contexte est conflictuel ou que des
litiges territoriaux pèsent sur les relations entre peuples des montagnes.
Les exploits techniques au service de la
traversée
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… JAMAIS GRATUITS
Parmi les grandes traversées routières de montagne, la route du Karakorum,
ou Karakoram Highway (KKH), occupe une place à part. Sa construction,
commencée en 1960 dans les gorges de l’Indus, s’est achevée en 1979. Près
d’un millier d’hommes, surtout pakistanais, sont morts pendant le chantier,
ce dont témoignent encore plusieurs cimetières le long de la route. D’abord
entamée sous l’égide de l’armée pakistanaise, cette réalisation visait à
rattacher au pays les régions du nord, après que les conflits indo-chinois de
1962 et indo-pakistanais de 1965 ont bloqué la situation au Cachemire. À
partir de 1973, l’implication du gouvernement chinois allait donner au projet
une dimension qu’il n’avait sans doute pas au départ. Il s’agissait désormais
d’une route moderne, large et recouverte que les Pakistanais appelèrent dès
lors KKH. Si le col de Khunjerab est aujourd’hui un des postes frontaliers les
plus élevés au monde (4 693 m), un écroulement bloque depuis 2010 la
vallée de la Hunza au niveau du lac d’Attabad. Entre Kashgar (Turkestan
chinois ou Xinjiang) et Islamabad, la capitale pakistanaise, son rôle
stratégique demeure évident aujourd’hui.
Sa place de plus haute route asphaltée au monde lui est disputée par l’axe
Tingri-Nyalam (Chine), qui s’élance sur le versant nord de l’Himalaya avant de
rejoindre le Népal au niveau du « pont de l’Amitié ». Seule route carrossable
entre les deux pays, elle a été construite dans les années 1960 pour relier
Katmandou à Lhassa, depuis plusieurs années passée en territoire chinois.
Régulièrement fermé pour des raisons politiques dans la seconde moitié du
XXe siècle, cet axe a une importance commerciale non négligeable. Notons
que depuis 2006, Lhassa est aussi reliée à Pékin par la plus haute ligne
ferroviaire au monde, avec le passage du col de Tangula Shankou à 5 068 m
d’altitude. Exploit technique sans doute, entrepris à visées géopolitiques
assurément.
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Verbatim
traverser
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Verbatim
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LA MONTAGNE FORTIFIÉE
Tenir les hauts, bloquer le débouché des vallées, contourner les massifs,
franchir les gorges et fondre sur les plaines… sont autant de figures
classiques de la guerre en montagne qui met toujours en jeu les trois
dimensions de l’espace.
Certaines montagnes en position frontalière ont été fortifiées afin de
bloquer les mouvements de troupes. On trouve les fortifications aussi bien
dans les fonds de vallée, le long des versants que sur les sommets et le long
des lignes de crête. À l’époque moderne, le col du Théodule, à la frontière du
Valais et du Val d’Aoste, portait le plus haut bastion d’Europe à environ 3 300
m ; à cette altitude, il n’était probablement tenu que pendant l’été. Lors des
guerres du XXe siècle, lorsque les forteresses d’altitude étaient occupées tout
au long de l’année, les premiers téléphériques ont été construits pour les
approvisionner quelles que soient les conditions de neige. Et les routes de
montagne ont souvent été construites pour desservir des fortifications ou
surveiller des cols frontaliers.
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ET EN HIVER ?
Bien sûr, les guerres en montagne sont fortement marquées par la
saisonnalité, mais elles ne s’interrompent pas toujours pendant l’hiver. En
février 1945, les Allemands tentent une incursion dans le massif du Mont-
Blanc ; grâce au téléphérique de service de l’aiguille du Midi, ils sont arrêtés
lors de combats nocturnes à 3 600 m ! Les guérillas de montagne se
caractérisent par leur capacité à tenir le terrain en toutes saisons, et les
attaques menées au cœur de l’hiver bénéficient d’un effet de surprise
souvent redoublé.
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Verbatim
En conclusion
En termes géopolitiques, les enjeux dépendent de la façon
dont s’articulent les montagnes, les frontières et les
territoires des États. Au Canada, l’achèvement des lignes
transcontinentales a été un moment fort dans la
construction nationale et les points de franchissement des
Rocheuses (col Rogers, col Kicking Horse) sont devenus des
lieux de mémoire. Entre Bologne et Florence, le tunnel
ferroviaire de Vaglia, sous les Apennins, long de 18,7
kilomètres, a permis depuis 2009 de mettre les deux villes à
moins de 40 minutes l’une de l’autre.
Mais dès que plusieurs états sont en jeu, le creusement
d’un tunnel sous une crête frontalière suppose la signature
d’un traité international. Le développement des échanges
entre le Chili et l’Argentine a nécessité la densification des
voies de passage à travers les Andes devenues une
interface active. Dans les Alpes ou dans les Pyrénées, les
échanges d’un versant à l’autre passent aussi par la
construction de lignes électriques internationales, souvent
contestées par les populations. Quant aux ouvrages qui
relient le Pakistan au nord de l’Inde, ils restent tributaires
des relations diplomatiques entre les deux pays et leur
voisin chinois.
« Au fond, le Djurdjura, énorme, impassible, dont les
sommets enneigés, confondus avec la brume, se perdent
tout haut, infiniment. Ce sont les remparts de plomb qui
nous séparent du monde. »
Mouloud Feraoun, 1957.
Dans la grande Encyclopédie dirigée par Diderot et d’Alembert, un article ne
manque pas de retenir l’intérêt, celui consacré aux crétins des Alpes,
populations dégénérées et un peu mystérieuses que l’on trouvait
habituellement dans les vallées reculées, et en particulier dans le Valais…
Mais, l’article « Valais » réserve pour le coup une tout autre vision, celle d’une
région idyllique, prospère et bien cultivée, dont les habitants affables
entretiennent les mœurs les plus policées. Comment la même montagne
peut-elle donc être ainsi le lieu de cette contradiction majeure ? Comment
peut-elle à la fois abriter une population aux limites de l’humanité et offrir les
conditions de vie les plus enviables ?
Or, ces représentations paradoxales ont largement survécu jusqu’à nous, et
nombre d’ouvrages insistent encore sur l’inhospitalité fondamentale de la
montagne où l’humanité subsisterait dans une situation d’inconfort définitif,
alors que tant de situations de par le monde sont là pour les démentir.
Montagnes vides, montagnes pleines
QUELLES LIMITES ?
Dans de nombreuses montagnes, les densités s’effondrent dès les premières
hauteurs. En la matière – et pour partie en raison du recul historique du
peuplement gaélique –, l’Écosse offre un des cas les plus spectaculaires. Dès
400 ou 500 m, une fois passés les derniers crofts, s’ouvre un espace pour
ainsi dire vide d’hommes. À l’inverse, de vastes étendues terrestres
enregistrent des densités importantes en continu au-delà du seuil des 500 m
: les hautes terres mexicaines et le plateau brésilien, l’Afrique des grands lacs
et le Drakensberg, les Ghats indiens, les rebords méridionaux de l’Himalaya
et la Chine orientale, la péninsule ibérique et l’Anatolie sont quelques
exemples significatifs.
Les différents plafonds de l’habitat humain sont l’objet d’une certaine
confusion. Beaucoup d’auteurs les situent autour de 5 000 m. Même si la «
stratégie du développement de l’Ouest » du gouvernement chinois a
conduit ces dernières années au relogement forcé de populations à des
altitudes inférieures, les hauts plateaux tibétains du Chang Thang n’ont-ils
pas abrité jusqu’à 500 000 pasteurs nomades dans des espaces avoisinant 5
400 m ? Les villes minières andines ont elles aussi porté le peuplement au-
delà de 4 000 m en Bolivie (Potosi et ses 200 000 habitants) ou jusqu’à 5 500
m à Aucaunquilcha (nord du Chili), où les installations ont fermé au milieu
des années 1990. Et les garnisons militaires indiennes et pakistanaises du
glacier du Siachen se font face toute l’année à des altitudes supérieures à 6
000 m !
Les problèmes physiologiques liés à la raréfaction de l’oxygène et à la baisse
de la pression atmosphérique sont souvent mis en avant et s’expriment à
travers le fameux « mal des montagnes » aux symptômes connus : vertiges,
maux de tête, nausées, inappétence… En dehors d’une acclimatation
progressive et avant la diffusion récente des caissons à oxygène par des
opérateurs spécialisés, le retour rapide à des altitudes basses a souvent été la
seule échappatoire pour les touristes désireux de s’aventurer au-delà de
certaines altitudes. Mais chez les populations locales, des études ont pu
mettre en évidence des formes d’adaptation morphologique, par exemple
l’hypertrophie du muscle cardiaque chez les Aymaras de l’Altiplano bolivien.
