Tgo Ad 28 03 Law 2007 Fra Code de L Enfant Promulgue

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 87

CODE DE L’ENFANT

LOI N° 2007-017 du 06 juillet 2007


PORTANT CODE DE L'ENFANT

L’Assemblée nationale a délibéré et adopté


Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

TITRE PRELIMINAIRE - DEFINITIONS ET PRINCIPES GENERAUX

Article premier. Le présent code a pour objet la protection et la promotion des


droits de l’enfant.

Article 2. Aux termes du présent code, on entend par enfant tout être humain âgé
de moins de dix-huit (18) ans.

Le terme mineur prend le même sens que celui d’enfant.

Article 3. Aux fins du présent code, est considéré comme enfant discernant, tout
enfant capable de juger clairement et sainement les choses ou les situations et de
participer en conséquence à la prise de toute décision le concernant.

Article 4. L’intérêt supérieur de l’enfant doit être entendu comme tout ce qui est
avantageux pour son bien-être mental, moral, physique et matériel.

Article 5. Tout enfant a la jouissance de tous les droits et libertés reconnus et


garantis par le présent code. Est interdite toute discrimination fondée sur la race,
l’appartenance ethnique, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions
politiques ou autres, l’origine nationale et sociale, la fortune, la naissance, le
handicap, l’état de santé ou tout autre statut.

Article 6. Les droits définis et garantis par le présent code sont indivisibles,
indissociables et interdépendants.

1
Article 7. Le droit fondamental et primordial de l’enfant est le droit à la vie.
L’enfant a le droit de jouir de sa vie en toute liberté. Ce droit ne peut lui être
enlevé.

Article 8. L’intérêt supérieur de l’enfant s’impose dans toute action ou décision le


concernant, qu’elle soit le fait des parents, des institutions publiques ou privées de
protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes
législatifs.

Article 9. Toute procédure judiciaire ou question impliquant un enfant capable de


discernement doit prendre en considération les opinions de cet enfant, soit
directement, soit par l’entremise d’un représentant impartial ou d’un organisme de
protection ou de défense des droits de l’enfant.

TITRE I - LES DROITS ET LIBERTES DE L’ENFANT

SOUS-TITRE I - LE DROIT DE L’ENFANT A LA PERSONNALITE


JURIDIQUE

CHAPITRE I- LE DROIT AU NOM

Article 10. Tout enfant a droit à un nom patronymique ou matronymique qui lui
est attribué dans les conditions prévues par la loi.

Article 11. L’enfant né dans le mariage porte le nom de son père. En cas de
désaveu de paternité, il porte le nom de sa mère.

L’enfant né hors mariage porte le nom de celui de ses parents à l’égard duquel sa
filiation est établie.

Lorsque celle-ci est établie simultanément à l’égard des deux parents ou en second
lieu à l’égard du père, il prend le nom de ce dernier.

Article 12. L’adoption confère le nom de l’adoptant à l’adopté. En cas d’adoption


par deux époux, l’adopté prend le nom du mari.

Article 13. L’enfant à l’égard duquel aucune filiation n’est régulièrement établie
prend le nom qui lui est attribué par l’officier de l’état civil à qui sa naissance ou sa
découverte a été déclarée.

L’officier de l’état civil choisit deux prénoms dont le premier fait office de nom de
famille.

Ces nom et prénoms ne doivent porter atteinte ni à la dignité de l’enfant ni à celle


d’autrui.
2
Article 14. L’enfant discernant peut changer son ou ses prénoms figurant à son
acte de naissance s’il le juge conforme à son intérêt. Cette faculté est aussi ouverte
à ses parents ou à son tuteur.

La modification sera obtenue par jugement du tribunal de première instance à la


requête de l’enfant discernant ou de son représentant légal. L’adjonction de son ou
ses prénoms pourra être également décidée.

Le tribunal prononce l’homologation de la déclaration après avoir vérifié qu’elle


n’est pas faite pour dissimuler une identité et ordonne la rectification des actes de
l’état civil et, le cas échéant, du bulletin n° 1 du casier judiciaire.

Le tribunal compétent est celui du lieu de naissance de l’enfant.

Article 15. L’enfant discernant sur autorisation de ses père et mère peut également
demander le changement de son nom patronymique ou matronymique en cas
d’intérêt légitime et sérieux. Ce changement ne peut être autorisé que par arrêté du
ministre chargé de la justice à qui une requête est adressée à cet effet.

La requête est publiée dans un journal d’annonce légale et/ou au journal officiel.
Pendant le délai de trois (03) mois à compter de cette publication, toute personne
justifiant d’un intérêt légitime pourra faire opposition au changement du nom.

L’arrêté autorisant le changement de nom est publié au journal officiel. Il est inséré
dans ce même journal d’annonce légale à la diligence du demandeur.

Le tribunal prononce l’homologation de la déclaration après avoir vérifié qu’elle


n’est pas faite pour dissimuler une identité et ordonne la rectification des actes de
l’état civil et, le cas échéant, du bulletin n° 1 du casier judiciaire.

Article 16. Le nom de l’enfant fait l’objet de protection. Durant sa minorité, ses
père et mère ou tuteur peuvent s’opposer sans préjudice de dommages et intérêts à
ce qu’il soit usurpé ou utilisé par un tiers, à titre de nom, surnom ou pseudonyme.

CHAPITRE II - LE DROIT A UNE NATIONALITE

Article 17. L’enfant né de parents togolais est togolais.

L’enfant de mère ou de père togolais est togolais.

Article 18. Tout enfant né au Togo de parents étrangers a le droit d’acquérir la


nationalité togolaise par déclaration à la majorité, sous réserve de justifier de la
possession d’état de togolais depuis l’âge de seize (16) ans.

3
La déclaration est accompagnée d’une requête adressée au ministre chargé de la
justice.

Il est statué sur la demande d’acquisition de la nationalité par décret en conseil des
ministres.

Article 19. Tout enfant trouvé sur le territoire togolais, avant l’âge de cinq (05) ans
et dont la filiation est inconnue, de même que tout enfant né au Togo, de parents
dont le lieu de naissance est inconnu, a le droit d’acquérir la nationalité togolaise.

Article 20. L’enfant dont le père est devenu togolais par naturalisation acquiert de
plein droit la nationalité togolaise. Est exclu du bénéfice de cette disposition :

a. l’enfant âgé de seize (16) ans qui est marié suivant les conditions fixées aux
articles 267 et suivants du présent code ;

b. l’enfant qui sert ou a servi dans les armées de son pays d’origine ;

c. l’enfant frappé d’un arrêté d’expulsion ou d’un arrêté d’assignation à


résidence non expressément rapporté dans les formes où il est intervenu ;

d. l’enfant ayant fait l’objet d’une condamnation supérieure à six (06) mois
d’emprisonnement pour une infraction intentionnelle qualifiée crime ou délit.

Article 21. Tout enfant étranger qui épouse un togolais ou une togolaise peut
acquérir la nationalité togolaise.

La demande d’acquisition de la nationalité togolaise est adressée au ministre chargé


de la justice.

Le mariage, pour avoir effet attributif de la nationalité togolaise, doit être célébré
dans l’une des formes prescrites, soit par la législation en vigueur au Togo, soit par
la législation du pays où il a été célébré.

Article 22. Tout enfant togolais âgé de seize (16) ans qui épouse un étranger ou
une étrangère suivant les conditions fixées aux articles 267 et suivants du présent
code, conserve la nationalité togolaise.

Il peut la décliner avant ou après la célébration du mariage.

Article 23. La preuve de la nationalité togolaise de l’enfant résulte du certificat de


nationalité togolaise délivré par le ministre chargé de la justice ou des décrets de
naturalisation ou de réintégration pris à l’égard des père et mère.

4
Constitue un début de preuve le lien de filiation, la naissance sur le territoire
togolais ou la possession d'état de togolais.

Article 24. L’enfant discernant peut renoncer à sa nationalité à la condition que


ses père et mère ou son représentant légal l’y autorise.

CHAPITRE III - LE DROIT A UN DOMICILE

Article 25. L’enfant né dans le mariage est domicilié chez ses père et mère.

Article 26. L’enfant dont les père et mère sont séparés de corps ou divorcés est
domicilié chez celui des parents qui exerce sur lui le droit de garde.

Article 27. L’enfant né hors mariage est domicilié chez celui des père et mère à
l’égard duquel sa filiation est établie.

En cas de reconnaissance simultanée des père et mère ou celle du père en dernier


lieu, l’enfant a pour domicile celui de son père ou de sa mère suivant l’intérêt
supérieur de l’enfant.

En cas de désaccord, il est référé au juge.

CHAPITRE IV - LES LIBERTES DE L’ENFANT

Article 28. Tout enfant dispose d’un droit inaliénable à la liberté de pensée, de
conscience et de religion.

Les parents ou le tuteur conservent le droit de guider et d’orienter l’enfant d’une


manière qui corresponde au développement de ses capacités conformément aux lois
et politiques nationales en vigueur.

Article 29. L’enfant a le droit d’être entendu sur tous les points qui concernent son
éducation, sa religion, son orientation et sa vie sociale.

Article 30. L’enfant a le droit de communiquer et d’être informé sur tout ce qui
concourt à son développement physique, mental, moral et spirituel dans les limites
fixées par la loi.

Article 31. Tout enfant a droit au respect de sa vie privée, de son honneur, de sa
réputation et de son image ainsi qu’au secret de sa correspondance et de ses
communications.

L’enfant a droit à la protection de la loi contre toute ingérence arbitraire ou illégale


dans sa vie privée, sa famille ou son foyer.

5
Toutefois, les parents conservent le droit d’exercer un contrôle raisonnable sur la
conduite de leur enfant.

Article 32. L’Etat reconnaît et garantit à l’enfant discernant, dans les conditions
fixées par la loi, l’exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation
pacifique.

L’exercice de ces libertés est soumis aux seules restrictions qui, dans une société
démocratique, sont nécessaires à la garantie de la sécurité nationale, de la sûreté
publique ou de l’ordre public ainsi qu’à la protection de la santé, de la moralité
publique, des droits et libertés d’autrui.

SOUS-TITRE II - LE DROIT DE L’ENFANT A UNE FAMILLE

CHAPITRE Ier - LES DISPOSITIONS GENERALES

Article 33. Tout enfant né vivant et viable a droit à l’établissement de sa filiation.

Article 34. Est irrecevable toute action relative à la filiation d’un enfant qui n’est
pas né viable.

Article 35. Les actions relatives à la filiation ne peuvent faire l’objet de


renonciation.

Article 36. L’enfant est présumé avoir été conçu pendant la période qui s’étend du
trois centième jour au cent quatre vingtième jour inclusivement avant la date de la
naissance.

La preuve contraire est recevable.

Article 37. La possession d’état s’établit par une réunion suffisante de faits qui
indiquent le rapport de filiation et de parenté entre l’enfant et la famille à laquelle il
est dit appartenir.

Les faits principaux sont :

a. l’enfant a toujours porté le nom de ceux dont on le dit issu ;

b. ceux-ci l’ont traité comme leur enfant et il les a traités comme ses père et
mère ;

c. ils ont, en cette qualité, pourvu à son éducation, à son entretien et à son
établissement ;

d. il est reconnu comme tel, dans la société, par la famille ;


6
e. l’autorité publique le considère comme tel.

Les parents ou l’enfant peuvent demander au juge du lieu où il a vécu que leur soit
délivré un acte de notoriété faisant foi de la possession d’état jusqu’à preuve du
contraire.

CHAPITRE II - LA FILIATION DES ENFANTS NES PENDANT LE


MARIAGE

SECTION I - LA PRESOMPTION DE PATERNITE EN FAVEUR DE


L’ENFANT LEGITIME

Article 38. L’enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari de sa mère.

Toutefois, celui-ci pourra désavouer l’enfant si :

a. il prouve que pendant le temps qui a couru depuis le trois centième jour
jusqu’au cent quatre vingtième jour avant la naissance de cet enfant, il était
dans l’impossibilité physique de cohabiter avec sa femme ;

b. selon les données acquises de la science ou l’incompatibilité des


caractéristiques physiques de l’enfant avec les siennes propres, il établit par
tous les moyens qu’il ne peut être son père ;

c. la femme lui a dissimulé sa grossesse ou la naissance de l’enfant dans des


conditions de nature à faire douter gravement de sa paternité.

Article 39. L’enfant né avant le cent quatre-vingtième jour du mariage ne pourra


être désavoué par le mari dans les cas suivants :

a. s’il a eu connaissance de la grossesse avant le mariage ;

b. s’il a assisté à l’établissement de l’acte de naissance et si cet acte est signé de


lui ou contient sa déclaration qu’il ne sait signer.

Article 40. Dans les cas où le mari est autorisé à désavouer, il devra le faire dans
les deux mois suivant :

a. la naissance, s’il se trouve sur les lieux à l’époque de celle-ci ;


b. son retour, si à la même époque il était absent ;
c. la découverte de la fraude, si on lui avait caché la naissance.

Article 41. Si le mari ayant engagé une action en contestation décède, les héritiers
pourront poursuivre l’action.
7
Article 42. L’action en désaveu est dirigée contre la mère de l’enfant, ou si elle est
décédée, interdite ou absente, contre un tuteur ad hoc désigné à la requête du mari
ou de ses héritiers par le tribunal de première instance de la résidence ou du lieu de
naissance de l’enfant.

Si l’enfant est né et réside hors du Togo, le tribunal de Lomé est compétent.

La requête en désignation du tuteur ad hoc doit être présentée dans le délai de deux
(02) mois et l’action intentée dans le mois suivant cette désignation, le tout à peine
de forclusion.

SECTION II - LA PREUVE DE LA FILIATION LEGITIME

Article 43. La preuve de la filiation des enfants nés pendant le mariage est
constituée par les actes de naissance inscrits sur les registres de l’état civil.

A défaut, la possession constante de l’état d’enfant né dans le mariage suffit.


Article 44. En l’absence d’acte de naissance, de possession constante d’état, ou si
l’enfant est inscrit, soit sous de faux noms, soit né de père et de mère inconnus, la
preuve de la filiation se fait par examen médical ordonné par le juge.

La preuve de la filiation peut être admise lorsqu’il y a commencement de preuve


par écrit, ou lorsque les présomptions ou indices résultant de faits constants sont
assez graves pour déterminer l’admission.

Article 45. Le commencement de preuve par écrit résulte des titres de famille, des
registres et papiers domestiques du père ou de la mère, des actes publics et mêmes
privés émanant d’une partie engagée dans la contestation ou qui y aurait intérêt si
elle était vivante.

Article 46. La preuve contraire pourra se faire par tous les moyens propres à
établir que le réclamant n’est pas l’enfant de la mère qu’il prétend avoir ou la
maternité prouvée, qu’il n’est pas l’enfant du mari de la mère.

Article 47. L’action en réclamation d’état est imprescriptible à l’égard de l’enfant.

Article 48. L’action ne peut être intentée par les héritiers de l’enfant qui n’a pas
réclamé, que s’il est décédé mineur ou dans les cinq (05) années suivant sa
majorité.

Les héritiers peuvent poursuivre cette action lorsqu’elle a été commencée par
l’enfant, à moins qu’il ne s’en fût désisté formellement ou qu’il n’eût laissé passer
trois (03) années sans poursuites à compter du dernier acte de la procédure.

8
CHAPITRE III - LA FILIATION DE L’ENFANT NE HORS MARIAGE

SECTION I - LA PREUVE DE LA FILIATION DE L’ENFANT NE HORS


MARIAGE

Article 49. La filiation de l’enfant né hors mariage résulte à l’égard de la mère du


seul fait de la naissance. Toutefois, dans le cas où l’acte de naissance ne porterait
pas l’indication du nom de la mère, elle est établie par une reconnaissance.
A l’égard du père, la preuve de la filiation résulte d’une reconnaissance.

Cette reconnaissance résulte de la déclaration de naissance dans laquelle le père a


pris cette qualité.

La reconnaissance est faite par acte dressé par le président du tribunal de première
instance ou un notaire lorsqu’elle ne l’a pas été dans l’acte de naissance.

Article 50. Dans l’hypothèse de la présomption de paternité établie par l’article 38


du présent code, l’enfant né des relations adultérines de la mère, ne peut être
reconnu qu’autant qu’il a été antérieurement désavoué.

Article 51. La reconnaissance par le père de l’enfant né de ses relations


adultérines n’est valable, sauf en cas de jugement de séparation de corps ou de
divorce, que si elle a été faite devant notaire ou le tribunal de première instance.

Article 52. L’enfant né des relations incestueuses ne peut être reconnu à la fois par
les deux parents lorsque ses auteurs sont parents en ligne directe ou frère et sœur.

Lorsque sa filiation est établie à l’égard de l’un, il est interdit de l’établir à l’égard
de l’autre.

SECTION II - LA RECHERCHE DE LA PATERNITE DE L’ENFANT NE


HORS MARIAGE

Article 53. La paternité hors mariage peut être judiciairement déclarée dans les
cas :

a. d’enlèvement ou de viol, lorsque l’époque des faits se rapporte à celle de la


conception ;

b. de séduction accomplie à l’aide des manœuvres dolosives, abus d’autorité,


promesse de mariage ou de fiançailles ;

9
c. où il existe des lettres ou quelque autre écrit privé émanant du père prétendu,
propres à établir la paternité d’une manière non équivoque ;

d. où le père prétendu et la mère ont vécu pendant la période légale de


conception en état de concubinage impliquant, à défaut de communauté de
vie, des relations stables et continues ;

e. où le père prétendu a pourvu ou participé à l’entretien, à l’éducation ou à


l’établissement de l’enfant en qualité de père.

Article 54. L’action en recherche de paternité ne sera pas recevable :

a. s’il est établi que pendant la période légale de conception, la mère était
d’une inconduite notoire ou a eu des relations avec un autre individu, à
moins qu’il ne résulte d’un examen de sang ou de toute autre méthode
médicale certaine ordonnée par le juge, que cet individu ne peut être le père ;

b. si le père prétendu était pendant la même période, soit par suite


d’éloignement, soit par l’effet de quelque accident, dans l’impossibilité
physique d’être le père ;

c. si le père prétendu établit par un examen de sang ou par toute autre méthode
médicale certaine, qu’il ne peut être le père de l’enfant.

Article 55. L’action est dirigée contre le prétendu père ou ses héritiers.

L’action appartient à l’enfant. Toutefois, à sa minorité, la mère, même mineure, a


qualité pour l’intenter. Si la mère est décédée, incapable, interdite ou absente ou se
trouve dans l’impossibilité de manifester sa volonté, l’action sera intentée par le
tuteur.

Toutefois, dans les cas prévus aux paragraphes d. et e. de l’article 53 du présent


code, l’action peut être intentée jusqu’à l’expiration des cinq (05) années qui
suivront la cessation, soit du concubinage, soit de la participation du prétendu père
à l’entretien, à l’éducation et à l’établissement de l’enfant.

Si l’action n’a pas été intentée pendant la minorité de l’enfant, celui-ci pourra
l’intenter pendant les cinq (05) années qui suivront sa majorité.

SECTION III - LA RECHERCHE DE LA MATERNITE DE L’ENFANT NE


HORS MARIAGE

Article 56. Dans le cas prévu par l’alinéa 1er de l’article 49 du présent code,
l’enfant qui réclame sa mère est tenu de prouver qu’il est identiquement le même
que l’enfant dont elle a accouché.
10
Il est admis à faire cette preuve en établissant sa filiation, soit par sa possession
constante d’état d’enfant né hors mariage à l’égard de la mère prétendue, soit par
témoins ; les témoignages ne sont reçus que s’il existe des présomptions ou indices
graves ou un commencement de preuve par écrit au sens de l’article 45 du présent
code.

Article 57. L’action est dirigée contre la mère prétendue ou ses héritiers.

L’action ne peut être intentée par les héritiers de l’enfant qui n’a pas réclamé que si
celui-ci est décédé mineur ou dans les cinq (05) années après sa majorité.

Les héritiers peuvent poursuivre cette action lorsqu’elle a été engagée par l’enfant,
à moins qu’il ne s’en soit désisté formellement ou qu’il ait laissé périmer l’instance.

SECTION IV - LES DROITS DE L’ENFANT NE HORS MARIAGE

Article 58. L’enfant né hors mariage dont la filiation est légalement établie a les
mêmes droits que l’enfant né pendant le mariage.

Article 59. L’enfant né hors mariage est légitimé de plein droit par le mariage
subséquent de ses père et mère.

Article 60. Lorsqu’une filiation est établie par un acte ou un jugement, nulle
filiation contraire ne pourra être postérieurement reconnue sans qu’un jugement
établisse préalablement l’inexactitude de la première.

Article 61. Le tribunal de première instance est seul compétent pour connaître des
actions relatives à la filiation.

CHAPITRE IV - L’ADOPTION
Article 62. L’adoption crée, par l’effet de la loi, un lien de filiation indépendant de
l’origine de l’enfant.

Elle ne peut avoir lieu que s’il y a de justes motifs et si elle présente des avantages
pour l’adopté.

SOUS-CHAPITRE Ier - L’ADOPTION PLENIERE

SECTION I - LES CONDITIONS DE L’ADOPTION PLENIERE

PARAGRAPHE 1 - LES CONDITIONS RELATIVES A L’ADOPTANT

Article 63. L’adoption peut être demandée conjointement par deux époux non
séparés de corps dont l’un au moins est âgé de plus de trente (30) ans.
11
Article 64. Les adoptants doivent avoir dix-huit (18) ans de plus que les enfants
qu’ils se proposent d’adopter.

Si ces derniers sont les enfants de leur conjoint, la différence d’âge est de dix (10)
ans. Toutefois, cette différence d’âge peut être réduite par dispense du président du
tribunal de première instance.

Article 65. L’adoption peut être également demandée par toute personne de l’un
ou de l’autre sexe âgée de plus de trente (30) ans.

Si l’adoptant est marié et non séparé de corps, le consentement de son conjoint est
nécessaire, à moins que celui-ci ne soit dans l’impossibilité de manifester sa
volonté.

Article 66. Nul ne peut être adopté par plusieurs personnes si ce n’est par deux
époux.

