Iai Cours de L'informatique 2023-2024
Iai Cours de L'informatique 2023-2024
Iai Cours de L'informatique 2023-2024
Semestre : Mousson
LE DROIT DE
L’INFORMATIQUE
COURS
NOTIONS ESSENTIELLES
Introduction
Sur un autre plan, toutes les pages que l’usager consulte voire remplit (formulaire)
peuvent être observées par des tiers ayant un peu de connaissances en informatique. Il se
pose de ce fait le problème relatif à la protection de la vie privée et au secret des
correspondances 2 privées. Tout citoyen doit être protégé contre ces risques, protection qui
ne saurait se limiter à des règles nationales du fait du caractère transfrontalier de
l’Internet.
Plusieurs auteurs avancent le fait que la révolution numérique est à l'origine d'une
abstraction de la pensée. Cette abstraction serait un grand danger pour l'homme,
désormais menacé de perdre ce qui fait son essence même, son identité fondamentale.
Eu égard à ce qui précède, doit-on conclure à une absence totale de réglementation dans
le domaine de l’informatique ? Non, car on assiste à une construction progressive d’un
droit de l’informatique.
Ainsi le droit d'auteur existait avant même que le premier ordinateur soit inventé, mais ce
n'est pas pour autant qu'il ne s'applique pas aux œuvres numériques ou numérisées.
Concernant les intrusions non autorisées sur un système informatique (à travers internet
ou non) la loi Godfrain du 8 janvier 1988 prévoit un cadre pénal prévoyant des infractions
spécifiques en fonction de l'atteinte portée au système informatisé.
En outre, la nature même des informations traitées par les technologies de l'information
et de la communication rend les données personnelles encore plus sensibles. Ainsi une loi
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Far-West (composé de far « lointain », west « ouest ») nom donné aux États de l'extrémité ouest du continent nord-américain,
attesté depuis 1830.
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a été écrite spécifiquement pour protéger les données personnelles afin de respecter le
droit de liberté individuelle. Sont ainsi sanctionnés pénalement tout manquement à mettre
en œuvre un mécanisme de protection adapté aux données stockées.
Le droit de l’informatique est donc l’ensemble des règles qui régissent le traitement
automatique de l’information.
Cependant, le présent cours, compte tenu du volume horaire imparti, n’abordera que les
contrats informatiques (1re partie) et la protection des logiciels (2è partie).
Les contrats informatiques s'inscrivent dans le domaine des contrats spéciaux, et il semble
plus exact de parler de contrats relatifs à l'informatique, vu que la plupart de ces contrats
ne sont en fait que des descendants directs de contrats nommés dans le Code civil,
obéissant à la théorie générale du droit des obligations. Autrement dit, les contrats relatifs
à l'informatique sont des contrats ordinaires, soumis au régime des figures juridiques
qu'ils utilisent (vente, louage, entreprise, prêt, etc.), et comme tels, ils obéissent au droit
commun des contrats et au droit de la concurrence. C'est pourquoi, le contrat informatique
comme tout autre contrat exige au moment de la formalisation des engagements
contractuels le respect des conditions de fond.
A cet égard, il faut rappeler en premier lieu que les parties au contrat doivent manifester
leurs consentements. Le consentement doit être intègre c’est-à dire que les contractants
doivent être capables et le consentement ne doit pas être vicié par l’erreur, le dol ou la
violence.
En second lieu, le contrat doit avoir un objet qui est l'opération juridique à réaliser. Il doit
être réel, déterminé (la chose et le prix) et licite (conforme à l’ordre public et aux bonnes
mœurs).
En dernier lieu le contrat doit avoir une cause qui existe et qui est licite.
- La licence de logiciel :
Par ce contrat informatique, un éditeur concède à un client un droit d’usage sur un logiciel
dont il détient les droits de propriété intellectuelle (La licence peut porter sur deux types
de logiciels : soit sur un progiciel (un logiciel standard), soit sur un logiciel spécifique,
élaboré pour répondre aux besoins précis du client dans le cadre d’un contrat de
développement de logiciel).