...
...
Verbatim
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QUEL SENS DONNER AUX CAPITALES D’ALTITUDE ?
Vingt-sept États ont aujourd’hui leur capitale à plus de 1 000 m d’altitude ;
les uns sont des États enclavés, d’autres s’ouvrent sur une façade maritime.
Comparé aux grandes métropoles, Thimphu (Bhoutan) n’a guère que 80 000
habitants. Parmi ces capitales, peu sont vraiment des villes mondiales :
Mexico est la seule à avoir accueilli des événements sportifs majeurs ou de
grands sommets internationaux et Addis-Abeba abrite depuis 1963 le siège
de l’Union africaine. Les capitales en altitude jouent donc surtout un rôle à
l’échelle nationale, sur le plan politique et symbolique : pour certaines, leur
statut est un héritage assumé de la période coloniale, comme Nairobi, née
avec le réseau ferroviaire au début du XXe siècle. Pour d’autres, leur situation
sur des plateaux d’altitude résulte du choix de se recentrer dans l’espace
national, comme lorsque la capitale du Brésil fut installée à Brasilia ou celle
de la Tanzanie à Dodoma. En Arabie Saoudite, le gouvernement quitte
chaque année Riyad (altitude : 612 m) et prend ses quartiers d’été à Taïf, à 1
680 m d’altitude dans la chaîne des Sarawat ; la population de la ville double
alors. Dans certains cas, ces capitales politiques s’organisent dans un lien de
complémentarité avec un port qui concentre les fonctions d’échange,
comme Guayaquil en Équateur ou Mombasa au Kenya.
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Verbatim
RESTER AU PAYS
Slogan politique ou réel objectif social, la portée de cet impératif doit sans
doute être tempérée. La figure du montagnard arrimé à ses vallées et dont
les comportements sédentaires pousseraient à la consanguinité a nourri une
abondante littérature et une copieuse iconographie. Elles ont concouru à
l’entretien de certaines images, comme le « crétin des Alpes » popularisé par
le capitaine Haddock. Les descriptions abondent autour de ce montagnard
atteint de nanisme et affligé d’un goitre. Les espaces montagnards sont en
fait ouverts à de multiples formes de circulation, et les cloisonnements
s’assoient surtout sur des formes d’organisation sociale ou religieuse. Ainsi,
les caractères parfois décrits comme « archaïques » ou « primitifs » des
peuples mafa dans les montagnes du Nord Cameroun sont-ils sans doute
davantage liés à une endogamie longtemps très stricte dans la classe des «
forgerons », par exemple. Au sud du Zanskar (Inde), dans la vallée de Kullu,
dite « vallée des dieux », les Malanis s’expriment dans un dialecte très
différent de ceux de leurs voisins et s’imposent eux aussi un mariage
intracommunautaire très encadré.
Pour chaque classe d’âge, rester au pays se révèle souvent un défi . La
scolarisation des plus jeunes nécessite certes des structures de ramassage
performantes, mais assure une cohésion sociale bien décrite pour
l’Auvergne dans le film Être et avoir (Nicolas Philibert, 2002). Dans les
montagnes de Talesh (Iran), à la frontière azerbaïdjanaise, les petites écoles
ont ce même rôle essentiel et l’instituteur y est un pivot fondamental… La
situation d’isolement des plus âgés est tout autant problématique, les
contraignant parfois à abandonner leur ferme pour la ville (situation
dépeinte dans le film Une hirondelle a fait le printemps, de Christian Carion,
2001) ou, selon une tradition médiévale japonaise, à finir leur vie au sommet
d’une montagne (La Ballade de Narayama, de Shohei Imamura, 1983). Les
populations en âge de travailler sont quant à elles souvent poussées à la
polyactivité, comme c’est le cas avec les éleveursfromagers-artisans-
moniteurs de ski.
LABELLISER POUR MAINTENIR
La labellisation est un des leviers les plus anciens et les
plus performants pour assurer des plus-values à
certaines filières, en particulier ici fromagères. Beaucoup
de fromages sont identifiés à des « pays » de montagne,
comme les Causses pour le Roquefort, qui a depuis
longtemps une renommée mondiale. Il a d’ailleurs été
l’objet de la première appellation d’origine française en
1925.
Aujourd’hui encore, compte tenu des emplois
productifs et de ceux induits par le tourisme, « quand la
filière Roquefort tousse, c’est tout le sud Aveyron qui
s’enrhume ». La majeure partie du territoire du Massif
central est désormais engagée dans des processus de
labellisation, la Rigotte de Condrieu étant la dernière
venue (2009) dans le domaine fromager. Mais la
superposition d’appellations multiples peut aussi
brouiller l’image de certains espaces.
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...
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Verbatim
mutation
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innovation
LA MONTAGNE ET LA SCIENCE
Dans le massif du Mont-Blanc, le refuge Vallot (4 362 m) a été construit et
utilisé depuis 1890 pour des observations météorologiques et des travaux
en physique et sur la physiologie en altitude. Les observatoires
météorologiques furent les premiers centres de recherche à s’installer
préférentiellement en montagne (mont Aigoual, Ventoux…), même si la
plupart d’entre eux sont aujourd’hui fermés, détrônés par les satellites. En
1942, le gouvernement américain installe le centre de recherches atomiques
de Los Alamos sur le plateau Pajarito (Nouveau-Mexique), à 2 230 mètres
d’altitude : un lieu isolé, facile à sécuriser aux yeux des responsables du
programme.
Sous la montagne, dans des galeries creusées latéralement aux tunnels
routiers, des laboratoires souterrains, comme celui du Gran Sasso (Abruzzes)
ou celui du Fréjus (frontière franco-italienne), ont été aménagés. Dans ces
deux cas, il s’agit de laboratoires de physique ; les recherches visent à
mesurer des phénomènes qui ne sont pas perturbés – ou le moins possible
– par les rayonnements cosmiques, d’où l’intérêt de se mettre à l’abri de la
plus grande épaisseur de roche. Les tunnels routiers permettent d’accéder
au cœur de la montagne sans avoir à creuser de galeries spécifiques. De
même, dans les monts de Vaucluse, le laboratoire à Bas Bruit de Rustrel
occupe un ancien poste de commandement militaire creusé dans la
montagne. Dans les Alpes suisses, c’est en partant de la conduite
hydroélectrique du Grimsel que des recherches sont menées sur le
confinement géologique des matières radioactives en milieu cristallin. La
présence de ces laboratoires, invisibles dans le paysage, est plutôt discrète et
leur activité reste souvent déconnectée des régions où ils sont implantés ;
on n’en parle guère qu’à l’occasion de découvertes scientifiques notoires…
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MONTAGNES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS
Depuis l’invention du télégraphe Chappe en 1794, les points hauts du relief
ont été convoités pour tous les dispositifs de télécommunications. Leur
visibilité optique accrue permettait en effet de les observer à longue
distance et de réduire d’autant la densité du réseau. Dès lors qu’il s’agit de
stations radars ou de relais hertziens, fonctionnant à des fins civiles ou
militaires, leur installation sur des sommets permet de couvrir de plus vastes
superficies, d’où les innombrables stations d’écoute qui maillent les régions
de montagne. Ces installations sont d’autant plus nombreuses qu’elles
doivent effacer les zones d’ombre, liées aux lignes de crête et aux vallées, et
que la demande en nouvelles technologies (téléphonie, internet) est très
forte dans les espaces touristiques. C’est un domaine de pointe en Nouvelle-
Zélande. Les régions de montagne sont donc plutôt bien couvertes, même
lorsqu’elles apparaissent comme des zones peu peuplées. Lors de conflits,
ces sommets constituent des objectifs privilégiés des bombardements
aériens, par exemple pendant les guerres en ex-Yougoslavie après 1991.
...
Verbatim
En conclusion
S’il est vrai que quatre humains sur cinq vivent en dessous
de 500 m, cela fait encore près de 1,5 milliard d’individus
qui habitent et travaillent au-dessus de cette altitude !
Dans sa brutalité, ce seul chiffre démontre le poids de cette
humanité d’en haut qu’on aurait tort de tenir pour
marginale. Ces hommes et ces femmes vivent et travaillent
en montagne, ils peuplent les hautes terres rurales
d’Afrique de l’Est et d’Amérique latine, ils animent des
agglomérations millionnaires au-delà des seules capitales :
que l’on songe à Johannesburg ou à Denver. Ces habitants
des montagnes ne restent pas cantonnés dans leurs hautes
terres, mais participent aux mouvements migratoires.