Toutefois, en cas de décès de l’adoptant ou des époux adoptants, une nouvelle


adoption peut être prononcée.

PARAGRAPHE 2- LES CONDITIONS RELATIVES A L’ADOPTE ET SES


PARENTS D’ORIGINE

Article 67. L’adoption n’est permise qu’en faveur des enfants accueillis au foyer
du ou des adoptants depuis au moins un (01) an.

Lorsque l’intérêt supérieur de l’enfant le justifie, il peut être dérogé à l’obligation


de l’accueil probatoire d’une année.

Article 68. Peuvent être adoptés :

a. les enfants pour lesquels les père et mère ou le conseil de famille ont
valablement consenti à l’adoption ;

b. les enfants déclarés abandonnés par le juge des enfants ou à défaut le


président du tribunal de première instance conformément aux dispositions de
l’article 73 du présent code ;

c. les enfants dont les parents ont été déchus de l’autorité parentale ;

d. les enfants du conjoint ;

e. les enfants victimes de catastrophes naturelles, de conflits armés, de troubles


civils ou autres ;
12
f. les enfants réfugiés privés de leur milieu familial de façon définitive.

Article 69. Les père et mère consentent chacun à l’adoption de leur enfant.

Si l’un des père et mère est décédé, déchu de l’autorité parentale, inconnu ou dans
l’impossibilité de manifester sa volonté, le consentement de l’autre suffit.

Si les père et mère sont tous deux décédés, déchus de l’autorité parentale, inconnus,
dans l’impossibilité de manifester leur volonté ou s’ils ont perdu leurs droits
d’autorité parentale, le consentement est donné par le conseil de famille après avis
de la personne qui a la charge de l’enfant. Il en est de même lorsque la filiation de
l’enfant n’est pas établie.

Article 70. L’enfant discernant a le droit de consentir personnellement à son


adoption.

Article 71. Lorsque l’adoption est rendue impossible par le refus abusif de
consentement d’un des parents qui s’est notoirement désintéressé de l’enfant au
risque d’en compromettre la moralité, la santé ou l’éducation alors que l’autre
parent consent à l’adoption ou bien est décédé, inconnu ou se trouve dans
l’impossibilité de manifester sa volonté, la personne qui se propose d’adopter
l’enfant peut, en présentant la requête d’adoption, demander au président du
tribunal de première instance de passer outre et autoriser celle-ci.

Il en est de même en cas de refus abusif de consentement du conseil de famille.

Article 72. Le consentement à l’adoption est donné par acte authentique devant le
président du tribunal du domicile ou de la résidence de la personne qui consent, ou
devant un notaire togolais ou étranger ou devant les agents diplomatiques ou
consulaires togolais.

Le consentement à l’adoption peut être rétracté pendant trois (03) mois, et il est
donné avis de cette possibilité par l’autorité qui le reçoit à celui qui l’exprime.
Mention de cet avis est porté à l’acte.

La rétractation doit être faite par lettre recommandée avec accusée de réception
adressée à l’autorité qui a reçu le consentement à l’adoption.

La remise de l’enfant à ses parents sur demande, même verbal, vaut également
preuve de la rétractation.

Si, à l’expiration du délai de trois (03) mois, le consentement n’a pas été rétracté,
les parents peuvent encore demander la remise de l’enfant, à condition que celui-ci
n’ait pas été placé en vue de l’adoption ou que la requête aux fins d’adoption n’ait
13
pas encore été déposée. Si la personne qui l’a recueilli refuse de le rendre, les
parents peuvent saisir le président du tribunal qui apprécie, compte tenu de l’intérêt
de l’enfant, s’il y a lieu d’en ordonner la remise. La remise rend caduc le
consentement donné à l’adoption.

Article 73. Les enfants recueillis par un particulier ou une œuvre privée dont les
parents se sont manifestement désintéressés depuis plus d’un an, peuvent être
déclarés abandonnés par le juge des enfants ou à défaut par le président du tribunal
de première instance, à moins qu’un parent n’ait demandé dans le même délai à en
assurer la charge et que le juge des enfants ou à défaut le président du tribunal de
première instance n’ait jugé cette demande conforme à l’intérêt de l’enfant.

La demande d’informations relatives au bien-être de l’enfant n’est pas une marque


d’intérêt suffisante pour motiver de plein droit le rejet d’une demande en
déclaration d’abandon.

La demande peut être présentée par la personne ou l’œuvre qui a recueilli l’enfant,
par un service social ou par le ministère public.

Lorsque le juge des enfants ou à défaut le président du tribunal de première


instance déclare l’enfant abandonné, il le confie par la même décision, à toute
personne susceptible de s’intéresser à l’enfant ou à un service public spécialisé. La
tierce opposition n’est recevable qu’en cas de dol, de fraude ou d’erreur sur
l’identité de l’enfant.

Le tribunal compétent est celui du domicile ou de la résidence de l’enfant.

SECTION II - LE PLACEMENT EN VUE DE L’ADOPTION

Article 74. Le placement en vue de l’adoption est décidé par le président du


tribunal de première instance de la résidence de l’enfant sur requête présentée par le
père, la mère, le tuteur ou le conseil de famille, le cas échéant, par le ou les futurs
adoptants, par un service social ou par le ministère public.

Le placement est réalisé par la remise effective aux futurs adoptants de l’enfant
pour lequel l’adoption a été valablement et définitivement consentie ou de l’enfant
déclaré abandonné.

Lorsque la filiation de l’enfant n’est pas établie, il ne peut y avoir de placement en


vue de l’adoption pendant un délai de trois (03) mois à compter du jour où l’enfant
a été recueilli.

Le placement ne peut avoir lieu lorsque les parents ont demandé la remise de
l’enfant, tant qu’il n’a pas été statué sur le bien fondé de cette demande, à la requête
de la partie diligente.
14
Article 75. La requête en vue du placement est recevable sur présentation :

a. de l’extrait de l’acte de naissance de l’enfant ;

b. du ou des actes de consentement à l’adoption ou d’une décision judiciaire


d’abandon ;

c. d’une attestation délivrée par le greffier, indiquant qu’aucune demande de


remise de l’enfant n’a été formulée ;

d. de la justification que l’enfant a été recueilli depuis plus de trois (03) mois
lorsque sa filiation n’a pas été établie.

Article 76. La requête est communiquée au procureur de la République pour ses


réquisitions. Le président du tribunal de première instance prend une ordonnance de
placement. Elle est immédiatement exécutoire nonobstant opposition ou appel.
Article 77. Le placement en vue de l’adoption fait obstacle à toute remise de
l’enfant à sa famille d’origine. Il fait échec à toute déclaration de filiation et à toute
reconnaissance lorsqu’il s’agit d’un enfant abandonné.

Une expédition de l’ordonnance est délivrée d’office au procureur de la République


aussitôt qu’elle est rendue et avant même les formalités d’enregistrement et de
timbre.

Le procureur de la République enjoint sans délai à l’officier de l’état civil


compétent d’en faire mention en marge de l’acte de naissance de l’enfant.

Article 78. La requête aux fins d’adoption est présentée par la personne qui se
propose d’adopter au tribunal de son domicile ou, si elle est domiciliée à l’étranger,
du domicile de l’adopté. A défaut de tout autre tribunal, le tribunal de Lomé est
compétent.

Il est obligatoirement joint à la requête, un extrait de l’acte de naissance de l’enfant


et une expédition du ou des consentements requis sauf application des dispositions
de l’article 71 du présent code.

Ceux qui ont consenti à l’adoption sont avertis de la date de l’audience dans le délai
d’ajournement, augmenté, s’il y a lieu, du délai de distance.

Article 79. L’instruction de la demande et, le cas échéant, les débats ont lieu en
chambre de conseil, le ministère public entendu.

15
Le tribunal après avoir, s’il y a lieu, fait procéder à une enquête par toute personne
qualifiée et après avoir vérifié si toutes les conditions de la loi ont été remplies,
prononce, sans énoncer de motif, qu’il y a lieu à l’adoption.

S’il est appelé à statuer sur les nom et prénoms de l’adopté, le tribunal décide dans
la même forme. Le dispositif du jugement indique les nom et prénoms anciens et
nouveaux de l’adopté et contient les mentions devant être transcrites sur les
registres de l’Etat civil.

Article 80. Le jugement n’est susceptible que d’appel par toutes les parties en
cause et le ministère public.

L’appel doit être interjeté dans le mois qui suit le jugement.

La cour instruit la cause et statue dans les mêmes formes et conditions que le
tribunal.

Le jugement ou l’arrêt qui admet l’adoption est prononcé en audience publique.

La tierce opposition à l’encontre du jugement ou de l’arrêt d’adoption n’est


recevable qu’en cas de dol ou fraude, imputables aux adoptants.

Article 81. Si l’adoptant vient à décéder, après la présentation de la requête aux


fins d’adoption, l’instruction est continuée et l’adoption prononcée s’il y a lieu.
Dans ce cas, elle produit ses effets au moment du décès de l’adoptant.

Les héritiers de l’adoptant peuvent, s’ils croient l’adoption inadmissible, remettre


au procureur de la République, tous mémoires et observations à ce sujet.

Article 82. Dans un délai d’un (01) mois à compter du jour où la décision n’est
susceptible de voies de recours, mention de l’adoption et des nouveaux nom et
prénoms de l’adopté est portée en marge de l’acte de naissance de ce dernier à la
requête du procureur de la République ou du juge compétent. Si l’adopté est né à
l’étranger ou si le lieu de sa naissance n’est pas connu, la décision est transcrite sur
les registres de la mairie de Lomé dans le même délai.

Article 83. Lorsque le placement en vue de l’adoption cesse ou si le tribunal refuse


de prononcer l’adoption, les effets du placement sont rétroactivement résolus.

Lorsque la décision de rejet n’est plus susceptible de voies de recours ou dès qu'il
est informé de la fin du placement, le ministère public prescrit d’office la
rectification de la mention marginale opérée sur l’acte de naissance de l’enfant.

SECTION III - LES EFFETS DE L’ADOPTION PLENIERE

16
Article 84. L’adoption plénière produit ses effets à compter du jour du dépôt de la
requête en adoption. Elle n’est opposable aux tiers qu’à partir de la mention ou de
la transcription du jugement ou de l’arrêt en marge de l’acte de naissance de
l’adopté.

Article 85. L’adoption plénière confère à l’enfant une filiation qui se substitue à sa
filiation d’origine. L’adopté cesse d’appartenir à sa famille par le sang, sous réserve
des prohibitions au mariage.

Article 86. L’adopté a, dans la famille de l’adoptant, les mêmes droits et


obligations qu’un enfant né pendant le mariage.

Article 87. L’adoption plénière est irrévocable.

SOUS-CHAPITRE II - L’ADOPTION SIMPLE

SECTION I - LES CONDITIONS DE L’ADOPTION SIMPLE

Article 88. Sans préjudice des articles 89, 90 et 91 qui suivent, les dispositions
relatives à l’adoption plénière sont applicables à l’adoption simple.

Article 89. L’adoption simple est permise quel que soit l’âge de l’enfant adopté.

L’existence d’enfants ou de descendants de l’adoptant ne fait pas obstacle à


l’adoption simple.

Article 90. Peuvent faire l’objet d’une adoption simple :

a. les enfants pour lesquels les père et mère ou le conseil de famille ont
valablement consenti à l’adoption ;

b. les enfants dont les père et mère sont décédés ;

c. les enfants déclarés abandonnés par le juge des enfants ou à défaut par le
président du tribunal de première instance, conformément aux dispositions
de l’article 73 du présent code ;

d. les enfants trouvés ;

e. les enfants dont les père et mère sont déchus de l’autorité parentale.

Article 91. Le tribunal de première instance peut prononcer l’adoption s’il estime
abusif le refus de consentement opposé par les père et mère ou l’un d’eux ou par le
conseil de famille, lorsqu’ils se sont désintéressés de l’enfant au risque d’en
compromettre la santé, l’épanouissement mental, physique ou moral.
17
SECTION II - LES EFFETS DE L’ADOPTION SIMPLE

Article 92. L’adoption simple confère le nom de l’adoptant à l’adopté en l’ajoutant


au nom de ce dernier.

Le tribunal de première instance peut, toutefois, à la demande de l’adoptant,


décider que l’adopté ne portera que le nom de l’adoptant. Cette demande peut
également être formée postérieurement à l’adoption. Si l’adopté est un enfant
discernant, son consentement personnel à cette substitution de patronyme est
nécessaire.

Article 93. L’adoption opère l’intégration de l’adopté dans la famille de l’adoptant


tout en préservant ses droits, notamment les droits héréditaires et l’obligation
alimentaire à l’égard de la famille d’origine dans les conditions définies aux articles
ci-après.

Article 94. L’adoptant est investi à l’égard de l’adopté de tous les droits d’autorité
parentale y compris celui de consentir au mariage de l’adopté.

Si l’adoptant est marié, les dispositions du présent code relatives à l’autorité


parentale pendant le mariage s’appliquent.

Article 95. L’adoptant doit des aliments à l’adopté et réciproquement.

Article 96. L’adopté et ses descendants ont dans la famille de l’adoptant les
mêmes droits successoraux qu’un enfant dont la filiation d’origine est établie à
l’égard de l’adoptant, sauf stipulation expresse contraire formulée au moment de
l’adoption.

Ils conservent dans tous les cas leurs droits héréditaires dans leur famille d’origine.

Article 97. Si l’adopté meurt sans descendance, les biens donnés par l’adoptant ou
recueillis dans sa succession retournent à l’adoptant ou à ses descendants s’ils
existent encore en nature lors du décès de l’adopté, à charge de contribuer aux
dettes et sous réserve des droits acquis par les tiers. Les biens que l’adopté avait
reçus à titre gratuit de ses père et mère retournent pareillement à ces derniers ou à
leurs descendants.

Le surplus des biens de l’adopté se divise par moitié entre la famille d’origine et la
famille de l’adoptant sans préjudice des droits du conjoint survivant sur l’ensemble
de la succession.
18
Lorsque l’adopté est un enfant abandonné, le partage du surplus de ses biens ne
peut intervenir qu’avec son consentement donné par testament.

Article 98. L’adoption simple peut être révoquée à la demande de l’adoptant ou de


l’adopté, s’il est justifié de motifs graves.

La demande de révocation faite par l’adoptant n’est recevable que si l’adopté est
mineur. Les père et mère par le sang ou à défaut un membre de la famille d’origine
jusqu’au degré de cousin germain inclus ou le procureur de la République peuvent
également demander la révocation.

Article 99. Le jugement révoquant l’adoption doit être motivé. Son dispositif est
mentionné en marge de l’acte de naissance ou de la transcription du jugement
d’adoption.

Article 100. La révocation fait cesser pour l’avenir tous les effets de l’adoption.

SOUS-CHAPITRE III - LES CONDITIONS PARTICULIERES


A L’ADOPTION INTERNATIONALE

Article 101. Un togolais peut adopter un enfant étranger. Un enfant togolais peut
être adopté par un étranger.

Article 102. L’adoption par un étranger est autorisée lorsqu’il y a impossibilité au


plan national d’assurer décemment à l’enfant l’entretien, l’instruction, l’éducation
et un cadre de vie familiale.

Article 103. L’adoption à l’étranger d’un enfant togolais est autorisée après
échanges d’informations entre les autorités togolaises compétentes et celles du pays
de l’adoptant en vue de s’assurer que l’enfant jouira de garanties et normes de
protection au moins équivalentes à celles existant au Togo et d’éviter que le
placement de l’enfant à l’étranger donne lieu à un trafic ou à un profit matériel indu
pour ceux qui en sont responsables.

Article 104. L’adoption de l’enfant togolais à l’étranger est soumise à la condition


d’un accord bilatéral entre le Togo et le pays de l’adoptant ou d’un accord
multilatéral ayant pour objet la coopération pour la protection des enfants dans le
cadre de l’adoption internationale.

19
CHAPITRE V - LA PROTECTION DE L’ENFANT EN CAS DE
PROCEDURE DE SEPARATION DE CORPS OU DE DIVORCE DES
PARENTS

SECTION I - LA PROTECTION DE L’ENFANT PENDANT LA


PROCEDURE DE SEPARATION DE CORPS ET DE DIVORCE

Article 105. Pendant la procédure de séparation de corps ou de divorce le juge


ordonne, le cas échéant, toute mesure provisoire relative à la garde des enfants et à
la pension alimentaire.

Cette ordonnance est exécutoire par provision.

Article 106. Le juge peut désigner un enquêteur social pour recueillir tout
renseignement sur la situation sociale, matérielle et morale de la famille, les
conditions de vie et d’éducation des enfants et les mesures à prendre pour
l’attribution de leur garde.

Il peut prescrire tout examen médical ou psychologique.

Article 107. Le juge saisi peut, à tout moment, rapporter ou modifier les mesures
provisoires précédemment prescrites ou en ordonner de nouvelles.

SECTION II - LA PROTECTION DE L’ENFANT APRES LE PRONONCE


DU DIVORCE

Article 108. Les enfants, au prononcé du divorce, sont confiés à la femme jusqu’à
l’âge de sept (07) ans, à moins que le tribunal, à la demande du mari ou à défaut,
du conseil de famille ou du ministère public et au vu des conclusions d’une enquête
sociale, n’ordonne pour l’intérêt supérieur des enfants, que tous ou quelques-uns
d’entre eux soient confiés aux soins, soit du mari, soit d'une tierce personne.

Article 109. Lorsque les enfants seront âgés de plus de sept (07) ans, le tribunal
ordonnera en fonction de leurs intérêts que tous ou quelques-uns d’entre eux soient
confiés à la garde soit du père, soit de la mère, soit d’une tierce personne.

Article 110. Quelle que soit la personne à laquelle les enfants sont confiés, les père
et mère ont toujours l’obligation d’entretien, d’éducation de leurs enfants et sont
tenus d’y contribuer à proportion de leurs revenus.

Article 111. Le tribunal fixe les conditions dans lesquelles le parent privé de la
garde peut exercer son droit de visite et d’hébergement de l’enfant.
20
Il peut également, à tout moment, modifier le montant de la pension alimentaire, la
garde ou seulement le droit de visite et d’hébergement à la requête du père, de la
mère ou du ministère public.

SECTION III - LA GESTION DES BIENS DE L’ENFANT PENDANT


LA SEPARATION DE CORPS OU LE DIVORCE DES PARENTS

Article 112. La gestion du patrimoine des enfants dont les parents sont séparés de
corps ou divorcés ou sont en instance de séparation de corps ou de divorce est
régie par les dispositions des articles 184 et suivants du présent code concernant
l’administration légale et la tutelle.

SOUS-TITRE III - LE DROIT DE L’ENFANT AUX BIENS

CHAPITRE Ier - LE STATUT SUCCESSORAL DE L’ENFANT

Article 113. Les dispositions du présent chapitre sont applicables à toutes les
successions.

SECTION I – LES GENERALITES

Article 114. Les héritiers, sans distinction de sexe, viennent tous à égalité à la
succession des biens immeubles urbains quel qu’en soit l’usage.

Article 115. Les biens immeubles d’une collectivité rurale appartiennent à chaque
membre présent et à venir de cette collectivité et demeurent soumis aux principes
de l’inaliénabilité et de l’indivision.

Chaque membre présent ou à venir, sans distinction de sexe, possède un droit égal
de culture personnel et exclusif sur les biens immeubles de la collectivité rurale.

Toutefois, les biens personnels du défunt gérés par lui en tant que père de famille
sont partageables entre ses descendants et les enfants de ceux-ci sans distinction de
sexe et de façon égalitaire.

SECTION II - L’ENFANT HERITIER ET LES DIVERS ORDRES


DE SUCCESSION

Article 116. Pour succéder, il faut exister au moment de l’ouverture de la


succession. La succession s’ouvre au dernier domicile du défunt pour l’ensemble
des biens.

L’enfant simplement conçu à l’instant de l’ouverture de la succession a qualité


d’héritier. Pour succéder, l’enfant simplement conçu doit être né vivant et viable.
21
Article 117. Est indigne de succéder, l’enfant qui a été condamné en tant qu’auteur,
co-auteur ou complice pour avoir volontairement donné ou tenté de donner la mort
ou porté des coups mortels au défunt.

Peut être déclaré indigne de succéder, l’enfant qui a été condamné envers le défunt
pour sévices, délits ou injures graves et atteinte grave à l’honneur, à la
considération ou aux intérêts patrimoniaux du défunt ou de sa famille. Le pardon
accordé par le défunt fait cesser l’indignité. La preuve du pardon peut être faite par
tout moyen.

L’action en déclaration d’indignité est ouverte à toute personne successible.

Article 118. L’indignité est personnelle. Les descendants de l’indigne succèdent


comme si leur auteur était prédécédé.

Article 119. Les successions sont déférées dans l’ordre aux enfants, au conjoint
survivant, aux ascendants, aux parents collatéraux et aux autres descendants du
défunt.

Article 120. L’enfant, même discernant, ne peut accepter la succession qui lui est
dévolue que sous bénéfice d’inventaire par l’entremise de son représentant légal.

Article 121. Le représentant légal administre les biens de la succession à charge


d’en rendre compte aux créanciers et légataires de sommes d’argent ainsi qu’à
l’héritier bénéficiaire.

Il demeure soumis aux dispositions d’application générale du code des personnes et


de la famille relatives à l’acceptation sous le bénéfice d’inventaire de la succession.

Article 122. L’acceptation pure et simple de la succession par l’enfant est


subordonnée à une autorisation du juge des tutelles ou à une délibération spéciale
du conseil de famille autorisant le tuteur à cette fin si l’actif successoral dépasse
manifestement le passif.

L’administrateur légal sous contrôle du juge des tutelles et le tuteur sont soumis
aux dispositions d’application générale du code des personnes et de la famille
relatives à l’acceptation pure et simple de la succession.

Article 123. Nul ne vient à la succession par représentation d’un héritier qui y a
renoncé. Si le renonçant est seul héritier de son degré ou si tous ses cohéritiers y
renoncent, les enfants viennent de leur chef et succèdent par tête.

