CM 1 À 8 - Psycho Du DVP
CM 1 À 8 - Psycho Du DVP
CM 1 À 8 - Psycho Du DVP
L3, sem. 5
Psychologie du développement
VIEILLISSEMENT/ PSYCHOPATHOLOGIE DEVELOPPEMENTALE
Les TD commencent la semaine du 25 septembre. Évaluation UE : contrôle terminal ; QCM (partie de Camille Lallement, 7
CM) ou question de rédaction (Carole Tardif, 3 CM). Les TD sont la partie de C. Lallement uniquement.
Bibliographie : Psychologie du Vieillissement (Patrick Lemaire) - Vieillissement cognitif et adaptations stratégiques - Émotion
et cognition (Patrick Lemaire)
La population vieillit… Le pourcentage de personnes âgées (+65 ans) est de + en + important en France : 12% dans les
années 60 ; 20% en 2020 (sur la population totale en France).
> Intérêts pragmatiques pour les psychologues praticiens mieux connaître la psychologie des personnes âgées pour
mieux pratiquer auprès d'elles : diagnostic ; soutien aux familles ; mieux informer patients, personnels médicaux et para-
médicaux, familles, etc.
> Intérêts fondamentaux :
- Connaître les mécanismes du vieillissement cognitif
- Mieux comprendre les formes d'évolution possible de la cognition
- Mieux connaître nos limites cognitives
1
A. Vieillissement et intelligence
a) Test des matrices de Raven (= test uni factoriel) : mesure l'intelligence générale (IG)
Ce déclin avec l’âge de l’intelligence générale touche autant les hommes que les femmes.
Le profil classique du vieillissement cognitif consiste à observer une diminution des performances non verbales combinée à
une stabilité des performances verbales.
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B. Vieillissement et attention
5 fonctions de l'attention :
Attention soutenue : concentration, capacité à focaliser son attention sur une info pdt un temps relativement long
Attention sélective : capacité à focaliser son attention sur des informations pertinentes et inhiber des informations
non pertinentes.
Attention partagée/divisée : capacité à focaliser son attention sur au moins deux
informations/consignes/tâches/stimuli de façon simultanément.
Flexibilité attentionnelle : capacité à focaliser son attention sur au moins 2 infos pertinentes de façon alternée.
Attention préparatoire : capacité à se préparer à faire attention à qqch
1 https://youtu.be/PaTKdo5HUag
2 https://youtu.be/RLNYg0vgpl4
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Attention partagée (ou divisée) – la tâche d'écoute dichotique
Protocole : le sujet doit rappeler ce qu'il a entendu à droite et à gauche. Résultats : on a toujours un canal dominant et avec
l'âge le score de rappel pour le canal dominant reste stable mais pas pour le canal non dominant.
Déclin de la capacité à partager l’attention sur deux informations simultanément avec le vieillissement.
C. Vieillissement et mémoire
Les chercheurs se sont intéressés aux effets du vieillissement sur différents systèmes mnésiques.
a) Mémoire de travail
Mémoire de travail = mémoire de stockage = système cognitif dédié au traitement et au maintien temporaire d'une
information lors d’une tâche cognitive.
On peut la tester avec la tâche de Brown Peterson qui va permettre de mesurer l'empan3 mnésique simple : la tâche est de
donner des listes de chiffre et le participant doit rappeler ces chiffres immédiatement ds le même ordre ou l'ordre inverse. Il y
a aussi la tâche d'empan calculatoire : différentes opérations et ensuite les calculs vont s'effacer et les résultats vont
apparaître et ils vont devoir choisir. Empan de lecture : le sujet lit une phrase, celle-ci disparait et alors il doit répondre à une
question. Épreuve des blocs de Corsi (empan spatial) : l'expérimentateur va toucher certains cubes ds un ordre précis et
ensuite le participant ferra soit ds le même ordre soit ds un ordre inverse.
Les auteurs se sont rendu compte qu'il y a un déclin dans les différentes tâches de mémoire de travail. La mémoire de travail
décline au cours de vieillissement (quelle que soit la tâche).
Mémoire à long terme = partie du système cognitif qui stocke, maintien et récupère les informations qui y sont organisées
sous forme de réseaux associatifs.
Pour mesurer la mémoire à long terme, souvent ont fait encoder des listes de mots et ensuite, après un temps assez long,
on demande au sujet de se les remémorer (en rappel libre ou indicé)
Résultats :
- Effet du type de rappel
- Effet de l’âge
- Interaction type de rappel x âge = différence de performances entre les deux conditions augmente avec l’âge
Le déclin des performances mnésiques avec le vieillissement est encore plus fort sur le rappel libre (car demande + de
ressources cognitives).
c) Amnésie de source
Protocole : (1) présentation d'une liste de mots écrits que les sujets vont devoir lire ; les mots peuvent être présentés 1, 2 ou
3 fois dans la liste ; (2) écoute d’une liste de mots.
Tâche : présentation de mots, avez-vous entendu ce mot ?
Réponse OUI : dans la liste 2
Réponse Non: il était dans la liste 1
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Résultats : les jeunes adultes et les adultes plus âgés sont
capables de dire que chaque mot écouté a été présenté
oralement. Cependant, pour les mots que les participants ont
lus, nous observons un schéma différent chez les jeunes et les
plus âgés. Plus ils lisent un mot, moins les jeunes participants
disent l'avoir entendu. En revanche, plus les âgés lisent un
mot, plus ils déclarent l’avoir entendu.
Les adultes plus âgés distinguaient beaucoup moins bien la
source (orale ou écrite ?). Le vieillissement s’accompagne
d’une amnésie de source.
D. Vieillissement et raisonnement
**Le raisonnement déductif : comprendre les implications de certaines informations en appliquant les règles de la logique.
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**Raisonnement inductif : découvrir ce qui est commun à un ensemble d’éléments en se fondant sur un mécanisme de
détection de similitudes.
