2018 2019 MACS2 Distributions
2018 2019 MACS2 Distributions
2018 2019 MACS2 Distributions
H. Boumaza
Le 16 octobre 2018
page ii
Bibliographie
[1] J.M. Bony, Cours d’analyse, Théorie des distributions et analyse de Fourier, Les éditions
de l’Ecole Polytechnique, Ellipses.
[2] G. Carlier, Notes de cours : Analyse fonctionnelle,
https ://www.ceremade.dauphine.fr/ carlier/poly2010.pdf
[3] F. Golse, Notes de cours : Distributions, analyse de Fourier, équations aux dérivées par-
tielles, http ://www.cmls.polytechnique.fr/perso/golse/MAT431-10/POLY431.pdf
[4] L. Hörmander, The Analysis of Linear Partial Differential Operators I, Grundlehren der
mathematischen Wissenschaften (256), Springer.
[5] J.P. Marco et autres, Mathématiques L3, Analyse , Pearson Education France.
[6] B. Simon et M. Reed, Methods of modern mathematical physics. II. Fourier analysis, self-
adjointness, Academic Press, New York-London, 1975.
[7] C. Zuily, Éléments de distributions et d’équations aux dérivées partielles, Sciences Sup,
Dunod.
iii
page iv
Table des matières
I Notions de bases 1
3 Fonctions test 19
3.1 Notations multi-indicielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2 Formule de Taylor avec reste intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.3 Fonctions de classe C ∞ à support compact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.3.1 Support d’une fonction continue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.3.2 Espace des fonctions test . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.3.3 Topologie de C0∞ (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.3.4 Fonctions ”pic” et ”plateau” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.4 Densité par troncature et régularisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.4.1 Troncature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.4.2 Produit de convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.4.3 Régularisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.5 Application : Lemme de Dubois-Reymond . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
v
4.1.3 Ordre d’une distribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.2 Premiers exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.2.1 Distribution associée à une fonction L1loc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.2.2 Distribution de Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.2.3 Distribution de Dirac dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4.2.4 Mesures de Radon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.2.5 Distributions positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.2.6 La valeur principale de 1x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.2.7 Partie finie de x α . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4.2.8 Un exemple de distribution d’ordre infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
4.3 Convergence des suites de distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
II Notions avancées 55
page vi
9 Solutions élémentaires d’EDPs 77
9.1 Théorèmes d’existence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
9.1.1 Définitions et premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
9.1.2 Existence de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
9.2 Théorème de régularité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
9.3 Exemples de solutions élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
9.3.1 Problème du laplacien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
9.3.2 L’équation des ondes en dimension 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
11 Espaces de Sobolev 95
11.1 Les espaces de Sobolev H s (Rd ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
11.1.1 Définitions et premiers exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
11.1.2 Densité des fonctions régulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
11.1.3 Opérations sur H s (Rd ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
11.2 Théorème d’injection de Sobolev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
11.3 Théorème de trace dans H s (Rd+1 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
11.4 Théorème de trace dans H m (Rd+ ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
11.4.1 Les espaces H m (Rd+ ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
11.4.2 Caractérisation de H01 (Rd+ ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
11.4.3 Les espaces H m (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
page vii
page viii
Première partie
Notions de bases
1
Chapitre 1
∑
[
vol Ap = vol( A p ).
p ∈N p ∈N
Mais, une telle notion de volume qui associerait à toute partie de Rd un réel positif vérifiant
l’additivité dénombrable et l’invariance par translation n’existe pas. C’est Henri Lebesgue qui
en 1902 sera le premier à construire un exemple de mesure sur R qui soit dénombrablement
additive et invariante par translation. Cette mesure correspond à la notion de volume re-
cherchée. Pour cela, Lebesgue introduit la notion de mesure extérieure qui approche par au-
dessus la mesure de toute partie de R. Puis il définit les parties de R qui seront suffisament
peu irrégulières pour que l’on puisse leur associer une mesure. Ce sont les parties Lebesgue-
mesurables de R.
3
Chapitre 1. Rappels de théorie de l’intégration
Une union de pavés est dite quasi disjointe si les intérieurs des pavés de l’union sont disjoints.
Enfin, un cube est un pavé pour lequel b1 − a1 = · · · = bd − ad . L’intérêt de ces cubes et pavés
provient du fait qu’ils approchent bien les ouverts de Rd .
Proposition 1.1.1. Tout ouvert O de Rd peut s’écrire comme union dénombrable de cubes quasi dis-
joints.
Pour définir le volume d’une partie plus compliquée qu’un pavé, nous commençons par construire
une fonction qui à toute partie de Rd associe un volume qui généralise le volume des pavés.
L’idée est d’approcher par au-dessus tout sous-ensemble de Rd par des cubes. Soit E une
partie de Rd . On appelle mesure extérieure de E le réel positif défini par
n ∞ ∞ o
λ∗d ( E) = inf ∑ |Cj | ∀ j ≥ 1, Cj est un cube fermé et E ⊂
[
Cj .
j =1 j =1
Pour les parties simples comme l’ensemble vide, un point ou un cube, la mesure extérieure
correspond bien à notre idée intuitive de volume. La mesure extérieure de Rd est infinie.
Toutefois, la mesure extérieure ne vérifie pas l’additivité dénombrable voulue pour définir une
bonne notion de volume. Nous avons seulement l’inégalité suivante : si E = ∞
S
j=1 E j , alors
∞
λ∗d ( E) ≤ ∑ λ∗d (Ej ).
j =1
λ∗d (O \ E) ≤ ε.
On a alors que tout ouvert de Rd est mesurable, qu’une union dénombrable d’ensembles me-
surables est mesurable et que le complémentaire d’un ensemble mesurable est mesurable.
∞
λd ( E) = ∑ λ d ( E j ).
j =1
Définition 1.1.3. Soit X un ensemble. Une tribu sur X est un sous-ensemble M de P ( X ) qui vérifie
les conditions suivantes :
1. X ∈ M ;
2. si A ∈ M, son complémentaire Ac est dans M ;
3. si ( An )n∈N est une suite d’éléments de M, ∪n∈N An ∈ M.
Les éléments de M sont appelés ensembles mesurables. Un espace mesurable est un couple ( X, M) où
X est un ensemble et M une tribu sur X.
Exemple 1.1.4. (Tribu de Lebesgue sur Rd ). L’ensemble des parties de Rd Lebesgue-mesurables forme
une tribu sur Rd que nous noterons M L (Rd ).
Exemple 1.1.5. On appelle tribu borélienne de Rd la tribu B(Rd ) engendrée par les ouverts de Rd ,
c’est-à-dire, la plus petite tribu de Rd contenant tous les ouverts de Rd (pour la topologie usuelle).
Une mesure est une fonction définie sur une tribu, à valeurs positives, vérifiant une condition
d’additivité dénombrable. Nous axiomatisons donc la propriété de σ-additivité obtenue pour
la mesure de Lebesgue sur Rd .
Définition 1.1.6. Soit ( X, M) un espace mesurable. Une mesure sur ( X, M) est une application de
M dans [0, +∞], telle que µ(∅) = 0 et, si ( An )n∈N est une suite de parties mesurables deux à deux
disjointes,
∑
[
µ An = µ( An ), (σ−additivité).
n ∈N n ∈N
Si µ est une mesure sur ( X, M), le triplet ( X, M, µ) est appelé un espace mesuré.
Exemple 1.1.7. La mesure de Lebesgue est une mesure sur (Rd , M L (Rd )).
Exemple 1.1.8. Les mesures à poids, de la forme dµ( x ) = h( x )dx avec h > 0 et qui vérifient :
Z Z
∀ f mesurable, f ( x )dµ( x ) = f ( x )h( x )dx.
Rd Rd
On appelle mesure de Radon tout combinaison linéaire µ1 − µ2 + i(µ3 − µ4 ) où les µ j sont des mesures
de Radon positives.
Définition 1.1.11. Soit ( X, M, µ) un espace mesuré et soit P une propriété définie sur X. On dit que
P est vraie µ-presque partout si elle est vraie hors d’un ensemble mesurable de mesure nulle. On écrit
aussi P vraie µ-pp. On dit encore que P est vraie pour µ-presque tout x dans X.
On termine par la notion de mesurabilité d’une application entre espaces mesurables qui est
analogue à celle de la continuité d’une application entre espaces topologiques et utilise la no-
tion d’image réciproque.
Définition 1.1.12. Soient ( X, M) et (Y, N ) deux espaces mesurables. Une application f de X dans
Y est dite mesurable lorsque, pour tout ensemble mesurable N ∈ N , son image réciproque f −1 ( N ) est
mesurable, c’est-à-dire que f −1 ( N ) ⊂ M.
Rd
ϕdλd = ∑ α j λd ( A j ) ∈ [0, +∞].
j =1
Pour définir l’intégrale d’une fonction mesurable f : Rd → [0, +∞], on utilise un procédé
R limn→+∞ ϕn avec ϕRn : R → [0, +∞[
d’approximation : on cherche à écrire f sous la forme f = d
Proposition 1.2.1. Soit f : Rd → [0, +∞] une fonction mesurable. Alors il existe une suite ( ϕn :
Rd → [0, +∞])n∈N de fonctions étagées mesurables telles que
1. 0 ≤ ϕn ≤ ϕn+1 ≤ f pour tout n ∈ N ;
2. la suite ( ϕn )n∈N converge simplement vers f .
De plus, si f est bornée sur A ⊂ X, la suite ( ϕn )n∈N converge uniformément vers f sur A.
On peut alors définir l’intégrale d’une fonction mesurable f : Rd → [0, +∞] de la façon sui-
vante.RSoit f : Rd → [0, +∞] une fonction mesurable. On appelle intégrale de f la quantité,
notée Rd f dλd , définie par
Z Z
f dλd = sup ϕdλd : ϕ : R → [0, +∞[ mesurable étagée et telle que ϕ ≤ f
d
∈ [0, +∞].
Rd Rd
Les applications f + et f − sont mesurables, car f l’est, et sont à valeurs dans [0, +∞[. On a alors
les relations
f = f + − f − et | f | = f + + f − .
Définition 1.2.2 (Fonction intégrable à valeurs réelles). Une fonction f : Rd → R R est dite
intégrable par rapport à la mesure λd , ou simplement intégrable, si f est mesurable et si Rd | f |dλd <
+∞. Dans ce cas, on appelle intégrale de f sur Rd le nombre réel, noté Rd f dλd , défini par
R
Z Z Z
f dλd = f + dλd − f − dλd .
Rd Rd Rd
Pour une fonction à valeurs complexes, son intégrale est tout simplement la somme de l’intégrale
de sa partie réelle et de i fois l’intégrale de sa partie imaginaire.
Dans la pratique, la fonction f est souvent définie presque partout par f ( x ) = limn→+∞ f n ( x )
et prolongée arbitrairement à Rd . La fonction f : Rd → C est mesurable comme limite simple
presque partout d’une suite de fonctions mesurables. Le fait qu’il soit suffisant, dans l’énoncé
du TCD, d’avoir une convergence simple presque partout et une domination presque partout
est typique des théorèmes d’interversion limite-intégrale dans le cadre de l’intégrale de Le-
besgue.
On a : n
t2
Z
∀n ≥ 1, un = 1[0, n] (t) 1 − √ dt
R n
2 n
et on pose pour tout t ∈ R, f n (t) = 1[0,√n] (t) 1 − tn . Alors pour tout t ∈ R fixé, f n (t) tend vers
2 t2 t2
e−t 1[0,+∞[ (t) lorsque n tend vers +∞. De plus, pour tout n ≥ 1 et tout t ∈ R, 1 − n ≤ e− n , d’où
2
∀t ∈ R, ∀n ≥ 1, | f n (t)| ≤ e−t
qui est indépendante de n et intégrable sur R. Donc, on peut appliquer le TCD à ( f n )n≥1 pour obtenir
Z Z +∞ √
− t2 π
lim un = lim f n (t)dt = e dt = .
n→∞ R n→∞ 0 2
où ( x |y) est le produit scalaire euclidien de x et y. Alors ĝ est continue sur R p .
Après la continuité, nous étudions la dérivabilité d’une fonction définie par une intégrale.
Théorème 1.2.7 (Dérivabilité sous le signe ). Soit O un ouvert de R p . On considère une fonction
R
f de O × Rd dans C qui vérifie les conditions suivantes :
1. Pour tout x ∈ O , l’application partielle f x : y 7→ f ( x, y) est intégrable.
2. Pour presque tout y ∈ Rd , l’application partielle f y : x 7→ f ( x, y) est de classe C1 dans O .
3. Il existe une fonction g ∈ L1 (Rd ) telle que
∂f
∀i ∈ {1, . . . , p}, ( x, y) ≤ g(y)
∂xi
∂f
Z
∂F
(x) = ( x, y) dλd (y).
∂xi Rd ∂xi
On montre que F est bien définie et continue sur R+ , de classe C1 sur R∗+ et que sa limite en +∞ est
nulle.
Nous sommes souvent amenés à démontrer la continuité ou la dérivabilité d’une fonction F
définie par une intégrale sur un intervalle ouvert I. Il arrive alors, comme c’est le cas pour
démontrer la dérivabilité de la transformée de Laplace, que
R l’hypothèse de domination nécessaire
à l’application d’un théorème de régularité sous le signe ne soit pas vraie sur tout l’intervalle
I, mais seulement sur des sous-intervalles de I. Dans ce cas, on utilise le fait que la régularité
d’une fonction (sa continuité ou sa dérivabilité) est une notion locale. En effet, si une fonc-
tion est régulière au voisinage d’un point, elle l’est aussi en ce point. Si on veut démontrer la
régularité de F en tout point de I, on commence par fixer un point a ∈ I. Alors, comme I est
ouvert, a possède un voisinage ]α, β[ contenu dans I, voisinage sur lequel on peut tenter de
démontrer l’hypothèse
R de domination voulue. Si cela est possible, les théorèmes de régularité
sous le signe s’appliquent et on démontre que F est régulière sur ]α, β[. En particulier, F est
régulière en a. Le point a étant quelconque dans I, F est régulière sur I.
Pour étudier des limites aux bords de l’intervalle ouvert où les théorèmes de régularité sous
le signe ne s’appliquent pas, comme la limite en +∞ de la transformée de Laplace, on ap-
R
plique directement le théorème de convergence dominée ou celui de convergence monotone.
On utilise pour cela la caractérisation séquentielle des limites.
− xt
Exemple 1.2.9. Etudions la transformée de Laplace de la fonction t 7→ 1+1t2 . Soit f : ( x, t) 7→ 1e+t2
définie sur ]0, +∞[×[0, +∞[. Pour tout x > 0, t 7→ f ( x, t) est continue sur [0, +∞[ et intégrable car
1
| f ( x, t)| ≤ .
1 + t2
Pour tout t ≥ 0, la fonction x 7→ f ( x, t) est de classe C ∞ sur ]0, +∞[ et
∂f e− xt ∂n f n n e
− xt
( x, t) = −t , et ∀n ≥ 1, ( x, t ) = (− 1 ) t .
∂x 1 + t2 ∂x n 1 + t2
∂n f
Alors, pour tout n ≥ 1, la fonction ∂x n est continue en x et intégrable en t et on a, si a > 0,
∂n f
∀ x ≥ a, ∀t ≥ 0, ( x, t) ≤ tn e−at
∂x n
qui est indépendante de x et intégrable sur [0, +∞[. Donc, par le théorème de dérivabilité sous le signe
intégrale, on en déduit que
Z ∞ − xt
e
F : x 7→ 2
dt
0 1+t
est de classe C ∞ sur [ a, +∞[. Soit x0 > 0. Il existe a > 0 tel que x0 ∈ [ a, +∞[. Comme F est de classe
C ∞ sur [ a, +∞[, elle l’est en x0 . Cela étant vrai pour tout x0 > 0, F est de classe C ∞ sur ]0, +∞[.
On remarque que l’on a de plus F 00 ( x ) + F ( x ) = 1x pour tout x > 0 et on a
Z +∞
1
| F ( x )| ≤ e− xt dt =
0 x
qui tend vers 0 lorsque x tend vers +∞.
On appelle espace L p (Rd ) l’espace des classes de fonctions égales presque partout qui sont
dans L p (Rd ). Plus précisement, on définit la relation d’équivalence ∼ sur L p (Rd ) par :
f ∼ g ⇔ f = g p.p.
Alors || · || p est une norme sur L p (Rd ) pour lequel cet espace est complet.
Si le second membre est fini, l’égalité a lieu si et seulement s’il existe deux réels γ et δ, non tous deux
nuls, tels que l’égalité γ f p ( x ) = δgq ( x ) ait lieu presque partout.
Théorème 1.2.12. Soit f ∈ L1 (Rd+ p ). Alors les fonctions suivantes sont définies presques partout
Z Z
x 7→ f ( x, y)dy et y 7→ f ( x, y)dx
Rp Rd
Remarque 1.2.13. Le théorème reste vrai pour f non forcément intégrable, mais positive (pour une
fonction à valeurs réelles).
2. De plus, une fonction mesurable f : ϕ(U ) → C est intégrable sur ϕ(U ) si et seulement si
( f ◦ ϕ)| det( J ϕ (·))| est intégrable sur U et on a
Z Z
f ( x )dx = f ( ϕ( x ))| det( J ϕ ( x ))|dx.
ϕ (U ) U
Les changements de variable qui interviennent le plus souvent sont les changements en polaire
et les changements de variable linéaires.
Pour le changement de variables en polaire on a :
Z Z
f ( x, y)dxdy = f (r cos(θ ), r sin(θ ))rdrdθ.
R2 ]0,2π [×]0,+∞[
où
g(r, θ1 , . . . , θd−1 ) = f (r cos(θ1 ), r sin(θ1 ) cos(θ2 ), . . . , r sin(θ1 ) · · · sin(θd−2 ) cos(θd−1 ), r sin(θ1 ) · · · sin(θd−2 ) sin(θd−1 )).
cos(θ ) −r sin(θ )
J ϕ (r, θ ) = = r.
sin(θ ) r cos(θ )
R +∞ 2
Exemple 1.2.15. Calculons l’intégrale gaussienne : I = −∞ e− x dx. Pour cela on commence par
utiliser Fubini pour justifier que Z
2 + y2 )
I2 = e−(x dxdy.
R2
Puis on effectue un changement de variables en polaires :
1 −r 2 ∞
Z 2π Z ∞
2 −r 2 1
I = e rdrdθ = 2π − e = 2π × = π.
0 0 2 0 2
√
Donc : I = π.
En effet, il suffit d’effectuer un changement de variables en polaires pour se ramener au cas du critère de
Riemann en dimension 1. On a alors, avec dx = r d−1 drdθ,
Z 1
1 1 d −1
Z Z
dx = r drdθ.
B(0,1) k x kα S(0,1) 0 rα
R1
La convergence de cette intégrale revient donc à celle de 0 rα+11−d dr et par le critère de Riemann, elle
converge si et seulement si α + 1 − d < 1 donc α < d. Idem pour l’autre cas.
Lorsque l’on utilise Fubini ou le changement de variable on procède en général en deux temps :
on applique la version pour les fonctions positives à | f | pour justifier de l’intégrabilité puis on
utilise à nouveau le théorème pour faire le calcul effectif de l’intégrale. Rappelons aussi que
ces théorèmes, tout comme l’IPP ne permettent pas de calculer directement une intégrale en
général (sauf cas particuliers) mais permettent juste de se ramener à un calcul de primitive
usuelle.
Pour l’ensemble des démonstrations et plus de précisions sur la théorie de l’intégrale de Le-
besgue, nous renvoyons à [5].
