Les Cahiers de Douai, - Le Buffet

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LL2 : Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai, “Le Buffet”, 1870

REMARQUES APRÈS LA PREMIÈRE LECTURE DU POÈME :


→ remarque sur le titre : il personnifie le meuble puisqu’il écrit “buffet” avec une majuscule
→ il s’agit d’un sonnet composé d’alexandrins
→ la forme n’a rien d’une émancipation créatrice puisqu’elle est très classique : l’émancipation des
normes classiques se trouve donc dans un premier temps dans le contenu du sonnet
→ la versification de ce poème permet de dégager les thématiques importantes : description,
nostalgie, réconfort, sublimation qui amène à une réflexion sur le temps qui passe ( si on tient
compte des mots qui sont mis en évidence par la position à la coupe à l’hémistiche.)

POEME :
C’est un large buffet / sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,


De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches


De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle / à des parfums de fruits.

- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,


Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.

Quatrain 1 : Description de l’aspect général du buffet


➔ “buffet” : coupe à l’hémistiche
→ Arthur Rimbaud nous propose une définition de ce meuble en employant le présent et
en décrivant l’aspect visuel du buffet à l’aide de nombreux adjectifs (il est imposant,
raffiné, noble et sa couleur est sombre)
→ “large” : il s’agit d’un meuble imposant
→ “sculpté” : pour montrer qu’il s’agit d’un meuble sophistiqué et travaillé
→ “chêne sombre” : matériau noble, meuble massif, gage de qualité et de solidité
➔ “vieux”, “vieilles” : répétition de l’adjectif (personnification)
→ insiste sur l'intemporalité du meuble : il devient le témoin du temps qui passe (réflexion
sur le temps)
→ aspect nostalgique, réconfortant de la vieillesse
➔ “a pris cet air” : personnification du buffet → comparaison de l’air du buffet à l’air des
“vieilles gens”
➔ “si” et “très’ : adverbes d’intensité → ce meuble est réconfortant et digne d'intérêt
➔ “gens” et “engageant” : rimes croisées → comparaison du meuble à des personnes
chaleureuses (on passe à la physionomie du buffet avec l’utilisation de la personnification)
➔ “le buffet est ouvert et verse dans son ombre” : évocation du buffet en tant
que sujet en début de vers dans une proposition simple
→ “ouvert” : accentue le côté accueillant et chaleureux du buffet (il s’agit d’une invitation
à ce qu’on pénètre à l’intérieur)
→ “est ouvert” et “verse” : verbe d’état et verbe d’action → multiplicité des capacités du
buffet
➔ “comme un flot de vin vieux” : postposition de l’adjectif met en valeur la qualité du vin
→ plus le buffet est vieux et plus il est de qualité
➔ “parfums” : évocation des parfums description sensorielle → tous les sens sont sollicités,
avec le goût (vin) et le toucher (sculpté)

Quatrain 2 et tercet 1 : Rimbaud décrit l’intérieur du buffet


➔ “Tout” : adverbe totalisant → le contenu du meuble est fourni: les expansions du noms
(compléments du nom)
➔ “de” : reprise anaphorique de la préposition introduisant
→ accumulation de ce que contient le buffet
→ accentuent la richesse du contenu du buffet puisqu’elles sont au pluriel
➔ “fouillis” : terme familier → émancipation des normes de la poésie classique (il ne s’agit
pas d’un terme poétique). Côté affectueux.
➔ “vieilles vieilleries” : pléonasme → insistance sur le fait que le buffet contiennent des
éléments qui ont un côté nostalgique et affectueux pour les personnes qui le possèdent
dimension sentimentale
➔ “de chiffons/De femmes ou d’enfants” : contre-rejet → émancipation
➔ “linges odorants et jaunes” : ravages du temps sur le tissu
➔ “de femmes ou d’enfants” : apporte un côté émotionnel → donne à voir la vie dans
cette maison
➔ “dentelles” :
→ tissu fin et noble et nécessitant beaucoup de travail, il est réservé à des moments
importants et précieux
→ nostalgie puisqu’elle est souvent transmise de génération en génération et réalisée par
une personne âgée et proche peut-être.
➔ “fichus de grand’mère” : tissu qui n’a aucune valeur
→ dans ce buffet il y a à la fois des objets de valeurs et d’autres qui ont moins de valeur, si
ce n’est émotionnelle.
→ la valeur ne tient pas à l’objet mais à l’émotion qu’il suscite et à l’importance qu’on lui
accorde
➔ “griffons” : animal mythologique (tête de lion et corps d’oiseau)
→ Rimbaud nous invite à imaginer le buffet (monde parallèle/fantastique, il est plus riche)
→ fait le lien avec la strophe suivante
→ côté mystique

