Magazyn 333 03
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S. ZAWIRSKT
Kx tr ai t de « S c i e n t i a » - Avril 1934
“ SCIENTIA
EST L ’ UNIQUE REVUE à collaboration vraiment internationale.
EST L ’UNIQUE REVUE de synthèse et d’ unification du savoir, qui traite les questions fonda
mentales de toutes les sciences: histoire des sciences, mathématiques, astronomie, géologie, physique,
chimie, biologie, psychologie et sociologie.
EST L ’ UNIQUE REVUE qui, par des enquêtes conduites auprès des plus éminents savants et
écrivains de tous les pays (S u r les principes philosophiques des diverses sciences ; S u r les questions
d’astronomie et de phtjsiqne les plus fondamentales qui se trouvent à l’ordre du jo u r ; Sur la
contribution que les divers paps ont apportée an développement des diverses branches du savoir;
Sur les pins importantes questions de biologie: Sur les grandes questions économiques et sociolo
giques internationales), étudie tous les problèmes essentiels qui agitent les milieux intellectuels du
monde entier, et constitue en même temps le premier essai d’organisation internationale du mouvement
philosophique et scientifique.
EST L ’UNIQUE REVUE qui puisse se vanter d’avoir parmi ses collaborateurs les savants les
plus illustres du monde entier. Une liste de ceux-ci, comprenant plus de 350 noms, est reproduite dans
la quatrième page de la présente couverture.
Les articles sont publiés dans la langue de leurs auteurs, et à chaque fascicule est joint an sup
plément contenant la traduction française de tons les articles non français. Ainsi la revue est com
plètement accessible même à qui, en plus de sa propre langue, ne connaît que la langue française.
Demandes nu numéro spécimen gratuit au Secrétaire Général de «S cien tia», Milan, en joignant à
la demande, pour remboursement des frais d’envoi, la somme de trois francs français (ou la somme
équivalente) en timbres-poste de votre pays.
Secrétaire Général: P a o i .o B o n k t t i .
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250 u l ’ é v o l u t io n d e la n o tio n d u tem ps 251
SCIENTIA u
De la philosophie chrétienne du moyen âge, nous avons puisque la philosophie de Kant les a réunis, il nous était plus com
choisi seulement ce qui est le plus important à savoir: la théorie mode de les traiter ensemble. A la critique de l’idéalité du
de St Augustin et celle de St Thomas d’Aquin. temps nous avons ajouté celle du réalisme absolu de Newton,
L ’histoire moderne est divisée par nous, du point de vue de pour faire place à la conception, que nous avons appelée le réa
révolution de la notion du temps, en quatre périodes. La pre lisme modéré du temps, dont nous allons expliquer bientôt
mière, qui va jusqu’à Newton, est influencée par la doctrine sco le sens. .
lastique. Il est absolument impossible de comprendre tout ce S’il s’agit du problème de l’à priori, il faut distinguer 1 a
que Descartes et Spinoza ont dit sur le temps, sans la connais priori d’une notion ou d’une intuition et l’à priori des jugements
sance de la doctrine scolastique. qui se rapportent à cette notion. L ’à priori d’une représentation
Il nous semble que nous avons délivré Descartes des objec ne peut être dépourvu d’un sens psychologique, quoi qu’en dise
tions, dirigées contre lui par Désiré Nys et Baumann, en ren Kant. A cet égard nous sommes arrivés à ce résultat que la
dant compte de ce fait que Descartes a voulu s’opposer à la dis plupart des composants de la notion du temps est d’origme em
tinction radicale des scolastiques entre le temps et la durée per pirique, bien qu’il soit vrai que tous les composants ne sont pas
manente. La seconde période va de Newton à Kant. Au heu un décalque fidèle de ce qui est donné immédiatement. Mais
des scolastiques, c’est Newton et son école qui deviennent main même ceux des composants, qui sont les produits de notre propre
tenant l’objet des attaques de leurs adversaires. Kant ouvre construction, sont formés par nous comme les correspondants
la troisième période qui comprend le xixe siècle. vraisemblables de ce qui existe indépendamment de nous.
S’il s’agit de l’à priori des principes, qui développent et
Durant cette période deux choses importantes sont à noter:
expliquent le sens d’une notion et qui décident de sa validité
le développement des recherches psychologiques sur le temps et
le commencement de la critique des fondements de la physique (« Geltung ») pour toute expérience, tous ces jugements sont ana
Newtonienne. Tout cela a abouti à l’ébranlement de la théorie lytiques selon notre avis, ils dépendent du contenu de la notion
de Kant, aussi bien que de celle de Newton, et ainsi la voie fut et avec le changement de ce contenu par voie de définition, leur
ouverte aux nouvelles conceptions du temps de la quatrième pé validité peut être ébranlée. Nous ne contestons pas que quel
riode, qui comprend le xxe siècle. Ces nouvelles conceptions ques-uns de nos jugements, qui expriment la nature des rela
sont contenues dans la théorie de Bergson, dans les recherches tions temporelles, s’imposent à nous avec une force invincibile,
phénoménologiques de l’école de Husserl et dans la théorie de la mais cela ne nous donne encore aucune garantie que tout se com
relativité. Dans cette partie nous avons aussi rendu compte du porte dans le monde objectif selon nos convictions intuitives.
