Risques Et Catastrophes.2022

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Institut de Géographie Tropicale

Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY

Année Universitaire 2021-2022

Licence 2

RISQUES ET CATASTROPHES
NATURELS DANS LE MONDE

Enseignant

ALLA Della André

Professeur Titulaire

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INTRODUCTION

Centre d'intérêt du cours

Le milieu dans lequel évolue l’humanité est soumis à des perturbations d’origine naturelle,
s’exerçant sur des échelles de temps et d’espace très variables et pouvant conduire à des
déséquilibres importants de la biosphère et à des évolutions catastrophiques.

On assiste de plus en plus à un spectaculaire accroissement de la fréquence des événements


catastrophiques d’origine naturelle partout dans le monde : inondations en Europe et en Asie,
cyclones ou tempêtes dévastatrices aux Etats-Unis et en Europe, sécheresses en Afrique, etc.

Les objectifs du cours

D'une manière générale, il s'agit d'accroître la connaissance des étudiants en matière de phénomènes
naturels créateurs de dommages, et partant de leurs impacts sur l'homme et ses biens.

De façon spécifique, il s’agit :

- de définir les concepts qui sont au cœur de toute étude des risques et catastrophes ;
- de passer en revue les risques naturels les plus importants et les conséquences que leurs
manifestations engendrent.

Plan du cours

1- Les concepts à définir

2- Les risques naturels et leurs manifestations

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Chapitre 1- LES CONCEPTS A DEFINIR

1. Des définitions de plus en plus précises du risque


Le terme de "risque" a toujours été présent dans le langage courant et dans les écrits. On entend
souvent des expressions du genre "qui ne risque rien n’a rien" ou "il prend un risque". On parle aussi
de risque d’accident, risque naturel, risque industriel et technologique, population à risque, etc. Mais,
quel sens donne-t-on à ce concept ?

Pour Millet (1968) : "Un risque est un danger possible". Des géographes abordent pratiquement dans
le même sens, lorsqu’ils définissent le risque comme "un danger auquel l’on est exposé
individuellement ou collectivement dans certaines circonstances" (Brunet et al., 2001) ou comme "un
danger éventuel, plus ou moins prévisible, dans une aire non précisément définie, d’une durée
indéterminée" (Bailly, 1994).

Mais, pour être plus précis, Tricart (1992) relève que danger et risque sont deux concepts différents
et que, par abus de langage, ils sont pris l’un pour l’autre. Selon lui, "le danger est le phénomène brut
ou la situation qui peut affecter un être, animal ou plante, ou même un objet". En ce sens, le danger
existe indépendamment de l’homme, même s’il peut lui faire courir des risques. Par contre, le risque
est "la traduction du danger en menace pour celui qui lui est soumis".
Cette menace naît de la conjonction d’une part, du phénomène lui-même, naturel ou technologique
(aléa) et, d’autre part, de la présence de l’homme (enjeu), de la manière dont cette présence est
réalisée face au phénomène : groupement, concentration dans le site menacé ou dispersion des
hommes.

La distinction entre danger et risque est également évoquée par Beaux (1998) pour qui "les dangers
liés aux phénomènes naturels ne constituent des risques que s’ils affectent des régions peuplées par
l’homme".
De même, dans une étude sur les risques majeurs élaborée par la Préfecture de l’Hérault, en France
(1996), il est dit que : "Un événement potentiellement dangereux, soit un aléa, ne devient un risque
majeur que s’il s’applique à une zone où existe une présence humaine significative, avec son arrière-
plan économique, culturel et environnemental, autrement dit s’il y a un enjeu". On peut donc retenir
que le risque n’est pas le danger, mais il découle de la mise en relation entre la probabilité de survenue
d’un événement et l’ampleur de ses conséquences éventuelles. En d’autres termes, "on définit le

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risque comme les effets d’un aléa sur des biens ou des personnes vulnérables ; le danger est un état,
le risque sa mesure" (Bourrelier et al., 2000).

2- Le risque : une notion composite


Le risque est donc le produit d’un aléa par un enjeu. L’aléa représente le facteur d’endommagement
plus ou moins rapporté à la nature, tandis que l'enjeu désigne la présence humaine menacée ou
endommagée, plus ou moins passive (Pigeon, 2000). À ces deux concepts, on peut ajouter la capacité
de la société à faire face à une crise éventuelle, c'est-à-dire sa résistance et sa résilience.

2.1- L’aléa, premier terme du risque


Dans l’ouvrage Catastrophes naturelles, le grand cafouillage, Bourrelier et al. (2000) définissent
l’aléa comme un événement naturel susceptible de se produire et dont on s’efforce d’évaluer la
probabilité.

Pour Dauphiné (2001), l’aléa désigne, au sens restreint, la probabilité d’occurrence d’un phénomène
; mais en réalité, il est plus complexe et est fonction de l’intensité du phénomène, de son occurrence,
et aussi de la durée considérée et de l’espace pris en compte.

L’aléa apparaît donc comme une représentation statistique (probabilité) du phénomène, qu’il soit
d’origine naturelle ou anthropique, qui prend en compte deux caractéristiques, à savoir l’occurrence
et l’intensité du phénomène considéré. Il n’est cependant pas facile d’évaluer la probabilité d’un aléa.
C’est pourquoi, comme le signale Dauphiné (2001), les experts la calculent à partir des probabilités
des différentes causes qui conduisent à l’accident (résistance du matériel, événement déclencheur,
échec des différents dispositifs de sécurité, etc.).

Pour ce qui concerne l’occurrence, certains aléas sont fréquents ; d’autres le sont moins. De même,
certains aléas sont de plus forte intensité que d’autres. Néanmoins, la définition de l’intensité de l’aléa
pose souvent problème. En effet, s’il est plus aisé d’évaluer l’intensité d’un événement tel que
l’inondation, grâce aux hauteurs d’eau tombées, aux débits, etc., cela l’est moins pour une avalanche,
sauf si l’on prend comme critères les dommages éventuels. Dans tous les cas, les aléas sont d’autant
plus rares, qu’ils sont plus intenses, et vice-versa.

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2.2- L'enjeu, second terme du risque

Les enjeux représentent les personnes, biens, activités, moyens, patrimoine, etc., susceptibles d’être
affectés par un phénomène naturel ou anthropique.

Les enjeux humains indiquent que plus les populations sont importantes et concentrées, plus elles
sont vulnérables, la pauvreté étant un facteur aggravant. Les enjeux matériels sont liés au
développement socio-économique. Il s’agit de maisons, bâtiments, installations et équipements agro-
industriels, infrastructures routières, ferroviaires ou portuaires, etc. Les enjeux environnementaux
concernent quant à eux l’ensemble des forêts, parcs et écosystèmes.

Dans le Guide général des plans de prévention des risques naturels prévisibles de 1997, il est plutôt
proposé deux catégories d'enjeux : les enjeux économiques qui traduisent généralement le degré de
perte ou d’endommagement des biens et des activités exposés à l’occurrence d’un phénomène naturel
d’une intensité donnée et les enjeux humains qui évaluent d’abord les préjudices potentiels aux
personnes, dans leur intégrité physique et morale. Ils s’élargissent également à d’autres composantes
de la société (sociales, psychologiques, culturelles, etc.) et tentent de mesurer sa capacité de réponse
à des crises.

Les dommages concernent les conséquences économiques défavorables d’un phénomène naturel sur
les biens, les activités et les personnes. Ils sont généralement exprimés sous une forme quantitative
et monétaire.
On distingue les dommages directs qui désignent une destruction matérielle, partielle ou totale, due
à l’impact physique d’un phénomène naturel des dommages indirects qui sont les effets induits par
certains dommages directs ou par la manifestation d’un phénomène naturel sur les activités ou les
échanges (interruption des activités, coupures des communications, coûts des secours et des
interventions d’urgence, etc.).

L’endommagement est la mesure d’un dommage sur un bien ou une activité. Cette mesure
s’exprime sous la forme d’un coefficient ou d’un coût monétaire.

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2.3- La mitigation, troisième terme du risque

La mitigation, c'est l'action sur les enjeux en augmentant leur résistance à la destruction ou à la
détérioration, en réduisant l'ampleur et le coût des dommages éventuels et en favorisant un retour aux
activités en cas de sinistre dans les commerces, les entreprises et les établissements recevant du public
(Vinet, 2010).
La mitigation suppose donc deux réponses de la société face au risque : la résistance et la résilience.

La résistance, c'est l'adaptation des populations aux aléas dans des secteurs à fort enjeu, en
accroissant leur capacité potentielle à se protéger des aléas.
Le concept de résilience, employé en écologie botanique, mesure la capacité d’un écosystème à
absorber le changement, à persister au-delà d’une perturbation (Dauphiné, 2001). Introduite dans
l'étude des risques, "la résilience désigne un retour à la normale par retour à l'état antérieur" ou
"réside dans l'adaptation continue au changement" (Magali Reghezza-zitt, 2010).
Ainsi, parler de résilience suppose que la catastrophe se soit effectivement produite, que les mesures
de protection et/ou de prévention existantes n'aient pas réussi à empêcher le désastre, mais que la
société développe une résistance au changement, une capacité à survivre et à s'adapter à la
catastrophe, par des mesures de reconstruction et de renforcement qui permettent aux enjeux de
demeurer au même endroit.
La somme de la résistance et de la résilience est égale à l’inverse de la vulnérabilité. Lorsqu’un
système social a une bonne résilience, alors sa vulnérabilité est faible et vice-versa.

2.4- La vulnérabilité, une mesure du niveau d’exposition au risque

En général, le concept de vulnérabilité est cité comme deuxième terme du risque. Les définitions de
la vulnérabilité ont été regroupées en deux catégories par Dauphiné (2001).

La première est d’ordre analytique et indique que : "La vulnérabilité, au sens le plus large, exprime
le niveau de conséquences prévisibles d’un phénomène naturel sur les enjeux" (Ministère de
l’aménagement du territoire et de l’environnement de France, 1997).
La démarche est dite analytique, car les enjeux peuvent être décomposés plus ou moins finement. Au
niveau des biens économiques par exemple, il est possible de calculer les dommages pour
l’agriculture, l’industrie et les services ou d’être encore plus précis en distinguant différentes cultures
et filières d’élevage dans le secteur agricole.

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La deuxième est d’ordre synthétique : "À l’approche classique de la vulnérabilité qui mesure un
endommagement potentiel des biens et des personnes et ses répercussions sur l’environnement
économique semble s’opposer celle qui considère la vulnérabilité des sociétés à travers leur capacité
de réponses à des crises potentielles" (D’Ercole, 1994). En d'autres termes, la vulnérabilité est "la
propension d’une société donnée à subir des dommages en cas de manifestation d’un phénomène
naturel ou anthropique" (D’Ercole, 1994).
Ces définitions rejoignent celle qui est retenue dans le "Cadre d'Action de Hyōgo 2005-2015" où
"La vulnérabilité, ce sont les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un système
qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger".

On parle aussi de vulnérabilité physique et de vulnérabilité sociale.


