Une Introduction À L'intégrale de Riemann

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Une Introduction à l'Intégrale de Riemann

Arthur Garnier

5 novembre 2014

1
Table des matières

I Les fonctions en escalier 5

II Dénition de l'intégrale de Riemann 9

III Quelques critères d'intégrabilité 16

IV Propriétés générales de l'intégrale 23


1 Relation de Chasles 23
2 Structure algébrique de l'espace des fonctions intégrables 24
3 Relation entre l'intégrale et l'ordre sur l'ensemble des réels 27

V Théorème fondamentale de l'Analyse et applica-


tions 31
Annexe 38

2
Introduction

e
C'est au milieu du XVII siècle, avec les travaux simultanés de Newton et
Leibniz, en mécanique notamment, qu'apparaît pour la première fois la no-
tion d'intégrale d'une fonction. Par exemple, lorsqu'on recherche la position
d'un point dans l'espace connaissant ses coordonnées initiales et sa vitesse,
lorsqu'on calcule le champ électrique créé par une charge ponctuelle (en uti-
lisant les équations de Maxwell), ou encore lorsqu'on calcule une aire ou un
volume, on recherche en fait la valeur de l'intégrale d'une certaine fonction.
Nous allons voir que la version formalisée par Riemann en 1854 de la notion
d'intégrale d'une fonction réelle de la variable réelle fournit un cadre élégant
et assez naturel à tous ces calculs par le biais d'un puissant théorème décrit
par Riemann lui-même comme étant "le plus beau que l'on sache démontrer".

Nous allons commencer par donner l'idée générale de la construction de


Riemann : Pour xer les idées, considérons une fonction continue sur un
intervalle [a, b], a < b, a, b ∈ R comme sur la gure 1. L'aire de la surface en

Figure 1 

bleu représente ce qu'on veut être l'intégrale de f sur [a, b]. Commençons par
subdiviser l'intervalle en n sous-intervalles

[xi , xi+1 ], 0 ≤ i ≤ n − 1, x0 = a, xn = b
On va approcher l'aire de la gure 1 par la somme des aires de n rectangles
de longueur f (xi ) et de largeur xi+1 − xi comme sur la gure 2.

3
Figure 2 

Notre valeur approximative de l'aire est alors donnée par

n−1
X
f (xi )(xi+1 − xi ) (1)
i=0

Intuitivement, on se rend compte que si on augmente le nombre de points


dans notre subdivision, (ce qui est équvalent à dire que l'on réduit la longueur
de nos sous-intervalles) l'erreur entre la valeur exacte et notre approximation
va diminuer. On a donc envie de "dénir" l'intégrale comme la "limite" de
(1) lorsque le nombre de points tend vers l'inni. Nous allons donc formaliser
tout cela...

4
Première partie

Les fonctions en escalier

Dénition 1. Soit [a, b] R. On appelle subdivision de [a, b]


un intervalle de
toute suite nie δ de la forme δ = (a = x0 < x1 < . . . < xn = b). On dénit
alors le pas de la subdivision par |δ| := max{|xi − xi−1 |, 1 ≤ i ≤ n}.

Notation 1. On notera ∆a,b l'ensemble des subdivisions de l'intervalle [a, b].

On peut aussi dénir "l'inclusion" d'une subdivision dans une autre ainsi
que "l'union" de deux subdivisions :

Dénition 2. 1. Si δ1 et δ2 sont deux subdivisions de [a, b], on dira que


δ2 est plus ne que δ1 si on a rajouté un nombre positif ou nul de points
à δ1 pour construire δ2 . Dans ce cas, on notera δ1  δ2 .

2. On dénit la subdivision δ1 ∨ δ2 comme étant la subdivision constituée


des points de δ1 et de δ2 que l'on a réordonnés et réindexés pour obtenir
une forme similaire à celle de la dénition 1. On l'appelle union de δ1
et δ2 .

Remarque 1. On note que la relation binaire  est une relation d'ordre sur
∆a,b . De plus, on a toujours δ1 , δ2  δ1 ∨ δ2 ainsi que δ1 ∨ δ2 = δ2 ∨ δ1 .
Exemple 1. Sur [0, 1] la subdivision 0 < 1/4 < 1/2 < 3/4 < 1 est plus ne
que 0 < 1/2 < 1 et l'union de cette dernière avec 0 < 1/3 < 2/3 < 1 est
0 < 1/3 < 1/2 < 2/3 < 1.
Nous pouvons à présent dénir la notion de fonction en escalier qui est
assez intuitive nalement :

Dénition 3. On dit qu'une fonction f : [a, b] → R est en escalier s'il existe


une subdivision δ ∈ ∆a,b telle que

∀1 ≤ i ≤ n, ∃λi ∈ R; ∀x ∈]xi−1 , xi [, f (x) = λi

5
C'est à dire que f est constante sur chaque sous-intervalle ]xi−1 , xi [ de [a, b]
et y vaut λi . Dans ce cas la subdivision δ, non nécessairement unique, est
dite bien adaptée à f.

Il est clair avec cette dénition qu'à moins d'être constante partout, une
fonction en escalier ne peut être continue, donc encore moins dérivable.

Notation 2. On note l'ensemble Ea,b des fonctions en escalier sur [a, b]. (C'est
un groupe pour l'addition de fonctions et même un sous-espace vectoriel de
l'espace vectoriel des applications de [a, b] dans R...)

Figure 3 

Exemple 2. La courbe rouge sur la Figure 3 représente le graphe de la


fonction partie entière (x 7→ E(x)) sur [−5, 5] qui est bien une fonction en
escalier puisqu'elle est constante sur chaque intervalle de la forme [n, n + 1[
et vaut n. On constate alors que la subdivision δ : −5 < −4 < . . . < 4 < 5
est bien adaptée à E.

Nous allons maintenant donner une proposition qui va nous permettre de


dénir l'intégrale d'une fonction en escalier :

6
Proposition 1. Soient f ∈ Ea,b et δ1 , δ2 ∈ ∆a,b deux subdivisions bien adap-
tées à f . Si δ1 = (a = x0 < x1 < . . . < xn = b) et δ2 = (a = y0 < y1 < . . . <
ym = b), soient alors λ1 , . . . , λn ∈ R et µ1 , . . . , µm ∈ R tels que :

∀1 ≤ i ≤ n, ∀x ∈]xi−1 , xi [, f (x) = λi
∀1 ≤ j ≤ m, ∀x ∈]yj−1 , yj [, f (x) = µj

Alors, on a
n
X m
X
λi (xi − xi−1 ) = µj (yj − yj−1 ) (2)
i=1 j=1

Démonstration.
P Tout d'abord, si l'on rajoute un point z à δ1 par exemple, la
valeur de i λi (xi − xi−1 ) ne change pas car

z ∈]xi−1 , xi [⇒ λi (xi − z) + λi (z − xi−1 ) = λi (xi − xi−1 )

Cela entraîne donc que si l'on rajoute un nombre ni de points à δ1 δ2 ,


ou
les valeurs des sommes resteront inchangées, donc la valeur calculée avec δ1
est la même que celle calculée avec δ1 ∨ δ2 qui est identique à celle donnée
par δ2 , d'où le résultat.

Dénition 4. Soit f ∈ Ea,b et δ = (a = x0 < x1 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b une


subdivision bien adaptée à f . On appelle intégrale de f sur [a, b] et on note
Z b
f (t)dt
a

le réel
Z b n
X
f (t)dt := λi (xi − xi−1 )
a i=1

Remarque 2. La Proposition 1 montre que ce réel ne dépend pas de la subdi-


vision choisie pour décrire f et qu'ainsi la Dénition 4 fait sens ; c'est-à-dire
que l'intégrale ne dépend que de f et de [a, b].