Par conséquent, les recherches des phénoménologues sur l’es
conventionalisme de Poincaré et du point de vue d’Enriques, qui
s’opposait au radicalisme désespéré du conventionalisme. Nous sence du temps et la validité des principes à priori qui font con
finissons par la considération de la signification de la théorie naître cette essence, n’ont pas pour nous cette valeur, que les
quantique pour la notion du temps. phénoménologues eux-mêmes leur attribuent.
Leur mérite consiste seulement en ce qu’ils ont détaché la
Mais l’histoire des doctrines n’était pas notre but principal,
bien que la partie historique comprenne plus de la moitié de signification de l’à priori de sa liaison avec l’idéalité au sens
notre ouvrage. C’est à la solution des problèmes amassés par de Kant.
1 histoire que nous tenons le plus. Leur nombre est assez grand Le second groupe des problèmes concerne la question du
et ils s’enchevêtrent à un tel point, qu’il était impossible de rapport du temps psychologique au temps physique et les dé
considérer chacun isolément. C’est pourquoi nous les avons tails qui se rattachent à l’origine psychologique de la notion.
divisés en groupes, pour les considérer l’un après l’autre et pour Nous donnons ici la critique de la théorie de Bergson en protes
aboutir ainsi à la notion claire de ce qu’est le temps. tant contre son affirmation, que le temps intuitif n’est pas quan
Le premier groupe embrasse le problème de la réalité et celui titatif. Si nous opposons le temps intuitif au temps physique
de l’à priori du temps. Ils sont indépendants l’un de l’autre, mais et n’appelons métrique que ce dernier, cela ne prouve pas que
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notre intuition n’ait rien de commun avec la mesure du temps. être appliqué, et nous en avons fait usage. Les suppositions
La différence consiste seulement en ce que, dans la physique, la devraient être le moins nombreuses possible, elles devraient
mesure s’appuie sur certains principes rationnels, tandis que la être évidentes et intuitives, mais l’intuition ne peut être notre
mesure de notre intuition fait appel uniquement à l’estimation guide unique. Car les suppositions les plus opposées semblent
subjective de l’égalité de deux intervalles. être quelquefois également évidentes, en outre: de ce que les
Mesurer le temps, ce n’est pas compter les simultanéités, suppositions sont évidentes, il ne s’ensuit pas que les consé
mais c’est apprécier l’égalité de deux intervalles. C’est en vain quences le soient aussi. Voici un exemple du premier cas:
que Bergson tâche à tout prix d’omettre le sentiment de l’éga S ’il s’agit du problème de la réalité du temps, nous avons
lité de deux intervalles et même la notion de l’intervalle dans sa distingué la conception idéaliste et la conception réaliste. La
description du temps intuitif. première était représentée par Kant et probablement par les
Le troisième groupe d’apories du temps contient toutes ces Eléates. Dans la seconde, il faut distinguer deux cas : le réalisme
questions, qu’a soulevées la théorie de la relativité, surtout le exagéré qui considère le temps comme un être à part, presque
problème de l’uniformité du flux temporel et de la simultanéité comme une substance, et le « réalisme modéré » (nous avons
des événements distants. Nous admettons le point de vue de adopté la terminologie de Désiré Nys) selon lequel le temps n’est
la physique relativiste, sans pourtant confondre le relativisme que le nom d’une relation, d’une propriété des événements ou sim
physique avec le relativisme philosophique, et sans prendre l’o plement un terme abréviatif, qui remplace un certain groupe
rientation du conventionalisme ou du flctionalisme. Au con d’expressions sur les objets réels. Le représentant classique
traire, nous tâchons de concilier la théorie relativiste du temps mais non unique du réalisme exagéré était Newton, tandis que
avec la conception classique de la vérité comme «adaequatio le réalisme modéré dans ses formes les plus différentes est repré
rei et intellectus ». senté par Aristote, Leibniz, Bergson et la physique relativiste.
