Arbitrage
Arbitrage
Arbitrage
DES LITIGES
INTRODUCTION
Pendant longtemps, la justice privée régnait, jusqu’au moment où les sociétés se sont
organisées et ont instauré la justice publique qui est un service régalien
Parallèlement à cette justice étatique, on a mis en place des MARC. Quels sont ces
modes ?
Il y a deux catégories :
INTRODUCTION GENERALE :
1- La notion d’arbitrage
En cas de conflit dans le domaine des affaires, on pense naturellement à s’adresser à la
justice étatique qui est un service public. Cependant, cette justice se heurte à de nombreux
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disfonctionnements : tribunaux encombrés et sous équipés, procédures longues et
complexes, multiplicité des voies de recours… D’où l’idée de recourir à des modes alternatifs
de règlements de litiges.
L’arbitrage est une institution qui permet à des parties en conflit de faire trancher
leur litige par un particulier qu’ils choisissent. Les parties ont donc la liberté de choisir entre
un mode public ou un mode privé de règlement de leur litige, mais cette liberté n’est pas
totale puisque la loi ne permet pas le recours à l’arbitrage dans certaines matières qui sont
liées à l’ordre public et notamment à l’ordre public économique. (Ex : en matière de fiscalité,
famille …etc.)
2- Le rôle de l’arbitrage
Les transactions commerciales sont le domaine de prédilection de l’arbitrage. C’est ce qui
explique pourquoi on parle d’arbitrage commercial.
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- Les inconvénients de l’arbitrage :
Elles sont constituées par les règlements d’arbitrage des institutions d’arbitrage nationales
ou internationales
Au niveau national, il existe la Cour Marocaine d’Arbitrage, le CIMAC . Au niveau
international, il ya trois grandes institutions d’arbitrage : la Cour internationale d’arbitrage
au sein de la CCI, AAA ( American Arbitration Association) , la LCIA
Il y a aussi des institutions qui sont spécialisées dans des domaines précis : exemple le GAFTA
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4- Les différents types d’arbitrages ( exposé)
l’arbitrage interne et international.
- L’arbitrage interne dit aussi domestique concerne les entreprises situées sur le
territoire d’un même Etat
- L’arbitrage international concerne les litiges comportant un élément d’extranéité lié
le plus souvent à des entreprises qui ressortent de différents pays
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L'arbitrage d'investissement est une procédure de règlement des différends
entre les investisseurs étrangers et les Etats d'accueil. Pour qu'un investisseur
étranger soit en mesure d'engager une procédure d'arbitrage
d'investissement, un État hôte doit y avoir donné son consentement à travers
des Accords internationaux d'investissement des traités bilatéraux ou
multilatéraux
La convention la plus importante en la matière est la convention de
Washington de 1965 qui vise à constituer un système propre aux règlements
des différends relatifs aux opérations d’investissements qui seront soumis au
CIRDI. Il y a aussi des traités bilatéraux de promotion et de protection
des investissements (TBI) conclus entre États où l’on trouve des dispositions
relatives au règlement arbitral des différends entre les investisseurs et l’Etat
d’accueil. Au niveau national, la loi 08-05 a permis aux Etats et à ses
démembrements de recourir à l’arbitrage tant national qu’international
L’arbitrage se déclenche dès qu’un investisseur estime qu’un litige né suite à
ses relations avec un Etat doit être soumis à une instance arbitrale. L’arbitrage
d’investissement peut être institutionnel ou ad hoc. Les conditions : le CIRDI
n’intervient qu’en cas de différends relatifs à des investissements opposant
des États contractants à des investisseurs ressortissants d'autres États
contractants. L'arbitrage CIRDI se déroule sans intervention des juridictions
nationales. Il faut présenter une requête d’arbitrage, que le différend réponde
aux conditions précitées, et enfin il faut deux éléments (le consentement écrit
et la nécessité d’un investissement),
Avantages : l’arbitrage investissement met à l’abri l’investissement
international de querelles diplomatiques, protège contre tout comportement
opportuniste de la part de l’état hôte, se délie des caractéristiques
intrinsèques à la justice étatique, principalement son principe de publicité
Limites : Nécessité de la création d'un mécanisme d'appel et de supervision
des décisions, le coût élevé de la procédure tend à décourager les états les
plus pauvres, utilisation massive de cet arbitrage qui constitue un moyen
d’offensive des sociétés multinationales contre la souveraineté des Etats
- Fondement contractuel : l’arbitrage est une justice choisie par contrat alors que la
justice étatique est imposée. Le choix de l’arbitrage se manifeste à plusieurs niveaux :
le choix des arbitres, du lieu de l’arbitrage, de la langue, du droit applicable à la
procédure, du droit applicable au fond, de la durée d’arbitrage. La volonté des parties
est donc déterminante dans le contentieux arbitral
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- Fondement juridictionnel : l’arbitrage est à la fois une justice autonome et à part
entière
Une justice autonome :
Ce sont les arbitres qui statuent sur leur propre compétence lorsque cette
compétence est contestée par une partie. (principe de compétenz
compétenz).
