Mécanique Des Fluides 2023-2024

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CHAPITRE 1 : PROPRIETES DES FLUIDES

1. Introduction

Définition : Un fluide (liquide ou gaz) est un ensemble de particules microscopiques occupant


un volume dont la géométrie s’adapte au récipient qui le contient.
Un liquide occupe un volume limité par une surface libre (état compact mais désordonné),
tandis qu’un gaz diffuse dans tout l’espace qui lui est offert (état dispersé et désordonné).
Un fluide est dit homogène lorsque sa masse volumique est uniforme : elle est la même en tout point
du fluide.

2. Fluide parfait
Soit un système fluide, c'est-à-dire un volume délimité par une surface fermée Σ fictive ou
non.

Considérons ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹 la force d’interaction au niveau de la surface élémentaire 𝑑𝑆 de normale 𝑛⃗
entre le fluide et le milieu extérieur.
On peut toujours décomposer ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹 en deux composantes:
- une composante ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹𝑇 tangentielle à 𝑑𝑆.
- une composante ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹𝑁 normale à 𝑑𝑆.
En mécanique des fluides, un fluide est dit parfait s'il est possible de décrire son mouvement
sans prendre en compte les effets de frottement. C’est à dire quand la composante ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹𝑇 est
nulle. Autrement dit, la force ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹 est normale à l'élément de surface 𝑑𝑆.

3. Fluide réel
Un fluide est dit réel si, pendant son mouvement, les forces de contact ne sont pas
perpendiculaires aux éléments de surface sur lesquelles elles s’exercent. Elles possèdent donc
des composantes tangentielles qui s’opposent au glissement des couches fluides les unes sur
les autres. Cette résistance est caractérisée par la viscosité.

P a g e 1 | 48
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C’est uniquement au repos, qu’on admettra que le fluide réel se comporte comme un fluide
parfait, et on suppose que les forces de contact sont perpendiculaires aux éléments de surface
sur lesquels elles s’exercent. La statique des fluides réels se confond avec la statique des
fluides parfaits.

4. Fluide incompressible
Un fluide est dit incompressible lorsque le volume occupé par une masse donné ne varie pas
en fonction de la pression extérieure. Les liquides peuvent être considérés comme des fluides
incompressibles (eau, huile, etc.)

5. Fluide compressible
Un fluide est dit compressible lorsque le volume occupé par une masse donnée varie en
fonction de la pression extérieure. Les gaz sont des fluides compressibles.
Par exemple, l’air, l’hydrogène, le méthane à l’état gazeux, sont considérés comme des fluides
compressibles.

6. Poids volumique
𝑚.𝑔
ϖ= = ρ. g
𝑉

ϖ : Poids volumique en (N/m3).


m : masse en (kg),
g : accélération de la pesanteur en (m/s2),
V : volume en (m3).

Masse volumique
La masse volumique ou spécifique d’une substance est définie par la masse d'une unité de
volume de cette substance.
𝑚
𝜌=
𝑉

où  : masse volumique en [kg/m3], m: masse en [kg] et V : volume en [m3]

La de la masse volumique lors d’un changement de température est donnée par :

𝝆 = 𝝆𝒊 (𝟏 + 𝜷𝑻 (𝑻 − 𝑻𝒊 )) où 𝜷𝑻 : le coefficient de dilatation thermique.

7. Densité

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La densité d'un corps est le nombre sans dimension qui exprime le rapport de la masse du
corps à la masse d'un volume égal d'une substance de référence.

Dans le cas des liquides en prendra l’eau comme fluide de référence. Dans le cas des gaz on
prendra l’air comme fluide de référence.

Application 1 :

Calculer la masse volumique, le poids volumique et la densité de 6 m3 d’huile pèsent 47kN.

8. Viscosité

• La viscosité d'un fluide caractérise sa capacité à s'écouler dans un tube, un canal, un


récipient.
• La viscosité d'un fluide est principalement due à l'interaction entre les molécules constituant
le fluide.
Il existe deux types de viscosité : la viscosité cinématique et la viscosité dynamique.

La viscosité dynamique
La viscosité dynamique correspond à la réalité physique du comportement d’un fluide soumis
à une sollicitation (effort). En d’autres termes, cette dernière exprime la « rigidité » d’un
fluide à une vitesse de déformation en cisaillement.

F : force de glissement entre les couches en (N),


μ : Viscosité dynamique en (kg/m.s),
S : surface de contact entre deux couches en (m2),
ΔV : Écart de vitesse entre deux couches en (m/s),
ΔZ : Distance entre deux couches en (m).
Remarque : Dans le système international (SI), l'unité de la viscosité dynamique est le Pascal
seconde (Pa⋅s) ou Poiseuille (Pl) : 1 Pa⋅s = 1 Pl = 1 kg/m⋅s

1 P= 0,1Pl (P=poisse)

Viscosité cinématique
La viscosité cinématique caractérise le temps d'écoulement d’un liquide.

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𝜇
Elle s’exprime par la relation : 𝜈 =
𝜌

L'unité de la viscosité cinématique est le (m2/s).


On utilise souvent le Stokes (St) comme unité de mesure de la viscosité cinématique.
1 St= 10-4 m2/s
Remarque
Lorsque la température augmente, la viscosité d'un fluide décroît car sa densité diminue.

Application 2

Un fluide newtonien (μ = 0,048 Pa.s) s’écoule le long d’une paroi. En A situé à 75 mm de la


paroi, la particule fluide a une vitesse égale à 1,125 m/s. Calculer l’intensité de la contrainte
de cisaillement, au niveau de la paroi, à 25 mm, à 50 mm et a 75 mm de celle-ci, en admettant
une distribution de vitesse linéaire et une distribution de vitesse parabolique. La parabole de la
figure à son sommet en A.