Il est donc nécessaire d’évaluer plus de quantités que la simple intégrale. En effet on considère
un dernier exemple, φ4 : x 7→ φ1 ( x − ε). Cette fonction est nulle en 0, et elle tend en tout point x
différent de 0 vers 0, car pour tout x > 0 il existe ε tel que x > 2ε, donc φ4 ( x ) = 0, et pour x < 0,
φ4 ( x ) = 0. Cette fonction φ4 tend donc simplement vers 0, mais son intégrale totale est 1. On
voit ici qu’on ne peut pas identifier le point de singularité pour cette fonction en considérant
uniquement sa limite et son intégrale.
Nous proposons dans un premier temps l’analyse de la distribution φ1ε en intégrant la dis-
tribution sur [ a, b], où a et b sont deux réels distincts, indépendants de ε. On trouve que, pour
chaque ligne du système ci-dessous, il existe ε( a, b) tel que, pour ε < ε( a, b), on ait l’égalité
13
Chapitre 2. Introduction à la théorie des distributions
indiquée. Par exemple, dans le premier cas, ε( a, b) = |b|, dans le deuxième cas ε( a, b) = a.
Rb ε
a < b < 0, φ ( x )dx = 0
a 1
0 < a < b, R b φε ( x )dx = 0
R ab 1
a < 0 < b, a φ1ε ( x )dx = 1 .
Rb
a = 0, a φ1ε ( x )dx = 12
Rb
b = 0, a φ1ε ( x )dx = 21
Rb
On en déduit que, si I1 ( a, b) est la limite lorsque ε tend vers 0 de a φ1ε ( x )dx, on trouve que
1
Si 0 ∈] a, b[, I1 ( a, b) = 1, si 0 ∈
/ [ a, b], I1 ( a, b) = 0 et I1 (0, b) = I1 ( a, 0) =
.
2
Aux cas particuliers de ab = 0 près, la limite I ( a, b) indique l’appartenance de 0 à [ a, b]. C’est
pour cela que l’on appelle souvent la limite de φ1ε la mesure de Dirac de 0.
Nous allons maintenant évaluer une infinité de quantités pour essayer de mieux appréhender
la masse de Dirac. Définissons
Z
∀i ∈ {1, 2, 3}, Iiε (φ) = φiε ( x )φ( x )dx
R
où φ est une fonction au moins continue sur R et bornée.
Un simple changement de variable x = εt sur [−ε, ε], x − 1 = εt sur [1 − ε, 1 + ε], x = 2ε + εt
sur [ε, 3ε] conduit aux égalités
R1
I1 (φ) = −1 φ(εt)(1 − |t|)dt
ε
Lorsqu’on rencontre ce phénomène en Physique, on dit que lim φ1ε et lim φ2ε sont deux mesures
de Dirac, et “chargent” le point 0 par la valeur 1 ou par la valeur 2.
Cette fonction admet pourR dérivée φ1e . Elle est donc de classe C1 et de plus, He tend vers H au
sens L1 car on trouve que | He − H |dx = 2e .
On a une convergence simple vers H, mais la convergence au sens de la norme du sup n’est
pas assurée. En effet, on a
1
sup | He ( x ) − H ( x )| = .
x ∈R 2
D’après l’analyse faite précédemment sur la famille (φ1ε )ε>0 on constate que, pour tout φ conti-
nue et bornée sur R, on a
Z Z
( Hε )0 ( x )φ( x )dx = φ1ε ( x )φ( x )dx −−→ φ(0).
R R ε →0
On peut donc considérer que la dérivée de H est l’impulsion de Dirac en 0. Cela sera formalisé
au chapitre 5.
On peut à présent effectuer la même analyse que celles faite sur les fonctions φ1ε sur les fonc-
tions dérivées de φ1ε . Nous essayons donc de construire une dérivée de l’impulsion de Dirac en
0. Considérons la fonction (φ1ε )0 . C’est une fonction constante par morceaux, valant ε−2 pour
−ε < x < 0, et −ε−2 lorsque 0 < x < ε. On constate que le critère intégral fonctionne et ne
fonctionne pas à la fois : en effet l’intégrale L1 de la fonction est égale à 2ε , qui n’a pas de limite,
en revanche l’intégrale est nulle.R L’analyse de cette distribution est très imprécise. Le critère
précédent conduit au calcul de R (φ1ε )0 ( x )φ( x )dx pour φ continue et bornée sur R. On trouve
Z 0 Z 1
φ( x ) φ( x ) φ(εt) − φ(−εt)
Z Z ε
(φ1ε )0 ( x )φ( x )dx = dx − dx = − dt avec x = εt.
R −ε ε2 0 ε2 0 ε
Sans hypothèse supplémentaire sur φ, on ne peut pas aller plus loin dans l’étude de la limite
lorsque ε tend vers 0. On suppose que φ est dérivable en 0, plus précisément de classe C1 .
R1
Alors, une formule de Taylor avec reste intégral donne φ(±εt) = φ(0) ± εt 0 φ0 (±εθt)dθ, ce
qui donne
Z 0 Z 1 Z 1 Z 1
φ( x ) φ( x )
Z ε
dx − dx = − t φ0 (εθt)dθ + φ0 (−εθt)dθ dt.
−ε ε2 0 ε2 0 0 0
Une application de la convergence dominée prouve que cette intégrale converge vers
Z 1
− 2tφ0 (0)dt = −φ0 (0).
0
On voit ainsi que l’on a dû supposer φ0 de classe C0 et φ de classe C1 pour obtenir une limite
finie.
Notons que l’on peut construire un exemple où la suite d’intégrales ne converge pas si φ est
par exemple seulement continue. On introduit la fonction φ5 définie par φ5 ( x ) = ε13 (ε2 − x2 )
sur | x | ≤ ε et 0 ailleurs. On constate que
Z 1
4
Z
φ5 ( x )φ( x )dx = φ(εt)(1 − t2 )dt −−→ φ (0).
R −1 ε →0 3
Ψε : x 7→ ∑ φ1ε (x − n).
n ∈Z
Z n+ε p=n Z 1
∀m, n ∈ Z,
m−ε
Ψε ( x )φ( x )dx = ∑ (1 − |t|)φ( p + εt)dt.
p = m −1
Par le TCD,
Z n+ε p=n
lim
ε →0 m − ε
Ψε ( x )φ( x )dx = ∑ φ ( p ).
p=m
Lorsque m tend vers −∞ et n tend vers +∞, cette limite existe lorsque ∑ |φ( p)| < ∞. La fonc-
tion φ : x 7→ 1+|1 x| ne vérifie pas ce critère alors que φ : x 7→ 1+1x2 le vérifie.
Pour donner un sens à la somme infinie définissant le peigne de Dirac, la fonction φ que l’on
choisit comme fonction test doit être “suffisamment décroissante à l’infini”. Ce critère est au-
tomatiquement vérifié si la fonction φ est à support compact. Nous introduisons ainsi les fonc-
tions test, selon la terminologie inspirée de la mécanique classique, qui sont les fonctions de
classe C ∞ à support compact.
1 q 1
V= , r = ( x 2 + y2 + z2 ) 2 .
4πε 0 r
On dit que ρv est la distribution de charges associée à la charge q, calculée de manière intégrale.
Calculons ∆V hors de ( x, y, z) = (0, 0, 0). On trouve
∂ 1 ∂ 1 1 2x x
( ) = 1 = − 3 = − 3
∂x r ∂x ( x2 + y2 + z2 ) 2 2 ( x 2 + y2 + z2 ) 2 r
∂2 1 1 x x 3x2 1
et 2
( ) = − 3
+ 3 4
= 5
− 3. (2.1)
∂x r r r r r r
On obtient les mêmes formules en dérivant par rapport à y puis z et en sommant, hors du point
(0, 0, 0), ∆( 1r ) = 0. La “fonction” ∆( 1r ) est un bon candidat pour être une distribution de Dirac.
On vérifie, pour s de classe C ∞ à support compact et radiale, que, par intégrations par parties
et utilisant l’expression du Laplacien en coordonnées sphériques, ∆ = r12 ∂r∂ (r2 ∂r∂ ),
R∞
∆( 1r )s(r )dxdydz = r ( ∆s )4πr dr
1 2
R
R3 ,r ≥ε ε
R∞ 2
= 4π ε [r ddr2s + 2 ds
dr ] dr
R ∞ d ds
= 4π ε [ dr (r dr ) + ds
dr ] dr
ds
= −4πε dr (ε) − 4πs(ε).
Remarquons que la première égalité doit être considérée comme une définition. On vérifie que
cette intégrale converge, lorsque ε → 0, vers −4πs(0). La distribution associée est alors la
distribution −4πδ0 , par analogie avec la “distribution” notée δ0 sur R qui fait correspondre à φ
la valeur φ(0) et que nous avons déjà rencontré plus haut.
Fonctions test
Enfin, on pose :
α1 αd
∂ ∂
α
∂ = ··· .
∂x1 ∂xd
Alors, une fonction ϕ ∈ C k (Ω) si pour tout α ∈ Nd tel que |α| ≤ k, la fonction ∂α ϕ est dans
C 0 ( Ω ).
Une formule importante est celle de Leibniz. Soient k ≥ 1, ϕ, ψ ∈ C k (Ω). Alors, pour tout
multi-indice α de longueur inférieure ou égale à k,
∑
α
∂ ( ϕ · ψ) =
α
∂ β ϕ · ∂α− β ψ.
β≤α
β
19
Chapitre 3. Fonctions test
Ce sont ces deux dernières formules que l’on utilisera le plus souvent dans la suite.
Cette
R fonction est dans C0∞ (Rd ), elle est positive et on a supp φ0 ⊂ { x ∈ Rd | | x | ≤ 1}. De plus,
φ ( x )dx > 0.
Rd 0
Définition 3.3.3. Une suite ( ϕn )n∈N d’éléments de C0∞ (Ω) tend vers ϕ dans C0∞ (Ω) lorsque :
1. il existe un compact fixe K ⊂ Ω tel que : ∀n ∈ N, supp ϕn ⊂ K,
2. la suite ( ϕn )n∈N et toutes les suites (∂α ϕn )n∈N convergent uniformément respectivement vers
ϕ et ∂α ϕ sur K.
Alors ϕn → 0 dans C0∞ (R). En effet, si supp φ ⊂ [− M, M ], alors pour tout n, supp ϕn ⊂ [− M −
1, M + 1]. Puis, par le théorème des accroissements finis, pour tout k ∈ N,
(k) 1 1
φ x+ − φ(k) ( x ) ≤ ||φ(k+1) ||∞ → 0
n+1 n+1
Pour K un compact fixé de Ω, l’espace CK∞ (Ω) est métrisable à l’aide d’une famille dénombrable
de semi-normes. Commençons par montrer que l’ouvert Ω peut s’écrire comme une réunion
croissante dénombrable de compacts.
Lemme 3.3.5. Il existe une famille (Ki )i≥1 de compacts de Ω telle que
◦
1. pour tout i ≥ 1, Ki ⊂ K i+1 ,
S+∞ S+∞ ◦
2. Ω = i =1 Ki = i =2 Ki ,
3. pour tout compact K de Ω, il existe i0 ≥ 1 tel que K ⊂ Ki0 .
1
Ki = { x ∈ Rd : | x | ≤ i } ∩ { x ∈ Ω : d( x, Ωc ) ≥ }.
i
Chaque pKi est une semi-norme sur C k (Ω), k ∈ N ∪ {∞}. Elles induisent par restriction des
semi-normes sur C0k (Ω) et C0∞ (Ω). On peut alors définir sur chacun de ces espaces la distance
suivante :
+∞
1 p Ki ( ϕ − ψ )
d( ϕ, ψ) = ∑ i .
i =0
2 1 + p Ki ( ϕ − ψ )
Les espaces (C k (Ω), d) sont complets. De plus, si K ⊂ Ω est un compact, (CK∞ (Ω), d) est complet
comme sous-espace fermé de (C ∞ (Ω), d). Toutefois (C0∞ (Ω), d) ne l’est pas (voir exemple 3.3.8).
La distance d caractérise la convergence dans (CK∞ (Ω), d), mais pas dans (C0∞ (Ω), d). En effet,
il peut y avoir des problèmes aux bords pour les supports. La distance d ne “contient” pas le
point (i) de la définition de la convergence dans C0∞ (Ω).
Comme on peut écrire que C0∞ (Ω) = i≥1 CK∞i (Ω), la topologie que l’on a définie sur C0∞ (Ω)
S
n’est autre que la limite inductive stricte des topologies définies par la distance ci-dessus sur
chaque CK∞i (Ω). Toutefois, C0∞ (Ω) n’est pas métrisable, seul chacun des CK∞i (Ω) l’est (voir [2],
Proposition 1.5).
Proposition 3.3.6. Soit x0 ∈ Ω et soit ε > 0 tel que B( x0 , ε) ⊂ Ω. Alors, il existe une fonction
ρ ∈ C0∞ (Ω) positive, de support inclus dans B( x0 , ε) et d’intégrale sur Rd égale à 1. Une telle fonction
ρ est appelée fonction pic sur la boule B( x0 , ε).
φ0 ( x )
∀ x ∈ Ω, ρ0 ( x ) = R
φ ( x )dx
Rd 0
puis posons
x − x0
1
∀ x ∈ Ω, ρ( x ) = d ρ0 .
ε ε
La fonction ρ ainsi définie convient.
En dimension d = 1 on peut aussi donner une formule explicite pour une fonction pic sur un
intervalle quelconque [ a, b] non réduit à un singleton. Une fonction C0∞ dont le support est [ a, b]
est
2( x − a )
2
φ0 −1 + .
b−a b−a
En particulier, une fonction dont le support est [−ε, ε] est 1ε φ0 ( xε ). On note enfin un résultat que
l’on a déjà utilisé au chapitre précédent. Pour tout ε > 0 et toute fonction continue et bornée φ,
1 x
Z Z
φ0 φ( x )dx = φ0 (t)φ(εt)dt
R ε ε R
R1
d’où la convergence de cette suite, lorsque ε tend vers 0, vers φ(0) −1 φ0 (t)dt. On utilise ici le
TCD.
Fonctions “plateau”.
On commence par le cas de la dimension d = 1. Tout d’abord, il existe une fonction “marche”
de classe C ∞ qui passe de la valeur 0 sur ] − ∞, −1] à 1 sur [1, +∞[. On peut prendre par exemple
Rx
φ0 (t)dt
ψ0 : x 7→ R−1 1 .
−1 φ 0 ( t ) dt
Puis, à partir de cette ”marche“, on construit une fonction C0∞ , dont le support compact est
[ a, b], identiquement égale à 1 sur [c, d], a < c < d < b et comprise entre 0 et 1. Une telle
fonction peut être définie par
(
2( x − a )
ψ0 (−1 + c−a ) si x ≤ c+2 d
∀ x ∈ R, l0 ( x ) = 2( b − x )
ψ0 (−1 + b−d ) si x ≥ c+2 d .
En effet, sur [c, c+2 d ], la fonction l0 est identiquement égale à 1, ainsi que sur [ c+2 d , d], ce qui
implique le caractère C ∞ au point c+2 d . Cette fonction est appelée ”plateau“ sur [c, d] supporté
par [ a, b].
3.4.1 Troncature
Nous allons montrer ici que le fait de se restreindre, dans un espace de fonctions d’une régularité
donnée, aux fonctions à support compact, n’est pas une restriction importante, dans le sens où
on définit alors un sous-espace dense dans l’espace de départ.
Proposition 3.4.1.
p
1. Pour 1 ≤ p < +∞, l’espace Lc (Ω) = {u ∈ L p (Ω) : u = 0 hors d’un compact } est dense
dans L p (Ω).
2. Pour 0 ≤ k ≤ +∞ ; C0k (Ω) est dense dans C k (Ω).
◦
Démonstration : On commence par décomposer Ω en Ω = Ki avec Ki compact et Ki ⊂ K i+1 .
S
i ≥1
◦
On considère la fonction plateau ϕi qui vaut 1 sur Ki et 0 dans (K i+1 )c .
p
1. Soit u ∈ L p (Ω). On pose, pour tout i ≥ 1, ui = ϕi u (troncature). Alors ui ∈ Lc (Ω)
car |ui | ≥ |u| et |u| est nulle en dehors de Ki+1 . A l’aide du TCD, nous allons montrer
que la suite (ui )i≥1 converge vers u dans L p (Ω). Soit x ∈ Ω. On a : |ui ( x ) − u( x )| p =
|u( x )| p |1 − ϕi ( x )| p . Il existe i0 tel que x ∈ Ki0 et, si i ≥ i0 , alors Ki0 ⊂ Ki et ϕi ( x ) = 1. Donc,
pour presque tout x ∈ Ω, |ui ( x ) − u( x )| p → 0 lorsque i tend vers l’infini (cette suite est
même nulle à partir d’un certain rang). Comme de plus |ui ( x ) − u( x )| p ≤ |u( x )| p et que
u ∈ L p (Ω), on peut appliquer le TCD pour obtenir la convergence voulue dans L p (Ω).
2. On reprend la même idée de troncature et, si u ∈ C k (Ω), on pose ui = ϕi u. Alors
ui ∈ C0k (Ω). Soit l ∈ N. On montre que pKl (ui − u) → 0 lorsque i tend vers l’infini. Par la
formule de Leibniz :
∂ (ui − u) = ∂ (( ϕi − 1)u) = ( ϕi − 1)∂ u + ∑
α
α α α
∂ β ϕi · ∂α− β u.
β≤α,β6=0
β
D’où,
◦
Or, pour i ≥ l + 1, Kl ⊂ K l +1 ⊂ Ki et ϕi = 1 sur Kl . Le sup et le premier terme ci-dessus
sont donc nuls. De plus, comme une constante est de dérivée nulle, on a aussi que ∂ β ϕi est
nulle sur Kl pour β 6= 0. Ainsi la seconde somme est elle aussi nulle. Donc pour i ≥ l + 1,
pKl (ui − u) = 0 et l’on obtient le résultat voulu.
Nous devons maintenant montrer que l’on peut approcher des fonctions d’une régularité donnée
par des fonctions de classe C ∞ . Pour cela nous allons devoir faire des rappels sur la convolu-
tion des fonctions classiques. Ces rappels nous resserviront aussi pour mieux comprendre la
convolution des distributions.
Dans le cas de fonctions f et g positives, leur mesurabilité suffit pour que cette formule ait un
sens. Sans cette hyptohèse de positivité, on peut encore définir le produit de convolution de f
et de g à condition de supposer, en plus de leur mesurabilité, une régularité L p .
Proposition 3.4.2. Soit p ∈ [1, +∞]. Soient f ∈ L p (Rd ) et g ∈ L1 (Rd ). Pour presque tout x ∈ Rd ,
la fonction y 7→ f ( x − y) g(y) est intégrable. Alors le produit de convolution f ∗ g est défini presque
partout, f ∗ g ∈ L p (Rd ) et
k f ∗ g k p ≤ k f k p k g k1 .
De plus, f ∗ g = g ∗ f .
2
p
Proposition 3.4.4. Soient ϕ ∈ C0∞ (Rd ) et f ∈ Lc (Rd ). Alors ϕ ∗ f ∈ C0∞ (Rd ).
Démonstration : Soient A et B deux réels tels que supp ϕ ⊂ B(0, A) et f (y) = 0 pour |y| ≥
B. Soit x ∈ Rd tel que | x | > A + B. Comme dans l’intégrale qui définie ϕ ∗ f on peut
supposer que x − y ∈ supp ϕ, on a | x − y| ≤ A. Alors, |y| ≥ | x | − | x − y| > A + B −
A = B. Donc f (y) = 0. D’où, ( ϕ ∗ f )( x ) = 0 pour tout x tel que | x | > A + B. Donc
supp ( ϕ ∗ f ) ⊂ B(0, A + B).
