Explication Linéaire Texte 11 Peau de Chagrin

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TEXTE 11 : La Peau de chagrin, chapitre 3 « L’Agonie » (extrait)

Structure du texte :
L. 1 à 8 « Raphaël, ivre de bonheur » à «en porter ici-bas » : L’amour passionné entre Raphaël et Pauline
L. 8 à 13 « Quand il fut » à « sans la voir » : La conscience d’une vie réduite
L.14 à 18 « Grand Dieu » à « toutes ces sottises » : La conjuration du pouvoir du talisman
L. 19 à la fin « Raphaël se laissa » à « loi de l’autre ». L’illusion du bonheur.

1er mouvement
L.1 Raphaël, ivre de bonheur, saisit Pauline.
-« ivre de bonheur » : métaphore qui montre que le bonheur est à son paroxysme (intense)
+ elle est placée en apposition = l’état émotionnel, l’état de bonheur de Raphaël est
mis en évidence.

L. 2 -Oh ! mon père, mon père


-paroles rapportées qui ouvrent le dialogue (concis) entre Raphaël et Pauline
-phrase exclamative qui commence par l’interjection « Oh » qui traduit l’inquiétude de Pauline pour son
père => accentuée par l’anaphore du GN « mon père »

L.3 Je vais donc te reconduire, car je veux te quitter le moins possible, s’écria Valentin.
-« donc » fonctionne comme un adverbe de relation qui exprime une conséquence : parce qu’il veut quitter
le moins possible Pauline, il propose de la raccompagner.
-« car » conj. de coordination qui donne la raison, la cause
-« je veux » : exprime la détermination
-« le moins possible » superlatif qui renforce la détermination de Raphaël.
-« s’écria » hyperbole = il ne parle pas, ne susurre pas mais s’exprime avec énergie.

L.4 Combien tu es aimant ! je n’osais pas te le proposer


-« combien » : adverbe interrogatif qui atteste de la quantité, de la force des sentiments de Rapahël
-« osais » : avoir du courage, passer à l’action => la négation totale met en valeur le caractère délicat,
empêché, vertueux de Pauline : se retient de demander.

L.5 N’es-tu donc pas ma vie ?


-question directe, rhétorique qui met en valeur l’expression des sentiments de Raphaël pour Pauline, sa
passion
-la négation est une négation totale => mais a valeur d’affirmation, c’est une négation exceptive (= tu es ma
vie) = affirmation des sentiments
-« donc » adverbe de relation qui met en relief le lien entre Pauline « tu es » / et la «vie » de Raphaël =
c’est un amour total, passionné, intense = tu es MA vie.

L.6 Il serait fastidieux de consigner fidèlement ces adorables bavardages de l’amour auxquels l’accent, le
regard, un geste intraduisible donnent seuls du prix.

-« Il serait » : forme impersonnelle + verbe conditionnel présent qui atténue ce qui va être dit, manière de
nuancer sans brusquer (sans que le narrateur vienne rompre ces échanges par un jugement froid et
catégorique).
-« fastidieux de consigner » : le verbe exprime l’action purement formelle d’écrire, d’effectuer un relevé.
Entreprise longue, sèche et froide.
-« fidèlement » : l’adverbe introduit une nuance = s’attacher à rapporter avec fidélité, sans interprétation,
tel quel.
-« ces adorables bavardages de l’amour » : antithèse entre l’action de consigner (formelle, du côté de la
raison) / et bavardages adorables de l’amour (expression des sentiments).
-« adorables » épithète de bavardages, et « de l’amour » complément du nom de bavardages sont 2
expansions qui produisent une expression oxymorique :
-des bavardages = paroles creuses, légères (portent sur tout et sur rien), terme
péjoratif.
-sont qualifiés d’adorables / échanges entre amoureux.
-« auxquels » : le pronom relatif a pour antécédent « ces bavardages de l’amour », la proposition
subordonnée relative met en valeur « l’accent, le regard, un geste », le langage du corps plus évocateur et
signifiant que les paroles échangées.
-« intraduisible » : négation lexicale, le préfixe « in » montre l’impossibilité de mettre en mots, de convertir
le langage du corps en mots.
-« donnent seuls du prix » : l’adverbe « seuls » met en évidence le langage du corps (accent, regard, geste
des amoureux). Ce ne sont pas les mots mais uniquement ces échanges (qui sont au-delà des mots) qui
témoignent de l’amour, lui donnent sa valeur.

L. 7-8 Valentin reconduisit Pauline jusque chez elle, et revint ayant au cœur autant de plaisir que
l’homme peut en ressentir et en porter ici-bas
-« ayant au cœur » proposition participiale qui indique les conditions, comment se sent Raphaël
-« autant de plaisir que l’homme peut en ressentir » : corrélative qui met en exergue et en lien l’état
émotionnel de Raphaël et la capacité humaine à ressentir les émotions. Le plaisir ressenti et éprouvé par
Raphaël est à son paroxysme (humainement on ne peut en ressentir davantage )
« et en porter ici-bas » : conj.de coordination « et » = ajoute et coordonne 2 idées donc renforce l’idée
d’intense plaisir = quantité hyperbolique de plaisir, on ne peut en éprouver davantage sur terre.