Tous les secteurs d’activités y sont représentés, des plus
traditionnels aux plus innovants. L’économie illégale
participe aussi de l’inscription des montagnes dans
l’espace mondial. Derrière le discours de l’enclavement
montagnard, la réalité est à une ouverture sans cesse
croissante, dont les nombreux petits terrains d’aviation
sont un des leviers. Ainsi, des massifs qui sont encore
présentés comme des angles morts dans leur espace
national (comme les Karavanke entre Autriche et Slovénie)
sont-ils aujourd’hui intégrés dans les échanges
internationaux.
« Accès internet haut débit et téléphonie en zone d’ombre
par satellite en haute montagne. La société Astra annonce
aujourd’hui l’installation d’une trentaine de refuges de
haute montagne des Alpes, avec son service. »
Nov. 2011.
Alors que les opinions sont de plus en plus sensibilisées aux questions
relatives à l’environnement, les montagnes tiennent une place de choix dans
ces débats. Elles font tantôt figure d’espaces à préserver en priorité, tantôt
de laboratoires pour expérimenter des politiques et des techniques
attachées aux principes du développement durable, par exemple. Mais est-
on sûr que les milieux de montagne sont plus fragiles que d’autres ?
Comment expliquer que la faune et la flore de montagne soient l’objet de
telles attentions ? Sont-elles vraiment plus riches, plus variées, plus rares
qu’ailleurs ? Des données naturalistes peuvent-elles rendre compte de ces
positions, ou bien faut-il plutôt invoquer la façon dont nous envisageons les
montagnes et les images édéniques que nous y associons ? Car de Rousseau
à Jean Ferrat (« Pourtant, que la montagne est belle »), les visions idéalisées
de la montagne ne peuvent masquer ni les convoitises fortes pour les
ressources, ni les conflits nombreux, ni les risques.
Et si l’on ne protégeait que les montagnes
...
PROTECTION ET DÉVELOPPEMENT
Les niveaux de protection sont très variables d’un parc national à l’autre
dans le monde. La majorité d’entre eux n’excluent pas les activités, y compris
des stations de sports d’hiver, comme le parc national Vicente Pérez Rosales
au Chili ou le parc national du Mont-Tremblant au Québec. Le Parc national
suisse est, lui, traversé par la route de l’Ofen Pass, ouverte l’été au trafic
automobile. Mais certains espaces font l’objet d’une mise en défens plus
stricte, comme le vallon du Lauvitel dans le parc national des Écrins (Alpes
occidentales) érigé depuis 1995 en « réserve intégrale » où nul ne pénètre.
Les réserves de biosphère, promues par l’Unesco dans le cadre du
programme Man & Biosphere, cherchent à concilier la protection de la
biodiversité et le développement des sociétés humaines, alors que ces
objectifs ont longtemps été présentés comme antinomiques dans les pays
du Sud. Sur 610 réserves dans le monde, objectifs et moyens sont donc très
disparates, en particulier en Afrique où l’on en compte 77, dont 29 dans des
zones de montagne réparties entre 13 pays. On relève l’hétérogénéité des
espaces couverts, depuis la réserve de Taza en Algérie (16,5 km2) jusqu’à la
réserve Ténéré-Aïr au Niger (240 000 km2).
...
LA DIMENSION GÉOPOLITIQUE
Lorsque les massifs se trouvent en position frontalière, la création d’espaces
protégés répond aussi à des préoccupations géopolitiques. Ils marquent
alors de la part des pouvoirs publics une réaffirmation de la souveraineté sur
des espaces périphériques. Dans les Carpates, la frontière nord de la
Slovaquie (avec la République tchèque, la Pologne et l’Ukraine) est ourlée de
parcs, de réserves et de paysages protégés. Tout au long de l’arc des
Carpates, ces espaces protégés sont organisés depuis 2006 en un réseau qui
porte des coopérations et des échanges d’expérience, sur le modèle du
réseau Alparc qui existe dans les Alpes. D’autres associations transfrontalières
entre parcs voisins existent de par le monde, dans les Rocheuses ou dans les
Andes.
Verbatim
historique !
...
… OU ANIMAUX MONTAGNARDS ?
Certains animaux sont strictement inféodés à des milieux de haute altitude,
ce dont témoigne le nom de ce criquet, la miramelle des moraines, ou celui
de ce papillon, l’écaille du Cervin, qui vit dans les Alpes entre 2 400 et 3 200
m ! Dans les montagnes européennes, il s’agit souvent d’espèces reliques
des époques glaciaires qui se sont installées en altitude lors des périodes de
réchauffement. Il en résulte une segmentation des habitats et une forte
tendance à l’endémisme, que ce soit chez les insectes, chez les rongeurs ou
chez les ongulés. Mais, de ce fait, ces espèces sont très liées aux conditions
bioclimatiques de la montagne et très vulnérables aux changements
environnementaux : ainsi, dans un massif qui culmine à 1 630 m, le papillon
appelé apollon du Forez n’a plus été observé depuis plusieurs années et
semble avoir disparu sous l’effet du réchauffement actuel. Ce sont
également des animaux qui présentent les traits les plus caractéristiques,
comme l’aptitude à l’homochromie saisonnière, lorsque, par mimétisme
avec l’environnement, le pelage (pour le lièvre variable) ou le plumage (pour
la perdrix des neiges) blanchissent à la tombée de la neige et s’obscurcissent
au retour du printemps.
FAIRE REVENIR L’ANIMAL
En 1870, il ne restait plus dans les Alpes qu’une
quarantaine de bouquetins dans le massif du Grand
Paradis. Protégée dans les réserves de chasses royales,
cette population résiduelle a constitué le réservoir pour
les premières réintroductions en Suisse centrale puis, à
partir de 1928, autour du mont Pleureur (Valais). En 1950
ont lieu les premières réintroductions en Savoie et dans
le Mercantour (France). Tous les pays alpins ont
aujourd’hui retrouvé des populations de bouquetins,
jusqu’en Styrie (Autriche) et en Slovénie. Les Suisses en
ont aussi réintroduit dans le Jura, au-dessus du lac de
Neuchâtel. Les réintroductions se poursuivent sur la
base des connaissances paléontologiques. La présence
historique de l’animal dans les différents massifs
légitime l’opération dont la « naturalité » est ainsi
garantie vis-à-vis des acteurs locaux, de plus en plus
rétifs à toute opération d’acclimatation. En 2005, on
estimait que 8 700 bouquetins vivaient dans les seules
Alpes françaises.
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ENJEUX ET CONTRADICTIONS
Certes, les pressions sur la faune ne sont pas inexistantes en montagne :
l’exploitation forestière, la chasse, la fréquentation et l’aménagement
touristiques, la fermeture des paysages, l’artificialisation des milieux,
l’intensification des circulations ou le cloisonnement croissant des biotopes
peuvent occasionner bien des dérangements. Mais la déprise facilite aussi
les dynamiques de reconquête spontanée.
Cette faune de montagne participe souvent de la ressource touristique ; si
une partie fait l’objet de politiques de protection, une autre est convoitée
par les amateurs de trophées de chasse, et la présence ou la réapparition de
prédateurs (lynx, puma et tigre) engendre bien des conflits. Ainsi, la souche
pyrénéenne des ours n’a pu être sauvée d’une extinction programmée,
tandis que des opérations de réintroduction ou de renforcement
enregistrent des succès dus aux savoir-faire des zootechniciens. Et s’il est vrai
qu’en Europe, les derniers représentants de la grande faune sauvage se
trouvent presque exclusivement en montagne, il s’agit d’une faune gérée,
administrée et contingentée dans des écosystèmes fortement anthropisés.
Cette faune de montagne est donc très hybride, tant du point de vue des
dynamiques de peuplement que de son statut vis-à-vis des sociétés
humaines.
Verbatim
Verbatim
chaud
EXPOSITIONS
L’agencement orographique par rapport à la course du soleil définit des
conditions d’exposition aux rayonnements que les populations ont
intégrées dans des termes multiples. D’origine franco-provençale, adret
(pour les versants ensoleillés) et ubac (pour les plus sombres) ont leurs
échos pyrénéens (soulane et ombret ou ombrée), corses (asulana et umbria)
ou italiens (adritto et opaco), tandis qu’endroit et envers, d’usage plus
générique, sont particulièrement expressifs. Les vallées germaniques
opposent elles aussi leur Sonnenseite et leur Schattenseite, étendus aux
massifs de part et d’autre de l’Inn (Sonnenberg et Schattenberg).