3.4.3 Régularisation
Nous allons utiliser les résultats précédents pour montrer que l’on peut “régulariser” une fonc-
tion non régulière en la “convolant” par une fonction régulière. On commence par considérer
une fonction “pic” ρ dont le support est inclus dans B(0, 1) et dont l’intégrale sur Rd vaut 1.
Pour ε > 0, on pose : ρε = ε−d ρ(ε−1 ·). La suite (ρε ) est appelée une “approximation de l’unité”.
Proposition 3.4.5.
1. Si u ∈ C0k (Rd ), k ∈ N, pour tout α ∈ Nd , |α| ≤ k, (∂α (ρε ∗ u)) converge vers ∂α u uni-
formément sur Rd lorsque ε → 0.
p
2. Si u ∈ Lc (Rd ), (ρε ∗ u) converge vers u dans L p (Rd ) lorsque ε → 0, pour tout 1 ≤ p < +∞.
Remarque 3.4.6. Pour comprendre, on peut dessiner le “filtre” ρε ∗ au voisnage de chaque point x, filtre
qui s’affine de plus en plus lorsque ε tend vers 0.
R
Démonstration : 1. On suppose |α| ≤ k. Comme ρ = 1, on peut écrire
∀ x ∈ Rd , ∂α (ρε ∗ u)( x ) − ∂α u( x ) = (ρε ∗ ∂α u)( x ) − ∂α u( x )
x−y
Z
−d
= ε ρ ∂α u(y)dy − ∂α u( x )
Rd ε
Z
= ρ(z)∂α u( x − εz)dz − ∂α u( x )
Rd
Z
= ρ(z)(∂α u( x − εz) − ∂α u( x ))dz.
Rd
Or, ∂α u est continue à support compact car u ∈ C0k (Rd ) donc elle est uniformément conti-
nue sur Rd : ∀δ > 0, ∃η (α, δ) > 0, ∀ x, x 0 , | x − x 0 | < η (α, δ) ⇒ |∂α u( x ) − ∂α u( x 0 )| ≤ δ.
Fixons δ > 0. Soit ε > 0 tel que ε < min|α|≤k η (α, δ) = ηδ . Alors, | x − εz − x | ≤ ε|z| < ηδ
sur le support de ρ (qui est inclus dans B(0, 1), d’où le |z| ≤ 1). Alors on a :
Z
∀ x ∈ Rd , |∂α (ρε ∗ u)( x ) − ∂α u( x )| ≤ ρ(z)|∂α u( x − εz) − ∂α u( x )|dz ≤ δ,
Rd
R
toujours car ρ = 1. D’où la convergence uniforme voulue.
1 1
2. Soit q l’exposant associé à p : p + q = 1. On a :
Z
∀ x ∈ Rd , |(ρε ∗ u)( x ) − u( x )| ≤ ρ(z)|u( x − εz) − u( x )|dz
ZR
d
On élève les deux membres à la puissance p et on intègre en x sur Rd . Alors, par Fubini,
Z
p p
||ρε ∗ u( x ) − u( x )|| L p (Rd ) ≤ ρ(z)||u(· − εz) − u|| L p (Rd ) dz.
Rd
p
Comme |z| ≤ 1 et u ∈ L p (Rd ), on ||u(· − εz) − u|| L p (Rd ) → 0 lorsque ε → 0 (résultat
p p
classique d’intégration). Comme de plus, ρ(z)||u(· − εz) − u|| L p (Rd ) ≤ 2 p ||u|| L p (Rd ) ρ(z) et
que ρ est intégrable, on peut appliquer le TCD pour obtenir que
Z
p
lim ρ(z)||u(· − εz) − u|| L p (Rd ) dz = 0
ε →0 Rd
p
et ainsi ||ρε ∗ u( x ) − u( x )|| L p (Rd ) → 0. D’où le résultat voulu.
Théorème 3.4.7. C0∞ (Ω) est dense dans C k (Ω) pour tout k ∈ N et dans L p (Ω) pour tout 1 ≤ p <
+∞.
Démonstration : Par la proposition 3.4.1, il suffit de montrer que C0∞ (Ω) est dense dans les es-
p p
paces C0k (Ω) et Lc (Ω). Ecrivons la preuve pour C0k (Ω), celle pour Lc (Ω) étant exactement
la même. Soit K un compact de Ω tel que u = 0 dans K c . Soit ũ le prolongement de u par
0 à tout Rd . Alors ũ ∈ C0k (Rd ). Soit ε > 0 et posons ũε = ρε ∗ ũ. Posons enfin uε = ũε |Ω .
On a supp ũε ⊂ Kε = K + B(0, ε). Pour ε assez petit, Kε ⊂ Ω et c’est un compact. Alors,
d’après la proposition 3.4.4, ũε ∈ C0∞ (Ω) et uε ∈ C0∞ (Ω). Or, par la proposition 3.4.3, (ũε )
tend vers ũ pour la topologie de C k (Rd ) : si (Ki ) est une exhaustion de Ω, pour tout i,
pKi (ũε − ũ) → 0 lorsque ε → 0. Or, pour tout i, pKi (ũε − ũ) = pKi (uε − u), donc (uε ) tend
vers u dans C0k (Ω), donc C0∞ (Ω) est dense dans C0k (Ω).
Lemme 3.5.1. Soit f ∈ L1loc (Ω). On suppose que, pour toute ϕ ∈ C0∞ (Ω),
R
Ω
f ( x ) ϕ( x )dx = 0. Alors
f = 0 presque partout.
Démonstration : Tout d’abord, on écrit que Ω est réunion dénombrable d’ouverts ωn ⊂ Ω tels
que ωn soit un compact de Ω. Il suffit pour cela de prendre :
1
ωn = x ∈ Ω : | x | ≤ n et d( x, Ω ) >
c
.
n
Il suffit donc de montrer que f = 0 pp sur un ouvert ω ⊂ Ω tels que ω soit un compact
de Ω. Soit g = f |ω ∈ L1 (ω ). Soit ε > 0. Par le théorème 3.4.7, il existe ψε ∈ C0∞ (ω ) telle
que || g − ψε || L1 (ω ) ≤ ε. On a alors
Z Z Z Z
∀ ϕ ∈ C0∞ (ω ), ψε ϕ = (ψε − g) ϕ + gϕ = (ψε − g) ϕ + 0
ω ω ω ω
R R
car ω
gϕ = Ω
f ϕ. D’où
Z Z
ψε ϕ ≤ |ψε − g| · | ϕ| ≤ ε|| ϕ||∞ .
ω ω
|ψε |2
Z
∀δ > 0, p ≤ ε.
ω δ2 + |ψε |2
R
En appliquant le TCD on peut faire tendre δ → 0 pour obtenir ω
|ψε | ≤ ε. D’où,
La théorie des distributions a été introduite par Laurent Schwartz en 1945, posant les idées
qui étaient déjà en germe chez Sobolev dans les années 30. La représentation des phénomènes
physiques étendus dans l’espace par des fonctions de plusieurs variables et l’expression des lois
physiques en termes d’équations aux dérivées partielles ont été un grand progrès dans l’étude
de ces phénomènes. Toutefois, cette représentation par une fonction assignant une valeur en
chaque point pose au moins deux problèmes d’ordre physique.
Le premier est que les quantités physiques en un point n’ont pas de sens. Par exemple, la
température est une conséquence du mouvement des molécules. Dans un volume plus petit
que le libre parcours moyen d’une molécule, parler de température en un point précis ne signi-
fie donc rien. Pourtant, l’équation de la chaleur classique donne, à l’échelle macroscopique, des
résultats qui sont conformes aux expériences.
Le second est qu’une valeur ponctuelle pour une quantité physique est impossible à mesurer
avec un appareil de mesure. Ce dernier a nécessairement une certaine étendue spatiale et ne
pourra donc jamais fournir une valeur f ( x0R) d’une fonction f en un point x0 . Le mieux que l’on
puisse obtenir est une moyenne pondérée f ( x ) ϕ( x )dx où ϕ caractérise l’appareil de mesure
et est supportée au voisinage de x0 avec une intégrale proche de 1 pour un appareil précis et
bien réglé.
Dans ce chapitre nous allons systématiser l’idée qui consiste à ne plus considérer des fonctions
définies point par point, mais globalement, par des moyennes locales. Nous allons donc sub-
stituer aux fonctions classiques des formes linéaires sur l’espace des fonctions test. Nous avons
déjà vu cette idée se dessiner dans le chapitre 2.
Un des buts de cette théorie est d’apporter un sens à des objets abstraits comme l’impulsion
de Dirac, mais aussi de pouvoir “dériver” des fonctions qui ne sont pas dérivables, comme par
exemple des fonctions L1 ou L2 ou seulement continues. Nous verrons comment cela peut nous
aider à résoudre des problèmes d’EDP qui n’ont pas a priori de solutions classiques simples.
4.1 Définitions
Nous allons donner deux définitions équivalentes de la notion de distribution, l’une fonction-
nelle et théorique dans laquelle la continuité est exprimée topologiquement, une autre effective
dans laquelle la continuité est exprimée directement par des estimations.
29
Chapitre 4. Distributions sur un ouvert de Rd
Prenons, pour tout m ∈ N, C = m. Il existe alors ϕm ∈ CK∞ (Ω), | < T, ϕm > | > mpm ( ϕm ).
ϕ
Posons ϕ̃m = <T,ϕmm > . Alors, < T, ϕ̃m >= 1 et supp ϕ̃m ⊂ K. De plus,
pm ( ϕm ) 1
pm ( ϕ̃m ) = < −−−→ 0.
< T, ϕm > m m→∞
Montrons la réciproque. Soit ( ϕn ) une suite qui converge vers 0 dans C0∞ (Ω). Soit K un
compact qui contient tous les supp ϕn . Par définition de la convergence dans C0∞ (Ω) on
a, pour tout m ∈ N, pm ( ϕn ) −−−→ 0. Alors : | < T, ϕn > | ≤ CK,m pm ( ϕn ) −−−→ 0. Donc
n→∞ n→∞
T ∈ D 0 ( Ω ).
Cette caractérisation des distributions sera constamment utilisée par la suite. Elle mène aussi
directement à la notion d’ordre d’une distribution.
Définition 4.1.3. Une forme linéaire T sur C0∞ (Ω) est une distribution d’ordre fini au plus m sur Ω
lorsqu’il existe m ∈ N tel que, pour tout compact K de Ω, il existe CK > 0 telle que, pour toute fonction
test ϕ ∈ C0∞ (Ω), supp ϕ ⊂ K,
Démonstration : Tout d’abord, on vérifie que, comme f est L1loc (Ω), sa restriction à tout compact
est L1 . Ainsi, sur le support de ϕ ∈ C0∞ (Ω), elle est L1 . Comme ϕ est bornée, car continue
sur le compact où elle est supportée, on en déduit que f ϕ est L1 , et que
Z Z
f ϕdx ≤ max | ϕ( x )| | f |dx.
Ω x ∈supp ϕ supp ϕ
R
La forme linéaire ϕ → Ω
f ϕdx est donc bien une distribution, qui plus est d’ordre au
plus 0, donc d’ordre 0.
Démonstration : Soit K un compact de Ω et soit ϕ ∈ C0∞ (Ω) telle que supp ϕ ⊂ K. Alors,
| < δa , ϕ > | ≤ 1 · || ϕ||∞ . Donc δa est une distribution d’ordre au plus 0 donc 0 sur Ω.
La distribution de Dirac est un nouvel objet de la théorie des distributions. En effet, on peut
montrer qu’il n’existe pas de fonction f ∈ L1loc (Ω) telle que δa = T f . Si cela était le cas, en fixant
un compact K ⊂ Ω, on aurait :
Z
∀ϕ ∈ C0∞ (Ω), supp ϕ ⊂ K, < δa , ϕ >= ϕ( a) = f ( x ) ϕ( x )dx.
K
Montrons que T ainsi définie est une distribution d’ordre exactement |α|. Tout d’abord, il est
clair que c’est bien une distribution d’ordre au plus |α|. En effet, si K est un compact de Ω, on a
Soit k < |α|. Montrons que T n’est pas d’ordre k. On raisonne par l’absurde. Supposons que,
pour tout compact K de Ω, il existe CK > 0 telle que :
Soit ε > 0 et prenons comme compact K = B( a, ε). Fixons ψ0 ∈ C0∞ ( B(0, ε)) telle que ψ0 ( x ) = 1
α
pour | x | ≤ ε/2. Posons alors ψ( x ) = xα! ψ0 ( x ). Par la formule de Leibniz, on a ∂α ψ(0) = ψ0 (0) =
1. Posons enfin ϕ( x ) = ψ(λ( x − a)) où λ ≥ 1. Comme supp ϕ ⊂ B( a, λε ) ⊂ B( a, ε) ⊂ K, on a
bien supp ϕ ⊂ K. De plus, ∂α ϕ( a) = λ|α| ∂α ψ(0) = λ|α| . Pour | β| ≤ k,
Théorème 4.2.3. Soit T ∈ D 0 (Ω) d’ordre 0. Alors, il existe une mesure de Radon µ sur Ω telle que
Z
∀ϕ ∈ C0∞ (Ω), < T, ϕ >= ϕdµ.
Ω
Démonstration : On admettra ce théorème. La démonstration se base sur le fait que les mesures
de Radon positives sur Ω s’identifient aux formes linéaires positives sur C0 (Ω) par
Z
µ 7→ f ∈ C0 (Ω) 7→ f dµ .
Ω
1
4.2.6 La valeur principale de x
La fonction inverse, f : x 7→ 1x n’est pas dans L1loc (R), on ne peut donc pas définir à partir de
cette fonction une distribution comme on l’a fait auparavant. Cependant, en prenant garde à
éviter la singularité en 0 et en effectuant une intégration “symétrique” par rapport à 0, on va
tout de même pouvoir associer une distribution à f .
ϕ( x ) dx
Z Z Z
dx = ϕ(0) + ψ( x )dx := I1 + I2 .
ε<| x |≤ a x ε<| x |≤ a x ε<| x |≤ a
Z
1
vp ,ϕ = ψ( x )dx.
x | x |≤ a
De plus,
1
vp , ϕ ≤ 2a × sup | ϕ0 ( x )|.
x x ∈K
On en déduit que vp 1x est une distribution d’ordre au plus 1. Il nous reste à justi-
fier qu’elle ne peut pas être d’ordre 0. Si elle était d’ordre 0 on aurait l’existence d’une
constante C > 0 telle que :
1
∀ϕ ∈ C0∞ (R), supp ϕ ⊂ K, vp , ϕ ≤ C || ϕ||∞ .
x
Pour n ≥ 1, on considère la fonction plateau qui vaut 1 sur le compact [ n1 , 1] et qui est
1 1
nulle hors de l’ouvert ] 2n , 2[. Alors, || ϕn ||∞ = 1 et, pour ε ≤ 2n , on a (par positivité de ϕn )
Z 2 Z 1 Z 1
ϕn ( x ) ϕn ( x ) ϕn ( x ) dx
Z
dx = dx ≥ dx = = log n.
| x |>ε x 1
2n
x 1
n
x 1
n
x
Cette distribution apparaı̂tra à nouveau plus loin dans le cours et en TDs. Tout comme la dis-
tribution de Dirac, elle constitue un des premiers exemples d’objets nouveaux introduits par la
théorie des distributions.
On peut chercher à continuer à intégrer des fonctions non intégrables, par exemple x α pour
−2 < α < −1 et x > 0. On vérifie que
Z a Z a Z a
x α ϕ( x )dx = x α ϕ(0)dx + xϕ0 (0)dx + ...
ε ε ε
α +1 α +1
(sans préciser le reste de Taylor). Le premier terme vaut aα+1 − αε +1 , qui tend vers +∞ lorsque
ε → 0. Il s’agit de la partie infinie de x α . Plus précisément, on a l’égalité, valable pour ϕ à
support compact et a ∈ / suppϕ :
a
x α +1
Z a α +1
ε α +1
Z a Z a α +1
x x
α
x ϕ( x )dx = ϕ( x ) − ϕ0 ( x )dx = − ϕ(ε) − ϕ0 ( x )dx.
ε α+1 ε ε α+1 α+1 ε α+1
α +1
La fonction xα+1 est, quant à elle, intégrable car α + 1 > −1, donc définit une distribution. On
voit donc apparaitre la partie finie.
Définition 4.2.5. La partie finie de x α , notée Pf( x α ) est la distribution définie par
∞ ε α +1
Z ∞ α +1
Z
x
∀ϕ ∈ C0∞ (R), α
< Pf( x ), ϕ >= lim α
x ϕ( x )dx + ϕ(ε) =− ϕ0 ( x )dx.
ε →0 ε α+1 0 α+1
Il existe d’autres façons de définir les parties finies. Par exemple, lorsque −n − 1 < α < −n,
n ≥ 1, on retranche la partie infinie obtenue en écrivant le développement de Taylor de ϕ à
l’ordre n − 1, soit
n −1
x j ( j)
ϕ( x ) = ∑ j!
ϕ (0) + x n ψn ( x )
j =0
Z +∞ n −1
ε α + j +1
ε
x α ϕ( x )dx + ∑ ( j + α + 1) j!
ϕ ( j ) (0).
j =0
Cette limite est notée < Pf( x α ), ϕ > et définit une distribution d’ordre n. Les cas α = −n
donnent les valeurs principales. Par exemple, pour α = −2, en pensant à intégrer de manière
symétrique comme pour la valeur principale de 1x , on obtient
Z ∞Z 1
ϕ( x ) 2ϕ(0)
Z
dx − = (1 − t)[ ϕ”( xt) + ϕ”(− xt)]dt.
| x |≥ε x2 ε ε 0
Le membre de droite définit, à la limite ε → 0, une distribution d’ordre 2, qui est la partie finie
de x12 en valeur principale.
Alors, T est une distribution sur R d’ordre infini. On peut reprendre en l’adaptant légèrement
la preuve donné pour la distribution de Dirac dérivée.
Soit [− a, a] ⊂ R et soit ϕ ∈ C0∞ (R), supp ϕ ⊂ [− a, a]. Posons p0 = E( a) + 1, où E( a) est la
partie entière de a. On a :
+∞ p0 p0
| < T, ϕ > | = ∑ ϕ( j) ( j ) = ∑ ϕ( j) ( j ) ≤ ∑ || ϕ( j) ||∞ .
j =0 j =0 j =0
Donc T ∈ D 0 (R).
Supposons par l’absurde que T est d’ordre fini m. Soit ψ0 ∈ C0∞ (] − 1/2, 1/2[), égale à 1 sur
m +1
[−1/4, 1/4] et positive. Soit λ > 1. Posons ψ( x ) = (mx +1)! ψ0 ( x ) pour x ∈ R et ϕ( x ) = ψ(λ( x −
(m + 1))). On considère le compact K = [m + 1/2, m + 3/2] ⊂ R. Comme λ > 1, ϕ est à
support dans K et elle est C ∞ .