A cet effet, pour Reghezza M (2006),
- la vulnérabilité physique qui désigne l’impact physique de l’aléa sur des bâtiments, des réseaux,
des infrastructures, des populations. En ce sens, la vulnérabilité se définit comme le degré de
dommage que subissent les enjeux, exprimé en valeur absolue ou en pourcentage du total.
- la vulnérabilité sociale est fonction à la fois de la capacité de résistance physique (vulnérabilité
biophysique) qui désigne les caractéristiques ou qualités internes de l’enjeu matériel exposé ; de la
capacité d’adaptation de la société (qui désigne les facteurs sociaux influant sur la vulnérabilité, la
capacité d’anticipation, la rapidité de réaction et l’efficacité de la réponse face à l’aléa) et de la
résilience qui désigne « le retour à un état d’équilibre, différent de l’état initial, mais suffisamment
éloigné de la crise pour permettre la reprise ‘’normale ‘’ de l’activité du système ».
On peut résumer la vulnérabilité sociale par la définition de D’Ercole R et al. (1994) : la
propension d’une société donnée à subir des dommages en cas de manifestation d’un phénomène
naturel ou anthropique.
De ce qui précède, on peut retenir que la principale caractéristique du risque réside dans la relation
directe entre la concentration de personnes, de biens, d’infrastructures et de moyens de production et
un aléa, ce qui rend les villes particulièrement vulnérables aux aléas naturels.

3- La catastrophe : une matérialisation du risque

La catastrophe désigne "un événement brutal aux conséquences individuelles ou sociales


désastreuses" (Brunet et al., 2001).

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D’apparence simple, le concept de catastrophe est plus complexe qu’on ne le pense et se distingue du
risque dont il est la manifestation. En effet, "Le risque est une probabilité qu’un événement provoque
des dommages. Quand il y a catastrophe, l’événement a eu lieu et a produit dommages et victimes"
(Dollfus et D’Ercole, 1996). La différence entre risque et catastrophe est également soulignée par
d’autres auteurs : "Le risque majeur est un terme prévisionnel. Lorsque l’événement se produit, il faut
alors parler de catastrophe majeure" (Baud et al., 1995) ou "Quand le risque se manifeste, il peut se
transformer en catastrophe si la société n’a pas pu ou su prendre les mesures de prévention et de
protection nécessaires" (Tripod, 2000).

Ainsi, le risque possède une dimension probabiliste que la catastrophe n’a plus, puisqu’en se
manifestant, elle est devenue une certitude (Dauphiné, 2001). En d'autres termes, les risques sont
potentiels, mais les catastrophes sont réelles. De plus, des risques peuvent ne pas se matérialiser en
catastrophes.

Par ailleurs, "les termes de risque, aléa, fluctuation, hasard, endommagement potentiel doivent servir
à définir l’aspect potentiel de la science des risques. Les termes de catastrophe, désastre, cataclysme,
fléau, calamité, sinistre, seront au contraire retenus pour décrire une réalité, un phénomène qui s’est
véritablement produit" (Dauphiné, 2001).

4. Risque et catastrophe dans le temps et l’espace


Il y a un décalage dans le temps entre ces deux phénomènes dont l’évidence est soulignée par de
nombreux auteurs qui ont montré que : "Le risque se situe lors de la période d’incubation avant que
la catastrophe se déclare" (Turner, 1978, cité par Dauphiné, 2001). Mais le risque peut persister au-
delà d’une catastrophe (Dauphiné, 2001). En d’autres termes, le risque précède la catastrophe et peut
ou non lui succéder sous la même forme ou sous une forme différente. C’est le cas du risque nucléaire,
antérieur à l’accident de Tchernobyl, qui continue à planer sur toute l’Europe sous la forme de
contamination radioactive.

Au niveau de la dimension spatiale, les zones à risques sont vastes alors que celles où les catastrophes
se produisent sont généralement plus localisées. Et, comme l’exprime Dauphiné (2001) : "elles sont
ponctuelles et normalement situées à l’intérieur des zones de risque, même si leurs effets peuvent
déborder largement les limites de ces aires à risque, notamment dans le cadre des catastrophes
faisant intervenir la circulation atmosphérique. Il est cependant exceptionnel qu’une catastrophe
s’étende au-delà de la zone de risque".

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Chapitre 2- LES RISQUES NATURELS ET LEURS MANIFESTATIONS

2.1- Classification des risques et des catastrophes naturels

2.1.1- Types de risques d’origine naturelle

Il existe plusieurs types de risques. On parle, entre autres, de risques naturels, de risques de société
liés aux activités humaines, de risques de guerre, de risques nucléaires, de risques professionnels, de
risques technologiques, de risques urbains (Bailly, 1996) et même de risques socio-économiques et
politiques (György Széll, 1994).

Les risques d’origine naturelle qui nous intéressent dans cette étude concernent les phénomènes liés
à notre environnement physique (Bailly, 1996) ou sont liés à l’existence de phénomènes naturels dont
l’ampleur, plus ou moins exceptionnelle, peut engendrer des conséquences catastrophiques
(Tronchon, 1991).

D'une manière générale, le risque croît d’autant plus que l’aléa est élevé et que la densité de population
et le potentiel économique exposés augmentent. En l’absence des constructions et des hommes, il est
nul.

Dans Dictionnaire de Géographie, Baud et al. (1995) proposent une classification des risques
d’origine naturelle en fonction de leurs causes. Ils distinguent ainsi :

- les risques liés aux phénomènes atmosphériques. Ce sont essentiellement les ouragans dont
le langage courant et la toponymie ont multiplié les appellations (tornades, typhons,
hurricanes, cyclones) ;
- les risques liés à l’eau que sont les inondations et les crues ;
- les risques liés aux mers et océans dont les impacts sont importants dans les zones côtières.
Ce sont les raz-de-marée (tsunamis), vagues dont l’origine est volcanique, les surcotes,
l’érosion ;
- les risques géologiques que sont les séismes ou tremblements de terre, liés au jeu des plaques
tectoniques, et les éruptions volcaniques ;
- les risques liés aux pentes qui comprennent les laves torrentielles, c’est-à-dire les coulées de
boue, les écroulements ou éboulements, les effondrements, les glissements de terrain et les
avalanches correspondant aux chutes de neige plus ou moins importantes ;

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- les autres risques d’origine naturelle telles que les épidémies, les tempêtes de sable, les
tempêtes de neige, la grêle, les marées.

Brunet et al. (2001) définissent une autre typologie : "Les grands risques naturels sont
associés aux dynamiques plus ou moins conjointes de l’air (ouragans, tempêtes de sable), de l’eau
(inondations, grêle, érosions, raz-de-marée), des roches et du tréfonds (éruptions, séismes,
glissements, éboulements, effondrements), des insectes (invasions de criquets) et virus ou bactéries
(épidémies). Nombre d’incendies ont également des causes naturelles". D’autres auteurs rangent les
sécheresses dans les risques naturels (Tronchon, 1991 ; Dollfus et D’Ercole, 1996).

De plus, une différence est faite entre les risques majeurs et les risques secondaires. On
appelle risque majeur tout danger important menaçant un groupe humain, soit du fait d’une menace
naturelle, soit du fait de l’action même de l’homme (Baud et al., 1995) ou "risque lié à un aléa
d’origine naturelle ou anthropique dont les effets prévisibles mettent en jeu un grand nombre de
personnes, des dommages importants et dépassent les capacités de réaction des instances directement
concernées" (Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement de France, 1997). Mais,
le risque majeur est différent de l’événement naturel majeur. En effet "un séisme en zone inhabitée
est un événement naturel majeur, mais ce n’est pas un risque majeur, puisqu’il ne menace personne"
(Baud et al., 1995). Les risques majeurs sont donc des phénomènes potentiellement catastrophiques
pouvant entraîner des millions de victimes.

Quant aux risques secondaires, ils sont liés à des aléas naturels moins importants, mais qui peuvent
exceptionnellement être très dangereux (Baud et al., 1995). Ils ont une probabilité d’occurrence
infiniment supérieure aux risques majeurs (Département d’Hérault, 1996).

Il existe donc divers types de risques d’origine naturelle. Par l’ampleur des dommages
potentiels, certains sont qualifiés de majeurs et d’autres de secondaires.

2.1.2.- Types de catastrophes d’origine naturelle


Une catastrophe est un phénomène ou un ensemble de phénomènes dont les effets sont
dommageables. Cette définition implique la notion de seuil. Autrement dit, à partir de combien de
pertes en vies humaines ou de quel coût des dommages matériels, on peut parler de catastrophe ?

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La typologie à ce niveau est fonction de l’échelle des catastrophes naturelles. Cette échelle s’appuie
sur les impacts humains (les pertes en vies humaines) et les impacts matériels (l’effondrement des
maisons, les récoltes anéanties et les infrastructures détruites) (Dauphiné, 2001).

À partir du nombre de victimes, pour les dommages humains, et des pertes financières, pour les
dommages matériels, des seuils sont établis. Ils permettent de ranger les événements naturels en six
classes, depuis l’incident jusqu’à la catastrophe majeure.

Échelle de mesure générale des catastrophes


Classe Dommages humains Dommages matériels
0 Incident Aucun blessé Moins de 0,3 M€ (moins de 2 MF)
1 Accident 1 ou plusieurs blessés Entre 0,3 M€ et 3 M€ (entre 2 MF et 20 MF)
2 Accident grave 1 à 9 morts Entre 3 M€ et 30 M€ (entre 20 MF et 200 MF)
3 Accident très grave 10 à 99 morts Entre 30 M€ et 300 M€ (entre 200 MF et 2
GF)
4 Catastrophe 100 à 999 morts Entre 300 M€ et 3 G€ (entre 2 GF et 20 GF)
5 Catastrophe majeure 1000 morts ou plus 3 G€ ou plus (20 GF ou plus)
Source : Mission d’inspection spécialisée de l’environnement, mai 1999
La classe retenue de l’événement est celle qui correspond à l’impact humain ou matériel le
plus élevé. Ainsi, 3 morts et 50 M€ correspondent à un événement de classe 3 ; 120 morts et 50 M€
correspondent à un événement de classe 4.
La catastrophe majeure présente deux caractéristiques essentielles : "sa gravité, lourde à
supporter par les populations et les États et sa fréquence, faible dont la tentation est de ne pas
préparer le retour" (Préfecture d’Hérault, 1996). En d’autres termes, la catastrophe majeure se
caractérise par de nombreuses victimes, un coût important de dégâts matériels et des impacts sur
l’environnement.

2.2- Les types de risques et catastrophes naturels et leurs conséquences


En fonction de leurs causes initiale, trois types de catastrophes naturelles sont retenus dans ce cours.
2.2.1- Les risques et catastrophes géophysiques

Ils concernent les risques dont les aléas sont liés au sous-sol ou aux sols. Selon les auteurs, on parle
de dangers géomorphologiques (Dubois-Maury et Chaline, 2004), de risques géophysiques (Ramade,
2006) ou géologiques (Baud et al., 1995). Ce qui les caractérise, c'est qu'ils plongent leurs racines

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dans la lithosphère et sont liés à la géodynamique interne de la terre. Ils comportent des types majeurs
de désastres naturels tels que les tremblements de terre, les raz-de-marée et les éruptions volcaniques.

