Fiche 4 DAG 2021
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Fiche 4 DAG 2021
C’est l’activité de service public qui a pour mission le maintien de l’ordre public.
Nous étudierons la notion de police administrative, avant de voir son objet et ses
limites.
Toutefois, ce n’est pas le même juge qui est compétent. Le juge administratif est
compétent lorsque l’on se trouve face à une opération de police administrative, et le
juge judiciaire est compétent pour les opérations de police judiciaire.
Ce critère s’est toutefois rapidement révéré insuffisant, puisque les missions étaient
exercées par les mêmes agents.
Un tournant important est intervenu en 1951 : CE, 11 mai 1951, consorts BAUD.
Les faits : des inspecteurs de police, recherchant des malfaiteurs, entrent dans un café.
Un consommateur prend peur et s’enfuit. Un des policiers se lance à sa poursuite et le
tue.
Procédure : la famille saisit le juge administratif d’une demande indemnitaire. Le juge
administratif décline sa compétence en considérant qu’il s’agit d’une opération de
police judiciaire. Le juge considère que les policiers agissaient dans le cadre d’une
mission de police judiciaire, afin de réprimer une infraction.
TC, 5 décembre 1977, Delle MOTSCH : dans le cadre d’une opération de contrôle
d’identité dans un but préventif (mesure de police administrative), un automobiliste
refuse de s’arrêter et prend la fuite. La Demoiselle Motsch est passagère de la
voiture. Les policiers se lancent à sa poursuite et, devant le refus d’obtempérer de
l’automobiliste, tirent et blessent Mademoiselle Motsch. Le TC a considéré que le
dommage était intervenu à un moment où l’activité de police administrative
préventive (contrôle d’identité) s’était muée en une opération de police judiciaire
(attraper une personne en fuite).
Il fallait donc qualifier les faits et se placer dans l’état d’esprit des policiers au
moment du dommage.
La situation était complexe pour les victimes et une évolution s’imposait pour fixer
la définition.
TC, Sté Le Profil, 12 juin 1978 : Les services de police étaient chargés d’escorter la
société Le Profil, qui convoyait des fonds lui appartenant de la banque jusqu’à son
siège. Le convoi est attaqué par des braqueurs, et malgré les efforts de la police
(poursuite des voleurs), les agresseurs réussissent à s’enfuir avec leur butin.
La société Le Profil a entendu obtenir une réparation financière.
Le juge a donc été amené à aménager le critère finaliste, dans un objectif de bonne
administration de la Justice.
2° Le soin de réprimer les atteintes à la tranquillité publique telles que les rixes et disputes
accompagnées d'ameutement dans les rues, le tumulte excité dans les lieux d'assemblée
publique, les attroupements, les bruits, les troubles de voisinage, les rassemblements
nocturnes qui troublent le repos des habitants et tous actes de nature à compromettre la
tranquillité publique ;
1° Tout ce qui intéresse la sûreté et la commodité du passage dans les rues, quais, places et
voies publiques, ce qui comprend le nettoiement, l'éclairage, l'enlèvement des
encombrements, la démolition ou la réparation des édifices et monuments funéraires
menaçant ruine, l'interdiction de rien exposer aux fenêtres ou autres parties des édifices qui
puisse nuire par sa chute ou celle de rien jeter qui puisse endommager les passants ou
causer des exhalaisons nuisibles ainsi que le soin de réprimer les dépôts, déversements,
déjections, projections de toute matière ou objet de nature à nuire, en quelque manière que
ce soit, à la sûreté ou à la commodité du passage ou à la propreté des voies susmentionnées
6° Le soin de prendre provisoirement les mesures nécessaires contre les personnes atteintes
de troubles mentaux dont l'état pourrait compromettre la morale publique, la sécurité des
personnes ou la conservation des propriétés ;
7° Le soin d'obvier ou de remédier aux événements fâcheux qui pourraient être occasionnés
par la divagation des animaux malfaisants ou féroces ».
