Thomas Römer 3 Février Au 31 Mars 2011

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Thomas Römer
3 février au 31 mars 2011

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 (1) Moïse était en train de faire paître le petit bétail de


Jéthro son beau­père, le prêtre de Madian. Il mena le petit
bétail au­delà du désert, et arriva à la montagne de dieu*,
à l’Horeb.
 * Manque dans LXX.
 (2) Le messager de Yhwh lui apparut dans une Qlamme de
feu au milieu du buisson. Il regarda, et voici que le buisson
était en feu, mais le buisson ne se consuma pas. (3) Moïse
dit : ‘Je vais faire un détour, je regarderai cette vision :
pourquoi le buisson ne brûle­t­il pas ?’

 (4) Yhwh* vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu
(Élohim)* l’appela du milieu du buisson ; il dit : ‘Moïse,
Moïse !’. Il répondit : ‘Me voici.’
 * Sam a élohim au lieu de yhwh; tandis que LXX a kurios au lieu
d’élohim. Sam a deux fois élohim, LXX deux fois kurios. => tentatives
d’harmonisation ?
 (5) Et il dit : ‘N’approche pas d’ici ! Retire ta sandale de ton
pied*, car le lieu où tu te tiens est un sol sacré’.
 * TM: “tes sandales”. Beaucoup de mss hébreux, Sam, LXX, Vulgate ont
le singulier.
(6) Et il dit : ‘Je suis le dieu de ton père*, le dieu
d’Abraham, le dieu d’Isaac et le dieu de Jacob.’ Moïse se
cacha le visage, car il craignit de regarder vers Dieu.
 * Sam et quelques mss grecs: “tes pères”: il s’agit clairement d’une
harmonisation.

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 (11) Moïse dit à Dieu : ‘Qui suis­je pour aller vers Pharaon
et pour faire sortir d’Egypte les Qils d’Israël ?’
 (12) Il dit: ‘Vraiment, je suis (serai) avec toi, et ceci sera
pour toi le signe que c’est moi qui t’ai envoyé : quand tu
feras sortir le peuple d’Egypte, vous servirez Dieu sur
cette montagne.’
 (13) Et Moïse dit à Dieu : ‘Voici. Je vais aller vers les Qils
d’Israël et je leur dirai : le dieu de vos pères m’a envoyé. Et
ils me diront : Quel est son nom ? Que leur dirai­je ?’
 (14) Dieu dit à Moïse: ‘Je serai qui je serai (je suis qui je
suis)’. Et il dit : ‘Ainsi tu parleras aux Qils d’Israël : ‘Je serai’
m’a envoyé vers vous.’

 (15) Dieu dit encore à Moïse : ‘Tu parleras ainsi aux Qils
d’Israël : le dieu de vos pères, le dieu d’Abraham, le dieu
d’Isaac et le dieu de Jacob ma envoyé vers vous. C’est mon
nom pour toujours, c’est ainsi qu’on m’invoquera de
génération en génération’.
 (16) Va, rassemble les anciens d’Israël et dis­leur : Yhwh,
le dieu de vos pères, m’est apparu, le dieu d’Abraham,
d’Isaac et de Jacob, en disant : J’ai vraiment fait attention à
vous et à ce qui vous est fait en Egypte.

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(2) Dieu parla encore à Moïse et lui dit : ‘Je suis Yhwh.
 (3) Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob en tant que El
Shadday, mais sous mon nom Yhwh je ne me suis pas fait connaître à
eux.
 (4)Puis j'ai établi mon alliance avec eux, pour leur donner le pays de
Canaan, pays de leurs migrations, où ils étaient des émigrés. (5) EnQin,
j'ai entendu la plainte des Qils d'Israël, asservis par les Egyptiens, et je
me suis souvenu de mon alliance.
 (6) C'est pourquoi, dis aux Qils d'Israël : Je suis Yhwh. Je vous ferai
sortir des corvées d'Egypte, je vous délivrerai de leur servitude, je
vous revendiquerai avec puissance et autorité, (7) je vous prendrai
comme mon peuple à moi, et pour vous, je serai Dieu.
 Vous connaîtrez que je suis Yhwh, qui suis votre Dieu : celui qui vous
fait sortir des corvées d'Egypte.’
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 Les deux textes convergent dans l’idée que le nom de Yhwh a


été révélé (pour la première fois) à Moïse.
 Ex 3 situe cette révélation à la « montagne de
dieu » (anticipation d’Ex 19), Ex 6 dans le pays d’Egypte.
 Ex 3 cherche à donner une explication ou une allusion au nom
divin en l’interprétant à l’aide de la racine h­ y­h (« être »). Ex 6
n’explique pas le nom, mais dit que ce même dieu s’est présenté
auparavant comme un « El (Shadday) ».
 => souvenir que Yhwh n’a pas été depuis toujours le dieu
d’Israël et que sa relation avec Israël est liée à la tradition de
l’exode.
 Ex 3: « Je serai qui je serai »: reQlet d’une aversion contre la
prononciation du nom?