2.2.1.1- Le contexte général des risques et catastrophes géophysiques

a)- La tectoniques des plaques

La théorie de la tectonique des plaques permet d'expliquer l'hétérogénéité de la répartition


géographique des volcans et des zones sismiques. En effet, la lithosphère (couche la plus superficielle
de notre planète) est subdivisée en plaques océaniques et continentales dont certaines sont de moindre
importance.

Carte terrestre figurant les principales plaques tectoniques

Ces sept plaques forment la majeure partie des continents et de l'océan Pacifique :

• plaque africaine
• plaque antarctique
• plaque australienne (parfois intitulée indo-australienne ou australo-indienne)
• plaque eurasienne
• plaque nord-américaine
• plaque pacifique
• plaque sud-américaine

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Plaques secondaires

Ces plaques plus petites sont généralement mentionnées sur les cartes tectoniques mais, à
l'exception de la plaque arabique, elles ne possèdent par une superficie significative de terres
émergées :

• plaque arabique
• plaque caraïbe
• plaque de Cocos
• plaque Juan de Fuca
• plaque de Nazca
• plaque philippine
• plaque Scotia
Dans les fonds marins, les plaques peuvent s'écarter dans des zones abyssales particulières, les
dorsales (frontière de divergence entre deux plaques tectoniques qui s'écartent l'une de l'autre) entre
lesquelles vont se creuser des dépressions, à l'origine des phénomènes de volcanisme sous-marin (A).
Lorsque ces plaques en mouvement viennent heurter les plaques continentales, elles s'enfoncent sous
ces dernières. Ce phénomène que l'on nomme "subduction" (B) provoque non seulement la
surrection (Soulèvement progressif d'une partie de la couche terrestre océanique pour former une
montagne) des chaînes de montagnes, mais génère aussi volcanisme et tremblements de terre.

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Il existe également des zones de collision entre deux plaques continentales. Ce fut le cas de la
rencontre entre les plaques indo-australienne et eurasienne, à l'origine de l'Himalaya.

b)- Leur répartition géographique

Les catastrophes géophysiques sont en grande partie localisées aux zones de contact entre les plaques.
À cet effet, la "ceinture de feu" du Pacifique, résultant de la collision de l'immense plaque Pacifique
et d'autres plaques périphériques avec les plaques continentales qui entourent cet océan, constitue la
plus étendue des zones de subduction du globe.

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Localisation des séismes, des volcans et des cyclones (Dauphiné, 2001)

La plupart des volcans actifs et les 2/3 des séismes les plus violents coïncident avec cette ceinture.
Elle part de la Nouvelle Zélande se prolonge en Indonésie et longe toute la façade de l'Asie par les
Philippines, le Japon, etc. Elle atteint l'Alaska et continue en Amérique du Nord, par la chaîne des
cascades, puis les sierras américaines et mexicaines, se prolonge en Amérique centrale, puis en
Amérique du Sud au niveau de la Cordillère des Andes et se termine dans la péninsule antarctique.

Une autre zone célèbre associée à la ceinture de feu est représentée par la grande faille de San
Andreas, s'étendant sur plus de 1000 km de puis l'extrême nord de la Californie jusqu'au Mexique.
Ici des grandes villes sont menacées en particulier San Francisco qui fut détruite en 1906 par un
tremblement de terre et Los Angeles.

Hors de l'aire pacifique, les pays méditerranéens au nord de la plaque africaine subissent aussi les
effets des contacts entre plaques.

2.2.1.2- Les séismes

Également appelé tremblement de terre, "le séisme est une vibration, résultat de la propagation
d’ondes émanant de réajustements plus ou moins violents à l’intérieur de l’écorce terrestre" (Brunet
et al., 2001). Les séismes se déclenchent lors de la libération brutale de contraintes accumulées par
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des déplacements tectoniques ou par des montées magmatiques (séismes volcaniques). Ces
contraintes s'exercent sur des roches qui peuvent alors se déformer et même se rompre déclenchant
un séisme qui se traduit pas la libération d'une quantité d'énergie colossale. Cette énergie se traduit
par des ondes sismiques qui compressent et étirent les roches traversées (ondes P) ou les secouent de
haut en bas (ondes S). Le point de rupture s'appelle foyer ou hypocentre et le lieu en surface,
directement à sa verticale, l'épicentre. Ils sont fréquents dans certains secteurs, en particulier sur les
bordures des plaques en mouvement et près des failles. Toutefois, des tremblements de terre
dévastateurs ont également lieu à l'intérieur des plaques.

Les aires de fortes séismicités ceinturent comme on l'a vu précédemment la plaque pacifique et
touchent surtout les Philippines, la Chine et le Japon d'une part, et le littoral californien d'autre part.
Dans l'hémisphère sud, à l'est de la plaque de Nazca, c'est la cordillère des Andes qui en est affectée.
Enfin la dernière zone également concernée par les tremblements de terre est l'aire méditerranéenne
au nord de la plaque africaine.

a)- Intensité des séismes

Les dégâts que les séismes provoquent dépendent de deux facteurs parfaitement imprévisibles : la
magnitude, soit l’énergie libérée, mesurée sur l’échelle de Richter et la localisation de l’épicentre
(Dubois-Maury et Chaline, 2004).

L’échelle sismique de Richter, établie en 1935, détermine le degré d’intensité d’un tremblement de
terre. Elle est graduée de 0 à 10 en fonction de l’amplitude mesurée aux sismographes directement
liée à l’importance de l’énergie mise en jeu par le séisme (Tableau ci-dessous). Cette échelle est
logarithmique, de sorte que, par exemple, un tremblement de terre de magnitude 7 est 27 000 fois
plus intense qu’un autre de magnitude 4 (Ramade, 2006).

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Intensité des séismes et dommages associés sur l'échelle de Richter

Caractères des conséquences dans les zones Magnitude Nombre annuel de


habitées approchée séismes
Destructions totales sur des dizaines de milliers de ≥9 0,01 à 0,02
km2
Destructions pratiquement totales ≥8 1à2
Dommages très importants ≥ 7,4 4
Dommages étendus, rails de chemin de fer tordus 7,0-7,3 15
Dommages importants aux immeubles 6,2-6,9 100
Légers dommages aux immeubles 5,5-6,1 500
Mouvements :
- ressentis par tous les habitants de la zone 4,9-5,4 1 400
affectée
- ressentis par de nombreuses personnes 4,3-4,8 4 800
- ressentis par quelques personnes 3,5-4,2 30 000
Non perceptible mais détecté par les sismographes 2,0-3,4 800 000
Source : Extrait du tableau 2.2, page 49, Ramade F., 2006

Si les séismes produisent parfois des catastrophes pour les populations, ils ne laissent
qu’exceptionnellement des traces peu sensibles dans le relief : quelques fissures, un talus sur quelques
km dans les cas extrêmes (faille) ; les cisaillements se traduisent par des déplacements verticaux ou
latéraux le long de failles (Brunet et al., 2001).

NB : La magnitude d'un tremblement de terre mesure l'énergie libérée au foyer d'un séisme. Plus
le séisme a libéré d'énergie, plus la magnitude est élevée. La magnitude et l'intensité (comme l'échelle
de Mercalli) sont deux mesures différentes. L'intensité est une mesure des dommages causés par un
tremblement de terre.

b)- L'importance des séismes et leurs impacts

Les tremblements de terre sont les catastrophes naturelles les plus dangereuses et imprévisibles.
Aucun phénomène naturel ne détruit aussi rapidement de si vastes étendues de terre (Ils peuvent
dévaster une région entière). Des dizaines voire des centaines de milliers de personnes peuvent périr
lors d'un seul tremblement de terre.
18
L'importance des conséquences des séismes dans le monde tient au fait que, dans les pays
industrialisés comme en voie de développement, de nombreuses villes de plus d'un million d'habitants
voire de plus de vingt millions telle que Mexico ont été implantées et s'étendent dans des zones
présentant un risque sismique très élevé ou sur des failles très actives . C'est le cas de Téhéran avec
ses 11 millions d'habitants dont le site chevauche deux failles et de la plupart des agglomérations de
l'Ouest californien qui sont à la merci des rejeux périodiques du système de cassures, symbolisé par
la faille de San Andreas.

Les axes majeurs de concentrations urbaines les plus vulnérables aux séismes sont :

- la vallée du Nil, avec des séismes qui s'y sont produits depuis 3 millénaires dont le plus
récent a eu lieu au Caire en 1992 ;

- l'axe méditerranéen où une catastrophe majeure a frappé Izmit, près d'Istanbul, en


1999, provoquant la mort de 17 000 personnes, puis Dücze. Cet axe se prolonge vers l'est
avec les séismes de Bam en Iran en 2003 et de Gujarat en Inde en 2001, etc. (figure ci-dessous,
de Dubois-Maury et Chaline, 2004)

- l'axe du Pacifique, côté asiatique, avec ses grandes concentrations urbaines, notamment à Hondo où
les risques atteignent leur degré maximal (exemples des catastrophes de Tokyo/Yokohama en 1923 dont les

19
dégâts ont été évalué à 40% du PNB national, puis à Kobé en 1995 où le séisme de 7,2 sur l'échelle de Richter
a fait 6 432 victimes et détruit 200 000 maisons.

Par ailleurs, l'aléa sismique déclenche très souvent, selon la vulnérabilité des lieux, des effets induits
redoutables, entre autres :

- les effets mécaniques peuvent être aggravés par la consistance (résistance) des sols gorgés
d'eau. Par exemple un tremblement de terre peut ébranler un glacier, en accélérer la fonte et
engendrer une coulée de boue et de glace qui peut emporter une ville, comme ce fut le cas à
Yungay avec ses 18 milles habitants, dans les Andes péruviennes en 1970. Mais c'est surtout
la nature du sous-sol qui est le facteur discriminant. Les soubassements rocheux sont
favorables à la résistance du bâti, alors que les terrains sédimentaires, notamment argileux
peuvent amplifier les vibrations et leurs effets ;

- l'incendie urbain peut être le sous-produit dévastateur d'un séisme. Exemple, en 1755, c'est
le feu qui anéantit presque la totalité de Lisbonne qui comptait 250 000 Hbts et réduit en
cendres 17 000 des 20 000 habitations, etc. En 1906, à San Francisco, le séisme rompt les
canalisations de gaz et l'incendie qui s'ensuit détruit les 4/5 de la ville. Mais la situation la plus
dramatique sera observée à Tokyo en 1923 où à partir de quelque 130 foyers, l'incendie
dévasta les 2/3 de la cité et provoqua la mort de 100 000 personnes, surtout par asphyxie.

Si les risques sismiques tendent à décroître dans les pays développés (Japon, USA et autres pays) où
l'on adopte de plus en plus des normes antisismiques en matière de construction, et de schémas
d'aménagement urbains interdisant la construction d'habitations dans les zones de failles actives, il en
va autrement dans le tiers-monde où le nombre de personnes exposées au risque sismique s'accroît.
Ainsi, l'impact des tremblements de terre sur les populations des pays en développement augmente
compte tenu de la démographie galopante, de la misère, du manque de matériaux de construction
résistants, de l'absence de connaissances sur les constructions antisismiques.