Cette autonomie fait que la clause d’arbitrage n’est pas liée au sort du contrat
dans lequel elle est insérée. Ce contrat peut être invalidé déclaré nul résolu
ou résilié, la clause d’arbitrage survit à tous ces éléments.
Même si la sentence arbitrale est un acte privé, dès qu’elle est rendue, elle
acquiert l’autorité de la chose jugée mais elle ne peut être exécutée de force
que si elle est exéquaturée par un juge étatique.
Lorsqu’un tribunal étatique est saisi d’une demande et que dans la relation
juridique entre les parties existe une convention d’arbitrage, le tribunal
étatique doit déclarer la demande irrecevable.
- une justice à part entière :
Car l’arbitre se voit reconnaître par la loi les mêmes pouvoirs que ceux du juge
étatique. L’arbitre est à la fois le juge de l’action et le juge de l’exception : il
statue sur l‘action du demandeur et sur les exceptions soulevées par le
défendeur = compétence plénière
Il peut ordonner toute mesure d’instruction, de produire une preuve, de
procéder à l’audition utile de toute personne. Cependant, l’arbitre n’a aucun
pouvoir pour obliger une personne à venir témoigner devant lui. Dans tous les
cas, l’arbitre ne peut entendre les témoins que sous serment
Lorsque la sentence est rendue , l’arbitre est définitivement dessaisi du
dossier. Mais la loi permet aux parties de ressaisir l’arbitre dans le cadre de la
même affaire dans trois cas :
o Pour corriger des erreurs matérielles, d’écriture…
o Pour interpréter une partie de la sentence en cas de zone d’ombre
o Pour statuer sur un point sur lequel l’arbitre a omit de statuer
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Les coû ts d'une procédure arbitrale sont devenus un grand enjeu vu les
couts importants qu'ils peuvent parfois atteindre. . On voit ainsi, à cô té
des coû ts classiques de l'arbitrage( frais et honoraires des arbitres, frais
administratifs, experts et témoins, et honoraires « fixes » des conseils ) se
multiplier de nouvelles formes de «frais», pour financer la procédure
Dans les arbitrages ad hoc, les frais des arbitres sont déterminés par les
arbitres eux-mêmes en concertation avec les parties, dans les arbitrages
institutionnels, ces honoraires sont fixés par l’institution arbitrale selon
des barèmes qui prennent en compte plusieurs critères : le montant du
litige, le taux horaire et le taux journalier. Un contrô le a posteriori pourra
être effectué sur cette rémunération.
D’autres frais sont payés par les parties : coû ts directs, frais et honoraires
des témoins, experts, avocats et conseils. En cas d’arbitrage institutionnel,
des frais administratifs devront être versés aux centres d’arbitrage
chargés de la procédure. Enfin, l’exequatur d’une sentence arbitrale donne
lieu à un droit d’enregistrement
Pour ce qui est de la répartition des couts entre les parties, il n’existe pas
règle en tant que telle et les arbitres ont une grande latitude. Les
méthodes de répartition restent néanmoins relativement proches de ce
qui existe en droit interne. On peut prévoir que la partie perdante devra
verser bien plus que l'autre mais cela relève de l'appréciation souveraine
des arbitres.
Mais le recours à un tiers pour financer la procédure arbitrale peut être
envisagé : le tiers prend à sa charge tous les frais du litigant relatifs au
procès, en échange d’un pourcentage sur les dommages et intérêts gagnés
à l'issue du procès. Il s’agit donc d’un contrat de financement, aléatoire,
conclu suite à plusieurs examens.
En cas de non paiement des frais de l’arbitre, il peut exercer une action en
paiement contre les parties ou l’une d’elle devant le juge étatique.
L’arbitre peut exécuter sa mission jusqu’au bout et exercer un droit de
rétention sur la sentence jusqu’au versement de ses honoraires.
Est-ce que les parties peuvent contester les frais de l’arbitre ? cette action
en révision contre les arbitres n’est pas admise dans le contexte de
l’arbitrage CIRDI en raison de l’immunité juridictionnelle reconnue par la
convention de Washington. Cependant, en cas de faute des arbitres, les
parties peuvent exercer une action en restitution des honoraires des
arbitres.
