Cours Routes
Cours Routes
Cours Routes
COURS DE
DIMENSIONNEMENT
ET D'ENTRETIEN DES
CHAUSSÉES
M. HNIAD Othmane
Table des matières
3
4 TABLE DES MATIÈRES
1.1 Dénitions
Une chaussée est une structure plane et étanche destinée à reporter, sur le sol support,
en les répartissant, les eorts dus au trac. Elle se compose de plusieurs couches successives
reposant sur une plate-forme support de chaussée constituée du sol terrassée sur lequel est
souvent mise en ÷uvre une couche de forme.
7
8 CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX STRUCTURES DE CHAUSSÉE
le sol se retrouvera au droit de la charge. On obtient une répartition des charges sur le sol
en forme de cloche. Pour déterminer l'épaisseur de la couche granulaire, il faut s'assurer
que la pression verticale maximale transmise au sol soit inférieure à la portance du sol.
Sous l'eet de passages répétés de charges, la couche granulaire se comporte comme un
sol. Elle subit une déexion et a donc une déformation résiduelle qui augmente en fonction
des passages répétés des charges et nit par provoquer de l'orniérage.
Eet de mise en place d'une couche granulaire traitée au liant : Dans ce cas, la trans-
mission de la charge au sol est diérente. Les liaisons entre les grains permettent une
meilleure répartition de la charge sur le sol-support. Les contraintes se traduisent par des
eorts de compression et de traction dans les couches d'assises.
Par exemple, dans le cas d'une couche traitée avec un liant hydraulique, la charge,
compte tenu de la rigidité de la couche, va être répartie de manière uniforme sur le sol avec
des contraintes de compression relativement faibles. La contrainte sur le sol est diminuée.
Il apparaît dans les couches traitées :
• Une contrainte de compression en bre supérieure : cette contrainte doit être
inférieure à la résistance en compression des matériaux ;
• Une contrainte de traction par exion en bre inférieure : cette contrainte
doit être inférieure à la contrainte de traction admissible du matériau.
On en déduit que la charge transmise au sol support est fonction de la nature et des
caractéristiques mécaniques des matériaux constituant les couches de chaussée.
Les diérentes couches composant la structure de chaussée vont donc permettre, en
fonction de la nature de leur traitement, de répartir les charges liées au trac an de
diminuer les pressions transmises au sol support. Il convient de déterminer l'épaisseur de
chaque couche de la structure an que les pressions sur le sol soient admissibles en fonction
des charges appliquées à la structure et de sa nature.
Couche de base
La couche de base doit résister aux eorts verticaux issus de la couche de surface et
répartir les pressions qui en résultent sur la couche de fondation.
La couche de base et la couche de fondation constituent les couches d'assises de chaus-
sée. Elles doivent assurer la reprise et la répartition des eorts. Les couches d'assises de
chaussées vont avoir elles aussi deux rôles importants dans la chaussée :
• Lors de la construction de la chaussée : Les couches d'assises servent, de support
pour la future couche de roulement et se doivent d'être bien nivelées. Elles doivent
fournir une portance susante (les assises peuvent être circulées, et donc servent de
couche de roulement provisoire pour les engins de chantiers).
• Une fois la chaussée terminée : Les couches d'assises doivent permettre aux
contraintes créées par le trac de se répartir, pour que leur niveau soit admissible pour
la plate-forme support (rôle structurel). Les couches d'assises permettent également
de protéger le sol support de la pénétration du gel par l'utilisation de matériaux
adaptés dans des épaisseurs convenables.
Pour remplir ces deux rôles, diérents types de matériaux, traités ou pas, sont utilisés
et ont des comportements diérents.
Couche de roulement
La couche de roulement constitue la zone de contact entre la route et les pneumatiques,
donc subit directement les agressions de la circulation et des intempéries. Elle doit résister
aux eorts horizontaux engendrés par les pneumatiques (accélération, freinage), empêcher
la pénétration de l'eau dans la structure de chaussée (étanchéité) et assurer la protection
de l'assise contre les agressions du trac. Elle assure la liaison avec les pneumatiques
des véhicules en orant une surface de roulement régulière et confortable (absence de
singularité, réduction du bruit de roulement), non glissante (adhérence par rugosité pour
la sécurité), unie et homogène.
