Les Journees Africaines de La Rse
Les Journees Africaines de La Rse
Les Journees Africaines de La Rse
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QUELLE SPECIFICITES ?
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RESUME
Considéré longtemps comme étant défavorable par les Entreprises Marocaines, un optimisme
semble planer dans les airs et laisse penser que le climat de travail au sein des entreprises doit
connaître des améliorations importantes au cours des prochaines années
Cet optimisme trouve sa source dans les efforts colossaux déployés par les organismes
étatiques et non gouvernementaux ainsi que les entreprises qui manifestent un intérêt pour se
prémunir contre les effets négatifs et les conséquences flagrantes du mauvais management du
capital humain
L’incorporation des valeurs véhiculées par la responsabilité sociale des entreprises (RSE)
constitue un défi pour les grandes entreprises mais également pour les petites et moyennes
entreprises. En effet, l’implémentation de la RSE concerne toutes les structures et tous les
leviers de l’organisation à leur tête la gestion des ressources humaines
Ainsi, entre pilier de management et simple effet de mode, le construit de la RSE nécessite
encore des clarifications conceptuelles allant de la perception y faite par le top management et
les collaborateurs jusqu’à l’importance de l’intégration de la RSE dans l’agenda stratégique
des entreprises marocaines.
Dans cet article nous tenterons d’explorer le management des compétences vu de l’angle de
la RSE, l’objectif étant de répondre à la problématique de la spécificité du contexte Marocain.
Pour répondre à cette problématique, nous avons divisé notre travail en deux parties, la
première partie est une présentation d’une cartographie conceptuelle et théorique autour de la
RSE et de la GRH dont l’objectif est d’établir une relation théorique entre les deux construits ;
la deuxième partie est une présentation des principaux résultats issus de notre terrain d’étude
De ce fait, la feuille de route qui guidera notre réflexion dans la première partie de l’article
reprend l’état de l’art des éléments suivants :
La GRH peut être considérée comme étant « un champ caractérisé par un ensemble de savoir
faire qui doit permettre de satisfaire un ensemble d’engagements en parallèle : relier les
intérêts des collaborateurs travaillant au sein de l’entreprise avec ceux du top management et
des actionnaires tout en respectant un cadre financier, législatif et environnemental bien
déterminé »
Elle est également définie par Jean marie Peretti1comme étant « une structure chargée de
l’administration du personnel, des relations sociales et de la mise en œuvre des politiques
ressources humaines de façon plus ou moins partagée avec la hiérarchie »
1.1.1 De la gestion de personnel au management des compétences
Nous pouvons résumer le passage de la GRH de la « Gestion de personnel » au
« Management des compétences » à travers les phases suivantes:
La GRH mécanique
Est qualifiée de mécanique la GRH des années trente. En effet, la mission principale de la
fonction était de veiller aux activités opérationnelles à l’égard du recrutement et de la paie en
se basant sur des règles strictes et standards
Malgré les évolutions qu’a connu cette période (apparition des relations syndicales, managers
et dirigeants formés dans des business schools et mise en place de nouveaux modes de
management, etc.) la fonction de la gestion du personnel restait toujours distante de la
performance de l’entreprise
La GRH organique
Face à la prise de conscience des employés de leurs droits et face aux revendications de la
société civile sur le respect de certaines valeurs primordiales au travail, la GRH est passée
d’une fonction qui applique strictement et de manière standard les règles de travail à une
fonction organique qui inclut les exigences et les besoins des employés dans ses politiques.
Le résultat est l’instauration des nouveaux soubassements de la relation de l’entreprise avec
ses collaborateurs dont l’objectif est l’amélioration des conditions de travail relatives à
plusieurs volets (congés payés, le SMIC, l’égalité homme/femme, etc.)
Avec ces nouvelles missions, le périmètre d’action de la fonction RH s’est élargit
commençant ainsi à acquérir un pouvoir de décision de plus en plus important qui lui a
attribué une place importante dans les comités de direction
La GRH stratégique
Des restructurations profondes et des mises à niveaux nécessaires ont caractérisées le champ
d’action de la GRH après les crises mondiales successives (suppression des emplois non
1
Peretti, 2008
qualifiés, formation des employés, augmentation de la décentralisation pour pouvoir limiter
les conséquences des crises d’ordre international, etc.)
L’utilisation des nouvelles technologies d’information et de communication (TIC) a joué un
rôle primordial dans la restructuration de la fonction RH. En effet, l’informatisation des tâches
administratives a épargné à la fonction RH le temps pour se concentrer sur des tâches
beaucoup plus stratégiques et à forte valeur ajoutée pour l’entreprise.
