Tax Gap Analysis
Tax Gap Analysis
Tax Gap Analysis
Avril 2017
EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
Public Disclosure Authorized
RÉGION AFRIQUE
ÉTUDE SUR LES ÉCARTS FISCAUX
EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
Avril 2017
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RÉSUMÉ EXÉCUTIF
»» Ce rapport donne suite à la requête des autorités nationales d’un appui à la réalisation d’une étude sur
l’écart fiscal des grands impôts d’État. Ce rapport présente la méthodologie, les données utilisées et les
conclusions de cette analyse. Dans la mesure du possible et des informations disponibles, le rapport
évalue l’écart fiscal de chaque grand impôt et propose des explications de celui-ci en vue d’identifier les
conditions de l’exploitation optimale du potentiel fiscal en République Démocratique du Congo.
»» L’équipe de la Banque mondiale a conduit deux missions techniques, du 23 mai au 24 juin 2016, et du 6
au 9 février 2017.
»» La pression fiscale en République démocratique du Congo était en 2014 de 9,9 % du PIB (11,3 % en
intégrant les recettes non fiscales collectées). Cette pression est inférieure à celle des autres pays de la
région.
»» Ce rapport donne une estimation conservatrice et minimale de l’écart fiscal pour les grands impôts
d’État de 1 553 milliards de CDF, soit 5,2 % du PIB pour l’année 2013 (voir le Tableau A1).
»» L’équipe a noté les avancées de la RDC par rapport à d’autres pays d’Afrique subsaharienne en termes
des concepts, de disponibilité et de traitements des données de la fiscalité. L’équipe estime que ces
avancées constituent une bonne base pour traiter les lacunes et les incohérences qui seront identifiées
dans le présent document.
Dépenses
Écart fiscal fiscales Adm. Commentaires
Accises 90 18 72
Produits pétroliers 31 11 20 Seule la consommation finale des ménages a été
Produits de beauté 16 0 16 prise en compte
Produits de nettoyage 8 0 8
Produits en caouctchouc 2 2 0
Voitures (Chapitre 87) 4 4
Accises Télécom 28 0 28 Comparaison de l’évolution du CA du secteur
9|
iii
»» Les dépenses fiscales pour l’année 20131 ont été estimées à 683 milliards de CDF, soit 2,3 % du PIB.
Celles, dites définitives, étaient de 560 milliards de CDF, soit 1,9 % du PIB. La différence entre les
dépenses fiscales estimées à 683 milliards de CDF et les dépenses fiscales définitives estimées à 560
milliards de CDF est expliquée par les dépenses fiscales temporaires, en particulier les exonérations
de TVA du secteur minier (exportateur et donc soumis à un taux zéro sur sa production), estimées à
78 milliards de CDF, et les exonérations de droits et taxes relevant de la Convention de Vienne (privilèges
diplomatiques), estimées à 43 milliards de CDF (voir les. tableaux 3 et 5).
»» La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est la principale source de recette fiscale et représente 21,4 % de
celle-ci. L’écart fiscal de TVA établi à partir du Tableau Ressources-Emplois (TRE) est de 875 milliards de
CDF et intègre les caractéristiques structurelles de l’économie congolaise (la taille du secteur informel)
et certaines dispositions de la loi de TVA congolaise qui reduit notamment du champ d’application de
cet impôt. L’écart de 875 milliards de CDF en 2013, soit 2,9 % du PIB, peut s’expliquer pour 49 % par des
dépenses fiscales (434 milliards de CDF) et pour le reste, par des difficultés dans l’administration de cet
impôt par la DGI et la DGDA (441 milliards de CDF).
»» Une analyse des recettes des droits d’accises révèle un écart fiscal de 90 milliards de CDF, soit 37 %
des recettes de cet impôt effectivement collectées en 2012 (voir les Tableaux 3, 6, 13). L’écart fiscal
observé concerne principalement les produits pétroliers : 31 milliards de CDF, dont 11 milliards de CDF
s’expliquent par des dépenses fiscales, les parfums et produits de beauté (16 milliards de CDF) pour
lesquels l’essentiel de l’écart peut être attribué à des fraudes à l’importation ou à une production
(artisanale) non appréhendée par l’administration fiscale. L’écart fiscal des droits d’accises est largement
sous-estimé car l’analyse n’a porté principalement que sur la consommation des ménages et n’a pas
intégré la consommation intermédiaire des entreprises.
»» Une analyse complémentaire sur les communications cellulaires à partir de l’évolution de l’activité des
entreprises de ce secteur montre un écart fiscal de 28 milliards de CDF en 2013 (soit 37 % des recettes
collectées), dont l’essentiel paraît relever d’une défaillance des administrations de collecte concernées.
»» L’écart fiscal de l’IBP a été estimé à 208 milliards de CDF en prenant pour hypothèse que tous les
secteurs d’activité dégageaient une marge bénéficiaire de 8 %, à l’exception des secteurs bancaire et
pétrolier qui déclaraient en 2013 un taux de marge supérieur (respectivement de 13 % et de 25 %). Cette
hypothèse pourra être affinée afin d’intégrer des marges sectorielles spécifiques à partir de données
internationales2.
»» Une analyse du taux effectif moyen d’imposition (TEMI) d’une entreprise type en RDC révèle que celui-ci
est plus élevé en RDC que dans la plupart des pays africains. Les incitations au code des investissements
réduisent le TEMI considerablement, mais sont régressives et favorisent davantage les entreprises les
plus rentables, donc celles qui auraient de toute façon investi en RDC.
»» L’écart fiscal de l’IPR est estimé très approximativement à 37 % de la masse salariale appréhendée par
l’administration fiscale, soit, dans l’hypothèse d’un taux d’imposition inchangé, à 196 milliards de CDF.
Les dépenses fiscales au titre de l’IPR sont de 34 milliards de CDF et correspondent au taux réduit
concernant le personnel expatrié.
1
Les données reçues dans un premier temps – en particulier de la DGDA – ont révélé certaines incohérences sur les manques à gagner,
notamment en termes de droits d’accises relatifs au chapitre 40 (Caoutchouc et produits en caoutchouc). Cette version du rapport
s’appuie sur les dernières données reçues qui ne concernent que l’année 2013.
2
De plus, le taux de marge élevé du secteur pétrolier pour 2013 peut être attribué à quelques entreprises seulement et pourrait ne pas
être représentatif des marges habituellement constatées.
| iv
Recommandations
»» L’écart fiscal pour les grands impôts d’État s’explique notamment par des dépenses fiscales importantes
qu’il convient de rationaliser, et par des défaillances administratives.
»» L’estimation des dépenses fiscales améliorerait la transparence budgétaire et permettrait d’apprécier
le coût et la pertinence pour l’État congolais de certaines mesures ou régimes privilégiés. L’importance
des dépenses fiscales relevant de régimes particuliers, comme les conventions d’établissement, qui sont
hors de tout code ou loi3, constitue un risque de fraude fiscale et de traitement fiscal discrétionnaire
et est contraire aux meilleures pratiques internationales. La définition d’un système fiscal de référence
(SFR) pour la RDC est nécessaire à la définition des dépenses fiscales et parafiscales.
»» La publication des dépenses fiscales en annexe de la Loi de finance permettrait d’assurer une plus
grande transparence budgétaire et contribuerait à la rationalisation de celles-ci.
»» La création d’une unité de politique fiscale renforcerait la maîtrise de l’assiette imposable en RDC. Cette
unité serait en charge de l’estimation continue des dépenses fiscales.
»» L’unité de politique fiscale pourrait être en charge de la définition du SFR, un préalable indispensable
à l’identification et à l’évaluation des dépenses fiscales. Cette unité permettrait également de renforcer
la coordination des trois administrations de collecte, le SFR pouvant notamment intégrer les droits et
redevances collectés par la DGRAD.