7
Proposition 2. Soient f, g ∈ Ea,b . Alors
Ea,b → R
1. L'application Rb est linéaire
f 7→ a f (t)dt
Z b Z b Z b
(i.e. ∀α ∈ R, f (t) + αg(t)dt = f (t)dt + α g(t)dt)
a a a

Z b Z b
2. Si f ≤ g alors f (t)dt ≤ g(t)dt
a a

Démonstration. 1) Si δ = (a = x0 < . . . < xn = b) est une subdivision


adaptée à f et g et si


f (x) = λi
∀x ∈]xi−1 , xi [,
g(x) = µi

Alors pour tout α∈R


Z b n
X
f (t) + αg(t)dt = (λi + αµi )(xi − xi−1 )
a i=1

n
X n
X Z b Z b
= λi (xi − xi−1 ) + α µi (xi − xi−1 ) = f (t)dt + α g(t)dt
i=1 i=1 a a

2) Si f (x) ≤ g(x), ∀x ∈ [a, b] alors λi ≤ µi , ∀1 ≤ i ≤ n et donc

Z b n
X n
X Z b
f (t)dt = λi (xi − xi−1 ) ≤ µi (xi − xi−1 ) = g(t)dt
a i=1 i=1 a

8
Deuxième partie

Dénition de l'intégrale de
Riemann
Dans cette partie, nous allons dénir proprement l'intégrale de (certaines)
fonctions bornées sur un intervalle [a, b] de R. Pour cela, nous dénissons tout
d'abord les sommes de Darboux, après avoir introduit une notation :

Notation 3. On écrira dans la suite

Ba,b := {f : [a, b] → R; ∃M > 0; ∀x ∈ [a, b], |f (x)| ≤ M }

Dénition 5. Soient f ∈ Ba,b , δ ∈ ∆a,b . On note



mi := inf x∈[xi−1 ,xi ] f (x)
∀1 ≤ i ≤ n,
Mi := supx∈[xi−1 ,xi ] f (x)

On appelle grande somme de Darboux de f relativement à δ (resp. petite


somme) le réel

n
X n
X
sδ (f ) := mi (xi − xi−1 ) (resp. Sδ (f ) := Mi (xi − xi−1 )
i=1 i=1

Remarque 3. On voit immédiatement que si f est en escalier et si δ est bien


adaptée à f, les deux sommes coïncident et sont égales à l'intégrale de f sur
[a, b]...

Proposition 3. Soient δ1 , δ2 ∈ ∆a,b , f ∈ Ba,b


1) Si δ1  δ2 alors sδ1 (f ) ≤ sδ2 (f ) ≤ Sδ2 (f ) ≤ Sδ1 (f )

2) ∀δ1 , δ2 ∈ ∆a,b , sδ1 (f ) ≤ Sδ2 (f )

9
Démonstration. 1) Il sut de montrer le résultat dans le cas où on obtient
δ2 en ajoutant un point y à δ1 = (a = x0 < . . . < xn = b) et on suppose que
y ∈ [xi−1 , xi ] pour un certain 1 ≤ i ≤ n les deux contributions du segment
[xi−1 , xi ] dans les petites sommes de Darboux sont :

(xi − xi−1 ) inf f (x) pour sδ1 (f )


x∈[xi−1 ,xi ]

(xi − y) inf f (x) + (y − xi−1 ) inf f (x) pour sδ2 (f )


x∈[y,xi ] x∈[xi−1 ,y]

Or on a :
inf f (x) ≤ inf f (x)
x∈[xi−1 ,xi ] x∈[y,xi ]

inf f (x) ≤ inf f (x)


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,y]

et donc sδ1 (f ) ≤ sδ2 (f ). De même, on a Sδ2 (f ) ≤ Sδ1 (f ) et l'inégalité sδ2 (f ) ≤


Sδ2 (f ) est évidente.
2) en vertu de la remarque 1 on a sδ1 (f ) ≤ sδ1 ∨δ2 (f ) ≤ Sδ1 ∨δ2 (f ) ≤ Sδ2 (f )

Proposition 4. Soit f ∈ Ba,b . Alors :


1) Les ensembles {sδ (f ), δ ∈ ∆a,b } et { h(t)dt, h ∈ Ea,b , h ≤ f } sont ma-
Rb
a
jorés et Z b
sup sδ (f ) = sup h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≤f a

2) Les ensembles {Sδ (f ), δ ∈ ∆a,b } et { h(t)dt, h ∈ Ea,b , h ≥ f } sont mi-


Rb
a
norés et Z b
inf Sδ (f ) = inf h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a

3) De plus, on dispose de l'inégalité


sup sδ (f ) ≤ inf Sδ (f )
δ∈∆a,b δ∈∆a,b

10
Démonstration. 1) Le fait que les ensembles soient majorés est évident. Mon-
trons alors la première égalité.
Soit δ ∈ ∆a,b , δ = (a = x0 < . . . < xn = b). On considère la fonction en
escalier g ∈ Ea,b dénie par :
(
∀1 ≤ i ≤ n, ∀t ∈]xi−1 , xi [, g(t) = inf f (x)
x∈[xi−1 ,xi ]
∀0 ≤ i ≤ n, g(xi ) = f (xi )
Alors Z b Z b
sδ (f ) = g(t)dt ≤ sup h(t)dt, ∀δ ∈ ∆a,b
a h∈Ea,b , h≤f a
Z b
⇒ sup sδ (f ) ≤ sup h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≤f a

Soient ensuiteε > 0, h ∈ Ea,b , h ≤ f et δ ∈ ∆a,b une subdivision bien


adaptée à h.
On écrit δ = (a < x0 < . . . < xn = b) et h(x) := λi , ∀x ∈]xi−1 , xi [.
Soit η > 0 tel que γ := (a = x0 < x0 + η < x1 − η < x1 < x1 + η <
ε
. . . < xn − η < xn = b) soit une subdivision de [a, b] et tel que η < 4nK où
K > 0 ; ∀x ∈ [a, b], |f (x)| ≤ K, |h(x)| ≤ K . On a

∀1 ≤ i ≤ n, ∀x ∈ [xi−1 + η, xi − η], h(x) ≤ inf f (x)


x∈[xi−1 +η,xi −η]

En calculant l'intégrale de h avec la subdivision γ et en posant mi :=


inf x∈[xi−1 ,xi ] f (x) on obtient :

Z b n
X
h(t)dt − sγ (f ) = λi (xi − xi−1 )
a i=1

Xn−1 Xn n
X
−( η inf f (x)+ η inf f (x)+ (xi −xi−1 −2η) inf f (x))
x∈[xi ,xi +η] x∈[xi −η,xi ] x∈[xi−1 +η,xi −η]
i=0 i=1 i=1
n
X n
X n−1
X
= λi (xi − xi−1 − 2η) + ηλi + ηλi+1
i=1 i=1 i=0
n−1
X Xn n
X
− η inf f (x)− η inf f (x)− (xi −xi−1 −2η) inf f (x)
x∈[xi ,xi +η] x∈[xi −η,xi ] x∈[xi−1 +η,xi −η]
i=0 i=1 i=1

11
n−1
X n
X
≤ η(λi+1 − inf f (x)) + η(λi − inf f (x))
x∈[xi ,xi +η] x∈[xi −η,xi ]
i=0 i=1
n
X n−1
X
≤ η(λi − mi ) + η(λi+1 − mi+1 )
i=1 i=0