22
L’enfant qui aurait diverti ou recelé les effets d’une succession est déchu de la
faculté d’y renoncer. Il demeure héritier pur et simple, nonobstant sa renonciation,
sans pouvoir prétendre à aucune part dans les objets divertis ou recelés.

SECTION III – LES CONDITIONS DE PARTAGE

Article 124. L’enfant héritier discernant qui a diverti ou recelé des effets d’une
succession et omis sciemment et de mauvaise foi de les comprendre dans
l’inventaire, ne peut prétendre à aucune part desdits effets.

Article 125. Si parmi les successibles se trouve un enfant simplement conçu, le


partage est suspendu jusqu’à sa naissance.

Article 126. Si parmi les héritiers il existe des enfants absents ou non présents
soumis au régime de l’administration légale ou de la tutelle, le partage ne peut avoir
lieu qu’en nommant pour chacun d’eux un représentant particulier.

Le partage judiciaire concernant un enfant incapable de discernement peut être


imposé par une délibération du conseil de famille.

Article 127. Si plusieurs enfants ayant un même représentant ont des intérêts
opposés dans le partage, il doit être nommé pour chacun d’eux un représentant
particulier.

Article 128. Si certains biens ne peuvent être commodément partagés ou distribués,


les intéressés peuvent décider d’un commun accord de procéder à leur vente. A
défaut d’accord, la vente peut également être ordonnée par le président du tribunal
ou le juge commis.

Les conditions et les formes de la vente sont fixées d’un commun accord par les
intéressés et, à défaut, par le président du tribunal ou le juge commis.

Si parmi les héritiers, il existe des enfants absents ou non présents, les intéressés ne
peuvent décider de la vente et en fixer les formes que dans les limites et avec les
habilitations prévues aux articles 218 à 233 du présent code en ce qui concerne les
biens dont la vente est envisagée.

Article 129. Le partage fait au nom des enfants, conformément aux règles ci-
dessus, est définitif. Il n’est que provisionnel si ces formes n’ont pas été observées.

23
CHAPITRE II – L’ENFANT ET LES LIBERALITES

SECTION I – LES GENERALITES

Article 130. L’enfant ne peut faire une donation entre vifs ou par un testament, sauf
s’il est émancipé et sain d’esprit.

Article 131. L’enfant, même simplement conçu, peut recevoir entre vifs.

L’enfant, même simplement conçu, peut recevoir par testament.

Toutefois, la donation ou le testament n’aura d’effet qu’autant que l’enfant sera né


vivant et viable.

Article 132. Les libéralités, soit par acte entre vifs, soit par testament, ne peuvent
excéder la moitié des biens du disposant si à son décès il laisse des enfants. Elles ne
peuvent excéder les deux tiers (2/3) des biens, si à défaut d’enfants, le disposant
laisse des frères et sœurs ou descendants de ceux-ci, des ascendants ou le conjoint
survivant.

SECTION II – LES DONATIONS FAITES A L’ENFANT

Article 133. La donation entre vifs est un acte par lequel le donateur se dépouille
actuellement et irrévocablement de la chose donnée en faveur du donataire qui
l’accepte.

PARAGRAPHE 1 – LA FORME DE LA DONATION

Article 134. Tout acte portant donation d’immeubles ou de droits immobiliers doit
être passé devant notaire.

Article 135. La donation doit être acceptée si elle est faite à :

a. un enfant par celui de ses père ou mère qui est investi de l’autorité parentale
et, à défaut des père et mère, par le tuteur, dans les conditions prévues par les
dispositions régissant la tutelle ;

b. un enfant capable de discernement par celui-ci, à moins que les père et mère,
le conseil de famille ou le juge des tutelles ne s’y oppose dans l’intérêt
supérieur de l’enfant.

Article 136. L’enfant sourd-muet qui sait écrire peut accepter la donation lui-même
ou par un fondé de pouvoir.

24
S’il ne sait pas écrire, la donation doit être homologuée par le tribunal de première
instance du domicile du donateur, lequel statuera en chambre du conseil, le
ministère public entendu.

PARAGRAPHE 2 – LES DONATIONS DEGUISEES OU PAR PERSONNES


INTERPOSEES

Article 137. Le contrat de donation déguisée est celui qui est fait en simulant un
contrat à titre onéreux.

La simulation n’est pas une cause de nullité, et le contrat est valable comme
donation lorsque le déguisement a été prouvé.

A l’égard des tiers, la preuve du déguisement peut être rapportée par tout moyen ;
entre les parties, la preuve doit être rapportée par écrit lorsque la valeur de l’objet
du contrat excède la somme de vingt mille (20.000) francs CFA.

Article 138. La donation déguisée est valable comme donation si les conditions de
fond des donations ont été réunies et si les conditions de forme de l’acte ostensible
ont été respectées.

Article 139. Lorsque la preuve du déguisement est rapportée, la donation est


soumise à toutes les règles de fond applicables aux donations.

Article 140. La donation déguisée au profit de l’enfant est valable, soit qu’on la
déguise sous la forme d’un contrat onéreux, soit qu’on la fasse sous le nom de
personnes interposées.

PARAGRAPHE 3 – LA REVOCATION DES DONATIONS

Article 141. La donation peut être révoquée pour cause de :

a. inexécution des charges ou conditions sous lesquelles elle a été faite ;


b. ingratitude du donataire ;
c. survenance d’enfant.

Toutefois, les donations en vue du mariage ne sont pas révocables pour cause
d’ingratitude.

Article 142. Les charges doivent être précises et ne pas excéder le montant de la
donation.

La révocation de la donation pour cause d’inexécution des charges n’a lieu que si la
charge ou la condition a été la cause impulsive et déterminante de la donation.

25
Article 143. Dans le cas de la révocation pour cause d’inexécution des conditions,
les biens donnés rentrent dans les mains du donateur exempts de toutes charges et
hypothèques du chef du donataire et le donateur a, contre les tiers détenteurs des
immeubles donnés, tous les droits qu’il aurait contre le donataire lui-même.

Article 144. La révocation de la donation pour cause d’ingratitude ne peut avoir


lieu que dans les cas suivants :

a. le donataire a attenté à la vie du donateur ;


b. il s’est rendu coupable envers lui de sévices, délit ou injures graves ;
c. il lui refuse des aliments lorsqu’il se trouve dans le besoin.

Article 145. L’action en révocation pour cause d’ingratitude appartient au


donateur. Il peut y renoncer expressément ou tacitement en pardonnant au
donataire.

Elle doit être intentée dans l’année à compter du jour du délit imputé par le
donateur au donataire ou à compter du jour où le délit a été connu par le donateur
ou encore à compter du refus d’aliments.

Toutefois, les héritiers du donateur peuvent exercer l’action en révocation lorsque :

a. le donateur est décédé après avoir commencé d’intenter l’action en


révocation ;

b. le donateur est décédé dans l’année du délit, même sans avoir intenté l’action
en révocation.

La révocation pour cause d’ingratitude ne peut être demandée par le donateur


contre les héritiers du donataire.

Article 146. La révocation pour cause d’ingratitude n’emporte point d’effet


rétroactif contre les tiers.

Article 147. Toutes donations entre vifs faites par des personnes qui n’avaient
point d’enfant né pendant le mariage ou hors mariage et actuellement vivant dans le
temps de la donation, de quelque valeur que ces donations puissent être et à
quelque titre qu’elles aient été faites, et encore qu’elles soient mutuelles ou
rémunératoires, même celles qui auraient été faites en vue du mariage par d’autres
que les ascendants aux conjoints, ou par les conjoints l’un à l’autre, peuvent être
révoquées à la suite de la survenance d’un enfant du donateur, même posthume, ou
par la légitimation d’un enfant né hors mariage ou par mariage subséquent s’il est
né depuis la donation.

26
Dans ce cas, les biens donnés rentrent dans les mains du donateur, exempts de
toutes charges et hypothèques du chef du donataire et le donateur a, contre les tiers
détenteurs des immeubles donnés, tous les droits qu’il aurait contre le donataire lui-
même.

PARAGRAPHE 4 – LES EFFETS DE LA DONATION FAITE A UN


ENFANT

Article 148. Les effets de la donation faite à un enfant obéissent aux dispositions
d’application générale du code des personnes et de la famille relatives aux
donations entre vifs et au testament.

SOUS-TITRE IV – LES OBLIGATIONS DES PARENTS, DES TUTEURS ET


DE TOUTE AUTRE PERSONNE RELATIVEMENT A LA PERSONNE ET
AUX BIENS DE L’ENFANT

CHAPITRE Ier – LES OBLIGATIONS DES PARENTS

SECTION I - LES DISPOSITIONS GENERALES

Article 149. Les parents ont l’obligation de loger, nourrir, soigner, entretenir,
élever, éduquer et donner une instruction à leurs enfants.

Article 150. Les parents ont le devoir de donner à l’enfant, d’une manière qui
corresponde au développement de ses capacités, l’orientation et les conseils
appropriés en vue de l’exercice de ses droits et obligations.

Article 151. Les parents doivent élever l’enfant dans un esprit de compréhension,
de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples, les
groupes ethniques et religieux.

Ils doivent également inculquer à l’enfant le respect de ses père et mère, de son
identité et de ses valeurs culturelles.

Article 152. Les parents doivent contribuer, compte tenu de leurs aptitudes et de
leurs capacités financières, à assurer le développement de l’enfant.

A cet effet, ils exercent l’autorité parentale qui est un ensemble de droits et
obligations que la loi accorde ou impose aux père et mère relativement à la
personne et aux biens de leurs enfants, en vue de l’accomplissement de leur devoir
de garde, de surveillance et d’éducation.

27
SECTION II – LES DEVOIRS DES PARENTS RELATIVEMENT A LA
PERSONNE DE L’ENFANT

PARAGRAPHE 1 – LES PRINCIPES

Article 153. Les père et mère ont le devoir de s’opposer à toute séparation d’avec
leurs enfants, à moins que l’intérêt supérieur de l’enfant l’exige.

Article 154. Les père et mère ne peuvent, sauf motifs graves, faire obstacle aux
relations personnelles de l’enfant avec les membres de la proche parenté. A défaut
d’accord entre les parties, les modalités de ces relations sont réglées par le juge des
tutelles.

Article 155. Les père et mère répondent solidairement des dommages causés à
autrui par leurs enfants habitant la maison familiale.

Article 156. Les père et mère ne sont pas responsables des dommages que les
enfants pourront causer à autrui postérieurement à leur mariage contracté avant dix-
huit (18) ans.

PARAGRAPHE 2 – L’EXERCICE DE L’AUTORITE PARENTALE

Article 157. L’autorité parentale est un ensemble de droits et d’obligations que la


loi accorde ou impose aux père et mère relativement à la personne et aux biens de
leurs enfants non émancipés en vue de l’accomplissement de leurs devoirs de
garde, de surveillance et d’éducation.

Article 158. Pendant le mariage, les père et mère exercent en commun leur autorité.

Article 159. Si les père et mère ne parviennent pas à s’accorder sur ce qu’exige
l’intérêt supérieur de l’enfant, la pratique qu’ils avaient précédemment pu suivre
dans des occasions semblables leur tiendra lieu de règle. A défaut d’une telle
pratique ou en cas de contestation sur son existence ou son bien fondé, l’époux le
plus diligent pourra saisir le juge des enfants qui statuera par une décision non
susceptible de voie de recours, après avoir tenté de concilier les parties.

Article 160. A l’égard des tiers de bonne foi, chacun des époux est réputé agir avec
l’accord de l’autre quand il fait seul un acte usuel de l’autorité parentale
relativement à la personne de l’enfant.

Article 161. Perd l’exercice de l’autorité parentale ou en est provisoirement privé,


celui des père et mère qui se trouve dans l’un des cas suivants :

a. hors d’état de manifester sa volonté en raison de son incapacité, de son


absence, de son éloignement ou de toute autre cause ;
28
b. condamné pour abandon de famille, tant qu’il n’a pas recommencé à assumer
ses obligations pendant une durée de six (06) mois au moins ;

c. un jugement de déchéance ou de retrait a été prononcé contre lui pour ceux


de ses droits qui lui ont été retirés.

Article 162. L’exercice de l’autorité parentale est dévolu en entier à l’autre parent
survivant, si l’un des père et mère décède ou se trouve dans des cas prévus à
l’article précédent.

Article 163. Si les père et mère sont séparés de corps ou divorcés, l’autorité
parentale est exercée par celui d’entre eux à qui le juge aux affaires matrimoniales a
confié la garde de l’enfant, sauf le droit de visite et de surveillance de l’autre.

Lorsque la garde a été confiée à un tiers, les autres attributs de l’autorité parentale
continuent d’être exercés par les père et mère. En cas de désaccord des parents, le
gardien provisoire peut, si l’intérêt de l’enfant l’exige, saisir le juge des tutelles.

Article 164. La séparation de corps ou le divorce ne fait pas obstacle à la


dévolution prévue à l’article 162 du présent code, lors même que celui des père et
mère qui demeure en état d’exercer l’autorité parentale aurait été privé de la garde
par l’effet du jugement prononcé contre lui.

Néanmoins, le juge qui avait statué en dernier lieu sur la garde pourra toujours être
saisi par la famille ou par le ministère public afin de désigner un tiers comme
gardien de l’enfant avec ou sans ouverture d’une tutelle, ainsi qu’il est dit à l’article
163 du présent code.

Article 165. Il y aura lieu à ouverture d’une tutelle, s’il ne reste plus ni père ni
mère en état d’exercer l’autorité parentale.

Article 166. L’autorité parentale est exercée sur l’enfant né hors mariage par celui
des père et mère qui l’a volontairement reconnu, s’il n’a été reconnu que par l’un
d’eux.

Si l’un et l’autre l’ont reconnu, l’autorité parentale est exercée par les père et mère.

Le juge pourra néanmoins, à la demande de l’un ou l’autre ou du ministère public,


décider que l’autorité parentale sera exercée soit par la mère, soit par le père.

Article 167. Les mêmes règles sont applicables à défaut de reconnaissance


volontaire quand la filiation est établie par jugement, soit à l’égard des deux
parents, soit à l’égard d’un seul d’entre eux.

29
Toutefois, en statuant sur l’une ou l’autre filiation, le tribunal de première instance
peut toujours décider de confier la garde provisoire à un tiers qui, si l’intérêt
supérieur de l’enfant l’exige, pourra saisir le juge des tutelles.

PARAGRAPHE 3 - LA DELEGATION DE L’AUTORITE PARENTALE

Article 168. Aucune renonciation, aucune cession portant sur l’autorité parentale
ne peut avoir d’effet, si ce n’est en vertu d’un jugement conformément aux
dispositions prévues aux articles 169 et 170 ci -après.

Article 169. Les père et mère, ensemble ou séparément, ou le tuteur autorisé par le
conseil de famille, peuvent, quand ils ont remis l’enfant à un particulier digne de
confiance, à un établissement agréé à cette fin, renoncer en tout ou partie à
l’exercice de leur autorité.

Dans ce cas, délégation totale ou partielle de l’autorité résultera du jugement qui


sera rendu par le juge des tutelles sur requête des délégants et du délégataire.

La même délégation peut être décidée à la seule requête du délégataire lorsque les
parents se sont manifestement désintéressés de l’enfant.

Article 170. La délégation de l’autorité parentale peut aussi avoir lieu quand
l’enfant a été recueilli sans l’intervention des père et mère ou du tuteur. Dans ce
cas, le particulier ou l’établissement, après avoir recueilli l’enfant, fait la
déclaration à l’autorité administrative du lieu de résidence.

Cette déclaration est faite dans la huitaine. L’autorité administrative, dans le mois
qui suit, donne avis aux père et mère ou au tuteur. La notification qui leur est ainsi
faite ouvre un nouveau délai d’un mois à l’expiration duquel, faute par eux de
réclamer l’enfant, ils sont présumés renoncer à exercer sur lui leur autorité.

Le particulier ou l’établissement qui a recueilli l’enfant peut alors présenter une


requête au juge des tutelles aux fins de se faire déléguer totalement ou partiellement
l’autorité parentale. Quel que soit le requérant, le juge peut décider, dans l’intérêt
de l’enfant, les parents appelés ou entendus, que l’autorité parentale sera déléguée à
un service spécialisé de l’enfance.

Article 171. La délégation pourra, dans tous les cas, prendre fin ou être transférée
par un nouveau jugement, s’il est justifié par des circonstances nouvelles.

30
Dans le cas où la remise de l’enfant est accordée aux père et mère, le juge des
tutelles met à leur charge, en cas de négligence et s’ils ne sont indigents, le
remboursement de tout ou partie des frais d’entretien.

Lorsque la demande de remise est rejetée, elle ne peut être renouvelée que dans un
délai d’un (01) an au plus tôt, après que la décision de rejet sera devenue définitive.

Article 172. Le droit de consentir à l’adoption de l’enfant n’est jamais délégué.

PARAGRAPHE 4 - LA DECHEANCE ET LE RETRAIT PARTIEL DE


L’AUTORITE PARENTALE

Article 173. Peuvent être déchus de l’autorité parentale par une disposition
expresse du jugement pénal, les père et mère qui sont condamnés, soit comme
auteurs, co-auteurs ou complices d’un crime ou d’un délit commis sur la personne
de leur enfant, soit comme co-auteurs ou complices d’un crime ou d’un délit
commis par leur enfant.

Cette déchéance est applicable aux ascendants autres que les père et mère, pour la
part d’autorité parentale qui peut leur revenir sur leurs descendants.

Article 174. Peuvent être déchus de l’autorité parentale, en dehors de toute


condamnation pénale, les père et mère qui, soit par de mauvais traitements, soit par
des exemples pernicieux d’ivrognerie habituelle, d’inconduite notoire, soit par un
défaut de soins ou un manque d’éducation, mettent manifestement en danger la
sécurité, la santé ou la moralité de l’enfant.

L’action en déchéance est portée devant le juge des tutelles du domicile ou de la


résidence des père et mère, soit par le ministère public, soit par un membre de la
famille, soit par le tuteur de l’enfant.

Article 175. La déchéance prononcée en vertu de l’article 173 ou de l’article 174


du présent code porte de plein droit sur tous les attributs, tant patrimoniaux que
personnels se rattachant à l’autorité parentale ; à défaut d’autres déterminations,
elle s’étend à tous les enfants déjà nés au moment du jugement.

Article 176. Le jugement peut, au lieu de la déchéance totale, prononcer un retrait


partiel de droit, limité aux attributs qu’il spécifie. Il peut aussi décider que la
déchéance ou le retrait n’aura d’effets qu’à l’égard de certains des enfants déjà nés.

Article 177. En prononçant la déchéance ou le retrait du droit de garde, la


juridiction saisie devra, si l’autre parent est décédé ou s’il a perdu l’exercice de
l’autorité parentale, soit désigner un tiers qui assumera la garde des enfants à
charge pour lui de requérir l’organisation de la tutelle, soit confier l’enfant à un
service spécialisé.
31
Elle pourra prendre les mêmes mesures lorsque l’autorité parentale est dévolue à
l’un des parents par l’effet de la déchéance prononcée contre l’autre.

Article 178. Les père et mère qui ont fait l’objet d’une déchéance ou d’un retrait de
droits pour l’une des causes prévues aux articles 173 et 174 du présent code
peuvent, par requête, obtenir du tribunal, en justifiant de circonstances nouvelles, et
notamment de leur réhabilitation judiciaire, que leur soit restitué tout ou partie des
droits dont ils avaient été privés.

La demande en remise est formée un (01) an au plus tôt après que le jugement
prononçant la déchéance ou le retrait sera devenu définitif ; en cas de rejet, elle ne
peut être renouvelée qu’après une nouvelle période d’un (01) an. Aucune demande
ne sera recevable, lorsque avant le dépôt de la requête, l’enfant aura été placé en
vue de l’adoption.

SECTION III - LES DROITS ET DEVOIRS DES PARENTS


RELATIVEMENT AUX BIENS DE L’ENFANT

Article 179. Les père et mère ont l’administration et la jouissance des biens de leur
enfant.

La jouissance légale appartient à celui des père et mère qui a la charge de


l’administration.

Article 180. La jouissance légale ne s’étend pas aux biens que l’enfant peut
acquérir par son travail, ni ceux qui lui sont donnés ou légués sous la condition
expresse que les père et mère n’en jouiront pas, ni aux biens recueillis dans une
succession dont le père ou la mère a été exclu comme indigne.

Article 181. Le droit de jouissance cesse :

a. dès que l’enfant a dix-huit (18) ans révolus ou même plus tôt, s’il contracte
mariage ;

b. par les causes qui mettent fin à l’autorité parentale ou, plus spécialement, par
celles qui mettent fin à l’administration légale ;

c. par les causes qui emportent l’extinction de tout usufruit.

Article 182. Les charges de cette jouissance sont :

a. celles auxquelles sont tenus en général les usufruitiers ;

b. la nourriture, l’entretien, la santé et l’éducation de l’enfant selon sa fortune ;


32
c. les dettes grevant la succession recueillie par l’enfant, en tant qu’elles
auraient dû être acquittées sur les revenus.

Article 183. Cette jouissance n’aura pas lieu au profit de l’époux survivant qui
aurait omis de faire inventaire authentique, ou sous seing privé, des biens échus à
l’enfant.

CHAPITRE II - L’ADMINISTRATION LEGALE ET LA TUTELLE

SECTION I - LES CAS OU IL Y A LIEU A ADMINISTRATION LEGALE

Article 184. Lorsque l’autorité parentale est exercée par les deux parents, les père
et mère sont administrateurs légaux. Dans les autres cas, l’administration légale
appartient à celui des parents qui exerce l’autorité parentale.

Article 185. L’administration légale est pure et simple quand l’enfant est né
pendant le mariage, ses parents sont vivants, non séparés de corps, non divorcés, et
ne se trouvent dans l’un des cas prévus à l’article 161 du présent code.

Article 186. L’administration est placée sous le contrôle du juge des tutelles
lorsque :

a. l’un ou l’autre des deux parents est décédé ou se trouve dans l’un des cas
prévus à l’article 161 du présent code ;

b. les père et mère sont séparés de corps ou divorcés;

c. l’enfant est né hors mariage, qu’il ait été reconnu par un seul de ses parents
ou par les deux.