En termes de pertes en vies humaines, les séismes se rangent en tête des catastrophes strictement
naturelles. Ils figurent également parmi les désastres susceptibles de provoquer la plus forte mortalité
humaine. Le séisme le plus meurtrier que le monde ait connu est celui du Shansi, en Chine, ayant
provoqué la mort d'environ 830 000 personnes en 1556. Au cours du dernier millénaire, plusieurs
séismes ont aussi fait plus de 100 000 victimes, voire des centaines de milliers de morts (voir tableau
ci-dessous, de Ramade, 2006).

20
Cependant, en termes de nombre de personnes affectées, les séismes se calassent loin derrière les
autres types de catastrophes naturelles. Cela vient de ce que l'incidence des tremblements de terre
majeurs est relativement faible comparée à celles des autres causes de désastres. Par exemple, au
cours des dernières décennies il a été observé qu'en moyenne pour 20 personnes victimes de
sécheresses, 15 ont été victimes d'inondations contre seulement une personne victime d'un
tremblement de terre. De plus, de 1990 à 1999, il n'y a eu que 18 séismes sur 130 désastres majeurs
survenus (Ramade, 2006).

2.2.1.3- Le volcanisme et ses conséquences

Au cours des quatre derniers siècles, l'éruption de cinq volcans a provoqué la mort de 310 000
personnes, dont 220 000 depuis 1783 (Tanguy J.C. et al, 1998 cités par Ramade, 2006). Mais comparé
aux 300 000 victimes du raz-de-marée qui a dévasté le Bangladesh en 1970, l'impact humain des
volcans paraît insignifiant par rapport à ce que les autres catastrophes naturelles occasionnent.

Quelque 530 à 550 volcans sont considérés comme actifs dans le monde, dont 420 s'égrènent le long
d'une chaîne qui traverse le Japon, les Philippines, l'Indonésie, la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-

21
Zélande. L'Archipel indonésien renferme 75 volcans actifs sur plus de 200. Mais de tous les volcans
actifs, moins d'une trentaine d'éruptions par an est véritablement dangereuse.

Carte de l'archipel indonésien comptant plus de 17.000 îles. Le nom des îles visitées ainsi que la localisation des
volcans actifs (triangles rouges) sont indiqués. 75-76 volcans sont considérés comme actifs (c'est-à-dire ayant connu une
activité au cours des temps historiques).

a- Les grandes catastrophes volcaniques et leurs conséquences

On distingue deux grands types de volcans. Les "rouges" dont les laves émises à haute température
sont fluides donnant des coulées extrêmement spectaculaires. Ils sont quasi inoffensifs car ne donnent
jamais lieu à des explosions catastrophiques.

Les volcans "gris" sont très dangereux. Leurs éruptions les plus dangereuses se caractérisent par la
formation de nuées ardentes faites d'un mélange de gaz et de poussières porté à des températures de
plus de 500 degrés qui sont projetées sur les flancs du volcan par son explosion, dévalant ses pentes
à des vitesses de 100 à 400 km/h.

22
Par exemple, lors de l'éruption de la Montagne Pelée en 1902, une nuée ardente (Nuage brûlant de
gaz à haute pression qui s'échappe brusquement d'un volcan) fit périr les 28 000 hbts de Saint-Pierre
de la Martinique et détruisit totalement la ville pourtant située à une dizaine de km du volcan. En l'an
79, des nuées ardentes furent également la cause de la mort de la plupart des victimes de l'éruption
du Vésuve qui détruisit les villes de Pompéi, Herculanum et Stabia (Ramade, 2006).

Les catastrophes volcaniques ont dans l'histoire contribué au déclin de certains peuples ou l'ont
provoqué. Ce fut le cas du volcan de l'île de Santorindans la mer Égée, dont les éruptions ont atteint
leur paroxysme lors de son explosion entre 1650 et 1598 avant J.C. Akrotiri, la capitale de Santorin,
fut ensevelie sous une dizaine de m de matériaux. Les agglomérations crétoises situées pour la plupart
sur la côte nord de l'île furent également dévastées par cette éruption (Hagg R., 1986, cité par Ramade,
2006).

On présume que cette catastrophe volcanique contribua à la disparition de la civilisation minoenne


(une civilisation qui s'est développée sur l'île de Crète au sud de la Grèce de 2700 à 1200 av. J.-C.;
elle tire sa dénomination du nom du roi légendaire Minos) qui florissait alors en Crête et sur d'autres
îles de la Méditerranée orientale dont Santorin.

b- Exemples de volcans catastrophiques : le Krakatoa et le Tambora

Les éruptions de ces deux volcans indonésiens, le Tambora et le Krakatoa, situés dans l'Archipel de
la Sonde, sont les plus meurtrières de l'histoire humaine.

b.1- L'éruption du Tambora

Le Tambora est situé sur l'île de Sumbawa, en Indonésie. Son explosion a eu lieu le 11 avril 1815 et
fit plus de 80 000 morts dont beaucoup périrent englouties par un énorme tsunami provoqué par le
déversement soudain dans la mer d'un volume colossal de laves et autres matériaux pyroclastiques.
D'après Stothers R.B., (1984), ce tsunami submergea les rivages de nombreuses cités littorales,
parfois situées à des distances considérables (par exemple la ville de Basuki à plus de 500 km et celles
du littoral sud d'Amboine et de Ceram à plus de 1 600 km).

L'intensité de l'éruption du Tambora fut si forte que la quantité des matériaux rejetés a donné des
dépôts superficiels jusqu'à 1 300 km de la caldera (une caldera ou caldeira est un cratère volcanique
géant pouvant mesurer plusieurs kilomètres de diamètre) de ce volcan.

23
Le volume total de matériaux volcaniques introduits dans l'atmosphère par cette éruption fut
considérable, soit 150 km3 de cendres et autres, auxquels il faut ajouter le volume de roches
pulvérisées par l'explosion. Le flot de laves qui s'épancha du volcan fut évalué à 25 km3.

Les masses considérables de particules insédimentables (se dit d'une particule incapable de se
déposer sous l'effet de la gravitation) introduites dans la stratosphère atteignirent l'Europe de l'Ouest
en trois mois. Cela va conférer à la lumière solaire une teinte cendrée. La diminution de transparence
atmosphérique due à cette éruption va se sentir jusqu'en 1817 en Europe.

Par ses conséquences, c'est le plus grand cataclysme volcanique des 10 000 dernières années.
b.2- L'éruption du Krakatoa
C'est la deuxième grande éruption volcanique du 19 è siècle. Elle eut lieu en 1883dans le détroit de
la Sonde en Indonésie, entre Sumatra et Java.et est la plus connue. Son explosion demeure "le plus
grand bruit jamais entendu sur terre", car la détonation fut perceptible à plus de 5000 km, dans l'Océan
indien.

Le volcan du Krakatoa a produit le bruit le plus fort de toute l’Histoire ?


De mémoire d’homme, on n’avait jamais entendu un bruit aussi puissant. Il
est survenu en Indonésie au cours du XIXème siècle, en 1883. Il est provenu
de l’éruption du célèbre volcan du Krakatoa. Un bruit effroyable perçu
jusqu’en Australie, et ayant provoqué des nuages noctulescents visibles sur
plusieurs continents.
L'ébranlement du sol fut tel que des témoins vivant à 200 km du détroit de la Sonde l'avaient assimilé
à un séisme. L'effondrement de la caldera consécutif à l'explosion créa un immense fossé sous-marin
de 6 km de diamètre (Camus G. et al., 1983).

24
Cette explosion provoqua un immense tsunami dont les vagues atteignirent localement 36 m de haut
et se propagea dans l'Océan à une vitesse de 800 km/h. Ce raz-de-marée détruisit 297 villages côtiers
et fut à l'origine de la plupart des 40 000 victimes de la catastrophe. En effet, la nuée ardente qui
précéda l'explosion et l'effondrement du volcan avait tué des centaines de personnes brulées vives sur
la côte de Sumatra en des points pourtant situés jusqu'à 40 km du Krakatoa.

Bien que de magnitude (amplitude) inférieure à celle du Tambora, l'explosion du Krakatoa provoqua
des retombées d'ignimbrites (une ignimbrite est une roche formée de débris de lave acide issus d'une
nuée ardente et soudés avant leur refroidissement, mélangés à une matrice vitreuse) sur une surface
excédent 800 000 km2. On estime la masse totale de matériaux pyroclastiques rejetés dans
l'atmosphère à plus de 10 milliards de tonnes. Cette grande quantité de poussières volcaniques
plongea les zones situées à 200 km du volcan dans une obscurité totale pendant 22 h consécutives et
les zones à 80 km pendant 57 h. (Ramade, 2006).

c- Des éruptions volcaniques aux conséquences considérables

Les matériaux éjectés, propulsés, précipités sous forme de pluie ou exsudés (les laves qui sortent des
cratères et coulent) et la menace d'éruption elle-même constituent les dangers inhérents aux volcans.
Ces phénomènes surviennent sans prévenir, recouvrant villes et villages environnants de fragments
rocheux, de cendres et de laves. Ainsi, les effets sur les populations des nuées ardentes et
l'ensevelissement lors des éruptions majeures des habitations et des terres cultivées sous des
épaisseurs énormes de matériaux pyroclastiques figurent parmi les impacts physiques les plus
évidents des explosions volcaniques.

Une autre conséquence tient en la formation d'immenses coulées de boue très fluides résultant de la
fonte subite des neiges et des glaciers qui recouvrent les pentes de ces volcans par suite du
dégagement de chaleur dû à la remontée des magmas (laves). Dénommés Lahars dans les Andes, ces
coulées envahissent les vallées et peuvent provoquer des dommages parmi leurs habitants, comme ce
fut le cas en 1985 lors de l'éruption du Nevado del Ruiz en Colombie, faisant plus de 25 000 victimes.

De plus, de nombreuses populations cultivent les sols d'origine volcanique riches en phosphates, en
sels de potassium et autres nutriments libérés par la décomposition des roches pyroclastiques c'est-à-
dire constituées à partir de projections volcaniques. C'est ce qui explique que sous les tropiques, de
fortes densités de populations rurales vivent au voisinage de volcans actifs et même sur leurs flancs
comme en Indonésie, aux Philippines, en Amérique centrale, etc. D'où les risques considérables
auxquels ces populations sont exposées.

25
C'est au plan écologique que l'importance du volcanisme est considérable. En effet, parce qu'il fait
partie des processus écologiques fondamentaux qui participent au fonctionnement de la biosphère, il
contrôle dans beaucoup de régions du monde l'activité d'importantes populations humaines (impact
sur les ressources naturelles, etc.).