La GRH médiatique
A nos jours, la fonction RH est en étroite relation avec tous les services de l’entreprise, tous
les volets stratégiques importants, elle a réussi à intégrer les comités de direction.
Aujourd’hui, la fonction RH mène les activités relatives à la communication interne et externe
et au marketing social.
Aujourd’hui, la fonction RH donne l’importance primordial à l’optimisation des compétences
des collaborateurs en proposant des mesures et des pratiques en faveur du savoir, du savoir
faire et du savoir être des collaborateurs
1.1.2 Modélisation des rôles de la GRH (Modélisation de D.Ulrich :19 97, 2012 et 2016)
Pour D. Ulrich (1997), la fonction RH doit passer d’une fonction « support » ou
« secondaire » à une fonction business créatrice de richesse2. Son objectif est de générer une
création de valeur qui participe à la création du profit. Afin d’établir son modèle, l’auteur a
interrogé de nombreuses entreprises dont l’objectif était de déterminer les compétences RH
permettant la performance.
Les résultats de l’étude démontrent qu’un professionnel RH doit assurer les activités
opérationnelles au quotidien sans oublier l’importance d’agir également sur des aspects
stratégiques
Figure N°1: Les rôles de la fonction RH
Process
People
2
Peretti
Ainsi, D. Ulrich propose quatre typologies :
Un partenaire opérationnel : qui est expert dans les ressources humaines, il
conjugue entre les missions de la conception et du déploiement des systèmes
ainsi que l’optimisation des programmes. En tant qu’expert, il a la charge
d’administrer le quotidien.
Un champion des employés : il joue le rôle du porte parole des employés et il
félicite les contributions
Un agent de changement : il doit avoir les compétences et les connaissances
nécessaires qui permettront de concevoir et de mettre en œuvre les outils et les
processus d’appropriation des éléments relatifs aux changements. Il doit être
capable de faire adhérer et de réussir l’implication des différents collaborateurs
concernés par le changement.
Un partenaire stratégique : qui participe à la formulation de la stratégie de
l’entreprise, il prend part aux décisions stratégiques.
En 2012, D.Ulrich a fait évoluer son travail et a proposé un modèle en cinq dimensions. Il a
fait ressortir une nouvelle variable ou donnée qui était présente dans tous les interviews
administrés, il s’agit du leadership. L’auteur place alors le leadership au centre de la matrice
des rôles.
Figure N°2 : Modèle de Dave Ulrich, 2012
Stratégie /Futur
Leader
Processus Hommes
Quotidien /opérationnel
Human
capital
curator Total
Culture and
rewards
change
steward
champion
Technolog
Compliance
y and
manager
media
Analytics
integrator
designer and
interpreter
Capacité à être en
conformité avec le cadre Capacité à utiliser les médias
réglementaire technologiques et sociaux pour
conduire des organisations
Capacité à prendre les décisions performantes
par l’analyse des données
3
Disponible sur le site du colloque « les clés de la performance RH » andrh,m2grh, IAE, UPEC, eapm - 1juin 2016
En résumé, il ressort du modèle que la fonction RH doit assurer aux collaborateurs des
conditions de travail optimales en proposant des solutions innovantes. Ainsi, la créativité
devient une condition indispensable des responsables RH.
Partant du principe que la performance de l’entreprise est en fonction de sa capacité à réagir
aux transformations du marché voire d’être proactive à tout changement, le management des
compétences est apparu comme un enjeu majeur
Avant presque vingt ans, les auteurs considéraient que : « la fonction Direction des ressources
humaines pourrait glisser vers la Direction de la Responsabilité Sociale »8. Un postulat qui
est aujourd’hui largement soutenu par les travaux de Peretti et Uzan qui considèrent que « la
DRH apparaît désormais comme un acteur majeur dans le cadre de l’implémentation des
programmes de RSE/DD développés dans les entreprises et les organisations9 »
4
Bowen, 1953
5
Postel et Rousseau, 2010
6
Grahl et Teague, 1997
7
Igalens
8
PLUCHART, 2011
9
Peretti et Uzan
L’engagement dans la démarche RSE invite les entreprises d’infléchir leurs pratiques de
gestion des ressources humaines et les rôles traditionnellement dévolus à la fonction RH en se
posant la question sur les conséquences de ses actions sur les collaborateurs et leur entourage
tout en introduisant une dimension sociale dans le processus de prise de décision.