Article 187. L’administrateur légal représentera l’enfant dans tous les actes de la
vie civile, sauf les cas dans lesquels la loi ou l’usage autorise les enfants à agir eux-
mêmes.

Lorsque ses intérêts sont en opposition avec ceux de l’enfant, l’administrateur légal
doit faire nommer un administrateur ad hoc par le juge des tutelles.

Ne sont pas soumis à l’administration légale, les biens qui auraient été donnés ou
légués à l’enfant sous la condition qu’ils seraient administrés par un tiers. Ce tiers
administrateur aura les pouvoirs qui lui auront été conférés par la donation ou le
testament ; à défaut, il disposera de ceux d’un administrateur légal sous contrôle
judiciaire.

33
Article 188. L’administrateur légal peut accomplir seul les actes pour lesquels un
tuteur n’aurait besoin d’aucune autorisation.

Article 189. Dans l’administration légale pure et simple, l’administrateur


accomplit, avec le consentement de son conjoint, les actes qu’un tuteur ne pourrait
faire qu’avec l’autorisation du conseil de famille. Il doit, cependant, sous peine
d’une amende de vingt mille (20.000) francs CFA, en donner avis sans formalité au
juge des tutelles quinze (15) jours au moins à l’avance.

A défaut du consentement du conjoint, l’acte doit être autorisé par le juge des
tutelles.

Même avec le consentement de son conjoint, l’administrateur légal ne peut ni


vendre de gré à gré, ni apporter en société un immeuble ou un fonds de commerce
appartenant à l’enfant, ni contracter d’emprunt en son nom, ni renoncer pour lui à
un droit, ni consentir à un partage amiable sans l’autorisation du juge des tutelles.

Si l’acte auquel il a consenti cause un préjudice à l’enfant, le conjoint de


l’administrateur légal en sera responsable solidairement avec lui.

Article 190. Dans l’administration légale sous contrôle judiciaire, l’administrateur


doit se pourvoir d’une autorisation du juge des tutelles pour accomplir les actes
qu’un tuteur ne pourrait faire qu’avec l’autorisation du conseil de famille.

SECTION II - LES CAS OU IL Y A LIEU A TUTELLE

Article 191. La tutelle s’ouvre lorsque les père et mère sont décédés ou se trouvent
dans l’un des cas prévus à l’article 161 du présent code.

Elle s’ouvre aussi à l’égard de l’enfant né hors mariage s’il n’a ni père ni mère qui
l’aient volontairement reconnu.

Article 192. Dans le cas de l’administration légale sous contrôle judiciaire, le juge
des tutelles peut, à tout moment, soit d’office, soit à la requête des parents ou alliés
ou du ministère public, décider d’ouvrir la tutelle après avoir appelé ou entendu,
sauf urgence, l’administrateur légal. Celui-ci ne peut faire, à partir de la demande et
jusqu’au jugement définitif, sauf le cas d’urgence, aucun acte qui requerrait
l’autorisation du conseil de famille, si la tutelle était ouverte.

Le juge des tutelles peut aussi décider, mais seulement pour causes graves, d’ouvrir
la tutelle dans le cas de l’administration légale pure et simple.

Dans l’un ou l’autre cas, si la tutelle est ouverte, le juge des tutelles convoque le
conseil de famille qui pourra soit nommer tuteur, l’administrateur légal, soit
désigner un autre tuteur.
34
Article 193. Si l’enfant né hors mariage vient à être reconnu par l’un de ses parents
après l’ouverture de la tutelle, le juge des enfants pourra, à la requête de ce parent,
décider de substituer à la tutelle l’administration légale dans les termes de l’article
186 du présent code.

SECTION III - L’ORGANISATION DE LA TUTELLE

Article 194. Les fonctions de juge des tutelles sont exercées par le juge des enfants,
à défaut, par le juge compétent du domicile de l’enfant.

Article 195. Si ce domicile est transporté dans un autre lieu, le tuteur doit aussitôt
aviser le juge des tutelles antérieurement saisi. Celui-ci transmet le dossier de la
tutelle au juge des tutelles du nouveau domicile. Mention de cette transmission sera
conservée au greffe du tribunal d’origine.

Article 196. Le juge des tutelles exerce la surveillance générale sur les
administrations légales et les tutelles de son ressort.

Il peut, à tout moment, convoquer les administrateurs légaux, tuteurs et autres


organes tutélaires, leur réclamer des éclaircissements, leur adresser des
observations et prononcer contre eux des injonctions. Il peut condamner à une
amende civile de cinq mille (5.000) à vingt mille (20.000) francs CFA ceux qui,
sans excuse légitime, n’auront pas déféré à ses injonctions.

Article 197. Les audiences du juge des tutelles ne sont pas publiques. Il ne peut
être délivré expédition de ses décisions qu’aux parties, aux personnes investies
d’une charge tutélaire ou d’administration légale et au ministère public.

Les décisions du juge des tutelles sont toujours motivées et doivent, à sa diligence,
être notifiées en personne à l’audience ou, en cas de défaut, dans un délai de dix
(10) jours au tuteur, à l’administrateur légal ou à toute personne concernée par la
décision.

A défaut de notification dans le délai imparti, la décision devient caduque.

Un recours peut être formé par les personnes visées aux alinéas 1er et 2 ci-dessus,
dans les quinze (15) jours de la notification par déclaration au greffe du tribunal
pour enfant. La décision entreprise et la déclaration sont transmises au président de
la cour d’appel qui, sauf si les parties demandent à comparaître, statue en chambre
du conseil, le ministère public entendu, dans le délai de dix (10) jours sur pièce et
renvoie le dossier au juge des tutelles.
35
Article 198. Le droit de choisir un tuteur, parent ou non, n’appartient qu’au dernier
mourant des père et mère, s’il a conservé au jour de sa mort l’exercice de
l’administration légale ou de la tutelle.

Cette nomination ne peut être faite que dans la forme d’un testament, d’une
déclaration devant notaire ou d’une déclaration écrite adressée au juge des tutelles.

En cas de déclaration faite devant notaire, celui-ci est tenu de transmettre cette
déclaration au juge des tutelles de son ressort.

Le tuteur ainsi désigné n’est pas tenu d’accepter la tutelle.

Article 199. Lorsqu’il n’y a pas de tuteur testamentaire ou lorsque celui qui avait
été désigné n’accepte pas ou vient à cesser ses fonctions, un tuteur est donné à
l’enfant par le conseil de famille.

Ce conseil est convoqué par le juge des tutelles soit d’office, soit sur requête des
parents alliés des père et mère, soit de toute personne intéressée, y compris l’enfant
concerné, soit à la demande du ministère public.

Le tuteur est désigné pour la durée de la tutelle. Le conseil de famille peut


néanmoins pourvoir à son remplacement en cours de tutelle si des circonstances
graves le requièrent, sans préjudice des cas d’excuse, d’incapacité ou de destitution.

Article 200. Le conseil de famille est composé de quatre (04) à six (06) membres,
y compris le subrogé tuteur mais non compris le tuteur.
Le juge les désigne pour la durée de la tutelle et pourvoit d’office à leur
remplacement si des changements surviennent dans leur situation.

Il les choisit parmi les parents ou alliés des père et mère de l’enfant, en évitant de
laisser une des deux lignes sans représentation et en tenant compte de l’intérêt porté
par ces parents ou alliés à la personne de l’enfant. Le juge peut aussi choisir toute
personne qui s’intéresse à l’enfant.

Le juge des tutelles prononce l’exclusion ou la destitution lorsque la mesure


concerne un membre du conseil de famille. L’exclusion ou la destitution du tuteur
fait l’objet d’une décision du conseil de famille.

Article 201. Le conseil de famille est convoqué par le juge des tutelles. Il doit l’être
si la convocation est requise soit par deux (02) de ses membres, soit par le tuteur ou
subrogé tuteur, soit par l’enfant âgé de quatorze (14) ans révolus.

La convocation doit être faite quinze (15) jours au moins avant la réunion. Le mari
peut représenter la femme ou réciproquement.
36
Article 202. Les membres du conseil de famille sont tenus d’assister
personnellement aux réunions.

Chacun peut, toutefois, se faire représenter par un parent ou allié des père et mère
de l’enfant, si ce parent ou allié n’est pas déjà en son propre nom, membre du
conseil de famille.

Les membres du conseil de famille qui, sans excuse légitime, ne sont ni présents ni
valablement représentés encourent l’amende prévue à l’article 196 du présent code.

Article 203. Le conseil de famille ne peut délibérer que si la moitié au moins de ses
membres est présente ou représentée. Si ce nombre n’est pas atteint, le juge peut,
soit ajourner la séance, soit en cas d’urgence, prendre lui-même la décision.
Article 204. Le conseil de famille est présidé par le juge des tutelles qui a voix
délibérative et prépondérante, en cas de partage.

Le tuteur doit assister à la séance ; il y est entendu mais ne vote pas ; il en est de
même du subrogé tuteur lorsqu’il remplace le tuteur.

L’enfant discernant peut, si le juge estime que c’est dans son intérêt, assister à la
réunion et être entendu à titre consultatif. Il y est obligatoirement convoqué quand
le conseil a été réuni à sa demande.

En aucun cas, l’assentiment à un acte ne décharge le tuteur et les autres organes de


la tutelle de leur responsabilité.

Article 205. Les délibérations du conseil de famille peuvent être annulées pour dol,
fraude ou omission d’une formalité substantielle.

L’action est exercée dans un délai de deux (02) ans à compter de la délibération,
par le tuteur, le subrogé tuteur, les membres du conseil de famille, le ministère
public ainsi que par l’enfant lui-même devenu majeur, dans les deux (02) ans de sa
majorité. La prescription ne court, s’il y a eu dol ou fraude, que du jour où le fait
constitutif a été découvert.

Les actes accomplis en vertu d’une délibération annulée sont eux-mêmes


annulables de la même manière. Le délai court, toutefois, de la date de l’acte et non
de celle de la délibération.

Article 206. Les séances du conseil de famille ne sont pas publiques. Les tiers ne
peuvent obtenir expédition des délibérations qu’avec l’autorisation du juge des
tutelles.

37
Les délibérations sont exécutoires par elles-mêmes, sauf recours formé par les
personnes visées à l’article 205 ci-dessus et jugé selon la procédure et dans les
délais prévus à l’article 197 du présent code. Ce recours et ces délais ont un effet
suspensif.

Article 207. Lorsque la consistance du patrimoine à administrer ou la dispersion


des biens rendent utile la désignation de plusieurs tuteurs, le conseil de famille peut
désigner un tuteur et un administrateur des biens.

La tutelle peut également être divisée par le conseil de famille entre un tuteur en la
personne et un administrateur des biens lorsque l’autorité parentale est confiée à un
tuteur et qu’il y a intérêt à le décharger de la gestion du patrimoine de l’enfant.

Les co-tuteurs ne répondent que de leur gestion personnelle, à moins que le conseil
de famille préalablement à leur désignation ait exigé qu’ils soient solidairement
responsables.

Article 208. Dans toute tutelle, il y a un subrogé tuteur nommé par le conseil de
famille parmi ses membres, de préférence dans une autre ligne que le tuteur lui-
même.

Le subrogé tuteur doit immédiatement informer le juge des tutelles des fautes qu’il
constate dans la gestion du tuteur. Tout manquement à cette obligation engage sa
responsabilité personnelle.

Le subrogé tuteur représente le tuteur lorsque les intérêts de celui-ci sont en


opposition avec ceux de l’enfant.

Il ne remplace pas le tuteur si celui-ci vient à mourir, à être frappé d’une incapacité
ou à abandonner la tutelle. Dans ce cas, le subrogé tuteur doit alors provoquer la
nomination d’un nouveau tuteur dans le délai d’un (01) mois.

Le tuteur ne peut demander la destitution du subrogé tuteur.

La charge du subrogé tuteur cesse à la même époque que celle du tuteur.

Article 209. Lorsque le tuteur a commencé à exercer ses fonctions avant la


nomination du subrogé tuteur, il pourra, s’il y a eu fraude de sa part, être destitué de
la tutelle sans préjudice des indemnités dues à l’enfant.

Article 210. Les fonctions tutélaires organisées par l’Etat en vue de la protection de
l’enfant sont gratuites.

L’exercice de l’une ou l’autre de ces fonctions, en particulier celles de tuteur, ne


peut donner lieu à aucune rémunération pour quelque motif que ce soit.
38
Les différentes charges de la tutelle peuvent être exercées par les personnes de l’un
ou l’autre sexe.

Article 211. Les fonctions tutélaires constituent une charge personnelle et ne se


transmettent pas aux héritiers. Le conjoint du tuteur ne peut y participer. S’il
s’immisce dans la gestion du patrimoine pupillaire, il est responsable solidairement
avec le tuteur de la gestion.

Les héritiers du tuteur sont responsables de la gestion de leur auteur et, s’ils sont
majeurs, doivent la continuer jusqu’à la nomination d’un nouveau tuteur. Leurs
pouvoirs seront, toutefois, limités aux mesures de conservation du patrimoine de
l’enfant.

Article 212. La tutelle, protection due à l’enfant, est une charge publique.

Article 213. Ne peuvent exercer l’une des fonctions tutélaires :

a. les enfants, à l’exception des père et mère ;


b. les majeurs incapables ;
c. les condamnés à une peine criminelle ;
d. les personnes frappées d’une interdiction d’exercer une charge tutélaire en
vertu des dispositions du code pénal ;
e. les personnes déchues de l’autorité parentale.

Doivent se récuser les personnes qui sont parties ou proches parents d’une partie à
un procès engagé contre l’enfant ou mettant en cause une part importante de son
patrimoine.

Peuvent être exclus ou destitués des différentes charges de la tutelle, les personnes
d’une inconduite notoire ou celles dont le manque de probité, la négligence ou
l’inaptitude aurait pu être constatée ou celles qui se trouvent dans la situation
décrite à l’alinéa précédent et qui ne se seront pas récusées.

Article 214. Peuvent être dispensés de la tutelle, ceux qui ne pourront exercer cette
charge dans les conditions satisfaisantes pour l’enfant, en raison de leur âge, de leur
maladie, de leur éloignement, de leurs occupations exceptionnellement absorbantes
ou d’une tutelle antérieure déjà lourde.

Peuvent être déchargés de la tutelle ceux qui, en cours de leurs fonctions, ne


peuvent plus s’en acquitter pour l’une des causes prévues à l’article 213 ci-dessus.

Celui qui n’est ni parent, ni allié du père ou de la mère de l’enfant ne peut être forcé
d’accepter la tutelle.

39
Article 215. Les causes de dispense de la tutelle peuvent être étendues au subrogé
tuteur et même aux membres du conseil de famille compte tenu de la nature de
leurs fonctions et de la gravité des faits invoqués.

Article 216. Le juge des tutelles statue sur les causes de dispense ou de décharge
des membres du conseil de famille.

Le conseil de famille est compétent pour les causes de dispense ou de décharge qui
concernent le tuteur et le subrogé tuteur.

Article 217. Lorsqu’aucun tuteur ne peut être désigné, le juge des tutelles défère la
tutelle à l’Etat. Il désigne toute personne susceptible de remplir les fonctions de
tuteur pour l’enfant.

SECTION IV - LE FONCTIONNEMENT DE LA TUTELLE

Article 218. Le conseil de famille règle les conditions générales de l’entretien, de


la santé et de l’éducation de l’enfant, en ayant égard à la volonté que les père et
mère avaient pu exprimer à ce sujet.

Article 219. Le tuteur prendra soin de la personne de l’enfant et le représentera


dans tous les actes de la vie civile, sauf les cas dans lesquels la loi ou l’usage
autorise les enfants à agir eux-mêmes.

Il administre les biens de l’enfant en bon père de famille et répond des dommages-
intérêts qui pourraient résulter d’une mauvaise gestion.

Il ne peut ni acheter les biens de l’enfant, ni les prendre en loyer ou à ferme, à


moins que le conseil de famille n’ait autorisé le subrogé tuteur à lui en passer bail,
ni accepter la cession d’aucun droit ou créance contre son pupille.

Il accomplit seul tous les actes d’administration.

Cependant, les baux consentis par le tuteur ne confèrent au preneur, à l’encontre de


l’enfant devenu majeur, aucun droit au renouvellement ou au maintien dans les
lieux, nonobstant toute disposition contraire. Ces dispositions ne s’appliquent pas
aux baux consentis avant l’ouverture de la tutelle et renouvelés par le tuteur.

Le tuteur peut introduire toute action en justice relative aux intérêts patrimoniaux
de l’enfant, y défendre ou se désister de l’instance.

Article 220. Les actes suivants sont autorisés par le juge des tutelles lorsqu’ils
portent sur un bien d’une valeur inférieure à cinq cent mille (500.000) francs CFA
ou par le conseil de famille au-dessus de cette somme :
40
a. la renonciation à une succession ou l’acceptation pure et simple de celle-ci ;

b. l’acceptation d’une donation ou d’un legs particulier grevé d’une charge ;

c. le partage de biens appartenant indivisément à l’enfant, une décision du juge


des tutelles ou une délibération particulière du conseil de famille pouvant
imposer le partage judiciaire ;

d. l’exercice en demande ou en défense des actions relatives à des droits


extrapatrimoniaux, l’autorisation du conseil de famille étant toujours requise
en pareil cas ;

e. l’acquiescement à une demande introduite contre l’enfant pour les autres


actions ;

f. la transaction au nom de l’enfant.

Article 221. Le tuteur ne peut faire des actes de disposition au nom de l’enfant sans
y être autorisé conformément à l’article 220 ci-dessus. Il ne peut, notamment sans
cette autorisation, emprunter pour le pupille, ni aliéner ou grever des droits réels,
les immeubles, les fonds de commerce, les valeurs mobilières et autres droits
incorporels, encore moins les meubles de grande valeur ou représentant une part
importante du patrimoine pupillaire.

Article 222. L’apport en société d’un immeuble ou d’un fonds de commerce a lieu
à l’amiable.

La vente des valeurs mobilières et des meubles se fait aux conditions, prix et
stipulation déterminés dans l'acte d'autorisation.

La vente d’un immeuble ou d’un fonds de commerce peut, suivant la décision prise
dans l’acte d’autorisation, se faire de gré à gré aux prix et stipulation déterminés
dans cet acte ou sur adjudication amiable avec mise à prix fixée, le cas échéant, à
dire d’expert commis d’office par le juge des tutelles ou à la demande d’un membre
du conseil de famille. Si le conseil l’estime indispensable pour la protection des
intérêts de l’enfant, l’acte d’autorisation doit prévoir que la vente des immeubles se
fasse publiquement aux enchères en présence du subrogé tuteur.

Article 223. Dans les dix (10) jours de sa nomination, si elle a été faite en sa
présence ou du jour où elle lui a été notifiée par le greffier en chef du lieu
d’ouverture de la succession, le tuteur fait procéder par un officier public à
l’inventaire des biens de l’enfant. A défaut d’inventaire dans le délai prescrit, le
subrogé tuteur y procède lui-même sur décision du juge des tutelles et dans le délai
prescrit par lui.
41
L’inventaire est déposé par le tuteur et le subrogé tuteur au greffe du tribunal de
première instance. Copie leur en est délivrée aussitôt et sans frais par les soins du
greffier. L’inventaire fait état de tous les biens meubles et immeubles de l’enfant et
des sommes qui lui sont dues.

Si l’enfant doit quelque chose au tuteur, celui-ci devra, à peine de déchéance, le


déclarer dans l’inventaire. Le fonctionnaire public chargé de faire inventaire devra
l’avertir qu’à défaut de cette déclaration, il ne pourra plus en réclamer le paiement.
Mention de cet avertissement sera portée au bas de l’inventaire.

Tout manquement par le tuteur ou le subrogé tuteur à l’une ou l’autre de leurs


obligations engage leur responsabilité solidaire pour toutes les condamnations qui
peuvent être prononcées au profit des tiers. Le défaut d’inventaire dans les délais
prescrits autorise le pupille à faire la preuve de la consistance et de la valeur de ses
biens par tous les moyens, même par commune renommée.

Article 224. Dans le mois de l’ouverture de la tutelle, les titres et valeurs


mobilières de l’enfant sont déposés par le tuteur à un compte ouvert pour l’enfant et
portant mention de cette qualité chez un banquier ou chez un dépositaire agréé par
l’Etat. Les titres au porteur seront obligatoirement transformés en titres nominatifs.

Sont déposés dans les mêmes conditions, les titres et valeurs mobilières qui
adviennent à l’enfant en cours de tutelle, de quelque manière que ce soit, dans le
même délai d’un (01) mois à compter du jour de l’entrée en possession.

Article 225. Le tuteur ne peut donner quittance des capitaux qu’il reçoit pour le
compte du pupille qu’avec le contreseing du subrogé tuteur. Ces capitaux sont
déposés par le tuteur sur un compte ouvert au nom de l’enfant et portant mention de
cette qualité chez un banquier ou chez un dépositaire agréé par l’Etat. Ce dépôt doit
être fait dans le délai d’un (01) mois. Passé ce délai, le tuteur est de plein droit
débiteur des intérêts.

Article 226. Au vu de l’inventaire, le juge des tutelles fixe, selon l’importance du


patrimoine de l’enfant, la somme qui pourra être déposée annuellement pour
l’entretien et l’éducation du pupille. Il indiquera au tuteur qu’il devra dresser un
compte spécial des dépenses d’administration dont il pourra se faire rembourser sur
justification.

Si la somme prévue par le juge dépasse cinq cent mille (500.000) francs CFA, elle
est fixée par le conseil de famille. Celui-ci peut autoriser le tuteur à engager les
services d’un administrateur ou à passer des contrats pour la gestion des valeurs
mobilières du pupille, sous la responsabilité du tuteur.

42
Le conseil de famille fixe la somme à laquelle commence pour le tuteur l’obligation
de faire emploi des capitaux liquides de l’enfant ainsi que l’excédent de ses revenus
en déterminant soit d’avance, soit pour chaque opération, la nature des biens acquis
en emploi. Cet emploi devra être fait dans le délai fixé par le conseil de famille.
Passé ce délai, le tuteur est de plein droit comptable des intérêts. En aucun cas, les
tiers ne sont garants de l’emploi.

