Une Introduction À L'intégrale de Riemann
Une Introduction À L'intégrale de Riemann
Une Introduction À L'intégrale de Riemann
Arthur Garnier
5 novembre 2014
1
Table des matières
2
Introduction
e
C'est au milieu du XVII siècle, avec les travaux simultanés de Newton et
Leibniz, en mécanique notamment, qu'apparaît pour la première fois la no-
tion d'intégrale d'une fonction. Par exemple, lorsqu'on recherche la position
d'un point dans l'espace connaissant ses coordonnées initiales et sa vitesse,
lorsqu'on calcule le champ électrique créé par une charge ponctuelle (en uti-
lisant les équations de Maxwell), ou encore lorsqu'on calcule une aire ou un
volume, on recherche en fait la valeur de l'intégrale d'une certaine fonction.
Nous allons voir que la version formalisée par Riemann en 1854 de la notion
d'intégrale d'une fonction réelle de la variable réelle fournit un cadre élégant
et assez naturel à tous ces calculs par le biais d'un puissant théorème décrit
par Riemann lui-même comme étant "le plus beau que l'on sache démontrer".
Figure 1
bleu représente ce qu'on veut être l'intégrale de f sur [a, b]. Commençons par
subdiviser l'intervalle en n sous-intervalles
[xi , xi+1 ], 0 ≤ i ≤ n − 1, x0 = a, xn = b
On va approcher l'aire de la gure 1 par la somme des aires de n rectangles
de longueur f (xi ) et de largeur xi+1 − xi comme sur la gure 2.
3
Figure 2
n−1
X
f (xi )(xi+1 − xi ) (1)
i=0
4
Première partie
On peut aussi dénir "l'inclusion" d'une subdivision dans une autre ainsi
que "l'union" de deux subdivisions :
Remarque 1. On note que la relation binaire est une relation d'ordre sur
∆a,b . De plus, on a toujours δ1 , δ2 δ1 ∨ δ2 ainsi que δ1 ∨ δ2 = δ2 ∨ δ1 .
Exemple 1. Sur [0, 1] la subdivision 0 < 1/4 < 1/2 < 3/4 < 1 est plus ne
que 0 < 1/2 < 1 et l'union de cette dernière avec 0 < 1/3 < 2/3 < 1 est
0 < 1/3 < 1/2 < 2/3 < 1.
Nous pouvons à présent dénir la notion de fonction en escalier qui est
assez intuitive nalement :
5
C'est à dire que f est constante sur chaque sous-intervalle ]xi−1 , xi [ de [a, b]
et y vaut λi . Dans ce cas la subdivision δ, non nécessairement unique, est
dite bien adaptée à f.
Il est clair avec cette dénition qu'à moins d'être constante partout, une
fonction en escalier ne peut être continue, donc encore moins dérivable.
Notation 2. On note l'ensemble Ea,b des fonctions en escalier sur [a, b]. (C'est
un groupe pour l'addition de fonctions et même un sous-espace vectoriel de
l'espace vectoriel des applications de [a, b] dans R...)
Figure 3
6
Proposition 1. Soient f ∈ Ea,b et δ1 , δ2 ∈ ∆a,b deux subdivisions bien adap-
tées à f . Si δ1 = (a = x0 < x1 < . . . < xn = b) et δ2 = (a = y0 < y1 < . . . <
ym = b), soient alors λ1 , . . . , λn ∈ R et µ1 , . . . , µm ∈ R tels que :
∀1 ≤ i ≤ n, ∀x ∈]xi−1 , xi [, f (x) = λi
∀1 ≤ j ≤ m, ∀x ∈]yj−1 , yj [, f (x) = µj
Alors, on a
n
X m
X
λi (xi − xi−1 ) = µj (yj − yj−1 ) (2)
i=1 j=1
Démonstration.