La première somme correspond aux intervalles [xi , xi + η] et la deuxième aux


intervalles [xi − η, xi ]. On obtient donc

Z b
h(t)dt − sδ (f ) ≤ 4nKη < ε
a

D'où Z b
h(t)dt ≤ sup sδ (f ) + ε.
a δ∈∆a,b

Ceci est valable pour toutes les fonctions en escalier inférieure ou égale à f,
donc Z b
sup h(t)dt ≤ sup sδ (f ) + ε
h∈Ea,b , h≤f a δ∈∆a,b

Et en faisant tendre ε vers 0, il vient

Z b
sup h(t)dt ≤ sup sδ (f )
h∈Ea,b , h≤f a δ∈∆a,b

Finalement avec on a bien


Z b
sup h(t)dt = sup sδ (f )
h∈Ea,b , h≤f a δ∈∆a,b

2) On montre ce point de façon analogue au cas précédent : Les ensembles


sont ici aussi clairement minorés. Soient alors δ ∈ ∆a,b , δ = (a = x0 < . . . <
xn = b), g ∈ Ea,b telles que :
(
∀1 ≤ i ≤ n, ∀t ∈]xi−1 , xi [, g(t) = sup f (x)
x∈[xi−1 ,xi ]
∀0 ≤ i ≤ n, g(xi ) = f (xi )
Alors,
Z b Z b
Sδ (f ) = g(t)dt ≥ inf h(t)dt
a h∈Ea,b , h≥f a

12
Z b
⇒ inf Sδ (f ) ≥ inf h(t)dt
δ∈∆a,b h∈E, h≥f a
Et on a la première inégalité.

Soient ensuite ε > 0, h ∈ Ea,b , h ≥ f, δ ∈ ∆a,b un subdivision adaptée à


h.
On écrit δ = (a = x0 < . . . < xn = b) et h(x) = µi , ∀xi−1 < x < xi . Soient
encore K > 0 ; |f (x)|, |h(x)| ≤ K, ∀x ∈ [a, b] et η > 0 ; γ := (a = x0 <
ε
x0 + η < x1 − η < x1 < x1 + η < . . . < xn − η < xn = b) ∈ ∆a,b , η < 4Kn .

Comme précédemment, on a

∀1 ≤ i ≤ n, ∀xi−1 + η ≤ x ≤ xi − η, h(x) ≥ sup f (x)


x∈[xi−1 +η,xi −η]

Et si l'on calcule l'intégrale avec la subdivision γ en posant Mi := supx∈[xi−1 ,xi ] f (x),


on obtient
Z b n
X
Sγ (f ) − h(t)dt = (xi − xi−1 − 2η) sup f (x)
a i=1 x∈[xi−1 +η,xi −η]

n−1
X n
X n
X
+ η sup f (x) + η sup f (x) − µi (xi − xi−1 )
i=0 x∈[xi ,xi +η] i=1 x∈[xi −η,xi ] i=1
n
X Xn Xn n−1
X
= (xi −xi−1 −2η) sup f (x)− µi (xi −xi−1 −2η)− µi η− µi+1 η
i=1 x∈[xi−1 +η,xi −η] i=1 i=0
i)1

n−1
X n
X
+ η sup f (x) + η sup f (x)
i=0 x∈[xi ,xi +η] i=1 x∈[xi −η,xi ]

n−1
X n
X
≤ η( sup f (x) − µi+1 ) + η( sup f (x) − µi )
i=0 x∈[xi ,xi +η] i=1 x∈[xi −η,xi ]

n−1
X n
X
≤ η(Mi+1 − µi+1 ) + η(Mi − µi )
i=0 i=1

Il vient alors
Z b Z b
Sγ (f ) − h(t)dt ≤ 4Knη < ε ⇒ Sγ (f ) ≤ h(t)dt + ε
a a

13
Z b Z b
⇒ inf Sδ (f ) ≤ h(t)dt + ε ⇒ inf Sδ (f ) ≤ inf h(t)dt + ε
δ∈∆a,b a δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a
On peut encore faire tendre ε vers 0 pour obtenir

Z b
inf Sδ (f ) ≤ inf h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a

Et donc Z b
inf Sδ (f ) = inf h(t)dt
δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a

3) Enn, il sut de passer au sup et à l'inf dans l'inégalité (2) de la


Proposition 3 pour obtenir l'inégalité désirée.

Dénition 6. Soit f ∈ Ba,b


1) On note

Z I Z b
f (t)dt := sup sδ (f ) = sup h(t)dt
[a,b] δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≤f a

On appelle ce nombre l'intégrale inférieure de f sur [a, b]. De même, on appelle


intégrale supérieure de f sur [a, b] le nombre

Z S Z b
f (t)dt := inf Sδ (f ) = inf h(t)dt
[a,b] δ∈∆a,b h∈Ea,b , h≥f a

2) On dit que f est intégrable au sens de Riemann (ou Riemann-intégrable)


sur [a, b] si l'on a
Z S Z I
f (t)dt = f (t)dt
[a,b] [a,b]

Cette valeur commune sera alors appelée intégrale de f sur [a, b] et sera notée
Z b
f (t)dt
a

De plus, on notera Ia,b l'ensemble des fonctions intégrables sur [a, b].

14
Remarque 4. Il existe des fonctions dans Ba,b sui ne sont pas intégrables.

Contre-exemple Soient [a, b] = [0, 1] et f := 1Q .


Comme Q est dense dans R, pour tout δ ∈ ∆0,1 , sδ (f ) = 0, Sδ (f ) = 1.
RS RI
D'où
[a,b]
f (t)dt = 0 6= 1 = [a,b] f (t)dt, donc f n'est pas intégrable sur [0, 1].

15
Troisième partie

Quelques critères d'intégrabilité

Une question se pose naturellement : Quelles sont les fonctions intégrables


au sens de Riemann ?
Nous nous proposons donc d'exhiber quelques hypothèses rendant une
fonction Riemann-intégrable sur [a, b]. Pour ce faire, nous allons commencer
par donner un critère qui nous servira beaucoup dans la suite.

Proposition 5. Soit f ∈ Ba,b . Alors f est Riemann-intégrable sur [a, b] si et


seulement si :
∀ε > 0, ∃δ ∈ ∆a,b ; Sδ (f ) − sδ (f ) < ε

Z b
Démonstration. (⇒) Supposons que f soit intégrable. On note I := f (t)dt
a
Soit ε > 0. On a :
 ε
 I = sup sδ (f ) ⇒ ∃δ1 ∈ ∆a,b ; I − < sδ1 (f )

δ∈∆a,b 2
ε
 I = inf Sδ (f ) ⇒ ∃δ2 ∈ ∆a,b ; I + > Sδ2 (f )

δ∈∆a,b 2
Alors

ε ε
I− < sδ1 (f ) ≤ sδ1 ∨δ2 (f ) ≤ Sδ1 ∨δ2 (f ) ≤ Sδ2 (f ) < I+ ⇒ Sδ1 ∨δ2 (f )−sδ1 ∨δ2 (f ) < ε
2 2
(⇐) Soient ε>0 et δ0 ∈ ∆a,b ; Sδ0 (f ) − sδ0 (f ) < ε On a alors

Z I Z S
sδ0 (f ) ≤ sup sδ (f ) = f (t)dt ≤ f (t)dt = inf Sδ (f ) ≤ Sδ0 (f )
δ∈∆a,b [a,b] [a,b] δ∈∆a,b

Ce qui donne
Z S Z I
0≤ f (t)dt − f (t)dt < ε
[a,b] [a,b]

16
Et ceci étant valable quel que soit ε > 0 on obtient :
Z S Z I
f (t)dt = f (t)dt
[a,b] [a,b]

Donc f est intégrable, ce qui termine la preuve.