Le dernier groupe d’apories se rapporte à la continuité, à L ’affirmation de Newton n’est qu’une hypothèse invérifiable.
l’infinité et à l’irréversibihté du temps. Dans la « Conclusion » Si elle est évidente, la supposition des réalistes modérés, que le
nous nous posons cette question: quel sens peut avoir l’affirma temps ne possède qu’une réalité dérivée ou empruntée de la réa
tion que le flux temporel des événements représente un élément lité d’une autre chose, qui est plus fondamentale que lui, n’est
irrationnel et quel est le rôle du temps dans la conception scien pas pour nous moins évidente. Donc, nous étions obligés de
tifique de l’univers. faire appel non seulement au principe d’évidence, mais aussi
Avant de préciser d’une manière plus détaillée les réponses à celui d’Occam.
que nous avons données aux différentes questions, il faut que Exiger que les suppositions soient vérifiables était impos
nous rendions compte de la méthode dont nous nous sommes sible dans notre cas, car aucune des trois théories du temps n’est
servis. Nous avons constaté que les divergences d’opinion entre vérifiable.
les philosophes provenaient moins d’infractions aux lois de la lo Selon Kant, si notre âme n’était pas dotée d’une forme à
gique formelle que des suppositions, qu’ils faisaient d’une ma priori, l’aspect temporel de l’Univers n’existerait pas. Selon
nière tout à fait arbitraire. Quelques-unes des erreurs avaient Newton et Clarke le temps s’écoulerait en raison de sa propre
leur source dans l’équivoque des termes employés, d’autres nature, même si l’univers n’existait pas. D’après la théorie
tenaient à ce que l’analyse des données de l’expérience n’était d’Aristote l’existence du temps est fiée à l’existence de l’univers,
pas assez complète. Mais ce qui divisait le plus les philosophes, cependant le temps n’existerait pas, si le cours des événements
c’étaient toujours leurs suppositions prises comme point de était suspendu. Or, aucune de ces trois affirmations n’est véri
départ. fiable. La théorie du réalisme modéré est en tout cas la moins
Est-il possible de ne faire aucune supposition ? Oui, il aventureuse, car l’affirmation que le temps n’existe pas se réduit
faut les faire, mais avec certaine économie. « Entia non sunt à l’affirmation que rien ne se passe. Nous plaidons en faveur de
multiplicanda praeter necessitatem »: ce rasoir d’Occam devrait cette forme du réalisme modéré, pour lequel le mot « temps »
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n’est qu’un nom apparent, qui ne nomme aucune chose réelle. formité du temps, il serait impossible de formuler les lois de la
Tous les noms des classes et des relations ne sont que des noms physique et puisque aucun temps mesuré n’est uniforme, il
apparents. croyait donc qu’il fallait supposer l’existence d’un temps abso
Mais un problème se pose: qu’est-ce qui existe vraiment ? lument uniforme. Cependant, cette supposition n’est pas né
Selon Leibniz ce sont les êtres substantiels qui existent vraiment cessaire, même s’il était vrai que le sens des lois de la physique
et chaque proposition vraie qui parle d’autre chose peut être classique ne pût être conservé sans cette supposition. Nous sa
toujours transformée en une affirmation sur les êtres substan vons aujourd’hui que ces lois ne sont pas l’unique forme possible
tiels. Cependant il y a une autre réponse possible: c’est celle de et la plus vraisemblable de l’ordre de la nature, la théorie de la
Bergson. Les événements seuls existent, les substances ne sont relativité nous indique que ces lois peuvent revêtir une forme
que des abstractions, l’abîme creusé entre l’immobilité de l’être beaucoup plus générale, où la supposition de l’uniformité du
substantiel et ses états variables est selon lui artificiel. Whi flux temporel n’est plus indispensable.
tehead a adopté à un certain degré ce point de vue de Bergson Mais, même si les lois de la physique supposaient l’unifor
dans sa « géométrie des événements » et le progrès de la physique mité absolue, cette uniformité ne prouverait pas l’existence d’un
quantique semble lui donner raison plus que l’on ne supposait. flux temporel absolument uniforme en dehors du flux des chan
Il faut pourtant distinguer la macro structure de l’univers gements visibles. Dans le problème de l’uniformité il s’agit de
de sa microstructure. Pour la macrostructure, c’est le réisme (car l’égalité de deux intervalles de ce flux. Si notre division en
tel est le nom que nous donnons au point de vue de Leibniz pris intervalles égaux n’est pas sans erreurs, faut-il admettre pour
dans sa forme la plus générale), qui a raison approximativement, cela qu’il existe un second flux en dehors du flux perceptible,
mais si nous descendons à la microstructure de l’univers, le où les points de repère, pour ainsi dire, invisibles pour nous,
parallélisme de la physique ondulatoire et de la physique corpus existent en soi et divisent le temps sans aucune faute? La cor
culaire, semble indiquer que le point de vue de Bergson a le rection peut être toujours rapportée au flux visible.