P Tout d'abord, si l'on rajoute un point z à δ1 par exemple, la
valeur de i λi (xi − xi−1 ) ne change pas car
le réel
Z b n
X
f (t)dt := λi (xi − xi−1 )
a i=1
7
Proposition 2. Soient f, g ∈ Ea,b . Alors
Ea,b → R
1. L'application Rb est linéaire
f 7→ a f (t)dt
Z b Z b Z b
(i.e. ∀α ∈ R, f (t) + αg(t)dt = f (t)dt + α g(t)dt)
a a a
Z b Z b
2. Si f ≤ g alors f (t)dt ≤ g(t)dt
a a
f (x) = λi
∀x ∈]xi−1 , xi [,
g(x) = µi
n
X n
X Z b Z b
= λi (xi − xi−1 ) + α µi (xi − xi−1 ) = f (t)dt + α g(t)dt
i=1 i=1 a a
Z b n
X n
X Z b
f (t)dt = λi (xi − xi−1 ) ≤ µi (xi − xi−1 ) = g(t)dt
a i=1 i=1 a
8
Deuxième partie
Dénition de l'intégrale de
Riemann
Dans cette partie, nous allons dénir proprement l'intégrale de (certaines)
fonctions bornées sur un intervalle [a, b] de R. Pour cela, nous dénissons tout
d'abord les sommes de Darboux, après avoir introduit une notation :
n
X n
X
sδ (f ) := mi (xi − xi−1 ) (resp. Sδ (f ) := Mi (xi − xi−1 )
i=1 i=1
9
Démonstration. 1) Il sut de montrer le résultat dans le cas où on obtient
δ2 en ajoutant un point y à δ1 = (a = x0 < . . . < xn = b) et on suppose que
y ∈ [xi−1 , xi ] pour un certain 1 ≤ i ≤ n les deux contributions du segment
[xi−1 , xi ] dans les petites sommes de Darboux sont :
Or on a :
inf f (x) ≤ inf f (x)
x∈[xi−1 ,xi ] x∈[y,xi ]
10
Démonstration. 1) Le fait que les ensembles soient majorés est évident. Mon-
trons alors la première égalité.
Soit δ ∈ ∆a,b , δ = (a = x0 < . . . < xn = b). On considère la fonction en
escalier g ∈ Ea,b dénie par :
(
∀1 ≤ i ≤ n, ∀t ∈]xi−1 , xi [, g(t) = inf f (x)
x∈[xi−1 ,xi ]
∀0 ≤ i ≤ n, g(xi ) = f (xi )
Alors Z b Z b
sδ (f ) = g(t)dt ≤ sup h(t)dt, ∀δ ∈ ∆a,b
a h∈Ea,b , h≤f a
Z b
⇒ sup sδ (f ) ≤ sup h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≤f a
Z b n
X
h(t)dt − sγ (f ) = λi (xi − xi−1 )
a i=1
Xn−1 Xn n
X
−( η inf f (x)+ η inf f (x)+ (xi −xi−1 −2η) inf f (x))
x∈[xi ,xi +η] x∈[xi −η,xi ] x∈[xi−1 +η,xi −η]
i=0 i=1 i=1
n
X n
X n−1
X
= λi (xi − xi−1 − 2η) + ηλi + ηλi+1
i=1 i=1 i=0
n−1
X Xn n
X
− η inf f (x)− η inf f (x)− (xi −xi−1 −2η) inf f (x)
x∈[xi ,xi +η] x∈[xi −η,xi ] x∈[xi−1 +η,xi −η]
i=0 i=1 i=1
11
n−1
X n
X
≤ η(λi+1 − inf f (x)) + η(λi − inf f (x))
x∈[xi ,xi +η] x∈[xi −η,xi ]
i=0 i=1
n
X n−1
X
≤ η(λi − mi ) + η(λi+1 − mi+1 )
i=1 i=0
Z b
h(t)dt − sδ (f ) ≤ 4nKη < ε
a
D'où Z b
h(t)dt ≤ sup sδ (f ) + ε.
a δ∈∆a,b
Ceci est valable pour toutes les fonctions en escalier inférieure ou égale à f,
donc Z b
sup h(t)dt ≤ sup sδ (f ) + ε
h∈Ea,b , h≤f a δ∈∆a,b
Z b
sup h(t)dt ≤ sup sδ (f )
h∈Ea,b , h≤f a δ∈∆a,b
12
Z b
⇒ inf Sδ (f ) ≥ inf h(t)dt
δ∈∆a,b h∈E, h≥f a
Et on a la première inégalité.