Le volcanisme interfère naturellement avec de nombreux cycles biogéochimiques (recyclage par les
micro-organismes des éléments chimiques, qui seront utilisés par d'autres organismes), en particulier
avec ceux du soufre et du phosphore (Voir Ramade, 2003). A l'occasion des épisodes paroxystiques
il agit sur le climat global en diminuant la transparence atmosphérique et en injectant des particules
et des gaz à haute altitude. Ces effets sur le climat peuvent aller du niveau local jusqu'à celui de la
biosphère toute entière. Par exemple, les grandes explosions volcaniques 19ème siècle ont provoqué
un refroidissement général du climat estimé à 0,5-0,6°C par le Krakatoa en 1883 et à 0,8-1,2°C par
le Tambora en 1815. L'explosion du Tambora qui injecta dans l'atmosphère plus de 100 milliards de
tonnes de matériaux volcaniques dont plus de 300 millions de tonnes dans la stratosphère fut la cause
de l' "année sans été" en 1816 qui s'étendit sur la côte est des USA où il neigea en juin et sur l'Europe,
avec un froid anormal en été (Ramade, 2006).

En ce qui concerne le Pinatubo (aux Philippines) en 1991, l'impact climatique de cette explosion se
traduisit par des hivers plus rigoureux, aux moyennes latitudes de l'hémisphère Nord, avec des chutes
de neiges précoces, pendant plusieurs années consécutives (Ramade, 2006).

2.2.1.3- Les raz-de-marée

a- Définition, causes et manifestations

Phénomène fréquent dans le pacifique septentrional, le terme de tsunami vient du Japonais (Tsu, port
; nami, vague), pays le plus exposé à ce risque. Il est défini comme une "onde longue produite par
des tremblements de terre ou des éruptions volcaniques sous-marines" (Pech et al., 1998).

Pour Brunet et al. (2001), il s’agit d’un "déferlement massif des eaux de mer sur le continent, à la
suite d’une brusque modification des fonds océaniques proches (mouvement sismique, glissement,
effondrement) ; l’onde a généralement plusieurs crêtes, se déplace très vite et peut aller à des
centaines de km".

Ramade (2006) ne dit pas le contraire quant aux causes : séisme ou éruption volcanique sous-marine,
ou encore glissement de terrain massif survenant sur les flancs d’un canyon sous-marin. Les tsunamis
sont donc provoqués par des phénomènes géodynamiques qui affectent les fonds sous-marins en

26
engendrant une immense vague déferlante. Ils prennent alors naissance dans les zones de subduction
des plaques, là où se produisent d'importants déplacements verticaux au niveau des failles actives. Il
ajoute à ces causes les plus couramment évoquées, le passage d'une tempête d'intensité exceptionnelle
: ouragan dans les régions tempérées ou cyclone en zone tropicale, entraînant une montée des eaux
qui engloutit les zones littorales affectées.

À propos de ces dimensions gigantesques, le tsunami se manifeste de la manière suivante: le


déplacement des eaux océaniques profondes génère une vague déplaçant un volume d’eau colossal ;
cette vague se caractérise par une grande longueur d’onde (elle peut être 1000 fois supérieure à sa
hauteur) tant qu'elle se propage dans le domaine pélagique ; à l’approche de la côte, elle entre en
résonance avec le fond, prenant une hauteur monstrueuse et détruisant de vastes zones de rivages
affectés par son déferlement ; sur les côtes plates, la vague déferlante, en général de 1,5 à 3 m de haut
pour les tsunamis les plus courants, peut atteindre des hauteurs monstrueuses ; à l’occasion des
catastrophes exceptionnelles, la hauteur de la vague peut approcher 40 m, voire au-delà de la centaine
; certains tsunamis générés par des catastrophes géophysiques exceptionnelles peuvent être
perceptibles à plus de 10 000 km de l’épicentre. Par exemple, en 1960, un tremblement de terre au
large du Chili engendra un tsunami gigantesque qui mit 24 h pour traverser le Pacifique et atteindre
les côtes du Japon où il provoqua des dégâts considérables.

b- Répartition géographique des tsunamis

Les tsunamis sont plus fréquents sur les rives occidentales de l'archipel nippon, mais plus
généralement sur les rives du Pacifique correspondant aux zones de forte séismicité de "sa ceinture
de feu", c'est-à-dire les îles Aléoutiennes, la côte ouest de l'Amérique du Nord et du Sud, la Nouvelle-
Zélande, Tonga, Samoa, Fidji, les îles Salomon, la Nouvelle-Guinée, les Célèbes, les Philippines, les
îles Mariannes, le Japon et la Péninsule du Kamchatka (au nord du Japon). On y a dénombré quelques
796 tsunamis durant le 20ème siècle dont 150 ont affecté le Japon, soit en moyenne trois tsunamis tous
les deux ans dont certains ont été très catastrophiques (Ramade, 2006). Le tsunami est donc le danger
propre aux villes des littoraux du Pacifique, ce qui fut le cas dans les villes chiliennes en 1896, faisant
26 000 victimes. En 1960, un séisme dont l'épicentre était au Chili a déclenché un tsunami, 24 h plus
tard, il atteint les côtes japonaises y détruisant 1570 bâtiments (Dubois-Maury J. et Chaline C., 2004).

Outre la région de l'Océan Pacifique, des tsunamis importants surviennent ailleurs, notamment dans
la mer des Caraïbes, la Méditerranée et l'Océan Indien.

27
L'étendue de la zone vulnérable aux tsunamis, à l'intérieur des terres, dépend du relief de la côte. Sur
le pourtour de l'Océan Pacifique, celle-ci est en moyenne de l'ordre du kilomètre à cause du relief
accentué du littoral et de la quasi-absence de zones deltaïques, voire d'importantes plaines côtières
dans cette région. C'est pourquoi, les tsunamis les plus meurtriers ont toujours été observés non pas
sur les rives du Pacifique, mais sur celles de la zone septentrionale de l'Océan Indien où de
nombreuses côtes sont plates depuis l'Indonésie jusqu'aux rivages du Golfe du Bengale.

c- Importance des pertes en vies humaines et des dommages causés par les tsunamis

Ils provoquent de graves inondations le long des côtes et de graves dégâts dans les villes et les villages
jusque très loin dans les terres.

À un moment où les rivages affectés étaient beaucoup moins peuplés qu'à l'heure actuelle, des
tsunamis catastrophiques sont survenus occasionnant d'importantes pertes en vies humaines et
matérielles.

Ce fut le cas d'une vague sismique très destructrice qui a envahi Awa, au Japon, en 1703, tuant plus
de 100 000 personnes. De même, dans l'océan Indien, un tsunami colossal affecta en 1876 le Golfe
du Bengale en submergeant le delta du Gange. Son impact humain fut plus de 200 000 morts.

En novembre 1970, un cyclone d'une puissance exceptionnelle engendra un raz-de-marée tellement


violent qu'il entraîna la mort de plus de 300 000 personnes au Bengladesh.

Dans les années 1990, sur 84 tsunamis observés, une dizaine d'événements désastreux ont causé la
mort de plus de 4000 personnes. Le plus violent est survenu sur l'île d'Okushiri au Japon, en juillet
1993, avec une vague de 31 m de haut. Il a fait 239 morts, un bilan qui aurait été plus lourd n'eut été
le système d'alerte dont bénéficie le pays. Sinon le tsunami de Flores de décembre 1992, dont la vague
la plus élevée n'était que de 26 m de haut a entraîné plus de 1000 décès. Celui de Sissano en Nouvelle-
Guinée survenu en juillet 1998, avec une vague supérieure à 15 m de haut fit plus de 2000 victimes
sur une côte pourtant peu habitée.

d- Un exemple de tsunami catastrophique : le tsunami du 26 décembre 2004

Ce tsunami colossal par le volume d'eaux marines mis en mouvement a été déclenché par un séisme
sous-marin de magnitude 9,3 sur l'échelle de Richter, l'un des plus intenses jamais mesuré. Ce séisme
qui se classe au 3e rang en intensité des séismes survenus au cours du 20e siècle, s'est produit à l'ouest

28
de Sumatra où il a été provoqué par une rupture au niveau de la grande faille de Sumatra, située elle-
même sur la zone de subduction des plaques indo-australiennes qui s'enfoncent sous la plaque
eurasienne à raison de 5 à 6 cm par an. Il a ainsi provoqué un tsunami colossal, avec des vagues de 5
à 10 m de haut, voire 12 à 15 et plus sur des côtes au relief tourmenté.

La vague de ce tsunami qui a affecté une dizaine de pays riverains de l'Océan Indien s'est déplacée à
une vitesse d'environ 700 km/h et occasionné la mort de 200 personnes sur les côtes somaliennes à 5
500 km plus loin. Dans l'ensemble, y compris les disparus, les victimes ont été évaluées à 230 000
dont plus de 160 000 à Sumatra. À la fin de 2005, on pouvait toujours compter plus de 4 millions de
réfugiés, et les dommages matériels correspondant à la destruction des biens des particuliers et des
bâtiments collectifs ont été estimés à environ 10 milliards d'euros.

Selon François Ramade (2006), les conséquences humaines de ce tsunami ont été accrues par le fait
que les populations misérables des pays concernés révèlent une tendance de plus en plus marquée à
s'agglomérer sur le littoral où les ressources naturelles sont plus abondantes. Cela implique que
l'explosion démographique et le sous-développement qui lui est associé figurent parmi les facteurs
qui amplifient l'impact des tsunamis.

2.2.2- Les risques et catastrophes météorologiques

Ce sont les risques liés à l'état du temps. Selon les auteurs, les phénomènes météorologiques
renferment les ouragans/typhon, les inondations, les tempêtes, les vagues de froid et de chaleur et les
sécheresses (Bulletin de OMM, vol. 47; 1998) ou les cyclones et les inondations (Ramade F., 2006).
André Dauphiné (2001) parle de risques atmosphériques renfermant les cyclones, tornades et
inondations. Au contraire des risques géophysiques, ceux d'origine météorologique frappent de façon
plus répétitive et les dommages provoqués au cours de ces dernières décennies ont connu une
augmentation inquiétante.

2.2.2.1- Les cyclones et ouragans tempérés

a- Définition et nature d'un phénomène

Ce type de désastres naturels est constitué par les cyclones tropicaux, les violentes tempêtes ou
ouragans qui affectent des régions tempérées et les tornades. Par-delà une terminologie différenciée
qui distingue typhons, hurricanes, tornades, cyclones, à l'impact des vents s'ajoutent souvent des
pluies torrentielles.
29
Cyclone : "Centre de basses pressions très creusées, à très forte et très rapide rotation de l'air et
forte capacité de destruction, le centre du tourbillon a un air calme (œil du cyclone). Il affecte surtout
les océans tropicaux, leurs côtes et leurs îles" (Brunet R. et al., 2001).

Ouragan : "Forte tempête à vents tourbillonnants, se déplaçant sur une longue distance selon une
trajectoire courbe, des basses latitudes vers les latitudes moyennes; fréquent et dangereux sur les
Caraïbes et les côtes orientales des USA, et celles d'Asie orientale" (Brunet et al., 2001). En anglais,
il prend le nom d'hurricane.