Ombre contre soleil. Dans les sociétés traditionnelles alpines, quand la
pression démographique est élevée, les deux types de versants sont
également convoités. Mais dès qu’elle se relâche, les ubacs sont
prioritairement délaissés au profit des adrets. Au XIXe siècle en particulier, les
premiers ont souvent une valeur bien moindre, au point d’être la mauvaise
part au moment des partages familiaux (récoltée par le cadet ou les filles…)
et d’être dépourvus d’attribution toponymique spécifique. Ainsi, les villages
sur le versant côté ombre portaient-ils le nom du village d’en face, côté
soleil, précédé du terme « envers » : Envers de Sollières (Maurienne), Envers
de Fontenille (haute vallée de la Durance) ou Inverso Pinasca (val de Cluson,
dans la province de Turin). Mais le développement des sports d’hiver a
contribué à un retournement partiel des appréciations pour des versants
susceptibles de mieux conserver leur niveau d’enneigement. Les glaciers y
sont également moins exposés à des processus de recul.
Être dans l’ombre. Dans les vallées orientées est-ouest, le phénomène peut
conduire certaines communes à rester dans l’ombre deux à trois mois par
an. À Brissogne (Val d’Aoste), la Féta de l’oumbra célèbre chaque année à la
mi-août l’arrivée de l’ombre. Dans le Piémont, les habitants de Viganella
(massif d’Ossola) sont depuis 2006 « éclairés » l’hiver par un miroir de huit
mètres sur cinq installé à 1 100 m. Piloté par un ordinateur qui ajuste son
orientation pour s’adapter au mieux aux rayonnements solaires en fonction
des heures et de l’avancement de la saison, ce dispositif vise aussi à changer
les représentations pour un hameau privé de lumière directe des premiers
jours de novembre à début février. Cet aménagement dit beaucoup de
l’héliotropisme des sociétés actuelles.
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Verbatim
pour l’autonomie
DÉPASSER L’ISOLEMENT
Les refuges, construits en haute montagne pour les alpinistes et les
randonneurs, réunissent toutes les données du problème, en cumulant
isolement, éloignement et coûts de raccordement aux réseaux qui seraient
exorbitants. En général, ils ne sont pas desservis par la route ni par une piste,
et sont ravitaillés à dos d’hommes, par des animaux de bât ou par
héliportage. Dans ces conditions, il est difficile de les approvisionner en
combustibles et les solutions recherchées visent à l’autonomie maximale
pour satisfaire le minimum de confort (lumière, sanitaires, parfois chauffage)
auquel aspire la clientèle. Par ailleurs, l’isolement doit aussi être pris en
compte par rapport à la nécessité de résorber les déchets solides (que l’on a
longtemps brûlés sur place) et les effluents liquides. Au pied des grands
sommets himalayens, les camps de base sont exposés aux mêmes
difficultés, aggravées par l’absence d’infrastructures pérennes : les acteurs
économiques et associatifs se sont souvent efforcés d’organiser de grandes
opérations de nettoyage, qui ne constituent pas une solution durable...
Dans les stations touristiques, le problème se pose en d’autres termes : les
besoins sont beaucoup plus élevés compte tenu des services proposés à la
clientèle. De plus, la fréquentation hivernale correspond à une saison où
l’eau, sous forme liquide, est peu disponible. La production de neige
artificielle réclame de grandes quantités d’eau et d’énergie ; et la montée en
gamme de l’hébergement passe par la multiplication des spas et des centres
nautiques. Mais à la différence des refuges, les grandes stations totalisent
plusieurs dizaines de milliers de lits et peuvent tabler sur une clientèle
solvable qui justifie de lourds investissements. Les réseaux de distribution et
d’évacuation doivent y être surdimensionnés par rapport à la population
permanente, comme dans tous les espaces touristiques, ce qui induit
évidemment des surcoûts et encourage de nouvelles constructions pour
mieux les rentabiliser.
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...
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Verbatim
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UN AMÉNAGEMENT LITIGIEUX
Entre 1957 et 1960, EDF entreprend l’aménagement du
ruisseau de Carol et de la haute Ariège. Sur le versant
sud des Pyrénées, le Carol est un affluent du Sègre qui
s’écoule vers l’Espagne. Le barrage construit à l’aval de
l’étang de Lanoux en France permet d’en accroître la
capacité ; une conduite creusée sous le Puig Pedros
achemine l’eau dans la vallée de l’Ariège, sur le versant
atlantique, où elle est turbinée. Il en résulte un long
contentieux franco-espagnol, qui s’aggravera encore
lorsque la France proposera de restituer au bassin
versant du Sègre les eaux usées du Pas de la Case !
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Verbatim
montagne ?
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Verbatim
toutes saisons
GÉOPOLITIQUES CIRCULATOIRES
Ce n’est pas le moindre des paradoxes de voir la modernisation des
transports s’accompagner d’un processus de fermeture de routes qui peut
conduire à des enjeux nouveaux, dont la cartographie fluctue avec les
saisons. Dans les Alpes, le Queyras n’est guère accessible l’hiver que par une
route, tandis que le vallon de Livigno (Lombardie) devient une périclave
qualifiée alors de Petit Tibet italien. Dans les montagnes d’Asie centrale, les
aménagements de la période soviétique, puis les recompositions qui lui ont
succédé, ont été bien étudiés. La fragmentation des territoires a révélé des
discontinuités dans les réseaux circulatoires et des formes d’enclavement,
souvent vécues par les nouveaux États (Kazakhstan, Ouzbékistan,
Kirghizistan, Tadjikistan) comme des formes d’entrave à leur souveraineté.
L’altitude élevée de nombreux cols routiers (Koyetezek et Koulma culminent
à 4 271 m et 4 632 m, et leurs voisins dépassent souvent 5 000 m !) rend leur
franchissement hivernal problématique. Vu de Douchanbe, de Tachkent, de
Bichkek ou d’Astana, la fonctionnalité en toutes saisons des grands axes
devient une question stratégique majeure. Elle a conduit les dernières
années à l’aménagement d’un tunnel pour éviter le col d’Anzob et au
creusement en cours d’un autre sous le col de Shakhriston. Les ouvertures
vers la Chine constituent aussi des enjeux de plus en plus forts.
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L’HIVER COMME ALLIÉ
À une autre échelle, l’enneigement et l’englacement hivernal des lacs et des
cours d’eau peuvent se révéler de puissants atouts dans les géographies
circulatoires. Quand, en hiver, le froid fait geler la rivière Zanskar, que les cols
entre 4 000 et 5 000 m deviennent moins praticables, un chemin de glace,
appelé Tchadar par les autochtones, ouvre une voie de 120 km de long dans
un corridor de montagnes abruptes. Il permet en particulier de conserver
des liens avec le Ladakh et sert notamment au transport du bois et des
vivres. Des touristes peuvent aussi désormais être croisés, car beaucoup
d’opérateurs spécialisés proposent ce trek dans leurs catalogues.
Dans les montagnes où sont installées des stations de ski, la volonté de
perpétuer une ambiance hivernale amène aussi les responsables à entretenir
un enneigement parfois même artificiel sur les chaussées, ce qui est d’autant
plus facile pour celles inaccessibles en voiture, comme en Suisse à Zermatt
(accès par train) ou Riederalp (par téléphériques).
Verbatim
En conclusion
Nos sociétés entretiennent beaucoup de contradictions
dans leurs rapports à la montagne, parfois en en exagérant
telles spécificités, parfois en les niant.
Dans les années 1950-1960, le développement industriel et
touristique a pu faire l’impasse sur les risques. Il est vrai que
la dynamique des avalanches était alors mal connue, sinon
de façon empirique par les sociétés locales, mais la
confiance était telle dans les solutions techniques mises en
œuvre que les aléas étaient souvent négligés. Plusieurs
graves catastrophes ont obligé à réviser cette vision
optimiste ou réductrice.
À l’opposé, l’engouement pour les espaces protégés qui
ont été créés en grand nombre dans toutes les montagnes
du monde ne s’accommode pas toujours des contraintes
imposées à la fréquentation. Autant la police de
l’environnement est-elle souvent drastique dans les parcs
américains, autant en Europe, il est plus difficile de faire
admettre des restrictions, car l’idéal de « la montagne pour
tous » est solidement ancré. Ceux-là mêmes qui attachent
une grande importance à la conservation de la faune et
des espèces emblématiques renâclent à voir leurs
déplacements entravés par des mises en défens
rigoureuses.
