Séquence 3 Eco Po

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Séquence 3 : Economie politique

Chapitre 2 : Circuit économique et Comptabilité Nationale


Introduction
Les actes quotidiens de la vie économique sont multiples. Qu’il s’agisse de produire, de vendre,
d’acheter et de consommer, il y a une réalité incontournable : tous ces actes sont ordonnés pour
constituer un circuit économique. Le circuit économique résulte donc des opérations effectuées
par une multitude d’agents économiques regroupés, selon la Comptabilité Nationale, en cinq
secteurs institutionnels résidents et un secteur institutionnel non résident.

Ce chapitre permet, dans la première section, de donner une vue d’ensemble de l’activité
économique ; ensuite, dans la deuxième section, de présenter la Comptabilité Nationale ; enfin,
dans la troisième section, de donner les principaux indicateurs de mesure de l’activité économique

Section 1- Les acteurs de la vie économique, les marchés et les


interdépendances
L’activité économique est l’œuvre de multiples interdépendances entre les agents économiques qui
échangent mutuellement sur les marchés. En Comptabilité Nationale (CN), les agents économiques
sont appelés des unités institutionnelles (UI). Ces UI sont classées en cinq secteurs institutionnels
(SI) résidents.

1- Les acteurs de la vie économiques : les secteurs institutionnels


Une UI est un centre élémentaire de décision économique caractérisé par une autonomie de
décision dans l’exercice de sa fonction principale. Les unités résidentes sont dites institutionnelles
lorsqu’elles jouissent de l’autonomie de décision et disposent d’une comptabilité complète (ou
pouvant en établir une si cela était imposée). Elles doivent exercer leurs activités sur le territoire
national pendant au moins un an pour être comptabilisée dans les SI résidents.

Un SI est un ensemble homogène des UI ayant un comportement économique analogue. La


fonction économique et la nature des ressources constituent les principaux critères de distinction
entre les différents SI. La CN regroupe les UI en SI car il est naturellement impossible de
représenter séparément les opérations effectuées par le nombre considérable des UI qui constituent
une économie. Les cinq SI résidents sont : les ménages, les sociétés non financières, les sociétés
financières, les administrations publiques, les administrations privées. Cependant, ces SI résidents
entretiennent des relations avec le reste du monde (RDM). Ce dernier est considéré par la CN
comme un SI non résident. La CN distingue ainsi les unités résidentes (les agents exerçant leurs

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activités économiques sur le territoire économique national pendant au moins un an) des unités
non-résidents (exerçant leurs activités économiques à l’extérieur du pays).

Aussi, il faut noter que la notion du territoire économique diffère de celle du territoire national. Par
exemple le territoire économique sénégalais est constitué principalement du territoire géographique
sénégalais, des enclaves territoriales sénégalaises dans les autres pays (ambassades et consulats du
Sénégal à l’étranger), de l’espace aérien sénégalais, et des eaux territoriales sénégalaises à l’exclusion
des enclaves extra-territoriales (ambassades et consulats étrangers au Sénégal). Ci-dessous, nous
présenterons chacun des SI.

1.1- Les ménages


Les ménages regroupent les ménages ordinaires, les ménages collectifs et les entreprises
individuelles. Les ménages ordinaires sont constitués d'un ensemble de personnes vivant sous le
même toit. Les ménages collectifs sont constitués de personnes vivant dans des foyers, des maisons
de retraites, etc. Les entreprises individuelles sont des unités économiques dont la fonction est la
production de biens et services pour leur propre usage.
La fonction principale des ménages est la consommation. Le revenu est le résultat des
rémunérations des facteurs de production (travail, capital, terre) et des transferts.

1.2- Les sociétés non financières (SNF)


Les sociétés non financières sont des entreprises dont la fonction principale est la production de
biens et services marchands. Leurs ressources sont les résultats de production et les subventions
en provenance des administrations publiques.