1.4. DIFFÉRENTS TYPES DE STRUCTURES DE CHAUSSÉE 11
La couche de surface (liaison et roulement) n'a pas dans la chaussée de rôle structurel
majeur. Elle contribue plus aux qualités d'usage de la chaussée. Elle a par contre des
objectifs parfois contradictoires tels que l'obtention de propriétés de rugosité en surface
(couche de roulement) et une bonne imperméabilité pour protéger les couches d'assises
(couche de liaison).
Pour la couche de surface, comme pour les couches d'assises, le choix des matières
premières et des matériaux nis est important et multiple.
Les diérentes exigences nécessaires pour la conception d'une chaussée sont les suivants :
• Structurelles : durabilité, résistance aux agressions et aux tracs
• Fonctionnelles : uni de chaussé convenable, adhérence pneu-chaussée
• Écologiques : préservation des ressources, nuisances de chantier réduites, limitation
des bruits
• Économiques : coût compétitif, fréquence d'entretien réduite
• Mise en ÷uvre : facile, rend les entretiens futurs plus abordables
• Esthétiques : couleur, luminosité, intégration dans le cadre environnemental
Il est à noter que le prol en travers des routes et des autoroutes, présente les principales
caractéristiques suivantes :
• La chaussée est divisée en voies de circulation dont la largeur est en général de 3,5
mètres ;
• Le nombre de voies est fonction du trac ;
• Le terre-plein central (éventuel) fait une largeur d'environ 3 mètres ;
• Les bandes d'arrêt éventuelles ont une largeur de l'ordre de 3 mètres ;
• Les accotements ont une largeur de l'ordre de 3 mètres.
Où :
• NPL : Nombre de poids lourds pendant la période de la campagne de comptage et
de pesage ;
• nij : Nombre d'essieux élémentaires de type j et de classe de charge j ;
• kj : Coecient d'interaction géométrique causé par la proximité des essieux (dépend
de du type d'essieu et de la structure de la chaussée) ;
• Pi : Classe moyenne de charge de l'essieu ;
• P0 : Charge de référence des essieux (dans le cas du Maroc : 130kN ) ;
• α : Facteur dépendant de la nature de la structure de la chaussée.
On en déduit que le coecient d'agressivité moyen (CAM) est calculé en divisant
l'ensemble des charges en classe et en attribuant à chaque essieu la valeur moyenne de
sa classe. L'indice j fait référence au type d'essieu (1 pour le simple, 2 pour le tandem et
3 pour le tridem). Les valeurs de k et de α sont obtenues grâce au tableau suivant :
Nature de la structure Coecient k
de la chaussée α Essieu Simple Essieu Tandem Essieu Tridem
Chaussée souple 5 1 0,75 1,1
Chaussée rigide 12 1 12 113
Remarque : bien que la priorité sur l'échelle de l'agressivité soit accordée aux véhicules PL
avec PTC ≥ 8t, on ne doit pas négliger les véhicules avec un PTC ≤ 8t, car il se peut
qu'ils soient en surcharge !
Quelques ordres de grandeur pour des valeurs de l'agressivité de poids lourds marocains
d'après une étude du CNERR (Centre National des Études de la Recherche Routière) :
• Camions à deux essieux (petits et grands) : entre 0,3 et 0,54 ;
• Camions semi-remorque à 3 essieux (tandem ou tridem) : entre 0,4 et 1,6 ;
• Autocars et autobus : valeurs proches de 0,25.
14 CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX STRUCTURES DE CHAUSSÉE
Exemple 2
Pendant 5 jours de comptage, une station de pesage a dénombré le passage de 805 PL
représentant :
• 1854 essieux simples ;
• 436 essieux élémentaires en tandem ;
• 168 essieux élémentaires en tridem.
La répartition des essieux sur les classes de charge est donnée dans le tableau suivant :
Classe de charge (kN) Simples Tandem Tridem
10 - 30 210 107 48
30 - 40 160 78 34
40 - 50 100 66 28
50 - 60 290 60 22
60 - 70 280 50 16
70 - 80 216 28 14
80 - 90 210 24 4
90 - 100 180 8 2
100 - 110 68 6 0
110 - 120 50 5
120 - 130 40 2
130 - 140 25 1
140 - 150 9 1
150 - 160 7 0
160 - 170 5
170 - 180 2
180 - 190 1
190 - 200 1
200 - 210 0
Total 1854 436 168
Pour des structures de chaussée souples et rigides, calculer le coecient d'agressivité
moyen d'un essieu, ainsi que celle d'un camion-type (essieu simple de 60 kN à l'avant et
essieu roues jumelées à l'arrière de 130 kN).