9. La compressibilité

La compressibilité caractérise l'aptitude d'un fluide à changer de volume sous l'effet d'une
variation de pression. Autrement, la compressibilité d’un corps représente la variation de
volume du corps en réponse à une variation de pression.
On définit de coefficient de compressibilité isotherme 𝜒𝑇 par :
𝑑𝑉 1 𝑑𝜌 1
𝜒𝑇 = − × 𝑜𝑢 𝜒𝑇 = − ×
𝑉 𝑑𝑃 𝜌 𝑑𝑃

𝑉 est le volume initial, 𝑑𝑉 est la différentielle de volume et 𝑑𝑃 est la différentielle de


pression. 𝑑𝜌 est la différentielle de masse volumique et 𝜌 est la masse volumique.
L’inverse du coefficient de compressibilité s’appelle le module de compressibilité
1
=𝐸
𝜒𝑇
Si la pression augmente (𝑑𝑃 > 0) alors le volume diminue et la masse volumique augmente.

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Exemples :
• eau (dans les conditions normales) χ0 = 0.5 10-9 m2 N-1 (Pa–1)
L'eau peut être considérée comme quasiment incompressible.

Généralisation : les liquides sont peu compressibles ; les valeurs de 𝜒𝑇 sont par conséquent

très faibles.

Application 3 :
A 34,5 bars, le volume d’un liquide est de 28,32 dm3, à 241,3 bars, le volume est de 28,05
dm3. Calculer le coefficient de compressibilité de ce liquide.

10. La dilatation thermique


La dilatation thermique : est la variation relative du volume correspondant à une
augmentation de la T° de 1°C. Elle est caractérisée par le coefficient de dilatation (βT)
βT=(Δv/v)(1/ΔT)

CONCLUSION

Les fluides en mouvement sans frottement qu’on appelle fluides parfaits ou non visqueux.
Les fluides en mouvement avec frottement qu’on appelle fluides réel ou visqueux.
Les fluides sont caractérisés par les propriétés suivantes : la masse volumique, le poids
volumique, la densité et la viscosité. Ces propriétés seront utilisées ultérieurement. Les
propriétés physiques des fluides compressibles et ceux des fluides incompressibles sont
différents. Elles sont applicables selon la classe de fluides donnée.

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CHAPITRE 2 : STATIQUE DES FLUIDES

INTRODUCTION
La statique des fluides est la science de l'équilibre des fluides au repos ou l'hydrostatique qui
est consacrée à l’étude des liquides au repos. Les lois et théorèmes fondamentaux en statique
des fluides sont le sujet de cette étude. Le concept de pression, le théorème de
Pascal, le principe d’Archimède et la relation fondamentale de l’hydrostatique sont développés
dans ce sujet.
Des applications pratiques comme la détermination de la distribution de la pression dans un
réservoir, le calcul des presses hydrauliques, etc., sont basées sur les lois et théorèmes
fondamentaux de la statique des fluides.

I. LOIS GENERALES DE LA STATIQUE DES FLUIDES


1. Pression en un point d’un fluide

Soit le vecteur normal unitaire 𝑛⃗ au point P de la surface


étudiée précédemment, dirigé de S1 vers S2. La force de contact

dF exercée par S1 sur S2 est alors dF = dF .n . Nous
considérerons qu’il existe une continuité telle que dF ait une
dS
limite quand l’élément de surface dS tend vers zéro :
dF = p.dS . Le quotient p dépend uniquement de la position du point P et non de l’orientation
de l’élément dS. Il s’agit de la pression en un point P d’un fluide en équilibre :
dF
p=
dS
Remarque : En exprimant la force en N et la surface en m², la pression correspondante a comme
unité le Pascal (Pa).
Il existe cependant de nombreuses autres unités de mesure de la pression :
• Le bar : 1 bar=100 000 Pa ;
• L'atmosphère normale (symbole atm) : 1 atm=101 325 Pa ;
• Le mètre de colonne d’eau (mCE) :1 mCE=9810 Pa
• Le millimètre de mercure (mmHg) : 1 mmHg= 133 Pa
2. Equations générales de la statique des fluides
a. La notion de force volumique équivalente de pression
Le théorème d’Ostrogradsky permet de montrer que pour un champ scalaire U et une surface
fermée S formant un volume V :
 U .dS =  .U .dV
S V

On peut alors définir une force volumique équivalente de pression (la force de pression est par
définition une force surfacique). Par définition, la force de pression a pour expression :
FP =  dF =  p.dS =  − .p.dV (Car dS = n.dS et dF = − dF .n )
S V

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La force volumique équivalente de pression est donc FVP = −.p .


b. L’équation fondamentale de la statique
L’équilibre du fluide est par conséquent traduit par l’équation suivante :
 FV .dV +  p.dS = 0 d’où  FV .dV +  −  p.dV = 0 soit  ( FV − . p).dV = 0
V S V V V

L’équation fondamentale de la statique devient donc (en se ramenant à un élément de volume


dV) :
FV − .p = 0 ou grad p =  .g
c. Remarques

Cas particulier :
Dans le cas où les forces d’inertie sont nulles ( FV comprend uniquement la force de
pesanteur  .g où ρ est la masse volumique du fluide considéré) :  p =  .g

Généralisation :
Dans le cas où les forces volumiques dérivent d’un potentiel (précédemment il s’agissait
de forces volumiques dérivant du champ de pesanteur), la définition de la fonction potentiel
nous donne : FV = −  .gradU = −  ..U . L’équation fondamentale de la statique est alors la
suivante :
 U = − p

Interprétation :
Nous pouvons conclure de cette dernière formule que les isopotentielles sont des isobares,
et réciproquement.
3. Théorèmes généraux

Les théorèmes que nous allons énoncer ci-dessous sont applicables dans le cas de forces à
distances qui dérivent d’un potentiel.
a. Théorème 1 :
Les surfaces équipotentielles dans un fluide en équilibre sont des surfaces isobares, et
réciproquement. D’une manière plus simple, la pression ne dépend que du potentiel. Ce
théorème est la conséquence directe de l’équation fondamentale de la statique.
b. Théorème 2 :
Dans un fluide à l’équilibre, les surfaces équipotentielles sont des surfaces isochores
(volume constant). La réciproque est fausse.
c. Théorème 3 :
Dans un fluide à équilibre, les surfaces équipotentielles sont des surfaces isothermes. La
réciproque est fausse. Ce théorème est la conséquence des deux précédents.