Article 227. Tout tuteur est comptable de sa gestion.

Il est tenu de remettre chaque année au juge des tutelles et à l’enfant discernant, un
compte provisoire de gestion contresigné par le subrogé tuteur. Le juge des tutelles
présente toutes observations utiles sur la gestion du précédent exercice et prend
toutes dispositions nécessaires pour la bonne continuation de la tutelle.

Article 228. La tutelle prend fin à la majorité ou au décès de l’enfant.

Article 229. Dans les trois (03) mois suivant la fin de la tutelle, il est établi par le
tuteur un compte définitif dont il avancera les frais. Ce compte définitif sera rendu
à l’enfant devenu majeur ou à ses héritiers, mais ne pourra être approuvé qu’en
présence du juge des tutelles et ce, un (01) mois après remise dudit compte et des
pièces justificatives.

Si le tuteur vient à cesser ses fonctions avant la fin de la tutelle, il devra rendre un
compte récapitulatif au juge des tutelles en présence du subrogé tuteur.

Article 230. Dans les comptes, il est fait cas des frais que le tuteur a avancés
personnellement et des dépenses qu’il a assumées sur ses propres deniers pour la
gestion tutélaire, si ces dépenses et frais sont justifiés.

La somme à laquelle s’élèvera le reliquat dû par le tuteur portera intérêt de plein


droit à compter du jour où la tutelle aura pris fin. Les intérêts de ce qui sera dû au
tuteur par l’enfant ne courent qu’à compter du jour de la sommation de payer
suivant l’approbation du compte.

Article 231. Est nulle toute convention passée entre le pupille devenu majeur et son
tuteur en vue de soustraire celui-ci, en tout ou partie, à la reddition de compte de
tutelle.

Article 232. L’approbation du compte de tutelle ne préjudicie point aux actions en


responsabilité qui peuvent appartenir au pupille contre le tuteur et les autres
organes de la tutelle.

L’Etat est seul responsable à l’égard du pupille du dommage résultant d’une faute
quelconque qui aurait été commise dans le fonctionnement de la tutelle par le juge
des tutelles ou son greffier.
43
Article 233. Toute action de l’enfant contre le tuteur, les organes tutélaires ou
l’Etat relativement aux faits de la tutelle se prescrit par cinq (05) ans à compter de
la date où l’enfant a atteint la majorité, lors même qu’il y aurait émancipation.

SOUS-TITRE V - L’EMANCIPATION

Article 234. L’émancipation a pour but de conférer à un enfant la capacité d’un


majeur.

Article 235. L’enfant est émancipé de plein droit par le mariage.

Il peut être émancipé volontairement par le père ou la mère s’il a atteint l’âge de
seize (16) ans révolus. Cette émancipation s’opère par la déclaration conjointe des
père et mère reçue par le juge des tutelles assisté de son greffier.

Si l’un des deux est décédé, ou dans l’impossibilité de manifester sa volonté, la


déclaration de l’autre suffit.

A défaut d’accord entre les parents, le plus diligent peut demander au juge des
tutelles de prononcer l’émancipation. Après avoir entendu l’autre parent, le juge
prononce l’émancipation s’il y a de justes motifs.

Les dispositions de l’alinéa ci-dessus s’appliquent également lorsque les père et


mère sont séparés de corps ou divorcés.

Article 236. L’enfant en tutelle peut également à l’âge de seize (16) ans accomplis,
être émancipé si le conseil de famille l’en juge capable.

La délibération du conseil de famille constituera la déclaration d’émancipation.

La convocation du conseil de famille réuni à cet effet pourra être requise par un
membre du conseil de famille ou par l’enfant lui-même si le tuteur n’a fait aucune
diligence.

Article 237. Le compte de l’administration légale ou de la tutelle, selon les cas, est
rendu à l’enfant émancipé dans les conditions prévues à l’article 229 du présent
code.

Article 238. L’enfant émancipé est capable, comme un majeur, de tous les actes de
la vie civile.

L’enfant émancipé cesse d’être sous l’autorité de ses père et mère.

44
Ceux-ci ne sont pas responsables de plein droit en leur seule qualité de père ou de
mère du dommage que l’enfant pourra causer à autrui postérieurement à son
émancipation.

Article 239. L’enfant émancipé peut faire le commerce comme un majeur, s’il y a
été autorisé spécialement selon les lois en vigueur.

TITRE II - LES DROITS DE L’ENFANT A UNE PROTECTION SPECIALE

SOUS-TITRE I - LA PROTECTION SOCIALE

CHAPITRE Ier - LE DROIT DE L’ENFANT A LA SANTE

Article 240. Tout enfant a le droit de jouir du meilleur état de santé possible y
compris l’accès aux soins de santé primaires et aux services médicaux pour
bénéficier de soins préventifs et curatifs.

Article 241. Le droit de jouir d’un meilleur état de santé de l’enfant comprend
également :

a. le droit de la femme enceinte d’avoir accès aux soins prénatals et d’être


assistée lors de l’accouchement ;

b. le droit de la femme enceinte d’une grossesse à haut risque ou d’urgence


obstétrique d’avoir accès aux services d’orientation ou de programme de
maternité à moindre risque ;

c. le droit de toute femme enceinte d’être informée à égalité avec son époux sur
la santé de la reproduction ;

d. le droit de la mère allaitante d’invoquer le bénéfice du programme de


contrôle et de promotion de la croissance qui associe la pesée régulière des
enfants de zéro (0) à cinq (05) ans à l’éducation sanitaire et nutritionnelle des
mères ;

e. le droit de tout enfant âgé de douze (12) ans, surtout la fille, d’invoquer le
bénéfice de la vaccination antitétanique obligatoire ;

f. le droit de tout enfant d’avoir des informations sur la santé de la


reproduction.

45
Article 242. Tout enfant handicapé mental ou physique ou tout enfant infecté ou
affecté par le VIH/SIDA a le droit de bénéficier de soins spéciaux correspondant à
ses besoins et dans les conditions qui garantissent sa dignité et favorisent son
autonomie et sa participation active à la vie en communauté.

Article 243. Nul enfant ne peut être soumis à des pratiques traditionnelles ou
modernes préjudiciables à son bien-être.

CHAPITRE II - LE DROIT DE L’ENFANT A LA SECURITE SOCIALE


ET A UN NIVEAU DE VIE SUFFISANT

Article 244. La sécurité sociale des enfants est organisée par les lois nationales de
prévoyance sociale notamment, le code de sécurité sociale et la loi relative aux
régimes des pensions civiles et militaires.

SECTION I - LE DROIT AUX ALIMENTS

Article 245. Tout enfant a droit à une alimentation équilibrée suffisante, à une eau
potable et à l’allaitement maternel privilégié.

Article 246. Pendant le mariage, l’obligation alimentaire pèse sur les père et mère.

Article 247. Si les père et mère ne parviennent pas à s’accorder sur ce qu’exige
l’intérêt supérieur de l’enfant en matière d’aliments, la pratique qu’ils avaient
précédemment pu observer dans les occasions semblables leur tiendra lieu de règle.

A défaut d’une telle pratique ou en cas de contestation sur son existence ou son
bien-fondé, l’époux le plus diligent pourra saisir le tribunal qui statuera par une
décision non susceptible de voies de recours, après tentative de conciliation.

Article 248. L’enfant né hors mariage, reconnu par l’un des père et mère, a le droit
de réclamer des aliments à celui qui l’a reconnu.

L’enfant né des relations adultérines de sa mère peut réclamer des aliments à son
père par le sang à la condition qu’il ait été préalablement désavoué par le père
présumé.

L’enfant né des relations adultérines de son père ne peut lui réclamer des aliments
qu’autant que celui-ci l’a reconnu.

SECTION II - LE DROIT DE L’ENFANT A UN LOGEMENT ET UN


HABILLEMENT CONVENABLES
46
Article 249. Tout enfant a droit à un logement sain.

Article 250. L’enfant ne peut, sans permission des père et mère ou tuteur, quitter la
résidence familiale et ne peut en être retiré que dans les cas où son intérêt supérieur
l’exige.

Article 251. Tout enfant a droit à des habits appropriés et en fonction du niveau de
vie de ses parents.

CHAPITRE III - LE DROIT DE L’ENFANT A L’EDUCATION ET A LA


FORMATION PROFESSIONNELLE

SECTION I - LE DROIT DE L’ENFANT A ETRE EDUQUE PAR SES


PARENTS

Article 252. Tout enfant a droit à une éducation saine et digne.

Article 253. Les parents et, le cas échéant, les tuteurs légaux ou les membres de la
famille élargie, ont par priorité, le droit de :

a. choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ;

b. choisir un établissement scolaire autre que ceux établis par les autorités
publiques sous réserve qu’il réponde aux normes minimales prescrites par
l’Etat ;

c. assurer l’éducation morale de leurs enfants conformément à leurs


convictions dans l’intérêt supérieur de ceux-ci ;

d. guider, conseiller et orienter l’enfant d’une manière qui corresponde au


développement de ses facultés.

Article 254. Les parents et, le cas échéant, les tuteurs légaux ou les membres de la
famille élargie ont le droit de soumettre l’enfant à la discipline familiale dans le
strict respect de sa dignité et de ses droits en tant qu’être humain.

SECTION II - LE DROIT DE L’ENFANT A LA SCOLARITE ET A LA


FORMATION PROFESSIONNELLE

Article 255. L’école est obligatoire pour les enfants des deux sexes jusqu’à l’âge de
quinze (15) ans.

L’Etat assure progressivement la gratuité de l’enseignement public.


47
L’Etat assure la qualité de l’enseignement.

Article 256. L’apprentissage est un mode de formation professionnelle. Il ne peut


débuter avant la fin de l’âge de la scolarité obligatoire.

Cette formation générale, théorique et pratique est assurée dans une entreprise et/ou
un centre de formation.

Elle permet à l’enfant d’acquérir les aptitudes et tours de main nécessaires à


l’exercice d’un métier.

Article 257. Pour les enfants qui auraient abandonné le système scolaire ou pour
ceux qui n’auraient pu être scolarisés, l’apprentissage peut débuter dès l’âge de
quatorze (14) ans ; il est associé pour ces derniers à une alphabétisation
fonctionnelle destinée à leur permettre d’aborder dans de meilleures conditions leur
formation.

Les conditions générales de l’apprentissage et celles du contrat d’apprentissage sont


définies par décret en conseil des ministres.

Article 258. L’enfant handicapé a le droit d’invoquer le bénéfice des programmes


spéciaux de scolarisation, d’éducation et de formation professionnelle.

Les bourses d’étude peuvent être accordées aux enfants handicapés.

Les établissements de formation et les centres d’apprentissage qui participent à la


formation de l’enfant handicapé bénéficient d’une subvention de l’Etat.

Un décret en conseil des ministres fixe les modalités d’octroi de la bourse et de la


subvention.

SECTION III - LE DROIT DE L’ENFANT AUX LOISIRS, AUX


ACTIVITES RECREATIVES ET CULTURELLES

Article 259. L’enfant a droit au repos et aux loisirs, au jeu et à la participation à des
activités culturelles et artistiques dans des conditions accessibles à tous.

Est interdit tout programme susceptible de nuire à l’épanouissement physique,


mental ou moral de l’enfant notamment les émissions à caractère pornographique et
celles incitant à la violence.

Article 260. Les programmes de chaque établissement d’enseignement préscolaire,


primaire, secondaire ainsi que ceux des centres de formation doivent intégrer
notamment les matières ci-après :
48
a. l’éducation civique, physique et sportive ;
b. la formation artistique et esthétique ;
c. l’enseignement ménager.

Les établissements d’enseignement précités prennent en compte à cette fin les avis
et suggestions des élèves et des associations de parents d’élèves.

Article 261. Les parents encouragent et aident les enfants à développer leurs talents
et dons artistiques, sportifs et autres, dans l’intérêt supérieur de l’enfant.

CHAPITRE IV - LA PROTECTION DE L’ENFANT TRAVAILLEUR

Article 262. Les enfants des deux sexes ne peuvent être employés dans aucune
entreprise, ni réaliser aucun type de travail même pour leur compte avant l’âge de
quinze (15) ans, sauf dérogation prévue par arrêté du ministre chargé du travail pris
après avis du Conseil National du Travail compte tenu des circonstances locales et
des tâches qui peuvent leur être demandées.

Les enfants de plus de quinze (15) ans peuvent effectuer des travaux légers dont la
liste est fixée par arrêté du ministre chargé du travail après avis du Conseil national
du travail. Cet arrêté précise les conditions dans lesquelles lesdits travaux peuvent
être exécutés.

Article 263. Il est interdit d’employer des enfants dans les pires formes de travail
des enfants.

Article 264. Les pires formes de travail des enfants comprennent :

a. toutes les formes d’esclavage ou pratiques analogues telles que la vente et la


traite des enfants, la servitude pour dette et le servage ainsi que le travail
forcé ou obligatoire y compris le recrutement forcé ou obligatoire des enfants
en vue de leur utilisation dans les conflits armés ;

b. l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution,


de production de matériel pornographique ou de spectacles
pornographiques ;

c. l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités


illicites, notamment pour la production et le trafic de stupéfiants, tels que les
définissent les conventions internationales pertinentes ;

d. les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils
s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité
de l’enfant.
49
Article 265. Un arrêté du ministre chargé du travail, après avis du Conseil National
du Travail, détermine les pires formes de travail des enfants et fixe la nature des
travaux et les catégories d’entreprises interdites aux enfants et l’âge limite auquel
s’applique l’interdiction.

Article 266. Toutes les questions relatives au travail des enfants et à sa


réglementation qui ne figurent pas dans le présent code sont régies par les
dispositions du code du travail et les textes réglementaires y afférents.

CHAPITRE V - L’ENFANT ET LE MARIAGE

Article 267. Le mariage des enfants est interdit. L’âge de la nuptialité est fixé à
dix-huit (18) ans révolus.

Cependant, le président du tribunal de première instance peut accorder des


dispenses aux enfants des deux sexes âgés de seize (16) ans révolus pour motifs
sérieux.

Article 268. Il est interdit aux parents et tuteur de promettre des enfants en
mariage.

Article 269. Chacun des futurs époux, même s’il est un enfant âgé de seize (16)
ans, doit consentir personnellement au mariage.

Dans le cas contraire, le mariage est nul et tout acte sexuel imposé est un viol.

Le consentement n’est point valable s’il a été extorqué par violence ou s’il a été
donné par suite d’une erreur sur l’identité physique, civile ou sur une qualité
essentielle telle que l’autre époux n’aurait pas contracté s’il avait connu l’erreur.

Article 270. L’enfant même âgé de seize (16) ans ne peut contracter mariage sans
l’autorisation de ses père et mère ou, à défaut, de la personne qui, selon la loi, a
autorité sur lui.

En cas de désaccord entre les père et mère, cette divergence emporte autorisation.

Article 271. Si l’un des père et mère est mort ou est dans l’impossibilité de
manifester sa volonté, l’autorisation de l’autre suffit.

Il ne sera pas nécessaire de produire l’acte de décès du père ou de la mère lorsque


le conjoint ou les père et mère du défunt attestent le décès sous serment.

50
Si la résidence actuelle du père ou de la mère est inconnue, il pourra être procédé à
la célébration du mariage si l’enfant et celui des père et mère qui donne son
autorisation en font la déclaration sous serment.

Article 272. En cas de refus des père et mère ou de la personne qui a autorité sur
l’enfant, tout autre parent peut saisir le tribunal de première instance du lieu de la
célébration du mariage s’il estime que le refus d’autorisation est fondé sur des
motifs contraires à l’intérêt supérieur de l’enfant.

Article 273. La responsabilité pénale des parents, de la personne ayant autorité sur
l’enfant ou des autorités requises pour recevoir le consentement et procéder à
l’enregistrement du mariage est engagée en cas de non respect de l’âge légal prévu
à l’article 267 du présent code.

De même, toute personne ayant exercé sur l’enfant une contrainte de quelque
nature que ce soit en vue de l’amener à consentir au mariage sera punie de un (01) à
trois (03) ans d’emprisonnement et d’une amende de cent mille (100.000) à un
million (1.000.000) de francs CFA.

Article 274. Les conditions de fond et de forme ainsi que les prohibitions au
mariage des enfants âgés de seize (16) ans demeurent régies par les dispositions du
code des personnes et de la famille.

SOUS-TITRE II - LA PROTECTION DE L’ENFANT EN SITUATION


DIFFICILE OU EN DANGER

Article 275. Les enfants en situation difficile ou en danger peuvent faire l’objet de
placement ou de toute autre mesure éducative.

CHAPITRE Ier - L’ENFANT EN SITUATIONS DIFFICILES OU EN


DANGER

Article 276. Peuvent être considérés comme situations difficiles ou danger pouvant
menacer la santé, le développement ou l’intégrité physique, morale ou mentale de
l’enfant :

a. la perte des parents de l’enfant qui demeure sans soutien familial ;


b. l’enfant recueilli, abandonné ou trouvé ;
c. l’exposition de l’enfant à la négligence et au vagabondage ;
d. le manque notoire et continu d’éducation et de protection ;
e. le mauvais traitement habituel de l’enfant ;
f. l’exploitation sexuelle de l’enfant, qu’il s’agisse du garçon ou de la
fille ;
g. l’exposition de l’enfant à des abus sexuels ;
h. l’exposition de l’enfant à la mendicité et son exploitation économique ;
51
i. l’exploitation de l’enfant dans des crimes organisés ;
j. l’exposition de l’enfant à un conflit ;
k. l’utilisation de l’enfant dans les conflits armés ;
l. l’exposition de l’enfant à des pratiques ayant un effet néfaste sur sa santé ou
préjudiciable à sa vie ;
m. la défaillance des parents ou de ceux qui ont la charge de l’enfant à
assurer sa protection et son éducation.

Article 277. Est considérée comme négligence, la mise en danger de l’intégrité


mentale, psychologique ou physique de l’enfant soit par :

a. son abandon par ses parents sans motif valable dans un endroit ou dans une
institution publique ou privée ;

b. l’abandon du foyer familial par les parents pendant une longue période sans
fournir à l’enfant les commodités nécessaires ;

c. le refus des deux parents de recevoir l’enfant suite à un jugement relatif à sa


garde ;

d. le refus de le soigner et de veiller à son bon traitement ;

e. le rejet affectif grave et/ou continu de l’enfant par ses parents.

Article 278. Est considéré comme enfant recueilli par une institution publique ou
privée ou par un individu, tout enfant non accompagné dont les parents, tuteurs ou
toute autre personne chargée de sa garde se sont manifestement désintéressés
depuis plus d’un (01) an ou tout enfant en danger ou en situation difficile.

Cet enfant peut être déclaré abandonné par le juge des enfants, à moins qu’un
parent n’ait demandé dans les mêmes délais d’en assurer la charge et que le juge
des enfants n’ait jugé cette demande conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant.

Article 279. Est considéré comme enfant trouvé tout enfant recueilli par un
individu, une institution publique ou privée, dont les père et mère n’ont pu être
identifiés.

Article 280. Est considéré comme enfant en situation de vagabondage tout enfant
laissé sans contrôle, ni suivi, ni formation, en raison du refus ou de la défaillance de
celui qui est chargé de son éducation ou de sa garde de :

a. l’inscrire dans un établissement de formation ou d’apprentissage reconnu par


le système éducatif national ;

52
b. d’assumer les obligations prévues aux articles 149 et suivants du présent
code.

Article 281. Est considéré comme cas de défaillance des parents, du tuteur ou de la
personne chargée de la garde ou de la protection nécessitant le placement ou toute
autre mesure éducative, tout changement de comportement d’un enfant mettant en
échec le contrôle et le suivi de ceux-ci.

Article 282. Est considéré comme enfant de la rue, tout enfant qui passe tout son
temps dans la rue, travaillant ou pas, et qui entretient peu ou pas de rapports avec
ses parents, tuteurs ou la personne chargée de sa garde ou de sa protection. La rue
demeure le cadre exclusif et permanent de vie de cet enfant et la source de ses
moyens d’existence.

Article 283. Est considéré comme enfant dans la rue, tout enfant qui passe une
majeure partie de son temps dans la rue, travaillant ou pas, et qui entretient avec ses
parents, tuteurs ou la personne chargée de sa garde ou de sa protection des relations
ou non.

Article 284. Aux termes du présent code, la rue signifie un endroit quelconque
autre qu’une famille ou une institution d’accueil, tel un édifice public ou privé,
comprenant bâtiments, cours, trottoirs.

CHAPITRE II - LES MODALITES

Article 285. Le juge des enfants est saisi de la situation de l’enfant menacé, suite à
une demande écrite ou non émanant :

a. conjointement des parents ou de l’un d’eux ;


b. du tuteur ou du gardien de l’enfant ;
c. du ministère public ;
d. de l’assistance sociale près le tribunal de première instance ou de tout autre
service en charge de la protection de l’enfance ;
e. de tout organisme de défense ou de protection des droits de l’enfant ;
f. de l’enfant lui-même ;
g. des institutions publiques ou privées ;
h. des individus qui ont recueilli l’enfant abandonné.

Le juge des enfants peut se saisir d’office dans les cas prévus à l’article 276 du
présent code.

Article 286. Le juge des enfants reçoit les informations et les rapports, assure la
collecte des données et convoque toute personne utile pour éclairer la situation
réelle de l’enfant.

53
Il peut se faire aider dans ses tâches par les agents des services publics chargés de
l’enfant et de l’action sociale de son ressort.

Article 287. Le juge des enfants avant de statuer peut autoriser une mesure
provisoire, suite à un rapport émanant des services sociaux chargés de la protection
de l’enfance, concernant la nécessité d’éloigner l’enfant de sa famille pour
sauvegarder son intérêt. Cette mesure provisoire est révisée mensuellement.