1.3- Les sociétés financières (SF)


Les SF sont constituées par l’ensemble des sociétés et quasi-sociétés dont la principale fonction est
d’offrir des services d’intermédiation financière et/ou d’exercer des activités financières auxiliaires.
Elles tirent leurs ressources des fonds provenant des engagements financiers. Il existe plusieurs
types de SF dont notamment les banques centrales, les banques commerciales et les compagnies
d’assurance.

1.4- Les administrations publiques


Les administrations publiques sont des unités institutionnelles gouvernementales. Leur
composition dépend de la comptabilité nationale du pays. Elles regroupent généralement
l’administration centrale, l’administration territoriale et les administrations de sécurité sociale. Elles
offrent des services non marchands, ou vendent des biens et services à titre accessoire. Leurs
ressources sont les contributions obligatoires.

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1.5- Les institutions sans but lucratif au service des ménages
Elles produisent des biens et services pour les ménages et sont financées par les cotisations
volontaires. Il s’agit par exemple des associations, des syndicats et des partis politiques.

1.6- Le reste du monde (RDM)


Le reste du monde regroupe les unités non résidentes qui effectuent des opérations avec l’économie
nationale, c’est-à-dire avec les unités résidentes. Il est un SI fictif parce qu’on est dans un cadre
national dans lequel se déroulent des opérations avec l’étranger, dont l’ensemble est considéré par
convention comme mis en œuvre par un seul agent global.

Le tableau ci-dessous retrace, pour chaque SI, sa fonction principale et ses ressources principales.
Tableau 1 : Secteurs institutionnels : fonctions et ressources principales
Secteur Fonction principale Ressources principales
- Rémunération des facteurs de production
Consommation et Production de biens
Ménages - Transferts reçus des autres secteurs
et services marchands non financiers
- Produit de la vente
Sociétés non Production des biens et services
Montant des ventes
financières (SNF) marchands non financiers
Institutions financières (IF) :
Financer, i.e. collecter, transformer et
répartir des disponibilités financières
et/ou gérer des actifs financiers ; IF : Fonds provenant des engagements
financiers contractés et de la vente de
Etablissements d’Assurance (EA) : services (gestion de patrimoine, location de
Sociétés financières
Assurer, i.e. transformer des risques coffres, etc.)
(SF)
individuels en risques collectifs et
garantir un paiement en cas de réalisation EA : Primes contractuelles ou cotisations
d’un risque ; sociales volontaires
Auxiliaires et Holdings à caractère
financier
Production de services non marchands
Administrations destinés à la collectivité et réalisation Prélèvements publics obligatoires (impôts
publiques (APU) d’opérations de redistribution de la et cotisations sociales)
richesse nationale
Institutions sans but - Contributions volontaires des ménages
Production de biens et services non
lucratif au service des - Versements des APU
marchands au profit des ménages
ménages (ISBLSM) - Revenus de la propriété
Reste du monde Regroupement dans un même ensemble de comptes les opérations effectuées entre les
(RDM) unités résidentes et les unités non résidentes

2- Les marchés
Le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande des acteurs de la vie économique. Sur
un marché on étudie les décisions individuelles de chaque acteur. Il donc nécessaire de présenter
les marchés selon les objets de l’échange et la nature de la concurrence.

2.1- Typologie des marchés selon l’objet de l’échange


Cette typologie fait référence généralement aux marchés ci-dessous :

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 Le marché des biens et services où se rencontre les offreurs et les demandeurs afin
d’échanger les biens et services marchands à des prix et des quantités fixés.

 Le marché du travail où se déterminent le niveau de l’emploi et celui du salaire. Il désigne


le marché théorique où se rencontrent l’offre et la demande de travail.

 Le marché des capitaux où se rencontrent l’offre des agents épargnants et la demande


des agents investisseurs. Le prix d’équilibre qui en résulte est le taux d’intérêt.

 Le marché de la monnaie où se rencontre l’offre et la demande de monnaie.


Le marché monétaire est un marché de court terme où les banques, les compagnies
d'assurance, les entreprises et les Etats (via les banques centrales et les Trésor publics)
prêtent et empruntent des fonds en fonction de leur besoin.