4° L'inspection sur la fidélité du débit des denrées qui se vendent au poids ou à la mesure et
sur la salubrité des comestibles exposés en vue de la vente ;
5° Le soin de prévenir, par des précautions convenables, et de faire cesser, par la distribution
des secours nécessaires, les accidents et les fléaux calamiteux ainsi que les pollutions de
toute nature, tels que les incendies, les inondations, les ruptures de digues, les éboulements
de terre ou de rochers, les avalanches ou autres accidents naturels, les maladies
épidémiques ou contagieuses, les épizooties, de pourvoir d'urgence à toutes les mesures
d'assistance et de secours et, s'il y a lieu, de provoquer l'intervention de l'administration
supérieure ;
Cette notion a été peu utilisée ensuite, hormis dans l’arrêt dit « Dieudonné » du 9
janvier 2014. Le CE a validé l’interdiction d’un spectacle au motif que celui-ci
présentait un risque sérieux que soient portées des atteintes graves au respect des
valeurs et principes et notamment à la dignité de la personne humaine (l’auteur
ayant été condamné à plusieurs reprises pour propos antisémites et raciaux).
Pour un exemple plus explicite : TA Caen, 20 décembre 1960, Sté des films Marceau :
interdiction du film à la réputation sulfureuse « les liaisons dangereuses » à Lisieux, en
période de pèlerinage. Dans ce cas, la notion de circonstances locales apparaissait plus
explicite.
Le critère de morale publique est donc parfois utilisé par le juge, sous la stricte
condition de l’existence de circonstances locales particulières.
Sous la 5ème République, ce pouvoir appartient au 1er ministre (CE, 13 mai 1960,
SARL Restaurant Nicolas).
Dans tous les cas, il s’agit d’un pouvoir propre qui ne peut pas être délégué.
L’exécution des missions de police administrative est menée par :
- les militaires de la gendarmerie
- la police nationale et municipale
- Certains fonctionnaires assermentés
Les autorités de police générale sont souvent également autorité de police spéciale
(Maire, Préfet, notamment).
Mais certaines polices spéciales sont confiées à des autorités qui ne sont pas
autorités de police générale, notamment les ministres (de la culture pour le cinéma ;
de l’Intérieur (+ Préfet) pour les étrangers ; des transports, etc.). Le Président de
l’Université dispose de la police de l’Université.
Une autorité de police locale (Maire, par exemple) peut de son côté prendre une
mesure de police même si une mesure a déjà été prise au niveau supérieur, sous
deux conditions :
• il faut que les circonstances locales l’exigent
• l’autorité locale ne peut qu’aggraver la mesure supérieure (CE, 18
avril 1902, Commune de NERIS LES BAINS : un Préfet avait interdit les jeux
d’argent, sous réserve d’une dérogation qui serait accordée par l’Etat pour
certaines stations thermales. Le Maire de Néris-les Bains a pris un arrêté
plus restrictif, interdisant les jeux d’argent sans possibilité de dérogation.
L’arrêté était légal puisqu’il était plus restrictif).
L’idée est que l’autorité locale peut affiner une mesure plus générale prise par
l’autorité supérieure lorsque les circonstances locales le justifient. Elle ne peut pas,
par contre, être plus libérale que l’autorité supérieure, qui a fixé un cadre général
qu’il convient de respecter.
Le principe qui gouverne ce choix est celui selon lequel « les lois spéciales dérogent
aux lois générales » : il faut donc faire application en priorité de la police
administrative spéciale.
Exemple : Dans le cas d’un bâtiment en ruine qui menace de s’effondrer : Le Maire va
devoir prioritairement utiliser la police spéciale des édifices menaçant ruine, qui
suppose des garanties plus importantes pour le propriétaire, que la police générale de
la sécurité publique.
3. Conflit entre Police spéciale nationale et police générale municipale
Pendant longtemps, la jurisprudence des films Lutetia s’est appliquée (le maire peut
interdire un film autorisé au titre de police spéciale en cas de risque pour l’ordre
public local).