On utilise la tâche des suites numériques et on doit trouver la règle générale. Résultats : on observe un effet de la difficulté
de la tâche et de l'âge. Interaction âge x difficulté : la différence de performances entre jeunes et âgés augmente avec la
difficulté des problèmes.
Conclusions
> L'étude du vieillissement cognitif nécessite l'utilisation de tâches spécifiques qui permettent de discriminer les différentes
fonctions cognitives.
> Tous les domaines cognitifs sont touchés par le vieillissement, du domaine le plus général (attention) aux domaines les
plus spécifiques et de haut niveau (raisonnement…)
> Les effets du vieillissement sur les performances cognitives varient en fonction de plusieurs facteurs comme les domaines
cognitifs testés, les tâches, et les conditions expérimentales.
Nous ne vieillissons (cognitivement) pas toustes de la même manière. Il existe des différences inter-individuelles dans le
vieillissement, les facteurs qui les expliquent sont les modérateurs.
Chez un même individu le vieillissement cognitif peut varier en fonction du domaine cognitif, de la tâche cognitive, de la
situation, du temps… Il existe des différences intra-individuelles dans le vieillissement, les facteurs qui modulent le
vieillissement cognitif chez un même individu sont les modulateurs.
♥ Modérateurs : facteurs propres aux individus qui viennent modérer le vieillissement cognitif (différences inter-
individuelles).
♥ Modulateurs : facteurs externes aux individus (induits expérimentalement ou liés à l’environnement) qui viennent moduler
les effets du vieillissement cognitif (différences intra-individuelles).
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B. Modérateurs du vieillissement
Comment se prémunir contre le vieillissement du cerveau ?
Les modérateurs du vieillissement = facteurs qui agissent comme protecteurs contre le vieillissement :
- Métier/loisir intellectuellement stimulant
- Niveau de scolarité
- Etre socialement actif
- Contrôle des facteurs de risque vasculaire (diabète, hypertension, etc.)
- Etre actif physiquement/style de vie sain
a) Niveau de scolarité
*Tâche de rappel d’histoires en fonction de l’âge et du niveau d’étude (Mathy & Van der
Linden, 1985)
**Tâche de rappel d’histoires en fonction du métier des participants (groupe contrôle vs. professeurs = métier cognitivement
stimulant) et en fonction du groupe d’âge (jeunes vs. âgés) (Shimamura et al., 1995)
Groupe contrôle : les âgés ont de moins bonnes performances de rappel que les jeunes, quel que soit le type d’histoires à
rappeler. / Groupe de professeurs : les âgés ont d’aussi bonnes performances de rappel que les jeunes, pour tous les types
d’histoires.
Les personnes ayant pratiqué un métier cognitivement stimulant présentent un déclin mnésique moindre, le métier
stimulant a agi comme un protecteur contre le vieillissement.
c) Activité physique
**Performance de mémoire à la WAIS en fonction du groupe d’âge et de la condition d’activité physique (Clarkson-Smith &
Hartley, 1988)
Pour le groupe de participants actifs : les âgés ont d’aussi bonnes performances que les personnes d’âge intermédiaire, et
presque d’aussi bonnes performances que les jeunes (peu de différences entre jeunes et âgés). / Pour le groupe de
participants non actifs : la différence de performances de rappel entre les âgés et les intermédiaires est bien plus importante,
et celle entre âgés et jeunes l’est encore +.
L’activité physique semble aider à prévenir le déclin des performances mnésique au cours du vieillissement.
**Temps de réaction à une cible lumineuse en fonction du groupe d’âge et de condition d’activité physique (Spirduso, 1975)
Tâche attentionnelle : les participants doivent dire le plus rapidement possible si la lumière à l’écran (cible) apparaît à
gauche, à droite ou au centre de l’écran.
Résultats : Les âgés inactifs sont bien plus lents que les âgés actifs et que les jeunes actifs ou inactifs. En revanche, les
âgés actifs ont d’aussi bonnes performances que les jeunes inactifs, et diffèrent peu des jeunes actifs.
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Le sport permet de ralentir le déclin cognitif
Les personnes âgées plus ouvertes d’esprit présentent des scores supérieurs à ceux des personnes âgées moins ouvertes
d’esprit à tous les tests.
e) L’expertise
Les âgés ont d’aussi bonnes performances que les jeunes en vitesse inter-frappe (domaine d’expertise); alors qu’ils sont
bien plus longs que les jeunes dans une tâche de temps de réaction dans laquelle il faut identifier des lettres sur un écran.
Expertise = protecteur contre le déclin lié à l’âge des performances dans le domaine d’expertise.
C. Modulateurs du vieillissement
Les modulateurs du vieillissement = facteurs externes aux individus (induit expérimentalement ou liés à l’environnement)
qui viennent moduler (positivement ou négativement) les effets du vieillissement cognitif :
- Emotions
- Difficulté de la tâche cognitive
- Entraînement cognitif
- Succès ou échec à une tâche préalable
- Menace de stéréotype lié à l’âge
a) Emotions
**Nombre d’images correctement rappelés en fonction de l’émotion des images et de l’âge (Charles et al., 2003)
Tâche : présentation d’images émotionnelles négatives, positives ou neutres. Puis tâche de rappel sur les images.
Résultats : Pour les images neutres et les images négatives, les participants âgés ont de bien moins bonnes performances
de rappel que les jeunes. En revanche, pour les images positives, les participants âgés ont d’aussi bonnes performances de
rappel que les participants jeunes.
L’effet délétère du vieillissement sur les performances de rappel semble être supprimé/contrecarré lorsque les images à
mémoriser sont émotionnellement positives. Ce résultat est lié au biais de positivité lié à l’âge bien connu dans la littérature
(voir prochains CM).