2.2- Typologie des marchés selon la nature de la concurrence


Cette typologie des marchés permet de distinguer le marché de concurrence pure et parfaite (CPP)
et les marchés de concurrence imparfaite.
 Le marché de concurrence pure et parfaite1 : C’est un marché théorique gouverné par
la loi de l’offre et de la demande. Sur ce marché, il ya la présence d’un grand nombre de
demandeurs face à un grand nombre d’offreurs.
 Les marchés imparfaits : Correspondent à une situation dans laquelle les conditions qui
déterminent le marché de concurrence pure et parfaite ne sont plus respectées. Ainsi,
selon le degré de violation des règles de concurrence, nous avons principalement les
différentes structures de marchés imparfaits suivantes :
- Le monopole : C’est une situation de marché dans laquelle on a un seul offreur face
à un grand nombre de demandeurs ;
- Le Monopsone : Ici, il y a présence d’un seul demandeur face à un grand nombre
d’offreurs ;
- L’oligopole : Il correspond à une situation de marché dans laquelle il y a un petit
nombre d’offreurs et un grand nombre de demandeurs ;
- L’oligopsone : Il est caractérisé par la confrontation d’un petit nombre de
demandeurs face à un grand nombre d’offreurs.
3- Le circuit économique simplifié : notion de flux réel et flux monétaire
Le circuit est une représentation du fonctionnement d’une économie sous forme de flux reliant des
agents ou des opérations. L’analyse du circuit est macroéconomique et insiste sur l’interdépendance

1 Voir le premier chapitre du cours, 1ère section.


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des flux (notamment entre l’offre et la demande). Ainsi, le circuit économique schématise les divers
et multitude actes émanant des agents qui prennent des décisions de production et d’échange de
biens et de services et donne une vue globale de la vie économique. Il donne aussi une description
des relations essentielles entre la production des richesses, leur répartition entre les agents et leur
utilisation. Pour comprendre le fonctionnement de l’économie, on s’intéresse aux agrégats
économiques dégagés par les interactions entre acteurs économiques. C’est la création monétaire
qui est le point de départ du circuit, création qui impulse la production de biens et services et, au
final, distribue les revenus.

L’explication du mécanisme du circuit économique simplifié nous conduira à dégager


l’interdépendance entre les fonctions économiques. Le schéma ci-dessous met en évidence deux
types de flux : les flux réels et les flux monétaires. Les flux réels s’exercent à travers le travail et les
biens et services (production). Ils sont représentés par des traits pleins. Les flux monétaires, quant
à eux, s’effectuent à travers les revenus monétaires (salaires) et les dépenses de consommation. Ils
sont représentés par des traits pointillés.
Schéma 1 : Circuit économique simplifié à deux agents

Cette représentation simplifiée retrace les interrelations entre les ménages et les entreprises. Les
ménages offrent de la main-d’œuvre aux entreprises en contrepartie des salaires et utilisent ces
salaires pour acheter les biens et services de consommation produits par les entreprises. La
représentation fait aussi ressortir trois importantes fonctions économiques à savoir la fonction
économique de production, la fonction économique de répartition, et la fonction économique de
dépense. En effet :
 Si l’on fait la somme de toutes les rémunérations perçues par tous les ménages, le chiffre
obtenu correspondra au Revenu National (RN).
 Si l’on fait la somme de toutes les dépenses effectuées par tous les ménages, le chiffre
obtenu correspondra à la Dépense Nationale (DN).
 Si l’on fait la somme de toutes les productions, en valeur, réalisées par toutes les
entreprises, le chiffre obtenu correspondra au Produit National (PN).

Il s’agit là d’une vision simplifiée, mais déjà nous pouvons dire que le circuit économique simplifié
met en évidence une équation fondamentale : PN = RN = DN, en d’autres termes : Production

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= Revenu = Dépense, c’est-à-dire que toute production génère un revenu qui génère une dépense.
La production, la répartition des revenus et la dépense sont donc étroitement interdépendantes.
Ces interdépendances constituent la base du raisonnement économique.