BILAN : Ce 1er mouvement témoigne de la force des sentiments des 2 jeunes gens, de l’intensité
paroxystique des sentiments de Raphaël envers Pauline + intervention ironique du narrateur « fastidieux de
consigner »

2eme mouvement

L.8-10 Quand il fut assis dans son fauteuil, près de son feu, pensant à la soudaine et complète réalisation
de toutes ses espérances, une idée froide lui traversa l’âme comme l’acier d’un poignard perce une
poitrine
-proposition circonstancielle de temps introduite avant la proposition principale afin de mettre en relief
celle-ci (« une idée froide »)
-le complément circonstanciel de lieu « près de son feu » mis en apposition et donc en évidence contraste
avec « idée froide » = antithèse.
-« soudaine et complète » : accumulation et coordination avec « et » de deux adjectifs qui qualifient le
substantif « réalité ». L’idée d’immédiateté et de complétude ressort.
-« la réalité » : confirme et met l’accent sur l’effectivité réelle des désirs = TOUS sont effectivement réalisés.
-« fut »… «pensant » : passé simple qui indique l’action achevée. le participe présent décrit une action qui
se produit simultanément = il s’est assis EN pensant (=simultanéité, se déroulent en même temps).
-« une idée froide …comme l’acier d’un poignard » : comparaison entre l’idée qui surgit à l’esprit / et la
sensation de douleur de la lame. Indique une douleur émotionnelle intense = hyperbole
-« l’âme » : renvoie à l’être intime, au Moi intime = renforce le caractère douloureux et pathétique de la
situation.

L.11 il regarda la Peau de chagrin, elle s’était légèrement rétrécie.


-« s’était rétrécie » : plus-que parfait, indique une action antérieure à une autre située dans le passé
(renvoie aux désirs qui ont été souhaités).
-« légèrement » adverbe qui signifie que le rétrécissement est peu significatif. Disproportion entre
l’angoisse (« l’idée froide ») / le rétrécissement léger, peu important.

L.11-12 Il prononça le grand juron français, sans y mettre les jésuitiques réticences de l’abbesse des
Andouillettes
-« le grand juron» : épithète de juron marque qu’il s’agit du juron le plus répandu et usité.
-« sans y mettre » : négation sémantique qui nie la proposition (= Raphaël jure sans retenue)
-« les jésuitiques réticences de l’abbesse des Andouillettes » : définition donnée dans le livre

L.12-13 pencha la tête sur son fauteuil et resta sans mouvement les yeux arrêtés sur une patère, sans la
voir.
-réseau de champ lexical qui exprime l’immobilisme : « pencha », « resta » (verbe d’état et non d’action
renforce l’idée d’immobilité), « arrêtés » + négation sémantique anaphorique « sans mouvement »/ « sans
la voir » = Raphaël est dans un état de sidération et de torpeur, figé, perdu dans le vide.

3eme mouvement

L. 14 –Grand Dieu ! s’écria-t-il. Quoi ! tous mes désirs, tous ! Pauvre Pauline !
-« Grand Dieu ! » « Quoi » : phrase exclamatives + exclamation qui traduit la colère vive et intense,
l’emportement.
-« tous mes désirs, tous » : gradation = passe de certains désirs à Tous sans exception.
-« Pauvre Pauline » : exclamative qui traduit la pitié (apostrophe pathétique) + similarité sémantique
(pauvre = misérable/ Pauline =>Paulus = petit, misérable) = renforce l’aspect pathétique.

L.14-15 Il prit un compas, mesura ce que la matinée lui avait coûté d’existence. Je n’en ai pas pour deux
mois.
-« mesura » : sens quantitatif
-« ce que la matinée… » : quantifie la portion de vie dépensée + « avait coûté » = plus-que parfait, renvoie à
une action antérieure.
-« Je n’en ai pas » : négation totale qui met en évidence le rétrécissement de sa vie + met en valeur la
réduction (= moins de 2 mois).

L.15-16 Une sueur glacée sortit de ses pores, tout à coup il obéit à un inexprimable mouvement de rage.
-« sueur glacée » : expression métaphorique qui traduit l’effroi.
-« tout à coup » : locution adverbiale qui exprime un changement brutal, une rupture.
-« un inexprimable » : négation lexicale, le préfixe « in » met en avant l’impossibilité de traduire,
d’expliquer la réaction violente de Raphaël + hyperbole car indique que le mouvement est excessif, intense,
violent. Raphaël est au paroxysme de la colère.