Comme précédemment, on a
n−1
X n
X n
X
+ η sup f (x) + η sup f (x) − µi (xi − xi−1 )
i=0 x∈[xi ,xi +η] i=1 x∈[xi −η,xi ] i=1
n
X Xn Xn n−1
X
= (xi −xi−1 −2η) sup f (x)− µi (xi −xi−1 −2η)− µi η− µi+1 η
i=1 x∈[xi−1 +η,xi −η] i=1 i=0
i)1
n−1
X n
X
+ η sup f (x) + η sup f (x)
i=0 x∈[xi ,xi +η] i=1 x∈[xi −η,xi ]
n−1
X n
X
≤ η( sup f (x) − µi+1 ) + η( sup f (x) − µi )
i=0 x∈[xi ,xi +η] i=1 x∈[xi −η,xi ]
n−1
X n
X
≤ η(Mi+1 − µi+1 ) + η(Mi − µi )
i=0 i=1
Il vient alors
Z b Z b
Sγ (f ) − h(t)dt ≤ 4Knη < ε ⇒ Sγ (f ) ≤ h(t)dt + ε
a a
13
Z b Z b
⇒ inf Sδ (f ) ≤ h(t)dt + ε ⇒ inf Sδ (f ) ≤ inf h(t)dt + ε
δ∈∆a,b a δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a
On peut encore faire tendre ε vers 0 pour obtenir
Z b
inf Sδ (f ) ≤ inf h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a
Et donc Z b
inf Sδ (f ) = inf h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a
Z I Z b
f (t)dt := sup sδ (f ) = sup h(t)dt
[a,b] δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≤f a
Z S Z b
f (t)dt := inf Sδ (f ) = inf h(t)dt
[a,b] δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a
Cette valeur commune sera alors appelée intégrale de f sur [a, b] et sera notée
Z b
f (t)dt
a
De plus, on notera Ia,b l'ensemble des fonctions intégrables sur [a, b].
14
Remarque 4. Il existe des fonctions dans Ba,b sui ne sont pas intégrables.
15
Troisième partie
Z b
Démonstration. (⇒) Supposons que f soit intégrable. On note I := f (t)dt
a
Soit ε > 0. On a :
ε
I = sup sδ (f ) ⇒ ∃δ1 ∈ ∆a,b ; I − < sδ1 (f )
δ∈∆a,b 2
ε
I = inf Sδ (f ) ⇒ ∃δ2 ∈ ∆a,b ; I + > Sδ2 (f )
δ∈∆a,b 2
Alors
ε ε
I− < sδ1 (f ) ≤ sδ1 ∨δ2 (f ) ≤ Sδ1 ∨δ2 (f ) ≤ Sδ2 (f ) < I+ ⇒ Sδ1 ∨δ2 (f )−sδ1 ∨δ2 (f ) < ε
2 2
(⇐) Soient ε>0 et δ0 ∈ ∆a,b ; Sδ0 (f ) − sδ0 (f ) < ε On a alors
Z I Z S
sδ0 (f ) ≤ sup sδ (f ) = f (t)dt ≤ f (t)dt = inf Sδ (f ) ≤ Sδ0 (f )
δ∈∆a,b [a,b] [a,b] δ∈∆a,b
Ce qui donne
Z S Z I
0≤ f (t)dt − f (t)dt < ε
[a,b] [a,b]
16
Et ceci étant valable quel que soit ε > 0 on obtient :
Z S Z I
f (t)dt = f (t)dt
[a,b] [a,b]
Démonstration. On peut supposer, pour xer les idées, que f est croissante.
f est bornée car f ([a, b]) = [f (a), f (b)].
Soit δ := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b . On a
inf x∈[xi−1 ,xi ] f (x) = f (xi−1 )
∀1 ≤ i ≤ n,
supx∈[xi−1 ,xi ] f (x) = f (xi )
D'où
n
X
Sδ (f ) − sδ (f ) = (xi − xi−1 )(f (xi ) − f (xi−1 ))
i=1
n
X
≤ |δ| f (xi ) − f (xi−1 ) = |δ|(f (b) − f (a))
i=1
17
On rappelle ici deux théorèmes fondamentaux de topologie dont les dé-
monstrations se trouvent en annexe.