- Le contrat de maintenance :
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le logiciel libre n’est pas forcément un logiciel
gratuit. Les caractéristiques du logiciel libre résident dans la libre circulation du code
source, le droit d’utiliser, de copier, de distribuer, de modifier et de redistribuer les
modifications. Les distributions peuvent être réalisées à titre gratuit ou onéreux.
Une fois que le client a acquis des droits sur des logiciels, il faut que ceux-ci soient aptes
à fonctionner ensemble dans l’environnement informatique déjà existant au sein de
l’entreprise. Il convient généralement d'adapter les logiciels en opérant des modifications.
C’est ce à quoi sert ce contrat.
- Le contrat d’outsourcing :
- Le contrat ASP :
Le contrat « ASP » (« Application Service Provider »), traduit en français par « FAH »
(« Fournisseur d’Application Hébergée »), est une modalité particulière du contrat
d’outsourcing. Ce contrat permet au client de disposer d’un accès à distance à un système
informatique extérieur, ce qui lui permet d'éviter d’acquérir par lui-même une
infrastructure informatique, des licences d’utilisation de logiciels et de faire appel à
différents prestataires pour faire fonctionner l’ensemble.
- Le contrat SAAS :
SPECIFIQUE
Avant même de commencer la réalisation du logiciel, il est nécessaire que les parties
s'accordent sur le contenu du logiciel ainsi que ses modalités de réalisation.
C’est dès le début de la phase précontractuelle que les parties vont s’interroger sur leur
relation et sur son avenir. En effet, c’est l’occasion pour chacune des parties au contrat
d’exprimer ses attentes : le client fera part de ses besoins et exigences au prestataire,
tandis que celui cherchera à appréhender l’entreprise de son futur co-contractant sur les
plans technique et juridique. Car avant de s’engager, il est nécessaire que chacun prenne
ses précautions et ait connaissance d’un minimum d’informations sur l’autre ainsi que sur
son entreprise. De plus, au cours de la phase précontractuelle, tous les éléments
nécessaires à la connaissance des parties seront mutuellement communiqués. Ainsi, une
fois cette prise de connaissance est faite, un cahier des charges précède alors l’élaboration
du contrat proprement dit.
Après que le client lui ait fourni le cahier des charges, le prestataire procède à « l’analyse
fonctionnelle » globale. Elle prend en considération l'ensemble des fonctions, objet du
De cette analyse, découlent les « spécifications » c'est à dire que le prestataire identifie
les fonctions à réaliser, les conditions d'exploitation et d'utilisation, les performances et
les critères de qualification. Cette dernière doit faire l'objet de l'approbation du client par
un procès-verbal avant de passer à la phase suivante.
Il est préférable que le cahier des charges et les spécifications soient contractuels et donc
être placé en annexe du contrat de développement de logiciel spécifique.
B- L’élaboration du contrat
A- La réalisation du logiciel
A partir de l'analyse organique, on effectue le codage c'est à dire que l'on écrit le
programme source. Ensuite, se déroule la compilation qui consiste à transformer le
programme source en programme machine. Le choix du langage de programmation peut
procéder soit du client, soit du prestataire.
Enfin les corrections faites, on contrôle le bon fonctionnement du logiciel dans son cadre
d'exploitation normal, au sein de l'entreprise cliente. On appelle cette dernière phase la
« recette définitive ». Certaines réserves peuvent encore être soulevées mais ces dernières
ne seront corrigées uniquement dans le cadre de la garantie contractuelle qui ne
commence qu'à ce moment-là. Cette phase fait l'objet d'un procès-verbal constatant la
réception ; il s’agit du procès-verbal de « recette définitive ».
En ce qui concerne le client, ce qui est original dans ce contrat est qu'il a une obligation
de collaboration. Le prestataire quant à lui, a une obligation de conseil et de délivrance.
L’une des principales obligations du client est d’utiliser le logiciel dans des conditions
normales d’utilisation, conformément aux instructions du mainteneur.
Pour le client, cette obligation de collaboration consiste, entre autres, à tenir un registre
dans lequel il consignera de façon chronologique toutes les anomalies, pannes ou
incidents concernant les logiciels, ainsi que leur nature, leur durée, les interventions
effectuées pour y remédier, tous les faits les ayant causé ou susceptibles de les causer…Ce
registre, aussi appelé « cahier de maintenance » ou livre de bord », est un document
essentiel car, en retraçant tous les évènements concernant le logiciel maintenu, le
mainteneur gagne un temps précieux et anticipe les solutions : ce qui profit d’autant au
client.