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 Indications pour la prononciation « Yahvé »


=> surtout témoignages des Pères de l’Eglise:
 Stromates de Clément d’Alexandrie (+ vers 220):
 « le nom mystique de quatre lettres qui était Qixé seule­
ment pour ceux auxquels l’adytum était accessible est
appelé Ιαουε, ce qui se traduit par ‘Celui qui est et qui
sera’. »
 Epiphanius de Salamis (4e siècle) (Panarion = Adversus
Haereses I, iii, 40): Ἰα et Ἰαβέ

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 Théodoret de Cyr (5e siècle): Quaestiones in


Exodum (XV) : les Samaritains appellent dieu
Ἰαβέ, et les Juifs Ἀϊά.
 Haereticarum fabularum compendium (V,3), « Ἀϊά
signiQie celui qui est. Ce nom était imprononçable
chez les Hébreux … Les Samaritains, en
méconnaissant le sens du mot, le lisent Ἰαβαί. ».
 Photius (9e siècle): ioth – alph – ouauth –èth, =>
yawè.

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 Origène (185­253) :
commentaire au
Psaume 2 :
« tétragramme » ou
« Ἰαή »
 Contre Celse: Ἰαώ :
prononciation des
Gnostiques

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 Irénée de Lyon (2e siècle), Adv. Haereses I,4,2 : les


Gnostiques prononcent Ἰαωθ (Iao + Sabaoth);
d’autres hérétiques: Ἰαῶ.
 Tertullien (2e siècle) en exposant la doctrine de
Valentin (Contre les Valentiniens) sur les éons:
« Horus, qui s'était si heureusement présenté à la
mère, ne se fût jeté si malencontreusement à la
traverse de la Qille, en lui criant, Iao, comme qui
dirait: ‘Arrière, Romains!’ … De là cet Iao que l'on
trouve dans les Ecritures. »

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 Eléphantine: Yhw, yhh


ṣb’t, dans des noms
théophores: yh =>
yaho.
 Absence du
tétragramme.

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 4QpapLXXLevb:(fragment
20 = Lev 4,26­28 LXX)

 le tétragramme est rendu


par ΙΑω

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 Diodore de Sicile (1er


siècle) Bibliothèque I,
94.2.: « On raconte que
… chez les Juifs, Moïse
disait avoir reçu les
lois du dieu appelé
Iao ».
 stèle votive de
l’époque romaine du
3e siècle dédiée à Zeus
Serapis identiQié à
« Iaω »
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 Papyri magiques:
 « Je t'adjure, toi, qui fortiQies l'homme pour qu'il
vive : écoute, écoute, Dieu grand, Adonaï Ethuia,
engendré de toi­même, éternel dieu, Eionê, Iaô
Aiô, Aiô, Phnéôs, Sphnintès, Arbathiaô, Iaô, Iaê, Iôa,
Ai,… »

 Noms propres bibliques et extrabibliques:


 Yirmeyahu, Yesha‘yahu, Yehonatan, etc.

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 Ex 15,2 : Ma force et mon chant, c'est Yah


 Ex 17,16 : le trône de Yah
 Es 12,2: Yah, Yhwh est ma force
 Es 26,4 : car c'est dans Yah, Yhwh qu'est le rocher
de tous les temps…
 Ps 68,19 : pour y faire ta demeure, Yah Dieu
 Ps 77,12 ; 118,17 : les actions de Yah
 Ps 86,5 : Son nom, c'est Yah
 Ps 122,4 : les tribus de Yah

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 Nqh (?) yh yhwh


 « acquitte Yah
Yhwh !».
 => Correspond aux
attestations bibliques :
utilisations liturgiques

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 M. Noth : la forme longue est la forme la plus


ancienne, Yhw serait une abréviation secondaire.
 M. Rose (1972): Yhw serait la forme originelle du
nom divin, et Yhwh une innovation théologique
de Josias.

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 Rose: Yhwh = ywh + h


sufQixe (« son Yahou »).
 Solution improbable et
raisonnement circulaire.
 Kuntillet Ajrud: yhw ainsi
que yhwh en compagnie
d’Ashéra.
 Khirbet el­Qom atteste
l’existence du
tétragramme.

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 Renz: on a plus d’attestations extra­bibliques de la forme


longue en dehors de la Bible pour la période préexilique
tandis que la forme brève domine clairement à l’époque
postexilique.
 Tropper: (« Der Gottesname *YAHWA », VT 51, 2001).
translittérations des noms propres judéens en babylonien:
 ia­a­ḫu­ú correspond à /yahû/ (Yahu+X ).
 ia­a­ma (avec la valeur wa6 pour le MA) : /yaw/ ? (X+Yaw ). Reste
cependant la question du a Qinal.
 Cf. l’amorite: a­bi­ia­ma = ’abi­yamma : « Yammu est mon père », zi­
im­ri­e­id­da = ḏimrī­hedda : « Haddu est ma protection ».
 « a » est une relique d’un ancien cas a­ en absolutif.
 => /ya(h)wa/. On aurait donc ainsi une autre attestation pour une
prononciation du nom divin de type « Yahwa ».