Et le théorème de Heine :
ε
∀x, y ∈ [a, b], |x − y| < η ⇒ |f (x) − f (y)| <
b−a
Soit δ := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b , |δ| < η .
ε
Comme |αi − βi | < η , on a f (βi ) − f (αi ) < b−a
Il vient alors :
n
X
Sδ (f ) − sδ (f ) = (xi − xi−1 )(f (βi ) − f (αi )) < ε
i=1
18
Théorème 5. Soit f : [a, b] → R une fonction bornée et continue sur [a, b]
sauf peut-être en un nombre ni de points (ie f est continue par morceaux).
Alors f est intégrable au sens de Riemann sur [a, b].
ε ε
(δ1 , δ2 ) ∈ ∆a,c−η × ∆c+η,b ; Sδ1 (f ) − sδ1 (f ) < , Sδ2 (f ) − sδ2 (f ) <
3 3
Donc
Sδ1 ∨δ2 (f ) − sδ1 ∨δ2 (f ) < ε
Z I Z b Z S Z b
f (t)dt = sup h(t)dt, f (t)dt = inf h(t)dt
[a,b] h∈Ea,b , h≤f a [a,b] h∈Ea,b , h≥f a
Théorème 6.
∀f ∈ Ia,b , ∀ε > 0, ∃η > 0 ; ∀δ ∈ ∆a,b , |δ| < η ⇒ Sδ (f ) − sδ (f ) < ε.
19
On en déduit l'important résultat suivant traitant de ce qu'on appelle les
sommes de Riemann :
n
X
sδ (f ) ≤ f (ci )(xi − xi−1 ) ≤ Sδ (f )
i=1
Z b
sδ (f ) ≤ f (t)dt ≤ Sδ (f )
a
Donc, si Sδ (f ) − sδ (f ) < ε, alors :
n
X Z b
| f (ci )(xi − xi−1 ) − f (t)dt| < ε.
i=1 a
20
Démonstration. On a
Z xi Z xi Z xi
f (ci )(xi −xi−1 ) = f (ci )dt ⇒ f (ci )(xi −xi−1 )− f (t)dt = f (ci )−f (t)dt
xi−1 xi−1 xi−1
D'où
n
X Z b n Z
X xi
f (ci )(xi − xi−1 ) − f (t)dt = f (ci ) − f (t)dt
i=1 a i=1 xi−1
n
X Z b n Z
X xi
| f (ci )(xi − xi−1 ) − f (t)dt| ≤ ω(|δn |)dt = (b − a)ω([δn |)
i=1 a i=1 xi−1
n
X Z b
lim f (ci )(xi − xi−1 ) = f (t)dt.
n→+∞ a
i=1
21
Corollaire 3. Soit f : [0, 1] → R une fonction continue. Alors
n Z 1
1X k
lim f( ) = f (t)dt
n→∞ n n 0
k=1
n
X k
lim
n→∞
k=1
n2
Avec le Corollaire 3, on a :
n n Z 1
X k 1Xk 1
lim 2
= lim = tdt =
n→∞
k=1
n n→∞ n
k=1
n 0 2
22
Quatrième partie
23
Z c
⇒ sδ1 (f ) + sδ2 (f ) = sδ (f ) ≤ f (t)dt ≤ Sδ (f ) = Sδ1 (f ) + Sδ2 (f ).
a
Rb Rc Rc
Donc
a
f (t)dt+
b a
f (t)dt sont dans l'intervalle
f (t)dt et [sδ (f ), Sδ (f )] qui
est de longueur strictement inférieure à ε. On a donc :
Z b Z c Z c
| f (t)dt + f (t)dt − f (t)dt| < ε
a b a
Ceci étant vrai quel que soit ε > 0, on a bien l'égalité recherchée.
intégrables
24
Démonstration. 1) Soient ε > 0 et δ1 , δ2 ∈ ∆a,b tels que
Sδ1 (f ) − sδ1 (f ) < 2ε , Sδ2 (g) − sδ2 (g) < 2ε . On pose δ := δ1 ∨ δ2 . Alors
ε
Sδ (f ) − sδ (f ) <
2
ε
Sδ (g) − sδ (g) <
2
Si l'on écrit δ = (a = x0 < . . . < xn = b), on a, pour tout 1 ≤ i ≤ n,
Z b
sδ (f ) + sδ (g) ≤ f (t) + g(t)dt ≤ Sδ (f ) + Sδ (g)
a
Z b Z b
sδ (f ) + sδ (g) ≤ f (t)dt + g(t)dt ≤ Sδ (f ) + Sδ (g)
a a
Et donc : Z b Z b Z b
| f (t)dt + g(t)dt − f (t) + g(t)dt| < ε
a a a
On fait tendre ε vers 0, et on a le résultat.