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Le client, comme dans tout contrat, est tenu de payer le prix convenu dans le contrat. Ce
prix peut être forfaitaire (fixé à l'avance) ou établi en fonction du nombre d'heures de
travail du prestataire ; il est alors possible que le règlement soit prévu en plusieurs étapes
en fonction de l'avancement du logiciel.
De plus, dès la réception du cahier des charges, le client a une obligation de collaboration.
Il doit transmettre au prestataire toutes les informations qui lui permettront au maximum
de satisfaire ses exigences. Cela permettra également au prestataire de pouvoir remplir le
mieux possible son obligation de conseil et de mise en garde. La jurisprudence donne
beaucoup d'importance à cette collaboration. (La Cour d'appel de Paris, dans un arrêt du
11 octobre 1989, estime que le professionnel ne peut assumer ses obligations qu'à
condition que son client collabore et lui communique tous les renseignements utiles à la
mise au point du logiciel. La Cour estime que le fait pour le client de ne pas répondre à la
sollicitation du prestataire peut constituer une faute contractuelle).
Comme dans la plupart des contrats, le prestataire est soumis à une obligation de conseil
envers son client. Il la remplit en procédant à l'analyse fonctionnelle et en tenant le client
au courant des contraintes qui pourraient se présenter lors de la programmation du
logiciel. La Cour de cassation considère que le prestataire est tenu à cette obligation même
si l'entreprise cliente possède un service informatique en son sein.
La propriété du code source est celle qui doit être absolument définie. Le code source est
une partie importante du logiciel et il est essentiel au suivi, à l'évolution et à l'adaptation
de celui-ci. La possession par le client de ce dernier n'entraîne absolument pas la cession
des droits de propriété intellectuelle. Toutefois, si la cession prévue est totale, le client
pourra disposer librement du code source. Le contrat devra préciser la nature et le contenu
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des prérogatives cédées. Pour les contrats de développement de logiciel spécifique, il est
fondamental de prévoir toute clause déterminant la propriété intellectuelle du logiciel afin
que les parties soient fixées dès le départ sur les prérogatives qu'elles détiennent. (En cas
de silence du contrat on admet généralement que le code source est la propriété du client
dans un contrat de prestation et celle du vendeur dans un contrat de vente de logiciel)
La maintenance liée, comme son nom l’indique, dépend d'un autre contrat. Elle peut
résulter soit d’une clause dans le contrat principal soit d’un contrat annexe à une vente
d’un élément ou d’un ensemble de matériels informatiques. Outre le cas de la vente de
matériel, la maintenance peut aussi être liée à un contrat de location-vente ou de location
classique d’une ou plusieurs machines. Lorsque la maintenance est ainsi associée à un
contrat principal de fourniture ou de location, la résiliation du contrat principal entraîne
automatiquement celle du contrat de maintenance, dans la mesure où ils sont indivisibles.
À l’opposé la maintenance est dite autonome lorsqu'elle ne dépend pas d'un autre contrat
et fait l'objet d'un contrat spécifique.
Selon que le contrat de maintenance est lié ou autonome, son objet (Section 1), les
obligations des parties (Section 2), et sa durée (Section 3) vont varier.
Quelle que soit la forme de la maintenance choisie, le mainteneur comme le client ont
diverses obligations à leur charge.
Au-delà de ces deux premières remarques le mainteneur est classiquement tenu de cinq
obligations : une obligation de mise en garde, une obligation de célérité, une obligation
d’efficacité, une obligation de confidentialité et une obligation de suppléance. On peut y
ajouter une autre qui est la disponibilité du mainteneur. Ces obligations font bien ressortir
le fait que le contrat de maintenance relève de la catégorie des contrats d’entreprise.