Article 288. Lorsque le juge des enfants confie au service social ayant la charge du
dossier de l’enfant menacé, la mission de poursuivre les investigations et la collecte
des données sur la situation réelle de l’enfant et de déterminer ses besoins, ce
dernier sera tenu de présenter son rapport de mission dans un délai ne pouvant
excéder un (01) mois, hormis les cas où l’intérêt de l’enfant nécessite une
prolongation qui sera accordée par le juge des enfants.

Article 289. Le juge des enfants peut charger les autorités de police ou de
gendarmerie de la collecte des informations concernant la conduite et le
comportement de l’enfant. Il peut également ordonner un examen médical ou
psycho clinique de l’enfant ou tout procédé jugé nécessaire pour déterminer ses
besoins.

Article 290. Le juge des enfants apprécie souverainement les résultats des
recherches et rapports qui lui sont soumis.

Lorsque l’intérêt supérieur de l’enfant l’exige, le juge des enfants peut prendre la
décision provisoire de l’éloigner de sa famille et autoriser à le soumettre au régime
de la tutelle, tout en obligeant ses parents à participer à la prise en charge de ses
dépenses conformément à l’article 298 du présent code.

La mesure édictée est exécutée nonobstant appel ou opposition.

Article 291. Le juge des enfants procède à l’audition de l’enfant, de ses parents,
tuteur ou gardien.

Il reçoit les observations du représentant du ministère public, des services sociaux,


et en cas de besoin de l’avocat. Il peut décider des plaidoiries hors la présence de
l’enfant, si l’intérêt de celui-ci le requiert. Dans ce cas, le représentant de l’enfant
doit participer à l’audience.

Article 292. Le juge des enfants peut prononcer pour un délai précis les mesures
suivantes :

a. maintenir l’enfant auprès de sa famille sous la responsabilité parentale ;

54
b. maintenir l’enfant auprès de sa famille et responsabiliser le service social
ayant la charge du dossier de l’enfant, pour le suivi de celui-ci, et pour
l’appui et l’orientation en direction de la famille ;

c. soumettre l’enfant à un contrôle médical ou psychique et/ou le confier à


un établissement médical ou psycho éducatif ;

d. mettre l’enfant sous le régime de la tutelle ou le confier à une famille ou à


une institution d’éducation spécialisée publique ou privée, à une
institution éducative de protection ou de rééducation appropriée ;

e. placer l’enfant dans un centre de formation approprié ou un établissement


scolaire ;

f. prendre, à l’égard de l’enfant trouvé, lorsqu’il est informé par les


institutions publiques ou privées ou les individus ayant recueilli l’enfant,
des mesures provisoires de garde et de protection.

CHAPITRE III - LES RECOURS

Article 293. Les décisions du juge des enfants sont susceptibles de recours, à
l’exception de celles ayant fait l’objet de révision.

Le droit d’appel et d’opposition appartient à l’enfant, qui peut l’exercer lui-même


ou par son représentant légal ou son conseil, au service social, aux parents, tuteur
ou gardien de l’enfant. L’appel est adressé au tribunal pour enfants dans les quinze
(15) jours qui suivent le prononcé des mesures.

La cour d’appel est compétente, conformément aux dispositions des articles 339 et
suivants du présent code, pour connaître de l’appel contre les mesures prises par le
tribunal pour enfants. Elle statue dans un délai de quarante cinq (45) jours à partir
de la date de sa saisine.

Le pourvoi est examiné par la cour suprême suivant les forme et délai du droit
commun.

Article 294. Les mesures édictées par le juge des enfants sont exécutoires
nonobstant appel ou opposition.

CHAPITRE IV - LE SUIVI ET LA REVISION

Article 295. Le juge des enfants est tenu de suivre l’exécution de toutes les
mesures et dispositions qu’il a prises concernant l’enfant. Il sera aidé en cela par les
services sociaux près les tribunaux de première instance et autres institutions
chargées de la protection de l’enfant.
55
Article 296. Le juge des enfants, en considération de l’intérêt supérieur de l’enfant,
peut réviser les mesures et les dispositions qu’il a prises à l’encontre de l’enfant.

La demande de révision est présentée par le tuteur ou gardien de l’enfant ou par


l’enfant lui-même lorsqu’il est capable de discernement.

Article 297. Le juge des enfants statue sur la demande de révision dans les quinze
(15) jours qui suivent sa présentation et suivant la procédure mentionnée à l’article
291 du présent code.

Les décisions de révision ne sont susceptibles d’aucune voie de recours.

Article 298. Les frais occasionnés par les mesures d’assistance éducative sont, dans
tous les cas, à la charge des parents non indigents, auxquels des aliments peuvent
être réclamés.

Lorsque l’un d’eux exerce une profession ou un emploi, le simple avis de la


décision prise par le juge des enfants ou le tribunal pour enfants notifié à
l’employeur ou à l’organisme payeur vaut saisie attribution des créances dans le
respect de la loi.

Cet avis impose le paiement direct au profit de la personne ou de l’institution


assurant l’assistance éducative, médicale ou psycho-éducative.

Article 299. La liste des familles et institutions habilitées à prendre en charge les
enfants sera établie conjointement par les ministères chargés de la justice et de la
protection de l’enfance.

SOUS-TITRE III - LA PROTECTION DE L’ENFANT AUTEUR


D’INFRACTION

CHAPITRE Ier LES PROCEDURES CONCERNANT L’ENFANT AUTEUR


D’INFRACTION

SECTION I - LES PRINCIPES

Article 300. Tout enfant suspecté, prévenu ou accusé d’infraction à la loi pénale est
présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d’un procès
qui lui offre les garanties indispensables à sa défense.

Il a droit à ce que sa cause soit entendue et tranchée équitablement dans un délai


raisonnable par une juridiction impartiale et indépendante.

56
Article 301. Tout enfant suspecté d’infraction à la loi pénale a le droit de bénéficier
d’un traitement qui préserve sa dignité, sa santé physique et mentale et qui aide à sa
réinsertion sociale.

Article 302. Les enfants de quatorze (14) ans sont pénalement irresponsables. Le
juge des enfants et le tribunal pour enfants peuvent prendre à leur égard, sur
réquisition du ministère public, des mesures de protection judiciaire.

SECTION II - L’ENQUETE PRELIMINAIRE

Article 303. Tout enfant suspecté d’une infraction à la loi pénale doit être
immédiatement informé des charges retenues contre lui.

Il a le droit de se faire assister d’un conseil au stade de l’enquête préliminaire et de


faire valoir ses opinions par son entremise à toutes les étapes de la procédure.

Article 304. Pour les besoins des mesures de protection judiciaire, l’enfant de
quatorze (14) ans peut être auditionné. Toutefois, cette audition ne peut excéder
quatre (04) heures d’affilée. Elle doit être entrecoupée d’au moins trois (03) pauses
de quinze (15) minutes.

Aucune mesure de garde à vue ne peut être prise concernant un enfant de quatorze
(14) ans. Il doit être conduit devant le procureur de la République, une fois son
audition terminée.

Article 305. L’audition d’un enfant de plus de quatorze (14) ans ne peut excéder
cinq (05) heures d’affilée. Elle doit être entrecoupée d’au moins deux (02) pauses
de quinze (15) minutes.

Si, pour les nécessités de l’enquête, l’officier de police judiciaire est amené à
garder à sa disposition un enfant âgé de plus de quatorze (14) ans contre lequel il
existe des indices graves et concordants de nature à motiver son inculpation, il ne
peut le retenir plus de vingt (20) heures.

Le délai prévu à l’alinéa précédent peut être prolongé d’un nouveau délai de dix
(10) heures par autorisation du procureur de la République.

Article 306. La décision de mise en garde à vue est immédiatement notifiée à


l’enfant et à ses parents, son tuteur ou son représentant légal qui doivent être
informés, dans l’heure qui suit la décision de mise en garde à vue.

Le procureur de la République est immédiatement informé aux fins de désignation


d’un avocat d’office.

57
Article 307. Pendant la durée de la garde à vue, un représentant d’une institution de
protection de l’enfance agréée doit être appelé pour assister l’enfant dont le parent,
le tuteur ou le représentant légal n’a pu être informé.

Article 308. L’enfant, à sa demande ou celle de ses parents, de son tuteur, de son
représentant légal ou du représentant d’une institution de protection de l’enfance
agréée, peut être soumis à un examen médical.
Article 309. Dans tout local de police susceptible de recevoir un enfant gardé à
vue, il sera tenu un registre spécial sur lequel figureront le nom, le prénom, l’âge de
l’enfant, l’adresse de ses parents, de son tuteur ou de son représentant légal, le jour
et l’heure de son entrée, le jour et l’heure de sa sortie.

Les mentions ci-dessus sont émargées par l’enfant, ses parents, son tuteur ou son
représentant légal et, en cas d’impossibilité de signer, il est fait mention sur le
registre.

Le registre sera présenté à toute réquisition du ministère public.

Article 310. Chaque fois que cela est possible, le ministère public évitera à l’enfant
la détention en recourant à la médiation pénale.

SECTION III - LA MEDIATION PENALE

Article 311. La médiation est un mécanisme qui vise à conclure une conciliation
entre l’enfant auteur d’une infraction ou son représentant légal et la victime ou son
représentant légal ou ses ayants droit.

La médiation a pour objectif d’arrêter les effets des poursuites pénales, d’assurer la
réparation du dommage causé à la victime, de mettre fin au trouble résultant de
l’infraction et de contribuer au reclassement de l’auteur de l’infraction.

La médiation est conclue sur la base d’une ou plusieurs des mesures de rechange,
notamment :

a. indemnisation ;
b. réparation matérielle ;
c. restitution des biens volés ;
d. travaux d’intérêt général ;
e. excuses expresses présentées de façon verbale ou écrite à la victime ;
f. réparation des dommages causés à une propriété.

Article 312. La décision de recourir à la médiation appartient au procureur de la


République.

58
Elle doit intervenir au plus tard dans les vingt-quatre (24) heures qui suivent la
présentation de l’enfant au parquet.

L’enfant ou la victime, ou leur représentant légal respectif, peut en faire la


demande. En cas de requête conjointe, la médiation ne peut être refusée aux
requérants.

La médiation n’est pas permise si l’enfant est poursuivi pour crime, délit sexuel ou
infraction d’atteinte aux biens publics.

Article 313. La requête de la médiation est présentée au procureur de la République


soit par l’enfant soit par son représentant légal.

Le procureur de la République peut, dans tous les cas, procéder lui-même à la


médiation pénale ou déléguer tout ou partie de la tâche à un médiateur pénal
désigné par ses soins parmi les fonctionnaires des services en charge de l’enfance
ou de l’action sociale ou les personnalités de la société civile dont l’intérêt pour
l’enfance et les aptitudes sont reconnus.

Avant d’entamer sa mission, le médiateur pénal prête, et par écrit remis au


procureur de la République, le serment de s’exécuter avec « honneur, probité et
neutralité et de garder en toutes circonstances le secret en ce qui concerne les faits
qui lui sont soumis ».

Article 314. Le médiateur pénal a pour mission d’aider les parties en litige à
trouver une solution acceptée par elles et qui ne doit être contraire ni à l’ordre
public, ni aux bonnes mœurs. Le médiateur pénal contrôle, si nécessaire, la bonne
exécution des engagements.

La tentative de médiation pénale doit intervenir dans les vingt et un (21) jours de la
saisine du médiateur. Le procès-verbal constatant l’accord ainsi que le rapport du
médiateur dressé à cet effet sont transmis immédiatement au procureur de la
République qui, dans un délai de cinq (05) jours, les soumet au président du
tribunal pour enfants pour homologation.

En cas d’échec de la médiation pénale, le médiateur adresse son rapport au


procureur de la République. Ce dernier apprécie souverainement l’opportunité
d’engager des poursuites.

Article 315. L’acte de médiation, qui s’impose à tous, est exonéré des frais
d’enregistrement et des timbres.

Article 316. Les frais de la médiation sont avancés par le Trésor public comme en
matière de protection judiciaire de la jeunesse.

59
SECTION IV - LE JUGE DES ENFANTS

Article 317. Dans chaque tribunal de première instance, un juge nommé par décret
en conseil des ministres sur proposition du conseil supérieur de la magistrature
exerce les fonctions de juge des enfants.

Un juge suppléant est nommé dans les mêmes conditions.

PARAGRAPHE 1 - L’INSTRUCTION DEVANT LE JUGE DES ENFANTS

Article 318. Lorsqu’ils sont prévenus d’infraction à la loi pénale, les enfants âgés
de plus de quatorze (14) ans au moment des faits sont déférés au juge des enfants
au plus tard dans les quarante huit (48) heures suivant leur présentation au
procureur de la République.

Ils peuvent être entendus et confrontés par le juge de droit commun s’ils sont
impliqués avec des auteurs ou complices de plus de dix-huit (18) ans. Dans ce cas,
l’action civile dirigée contre les enfants et leurs parents ou commettants est portée
devant la juridiction de droit commun qui, au besoin, sursoit à statuer jusqu’à ce
que la juridiction compétente pour enfants ait statué sur l’action publique.

Article 319. Le juge des enfants est saisi sur réquisitoire écrit du ministère public.
Il peut aussi être saisi sur plainte avec constitution de partie civile. Dans ce cas, le
ministère public doit conclure sur la recevabilité de la plainte.

Sont compétents le juge de la résidence habituelle de l’enfant, celui du lieu de


l’infraction et celui du lieu où l’enfant a été trouvé.

Le ministère public requiert, en cas de conflit de compétence, le dessaisissement au


profit du juge le mieux placé pour organiser et surveiller les mesures éducatives
envisagées.

Sauf pour une bonne administration de la justice, le cas des enfants co-inculpés doit
être disjoint afin que chacun soit renvoyé devant le juge de sa résidence habituelle.

Article 320. Lorsqu’il ne possède pas de renseignements suffisants sur la


personnalité de l’enfant et si la preuve des faits n’apparaît pas suffisante, le juge
des enfants procède à une enquête. Il peut, à cet effet, charger un service de police
judiciaire de procéder à l’audition de l’enfant, des parents et des témoins.

Il peut déléguer un travailleur social ou une personne qualifiée pour recueillir des
renseignements sur l’enfant et son milieu de vie, pour procéder à des examens
médicaux ou psychologiques ou à des consultations d’orientation éducative ou
professionnelle.
60
Article 321. Lorsqu’il n’existe aucun service spécialement organisé à cet effet
auprès du tribunal, le juge peut désigner pour effectuer ladite enquête toute
personne qui lui semble qualifiée.

Les frais d’enquête sont réglés comme frais de justice criminelle.

Article 322. Après avoir entendu l’enfant, le juge peut décider de le confier
provisoirement à un service d’accueil, d’observation, d’éducation ou de soins ou à
une personne digne de confiance.

Le juge est tenu de suivre l’exécution des mesures provisoires qu’il a ordonnées. Il
désigne à cet effet un travailleur social chargé de lui présenter des rapports verbaux
ou écrits tous les quinze (15) jours.

Article 323. Si la personnalité de l’enfant et les circonstances le rendent nécessaire,


le juge des enfants peut ordonner que l’enfant âgé de quinze (15) ans au moment où
il statue sera placé provisoirement dans un quartier réservé d’un établissement
pénitentiaire ou dans un local de sûreté pour mineurs approprié.

La durée du placement provisoire ne peut excéder trois (03) mois pour les délits et
douze (12) mois pour les crimes.

Article 324. La décision de placement provisoire est notifiée dans les meilleurs
délais aux parents.

Les parents peuvent, dans la huitaine de cette notification, demander la main levée
de la mesure provisoire. La décision de main levée ou de refus de main levée est
notifiée à l’enfant, aux parents et au ministère public qui peuvent en relever appel
dans la huitaine de cette notification, par déclaration au greffe du tribunal pour
enfants.

Le dossier de la procédure est transmis au procureur général qui met l’affaire en


l’état dans les soixante-douze (72) heures. La chambre d’accusation statue dans les
dix (10) jours de la réception du dossier au greffe de la cour.

Article 325. Son enquête achevée, le juge des enfants, peut selon le cas :

a. constater que l’infraction n’est pas caractérisée ou que l’enfant bénéficie


d’un fait justificatif ou d’une cause de non imputabilité et ordonne le
classement de la procédure ;

b. renvoyer la cause à son audience de cabinet où il statuera comme juge


unique ;

61
c. renvoyer la cause à l’audience du tribunal pour enfants qu’il préside, si
l’infraction est qualifiée crime par la loi pénale ou si, malgré de précédentes
mesures éducatives, l’enfant manifeste une persistance grave dans la
délinquance.

La décision de classement ou de renvoi est notifiée à l’enfant, à ses parents, tuteur


ou gardien, à la partie civile et au ministère public à la diligence du greffier, par
lettre administrative ou postale avec accusé de réception.

La notification de la décision est accompagnée de la convocation pour l’audience.

La victime et les témoins ou personnes dont l’audition paraît utile à la cause sont
convoqués dans les mêmes conditions à l’audience.

PARAGRAPHE 2 - L’AUDIENCE DU JUGE DES ENFANTS

Article 326. Le juge des enfants siège en son cabinet assisté d’un greffier. Le
ministère public peut assister à l’audience et y requérir ou déposer des réquisitions
écrites.

Le juge entend séparément ou contradictoirement l’enfant, ses parents, tuteur ou


gardien. Il peut demander à l’enfant de se retirer pendant la déposition d’un
membre de la famille ou d’un expert ou travailleur social lié par le secret
professionnel. Dans ce cas, l’avocat de l’enfant assiste à la déposition en étant lié
par le secret révélé, même vis-à-vis de l’enfant et de sa famille.

Article 327. Si l’enfant a déjà comparu personnellement au cours de l’enquête


devant le juge, celui-ci peut le dispenser de comparaître à nouveau et entendre
seulement les autres parties.

Aucun enfant ne peut être jugé sans avoir été personnellement entendu par le juge
au cours de la procédure. Au besoin, le juge s’assure de la personne de l’enfant
selon les dispositions du code de procédure pénale.

Article 328. Si le juge estime établis les faits de la prévention, il proclame la


culpabilité de l’enfant et prend la mesure éducative appropriée suivant la
personnalité de l’enfant et les circonstances de la cause.

Il peut notamment :

a. remettre l’enfant, pour la durée qu’il détermine, à un établissement


d’éducation, de formation professionnelle ou de soins ;

b. remettre l’enfant à ses parents ou à une personne digne de confiance en le


plaçant pour la durée qu’il détermine sous le régime de la liberté surveillée ;
62
c. admonester l’enfant en lui indiquant un acte réparateur à accomplir ;

d. prononcer une amende en rapport avec les ressources de l’enfant et de ses


parents qui ne peut, en aucun cas, dépasser la moitié du taux de l’amende
applicable pour l’infraction poursuivie à un prévenu majeur.

Le juge statue, le cas échéant, sur les demandes des parties civiles et ordonne les
restitutions d’objets saisis.

La durée de la mesure éducative prise ne peut aller au-delà d’un (01) an après la
majorité de l’enfant.

Article 329. Le juge des enfants fixe la part contributive des parents aux frais de la
mesure éducative prononcée lorsqu’ils ne peuvent en supporter la totalité.

Dans ce cas, les frais sont avancés par le Trésor public comme en matière de
protection judiciaire de la jeunesse.

Article 330. Une copie du jugement est remise à l’enfant, aux parents, tuteur ou
gardien s’il comporte un retrait de l’enfant de son milieu familial ou une mise en
liberté surveillée.

Copie est également remise par le greffier au responsable du service ou


établissement, ou à la personne chargée de l’application de la mesure de placement
ou de surveillance.

Le jugement est exécutoire nonobstant appel.

SECTION V - LE TRIBUNAL POUR ENFANTS

PARAGRAPHE 1 – LA COMPOSITION DU TRIBUNAL POUR ENFANTS

Article 331. Le tribunal pour enfants est composé du juge des enfants et de deux
assesseurs désignés par arrêté du ministre chargé de la justice, sur proposition du
président de la cour d’appel parmi les personnes s’étant signalées par leurs
compétences et leur intérêt pour l’éducation de la jeunesse.

Le tribunal pour enfants est présidé par le juge des enfants.

Il est assisté d’un greffier.

Les fonctions du ministère public sont exercées par le procureur de la République


ou par l’un de ses substituts.

63
Article 332. Il est désigné pour chaque tribunal pour enfants deux assesseurs
titulaires et deux assesseurs suppléants. Leur mandat est de deux (02) ans
renouvelable.

Les assesseurs perçoivent une indemnité de vacation pour les audiences auxquelles
ils siègent, selon les modalités définies par arrêté du ministre chargé de la justice.

Article 333. Avant d’entrer en fonction, les assesseurs qui débutent leur premier
mandat prêtent serment devant la cour d’appel « de bien et fidèlement remplir leurs
fonctions, de juger en leur âme et conscience et de garder religieusement le secret
des délibérations. »

Le procès-verbal de prestation de serment établi par le greffier de la cour, est


conservé au greffe. Une expédition est adressée au président du tribunal pour
enfants.

PARAGRAPHE 2 - L’AUDIENCE DU TRIBUNAL POUR ENFANTS

Article 334. Le tribunal pour enfants tient des audiences non publiques auxquelles
sont admis outre l’enfant, ses parents, les témoins, les parties civiles, les experts et
les travailleurs sociaux ayant connu l’enfant ou appelés à participer aux mesures
éducatives envisagées.

Le ministère public, lorsqu’il n’est pas présent à l’audience, dépose des


réquisitoires écrits dans chaque affaire.

Les dispositions des articles 326 alinéa 2 et 327 du présent code sont applicables à
la procédure suivie devant le tribunal pour enfants.

Article 335. Si le tribunal retient la culpabilité de l’enfant prévenu, il prend à son


égard l’une des mesures prévues à l’article 328 du présent code et statue sur
l’action civile et les restitutions.

Article 336. Si l’infraction est qualifiée de crime par la loi pénale ou si l’enfant est
en état de récidive après avoir bénéficié de mesures éducatives, le tribunal pourra,
par une décision spécialement motivée, prononcer une peine d’emprisonnement
contre l’enfant ayant dépassé l’âge de seize (16) ans au jour du jugement, sans que
cette peine puisse excéder la moitié du maximum applicable aux délinquants
majeurs ou dépasser un total de dix (10) ans d’emprisonnement.