D’autre part, par la formule de Leibniz, on a : ψ(m+1) (0) = ψ0 (0) = 1. Puis, comme supp ϕ ⊂ K,
on a < T, ϕ >= ϕ(m+1) (m + 1) = λm+1 ψ(m+1) (0) = λm+1 . D’autre part, pour j ≤ m,
Or, T est supposée d’ordre m, donc pour K = [m + 1/2, m + 3/2], il existe CK > 0 telle que
m
| < T, ϕ > | ≤ CK ∑ || ϕ( j) ||∞ ,
j =0
soit ici : !
m m
λm+1 ≤ CK ∑ λ j ||ψ( j) ||∞ ≤ CK ∑ λ j ||ψ( j) ||∞ λm .
j =0 j =0
R1 0
0
ϕ ( xu)du. Alors,
1 1 1 1
< Tn , ϕ >= n ϕ −ϕ − =ψ +ψ − −−−→ 2ψ(0) = 2ϕ0 (0).
n n n n n→∞
D’où le résultat.
Exemple 4.3.3. La suite ( Tein· )n≥0 converge vers la distribution nulle dans D 0 (Ω). Il s’agit juste du
lemme de Riemann-Lebesgue.
p
Proposition 4.3.4. La convergence dans Lloc (Ω), 1 ≤ p ≤ +∞ implique la convergence dans D 0 (Ω).
p
Démonstration : Soit ( f n )n≥0 une suite de fonctions dans Lloc (Ω) qui converge vers f dans
p
Lloc (Ω). Soit q tel que 1p + 1q = 1. Soit K ⊂ Ω un compact et soit ϕ ∈ C0∞ (Ω), supp ϕ ⊂ K.
Par l’inégalité de Hölder,
Z
| < Tfn , ϕ > − < Tf , ϕ > | = | < Tfn − Tf , ϕ > | ≤ | f n ( x ) − f ( x )| · | ϕ( x )|dx
K
≤ || f n − f || L p (K) || ϕ|| Lq (K) −−−→ 0.
n→∞
Exemple 4.3.5. La convergence presque partout n’implique pas la convergence dans D 0 (Ω). En effet,
√ 2
considérons la suite de L1loc (Ω) définie par f n : x √
7→ ne−nx . Alors, pour tout x 6= 0, f n ( x ) → 0,
mais la suite ( T f n )n≥1 converge dans D 0 (Ω) vers πδ0 et non pas vers la distribution nulle. En effet,
si ϕ ∈ C0∞ (Ω), on a par le TCD,
√ Z √ √
y
Z
2 2
< f n , ϕ >= n e−nx ϕ( x )dx = e−y ϕ √ dy −−−→ π ϕ(0) =< πδ0 , ϕ > .
R R n n→∞
est une distribution sur Ω. De plus, pour tout compact K ⊂ Ω, il existe m ∈ N et C > 0 tels que,
Le point clé ici est le fait que l’on peut trouver une constante C > 0 et un entier m ∈ N
indépendants de n. On a aussi le corollaire suivant.
Corollaire 4.3.7. Soit ( Tn )n∈N une suite de distributions qui converge vers T dans D 0 (Ω) et soit
( ϕn )n∈N une suite qui converge vers ϕ dans C0∞ (Ω). Alors < Tn , ϕn >−−−→< T, ϕ >.
n→∞
Nous allons montrer au chapitre sur la convolution des distributions que toute distribution est
limite dans D 0 (Ω) d’une suite de fonctions dans C0∞ (Ω).
Proposition 4.3.8. Soit ( f n )n≥0 une suite de fonctions positives dans L1 (Rd ), dont les supports sont
contenus dans des boules centrées à l’origine et de rayon tendant vers 0. Alors
1
R f n −−−→ δ0 dans D 0 ( Ω ).
f dx n→∞
Rd n
On écrit
adn
R
< fn, ϕ > |t|≤1 f n ( an t )( ϕ ( an t ) − ϕ (0))dt
− ϕ (0) = R .
< fn, 1 > adn |t|≤1 f n ( an t)dt
On utilise ensuite le fait que, pour an < 1 et |t| ≤ 1, par la formule de Taylor avec reste
intégral à l’ordre 1,
| ϕ( an t) − ϕ(0)| ≤ an max max |∂α ϕ( x )|
|α|=1 | x |≤1
pour trouver
< fn, ϕ >
− ϕ(0) ≤ an max max |∂α ϕ( x )|.
< fn, 1 > |α|=1 | x |≤1
D’où le résultat.
Démonstration : Tout d’abord, on a bien aϕ ∈ C0∞ (Ω) donc le membre de droite est bien défini.
Puis, soit K ⊂ Ω un compact : il existe m ∈ N et C > 0 tels que,
Alors,
| < aT, ϕ > | = | < T, aϕ > | ≤ Cpm ( aϕ).
Or, par la formule de Leibniz :
∑
α
α
∂ ( aϕ) = ∂ β a · ∂α− β ϕ.
β≤α
β
Alors,
max |∂α ( aϕ)( x )| ≤ 2|α| max max |∂ β1 a( x )| · max max |∂ β2 ϕ( x )| := C̃pm ( ϕ),
x ∈K | β 1 |≤|α| x ∈K | β 2 |≤|α| x ∈K
39
Chapitre 5. Opérations sur les distributions
Proposition 5.1.2. Soient T ∈ D 0 (Ω) et a ∈ C ∞ (Ω). Soit ( an )n≥0 une suite qui converge vers a dans
C ∞ (Ω) et soit ( Tn )n≥0 une suite qui converge vers T dans D 0 (Ω). On a alors, avec convergence dans
D 0 ( Ω ),
an T −−−→ aT, aTn −−−→ aT et an Tn −−−→ aT.
n→∞ n→∞ n→∞
Démonstration : Bien entendu, il suffit de montrer le troisième point. Soit ϕ ∈ C0∞ (Ω). Posons
pour tout n, ψn = an ϕ. Alors, ψn −−−→ aϕ dans C0∞ (Ω) par la formule de Leibniz, donc
n→∞
1 1 xϕ( x )
Z Z Z
xvp , ϕ = vp , xϕ = lim dx = lim ϕ( x )dx = ϕ( x )dx =< 1, ϕ >,
x x ε→0 | x |>ε x ε→0 | x |>ε R
= x α+1 ϕ( x )dx
0
où on a utilisé que x α+2 est dérivable et que l’on peut appliquer la formule d’intégration par parties sur
[ε, a].
Remarque. On ne peut pas définir un produit raisonnable entre deux distributions. Par exemple,
une multiplication basique du type “< TS, ϕ >=< T, ϕ > · < S, ϕ >” ne définie même pas
une forme linéaire.
Une autre objection est que l’on ne peut pas donner sens au carré de la distribution de Dirac en
0. Par exemple, on considère la famille de fonctions (φε )ε>0 définie par :
1 ε
∀ε > 0, φε ( x ) = si | x | ≤ et φε ( x ) = 0 sinon.
ε 2
Soit alors ϕ ∈ C0∞ (R). On a, en utilisant Taylor avec reste intégral à l’ordre 1,
1 1
Z Z ε/2
φε ( x ) ϕ( x )dx = ϕ( x )dx = (εϕ(0) + O(ε2 )) −−→ ϕ(0).
R ε −ε/2 ε ε →0
et ainsi on a bien que (φε )ε>0 converge vers δ0 dans D 0 (R). Toutefois, on a aussi :
1 1
Z Z ε/2
φε2 ( x ) ϕ( x )dx = 2 ϕ( x )dx = (εϕ(0) + O(ε3 ))
R ε −ε/2 ε2
qui diverge lorsque ε tend vers 0. Ainsi, (φε2 )ε>0 ne converge pas dans D 0 (R).
D’un point de vue plus abstrait, on ne peut pas définir un produit entre deux distributions qui
soit commutatif et associatif. Si cela était le cas, on aurait par exemple : δ0 · vp 1x = vp 1x · δ0 .
D’où, en multipliant les deux membres par x, on aurait d’une part : x (δ0 · vp 1x ) = ( xδ0 ) ·
contradiction.
Une définition d’un produit de deux distributions reste possible à condition d’utiliser la trans-
formée de Fourier, ce qui conduit à la théorie des opérateurs pseudo-différentiels. Toutefois,
sans aller jusque-là, nous verrons que l’on peut définir un produit de convolution entre deux
distributions (moyennant des hypothèses sur leurs supports respectifs), ce produit ayant alors
une interprétation physique naturelle.
< T, ϕ >= ϕ(0) < T, χ >= C < δ0 , ϕ > avec C =< T, χ > .
On peut alors étudier la même équation avec un second membre. On commence par regarder
l’équation xT = 1.
Proposition 5.2.2. Les distributions T ∈ D 0 (R) telles que xT = 1 sont de la forme T = vp 1x + Cδ0 ,
C ∈ C.
T − vp 1x = Cδ0 avec C ∈ C.
On retrouve ici le principe général de résolution des équations linéaires : l’ensemble des so-
lutions est un espace affine dirigé par le noyau de l’application linéaire qui définit l’équation
considérée (soit l’ensemble des solutions de l’équation homogène associée) et passant par une
solution particulière de l’équation. Nous pouvons en fait résoudre l’équation xT = S pour
n’importe quel second membre S ∈ D 0 (R).
Proposition 5.2.3. Soit S ∈ D 0 (R). Alors l’équation xT = S admet une solution T ∈ D 0 (R).
Démonstration : Soit ϕ ∈ C0∞ (R) et soit χ ∈ C0∞ (R) telle que χ( x ) = 1 pour | x | ≤ 1. Posons
ϕ̃ = ϕ − ϕ(0)χ. Alors ϕ̃(0) = 0. Il existe donc θ ∈ C0∞ (R) telle que ϕ̃ = xθ. On définit la
distribution T par : < T, ϕ >=< S, θ >. Alors < xT, ϕ >=< T, xϕ >=< S, ϕ >, d’où
xT = S. En effet, xfϕ = xϕ − ( xϕ)(0)χ = xϕ et dans ce cas, θ = ϕ.
Il ne reste plus qu’à vérifier que la formule < T, ϕ >=< S, θ > définie bien une dis-
tribution T ∈ D 0 (R). Tout d’abord, si ϕ ∈ C0∞ (R), on a supp θ ⊂ supp ϕ ∪ supp χ,
R1
donc θ ∈ C0∞ (R). Puis, comme S ∈ D 0 (R), | < S, θ > | ≤ CS pm (θ ). Or, θ = 0 ϕ0 (tx ) −
ϕ(0)χ0 (tx )dt, donc pm (θ ) ≤ Cpm+1 ( ϕ). Ainsi, | < T, ϕ > | ≤ CS · Cpm+1 ( ϕ) et T ∈ D 0 (R).
Proposition 5.2.4. Soit T ∈ D 0 (Ω) telle que : ∀i ∈ {1, . . . d}, xi T = 0. Alors T = Cδ0 avec C ∈ C.
Démonstration : La démonstration est la même que dans le cas d = 1 une fois prouvé le lemme
d’Hadamard : supposons que 0 ∈ Ω et soit ψ ∈ C0∞ (Ω) telle que ψ(0) = 0. Alors il existe
des fonctions ψ1 , . . . , ψd ∈ C0∞ (Ω) telles que : ∀ x ∈ Ω, ψ( x ) = ∑id=1 xi ψi ( x ). Cela résulte
d’un développement de Taylor à l’ordre 1 et d’un changement de variable.
fonction f de classe C1 sur R. Par intégration par parties (le crochet s’annulant pour des rai-
sons de support) :
Z Z
∀ ϕ ∈ C0∞ (R), < T f 0 , ϕ >= f 0 ( x ) ϕ( x )dx = − f ( x ) ϕ0 ( x )dx = − < T f , ϕ0 > .
R supp ϕ
Bien entendu, notre définition générale de la dérivée d’une distribution doit coı̈ncider avec la
notion de dérivée classique dans le cas des fonctions de classe C1 , nous allons donc adopter la
définition suivante.
Définition 5.3.1. Soit T ∈ D 0 (Ω) et soit i ∈ {1, . . . , d}. La forme linéaire ∂ xi T définie sur C0∞ (Ω) par
Le fait que ∂ xi T soit une distribution est évident. Il est clair aussi que si T est une distribution
d’ordre m donné, alors ∂ xi T est d’ordre m + 1.
La définition de ∂ xi T peut être itérée autant de fois que voulu, on peut donc définir, pour tout
multi-indice α ∈ Nd , ∂α T par
La proposition suivante est tout à fait remarquable de simplicité lorsqu’on la compare aux
énoncés équivalents dans le cadre des fonctions classiques qui requiert tous des hypothèses
très fortes de convergence uniforme. En fait, le caractère uniforme est caché dans le théorème
4.3.6 basé sur le théorème d’uniformisation de Banach-Steinhaus.
Proposition 5.3.2. Soit ( Tn )n≥0 une suite dans D 0 (Ω) qui converge vers T ∈ D 0 (Ω). Alors, pour tout
α ∈ Nd , (∂α Tn )n≥0 converge vers ∂α T dans D 0 (Ω).
La dérivation se comporte tout aussi bien vis-à-vis du produit par une fonction C ∞ .
Exemple 5.3.4. La dérivée d’une distribution T f avec f ∈ C1 (R) est la distribution T f 0 . C’est l’objet
du calcul fait au début de cette section.
Exemple 5.3.5. La i-ième dérivée partielle d’une distribution T f avec f ∈ C1 (Rd ) est la distribution
T∂xi f . Cela résultera de la formule d’intégration par partie multidimensionnelle (voir Corollaire 10.4.4
au Chapitre 10).
Exemple 5.3.7. La fonction définie pour x 6= 0 par f ( x ) = log | x | et une valeur quelconque en 0 est
dans L1loc (R). On peut donc lui associer une distribution T f ∈ D 0 (R). On a alors : ( T f )0 = vp 1x .
En effet, pour ϕ ∈ C0∞ (R), on a < f 0 , ϕ >= − < f , ϕ0 >= − R log | x | · ϕ0 ( x )dx. Or, par
R
intégrabilité du logarithme en 0, on a
Z Z
0
− log | x | · ϕ ( x )dx = − lim log | x | · ϕ0 ( x )dx := − lim Iε .
R ε→0 | x |≥ε ε →0
On effectue une intégration par partie dans chacune des deux intégrales pour obtenir :
ϕ( x )
Z
Iε = − dx + ϕ(−ε) log(ε) − ϕ(ε) log(ε).
| x |≥ε x
Or, on peut écrire ϕ( x ) = ϕ(0) + xψ( x ) avec ψ ∈ C ∞ (R). Donc ϕ(−ε) − ϕ(ε) = −ε(ψ(−ε) +
ψ(ε)), d’où
ϕ( x )
Z
Iε = − dx − ε log(ε)(ψ(−ε) + ψ(ε)).
| x |≥ε x
Exemple 5.3.9. La forme associée à la dérivée α-ième d’une mesure de Radon µ sur Ω, notée ∂α µ, est
l’application de C0∞ (Ω) dans R donnée par :
Z
∀ ϕ ∈ C0∞ (Ω), < ∂α µ, ϕ >= (−1)|α| ∂α ϕ( x )dµ( x ).
Ω
C’est une forme linéaire sur C0∞ . Si K ⊂ Ω est compact, on a l’inégalité, due au fait que µ charge de
manière finie les compacts :
Z
(−1)|α| ∂α ϕ( x )dµ( x ) ≤ µ(K ) max |∂α ϕ( x )|.
Ω x ∈K
En particulier, la notation ∂α µ provient du fait que, si µ est une mesure définie par une densité ρ( x ) qui
est de classe C k , alors dµ( x ) = ρ( x )dx et on a, pour |α| ≤ k :
Z Z Z
(−1)|α| ∂α ϕ( x )dµ( x ) = (−1)|α| ∂α ϕ( x )ρ( x )dx = ∂α ρ( x ) ϕ( x )dx,
Ω Ω Ω
et ainsi cette forme linéaire est associée à la mesure de densité ∂α ρ. Remarquons que nous avons à nouveau
utilisé le Corollaire 10.4.4 du Chapitre 10.
Le sens direct
Rx est évident puisque θ est à support compact. Réciproquement, on pose :
θ ( x ) = −∞ ψ(t)dt avec supp ψ ⊂ [− M, M ]. Il est clair que θ ∈ C ∞ (R). Si x < − M,
R +∞
alors
R θ ( x ) = 0 (car ψ est nulle sur ] − ∞, x ] dans ce cas). Si x > M, alors x
ψ(t)dt =
R
ψ(t)dt = 0 par hypothèse. D’où,
Z x Z x Z +∞ Z
∀ x > M, θ ( x ) = ψ(t)dt + 0 = ψ(t)dt + ψ(t)dt = ψ(t)dt = 0,
−∞ −∞ x R
Alors ψ ∈ C0∞ (R) et R ψ(t)dt = 0. Par conséquent, il existe θ ∈ C0∞ (R) telle que ψ = θ 0
R
et < T, ψ >= 0. Alors, par linéarité de T,
Z
< T, ϕ >=< T, χ > · ϕ( x )dx = C < 1, ϕ >=< C, ϕ >, avec C =< T, χ >∈ C.
R
Le résultat persiste en dimension supérieure, mais sa démonstration est plus difficile. Nous al-
lons admettre un résultat plus général dont on déduira le résultat voulu immédiatement (pour
une démonstration d’une forme un peu plus faible de ce résultat, voir [7, Corollaire 2.19, p52]).
Théorème 5.4.2 (Admis). Soit T ∈ D 0 (Ω). On suppose qu’il existe f 1 , . . . f d des fonctions continues
sur Ω telles que, pour tout i ∈ {1, . . . , d}, ∂ xi T = f i . Alors il existe f de classe C1 sur Ω telle que
T = f.
Corollaire 5.4.3. Soit T ∈ D 0 (Ω) et supposons que l’ouvert Ω est connexe. Supposons que, pour tout
i ∈ {1, . . . , d}, ∂ xi T = 0. Alors T est constante.
Démonstration : Il suffit d’appliquer le théorème précédent puis le résultat classique sur les
fonctions de classe C1 de dérivées nulles sur un ouvert connexe (résultat basé sur les
accroissements finis).
a
f ( x ) ϕ0 ( x )dx = ∑ f ( x ) ϕ0 ( x )dx.
i =0 a i
Ra Ra
Comme a i+1 f ( x ) ϕ0 ( x )dx = ϕ( ai+1 ) f ( ai−+1 ) − ϕ( ai ) f ( ai+ ) − a i+1 f 0 ( x ) ϕ( x )dx, où la fonction f 0
i i
est définie presque partout, on a la relation
Z b n Z a i +1 n
−
a
0
f ( x ) ϕ ( x )dx = ∑ f 0 ( x ) ϕ( x )dx + ∑ f ( ai+ ) ϕ( ai ) − f ( ai−+1 ) ϕ( ai+1 ).
i =0 a i i =0
n +1
( T f )0 = T f 0 + ∑ ( f (ai+ ) − f (ai− ))δa . i
i =0
Ce résultat s’étend aux dérivées successives, comme pour la dérivée seconde, en considérant
les sauts de f et ceux de sa dérivée :
n +1 n +1
( T f )00 = T f ” + ∑ ( f (ai+ ) − f (ai− ))δa0 i + ∑ ( f 0 (ai+ ) − f 0 (ai− ))δa .
i
i =0 i =0
Proposition 5.5.2. Soit u une fonction C1 définie sur un intervalle [ a, b]. On la prolonge par 0 à
l’extérieur de [ a, b] et on note ce prolongement u. De même, on note u0 le prolongement de la fonction u0 ,
définie par u0 sur ] a, b[ et par 0 à l’extérieur. Alors
Cette proposition est le cas particulier où la fonction u est de classe C1 par morceaux d’un
résultat plus général :
Proposition 5.5.3. Soit g ∈ C0 ( I ), telle que sa dérivée au sens des distributions g0 vérifie g0 ∈ L1loc ( I ),
a, b ∈ I. Alors,
( Tg1[a,b] )0 = Tg0 1[a,b] + g( a)δa − g(b)δb .