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4. Théorème d’Archimède
a. Mise en situation et démonstration

Il s’agit de considérer les forces de pression sur un corps immergé ( Fext ). Les seules
forces à distance sont les forces de pesanteur ( P ). Soit un volume de fluide en équilibre V
délimité par une surface fermée S. Cet équilibre se traduit ainsi :

 Forces exercées = P + F ext =   .g.dV +  p.n.dS = 0


V S

Par conséquent : Fext = − P = −m g


Le point d’application de cette force est obtenu en résolvant l’équation de moment des forces :

 OM  .g.dV = OG  m.g ; il s’agit donc du centre de gravité du volume


V
de fluide déplacé.
b. Enoncé du théorème

Enoncé du théorème d’Archimède (ou principe d’Archimède) : Un


corps homogène dans un fluide subit une poussée ascendante
verticale égale au poids de fluide déplacé. Cette force, que l’on
nomme poussée d’Archimède, s’exerce au centre de gravité du
volume de fluide remplacé.
𝑃𝐴𝑟 = 𝜌𝑓𝑙𝑢𝑖𝑑𝑒 × 𝑉𝑖𝑚𝑚 × 𝑔

1er cas : Si le solide immergé est homogène


alors le centre de poussée G, point d’application
de la poussée d’Archimède sera confondu avec le
centre de gravité du solide. L’équilibre du solide
est indifférent.

2ième cas : Si le solide immergé est hétérogène alors le


centre de poussée G, point d’application de la poussée
d’Archimède n’est pas confondu avec le centre de gravité
Gs du solide. L’équilibre du solide est stable si G est au-
dessus de GS.
L’équilibre du solide est instable si G est au-dessous de GS.

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Cas à retenir :
PARCH est la poussée d’Archimède et P est le poids du corps on remarque trois cas :
Si P > PARCH le corps coule.
Si P < PARCH le corps émerge.
Si P = PARCH le corps flotte.

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II. HYDROSTATIQUE

1. EQUATION FONDAMENTALE DE L’HYDROSTATIQUE

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EXERCICE 1

Solution
On sectionne le dispositif en deux parties égales à partir au milieu. On trace une
ligne imaginaire qui divise à nouveau chaque partie en deux. On applique la
RFH, à chacune de ces nouvelles parties. L’aide de la propriété selon laquelle
les pressions en deux points horizontales sont identiques.
On procède de même pour la deuxième partie du dispositif

2. PRESSION ABSOLUE ET PRESSION RELATIVE

La pression absolue est définie par rapport à la pression dans le vide qui correspond à la
pression nulle. La pression absolue minimale possible est donc le zéro. La pression relative
est la pression mesurée relativement à l’atmosphère (pression de l’air). Dans ce cas la pression
à la surface libre d’un liquide est égale à zéro

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Pression absolue est la pression atmosphérique + la pression relative

3. FORCES DE PRESSION DES FLUIDES SUR LES SURFACES

3.1. Cas des surfaces immergées inclinées

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EXERCICE 2
Le schéma montre une vanne AB rectangulaire retenant un niveau d’eau et immergée à une
profondeur h. Calculer la force de pression exercée par l’eau sur cette vanne ainsi que la
profondeur hD de son point d’application.

Solution
3.2. Cas des surfaces courbes

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CONCLUSION :
Le calcul de la composante horizontale FH est ramené au calcul d’une force de pression sur
une surface plane verticale.

CONCLUSION : Le calcul de la composante verticale FV se résume donc au calcul du Poids


du fluide représenté par le volume déplacé par la surface AB.

Le calcul des 2 composantes FH et FV permet ensuite de déterminer la résultante F par


l’expression :

♦ Position du point d’application de la Force de Pression :


Le point d’application de la résultante F est obtenu si l’on connaît les composantes FH et
FV.
Dans le cas général, il faudra établir l’équation de la courbe AB et celle du segment
représentant la force F (équation d’une droite) en tenant compte que l’angle

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d’inclinaison de la force résultante F par rapport à l’horizontale est obtenu par la


formule suivante :

EXERCICE 3
La vanne AB est de forme d’un triangle isocèle de base b = 3m et de hauteur h = 2m.
On demande de calculer la force de pression F exercée sur cette vanne ainsi que la profondeur
hD de son centre de poussée

Solution

CONCLUSION

La statique des fluides est basée principalement sur les résultats suivants:
1) La différence de pression entre deux points est proportionnelle à leur différence de
profondeur :

C’est la relation fondamentale de l’hydrostatique,


2) Toute variation de pression en un point engendre la même variation de pression en tout
autre point d’après le théorème de Pascal.
3) Tout corps plongé dans un fluide subit une force verticale, orientée vers le haut c’est la
poussée d’Archimède et dont l'intensité est égale au poids du volume de fluide déplacé

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Chapitre 3 : cinématique des fluides


1. Introduction
2. Définitions et notation

2.2 Trajectoire et ligne de courant

En pratique on injecte des traceurs (particules luminescentes, fumées ...) dans un fluide pour
observer les trajectoires des particules.

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Figure : Lignes de courant en régime stationnaire

Une ligne de courant peut varier dans le temps et peut donc différer d’une trajectoire. Il n’y a que
dans le cas d’un écoulement indépendant du temps (stationnaire) que les deux se confondent.

Lignes de courant au voisinage d’un obstacle


La composante normale de la vitesse étant nulle, au contact d’un fluide la vitesse est soit nulle (point
d’arret) soit tangente à l’obstacle. Les lignes de courant contournent l’obstacle

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2. Les outils mathématiques

Notion de particules fluides :


C’est une entité élémentaire qui permet une description complète des écoulements :
Il s’agit d’un «paquet» de molécules entourant un point M donné ; ces dernières sont
supposées avoir toutes la même vitesse au même instant.