»» En attendant la rationalisation et l’amélioration de la gestion des dépenses fiscales, il conviendrait de
ne plus accorder de nouvelles exonérations ou réductions de taux sous quelque forme juridique que ce
soit (lois, décret, convention…). Un renforcement du contrôle des entreprises bénéficiant de régimes
dérogatoires permettrait de limiter l’abus de ces régimes et d’exclure les éventuels contrevenants du
bénéfice de ces régimes.
»» Afin de limiter les risques d’abus des régimes dérogatoires par un détournement de la destination des
biens importés par exemple, certaines mesures immédiates pourraient être envisagées : adopter une
approche négative des listes minières en éliminant les biens de consommation finale de l’exonération
des droits et taxes à la douane, définir strictement la notion de sous-traitants afin de simplifier le
travail de contrôle des administrations, et réaffirmer l’obligation déclarative, même pour les sociétés
complétement exonérées d’impôts conformément au Droit de l’OHADA.
»» La rationalisation partielle des exonérations de TVA permettrait d’améliorer le rendement de la TVA sans
pour autant pénaliser les entreprises assujetties et celles exportatrices. Cette proposition nécessiterait
des analyses supplémentaires, en termes de conception et de mise en œuvre.
»» Une réforme de la fiscalité directe permettrait de réduire l’écart fiscal en simplifiant la base imposable et
en renforçant la protection de l’assiette contre une optimisation fiscale agressive. La création d’un impôt
sur les sociétés, y compris un impôt spécifique sur les plus-values, participerait à la modernisation de la
fiscalité congolaise. La déductibilité de certaines charges devrait être encadrée.
»» L’analyse menée ici pourrait être complétée par une estimation des dépenses fiscales et parafiscales du
secteur minier, par rapport à de l’ensemble des exemptions identifiées par la DGRAD (voir le tableau 22
à titre illustratif).
»» Une plus grande couverture et un renforcement de la validité des données (les données administratives
fiscales, et les comptes nationaux et données sectorielles pertinentes à l’INS) devraient être envisagés.
Le principal obstacle à un rapprochement des données de la DGI et de la DGDA avec celles de l’INS
est l’absence d’une table de correspondance ou d’un partage relatifs à la nomenclature des secteurs
économiques. Un alignement des classifications de la DGI (en particulier à la DGE) et de la DGDA sur
celle de l’INS serait souhaitable.
3
Ces conventions d’établissement ne sont généralement pas communiquées et les exonérations fiscales qu’elles peuvent accorder
peuvent aller au-delà des régimes dérogatoires régis par les codes des investissements, minier ou autres.
v|
Table des matières
I. L’écart-fiscal—La différence entre les recettes réalisées et potentielles d’un impôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
A. Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
B. Contexte : La pression fiscale en République démocratique du Congo . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
C. Méthodologie : Une définition des écarts fiscaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
II. Les dépenses fiscales : Pertes de recettes liées à la politique fiscale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Conclusions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
III. L’écart-fiscal de TVA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
A. Description de la TVA en RDC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
B. Efficacité-C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
C. Analyse de l’écart fiscal de TVA à partir de la matrice emplois-ressources . . . . . . . . . . . . . . 15
Conclusions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
IV. L’écart-fiscal des accises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Conclusions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
V. L’écart-fiscal de l’impôt sur les bénéfices et les profits (IBP) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
A. Description de l’architecture de l’impôt sur les revenus en République démocratique du
Congo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
B. Une analyse du taux effectif d’imposition des bénéfices du régime de droit commun et du
Code des investissements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
C. Analyse de l’écart fiscal de l’impôt sur les bénéfices
et les profits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Conclusions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
VI. L’écart-fiscal de l’impôt professionnel sur les revenus (IPR) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
A. Description de l’impôt professionnel sur les revenus (IPR) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
B. Une analyse préliminaire de l’écart fiscal de l’impôt professionnel sur les revenus . . . . . . . . 33
Conclusions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
9|
vii
VII. L’écart de recettes non fiscales collectées par la Direction générale des recettes administratives,
judiciaires, domaniales et de participations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Conclusions: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Annexe 1 : Les codes additionnels utilisés dans Sydonia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Annexe 2 : Détail des régimes fiscaux et douaniers dérogatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Annexe 3 : Données économiques de l’entreprise représentatives pour le calcul du taux effectif moyen
d’imposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Annexe 4 : Sous-estimation de la dépense fiscale—Cas des importations pétrolières du secteur minier . . . . 51
Tableaux
| viii
Tableau A.2 : Régimes fiscaux et douaniers dérogatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Graphiques
Encadrés
ix |
I. L’ÉCART-FISCAL—LA DIFFÉRENCE ENTRE LES
RECETTES RÉALISÉES ET POTENTIELLES D’UN
IMPÔT
A. Préambule
1. Une mission d’expertise a séjourné à Kinshasa du 23 mai au 24 juin 2016 dans le cadre de l’évaluation
du potentiel fiscal du pays. L’objectif principal de cette mission était de : (i) collecter les réponses et les
données relatives au questionnaire précédemment communiqué aux autorités ; (ii) établir une revue de la
fiscalité en RDC, apprécier les dépenses fiscales recensées et initier l’analyse des principaux écarts fiscaux
et leur méthodologie respective. Les résultats préliminaires de l’étude ont été présentés à la délégation de
la RDC lors des réunions annuelles de la Banque mondiale en octobre 2016. Les conclusions du projet de
rapport ont été présentées et discutées avec les autorités congolaises au cours d’une mission organisée du 5
au 9 février 2017. Des données et des informations supplémentaires et révisées ont été fournies à la mission,
ainsi que des commentaires écrits sur le projet de rapport.
2. Le rapport a été préparé par M. Leif Jensen (Économiste principal de la Banque mondiale) et M.
Grégoire Rota-Graziosi (expert extérieur en politique fiscale). Les missions techniques ont bénéficié de
l’appui du Comité technique de suivi des réformes (CTR), auquel elles expriment leur gratitude. Elles ont
rencontré le Directeur de Cabinet du Ministère des Finances ; le Coordinateur du Comité technique de
suivi et évaluation des réformes (CTR) ; le Directeur général de la Direction générale des impôts (DGI) ;
le Directeur général de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) ; le Directeur général de la
Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD) ;
le Directeur général de l’Institut national de la statistique (INS) ; le Directeur général de l’Agence pour la
promotion des investissements (ANAPI) ; et le Coordinateur du Comité d’orientation de la réforme des
finances publiques (COREF) ainsi que les principaux collaborateurs des responsables mentionnés ci-dessus.
La mission remercie les autorités congolaises pour leur disponibilité et leur collaboration, ainsi que pour les
dispositions prises pour faciliter ses séjours à Kinshasa.
3. Emmanuel Pinto Moreira, Économiste Lead et Chef de programme, Chadi Habib, Économiste principal
pour la RDC et Moise Tshimenga-Tshibangu, Economiste pays, ont formulé des commentaires précieux pour
le projet de rapport. Des observations détaillées et judicieuses ont ainsi été formulées par Mamadou Ndione
et Joey Raymond Ghaleb. Le Directeur pays, Ahmadou Moustapha Ndiaye, RDC, et Mme Seynabou Sakho,
Directrice sectorielle macroéconomie et gestion budgétaire, ont fourni des orientations générales.
91 |
B. Contexte : La pression fiscale en République démocratique
du Congo
4. La pression fiscale en République démocratique du Congo s’élevait en 2014 à 9,9 % du PIB (11,3 %
en intégrant les recettes non fiscales collectées par la DGRAD, et 13,1 % en excluant les remboursements
de TVA). Ces recettes ont diminué, après un pic en 2012, à 13,2 % du PIB suite à l’introduction de la TVA.