Au plus la tâche augmente en difficulté / est cognitivement coûteuse, au plus les différences de performances entre
jeunes et âgés sont importantes.
c) Entraînement cognitif
Tâche : estimer le résultat d’une multiplication complexe. Calcul du % de déviation entre le résultat estimé par le participant
et le résultat correct. Au plus ce % est élevé, au plus le participant est loin du résultat correct. 3 groupes :
- groupe « failure » : échec à une tâche préalable
- groupe « contrôle » : pas d’échec / réussite préalable
- groupe « success » : succès à une tâche préalable
Résultats : il y a un effet de la condition d’échec ou de réussite : les participants (jeunes comme âgés) ont de meilleures
performances à la tâche arithmétique après une réussite à une tâche préalable, et de moins bonnes performances à la tâche
arithmétique après un échec préalable. En condition contrôle et échec, les participants âgés ont de moins bonnes
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performances que les jeunes. En revanche, après avoir réussi à une tâche préalable, ils ont d’aussi bonnes performances
que les jeunes.
Les personnes âgées qui ont réussi à une première tâche performent aussi bien que les jeunes à une 2nde tâche.
Observation d’une diminution des performances des personnes âgées dans un contexte activant les stéréotypes
négatifs liés au vieillissement :
- Lorsqu’ils sont évalués dans un domaine sensible aux stéréotypes liés au vieillissement (ex. mémoire)
- Lorsqu’on leur dit que leurs performances vont être comparées à celles de jeunes
- Lorsqu’on leur dit qu’ils vont être évalués à une tâche pour laquelle les personnes âgées ont généralement de
moins bonnes performances que les jeunes
Les performances mnésiques des participants âgés sont dégradées en condition de menace de stéréotype lié à l’âge.
Chaque processus prend du temps, est plus ou moins efficace, est plus ou moins efficacement réalisé, et peut être affecté
par différents facteurs. L’ensemble des processus mis en place par les participants pour réaliser une tâche cognitive
constitue ce que l’on appelle une stratégie.
Ainsi, le but d’une approche stratégique est d’étudier les stratégies que mettent en place les participants pour réaliser une
tâche cognitive donnée.
♥ « Une stratégie est une procédure ou un ensemble de procédures mis en œuvre pour atteindre un but cognitif (=pour
réaliser une tâche cognitive). »
Approche directe : accès direct à la stratégie par protocoles verbaux (questionnaires, demande aux participants)
ou observations d’indicateurs comportementaux. Malheureusement, il n’est pas toujours possible de recueillir des indicateurs
comportementaux externes des stratégies utilisées. Par ailleurs, il arrive parfois que le recueil des protocoles verbaux
interfère avec les mécanismes mis en œuvre par les participants (et donc dénature le processus naturel de résolution). Dans
ces cas-là, nous devons utiliser les méthodes indirectes d’étude des stratégies. Alors, l’utilisation de plusieurs stratégies est
inférée à partir des variations de performances (vitesse et précision) des participants.
Approche indirecte : inférer les stratégies utilisées à partir des variations des performances des participants.
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Ainsi, existe-t-il des variations stratégiques au cours du vieillissement ? Si oui, lesquelles ? Ces variations sont-elles
déterminantes des différences jeunes-âgés ? Quels sont les facteurs affectant ces variations stratégiques ? Quels sont les
mécanismes à la base des variations stratégiques ?
L’un des défis de la recherche est de déterminer si chaque dimension stratégique (ou certaines seulement) évolue au cours
du vieillissement.
C’est une question importante car imaginons que les jeunes et les âgés n’utilisent pas les mêmes stratégies pour réaliser
une tâche et ont des performances différentes. Il serait faux de supposer que les adultes âgés ont de moins bonnes
performances à cause d’un ralentissement cognitif, par exemple, comme on le suppose souvent dans la littérature. C’est
pourquoi, nous avons besoin de déterminer comment (c’est-à-dire par quelle suite de processus cognitifs) les participants
accomplissent une tâche cognitive.
Les personnes âgées utilisent moins de stratégies que les jeunes = le répertoire stratégique s’appauvrit avec le
vieillissement. Cet appauvrissement du répertoire est corrélé au déclin des fonctions exécutives 4 (inhibition & flexibilité).
Les âgés utilisent moins de stratégies que les jeunes, et même n’utilisent pas les mêmes stratégies que les jeunes =
changement du répertoire stratégique au cours du vieillissement.
Les jeunes sont plus rapides sur les problèmes à grande distance (stratégie d’estimation rapide/vérification approximative)
que sur les problèmes à petite distance (stratégie de calcul long). Les âgés sont aussi longs sur les deux types de
problèmes.
Mais dans certaines études, il a été montré que les personnes âgées mobilisaient le même répertoire que les jeunes. Âgés
toujours plus lents que les jeunes quelle que soit le type de stratégie utilisé (lente ou rapide), mais le répertoire mobilisé est
sensiblement le même : les participants sont plus lents pour vérifier les problèmes qui ne violent aucune règle (donc jeunes
comme âgés utilisent la stratégie lente de calcul pour ce type de problème), et sont plus rapides pour vérifier des problèmes
qui violent l’une de ces règles (donc jeunes comme âgés utilisent bien des stratégies rapides de vérification des règles de
4Fonctions exécutives : l’ensemble des processus cognitifs qui permettent à l’individu de réguler intentionnellement sa
pensée et ses actions dans l’atteinte d’un but précis.
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parité ou de 5 pour ces problèmes). Enfin, ils sont encore plus rapides pour vérifier les problèmes qui violent les deux règles
en même temps (jeunes comme âgés).
Après avoir déterminé s’il existe des différences de répertoire stratégique entre jeunes et âgés, voyons s’il est possible que,
dans certaines tâches, le répertoire stratégique soit le même dans les deux groupes d’âge, mais que ces groupes diffèrent
du point de vue de la fréquence d’utilisation de chaque stratégie. Des différences de distribution stratégique pourraient
représenter une autre source de variance liée au vieillissement.
Résultats : variation de la distribution stratégique au cours du vieillissement. Cette variation dépend du type de problème et
de la condition expérimentale de la tâche.
Mais dans certaines études, il n’a été montré aucun effet du vieillissement sur la distribution stratégique !