Chapitre 2
Hypothèses
A partir des essais AASHTO, des équations ont été développées qui lient la perte de
qualité de service, le trac et les épaisseurs de la chaussée. Vu qu'elles ont été développées
dans les conditions spéciques de l'essai routier, ces équations ont plusieurs limitations :
• Les équations ont été développées sur la base des matériaux de la chaussée et du sol
de la plate-forme spécique à l'essai routier AASHTO ;
15
16 CHAPITRE 2. DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES
• Les équations ont été développées sur la base de l'environnement de l'essai routier
AASHTO seulement ;
• Les équations sont fondées sur une période d'essai accélérée de deux ans plutôt qu'une
durée typique de vie d'une chaussée, allant à 20 ans. Par conséquent, les facteurs
environnementaux sont diciles (voire impossibles) à extrapoler ;
• Les charges utilisées pour développer les équations sont des véhicules avec des charges
et des congurations d'essieux identiques, par opposition à un trac mixte.
Et donc plusieurs hypothèses doivent être posées :
• La caractérisation de la plate-forme support de chaussée peut être étendue à d'autres
sols-supports en se basant sur une échelle de classication convenable ;
• Le chargement peut être appliqué à un trac mixte par l'utilisation de la notion
d'essieu de référence ;
• La caractérisation des matériaux de surface, de base et de fondation de l'essai AA-
SHTO peut être appliquée à d'autres matériaux en leur attribuant des coecients
de couches appropriés ;
• Le test accéléré au niveau des essais AASHTO sur la période de 2 ans peut être
étendu à une période de service supérieure.
Données d'entrée
L'ensemble des paramètres énuméré ci-dessus sont des données d'entrée indispensables
à l'équation des essais AASHTO. ils concernent :
• Le chargement prévu. Le chargement prévu est tout simplement le nombre prévu
d'essieux équivalents de référence (de 8t dans le cas de cette méthode) dont la chaus-
sée subira le passage au cours de sa durée de vie ;
• La abilité. La abilité de la méthode de dimensionnement est la probabilité qu'une
section de chaussée conçue suivant cette méthode fonctionne de manière satisfaisante
sur les conditions de circulation et d'environnement xées pour sa durée de vie. En
d'autres termes, il doit y avoir certaine garantie que la chaussée fonctionnera comme
prévu, étant données variations de paramètres tels que la construction, l'environne-
ment et les matériaux. La abilité est représentée dans l'équation par ZR et S0 .
• La structure de chaussée. La structure de chaussée est caractérisée par le nombre
structurel (SN ), un nombre abstrait exprimant la résistance structurelle de la chaus-
sée requise pour le sol-support (MR ), le trac total exprimé en essieux équivalents de
référence, la qualité de service terminale et l'environnement. Le SN est converti en
une épaisseur de couche réelle (par exemple, 150 mm (6 pouces) d'enrobé à chaud)
en utilisant un coecient de couche (ai ) représentant la résistance relative des ma-
tériaux de construction de cette couche. En outre, toutes les couches en dessous de
la couche d'enrobé à chaud reçoivent un coecient de drainage (mi ) qui représente
la perte relative de résistance dans une couche en raison de ses caractéristiques de
drainage et du temps total d'exposition à des conditions hydriques proches de la
saturation.
• Durée de service. La diérence dans le PSI entre la mise en service et la n de vie
utile est la durée de service. L'équation compare ces valeurs à celles par défaut de
4,2 pour la valeur à mise en service et de 1,5 pour la n de vie utile.
• Plate-forme support. La plate-forme support est caractérisée par son module ré-
versible (MR ). Intuitivement, la résistance oerte par la plate-forme support devrait
être un facteur important dans la détermination de la structure de la chaussée requise.
2.1. APPROCHES DE CALCUL 17
Formule AASHTO
La méthode AASHTO se base sur la formule permettant d'avoir le nombre d'essieux
équivalents de référence maximal supportable par une structure de chaussée souple donnée.