Alors que l’ensemble des recettes fiscales ont baissé, les recettes hors ressources naturelles sont restées
constantes en pourcentage du PIB sur la période 2010-2014. Cette évolution contrastée montre que la forte
croissance économique entre 2010 et 2015 et la contribution du secteur extractif à cette dynamique ne
se sont pas traduites par une dynamique similaire au niveau des recettes publiques en provenance de ce
secteur. Cette évolution révèle aussi l’exposition des revenus publics aux cours des matières premières et, à
partir de 2013, l’effet de la fin, ou du moins, de la pause du super-cycle ayant débuté dans les années 2000.
5. L’administration des impôts et taxes (au sens large) relève de trois administrations distinctes au
sein du Ministère des Finances : la Direction générale des impôts (DGI), la Direction générale des douanes
et accises (DGDA) et la Direction générale des recettes administratives judiciaires, domaniales et de
participations (DGRAD). Cette dernière gère les recettes non fiscales (dont les redevances minières) pour
35 ministères ou agences publiques différents. Cette organisation peut sembler originale par rapport aux
meilleures pratiques internationales. Cependant, elle permet une centralisation des prélèvements non fiscaux,
qui présente certains avantages : elle permet de limiter une prolifération de la parafiscalité comme dans
certains pays de la région4 et d’assurer une coordination avec les deux autres administrations collectrices
(douanes et impôts).
6. Le détail de l’évolution des recettes de chaque grand impôt permet de mieux apprécier les principales
défaillances du système fiscal congolais, notamment la faiblesse en matière de TVA (voir le Tableau 1). Les
recettes de cet impôt ou de son équivalent (entre 2010 et 20125) se sont réduites de 24 % pour n’atteindre
que 2,4 % du PIB en 2014. L’évolution négative de la TVA ne peut donc pas s’expliquer par un recul de la
consommation finale des ménages, mais par une augmentation du PIB non taxable par cet impôt6. En effet,
les recettes des droits d’accises, qui portent comme la TVA sur la consommation finale des ménages, sont
restées stables sur la période, représentant presque 1 % du PIB.
7. En matière de fiscalité directe, les recettes de l’imposition des revenus des personnes physiques se
sont sensiblement améliorées pour atteindre 3,4 % du PIB en 2014 (+ 44 %), alors que celles de l’impôt sur les
bénéfices des sociétés sont restées stables, voire en légère réduction (– 6 %). L’assujettissement depuis 2013
des fonctionnaires à l’impôt sur le revenu peut en partie expliquer cette variation. Finalement, les recettes
des droits de douane se sont améliorées de 29 % pour atteindre 1,9 % du PIB en 2014.
8. La RDC présente une plus faible performance en matière de recettes fiscales que d’autres pays
africains (voir le Tableau 2. Comparaisons internationales des taux de pression fiscale en Afrique (% PIB)).
Seul, Madagascar affiche une pression fiscale moindre. La TVA s’avère particulièrement en retrait avec 2,4 %
du PIB collectés (nette) alors que la plupart des pays dépassent 4 % ou 5 % de leur PIB respectif. La fiscalité
directe n’est pas davantage performante relativement aux autres pays.
4
La DGRAD recensait à sa création plus de 1 200 actes légaux pouvant générer des recettes. Un effort de rationalisation a été mené
pour réduire à 365 actes en 2016, avec un objectif de 254 actes à terme. Malgré cet effort, ce chiffre demeure particulièrement élevé.
5
En effet, la TVA a été introduite en 2012 se substituant à l’Impôt sur le chiffre d’affaires.
6
L’importance du secteur minier principalement exportateur augmente le PIB sans assurer de recettes de TVA supplémentaires, comme
l’illustrent les montants exonérés ou remboursés au titre des crédits de TVA.
|2
Tableau 1 : Recettes fiscales et non fiscales 2010–20147 en milliards de CDF
Recettes liées aux ressources naturelles 391 343 663 435 299
Taxes à l’exportation produits miniers 4 5 3 3 3
Redevances minières 119 30 124 135 43
Autres recettes minières 96 77 304 62 63
Hydrocarbures 172 231 232 236 190
7
Ces chiffres transmis par les régies financières montrent un décalage pour la redevance minière de 2014 telle que rapportée dans le
rapport ITIE. En effet, dans ce dernier, la redevance minière pour 2014 s’élevait à 160 millions de dollars (173 milliards de CDF).
3|
Tableau 2 : Comparaisons internationales des taux de pression fiscale en Afrique (% PIB)
Taxes
sur la Accises et
Recettes Impôt sur Impôt cons. autres Droits de
Pays Année fiscales le revenu foncier (total) TVA taxes ind. douane Autres
République 2014 11,26 3,66 3,41 2,41 1,00 1,91 2,28
Démocratique
du Congo (1)
CAE
Burundi 2013 12,6 3,4 0,0 8,2 5,1 3,1 1,2 0,0
Kenya 2010 19,5 8,6 0,0 8,5 5,6 2,9 2,2 0,2
Rwanda 2011 13,2 5,3 0,1 6,8 4,1 2,4 1,1 0,0
Ouganda 2011 12,2 4,3 7,1 4,0 3,0 1,1
Tanzania 2011 16,0 5,7 0,1 7,3 5,3 2,7 1,3
CDAA/SADC
Angola 2012 42,3 38,9 1,5 1,0
Botswana 2011 20,6 8,2 0,1 5,2 4,5 7,0 0,2
Lesotho 2013 24,5 13,2 0,8 9,0 8,0 1,0 1,4
Madagascar 2013 10,5 2,4 0,07 6,7 5,57 1,09 1,3 0,04
Malawi 2012 21,4 9,7 9,0 2,3
Maurice 2011 18,3 5,2 1,3 11,3 7,1 3,6 0,5 0,0
Mozambique 2010 18,0 5,9 10,1 1,7
Namibie 2012 32,0 12,0 7,8 12,0
Seychelles 2009 27,1 7,5 15,5 12,6 4,2
Afrique du Sud 2011 24,0 14,2 8,7 0,0
Swaziland 2012 38,3 8,7 6,6 23,0
Tanzanie 2012 16,0 5,7 7,3 1,3
Zambie 2012 16,5 8,0 6,6 4,5 2,1 1,9
Zimbabwe 2011 33,5 14,2 15,1 3,6
8
En effet, selon la définition étroite et communément admise, l’écart fiscal d’un impôt correspond à la différence entre les recettes
réalisées de cet impôt et celles potentielles. Ces dernières sont entendues par rapport à la loi fiscale au sens large...
|4
10. L’analyse des écarts fiscaux porte alors essentiellement sur l’administration des recettes par la DGI
et la DGDA. Les recettes non fiscales ne font pas partie de l’analyse des écarts fiscaux. Ce qui implique que
les recettes générées par les ressources naturelles ne sont incluses qu’en fonction des recettes générées par
les sources d’imposition du revenu ou de la consommation.
11. Il existe principalement deux méthodes pour estimer les écarts fiscaux : ascendante (« bottom-up »)
et descendante (« top-down »). La première s’appuie sur des enquêtes réalisées auprès des contribuables
et sur des contrôles aléatoires, et permet de déduire une estimation de la base taxable. Cette approche
nécessite une maîtrise des outils économétriques afin de projeter rigoureusement les résultats des enquêtes
(niveau microéconomique) à l’échelle du pays (niveau macroéconomique). L’approche descendante consiste
à utiliser les données macroéconomiques fournies par l’Institut national de statistique (INS), et d’en déduire
les bases taxables après différentes corrections.