Remarque 5. On voit immédiatement que pour toutes f ∈ Ia,b et δ ∈ ∆a,b ,


Z b
sδ (f ) ≤ f (t)dt ≤ Sδ (f )
a
Donc
Z b Z b
Sδ (f ) − sδ (f ) < ε ⇒ Sδ (f ) − f (t)dt < ε, f (t)dt − sδ (f ) < ε
a a

Nous pouvons à présent donner trois théorèmes d'existence de l'inégrale


dans certains cas.

Théorème 1. Si f : [a, b] → R est une fonction monotone, alors f est


intégrable.

Démonstration. On peut supposer, pour xer les idées, que f est croissante.
f est bornée car f ([a, b]) = [f (a), f (b)].
Soit δ := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b . On a

inf x∈[xi−1 ,xi ] f (x) = f (xi−1 )
∀1 ≤ i ≤ n,
supx∈[xi−1 ,xi ] f (x) = f (xi )
D'où
n
X
Sδ (f ) − sδ (f ) = (xi − xi−1 )(f (xi ) − f (xi−1 ))
i=1
n
X
≤ |δ| f (xi ) − f (xi−1 ) = |δ|(f (b) − f (a))
i=1

1) Si f (a) = f (b), alors f est constante et donc sδ (f ) = Sδ (f )


ε
2) Si f (a) 6= f (b), soit ε > 0. Si |δ| < > 0, on a alors
f (b)−f (a)
Sδ (f ) − sδ (f ) < ε, donc f est intégrable, d'parès la Poposition 5.

17
On rappelle ici deux théorèmes fondamentaux de topologie dont les dé-
monstrations se trouvent en annexe.

Théorème 2. Soient (E, T ) un espace topologique, K un compact non vide


de E et f : K → R une fonction continue. Alors f est bornée et elle atteint
ses bornes sur K .

Et le théorème de Heine :

Théorème 3. Soient (E, d) et (F, d0 ) deux espaces métriques, K un compact


de E et f : K → F une fonction continue sur K . Alors, f est uniforméme-
ment continue sur K .

Nous pouvons à présent démontrer le

Théorème 4. Si f : [a, b] → R est continue, alors f est intégrable.

Démonstration. D'après les théorèmes rapellés ci-dessus, f est bornée, atteint


ses bornes et est uniformément continue sur tout intervalle fermé borné.
Soit ε > 0. Il existe η>0 tel que

ε
∀x, y ∈ [a, b], |x − y| < η ⇒ |f (x) − f (y)| <
b−a
Soit δ := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b , |δ| < η .

∀1 ≤ i ≤ n, ∃αi , βi ∈ [xi−1 , xi ] ; f (αi ) = inf f (x), f (βi ) = sup f (x)


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

ε
Comme |αi − βi | < η , on a f (βi ) − f (αi ) < b−a
Il vient alors :

n
X
Sδ (f ) − sδ (f ) = (xi − xi−1 )(f (βi ) − f (αi )) < ε
i=1

18
Théorème 5. Soit f : [a, b] → R une fonction bornée et continue sur [a, b]
sauf peut-être en un nombre ni de points (ie f est continue par morceaux).
Alors f est intégrable au sens de Riemann sur [a, b].

Démonstration. Quitte à faire une récurrence, on peut supposer que f ne


possède qu'un seul point de discontinuité c ∈]a, b[.
Soit ε > 0. Comme ]a, b[ est ouvert, on peut choisir η > 0 tel que
[c − η, c + η] ⊂]a, b[ et 2η(M − m) < 3ε où l'on a posé M := supx∈[a,b] f (x) et
m := inf x∈[a,b] f (x).
Par hypothèse, f est continue, donc intégrable sur [a, c − η] et sur [c + η, b],
donc il existe

ε ε
(δ1 , δ2 ) ∈ ∆a,c−η × ∆c+η,b ; Sδ1 (f ) − sδ1 (f ) < , Sδ2 (f ) − sδ2 (f ) <
3 3
Donc
Sδ1 ∨δ2 (f ) − sδ1 ∨δ2 (f ) < ε

Remarque 6. 1) Ce résultat montre donc qu'en modiant la valeur d'une


fonction en un nombre ni de points, on ne change ni son intégrabilité, ni la
valeur de son intégrale.
2) Supposons que l'on ait choisi de dénir l'intégrale avec

Z I Z b Z S Z b
f (t)dt = sup h(t)dt, f (t)dt = inf h(t)dt
[a,b] h∈Ea,b , h≤f a [a,b] h∈Ea,b , h≥f a

(Cette dénition est équivalente à celle des sommes de Darboux d'après la


Proposition 4.) Alors le Théorème précédent devient trivial.
3) On retrouve ici le fait que les fonctions en escalier sont intégrables.

De plus, on dispose d'un résultat géneral, dû à Darboux, que l'on admet-


tra :

Théorème 6.
∀f ∈ Ia,b , ∀ε > 0, ∃η > 0 ; ∀δ ∈ ∆a,b , |δ| < η ⇒ Sδ (f ) − sδ (f ) < ε.

19
On en déduit l'important résultat suivant traitant de ce qu'on appelle les
sommes de Riemann :

Corollaire 1. Soit f ∈ Ia,b Alors :


∀ε > 0, ∃η > 0 ; ∀δ = (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b ; |δ| < η,
∀1 ≤ i ≤ n, ∀ci ∈ [xi−1 , xi ],
Z b n
X
| f (t)dt − f (ci )(xi − xi−1 )| < ε
a i=1

Démonstration. On peut utiliser le théorème précédent, en remarquant que :

n
X
sδ (f ) ≤ f (ci )(xi − xi−1 ) ≤ Sδ (f )
i=1
Z b
sδ (f ) ≤ f (t)dt ≤ Sδ (f )
a
Donc, si Sδ (f ) − sδ (f ) < ε, alors :

n
X Z b
| f (ci )(xi − xi−1 ) − f (t)dt| < ε.
i=1 a

Le goût amère que laisse le fait d'admettre le théorème de Darboux peut


être contourné en démontrant une version alternative du Corollaire précé-
dent, pour laquelle nous devront tout-de-même admettre les propriétés de
positivité, linéarité de l'intégrale, ainsi que la relation de Chasles et l'inéga-
lité triangulaire, que nous démontrerons dans la partie suivante.