même droit de cité que celui du réisme. Déjà avant l’établis Nous ne résumerons pas ici notre critique de Kant, où d’ail
sement de ce parallélisme physique, Whitehead s’exprimait leurs nous avons profité des critiques déjà parues.
d’une manière semblable, en affirmant que « l’objet est le carac Nous avons terminé notre critique de Kant par l’observa
tère d’un événement » ou que « l’événement est la situation de tion que, même s’il avait raison dans tous ses arguments, ni l’idéa
l’objet ». lité du temps ni son à priori n’en seraient prouvés, car Kant n’a
Mais, si nous affirmons que le temps n’est qu’un nom ap pas tenu compte de toutes les propriétés du temps.
parent, n’adoptons-nous pas par là même le point de vue de Or, aucun milieu homogène, aucune série, aucun ordre ne
Kant? En aucune façon. De ce que Newton n’a pas raison sont le temps, tant qu’ils ne sont pas fiés à la différence du
il ne s’ensuit pas que Kant ait raison. Il y eut des siècles, où présent, du passé et du futur. Cependant, cette propriété fon
ni le point de vue de Newton ni celui de Kant n’étaient connus. damentale du flux temporel est passée sous silence dans toutes
Si nous disons que le temps n’existe pas, cela veut dire que le les œuvres de Kant. Nous ne trouvons chez Kant aucune trace
temps n’est pas un être qui existe à part sous la forme d’un milieu de discussion à ce sujet, comme si un refoulement de certains
vide et homogène. Mais, pour Kant, cette thèse « le temps complexes avait lieu dans son esprit.
n’existe pas », a un sens tout à fait différent. Or, il y a des phi Est-il vrai d’ailleurs qu’aucune perception de simultanéité
losophes qui ne s’en rendent pas compte. Ils souscrivent à la et de succession ne soit possible sans l’idée d’un milieu vide et
théorie idéaliste de Kant, mais quand on regarde leur théorie de homogène ? Si cette idée est indispensable, c’est sans doute uni
plus près, on voit tout de suite que ce qu’ils défendent, c’est quement pour vicier notre idée du temps, — une telle conclusion
plutôt une des formes du réalisme modéré. au moins se dégage du point de vue des théories modernes.
Newton avait un argument scientifique en faveur de sa Le deuxième groupe d’apories, comme nous venons de le
théorie. Il était persuadé que, sans la supposition de l’uni dire, contient la critique de Bergson, et les considérations sur
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SCIENTIA l ’ é v o l u t io n d e l a n o tio n d u t e m p s 257
l’origine psychologique de l’idée du temps et sur le rapport du Bergson mais aussi contre St Augustin, dont les Confessions con
temps intuitif au temps métrique. L ’état des recherches psy tiennent quelques expressions incorrectes («longum praeteritum
chologiques malheureusement ne permet pas d’arriver à une longa memoria praeteriti est », chap. 28, livre X I). Bergson sou
réponse décisive dans beaucoup de questions. En tout cas nous ligne très justement la pénétration, et l’organisation des états suc
avons tâché de trouver au moins une réponse vraisemblable cessifs, mais il va trop loin en confondant le passé avec le sou
dans certains de ces problèmes. venir du passé. Images consécutives, mémoire immédiate,
Nous avons pris en considération cinq points: 1) s’il y a vrai mémoire différée et unité de la conscience — tout cela est en
ment des sensations de temps; 2) quel est le rôle de la mémoire quelque sorte confondu, figurant sous le même titre de l’intuition
dans la formation de l’idée du temps; 3) le fait des illusions tem de la continuité de notre durée.
porelles, discutées surtout très minutieusement par Wundt; Il est très intéressant de poursuivre l’histoire des différentes
4) rapport du temps intuitif au temps métrique; 5) quelle idée significations du terme « durée ». Kant distinguait trois sortes de
du temps est la plus ancienne et la plus répandue ? relations temporelles: simultanéité, succession et durée. Durée,
La perception du rythme a donné à Mach l’idée de parler signifiait chez lui la permanence d’un être, tandis qu’une autre
des sensations du temps. Cependant on a plutôt l’impression chose varie. C’est le sens le plus habituel de ce terme. Chez
qu’il s’agit dans ce cas non des sensations au sens propre mais de les scolastiques il en a été autrement; la durée permanente d’un
ce que Ehrenfels a appelé « qualité du complexe », ou « qualité de être invariable a été conçue comme quelque chose d’opposé au
la forme » (« Gestaltqualitàt »). Mais tout n’est pas encore temps, comme une existence en dehors du temps (pour Kant,
expliqué par cette réponse, car la question reste ouverte, si les si la chose en soi est en dehors du temps, cela veut dire qu’elle
notes précédentes doivent être présentes « simultanément » pour n’est ni toujours identique, ni changeante, voir la lettre à
que le sentiment formel du rapport se puisse engendrer en nous Marcus Herz, 1772, 21 février).