La formule est la suivante :
∆P SI
log
4, 2 − 1, 5
log(W18 ) = ZR S0 + 9, 36.log(SN + 1) − 0, 20 + + 2, 32.log(MR ) − 8, 07
1094
0, 40 +
(SN + 1)5,19
Où :
• W18 : Nombre cumulé d'essieux dePréférence de 18 Kips (1Kip = 4, 448kN = 1000lb) ;
• SN : Nombre structurel (SN = i ai Di mi ) où :
ai : Coecient d'équivalence des couches, fonction de la nature et de la position
de la couche, de son indice CBR, de la nature de son traitement, ...
Di : Épaisseur des couches ;
mi : Coecient de drainage.
• ∆P SI : Variation de l'indice de qualité de service entre l'état initial et au terme de
la durée projetée (perte du niveau de service sur la durée de vie de la chaussée) ;
• MR : Module réversible du sol support ;
• ZR et S0 : Écarts-types sur trac et performance.
Cette équation n'est pas la seule équation empirique disponible, mais elle approche au
mieux le sens d'une équation empirique, en y incorporant correctement facteurs interve-
nants et observations expérimentales.
Méthode d'utilisation
L'équation du guide AASHTO (1993) peut être résolue pour l'une des variables dans
la mesure où toutes les autres sont fournies. En règle générale, l'output est soit le nombre
d'ESALs (Equivalent Single Axle Load) total ou le nombre structurel requis (ou les pro-
fondeurs de couche de chaussée associées). Pour être plus précis, l'équation de la chaussée
souple décrite dans ce chapitre devrait être résolue en même temps que l'équation des
ESALs de la chaussée souple. Cette méthode est un processus itératif qui permet d'obtenir
le nombre total d'ESALs dans les deux équations en faisant varier le nombre structurel.
Il est itératif parce que le nombre structurel (SN) a deux principales interventions : Dans
le calcul des coecients d'équivalence avec les essieux de référence et dans la formule
AASHTO.
Par conséquent, le nombre structurel est nécessaire pour déterminer le nombre d'ESALs
pour la conception avant même que la chaussée ne soit conçue. Une méthode de résolution
18 CHAPITRE 2. DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES
sera détaillée dans cette partie, mais il est nécessaire d'expliciter d'abord les données à
introduire dans les calculs et leur moyen d'obtention.
Quelques valeurs typiques de module réversible (en psi) issues de l'AASHTO (2002)
pour des matériaux d'infrastructure sont présentées au tableau suivant : (pour passer au
MPa, il sut de multiplier par 0,069)
2.1. APPROCHES DE CALCUL 19
2. Données relatives à l'équation des ESALs. On calcule, pour chaque classe d'es-
sieux de nature diérente (Simple, Tandem ou Tridem), le coecient d'équivalence de
charge avec un essieu de 18.000 lb (8t) de référence, et ce par la formule suivante :
h L + L i4,79 h 10G/βs i h 1 i4,33
x 2x
LEF = . .
Ls + L2s 10G/βx L2x
Où :
• Lx : Charge de l'essieu concerné (en Kips) ;
• Ls : Charge de l'essieu de référence standard (18 Kips) ;
• L2x : Code correspondant à à la conguration de l'essieu : simple = 1, tandem = 2,
tridem = 3, s = 1 (l'essieu standard étant simple) ;
4, 2 − p
• G = log
t
, où pt est l'indice terminal de service ;
4, 2 − 1, 5
0, 081(Lx + L2x )3,23
• βx = 0, 4 + où SN est le nombre structurel.
(SN + 1)5,19 L3,23
2x
Le fait que le SN soit introduit dans cette formule suppose qu'il sera pris dans un
premier temps de façon hypothétique. Il est généralement pris égal à 5 dans un premier
20 CHAPITRE 2. DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES
calcul (son inuence sur le LEF est faible) an de minimiser le nombre d'itérations à
eectuer.
Exemple 1 : Pour un essieu simple de 133kN, un SN égal à 3 et un indice terminal de
2,5, calculer le coecient d'équivalence de l'essieu avec le standard.