Théorème 7. Soient n ∈ N∗ , f : [a, b] → R une fonction continue et


δn := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b
Alors, ∀1 ≤ i ≤ n, ∀ci ∈ [xi−1 , xi ], on a :
n
X Z b
lim f (ci )(xi − xi−1 ) = f (t)dt
n→+∞ a
i=1

20
Démonstration. On a
Z xi Z xi Z xi
f (ci )(xi −xi−1 ) = f (ci )dt ⇒ f (ci )(xi −xi−1 )− f (t)dt = f (ci )−f (t)dt
xi−1 xi−1 xi−1

D'où

n
X Z b n Z
X xi
f (ci )(xi − xi−1 ) − f (t)dt = f (ci ) − f (t)dt
i=1 a i=1 xi−1

Pour tout η > 0, on pose ω(η) := sup{|f (u) − f (v)|, a ≤ u, v ≤ b, |u − v| ≤ η}


Il vient alors

n
X Z b n Z
X xi
| f (ci )(xi − xi−1 ) − f (t)dt| ≤ ω(|δn |)dt = (b − a)ω([δn |)
i=1 a i=1 xi−1

Or, d'après le Théorème de Heine, limη→0 ω(η) = 0 d'où limn→+∞ ω(|δn |) = 0


car limn→+∞ |δn | = 0. Finalement, on obtient bien

n
X Z b
lim f (ci )(xi − xi−1 ) = f (t)dt.
n→+∞ a
i=1

Corollaire 2. Soient f : [a, b] → R une fonction continue. Pour tout n ∈ N∗


on considère la subdivision régulière
b−a
∀0 ≤ k ≤ n, xk := a + k
n
Alors n b
b−aX b−a
Z
lim f (a + k )= f (t)dt
n→∞ n k=1 n a

Démonstration. Clair avec le Théorème 7.

On peut encore mentionner un corollaire évident du résultat précédent :

21
Corollaire 3. Soit f : [0, 1] → R une fonction continue. Alors
n Z 1
1X k
lim f( ) = f (t)dt
n→∞ n n 0
k=1

Exemple 3. Soit à calculer :

n
X k
lim
n→∞
k=1
n2

Avec le Corollaire 3, on a :

n n Z 1
X k 1Xk 1
lim 2
= lim = tdt =
n→∞
k=1
n n→∞ n
k=1
n 0 2

22
Quatrième partie

Propriétés générales de l'intégrale


1 Relation de Chasles

Proposition 6. Soient [a, c] un intervalle de R, b ∈ [a, c] et f : [a, c] → R


une application. On a
1) f est intégrable sur [a, c] si et seulement si elle est intégrable sur [a, b] et
sur [b, c].
2) Si f est intégrable sur [a, c] alors,
Z c Z b Z c
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt
a a b

Démonstration. (⇒) Supposons f intégrable sur [a, c]. Soient ε > 0 et


1)
δ ∈ ∆a,c tels que Sδ (f ) − sδ (f ) < ε. Soient γ ∈ ∆a,c la subdivision obtenue
en ajoutant le point b à δ et (δ1 , δ2 ) ∈ ∆a,b × ∆b,c les subdivisions extraites
de γ . On a

(Sδ1 (f ) − sδ1 (f )) + (Sδ2 (f ) − sδ2 (f )) = Sγ (f ) − sγ (f ) ≤ Sδ (f ) − sδ (f ) < ε.


D'où
Sδ1 (f ) − sδ1 (f ) < ε, Sδ2 (f ) − sδ2 (f ) < ε.
(⇐) Supposons f intégrable sur [a, b] et sur [b, c].
Soient ε > 0 et (δ1 , δ2 ) ∈ ∆a,b × ∆b,c tels que
Sδ1 (f ) − sδ1 (f ) < 2ε , Sδ2 (f ) − sδ2 (f ) < 2ε . Soit encore δ := δ1 ∨ δ2 ∈ ∆a,c .
On a :
Sδ (f ) − sδ (f ) = Sδ1 (f ) + Sδ2 (f ) − sδ1 (f ) − sδ2 (f ) < ε.

2) En reprenant les notation précédentes :


Z b
sδ1 (f ) ≤ f (t)dt ≤ Sδ1 (f )
a
Z c
sδ2 (f ) ≤ f (t)dt ≤ Sδ2 (f )
b

23
Z c
⇒ sδ1 (f ) + sδ2 (f ) = sδ (f ) ≤ f (t)dt ≤ Sδ (f ) = Sδ1 (f ) + Sδ2 (f ).
a
Rb Rc Rc
Donc
a
f (t)dt+
b a
f (t)dt sont dans l'intervalle
f (t)dt et [sδ (f ), Sδ (f )] qui
est de longueur strictement inférieure à ε. On a donc :

Z b Z c Z c
| f (t)dt + f (t)dt − f (t)dt| < ε
a b a

Ceci étant vrai quel que soit ε > 0, on a bien l'égalité recherchée.

Dénition 7. Soit f : [a, b] → R une fonction intégrable. Par convention,


on pose :
Z a Z b
f (t)dt := − f (t)dt
b a

Avec la Proposition 6 et la Dénition 7, on a de manière évidente :

Théorème 8. Soient a, b, c ∈ R quelconques. Soit f une fonction intégrable


sur chaque intervalle fermé (a, b), (b, c) et (a, c). Alors on a :
Z b Z c Z c
f (t)dt + f (t)dt = f (t)dt
a b a

2 Structure algébrique de l'espace des fonctions

intégrables

Proposition 7. Soient f, g ∈ Ia,b , λ ∈ R. Alors


Z b Z b Z b
1) f + g ∈ Ia,b et f (t) + g(t)dt = f (t)dt + g(t)dt.
Z b a Z b a a

2) λf ∈ Ia,b et λf (t)dt = λ f (t)dt.


a a

24
Démonstration. 1) Soient ε > 0 et δ1 , δ2 ∈ ∆a,b tels que
Sδ1 (f ) − sδ1 (f ) < 2ε , Sδ2 (g) − sδ2 (g) < 2ε . On pose δ := δ1 ∨ δ2 . Alors

ε
Sδ (f ) − sδ (f ) <
2
ε
Sδ (g) − sδ (g) <
2
Si l'on écrit δ = (a = x0 < . . . < xn = b), on a, pour tout 1 ≤ i ≤ n,

sup f (x) + g(x) ≤ sup f (x) + sup g(x)


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

inf f (x) + g(x) ≥ inf f (x) + inf g(x).


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

Or, Sδ (f ) + Sδ (g) − sδ (f ) − sδ (g) < ε et


sδ (f ) + sδ (g) ≤ sδ (f + g) ≤ Sδ (f + g) ≤ Sδ (f ) + Sδ (g) donc
Sδ (f + g) − sδ (f + g) < ε ⇒ f + g ∈ Ia,b .
Par ailleurs,

Z b
sδ (f ) + sδ (g) ≤ f (t) + g(t)dt ≤ Sδ (f ) + Sδ (g)
a
Z b Z b
sδ (f ) + sδ (g) ≤ f (t)dt + g(t)dt ≤ Sδ (f ) + Sδ (g)
a a
Et donc : Z b Z b Z b
| f (t)dt + g(t)dt − f (t) + g(t)dt| < ε
a a a
On fait tendre ε vers 0, et on a le résultat.
2) C'est clair.

Proposition 8. Soient f, g ∈ Ia,b . Alors f g ∈ Ia,b .

Démonstration. Supposons d'abord que f et g soient à valeurs positives ou


nulles.
Soit K > 0 ; ∀x ∈ [a, b], f (x), g(x) ≤ K .

25
Soient aussi ε>0 et δ := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b tels que

ε ε
Sδ (f ) − sδ (f ) < , Sδ (g) − sδ (g) < .
2K 2K
Pour tout 1≤i≤n on pose :

mi := inf f (x), m0i := inf g(x), m00i := inf f (x)g(x)


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

Mi := sup f (x), Mi0 := sup g(x), Mi00 := sup f (x)g(x)


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

On a alors Mi00 ≤ Mi Mi0 et m00i ≥ mi m0i , d'où :

Mi00 − m00i ≤ Mi Mi0 − mi m0i = Mi Mi0 − mi Mi0 + mi Mi0 − mi m0i

= Mi0 (Mi −mi )+mi (Mi0 −m0i ) ≤ K(Mi −mi )+K(Mi0 −m0i ) = K(Mi −mi +Mi0 −m0i )
Et donc :

Sδ (f g) − sδ (f g) ≤ K(Sδ (f ) − sδ (f ) + Sδ (g) − sδ (g)) < ε ⇒ f g ∈ Ia,b

Supposons maintenant f et g à valeurs quelconques.