Conclusions sur les points précédents – L’étude du vieillissement cognitif peut être réalisée via des approches
stratégiques qui ont pour but de regarder si les stratégies utilisées pour réaliser une tâche cognitive changent au cours du
vieillissement à travers 4 dimensions : le répertoire, la distribution, l’exécution et la sélection stratégiques
La majorité des études montre des variations du répertoire (qui a tendance à s’appauvrir) et de la distribution stratégique au
cours du vieillissement.
Les variations stratégiques du répertoire et de la distribution stratégique sont modulées par les types de tâches ou de stimuli.
Mais, certaines études ne montrent pas de différences liées à l’âge au niveau de répertoire et de la distribution stratégique
MAIS problème méthodologique car biais de sélection. Ainsi deux possibilités de méthodes :
(1) Méthode choix : on laisse le choix aux participants quant aux stratégies qu’ils vont utiliser et on regarde
comment ils exécutent ces stratégies. Mais dans ce cas-là, on ne peut distinguer la sélection stratégique et l’exécution
stratégique, et on ne peut pas étudier l’une en s’affranchissant de l’autre.
(2) Méthode non-choix : on impose la stratégie au participant pour la tâche cognitive, et on regarde comment il
exécute les stratégies imposées. Ainsi, on peut étudier l’exécution stratégique en s’affranchissant de la sélection stratégique.
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Résultats
L’effet de l’âge (la différence de performances entre les jeunes et les âgés) est modulé par les caractéristiques de la tâche
comme la stratégie imposée ou le type de mots. En effet, lorsque la stratégie « répétition » est imposée, l’effet de l’âge est
plus important pour les mots abstraits que pour les mots concrets. Par contre, lorsque les stratégies « phrase » ou « image »
sont imposées, l’effet de l’âge est plus important sur les mots concrets que sur les mots abstraits.
L’effet de l’âge est surtout modulé par le type de tâche : quelle que soit la stratégie imposée, l’effet de l’âge est plus
important dans la tâche de reconnaissance que dans la tâche de rappel.
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On observe :
- Effet de la condition : les participants sont plus lents quand on leur
impose une stratégie non adaptée (inhibition nécessaire)
- Effet de l’âge : quelle que soit la condition, les participants âgés sont plus
lents que les jeunes
- Interaction âge x condition : l’effet délétère de l’âge est accentué quand
on impose la mauvaise stratégie aux participants
E. Sélection stratégique
Le vieillissement s’accompagne-t-il d’une diminution de la capacité à sélectionner la meilleure stratégie/à ajuster leur choix
stratégique en fonction des paramètres de la tâche (calibrage stratégique) ?
13
Résultats
JEUNES – Quand le soutien environnemental est élevé (ils ont connaissance de l’efficacité de chacune des stratégies), les
jeunes sont parfaitement capables de choisir la meilleure stratégie (images) pour réaliser la tâche. En deuxième position, ils
réussissent à sélectionner la 2e stratégie la plus efficace (phrases) uniquement pour les mots fortement associés.
Quand le soutien environnemental est bas, ils sont tout de même bien capables de sélectionner la meilleure stratégie
(images), surtout pour les paires de mots fortement associés. Pour les mots faiblement associés, c’est plus compliqué, ils
sélectionnent moins la meilleure stratégie, et préfèrent même la moins bonne stratégie à la deuxième meilleure.
AGES – Quand le soutien environnemental est élevé, ils réussissent moins bien que les jeunes à sélectionner la meilleure
stratégie, la différence entre le choix des trois stratégies est moins marquée que chez les jeunes.
Quand le soutien environnemental est bas, ils sont encore + ou moins capables de sélectionner la meilleure stratégie pour
les mots fortement associés. Par contre pour les mots faiblement associés, ils ne sont plus capables du tout de sélectionner
la meilleure stratégie.
DONC EN CONCLUSION : les âgés sont moins capables que les jeunes de sélectionner la meilleure stratégie, même
lorsqu’on leur indique l’efficacité des stratégies. Cela vient peut-être du fait que la stratégie ‘images’ est très couteuse à
mettre en place, et les âgés évitent généralement d’utiliser des stratégies couteuses.
Résultats : les participants jeunes comme les âgés augmentaient significativement leur recours à la stratégie de fabrication
d’images mentales dans la condition « consigne image » (et diminuaient l’utilisation des autres stratégies). En d’autres
termes, les deux groupes s’ajustaient de manière comparable aux contraintes liées à la consigne d’utilisation de la stratégie
de fabrication d’images mentales pour encoder des paires de mots associés.
DONC dans certaines tâches, pas de variations de la sélection stratégique avec l’âge.
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Conclusion sur les points D) et E)
Comment les émotions nous impactent quand on doit faire une tâche cognitive ? Comment cette interaction évolue avec le
vieillissement ?
A. Vieillissement et émotions
Pourquoi étudier le lien entre vieillissement et émotions ? Car il existe un paradoxe (= the paradox of aging) entre ce qu’il
se passe au niveau de notre cognition lorsqu’on vieillit, et ce qu’il se passe au niveau de l’affect, du bien-être (subjectif) et de
la satisfaction de vie.
Alors que la cognition décline avec le vieillissement (voir CM précédents), le bien-être et la satisfaction de vie
semblent augmenter avec l’âge, et ce malgré ce déclin cognitif.
Plusieurs explications ont été proposées pour ce paradoxe. Une des plus connues est une théorie, appelée théorie de la
sélectivité socio-émotionnelle. Elle propose que la perception du temps de vie (le temps qu’il nous reste à vivre) joue un
rôle très important dans nos choix d’objectifs sociaux et dans nos motivations.
Or, le vieillissement s’accompagne d’une diminution du temps de vie, et d’une prise de conscience que le temps de vie
devient limité, ce qui entraîne des changements motivationnels, et une évolution des objectifs sociaux chez les
personnes âgées. Alors que les jeunes vont prioriser la quantité des relations sociales à la qualité (relations
professionnelles, relations superficielles etc), les personnes âgés vont prioriser la qualité des relations sociales, et vont
surtout prioriser les relations sociales qui augmentent leur bien-être (famille, amis, petits enfants…)
Finalement, quand nous vieillissons, nous privilégions notre bonheur, notre bien-être.