2) C'est clair.
25
Soient aussi ε>0 et δ := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b tels que
ε ε
Sδ (f ) − sδ (f ) < , Sδ (g) − sδ (g) < .
2K 2K
Pour tout 1≤i≤n on pose :
= Mi0 (Mi −mi )+mi (Mi0 −m0i ) ≤ K(Mi −mi )+K(Mi0 −m0i ) = K(Mi −mi +Mi0 −m0i )
Et donc :
f g = (f − m)(g − m0 ) + m0 f + mg − mm0
26
1) Si ∀x ∈ [xi−1 , xi ], f (x) ≥ 0,
alors Mi0 = Mi et m0i = mi donc Mi0 − m0i = Mi − mi .
2) Si ∀x ∈ [xi−1 , xi ], f (x) ≤ 0,
alors Mi0 = −mi et m0i = −Mi donc Mi0 − m0i = Mi − mi .
3) Si f prend des valeurs positives ou nulles et négatives ou nulles sur
[xi−1 , xi ], on a :
Mi0 = max(Mi , −mi ) ≤ Mi − mi , m0i ≥ 0
donc Mi0 − m0i ≤ Mi − mi .
Dans tous les cas, on a Sδ (|f |) − sδ (|f |) ≤ Sδ (f ) − sδ (f ) < ε et donc |f | est
bien intégrable.
2) Z b Z b
f ≤g ⇒ f (t)dt ≤ g(t)dt
a a
27
3) Z b Z b
| f (t)dt| ≤ |f (t)|dt ≤ (b − a)||f ||∞
a a
2)
Z b Z b Z b
f ≤g ⇒ g−f ≥0 ⇒ g(t) − f (t)dt ≥ 0 ⇒ f (t)dt ≤ g(t)dt
a a a
3) On a ∀x ∈ [a, b],
f (x) ≤ |f (x)|
−f (x) ≤ |f (x)|
Donc Z b Z b
f (t)dt ≤ |f (t)|dt
a a
Z b Z b
− f (t)dt ≤ |f (t)|dt
a a
Ce qui donne bien
Z b Z b
| f (t)dt| ≤ |f (t)|dt
a a
Z b Z b Z b
|f (t)|dt ≤ ||f ||∞ dt = ||f ||∞ dt = (b − a)||f ||∞
a a a
28
Z b
4) (⇒) On suppose que f (t)dt = 0. Raisonnons par l'absurde et supposons
a
qu'il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) > 0.
Comme f est continue, il existe un intervalle [α, β] ⊆ [a, b] tel que
Donc
Z b Z α Z β Z b Z b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt + f (t)dt > 0 ⇒ f (t)dt 6= 0
a a α β a
Z b
ce qui est absurde. On a donc bien f (t)dt = 0 ⇒ f = 0.
a
(⇐) C'est évident.
2) En particulier, pour g = 1, on a :
Z b
m(b − a) ≤ f (t)dt ≤ M (b − a)
a
On a aussi
29
Théorème 11. Soient f : [a, b] → R une fonction continue et g : [a, b] → R
une fonction intégrable à valeurs positives ou nulles.
Alors
1) Z b Z b
∃cg ∈ [a, b] ; f (t)g(t)dt = f (cg ) g(t)dt
a a
2 ) En particulier, si g = 1, alors :
Z b
1
∃c ∈ [a, b] ; f (c) = f (t)dt
b−a a
Z b Z b
Démonstration. Si g(t)dt = 0 alors f (t)g(t)dt = 0 et on peut choisir
a a
cg quelconque.