(c’est l’opinion de Wundt), ou si les notes précédentes peuvent Descartes est le premier qui ait protesté contre cette diffé
agir sans être dans la conscience (c’est l’opinion de Schumann). rence radicale entre la durée permanente non temporelle et la
La pénétration des états de conscience, dont parlent Bergson et durée successive temporelle. Or, il a fait le premier pas dans
James, semble donner raison plutôt à Wundt. cette direction, qui a abouti à la philosophie de Bergson. Pour
Wundt a aussi donné une interprétation des illusions du ce dernier, non seulement il n’y a pas de différence radicale entre
temps, qui confirme son point de vue, mais nous ne sommes pas la durée permanente et le temps entendu comme la succession
sûrs, que cette interprétation soit nécessaire, bien qu’elle semble des états toujours différents, mais il n’existe aucune substance
être meilleure que toutes les autres dont parle Wundt. permanente, et toute distinction entre la substance et ses at
En tout cas, le fait des illusions du temps ne peut être mis à tributs, la chose et ses états variables, est artificielle.
profit par les théories idéalistes du temps, comme le faisait Scho- Ce point de vue accepté par Bergson d’abord pour la cons
penhauer, qui voyait dans les illusions temporelles de nos rêves cience est admis plus tard aussi pour la matière. Il nous semble
une preuve psychologique de la théorie de Kant. que les conceptions les plus récentes de la physique confirment
La question du rôle de la mémoire dans la formation de cette orientation. De toutes les œuvres de Bergson la plus
l’idée du temps et celle du rapport entre le temps intuitif et le précieuse pour nous c’est Matière et mémoire, où il parle de diffé
temps métrique, sont liées à la critique de Bergson. La mé rents rythmes de la durée (chap. Durée et tension), dont la nôtre
moire est sans doute une condition indispensable de la formation n’est qu’un cas spécial, et où il tâche de définir la perception en
de l’idée, mais dans la théorie de Bergson elle entre presque dans termes de temps.
le contenu de l’idée du temps, elle devient la note constitutive de Que Bergson n’ait pas raison d’opposer le temps intuitif au
cette même idée. Or, nous ne le pouvons nullement accorder. temps mesuré, nous en avons déjà parlé. Notre objection se
Le passé et la mémoire du passé, ce sont deux choses absolument dirige à cet égard non seulement contre Bergson, mais aussi
différentes. Cette remarque est dirigée non seulement contre contre Plotin, qui a observé que le temps n’a pas besoin d’être
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mesuré pour exister. Mais, il faut distinguer la mesure effectuée Dans l’ouvrage de Beichenbach, il y a des choses que nous
et la mensurabilité. Le temps peut bien exister sans être me approuvons, à côté d’autres que nous ne pouvons accepter. Pour
suré, mais il est mensurable comme un continuum, ce que ni définir l’ordre de succession dans la même série d’une manière
Plotin ni Bergson ne peuvent nier. L ’analyse ne peut vicier l’in objective, Beichenbach emploie le rapport causal. Cette idée
tuition, qu’à condition que l’on substitue les produits de l’ana a été conçue pour la première fois par Leibniz. Kant l’a ac
lyse à ce qui est donné, comme une nouvelle réalité, mais on n’a ceptée dans sa Critique de la raison pure. Nous trouvons que
pas besoin de le faire. Enfin il faut observer contre Bergson, l’idée de Beichenbach de la renouveler,1 était très heureuse, car
qu’il serait absolument impossible à notre analyse d’appliquer à la même relation causale joue aussi un rôle dans la définition de
la durée la notion de la mesure, si notre intuition n’y donnait la simultanéité des événements de différentes séries. Grâce à
aucun fondement. ceci la définition relativiste de la simultanéité perd son aspect
A la fin du deuxième chapitre de la partie critique de notre artificiel et isolé, car elle nous dit quelque chose sur le compor
ouvrage nous avons considéré la question soulevée par le Voca tement dynamique des événements distants. La relativité de la
bulaire philosophique de Lalande, laquelle de différentes no simultanéité est liée à l’élimination de rapport causal entre
tions du temps, énumérées là-bas, est la plus ancienne et la plus quelques événements. Certains événements sont indéterminés
répandue. quant à l’ordre de la succession, car ils ne peuvent entrer en un
Il est probable que le Vocabulaire a raison: que c’est le temps- rapport causal. Nous voyons donc que Leibniz a fait le premier
période ou intervalle qui va d’un événement antérieur à un autre pas dans cette direction, qui a abouti à la relativisation de la
postérieur, mais les investigations étymologiques sur l’origine simultanéité. Bien d’étonnant, si l’on admet que les relations
des termes comme xqovoç, tempus, tide, Zeit, czas, sont très temporelles doivent exprimer le comportement dynamique des
incertaines, et ne donnent sur ce point aucun renseignement. choses.
