Fiche 53 - Examen LF
Fiche 53 - Examen LF
Fiche 53 - Examen LF
L’examen parlementaire
des lois de finances
Points-clés
Encadrées par des règles constitutionnelles complétées par la loi organique du 1er août 2001
(LOLF), les conditions d’examen des lois de finances par l’Assemblée nationale se distinguent
nettement de celles des autres projets de loi. Mobilisant un grand nombre de députés, le débat
budgétaire reste, chaque année en automne, un moment fort de la vie parlementaire. Les
crises intenses sont également l’occasion de débats financiers approfondis, comme l’illustre
l’adoption de trois lois de finances rectificatives entre mars et juillet 2020 en lien avec les
conséquences économiques de la pandémie de Covid-19.
La loi de finances est l’acte juridique qui prévoit et autorise le budget de l’État.
Elle détermine, pour un exercice correspondant à l’année civile, la nature, le montant et
l’affectation des ressources et des charges de l’État, ainsi que l’équilibre budgétaire et
financier qui en résulte (LOLF, article 1er).
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Ces dispositions antérieures s’appliqueront en tout état de cause à la loi de règlement afférente à
l’année 2021 et, pour certaines d’entre elles, à la loi de règlement afférente à l’année 2022.
– les lois de finances rectificatives ;
Les lois de finances doivent présenter de façon sincère l’ensemble des ressources
et des charges de l’État (LOLF, article 32), leur sincérité s’appréciant compte tenu des
informations disponibles et des prévisions qui peuvent raisonnablement en découler.
La loi de finances de l’année comporte deux parties distinctes (LOLF, article 34) :
– la seconde partie fixe notamment, pour chacune des missions du budget de l’État,
le montant des crédits en distinguant les crédits de subventions aux opérateurs et ceux
finançant des dépenses d’investissement et, par ministère, le plafond des autorisations
d’emplois ; pour chaque mission, elle définit des objectifs de performance avec des
indicateurs associés à ces objectifs et récapitule les montants des dépenses fiscales, des
ressources affectées, des prélèvements sur recettes et des crédits des comptes spéciaux
associés ; elle peut également comporter des dispositions « rattachées » à une mission
affectant directement les dépenses budgétaires et des dispositions relatives à
l’information du Parlement et au contrôle de celui-ci sur la gestion des finances
publiques.
Les crédits du budget général de l’État sont présentés selon une nomenclature à
trois niveaux :
– les programmes ;
– les actions.
Avant son adoption par le Conseil des ministres, le projet de loi de finances est
soumis, comme tout projet de loi, à l’avis du Conseil d’État (lequel n’est, jusqu’à
présent, pas rendu public).
Le projet de loi est ensuite délibéré en Conseil des ministres, à une date permettant
son dépôt dans la limite du délai prévu à l’article 39 de la LOLF, à savoir au plus tard le
premier mardi d’octobre de l’année précédant celle de l’exécution du budget.
La loi de finances ne portant que sur une seule année en application du principe
d’annualité budgétaire, sa préparation s’inscrit néanmoins de plus en plus dans le cadre
d’une programmation pluriannuelle des finances publiques. Elle n’est plus, par ailleurs,
un exercice strictement interne, depuis qu’une surveillance accrue des politiques
budgétaires s’est mise en place dans le cadre de la zone euro et de l’Union européenne.
Ces lois de programmation, dont le contenu est déterminé par les articles 1er A à
1er G de la LOLF, sont examinées par le Parlement selon la procédure législative
ordinaire. Elles portent sur une période de trois ans minimum, doivent préciser l’objectif
à moyen terme d’équilibre de la situation budgétaire des administrations publiques, sous
forme d’une cible de solde structurel des comptes de l’ensemble des administrations
publiques. Elles doivent également définir la trajectoire pluriannuelle pour y parvenir,
les modalités du mécanisme de correction mis en œuvre en cas de constatation d’un écart
important par rapport à la trajectoire de solde structurel au moment de la loi de
règlement, ainsi que les modalités de prise en compte de circonstances exceptionnelles.
Elles fixent un objectif, exprimé en volume, d’évolution des dépenses des
administrations publiques et une prévision, exprimée en milliards d’euros courants, de
ces dépenses en valeur, en distinguant la part des dépenses d’investissement, et déclinent
cet objectif et cette prévision par sous-secteur d’administration publique. Elles fixent le
montant maximal des crédits du budget général de l’État et des prélèvements sur les
recettes de celui-ci, ainsi que les plafonds de crédits alloués aux missions du budget
général de l’État. Leur est annexé un rapport qui donne lieu à approbation du Parlement,
présentant notamment les hypothèses et les méthodes retenues pour établir la
programmation, une présentation des principales dépenses publiques considérées
comme des dépenses d’investissement, les modalités de calcul du solde structurel et les
mesures visant à garantir le respect de la programmation.