Nous avons ainsi trouvé la dérivée d’un prolongement par 0 en dimension 1.
p
∀ j ∈ {1, . . . , p}, 0 ≤ χ j ≤ 1, supp (χ j ) ⊂ Ω j , et ∀ x ∈ K, ∑ χ j (x) = 1.
j =1
Démonstration : Tout d’abord, si S est un compact inclus dans un ouvert U de Rd , alors il existe
un ouvert V, S ⊂ V tel que V ⊂ U avec V compact. En effet, il suffit de construire
V = { x ∈ U | d( x, S) < δ/2} où δ = minx∈S d( x, U c ).
Pour tout j ∈ {1, . . . , p}, soit χ̃ j ∈ C0∞ (Ω) telle que supp χ̃ j ⊂ Ω j , χ̃ j = 1 sur Vj et
0 ≤ χ̃ j ≤ 1. On pose enfin χ1 = χ̃1 , χ2 = χ̃1 (1 − χ̃2 ) et χ j = χ̃1 (1 − χ̃2 ) · · · (1 − χ̃ j ). Les χ j
conviennent car on a de plus,
p p
1 − ∑ χj = ∏(1 − χ̃ j ) = 0 sur K.
j =1 j =1
49
Chapitre 6. Support d’une distribution
Il est clair par raccordement, puisque supp ϕ ⊂ ω ⊂ Ω est un compact, que ϕ̃ ∈ C0∞ (Ω). Donc
la définition est bien posée.
Définition 6.2.2. Soit T ∈ D 0 (Ω) et soit ω ⊂ Ω un ouvert. On dit que T est nulle dans ω si T |ω = 0.
On a alors un résultat de passage du local au global pour cette notion de nullité locale d’une
distribution.
Lemme 6.2.3. Soit (ωi )i∈ I une famille d’ouverts de Ω et soit ω leur réunion. Soit T ∈ D 0 (Ω) telle que
pour tout i ∈ I, T |ωi = 0. Alors T |ω = 0.
Démonstration : On doit montrer que, pour toute ϕ ∈ C0∞ (ω ), < T, ϕ >= 0. Soit donc ϕ ∈
C0∞ (ω ) et soit K = supp ϕ. Comme K ⊂ i∈ I ωi , on peut extraire de ce recouvrement
S
K ⊂ i∈ J ωi , on a ϕ = ∑i∈ J χi ϕ et ainsi
S
Or, pour tout i ∈ J, χi ϕ ∈ C0∞ (ωi ) et T |ωi = 0, donc < T, χi ϕ >= 0 et < T, ϕ >= 0.
Définition 6.3.1. Pour T ∈ D 0 (Ω), on appelle support de T, noté supp T, le complémentaire du plus
grand ouvert où T est nulle.
Proposition 6.3.2. Soit T ∈ D 0 (Ω) et soit ϕ ∈ C0∞ (Ω) telles que supp T ∩ supp ϕ = ∅. Alors,
< T, ϕ >= 0.
Démonstration : La démonstration est analogue à celle du lemme 6.2.3, si ce n’est que la pro-
priété de Borel-Lebesgue est cette fois appliquée à un recouvrement ouvert du compact
supp ϕ.
Corollaire 6.3.4. Soit T ∈ D 0 (Ω). On suppose que T est localement une fonction C k pour 0 ≤ k ≤ ∞,
i.e.
∀ x ∈ Ω, ∃ωx ouvert , x ∈ ωx et ∃ f x ∈ C k (ωx ), T |ωx = T f x .
Alors, il existe f ∈ C k (Ω) telle que T = T f .
telle que T |ωx = T f x . Or, sur ωx ∩ ωy , f x = f y car T f x |ωx ∩ωy = T |ωx ∩ωy = T f y |ωx ∩ωy , puis
on utilise la continuité de f x et f y pour en déduire f x = f y partout et pas uniquement
presque partout sur ωx ∩ ωy .
Alors, on peut poser légitimement f : Ω → C définie par f (z) = f x (z) si z ∈ ωx . La
fonction f est de classe C k sur Ω car elle est C k au voisinage de tout x ∈ Ω et on a :
∀ x ∈ Ω, ( T − T f )|ωx = 0. Par définition du support, supp ( T − T f ) = ∅, donc par la
proposition précédente, T = T f .
On a aussi des résultats qui font le lien entre opérations sur les distributions et support. Tout
d’abord, la multiplication.
Proposition 6.3.5. Soit T ∈ D 0 (Ω) et soit a ∈ C ∞ (Ω). Alors : supp ( aT ) ⊂ supp a ∩ supp T.
Démonstration : Soit x0 ∈ (supp a)c ∪ (supp T )c . Si x0 ∈ (supp a)c , il existe Vx0 voisinage de
x0 tel que a( x ) = 0 pour tout x ∈ Vx0 . Alors si ϕ ∈ C0∞ (Vx0 ), on a, pour tout x ∈ Ω,
a( x ) ϕ( x ) = 0. D’où < aT, ϕ >=< T, aϕ >= 0 et x0 ∈
/ supp ( aT ).
Si x0 ∈ (supp T ) , il existe Vx0 tel que < T, ψ >= 0 pour ψ ∈ C0∞ (Vx0 ). Soit ϕ ∈ C0∞ (Vx0 ).
c
Terminons cette section par quelques exemples. D’autres seront détaillés en tds.
Exemple 6.3.7. Cet exemple est fondamental. Soit f une fonction continue sur Ω. Alors supp T f =
supp f où supp f est le support au sens classique de la fonction continue f .
En effet, si x0 ∈
/ supp f , il existe Vx0 voisinage ouvert de Rx0 tel que f ( x ) = 0 pour x ∈ Vx0 . Alors, si
ϕ ∈ C0∞ (Vx0 ), ϕ( x ) f ( x ) = 0 dans Ω, donc < T f , ϕ >= Ω f ( x ) ϕ( x )dx = 0. Donc, x0 ∈ / supp T f .
D’où la première inclusion : supp T f ⊂ supp f . Réciproquement, si x 0 ∈
/ supp T f , il existe Vx0
∞
R
voisinage ouvert de x0 tel que ∀ ϕ ∈ C0 (Vx0 ), Ω f ( x ) ϕ( x )dx = 0. Par le lemme de Dubois-Reymond,
f est nulle presque partout (donc partout puisque f est continue) dans Vx0 . Donc, x0 ∈ / supp f . D’où
la seconde inclusion.
Exemple 6.3.8. Pour tout a ∈ Ω, supp δa = { a}.
En effet, si ϕ ∈ C0∞ (Ω \ { a}), on a < δa , ϕ >= ϕ( a) = 0, donc supp δa ⊂ { a}. Réciproquement, soit
Va un voisinage ouvert de a et soit ρ une fonction pic au voisinage de a, ρ( a) = 1. Alors, < δa , ρ >=
ρ( a) = 1 6= 0. Donc a ∈ supp δa . D’où l’inclusion inverse.
Exemple 6.3.9. On a supp vp 1x = R.
En effet, soit x0 6= 0. Supposons que x0 > 0, la démonstration est la même pour x0 < 0. Soit ρ x0 une
fonction pic centrée en x0 , et supportée sur [ x20 , 3x2 0 ]. On a, pour tout ε > 0 tel que ε < x20 ,
3x0
ρ x0 ( x ) ρ x0 ( x )
Z Z
2
dx = dx = C > 0.
x ≥ε x x0
2
x
On en déduit une définition de la continuité dans C ∞ (Ω) de φ →< T, φ >. Cette continuité est
caractérisée par une convergence uniforme sur tout compact de la suite (φn )n≥0 et des suites des
dérivées (∂α φn )n≥0 respectivement vers φ et les dérivées ∂α φ. Contrairement à la convergence
associée aux fonctions à support compact, il n’y a pas ici d’hypothèse sur les supports.
On peut montrer qu’en fait, on a exactement E 0 (Ω) = (C ∞ (Ω))0 tout comme on a déjà vu que
D 0 (Ω) = (C0∞ (Ω))0 (voir [4, Theorem 2.3.1, p44]).
Démonstration : On rappelle l’égalité < T, ϕ >=< T, ϕ(1 − χ) > + < T, ϕχ >=< T, ϕχ >, où
ϕχ est supportée dans K”. Il existe alors un entier m0 et une constante C0 , tous les deux
associés à la majoration de < T, φ > pour φ ∈ C0∞ (K”), tels que
et les majorations uniformes, pour |γ| ≤ m0 , de ∂γ χ par ||χ||m0 = maxx∈K”,|γ|≤m0 |∂γ χ( x )|,
et de ∑ β+γ=α ( αβ) = 2|α| permettent d’obtenir une constante C telle que
et
| < T, ϕ > | ≤ C max max |∂α ϕ( x )|.
|α|≤m0 x ∈suppϕ
Démonstration : Pour simplifier les notations et ne conserver que les principales idées de la
preuve, nous allons nous restreindre au cas de la dimension d = 1. Sans perdre en
généralité on peut aussi supposer que x0 = 0.
Tout d’abord, comme T est à support compact, T est d’ordre fini. Notons m l’ordre de T.
Soit χ une fonction plateau valant 1 dans un voisinage compact de 0 inclus dans ] − 1, 1[
et 0 hors de ] − 1, 1[. On note, pour r > 0 et x ∈ R, χr ( x ) = χ( x/r ).
Soit ϕ ∈ C0∞ (R). Alors, par la formule de Taylor avec reste intégral :
m
ϕ ( k ) (0 ) k x m +1
Z 1
∀ x ∈ R, ϕ( x ) = ∑ k!
x +
m! 0
(1 − u)m ϕ(m+1) ( xu)du.
k =0
m +1 R 1
En posant, pour tout x ∈ R, ψ( x ) = xm! 0 (1 − u)m ϕ(m+1) ( xu)du, on définit une fonction
de classe C ∞ et on a ψ( x ) = o ( x m ) au voisinage de 0.
La fonction χϕ est à support compact et elle est égale à ϕ au voisinage de 0, donc, comme
supp T = {0}, on a :
m
ϕ ( k ) (0)
< T, ϕ >=< T, χϕ >= ∑ k!
< T, χx k > + < T, χψ > .
k =0
Or, χψ est dans C0∞ (R) et (χψ)( x ) = o ( x m ) au voisinage de 0. Montrons que cela entraı̂ne
que < T, χψ >= 0.
Notons ψ̃ = χψ. Par la formule de Leibniz, on a
l
k (l −k) (k)
∀l ≤ m, (χr ψ̃) (l )
=∑ χr ψ̃ .
k =0
l
Donc,
lim sup |(χr ψ̃)(l ) ( x )| = 0.
r →0 | x |≤r
Comme T est d’ordre m, que χr ψ̃ est à support dans [−r, r ] et [−r, r ] ⊂ [−1, 1] qui est un
compact fixe, on a
Finalement,
m m
ϕ ( k ) (0)
1
< T, ϕ >= ∑ k!
< T, χx k > +0 = ∑
k!
< T, χx k > ϕ ( k ) (0).
k =0 k =0
(−1)k
D’où le résultat en posant ak = k! < T, χx k >.
Notions avancées
55
Chapitre 7
où (·|·) désigne le produit scalaire dans L2 (Rd ). Par analogie, nous allons poser comme définition
la formule suivante pour le produit de convolution d’une distribution par une fonction test.
Définition 7.1.1. Soient T ∈ D 0 (Rd ) et ϕ ∈ C0∞ (Rd ). Leur produit de convolution est la fonction
définie en chaque point par
Le fait que la fonction T ? ϕ est bien de classe C ∞ est une conséquence immédiate du théorème
de dérivation sous le crochet (voir Proposition A.0.1) que nous verrons au chapitre 7. Par
ailleurs, ce même résultat de dérivation sous le crochet nous donne le fait que la dérivation
se comporte très bien par rapport au produit de convolution.
∂ α ( T ? ϕ ) = ( ∂ α T ) ? ϕ = T ? ( ∂ α ϕ ).
∂ α ( T ? ϕ ) = ( ∂ α1 T ) ? ( ∂ α2 ϕ ).
De la définition “ponctuelle” de la convolution entre une distribution et une fonction test que
nous avons donné, il en résulte une fonction dans C0∞ (Rd ). Or, à cette fonction est toujours as-
sociée de manière unique une distribution puisqu’elle est en particulier dans L1loc (Rd ). Voyons
57
Chapitre 7. Convolution des distributions
comment agit cette distribution associée sur les fonctions tests. Pour cela on introduit tout
d’abord une notation.
A toute fonction f , on associe la fonction fˇ : x 7→ f (− x ). On remarque que, si ϕ ∈ C0∞ (Rd ), on
a
< T, ϕ >= ( T ? ϕ̌)(0).
Proposition 7.1.3. Soient T ∈ D 0 (Rd ), ϕ ∈ C0∞ (Rd ) et ψ ∈ C0∞ (Rd ). Alors,
( T ? ϕ) ? ψ = T ? ( ϕ ? ψ) et < T ? ϕ, ψ >=< T, ϕ̌ ? ψ > .
Cette proposition découle de la Proposition A.0.2. Nous énonçons à présent une autre pro-
priété essentielle du produit de convolution : celui-ci est continu. Ce sera une conséquence des
propriétés plus générales de continuité du produit de convolution de deux distributions.
Proposition 7.1.4. 1. Soit ( Tn )n≥0 une suite qui converge vers T dans D 0 (Rd ) et soit ϕ ∈ C0∞ (Rd ).
Alors ( Tn ? ϕ)n≥0 converge vers T ? ϕ dans D 0 (Rd ).
2. Soit ( ϕn )n≥0 une suite qui converge vers ϕ dans C0∞ (Rd ) et soit T ∈ D 0 (Rd ). Alors ( T ? ϕn )n≥0
converge vers T ? ϕ dans D 0 (Rd ).
On peut maintenant se demander comment définir le produit de convolution de deux distri-
butions. Pour cela nous allons utiliser un résultat de densité qui est démontré par troncature et
régularisation. Enonçons ce résultat sous une première forme simple.
Théorème 7.1.5. Soient Ω un ouvert de Rd et T ∈ D 0 (Ω). Il existe alors une suite ( ϕn )n≥0 de
fonctions dans C0∞ (Ω) qui converge vers T au sens des distributions.
On peut alors définir le produit de convolution de deux distributions, en rajoutant une hy-
pothèse sur les supports de ces distributions que nous détaillerons au chapitre 7, après avoir
vu la notion de support d’une distribution au chapitre 6.
Soient T ∈ D 0 (Ω) et S ∈ D 0 (Ω) à support compact. On approche T par des fonctions ϕn
dans C0∞ (Ω). Alors, pour toute ψ ∈ C0∞ (Rd ), la suite (< ϕn ? S, ψ >)n≥0 converge, donc ( ϕn ?
S)n≥0 possède une limite dans D 0 (Ω). Cette limite est notée T ? S et on a, par continuité du
produit de convolution, la convergence de ( ϕn ? S)n≥0 vers T ? S dans D 0 (Ω). Tout cela sera
justifié proprement au chapitre 7, mais l’idée de la construction reste valide. Nous allons, dans
la prochaine section, énoncer les principales propriétés du produit de convolution.
La théorie de Fourier classique nous enseigne que, lorsqu’une fonction f , définie sur R, est
continue et périodique de période T, on peut écrire
∑ cn einx
2π
∀ x ∈ R, f ( x ) = T (8.1)
n ∈Z
avec T
1
Z
2 2π
∀n ∈ Z, cn = f (t)e−int T dt.
T − T2
Lorsque f est quelconque, on ne peut pas, en général, la représenter comme une série de Fou-
rier. Il faut qu’elle soit périodique. On cherche alors une représentation de type intégral. C’est
ce que nous allons faire heuristiquement. Pour cela on remplace cn par son expression intégrale
dans (8.1) :
Z T
1
∑
2
in( x −t) 2π
∀ x ∈ R, f ( x ) = f ( t ) e T dt.
T n∈Z − T2
Or, la vitesse de convergence vers 0 à l’infini des coefficients de Fourier est contrôlée par la
régularité de f . Ainsi, si f est suffisamment régulière, par exemple de classe C ∞ , cn = O(|n|− p )
pour tout p ≥ 0. Cela nous amène à négliger, pour T assez grand, les termes dans la somme
2
infinie tels que |n| > T2 :
T
1
Z
∑
2 2π
∀ x ∈ R, f ( x ) ' f (t)ein(x−t) T dt.
T 2 − T2
|n|≤ T2
Cette somme finie est une somme de Riemann et on obtient, lorsque T tend vers +∞,
Z ∞ Z ∞
∀ x ∈ R, f ( x ) = f (t)ei2πξ (x−t) dtdξ
−∞ −∞
On retrouve ainsi heuristiquement l’analogue pour des fonctions non périodiques de la for-
mule de reconstitution du signal pour les fonctions périodiques, une intégrale remplaçant la
somme discrète dans (8.1). Cette formule est appelée formule d’inversion de Fourier et l’un
des principaux objectifs de ce cours sera de démontrer une telle formule pour une classe de
fonctions adaptées, puis de l’étendre par dualité à une large classe de distributions.
61
Chapitre 8. Transformée de Fourier des distributions tempérées
Avant de définir la transformée de Fourier sur S nous donnons encore quelques propriétés de
cet espace. Commençons par le munir d’une topologie. Pour cela on défini les semi-normes
∀α, β ∈ Nd , ∀ f ∈ S , pα,β ( f ) = sup | x α ∂ β f ( x )|. (8.3)
x ∈Rd
Etape 1. On commence par effectuer le calcul dans le cas où d = 1 et z = λ > 0 est réel. Le théorème
de dérivation sous le signe intégral montre que fˆ est de classe C1 sur Rd et
d fˆ
Z
2
(ξ ) = −ixe−ixξ e−λx dx.
dξ Rd
2
L’usage du théorème est justifié par domination à l’aide de la fonction x 7→ e−λx qui décroı̂t plus vite à
2
l’infini que n’importe quel polynôme et en particulier xe−λx ∈ L1 (Rd ).
2 1 d −λx2
Comme xe−λx = − 2λ dx e , on a
d fˆ i d −λx2
Z
(ξ ) = e−ixξ e dx
dξ 2λ Rd dx
et une intégration par parties montre que
d fˆ
Z
ξ 2
(ξ ) = − e−ixξ e−λx dx.
dξ 2λ Rd
d fˆ
Ainsi fˆ est solution de l’équation différentielle dξ = − 2λ
ξ ˆ
f avec comme condition initiale fˆ(0) =
√
2
e−λx dx = √π . L’unique solution de ce problème de Cauchy est bien
R
Rd λ
√
ξ2
ˆf (ξ ) = √π e− 4λ .
λ
Etape 2. On passe au cas où d ≥ 1 et z = λ > 0 est réel. Le résultat est alors une conséquence directe
du théorème de Fubini :
Z Z Z
−ix ·ξ −λ| x |2 −ix1 ξ 1 −λx12 −ixd ξ d −λxd2
e e dx = e e dx1 · · · e e dxd ,
La formule donnée dans cet exemple se généralise ainsi : soit une matrice réelle symétrique
A ∈ Sd (R) définie positive. Si on considère la densité Gaussienne centrée
1 1 −1 x | x )
∀ x ∈ Rd , G A ( x ) = p e− 2 ( A ,
(2π )d det( A)
alors G A ∈ S et on a
1
∀ξ ∈ Rd , F ( G A )(ξ ) = e− 2 ( Aξ |ξ ) .