Tornades : Le mot tornade vient de 2 termes espagnols: "tronada" = orage et "tornar" = tourner.
C'est le phénomène météorologique le plus violent, destructeur et sournois qui existe. C'est une
tempête de petite dimension concentrant en peu d'espace énormément d'énergie. Elle détruit tout sur
son passage. La ligne de démarcation entre la zone presque entièrement dévastée et la zone voisine,
légèrement touchée, est très nette. La soudaineté, sa brève durée et le sentiment de complète
impuissance devant cette force impitoyable en font une véritable ennemie. Comparativement à un
ouragan, la tornade agit sur une échelle beaucoup plus petite et dure beaucoup moins longtemps.
Elle est toujours accompagnée d'un orage violent, précédée de pluie (pouvant aller jusqu'à 70 mm
soudainement) et souvent de grêle et ordinairement suivie de fortes averses. Sur la mer, la tornade
s'appelle trombe d'eau ou trombe marine. Elle est plus fréquente mais souvent moins violente que la
tornade, car les vents dépassent rarement 80 km/h. Elle est de couleur blanche plutôt que grise ou
noire. Elle aspire l'eau dans son entonnoir. (Les tornades : les furies du ciel)

Typhon : "Grec : ouragan; tourbillon atmosphérique puissant et violent, dévastateur, dont on observe
les trajectoires" (Brunet R. et al, 2001).

Tempête : "La tempête est une agitation ou une violente perturbation de l’atmosphère, avec des vents
supérieurs à 90 km/h" (Pech et al., 1998 ; Brunet et al., 2001). "Une tempête tropicale est une
perturbation tourbillonnaire dont les vents souffrent à des vitesses comprises entre 63 km/h et 119
km/h ; au-delà, elle est appelée cyclone" (Pech et al., 1998).

Tous ces noms désignent le même phénomène météorologique dans diverses parties du monde.Il
s'agit de systèmes météorologiques caractérisés par des vents d'une violence exceptionnelle qui
circulent autour d'une zone de basse pression, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre dans
l'hémisphère nord et dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère sud. Ils se forment à

30
l'occasion de perturbations atmosphériques exceptionnelles qui creusent des dépressions pouvant
tomber en dessous de 880 hPs (hectopascals) dans les cas extrêmes.

La pression atmosphérique correspond au poids de l'air par unité de surface. Elle s'exprime en
hectopascals (avant en millibars). Les hautes pressions vont avec un air subsident (beau temps en
principe); les basses pressions avec de l'air ascendant et turbulent (donc des chances de mauvais
temps) (Brunet R. et al.; 2001). La dépression est une zone de basses pressions atmosphériques
relatives. On observe des dépressions peu mobiles et de dépressions mobiles, qui se forment, se
déplacent et disparaissent en quelques jours (Brunet R. et al. ; 2001).
En météorologie, le terme de cyclone au sens strict est réservé aux systèmes de circulation
atmosphérique dont la dimension est de l'ordre de la centaine ou de quelques centaines de km pour
les cyclones tropicaux et du millier de km ou plus pour les cyclones extratropicaux (Ramade F., 2006).

Les cyclones tropicaux se caractérisent par une gigantesque dépression qui prend naissance au-dessus
des mers tropicales où la vapeur d'eau se forme en abondance. En raison des vents extrêmement
violents qu'ils engendrent, les cyclones tropicaux provoquent des destructions énormes sur leur
passage.

b- Intensité des cyclones

Dans la typologie des vents, on parle de tempête, lorsque la vitesse du vent se situe entre 89 et 102
km/h et de violente tempête pour un vent ayant une vitesse de 103 à 117 km/h. Au-delà commencent
les cyclones dont l'intensité est mesurée par l'échelle de Saffir-Simpson. Celle-ci distingue cinq
catégories de cyclones (tableau suivant, in Ramade 2006).

31
ÉCHELLE DE MESURE DE L’INTENSITÉ DES CYCLONES DE SAFFIR-SIMPSON.

Pression atmosphé Vitesse des vent Levée de la mer


rique* s
Catégorie (en mètres) Dommages observés
(en HPa) (en km/h)

1 ≥ 980 119-153 1,5 Dommages aux arbres,


aux pépinières et aux caravanes
non fixées
Dommages aux toits des immeubles,
2 965-979 154-177 2-2,5 aux caravanes, arbres déracinés

Destruction des caravanes, arrachages


3 945-964 178-209 2,5-4 de grands arbres
Inondation des étages inférieurs
4 920-944 210-249 4-5,5 des immeubles et autres structures
près de la mer
Dommages importants aux habitations
et aux locaux industriels, inondation
5 < 920 ˃ 250** 5,5 des bâtiments à 500 m du rivage
et à moins de 4 m de haut.

* Mesure dans l'"œil" du cyclone


** Des vitesses ≥ 320 km/h ont été observées lors de cyclones de catégorie 5.

Au regard de l'importance des dégâts économiques, on observe que le cyclone devient intense et
commence à être véritablement dangereux à partir de la catégorie 3, avec des vitesses de vents
supérieures à 180 km/h. 7200

c- La violence des vents et les dommages provoqués

Les ouragans tempérés et les cyclones tropicaux provoquent deux sortes de dommages. Les premiers,
plus spécifiques, sont liés aux vents violents et concernent les dommages causés aux habitats naturels
et aux biens matériels des personnes exposées. Les seconds relèvent des raz-de-marée ou des
inondations des zones littorales provoqués par la dépression atmosphérique ou par les vents violents
soufflant vers les côtes qui génèrent une élévation du niveau de la mer avec d'énormes vagues
déferlantes.

Les dommages et les victimes occasionnés par les ouragans sont dus aux vents extrêmes qui les
caractérisent. En effet, la surpression qu'ils exercent sur les structures bâties provoque l'arrachage des
32
toits, la rupture de fenêtres et de baies vitrées, l'écroulement de maisons individuelles construites en
bois ou en matériaux légers et l'effondrement de ponts et autres ouvrages d'art soumis à des contraintes
latérales excessives.

Par exemple, les ouragans Lothar et Martin (26 et 27 décembre 1999), avec des vitesses maximales
supérieures à 140 km/h enregistrées partout en France, affectèrent l'un et l'autre la France sur une
bande de 400 km de largeur et causèrent des dommages considérables aux forêts en Allemagne. Si le
bilan humain a été faible : mort d'environ 100 personnes et quelques centaines de blessés en France,
eu égard à leurs dimensions catastrophiques, les dégâts économiques aux immeubles et aux forêts
furent considérables. Les dommages furent estimés à 7 milliards d'euros pour la France, en grande
majorité pour la réparation des dégâts causés aux habitations et bâtiments des collectivités.

Lors du passage des cyclones tropicaux, les vents peuvent avoir des vitesses plus considérables,
excédant 300 km/h et atteignant, dans les cas extrêmes, 350 km/h. Ils peuvent exercer leurs ravages
bien au-delà des tropiques, notamment dans le Sud-Est des USA à la fois sur les côtes riveraines du
Golfe du Mexique et sur les rives de l'Atlantique où ils affectent parfois des zones allant au-delà de
la Caroline du Nord, voire au-delà de 35° de latitude Nord.

Depuis le cyclone tropical Camilla qui dévasta les côtes du Mississipi en 1970, occasionnant 1,5
milliard de dollars de dommages et 250 victimes, malgré l'alerte précoce, une série de cyclones dont
les dommages sont allés en s'accroissant affectent régulièrement ces régions des USA depuis plus de
trois décennies. Les dommages engendrés par le cyclone Katrina qui a ravagé le sud des USA, en
particulier la Louisiane et le Mississipi le 27/08/2005 sont considérés comme les plus coûteux (coût
total des dommages estimé à 164 milliards de dollars).

En 2012, le cyclone Sandy qui a affecté les USA a commencé le 22 octobre 2012 par la
formation d'une dépression tropicale (1003 hPa) au sud-ouest de la mer des Caraïbes, générant des
vents modestes de maximum 45 km/h. Le 23 octobre, cette dépression tropicale évolue en une tempête
tropicale nommée Sandy par les météorologues américains. Cette tempête se creuse (997 hPa) et les
vents atteignent 75 km/h. Dès le 24 octobre, alors que la tempête ne se situe qu'à seulement 155 km
au sud de Kingston (Jamaïque), celle-ci se renforce avec des vents qui dépassent maintenant les 110
km/h : Sandy est devenue un ouragan et fait ses premières victimes dans les Caraïbes (52 morts à
Haïti, 11 à Cuba, une en Jamaïque, deux dans les Bahamas, deux en République dominicaine et une
à Porto-Rico et des centaines de milliers de sinistrés).

33
Dans la nuit du 29 au 30 octobre, l'ouragan Sandy frappe les côtes américaines. Classé en
catégorie 1 au moment de son impact dans la région d'Atlantic City (Maryland), il s'est accompagné
de rafales mesurées jusqu'à 151 km/h et d'une dépression de 940 hPa. La houle cyclonique a
également dépassé les 5 à 7 m sur le littoral, engendrant une surcote remarquable. Les dégâts sont
importants et 121 morts sont à déplorer dont 43 pour la ville de New-York. Tous les quartiers sud de
Manhattan se retrouvent sous les eaux, de même que certaines parties de Brooklyn et, pour la première
fois, en 108 ans d'existence, le métro new-yorkais est en partie inondé. Plus de 305 000 habitations
ont été endommagées ou détruites dans le seul Etat de New York. Des millions de foyers (plus de 8,6
millions de personnes dans les Etats touchés) ont été privés d'électricité ; il s'est produit une pénurie
d'essence(au 4 novembre 2012, 38 % des stations essence dans la ville de New York et 80 % dans le
New Jersey n'étaient toujours pas réapprovisionnés) ; fermeture de la Bourse de New York le mardi
30 octobre pour le deuxième jour consécutif ;etc. Evalué à plus de 80 milliards de $, Sandy vient en
seconde position des cyclones les plus coûteux de l'histoire des Etats-Unis :

1. Katrina (2005) : coût total évalué à 164 milliards de dollars, dont 76 milliards de dollars de
dommages assurés
2. Sandy (2012) : plus de 80 milliards de dollars
3. Andrew (1992) : 43,3 milliards de dollars
4. Ike (2008) : 42,6 milliards de dollars
5. Ivan (2004) : 26,7 milliards de dollars
6. Wilma (2005) : 23,4 milliards de dollars
7. Charley: 19,4 milliards de dollars
8. Rita (2005) : 17,6 milliards de dollars
9. Hugo (1989) 16,6 milliards de dollars
10. Frances (2004): 12,1 milliards de dollars
11. Irène (2011) : 10 milliards de dollars

Lors des catastrophes cycloniques, aux dommages directs dus à l'impact des vents violents s'ajoutent
ceux provoqués par les eaux qui sont responsables de la plupart des pertes en vies humaines causés
par le passage des cyclones. Elles résultent soit de la submersion des zones littorales due à la montée
des eaux ou aux raz-de-marée générés par ces cyclones, soit des inondations provoquées par les fortes
pluies liées aux phénomènes cycloniques.