Posons m := inf x∈[a,b] f (x) et m0 := inf x∈[a,b] g(x). On a :

f g = (f − m)(g − m0 ) + m0 f + mg − mm0

f −m et g−m0 sont positives, donc (f −m)(g−m0 ) est intégrable d'après ce qui


0
précède et on peut appliquer la Proposition 7 pour voir que m f et mg sont
intégrable et donc, toujours avec la Proposition 7, que f g est intégrable.

Proposition 9. Soit f ∈ Ia,b . Alors |f | ∈ Ia,b .

Démonstration. Soient ε>0 et δ := (a = x0 < . . . < xn = b) ∈ ∆a,b tels que


Sδ (f ) − sδ (f ) < ε.
Pour tout 1 ≤ i ≤ n, on pose :

mi := inf f (x), m0i := inf |f (x)|


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

Mi := sup f (x), Mi0 := sup |f (x)|


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

26
1) Si ∀x ∈ [xi−1 , xi ], f (x) ≥ 0,
alors Mi0 = Mi et m0i = mi donc Mi0 − m0i = Mi − mi .
2) Si ∀x ∈ [xi−1 , xi ], f (x) ≤ 0,
alors Mi0 = −mi et m0i = −Mi donc Mi0 − m0i = Mi − mi .
3) Si f prend des valeurs positives ou nulles et négatives ou nulles sur
[xi−1 , xi ], on a :
Mi0 = max(Mi , −mi ) ≤ Mi − mi , m0i ≥ 0
donc Mi0 − m0i ≤ Mi − mi .
Dans tous les cas, on a Sδ (|f |) − sδ (|f |) ≤ Sδ (f ) − sδ (f ) < ε et donc |f | est
bien intégrable.

On peut résumer les Propositions 7, 8 et 9 sous la forme d'un théorème :

Théorème 9. L'ensemble Ia,b est une sous-algèbre de l'algèbre des applica-


tions de [a, b] dans R, stable par passage à la valeur absolue.
Ia,b → R
De plus, l'application Rb est une forme linéaire.
f 7→ a f (t)dt

3 Relation entre l'intégrale et l'ordre sur l'en-

semble des réels

Théorème 10. Soient f, g ∈ Ia,b . On note f ≥ 0 ⇔ ∀x ∈ [a, b], f (x) ≥ 0


et ||f ||∞ := supx∈[a,b] f (x).
1) Z b
f ≥0 ⇒ f (t)dt ≥ 0
a

2) Z b Z b
f ≤g ⇒ f (t)dt ≤ g(t)dt
a a

27
3) Z b Z b
| f (t)dt| ≤ |f (t)|dt ≤ (b − a)||f ||∞
a a

4) Si f est continue et positive sur [a, b], alors :


Z b
f (t)dt = 0 ⇔ f = 0
a

Démonstration. 1) Si, ∀x ∈ [a, b], f (x) ≥ 0 alors ∀δ ∈ ∆a,b , sδ (f ) ≥ 0 et


donc : Z b
f (t)dt = sup sδ (f ) ≥ 0
a δ∈∆a,b

2)

Z b Z b Z b
f ≤g ⇒ g−f ≥0 ⇒ g(t) − f (t)dt ≥ 0 ⇒ f (t)dt ≤ g(t)dt
a a a

3) On a ∀x ∈ [a, b],
f (x) ≤ |f (x)|
−f (x) ≤ |f (x)|
Donc Z b Z b
f (t)dt ≤ |f (t)|dt
a a
Z b Z b
− f (t)dt ≤ |f (t)|dt
a a
Ce qui donne bien
Z b Z b
| f (t)dt| ≤ |f (t)|dt
a a

De plus, ∀x ∈ [a, b], |f (x)| ≤ ||f ||∞ , d'où :

Z b Z b Z b
|f (t)|dt ≤ ||f ||∞ dt = ||f ||∞ dt = (b − a)||f ||∞
a a a

28
Z b
4) (⇒) On suppose que f (t)dt = 0. Raisonnons par l'absurde et supposons
a
qu'il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) > 0.
Comme f est continue, il existe un intervalle [α, β] ⊆ [a, b] tel que

∀x ∈ [α, β], f (x) > f (c)


2
On a
Z α Z b Z β
f (c)
f (t)dt ≥ 0, f (t)dt ≥ 0, f (t)dt ≥ (β − α) > 0
a β α 2

Donc
Z b Z α Z β Z b Z b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt + f (t)dt > 0 ⇒ f (t)dt 6= 0
a a α β a

Z b
ce qui est absurde. On a donc bien f (t)dt = 0 ⇒ f = 0.
a
(⇐) C'est évident.

Corollaire 4. Soient f, g ∈ Ia,b et m := inf x∈[a,b] f (x), M := supx∈[a,b] f (x).


Alors
1) Z b Z b Z b
m g(t)dt ≤ f (t)g(t)dt ≤ M g(t)dt
a a a

2) En particulier, pour g = 1, on a :
Z b
m(b − a) ≤ f (t)dt ≤ M (b − a)
a

Démonstration. C'est clair.

On a aussi

29
Théorème 11. Soient f : [a, b] → R une fonction continue et g : [a, b] → R
une fonction intégrable à valeurs positives ou nulles.
Alors
1) Z b Z b
∃cg ∈ [a, b] ; f (t)g(t)dt = f (cg ) g(t)dt
a a

2 ) En particulier, si g = 1, alors :
Z b
1
∃c ∈ [a, b] ; f (c) = f (t)dt
b−a a

On appelle ce réel la valeur moyenne de f sur [a, b].

Z b Z b
Démonstration. Si g(t)dt = 0 alors f (t)g(t)dt = 0 et on peut choisir
a a
cg quelconque.
Sinon, on a :
Rb
a
f (t)g(t)dt
Rb ∈ [m, M ].
a
g(t)dt
Or f est continue, donc d'après le Théorème des valeurs intermédiaires, elle
prend toute valeur comprise entre m et M, d'où l'existence de cg .

30
Cinquième partie

Théorème fondamentale de
l'Analyse et applications

Commençons par une dénition et un lemme :

Dénition 8. Soit f, F : I → R deux fonctions. On dit que F est une


primitive de f sur I si F est dérivable sur I et si pour tout x ∈ I on a
0
F (x) = f (x).

Lemme 1. Soient f : [a, b] → R une fonction continue et λ ∈ R. Alors la


fonction
F : [a, b] → R xR
x 7→ λ + a f (t)dt
est l'unique primitive de f valant λ en a.