Le troisième groupe d’apories, comme nous venons de le dire, Mais, voilà une autre chose, qui ne nous plaît pas chez Bei
embrasse les questions soulevées par la physique relativiste. Il chenbach. Nos définitions sont selon lui tout à fait convention
nous semble que nous avons fait dans cette matière des obser nelles; elles n’expriment aucune connaissance. On voit que
vations très importantes. Nous avons pris pour point de départ Beichenbach se rapproche, à cet égard, du point de vue de Poin
Philosophie der Raum-Zeit-Lehre de Beichenbach, un des plus caré. Or, cela ne nous plaît pas et pour cause. S ’il s’agissait
éminents philosophes parmi les relativistes. Il a observé très des définitions des sciences mathématiques, Beichenbach aurait
justement que la physique s’intéresse non seulement à des pro raison. Mais nous avons ici affaire avec les définitions des
priétés métriques du temps, mais aussi à ses propriétés qualita objets réels, des rapports réels. Ici, notre choix est limité par
tives « topologiques » (ainsi nommées par analogie aux propriétés le devoir de faire correspondre des données objectives à nos no
qualitatives de l’espace), qui concernent l’ordre d’une série tem tions construites selon les règles de la logique et des mathéma
porelle et la comparaison de différentes séries temporelles entre tiques. Mais, Beichenbach nous fait l’objection suivante: si
elles. Il a pris pour fondement de la science physique du temps quelqu’un veut voir dans la définition relativiste de la simul
cinq définitions, deux pour la topologie du temps, trois pour la tanéité une connaissance et non une convention arbitraire, il
métrique du temps. La première définition topologique con tombe dans un cercle vicieux. Car pour établir cette simulta
cerne l’ordre d’une série temporelle, et la seconde la simultanéité néité, il faut connaître la vitesse du signal, et pour mesurer la
des séries différentes, indispensable pour comparer différentes vitesse du signal, il faut connaître la simultanéité des événe
séries entre elles. ments distants. Quelques passages des ouvrages d’Einstein
De trois définitions top^logiqucs, l’une concerne le choix de indiquent qu’il avait peur de cette objection et nous sommes
l’unité de mesure, la seconde définit l’égalité de deux intervalles d’avis que même chez lui le problème n’est pas tout à fait clair.
du temps, la troisième définition complète la définition topolo
gique de la simultanéité des événements distants. i V oir aussi L eon B r u n sc h v ig , Le temps et la causalité, R . M. M., 1922.
260 u SCIENTIA
l ’ é v o l u t io n d e l a n o tio n d u t e m p s 261
Malgré cela, nous affirmons que la relativité, de la simulta Les problèmes de l’infinité et de l’irréversibilité du temps
néité exprime une connaissance et n’est pas conventionnelle et nous ont donné l’occasion de considérer la valeur de la seconde
qu’il n’y a pas de cercle vicieux. Le fondement logique de la loi de la thermodynamique, et d’autres lois de la physique, qui
théorie est le suivant. On suppose la validité de la notion in déterminent les conditions et le sens des changements.
tuitive (classique) de la simultanéité même pour les événements Aucune des questions de ce dernier chapitre n’est résolue
éloignés. On mesure la vitesse du signal (lumière) d’après cette par nous d’une manière décisive, car l’état de la science moderne
supposition (l’histoire des sciences le confirme). Puis, on in ne le permet pas.
troduit le précepte indispensable pour les sciences positives, que
chaque définition doit être contrôlée par l’expérience, et on admet Poznan, Université.
le principe suggéré par l’expérience que la vitesse de la lumière SlGISMOND ZA W IR S K I
doit être constante pour tous les systèmes. On voit alors que
la première supposition, qui admettait la validité de la notion
intuitive de la simultanéité toujours et partout, est fausse, donc,
on conclut qu’elle est fausse. La loi logique qui justifie ce rai
sonnement a été formulée pour la première fois par Clavius au
xv ie siècle. Elle dit que, si une proposition entraîne sa propre
négation, elle est fausse;
(P O ~ P) O ~ P
Cette loi a une histoire intéressante. Vailati, philosophe italien,
lui a consacré une monographie à part. Bien qu’elle ait été for
mulée assez tard, les mathématiciens l’employaient beaucoup
plus tôt. (Euclide dans la preuve du théorème 12, livre I X
de sa Géométrie). Xous sommes persuadés que nous donnons
l’unique fondement correct de la théorie relativiste.