En laboratoire, nous avons observé des conséquences cognitives de ces changements motivationnels et de cette
priorisation du bien-être. Les études cognitives ont montré qu’avec l’âge :
- nous allons acquérir un meilleur contrôle de nos émotions,
- une meilleure capacité à réguler les émotions
- plus particulièrement, les études ont massivement mis en évidence un biais de positivité lié à l’âge.
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Les jeunes sont influencés par les émotions négatives, un phénomène appelé biais de négativité qui se traduit par une
capture automatique des ressources attentionnelles par les émotions négatives.
Mais au fur et à mesure du vieillissement, les personnes âgées vont être de moins en moins influencées par les émotions
négatives et de plus en plus influencées par les émotions positives, un phénomène appelé biais de positivité qui se traduit
par le fait que les ressources attentionnelles sont plutôt capturées par les émotions positives.
Comment intervient, comment émerge une émotion ? Le modèle modal de l’émotion de Barrett et Gross propose que
l’émotion émerge via plusieurs processus qui se suivent.
Situation (ou personne, ou stimulus…) qui est susceptible de déclencher une émotion déploiement attentionnel sur cette
situation évaluation cognitive de la situation (est-ce positif, négatif, dangereux etc.) réponse émotionnelle pouvant être
physiologique (accélération rythme cardiorespiratoire, température, sudation etc.), comportementale (fuite, attaque, cri,
pleurs…), psychologique, expressive…
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Différentes méthodes pour étudier les émotions (en laboratoire) :
> Soit on étudie les émotions ressenties spontanément, naturellement par les participants. Pour avoir accès aux émotions
qu’ils ressentent, on leur demande de remplir des questionnaires évaluant leur état émotionnel, ou alors on utilise la
méthode du journal qui consiste à demander au participant de tenir quotidiennement un journal dans lequel il décrit ses
émotions.
> Soit on induit expérimentalement les émotions chez le participant, avec des méthodes directes consistant à manipuler
directement du matériel émotionnel (films, images etc), ou des méthodes indirectes qui vont indirectement induire des
émotions chez les participants.
On s’intéresse ensuite aux effets des émotions (naturelles ou induites) sur les performances cognitives des participants,
dans diverses tâches avec diverses conditions expérimentales manipulées, en fonction de notre question de recherche.
Dans ce cours, on va surtout s’intéresser à l’évolution des effets des émotions sur la cognition au cours du vieillissement.
Les participants doivent donner la couleur de l’encre de mots qui sont soit neutres, soit émotionnellement négatifs ou
positifs. L’effet Stroop émotionnel est la différence de temps entre la dénomination de la couleur de l’encre d’un mot
émotionnel et la dénomination de la couleur de l’encre d’un mot neutre. Il est + difficile de dénommer la couleur de l’encre
d’un mot émotionnel que neutre car l’émotion capture l’attention du participant, qui doit faire des efforts pour inhiber ce
traitement émotionnel non pertinent pour se concentrer sur l’information importante qui est la couleur de l’encre.
Attention sélective
Protocole :
1/ Tâche de jugement de parité : les participants doivent dire si deux chiffres ont la même parité. Les chiffres sont séparés
par un mot neutre, positif ou négatif.
2/ Tâche de reconnaissance surprise des mots
Résultats :
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Tâche 1 : Les adultes âgés sont plus lents à juger la parité des chiffres que les jeunes. Il ne semble pas y avoir d’effet lié à
l’émotion du mot dans cette tâche. Les adultes jeunes semblent être un peu plus lents que les âgés à juger la parité des
chiffres séparés par un mot négatif (biais de négativité = capture de l’attention par le mot négatif, il faut alors inhiber ce
traitement émotionnel pour se reconcentrer sur la tâche). Les adultes âgés sont autant rapides dans les trois conditions
émotionnelles.
Tâche 2 : Cette fois ci apparaissent des effets expérimentaux liés à la valence émotionnelle des mots distracteurs. Les
adultes jeunes reconnaissent davantage les mots négatifs que les mots positifs ou neutres. Il semblerait que pendant la
tâche 1, ils aient encodé plus profondément ces mots négatifs (capture attentionnelle), ils les reconnaissent donc mieux à la
tâche 2. Les adultes âgés reconnaissent davantage les mots positifs, ils les ont donc probablement plus profondément
encodés lors de la tâche 1 = biais de positivité, capture attentionnelle par les mots positifs.
Cette étude montre pourquoi il est intéressant quand nous étudions le vieillissement cognitif, de s’intéresser à la modalité
émotionnelle. L’émotion positive ici a conduit les personnes âgées à faire de meilleures performances que les
jeunes (réduction de l’effet de l’âge dans la condition positive).
Biais de négativité chez les jeunes et biais de positivité chez les âgés (tâche 2)
Attention sélective
Protocole – tâche : lequel des trois chiffres des deux autres ? Les chiffres sont présentés sur visage en colère, joyeux ou
neutre.
Résultats :
Figure 2 - Temps de réponse en fonction de l'émotion des visages et du groupe d'âge des participants
Les jeunes sont plus lents pour comparer les chiffres lorsqu’ils sont présentés sur des visages en colère (négatifs) en
comparaison aux visages neutres ou joyeux. Les visages négatifs auraient capturé leurs ressources attentionnelles, et ils
n’auraient donc plus assez de ressources pour comparer les chiffres. Ils doivent alors inhiber le traitement émotionnel pour
pouvoir se concentrer sur la tâche principale.
A l’inverse, les âges sont plus lents pour comparer les chiffres lorsqu’ils sont présentés sur des visages joyeux (positifs), en
comparaison aux visages neutres et en colère. Leur attention a été capturée par les visages positifs, ils ont manqué de
ressources attentionnelles pour comparer les chiffres dans cette condition positive.