Cet emprisonnement sera exécuté dans un établissement approprié ou dans un


quartier réservé pour éviter tout contact avec les détenus majeurs.

Chaque fois que possible, le tribunal évitera de prononcer une peine


d’emprisonnement ferme.
64
SECTION VI - LES INSTANCES MODIFICATIVES

Article 337. Les mesures de placement ou de surveillance prises par le juge ou le


tribunal font l’objet de comptes rendus adressés périodiquement au juge des enfants
par l’établissement, le service ou la personne chargée de leur exécution.

Ces derniers peuvent proposer, soit d’abréger, soit de prolonger la mesure, soit de
substituer à la mesure ordonnée une autre mesure de placement ou de surveillance
plus adaptée à l’évolution de l’enfant et de sa famille.

L’établissement, le service ou la personne chargée des mesures de placement ou de


surveillance prises par le juge ou le tribunal fera des comptes rendus au juge des
enfants selon la périodicité fixée par la décision.

Article 338. La proposition de modification de la mesure de placement ou de


surveillance est communiquée pour avis au ministère public.

L’instance modificative est soumise à la même juridiction et à la même procédure


que l’instance initiale.

SECTION VII - LES VOIES DE RECOURS

Article 339. Les décisions du juge des enfants et du tribunal pour enfants peuvent
être frappées d’appel.

L’appel doit être formulé par écrit au greffe du tribunal pour enfants dans les
quinze (15) jours du prononcé du jugement ou de sa notification si la partie a été
dispensée de comparaître personnellement.

Article 340. Un magistrat de la cour d’appel désigné chaque année par le président
de la cour est chargée de présenter un rapport dans les affaires d’enfants auteurs
d’infraction.

Les dispositions de l’article 334 du présent code sont applicables à la procédure


devant la cour d’appel.

Article 341. Les dispositions des articles 337 et 338 du présent code sont
applicables aux mesures de placement ou de surveillance prises par la cour d’appel,
qui sont exécutoires nonobstant pourvoi en cassation.

Article 342. Les arrêts de la cour d’appel concernant les enfants peuvent faire
l’objet de pourvoi en cassation, selon les forme et délai de droit commun.

65
SECTION VIII - LES DISPOSITIONS DIVERSES

Article 343. Les jugements des juridictions pour enfants sont dispensés du droit
d’enregistrement.

Il ne peut en être fait mention sur le bulletin n°3 du casier judiciaire remis aux
intéressés.

Article 344. La presse ne peut reproduire les débats des juridictions pour enfants.
En rendant compte des jugements rendus, elle ne peut citer les noms des enfants en
cause ou donner des références permettant de les identifier.

Article 345. Lorsque, à la suite d’une décision prise en vertu des dispositions
relatives à l’enfant auteur d’infraction, la rééducation de celui-ci apparaît comme
acquise, le tribunal pour enfants peut, après expiration d’un délai de cinq (05) ans à
compter de ladite décision et même si l’enfant a atteint sa majorité, décider à la
requête de l’enfant, à celle du ministère public ou d’office, la suppression au casier
judiciaire du bulletin concernant la décision dont il s’agit. En la matière, le juge des
enfants statue en dernier ressort.

Lorsque la suppression du bulletin a été prononcée, la mention de la décision


initiale ne doit pas figurer au casier judiciaire de l’intéressé. Le bulletin afférent à
ladite décision est détruit.

Le tribunal de la poursuite initiale, celui du domicile actuel de l’enfant et celui du


lieu de sa naissance sont compétents pour connaître de la requête.

Article 346. Le ministre chargé de la justice, après consultation du comité national


de protection et de promotion des droits de l’enfant, détermine par arrêté les
modalités de financement des établissements recevant en garde des enfants
délinquants et la rémunération des personnes qualifiées pour recevoir des enfants et
assurer leur surveillance.

Il fixe par arrêté le tarif et le mode de rémunération des enquêtes, consultations ou


examens confiés à des services ou des personnes privées agréées.

CHAPITRE II - L’ENFANT AUTEUR D’INFRACTION ET


L’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE

Article 347. Aucun enfant détenu ou emprisonné, arrêté ou privé de sa liberté ne


sera soumis à la torture, à des traitements, châtiments inhumains ou dégradants.

66
Tout enfant auteur d’infraction privé de sa liberté a le droit d’être traité avec
humanité et le respect dû à la dignité de la personne humaine et d’une manière
prenant en compte les besoins des personnes de son âge.

Article 348. Dans les lieux de détention ou d’emprisonnement, les enfants auteurs
d’infraction doivent être séparés des adultes et détenus dans des établissements
distincts ou dans une partie distincte d’un établissement qui abrite également les
adultes.

L’administration pénitentiaire doit veiller à séparer les enfants en fonction de la


gravité de l’infraction commise.

Article 349. Les enfants auteurs d’infraction placés en institution y compris ceux
qui sont en détention préventive, recevront l’aide, la protection et toute l’assistance
sur le plan social, éducatif, professionnel, juridique, psychologique, médical et
physique nécessaires et dans l’intérêt de leur développement harmonieux.

Article 350. Dans les lieux de détention ou d’emprisonnement, les enfants auteurs
d’infraction ont le droit de rester en contact avec leurs parents ou tuteur par la
correspondance et des visites, sauf circonstances exceptionnelles laissées à
l’appréciation du juge des enfants.

CHAPITRE III - L’ENFANT AUTEUR D’INFRACTION


ET LES INSTITUTIONS PRIVEES

Article 351. Les institutions privées telles que les organisations non
gouvernementales (ONG), les associations et autres groupements privés peuvent
collaborer avec le juge des enfants à la protection de l’enfant en conflit avec la loi.

Article 352. Les institutions privées de protection de l’enfant en conflit avec la loi
peuvent proposer au juge des enfants la substitution de la détention préventive ou
l’emprisonnement par les mesures ci-après assumées par elles-mêmes :

a. surveillance étroite de l’enfant auteur d’infraction ;

b. placement de l’enfant auteur d’infraction dans un établissement


ou un foyer éducatif ;

c. placement de l’enfant auteur d’infraction dans une famille.

SOUS-TITRE IV - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE LES


VIOLENCES

67
CHAPITRE Ier - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE LA
VIOLENCE PHYSIQUE OU MORALE EN MILIEU FAMILIAL,
SCOLAIRE OU INSTITUTIONNEL

Article 353. L’Etat protège l’enfant contre toute forme de violence y compris les
sévices sexuels, les atteintes ou brutalités physiques ou mentales, l’abandon ou la
négligence, les mauvais traitements perpétrés par ses parents ou par toute autre
personne ayant autorité sur lui ou sa garde.

Article 354. Dans l’application des dispositions du présent chapitre, le juge tient
compte des nécessités liées à la préservation du tissu familial, des droits de l’enfant
à une famille et aux aliments, pour faire jouer en faveur des deux parents :

a. le sursis ;
b. le pardon judiciaire ;
c. les circonstances atténuantes ;
d. les mesures de sûreté.

SECTION I - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE LA VIOLENCE


PHYSIQUE, SEXUELLE OU MORALE AU SEIN DE LA FAMILLE

Article 355. Lorsque les personnes visées à l’article 353 du présent code ont exercé
des violences ou voies de fait sur la personne d’un enfant de moins de quinze (15)
ans, elles sont punies de six (06) mois à cinq (05) ans d’emprisonnement si ces
violences ou voies de fait ont entraîné une incapacité de travail personnel
médicalement constatée, comprise entre dix (10) jours et trois (03) mois.

Article 356. Les punitions n’ayant pas entraîné une incapacité de travail personnel
médicalement constatée supérieure à dix (10) jours sont passibles d’une amende de
dix mille (10.000) à trente mille (30.000) francs CFA.

Si les violences légères visées à l’alinéa précédent ont un caractère répété, les
peines encourues seront portées au double et sept (07) jours de travail pénal ou
l’une de ces deux peines seulement.

Article 357. Les maltraitances physiques et psychologiques, les châtiments


corporels, la privation volontaire de soins ou d’aliments sont punis des peines
prévues à l’alinéa 2 de l’article 356 ci-dessus.

Article 358. Si les violences ou voies de fait sans intention homicide ont cependant
entraîné la mort, la peine est de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion criminelle.

La peine pourra être portée à vingt (20) ans de réclusion si les coups mortels ont été
donnés de concert par plusieurs parents sur un enfant âgé de moins de quinze (15)
ans.
68
Article 359. Est qualifié d’infanticide le meurtre d’un enfant âgé de moins de
quinze (15) ans.

Le père ou la mère, auteur principal ou complice d’infanticide sur la personne de


son enfant, est puni de cinq (05) à vingt (20) ans de réclusion criminelle sans que
cette disposition puisse bénéficier au co-auteur ou complice.

Article 360. Toutes les formes de mutilations génitales féminines (MGF) sont
interdites.

Toute ablation partielle ou totale des organes génitaux externes des fillettes âgées
de moins de dix-huit (18) ans ou toute autre opération concernant ces organes sont
punies conformément à la loi relative aux mutilations génitales féminines.

Toutefois, l’exemption prévue à l’alinéa 2 de l’article 6 de ladite loi est inopérante


dans ce cas.

Article 361. Quiconque, par des méthodes traditionnelles ou modernes, aura


pratiqué ou favorisé les mutilations génitales féminines ou y aura participé se rend
coupable de violences volontaires sur la personne de l’excisée.

Article 362. Toute personne qui se sera rendue coupable de violences volontaires
au sens de l’article précédent sera punie de deux (02) ans à cinq (05) ans
d’emprisonnement et d’une amende de cent mille (100.000) à un million
(1.000.000) de francs CFA ou de l’une de ces deux peines.

La peine sera portée au double en cas de récidive.

Article 363. Si les mutilations ont entraîné la mort de la victime, les coupables
seront punis de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion.

Article 364. Sera puni d’un (01) mois à un (01) an d’emprisonnement ou d’une
amende de vingt mille (20.000) à cinq cent mille (500.000) francs CFA celui qui,
ayant connaissance d’une excision déjà tentée ou pratiquée alors qu’on pouvait
penser que les coupables ou l’un d’eux pratiqueraient de nouvelles mutilations
génitales féminines qu’une dénonciation pourrait prévenir, n’aura pas aussitôt
averti les autorités publiques.

Article 365. Les responsables des structures sanitaires tant publiques que privées
sont tenus de faire assurer aux victimes de mutilations génitales
féminines accueillies dans leurs centres ou établissements les soins les plus
appropriés.

69
Les autorités publiques compétentes sont informées sans délai afin de leur
permettre de suivre l’évolution de l’état de la victime et de diligenter les poursuites
prévues par la loi.

Article 366. Constitue l’inceste sur un enfant le fait d’avoir des rapports sexuels
avec ses ascendants ou descendants sans limitation de degré ou avec un frère ou
une sœur germain, consanguin ou utérin.

L’inceste commis sur un enfant est puni d’un emprisonnement de deux (02) à cinq
(05) ans et d’une amende de cent mille (100.000) à un million (1.000.000) de francs
CFA.

Lorsque la victime est un enfant de moins de quinze (15) ans, le maximum de la


peine sera prononcé.

SECTION II - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE


L’ABANDON ET LA NEGLIGENCE

Article 367. Sera puni de deux (02) mois à deux (02) ans d’emprisonnement tout
parent qui, sans motif grave, reste plus de deux (02) mois sans acquitter le montant
de la pension alimentaire à laquelle il est tenu en exécution d’une décision
judiciaire ou d’un acte authentique.

Le juge de la résidence du créancier alimentaire est seul compétent pour connaître


des poursuites en abandon de famille. Le créancier peut, toutefois, porter sa plainte
devant le juge du domicile du débiteur.

Article 368. Sera puni d’un (01) mois à un (01) an d’emprisonnement ou d’une
amende de dix mille (10.000) à cent mille (100.000) francs CFA, tout parent qui,
par son inconduite notoire, sa paresse, sa grossièreté, son ivrognerie ou sa
négligence, aura compromis gravement la santé, la moralité ou l’éducation de ses
enfants ou de ceux vivant à son foyer.

Le juge pourra, en outre, ordonner une mesure de soins ou de désintoxication du


parent coupable d’ivrognerie.

Article 369. Sera puni d’un (01) mois à un (01) an d’emprisonnement ou d’une
amende de dix mille (10.000) à cent mille (100.000) francs CFA tout parent qui,
sans motif grave, abandonne le foyer familial ou néglige de contribuer aux charges
du ménage et de la famille selon ses facultés malgré une mise en demeure notifiée,
soit par voie d’huissier, soit par lettre avec accusé de réception à sa dernière
résidence connue.

70
Article 370. Tout parent qui aura abandonné un enfant incapable de se protéger lui-
même, un enfant handicapé ou un enfant gravement malade sera puni de un (01) à
trois (03) ans d’emprisonnement.

S’il est résulté de cet abandon une maladie ou une incapacité de travail personnel
de plus de six (06) semaines, la peine pourra être portée à cinq (05) ans
d’emprisonnement.

Si la mort de l’enfant résulte de l’abandon, le coupable sera puni de cinq (05) à dix
(10) ans de réclusion.

Article 371. Sera puni de dix (10) jours à six (06) mois d’emprisonnement et de
quarante mille (40.000) à quatre cent mille (400.000) francs CFA d’amende, tout
parent qui, dans un esprit de lucre, souscrit verbalement ou par écrit l’engagement
de confier à autrui son enfant né ou à naître.

SECTION III - LA PROTECTION CONTRE LA NON REPRESENTATION


ET L’ATTEINTE A L’ETAT CIVIL DE L’ENFANT

Article 372. Lorsqu’il aura été statué sur la garde d’un enfant par décision de
justice exécutoire, le père, la mère ou toute autre personne ayant autorité sur lui ou
ayant sa garde qui, au mépris de cette décision, refusera de présenter l’enfant,
l’enlèvera ou le détournera, le fera enlever ou détourner des mains de ceux qui en
ont reçu la garde, sera puni d’un (01) mois à deux (02) ans d’emprisonnement.

Les personnes visées à l’alinéa ci-dessus pourront bénéficier des dispositions de


l’article 383 du présent code.

Si l’enfant est représenté avant que le jugement soit rendu, le juge prononcera
seulement une amende de vingt mille (20.000) à cent mille (100.000) francs CFA,
sans préjudice du bénéfice des dispositions du code pénal concernant le pardon
judiciaire.

Article 373. Les éléments constitutifs de l’identité de l’enfant doivent être


protégés.

Les père et mère ou toute autre personne qui étant légalement tenue, auront négligé
de déclarer à l’état civil une naissance ou le décès d’un enfant, seront punis d’une
amende de vingt mille (20.000) à trente mille (30.000) francs CFA.

Quiconque fait sciemment à l’officier d’état civil des déclarations inexactes de


nature à altérer l’état personnel et familial d’un enfant, sera puni de un (01) à cinq
(05) ans d’emprisonnement.

71
Sera puni de un (01) à cinq (05) ans d’emprisonnement, l’officier ou le préposé
d’état civil qui, sciemment, aura enregistré des déclarations inexactes ou aura
volontairement altéré, falsifié ou détruit un registre, un acte ou un document d'état
civil.

Article 374. Sera puni d’une amende de vingt mille (20.000) à trente mille (30.000)
francs CFA le médecin accoucheur ou la sage femme qui, y étant légalement tenu,
aura négligé d’inscrire la naissance de l’enfant sur le registre de déclaration des
naissances.

Sera puni des mêmes peines tout parent ou toute personne ayant assisté à
l’accouchement qui aura négligé de déclarer dans les trente (30) jours la naissance
de l’enfant à l’état civil.

Lorsque les personnes visées à l’alinéa 2 ci-dessus auront fait sciemment à


l’officier d’état civil des déclarations inexactes de nature à altérer l’état personnel et
familial de l’enfant, la peine sera de un (01) à cinq (05) ans d’emprisonnement.

Article 375. Sera puni de un (01) à cinq (05) ans d’emprisonnement quiconque
aura enlevé, caché, substitué un enfant dans le but de le priver de son état personnel
et familial.

SECTION IV - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE LA


VIOLENCE PHYSIQUE, SEXUELLE OU MORALE EN MILIEU
SCOLAIRE ET INSTITUTIONNEL

Article 376. Les châtiments corporels et toute autre forme de violence ou de


maltraitance sont interdits dans les établissements scolaires, de formation
professionnelle et dans les institutions.

On entend par institution tout orphelinat, centre de réadaptation pour enfants


handicapés, centre d’accueil et de réinsertion sociale, établissement hospitalier,
centre de rééducation ou tout autre lieu accueillant des enfants de manière
temporaire ou permanente.

Article 377. Les violences exercées sur les enfants par les personnels de ces
établissements et institutions sont punies conformément aux dispositions des
articles 355, 356, 357, 358, 395, 396 et 398 de la présente loi.

CHAPITRE II - LA PROTECTION CONTRE LES VIOLENCES


PHYSIQUES OU MORALES PERPETREES PAR LES TIERS

SECTION I - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE


L’ENLEVEMENT ET LA SEQUESTRATION

72
Article 378. Quiconque, contre le gré des personnes exerçant l’autorité parentale,
sauf sur ordre légitime de l’autorité publique, aura entraîné, détourné, enlevé ou
déplacé un enfant du lieu où ceux qui ont autorité sur lui l’avaient placé, sera puni
de un (01) à cinq (05) ans d’emprisonnement.

Article 379. La peine sera de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion criminelle si
l’enfant était âgé de moins de quinze (15) ans. Il en sera de même si l’enfant a été
victime de sévices ou de violences lui ayant occasionné une incapacité de travail
personnel médicalement constatée excédant dix (10) jours.

Article 380. Lorsque la séquestration ou l’enlèvement a été opéré dans le but


d’obtenir une rançon, les coupables seront punis de dix (10) à vingt (20) ans de
réclusion.

Si la séquestration ou l’enlèvement a entraîné la mort de l’enfant, les auteurs seront


passibles de la réclusion perpétuelle.

Article 381. Lorsque la séquestration a été opérée dans le but de faciliter un


prélèvement d’organe, le coupable sera puni de la réclusion perpétuelle.

Article 382. Les auteurs ou complices d’enlèvement ou de déplacement d’enfant


bénéficieront des réductions de peine s’ils ont, sans condition, remis l’enfant sain et
sauf à sa famille ou à un officier public.

Article 383. Lorsque le fait d’excuse est établi conformément aux dispositions de
l’article 382 ci-dessus, les réductions de peine sont les suivantes :

a. s’il s’agit d’un crime puni de réclusion perpétuelle, la peine ne pourra


dépasser cinq (05) ans d’emprisonnement ;

b. s’il s’agit de tout autre crime, la peine ne pourra dépasser deux (02) ans
d’emprisonnement ;

c. s’il s’agit d’un délit, la peine ne pourra dépasser six (06) mois
d’emprisonnement.

Article 384. Lorsque les auteurs de la séquestration se seront livrés à des sévices
sur l’enfant, les peines prévues à l’article 355 de la présente loi seront portées au
double.

Article 385. Quiconque aura abandonné un enfant incapable de se protéger lui-


même, un enfant handicapé ou un enfant gravement malade sera soumis aux peines
prévues à l’article 378 du présent code.

73
Article 386. Quiconque, contre le gré des personnes exerçant l’autorité parentale,
sauf sur ordre légitime de l’autorité publique, aura enlevé ou déplacé à l’extérieur
du territoire national un enfant du lieu où ceux ayant autorité sur lui l’avaient placé,
sera puni de un (01) à cinq (05) ans d’emprisonnement.

SECTION II - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE


L’EXPLOITATION, LE HARCELEMENT ET L’ABUS SEXUELS

Article 387. Constitue une exploitation sexuelle le fait de soumettre un enfant à des
actes de prostitution, de pornographie mettant en scène des enfants, de pédophilie et
de tourisme sexuel.

Article 388. Constituent des infractions pénales la prostitution des enfants, la


pornographie mettant en scène des enfants, la pédophilie, le tourisme sexuel et le
harcèlement sexuel.

Article 389. Constitue la prostitution enfantine le fait d’utiliser un enfant aux fins
d’activités sexuelles contre rémunération ou toute autre forme d’avantage.

La prostitution des enfants est punie de un (01) à cinq (05) ans d’emprisonnement
et d’une amende de cent mille (100.000) à un million (1.000.000) de francs CFA.

La peine pourra être portée jusqu’à dix (10) ans de réclusion, si l’enfant livré à la
prostitution est âgé de moins de quinze (15) ans.

Article 390. Est considéré comme proxénète et puni des peines prévues à l’article
389 ci-dessus celui ou celle qui :

a. sciemment vit avec une personne se livrant habituellement à la


prostitution ;

b. étant en relations habituelles avec une ou plusieurs personnes se livrant à


la prostitution, ne peut justifier des ressources correspondant à son train
de vie ;

c. met des locaux à la disposition des personnes se livrant à la prostitution ;

d. étant gérant ou employé d’établissement hôtelier, tolère habituellement


dans son établissement la présence de personnes se livrant à la
prostitution.

Tout proxénète sera déchu de tout ou partie de ses droits civils, civiques ou
professionnels.

74
Le tribunal pourra ordonner la fermeture de l’établissement où l’infraction a été
commise, en application des dispositions du code pénal relatives à la fermeture
d’établissement.

Les lits et autres meubles ayant servi à la débauche pourront être saisis et
confisqués.

Le client de l’enfant livré à la prostitution est puni dans les mêmes conditions que
le proxénète conformément aux dispositions du code pénal relatives à l’exploitation
de la débauche.

Article 391. Les enfants livrés à la prostitution seront soumis à des examens de
santé et à des mesures de traitement s’ils sont atteints d’infections sexuellement
transmissibles.

Les frais d’examen et de traitement seront à la charge des proxénètes ayant exploité
l’activité de ces enfants.

Article 392. Constitue la pornographie mettant en scène des enfants, toute


représentation, par quelque moyen que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des
activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des
organes sexuels d’un enfant, à des fins principalement sexuelles.

La pornographie mettant en scène des enfants est punie de cinq (05) à dix (10) ans
d’emprisonnement.