Le dernier groupe d’apories du temps concerne la conti
nuité, l’infinité et l’irréversibilité du temps. On attribuait
presque toujours la continuité au temps. Mais cette continuité
n’était pas entendue toujours de la même façon, et la conception
atomiste du temps apparaissait aussi quelquefois dans l’histoire
(les atomistes dans l’antiquité, Hume dans les temps modernes).
Nous avons distingué la notion philosophique du continuum,
créée par Aristote, la notion de l’analyse mathématique, la con
ception intuitionniste représentée par Bergson et les différentes
formes de l’atomiste du temps (nous en avons distingué trois).
Les résultats de la physique quantique rendent invérifiable la
continuité mathématique du temps, mais la notion intuitive de
la continuité n’en est pas abolie. Si la coupure momentanée du
flux temporel, selon la formule de Heisenberg, laisse l’énergie
complètement indéterminée, n’est-ce pas la preuve que l’univers
a besoin d’un temps pour revêtir des formes précises ?
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Barclay (LonuO)i) E b s te in (Göttingen) Livens (Manchester
Bayiiss (London. bauinylon (Green a ich) Lodge (Birmingham) Biblioteka Główna UMK
Becher (Giessen) Edgeworth ( Oxford ; Loisy (Paris)
Beciuercw (Leningrad) Einhorn (Krakow) Lorentz (Haarlem)
Beichman (ironun/em) Einstein (Berlin/ Loria, A. (Torino)
Beneś (Pragut
Belhe (Frankfurt a. M.)
Enriques, E. (Roma) Ł on a, G. (Genova)
Lowell (Plagstaff, U.,
300048914715
Bianchi (Aapoi.) F a b r y (Marseille) Lucas (London) See (Mare Island, U.S.A.)
fiigourdan (Baris) Fano, Gino (Torino) Lugaro (Torino) Seeliger (München)
Bircn (Schenectady N. Y.) F e a o z z i (oenova, Lusk (New York) Seligman (A etc York)
Bohiin (Stockholm) F in d ia y (Averyslwith ) Semon (München)
Bohn (Baris) Fisher (A eu-haven, U.S.A.) IVIacBride (London) Sergt (Roma,
Boutante (Roma) Foà (Torino) Mach (Wien) Severl (Padova)
Bonnesen (hum nhaven) Fournier d’Albe (London) MacMillan (Chicago) Seward ( Cambridge, E.)
Corel (Baris) Fowler (London) Marcolongo (Aitpuil) Shapley (Pasadena, U.S.A.)
Boitkiewicz ( Be, tin) Fraenkel (Marburg) Matruchoi (Pan*, Sherrington (Liverpool/
Boruilau (Berlin) France (München) Maunder, E.W.( Green wich) Simmel (Btrlin)
Bose (Calcutta) Frech (Breslau) Meillel (Paris, Smith (New York)
Bosler (Paris) Frédericq (Liège) M endes-corrêa (P'orto) Smoluchowski (Lwów)
Boswell (Liverpool) Freud (Wien) Meyer (Berlin) Soddy (Glasgow /
Boltazzl (Napoli. Michels (Basel) Sottas (Oxford
Bouasse (Toulouse) G e m m a (Bologna) Mie (Freiburg) Sombart (Breslau)
Boutroux (Boil ers) Gide (Bans) Mieli (Roma) Somigtiana (Tormo)
Bouvier (Baris) Gini (Bologna) Milhaud (Parts) Sommerfeldt (Tu ingen)
Brailsford (Adelaide) Goblot (Luon) Miller ( Oxford) Starling (London
Bragg (i eeds> Golgi (But ta) Mondain! (Roma) Stéphanides (Athènes)
Brentano (München) Goudy (Oxford) Moore ( London) St, les (lieadi, g¡
Brillouin (Baris; Graziani iAapoli) Morgan, C. LI. (Bristol) Stoyanovic (btiyrad)
Brouwer (Ainsterbam) Ui'cuilia (Mound) Muir Manchester) Stromgren (KjObenhavn)
Brown (Princeton, U.S.A.) Gregory (Glasgow) Struycken (La Boye)
Brunhes (Clermont - Terr.) Guarnerio (Pavia) N a g e o lte (Paris) Suess ( Wien)
Bruni (Padova) üuiyuebert (Paris) Napier (London) Supino (Pavla)
Bugge (Frankfurt a. M.) Günther (München) Naville (Genève Svedberg (Upsala)
Burdick (New Tor . Nearing (New York)
Burnet (St. Andrews) R a b e rla n d t ; Berlin) Nernst (Berlinj T a n n e ry (Paris)
Burton (New York) Hagen (Roma) Newuigin ( Edinburgh) Teixeira (Lisboa)
Halphen (Bordeaux) Nilsson (Lund) Teloni (Roma)
C a o r e r a (Madrid) Hahn (Berlin) No ke (Bremen) T erradas (Barcelona)
Cahcn ( Valence) Harper (Ottawa, Canada) Norlhcott (York) Thalbilzer (Kjöbenhavn)
Cahu (New York) Itariog (Cork) O ppenheimer. , .„ , . Thomson, A. (Aberdeen)
Cajori (Berkeley, U. S. A.) Hegner (Baltimore) (Prankfurt romktyeff (Newcastle)
Campbell (Liverpool) Heiberg (LjObeunavn) Ostwald (Leipzig) a. M.) xroito (Roma)
Cantone tNapoli Henslow (Bournemouth) Otlet (Bruxelles) t urner ( Oxford)
Carlson (< hicago) Hertwig (Berlin) Ouatid (Strassburg)
Carmichael (Urbana) Herz (Wien) U cxk iill (Heidelberg)
Cargevale (Palermo) Higgins (Cambridge, E.) P a l a c i o s (Madrid)
Carracido (Madrid) (links (Cambridge, E.) Pareto (Lausann )
Pai ker (Cambridge) V a n der lloeven (Amster
C arrara (Torino) Hirayama (Tokyo) dam
Carslaw (Sydney) Höbcr Kiel) Parm etee (New York)
Paton (Glasgow) Very ( Westwood, U .S .A .)