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SECTION 1 : FORMATION DE LA CONVENTION D’ARBITRAGE :
Paragraphe 1 : Le domaine de l’arbitrage et capacité :
Pour les personnes physiques il n’y a qu’une seule condition c’est la capacité (18 ans).
- Pendant très longtemps on considérait que ces dernières ne pouvaient pas recourir à
l’arbitrage pour plusieurs raisons : l’Etat qui a institué une justice étatique comme
service public ne peut le délaisser pour aller vers une justice privée et les intérêts
publics ne peuvent être jugés par des particuliers. Par la suite on s’est aperçut que
l’Etat interventionniste devient un opérateur économique comme les autres. On a
donc accepté que l’Etat puisse recourir à l’arbitrage. La loi 08-05 a permis aux
personnes morales de droit public de recourir à l’arbitrage interne ou international
- Qui est visé par cette ouverture ? L’Etat + Les collectivités locales + Les
établissements publics + les entreprises publiques soumises au droit des sociétés
Cependant Le recours à l’arbitrage n’est pas autorisé dans tous les domaines.
Restriction : Il est exclu pour les litiges relatifs aux actes unilatéraux de l’Etat, des
collectivités locales ou des organismes dotés de prérogatives de puissance
publique. Ces actes par définition ont un caractère unilatéral et interviennent en
dehors de tout accord de volonté ( exemple : expropriations) Cependant cette
exclusion n’est pas absolue, la loi permet de soumettre à l’arbitrage les
contestations pécuniaires qui résultent des actes unilatéraux. En particulier les
indemnités d’expropriation.
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Toute personne peut donner un mandat de représentation à condition qu’il s’agisse d’un
mandat spécial qui autorise le mandataire à compromettre
A) Mentions obligatoires :
-Exigence d’un écrit, la convention d’arbitrage doit être matérialisée par un acte écrit, sous
peine de nullité. La clause peut être stipulée dans le contrat principal ou dans un document
auquel il est fait référence dans la convention principale, c’est ce qu’on appelle l’arbitrage
par référence. La forme de l’écrit est indifférente ( sous seing privé ou notarié, échange de
lettre ou courriel électronique…) cet écrit est requis même dans l’arbitrage international
-désignation des arbitres la convention doit désigner nommément les arbitres, ou prévoir
les modalités de leur désignation. Est nulle la clause d’arbitrage qui est muette sur la
désignation des arbitres (la clause blanche)
-dans le compromis, le litige doit être déterminé puisqu’il est déjà né, et ce à peine de
nullité
B) Mentions facultatives :
Les parties peuvent déterminer dans la convention d’arbitrage le siège et lieu ou l’arbitrage
doit être fait, la langue : dans l’arbitrage interne la langue de l’arbitrage est l’arabe sauf
convention contraire, le droit applicable, la clause de confidentialité.
EXPOSE :
Les clauses pathologiques, malades ou combinées sont des clauses mal rédigées
qui ne permettent pas à la convention d’arbitrage de produire ses effets normaux
et d’aboutir in fine au prononcé d’une sentence susceptible d’exécution. Tel est le
cas des conventions d'arbitrage qui prévoient à la fois la constitution d'un tribunal
arbitral et la désignation d'une juridiction étatique
Quant au cadre légal des les clauses pathologiques, c’est les règles de droit
commun relatives au consentement et à l’interprétation des conventions, et la loi
08-05
Les exemples de clauses pathologiques :
La clause blanche qui oublie de mentionner les modalités de désignation d’un
ou des arbitres
Les clauses comportant un doute quant à la volonté de recourir à l’arbitrage à
cause d’une mauvaise rédaction
Les clauses combinées qui donnent la compétence à la fois aux instances
arbitrales, ainsi qu’aux juridictions étatiques
Les clauses imprécises quant à la désignation de l’arbitre ou de l’institution
d’arbitrage : il peut y avoir défaut de désignation ou désignation équivoque
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Les Clauses suspectes quant à l’égalité des parties dans la formation du
tribunal arbitral
L’issue des clauses pathologiques : cette clause peut être corrigée sauf si elle est
incurable. Les directives d’interprétation retenues par la jurisprudence, sont : tout
d’abord l’interprétation de la volonté des parties, et lorsqu’elle se révèle être en
faveur de la soumission du litige à l’arbitrage de manière claire et non équivoque,
malgré la maladresse de rédaction, il convient de donner effet à la convention
d’arbitrage.
Pour les clauses incurables, le CPC prévoit qu’une telle clause ne respectant pas les
conditions de forme n'est pas valable et devrait être frappée de nullité.