B- L’obligation de célérité
C- La disponibilité
Le mainteneur doit être toujours disponible et c’est une obligation de résultat. On vise ici
la disponibilité du professionnel et non sa rapidité pour procéder à la réparation. Là encore
le contrat de maintenance peut prévoir une stipulation garantissant un temps maximum
d'indisponibilité de l'installation pour le client au-delà de laquelle le mainteneur sera tenu
du paiement d'une pénalité (clause de pénalité). Ainsi : « Le seul fait d'un risque de non
intervention rapide (même non réalisé), faute d'une équipe spécialisée, justifie la
résiliation du contrat qui n'a plus de cause ».
D- L'obligation d'efficacité
E- L'obligation de confidentialité
Les actes techniques imposés par la maintenance mènent souvent les professionnels à
travailler au contact de données confidentielles de l'entreprise cliente. Le prestataire de
service est donc tenu de ce seul fait par une obligation de confidentialité, par exemple lors
du transfert d'un système informatique d'exploitation sur un nouveau matériel.
Le plus souvent il s’agit d’une clause de secours. « Il est en effet fréquent qu’une clause
particulière ou un contrat annexe prévoie que le mainteneur (ou un tiers) mettra à la
disposition de son client, lorsqu'une panne sérieuse rend le système informatique
indisponible, un appareil ou un système de remplacement équivalent, selon les cas ». Ce
contrat ou cette clause doit alors déterminer les applications vitales visées, et prévoit la
forme de fonctionnement de la suppléance. Cette mise à disposition doit bien évidemment
intervenir dans le délai le plus court possible après la constatation de l'indisponibilité du
système du client et de l'impossibilité d'y remédier dans des délais raisonnables.
Le mainteneur n’est bien sûr pas le seul à avoir des obligations, le client doit également
en respecter certaines.
Le client ne doit pas se contenter de rester passif, il doit aider à la bonne marche de
l’opération en respectant trois obligations principales : une obligation de collaboration
sans immixtion, une obligation de recevoir et une obligation de payer.
A- L’obligation de collaboration
Le client doit apporter toute l’aide possible au professionnel en facilitant tout d’abord son
travail (accès aux locaux, aux appareils et systèmes, fourniture de tous documents utiles
en sa possession…). Le client doit ensuite laisser le professionnel emporter chez le
constructeur des composants d'un appareil ou l'appareil lui-même, lorsque la réparation
ne peut pas être effectuée convenablement sur place. Il doit également le prévenir à temps
des défaillances et anomalies, dès qu'elles surgissent, sans attendre qu'elles s'aggravent.
Enfin le devoir de collaboration du client lui impose d'utiliser le matériel dans des
conditions normales, notamment en respectant les prescriptions techniques du
constructeur.
Le client doit recevoir le matériel c'est-à-dire approuver les travaux faits par le
mainteneur. Comme d’habitude en matière de réception d’une prestation le client peut la
recevoir purement et simplement, recevoir en émettant des réserves, ou refuser de la
recevoir.
C’est ici une obligation classique selon laquelle tout bénéficiaire d'une prestation de
maintenance doit payer une redevance. La redevance, généralement payable à l'avance,
peut consister dans un forfait annuel (révisable), dans ce cas, « le client ne doit rien de
plus, même si le mainteneur a effectué des travaux supplémentaires utiles (voire
indispensables), dès lors qu'il n'est pas en mesure de produire un bon de commande ».
Les obligations de chacune des parties ainsi précisées, il reste encore à évoquer la question
de la durée du contrat de maintenance.
La durée de ces prestations varie selon que le contrat de maintenance est lié ou autonome.
Les contrats perpétuels étant nuls selon le droit commun, il a été retenu que « toute clause
qui aurait pour effet d'enchaîner indéfiniment le bénéficiaire de la maintenance
invaliderait le contrat la comportant ». (Dans cet arrêt il était question « d’un contrat de
location et de maintenance d'une installation téléphonique, réservant au bailleur
l'adjonction de matériels complémentaires, prévoyant que le contrat serait « reconduit »
pour dix ans chaque fois que de nouveaux équipements seraient ajoutés pour une certaine
valeur ». La Cour a jugé qu’en pareil cas la clause de prolongation est nulle, le contrat
pouvant par elle se prolonger indéfiniment.)