133
133kN = Kips ≈ 30Kips
4, 448
4, 2 − 2, 5 4, 2 − 2, 5
log log
4, 2 − 1, 5 4, 2 − 1, 5
3,23 −
0, 4 +
0, 081(18 + 1) 0, 081(30 + 1)3,23
h 30 + 1 i4,79 0, 4 + h 1 i4,33
LEF = .10 (3 + 1)5,19 (1)3,23 (3 + 1)5,19 (1)3,23 . ≈ 7, 9
18 + 1 1
4, 2 − 2, 5 4, 2 − 2, 5
log log
4, 2 − 1, 5 4, 2 − 1, 5
3,23 −
0, 4 +
0, 081(18 + 1) 0, 081(40 + 2)3,23
h 40 + 2 i4,79 0, 4 + h 1 i4,33
LEF = .10 (5 + 1)5,19 (1)3,23 (5 + 1)5,19 (2)3,23 . ≈ 2, 08
18 + 1 2
Dans le cas où le trac a été mesuré sur les deux sens (aller et retour), il convient
d'introduire un coecient qui tient compte de la concentration du trac en heure de pointe
dans une direction déterminée. Aussi, dans le cas où une multitude de voies existe pour le
même sens, un coecient réducteur est à introduire :
• Route à une voie par sens : 100% du trac ;
• Route à deux voies par sens : entre 80% et 100% du trac ;
• Route à trois voies par sens : entre 60% et 80% du trac ;
• Route à quatre voies par sens : entre 50% et 70% du trac.
En déterminant ainsi l'équivalent de chaque essieu, on calcule l'équivalent du trac
cumulé en multipliant par le nombre d'essieux de chaque classe de charge et pour chaque
conguration géométrique. Après distribution de ce total sur les voies de circulation, on
obtient la grandeur W18 à introduire dans l'équation initiale de la méthode AASHTO
(1993).
4. Exemple de calcul. Concevoir la chaussée d'une voie express constituée d'une couche
d'asphalte (à module réversible égal à 450.000 psi), une couche de base en roche broyée
(non-traitée, à module réversible égal à 40.000 psi) et d'une couche de fondation granulaire
(CBR égal à 80).
On supposera que le trac cumulé a été estimé à 7 millions d'essieux de référence de 18
Kips, que le module réversible eectif du sol est de 7.000 psi, et que la zone a une bonne
qualité de drainage avec 10% du temps d'exposition à des niveaux d'humidité proches de
saturation. On prendra aussi un niveau de abilité de 95%.
On rappelle les épaisseurs minimales préconisées pour les couches de surface et de base
en pouces et en fonction du trac cumulé :
Trac cumulé (ESALs) Asphalte (C.S.) Couche granulaire (C.B.)
- 50.000 1.0 4.0
50.001 - 150.000 2.0 4.0
150.001 - 500.000 2.5 4.0
500.001 - 2.000.000 3.0 6.0
2.000.001 - 7.000.000 3.5 6.0
7.000.001 - 4.0 6.0
22 CHAPITRE 2. DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES
2.1. APPROCHES DE CALCUL 23
Logiciels de dimensionnement
Des logiciels de calculs sont disponibles tels que le programme ALIZE développé par le
LCPC, reposant sur le modèle théorique de BURMISTER.
Ils permettent de prendre en compte la complexité du dimensionnement en simulant
comportement des structures, propriétés de chaque matériau et liaisons aux interfaces.
Les modèles de calcul reproduisent la structure de chaussée avec son fonctionnement
mécanique. Ils considèrent la structure comme un massif multicouche homogène, élastique
linéaire inni en plan. L'interface entre les couches est prise en compte collée ou décollée
selon le type de matériaux.
Les logiciels permettent de calculer les contraintes et les déformations sous l'eet du
trac que subissent les matériaux des diverses couches de chaussées et le sol support. Ces
sollicitations eectives sont ensuite comparées aux contraintes et déformations admissibles
des divers matériaux.
Des programmes de calcul aux éléments nis permettent désormais d'optimiser le di-
mensionnement en utilisant des modèles plus réalistes et en prenant en compte des com-
portements plus précis des divers matériaux de chaussées.
Où :
• Tc : Trac cumulé total sur les deux sens de circulation tous véhicules confondus ;
• TMJA : Trac moyen journalier annuel estimé pour la chaussée ;
• %PL : Pourcentage des véhicules PL du trac cumulé ;
• Fsc : Facteur de répartition selon le sens de la circulation ;
• Fvc : Facteur de répartition selon la voie la plus chargée ;
• Ci : Coecient de croissance du trac tenant compte de la durée de service de i
années de la structure et du taux de croissance annuel considéré.