Description Eulerienne et description Lagrangienne :


Description d’Euler :
Cette description de l’écoulement consiste à construire à un instant t donné le champ des
vitesses associées à chaque point de l’espace occupé par le fluide.

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⃗ 𝑀 (𝑡) associée au point M évolue au cours du temps.


La vitesse 𝑉
A chaque instant t, l’écoulement du fluide est décrit au moyen d’un champ de vecteurs
vitesses.
Dans la description d’Euler, on appelle lignes de courant la courbe, qui en chacun de ses
points, est tangente aux vecteurs vitesses.

Les lignes de courant sont des courbes intégrales solutions du système différentiel suivant, où
t0 est fixé :

⃗ au point M de coordonnees x, y, z a
U, V, W sont les composantes du vecteur vitesse 𝑉
l’instant t=t0.
Un tube de courant est une surface de courant particulière constituée par des lignes de courant
qui s’appuient sur un contour fermé. Quand le contour est infiniment petit, on l’appelle filet
de courant. Les trajectoires sont définies par les trois équations différentielles :

Description de Lagrange :
Cette description de l’écoulement consiste à suivre une particule donnée au cours de son
mouvement au sein du fluide. C’est l’évolution de la position des particules qui permet la
description de l’écoulement 𝑟 = 𝑟(𝑃0 , 𝑡).
Les lieux géométriques des positions successives occupées par une particule constituent la
trajectoire de cette particule.

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Expression du champ eulérien des accélérations.

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Remarque : Par un calcul d’analyse vectorielle on peut transformer l’expression de


l’accélération convective sous la forme suivant parfois utile :

Ecoulement permanent :
Un écoulement est dit permanent (ou stationnaire) lorsque le champ de vecteurs
vitesse est statique : Il ne varie pas dans le temps.
Dans ce cas :
• Les lignes de courant sont fixes dans l’espace.
• Les trajectoires coïncident avec les lignes de courant.
• Les lignes d’émission coïncident également avec les lignes de courant
Ligne de courant ≡ trajectoires ≡ lignes d’émission
Plus rien ne dépend explicitement du temps.

3. Equation de continuité :

3.1. Cas général :


Cette équation doit traduire le principe de conservation de la masse : La variation de masse
pendant un temps dt d’un élément de volume fluide doit être égale à la somme des masses des
fluides entrants diminuée de celles des fluides sortants.
Considérons un volume fluide élémentaire :

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Sa masse peut s’exprimer comme :

Pendant dt, la variation de cette masse s’écrit :

Cette variation doit être égale :


i. La somme algébrique des masses de fluide qui entrent (comptées +) et sortant
(comptées -) par les 6 faces de l’élément de volume dV.
ii. La somme des masses de fluide spontanément détruites (puits) ou créées (sources) à
l’intérieur de dV.

Au total à travers les 6 faces on a :

: bilan des masses du fluide entrant et sortant des 6 faces.

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(ii) La somme des masses des fluides spontanément détruites (puits) ou créées (sources) a
l’intérieur de dv.
Si on appelle qv le débit volumique de fluide créé ( 𝑄𝑉 > 0: source) ou détruite
(𝑄𝑉 < 0 : puits) par unité de volume, alors:

Est la masse de fluide créée ou détruite pendant dt dans le volume dV.


En généralisant, dans le cas de plusieurs sources ou puits dans un même volume dV, on peut
écrire :

Ainsi le bilan massique global s’écrit :

𝜕𝜌
= − ⃗∇(𝜌𝑉
⃗ ) + ∑𝑖 𝜌𝑞𝑣 s’appelle équation de continuité, c’est une équation locale qui
𝑖
𝜕𝑡

traduit le principe de conservation de la masse.

4.2. Cas particuliers :


• Ecoulement permanent (ou stationnaire) :
Dans ce cas, il n’y a pas de variation explicite avec le temps :

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⃗𝑉
Et il s’agit en outre d’un fluide incompressible : ∇ ⃗ =0

4.3. Débits :

A travers la surface S, le débit massique de fluide est donné par :

A travers la surface S, le débit volumique de fluide est donné par :

Toutes les lignes de courants s’appuyant sur une même courbe fermée constitue un «tube de
courant »

Si l’écoulement est permanent, le tube n’évolue pas dans le temps, alors le débit massique est
conservé : 𝑞𝑚 (𝑆1 ) = 𝑞𝑚 (𝑆2 )

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Si l’écoulement est incompressible, alors le débit volumique est conservé.

5. Fonction de courant :

5.1. Définition :
Si l’écoulement d’un fluide incompressible et conservatif, alors l’équation de continuité
⃗𝑉
s’écrit,: ∇ ⃗ =0

Il s’en suit :

Si on considère un écoulement dans un plan o z, et donc par translation suivant z, alors :

Remarque :

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5.2. Propriétés de la fonction de courant :

6. Ecoulement rotationnels - irrationnels et potentiel des vitesses :

6.1. Vecteur tourbillon


Une particule de fluide, en plus de se dilater ou se comprimer peut tourner sur elle-même, on
dit alors que l’écoulement tourbillonne ou qu’on a un écoulement rotationnel. On décrit la
rotation d’une particule de fluide grâce au vecteur tourbillon :

Attention : On peut avoir des lignes de courant courbes alors que le vecteur tourbillon est nul.
C’est le cas par exemple lorsqu’un fluide rencontre un dièdre droit

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Figure : Le vecteur tourbillon est nul bien que les lignes de courant soient courbe

6.2. Définitions :
Un écoulement rotationnel est un écoulement dans lequel le vecteur tourbillon non nul.
1
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝑉 ⃗ ≠ ⃗0
2

Un écoulement est dit irrotionnel lorsque les particules fluides ne subissent pas de rotations.
Le vecteur tourbillon est nul, le fluide ne tourne pas autour d’un point.

Application
Un écoulement de Couette est un écoulement qui a lieu entre deux plaques en mouvement
l’une par rapport à l’autre. Dans l’écoulement plan étudié ici, les deux plaques sont supposées
infinies dans les directions x et y. Le champ des vitesses au sein de l’écoulement est donné par

L’écoulement de Couette est-il incompressible ?