Leur portée juridique a été précisée par le Conseil constitutionnel dans une
décision du 13 décembre 2012 (décision n° 2012-658 DC, cons. 12) : « Considérant que
les orientations pluriannuelles ainsi définies par la loi de programmation des finances
publiques n’ont pas pour effet de porter atteinte à la liberté d’appréciation et
d’adaptation que le Gouvernement tient de l’article 20 de la Constitution dans la
détermination et la conduite de la politique de la Nation ; qu’elles n’ont pas davantage
pour effet de porter atteinte aux prérogatives du Parlement lors de l’examen et du vote
des projets de loi de finances et des projets de loi de financement de la sécurité sociale
ou de tout autre projet ou proposition de loi ».
b) La surveillance communautaire des politiques budgétaires des États membres
En outre, dans le cadre du suivi et de l’évaluation des projets de budget des États
membres de la zone euro, ceux-ci doivent soumettre à la Commission européenne et à
l’Eurogroupe, avant le 15 octobre, leur projet de budget de l’année suivante, sur lequel
la Commission pourra émettre, avant le 30 novembre, un avis, assorti d’une demande
de révision en cas de manquement particulièrement grave aux obligations de politique
budgétaire prévues dans le pacte de stabilité.
c) Le Haut Conseil des finances publiques
Le Haut Conseil est chargé de rendre un avis sur les hypothèses macroéconomiques
utilisées par le Gouvernement pour préparer les principaux textes qui régissent les
finances publiques, avant leur présentation au Parlement : projets de loi de programmation
des finances publiques, projets de loi de finances, projets de loi de financement de la
sécurité sociale, projets de loi de finances rectificative et projets de programme de stabilité
transmis chaque année à la Commission européenne et au Conseil de l’Union européenne.
Pour chacun des avis rendus par le Haut Conseil, la commission des finances peut
procéder à l’audition de son président, qui est le Premier président de la Cour des
comptes.
2. –L’ASSOCIATION DU PARLEMENT
Le point de départ retenu pour la computation du délai de 70 jours n’est pas le jour
du dépôt du projet de loi de finances mais un jour déterminé en vertu d’un accord entre
le Gouvernement et l’Assemblée nationale en fonction des dépôts des documents
accompagnant le projet de loi de finances.
– l’examen des projets de loi de finances reste inscriptible par priorité, à tout
moment, à l’ordre du jour de l’Assemblée, à la demande du Gouvernement, y compris
pendant les semaines réservées en principe au Parlement (article 48 de la Constitution) ;
La loi organique (LOLF, article 39) prévoit le renvoi du projet de loi de finances à
la commission des finances, excluant ainsi la possibilité de constitution d’une
commission spéciale. Mais si la commission des finances joue un rôle prépondérant dans
l’examen de ce texte, les sept autres commissions permanentes s’en saisissent pour avis.
a) Le rôle prédominant de la commission des finances
Le rapporteur général est élu chaque année en même temps que le président de la
commission et les autres membres de son bureau, mais il est traditionnellement
reconduit pour l’ensemble de la législature, sauf démission. Le rapport général sur le
projet de loi de finances de l’année lui est automatiquement confié – de même que les
rapports sur les projets de loi de finances rectificatives, relatifs aux résultats de la gestion
ou de programmation des finances publiques ainsi que les avis sur les projets de décret
d’avance.
Le rapporteur général, qui dispose en vertu de la loi organique (LOLF, article 57)
de pouvoirs de contrôle étendus, examine l’ensemble des dispositions de la première
partie ainsi que les articles non rattachés de la seconde. Dans ce cadre, il propose à la
commission des amendements les concernant et est chargé de défendre les positions de
la commission en séance publique sur l’ensemble des amendements déposés.
Pour la première lecture du projet de loi de finances, le rapport général établi par
le rapporteur général est composé de trois tomes :
– le tome I est consacré à une analyse globale du budget replacé dans son contexte
économique et financier ;
– le tome III comprend les commentaires des articles non rattachés de la seconde
partie.
L’examen détaillé des crédits est assuré par les rapporteurs spéciaux, auxquels la
loi organique (LOLF, article 57) accorde, dans leur domaine d’attribution, des pouvoirs
d’investigation sur pièces et sur place et un droit de communication des renseignements
et documents d’ordre financier et administratif (sous réserve des sujets couverts par le
secret en matière de défense nationale, de sécurité intérieure ou extérieure de l’État et
par le secret de l’instruction judiciaire ou médical).
Désignés chaque année par la commission des finances, les rapporteurs spéciaux,
chargés de façon permanente du contrôle de l’exécution budgétaire dans leur domaine
d’attribution, adressent des questionnaires aux ministres avant le 10 juillet de chaque
année en vue de la préparation de leurs rapports sur le projet de loi de finances. Le
Gouvernement a l’obligation d’y répondre par écrit au plus tard le 10 octobre (LOLF,
article 49).