« Nous pourrions gagner le Saint-Gothard par Airolo et
l’hospice des Capucins. Ce chemin est pratiqué tout l’hiver
et se fait commodément à cheval. »
J. W. von Gœthe, 1779.
Se récréer et s’oxygéner ont été les deux modalités indissociables du
développement des activités touristiques en montagne. Le séjour en
montagne, comme pratique sociale valorisée, s’est imposé d’abord autour
des stations thermales et climatiques et reste toujours d’actualité. Comme le
proclame encore aujourd’hui un village du Vercors : « Quinze jours à Autrans,
santé pour un an ! » Mais si ces séjours sur prescription médicale ont
engendré les premières fréquentations touristiques et les premiers
aménagements, la montagne-sanatorium, malgré toute l’aura romanesque
qui l’accompagne, peut apparaître répulsive aux autres vacanciers. Respirer
le bon air, certes, mais il faut aussi s’amuser, découvrir les paysages, éprouver
ses capacités physiques, se frotter au danger. C’est pourquoi les vacances à
la montagne ont été rapidement associées à la pratique de sports variés
autour de l’alpinisme, de la randonnée pédestre, des sports d’hiver et de
multiples activités de pleine nature.
Cheminements touristiques
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« FAIRE LE GR »
Des fédérations nationales et internationales de sentiers de grande
randonnée proposent aux marcheurs des itinéraires balisés parfois sur
plusieurs centaines de kilomètres, dont les difficultés sont renseignées dans
des guides et qui ont pu donner lieu dans certains cas à des « applis » pour
téléphone ou tablette. Si les premiers ont été tracés en France en 1947,
d’autres pays comme l’Espagne et le Japon se sont depuis ouverts à ce type
de chemins touristiques. Certains, comme le fameux et très difficile GR 20
qui traverse la Corse d’une côte à l’autre, sont abordés comme de réelles
épreuves sportives et nécessitent un solide entraînement, même si on peut
n’en parcourir que des tronçons. Parmi les cent premiers GR français
numérotés, 84 ont tout ou partie de leur parcours en montagne.
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Verbatim
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Verbatim
LE RÈGNE DU SKI
C’est entre les années 1930 et 1950 que le ski commercial a émergé, sans
cesser de se perfectionner depuis : les premiers téléskis sont construits au
début des années 1930. Contre l’achat d’un titre de transport, le skieur se
retrouve hissé en haut des pentes par des remontées mécaniques, et il
redescend sur des pistes dont la neige a été damée par des engins, quand
elle n’a pas été produite par des canons.
L’affirmation du ski alpin comme pratique dominante dans le tourisme de
sports d’hiver s’est appuyée sur l’engouement des clientèles pour qui les
vacances à la neige restent une pratique de distinction, ce qui favorise son
implantation dans de nouveaux pays. Elle a aussi bénéficié de la popularité
de champions et championnes brandis comme des étendards par les
stations. L’organisation des JO à Sapporo (Japon) en 1972 puis à Sarajevo
(Yougoslavie) en 1984 indiquait déjà une tendance à l’extension du ski au-
delà de ses berceaux alpins et scandinaves.
Dans les massifs de moyenne montagne ou en plaine dans les pays de haute
latitude, les grandes courses populaires de ski nordique rassemblent
plusieurs milliers de participants sur le modèle de la Vasaloppet en Suède. Le
circuit Worldloppet fédère les plus grandes courses.
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LE SKI EN CHANTIERS
L’impact paysager du ski se révèle surtout l’été : pistes ouvertes dans la forêt,
travaux de déroctage pour effacer des barres rocheuses, poses de drains
pour limiter le ruissellement… Là où la densité de l’équipement est déjà
élevée, les exploitants se sont efforcés depuis les années 1990 de relier les
stations entre elles pour créer de grands domaines skiables. En Tarentaise,
les Trois Vallées couvrent une superficie plus importante (10 500 ha) que les
cinq plus grands domaines skiables d’Amérique du Nord réunis. Quant à la
neige, elle n’est pas tant recherchée pour son abondance, qui peut aussi
poser des problèmes, que pour sa régularité d’une année sur l’autre et au
cours de la saison. Dans tous les cas, les investissements sont lourds et le pari
d’ouvrir au ski de nouvelles montagnes du monde dans le Caucase (JO de
Sotchi en 2014), en Chine ou en Corée (JO en 2018) témoigne des enjeux
économiques associés à ces pratiques qui s’adaptent au contexte local et au
niveau technique des skieurs.
UN SKI PIONNIER
Recenser les sites de ski en Chine est un exercice difficile
car l’agencement et la pratique de ces espaces
nouvellement constitués sont très originaux et
beaucoup s’inscrivent dans une dimension urbaine
(simples langues de neige). Les équipements les plus
nombreux sont d’abord apparus dans le nord-est
chinois, puis ont récemment essaimé dans les provinces
montagneuses du centre et du sud, puis dans l’ouest.
Verbatim
QUEL RENOUVELLEMENT ?
Les disciplines de neige et de glace se sont diversifiées, comme le montre
l’évolution du nombre d’épreuves aux Jeux olympiques d’hiver : 35 à
Grenoble en 1968, 86 à Vancouver en 2010, autant pour alimenter les
programmes de télévision que pour faire une place aux « nouvelles glisses ».
Bien sûr, il faut compter avec l’illusion de la nouveauté. Ici comme ailleurs,
on n’a pas hésité à faire du neuf avec du vieux. Des techniques anciennes
comme le télémark ont été parées de l’attrait de la nouveauté et aux JO de
1998 est réapparu le curling, disparu du programme depuis 1924. Et dans
certaines stations, l’absence de damage sur quelques pistes fait figure
d’innovation révolutionnaire… et appréciée ! À l’inverse, certaines
nouveautés n’ont jamais été réellement adoptées, tel le ballet à skis, proposé
aux JO de 1988 et 1992. D’autres, enfin, restent et resteront sans doute très
confidentielles, comme le kilomètre lancé, épreuve de vitesse pure qui ne se
pratique que sur quelques sites spécialement préparés (la piste des Arcs par
exemple, en Tarentaise).
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NOUVELLES PRATIQUES, NOUVELLES VALEURS
Dans le même temps, des pratiques ont réellement renouvelé les sports
d’hiver : d’abord le surf des neiges, ou snowboard, qui a sauvé le ski alpin
d’une ringardisation annoncée en rajeunissant la clientèle des stations.
Pratique minoritaire certes, mais visible car savamment mise en scène, le
snowboard est approprié par les moniteurs de ski qui l’enseignent à leur
tour. Depuis 1998, il figure au programme des JO d’hiver. En parallèle se sont
développées toute une série de pratiques plus ou moins inventives :
descente sur un ski au lieu de deux ou sur de tout petits skis, ski tracté par
cerfvolant, ski associé à divers dispositifs de vol libre… Le ski et ses
déclinaisons se sont aussi ouverts à de nouveaux publics handicapés. Les
fabricants ont tiré profit de cette diversification des pratiques en mettant sur
le marché des matériels conçus pour chaque niche et en affichant plus de
légèreté, de maniabilité et de sécurité.
L’état d’esprit des pratiquants a évolué en parallèle. Dans les années 1950-
1970, le ski alpin triomphant était avant tout fondé sur les valeurs du sport
de compétition encadré par de puissantes fédérations. À partir des années
1990, les nouvelles glisses ont plutôt fait l’objet d’une auto-organisation
autour du plaisir et d’une certaine prise de risque ; les stations ayant
aménagé des espaces dédiés, elles ont intégré le modèle du sportspectacle,
comme lors des X-games qui proposent des épreuves acrobatiques de ski et
de snowboard à Aspen (Colorado) et à Tignes (Savoie). Plus récemment, des
équipements sont apparus qui misent sur le festif (pistes éclairées pour le ski
nocturne) et sur le ludique : des parcs de jeux sur neige sont ainsi aménagés
spécifiquement pour les enfants, comme le Ludoffaz, à Abondance (Haute-
Savoie). La compétition s’en inspire pour des challenges nocturnes.
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Verbatim
nature
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LA PLACE DE L’ÉVÉNEMENTIEL
L’effort de diversification conduit par les stations touristiques passe par le
succès de manifestations qui mêlent la compétition sportive et les
rassemblements de masse. Organisées en avant ou en arrière-saison, elles
permettent d’allonger la période de forte activité et concourent à
l’attractivité de la destination. Dans ce domaine, les trails sont des courses
longues en terrain très difficile, dépassant souvent les 100 km de distance et
approchant les 10 000 m de dénivellation positive. Elles combinent des
cadres prestigieux avec la recherche de la difficulté maximale : parmi les plus
connus, citons la Badwater, courue en près de 23 heures par les meilleurs
entre la Vallée de la Mort (point le plus bas des États-Unis) et les pentes du
mont Whitney (point culminant des États-Unis hors Alaska), l’Ultra-Trail du
Mont-Blanc ou la Diagonale des Fous à la Réunion, qui rassemblent plusieurs
milliers de participants. L’hiver, les courses de ski-alpinisme en constituent
l’équivalent. La Patrouille des glaciers, organisée tous les deux ans entre
Zermatt et Verbier (Valais), est un ancien exercice militaire devenu une des
principales courses. Ces événements très médiatisés consacrent le succès
rencontré par ces activités et leur donne une nouvelle audience, au-delà du
cercle des compétiteurs.