4- Le circuit complexe
Le circuit économique simplifié suppose que la production et la dépense ne portent que sur des
biens et services de consommation finale (CF) et non sur des biens et services de production, donc
: DN = CF. En réalité, il faut introduire dans le circuit les dépenses d’investissement (I), appelées
« Formation Brute du Capital Fixe (FBCF) par la CN. Ainsi, la DN est composée de la CF et de la
FBCF, soit : DN = CF + FBCF = PN
Le circuit économique simplifié ne fait intervenir que deux agents économiques : les ménages et les
entreprises. Il est donc nécessaire d’introduire les administrations publiques qui contribuent
largement à la formation de la Production Nationale, et donc du Revenu National. Elles effectuent
des prélèvements fiscaux et effectuent des dépenses liées notamment aux subventions qu’elles
versent aux producteurs, aux travaux publics qu’elles entreprennent et aux achats des biens et
services pour leur fonctionnement. Dans le même ordre d’idées, il est nécessaire de tenir compte
des sociétés financières ainsi que des échanges avec le reste du monde (RDM). Schématiquement,
le circuit complexe se présente comme ci-dessous. Notons que les sur ce schéma, les flux réels sont
représentés en traits pleins et les flux monétaires en traits pointillés.

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Schéma 2 : Circuit économique complexe

Section 2 – Opérations et comptes des secteurs institutionnels


La Comptabilité Nationale est un cadre rigoureux de synthèse et de cohérence globale où sont
enregistrées les opérations que les acteurs de l’activité économiques effectuent entre résidents d’une
part, et avec le reste du monde ou non-résidents d’autre part. Son établissement répond non
seulement aux besoins d’informations statistiques mais aussi harmonisation des méthodes de
comptabilité afin de permettre une description complète de la réalité générale et de répondre aux
exigences de la comparabilité internationale des agrégats.

Cette section nous permet d’exposer les différentes opérations effectuées par les acteurs de la vie
économique (1), de définir la notion d’équilibre emplois-ressources (2) et de présenter les comptes
dans lesquels sont enregistrés ces opérations (3).

1- Les opérations économiques des secteurs institutionnels


Les opérations entre les agents économiques sont classées en trois grandes catégories : les
opérations sur les biens et services (opérations sur les produits), les opérations de répartitions et
les opérations financières.

1.1- Les opérations sur les biens et services


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Les opérations sur biens et services concernent la production et ses emplois. Elles représentent
l’origine des produits, c’est-à-dire de biens et services (ressources) et leurs utilisations (emplois).
Les quantités disponibles d’un produit ou ressources de la nation en produits ne peuvent provenir
que de la production (P) et des importations (M). Les utilisations des produits ou les emplois de la
nation en produits peuvent porter sur la consommation (consommation intermédiaire (CI) et
consommation finale (CF)), investissement (FBCF), variation des stocks (VS) et exportations (X).

1.2- Les opérations de répartition


Les opérations de répartition décrivent comment la valeur ajoutée engendrée par la production est
distribuée et redistribuée entre les unités. Elles permettent de décrire les différentes étapes de la
formation des revenus. Elles portent sur :
 La répartition primaire des revenus, c’est-à-dire la rémunération de la participation à la
production (revenu du travail salarié soit les salaires, revenus du capital) ou partage de la
valeur ajoutée (VA).

 La redistribution des revenus par d’une part le prélèvement des impôts sur le revenu et
le patrimoine ainsi que les cotisations sociales et d’autre part le versement de prestations
sociales.

1.3- Les opérations financières


Les opérations financières sont des opérations qui impliquent l’échange d’actifs et de passifs
financiers entre agents économiques. Elles décrivent comment les unités utilisent leur épargne
financière ou financent leurs activités.

Certaines opérations sont purement financières, notamment les opérations de prêts, d’émissions
ou de cessions de titres. D’autres, par contre, sont la contrepartie d’une opération sur biens et
services ou d’une opération de répartition, qui se traduit par un transfert de moyens de paiement
ou la naissance d’un crédit.