7. Potentiel des vitesses


⃗ = ⃗0
⃗ Λ𝑉
Pour un écoulement irrotationnel on a : ∇
Or mathématiquement on sait que : ∇ ⃗ 𝜑 = ⃗0
⃗ Λ∇ ∀𝜑
Où 𝜑 est fonction scalaire.
⃗ =∇
Par identification 𝑉 ⃗𝜑
⃗ dérive d’un potentiel.
𝜑 est appelé potentiel des vitesses, on dit que 𝑉
On peut donc exprimer les composantes du vecteur vitesse à partir du potentiel des vitesses :

Équation de Laplace

Si en plus le fluide est incompressible, on vérifie aussi :

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On dit que e potentiel des vitesses vérifie l’équation de Laplace.


Remarque :
Si l’écoulement est irrationnel, la fonction de courant doit également vérifier l’équation de
Laplace :

6.2. Propriétés du potentiel des vitesses :


Dans le cas d’un écoulement plan, l’équation 𝜑(𝑥, 𝑦) = 𝑐𝑠𝑡𝑒 définit, dans le plan de
l’écoulement, une courbe appelée « équipotentielle ».
Le long de cette courbe 𝜑(𝑥, 𝑦) = 𝑐𝑠𝑡𝑒, on doit vérifier : 𝑑𝜑(𝑥, 𝑦) = 0

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En tout point M(x, y) du plan de l’écoulement, la ligne de courant et l’équipotentielle sont


orthogonales.

8. Ecoulement incompressible –compressible

8.1. Ecoulement incompressible

Un écoulement incompressible est un écoulement pour lequel le volume d’une particule de


fluide se conserve au cours de l’écoulement.
La masse d’une particule de fluide étant par ailleurs toujours conservée, on en déduit que la
masse volumique d’une particule de fluide ne varie pas au cours d’un écoulement
incompressible.
Un écoulement incompressible est un écoulement pour lequel le volume de la particule de
𝐷𝜌
fluide ne change pas. On a alors : =0
𝐷𝑡

A partir de l’expression de l’équation de conservation de la masse on peut en déduire que :


⃗ = 0 ↔ ⃗⃗⃗
𝑑𝑖𝑣 𝑉 ∇. 𝑉⃗ =0

Remarque : Le caractère incompressible d’un écoulement est associée à une propriété


intrinsèque de la particule de fluide (sa masse volumique) par conséquent il est indépendant
du référentiel.
Attention :
Il ne faut pas confondre écoulement incompressible et fluide incompressible. Ce n’est pas
parce que lors d’un écoulement donné le fluide ne se comprime ou ne se dilate pas, qu’il ne
pourrait pas le faire dans un autre écoulement. C’est le cas des gaz qui sont par nature
compressible mais qui peuvent être dans certains cas en écoulement incompressible (cf ondes

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sonores dans les fluides). En revanche un fluide incompressible sera toujours en écoulement
incompressible.

Application

Déterminer si l’écoulement est compressible ou non.

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III. ANNEXE : DESCRIPTION DE L’OPÉRATEUR ROTATIONNEL

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Chapitre 4 : dynamique des fluides parfaits incompressibles


1. Introduction
Dans ce chapitre, nous allons étudier les fluides non visqueux a masse volumique 𝜌 constante
en écoulement permanent. L’écoulement d’un fluide est un phénomène complexe.
Contrairement aux solides, les éléments d’un fluide en mouvement peuvent se déplacer à des
vitesses différentes.
Il sera question pour nous d’établir dans ce chapitre, les équations fondamentales qui régissent
la dynamique des fluides parfaits incompressibles. A savoir :
• L’équation de continuité
• Le théorème de BERNOULLI
• Le théorème d’Euler.

1. Equation de continuité

Raisonnons sur un Tube de Courant. élémentaire limité par sa section d’entrée dS1 , sa section
de sortie dS2 et sa section latérale dSL :
si entre dS1 et dS2 il n’y a ni accumulation de matière (pas de condensation, évaporation…) ni
apparition de matière (pas de tuyau raccordé…), alors :

La question ne se pose pas pour la surface latérale, puisqu’elle est formée des lignes de
courant.
Ainsi :

soit encore :

et en introduisant le débit massique avec 𝜌1 = 𝜌2 car il s’agit du même fluide :

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qui donne après intégration pour tous les tubes de courant traversant la section S1 et
aboutissant sur la section S2 :

Ce qui donne :

Dans le cas particulier des fluides incompressibles, la masse volumique en (1) est la même
que celle en (2), alors  =  et dans ce cas, le débit volumique est aussi conservé :

Remarque : Le débit massique est conservé, mais le débit volumique ne l’est que si le fluide
est incompressible
2. Théorème de Bernoulli : cas d’un écoulement sans échange de travail
Soit le schéma de la veine fluide ci-dessous avec les notations et les hypothèses suivantes :
• Le fluide est parfait et incompressible.
• L’écoulement est permanent.
• L’écoulement est dans une conduite parfaitement lisse.
On considère un axe Z vertical dirigé vers le haut. On note Z1, Z2 et Z respectivement les
altitudes des centres de gravité des masses dm1, dm2 et M. On désigne par F1 et F2
respectivement les normes des forces de pression du fluide agissant au niveau des sections S1
et S2.
Le bilan en énergie au niveau de 1 donne :
1
𝐸𝑚1 = 𝐸𝑐 + 𝐸𝑝 = 𝑔𝑚𝑧1 + 𝐹1 𝑙1 + 2 𝑚𝑣12 avec 𝐸𝑝 = 𝑚𝑔𝑧1 + 𝐹1 𝑙1
1 1
𝐸𝑚1 = 2 𝑚𝑣12 + 𝑚𝑔𝑧1 + 𝐹1 𝑙1 = 𝜌𝑉1 𝑣12 + 𝜌𝑉1 𝑔𝑧1 + 𝑃1 𝑆1 𝑙1
2