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1ère objection : tirée du droit civil : l’article 228 du DOC précise que les
obligations n’engagent que ceux qui ont été parties à l’acte, c’est l’effet relatif
du contrat. Dès lors, la clause compromissoire comme le contrat dans lequel
elle est stipulée, ne lie que les parties signataires, et ne peut ni profiter ni
nuire à un tiers.
2ème objection tirée du droit des sociétés : dont le fondement du repose sur la
notion de personnalité morale et de son corollaire l’indépendance ou
l’autonomie juridique, cette notion constitue un véritable bouclier juridique
qui interdit en principe à une société de faire supporter ses engagements par
une autre société.
3ème objection tirée du droit de l’arbitrage : l’arbitrage a une nature purement
contractuelle, la clause compromissoire ne peut engager que les signataires
de la convention dans laquelle elle se trouve insérée, en outre, la convention
d’arbitrage doit matérialisée par un acte écrit sous peine de nullité, ce qui
suppose nécessairement le consentement éclairé et non équivoque de ceux
qui décident de recourir à l’arbitrage.
Ainsi, ces règles interdisent d’étendre les effets d’une convention d’arbitrage a des tiers qui
ne sont pas signataires de la convention. Cependant, il arrive que des soient impliqués dans
la préparation, la négociation la conclusion l’exécution ou la résiliation d’un contrat sans en
être une partie.
Dans les groupes de sociétés, un contrat peut être conclu par une filiale alors que la société
mère ou même une autre filiale du groupe a participé au processus contractuel qui a conduit
à la conclusion et à l’exécution du contrat :
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Paragraphe 1. Nomination des arbitres (exposé)
EXPOSE :
Le principe est simple : Les parties doivent désigner ou prévoir les modalités de
désignation des arbitres aussi bien dans la clause compromissoire que dans le
compromis d’arbitrage, et ce à peine de nullité.
Désormais la loi 08-05 consacre le principe de l’imparité qui permet de dégager
facilement une majorité. D’autant plus que les parties ont maintenant la liberté de
choisir le nombre d’arbitres ainsi que les modalités de leur désignation, et ce n’est
qu’a défaut d’accord entre les parties que le nombre des arbitres est fixé a trois.
Notons que la convention relative au règlement CIRDI reprend le même principe.
Donc le tribunal arbitral est composé soit d’un seul arbitre soit de plusieurs arbitres.
A défaut d’accord des parties, le nombre d’arbitres est fixé à 3.
Les modalités de nomination des arbitres : les parties doivent être placées sur un
pied d’égalité pour la nomination des arbitres qui doit donc provenir d’un accord
commun des parties. . Il est courant que chacune des deux parties choisisse un
arbitre et que les deux arbitres nomment ensuite un troisième arbitre en qualité de
président du tribunal arbitral. Egalement, si les parties se réfèrent à un règlement
d’arbitrage qui précise les modalités de désignation des arbitres, elles acceptent ses
stipulations
Mais il existe des personnes qui ne peuvent, pour cause d’incompatibilité avec les
fonctions qu’elles exercent, être désignées comme arbitres : tel est le cas par
exemple des magistrats , aussi, une personne morale désignée en tant qu’arbitre ne
dispose que du pouvoir d’organiser et d’assurer le bon déroulement de l’arbitrage et
seules les personnes physiques, sont autorisées à trancher les litiges
Facteurs subjectifs du choix de l’arbitre ( la confiance, la nationalité), facteurs
objectifs ( la disponibilité, le profil professionnel de l’arbitre et ses compétences, la
connaissance de la langue et du droit applicable)
Les parties peuvent aussi confier à un tiers la mission de constituer le tribunal
arbitral. Ce tiers doit être identifié ou facilement identifiable, il intervient en qualité
de mandataire avec ce qui en découle comme conséquences tirées du droit commun
des contrats
Aussi, selon la loi 08-05, le président de la juridiction compétente intervient en
matière de constitution du tribunal arbitral dans quatre hypothèses : si les arbitres
désignés par la convention d'arbitrage ne remplissent pas les conditions légales pour
exercer leur fonction ; ou pour toute autre cause faisant obstacle à la composition du
tribunal arbitral ou si la règle de l’imparité n’est pas respectée, si le tribunal arbitral
n’a pas été désigné à l’avance et enfin en cas de récusation ou révocation d’un
arbitre.