Verbatim
En conclusion
Hergé situe le début de son album Tintin au Tibet à
Vargèse, une station savoyarde imaginaire dotée de son
lac, son casino, sa gare… c’est-à-dire des attributs
classiques de ce type de lieu dans la première moitié du
XXe siècle. Dès les premières cases, le jeune reporter au
retour d’une excursion s’exclame : « Éreinté, je l’avoue, mais
heureux comme un roi !... Ah ! la montagne que c’est beau
!... Et puis cet air vif et léger, un peu piquant…(…) » Et le
capitaine Haddock de lui répondre : « La montagne
comme paysage, ça ne me dérange pas trop… Mais
s’obstiner à grimper sur des tas de cailloux, ça me dépasse.
» Ce dialogue témoigne de l’ambivalence qui a
accompagné le développement du tourisme en
montagne. Quand certains recherchent le « bon air » sur la
base d’arguments médicaux plus ou moins fondés,
d’autres contemplent la montagne plus qu’ils ne la
pratiquent. La parution de cet album en 1960 correspond à
un engouement général pour la montagne. En France,
c’est le début d’une période faste pour le ski, avec des
résultats sportifs qui culmineront aux JO de Grenoble en
1968 (médailles de J.-C. Killy). Et, dans le domaine de
l’aménagement, l’État avec le Plan Neige (1961-1971) se fait
l’initiateur d’une industrie du ski et participe à
l’aménagement de nouvelles stations pour une ouverture
au plus grand nombre des pratiques associées. Dans la
mondialisation de la mise en tourisme des montagnes, la
valeur des lieux change, ainsi que les usages, en fonction
des pratiquants.
« Le Cervin convenait à mon projet. Depuis longtemps, je
cherchais à réunir dans un même “coup” mes trois passions
: l’aile delta, le ski extrême, l’escalade glaciaire. Rassembler
une sorte de bouquet inédit. »
J.-M. Boivin, 1981.
Dans le film Tarzan, l’homme singe (1932), lorsque la colonne d’explorateurs
à la recherche d’un cimetière d’éléphants s’approche de la montagne Mutia,
les porteurs africains refusent d’avancer davantage. Le cinéma hollywoodien
projette ici, sur une Afrique mystérieuse, l’idée que toute montagne est a
priori taboue pour les peuples primitifs. Les Européens, quant à eux, ne
s’arrêtent pas à ces préjugés ancestraux et souhaitent poursuivre leur
chemin…
Mais toutes les montagnes et toutes les époques ne produisent-elles pas de
telles croyances ? En 1902, au col du Petit-Saint-Bernard (Savoie, Val d’Aoste),
est érigée une haute statue de ce saint légendaire terrassant le dragon
monstrueux qui gardait ces lieux désolés… La même statue veille aussi sur
le col du Grand-Saint-Bernard (Valais, Val d’Aoste) et répète le message d’un
col arraché à la fois à Jupiter qui en avait été le premier gardien et aux
créatures merveilleuses qui peuplent les montagnes. La fantaisie des
hommes s’est plu à forger des images de la montagne qui se retrouvent tout
autant dans les croyances religieuses que dans les productions artistiques.
Des montagnes et des dieux
...
Verbatim
Verbatim
À LA RECHERCHE DU YÉTI
Les alpinistes eux-mêmes s’intéressent souvent aux animaux imaginaires des
montagnes. Edmund Hillary lance en 1959-1960 une expédition pour
retrouver des traces du yéti des cimes ou abominable hommes des neiges.
De la vallée de Rolwaling jusqu’au Khumbu (Népal), les dépouilles observées
semblent toutes être des peaux de chèvre ou de l’ours bleu, comme le
montreront les expertises menées ensuite. La même année 1960, Hergé
popularise une figure simiesque dans son Tintin au Tibet et le nom de
Migou, proche du migyu introduit par un journaliste anglais en 1920. Chemo
est plutôt le mot tibétain, yeti le mot népalais, mais on parle aussi de
chemong, de meti, de shupja, de migo, de kang-mi… Reinhold Messner est
une autre personnalité de l’himalayisme à s’y être intéressé, en particulier à
partir d’une longue randonnée solitaire dans le Tibet en 1986, au cours de
laquelle il rencontre un animal qu’il ne peut identifier et où il recueille les
premiers témoignages. Avec des arguments de la cryptozoologie, il hésite
entre deux hypothèses. La première est celle d’animaux semblables présents
dans d’autres montagnes du monde, généralement boisées et peu
occupées par l’homme : du Caucase à l’Amérique du Nord (sasquatch ou
Bigfoot). L’autre voudrait que le yéti soit intrinsèquement lié à la culture
tibétaine, et surtout au bouddhisme du diamant, avec intégration de cette
croyance à la cosmogonie.
Dans les récits, il y a souvent des accouplements avec des humains et
procréation, ce que l’on retrouve aussi dans des légendes liées aux ours en
Europe. La figure générique de l’homme-singe ou du monstre fonctionne
comme le miroir des peurs des sociétés face à la montagne.
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Verbatim
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MONTAGNES EN PEINTURE, ARTS EN MONTAGNE
Gravures, estampes et peintures sont volontiers classées en périodes par les
spécialistes qui identifient des basculements dans les perceptions. Ce furent
d’abord ces « monts affreux » et ces horribles glaciers dessinés avec des
formes anguleuses et des sommets aux pointes recourbées… Puis vint, pour
reprendre la formule de Philippe Joutard, « l’invention du Mont-Blanc »,
comme objet de fascination esthétique puis de désirs touristiques.
Le peintre anglais William Turner (1755-1851) a proposé au début du XIXe
siècle une vision romantique des paysages de montagne qui privilégiait une
« nature vierge », non domestiquée par l’homme et qui faisait la part belle
aux désastres et aux ruines. Dans la même chronologie, Caspar David
Friedrich (1774-1840), avec Voyageur contemplant une mer de nuages ou
Watzmann, est aussi souvent convoqué. On s’imagine les contempler en
écoutant le poème symphonique La Nuit sur le mont Chauve (1867) de
Moussorgski… Cette évolution trouve des échos sur le continent américain,
avec Thomas Cole (1801-1848, View of Cornway Peak) ou Albert Bierstadt
(1830-1902, Valley of Yosemite).
La Société des peintres de montagnes, fondée en 1898, offre un cadre
institutionnel à une production qui devient vite pléthorique. Au tournant
des XIXe et XXe siècles, Paul Cézanne (1839-1906) renouvelle la vision de la
montagne dans l’art avec près de quatre-vingts représentations de la Sainte-
Victoire, et peu après, les expressionnistes comme Ernst Kirchner (1880-
1938) proposeront un nouveau regard.
Déclinaisons contemporaines. Au XXe siècle, les illustrations et les aquarelles
de Samivel (1907-1992) réenchanteront les images de la montagne alpine…
avant que le Land Art n’investisse les espaces montagnards. Ainsi, les
installations de Jean Verame au Tibesti (Tchad) ou du plasticien Philippe
Ramette frappent l’imagination. L’art s’exprime de plus en plus à la
montagne, où il joue souvent sur un effet de contexte, qu’il s’agisse
d’exposer en saison des œuvres sur les pistes de Courchevel ou de mettre
en scène des sculptures sur glace (à Valloire par exemple), que l’on veuille
appuyer un discours sur la modernité (les sculptures de Dubuffet à Flaine)
ou offrir un cadre à des festivals (théâtre dans le cirque de Gavarnie dans les
Pyrénées, chants à Baalbek au Liban). Comme un symbole, un concert pour
les Européens fut donné le 21 juin 1993 au mont Blanc, l’orchestre national
de Pologne jouant à 2 000 m, le pianiste Christopher Beckett à 3 600 m et le
chef Hugues Reiner officiant comme il se doit au sommet, à 4 807 m !
...
...
Verbatim
Verbatim
En conclusion
Les glaciers sont bruyants, ils craquent, avancent et
reculent, ils ne sont jamais en repos, et de loin en loin, les
séracs s’écroulent dans un vacarme de fin du monde :
comment s’étonner que les montagnards aient pu y voir le
séjour des âmes du purgatoire dont les plaintes
s’exhalaient des crevasses et du front ?