Avec 𝑆1 𝑙1 = 𝑉1 le volume de fluide entrainé au cours du déplacement 𝑙1 = 𝑥1


1
𝐸𝑚1 = 2 𝜌𝑉1 𝑣12 + 𝜌𝑉1 𝑔𝑧1 + 𝑃1 𝑉1

De même en 2 on aura :
1
𝐸𝑚2 = 2 𝜌𝑉2 𝑣22 + 𝜌𝑉2 𝑔𝑧2 + 𝑃2 𝑉2

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La théorème de conservation 𝐸𝑚2 = 𝐸𝑚1


1 1
𝜌𝑉2 𝑣22 + 𝜌𝑉2 𝑔𝑧2 + 𝑃2 𝑉2 = 2 𝜌𝑉1 𝑣12 + 𝜌𝑉1 𝑔𝑧1 + 𝑃1 𝑉1
2

𝑉2 = 𝑉1 car il y a conservation de masse (𝑄𝑚2 = 𝑄𝑚1 )


1 1
𝜌𝑣22 + 𝜌𝑔𝑧2 + 𝑃2 = 2 𝜌𝑣12 + 𝜌𝑔𝑧1 + 𝑃1
2
1 𝑃2 1 𝑃1
𝑣2 + 𝑔𝑧2 + = 2 𝑣12 + 𝑔𝑧1 +
2 2 𝜌 𝜌

(𝑣22 −𝑣12 ) 𝑃2 −𝑃1


Ou + 𝑔(𝑧2 − 𝑧1 ) + =0
2 𝜌

L’unité de chaque terme de la relation est


le joule par kilogramme (J/kg)
En terme de pression

Elle s’exprime en Pascal (Pa)

Bilan des hauteurs


La dernière écriture possible de ce théorème est :

Exprimé en mètre de fluide (m)

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Exercice 1
On considère un réservoir rempli d’eau à une hauteur H= 3 m, muni d’un
petit orifice à sa base de diamètre d= 10 mm.
1) En précisant les hypothèses prises en comptes, appliquer le théorème de
Bernoulli pour calculer la vitesse V2 d’écoulement d’eau.
2) En déduire le débit volumique Qv en (l/s) en sortie de l’orifice.
On suppose que g = 9,81 m/s.

2.1. Application : Le phénomène de Venturi


Un écoulement stationnaire homogène incompressible et soumis aux seules forces de
pression, est limité par une conduite de section variable. Le problème est unidimensionnel :
toutes les grandeurs ont une valeur uniforme sur une section droite de la conduite.
La conservation du débit volumique Qv entre les deux sections d’aires S1 et S2 donne :

L’application du théorème de Bernoulli entre deux points A et B situés sur une même
horizontale donne :
Conservation de l’énergie entre (1) et (2) : pour z1 = z2, L’équation de Bernoulli devient :

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Dans les tubes verticaux, le fluide est immobile et les hauteurs de liquide mesurent les
pressions P1 et P2 :
𝑃1 = 𝑃𝑎𝑡𝑚 + 𝜌𝑔ℎ1 et 𝑃2 = 𝑃𝑎𝑡𝑚 + 𝜌𝑔ℎ2
On déduit la différence de pression :

𝑃1 − 𝑃2 = 𝜌𝑔(ℎ1 − ℎ2 )
𝐴1 et 𝐴2 sont la même ligne (z1 = z2) on peut écrire :
1 1
𝑃1 = 𝑔𝜌ℎ1 + 2 𝜌𝑣12 et 𝑃2 = 𝑔𝜌ℎ2 + 2 𝜌𝑣22
1
𝑃1 − 𝑃2 = 2 𝜌(𝑣12 − 𝑣22 )

On a donc

𝜌(𝑣12 − 𝑣22 ) = 2𝜌𝑔(ℎ1 − ℎ2 )


(𝑣12 − 𝑣22 ) = 2𝑔(ℎ1 − ℎ2 )
𝑆1 𝑣1
Or 𝑆2 𝑣2 = 𝑆1 𝑣1 𝑣2 = 𝑆2

𝑆1 𝑣1 2
(𝑣12 − ( ) ) = 2𝑔(ℎ1 − ℎ2 ) on tire:
𝑆2

2 𝑆2
𝑣1 = √𝑆2 −𝑆 2 × 2𝑔(ℎ1 − ℎ2 )
2 1

Le débit volumique en A1 vaut :

2 𝑆2
𝑄𝑣 = 𝑆1 √𝑆2 −𝑆 2 × 2𝑔(ℎ1 − ℎ2 )
2 1

2.2. Pression d’arrêt


En présence d’un obstacle, les Lignes de Courant
contournent l’obstacle, mais il y en a au moins une qui
s’arrête en un point de cet obstacle (point M sur le dessin).
En ce point M appelé point d’arrêt :𝑣𝑀 = 0
La charge totale, exprimée en pression est :

tandis qu’en un point N, en amont de M et sur la même Ligne Courant :

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par différence, on obtient (dans le cas où zM zN ) puisque le long d’une Ligne de Courant la
charge totale est constante :

qui représente « la pression d’arrêt »


Il y a donc une possibilité de mesurer une vitesse de fluide. C’est ce qui est mis en pratique
dans la sonde de Pitot.
3. Théorème de Bernoulli : cas d’un écoulement avec échange de travail
Soit le schéma de la veine fluide ci-dessous avec les mêmes notations et les mêmes
hypothèses. On suppose en plus qu’une machine hydraulique est placée entre les sections S1
et S2. Cette machine est caractérisée par une puissance nette Pnet échangée avec le fluide, une
puissance sur l’arbre Pa et un certain rendement η. Cette machine peut être soit une turbine
soit une pompe.
Dans le cas d’une pompe : le rendement est donné par l’expression suivante :

Dans le cas d’une turbine : le rendement est donné


par l’expression suivante :