2.2. DÉMARCHE PRATIQUE DE DIMENSIONNEMENT 27
Où :
• N E : Nombre d'essieux de référence représentant le trac cumulé sur la période de
service de la chaussée ;
• Tc : Trac cumulé total sur les deux sens de circulation tous véhicules confondus ;
• CAM : Coecient d'agressivité moyen du trac PL ;
Les classes d'arase en fonction du CBR et les valeurs du module permettant leur ré-
ception gurent dans le tableau suivant :
2.2. DÉMARCHE PRATIQUE DE DIMENSIONNEMENT 29
ARi CBR Court terme CBR Long terme Module long terme
AR0 ≤ 4%
AR1 ≥ 8% ≥ 6% ≥ 20M P a
AR2 ≥ 15% ≥ 10% ≥ 50M P a
AR3 ≥ 25% ≥ 20% ≥ 120M P a
AR4 ≥ 40% ≥ 40% ≥ 200M P a
Quatre classes de plates-formes sont dénies PF1, PF2, PF3 et PF4 caractérisées par les
valeurs des tableaux suivants (considérations à court terme et long terme). Celle-ci permet
d'adapter les caractéristiques aléatoires des matériaux de sol en place ou de remblai aux
caractéristiques mécaniques, géométriques, hydrauliques et thermiques prises en compte
dans la conception de la chaussée.
Deux cas doivent être distingués suivant que la couche de forme est traitée ou non.
Dans le tableau suivant, par exemple, gure un cas de couche de forme non-traitée et le
passage de la classe d'arase à la classe de plate-forme en fonction de l'épaisseur de ladite
couche :
Cas de PST Classe d'arase Épaisseur de la CF Classe de la PF
PST1 AR1 60 à 80cm PF2
PST2 AR1 50cm PF2
PST3 AR1 40cm PF2
PST3 AR2 30cm PF2
PST 4-5-6 AR2 * PF2
PST 4-5-6 AR3 * PF3
PST 4-5-6 AR4 * PF4
* : Pas de CF : réglage ou rabotage de la plate-forme support ou mise en ÷uvre
d'un enduit superciel
Où :
• σ6 : contrainte pour laquelle la rupture par traction en exion sur une éprouvette de
360 jours est obtenue pour un million de cycles ;
• b : pente de la droite de fatigue ;
• N E : nombre d'essieux cumulés en essieux équivalents de référence ;
• kc : coecient de calage (propre à chaque matériau - permet d'ajuster entre les
résultats du modèle et les observations faites sur chaussée similaires) ;
• kr : coecient tenant compte des dispersions sur les caractéristiques en fatigue (SN)
et sur les épaisseurs mises en oeuvre (Sh ) : kr = 10−u.b.δ
u : valeur de la variable aléatoire attachée au risque considéré R ;
b : pente de la droite de fatigue ;
δ : écart-type de la loi normale à la rupture : δ = [SN 2 + ( c.Sb h )2 ]0,5 où Sh est pris
en m et c = 2.
• ks : Facteur tenant compte des hétérogénéités locales de portance :
PF1 : 1/1,2 ;
PF2 : 1/1,1 ;
PF3 et PF4 : 1.
• kd : Coecient prenant en compte l'eet des discontinuités pour la couche de base.
2.2. DÉMARCHE PRATIQUE DE DIMENSIONNEMENT 33
Où :
NE b
: déformation pour laquelle la rupture conventionnelle en exion sur
• 6 (θeq , f ). 106
éprouvette est obtenue au bout de NE cycles avec une probabilité de 50%, pour la
température équivalente θeq et à la fréquence de sollicitation f ;
• kc : coecient de calage (propre à chaque matériau - permet d'ajuster entre les
résultats du modèle et les observations faites sur chaussée similaires) :
1,3 pour la grave-bitume ;
1 pour les enrobés à module élevé ;
1,1 pour les bétons bitumineux.