L. 16-17 et saisit la Peau de chagrin en s’écriant : Je suis bien bête !


-paroles rapportées : met en évidence l’aspect erratique de son comportement : passe de la rage, à la
considération de sa propre sottise

L.17-18 il sortit, courut, traversa les jardins et jeta le talisman au fond d’un puits : Vogue la galère, dit-il.
Au diable toutes ces sottises.
-« sortit, courut, traversa, jeta » : énumération de verbes d’action au passé simple = actions brèves et
courtes, achevées => font ressortir l’état de folie, l’état de rage dans lequel il se trouve.
-«jeta le talisman au fond d’un puits » : Raphaël tente de conjurer le pouvoir du talisman, d’en conjurer le
sort. Jeter dans un puits = Raphaël manifeste un comportement superstitieux (alors même qu’il essaie de
se faire croire que le talisman n’a pas de pouvoir) = révèle encore un état irrationnel.
-« Vogue la galère » : discours direct, expression qui signifie « advienne que pourra » = superstition +
expression « Au diable toutes ces sottises » = même champ lexical, renvoie à la bêtise (exprimée plus
haut) , la sottise (se fait croire que ce n’est rien, que de la superstition, une fausse croyance).

4eme mouvement

L 19 Raphaël se laissa donc aller au bonheur d’aimer, et vécut cœur à cœur avec Pauline.
-« donc » : fonctionne comme un adverbe et introduit une conséquence.
-« cœur à cœur » : expression métaphorique qui désigne l’intimité amoureuse, l’entente et la proximité des
amoureux.

L19-21 Leur mariage retardé par des difficultés peu intéressantes à raconter, devait se célébrer dans les
premiers jours de mars.
-« peu intéressantes à raconter » : l’adverbe montre l’insignifiance de cet évènement car l’objet de
l’intrigue n’est pas de savoir si les deux jeunes gens vivront heureux, unis. Le thème de La Peau de chagrin
est celui des désirs qui consument et détruisent.
-« mars » : fait référence au printemps. C’est le temps de la renaissance, du renouveau (la nature fleurie, la
vie se répand, sort de son sommeil hivernal). Or, nous savons que Raphaël est un vivant en sursis, il n’y aura
pas de renouveau pour lui

L. 21 à 23 Ils s’étaient éprouvés, ne doutaient point d’eux-mêmes, et le bonheur leur ayant révélé toute la
puissance de leur affection, jamais deux âmes, deux caractères ne s’étaient aussi parfaitement unis qu’ils
le furent par la passion
-« Ils s’étaient éprouvés, ne doutaient point d’eux-mêmes » : 1er verbe, plus-que parfait montre l’antériorité
de cette action (s’éprouver) qui les a conduit à ne plus douter = négation totale « ne…point » qui renforce la
certitude, la conviction forte d’être fait l’un pour l’autre.
-« et le bonheur leur ayant révélé toute la puissance de leur affection » : participiale qui met en relief la
cause = le bonheur leur fait penser que leur amour est intense et « puissant ».
-« jamais deux âmes, deux caractères » : l’énumération prolonge l’idée de la force de leur sentiment et
souligne l’unicité, l’identité de leur personnalité comme s’ils étaient deux âmes-sœur + jamais, négation
lexicale met en évidence l’exceptionnalité de cette entente.
-« ne s’étaient aussi parfaitement unis qu’ » : comparaison qui révèle l’intensité de l’union de ses deux
âmes (un degré exceptionnel, paroxystique) + négation « ne…qu’ » qui est une négation exceptive souligne
la rareté, l’exception de la perfection de cette entente amoureuse, de cette union passionnée.

L.23 à 24 ; en s’étudiant ils s’aimèrent davantage : de part et d’autre même délicatesse, même pudeur,
même volupté, la plus douce de toutes les voluptés, celle des anges ; point de nuages dans leur ciel ; tour
à tour les désirs de l’un faisaient la loi de l’autre.
-« ; / : » : juxtaposées qui introduisent de nouvelles preuves ou raisons de leur parfaite union, qui
expriment l’idée d’harmonie.
-« en s’étudiant ils s’aimèrent davantage » : gérondif qui exprime une action simultanée et contemporaine =
ils se connaissent, se découvrent / donc s’aiment davantage.
-« : même délicatesse, même pudeur, même volupté, la plus douce de toutes les voluptés » : anaphore
« même » qui souligne la similitude des caractéristiques énumérées.
-« la plus douce des voluptés » : superlatif qui met l’accent sur la douceur de la volupté, elle est à son
paroxysme, il n’y en a pas de plus grande => c’est pourquoi elle est dite angélique.
-« point de nuages dans leur ciel » : négation totale (absence du discordantiel mais forclusif « point »),
expression métaphorique qui signifie que leur relation ne connaît aucun trouble.
-« tour à tour » : idée de réciprocité, d’équilibre parfait.
-« les désirs de l’un faisaient la loi de l’autre » : confirme l’idée de réciprocité et d’harmonie. Les deux
amoureux agissent en suivant les mêmes principes càd les désirs de l’autre = symbole d’une entente
parfaite et harmonieuse.
Ce dernier mouvement en mettant l’accent sur la parfaite entente et union de Pauline et de Raphaël, en
insistant sur le bonheur parfait et « sans nuage » a un ton ironique. Nous savons qu’il n’en est rien, qu’il ne
s’agit que d’une illusion. Le pouvoir de La Peau de chagrin n’est pas annulé. Cette description idyllique et
angélique n’est qu’une apparence.

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