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Les pouvoirs de l’arbitre : Au début de l’instance arbitrale, l’arbitre, dispose
de deux pouvoirs majeurs. Le premier est de statuer sur sa compétence :
competenz competenz. Le second est de choisir les règles applicables à la
procédure d’arbitrage sous forme d’ordonnances procédurales en cas de
silence des parties. Au cours de l’instance, il dispose d’un pouvoir de
détermination des règles applicables au fond en cas de silence des parties
d’une part, et l’administration de la preuve d’autre part (règles de l’IBA qui
prévoient des mécanismes pour la production de documents, la présentation
de témoins , les inspections et la tenue des audiences sur la preuve. Elles
peuvent être adoptées tant dans le cadre d’un arbitrage ad hoc que dans le
cadre d’un arbitrage institutionnel)
Les qualités de l’arbitre :
Le respect du secret professionnel : la confidentialité de l'arbitrage est
essentielle surtout dans sa phase procédurale, et c’est ce qui constitue l’un des
points forts de cette forme de justice par rapport au procès judiciaire qui est le
plus souvent public. La confidentialité est donc recherchée avant pendant et
après l’instance arbitrale . En matière internationale, l’article 30 du règlement
de la LCIA précise qu’il faut garder comme confidentielle la sentence arbitrale
rendue ainsi que les pièces de procédure matériellement produites. Les
délibérations du tribunal arbitral sont également confidentielles pour ses
membres. En matière nationale, les arbitres sont tenus au secret professionnel
selon le code pénal qui précise que certaines professions sont tenues de
garder des secrets qu'on leur confie, qui, hors le cas où la loi les oblige ou les
autorise les révéler, et a même prévu la sanction correspondante
Avant sa nomination, l’arbitre signe une déclaration d’acceptation, de
disponibilité, d’impartialité et d’indépendance et de révéler toute circonstance
susceptible d'être regardée comme affectant ces critères
L’indépendance de l’arbitre se définit comme l’absence de toute
relation d’affaires ou personnelle passée ou présente, directe ou
indirecte, entre l’arbitre et l’une des parties, ou toute personne
étroitement liée à l’une des parties. C’est aussi une indépendance
d’esprit, notamment vis-à-vis des pressions extérieures
L’impartialité de l’arbitre se définit comme l’absence de déséquilibre,
et l’égalité de traitement des parties. L’impartialité doit être contestée
lorsque, par exemple, il est clair qu’un arbitre a accordé un avantage
exorbitant à une partie ou qu’il a rendu une décision en faveur d’une
partie en tort
La diligence de l’arbitre est une obligation morale qui suppose qu’un
arbitre ne peut accepter une affaire s’il ne dispose pas du temps et de
la compétence nécessaires pour mener sa mission à bien.
Les obligations de l’arbitre : elles sont édictées par l’IBA et transposées sur le plan
interne :
L’obligation de rendre une sentence correcte : donc fidèle au contrat et au
contexte du litige. Il doit satisfaire aux attentes légitimes de parties et étudier
autant que possible les faits contestés
L’obligation d’administrer une justice optimale : c’est favoriser la promotion
d’une bonne administration de la justice. Il s’agit ici, tout en respectant les
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principes du procès équitable et l’obligation de répondre aux attentes
légitimes des parties, d’éviter les coûts et délais excessifs. Le but recherché
est ici l’efficience de la justice arbitrale.
L’obligation de rendre une sentence exécutoire. Ainsi, il va donc chercher à
rendre une sentence qui puisse faire l’objet d’une ordonnance d’exequatur ou
de reconnaissance. Il s’agit là plus d’une obligation de moyen que d’une
obligation de résultat. De cette obligation de rendre une sentence exécutoire
découle l’obligation de communiquer ou de notifier celle-ci aux parties.
L’obligation de révélation qui est le corollaire et la consécration matérielle de
l’obligation d’indépendance. Le principe est que l’arbitre, afin de justifier de
son indépendance, doit révéler toutes les relations qu’il a avec les parties
ainsi qu’avec leurs conseillers. L’arbitre doit révéler aux parties toute
circonstance de nature à affecter son jugement et à provoquer dans l’esprit
des parties un doute raisonnable sur ses qualités d’impartialité et
d’indépendance.
EXPOSE :
L’arbitrage est justement une justice onéreuse car les arbitres perçoivent une
rémunération en contrepartie de leurs missions. Ainsi, la fixation de cette
rémunération se fait en deux modes qui sont le mode institutionnel où les
honoraires sont plus couteux et plus déterminés, et le mode ad hoc
les honoraires dans l’arbitrage institutionnel : ces institutions prévoient dans leur
règlement un barème de rémunération des arbitres en fonction du montant des
intérêts en jeu. Les frais d'un arbitrage CCI comprennent les honoraires et les frais
des arbitres ainsi que les frais administratifs correspondant aux services rendus par la
CCI.
les honoraires dans l’arbitrage ad hoc : Ils résultent d’un accord entre les parties et
ou les arbitres. En pratique, les arbitres proposent aux parties une certaine somme
que les litigant peuvent accepter, refuser, négocier. En pratique, les difficultés sont
rares car souvent l’arbitrage ad hoc s’inspire des barèmes de l’arbitrage
institutionnel.