Rares sont les recherches empiriques qui se sont intéressées aux pratiques GRH impactées par
la mise en place de la démarche RSE. Des auteurs limitent la relation entre la GRH et la RSE
aux problèmes de la santé et de la sécurité au travail, d’autres à l’amélioration des conditions
de travail. (Kagnicioglu, 2007).
Des praticiens font appel au concept du Personnel-Mix inventé par Martory et Crozet en 2008
pour analyser l’impact de l’implémentation de la RSE sur les pratiques de gestion des
ressources humaines. Le concept du Personnel-Mix reprend cinq composantes à savoir10 :
Politique salariale
La valorisation sociale
Climat et comportements sociaux
Relations paritaires
Image sociale interne et externe
L’émergence de la RSE au Maroc a été initiée principalement par les pressions des firmes
multinationales. En effet, dans le cadre de l’alignement et de l’harmonisation des stratégies
des firmes avec la maison mère que l’engagement dans la démarche RSE a été exigé.
Dans cette optique, deux autres raisons ont encouragé l’appropriation de la RSE par les
entreprises marocaines. Au-delà des filiales des multinationales qui étaient obligées de suivre
la stratégie des maisons mères, d’autres facteurs s’y ajoutent :
La majorité des dirigeants marocains ont toujours aspiré à la modernité11
La volonté royale qui encourage toute initiative sociètalement et socialement
responsable12
« Ma conviction première est que l'investissement constitue, d'abord et avant tout, un moyen
qui doit trouver sa finalité dans le progrès et la justice sociale, dans l'émancipation et le bien-
être des femmes et des hommes, dans la cohésion sociale, la protection du milieu naturel et le
respect des droits et des intérêts des générations futures13 … »
Les principales sources normatives internationales de la RSE14 sont :
- Le pacte mondial : il s’agit d’une énumération de dix principes inspirés de la
charte des droits humains, de la déclaration de Rio de Janeiro sur le
développement durable (1992) et de la déclaration des principes et des droits
fondamentaux de l’OIT en (1998)
15
www.cgem.ma
16
Article : « Etat des lieux de la RSE au Maroc » publié dans un ouvrage commun
Tableau N° 1 : Les domaines d’engagement en matière de la RSE dans les Entreprises Marocaines
Nous pouvons classer les freins à la RSE au Maroc en trois grandes catégories :
Freins individuels
Vu qu’au Maroc, on assiste à la culture des Entreprises familiales où règne une gouvernance
paternaliste, l’engagement dans la démarche RSE dans ce genre d’entreprises est conditionné
par les valeurs, les croyances et les convictions spirituelles du chef d’entreprise.
Freins organisationnels
Les freins organisationnels sont surtout liés à la taille des Entreprises. En effet, le tissu
productif marocain est représenté en grande partie par les petites et moyennes Entreprises
(PME) et les très petites Entreprises (TPE). Les PME représentent au Maroc plus de 75 % du
tissu productif.
Les demandes pour la labellisation restent timides vu les critères de la labellisation qui sont
beaucoup plus adaptés aux grandes Entreprises et également les prix de la certification qui
restent à notre sens très élevés. Les praticiens voient que les prix de certification
n’encouragent pas les moyennes ou petites Entreprises d’aller dans la procédure de la
certification malgré qu’elles s’approprient les valeurs véhiculées par la RSE dans leurs
relations au quotidien avec les parties prenantes.
Freins institutionnels
Malgré la mondialisation et l’ouverture sur de nouvelles perspectives de développement, on
assiste toujours dans les Entreprises marocaines à une peur de la transparence et de la
communication à propos des modes de gouvernances et de management. Un manque de
transparence qui ne peut accueillir les comités responsables de l’audit de la gouvernance de
l’entreprise pour mériter le label ou de ne pas le mériter.
S’ajoute à cette limite l’application conditionnée des dispositions légales. Comment une
Entreprise peut demander la certification et se doter d’un label RSE alors qu’elle n’applique
pas déjà les dispositions de la loi ? Comment peut on admettre d’innover dans les pratiques et
de proposer de bonnes pratiques de gestion des ressources humaines sans appliquer déjà les
standards ?