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Attention sélective
2) Tâche émotionnelle
Dire l’émotion du visage
Inhiber le mot écrit sur le visage
Essais congruents / essais incongruents
Résultats :
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DONC IL Y A ADAPTATION AU CONFLIT CHEZ LES PERSONNES AGEES UNIQUEMENT LORSQUE L’INFORMATION
A INHIBER EST EMOTIONNELLE. Ils réussissent à gérer, à mettre en place des processus d’inhibition séquentiels lorsque
l’information à inhiber est émotionnelle.
On peut calculer dans cette tâche des biais attentionnels avec la formule suivante : temps de réponse au point
apparaissant du côté du visage neutre (condition incongruente) – temps de réponse au point apparaissant du côté du visage
émotionnel (condition congruente).
Résultats :
> Chez les jeunes, on ne retrouve pas de biais attentionnels envers les émotions positives ou négatives. Cela signifie
qu’ils étaient aussi rapides à répondre au point apparaissant côté visage neutre qu’à un point apparaissant côté visage
positif, et aussi rapides à répondre à un point apparaissant côté visage neutre qu’à un point apparaissant côté négatif.
> Chez les âgés, on retrouve un biais attentionnel envers les émotions positives, et un biais attentionnel loin des
émotions négatives (évitement). Cela signifie qu’ils étaient plus rapides à répondre à un point côté visage positif qu’à un
point côté visage neutre, mais plus lents à répondre à un point côté visage négatif qu’à un point côté visage neutre. Cela
signifie que les visages positifs attirent fortement leur attention (capture attentionnelle) contrairement aux visages négatifs
qui attirent moins leur attention que les visages neutres.
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Il semblerait donc que les biais attentionnels envers les informations émotionnelles dépendent de la disponibilité
initiale des ressources attentionnelles.
Conclusions
> Les émotions influencent l’attention des jeunes et des âgés (attention sélective, orientation attentionnelle…)
> Cette influence des émotions sur l’attention évolue au cours de la vie (différents biais attentionnels en fonction de l’âge)
• Biais de négativité chez les jeunes
• Biais de positivité chez les âgés
Ces biais sont modulés par certains facteurs (quantité de ressources dispos)
RAPPEL
Effet d’amplification mnésique par les émotions : les participants rappellent davantage d’images émotionnelles que
d’images neutres (car capture attentionnelle par les images émotionnelles = encodage plus profond = meilleure
mémorisation).
- Les jeunes rappellent davantage d’images négatives que d’images positives, et davantage d’images positives que
d’images neutres = biais de négativité.
- Les intermédiaires et les âgés rappellent davantage d’images positives que négatives, et davantage d’images négatives
que neutre = biais de positivité.
RECONNAISSANCE
- Les jeunes reconnaissent davantage d’images négatives que neutres, et encore moins d’images positives = biais de
négativité.
- Les intermédiaires et les âgés se mettent à reconnaître autant d’images positives que de négatives = suppression du
biais de négativité.
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Rappel et reconnaissance de mots émotionnels
Au rappel, les jeunes comme les âgés ont eu de meilleures performances sur les mots positifs (biais de positivité chez les
deux groupes ?), mais les personnes âgées ont de moins bonnes performances sur les mots négatifs (qui n’ont pas du tout
capturé leur attention, en comparaison aux mots neutres), alors que les jeunes sont aussi bons sur les mots négatifs et
neutres. Chez les âgés, le biais de positivité se traduit donc ici par une attention portée sur les items positifs, et loin
des items négatifs (= biais d’évitement).
À l’épreuve de reconnaissance, les performances étaient meilleures aux items négatifs et positifs qu’aux items neutres pour
les deux groupes : effet d’amplification mnésique par les émotions. Mais les âgés sont tout de même bien meilleurs sur les
items positifs qui ont attiré leur attention.
Ces biais sont modulés par certains facteurs expérimentaux comme le type de stimuli par exemple (mots, scènes,
visages…)
Chez les jeunes, nous retrouvons le biais de négativité sur les visages et les scènes, mais pas sur les mots (différences liées
aux différentes méthodes d’induction émotionnelle ?).
Chez les âgés, nous ne retrouvons le biais de positivité que sur les mots.
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Biais de positivité et intensité émotionnelle (mots)
Ces biais attentionnels sont aussi modulés par certaines caractéristiques des stimuli, comme par exemple l’intensité des
mots émotionnels ici. Nous retrouvons par exemple dans cette tâche le biais de positivité chez les âgés uniquement
lorsque l’émotion des mots est de faible intensité.
Enfin dans certaines tâches, nous ne retrouvons pas de biais de positivité du tout chez les personnes âgées. Les raisons
pour lesquelles parfois nous observons le biais de positivité et parfois non sont encore peu connues, et font l’objet de
nombreuses recherches actuelles. Retenons que ces biais apparaissent la plupart du temps (biais de négativité chez les
jeunes, de positivité chez les âgés), mais qu’ils peuvent être modulés par certains facteurs expérimentaux et peuvent parfois
être absents.
Conclusions
> Les émotions influencent la mémoire chez les jeunes comme chez les âgés.
> L’influence des émotions sur la mémoire change au cours de la vie (biais attentionnels), et cette évolution est
modulée par certains paramètres (intensité, stimuli…)
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CM 7, 8 et 9 : Introduction à la psychopathologie développementale
Carole TARDIF – 15, 22 et 29 nov.-23
Psychopathologie dév : c’est quand le SNC, lors de son dév, prend des chemins ≠ par rapport aux chemins typiques ou
harmonieux. On va suivre les symptômes qui se manifestent pour voir s’ils vont donner lieu à un trouble ou s’ils reprennent un
chemin normal. Les périodes de l’enfance et de l’adolescence, on risque d’avoir + de mécanismes psychopathologiques qui
se mettent en place pour les troubles du développement : cela est dû au fait que ce sont des périodes critiques (de sensibilité
et vulnérabilité). On va voir comment et quand le dépistage a lieu, on va devoir suivre l’évolution des symptômes, on va les
évaluer en utilisant ≠ outils et on va aussi voir quelle est la prise en charge adéquate.