2- La notion d’équilibre emplois-ressources : approche par les produits


Pour chaque produit, il y a par définition égalité entre le total des ressources et le total des emplois.
C’est un équilibre comptable nécessairement vérifié :
P + M = CI + CF + FBCF + VS + X
Les produits sont de nature très hétérogène, il faut donc exprimer ressources et emplois en unités
monétaires : on retient le prix du marché. Pour la production, ce sont les prix de vente par les
producteurs (prix départ-usine), pour les importations, ce sont les prix départ-douane. Pour les
emplois, on retient les prix d’acquisition payés par les utilisateurs. Ces différents prix déséquilibrent

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l’égalité ressources-emplois ci dessus. En effet, les prix d’acquisition sont nécessairement supérieurs
aux prix départ-usine ou départ-douane. La différence résulte des marges commerciales (MC), des
droits de douane (DD) et de la TVA perçue par l'État. On a donc, pour n’importe quel produit de
la nomenclature, l’équilibre suivant :
P + M + MC + DD + TVA = CI + CF + FBCF + VS + X
Ces corrections n’augmentent pas les quantités de produit, elles sont dues à la différence de
définition des prix. La présence des MC en ressources est la contrepartie du fait que les utilisateurs
paient obligatoirement dans le prix du produit celui du service rendu par le commerçant qui le leur
a vendu. Cependant, ceci est valable seulement si l’on s’intéresse aux ressources et emplois d’une
branche particulière. En revanche, si l’on s’intéresse à une économie toute entière, les MC
disparaissent côté ressources puisqu’elles sont comprises dans la production de la branche
commerciale.

En outre, une partie des ressources est utilisée pour produire ces mêmes ressources, c’est-à-dire
par de la CI. Pour remédier à cet inconvénient, il suffit de retirer la CI de chacun des membres de
l'équilibre ressources-emplois. Cela fait disparaître des emplois la CI et apparaître la VA du côté
des ressources puisque P – CI = VA. L’équilibre général ressources-emplois devient donc :
VA + M + TVA + DD = CF + FBCF + VS + X

La somme des VA de la TVA et des droits de douane (DD) correspond au PIB. Le PIB représente
la valeur des biens et services produits par des unités résidentes et disponibles pour des emplois finals. On peut donc
écrire :
PIB + M = CF + FBCF + VS + X, ou encore PIB = CF + FBCF + VS + X – M

Section 3 – La mesure de l’activité économique


Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pays ont cherché à élaborer, par la Comptabilité
Nationale, une technique de représentation et de mesure des activités de production et d’échanges.
Ces activités sont traduites dans la Comptabilité Nationale par les agrégats qui sont des grandeurs
caractéristiques de l’activité économique d’une nation donnée, obtenus par la sommation
d’opérations élémentaires effectuées par les divers secteurs institutionnels.

Dans cette section, nous verrons premièrement les principaux indicateurs permettant la mesure de
l’activité économique et, deuxièmement, nous aborderons quelques remarques importantes sur
certaines notions liées au calcul des agrégats.

1- Les principaux indicateurs économiques

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Un indicateur est une information chiffrée qui permet de mesurer de façon objective un
phénomène étudié. Un indicateur économique est une statistique construite afin de mesurer
certaines dimensions de l´activité économique, de façon aussi objective que possible.

2.1- Les principaux indicateurs économiques et leurs bases de calcul


La valeur ajoutée (VA) est la base du calcul des indicateurs économiques fondamentaux. Elle
correspond à la valeur des biens et services produits moins la valeur des biens et services utilisés
pour produire. Autrement dit, c’est la production (P) moins la consommation intermédiaire (CI) :
VA = P – CI. Les consommations intermédiaires sont les biens qui sont consommés pour produire
d’autres biens. On a par exemple les matières premières, l’électricité et les transports. La VA
correspond à la richesse créée par une entreprise.

Les principaux indicateurs économiques sont présentés ci-dessous :


 Le Produit Intérieur Brut (PIB) : Le PIB se calcule à partir de la somme des VA
réalisées par les entreprises. La détermination du PIB peut s’effectuer sous trois optiques :
l’optique de la production, l’optique de la demande et l’optique du revenu.
- Le PIB selon l’optique de la production : PIB = Somme des Valeurs Ajoutées au
prix du marché + Impôts sur les produits – Subventions sur les produits.
- Le PIB selon l’optique de la demande : PIB = Dépenses de consommation finale
+ Formation Brut du Capital Fixe + Variation du Stock + Exportation des biens et
services – Importation des biens et services.
- Le PIB selon l’optique du revenu : PIB = Rémunérations des salariés + Excédent
Brut d’Exploitation + Revenu Mixte Brut + Impôts sur la production et les
importations – Subventions.