Les contrats de maintenance autonome peuvent être conclus à durée déterminée ou sans
indication de durée :
À l’inverse, lorsque le contrat est conclu à durée déterminée, la durée en question est
souvent assez courte mais il peut y avoir le plus souvent renouvellement par tacite
reconduction. La résiliation du contrat peut là encore être obtenue sans difficulté à la seule
condition de respecter le préavis de dénonciation du contrat. Dans cette hypothèse précise
d’un contrat de maintenance à durée déterminée, les parties pour plus d’efficacité
conviennent souvent d'une durée de maintenance correspondant à la durée prévisible de
fonctionnement des appareils sur laquelle elle porte.
La propriété intellectuelle est l'ensemble des droits exclusifs accordés sur les créations
intellectuelles. Elle comprend deux branches :
.la propriété littéraire et artistique, qui s'applique aux œuvres de l'esprit, et est composée
du droit d'auteur, du copyright, des droits voisins. Il s’agit des droits créés en 1985 au
profit :
Ils jouissent à présent d’un droit exclusif qui leur donne la possibilité d’autoriser ou
d’interdire l’utilisation et l’exploitation de leur prestation et de prétendre à une
rémunération en contrepartie de leur autorisation.
• sur leur nom : le nom de l'artiste doit être associé à son interprétation
• sur d'éventuelles modifications : on ne peut pas modifier l'interprétation sans son
autorisation (si la modification dénature l'interprétation)
Le droit moral est inaliénable et imprescriptible : il ne peut être cédé et n'est pas limité
dans le temps. Il est transmis aux héritiers.) et des droits sui generis sur les bases de
données. (Sui generis est un terme latin de droit, signifiant « de son propre genre ». Cela
Nous étudierons deux techniques de protection des logiciels : La protection des logiciels
par le droit d'auteur et la brevetabilité des logiciels.
Section I- GENERALITES
Le droit d’auteur est l’ensemble des prérogatives exclusives dont dispose un créateur
sur son œuvre de l’esprit originale. L'œuvre de l'esprit est une création intellectuelle
accompagnée ou suivie d'un acte physique de mise en forme, permettant ainsi la
concrétisation de l'œuvre.
Le droit d’auteur se compose d'un droit moral et de droits patrimoniaux.
Les droits patrimoniaux permettent à l'auteur d'être rémunéré pour chaque utilisation de
son œuvre. Ils ne sont accordés que pour une durée limitée qui varie selon les pays et la
nature de l'œuvre. À l’issue de la durée de protection, l'œuvre entre dans le domaine
public, et peut être librement utilisée par tous. Le droit d'auteur donne le choix exclusif
des modalités de publications, reproduction, adaptation et traduction de ses œuvres pour
un temps donné. Son rôle fondamental est en effet de permettre à l'auteur d'obtenir une
rémunération pour son travail en le protégeant de la copie non autorisée de ses œuvres,
notamment du piratage.
Les droits moraux sont essentiellement liés à la personnalité de l'auteur et regroupent le
droit de revendiquer la paternité de l'œuvre, le droit de décider du moment et des
modalités de sa publication (droit de divulgation), le droit de s'opposer à toute
déformation ou mutilation de l'œuvre (droit au respect de l'œuvre), le droit de s'opposer à
toute utilisation pouvant porter atteinte à la réputation ou à l'honneur de l'auteur. En droit
français, ils comportent également le « droit de retrait et de repentir », c'est-à-dire qu'un
auteur a le droit de demander à ce que son œuvre soit retirée de la circulation en échange
d'une compensation des personnes engagées dans sa distribution, qui jouissent par ailleurs
d'un droit de priorité en cas de remise en circulation de ladite œuvre.
Contrairement aux droits patrimoniaux, ces droits moraux sont inaliénables, perpétuels et
imprescriptibles : un auteur ne peut pas les céder (mais ils sont transmis par héritage car
perpétuels), ils n'expirent pas et il est impossible d'y renoncer.
Le droit d'auteur protège les créations de formes et non les idées (contenues dans
l’œuvre). L'originalité (ou l'individualité) est une condition nécessaire de la protection :
il suffit qu'une œuvre exprime ce qui est propre à l'auteur, qu'elle porte la marque de sa
personnalité pour qu'elle possède un caractère original ou individualisé. La protection est
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indépendante de la valeur (valeur culturelle, genre etc.) ou du mérite de l'œuvre, de sa
destination et de sa forme mais elle n'est pas subordonnée à l'accomplissement de
formalités.