EXPOSE :
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l’acceptation de la mission constitue, en elle-même, une faute, et l’arbitre
doit prouver que son désistement était dû à des causes légitimes), en cas de
manquement ou le retard dans l’exécution de l’obligation de statuer et en
cas de violation de l’obligation de révélation
La responsabilité pénale des arbitres :
La responsabilité pénale des arbitres a été expressément prévue par la loi
marocaine en cas de corruption : emprisonnement et amende à l’arbitre
qui « sollicite ou agrée des offres ou promesses, sollicite ou reçoit des dons,
présents ou autres avantages, pour … rendre une décision… favorable ou
défavorable »
Prévue aussi en cas de refus d’exécution du contrat : emprisonnement et
amende. Les éléments constitutifs sont : un acte matériel qui réside dans le
fait, pour l’arbitre, d’avoir reçu des avantages en vue de l’exécution du
contrat, le refus de statuer ou de rembourser les avances reçues ; l’intention
délictuelle caractérisée par l’absence de motif justifiant ce refus
Prévue en cas de violation du secret professionnel : emprisonnement et
amende
A. Règles communes :
1. Échange de mémoires :
Dans la pratique, la procédure arbitrale est une procédure écrite qui se traduit par l’échange
de quatre mémoires : un mémoire en demande du demandeur, le mémoire en défense du
défendeur, un mémoire en réplique du demandeur et un mémoire en duplique du
défendeur. Tout cela selon un calendrier de procédures qui fixe les délais de l’échange des
mémoires et de la production des pièces (dans la pratique, chaque échange est espacé d’un
délai de 15jours.) La forme et la communication des échanges est libre.
2. L’instruction de l’affaire :
Si les arbitres ne sont pas suffisamment éclairés par l’échange des mémoires et des pièces,
ils peuvent recourir à une ou plusieurs mesures d’instruction, en particulier, l’audition des
parties et des témoins, l’expertise ou le transport sur les lieux. Les témoins ne peuvent être
entendus qu’après prestation de serment. Dans l’arbitrage international, il est souvent fait
référence aux règles de l’international bar association (IBA rules) sur l’administration de la
preuve dans l’arbitrage commercial international.
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3. L’audience de plaidoirie :
Les arbitres sont tenus d’organiser une audience au cours de laquelle les parties vont plaider
oralement leurs dossiers, mais les parties peuvent le dispenser de le faire
4. La langue :
La langue dans l’arbitrage interne est l’arabe sauf convention contraire des parties.
5. Les parties :
Dans l’arbitrage, les parties sont libres de défendre leurs intérêts en personne ou se faire
représenter ou assister par toute personne de leur choix.
- Prolongation du délai :
Le délai peut être prorogé pour la même période soit par accord des parties soit par le
président du tribunal à la demande de l’une des parties ou à la demande du tribunal
arbitral.
- Sanctions :
Si ce délai n’est pas respecté, deux conséquences en découlent : la convention d’arbitrage
devient caduque et les parties doivent renouveler leur demande devant un tribunal étatique.
En second lieu, l’engagement de la responsabilité civile des arbitres à l’égard des parties.
2. En matière d’espace :
L’arbitrage doit être localisé, la sentence doit indiquer le lieu où elle est rendue, c’est aux
parties qu’il appartient de choisir le siège de l’arbitrage. Dans l’arbitrage international, on
choisit le lieu le plus favorable à l’arbitrage (généralement Paris) ou le siège le plus neutre
(généralement Genève). Le choix du siège peut entrainer au moins deux conséquences :
Ces règles concernent principalement : le lieu de l’arbitrage, la langue, la durée, la tenue des
audiences, l’échange des mémoires, l’audition des parties et témoins et autres mesures
d’instruction
Dans l’arbitrage ad-hoc interne : les arbitres appliquent l’ordre juridique national.