Carver (Cambr., U. S. A.) Hoernes (Gras) Viaiteton (Montpellier)
Castelnuovo (Roma) Hopkins (Haslemere) Peano ( Torino,
Peart (Orono, U. S. A.) Vinogradoff (Moskow)
Caullery (Paris) Horten (Bonn) Viola (Parma)
Cazamian (Paris) Perrier (Paris)
Petrie (London) Vogt (Heidelberg)
Chamberlin (Chicago) Iniguez (Madrid) Volterra (Roma)
Charlier (Lund) Innés (Johannesburg) Phillips (Dublin)
Picard (Paris) Von Below (Friiburg i B.)
Chaslin (Paris) lvanoff (Pułkowo) Von Zeipel ( Upsala,
Child ( Chicago) Pieron (Paris)
Chrzanowski (Kraków) Ja co b i (Bonn)t Pigou (Cambridge, E.)
Chwolson (Leningrad) jespersen (Gentofte) Pikler (Budapest) W a l d e n (Riga)
Ciamician (Bologna) Jörgensen (London) Pillei (Pari Wallerant (Pa b
Joteyko (Bruxelles) Pitlsbury (Ann Arbor) Warren (Princeton, U.S.A.)
Claparède (Genève)
Clark (New York) Pincherte (Bologna Webb (London)
Cole (London) K aptheyn (Groningen) Pi Suner (Barcelona) Weber (Graz)
Comas Sola (Barcelona) Karpiński (Ann Arbor) Pizzetti (Pis111 Wegener (Graz)
Plans (Madrid) W estergaard (EjObenhavn)
Corbino (Roma) Kaye (Simla, India) Westermark (Helsingfors)
Costanlin (Paris) Keyes (Des Moines, U.S.A.) Plimmer (Aberdeen)
Crehore (Cleveland) Kidd (Oxford) Plummer (Dublin) Wicksell (Lund)
Crommelin (Greenwich) Knlbbs (Melbourne) Poincare (Parts) Wiesner (Wien)
Crowter (Cambridge, E.) Prenanl (Paris) Willey (Montrey/, Canada)
Kochanowski (Varsovie)
Cuénot (Nancg') Kopff (Heidelberg) Price (Oxford) Wirtz (Kiel)
Cunningham (Cambr,, E.) Kostyleff (Leningrad) Pnngsheim (Breslau) Wright ( Dublint
Curl is (Pittsburg) Puiseux ( B a r i s , Wundt (Leipzig)
Kottler ( Wien)
Cvijié ( Belgrad) Kuhnert (Wien)
Küster Giessen) R a b a u d (Parts) X e n o p o l Jassy)
D r.ly (Cambridge, U.S.A.) Kutrzeba (Varsovie) Raffaele (Palern o'
Darwin (Cambridge, E.) Reichenbach (Sln’/gart) Z a re m b a (Kraków)
Delage (Paris) L-angdon (Oxford) Reuterskiola 1 psn/a) Zeeman (Amsterdam)
De March! (Padova) Langevin (Paris) Rey Pastor (Madrid) Zeuthen (KjObenh rn)
De Martonne (Paris) Larmor (Cambridge. E.) Richet (Paris) Ziegter ( Stuttgart)
Demoor ( Bruxelles ) La Rosa (Palermo) Riccobono (Palermo) Zieiien (Fran fu>t a. M.)
T IP O -L IT O G R A F IA T Ü R A T I LO M BA R D I E C.