Le fantastique et le pastoralisme sont souvent liés : les
longs séjours dans les alpages sollicitaient l’imagination
des jeunes bergers, restés seuls face aux éléments. Ainsi, en
septembre 1846, Mélanie et Maximin, âgés de 15 et 11 ans,
gardent leurs vaches sur les pentes de la Salette, dominée
par le mont Gargas, toponyme souvent associé à
Gargantua. Mélanie « fait la conversation avec les petites
fleurs du bon Dieu » et tous deux confectionnent des «
petits paradis » de pierres et de fleurs quand la Vierge
Marie leur apparaît dans cette improbable montagne
dauphinoise. Une basilique fut bientôt bâtie, vaste navire
échoué à 1 700 m d’altitude et propre à exciter à son tour
l’imagination.
Cet imaginaire des montagnes ne tourne pas à vide. Il
puise aux activités déployées en montagne, il mêle toutes
sortes de croyances et participe de l’enchantement des
travaux et des jours.
« Alors, Obélix, l’Helvétie, c’est comment ? – Plat. »
Astérix chez les Helvètes, 1970
CONCLUSION
L’exercice de la montagne
LA PRESSE EN PARLE
Comme en témoigne l’actualité au moment de terminer
cet atlas, les relations des sociétés avec leurs montagnes se
recomposent sans cesse : l’Unesco annonce l’inscription
sur la liste du patrimoine mondial du mont Fuji (Japon),
dont le cône volcanique souvent couronné de neige est
mondialement connu. Objet de pèlerinages multiséculaires
et puissante source d’inspiration artistique, il est la pièce
emblématique d’une culture fortement marquée par la
montagne. La partie classée comprend le sommet de la
montagne et, répartis sur les pentes et à son pied, sept
sanctuaires, des auberges accueillant les pèlerins et un
groupe de « phénomènes naturels révérés » (des sources,
une chute d’eau, une pinède et des arbres moulés dans la
lave).
L’ascension du toit du monde s’est banalisée depuis que
les guides conduisent des clients de plus en plus
nombreux sur l’Everest. Un Japonais de 80 ans, Yuichiro
Miura, ne vient-il pas ce printemps d’en atteindre le
sommet ? Toujours en juin 2013, on apprend qu’à 4 100 m
d’altitude, le camp de base du Nanga Parbat, au Pakistan, a
été la cible d’une attaque terroriste ayant fait au moins
neuf victimes parmi les alpinistes ! Dans le même temps,
d’autres montagnes sont aussi des lieux de combats ou de
repli, comme pour des réfugiés syriens qui se tournent vers
le mont Liban. En France, après un hiver particulièrement
marqué, les cols d’altitude ouvrent à peine au milieu de
murs de neige, près de deux mois après les dates
habituelles… Ainsi, l’image de la montagne vide
d’hommes, havre d’une nature rousseauiste, ne résiste pas
à l’examen. Aussi convoitée et monnayée que d’autres
espaces, la montagne tient salons, elle a ses festivals, ses
journaux écrits et ses blogs, ses associations, etc.
Xavier Bernier
A
Afghanistan
27, 30, 40, 45, 57
Kaboul
11, 40, 57
Afrique du Nord
35
Afrique du Sud
30, 31, 41, 44, 48
Drakensberg
38, 85
Pretoria
40
Johannesburg
48, 50
Algérie
50
Aurès
70
Batna
70
Djurdjura
35
Tassili n’Ajjer
50
Taza
51
Allemagne
Berlin
88
Forêt Noire
55, 70
Alpes
10, 11, 12, 13, 15, 20, 21, 22, 23, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 36,
37, 39, 40, 41, 42, 44, 45, 46, 47, 50, 51, 52, 53, 56, 57, 63, 64,
65, 68, 72, 77, 81, 82, 83, 85, 86, 87, 88, 89
Andes
12, 14, 15, 20, 23, 26, 36, 38, 44, 45, 51, 52, 57, 65
Antarctique
15, 16, 18, 19, 22
Vinson, mont
15, 22
Antilles, petites
12
Arabie Saoudite
81
Sarawat, chaîne des
41
Argentine
26, 36, 44, 50
Aconcagua
22, 23
Quebrada de Humahuaca
68
Fitz Roy
82
Arménie
31, 82
Asie centrale
20, 43, 64, 65
Kazakhstan, Ouzbekhistan, Kirghizistan
64, 65
Pamir
13, 52
Australie
10, 72, 81
Blue Mountains
26
Autriche
23, 31, 33, 53, 63, 68
Hallstatt, Salzkammergut
7
Karawanken
48
Semmering
68
Azerbaïdjan
31, 42
B
Balkans
43
Belgique
88
Bhoutan
20, 23, 40
Chomolhari
40
Thimphu
10, 11, 12, 13
Bolivie
26, 29, 38, 39, 40, 41, 44, 81
La Paz
40, 41
Bosnie-Herzégovine
10
Brésil
38, 40, 41, 50
Brasilia
40, 41
C
Cachemire
13, 27, 31
Siachen
30, 31, 38
Cameroun (Nord) montagnes du,
42
Canada
36, 50, 69, 72
Mont-Tremblant, Québec
51
Colombie-Britannique
54
Vancouver
74
Grouse
75
Carpates
51
Caucase
12, 30, 31, 32, 33, 73, 85
Elbrouz
22, 23, 30, 31
Chili
24, 26, 36, 38, 44, 51, 57, 81
Atacama
24, 57
Fitz Roy
82
Chine
10, 13, 14, 23, 27, 30, 34, 36, 38, 44, 65, 73, 80, 81, 83, 88, 89
Kunlun, chaîne du
10
Chomolhari
15
Yunnan
44
Monts Helashan
86
Montagnes Jaunes, Huangshan
86
Colombie
20, 40, 61, 63,
Bogota
40
Nevado del Ruiz
63
Congo
50
Corée
73
Costa Rica
40, 54
San José
40
Crète
30
Croatie
10
DE
Dubaï
89
Écosse
11, 38, 39, 53
Égypte Sinaï (Sainte-Catherine)
81
Équateur
14, 23, 26, 39, 40, 41, 45, 57, 60, 63
Chimborazo (Andes)
14, 15, 20, 22, 23
Cotopaxi
14, 23, 63
Quito
40, 60, 63
Guayaquil
20, 41
Érythrée (Asmara)
40
Espagne
54, 60, 69, 81
Pic de Teide (Canaries)
14
États-Unis
11, 13, 23, 70, 72, 77, 81
Alaska
20, 21, 23, 70
Appalaches
69
Aspen (Colorado)
75
Badwater
77
Californie
55, 61, 70, 77, 81
Colorado
35, 55, 61, 75
Denver
48
Devil’s Tower (Wyoming)
86
Disneyland
89
Géorgie
69
Glacier National Park (Montana)
17
Grand Canyon
61
Idaho
55
Juneau
70
McKinley, mont (ou mont Denali)
13, 22, 23
Mesa Verde (Colorado)
35
Maine
69, 70
Montana
55
Mont Rushmore
81, 87
Mont Whitney
77
New Jersey
89
Nouveau-Mexique
86
Plateau Pajarito (Nouveau-Mexique)
46
Rocheuses
29, 36, 51, 65
Saint-Elias, mont (Alaska)
21, 81
Sequoïa PN
55
Utah
55
Vallée de la Mort
77
Yellowstone
PN 55
Wyoming
55, 85
Yosemite
87
Éthiopie
11, 21, 38, 39, 40, 43, 50, 81
Addis-Abeba
40, 41
F
Fédération de Russie
19, 31, 32,33, 62, 72
Oural
20
Lomonossov (dorsale de, Russie)
19
France
Aiguille du Midi (mont Blanc)
17, 33, 69