Par exemple, la plupart des victimes du cyclone Katrina, à la Nouvelle Orléans, sont mortes à la suite
des graves inondations provoquées par les pluies qui l’ont accompagné, aggravées par la rupture des
digues du lac Pontchartrain.
34
Les cyclones tropicaux provoquent plus de dégâts dans les zones agricoles. Par exemple en 1979, le
cyclone Allen a détruit la quasi-totalité des plantations de bananiers des îles Sainte Lucie et Saint
Vincent et les 3/4 de celles de Dominique et de Martinique (archipel des Petites Antilles). En 1989,
le cyclone Hugo a fait de même pour les plantations de bananiers de la Guadeloupe. En octobre 2005,
le cyclone Stan, a ravagé la totalité des cultures de maïs du Guatemala faisant planer le risque de
disette sur les populations rurales misérables.

A l’instar des autres catastrophes naturelles, le sous-développement accroît beaucoup la vulnérabilité


des populations aux cyclones. Par exemple, en 1974, alors que l’ouragan Fifi provoqua la mort de
6000 personnes aux Honduras, le cyclone Tracy, d’intensité comparable, affecta Darwin dans le nord
de l’Australie en n’occasionnant que 49 victimes. C’est le même constat en septembre 2004, avec le
cyclone Jeanne qui ravagea l’île d’Hispaniola, faisant plus de 2000 morts à Haïti, pays fortement
sous-développé contre seulement 24 en République dominicaine qui occupe la partie est de la même
île, mais plus développée que sa voisine.

Un des aspects les plus inquiétants concerne la considérable augmentation de l’intensité et de la


fréquence des cyclones depuis l’an 2000. Par exemple en 2005, on a dénombré quelques 26 tempêtes
tropicales dont 13 cyclones, en particulier dans le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes. Sept de
ces cyclones ont atteint et même dépassé le niveau 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson, dont trois :
Katrina, Wilma et Rita, classés en catégorie 5, figurent parmi les plus violents.

2.2.2.2- Les inondations

a)- Définition et caractères des inondations

L’inondation se définit comme "le débordement des eaux d’un cours d’eau sur leterritoire du lit
majeur ou qui sortent de leur lit" (Cabanne et al., 1992 ; Brunet et al., 2001). Elle consiste
généralement en "un débordement de cours d’eau à la suite d’une crue provoquée par des pluies
exceptionnelles" (Tronchon, 1991). Mais, de façon plus précise et plus complète, "une inondation est
une submersion plus ou moins rapide d’une zone, avec des hauteurs d’eau variables ; elle est due à
une augmentation du débit d’un cours d’eau ou à une concentration des ruissellements provoqués par
des pluies importantes en durée et en intensité" (Préfecture d’Hérault, 1996). Elle peut se manifester
de plusieurs manières, entre autres par :

35
- un débordement de cours d’eau ; une remontée de nappe phréatique ; une stagnationdes eaux
pluviales ; une rupture ou une submersion d’ouvrages de protection ;
- des crues torrentielles, c’est-à-dire des augmentations importantes du débit des cours d’eau
entraînant des débordements ;
- un ruissellement en secteur urbain ;
- une brusque élévation du niveau de la mer (tsunami, surcote) liée à une onde de tempête ou raz-de-
marée.

En outre, l’ampleur de l’inondation est fonction de :


- l’intensité et de la durée des précipitations ; ce sont les pluies abondantes et durables qui provoquent
des inondations ;
- la forme, la surface et la pente du bassin-versant ;
- la couverture végétale et la capacité d’absorption du sol, elle-même liée à l’état de saturation par les
pluies antérieures ;
- la présence d’obstacles à la circulation des eaux.

b)- Causes des inondations

Les inondations sont provoquées en premier lieu par le débordement des cours d’eau lors des crues.
Elles peuvent aussi découler de grandes marées ou de conditions météorologiques qui élèvent le
niveau de la mer. Enfin, dans de rares occasions, elles peuvent être provoquées par la rupture d’un
barrage ou le débordement de sa retenue.

Elles proviennent essentiellement d’une cause naturelle liée aux fortes pluies qui saturent les
possibilités d’infiltration du bassin-versant.

Dans les conditions normales, les fleuves en crue occupent leur lit majeur creusé dans la plaine
d’inondation. Dans de nombreux pays, les dommages qui en découlent tiennent au fait que des
constructions ont été autorisées dans le lit majeur.

➢ Le rôle des facteurs climatiques

Parmi les divers processus qui régissent les climats à l’échelle globale, le phénomène d’El Niño (A l’
origine, El Niño, est un courant marin chaud qui réchauffe les eaux du littoral du Chili et du Pérou.
Les eaux froides (de 18 à 20°C) sont remplacées par des eaux beaucoup plus chaudes de 26°C environ.
Ce réchauffement des eaux tue dans un premier temps, tous les poissons, ce qui entraine de

36
nombreuses famines dans les pays littoraux vivant essentiellement de la pêche; Puis dans un second
temps, le phénomène est la cause d'un bouleversement climatique entraînant une grande sécheresse
dans le nord de l'Amérique du Sud et en particulier au Brésil. Parallèlement à cette sécheresse, des
pluies diluviennes s'abattent sur la côte ouest d'Amérique du sud) est souvent associé à des
inondations catastrophiques qui affectent de façon simultanée et périodique de vastes régions sur
divers continents. De nombreuses recherches ont mis en évidence que ce phénomène dit de l’ENSO
(El Niño Southern Oscilation) présente un impact sur le climat global et qu’il est associé à des
épisodes de pluies diluviennes dans diverses régions tropicales et subtropicales. C’est l’exemple d’El
Niño désastreux de 1998 en particulier en Chine, aux Indes (Inde, Pakistan, Bengladesh) et en
Amérique du Nord.

De même le phénomène de l’oscillation Nord Atlantique, marqué par des variations de températures
superficielles des eaux de la partie boréale de cet océan, est également la cause de précipitations ou
de sécheresses anormales qui affectent la côte Est de l’Amérique du Nord, l’Afrique septentrionale
et l’Europe.

➢ Le rôle des aménagements fluviaux dans l’occurrence des inondations

Quoique que phénomène naturel, les inondations désastreuses qui se sont multipliées dans la seconde
ème
moitié du 20 siècle ont été amplifiées par les diverses interventions humaines sur les bassins-
versants et les fleuves. En effet, l’accroissement de la fréquence des inondations est dû à la
déforestation croissante des terres en amont des bassins-versants et à l’endiguement des cours d’eau
débuté au 19 ème siècle en Europe et bien plus tôt en Chine.

Depuis la fin de la 2 ème guerre mondiale, les opérations d’aménagement des fleuves se sont fortement
accélérées, augmentant l’importance et la fréquence des inondations dans les pays développés et dans
le 1/3 monde.

Dans les zones urbanisées cet aménagement consiste à réduire la largeur des lits fluviaux, pour y
construire des bâtiments ou réaliser des infrastructures. Ce resserrement du lit accélère la vitesse de
l’écoulement et en cas de très grosses pluies favorise le débordement.

37
➢ Le rôle du déboisement dans l’accroissement de la fréquence des inondations

Le déboisement a joué un grand rôle dans l’occurrence des inondations désastreuses qui se sont
multipliées dans le monde au cours des dernières décennies, en particulier dans les régions
intertropicales et tempérées. En effet, pour des intérêts économiques à court terme, il a pour
conséquence évidente d’accélérer le ruissellement et d’intensifier les crues, plus en aval.

L’impact de la déforestation sur la récurrence des crues exceptionnelles des cours d’eau est plus
spectaculaire dans les régions intertropicales où les pluies sont souvent fortes. Ainsi aux Indes (Inde,
Pakistan et Bangladesh) où il n’existe plus de forêt à moins de 2000 m d’altitude dans l’Himalaya, ce
qui semble responsable de la répétition des catastrophes hydroclimatiques dans le delta du Gange, on
a compté 5,2 millions de personnes victimes des inondations entre 1960 et 1970. Entre 1970 et 1980,
ce nombre s’est élevé à 15,4 millions et a atteint 20 millions entre 1980 et 1990, puis a dépassé 35
millions dans les années 1990 (Ramade, 2006).

La même situation s’observe en Amérique tropicale où dans les Andes, le déboisement a atteint des
dimensions désastreuses. Il a été la cause de très nombreuses inondations en Colombie, en Equateur,
au Pérou, en Bolivie et en Argentine, au cours des dernières années. Par exemple, en 1999, les
inondations survenues au Venezuela, dans la plaine et le piémont de la cordillère ont fait plus de 30
000 morts noyés sous les flots ou ensevelis sous des torrents de boue descendus des montagnes dont
les forêts ont été éradiquées. De même, le déboisement des bassins-versants de l’Amazonie et de ses
affluents dans ses parties vénézuéliennes, colombiennes, péruviennes et boliviennes a
considérablement augmenté les inondations.
Les désordres écologiques du cycle de l’eau provoqués par les interventions humaines néfastes sur
les biotopes terrestres proches des fleuves ont été souvent la principale cause de graves inondations
en Europe, au cours des dernières années.

Les inondations représentent donc l’une des conséquences les plus immédiates du déboisement et des
plus redoutables quant aux dommages causés aux populations qui en sont victimes.

c)- L’ampleur des inondations dans le monde

Au cours des 50 dernières années, on a constaté un accroissement spectaculaire de la fréquence et de


l’étendue des inondations à l’échelle de la planète. Elles constituent de ce fait la catégorie des

38
désastres naturels dont l’impact a connu la plus inquiétante croissance (graphique ci-dessous). En
effet, on estime que plus de 500 millions de personnes en moyenne sont affectées chaque année par
les inondations dans le monde dont 400 millions en Asie et qu’elles provoquent plus de 25 000 morts
par an. Les estimations font également état de ce qu’en 2050, quelque 2,5 milliards de personnes
seraient vulnérables à des crues catastrophiques à cause de la croissance démographique dans les
territoires inondables, des changements climatiques, de la montée du niveau des mers et de la
déforestation (Collins T., 2004).

Les inondations catastrophiques ainsi observées affectent aussi bien les pays en développement que
les pays développés d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Extrême Orient.

Par exemple, les crues du Mississippi de 1993 aux USA ont ravagé six Etats situés sur ses rives et sur
son affluent principal, le Missouri. La ville de St Louis a été la plus affectée avec quelque 28 000 km2
de plaine alluviale submergée. Celle de Valmeyer, entièrement construite en zone inondable, a été
rasée pour être reconstruite en dehors du cours majeur du fleuve.

39
Ce sont les aménagements (digues et canalisation du Mississippi) qui ont été à l’origine des
inondations catastrophiques des années 1973, 1982 et 1993, chaque amélioration des digues ayant
aggravé les conséquences des crues exceptionnelles. Ainsi, les dommages de la catastrophe de 1973
ont coûté 425 millions de dollars, ceux des inondations de 1993 ont dépassé 14 milliards de dollars.

L’Europe a été également victime de nombreuses crues catastrophiques depuis le début des années
1990. Exemples des crues du Rhône en 1993, de l’Oder en 1998 qui ont ravagé la Pologne, et l’Est
de l’Allemagne ou les crues de Bohême qui ont dévasté Prague.