Mais le CPC autorise expressément les parties à dispenser les arbitres de suivre les
règles de la procédure judiciaire. Si tel est le cas, ce sont les arbitres qui fixent les
modalités de déroulement de la procédure
Dans l’arbitrage ad-hoc international, c’est la loi des parties, dite loi d’autonomie qui
a la priorité. Il ya un vide car il n’ya ni de loi interne ni de règlement d’institution,
d’où le rôle des parties. En général, les règles de procédure sont laissées à la
discrétion des arbitres qui s’inspirent des pratiques de l’arbitrage institutionnel ou se
référent à la loi du siège national. La convention de New York prévoit qu’à défaut par
les parties de convenir des règles de procédure, les arbitres doivent appliquer la loi
du pays où l’arbitrage a lieu .
Dans l’arbitrage institutionnel national ou international, chaque institution
d’arbitrage a un règlement qui prévoit les modalités de déroulement de la procédure
arbitrale. C’est le cas de la cour d’arbitrage internationale de la CCI, de la LCIA et
l’AAA. Au Maroc, la cour marocaine d’arbitrage et le CIMAC. Ces règlements sont des
codes de procédure arbitrale
Le règlement de la CCI constitue un modèle en la matière
Quelque soit la liberté donnée aux arbitres, soit par la volonté des parties soit par un
règlement d’arbitrage, ils doivent respecter les principes fondamentaux inhérents à
une bonne administration de la justice, à savoir les droits de la défense et l’ordre
public
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Cette application est facilitée lorsque les parties choisissent le droit applicable. Le problème
se pose en cas de silence des parties, et devient plus délicat selon qu’on applique telle ou
telle législation, si l’arbitre n’aboutit pas à la même solution.
Exemples :
Le problème qui se pose est de savoir, en cas de non fixation par les parties, quelles règles
selon l’arbitre doit appliquer. A cet égard, il faut distinguer deux sortes d’arbitrages,
l’arbitrage en droit et en amiable composition :
L’arbitrage en droit :
L’article 327-18 du CPC permet aux parties de choisir librement le droit applicable aussi
bien en arbitrage interne qu’international
Si les parties ne s’entendent pas sur les règles de droit applicables, le tribunal arbitral
applique les règles objectives de droit qu’il juge les plus proches du litige.
Lorsqu’il s’agit de fixer le droit applicable en l’absence de fixation par les parties, l’arbitre et
surtout a une grande liberté pour choisir les règles applicables : Ainsi, il peut appliquer :
En premier lieu les règles objectives les plus proches au litige) = le droit du pays du
lieu d’exécution du contrat.
En deuxième lieu, il peut appliquer la lex mercatoria = loi des marchands qui
comprend (les principes généraux du droit, les usages du commerce international,
les contrats types, la jurisprudence arbitrale
Les parties sont libres d’investir les arbitres du pouvoir de statuer en amiable composition
sans se conformer aux règles légales. La clause d’amiable composition peur faire l’objet de
plusieurs formulations, telles que statuer en équité, en conscience, exequo et bono. Il suffit
que l’intention des parties soit clairement exprimée
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I- Le régime de la sentence arbitrale
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Majorité des voix : en cas d’arbitre unique, la sentence ne peut être rendue qu'au
terme d'une réflexion solitaire. Mais, s'il se compose de plus d'un arbitre, les
décisions sont prises à la majorité
En dernier lieu, une conséquence est liée à l’effet obligatoire de la sentence qui est
notamment celui de la force probatoire de la sentence arbitrale
Cependant l’assimilation des sentences arbitrales aux décisions judiciaires en les dotant d’un
effet obligatoire ne signifie pas qu’une fois la sentence sera rendue elle sera susceptible
d’exécution forcée automatiquement, il faut l’exéquatur
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juridiction. Le juge de l'exequatur rend une ordonnance. L'exequatur doit être accordé
ou refusé en totalité, il n'y a pas d'exequatur partiel ou sous réserves.
- L’inopposabilité face aux tiers : selon l’effet relatif, la sentence arbitrale, rendue sur le
fondement de la convention d’arbitrage, entre les parties ,a un effet à l’égard des parties
mais pas à l’égard des tiers. C’est également ce qui a été repris par le législateur dans la
loi 08-05, relative à l’arbitrage, à travers l’article 327-35 du CPC en prévoyant que « les
sentences arbitrales, […] ne sont pas opposables aux tiers… ».