Cela s’obtient à partir de la formule que l’on a démontré en diagonalisant A en base ortho-
normée.
1
Z
∀ g ∈ S , ∀ x ∈ R , F ( g)( x ) =
d
eix·ξ g(ξ )dξ. (8.5)
(2π )d Rd
1
∀ g ∈ S , ∀ x ∈ Rd , F ( g)( x ) = F ( g)(− x ).
(2π )d
Remarque 8.1.8. Ce théorème montre en particulier que S est bien invariant par transformée de Fou-
rier, comme nous l’avons souhaité lors de sa construction.
Démonstration : Montrons tout d’abord que F et F envoient S dans S . Comme pour tout g ∈ S
et tout x ∈ Rd , F ( g)( x ) = (2π1 )d F ( g)(− x ), il suffit de le montrer pour F .
Tout d’abord, F ( g) ∈ C ∞ si g ∈ S . En effet, pour x fixé, la fonction ξ 7→ e−ix·ξ g( x ) est de
classe C ∞ et pour tout β ∈ Nd ,
n’appartient pas à L (Ry × Rξ ) et on ne peut donc pas intervertir les intégrales par Fubini.
1 d d
2
Or, la fonction (y, ξ ) 7→ eix·ξ e−ε|ξ | e−iy·ξ g(y) appartient à L1 (Rdy × Rdξ ) pour tout ε > 0. On
peut donc lui appliquer le théorème de Fubini et obtenir :
Z Z
i( x −y)·ξ −ε|ξ |2
Iε = e e dξ g(y)dy.
Il est courant de noter ǧ la fonction x 7→ g(− x ). Avec cette notation, la relation d’inversion de
Fourier s’écrit :
F F g = (2π )d ǧ.
et
1
Z Z
f ( x ) g( x )dx = fˆ(ξ ) ĝ(ξ )dξ. (8.9)
Rd (2π )d Rd
En particulier pour f = g,
1
Z Z
2
| f ( x )| dx = | fˆ(ξ )|2 dξ. (8.10)
R d (2π )d Rd
Par ailleurs,
1 1
Z Z
−ix ·ξ
ĥ( x ) = e ĝ(ξ )dξ = eix·ξ ĝ(ξ )dξ = F ĝ( x ) = g( x ).
(2π )d (2π )d
D’où le résultat.
La dernière identité est alors évidente.
Cette définition est licite pour f et g dans S . De plus, à y fixé, la fonction x 7→ f (y) g( x − y)
est C ∞ et pour tout β ∈ Nd , |∂ x ( f (y) g( x − y))| = | f (y)(∂ β g)( x − y)| ≤ C0,β | f (y)| en
β
reprenant les notations de la définition de S . Or, y 7→ C0,β | f (y)| est intégrable sur Rd ,
donc par dérivation sous le signe intégral, f ? g est de classe C ∞ et ∂ β ( f ? g) = f ? (∂ β g).
Soit α ∈ Nd . Comme x α = ( x − y + y)α = ∑γ≤α (γα )( x − y)γ yα−γ , on peut écrire
α
x ∂ ( f ? g) = x f ? (∂ g) = ∑
α β α β
( x α−γ f ) ? ( x γ ∂ β g )
γ≤α γ
et cette fonction est dans L∞ (Rd ). D’où f ? g ∈ S . On peut alors appliquer le théorème de
Fubini à la fonction intégrable ( x, y) 7→ f (y) g( x − y) pour obtenir, pour tout ξ ∈ Rd ,
Z Z
F ( f ? g)(ξ ) = e−ix·ξ f (y) g( x − y)dydx
Rd Rd
Z Z
−iy·ξ −i( x −y)·ξ
= e e g( x − y)dx dy
Rd Rd
= F ( f )(ξ )F ( g)(ξ ).
On a donc obtenu le premier point. Pour le second nous allons utiliser la transformée de
Fourier inverse. On applique le premier point à ϕ = F ( f ) et ψ = F ( g). Alors, ϕ̂ = (2π )d fˇ
et ψ̂ = (2π )d ǧ d’où :
1
Z Z
( f ?ˇ g)(ξ ) = ( f ? g)(−ξ ) = f (η ) g(−ξ − η )dη = ϕ̂(−η )ψ̂(ξ + η )dη
R d (2π )2d Rd
1 1
Z
= 2d
ϕ̂(η )ψ̂(ξ − η )dη = ( ϕ̂ ? ψ̂)(ξ ).
(2π ) Rd (2π )2d
Définition 8.2.1. Une distribution tempérée est une forme linéaire continue sur S . Plus précisément,
une forme linéaire T : S → C est une distribution tempérée si et seulement si
où les pα,β sont définies en (8.3). On note S 0 (Rd ) l’espace des distributions tempérées.
Remarque 8.2.2. Comme C0∞ (Rd ) ⊂ S , toute distribution tempérée T ∈ S 0 (Rd ) définit par restriction
une forme linéaire sur C0∞ (Rd ). Cette forme linéaire est bien dans D 0 (Rd ) puisque pour tout compact
K, pour tous α, β ∈ Nd , il existe CK,α > 0 telle que, pour toute fonction test ϕ ∈ C0∞ (Rd ) à support
dans K, pα,β ( ϕ) ≤ CK,α supK |∂ β ϕ|.
De plus, cette identification à un élément de D 0 (Rd ) est licite car l’application T 7→ T |C∞ (Rd ) est
0
injective car si T |C∞ (Rd ) , alors T = 0 sur S par densité de C0∞ (Rd ) dans S . On a donc
0
S 0 (Rd ) ⊂ D 0 (Rd ).
Exemple 8.2.3. 1. Pour tout p ∈ [1, +∞], L p (Rd ) ⊂ S 0 (Rd ). C’est une conséquence de l’inégalité
de Hölder.
2. Toute fonction continue à croissance polynômiale définit une distribution tempérée sur Rd .
3. Soit ( ak )k∈Z une suite à croissance polynômiale, i.e. telle qu’il existe p ≥ 0, ak = O(|k | p )
lorsque k tend vers l’infini. Alors la distribution sur R,
T= ∑ ak δk
k ∈Z
est tempérée. En effet, il existe C > 0 et p ≥ 0 tels que pour tout k ∈ Z, | ak | ≤ C (1 + |k |2p ).
Alors, si ϕ ∈ S(R),
et C 0 = C ∑k∈Z 1
1+ k 2
< +∞.
4. La distribution définie par la fonction localement intégrable sur R, x 7→ ex n’est pas tempérée.
En effet, soit ψ ∈ C0∞(R) à support dans [0, 2] et valant 1 sur [ 2 , 1]. Pour j ≥ 1 et x ∈ R, on
1
β
1 γ α − x 1 ( β−γ) x
β
∑
( β)
| x α ϕ j ( x )| = − x e 2 ψ
γ =0 γ 2 j β−γ j
β
∑ sup |ψ(β−γ) (x)| := Mα,β .
x
≤ Cα,β sup x α e− 2
x ≥0 γ =0 x ∈R
Or,
Z 2j Z j
x − 2x x x j j
hT , ϕj i =
e· e e ψ dx ≥ j e 2 dx = 2e 2 (e 2 − 1) −−−→ +∞.
0 j 2
j→+∞
Voyons à présent les liens entre opérations sur les distributions et distributions tempérées.
Nous terminons cette section par la définition de la notion de convergence dans S 0 (Rd ).
Définition 8.2.5. On dit qu’une suite ( Tn )n∈N de distributions tempérées converge vers T ∈ S 0 (Rd )
lorsque :
∀ ϕ ∈ S(Rd ), h Tn , ϕi −−−−→ h T, ϕi.
n→+∞
Tout comme dans D 0 (Rd ), la convergence est compatible avec les opérations de dérivation et
de multiplication par une fonction C ∞ à croissance polynômiale ainsi que toutes ses dérivées.
∀ ϕ ∈ S(Rd ), hF ( T ), ϕi = h T, F ( ϕ)i.
La transformée de Fourier dans S 0 (Rd ) coı̈ncide avec celle dans S(Rd ) pour une distribution
tempérée de la forme T f avec f ∈ S(Rd ).
On définit de manière analogue la transformation F .
Appliquer la transformée de Fourier à une distribution tempérée revient à l’appliquer à des
fonctions tests dans S(Rd ). Il est donc naturel que toutes les propriétés de la transformée de
Fourier dans S(Rd ) se transposent au cadre des distributions dans S 0 (Rd ).
Théorème 8.3.2. La transformation de Fourier F : S 0 (Rd ) → S 0 (Rd ) est une application linéaire,
continue, bijective et de réciproque continue. De plus, F −1 = F .
Démonstration : C’est une conséquence du théorème 8.1.6. En effet, on a, pour toute T ∈ S 0 (Rd )
et toute ϕ ∈ S(Rd ),
hF Tn , ϕi = h Tn , F ϕi −−−−→ h T, F ϕi = hF T, ϕi.
n→+∞
Démonstration : Le premier point est une conséquence immédiate du théorème 8.3.2. Les deuxièmes
et troisièmes points sont directement obtenus à partir des résultats du théorème 8.1.9. Les
quatrièmes et cinquièmes points sont une conséquence de la proposition 8.1.11.
Pour le moment, nous ne traduisons pas dans S 0 (Rd ) les relations entre transformée de Fourier
et convolution données dans S(Rd ). Cela fera l’objet d’une section du chapitre 7.
ϕ( x ) ϕ( x )
Z Z
Iε = dx + dx := Jε + K.
ε≤| x |≤1 x | x |≥1 x
Par Taylor à l’ordre 1, pour tout x ∈ R, ϕ( x ) = ϕ(0) + xψ( x ) avec |ψ( x )| ≤ || ϕ0 ||∞ . Comme
R ϕ (0) R
par imparité, ε≤|x|≤1 x dx = 0, on a Iε = ε≤|x|≤1 ψ( x )dx + K. Comme ψ est continue sur
R, par le théorème de convergence dominée,
ϕ( x )
Z Z
lim Iε = ψ( x )dx + dx.
ε →0 | x |≤1 | x |≥1 x
On en déduit que :
Z
0 ϕ( x )
|h T, ϕi| ≤ C || ϕ ||∞ + dx sup | xϕ( x )|.
| x |≥1 x x ∈R
Donc, T ∈ S 0 (R). Calculons alors T̂. On part de l’égalité xT = 1. Alors, F ( xT ) = 2πδ0 soit
encore i∂ξ T̂ = 2πδ0 . Par intégration, si H désigne la distribution de Heaviside, il existe C ∈ R,
T̂ = −2iπH + C. Or, comme T est impaire, T̂ aussi et −2iπ + C = −C soit encore C = iπ.
On obtient donc
1
F vp = −2iπH + iπ.
x
1
6. On reprend les notations de l’exemple précédent. Alors, F F T = 2π Ť = −2πvp x . Donc,
−2iπ F H + iπ2πδ0 = −2πvp 1x . On en déduit que
1
F H = −ivp + πδ0 .
x
Théorème 8.3.5. Soit T ∈ E 0 (Rd ). Soit eξ : x 7→ eiξ · x de classe C ∞ sur Rd . La distribution tempérée
F T est la distribution associée à la fonction ξ 7→ h T, e−ξ i. Cette fonction, notée ξ 7→ F T (ξ ) est de
classe C ∞ sur Rd et est à croissance polynômiale ainsi que toutes ses dérivées.
Remarque 8.3.6. Cela justife le fait que l’on ait pu considérer des valeurs ponctuelles pour les trans-
formées de Fourier du Dirac et de ses dérivées qui sont des distributions à support compact.
Démonstration : Nous allons utiliser les résultats de dérivation et d’intégration sous le crochet.
Par intégration sous le crochet, on a, pour toute ϕ ∈ S(Rd ),
Z Z
h T, e−ξ i, ϕ = h T, e−ξ i ϕ(ξ )dξ = T, e−ξ ϕ(ξ )dξ = h T, F ϕi = hF T, ϕi.
Rd Rd
Enfin, par définition d’une distribution et comme T est à support compact, si p est l’ordre
de T et R > 0 est tel que supp T ⊂ B(0, R),
Donc F T est à croissance polynômiale. Il en est de même de toutes ses dérivées puisque
∂αξ F T = F ((−ix )α T ) et que la distribution (−ix )α T est aussi à support compact.
Démonstration : Remarquons tout d’abord que l’expression F T F S a bien un sens puisque d’après
le théorème 8.3.5, F S est une fonction de classe C ∞ sur Rd à croissance polynômiale ainsi
que toutes ses dérivées et que F T est dans S 0 (Rd ).
Supposons tout d’abord le cas plus simple où T, S ∈ E 0 (Rd ). Alors T ? S ∈ E 0 (Rd ) et F T
et F S sont de classe C ∞ . D’autre part, si (·, ·) désigne le produit scalaire sur Rd , on a
∀ξ ∈ Rd , F ( T ? S)(ξ ) = h T ? S, e−i(·,ξ ) i
= h Ty ⊗ Sz , e−i(y+z,ξ ) i
= h Ty , hSz , e−i(z,ξ ) e−i(y,ξ ) ii
= h Ty , e−i(y,ξ ) ihSz , e−i(z,ξ ) i
= F T (ξ )F S(ξ ).
Pour passer au cas où T ∈ S 0 (Rd ) et S ∈ E 0 (Rd ), on utilise le résultat suivant : il existe
une suite ( Tn )n≥1 d’éléments de E 0 (Rd ) qui converge vers T dans S 0 (Rd ). En effet, si
θ ∈ C0∞ (Rd ) est une fonction plateau valant 1 pour | x | ≤ 1 et 0 pour | x | ≥ 2, on pose pour
·
tout n ≥ 1, Tn = θ n T. Alors, pour ϕ ∈ S ,
·
|h Tn − T, ϕi| = h T, θ − 1 ϕi
n x
≤C ∑ sup x α ∂ β θ − 1 ϕ( x )
|α|≤k,| β|≤l x ∈Rd
n
C0
≤ p 0 0 ( ϕ) −−−−→ 0.
n k ,l n→+∞
Nous pouvons énoncer un autre cas qui n’est pas couvert par le théorème précédent. Soient
T ∈ S 0 (Rd ) et ϕ ∈ S(Rd ). On peut poser :
∀ x ∈ Rd , ( T ? ϕ)( x ) = h T, ϕ( x − ·)i.
En effet, T ? ϕ est une fonction de classe C ∞ sur Rd et par dérivation sous le crochet elle vérifie,
pour tout α ∈ Nd et tout x ∈ Rd , ∂αx ( T ? ϕ)( x ) = h T, ∂α ϕ( x − ·)i. On a alors
F ( T ? ϕ) = ϕ̂F T.
1
Z
∀ψ ∈ S(R p × Rd ), F̃ −1 ψ(t, x ) = eix.ξ ψ(t, ξ )dξ.
(2π )d Rd
F̃ ( Dxα T ) = ξ α F̃ T, (8.13)
F̃ ( x α T ) = (− Dξ )α F̃ T, (8.14)
et
β β
F̃ ( Dt u) = Dt F̃ u. (8.15)
D’où
F̃ δ(0,0) = δt=0 ⊗ 1ξ .
Nous allons voir comment appliquer cela à la recherche de solutions élémentaires d’opérateurs
classiques de la physique.
2
(F̃ F̃ T = (2π )d Ť), on obtient (2π )d Ě = H (t)F̃ e−t|ξ | . Par la transformée de Fourier de la Gaus-
sienne dans S(Rd ) (voir Exemple 8.4), on a
π d2 | x |2
(2π )d Ě = H (t) e− 4t .
t
Alors, Ě = E et on a finalement,
H (t) | x |2
E= d
e− 4t .
(4πt) 2
On a alors
∂t Ẽ = δt=0 ( a(ξ ) cos(t|ξ |) + b(ξ ) sin(t|ξ |)) + H (t)(− a(ξ )|ξ | sin(t|ξ |) + b(ξ )|ξ | cos(t|ξ |))
= H (t)(− a(ξ )|ξ | sin(t|ξ |) + b(ξ )|ξ | cos(t|ξ |)) + δt=0 ⊗ a(ξ ).
De même,
0
∂t Ẽ = H (t)(− a(ξ )|ξ |2 cos(t|ξ |) − b(ξ )|ξ |2 sin(t|ξ |)) + δt=0 ⊗ |ξ |b(ξ ) + δt=0 ⊗ a(ξ ).
1
Pour que Ẽ soit solution de notre équation, il suffit donc de prendre a(ξ ) = 0 et b(ξ ) = |ξ |
. On
obtient alors
sin(t|ξ |)
Ẽ(t, x ) = H (t) .
|ξ |
C’est une fonction de classe C ∞ en ξ et telle que | Ẽ(t, ξ )| ≤ max(t, 0), c’est donc un élément
de S 0 (R × Rd ). Par transformée de Fourier inverse on obtient une solution élémentaire E de 2
définie par
sin(t|ξ |)
−1
E = F̃ H (t) .
|ξ |
Alors fˆ est une fonction continue sur Rd , qui tend vers 0 à l’infini et dont une borne est donnée
par
∀ξ ∈ Rd , | fˆ(ξ )| ≤ || f || L1 (Rd ) .
En effet, si ϕ ∈ S(Rd ),
Z Z
−ix ·y
hF T f , ϕi = h T f , F ϕi = f (x) e ϕ(y)dy dx.
Rd Rd
Or, la fonction ( x, y) 7→ f ( x ) ϕ(y) est dans L1 (Rd × Rd ) donc on peut appliquer le théorème de
Fubini pour obtenir
Z Z Z
−ix ·y
hF T f , ϕi = ϕ(y) e f ( x )dx dy = ϕ(y) fˆ(y)dy,
Rd Rd Rd
Par ailleurs, on obtient aussi la formule d’inversion de Fourier dans L1 (Rd ). Si f ∈ L1 (Rd ) et si
fˆ est aussi dans L1 (Rd ), alors F fˆ = (2π )d fˇ presque partout.
En effet, dans S 0 (Rd ), F F T = (2π )d Ť f et comme fˆ est dans L1 (Rd ), les deux membres sont
des fonctions de L1loc (Rd ), donc l’égalité a lieu presque partout.
Passons au cas de L2 (Rd ). Commençons par montrer que si f ∈ L2 (Rd ), alors F T f est aussi
dans L2 (Rd ).
Soit f ∈ L2 (Rd ). Par densité de S dans L2 (Rd ) (car C0∞ (Rd ) est dense dans L2 (Rd )), il existe
une suite ( f n )n∈N de fonctions de S(Rd ) qui converge vers f pour la norme de L2 (Rd ). De plus,
pour toute ϕ ∈ S(Rd ), par l’inégalité de Cauchy-Schwarz,
|hF T f n , ϕi| = |h T f n , F ϕi| ≤ || f n || L2 (Rd ) ||F ϕ|| L2 (Rd ) ≤ C || ϕ|| L2 (Rd ) (8.16)
Par densité de S(Rd ) dans L2 (Rd ), l’inégalité (8.17) s’étend à toute fonction ϕ ∈ L2 (Rd ). Ainsi,
F T f se prolonge par continuité en une forme linéaire continue sur L2 (Rd ). Le théorème de
représentation de Riesz implique alors l’existence d’un élément fˆ de L2 (Rd ) tel que
∀ ϕ ∈ L2 (Rd ), hF T f , ϕi = ( fˆ, ϕ) L2 (Rd ) .
On peut donc identifier F T f à la fonction fˆ ∈ L2 (Rd ) et ainsi F ( L2 (Rd )) ⊂ L2 (Rd ). Or, d’après
l’inversion de Fourier pour les distributions tempérées,
L2 (Rd ) = F (F ( L2 (Rd ))) ⊂ F ( L2 (Rd )),
d’où
F ( L2 (Rd )) = L2 (Rd ).