Démonstration. Existence :
Nous voulons montrer que F0 = f. Soit donc x0 ∈ [a, b] et montrons que
F 0 (x0 ) = f (x0 ).
Soit ε > 0. Par continuité de f en x0 , il existe η>0 tel que :

∀x ∈ [a, b], |x − x0 | < η ⇒ |f (x) − f (x0 )| < ε

Soit donc x ∈ [a, b] ; |x − x0 | < η, x 6= x0 . On calcule :


Z x Z x0
F (x) − F (x0 ) 1
| − f (x0 )| = | (λ + f (t)dt − λ − f (t)dt) − f (x0 )|
x − x0 x − x0 a a
Z x Z x0
1
=| ( f (t)dt − f (t)dt − (x − x0 )f (x0 ))|
x − x0 a a

31
Si x > x0 , alors, par linéarité et croissance
Z x
F (x) − F (x0 ) 1
| − f (x0 )| = | f (t) − f (x0 )dt|
x − x0 x − x 0 x0
Z x
1
≤ |f (t) − f (x0 )|dt < ε
x − x 0 x0
De même, si x < x0 , alors
Z x0
F (x) − F (x0 ) 1
| − f (x0 )| = | f (x0 ) − f (t)dt|
x − x0 x0 − x x
Z x0
1
≤ |f (x0 ) − f (t)|dt < ε
x0 − x x
On a donc :

F (x) − F (x0 )
∀ε > 0, ∃η > 0 ; ∀x ∈ [a, b], |x − x0 | < η ⇒ | − f (x0 )| < ε
x − x0
Ce qui est exactement dire

F (x) − F (x0 )
lim = f (x0 )
x→x0 x − x0
soit, par dénition : F 0 (x0 ) = f (x0 ). Donc F est bien une primitive de f et
comme F (a) = λ, on a l'existence.

Unicité :
Soit G une autre primitive de f telle que G(a) = λ. On a G0 = f = F 0 donc
k ∈ R tel que
il existe G = F + k . Or G(a) = F (a) + k ⇔ λ = λ + k
⇔ k = 0 ⇔ F = G d'où l'unicité.

Nous pouvons à présent énoncer et démontrer le "Théorème fondamentale


de l'Analyse" :

Théorème 12. Soit f : [a, b] → R une fonction continue et soit F une


primitive de f sur [a, b]. Alors :
Z b
f (t)dt = F (b) − F (a) =: [F (t)]ba
a

32
Démonstration. D'après le Lemme précédent, F existe et s'exprime :
Z x
∀x ∈ [a, b], F (x) = λ + f (t)dt
a

Or λ = F (a), on écrit donc :


Z x
∀x ∈ [a, b], F (x) = F (a) + f (t)dt
a

Et, en évaluant en x = b, on obtient :


Z b Z b
F (b) = F (a) + f (t)dt ⇔ f (t)dt = F (b) − F (a)
a a

Remarque 7. La puissance de ce Théorème saute aux yeux ; le nombre d'in-


tégrales qu'il permet de calculer est impressionnant. On peut, pour ansi dire,
calculer l'intégrale de n'importe quelle fonction pour peu qu'elle soit conti-
nue et que l'on en connaisse une primitive. C'est pourquoi un tableau des
primitives usuelles est donné en annexe. Cependant, il est souvent bien plus
dicile de calculer une primitive qu'une dérivée et il se peut que l'on ait
à calculer l'intégrale d'une fonction dont on ne connaît pas de primitive.
Heureusement, on dispose de deux résultats complémentaires permettant de
contourner ce problème dans certains cas. Mais il existe tout-de-même des
situations pour lesquelles aucun des résultat énoncés ici ne fonctionne et on
a alors recours à des techniques (beaucoup) plus sophistiquées, comme pour
montrer par exemple que :
Z π
1 π
dt = √ , a>1
0 a + cos(t) 2
a −1
Pour calculer cette dernière intégrale, on peut entre autre utiliser le Théorème
des Résidus, qui dépasse largement notre propos.

Exemple 4. 1) Si l'on reprend l'exemple 3, on a :

1
t2 12 − 02
Z
1
tdt = [ ]10 = =
0 2 2 2

33
On a aussi
b
t3 b 3 − a3
Z
t2 dt = [ ]ba =
a 3 3

2) Plus généralement, on a pour tout n ∈ N,


b
bn+1 − an+1
Z
n
t dt =
a n+1
On peut donc intégrer simplement n'importe quel polynôme sur n'importe
quel intervalle ; plus précisément, si a0 , . . . , an ∈ R on a, par linéarité :

Z b Xn n Z b n
i
X
i
X bi+1 − ai+1
( ai t )dt = ai t dt = ai
a i=0 i=0 a i=0
i+1

3) On peut même calculer des intégrales un peu plus subtiles :

Z 2
1
dt = [ln(t)]21 = ln(2) − ln(1)
1 t

Théorème 13. Soient u, v : [a, b] → R deux fonctions de classe C 1 . Alors :


Z b Z b
0
u (t)v(t)dt = [u(t)v(t)]ba − u(t)v 0 (t)dt
a a

Démonstration. On a∀t ∈ [a, b], (uv)0 (t) = u0 (t)v(t) + u(t)v 0 (t) et si l'on
intègre cette relation sur[a, b], par linéarité et avec le Théorème fondamentale
on obtient :
Z b Z b Z b
0 0
(uv) (t)dt = u (t)v(t)dt + u(t)v 0 (t)dt
a a a
Z b Z b
⇔ [u(t)v(t)]ba = u0 (t)v(t)dt + u(t)v 0 (t)dt
a a
Z b Z b
⇔ u0 (t)v(t)dt = [u(t)v(t)]ba − u(t)v 0 (t)dt
a a

34
Remarque 8. En pratique, il est bon, dans un premier temps, de toujours
noter explicitement les fonctions u et v utilisées pour ne pas se tromper lors
de l'application du théorème.

Exemple 5. 1) On veut calculer :


Z π
2t cos(t)dt
0

Pour cela, on pose u0 (t) := cos(t), v(t) := 2t, alors u(t) = sin(t), v 0 (t) = 2 et
en appliquant le théorème précédent, on obtient :
Z π Z π
2t cos(t)dt = [2t sin(t)]π0 − 2 sin(t)dt = −2[− cos(t)]π0 = −4
0 0

2) Grâce à ce théorème, on peut calculer une primitive du logarithme népérien


0 0 1
en posant u (t) := 1, v(t) := ln(t) et alors u(t) = t, v (t) = , d'où, pour
t
a, b ∈ R∗+ , a < b :
Z b Z b Z b
1
ln(t)dt = 1 × ln(t)dt = [t ln(t)]ba − t × dt = [t ln(t) − t]ba
a a a t
Donc une primitive de t 7→ ln(t) est t 7→ t ln(t) − t.

Théorème 14. Soient ϕ : [a, b] → R une fonction de classe C 1 et


f : ϕ([a, b]) → R une fonction continue. Alors on a :
Z ϕ(b) Z b
f (x)dx = f (ϕ(t))ϕ(t)dt
ϕ(a) a

Démonstration. Soit F une primitive de f, on a :


Z ϕ(b)
f (x)dx = F (ϕ(b)) − F (ϕ(a)) = (F ◦ ϕ)(b) − (F ◦ ϕ)(a)
ϕ(a)
Z b Z b Z b
0 0 0
= (F ◦ ϕ) (t)dt = (F ◦ ϕ)(t)ϕ (t)dt = f (ϕ(t))ϕ0 (t)dt
a a a

35
Remarque 9. On note que dans le théorème précédent, on n'a pas besoin de
la bijectivité de ϕ. En fait, on peut montrer que si l'on impose ϕ strictement
croissante sur [a, b] (ie. ϕ0 (t) > 0 et ϕ bijective) alors, si l'on connaît une
primitive G de t 7→ f (ϕ(t))ϕ0 (t), alors la fonction F := G ◦ ϕ−1 est une
primitive de f .