12. Selon l’impôt considéré, la disponibilité des données, la pratique en matière de contrôle fiscal
notamment, l’une ou l’autre méthode est privilégiée. A titre d’illustration, le gouvernement britannique, qui
figure parmi les pays développés les plus avancés en matière d’analyse des écarts fiscaux des principaux
impôts et taxes, utilise l’approche ascendante pour la fiscalité directe et l’approche descendante pour la
fiscalité indirecte (voir le HM Revenue & Customs, 2015). La mesure des écarts de fiscalité directe s’appuie
en Grande-Bretagne sur trois types d’instruments : un programme de contrôles fiscaux aléatoires ; une
estimation par vérifications croisées des informations en utilisant notamment les tierces parties (banques,
employeurs, etc.) ; et, une modélisation ad hoc de certains segments de contribuables. L’évaluation des
écarts fiscaux des impôts indirects, en particulier celui relatif à la TVA, adopte l’approche descendante
pour estimer la base taxable à un niveau désagrégé. Cette démarche est également suivie par une grande
partie des pays membres de l’OCDE, de l’Union européenne, ainsi que par des pays en développement, avec
l’assistance technique d’institutions multilatérales (Banque mondiale ou FMI) ou nationales.
13. L’appréciation des écarts fiscaux des impôts directs est d’autant plus délicate en RDC, comme dans
tout autre pays en voie de développement, qu’une part significative de l’activité économique ne relève pas
de sociétés ou d’entreprises correctement enregistrées. Le poids du salariat demeure particulièrement faible
au regard du travail « informel ».
5|
II. LES DÉPENSES FISCALES : PERTES DE
RECETTES LIÉES À LA POLITIQUE FISCALE
14. Une dépense fiscale correspond à un transfert de ressources publiques résultant d’une réduction
des obligations fiscales par rapport à une norme, plutôt que d’une dépense directe. Cette définition établit
deux caractéristiques pour identifier une dépense fiscale : (1) une baisse de recettes pour l’État, et (2) un
écart par rapport à la norme fiscale (système de référence) qu’il convient de définir. La notion de dépenses
fiscales permet une estimation des pertes de recettes fiscales résultant de mesures (loi, codes sectoriels,
décrets, ordonnances, conventions d’établissement, etc.) qui dérogent au droit commun et qui permettent à
un contribuable de réduire sa charge fiscale. Pour cette raison, il existe de nombreuses publications sur les
dépenses fiscales à travers le monde, notamment pour les pays de l’OCDE et de plus en plus dans les pays
émergents et en voie de développement (Maroc, Sénégal, Kenya, etc.). La méthodologie pour l’estimation
des dépenses fiscales selon les normes de l’OCDE est décrite dans l’Encadré 1.
15. Les dépenses fiscales pour l’année 20139 peuvent être estimées à 683 milliards de CDF soit près
de 2,3 % du PIB (voir le Tableau 3). Ce montant intègre différents régimes dérogatoires dont le détail est
fourni dans le Tableau 4. Les administrations fiscales et douanières ont retenu notamment comme source
de dépenses fiscales : le Code général des impôts, le Code des douanes, le Code minier, le Code des
investissements, le Décret relatif aux partenariats stratégiques, la Loi de 2011 portant principes fondamentaux
relatifs à l’agriculture et le régime fiscal des associations sans but lucratif.
16. L’estimation précédente agrège des dépenses fiscales définitives et d’autres temporaires10, en
particulier celles liées aux exonérations de TVA des biens d’équipement pour des entreprises exportatrices
telles que les industries extractives. En effet, les entreprises exportatrices, comme les sociétés minières,
sont structurellement créditrices de TVA : tout paiement de TVA de leur part crée à terme une demande
de remboursement des crédits de TVA (à l’exception de la TVA non déductible). Leur exonération de cet
impôt n’est donc qu’une facilité de trésorerie qui leur est accordée par l’État, mais ne peut être assimilée
à des pertes de recettes définitives. De même, des entreprises formelles assujetties à la TVA peuvent
bénéficier d’exonérations de TVA sur l’importation de leur matériel, mais continuer à collecter la TVA sur
leurs produits finaux (par exemple, les sociétés de télécommunication). Enfin, la RDC, comme la plupart des
États souverains, s’est engagée par de multiples conventions ou traités internationaux à accepter certaines
exonérations ou dérogations fiscales, qui ne peuvent pas être dans ce cas assimilables à des dépenses
fiscales.
9
Dans des avant-projets du rapport, les estimations des pertes de revenus étaient fondées sur des informations pour les exercices
2010–2014. Seule l’année 2013 a pu être analysée avec les dernières données corrigées reçues de la DGDA. Cependant, et en raison de la
grande fluctuation dans les chiffres entre les deux séries reçues de la DGDA, l’équipe estime qu’un examen plus pointilleux des données
des douanes et accises reste nécessaire pour mettre la lumière sur le niveau de la dépense fiscale et cerner et comprendre les éventuelles
lacunes (voir l’Annexe 4).
10
En toute rigueur, ces dépenses fiscales temporaires devraient être exclues du calcul des dépenses fiscales. Cependant, certains pays
les assimilent à des dépenses fiscales afin d’observer leur évolution.
9
7|
Encadré 1 : Méthodologies d’évaluation des dépenses fiscales
Trois méthodes sont généralement développées pour estimer les dépenses fiscales11.
1) La première technique, la plus simple, consiste à estimer le montant des « pertes de recettes toutes
choses égales par ailleurs », en mesurant ex post le coût de l’écart à la norme (c’est-à-dire, la variation
introduite par la mesure dans la législation fiscale) en supposant inchangé le comportement des
agents qui en bénéficient.
2) Un deuxième niveau d’analyse consiste à estimer le « gain en recettes » qui résulterait de la suppression
d’une mesure en tenant compte de l’effet qu’elle induit sur le comportement des agents.
3) Un troisième niveau consiste à intégrer dans l’estimation du « gain en recettes » non seulement les
effets des changements de comportement des agents sur la mesure elle-même, mais également les
interactions avec les autres mesures (fiscales, sociales, etc.), à savoir les effets indirects qui résultent
de la nouvelle situation. Une telle évaluation examine plusieurs types de coûts ou d’effets secondaires.
Les exemples incluent : (1) le coût pour l’administration de l’étalement des incitations fiscales ; (2) les
coûts de conformité pour les contribuables ; (3) les effets macroéconomiques ; (4) les implications
pour l’efficacité économique ; (5) l’équité horizontale et verticale, et (6) les effets de la fraude et des
abus, puisque les incitations fiscales dans de nombreux cas ouvrent la voie à l’évasion fiscale12.
Conformément aux bonnes pratiques internationales, une évaluation complète d’une disposition fiscale
devrait idéalement inclure des évaluations de l’efficacité, de l’efficience, de l’impact distributionnel, de la
conformité et des coûts administratifs par rapport à un contrefactuel approprié.
17. Les dépenses fiscales définitives étaient de 560 milliards de CDF, soit 1,9 % du PIB. Ces dépenses
fiscales n’intègrent pas les exonérations de TVA des secteurs exportateurs ou formels. Plus de 55 % des
dépenses fiscales définitives sont relatives à la TVA. Elles concernent en particulier les programmes d’aide
(95 milliards de CDF). Le Code minier est une source de dépenses fiscales définitives importante avec 21,4 %
de celles-ci (en excluant la TVA, voir le Tableau 4).11 12
18. Le Tableau 5 présente les principaux manques à gagner en douane par code additionnel pour
l’année 2013. Les codes additionnels utilisés par la douane dans le logiciel SYDONIA permettent de suivre
les mesures dérogatoires et constituent un élément essentiel pour une évaluation rigoureuse des dépenses
fiscales (voir l’Annexe 1 pour la liste des codes additionnels communiquée à la mission). L’aide y apparaît
comme une des principales sources d’exonérations fiscales et de dépenses fiscales en matière de fiscalité
indirecte et de droits de douane.