Article 393. Constitue la pédophilie, tout acte de pénétration sexuelle ou


d’attouchement sexuel de quelque nature que ce soit, commis sur la personne d’un
enfant de moins de quinze (15) ans, ou encore toute exposition ou exploitation à
des fins commerciales et touristiques de photographies, d’images et de sons obtenus
par un procédé technique quelconque, de films ou dessins à caractère
pornographique mettant en scène un ou plusieurs enfants âgés de moins de quinze
(15) ans.

Le crime de pédophilie est puni d’une peine de réclusion criminelle de cinq (05) à
dix (10) ans lorsqu’il s’agit d’attouchement et de dix (10) à vingt (20) ans de
réclusion lorsqu’il s’agit de pénétration.

L’infraction n’est pas constituée si la différence d’âge entre l’auteur et la victime ne


dépasse pas cinq (05) ans.

Article 394. Le tourisme sexuel impliquant des enfants est l’exploitation sexuelle
de ceux-ci par des étrangers qui séjournent temporairement dans le pays.

75
Le tourisme sexuel impliquant des enfants est puni de un (01) à cinq (05) ans
d’emprisonnement et de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion criminelle s’il y a eu
usage de la violence.

Article 395. Le harcèlement sexuel consiste à user d’ordre, de menaces, de


contraintes, de paroles, de gestes, d’écrits ou tout autre moyen dans le but d’obtenir
d’autrui contre son gré des faveurs de nature sexuelle.

Constitue un harcèlement sexuel sur un enfant le fait d’user de façon répétitive de


paroles, de gestes, d’écrits et de tout autre moyen dans le but d’obtenir d’un enfant
des relations de nature sexuelle à son profit ou au profit d’un tiers.

Le harcèlement sexuel exercé sur la personne d’un enfant sera puni d’un
emprisonnement de un (01) à cinq (05) ans.

Le maximum de la peine sera prononcé si le harcèlement a été commis :

a. sur un enfant de moins de quinze (15) ans ;

b. par une personne ayant abusé de l’autorité que lui confère ses fonctions,
sa position sociale ou professionnelle ou sa qualité à l’égard de l’enfant.

Article 396. Constitue un abus sexuel sur un enfant le fait, par toute personne en
situation d’autorité ou de confiance ou par toute personne à l’égard de qui l’enfant
est en situation de dépendance, de soumettre celui-ci à des contacts sexuels.
L’abus sexuel commis sur un enfant est puni de un (01) à cinq (05) ans
d’emprisonnement.

Article 397. Constitue un attentat à la pudeur tout attouchement opéré contre son
gré, sur le corps d’autrui dans le but d’exciter les sens.

L’attentat à la pudeur commis sur un enfant est puni de un (01) à cinq (05) ans
d’emprisonnement.

Si l’attentat à la pudeur a été commis avec violence ou menace sur la personne d’un
enfant, la peine sera de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion criminelle.

Article 398. Le viol consiste à imposer par fraude ou violence des relations
sexuelles à autrui contre son gré.

Le viol commis sur un enfant sera passible d’une peine de cinq (05) à dix (10) ans
de réclusion criminelle.

Lorsque le viol est commis sur un enfant de moins de quinze (15) ans la peine est
portée au double.
76
Article 399. Constitue la corruption de la jeunesse et punie d’une peine
d’emprisonnement de deux (02) à cinq (05) ans :

a. le fait par un majeur d’organiser des réunions comportant des exhibitions


à caractère sexuel ;

b. l’incitation occasionnelle de l’enfant à la débauche.

Le maximum de la peine est encouru lorsque ces faits sont commis à l’égard d’un
enfant par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par une personne qui a
autorité sur lui.

Article 400. Quiconque par paroles, écrits ou autre moyen de communication


diffuse ou fait diffuser publiquement par un enfant des incitations à des pratiques
contraires aux bonnes mœurs, sera puni de six (06) mois à deux (02) ans
d’emprisonnement et d’une amende de vingt mille (20.000) à deux cent mille
(200.000) francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement.

Les mêmes peines s’appliquent à quiconque distribue ou fait distribuer par un


enfant sur la voie publique ou par voie postale, ou de porte à porte tous livres,
brochures, catalogues, prospectus, images, films, enregistrements sonores ou
audiovisuels contraires à la décence, même avec le consentement préalable de
l’enfant.

Les objets, images, films, livres, brochures, catalogues, prospectus, enregistrements


sonores ou audiovisuels visés à l’alinéa ci-dessus seront dans tous les cas saisis et
confisqués en vue de leur destruction.

Les coupables pourront être déchus pour une durée de cinq (05) ans maximum du
droit d’éditer, vendre ou reproduire des imprimés, des images, des enregistrements
ou films.

Article 401. Quiconque fait diffuser dans un club de projection à l’intention des
enfants des représentations audiovisuelles à caractère pornographique utilisant
quelque support que ce soit, sera puni des peines prévues à l’alinéa 1er de l’article
399 du présent code.

Article 402. Quiconque se livre publiquement devant un enfant à l’exhibition de


ses parties sexuelles sera puni de six (06) mois à deux (02) ans d’emprisonnement.

Article 403. Lorsque les agressions sexuelles sont commises à l’étranger contre un
enfant par un Togolais ou par une personne résidant habituellement sur le territoire
togolais, la loi togolaise s’applique.

77
Les condamnations prononcées à l’étranger pour les infractions prévues à la
présente section sont prises en compte pour établir la récidive.

CHAPITRE III - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE


LES DROGUES

Article 404. La drogue est une substance naturelle ou obtenue par synthèse qui,
lorsqu’elle est absorbée par un être vivant, modifie une ou plusieurs de ses facultés.

Le terme drogue vise à la fois les drogues licites et les drogues illicites.

Article 405. Sera puni conformément aux dispositions de la loi portant contrôle des
drogues, quiconque aura :

a. fait participer un enfant à la culture, à la production, à la fabrication ou au


trafic illicite de drogue ;

b. facilité à tout enfant l’usage illicite de drogue à haut risque, ou de plantes ou


substances classées comme stupéfiants ou psychotropes ;

c. par un moyen quelconque, incité directement ou indirectement un enfant à


l’usage illicite de drogues à risque ou de substances présentées comme ayant
les effets de ces drogues.

Article 406. L’enfant qui, de manière illicite aura détenu, acheté ou cultivé des
plantes classées comme stupéfiants ou substances psychotropes dont la faible
quantité permet de considérer qu’elles étaient destinées à sa consommation
personnelle, pourra bénéficier de dispense de peine s’il s’engage solennellement à
ne plus recommencer ou accepte de subir une cure de désintoxication ou d’être
placé sous surveillance médicale.

Article 407. Les tribunaux devront ordonner la confiscation des substances ou


plantes saisies, des ustensiles et des matériels ayant servi à la commission de
l’infraction. Leur destruction pourra être éventuellement ordonnée.

Article 408. Les tribunaux devront ordonner la fermeture, pendant une période de
deux (02) à cinq (05) ans, de l’établissement dans lequel l’infraction a été
constatée.

Article 409. Le procureur de la République ou le juge des enfants pourra, à tout


stade de la procédure, enjoindre aux enfants ayant fait usage illicite de stupéfiants
de subir une cure de désintoxication et de post-cure, ou d’ordonner leur placement
dans une structure de réinsertion sociale.

78
CHAPITRE IV - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE LA TRAITE,
LA VENTE ET LA MENDICITE

SECTION I - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE LA TRAITE

Article 410. L’état et la capacité des personnes, la liberté des individus ainsi que
les produits et éléments du corps humain sont hors de commerce.

Article 411. La traite d’enfant désigne le recrutement, l’enlèvement, le transport, le


transfert, l’hébergement ou l’accueil, à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire
national, d’un enfant aux fins de son exploitation.

L’exploitation s’entend notamment :

d. de l’activité sexuelle au profit d’autrui ;


e. du travail forcé ;
c. de l’esclavage ou pratiques analogues à l’esclavage ;
d. du prélèvement d’organes.

Article 412. Sont punis d’une peine d’emprisonnement de deux (02) à cinq (05) ans
et d’une amende de un million (1.000.000) à cinq millions (5.000.000) de francs
CFA ou de l’une de ces deux peines, les auteurs et complices de traite d’enfants,
quels que soient les lieux de départ et de destination de ces enfants.

Article 413. Est puni d’une peine de six (06) mois à un (01) an d’emprisonnement
tout parent ou tuteur qui, sciemment, aura facilité la traite de son enfant ou d’un
enfant dont il a la charge.

En cas de récidive, la peine est portée au double.

Article 414. Est punie d’une peine de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion
criminelle et d’une amende de cinq millions (5.000.000) à dix millions
(10.000.000) de francs CFA, toute personne coupable de traite d’enfant commis
dans les circonstances suivantes :

a. la victime est âgée de moins de quinze (15) ans au moment de la


commission des faits ;
b. l’acte a été commis en faisant usage de la violence ;
c. l’auteur fait usage de stupéfiant pour altérer la volonté de la victime ;
d. l’auteur était porteur d’une arme apparente ou cachée ;
e. la victime a été séquestrée ou exposée dans un endroit public ou privé ;
f. les actes de traite ont causé à l’enfant une incapacité physique, morale ou
mentale ou toute autre séquelle médicalement constatée ;
g. la traite est l’œuvre d’un groupe organisé ;

79
h. l’enfant a été soumis aux pires formes de travail telles que définies à
l’article 264 du présent code.

Article 415. Le juge peut prononcer la confiscation de tous les objets et matériels
utilisés dans le processus de traite.

Article 416. Les peines prévues à l’article 414 ci-dessus sont portées au double si
les actes de traite ont entraîné la disparition ou la mort de la victime.

Il en est de même lorsqu’il est résulté de la traite pour l’enfant une incapacité
physique, morale ou mentale totale et définitive médicalement constatée.

Article 417. Est puni d’une peine de un (01) à cinq (05) ans d’emprisonnement et
d’une amende de cinq cent mille (500.000) à un million (1.000.000) de francs CFA
ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque sollicite, agrée des dons,
promesses ou avantages de toute nature en vue de faciliter la traite d’enfant.

La peine est portée au double si l’auteur est un agent de l’administration ayant agi
dans l’exercice de ses fonctions.

Article 418. Toute personne de nationalité étrangère qui se rend coupable de traite
d’enfant, de tentative ou de complicité de traite d’enfant, est interdite de séjour sur
le territoire national pour une durée d’au moins cinq (05) ans après avoir purgé sa
peine.

Article 419. Toute personne condamnée en vertu des dispositions de la présente


section est tenue de tous les débours occasionnés par les prestations de prise en
charge de la victime et couverts par la Commission nationale de lutte contre le
trafic d’enfants.

Article 420. La sortie du territoire national d’un enfant non accompagné d’un de
ses parents ou de son tuteur est subordonnée à la présentation d’une autorisation
spéciale dont les modalités sont fixées par décret en conseil des ministres.

Les mesures prises doivent garantir l’intérêt supérieur et le respect de la dignité de


l’enfant.

SECTION II - LA PROTECTION DE L’ENFANT CONTRE LA VENTE ET


LA MENDICITE

Article 421. Quiconque livre un enfant à la vente sera puni d’une peine de cinq
(05) à dix (10) ans de réclusion et d’une amende de cinq millions (5.000.000) à dix
millions (10.000.000) de francs CFA.

80
Article 422. La peine prévue à l’article 421 du présent code sera portée au double
si la vente entraîne la disparition ou la mort de l’enfant, sans préjudice des
dispositions du code pénal.

Article 423. Sera puni de une (01) à vingt (20) journées de travail pénal quiconque
livre un enfant à la mendicité.

CHAPITRE V - LA PROTECTION SPECIFIQUE DE L’ENFANT EN CAS


DE CONFLITS ARMES

Article 424. Les enfants affectés par un conflit armé ont droit au respect de leur
personne, de leur honneur, de leurs droits familiaux, de leurs convictions et
pratiques religieuses, de leurs habitudes ou de leurs coutumes.

Ils seront prioritairement protégés contre tout acte de violence physique, sexuelle
ou morale, notamment :

a. le meurtre ;
b. la torture physique ou mentale ;
c. les mutilations ;
d. les peines corporelles ;
e. les traitements humiliants et dégradants ;
f. la prostitution forcée et toute forme d’attentat à la pudeur ;
g. la prise d’otage ;
h. les peines collectives ;
i. le viol ;
j. la menace de commettre les actes précités.

Article 425. Les enfants affectés par un conflit armé ont droit en priorité à des
actions de secours humanitaire impartial prévues par le droit international
humanitaire telles que :

a. les vivres ;
b. les médicaments ;
c. le soutien psychosocial ;
d. les vêtements ;
e. le matériel de couchage, le logement d’urgence et autres approvisionnements
essentiels à leur survie.

Article 426. Aucun enfant ne peut prendre part aux hostilités ni être enrôlé sous les
drapeaux ou incorporé dans une milice.

Aucun enfant ne peut participer à un quelconque effort de guerre.

81
Article 427. Les dispositions du présent chapitre s’appliquent tant aux enfants
victimes des situations de conflits armés internationaux qu’aux enfants victimes des
situations de conflits armés internes, de tensions internes ou de troubles civils.

Elles sont également applicables aux enfants qui, avant le début des hostilités, sont
considérés comme réfugiés au sens du droit international pertinent ou de la
législation du pays d’accueil ou de résidence.

TITRE III - LES DEVOIRS DE L’ENFANT

Article 428. Tout enfant a des devoirs envers ses parents, sa famille, la société,
l’Etat et toute autre communauté reconnue légalement ainsi qu’envers la
communauté internationale.

Article 429. L’enfant, selon son âge et ses capacités et sous réserve des restrictions
contenues dans le présent code, a le devoir :

a. de respecter ses parents, ses supérieurs et les personnes âgées en toute


circonstance et, en cas de besoin, les assister ;

b. de respecter les autres enfants ;

c. de respecter son identité, sa langue, ses valeurs culturelles et nationales ;

d. de respecter son milieu naturel et d’œuvrer à sa protection ;

e. de respecter la constitution et les autres lois de la République ;

f. d’œuvrer au respect des droits de l’homme et des droits de l’enfant ;

g. de respecter les droits, la réputation et l’honneur d’autrui ;

h. d’œuvrer pour la cohésion de sa famille et pour le bien de la communauté


nationale et internationale en mettant ses capacités physiques et
intellectuelles à leur disposition ;

i. d’œuvrer à la sauvegarde de l’ordre public, de la santé et de la moralité


publiques ;

j. d’œuvrer à la préservation et au renforcement de la solidarité de la société


et de la nation ;

82
k. de contribuer au mieux de ses capacités, en toutes circonstances et à tous
les niveaux, à la promotion et à la réalisation de l’unité nationale et de
l’unité africaine.

TITRE IV - LES OBLIGATIONS DE L’ETAT

Article 430. L’Etat a l’obligation de protéger l’enfant contre toute forme de


discrimination et de prendre des mesures appropriées pour favoriser et encourager
le respect de ses droits.

Article 431. L’Etat devra assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires au
cas où ses parents ou tuteur en seraient incapables.

Article 432. L’Etat a le devoir de veiller à ce que l’enfant bénéficie d’installations


et de services de garderie.

Article 433. L’Etat a le devoir de protéger et de soutenir la famille, cellule de base


naturelle de la société. A cet effet, il prend les mesures appropriées pour assurer
l’égalité des droits et des responsabilités des époux à l’égard des enfants durant le
mariage et après sa dissolution.

Article 434. L’Etat assiste les parents ou autres personnes responsables d’enfants.
Il institue des programmes d’assistance matérielle et de soutien en ce qui concerne
notamment la nutrition, la santé, l’éducation et la formation professionnelle,
l’habillement et le logement.

Les parents ou autres personnes responsables de l’enfant peuvent prétendre à des


aides de l’Etat en vue de s’acquitter de leurs tâches vis-à-vis de l’enfant.

Article 435. L’Etat doit respecter les droits et devoirs des parents relatifs à
l’orientation et aux conseils à donner à l’enfant.

Article 436. L’Etat doit s’acquitter de son obligation de faire rapport aux comités
de suivi des droits de l’enfant conformément aux dispositions prévues par les traités
relatifs aux droits de l’enfant qu’il a ratifiés.

Article 437. L’Etat prend les mesures appropriées pour promouvoir les droits de
l’enfant sur le territoire de la République togolaise.

Article 438. L’Etat établit des programmes sociaux appropriés pour prévenir les
mauvais traitements au sein de la famille et pour fournir à l’enfant et à ceux qui en
ont la charge, le soutien nécessaire ainsi que l’engagement d’une procédure
d’intervention judiciaire et d’enquête pour le traitement du cas et son suivi.

83
Article 439. L’Etat prend toutes les mesures appropriées sur le plan bilatéral et
multilatéral pour empêcher que les enfants ne soient :

a. contraints de se livrer à une activité sexuelle illégale ;

b. exploités à des fins de prostitution ou autres pratiques sexuelles illégales ;

c. exploités aux fins de la production de spectacles ou de matériel à caractère


pornographique.

Article 440. L’Etat établit des normes minimales de prise en charge dans les
institutions chargées de recueillir et d’éduquer les enfants, en particulier les enfants
orphelins, les enfants handicapés et tout autre enfant vulnérable. Il veille à
l’application de ces normes et à sanctionner leur non respect.

Les collectivités territoriales ont les mêmes obligations que l’Etat.

Article 441. Lorsque les femmes enceintes ou les mères de nourrissons et d’enfants
en bas âge ont été accusées ou convaincues d’infraction à la loi pénale, l’Etat veille
à:

a. ce qu’une peine autre qu’une peine d’emprisonnement soit envisagée d’abord


dans tous les cas où une décision devrait être rendue à leur encontre ;

b. établir et promouvoir des mesures transformant l’emprisonnement en


institution pour leur traitement ;

c. créer des institutions spéciales en vue d’assurer leur détention ;

d. interdire qu’une mère soit emprisonnée avec son enfant ;

e. interdire le prononcé d’une sentence de mort à leur encontre ;

f. ce que le système pénitentiaire ait essentiellement pour but la réhabilitation


de la mère, sa réintégration au sein de sa famille et sa réinsertion sociale.

TITRE V - LA PROTECTION ET LA PROMOTION DES DROITS DE


L’ENFANT PAR LES INSTITUTIONS PRIVEES

CHAPITRE Ier - LA PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT


PAR LES INSTITUTIONS PRIVEES

Article 442. Toute institution privée engagée dans la défense des droits de l’enfant
veille à la protection des droits contenus dans le présent code.

84
Article 443. Tout organe de presse peut contribuer à la protection des droits de
l’enfant sur le territoire de la République togolaise.

L’Etat togolais facilite aux organes de presse privés l’exercice d’une telle mission.

Article 444. Les modalités selon lesquelles les institutions de défense et de


promotion des droits de l’enfant participent à la mise en œuvre des dispositions du
présent code seront précisées par décret.

CHAPITRE II - LA PROMOTION DES DROITS DE L’ENFANT


PAR LES INSTITUTIONS PRIVEES

Article 445. Toute institution privée engagée dans la défense des droits de l’enfant
peut solliciter de l’Etat les moyens nécessaires à l’exercice de ses activités.

Article 446. Toute institution privée contribue à la promotion des droits de l’enfant
dans un esprit de coopération avec les pouvoirs publics.

Article 447. Tout organe de presse peut contribuer à la promotion des droits de
l’enfant sur le territoire de la République togolaise.

Article 448. Les institutions privées de protection des enfants auteurs d’infractions
bénéficient des avantages qui sont de nature à leur permettre d’accomplir leur
mission avec efficacité suivant des modalités qui seront déterminées par décret.

Article 449. Les institutions privées de protection des enfants auteurs d’infractions
doivent figurer sur la liste agréée des organismes privés devant être consultés sur
l’état des droits des enfants au Togo.

Article 450. Toute institution privée opérant au Togo et jugée compétente peut :

a. assister aux réunions du comité des droits de l’enfant prévues à l’article 43


de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant ;

b. soumettre des informations pertinentes au comité ;

c. donner son avis au comité en vue d’assurer une meilleure application


possible de ladite convention.

Article 451. Les institutions privées protégeant les droits de l’enfant peuvent
participer aux activités du comité national de protection et de promotion de
l’enfant.

TITRE VI - LE COMITE NATIONAL DES DROITS DE L’ENFANT (CNE)

85
Article 452. Il est créé par le présent code un comité national des droits de l’enfant
(CNE).

Il est indépendant.

Le comité national des droits de l’enfant jouit de l’autonomie financière.

Article 453. Le comité national des droits de l’enfant a pour mission :

a. la promotion des droits de l’enfant sur le territoire de la République togolaise


par tous les moyens notamment :

• des activités pédagogiques comportant l’information, la sensibilisation,


l’éducation, la recherche, la vulgarisation, la formation et le
perfectionnement ;
• l’élaboration d’avant-projets de textes législatifs et réglementaires visant à
garantir un meilleur respect des droits de l’enfant à soumettre au
gouvernement ;
• des activités de coordination et de coopération à l’échelon national,
bilatéral et multilatéral ;

b. la protection des droits de l’enfant sur le territoire de la République


togolaise ;
c. la participation à l’élaboration des rapports nationaux sur la situation des
droits de l’enfant ;
d. le suivi de l’application des mesures de protection et de promotion des droits
de l’enfant notamment des dispositions contenues dans le présent code.

Article 454. La composition, l’organisation et le fonctionnement du comité


national des droits de l’enfant sont fixés par décret en conseil des ministres sur
proposition du ministre chargé de la protection de l’enfant.

Article 455. Les ressources du comité national des droits de l’enfant proviennent
des subventions de l’Etat, des contributions des organismes bilatéraux et
multilatéraux et des institutions privées.

TITRE VII - DISPOSITIONS FINALES

Article 456. Sont abrogées toutes les dispositions antérieures contraires à la


présente loi.

Article 457. La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

Fait à Lomé le 6 juillet 2007

86
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Faure Essozimna GNASSINGBE

LE PREMIER MINISTRE
Yawovi Madji AGBOYIBOR

87

Vous aimerez peut-être aussi