Sinon, on a :
Rb
a
f (t)g(t)dt
Rb ∈ [m, M ].
a
g(t)dt
Or f est continue, donc d'après le Théorème des valeurs intermédiaires, elle
prend toute valeur comprise entre m et M, d'où l'existence de cg .
30
Cinquième partie
Théorème fondamentale de
l'Analyse et applications
Démonstration. Existence :
Nous voulons montrer que F0 = f. Soit donc x0 ∈ [a, b] et montrons que
F 0 (x0 ) = f (x0 ).
Soit ε > 0. Par continuité de f en x0 , il existe η>0 tel que :
31
Si x > x0 , alors, par linéarité et croissance
Z x
F (x) − F (x0 ) 1
| − f (x0 )| = | f (t) − f (x0 )dt|
x − x0 x − x 0 x0
Z x
1
≤ |f (t) − f (x0 )|dt < ε
x − x 0 x0
De même, si x < x0 , alors
Z x0
F (x) − F (x0 ) 1
| − f (x0 )| = | f (x0 ) − f (t)dt|
x − x0 x0 − x x
Z x0
1
≤ |f (x0 ) − f (t)|dt < ε
x0 − x x
On a donc :
F (x) − F (x0 )
∀ε > 0, ∃η > 0 ; ∀x ∈ [a, b], |x − x0 | < η ⇒ | − f (x0 )| < ε
x − x0
Ce qui est exactement dire
F (x) − F (x0 )
lim = f (x0 )
x→x0 x − x0
soit, par dénition : F 0 (x0 ) = f (x0 ). Donc F est bien une primitive de f et
comme F (a) = λ, on a l'existence.
Unicité :
Soit G une autre primitive de f telle que G(a) = λ. On a G0 = f = F 0 donc
k ∈ R tel que
il existe G = F + k . Or G(a) = F (a) + k ⇔ λ = λ + k
⇔ k = 0 ⇔ F = G d'où l'unicité.
32
Démonstration. D'après le Lemme précédent, F existe et s'exprime :
Z x
∀x ∈ [a, b], F (x) = λ + f (t)dt
a
1
t2 12 − 02
Z
1
tdt = [ ]10 = =
0 2 2 2
33
On a aussi
b
t3 b 3 − a3
Z
t2 dt = [ ]ba =
a 3 3
Z b Xn n Z b n
i
X
i
X bi+1 − ai+1
( ai t )dt = ai t dt = ai
a i=0 i=0 a i=0
i+1
Z 2
1
dt = [ln(t)]21 = ln(2) − ln(1)
1 t
Démonstration. On a∀t ∈ [a, b], (uv)0 (t) = u0 (t)v(t) + u(t)v 0 (t) et si l'on
intègre cette relation sur[a, b], par linéarité et avec le Théorème fondamentale
on obtient :
Z b Z b Z b
0 0
(uv) (t)dt = u (t)v(t)dt + u(t)v 0 (t)dt
a a a
Z b Z b
⇔ [u(t)v(t)]ba = u0 (t)v(t)dt + u(t)v 0 (t)dt
a a
Z b Z b
⇔ u0 (t)v(t)dt = [u(t)v(t)]ba − u(t)v 0 (t)dt
a a
34
Remarque 8. En pratique, il est bon, dans un premier temps, de toujours
noter explicitement les fonctions u et v utilisées pour ne pas se tromper lors
de l'application du théorème.
Pour cela, on pose u0 (t) := cos(t), v(t) := 2t, alors u(t) = sin(t), v 0 (t) = 2 et
en appliquant le théorème précédent, on obtient :
Z π Z π
2t cos(t)dt = [2t sin(t)]π0 − 2 sin(t)dt = −2[− cos(t)]π0 = −4
0 0
35
Remarque 9. On note que dans le théorème précédent, on n'a pas besoin de
la bijectivité de ϕ. En fait, on peut montrer que si l'on impose ϕ strictement
croissante sur [a, b] (ie. ϕ0 (t) > 0 et ϕ bijective) alors, si l'on connaît une
primitive G de t 7→ f (ϕ(t))ϕ0 (t), alors la fonction F := G ◦ ϕ−1 est une
primitive de f .