19. Le Tableau 6 présente les dépenses fiscales relatives aux droits d’accises par type de biens importés
(par chapitre). Les produits pétroliers constituent la principale source de dépense fiscale avec 11,38 milliards
de CDF, soit plus de 60 % des pertes de recettes de cette taxe. Contrairement à la TVA qui est déductible,
les accises et les droits de douane ne le sont pas et les manques à gagner sont alors des dépenses fiscales
définitives. La consommation de produits pétroliers par le secteur minier est la principale source de ces
dépenses fiscales, cependant les montants des importations communiqués à la mission par la DGDA
11
Le guide du CREDAF relatif aux dépenses fiscales fournit également une méthodologie qui pourrait être suivie.
12
Voir, à ce sujet, l’Annexe 3 qui présente le cas intéressant du Mexique.
|8
Tableau 3 : Estimations des dépenses Tableau 4 : Les dépenses fiscales des
fiscales définitives et temporaires par principaux régimes dérogatoires
type d’impôts à la DGI et DGDA, en milliards de CDF (2013)14
en milliards de CDF (2013)13
2013
2013 Dépenses fiscales totales 683
% des recettes fiscales 19 %
Dépenses fiscales totales 683
% du PIB 2,27 %
% des recettes fiscales 19 %
% du PIB 2,27 % Dépenses fiscales définitives 560
% du PIB 1,9 %
Dépenses fiscales définitives 560
% du PIB 1,9 % Code miner 198
% des dépenses définitives (1) 21,4 %
Fiscalité directe 46
IBP (30 % au lieu de 35 %) 8
IBP 12
IM (10 % au lieu de 20 %) 1
IPR (IERE) 34
IERE (10 % au lieu de 25 %) 34
Fiscalité indirecte 452 Accises 1
TVA 434 Droits de douane 77
En douane 254
TVA 78
dont :
Code minier 78 Code des investissements 13
Code des investissements 2 % des dépenses définitives (1) 2,0 %
Régimes Industries de transformation Accises 2
0
et de réexportation Droits de douane 9
Hors codes spécifiques, conventions
14 TVA 2
particulières, directives ministérielles . . .
Convention de Vienne 43 Hors codes spécifiques, conventions
20
Aide 95 particulières, directives
Intérieure 180 % des dépenses définitives (1) 1,1 %
Accises 18 Accises 0
Droits de douane 6
Droits de douane 184
TVA 14
semblent très largement inférieurs à ceux qui apparaissent dans le Tableau Entrée-Sortie pour 2013 et à ce
qu’indiquent les états financiers publiés par certaines des grandes entreprises minières (voir l’Annexe 4).13 14
20. La gestion budgétaire des dépenses fiscales nécessite des améliorations et un renforcement
institutionnel. Actuellement, aucune autorité centrale n’a été mise en place pour assurer l’évaluation
systématique des nouvelles dépenses fiscales. Les autorités et la Banque mondiale œuvrent pour la création
d’une unité de politique fiscale. Cette unité pourrait prendre en charge les dépenses fiscales et s’occuper
de la procédure de prise de décision et du suivi des pertes de recettes. Les mesures d’amélioration sont les
suivantes : l’estimation des dépenses fiscales et sa publication en annexe de la loi de finances relève des
meilleures pratiques internationales en matière de transparence budgétaire. Elles permettent également un
meilleur contrôle des assiettes des différents impôts par les administrations de collecte.
13
En ce qui concerne la couverture du Tableau 3, dans des versions préliminaires de ce rapport les estimations des dépenses fiscales
étaient fondées sur des informations pour les exercices de 2010 à 2014. Suite à la mission en RDC, seule l’année 2013 a pu être analysée
avec les dernières données corrigées reçues de la DGDA.
14
En ce qui concerne la couverture du Tableau 4, dans des versions préliminaires de ce rapport les estimations des dépenses fiscales
étaient fondées sur des informations pour les exercices de 2010 à 2014. Suite à la mission en RDC, seule l’année 2013 a pu être analysée
avec les dernières données corrigées reçues de la DGDA.
9|
Tableau 5 : Principaux manques à gagner en douane par
code additionnel en milliards de CDF en 201315
Valeur Droits de
Code Libellé CIF douane TVA Accises
Code minier 1 673,70 76,67 77,85 0,82
320 Code minier—importation de biens d’équipement avant exploitation 236,96 18,01 18,60 0,04
321 Code minier—importation de prod. pétroliers et autres consommables 741,17 32,92 33,19 0,20
322 Code minier—importation de biens d’équipement pendant exploitation 695,56 25,74 26,06 0,58
913 Accords et conventions particulières (2% RDA) 83,68 6,07 13,71 0,19
310 Code des investissements avec paiement TVA 123,78 9,38 2,12 1,73
312 Régime CKD 12,73 1,23 0,20 0,00
930 Exonération des intrants agricoles et d’élevage 15,01 0,83 2,52 0,00
Convention de Vienne
111 Missions diplomatiques et assimilées 247,55 25,28 42,85 0,76
622 ASBL (Scientifique, culturel, philant, éducatif, sportif ou religieux) 5,83 0,66 1,04 0,03
Droits de
Chapitre Cif Douane TVA Accises
27 - COMBUSTIBLES MINERAUX, HUILES MINER 154,43 12,38 14,86 11,38
Source : DGDA
15
15
En ce qui concerne la couverture du Tableau 5, dans des versions préliminaires de ce rapport, les estimations des dépenses fiscales
étaient fondées sur des informations pour les exercices de 2010 à 2014. Suite à la visite en RDC, seule l’année 2013 a pu être analysée
avec les dernières données corrigées reçues de la DGDA.
| 10
21. Une meilleure gestion budgétaire des dépenses fiscales nécessite néanmoins un effort soutenu de
la part de ces administrations et la définition préalable d’un système fiscal de référence (SFR). Celui-ci est
généralement établi par le Code général des impôts (CGI) et le Code des douanes (CD). Une partie des
régimes dérogatoires résultent du Code des investissements, de codes sectoriels (Code minier), de textes
législatifs ou d’arrêtés ministériels. Il existe plusieurs méthodologies pour apprécier les dépenses fiscales
(voir l’Encadré 1). Cependant, même le CGI ou le CD contiennent des dispositions fiscales dérogatoires,
qui peuvent être intégrées ou non dans le SFR. Enfin, le SFR doit tenir compte de certains engagements
internationaux qui peuvent entraîner des exonérations comme la Convention de Vienne des relations
diplomatiques, la Convention de Chicago en matière d’aviation civile, l’Accord de Florence portant sur les
biens culturels ou les traités de non double imposition qui limitent le pouvoir de taxation sur les transactions
internationales.
Conclusions :
»» Les dépenses fiscales définitives étaient de 560 milliards de CDF en 2013, soit 1,9 % du PIB pour les
seules recettes de la DGI et de la DGDA.
»» La gestion budgétaire des dépenses fiscales nécessite des améliorations dans la procédure de prise
de décision et du suivi des pertes de recettes. La publication des dépenses fiscales en annexe de la
loi de finances permettrait d’assurer une plus grande transparence budgétaire et contribuerait à la
rationalisation de celles-ci.
»» La définition d’un système fiscal de référence (SFR) par les autorités compétentes est un préalable
indispensable. Le renforcement de la coordination entre les trois administrations de collecte en est
un autre et pourrait passer par une proposition de définition commune du SFR incluant les droits et
redevances collectés par la DGRAD. Cet effort impose finalement une amélioration dans la collecte de
l’information nécessaire à une évaluation la plus rigoureuse possible des dépenses fiscales.
11 |
III. L’ÉCART-FISCAL DE TVA
22. La TVA est un impôt sur la consommation prélevé à chaque étape de la production des biens ou
services. Elle a été introduite en 2012 en République démocratique du Congo et a remplacé l’Impôt sur le
chiffre d’affaires (ICA). La TVA est la principale source de recettes fiscales avec 802 milliards de CDF en
2014.