De plus, F induit un automorphisme C-linéaire de L2 (Rd ).
Enfin, l’égalité de Plancherel étant valable dans S(Rd ), par densité, elle est aussi valable sur
d
L2 (Rd ). On en déduit que l’application f 7→ (2π )− 2 fˆ est une isométrie de L2 (Rd ) dans lui-
même.
Définition 9.1.1. On appelle opérateur différentiel à coefficients constants sur D 0 (Ω) associé à P ∈
C[ X1 , . . . Xd ], l’application linéaire notée P(∂) et définie par :
D 0 (Ω) → D 0 (Ω)
P(∂) :
T 7→ P(∂) T = ∑|α|≤m aα ∂α T
Définition 9.1.2. On appelle équation aux dérivées partielles (EDP en abrégé) linéaire à coefficients
constants, toute équation de la forme P(∂) T = F où P(∂) est un opérateur différentiel sur D 0 (Ω),
F ∈ D 0 (Ω) est donnée et T ∈ D 0 (Ω) est l’inconnue. Le degré m du polynôme P est appelé l’ordre de
l’EDP.
Exemple 9.1.3. Nous donnons une liste d’équations aux dérivées partielles d’ordre 2 à coefficients
constants.
1. L’équation de Laplace (ou de Poisson) de l’électrostatique : ∆T = F dans D 0 (Rd ) associée au
polynôme P = X12 + · · · Xd2 .
2. L’équation des ondes : ∂2tt T − ∆T = F dans D 0 (R1+d ) pour P = X02 − X12 − · · · − Xd2 .
3. L’équation de la chaleur : ∂t T − ∆T = F dans D 0 (R1+d ) pour P = X0 − X12 − · · · − Xd2 .
4. L’équation de Schrödinger : i∂t T − ∆T = F dans D 0 (R1+d ) pour P = iX0 − X12 − · · · − Xd2 .
Vocabulaire. La distribution F est appelée second membre de l’EDP. Lorsque F = 0, on dit que
l’EDP est homogène. Enfin, l’équation P(∂) T = 0 est appelée équation homogène associée à
P(∂) T = F.
Proposition 9.1.4. L’ensemble des solutions de l’équation aux dérivées partielles linéaire à coefficients
constants P(∂) T = F est soit l’ensemble vide, soit le sous-espace affine de D 0 (Ω), T0 + Ker P(∂) où T0
est une solution particulière de P(∂) T = F.
77
Chapitre 9. Solutions élémentaires d’EDPs
Démonstration : En effet, il s’agit du résultat général valable pour toute équation linéaire de
la forme u( x ) = y où u est une application linéaire d’un espace vectoriel E dans un es-
pace vectoriel F. On remarque que Ker P(∂) n’est autre que l’ensemble des solutions de
l’équation homogène associée à P(∂) T = F. Compte tenu du théorème de Malgrange-
Ehrenpreis énoncé plus loin, le cas où l’ensemble des solutions est vide ne peut se pro-
duire que lorsque P = 0 et F 6= 0.
Ce résultat nous amène à savoir d’une part résoudre l’équation homogène P(∂) T = 0, d’autre
part à trouver une solution particulière de P(∂) T = F. Le fait que l’on travaille dans le cadre
des distributions, où l’on dispose d’un produit de convolution possédant un élément neutre,
nous permet de simplifier la recherche d’une solution particulière de P(∂) T = F. Pour cela on
utilise la notion de solution élémentaire.
Définition 9.1.5. Soit P ∈ C[ X1 , . . . Xd ]. On dit qu’une distribution E ∈ D 0 (Ω) est une solution
élémentaire de P(∂) lorsque P(∂) E = δ0 .
Théorème 9.1.6 (Malgrange-Ehrenpreis (1955)). Tout opérateur aux dérivée partielles à coefficients
constants non nul admet une solution élémentaire.
Démonstration : Ce théorème difficile est admis. Pour une démonstration, on renvoie à [4, Theo-
rem 7.3.10, p189] ou [6, Theorem IX.23, p48]. Dans les deux cas, les démonstrations re-
posent sur des propriétés de la tranformée de Fourier et sur les propriétés des fonctions
holomorphes.
Remarque. On peut prouver que si le degré de l’EDP est au moins égal à 1, alors la solution
élémentaire ne peut être à support compact.
P(∂)( E ? F ) = ( P(∂) E) ? F = δ0 ? F = F.
Cela démontre le premier point. Si on suppose ensuite que T est une solution à support
compact, on a :
Théorème 9.2.1. Soit P ∈ C[ X1 , . . . , Xd ]. Si P(∂) possède une solution élémentaire dans C ∞ (Rd \
{0}) alors, pour tout ouvert Ω ⊂ Rd et pour toute f ∈ C ∞ (Ω), si T ∈ D 0 (Ω) est une solution de
P(∂) T = T f , il existe u ∈ C ∞ (Ω) telle que T = Tu .
Démonstration : Admis.
Soit F : Rd → R une fonction radiale. Il existe alors f : R + toR telle que pour tout x ∈ Rd ,
F ( x ) = f (| x |). On remarque que le Laplacien en coordonnées sphériques pour une fonction
radiale est égal à
d2 f d − 1 df
∆F = 2 + .
dr r dr
Ainsi, pour d = 2, on vérifie, que, hors de 0,
d log r 1 d2 1
= et 2 (log r ) = − 2 ,
dr r dr r
et, pour d ≥ 3,
d 1 d−2 d2 1 (d − 1)(d − 2)
( d−2 ) = − d−1 et 2 ( d−2 ) = + .
dr r r dr r rd
Ainsi l’équation est vérifiée sur Rd \ {0} pour d ≥ 2. La fonction x 7→ 1
| x | d −2
est dans L1loc (Rd ),
donc définit une distribution d’ordre 0.
d2 ρ ε d − 1 dρε
∆Rε = +
dr2 r dr
1 0 dρε + dρε −
= ∆ d−2 + (ρε (ε+ ) − ρε (ε− ))δr=ε + (ε ) − (ε ) δr=ε
r dr dr
= −(d − 2)ε−d+1 δr=ε . (9.1)
Ainsi
1
∆ − = δ0 .
( d − 2 ) S d −1 | x | d −2
Le cas de d = 2 se traite en considérant, de même, la fonction ρ̃ε égale à log r pour r ≥ ε et à
log ε pour 0 ≤ r ≤ ε. Ainsi
d dρ̃ε
r = (1 − 0)δr=ε ,
dr dr
ce qui permet d’écrire
Z 2π
1 d dρ̃ε 1
r ,ϕ = ε × ϕ(εθ )dθ −−→ 2π ϕ(0).
r dr dr 0 ε ε →0
On a ainsi ∆( 2π
1
log | x |) = δ0 .
( xH )00 = ( H + xH 0 )0 = ( H + xδ0 )0 = H 0 = δ0 .
En effet, soit ϕ ∈ C0∞ (R2 ) et soit A > 0 tel que supp ϕ ⊂ [− A, A]2 . On a, en utilisant Fubini,
On en déduit que
(∂2tt − ∂2xx ) E = δ(0,0) .
De là, si f ∈ D 0 (R2 ) est à support compact, une solution de l’équation des ondes
∂2tt u − ∂2xx u = f
Ainsi Z b n Z a i +1
a
f ( x ) ϕ0 ( x )dx = ∑ f ( x ) ϕ0 ( x )dx.
i =0 a i
Comme
Z a i +1 Z a i +1
0
f ( x ) ϕ ( x )dx = ϕ( ai+1 ) f ( ai−+1 ) − ϕ( ai ) f ( ai+ ) − f 0 ( x ) ϕ( x )dx,
ai ai
n +1
( T f )0 = T f 0 + ∑ ( f (ai+ ) − f (ai− ))δa . i
i =0
83
Chapitre 10. Formule des sauts
Ce résultat s’étend aux dérivées successives, comme pour la dérivée seconde, en considérant
les sauts de f et de la dérivée de f :
n +1 n +1
( T f )00 = T f ” + ∑ ( f (ai+ ) − f (ai− ))δa0 i + ∑ ( f 0 (ai+ ) − f 0 (ai− ))δa . i
i =0 i =0
Proposition 10.1.2. Soit u une fonction C1 définie sur un intervalle [ a, b]. On la prolonge par 0 à
l’extérieur de [ a, b] et on note le prolongement u. De même, on note u0 le prolongement de la fonction u0 ,
défini par u0 sur ] a, b[ et par 0 à l’extérieur. Alors
Cette proposition est le cas particulier où la fonction u est de classe C1 par morceaux d’un
résultat plus général.
Proposition 10.1.3. Soit I un intervalle de R. Soit g ∈ C ( I ), telle que sa dérivée au sens des distribu-
tions g0 vérifie g0 ∈ L1loc ( I ). Si a, b ∈ I, a < b, alors :
L’intégration du premier terme sur R dans la variable x j donne 0 puisque ϕ est à support
compact, ainsi on trouve, pour j 6= d
Proposition 10.2.1. Soit u définie comme ci-dessus. Ses dérivées sont données par
et ∂ xd u = 1xd ≥0 ∂ xd u + u( x 0 , 0) ⊗ δxd =0 .
Ω = { x ∈ Rd , ρ ( x ) < 0 }
∂Ω = { x ∈ Rd , ρ( x ) = 0 et ∇ρ( x ) 6= 0}.
Remarque 10.3.2. Il n’y a pas a priori, pour un ouvert Ω de classe C k , unicité du choix de la fonction
ρ.
Cette définition assure en particulier que Ω est situé localement du même côté de sa frontière,
propriété utile pour définir la normale extérieure à Ω en chaque point de ∂Ω.
Exemple 10.3.4. Pour R > 0, Ω = { x ∈ Rd , | x | < R} est un ouvert régulier. En effet, il suffit de
prendre ρ( x ) = | x |2 − R2 . Il en est de même pour Ω = { x ∈ Rd , | x | > R}.
Définition 10.3.6. Pour x ∈ ∂Ω, le vecteur ∇ρ( x ) s’appelle le vecteur normal sortant à Ω au point x.
Le vecteur
∇ρ( x )
ν( x ) =
||∇ρ( x )||
s’appelle le vecteur normal unitaire sortant à Ω au point x ∈ ∂Ω.
Exemple 10.3.7. Supposons que Ω =]0, 1[⊂ R. Alors Ω est un ouvert régulier de R en prenant
ρ( x ) = x ( x − 1). On a, ∂Ω = {0, 1}, ν(0) = −1 et ν(1) = 1.
Exemple 10.3.8. Pour r > 0, soit Ω = { x ∈ Rd | | x | < r }. L’ouvert Ω est un ouvert régulier et
∂Ω = S(0, r ), la sphère centrée en 0 de rayon r de Rd . Dans ce cas, pour x ∈ S(0, r ),
x xd ∂ 1 d ∂
ν( x ) =
1
,..., et = ∑ xi .
r r ∂ν r i=1 ∂xi
∂Ω = { x = ( x1 , . . . , xd ) ∈ Rd , xd = ψ( x1 , . . . , xd−1 )}
et
∂ x1 ψ ( x 0 )
1 ..
∀ x ∈ ∂Ω, ν( x ) = p
.
1 + |∇0 ψ( x 0 )|2 ∂ xd−1 ψ( x 0 )
−1
où x 0 = ( x1 , . . . , xd−1 ) et ∇0 ψ désigne le gradient d − 1 dimensionnel associé aux d − 1 premières
coordonnées de x, (∂ x1 ψ, . . . , ∂ xd−1 ψ) ∈ Rd−1 . Par ailleurs, on a
!
d −1
∂ 1
∂ν
=p
1 + |∇0 ψ( x 0 )|2
∑ ∂x ψ∂x i i
− ∂ xd .
i =1
Soit ϕ ∈ C0∞ (Rd ) telle que supp ϕ ⊂ B∞ ( x0 , δ). On a, pour tout i ∈ {1, . . . , d},
Z
< ∂ xi 1Ω , ϕ >= − < 1Ω , ∂ xi ϕ >= − ∂ xi ϕdx.
Ω
Définition 10.3.11. On appelle mesure de surface sur ∂Ω, la mesure de Radon positive dσ définie par
∂
dσ = − 1Ω .
∂ν
On a alors, Z
∀ ϕ ∈ C0∞ (Ω), < dσ, ϕ >= ϕ( x )dσ( x ).
∂Ω
Remarque. Plus généralement, pour g sommable par rapport à dσ sur ∂Ω, on définit gdσ la
distribution de simple couche par
Z
∀ ϕ ∈ C0∞ (Ω), < gdσ, ϕ >= g( x ) ϕ( x )dσ( x ).
∂Ω
Ainsi, dσ = δ0 + δ1 . C’est une somme de mesures de Dirac portées par {0} et {1}.
d d
t∂t ( ϕ(tθ )) = ∑ tθi ∂x ϕ(tθ ) = ∑ xi ∂x ϕ(x).
i i
i =1 i =1
Utilisons cette expression pour calculer dσ. On a, pour toute ϕ ∈ C0∞ (Rd ),
* + * +
1 d 1 d
< dσ, ϕ > = − ∑ x i ∂ x i 1Ω , ϕ = 1Ω , ∑ ∂ x i ( x i ϕ )
r i =1 r i =1
* +
d
1
= 1Ω , ∑ ( ϕ + x i ∂ x i ϕ )
r i =1
d
d 1
Z Z
=
r | x |<r
ϕ( x )dx +
r ∑ xi ∂x ϕ(x)dx
| x |<r i =1
i
Z rZ
d 1
Z
= ϕ( x )dx + t∂t ( ϕ(tθ ))td−1 dtdθ
r | x|<r r 0 S d −1
Z r
d 1
Z Z
d
= ϕ( x )dx + ∂t ( ϕ(tθ ))t dt dθ
r | x|<r r S d −1 0
d
Z
1
Z h ir Z r
= ϕ( x )dx + ϕ(tθ )td − ϕ(tθ ) · dtd−1 dt dθ
r | x|<r r S d −1 0 0
Z rZ
d d
Z Z
= ϕ( x )dx + r d−1 ϕ(rθ )dθ − ϕ(tθ ) · td−1 dtdθ
r | x|<r S d −1 r 0 S d −1
Z
= ϕ(rθ )r d−1 dθ. (10.1)
S d −1
Cette dernière égalité définit la mesure de surface dσ sur la boule de centre 0 et de rayon r > 0 :
Z
∀ ϕ ∈ C0∞ (Rd ), < dσ, ϕ >= ϕ(rθ )r d−1 dθ.
S d −1
où ψ : Rd−1 → R est une fonction de classe C ∞ . Soit ϕ ∈ C0∞ (Rd ). Posons D ( x 0 ) =
p
1 + |∇0 ψ( x 0 )|2 .
Alors,
Z d −1
1 1
Z
< dσ, ϕ >= ∑ ∂x
Ω i =1
i
(∂ x ψ) ϕ( x ) dx −
D(x0 ) i Ω
∂ xd
D(x0 )
ϕ( x ) dx := I1 − I2 .
On a
d −1 Z Z +∞
1
I1 = ∑ Rd −1 ψ( x0 )
∂ xi (∂ x ψ) ϕ( x ) dxd dx 0
D(x0 ) i
i =1
et Z +∞
1 1
Z Z
0
I2 = ∂ xd 0
ϕ ( x ) dx d dx = − 0
ϕ( x 0 , ψ( x 0 ))dx 0 .
Rd −1 ψ( x0 ) D(x ) Rd −1 D ( x )
1
On en déduit, en prenant θ : x 7→ ( ∂ ψ ) ϕ ( x ),
D ( x 0 ) xi
d −1 Z d −1 +∞
Z
1 1
Z
I1 = ∑ Rd −1
(
D(x0 ) i
∂ x ψ ) 2
ϕ ( x 0
, ψ ( x 0
)) dx 0
+ ∑ Rd −1
∂ xi
ψ( x0 )
(∂ x ψ) ϕ( x , ψ( x ))dxd dx 0 .
D(x0 ) i
0 0
i =1 i =1
Comme ϕ est à support compact, elle est nulle pour xi = ±∞, de sorte que le deuxième terme du membre
de droite est nul. On en déduit :
1
Z
< dσ, ϕ >= I1 − I2 = 0
(1 + |∇ψ( x 0 )|2 ) ϕ( x 0 , ψ( x 0 ))dx 0 .
Rd −1 D ( x )
avec convergence dans D 0 (Rd ). Soit ϕ ∈ C0∞ (Rd ) dont on suppose que le support contient
un voisinage de ∂Ω. On a
* + * +
d d
−νi ∑ νk ∂ xk χα , ϕ = − ∑ νk ∂ xk χα , νi ϕ
k =1 k =1
Z d
= −α
Rd
χ0 (αρ( x )) ∑ ∂x ρ(x)νk (x)νi (x) ϕ(x)dx.
k
k =1
En faisant tendre α vers l’infini dans cette dernière égalité et en utilisant les résultats
précédents, on obtient,
< νi dσ, ϕ >= − < ∂ xi 1Ω , ϕ > .
En effet, ( Tχα )α>0 converge vers 1Ω dans D 0 (Rd ) donc (∂ xi Tχα )α>0 = ( T∂xi χα )α>0 (puisque
χα est C ∞ donc C1 ) converge vers 1Ω dans D 0 (Rd ). On a donc bien montré que dans
D 0 (Rd ), νi dσ = −∂ xi 1Ω .
Avant d’énoncer le théorème de Stokes nous donnons une notation qui est justifiée par le
résultat suivant que l’on ne démontre pas.
Proposition 10.4.2. Soient Ω un ouvert régulier de Rd borné et soit k ∈ N ∪ {∞}. Soit f continue
sur Ω. Alors, les deux propriétés sont équivalentes :
1. f est de classe C k dans Ω et les dérivées de f jusqu’à l’ordre k se prolongent continûment à Ω.
2. Il existe une fonction appartenant à C k (Rd ) qui coı̈ncide avec f sur Ω.
On dit alors que f est de classe C k jusqu’au bord de Ω et on note f ∈ C k (Ω) si ces conditions sont
vérifiées.
Théorème 10.4.3 (Formule de Stokes). Soit Ω un ouvert borné régulier et X un champ de vecteur
défini sur Ω et dont les composantes Xi ∈ C1 (Ω). Alors,
Z Z
X · ν dσ = div X dx,
∂Ω Ω
où, en tout point de x ∈ ∂Ω, X ( x ) · ν( x ) désigne le produit scalaire dans Rd des deux vecteurs.
Exemple 10.4.5. Appliquons cette formule à l’ouvert Ω =]0, 1[. La mesure de surface de ∂Ω est dσ =
δ0 + δ1 . On a alors, pour u et v dans C1 (Ω),
Z 1 Z 1
v( x )u0 ( x )dx = < δ0 + δ1 , u · v · ν > − v0 ( x )u( x )dx
0 0
Z 1
= u (1) v (1) − u (0) v (0) − v0 ( x )u( x )dx,
0
puisque ν(0) = −1 et ν(1) = 1. On retrouve exactement la formule d’intégration par parties habituelle
en dimension 1.
où (uext − uint )ν(·).ei dσ est la mesure de Radon dont la densité par rapport à dσ est x 7→ (uext ( x ) −
uint ( x ))ν( x ).ei .