Alpe d’Huez
56
Amnéville (Moselle)
89
Abondance (Savoie)
75
Arc (Savoie)
59, 82, 83
Ardèche
52
Arve (Alpes)
43
Auvergne
42, 43, 88
Bauges (Préalpes)
43, 53
Belledonne (Alpes)
53
Canigou (Pyrénées)
22, 80
Cantal
52
Cévennes
12, 89
Chambéry (Savoie)
6, 21, 29, 73
Chamonix (Savoie)
12, 21, 41, 63, 69, 72
Chartreuse (Alpes)
21, 53, 55
Corbières
39
Corse
45, 54, 56, 68, 69, 88
Courchevel (Savoie)
7, 73, 87
Écrins (Alpes)
13, 51, 53
Embrunais (Alpes)
53
Évian (Savoie)
70, 87
Flaine (Haute-Savoie)
41, 87
Font-Romeu (Pyrénées)
60, 71
Forez (Massif central)
53
Fréjus, tunnel du
28,46, 73
Grand-Saint-Bernard
79
Grande Chartreuse
81
Grenoble
40, 43, 62, 63, 69, 70, 74, 78
Hautes-Alpes
11, 87
Haute-Savoie
19,75
Iraty (Pyrénées)
54, 55
Iseran, col de (Savoie)
27, 33, 82, 83
Jura
42, 43, 53, 55, 57, 72, 84, 89
La Clusaz (Haute-Savoie)
74
Lanoux (Pyrénées)
60
La Plagne (Savoie)
41, 73
La Réunion
35, 77
Lauvitel (Alpes)
51
Les Angles (Pyrénées)
60, 75
Les Arcs (Savoie)
41, 73, 74
Lyon
29, 89
Massif central
12, 26, 43, 70, 84, 85, 89
Maurienne (Savoie)
29, 43, 56, 82
Megève (Haute-Savoie)
72
Meije (Alpes)
56
Mercantour (Alpes)
52, 53
Montagne Noire (Massif central)
60
Mont Aigoual (Massif central)
46, 89
Mont Aiguille
12
Mont Blanc
12, 14, 16, 17, 21, 23, 25, 28, 33, 46, 47, 53, 56, 61, 63, 71, 77,
81, 86, 87, 89
Monts de Vaucluse
46
Mont Ventoux
46
Paris
88, 89
Petit-Saint-Bernard
65, 79
Pics du Midi (Pyrénées)
12, 69
Puy de Dôme (Auvergne)
14, 15
Pyrénées
12, 29, 32, 36, 52, 54, 55, 56, 60, 62, 72, 75, 82, 83, 87, 89
Queyras (Alpes)
27, 53,65
Refuge Vallot (Savoie)
46, 58
Refuges Palet et Valette (Vanoise, Savoie)
59
Romanche
43
Route des Grandes Alpes
27
Saint-Paul-de-Varces (Isère)
62, 63
Sainte-Baume
81
Sainte-Victoire
87
Savoie
11, 12, 19, 20, 43, 53, 59, 64, 65, 68, 73, 74, 75, 79, 78, 82, 83,
89
Taillefer (Alpes)
53
Tarentaise (Savoie)
59, 65, 73, 74, 82
Tignes
71, 73, 75
Traversette, La (Alpes)
27, 29
Trois-Vallées (Savoie)
73
Val d’Isère (Savoie)
41, 62, 73
Vallée de la Durance
56
Valloire (Savoie)
59, 87
Vanoise (Alpes)
53, 56, 59, 73
Vercors (Alpes)
27, 30, 42, 63, 67, 70, 71, 89
Viaduc de Millau (Massif central)
26
Vosges
10, 30, 43, 55, 70, 84, 88, 89
GH
Géorgie
31, 32, 33
Grèce
81
Olympe
81
Mont Athos
81
Grœnland
19
Guatemala
40
Guinée
50
Himalaya
13, 14, 15, 19, 20, 22, 23, 27, 38, 57, 65, 82
Annapurna
13, 22, 23, 87
Cho Oyu
13, 22, 23
Dhaulagiri
13, 15, 22, 23
Everest
13, 14, 15, 19, 22, 23, 56, 57, 85, 87, 91
Kangchenjunga
13, 15, 22, 23
Lhotse
13, 22, 23
Manaslu
13, 22, 23
Makalu
13, 22, 23
Shishapangma
13, 22, 23
IJ
Inde
13, 14, 23, 27, 30, 34, 36, 38, 81, 83
Col de Kardong
26
Darjeeling
71
Himachal Pradesh
27, 65
Ladakh
30, 65, 70
Shimla
71
Sikkim
70
Zanskar
42, 65
Indonésie
81
Carstensz
10, 17, 22
Volcan Merapi
63
Borobudur
89
Iran
22, 31, 40, 42, 44, 45
Téhéran
40
Zagros
45
Islande
18
Israël
81
Néguev
68
Italie
11, 12, 21, 23, 27, 29, 30, 31, 32, 35, 39, 46, 50, 52, 56, 65, 72,
81
Abruzzes
21, 22, 46
Apennins
36, 89
Argentera
53
Fréjus, tunnel du
28, 46, 73
Gran Sasso
46
Grand Paradis
53
Grand Saint-Bernard
79
Piémont
19
Mont Viso
27
Sestrières
41
Val d’Aoste
32, 56, 65
Val de Cluson
56
Val de Suse
29, 65
Vésuve
63
Viganella, massif d’Ossola
56, 57
Japon
10, 11, 22, 23, 42, 54, 57, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 81, 85, 87, 89
Alpes flottantes
85
Fuji, mont
22, 70, 71, 81, 91
Hakone, Kanagawa
70, 71
Lac Ashi
70, 71
Matsumoto (Nagano)
70
Monts Kii
68
Yakushima
85
Jordanie (Amman)
40
K
Karakoram
13, 14,15, 21, 22, 23, 26, 27, 30, 31, 82
Broad Peak
13, 23
Col de Khunjerab
27
Gasherbrum I,
13, 15, 22, 23
Gasherbrum II,
13, 22, 23
K2,
13,14, 21, 22, 23, 27, 30, 87
Lac d’Attabad
27
Vallée de la Hunza
27, 44
Kenya
11, 40, 50, 81
Monbasa
41, 84
Mont Kenya
17,
Nairobi
40, 41
L
Lesotho (Maseru)
40
Liban
31, 35, 55, 80, 87, 91
Qadisha
80, 81
Baalbek
87
Lune
12
MN
Madagascar (Antananarivo)
40
Maghreb
Anti-Atlas
43
Atlas
43, 45, 52
Rif
43
Malawi
40, 50
Lilongwe
40
Mariannes, abysse des (Pacifique)
18
Mars
13, 15
Olympus, mont
15
Mexique
20, 22 40, 81
Mexico
40, 41
Sierra Madre
54
Mongolie
20, 40, 50
Altaï
20, 52
Oulan Bator
40
Népal
10, 13, 23, 27, 40, 43, 56, 57, 64, 70, 83, 85
Katmandou
27, 40
Khumbu
56, 57, 85
Niger (Aïr et Ténéré)
50, 51
Norvège
11, 50, 51
Nouvelle-Zélande
10, 47, 81
OP
Oman (djebel al Akhdar)
44
Ossétie
31, 32, 62
Ouganda
40, 50, 54
Kampala
40
Pakistan
13, 21, 23, 26, 27, 30, 36, 38, 44, 91
Nanga Parbat
13, 23, 27, 91
Pérou
20, 22, 26, 44, 81, 86
Philippines (Luçon)
44
RS
Roumanie
11, 51
Royaume-Uni
23
Ruwenzori, massif du (Afrique)
17, 21, 82
Rwanda
40, 50, 54
Kigali
40
Scandinavie
72
Slovénie
48, 50, 53, 72, 77
Krn
33
Triglav
33, 50
Karavanke
48
Sri Lanka
44
Suisse
12, 16, 20, 21, 23, 28, 29, 38, 42, 43, 46, 50, 51, 52, 53, 55, 61,
63, 65, 68, 69, 70, 72, 82, 83, 85, 89,
Cervin (Cervinio, Matterhorn) mont,
12, 21, 52, 69, 72
Davos
7, 41, 69
Gothard
28, 29, 63, 65
Grisons
29, 50, 53, 85
Lötschberg
29, 68
Mont Pleureur
53
Petit-Saint-Bernard
65, 79
Saint-Moritz
7, 69
Simplon
88, 89
Valais
32, 37, 53, 59, 60, 61, 77, 79, 84
Verbier
59, 77
Syrie (djebel druze)
35
Swaziland (Mbabane)
40
T
Tadjikistan
27, 64, 65
Pic Staline (ou pic du communisme, pic Ismail Samani)
13
Tanzanie
11, 40, 41, 50
Dodoma
40, 41
Kilimandjaro
17, 22
Tchad
Ennedi
84
Tibesti
84, 87
Tchétchénie
31, 32, 33
Tibet
10, 13, 19, 20, 23, 29, 38, 64, 78, 80, 81, 83, 85
Kunlun, chaîne du
10
Kailash
23, 80, 81, 82
Tunisie
50
Transhimalaya
14, 83
Tristan da Cunha (Atlantique sud)
18
Turquie
31, 61, 62,
Anatolie
38, 61
Taurus
45, 82
Mont Ararat
80, 81, 82
VYZ
Vietnam
34, 85
Tam Dao
71
Dalat
71
Yémen
39
Sanaa
40
Zambie (Lusaka)
40
Zimbabwe
40, 81
Harare
40
Remerciements