24. L’État, les provinces et les collectivités territoriales sont assujetties à la TVA. Cependant, l’article 13
exonère de la TVA les services administratifs, sociaux, éducatifs, culturels et sportifs si cela n’entraîne pas de
distorsions de concurrence. De façon similaire, les associations sans but lucratif sont également exonérées. Les
exonérations concernent également les équipements agricoles, les intrants pharmaceutiques, l’importation
des intrants de la pêche (bateaux et filets), les intérêts relatifs aux investissements et à l’activité agricole, les
frais de scolarité, les dépenses de santé, les ventes d’œuvres d’art par l’artiste, la publication de livres ou de
journaux, les activités culturelles, les biens et services destinés à l’usage des missions diplomatiques.
25. Le droit à déduction de la TVA peut être limité (article 41). Il n’est pas accordé pour les produits
pétroliers à l’exception des opérations d’achats et revente des grossistes ou acquis pour la production
d’électricité. De même, les dépenses de logement, restauration, spectacles, locations de véhicules de
tourisme, transport de personnes ne donnent pas droit à déduction à l’exception des professionnels du
tourisme, de la restauration, du spectacle et des concessionnaires automobiles.
B. Efficacité-C
26. L’efficacité-C est le ratio des recettes collectées sur celles potentielles et fournit une première
appréciation de l’écart fiscal de TVA. Les recettes potentielles sont définies comme la base taxable au titre
de la TVA multipliée par le taux standard de la TVA. La base taxable intègre la consommation finale des
ménages, des administrations publiques et éventuellement la formation brute de capital (pour la partie
relative aux logements neufs). Un traitement consiste à soustraire la TVA acquittée, car la consommation
finale l’intègre en comptabilité nationale. Un second traitement est de considérer l’autoconsommation des
ménages qui, par définition, n’est pas associée à des transactions sur un marché, et ne peut donc pas être
9|
13
assujettie à la TVA. La proportion de l’autoconsommation en RDC est de l’ordre de 19 % de la consommation
finale des ménages (voir le Tableau 7).
27. Le Tableau 7 présente des mesures de l’efficacité-C de la TVA en 2013. L’efficacité-C a été évaluée de
0,30 à 0,418 selon que la consommation des administrations et l’autoconsommation sont intégrées ou non à
la base imposable au titre de la TVA. Ces mesures représentent une première estimation de l’écart fiscal de
la TVA, les recettes collectées représentant 30 % à 41,8 % des recettes espérées.
28. Au regard des autres pays africains (voir le Tableau 8), la performance de la TVA congolaise est en
retrait. Cette faiblesse peut s’expliquer soit par des dérogations plus importantes (dépenses fiscales), soit
par une moindre efficacité de l’administration fiscale, mais aussi par une autoconsommation plus importante
que dans d’autres pays africains. Avec une efficacité-C de 0,5, les recettes de TVA auraient atteint, avec
l’assiette imposable de 2013 intégrant les dépenses des administrations et excluant l’autoconsommation
(base taxable 2 dans le Tableau 8), 1 450 milliards de CDF (4,82 % du PIB) au lieu des 948 milliards de CDF
nets collectés. Avec l’efficacité-C du Burkina Faso (0,65), ces recettes s’élèveraient à 1 885 milliards de CDF
(soit 6,27 % du PIB). Enfin, une efficacité-C de 1 permettrait de collecter 2 900 milliards de CDF ou encore
9,65 % du PIB % en 2013. 16
16
US Agency for International Development prend la consommation dans son ensemble et ne distingue pas l’autoconsommation.
| 14
C. Analyse de l’écart fiscal de TVA à partir de la matrice
emplois-ressources
29. Afin de compléter l’analyse de l’efficacité-C de la TVA, une analyse par secteur ou branche d’activité
est menée. Elle suit également l’approche descendante et pourrait être complétée par son alternative
(approche ascendante) qui consiste à apprécier la base taxable à partir d’enquêtes auprès des ménages
et en corrigeant de la consommation publique (administrations centrales, provinciales et communes), du
commerce international, et de l’effet du seuil d’assujettissement à la TVA sur la consommation des intrants
par les non-assujettis.
30. L’approche descendante choisie utilise le Tableau Ressources-Emplois fourni par l’INS le plus récent,
à savoir 2013. La base théorique nette exigible (VAT Theoretical Tax Liability) se compose des éléments
suivants :
1. es dépenses de consommation finale des ménages. Ces dépenses peuvent être réparties par
L
type de biens ou de services consommés. Elles peuvent inclure les dépenses des organisations
non gouvernementales qui fournissent des biens ou des services aux ménages. Elles excluent
l’autoconsommation.
3. a formation de capital assujetti à la TVA. Elle inclut les dépenses de logements à des fins
L
privées. Les autres dépenses liées à la formation de capital ne sont pas assujetties à la TVA et
peuvent être retirées.
4. a balance commerciale nette. La TVA est un impôt sur la consommation suivant le principe
L
de destination. Elle taxe donc les importations et exclut les exportations. La balance nette
(exportation- importation) n’est donc exclue que de la base théorique de la TVA.
5. e seuil d’assujettissement. Les ventes aux ménages réalisées par les entreprises réalisant
L
un chiffre d’affaires inférieur au seuil d’assujettissement ne sont pas soumises à la TVA. En
revanche, les achats d’intrants par ces entreprises auprès d’entreprises assujetties augmentent
la base théorique de la TVA.
6. es secteurs exonérés. La base de la TVA doit être réduite des valeurs ajoutées des secteurs
L
exonérés. Ces secteurs concernent les services financiers et d’assurance et la valeur de location
des logements occupés par leurs propriétaires. La valeur ajoutée des biens de capitaux achetés
par des secteurs exonérés est ajoutée à la base, car ces secteurs n’ont pas le droit à déduction.
7. L’effet cascade. La vente d’un bien ou d’un service par une entreprise exonérée à une entreprise
assujettie réduit la base théorique de la TVA.
8. L’activité touristique. Les dépenses des touristes (non résidents) en RDC augmentent la TVA
théorique et celles des congolais hors du territoire la réduisent.
31. Les recettes théoriquement évaluées à partir du Tableau Ressources-Emplois pour 2013 s’élèvent à
1 823 milliards de CDF contre 948 milliards de CDF effectivement collectées cette année. La répartition de ces
recettes théoriques par branche est donnée dans le Tableau 9. La TVA congolaise comme dans la plupart des
pays en développement n’est pas seulement une taxe assise sur la consommation finale des ménages. Elle
est aussi une taxe indirecte sur le secteur informel. En effet, près de 64 % de la TVA collectée proviennent de
l’importation ou de l’achat de biens intermédiaires par des entreprises informelles ou non assujetties auprès
d’entreprises formelles assujetties (voir le Graphique 1) La définition d’une entreprise informelle reprend
celle utilisée par l’INS pour 200517, à savoir des entreprises non enregistrées ou n’ayant pas de comptabilité
établie. Ces entreprises sont, par hypothèse, considérées comme non assujettie à la TVA, réalisant un CA
17
La mission n’a pas eu accès à des données plus récentes. Cependant, la mission a modifié le taux de l’informel pour le secteur minier
en le réduisant de 50 % à 20 % étant donné le développement de l’industrie extractive depuis 2005.