Si l’on dit que la protection n'est pas subordonnée à l'accomplissement de formalités c’est
que la création est le titre originaire du droit d'auteur. En effet, contrairement à ce qui se
passe dans le droit de la propriété industrielle, le droit d'auteur naît de l'acte de création
et non de la reconnaissance par l'autorité administrative. La principale finalité du droit
d'auteur est la protection des créateurs, tandis que, dans la propriété industrielle, ce sont
les droits de la collectivité qui sont mis en avant. Toutefois, la loi a prévu que certaines
œuvres feraient l'objet d'un dépôt pour des raisons étrangères à l'existence même de la
protection : facilités de preuve, impératifs divers.
En France depuis une loi du 3 juillet 1985, la notion d'œuvre de l'esprit a été étendue aux
logiciels, le logiciel est donc protégé par le droit d'auteur.
Seuls les logiciels présentant un caractère original sont protégés par le droit d'auteur.
Le critère d'originalité est la seule condition de fond nécessaire à la protection du
logiciel par le droit d'auteur. Ce critère d'originalité n'est pas défini par la loi. Il convient
de se référer à la jurisprudence PACHOT (Cass, Assemblée plénière, 7 mars 1986)
selon laquelle "l'originalité d'un logiciel consiste dans un effort personnalisé allant au-
delà de la simple mise en œuvre d'une logique automatique et contraignante". Cela
ramène la notion d'originalité à la "marque d'un apport intellectuel".
La protection du logiciel ne s'étend pas aux idées qui sont à la base du logiciel. Seule la
mise en forme de ces idées peut faire l'objet d'une protection par le droit d'auteur.
• Les fonctionnalités
• Les algorithmes
• Les interfaces
• Les langages de programmation
Tous ces éléments sont en effet considérés comme des éléments informatiques à
l'origine de la conception du logiciel ne présentant pas en tant que tels une forme
définie. Ils appartiennent au domaine de l'idée.
Un logiciel original est protégé par le droit d'auteur, du seul fait de sa création.
Cette protection n'est soumise à aucune procédure particulière. Cependant, dans le cadre
d’une exploitation large du logiciel, on ne peut que recommander d’apposer la mention
Copyright, car nombre de législations étrangères exigent l'accomplissement de cette
formalité pour les œuvres publiées dont les logiciels exploités.
Si aucune formalité de dépôt de l'œuvre n'est imposée, le dépôt du logiciel peut néanmoins
présenter un intérêt pour préconstituer la preuve de la création et lui donner date certaine,
en cas notamment de contestation future. (Le dépôt peut se faire à l’INPIT ou au
BUTODRA).
Le brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire un droit exclusif
d'exploitation sur l'invention brevetée, durant une durée limitée et sur un territoire
déterminé. En contrepartie, l'invention doit être divulguée au public. Le but du brevet est
d'éviter le recours au secret industriel : l'inventeur garde alors le secret absolu de son
invention et dispose d'un monopole aussi longtemps qu'un concurrent n'aboutit pas à la
même invention. Par rapport au secret industriel, le brevet permet donc au demandeur de
se protéger contre l'exploitation de la même invention par un tiers en échange de la
divulgation de cette invention.
Le brevet représente donc un mode d'arbitrage : le monopole temporaire accordé à son
titulaire lui fournit les incitations nécessaires à l'innovation, tandis que l'obligation de
divulgation préserve la capacité de la société à tirer rapidement parti de l'invention
brevetée. Le monopole est conféré par la loi et la reproduction de l'invention en vue de
son exploitation par un tiers, non autorisé par le titulaire du brevet, constitue une
contrefaçon. Les termes essentiels du brevet sont : sa durée, sa portée technique (à partir
de quel moment une réalisation proche de l'invention est-elle contrefaisante) et sa portée
territoriale (sur quel territoire géographique une réalisation reproduisant l'invention
constitue-t-elle une contrefaçon).
Le brevet protège une solution technique à un problème technique, pas une simple idée.