II-POSTURE METHODOLOGIQUE, TERRAIN D’ETUDE ET
ANALYSE DES RESULTATS
Eclairer les perceptions et les interprétations des acteurs de cet objet de recherche -
compte tenu de sa nature- nécessite de prôner pour une méthodologie qualitative basée
sur leurs récits, leurs interprétations et leurs perceptions
Notre orientation inductive est dictée par notre terrain de recherche qui revêt un
caractère exploratoire
Ménara Holding est un groupe à plusieurs activités. Fondé par Feu Abderrahmane Zahid et à
sa tête aujourd’hui Mohamed Zahid l’ainé de la deuxième génération. Il compte plus de 1600
collaborateurs et présent dans six villes du Maroc
Crée en 1976, le groupe était spécialisé dans le transport, devenu par la suite carrières et
transport. Au fur et à mesure, plusieurs sites ont vu le jour ce qui a fait que l’idée du holding
s’est imposée en 2006. Un progrès flagrant qui a fait passer la PME familiale à Ménara
holding
Ce modèle d’entreprise soucieux de l’environnement et animé par l’excellence et
l’engagement lui a valu plusieurs prix et label
Ménara holding a décroché le titre de meilleur employeur au Maroc, un titre décerné par
l’institut américain Best compagnies group. Cette distinction récompense les efforts du
groupe dans le domaine de la formation continue des collaborateurs et de développement de
leurs compétences.
Ce programme de « meilleur employeur » est basé sur l’environnement de travail, l’enquête a
duré six mois, établie via différents questionnaires administrés auprès d’un grand échantillon
de collaborateurs. L’objectif est de recevoir des feed backs sur la perception des politiques
RH et leurs outils sur la culture de l’entreprise, les conditions de travail, le système de
rémunération et la reconnaissance professionnelle
Le groupe est considéré comme un des rares entreprises de Marrakech qui ont fait le pas vers
la labellisation. En effet, depuis sa création, le groupe a fait preuve de beaucoup d’attention et
d’engagement vis-à-vis de ses collaborateurs et de la société en général. Ainsi, parmi les
actions nous pouvons citer les programmes d’alphabétisation des collaborateurs, des actions
en vue de la préservation de l’environnement avec des stations de traitement dans les
carrières.
Le groupe a toujours souhaité donner l’exemple et de créer un effet d’entrainement tant au
niveau régional que national
L’interdiction des discriminations s’applique à toutes les étapes de la vie professionnelle des
collaborateurs : embauche, évaluation et rémunération ainsi que la carrière
Dans le cadre de l’engagement de l’entreprise dans la politique de recrutement des personnes
handicapées, Ménara holding a établit un recensement des postes qui peuvent être occupés par
des personnes en situations d’handicap.
Les dispositifs de la RSE exigent 5% des postes à attribuer aux personnes handicapées.
L’entreprise a recruté quatre personnes handicapées. Il existe d’autre qui -suite aux accidents
de travail- se sont retrouvées handicapées. L’entreprise garde ses collaborateurs qui ont
souffert d’un accident de travail et essaye de leur insérer dans d’autres postes adaptés à leurs
états
Les pratiques RH socialement responsables relatives à l’accompagnement du
collaborateur
1. Approche collective
2. Approche individuelle
Suivi médical
Analyse de l’activité
Santé et sécurité
3. Approche ergonomique
Conclusion
Chaouki, f., (2011) « la GRH maroc une étude sur l’implication des salariés». Compétences
conseil, 1ère édition, 282 p.
Caroll a.b. (1979), « a three dimensional conceptual model of corporate social performance »,
academy of management review, vol. 4, p. 497-505, october.
Gond, j.p., & igalens, j., & swaen, v., & el akremi, a., (2011) «the human resources
contribution to responsible leadership: an exploration of the csr–hr interface» journal of
business ethics.
Gond, j.-p., el akremi, a., igalens, j., & swaen, v. (2010). « a corporate social performance-
corporate financial performance behavioural model for employees». In c. Bhattacharya, d.
Grimand, a., & vandangeon- derumez, i., (2010) « les modes d’appropriation de la RSE et
leurs impacts sur la fonction ressources humaines », 20ème édition du congrès de l’agrh, rennes
Igalens, j., & el akremi, a., & dhaouadi, i., (2008) « la responsabilité sociale de l’entreprise
sous l’éclairage des critical management studies : vers un nouveau cadre d’analyse de la
relation entreprise société ». Revue finance contrôle stratégie.
M.E. Porter (1994), L’entreprise intelligente : savoir, services et technologie, Dunod, Paris
Peretti jean marie, 2017 « Ressources humaines » 16 ème édition
Peretti jean marie, 2012 « l’encyclopédie de l’audit du social et de la responsabilité sociètale,
EMS
THIETART, R.A. (1999), « Méthodes de recherche en management », Dunod, Paris.