Chaque rapporteur spécial est chargé de l’examen des crédits d’une ou plusieurs
missions ou, dans certains cas, d’un ou plusieurs programmes d’une même mission. Le
cas échéant, son rapport spécial présente également le ou les articles du projet de loi de
finances qui sont rattachés à la mission dont il est chargé.
Il convient de noter que, lors de l’examen des derniers projets de loi de finances,
certaines commissions se sont également saisies pour avis de la première partie.
Lors de l’examen en commission des finances, c’est le rapporteur général qui joue
le rôle essentiel, proposant ses propres amendements et donnant son avis sur ceux
déposés par les autres membres de la commission. Comme il a été dit supra, la
commission n’adopte que des amendements et n’établit donc pas un texte qui servirait
de base à la discussion en séance publique.
Le débat en séance publique, qui intervient dès la semaine qui suit l’examen en
commission, est organisé par la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale.
Ces articles ont fait, au préalable, l’objet d’une discussion en commission des finances, dans les mêmes
(3)
En cas de succès de la CMP et d’adoption d’un texte commun sur les dispositions
restant en discussion, celui-ci est soumis aux votes des deux assemblées. Son adoption
par chacune d’elles met fin à la navette parlementaire et entraîne l’adoption définitive
du projet de loi de finances. C’est le schéma normal quand les majorités dans chaque
assemblée coïncident.
En cas d’échec de la CMP ou de rejet par l’une des deux assemblées du texte
qu’elle aurait élaboré, l’Assemblée nationale et le Sénat doivent procéder à une nouvelle
lecture. En cas de désaccord persistant, le Gouvernement demande à l’Assemblée
nationale de statuer définitivement lors d’une lecture définitive. Pour l’examen en
nouvelle lecture, c’est le rapporteur général qui rapporte l’ensemble des dispositions du
projet de loi de finances et il n’y a aucune intervention institutionnelle des rapporteurs
spéciaux. Cet examen se déroule plus rapidement, tant en commission qu’en séance
publique, les missions n’étant en effet pas rediscutées l’une après l’autre.
La discussion des crédits n’a pas lieu mission par mission et seul le ministre chargé
du budget est chargé de soutenir le projet de loi en séance publique. Les débats occupent
habituellement quelques séances à une semaine de l’ordre du jour de l’Assemblée
nationale en première lecture.
La loi de finances de fin de gestion est une catégorie nouvelle de lois de finances,
créée par la loi organique du 28 décembre 2021 et qui entre en vigueur au
1er janvier 2023.
– des dispositions affectant directement les dépenses budgétaires des années autres
que l’année en cours ;
La date limite de dépôt du projet est fixée au 1er juin de l’année suivant celle de
l’exécution du budget auquel il se rapporte (et au 1er mai à compter de 2023, pour
l’exécution 2022). Le projet de loi est accompagné des rapports annuels de performances
(RAP), de couverture rouge, qui permettent de comparer l’exécution budgétaire et ses
résultats avec les prévisions figurant dans les projets annuels de performances (PAP), ou
« bleus budgétaires », annexés au projet de loi de finances de l’année.
Le projet de loi relatif aux résultats de la gestion ne se voit appliquer qu’une partie
des caractéristiques dérogatoires propres à l’examen des projets de loi de finances :
– il peut être inscrit par priorité à l’ordre du jour d’une semaine réservée au
Parlement ;
Le caractère limitatif des crédits signifie que les dépenses ne peuvent être engagées
et ordonnancées que dans la limite des crédits prévus par la loi de finances votée par le
Parlement (LOLF, article 9). La LOLF prévoit des exceptions à ce principe :
Cependant, des crédits peuvent être transférés d’un programme d’un ministère vers
le programme d’un autre ministère « pour un objet déterminé ». De même, des crédits
peuvent être virés d’un programme vers un autre programme géré par le même ministre
(dans la limite de 2 % des crédits de chacun des programmes concernés).
Les virements et les transferts sont réalisés par décret pris sur le rapport du ministre
du budget, après information des commissions des finances et des autres commissions
concernées.
Des crédits ouverts au titre d’une année et disponibles à la fin de l’année peuvent
être reportés, par arrêté conjoint du ministre des finances et du ministre intéressé, au
plus tard le 15 mars de l’année suivante, sous certaines conditions (sur le même
programme ou, à défaut, un programme poursuivant le même objectif, dans la limite
d’un pourcentage – 3 % des crédits du programme– qui peut être majoré dans la limite
de 5 % des crédits ouverts par la loi de finances de l’année, si une disposition expresse
de la loi de finances le prévoit, et auquel il peut même être dérogé en cas de nécessité
impérieuse d’intérêt national).
En sens inverse, des décrets d’annulation de crédits peuvent être pris afin de
prévenir une détérioration de l’équilibre budgétaire, sans que le montant cumulé des
crédits annulés par cette voie et des crédits annulés par décret d’avance excède 1,5 %
des crédits ouverts par les lois de finances de l’année.
Septembre 20222