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 Yhw , yh, yw
 Weippert : yw (translittéré « yau » dans des
documents néo­assyriens) pointe vers le Nord,
yah ou yahu plutôt vers le Sud.
 L’écriture du tétragramme dans la Bible s’est
standardisée dans le contexte de la sacralisation
du nom; pour le distinguer de l’élément divin
yahu dans des noms propres.

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 (1) Yhwh est un nom propre ; cela pose problème


pour une religion devenue « monothéiste ».
 (2) Une certaine interprétation du Décalogue
(« tu n’utiliseras pas le nom de Yhwh pour des
choses vaines ») et une certaine sacralisation du
nom.
 (3) L’utilisation du nom Yhw/Yhwh dans des
contextes magiques.
 Mishnah: on y trouve l’idée que le Grand Prêtre le
jour du Yom Kippur peut, dans le saint des saints,
prononcer le nom divin.
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 Adonay (« Seigneur ») pour vocaliser le


tétragramme hwFhy:
 Prononciation erronée « Yehova » dès le 13e
siècle (Raimundus Marti, un dominicain ):
combinaison du ketib (yhwh) et du qeré
(’adonay): forme longtemps utilisée dans les
traductions et d’autres publications.
 Autre substitution: )mF#; (shema) « Nom » en
araméen.
 Codex L et d’Aleppe: shewa (« e ») et « a
long » (qamets).
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 LXX: kurios présuppose clairement ’adonay.


 Egalement la vocalisation hwFhyla.
 on trouve dans certains manuscrits grecs au lieu
de kurios (« Seigneur ») theos (« dieu »).
 => plusieurs manières dimaginer un substitut de
prononciation
 Voir aussi dans certains manuscrits de Qumran
l’écriture du tétragramme en caractères paléo­
hébraïques
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 Ex 3 présuppose un lien entre le nom divin et la


racine h­y­h (« être »)
 a) A partir des noms propres amorites attestés à Mari
Yaḫwi­ilum (« El est ; se manifeste »).
 W. von Soden: yahwi (« Il est »): absence de référence
à un nom divin: « une conception universelle » du
dieu d’Israël.
 b) W. Albright: forme causative; *’ēl yahweh yiśrā’ēl,
« El donne la vie/crée Israël ».
 F.M. Cross: ’ēl yahweh ṣĕbā’ôt « El qui crée l’armée
céleste ».
 c) De Moor: *yahwe­El : « que El soit présent » (voir
« yaqub­el »: que El protège.
 Cf. nom divin composite: rkb’l (rakib­el « chariotier
d’El ») à Sam’al.
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 A partir de la forme brève Yah.


 Mowinckel: la forme originelle de Yhwh aurait été
*ya huwa : « le voici ; c’est lui ».
 A. López Pego : yah : à l’origine une exclamation
cultuelle qui s’est substantivée pour désigner la
divinité.
 H. Cazelles a proposé la signiQication : « Le mien »,
(akk. ya’u)

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 Tropper: difQicile de voir le nom yhwh comme


dérivant d’une forme verbale.
 Le « y » doit donc faire partie de la racine: yhw/y
ou whw/y. Problème: pas de racine sémitique à
partir de laquelle on pourrait expliquer le nom.
 Görg: hwh : « tomber » (un oiseau de proie qui
descend sur sa proie)=> Yhwh = aigle, vautour (cf.
Ex 19,3: « je vous ai portés sur des ailes d'aigle
(vautour) »

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 Mari: dIkšudum (celui


qui a atteint): dieu qui
voyage de Mari à
Terqa où on lui offre
un sacriQice

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 Holzinger, Greßmann: forme verbale à partir de la racine


sémitique ḥ­w­y (« détruire », en hébreu h­w­h) : il détruit
=> le destructeur (voir Ex 12).
 Knauf: si Yhwh est une divinité du « Sud » on doit cherches
des parallèles dans des divinités arabes préislamiques.
 Yaǵūt (Il aide), Ya‘ūq (Il protège); noms attestés dans le
Coran et le Kitāb al­aṣnām.
 Sourate 71 (Noé): Leurs chefs leur criaient : N’abandonnez pas vos
divinités, n’abandonnez pas Wedd et Sowa’, ni Yaghouth, ni Yaouq, ni
Nesr
 Racine possible: h­w­y: (a) désirer, (b) tomber,
(c) soufQler.
 (a) et (b) attestés en hébreu biblique.
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 Wellhausen: « er fährt
durch die Lüfte, er
weht ».
 Yhwh serait donc celui
qui soufQle, qui amène
le vent
 => bon nom pour un
dieu de l’orage.

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 Problèmes:
 Des noms divins construits avec une CP sont dans
le monde sémitique ancien plutôt rares et
s’appliquent aux dieux mineurs.
 Les parallèles en conjugaison à préformante se
trouvent en forme courte, apocopée.
 Pour l’instant la solution de Wellhausen reste la
meilleure.

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