Les fleuves de l’Asie des moussons restent les plus dangereux et le Bangladesh, avec ses vastes
espaces plans où peuvent se répandre les eaux du Gange et du Brahmapoutre demeure le pays le plus
vulnérable : 300 000 morts en 1970. En 1998, au Bangladesh, de monstrueuses crues du Gange et du
Brahmapoutre liées à un phénomène d’El Niño, ont recouvert d’eau tout le delta commun à ces deux
fleuves y compris la capitale Dacca située à environ 400 km de la côte. Près de la moitié de cette
agglomération urbaine a été inondée. Ces inondations ont fait 30 millions de sinistrés. Au cours des
25 dernières années, les inondations ont provoqué plus de 100 000 morts au Bengladesh (Ramade,
2006).

En Chine, les inondations ont pris des dimensions des plus préoccupantes. Par exemple, en 1998, des
pluies diluviennes liées au même phénomène d’El Niño sont tombées dans les provinces du centre du
pays. Conséquences : environ 212 000 km2 de terres cultivables furent ennoyées, 4,7 millions
d’hectares de cultures et 5,5 millions d’habitations détruites, 14 millions de personnes déplacées.

La situation est devenue plus grave en 2002 où les inondations ont affecté une surface encore plus
étendue de la Chine, avec 19 provinces sur 44 touchées : quelque 110 millions de personnes furent
affectées dont plusieurs dizaines de milliers ont péri. Devant l’ampleur de la catastrophe, la Chine a
été obligé de faire appel aux organisations internationales pour aider les sinistrés.

2.2.3- Exemple de risque et catastrophe climatique : les sécheresses

2.2.3.1- Quelques définitions

Au sens strict et physiologique, « la sécheresse est le stade ultime où les plantes, manquant d’eau, se
dessèchent et meurent. Elle est donc liée à la présence des plantes cultivées et à celles des hommes
qui en vivent, et l’on ne parle pas de sécheresse dans les régions réellement arides, où elle est

40
permanente et ne surprend personne. Elle est en revanche dramatique dans les situations de limite,
comme au Sahel, surtout si elle s’aggrave et progresse » (Brunet R. et al., 2001).

Pour François Ramade (2006) « Les sécheresses sont des anomalies météorologiques marquées par
une absence de précipitations se prolongeant pendant quelques semaines, voire plusieurs mois.
Lorsque, dans une région du monde, ces périodes deviennent récurrentes au cours des années, on
passe d’une pénurie occasionnelle des pluies à une dégradation climatique persistante qui traduit
une aridification du climat ». En d’autres termes, « une sécheresse se définit par un déficit de
précipitations exprimé en pourcentage par rapport à la moyenne annuelle du lieu considéré. Il est
généralement admis qu’une baisse de 25 à 30% des précipitations entraîne une sévère diminution
des rendements agricoles dans les pays tempérés et une récolte catastrophique dans les zones
tropicales à saison sèche prolongée».

Cependant, la définition fondée sur le déficit pluviométrique est la référence d’usage dans les travaux
consacrés aux problèmes de désertification. En effet, lorsque les phénomènes de sécheresse perdurent
et s’installent façon chronique, ils conduisent à une aridification du climat. Ainsi, à la sécheresse, qui
est une anomalie météorologique occasionnelle due à un déficit transitoire de précipitations, va
succéder l’aridification qui est une modification climatique persistante marquée par un accroissement
de la fréquence et de la durée des épisodes de sécheresse.
Le terme de désertification désigne la conséquence écologique de l’aridification. Elle se traduit par
une extension des franges des déserts au détriment des écosystèmes steppiques qui les bordent.

2.2.3.2- L’importance de la sécheresse dans le monde

A la fin du 20e siècle, on a observé une augmentation incontestable de la fréquence et de l’intensité


des sécheresses exceptionnelles. Ces épisodes ont concerné les zones tropicales et subtropicales ainsi
que des régions tempérées telles que l’Europe occidentale, la Chine du Nord et ailleurs sur les autres
continents.

Dans les années 1960, la mortalité des populations victimes de sécheresse était estimée en moyenne
à un millier par an. Elle excédait 20 000 par an dans les années 1970 et 50 000 par an dans les années
1980. Les victimes des nombreuses disettes, voire famines dues aux sécheresses peuvent avoisiner
100 000 par an depuis les années 2000.

41
En observant les principales sécheresses entre la fin des années 1960 et 2005 dans le monde, il est
remarquable de noter que la tendance à l’aridification concerne à la fois les zones tropicales et des
pays tempérés, voire du Nord (ex-URSS, Europe, Asie, USA, Australie).

Cependant, l’Afrique représente le continent le plus exposé aux phases d’aridification. Il s’agit de
sécheresses qui ont affecté d’abord les franges des déserts : zone sahélienne aux confins du Sahara et
bordures du Kalahari. Dans la même période, de nombreux autres pays dont la totalité de ceux
d’Afrique de l’Est équatoriale, l’Angola, etc. ont souffert de graves sécheresses.

a)- Les grandes sécheresses du Sahel

Par leur intensité, leur fréquence et leur durée, les sécheresses qui ont ravagé le Sahel dépassent de
loin toutes celles qui ont été observées entre 1960 et 2005 et en font la région du monde la plus
affectée par ces désastres. Depuis plusieurs années, cette région souffre en effet de déficits
pluviométriques récurrents, voire quasi permanents au cours de certaines décennies.

Le Sahel s’étend sur une longueur proche de 6000 km avec largeur moyenne de 500 km, ce qui
correspond à la zone comprise entre les isohyètes de 200 mm et 500 mm. Celle comprise entre les
isohyètes de 100 et 200 mm est la zone sahélo-saharienne qui fait la transition entre le Sahel, zone
semi-aride, et le désert.

Depuis le début du 20e siècle, le Sahel a connu trois grandes périodes de sécheresse. Celle de 1968-
1973, a provoqué la mort de 100 à 150 000 personnes au Tchad, Niger, Burkina-Faso, Sénégal et
Mauritanie, à cause de la grande famine qu’elle a entraînée.

En 1983-1984, tous les pays, depuis les îles du Cap vert jusqu’à l’Océan Indien, ont été affectés par
une sécheresse séculaire qui a été ressentie au-delà de la zone sahélienne. Quelque 24 pays africains
dont la Mauritanie, le Niger et le Tchad ainsi qu’au Nord du Mali et du Burkina-Faso et dans l’Ouest
du Soudan, furent victimes de ce désastre et la FAO estimait en 1984 que quelque 150 millions de
personnes souffraient peu ou prou d’une disette.

A l’extérieur de la région sahélienne, plusieurs provinces du Nord de l’Ethiopie ont été par la suite
affectées par une terrible famine faute de récolte. Celle-ci a touché plus de 5 millions de personnes et
a fait près de 500 000 victimes (Population Reference Bureau, 1984).

42
En Afrique australe où la situation était encore difficile en 1985 à cause des mauvaises récoltes, le
Mozambique a souffert d’une sécheresse persistante. Cette période d’aridité fut telle qu’en 1984 la
plupart des cours d’eau ont tari, quelque 750 000 personnes ont eu besoin d’aide alimentaire et des
dizaines de milliers d’entre elles sont mortes de faim.

Une autre sécheresse a affecté plusieurs millions de personnes en 2004-2005 et a été plus marquée au
Niger, au Tchad et au Soudan.

b)- Les sécheresses en Amérique latine

Le Nord-Est du Brésil où les précipitations sont naturellement déficitaires a connu une période
d’aridité exceptionnelle de 1978 à 1985. Ce fut la sécheresse la plus catastrophique des 17 épisodes
de sécheresse ayant touché cette région de 1900 à 1980. Elle a affecté des millions de personnes. Au
début de 1984, la situation était la même que celle que connaissait l’Afrique subsaharienne à la même
époque, avec près de 25 millions d’habitants sinistrés par la sécheresse sur les 30 millions que
comptait la région parmi lesquels plus de 25 000 périrent dans l’Etat de Pernabouc.

Avec le phénomène d’El Niño de 1998, le Nordeste du Brésil a connu la plus terrible des sécheresses
depuis 1985, avec près de 10 millions de personnes qui ont souffert de la disette. Les Etats
d’Amérique centrale et le Mexique ont été également sévèrement touchés.

c)- Les sécheresses aux Indes

Le sous-continent indien figure parmi les régions du monde les plus affectées par des sécheresses
épisodiques au cours du dernier millénaire. En effet, plus des 3/4 du sous-continent sont susceptibles
d’être occasionnellement victimes d’une insuffisance des pluies.

Ces sécheresses récurrentes peuvent même affecter des zones recevant en général d’abondantes
pluies, notamment là où il y a eu un déboisement désastreux.

Dans l’ensemble, une douzaine de grandes famines a été observée dans le sous-continent indien au
cours du dernier millénaire dont 4 au cours du 20e siècle. La plus sévère a eu lieu en 1943 au Bengale
et fit plus de 3 millions de morts.

43
En moyenne, les Indes ont subi une grande sécheresse tous les vingt ans et tous les cinq ans un défaut
de précipitations affectant quelques Etats seulement. Dans des Etats comme le Pendjab au Pakistan
ou au Rajahstan en Inde, l’aridification s’accroit de façon continue.

d)- Les sécheresses dans les zones tempérées

Les zones tempérées d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie, et celles de l’hémisphère sud ont été
aussi affectées par la croissance des sécheresses entre 1950 et l’an 2000. Elles ont pris des dimensions
catastrophiques aux USA à cause de leur impact humain considérable.
La mise en culture du Centre-Ouest américain où les pluies sont inférieures à 300 mm par an est à
l’origine d’un grave processus de désertification qui a été accentué dès les années 1930 par la
récurrence de périodes de sécheresse dans ces zones.
En Europe occidentale, plusieurs périodes de sécheresse ont affectée la péninsule ibérique, les pays
méditerranéens, le Sud-Est de la France, etc.
L’année 1976 s’est caractérisée par un manque de pluie catastrophique dans toute l’Europe
occidentale et centrale. Il y aura également des déficits de précipitations à la fin des années 1980 et
1990. Une sécheresse sévère associée à une canicule record a de nouveau affecté l’Europe occidentale
en 2003. De plus en 2005, une sécheresse moins accentuée a sinistré en France environ 66
départements, surtout dans la moitié ouest et dans la région méditerranéenne.
Conclusion
A travers ce cours, il apparaît que l’environnement dans lequel vit l’homme le soumet à de
nombreuses contraintes liées aux forces de la nature dont certaines résultent de processus purement
physiques et d’autres de la combinaison de processus physiques et d’actions humaines, et leurs
conséquences sont souvent désastreuses. Il n’est pas non plus rare que le mécanisme déclencheur,
d’ordre naturel, soit relayé par des processus physiques ou humains qui accentuent les effets néfastes.
Les catastrophes les plus meurtrières que sont les sécheresses (430 catastrophes ont fait 1 333 728
morts de 1967 à 1991) qui débouchent souvent sur des famines, illustrent bien cette implication des
hommes. La famine n’est plus la conséquence de la seule sécheresse ; elle est souvent le résultat des
guerres qui fragilisent l’économie.

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