• kr : coecient tenant compte des dispersions sur les caractéristiques en fatigue (SN)
et sur les épaisseurs mises en oeuvre (Sh ) : kr = 10−u.b.δ
u : valeur de la variable aléatoire attachée au risque considéré R ;
b : pente de la droite de fatigue ;
δ : écart-type de la loi normale à la rupture : δ = [SN 2 + ( c.Sb h )2 ]0,5 où Sh est pris
en cm et c = 2.
• ks : Facteur tenant compte des hétérogénéités locales de portance :
34 CHAPITRE 2. DIMENSIONNEMENT DES CHAUSSÉES
PF1 : 1/1,2 ;
PF2 : 1/1,1 ;
PF3 et PF4 : 1.
Les tableaux suivants fournissent les valeurs à utiliser dans les formules ci-dessus :
(MPa) (10−6 )
BBSG 5 0,25 5400 7200 100
GB 2 5 0,3 9300 12300 80
GB 3 5 0,3 9300 12300 90
EME 1 5 0,3 14000 17000 100
EME 2 5 0,3 14000 17000 130
Le calcul des valeurs réelles des sollicitations se fait au moyen d'outils informatiques
dont un exemple gure ci-suit :
Climat
En ce qui concerne le climat, le territoire marocain est départagé en 4 zones dénies
chacune par sa pluviométrie. On se servira donc du tableau et de la carte suivants :
Code Dénomination Précipitations (mm/an)
H Humide au-delà de 600
h Semi-humide entre 250 et 600
a Aride entre 50 et 250
d désertique en-deçà de 50
Géotechnique
Pour ce qui est de la nature géotechnique du tracé de la route, le catalogue marocain
distingue deux zones :
• Zone 1, où les problèmes de stabilité de plate-forme sont réglés ou ponctuels ;
• Zone 2, où les problèmes de stabilité de plate-forme ne permettent pas d'assurer un
comportement sans risque majeur pour la structure de chaussée (ssuration, aaisse-
ment ...). C'est le cas des instabilités de versant et de remblai sur sols compressibles.
Dénitions
La portance à long terme est la portance qui est prise en compte pour le dimensionne-
ment d'une structure de chaussée neuve. elle est dénie à deux niveaux :
• Niveau 1 : au niveau de la PST : la portance Sti est estimée à partir de la connaissance
des sols sur une hauteur h (0,50m en remblai et entre 0,70 et 1m en déblai) et en
fonction des conditions de drainage et d'environnement ;
• Niveau 2 : au sommet de la couche de forme : la portance Pj est estimée à partir de
la portance au niveau 1 (Sti) et de la nature et de l'épaisseur de la couche de forme.
Du type 2 : les dispositifs de drainage qui ne répondraient pas aux quatre points
ci-dessus. L'évaluation du dispositif prend en compte les zones climatiques, en
particulier le jugement d'ecacité du dispositif est d'autant plus sévère que la
zone climatique est humide. L'ensemble de ces dispositifs est précisé dans le guide
sur le drainage des chaussées.
• La catégorie des sols dépendante de la classication GTR.
Les deux tableaux suivants permettent de déterminer le catégorie des sols à partir
de leur classication d'une part, et de déterminer par la suite le niveau de portance Sti
correspondant aux conditions du problème :
Portance de niveau 2 : Pj
Deux cas sont à considérer :
Il est aussi recommandé dans le catalogue marocain d'atteindre des portances minimales
en fonction de la nature de la chaussée et du trac prévu. Le tableau suivant souligne ces
préconisations.
C'est pourquoi, il est conseillé d'adopter une durée de vie longue pour ces structures.
Cependant, dans les cas des chaussées semi-rigides, une solution de structure à durée
de vie courte est présentée en option.
Zones II. Compte tenu des conséquences des instabilités sur les structures, il est conseillé :
• De prévoir des structures qui s'adaptent aux déformations prévisibles du terrain ;
• D'éviter les structures rigides et semi-rigides ;
• De prévoir une durée de vie courte ;
• De prévoir des techniques permettant une réutilisation des matériaux.
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46 CHAPITRE 3. ENTRETIEN DES CHAUSSÉES
la structure par des déformations et dans la couche de roulement par des ssurations, du
faïençage...