➔ “trouverait” : conditionnel (se trouve à l’hémistiche) → temps de l'irréel/l’imaginaire


➔ “on” : pronom indéfini → élargit cette expérience à tous (n’importe qui trouverait ces
éléments de l’ordre du souvenir)
➔ “blancs et blonds” : intemporalité du buffet
→ Rimbaud mêle le passé et le présent
→ “blonds” désigne les cheveux des jeunes
→ “blancs” désigne les cheveux des vieilles personnes.
➔ “médaillons” et “mèches” :
→ fait revivre à travers les souvenirs des personnes qui nous sont chères. La tradition
voulait qu’on coupe une mèche de la tête de défunt pour la garder en souvenir.
→ côté précieux pas pour ce que c’est mais pour ce que cela évoque
→ voyage illimité et extrêmement personnel
➔ “les fleurs sèches” :
→ côté éphémère de notre existence. rappel de la Vanité en art (tableau proposant une
réflexion sur les vanités)
→ stabilité du buffet qui semble survivre au temps qui passe
→ memento mori
➔ “parfums de fruits” : évocation du sens olfactif → ce sens permet le plus de solliciter les
souvenirs (Parfums Exotiques de Baudelaire : voyage sensoriel et physique)
➔ “se mèle” : la coupe à l’hémistiche insiste sur le fait que le buffet permet de
lutter contre le temps qui passe par l'association du passé et du présent/ de la
vie et de la mort

Tercet 2 : Chute du poème


➔ “Ô buffet” : ô lyrique → mise en évidence des sensations de Rimbaud
➔ “tu sais” : tutoiement
→ il s’adresse au buffet : proximité de Rimbaud et son meuble
→ met en lumière la personnification du buffet
➔ “bien” adverbe quantitatif : importance à travers ces connaissances
➔ “du vieux temps” : prétexte à une réflexion sur le temps
➔ “conter des contes” : polyptote met en avant → fiction (limite du pouvoir du buffet :
chute du poème)
➔ “tu voudrais” : conditionnel → impossibilité puisqu’il s’agit d’un objet (retour à la réalité)
➔ “tu bruis” : en opposition à la douceur, faculté du buffet à raconter des histoires
(grincement)/ péjoratif.
➔ “grandes portes noires” : métaphore
→ rupture : enfer
→ sentiment du jugement dernier/de la mort qui nous ramène chacun à notre place, nous
fait revenir à la réalité
→ vient anéantir le pouvoir de ce buffet
→ le dernier vers fonctionne toujours comme une chute
➔ dans toute la dernière strophe : allitération en [t] qui sonne comme un marteau

OUVERTURES POSSIBLES
→ Le cageot de Francis Ponge

→ La bicyclette de Jacques Réda


→ Parfums Exotiques de
Baudelaire
EXEMPLE DE PROJET DE LECTURE
→ Comment le poète parvient-il à donner vie à l’objet pour en faire le témoin du temps qui
passe ?

EXEMPLE DE MOUVEMENTS
→ comment le buffet s’anime peu à peu sous les yeux du lecteur
→ dans quelle perspective le regard du poète le transfigure

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