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Partie 2 - Les ADR : Modes de règlements
non contentieux
Chapitre 1- Présentation des différents ADR
Ce sont les coûts élevés des procédures arbitrales ou judiciaires qui poussent les parties à
rechercher d'autres procédés de règlement de leurs différends. Ces procédés non
contentieux se distinguent aussi par la célérité, l'absence de formalisme, l'économie des
débats, la confidentialité et une solution qui satisfait l'équité et les intérêts économiques
des parties plutôt que les règles judiciaires. La plupart de ces Modes se distinguent par
l'intervention d'un tiers personne physique ou institution qui tente de rapprocher les parties
et leur permettent d'aboutir à un accord
- la conciliation : c'est l'action d'amener des personnes ayant des opinions divergentes à
s'entendre. Le conciliateur essaie de rapprocher les points de vue en faisant des
propositions en ce sens. Il se distingue du médiateur en ce sens qu'il fait des
recommandations. La solution est librement choisie et acceptée par les parties mais elle
reflète l'interprétation du conciliateur. La conciliation peut-être judiciaire on
conventionnelle. Le conciliateur est bénévole.
- la médiation est l'intervention dans un différend d'un tiers choisi par les parties, impartial
neutre et sans pouvoir décisionnel, dans le but de les aider à trouver elle-même leur propre
solution et à la concrétiser. La médiation peut-être volontaire c'est-à-dire née de la volonté
des parties ou judiciaire lorsqu'elle est ordonnée par le juge avec l'accord des parties.
Ce qui caractérise ces deux modes, c'est l'absence d'un pouvoir de décision conféré au
médiateur ou au conciliateur.
- la négociation: c'est la recherche d'un accord dans l'intérêt des parties avec l'aide d'un
négociateur. La négociation se fonde sur des valeurs, des intérêts et des enjeux. On parle
de rapport de force lorsqu'il s'agit de faire passer habilement ses idées.
- le droit collaboratif est une pratique qui utilise la négociation où les avocats s'engagent à
aider les parties à conclure une entente acceptable
Chapitre 2- La médiation
Paragraphe 1- Définition et avantages de la médiation
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- Définition : est l'intervention dans un différend d'un tiers choisi par les parties, impartial
neutre et sans pouvoir décisionnel, dans le but de les aider à trouver elle-même leur
propre solution et à la concrétiser. La médiation peut-être volontaire c'est-à-dire née de
la volonté des parties ou judiciaire lorsqu'elle est ordonnée par le juge avec l'accord des
parties.
Le législateur marocain n’a donné aucune définition de la médiation, mais l’article 327-55
du met en exergue les trois critères fondamentaux de la médiation :
le caractère volontaire du processus afin de régler ou prévenir un différend
l’intervention d’un tiers : le médiateur ;
la conclusion d’une transaction mettant un terme au différend.
- Avantages : processus libre et volontaire, sécurité, flexibilité, confidentialité, variété
d’issues possibles, solutions émanant des parties, préservations des relations des parties
et possibilité d’entretiens séparés. C’est l’une des façons les plus rapides et les moins
chères de résoudre un litige. La plupart des médiations ont des issues favorables, aucune
décision n’est imposée
- Le système marocain s’est limité à la médiation conventionnelle
- Le rôle du médiateur : il doit rapprocher les points de vue des parties et mettre fin à leur
litige par la facilitation de la conclusion d’une transaction. En entendant les parties et en
les amenant à confronter leurs points de vue, le médiateur leur permet de trouver elles-
mêmes la solution. En cas de réussite de la médiation, les parties peuvent soumettre leur
accord à l’homologation du juge pour qu’il lui donne force exécutoire. C’est une
personne indépendante et qualifiée, il a la formation et l’expérience nécessaire pour
mettre en oeuvre une médiation et doit nécessairement expert dans le domaine du
conflit.
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La clause de médiation par laquelle chacune des parties s'engage, lors de la
survenance d'un conflit à mettre en œuvre un processus de médiation. Elle doit
être écrite et désigner les médiateurs.
- Le déroulement de la médiation :
Premier entretien d’information : dès que le médiateur a accepté la mission qui
lui est confiée, il en avise les parties par lettre recommandée avec accusé de
réception ou par huissier de justice. Il entame avec les parties un entretien
d'information, dans lequel il informe les parties des « règles de jeu » et leur
remet le protocole de médiation qui résume ces principales règles.
La collecte d'informations : après la signature du protocole de médiation, les
parties exposent chacune sa situation. Le médiateur prend tous les
renseignements , clarifie les points de vue, résume les points d'accord et de
désaccord et veille à créer un climat de confiance pour rendre possible les
négociations.
Négociations et examen des options possibles : après avoir dressé l'inventaire
des questions à régler, les parties cherchent avec le médiateur les solutions
possibles aux différends qui les opposent et choisissent la meilleure.
Paragraphe 3- La transaction
A l'issue de la procédure, si les parties arrivent à un accord, elles concluent « une transaction
» qui met un terme définitif à leur litige. En cas de non aboutissement à un accord, le
médiateur délivre aux parties le document de non transaction (b) portant sa signature.
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