La couche de roulement ne joue plus son rôle de couche d'étanchéité de la structure
(l'eau pénètre et s'accumule dans le corps de chaussée) et n'assure plus la sécurité et
le confort nécessaires pour les automobilistes. Une chaussée nécessite donc des travaux
d'entretien qui sont de plus en plus importants selon la stratégie d'investissement choisie
par le maître d'ouvrage lors de la conception. A noter que la chaussée peut être l'objet de
plusieurs types de dégradations provoquées par diverses attaques ou agressions :
• Usure supercielle de la couche de roulement générée par les eorts tangentiels du
trac ;
• Fissurations des couches et faïençage en surface ;
• Orniérage créé par le uage des diérentes couches sous l'action des charges ;
• Accumulation des déformations permanentes au niveau du sol support.
On distingue quatre types d'entretien :
• L'entretien préventif : consiste à maintenir la qualité des routes à partir d'une
surveillance continue des chaussées et de réparations ponctuelles (traitements de
ssures par pontage, bouchages de nid de poule...).
• L'entretien courant : déni par itinéraire en fonction du niveau de service, concerne
essentiellement les dépendances (accotements. fossés, talus...) et les équipements de
la route et son exploitation notamment en période hivernale (salage des chaussées).
Il est eectué souvent sans interruption de la circulation.
• L'entretien périodique : Ces opérations d'entretien consistent à renouveler la
couche de roulement an de lui conférer l'adhérence et l'uni nécessaires. Les solu-
tions consistent en général à la mise en place d'une couche d'enrobés bitumineux
pour les chaussées à trac important et d'enduits superciels pour les autres routes.
• L'entretien structurel : Il s'agit de redonner à la structure ses performances struc-
turelles initiales. Plusieurs techniques sont disponibles selon l'état résiduel de la
chaussées : renforcement par une nouvelle couche de surface, reconstruction com-
plète du corps de chaussées, retraitement en place...
Le tableau suivant décrit les principales dégradations de chaque famille et leurs causes
éventuelles :
Entretien courant
L'entretien courant consiste à une réfection périodique des joints (périodicité 5 à 10
ans) pour rétablir leur étanchéité.
Cette opération consiste à dégarnir les joints (éventuellement à les scier à nouveau pour
les porter à la bonne largeur), mettre le béton à nu pour assurer un bon accrochage du pro-
duit de remplissage et à remplacer le produit en place dans le joint par un nouveau produit
de garnissage (deux types de produits : coulables à chaud à base de liants hydrocarbonés,
coulables à froid).
• mise en place d'une couche de roulement en enrobés bitumineux mince ou très mince
ou d'un enduit superciel selon l'importance du trac ;
• grenaillage : cette opération consiste à régénérer l'adhérence par projection à très
grande vitesse de micro•billes d'acier sur le revêtement en béton. Le grenaillage
permet de nettoyer la surface de la chaussée, de dégager le mortier de scellement
des granulats augmentant ainsi la macrorugosité et raviver les arêtes des granulats
améliorant ainsi la microrugosilé du revétcment ;
• rainurage transversal par disques diamantes (technique peu utilisée en France).
Entretien structurel
Les principales techniques permettant de réaliser un entretien structurel des chaussées
en béton sont les suivantes :
• amélioration du transfert des charges aux joints par clavetage à l'aide de connecteurs
FREYSSINET/LCPC ; cette technique permet de réduire le battement des dalles ;
• injection sous dalle (après percement de trous au droit des joints ou en pleine dalle)
d'un coulis de ciment (remplissage de la cavité comprise entre la dalle et la couche
de fondation générant un battement des dalles ou un défaut d'uni) ;
• réfection totale ou partielle de dalles : remplacement de dalles multissurées ou aais-
sées et réfection si nécessaire de la couche de fondation. Le rendement est de plusieurs
dalles par jour avec notamment l'utilisation de béton à durcissement rapide.
Travaux d'élargissement
Les techniques béton sont bien adaptées pour l'élargissement de chaussées existantes :
52 CHAPITRE 3. ENTRETIEN DES CHAUSSÉES
• pour l'élargissement d'une chaussée à base d'enrobés bitumineux, le béton est coulé
contre l'enrobé après sciage de celui-ci sur une profondeur d'au moins 10 cm ;
• pour l'élargissement d'une chaussée en béton existante, des armatures de liaison
doivent être scellées dans des réservations réalisées dans le revêtement existant, avec
des mortiers de scellements à base de résine ou de liants hydrauliques.