15 |
Tableau 9 : TVA théorique collectée par secteur en 2013
TVA Crédits de
collectée Cons. TVA TVA sur
Degré TVA coll. sur les finale des collectée exportations
d’informalité sur CI (1) import. (2) ménages nette (3)
Agriculture vivrière 100,0 % 6 493 37 347,2 — 47 721,5 27 555
| 16
Tableau 9 : TVA théorique collectée par secteur en 2013 (Suite)
TVA Crédits de
collectée Cons. TVA TVA sur
Degré TVA coll. sur les finale des collectée exportations
d’informalité sur CI (1) import. (2) ménages nette (3)
Somme 636 149,6 524 538,0 658 539,8 1 823 109,2 474 981,3
1: la TVA collectée sur consommation intermédiaire correspond aux achats d’intrants réalisés par des entreprises informelles auprès
d’entreprises formelles
2: TVA collectée sur les importations des entreprises informelles
3: les crédits de TVA ont été calculés en évaluant les achats des entreprises formelles de chaque branche auprès des autres entreprises
formelles et en appliquant un ratio exportations/Total Emplois
Source : INS et calculs de la mission
inférieur au seuil de 80 millions de CDF. Leurs importations et leurs achats auprès d’entreprises assujetties
produisent des recettes de TVA définitives, car elles ne peuvent pas déduire la TVA payée. Une hypothèse
simplificatrice importante consiste à supposer une distribution uniforme des consommations intermédiaires
par les entreprises formelles et informelles au sein de chaque secteur18.
32. Par exemple, considérons deux secteurs : celui des transports où les entreprises informelles
représentent 53,3 % de l’activité totale et celui de la fabrication de produits en caoutchouc ou en plastique
composé uniquement d’entreprises formelles. En 2013 la consommation par le secteur transport de produits
en caoutchouc ou en plastique (biens intermédiaires) s’élevait à 198,5 milliards de CDF. Nous estimons que
la TVA collectée par les entreprises formelles du secteur « produits en caoutchouc ou en plastique » sur
les entreprises informelles du secteur du transport est égale à 198,5 milliards de CDF 3 53,3 % 3 16 % 5
16,9 milliards de CDF19. Ce montant correspond à une recette de TVA définitive.
33. La TVA est essentielle pour fiscaliser le secteur informel. En considérant la structure de l’économie
congolaise appréhendée dans le Tableau des Ressources Emplois , les secteurs qui participent le plus aux
recettes théoriques de TVA sont ceux de l’extraction (11,3 %), du transport (8,6 %), de la fabrication de
machines et matériel (7,5 %), de la construction (6,4 %), etc. Le secteur extractif, qui représente près de
20 % du total des emplois aux prix d’acquisition, collecte 11,3 % de la TVA théorique et crée près de 94 % des
remboursements totaux des crédits de TVA.
18
D’autres distributions sont possibles, comme une loi de Pareto, mais elles nécessiteraient des calculs plus avancés.
19
0,16*0,533*198,5=16,9.
17 |
Graphique 1 : Décomposition de la TVA théoriquement collectée
28.8%
36.1% TVA coll. sur CI (1)
34.9%
34. L’écart fiscal de TVA établi à partir du TRE est de 875 milliards de CDF (= 1 823 – 948), il est inférieur
à celui qui se déduirait d’une efficacité C de 1 : 2900 – 948 = 1952 milliards de CDF. En effet, l’écart fiscal
calculé à partir du TRE intègre les caractéristiques structurelles de l’économie congolaise (la taille du secteur
informel) et certaines dispositions de la loi de TVA congolaise qui réduit notamment du champ d’application
de cet impôt. L’écart de 875 milliards de CDF, soit 2,9 % du PIB, peut s’expliquer pour 49 % par des dépenses
fiscales (434 milliards de CDF) et pour le reste par des difficultés dans l’administration de cet impôt par la
DGI et la DGDA (441 milliards de CDF).
35. Une analyse plus détaillée de l’écart fiscal nécessite de rapprocher la TVA théorique collectée par
secteur avec celle effectivement collectée par la DGI et la DGDA. Ceci impose que les entreprises suivies à la
DGI soient réparties selon la division sectorielle de l’INS, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les importations
doivent également être rapportées à la taxonomie des biens de l’INS.
Conclusions :
»» L’efficacité-C de la TVA congolaise a été évaluée comme variant de 0,30 à 0,418 selon que la consommation
des administrations et l’autoconsommation sont intégrées ou non à la base imposable au titre de la TVA.
Cette défaillance de la TVA peut s’expliquer par une politique fiscale trop généreuse ou une fraude
fiscale moins bien contrôlée par les administrations de collecte (DGI et DGDA).
»» L’analyse de la TVA à partir de la matrice emplois-ressources révèle que la TVA congolaise est d’abord
un impôt payé par le secteur informel (64 % des recettes théoriques) avant d’être un impôt levé sur la
consommation finale des ménages. La TVA est donc un instrument essentiel à la taxation du secteur
informel.
»» À partir du tableau emplois-ressources et en intégrant les rémanences de TVA20, l’écart fiscal de TVA a
été estimé pour 2013 à 875 milliards de CDF soit 2,9 % du PIB, dont 49 % proviendraient des dépenses
fiscales (exonérations) et 51 % de comportements frauduleux qui échappent aux administrations fiscale
et douanière.
»» Une analyse plus détaillée de l’écart fiscal de TVA afin d’identifier les secteurs les plus critiques en termes
de pertes de recettes fiscales, notamment par des comportements de fraude, nécessite un alignement
de la nomenclature des secteurs d’activité de la DGI avec celle utilisée par l’INS.
20
Les rémanences de TVA sont les montants de TVA payés par les entreprises informelles ou non-assujetties sur leur consommation de
produits intermédiaires fournis par les entreprises formelles ou assujetties.
| 18
IV. L’ÉCART-FISCAL DES ACCISES
36. Les droits d’accises sont gérés par la DGDA Tableau 10 : Droits d’accises en RDC
et non par la DGI, comme dans la plupart des pays
africains. Le poids important des importations dans
Droits d’accises %
les recettes de ces taxes explique cette organisation
similaire par exemple à celle du Togo. Boissons alcoolisées
Bières moins de 6° 18
37. Les droits d’accises appliqués en RDC Bières plus de 6° 23
sont présentés dans le Tableau 10. Ces droits sont Vins 15° et plus 20
Vins moins de 15° 20
exclusivement ad valorem. Une comparaison avec
Vermouth 25
d’autres pays de la région révèle que les taux Cidre et autres 20
pratiqués en RDC correspondent aux pratiques Alcool éthylique 40
régionales (voir le Tableau 11). Alcool éthylique pour usages médicaux 3
Alcool éthylique pour parfums 10
38. Les recettes des droits d’accises s’élevaient Alcool éthylique pour autres usages industriels 3
en 2014 à 331 milliards de CDF (1,0 % du PIB), dont Boissons non alcoolisées
87 milliards de CDF ont été collectés en douane et Eaux minérales 10
Limonades et autres boissons sucrées 5
244 milliards de CDF sur le marché intérieur (voir
Jus de fruits (purs) 5
le Tableau 12). La principale source de recettes Jus de fruits contenant d’autres substances 10
des droits d’accises hors produits pétroliers
Tabacs 40
(44%) correspond aux boissons alcoolisées, Tabacs fabriqués 20
essentiellement les bières, pour 140 milliards
Produits prétroliers
de CDF, dont l’essentiel (94 %) est collecté sur les Avgaz 15
producteurs (brasseries) nationaux. La téléphonie Autres essences 25
est la seconde source de recettes avec 78 milliards Pétrole lampant ou kérosène 15
jet A1 15
de CDF (24 %) et les tabacs en troisième position
gasoil 25
avec 50 milliards de CDF (16 %). gaz de pétrole 15
9|
19
Tableau 11 : Taux des droits d’accises dans la région
| 20
UEMOA CEDEAO
1) Boissons