Le demandeur doit décrire l'invention de manière suffisamment claire et complète pour
Cependant cette exclusion ne concerne que les programmes "en tant que tels". Une
demande de brevet ne peut revendiquer un logiciel à titre principal, mais peut porter sur
une invention comportant un programme d'ordinateur qui se présente comme une étape
de fonctionnement de l'invention revendiquée.
La position de l'Office Européen des Brevets (OEB) est maintenant claire sur ce point :
le critère retenu pour analyser si une invention est exclue de la brevetabilité est "la
contribution à l'état de la technique de l'invention (telle que définie dans la revendication)
considérée dans son ensemble". En appliquant ce critère, on arrive donc à séparer deux
catégories de "programmes d'ordinateurs" :
- les programmes d'ordinateur pris en tant que tels (qui n'ont aucun rapport avec la
technique) et qui sont exclus de la brevetabilité
Les États-Unis, par contre, ont adopté une pratique favorable à la protection par brevet
des programmes d'ordinateurs, y compris de programmes d'ordinateurs ne produisant
pas d'effet technique.
Dans certains cas, l'employeur peut être responsable du fait des activités de ses employés
sur Internet. D'après un arrêt de la cour d'appel d'Aix-en-Provence du 13 mars 2006,
l'employeur est responsable de la faute commise par un salarié ayant créé un site
personnel illicite en utilisant l'accès à Internet fourni par son entreprise. En l'espèce, un
salarié, que sa société avait autorisé dans une certaine mesure à utiliser Internet depuis
son poste de travail, avait créé un site Internet dénigrant une autre entreprise. La
responsabilité de l'employeur n'exclut pas la responsabilité du salarié lui-même
(condamné pour contrefaçon). L'employeur peut limiter sa responsabilité s'il a mis en
œuvre les moyens nécessaires pour éviter qu'une infraction se passe à l'intérieur de sa
société. Le premier rempart est bien entendu la charte Internet, mais avec le cas de
jurisprudence de Lucent Technologie où la société avait établi une Charte Internet dans
les règles en autorisant une consultation "raisonnable" (recommandation de la CNIL) des
sites Internet non professionnels. Pourtant Lucent s’est vu condamnée comme complice
du salarié car elle n’avait pas mis en œuvre des moyens suffisants pour éviter les pratiques
de son salarié, notamment à cause de cette « fenêtre » d’utilisation personnelle pourtant
obligatoire.
Si un usager d'Internet publie sur son site personnel un texte diffamatoire envers une autre
personne, sa responsabilité peut être engagée au même titre que s'il avait utilisé un autre
moyen de communication. Mais qu'en est-il de la société qui lui a fourni les moyens
techniques pour publier ce texte ? L'hébergeur peut-il voir sa responsabilité (civile ou
pénale) engagée pour des écrits publiés sur les sites dont il a la charge ?
En France, la loi pour la confiance dans l'économie numérique précise que
les fournisseurs d'accès à Internet sont dégagés de toute responsabilité civile et pénale si
la publication se fait sans intervention manuelle de l'hébergeur et que celui-ci rend
inaccessible le contenu litigieux dès qu'il en a connaissance :
« Les personnes physiques ou morales qui assurent, même à titre gratuit, pour mise à
disposition du public par des services de communication au public en ligne, le stockage
de signaux, d'écrits, d'images, de sons ou de messages de toute nature fournis par des
destinataires de ces services ne peuvent pas voir leur responsabilité civile engagée du fait
des activités ou des informations stockées à la demande d'un destinataire de ces services
si elles n'avaient pas effectivement connaissance de leur caractère illicite ou de faits et
circonstances faisant apparaître ce caractère ou si, dès le moment où elles en ont eu cette
connaissance, elles ont agi promptement pour retirer ces données ou en rendre l'accès
impossible.» (Loi n°2004-575 du 21 juin 2004, article 6 al.2 (voir al.3 pour la
responsabilité pénale)
L'enjeu essentiel est ici la qualification juridique du prestataire qui permet techniquement
la publication du contenu sur Internet. Selon son degré d'intervention dans ce contenu, il
sera qualifié de simple hébergeur, dégagé de responsabilité par rapport au contenu, ou