Z 1 √
1 − x2 dx
−1
1 − cos(2t)
∀t ∈ [0, π], sin2 (t) =
2
dont une primitive est
2t − sin(2t)
t 7→
4
Et donc,
π π
1 − cos(2t) 2t − sin(2t) π π
Z Z
2
sin (t)dt = dt = [ ]0 =
0 0 2 4 2
On remarque qu'il s'agit bien de l'aire du demi-disque de centre 0 et de rayon
π
1, donc en ce sens la valeur n'est pas étonnante, mais si l'on ne prend en
2 R1 √
compte que le calcul d'intégrale, le résultat
−1
1 − x2 dx = π2 n'est en fait
pas clair du tout...
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Conclusion
Nous avons donc construit ici la forme la plus simple d'intégrale qui existe.
C'est aussi la premiére à avoir vu le jour. Elle permet d'avoir une vision assez
intuitive des phénomènes relatifs au procédé d'intégration.
Mais cette construction commence à poser problème lorsqu'on s'intéresse aux
suites de fonctions notamment : pour assurer que la propriété d'intégrabilité
"passe à la limite", il faut imposer de fortes hypothèses à la suite de fonctions
considérée qui ne sont pas toujours aisées à vérier.
C'est pourquoi une autre théorie de l'intégration fut mise au point par Le-
besgue en 1902 ; théorie bien plus générale que celle de Riemann, reposant
sur la théorie de la mesure et qui s'applique non seulement à R mais aussi
à tout autre "espace mesuré". Cette nouvelle façon de considérer ce qu'on
appelle une intégrale permet des passages à la limite beaucoup plus simples.
Bien entendu l'intégrale de Lebesgue coïncide avec celle de Riemann lors-
qu'on se restreint au même cadre d'étude. Cependant la théorie de Lebesgue
est bien plus abstraite et dicile d'accès que celle de Riemann mais c'est
probablement la théorie d'intégration la plus aboutie à ce jour, et c'est aussi
celle la plus communément admise par les mathématiciens contemporains.
L'on peut encore citer une troisième forme d'intégrale qui est celle de Kurzweil-
Henstock. Sa construction se place (à peu près) dans le même cadre que celle
de Riemann et est à peine plus élaborée. La force de l'intégrale de Kurzweil-
Henstock est qu'elle jouit des mêmes bonnes propriétes de passage à la limite
que celle de Lebesgue (en particulier le théorème de convergence dominée)
sans pour autant avoir recours à une théorie abstraite comme celle de Le-
besgue, mais cette dernière reste tout-de-même plus générale.
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Annexe
Faisons un petit peu de topologie :
Démonstration. (du théorème des bornes) Nous allons montrer que f atteint
son sup, la preuve pour l'inf étant complètement analogue.
Par l'absurde, supposons que f n'atteigne pas son sup sur K . On peut
choisir une suite strictement croissante (tn )n∈N de réels qui converge vers
supx∈K f (x). Quel que soit n ∈ N, ] − ∞, tn [ est un ouvert de R et comme f
−1
est continue, f (] − ∞, tn [) est aussi un ouvert, donc on a le recouvrement
ouvert : [
K= f −1 (] − ∞, tn [)
n∈N
[
K= f −1 (] − ∞, tn [)
n∈J
K = f −1 (]−∞, tn0 [) ⇒ ∀x ∈ K, f (x) < tn0 < sup f ⇒ sup f ≤ tn0 < sup f
K K K
ε
∀y ∈ K, d(x, y) < αx ⇒ d(f (x), f (y)) <
2
On a [ αz
K⊂ B(z, )
z∈K
2
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Par compacité de K, il existe une partie nie L⊂K telle que
[ αz
K⊂ B(z, )
z∈L
2
ε ε
d0 (f (x), f (y)) ≤ d0 (f (x), f (z)) + d0 (f (z), f (y)) < + =ε
2 2
α étant indépendant de x, y ∈ K , on a bien le dénition de la continuité
uniforme.
Remarque 10. Pour appliquer ces deux résultats aux cas qui nous intéressent
plus haut, il sut de remarquer que R est un espace métrique (donc un
espace topologique) et que [a, b] est compact dans R.
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Enn, voici un tableau donnant quelques primitives usuelles, ainsi que
leurs domaines de validité :
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Références
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