Ils sont répertoriés dans le CIM = classification internationale des maladies, éditée par l’OMS (organisation mondiale de la
santé) vs. DSM V = édité par APA (association psychiatrique américaine), référence de la plupart des pays anglo-saxons
Bcp d’exemples seront faits sur l’autisme, mais ils sont valides aussi pour les autres troubles du dév. Certains enfants arrivent
en cabinet sans jamais avoir vu de médecin, avec des symptômes parfois très diversifiés. Il y a eu plusieurs prises en charges
diverses mais pas forcément de diagnostic posé.
« env » = relations horizontales (avec les paires) et verticales (avec les adultes : parents, profs, etc.) + la culture +
contexte socio-économique + conditions d’habitation + contexte géo-politique qui pourrait développer du stress chez
l’enfant et chez la mère pendant la grosse (ex. mères en Liban qui étaient stressées pendant leur grossesse : pourrait
expliquer pq leurs fils avaient un autisme sévère)
Qu’est-ce qui vient altérer le fonctionnement du cerveau ? Alcool, drogues, même pris par les parents (mère pendant
grosses p.e. et par père aussi), écrans (ont conduit au terme « autisme virtuel » = enfants, dès leur naissances, sont
surexposés aux écrans), alimentation, pollution de l’atmosphère (certaines molécules pourraient activer ou désactiver
certains gènes), impact de notre env écologique (ajrd, bcp d’études montres bcp de troubles développementales qui sont
causés par l’env), certains médicaments ou vaccins qui ont eu un impact sur l’autisme.
Aujourd’hui l’autisme est plus fréquent qu’il y a 30 ans et il y a d’autres pathologies qui augmentent en même temps
que les facteurs de risques cités en haut augmentent. (ex. pesticides augmentent leucémie chez les enfants et d’autres
maladies).
I. Consideration générales
A travers le monde et en France :
Aux USA, Dante Cichetti, Alan Sroufe, Arnold Sameroff et Donald Cohen ont été les pionniers d’une approche
différente de la psychologie pathologique et essentiellement tournée vers des modèles adultes. Cette psychologie
ne permettait pas de rendre compte des troubles des enfants de la naissance à leur mort. Cela ne rentrer pas dans
les troubles neurodéveloppementaux.
En Angleterre, Mickaël Rutter a observé le développement atypique et s’est surtout penché sur l’autisme.
En France, c’est un domaine relativement récent. C’est Nadel en 1994 spécialiste sur la question de l’autisme, et
faisait une synthèse sur les lieux de la psychopatho dev en France.
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Pq on a besoin de connaître la psy du dév avant de faire la psychopathologie dev ? Prq il faut connaître le dév typique
avant d’étudier le dév atypique et pour pouvoir le reconnaître. La psy du dév permet donc de comprendre les trajectoires
développementales atypiques.
Alors que la psychologie du développement se concentre que sur cela : elle essaie juste de voir si un enfant est typique ou
atypique en comparant 2 populations entre elles. Limite : comparer les scores d’un groupe typique et d’un groupe atypique ne
permet pas d’étudier les éléments déclencheurs, la prise en charge, les différences entre des enfants ayant un même
trouble.
À l’intérieur d’une même population d’enfants atypiques : cela permet de voir les différents profils et la variabilité intra-
groupe et intra-sujet.
On va chercher les points communs dans la population atypique (constituée par des TSA, TDH,…).
On regarde comment la variabilité intra-groupe s’exprime au lieu de mettre les enfants dans des cases (typique vs
atypique)
On les regarde pour ce qu’ils sont eux et non pour ce qu’ils n’ont pas par rapport aux enfants typiques.
On regarde l’évolution du trouble —> démarche longitudinale
Ex. TDI = l’enfant passe par les mêmes étapes développementale qu’un enfant typique mais cela va mettre plus de temps car
son dév est retardé
Certains enfants passent par des chemins déviants = chemins par lesquels un enfant typique ou dont le dév est retardé ne
passe pas.
Ex. un enfant qui parle à 4 ans parfaitement mais pas du tout avant —> il n’a pas rencontré certaines étapes dans le dév,
comme p.e. le babillage,…
>> On peut expliquer ces chemins déviants que par des organisations cérébrales différentes.
Sroufe (2009) : Les phénomènes développementaux sont si importants pour comprendre la psychopathologie qu’ils ont
suscité l’émergence d’un courant autonome : la psychopathologie développementale.
Dans cette perspective, les troubles sont conçus comme l’expression de mécanismes évolutifs complexes, dont il
convient d’explorer l’évolution dans leur émergence précoce et leurs multiples dynamiques d’adaptation et d’inadaptation
(contextuelles, expérientielles, sociales, émotionnelles, physiologiques, génétiques, culturelles…).
« D’adaptation ET d’inadaptation » = quand on parle de troubles on parle d’adaptation et d’inadaptation car les
comportements pourraient suivre ou pas la norme ; les 2 sont en dialogue dans les troubles du développement. On pourrait
en effet avoir une adaptation (l’enfant parle très bien à 4 ans) mais aussi une inadaptation (le même enfant, mais à 2 ans,
quand il ne parlait pas du tout).
Achenbach (1974) : « on était à un moment de l’histoire où il y avait d’un côté la psychopathologie et de l’autre la
psychiatrie infantile. »
Il veut intégrer la psycho du développement pour éclairer les troubles ou les développements atypiques. Il est le
pionnier de la psychopathologie développementale : il observe que la psychopathologie de son époque était basée sur des
études faites sur les adultes… ce qui nous apprend pas grand-chose sur les enfants. En effet, les schémas des maladies
adultes ne correspondent pas aux schémas des troubles du développement.
Pionnier aussi car il est le 1er à retenir important d’avoir les témoignages des parents et de l’école sur l’enfant.
C’est à travers l’autisme qu’en France s’est imposée la psychopathologie du dév : on a en effet compris qu’avec le seul
regard des parents et de l’école, il nous manquerait des éléments.