 Le Produit National Brut (PNB) : Il est égal à la somme du PIB et des Revenus des
facteurs en provenance du reste du monde moins les Revenus des facteurs versés au reste
du monde.

 Revenu National (RN) : RN = Revenus de l’activité + Revenus de la propriété.

2.2- Limites des indicateurs économiques


Les indicateurs économiques tels que le PIB ou le PNB ne permettent de mesurer que ce qui est
évaluable en monnaie, donc toute une partie de l’économie ne peut être prise en compte par ces
indicateurs. Ils sont des indicateurs quantitatifs et ne prennent absolument pas en compte les
notions de qualité de vie ou de bien-être. De plus, ces indicateurs n’intègrent absolument pas les
aspects négatifs de la croissance. Les indicateurs économiques ne sont donc intéressants que pour

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mesurer les richesses générées par les transactions monétaires. Mais, nous retiendrons qu’ils sont
insuffisants pour évaluer les richesses globales d’un pays.

2- Quelques remarques importantes


2.1- Flux et stocks
Flux et stock sont généralement deux termes opposés.
 Les flux sont des mouvements réels ou monétaires dans une économie nationale. Le terme
flux est utilisé dans le sens contraire de stock ou immobilité. Ainsi, on parle de flux de
capitaux, flux financier, flux commerciaux, flux réels, etc.
 Le terme stock désigne un ensemble accumulé. Cela peut concerner le patrimoine, les
matières premières, les marchandises, et même les personnes (les chômeurs enregistrés au
niveau de l’Agence Nationale de la Promotion de l’Emploi).

2.2- Variable nominale, variable réelle et indice


 Variable nominale : C’est une variable exprimée en valeur, en prix courant, c’est-à-dire
non corrigée des effets de l’inflation (ou illusion inflationniste). Elle est opposée à la
variable réelle.
 Variable réelle : C’est une variable exprimée en prix constant (ou en volume, c’est-à-dire
corrigée des effets de l’inflation. On dit encore que cette valeur est déflatée.
 Les indices : Ils constituent un outil permettant de saisir les évolutions, dans le temps et
dans l’espace, des grandeurs économiques tels que la production, les prix, les revenus et
de réaliser des comparaisons.

2.3- Taux de croissance d’un agrégat


Le taux de croissance d’un agrégat est un chiffre qui présente entre deux dates (date de départ et
date d’arrivée) la variation, exprimée en pourcentage, de la valeur de départ. Ainsi, le taux de
croissance (TX) du PIB entre la période 1 et la période 2 est égal à la différence entre le PIB de la
période 2 (PIB2) et le PIB de la période 1 (PIB1) divisé par le PIB de la période 1 (PIB1) et multiplié
par 100 :
𝐏𝐈𝐁𝟐 − 𝐏𝐈𝐁𝟏
𝐓𝐱 = × 𝟏𝟎𝟎
𝐏𝐈𝐁𝟏

Conclusion du chapitre
Les acteurs de la vie économique, le circuit économique, la Comptabilité Nationale et la mesure de
l’activité économique ont été les principaux thèmes abordés dans ce chapitre. Ce dernier nous a
permis de décrire les sujets (SI) et les objets (opérations) de l’activité économique.
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Il faut retenir que dans la vie économique, les actions des agents économiques sont
interdépendantes de telle sorte que les dépenses des uns constituent les revenus des autres, les
besoins de financement des uns sont comblés par les capacités de financement des autres, etc.

Dès lors, il apparait claire que l’activité économique est gouvernée par une logique qui n’est rien
d’autre que la logique « Production – Revenu – Dépense » constituant, ainsi, les trois principales
fonctions économiques.

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