Exemple 6. On peut vérier que si l'on veut calculer l'aire du demi-disque


de centre 0 et de rayon 1, on doit en fait calculer :

Z 1 √
1 − x2 dx
−1

Nous allons appliquer le théorème précédent en posant x = cos(t). On a


x = −1 ⇔ t = π , x = 1 ⇔ t = 0 et cos0 (t) = − sin(t), d'où
Z 1√ Z 0 p Z π
2
1 − x dx = 2
− 1 − cos (t) sin(t)dt = sin2 (t)dt
−1 π 0

car sin est positive sur [0, π]. De plus, on a :

1 − cos(2t)
∀t ∈ [0, π], sin2 (t) =
2
dont une primitive est
2t − sin(2t)
t 7→
4
Et donc,

π π
1 − cos(2t) 2t − sin(2t) π π
Z Z
2
sin (t)dt = dt = [ ]0 =
0 0 2 4 2
On remarque qu'il s'agit bien de l'aire du demi-disque de centre 0 et de rayon
π
1, donc en ce sens la valeur n'est pas étonnante, mais si l'on ne prend en
2 R1 √
compte que le calcul d'intégrale, le résultat
−1
1 − x2 dx = π2 n'est en fait
pas clair du tout...

36
Conclusion

Nous avons donc construit ici la forme la plus simple d'intégrale qui existe.
C'est aussi la premiére à avoir vu le jour. Elle permet d'avoir une vision assez
intuitive des phénomènes relatifs au procédé d'intégration.
Mais cette construction commence à poser problème lorsqu'on s'intéresse aux
suites de fonctions notamment : pour assurer que la propriété d'intégrabilité
"passe à la limite", il faut imposer de fortes hypothèses à la suite de fonctions
considérée qui ne sont pas toujours aisées à vérier.
C'est pourquoi une autre théorie de l'intégration fut mise au point par Le-
besgue en 1902 ; théorie bien plus générale que celle de Riemann, reposant
sur la théorie de la mesure et qui s'applique non seulement à R mais aussi
à tout autre "espace mesuré". Cette nouvelle façon de considérer ce qu'on
appelle une intégrale permet des passages à la limite beaucoup plus simples.
Bien entendu l'intégrale de Lebesgue coïncide avec celle de Riemann lors-
qu'on se restreint au même cadre d'étude. Cependant la théorie de Lebesgue
est bien plus abstraite et dicile d'accès que celle de Riemann mais c'est
probablement la théorie d'intégration la plus aboutie à ce jour, et c'est aussi
celle la plus communément admise par les mathématiciens contemporains.
L'on peut encore citer une troisième forme d'intégrale qui est celle de Kurzweil-
Henstock. Sa construction se place (à peu près) dans le même cadre que celle
de Riemann et est à peine plus élaborée. La force de l'intégrale de Kurzweil-
Henstock est qu'elle jouit des mêmes bonnes propriétes de passage à la limite
que celle de Lebesgue (en particulier le théorème de convergence dominée)
sans pour autant avoir recours à une théorie abstraite comme celle de Le-
besgue, mais cette dernière reste tout-de-même plus générale.

37
Annexe
Faisons un petit peu de topologie :

Démonstration. (du théorème des bornes) Nous allons montrer que f atteint
son sup, la preuve pour l'inf étant complètement analogue.
Par l'absurde, supposons que f n'atteigne pas son sup sur K . On peut
choisir une suite strictement croissante (tn )n∈N de réels qui converge vers
supx∈K f (x). Quel que soit n ∈ N, ] − ∞, tn [ est un ouvert de R et comme f
−1
est continue, f (] − ∞, tn [) est aussi un ouvert, donc on a le recouvrement
ouvert : [
K= f −1 (] − ∞, tn [)
n∈N

Or K est compact, il existe donc une partie nie J ⊂N telle que

[
K= f −1 (] − ∞, tn [)
n∈J

Soitn0 := max(J). (tn ) est une suite croissante,


donc ] − ∞, tn [⊂] − ∞, tn+1 [, ∀n ∈ N
⇒ f −1 (] − ∞, tn [) ⊂ f −1 (] − ∞, tn+1 [), ∀n ∈ N
Et donc

K = f −1 (]−∞, tn0 [) ⇒ ∀x ∈ K, f (x) < tn0 < sup f ⇒ sup f ≤ tn0 < sup f
K K K

Ce qui est absurde.

Démonstration. (du théorème de Heine) Soit ε > 0. Par continuité de f,


pour tout x ∈ K, on peut choisir αx > 0 tel que

ε
∀y ∈ K, d(x, y) < αx ⇒ d(f (x), f (y)) <
2
On a [ αz
K⊂ B(z, )
z∈K
2

38
Par compacité de K, il existe une partie nie L⊂K telle que

[ αz
K⊂ B(z, )
z∈L
2

On pose α := 12 minz∈L αz . Soient alors x, y ∈ K ; d(x, y) < α. On peut


choisir z ∈ L tel que x ∈ B(z, α2z ) (ie. d(x, z) < α2z ), on a alors
αz
d(y, z) ≤ d(y, x) + d(x, z) < α + ≤ αz
2
Et donc,

ε ε
d0 (f (x), f (y)) ≤ d0 (f (x), f (z)) + d0 (f (z), f (y)) < + =ε
2 2
α étant indépendant de x, y ∈ K , on a bien le dénition de la continuité
uniforme.

Remarque 10. Pour appliquer ces deux résultats aux cas qui nous intéressent
plus haut, il sut de remarquer que R est un espace métrique (donc un
espace topologique) et que [a, b] est compact dans R.

39
Enn, voici un tableau donnant quelques primitives usuelles, ainsi que
leurs domaines de validité :

f (x) F (x) Domaine de validité


xa+1
xa , a ∈ R − {−1} a+1
R∗+
xn+1
xn , n ∈ N n+1
R
1
x
ln |x| R∗
ln(x) x ln(x) − x R∗+
ex ex R
ax
ax , a ∈ R∗+ − {1} ln(a)
R
sin(x) − cos(x) R
cos(x) sin(x) R
tan(x) − ln | cos(x)| R − { π2 + kπ, k ∈ Z}
cotan(x) ln | sin(x)| R − πZ
1 π
cos2 (x)
tan(x) R − { 2 + kπ, k ∈ Z}
1
sin2 (x)
−cotan(x) R − πZ
sh(x) ch(x) R
ch(x) sh(x) R
th(x) ln(ch(x)) R
coth(x) ln |sh(x)| R∗
1
2 th(x) R
ch (x)
1
2 −coth(x) R∗
sh (x)
√ 1 arcsin(x) ] − 1, 1[
1−x2
√ 1 , a>0 x
arcsin( ) ] − a, a[
a2 −x2
1
√ a
√ ln(x + 1 + x2 ) R
1+x2 √
√ 1 , a 6= 0 ln(x + a2 + x2 ) R
a2 +x2
1

√ ln |x + x2 − 1| R − [−1, 1]
x2 −1 √
√ 1 , a 6= 0 ln |x + x2 − a2 | R − [−a, a]
x2 −a2
1
arctan(x) R
x2 +1
1 1 x
x2 +a2
, a 6= 0 a
arctan( )
a
R
1 1 x+a
a2 −x2
, a 6= 0 2a
ln | x−a
| R − {−a, a}

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Références

[1] X. Gourdon, Les maths en tête : Analyse. Ellipses, 1994.

[2] A. Autin, Cours de mathématiques supérieures, Amiens, 2012-2013.

[3] G. Barou, Cours de licence 2 de mathématiques, 2013. [Online].


Available : http ://www.math.unicaen.fr/ barou/L2Math/

[4] Wikipédia, Sommes de Riemann, 2001. [Online]. Available : http ://wi-


kipedia.org/

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