Démonstration : Soit ϕ ∈ C0∞ (Rd ). Soit i ∈ {1, . . . , d}. On applique la formule d’intégration par
parties dans Ω au produit de ϕ par le prolongement par continuité de u à Ω. On obtient
Z Z Z
− u( x )∂ xi ϕ( x )dx = ϕ( x )∂ xi u( x )dx − ϕ( x )uint ( x )ν( x ) · ei dσ.
Ω Ω ∂Ω
La somme des membres de gauche vaut par définition < ∂ xi Tu , ϕ >. La somme des pre-
miers termes des membres de droite donne < T∂xi u + T∂xi uc , ϕ > et la somme des termes
restant vaut :
Z
ϕ( x )(uext ( x ) − uint ( x ))ν( x ) · ei dσ = h(uext − uint )ν · ei dσ, ϕi .
∂Ω
10.5 Applications
10.5.1 Les relations de Rankine-Hugoniot
On considère le système d’équations d’Euler conservatives, modélisant l’écoulement instation-
naire d’un fluide de densité ponctuelle ρ, de vitesse u, de pression p et d’énergie e, qui sont des
“fonctions” de x ∈ R et de t. Ainsi
∂t ρ + ∂ x (ρu) = 0
∂t (ρu) + ∂ x (ρu2 + p) = 0 (10.2)
∂t (ρe) + ∂ x (ρue + pu) = 0.
On suppose que le fluide est traversé par un choc de vitesse σ, c’est-à-dire qu’il y a par exemple,
discontinuité de la densité au travers de la courbe dans R × R x − σt = 0. On désignera par
f + la limite de f ( x, t) pour x − σt → 0, x − σt > 0 et par f − la limite de f ( x, t) pour x − σt →
0, x − σt < 0.
On veut trouver des relations entre les valeurs de ρ, u, e, p avant et après le choc, en fonction de
σ. On intègre contre la fonction 1x∈[σt−ε,σt+ε] l’équation ∂t ρ + ∂ x (ρu) = 0. On obtient :
Z σt+ε
(∂t ρ + ∂ x (ρu))dx = 0.
σt−ε
Z ε
∂t ρ̃( X + σt, t)dX − σ[ρ(σt + ε, t) − ρ(σt − ε, t)] + (ρu)(σt − ε, t) − (ρu)(σt − ε, t) = 0.
−ε
Rε
Nous faisons l’hypothèse que −ε ∂t ρ̃( X + σt, t)dX tend vers 0 lorsque ε tend vers 0. On en tire,
appliquant ce même raisonnement pour toutes les équations
Nous pouvons à présent donner une justification plus générale du résultat que l’on vient
d’énoncer. On suppose que l’on étudie un système conservatif du type :
∂t U + ∂ x ( F (U )) = 0.
On suppose que, dans l’espace ( x, t), il existe une solution de classe C1 pour x − σt < 0 notée
U1 et une solution de classe C1 pour x − σt > 0 notée U2 . On peut alors poser :
Cette fonction coı̈ncide avec U1 pour x < σt et avec U2 pour x > σt. Ainsi, ∂t V + ∂ x ( F (V )) est
nulle pour x 6= σt. On vérifie alors par la formule des sauts que :
∂ x ( F (V )) = ∂ x ( F (U1 )) + (∂ x ( F (U2 )) − ∂ x ( F (U1 ))) H ( x − σt) + ( F (U2 (σt, t)) − F (U1 (σt, t)))δx−σt=0 .
Il vient ainsi
∂t V + ∂ x ( F (V )) = ( F (U2 (σt, t)) − F (U1 (σt, t)) − σ(U2 (σt, t) − U1 (σt, t)))δx−σt=0 .
Si on veut que V soit une solution de l’équation convervative au sens des distributions, il faut
que F (U2 ) − F (U1 ) = σ(U2 − U1 ) sur la surface de discontinuité x = σt.
une surface régulière à l’origine, on peut tout de même définir sa mesure de surface par
Z √ Z
f dσ = 2 f (r,~r )d~r,
Γ R3
La fonction 1/r étant localement intégrable dans R3 , l’intégrale de droite est finie et la forme
linéaire est bien définie et positive.
Nous dirons qu’une distribution u sur R4 est nulle dans le passé s’il existe T0 ∈ R tel que le
support de u soit inclus dans [ T0 , +∞[×R3 . Alors, si f ∈ D 0 (R4 ) est nulle dans le passé, il
existe une et une seule solution u ∈ D 0 (R4 ) de u = f qui soit nulle dans le passé. Il s’agit de
la distribution
dσ
u= ? f.
4πρ
Le support de u est contenu dans l’ensemble des (t,~r ) tels qu’il existe (t0 ,~r0 ) ∈ supp f avec
t ≥ t0 et t − t0 = ||~r −~r0 ||.
Espaces de Sobolev
Définition 11.1.1. L’espace de Sobolev H m (Ω) est le sous espace de L2 (Ω) des distributions u ∈
D 0 (Ω) telles que, pour tout α ∈ Nd , |α| ≤ m, ∂α u ∈ L2 (Ω).
On peut alors munir cet espace d’un produit scalaire définit ainsi :
On peut alors caractériser les espaces de Sobolev à l’aide de la transformée de Fourier dans
S 0 (Rd ) dans le cas où Ω = Rd .
Proposition 11.1.3. Soit u ∈ L2 (Rd ). Alors, u ∈ H m (Rd ) si et seulement si
Z
|û(ξ )|2 (1 + |ξ |2 )m dξ < +∞.
Rd
95
Chapitre 11. Espaces de Sobolev
car par la formule du binôme, il existe Cm > 0 telle que, pour tout |α| ≤ m,
d d
∏ |ξ j |2α j
≤ (1 + |ξ |2 )m ≤ Cm ∑ ∏ |ξ j |2α . j
j =1 |α|≤m j=1
Dans le cas où Ω = Rd , on peut alors étendre les espaces de Sobolev à des indices non
entiers pour pouvoir avoir une échelle continue d’espaces.
Définition 11.1.4. Soit s ∈ R. L’espace de Sobolev H s (Rd ) est le sous-espace de S 0 (Rd ) défini par
Z
0
H (R ) = u ∈ S (R ),
s d d
|û(ξ )| (1 + |ξ | ) dξ < +∞ .
2 2 s
Rd
Notons ainsi que pour s ≥ 0, H s (Rd ) ⊂ L2 (Rd ). Ceci n’est plus vrai pour s < 0. L’espace
H s (Rd )
est muni du produit scalaire
Z
∀u, v ∈ H s (Rd ), (u|v) H s (Rd ) = (1 + |ξ |2 )s û(ξ )v̂(ξ )dξ.
Rd
Cela a bien un sens car on intègre le produit dans L2 (Rd ) de deux distributions de L2 (Rd )
s s
égales respectivement à (1 + |ξ |2 ) 2 û(ξ ) et (1 + |ξ |2 ) 2 v̂(ξ ).
On peut alors définir sur H s (Rd ) la norme
Z Z
∀u ∈ H s (Rd ), ||u||2s = (1 + |ξ |2 )s |û(ξ )|2 dξ.
Rd Rd
Exemple 11.1.6. On a L1 (Rd ) ⊂ H s (Rd ) pour s < − 2d . En effet, si u ∈ L1 (Rd ), alors û ∈ L∞ (Rd )
s
et (1 + |ξ |2 ) 2 û ∈ L2 (Rd ) si et seulemenht si s < 2d .
Exemple 11.1.7. Puisque l’espace de Schwartz est invariant par transformée de Fourier, il est clair que
S(Rd ) ⊂ H s (Rd ) pour tout s ∈ R.
Exemple 11.1.8. Pour tout a ∈ Rd , la distribution δa est dans H s (Rd ) pour s < − 2d . En effet, on
remarque que δ̂a (ξ ) = e−iaξ , ainsi
Z Z
|e−iaξ |2 (1 + |ξ |2 )s dξ = (1 + |ξ |2 )s dξ.
Rd Rd
Cette intégrale est convergente pour s < − d2 , divergente si s ≥ − 2d . De même, pour toute ϕ ∈ S(Rd ),
Corollaire 11.1.10. Pour tout s ∈ R, C0∞ (Rd ) est dense dans H s (Rd ).
Démonstration : Il suffit de raisonner par troncature et de montrer que C0∞ (Rd ) est dense dans
S(Rd ) pour la norme || · ||s . Soit θ ∈ C0∞ (Rd ) une fonction plateau valant 1 si | x | ≤ 1 et
0 pour | x | ≥ 2. Posons θk ( x ) = θ ( xk ) pour tout k ≥ 1. Soit u ∈ S(Rd ). Soit s0 un entier
naturel tel que s ≤ s0 . Posons pour tout k ≥ 1, uk = θk u. Alors, uk ∈ C0∞ (Rd ) et
||uk − u||2s ≤ ||uk − u||2s0 ≤ C ∑ ||∂α ((θk − 1)u)|| L2 (Rd )
|α|≤s0
Le résultat suivant sur le produit par une fonction dans S(Rd ) permet de définir les espaces de
Sobolev locaux Hlocs ( Ω ) pour tout ouvert Ω ⊂ Rd .
|s|
R
( 1 + | ξ − η | 2 ) 2 | ϕ̂ ( ξ − η )|(1 + | η |2 )s | û ( η )|2 dη dξ.
R d
|s|
R R
( 1 + | ξ − η | 2 ) 2 | ϕ̂ ( ξ − η )|(1 + | η |2 )s | û ( η )|2 dηdξ .
Rd Rd
∀α ∈ Nd , |α| ≤ k, lim ∂α u( x ) = 0.
| x |→+∞
Théorème 11.2.1. Soient k ∈ N et s ∈ R tels que s > d2 + k. Alors l’espace ( H s (Rd ), || · ||s ) est
k (Rd ), | · | ).
inclus, avec injection continue, dans l’espace (C→ 0 k
Démonstration : Nous allons utiliser la fait que la transformée de Fourier evoie continûment
l’espace L1 (Rd ) dans l’espace C→ 0 (Rd ).
0
Soit u ∈ H s (Rd ) avec s > d2 + k. Alors û est mesurable et, pour tout |α| ≤ k, (−iξ )α û ∈
L1 (Rd ). En effet, on peut écrire, pour tout ξ ∈ Rd ,
k
|α| | ξ ||α| 2 2s (1 + | ξ |2 ) 2 2 2s
|ξ | |û(ξ )| = 2 s (1 + | ξ | ) | û ( ξ )| ≤
2 s (1 + | ξ | ) | û ( ξ )|.
(1 + | ξ | ) 2 (1 + | ξ | ) 2
Corollaire 11.2.2. On a
∞
H s (Rd ) ⊂ C→ 0 (R ).
d
\
s ∈R
Remarque. Il faut prendre garde au fait que ce corollaire ne signifie pas que l’intersection de
tous les H s (Rd ) est inclus dans S(Rd ). En effet,, pour d = 1 par exemple, la fonction u : x 7→
1
1+ x 2
, de transformée de Fourier ξ 7→ e−|ξ | est bien dans tous les H s (R), mais n’est pas dans
S(R).
Remarque. Le théorème d’injection de Sobolev n’est pas vrai pour s = d2 + k, il faut une
inégalité stricte. Par exemple, pour k = 0, l’espace H 2 (Rd ) n’est pas inclus dans L∞ (Rd ).
d
Notons ϕ̃( x 0 , ξ d+1 ) = R e−ixd+1 ξ d+1 ϕ( x 0 , xd+1 )dxd+1 la transformée de Fourier partielle de
R
ϕ par raport à xd+1 . Ainsi par inversion de Fourier
1
Z
ϕ ( x 0 , x d +1 ) = ϕ̃( x 0 , ξ d+1 )eixd+1 ξ d+1 dξ d+1
2π R
et ainsi
1
Z
ψ( x ) = ϕ̃( x 0 , ξ d+1 )dξ d+1 .
2π R
Alors,
1
Z Z
0 0 0
ψ̂(ξ ) = e−ix ξ dx 0 φ̃( x 0 , ξ d+1 )dξ d+1
2π R d R
1
Z Z
0 0
= e−ix ξ −ixd+1 ξ d+1 ϕ( x 0 , xd+1 )dx 0 dξ d+1 dξ d+1
2π R Rd+1
1
Z
= ϕ̂(ξ 0 , ξ d+1 )dξ d+1 .
2π R
On en déduit
2
1
Z
s s
0 2
|ψ̂(ξ )| = φ̂(ξ 0 , ξ d+1 )(1 + |ξ 0 |2 + ξ d2+1 ) 2 (1 + |ξ 0 |2 + ξ d2+1 )− 2 | .
2π R
1
Z Z
|ψ̂(ξ 0 )|2 ≤ | ϕ̂(ξ 0 , ξ d+1 )|2 (1 + |ξ 0 |2 + ξ d2+1 )s dξ d+1 (1 + |ξ 0 |2 + ξ d2+1 )−s dξ d+1 .
4π 2 R R
On remarque que la dernière intégrale converge bien par l’hypothèse s > 21 . On intègre
alors en ξ 0 pour obtenir
du 1
Z Z Z Z
1
|ψ̂(ξ 0 )|2 (1 + |ξ 0 |2 )s− 2 dξ 0 ≤ 2 s
dξ 0 | ϕ̂( x 0 , ξ d+1 )|2 (1 + |ξ 0 |2 + ξ d2+1 )s dξ d+1 .
Rd R (1 + u ) Rd 4π 2 R
Cette inégalité implique que γ peut être prolongée par continuité de H s (Rd+1 ) dans
1
H s− 2 (Rd ) pour s > 12 . Pour ce faire, on considère ϕ j ∈ S(Rd+1 ) convergeant vers u
1
au sens de H s (Rd+1 ). La suite γϕ j est une suite de Cauchy dans H s− 2 (Rd ), qui converge
car l’espace est de Hilbert. La limite ne dépend pas de la suite ϕ p choisie ; on la note γu
et cela définit le prolongement par continuité de γ à H s (Rd+1 ).
On remarque d’après nos calculs que l’on peut expliciter γ de la manière suivante :
1
Z
−1 0 0
∀u ∈ H (R ), γu = Fd
s d +1
F u(ξ , ξ d+1 )dξ , (11.5)
2π Rd d
Il nous reste à démontrer la surjectivité de l’application γ que l’on vient de construire. Soit
1
donc v ∈ H s− 2 (Rd ). Notons ξ 0 7→ g(ξ 0 ) la transformée de Fourier de v et définissons u,
distribution sur Rd+1 , comme la transformée de Fourier inverser de la fonction f suivante,
(1 + | ξ 0 |2 ) N
∀ ξ = ( ξ 0 , ξ d +1 ) ∈ Rd +1 , f ( ξ ) = k N 1 g ( ξ 0 ).
(1 + | ξ |2 ) N + 2
La seconde intégrale est finie dès lors que l’on choisit N > 2s − 14 , et elle est égale, après
0 2 s−2N − 12 . Le membre de droite
changement de variable, à une constante foirs R (1 + |ξ 0| 2) 2N
de (11.8) est donc égal à une constante fois Rd (1 + |ξ | ) | g(ξ 0 )|2 dξ 0 dont la finitude
1
exprime précisément l’hypothèse v ∈ H s− 2 (Rd ). Nous avons donc établit (11.6) sous la
condition N > 2s − 14 .
D’après l’expression de f , on a
Z Z
1
f (ξ 0 , ξ d+1 )dξ d+1 = k N (1 + |ξ 0 |2 ) N g(ξ 0 ) (1 + |ξ |2 )− N − 2 dξ d+1 .
R R
1
(1 + λ2 )− N − 2 dλ fois 1 + |ξ 0 |2 )− N .
R
L’intégrale de droite est égale à une constante c N + 1 := R
2
Il suffit donc de choisir k N = 2π (c N + 1 )−1 pour avoir (11.7). Cela démontre la surjectivité
2
de γ.
m ∈N
On peut enfin énoncer le théorème de trace dans le cas du demi-espace. Commençons par en
donner un énoncé dans le cas où m = 1.
Théorème 11.4.4. L’application
d
γ : C0∞ (R+ ) → C ∞ (Rd−1 )
ϕ 7→ ( x 0 7→ ϕ( x 0 , 0))
se prolonge de manière unique en une application linéaire, continue et surjective γ0 de H 1 (Rd+ ) dans
1
H 2 (Rd −1 ).
Ce résultat repose sur le théorème de trace pour un hyperplan et sur le théorème de prolonge-
ment. Donnons un énoncé plus général dans le cas de m ≥ 1.
Théorème 11.4.5. Soit m ∈ N \ {0}. L’application
d
C0∞ (R+ ) → (C ∞ (Rd−1 ))m
γ :
ϕ 7 → ( x 0 7 → ( ϕ ( x 0 , 0), ∂ x d u ( x 0 , 0), . . . , ∂ m −1 0
xd u ( x , 0)))
se prolonge de manière unique en une application linéaire, continue et surjective γ = (γ0 , γ1 , . . . , γm−1 )
−1 m− j− 21
de H m (Rd+ ) dans ∏mj =0 H (Rd −1 ).
m ∈N
Nous démontrons deux résultats utiles qui sont les analogues dans la théorie des distributions
des théorèmes classiques de dérivation et d’intégration sous le signe intégral.
q
Proposition A.0.1 (Dérivation sous le crochet). Soit φ ∈ C0∞ (Rx × Rdy ) et soit Ω un ouvert de Rd .
On suppose que pour tout x ∈ Rq , supp φ( x, ·) ⊂ Ω. Soit T ∈ D 0 (Ω). On pose, pour x ∈ Rq ,
u( x ) =< T, φ( x, ·) >. Alors, u ∈ C0∞ (Rq ) et on a
avec Z 1
hα
R( x0 , y, h) = 2 ∑ (1 − t)∂αx φ( x0 + th, y)dt.
|α|≤2
α! 0
∑
β
| < T, R( x0 , y, h) > | ≤ C ||∂ x R( x0 , ·, h)||∞ .
| β|≤m
≤ C | h |2 ∑
β
sup |∂y ∂αx φ( x, y)|.
|α|≤2 ( x,y)∈ B(0,1)×supp φ( x0 ,·)
On en déduit que
| < T, R( x0 , y, h) > | = O(|h|2 )
et finalement
q
u( x0 + h) = u( x0 ) + ∑ < T, ∂ x j φ( x0 , y) > h j + O(|h|2 ).
j =1
105
Chapitre A. Dérivation et intégration sous le crochet
∂ xi u( x ) =< T, ∂ xi φ( x, y) > .
Comme cela est valable pour tout i, on en déduit de plus que u est de classe C1 . On obtient
ensuite le résultat pour α quelconque par récurrence.
2
q
Proposition A.0.2 (Intégration sous le crochet). Soit φ ∈ C0∞ (Rx × Rdy ) et soit Ω un ouvert de
Rd . On suppose que pour tout x ∈ Rq , supp φ( x, ·) ⊂ Ω. Soit T ∈ D 0 (Ω). On pose, pour x ∈ Rq ,
u( x ) =< T, φ( x, ·) >. Alors, u ∈ C0∞ (Rq ) et on a
Z Z
u( x )dx = T, φ( x, ·)dx .
Rq Rq
est de classe C ∞ et on a
Pour q > 1 on procède par intégrations successives. Soit φ ∈ C0∞ (Rq × Ω). Soit A > 0 tel
que supp φ ⊂ [− A, A]q × K pour un compact K ⊂ Ω. On définit alors ψq : Rq × Ω → C
par Z xq
∀( x 0 , xq , y) ∈ Rq−1 × R × Ω, ψq ( x 0 , xq , y) = φ( x 0 , t, y)dt.
−∞
Par le résultat pour q = 1, on a
Z Z
0
T, φ( x , t, y)dt = < T, φ( x 0 , t, y) > dt.
R R