(𝑣22 −𝑣12 ) 𝑃2 −𝑃1 𝑃𝑛𝑒𝑡


+ 𝑔(𝑧2 − 𝑧1 ) + =
2 𝜌 𝑞𝑚

Le théorème de Bernoulli
4. Théorème d’Euler
1) Enoncé : expression
Il résulte de l’application du théorème de quantité de mouvement à l’écoulement d’un
𝑑𝑃⃗
fluide :∑ 𝐹𝑒𝑥𝑡 = avec 𝑃⃗ = 𝑚𝑉
⃗⃗⃗⃗𝐺 : quantité de mouvement.
𝑑𝑡

Enoncé : la résultante des actions mécaniques extérieures exercées sur un fluide qui entre en
𝑆𝐴 à la vitesse ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗𝐵 : ∑ 𝐹𝑒𝑥𝑡 = 𝑄𝑚 (𝑉
𝑉𝐴 et sort en 𝑆𝐵 à une vitesse 𝑉 ⃗⃗⃗⃗𝐵 − ⃗⃗⃗⃗
𝑉𝐴 )

Exercice 2

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La figure ci-dessous représente un jet d’eau horizontal qui frappe un obstacle à un débit
massique qm = 2 kg/s. L’obstacle provoque une déflexion du jet d’un angle β=120°.
On désigne par V1 la vitesse d’écoulement de l’eau en entrée de l’obstacle. Elle est portée par
l’axe X. V2 désigne la vitesse d’écoulement de l’eau en sortie de l’obstacle. Elle est portée par
une direction inclinée de l’angle β =120° par rapport à l’axe X. On admettra que V1=V2=3
m/s.
1) En appliquant le théorème d’Euler, donner l’expression vectorielle de la force F exercée
par le liquide sur l’obstacle en fonction de qm, V1 et V2 ensuite calculer ses composantes Fx et
Fy.
2) Quel est son angle d’inclinaison α ?

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Chapitre 5 : Dynamique des fluides incompressibles réels

1. Fluide Réel
Un fluide est dit réel si, pendant son mouvement, les forces de contact ne sont pas
perpendiculaires aux éléments de surface sur lesquelles elles s’exercent (elles possèdent donc
des composantes tangentielles qui s’opposent au glissement des couches fluides les unes sur
les autres). Cette résistance est caractérisée par la viscosité.

2. Régimes d’écoulement - nombre de Reynolds


Les expériences réalisées par Reynolds en1883 lors de l'écoulement d'un liquide dans une
conduite cylindrique rectiligne dans laquelle arrive également un filet de liquide coloré, ont
montré l'existence de deux régimes d'écoulement : régime laminaire et régime turbulent :

- Régime laminaire :

Si les filets fluides sont des lignes régulières, sensiblement parallèles entre elles, l’écoulement
est dit laminaire.

Filet coloré

- Régime turbulent :

Si les filets fluides s’enchevêtrent, s’enroulent sur eux-mêmes, l’écoulement est dit turbulent.

Vue instantanée Vue en pose

Des études plus fines ont montré qu’il existe encore une subdivision entre :

- les écoulements turbulents lisses et

- les écoulements turbulents rugueux.

La limite entre ces différents types d’écoulements est évidemment difficile à appréhender.

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En utilisant divers fluides à viscosités différentes, en faisant varier le débit et le diamètre de la


canalisation, Reynolds a montré que le paramètre qui permettait de déterminer si l'écoulement
est laminaire ou turbulent est un nombre sans dimension appelé nombre de Reynolds donné
par l’expression suivante:

V .d
Re =

où :

- Re : Nombre de Reynolds :

- V : Vitesse moyenne d’écoulement à travers la section considérée en (m/s)

- d : Diamètre de la conduite ou largeur de la veine fluide en (m).

-  : Viscosité cinématique du fluide (m2/s).

Résultats empirique à titre indicatif :

Si Re  2000 l’écoulement est laminaire

Si Re  2000 l’écoulement est turbulent :

- Lisse si 2000<Re ≤ 100000

- Rugueux si Re >100000

3. Théorème de Bernoulli
Considérons un écoulement entre deux points (1) et (2) d’un fluide réel dans une conduite, tel
que entre les points

V22 − V12 P2 − P1
+ + g ( Z 2 − Z1 ) = J12 (4)
2 

L’unité de chaque terme de la relation (4) est le joule par kilogramme (J/kg)

En divisant par g la relation (4) devient homogène à des longueurs en mètre :

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v22 P2 v12 P1 J
+ + z2 = + + z1 + 12
2g  2g  g

La perte de charge J12 peut être due à une perte de charge linéaire et une perte de charge

singulière : J12 = J s + J L

Par exemple, dans le circuit représenté dans la figure ci-dessous, les tronçons BC, DE, FG, HI
et JK sont des coudes de différents angles, donc elles présentent des pertes de charge
singulières. Les tronçons AB, CD, EF, GH, IJ et KL sont des conduites rectilignes, donc elles
présentent des pertes de charge linéaires.

A B
C

K L

F J

D
E G

H I

3.1 Pertes de charge singulières

Quand la conduite subit de brusque variation de section ou de direction, il se produit des


pertes de charges dites singulières, elles sont généralement mesurables et font partie des
caractéristiques de l’installation.

On les exprime par :

v2
J s = − K s . .
2

où s : indice de l’accident de forme de la conduite.

K s : Coefficient (sans unité) de pertes de charge. Il dépend de la nature et de la géométrie de


l’accident de forme.

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Les valeurs de K s sont données par les constructeurs dans leurs catalogues.

v: est la vitesse du fluide.

3.2 Pertes de charges linéaires :

Les pertes de charges linéaires, sont des pertes de charge réparties régulièrement le long des
conduites. En chaque point d’un écoulement permanent, les caractéristiques de l’écoulement
sont bien définies et ne dépendent pas du temps. La représentation graphique de l’écoulement
prend l’allure ci-dessous.

Plan de charge

Z1 Z2
Plan de référence

La vitesse étant constante, la ligne piézométrique et la ligne de charge sont parallèles. La


variation de hauteur piézométrique, évaluée en hauteur de liquide est égale à la perte de
charge linéaire entre les deux points de mesure.