Le TDAH présente un questionnaire version parent et une version enseignant —> on a besoin des 2 versions car les
situations ne sont pas les mêmes et donc pourrait manifester son trouble p.e. qu’à l’école (car il est contraint à être assis). Le
regard donc sera ≠ et on pourrait même avoir l’impression que les 2 questionnaires décrivent 2 enfants ≠, alors que c’est le
même —> profil de l’enfant s’exprime différemment en fonction de l’env.
Approche psychopatho dev aux états unis avec Cichetti (1984) : article sorti 10 ans plus tard par rapport à article
d’Achenbach. Il souligne cette articulation entre développement typique et atypique en pointant l’enrichissement mutuel des
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deux à travers l’étude des liens qu’ils entretiennent et l’analyse des formes d’adaptation et/ou d’inadaptation des trajectoires
individuelles au cours du temps.
Le but de la revue Child Development était de faire rencontrer les chercheurs qui avaient des contacts avec des enfants
atypiques. La revue définit la psychopatho dev comme « l’étude des origines et des trajectoires de patterns individuels
d’inadaptation quels qu’en soient les âges d’émergence, quelles qu’en soient les causes… et aussi complexes
soient ces trajectoires » (Sroufe et Rutter, 1984) On veut savoir à quelle étape du développement on comprend que le
trouble n’est pas temporaire et ne va pas disparaître avec le dev. On veut savoir quand on peut repérer un trouble et quand
on peut le diagnostiquer. Michael Rutter dit que la « psychopatho dev concerne avant tout et surtout l’étude du
développement »
22/11/2023 – CM 8
La psychopathologie commence à être un courant affirmé en 2017.
En 1994 on parlait d’âge mental, aujourd’hui on parle d’âge développemental. Mais attention, le développement n’est pas
synonyme d’âge mental ou encore d’âge développemental. Ce serait réducteur de dire que la psychopatho ne considère que
l’âge développemental. Cela ne conduirait qu’à des études comparatives entre les performances typiques et atypiques et
cela ne renseignerait pas sur les processus développement et les trajectoires développementales. On comparerait la norme
avec quelque chose qui serait de l’ordre du trouble. Premiers constats de Nadel : la norme n’est pas le développement. Le
résultat ne dit rien sur le processus et rien sur la trajectoire (ex. un QI, un ICV, un IVT, ne dit rien sur le processus).
Utilisation générique du terme psychopathologie développementale pour promouvoir une approche dvp de la
psychopatho. L’accent a été mis sur cette évolution que connaît la psychologie développementale en direction de la
psychopathologie, qui prend alors le même adjectif qualificatif en regard de son modèle de référence, le développement,
pour mieux approcher le développement atypique, d’où le choix d’un pluriel : psychologie et psychopathologie
développementales. Au-delà de la perception du développement typique, la psychologie du développement trouve depuis
quelques années des voies d’évolution en direction de la compréhension des troubles, de leur reconnaissance, de leur
diagnostic et de leur prise en charge.
Si l’approche dvp produit des connaissances indispensables sur les facteurs de risque, les facteurs de protection et sur les
mécanismes en jeu dans les trajectoires de développement, la psychopathologie développementale appréhende ces
trajectoires dans le cas de l’émergence de patterns individuels d’inadaptation et d’un développement troublé.
« La psychopathologie développementale peut être définie comme l’étude des origines et de l’évolution des patterns
individuels d’inadaptation » (Sroufe & Rutter, 1984)
La psychopathologie développementale n’est pas restreinte à l’étude des troubles en eux-mêmes mais elle prend en compte
les formes d’adaptation au cours du temps. Tenir compte de ces formes d’adaptation et d’inadaptation au cours du temps
permet d’identifier les prémisses des trajectoires qui seront probablement troublées (i.e. transitoire et réactionnel à un
moment donné) et peut-être même atypique (i.e. syndrôme reconnu, établi et organisé) afin d’agir en prévention et d’agir
sur le diagnostic précoce via le dépistage.
« Et si la recherche sur le dvp typique est indispensable à la compréhension du développement typique, l’inverse est
également vrai, à l’instar de ce qu’écrivait Dante Cichetti (1984) sur les connaissances apportées sur le fonctionnement
normal d’un organisme en étudiant ses troubles et réciproquement, sur l’amélioration des connaissances relatives à ses
troubles en en étudiant sa condition normale. » Extrait de l’article de Carole Tardif, Enfance, 4, 2017.
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Exemple : pour aborder l’autisme, la notion de trajectoire développementale individuelle s’avère particulièrement
intéressante car elle permet de tenir compte :
- de la diversité des signes cliniques s’organisant autour d’un noyau commun
- mais aussi de la variabilité des profils développementaux de chaque individu
- de leur évolution tout au long de la vie, et donc des changements susceptibles d’intervenir dans le processus
développemental
Tout ceci se fait sous l’influence de l’interaction entre des facteurs endogènes, exogènes et des expériences
interpersonnelles.
On peut dire qu’il y a une interaction constante entre les facteurs génétiques, le développement cérébral et le
comportement (Gottlieb, 2007) cf. Nadel (2017) p.522 qui évoque le modèle épigénétique probabiliste tridimensionnel
de Gottlieb.
Définitions :
- La psychopathologie développementale adopte une perspective développementale dans l’étude et le traitement
de la psychopathologie (Rutter, 2005) – référence permanente à la psycho du dvp.
- C’est un des paradigmes qui donne des éléments de compréhension des faits pathologiques chez l’enfant/l’ado.
- Ex. comment comprendre les anomalies des interactions sociales dans l’autisme en regardant le dvp de
l’enfant (dvp atypique vs. typique) ?
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- Une forme d’approche, de lecture, d’interprétation d’un trouve ou désordre qui permet de l’inscrire dans une
perspective dvp > tout désordre ou fonctionnement/développement atypique est concevable en termes de
troubles, de distorsions, d’écarts, de déviations, d’un fonctionnement normal, typique.
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