Les pertes de charge linéaires sont proportionnelles à la longueur L de la conduite,


inversement proportionnelles à son diamètre d, proportionnelle au carré de la vitesse débitante
V du fluide.

v2  L 
J L = −. . .  où
2 d 

- v : vitesse moyenne d’écoulement dans la conduite (m/s)

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- L : longueur de la conduite (m)

- d : diamètre de la conduite (m)

-  : coefficient de perte de charge linéaire. Il dépend du régime d’écoulement et

notamment du nombre de Reynolds Re .

-  est la masse volumique (kg/m3)

Dans un régime d’écoulement laminaire : Re  2000

64
= (Formule de Poiseuille)
Re

Dans un régime d’écoulement turbulent lisse : 2000  Re  10


5

 = 0,316 .Re −0, 25 (Formule de Blasius)

Dans un régime d’écoulement turbulent rugueux : Re  10


5


 = 0,79. (Formule de Blench)
d

avec :

-  : rugosité de la surface interne de la conduite (mm)

- d : diamètre intérieur de la conduite (mm)

Parfois, on lit la valeur de  sur un abaque établie par Moody.

4. Théorème de Bernoulli appliqué à un fluide réel avec échange de


travail
Considérons un écoulement entre deux points (1) et (2) d’un fluide réel dans une conduite. On
suppose éventuellement, qu’il existe entre (1) et (2) des machines hydrauliques.

On note :

J12 : Somme de toutes les pertes de charge, singulière et linéaires entre les sections (1) et (2).

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Pn : Puissance mécanique échangé entre le fluide et les machines éventuellement placées entre
(1) et (2).

Le Théorème de Bernoulli prend la forme générale suivante :

1 2 2 1 P
(v2 − v1 ) + .( P2 − P1 ) + g.( z2 − z1 ) = J12 + n
2  qm

Exercice
Une huile de pétrole de viscosité μ = 4,5 poises, de masse volumique 900 kg/m3, s’écoule
dans une conduite cylindrique horizontale diamètre D = 200 mm. La vitesse sur l’axe est de
4,5 m/s et on supposera l’écoulement laminaire. (1 Pa.s = 1 Poiseuille = 10 poises, 1 poise = 1
g/cm.s)
Calculez dans ces conditions :
a) la vitesse moyenne de l’écoulement et le débit volumique et massique
b) le nombre de Reynolds
c) la perte de charge par mètre en hauteur d’huile et d’eau
d) la puissance absorbée par propulsion de cette huile sur 80 m de longueur de conduite

IV. ÉCOULEMENT DE POISEUILLE: CHAMP DES VITESSES

On s’intéresse à l’écoulement d’un fluide visqueux dans une conduite cylindrique horizontale
de rayon R et de longueur L, en régime stationnaire, c’est-à-dire indépendant du temps.
Le nombre de Reynolds de l’écoulement est supposé être plus petit que 2 000.
L’écoulement est alors laminaire et les lignes de courant sont parallèles à l’axe du cylindre,
les tranches de fluide glissant progressivement les unes sur les autres sans se croiser.
Le vecteur vitesse de l’écoulement pourra s’écrire :

La vitesse est nulle sur les parois, par adhérence du fluide visqueux, et maximale au centre de
la conduite.
On va montrer que le profil des vitesses pour cet écoulement laminaire est parabolique.

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Nous négligerons la pesanteur dans un tel écoulement

On considère la portion de fluide cylindrique, de rayon r et de longueur celle de la conduite L,


centrée sur l’axe.
On note Pe la pression à l’entrée de cette portion de fluide et Ps la pression en sortie.
On applique le théorème de la résultante cinétique au système constitué de cette portion de
fluide à l’instant t et de la masse dm qui y rentre entre les instants t et t + dt.
A l’instant t + dt, ce système est constitué de la même portion de fluide contenu dans le
cylindre de rayon r et de la masse dm qui en est sortie entre les instants t et t + dt.
En régime stationnaire, la variation de quantité de mouvement de ce système fermé est alors
simplement nulle.
Par conséquent, la somme des forces qui s’exercent sur ce système est également nulle :

Soit la force de pression en amont, 𝜋𝑟 2 𝑃𝑒 , moins la force de pression en aval 𝜋𝑟 2 𝑃𝑒 , plus la


force de frottement visqueuse F qui s’exerce sur la surface latérale du cylindre de rayon r qui
est égale à 0 :

L’interprétation physique de ce résultat est simple : lorsqu’un liquide visqueux s’écoule dans
un tuyau, la pression diminue lorsqu’on se déplace dans le même sens que l’écoulement : cela
crée une force dans le sens de l’écoulement qui contrebalance la force de frottement causée
par la viscosité du liquide.
Pour un fluide visqueux newtonien, la force de viscosité F est donnée par:

On en déduit

Ce qui permet d’isoler la dérivée :

Et d’obtenir, en écrivant que le fluide colle à la paroi en r = R et donc que sa vitesse y est
nulle, le champ des vitesses par intégration :

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Débit volumique :

Le débit volumique dans la conduite est le flux du vecteur vitesse à travers une section
transverse quelconque, soit, en prenant comme surface élémentaire celle comprise entre deux
cercles de rayons r et r+dr :

D’où l’expression du débit volumique, qui constitue la loi de Poiseuille :

Résistance hydraulique :
La différence de pression Pe - Ps est le « moteur » de l’écoulement. Encore appelée « perte de
charge », elle est proportionnelle au débit volumique :

On peut, par analogie avec la loi d’Ohm valable pour les conducteurs ohmiques en électricité,
définir une résistance hydraulique sous la forme :

De la même manière qu’en électricité où l’on définit la résistance électrique d’un fil de cuivre
de résistivité ρ, de longueur L et de rayon R, parcouru par un courant I quand la tension à ses
bornes est V1- V2 sous la forme …
Les conclusions seront les mêmes que ce soit pour un mouvement d’électrons ou de liquide
visqueux : plus la longueur parcourue est grande ou plus le rayon est faible et plus sont
importants les frottements et donc les résistances.

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