Boissons alcoolisées 10 45
Bières 18, 23 15 45 25 15 15 50
3) Café 5 12 3.8 10 1 12 1 30
4) Noix de cola 20 15 30 10 30 5 30
5) Farines de blé 1 1 1 5 1 20
7) Thé 3, 8 1 12 1 30
8) Armes et munitions 40 15 40 20 50
11) Marbres 5 15 5 15
16) Télécommunication 10 5, 53 3
FCFA/Minutes
Recettes fiscales et non fiscales (Mds CDF) 2 261 2 669 3 595 3 501 3 740
Million CDF
Droits d’accises (M CDF) 183 578 209 817 240 567 331 520 330 596
21 |
Tableau 13 : Estimation des écarts fiscaux des droits d’accises
à partir de l’enquête auprès des ménages 2012
Tabacs 40
Tabacs fabriqués 20 1 335 530 3 848 880 98,1 19,6 66,2 –46,6
Savons, produits de 5 7 033 090 6 036 940 221,9 11,1 2,8 8,3
nettoyage
Produits de beauté et 10 6 007 830 4 718 330 180,4 18,0 1,9 16,1
maquillage, parfum
Articles en matière 13 557 700 953 860 27,4 3,6 3,2 0,4
plastique ou en
caoutchouc synthétique
Communication cellulaire 10 6 982 010 116 200 98,5 9,8 63,1 –53,2
1 : Consomation annuelle en milliard CDF. Un coefficient de représentativité est appliqué par zone géographique : 573 pour les ménages
urbains et 863 pour les ménages ruraux
2 : L’enquête de l’INS ne distingue pas les véhicules neufs et d’occasion
Sources : INS et calcul de la mission
40. Le Tableau 13 présente le détail de l’écart fiscal qui peut être déduit de l’enquête de la consommation
ménages menée en 2012 par l’INS. Cette enquête ne permet de déterminer qu’une partie seulement de la
base taxable des droits d’accises, comme par exemple les boissons alcoolisées ou le tabac qui sont des
biens de consommation finale. En effet, certains biens comme les véhicules, les produits pétroliers, les
communications cellulaires, les produits de nettoyage ou les articles en plastique peuvent être consommés
par les entreprises. Un écart fiscal négatif apparaît ainsi pour certains biens. L’écart fiscal négatif relatif
aux tabacs et aux boissons alcoolisées, en particulier la bière, peut s’expliquer par une déclaration de
consommation inférieure à la consommation réelle ou par un échantillonnage biaisé de la population pour ce
bien. L’enquête concernait 10 004 ménages urbains sur les 5 736 300 que comptait la RDC et 11 827 ménages
ruraux sur les 10 209 800 ménages vivant en zone rurale en 2012. Un coefficient de représentativité de
573,4 pour les ménages urbains et de 863,3 pour les ménages ruraux a donc été déduit pour établir la
consommation nationale de chaque bien.
| 22
41. Les principaux écarts fiscaux (positifs) concernent les produits pétroliers : 30,5 milliards de CDF
et les produits de beauté 16 milliards de CDF. Si les dépenses fiscales (en douane) relatives aux produits
pétroliers (voir le Tableau 6) participent pour plus d’un tiers à l’écart fiscal constaté (11,38 milliards de CDF),
elles sont négligeables pour les produits de beauté. L’écart fiscal relatif aux parfums et produits de beauté
peut alors s’expliquer par une production artisanale qui échappe à l’administration fiscale ou par des fraudes
à l’importation. Il convient de souligner que l’écart fiscal pour les produits pétroliers est ici largement sous-
estimé puisque ces biens sont essentiels à l’activité économique des entreprises en RDC et que seule la
consommation des ménages a été prise en compte. La lecture du tableau des emplois-ressources de l’INS
pour la dernière année disponible (2013) montre que la consommation finale des ménages de produits
pétroliers raffinés est de 327 milliards de CDF (contre 174 milliards de CDF pour l’enquête auprès des
ménages), alors que la consommation intermédiaire de ces produits par les entreprises congolaises s’élève
à 3 198 milliards de CDF, dont 2 035 milliards de CDF ont été importés. Il est particulièrement délicat d’en
déduire l’écart fiscal des droits d’accises et des autres impôts portant sur les produits pétroliers, puisque
celui-ci paraît particulièrement conséquent et qu’une analyse dédiée à ces produits devrait être menée.
42. Le Tableau 14 révèle l’évolution contrastée du chiffre d’affaires de la TVA collectée et des recettes des
droits d’accises relatifs au secteur des télécommunications de 2012 à 2015. L’essor significatif de l’activité des
entreprises de télécommunication entre 2012 et 2013 (+ 137 %) n’a pas été suivi par une évolution similaire
de la TVA, ni des droits d’accises. Cette divergence peut s’expliquer en matière de TVA si les entreprises
ont investi massivement, leur permettant ainsi de déduire un montant important de TVA. En revanche, la
faible réaction des recettes d’accises à l’évolution du chiffre d’affaires des entreprises de télécommunication
s’avère plus problématique en termes de maîtrise de l’assiette imposable. Ainsi, l’application du taux de
10 % pour les droits d’accises sur le chiffre d’affaires des entreprises de téléphonie établirait les recettes
de ceux-ci à 102 milliards de CDF pour 2013 et 2014. L’écart fiscal serait alors de plus de 30 % des recettes
effectivement collectées : 37 % pour 2013 et 32 % pour 2014.
43. Cette analyse sur le secteur des télécommunications demeure très approximative et devrait être
affinée avec une analyse plus détaillée (enquête auprès des ménages et sectorielle).
CA des entreprises de téléphonie mobile 431 212 1 021 681 1 026 725 1 036 649
Droits d’accises théoriques 43 121 102 168 102 673 103 665
23 |
Conclusions :
»» Une analyse de l’écart fiscal des droits d’accises n’a été que très partiellement menée faute de données
suffisantes.. Les principaux écarts fiscaux (positifs) concernent les produits pétroliers : 30,5 milliards
de CDF et les produits de beauté 16 milliards de CDF.
»» Cependant, une analyse des recettes des droits d’accises sur les communications cellulaires et du chiffre
d’affaires des entreprises de ce secteur révèle un écart fiscal de 24 milliards de CDF en 2014 (soit 32 %
des recettes collectées), dont l’essentiel paraît relever d’une défaillance des administrations de collecte
concernées21.
21
En effet, il ne semble pas exister de dépense fiscale propre à cette taxe, car aucun régime dérogatoire consulté n’exonère les
consommateurs de communications cellulaires du paiement du droit d’accise correspondant.
| 24
’ÉCART-FISCAL DE L’IMPÔT SUR LES
V. L
BÉNÉFICES ET LES PROFITS (IBP)
45. Il n’existe pas d’impôt global qui taxe les revenus agrégés des foyers fiscaux comme c’est le cas dans
de nombreux pays en voie de développement et en particulier dans la CEMAC ou l’UEMOA. Cette approche
globale de l’impôt qui était partagée par de nombreux pays développés ou en voie de développement est
depuis les années 90 en recul avec l’adoption soit d’un modèle dual ou semi-dual de l’impôt, soit d’un impôt
à taux unique (« flat tax »). L’approche globale visait à rendre le système fiscal équitable tant verticalement
qu’horizontalement en faisant supporter une charge fiscale similaire sur tout type de revenu (équité
horizontale), dont la progressivité varie d’un pays à l’autre (équité verticale). Depuis les années 90, plusieurs
pays dont les pays scandinaves ont abandonné cette approche difficile à administrer et coûteuse en termes
de croissance dans un environnement où les capitaux étaient beaucoup plus mobiles. Ainsi, plusieurs pays
de l’OCDE22 et la plupart des pays africains anglophones ont adopté un système dual de fiscalité directe.
D’autres pays en voie de développement, comme la Mauritanie ou certains pays membres de l’UEMOA, ont
adopté un système quasi-dual d’impôt direct, où seuls les revenus du travail sont taxés à un taux progressif,
les autres types de revenus étant taxé à un taux unique23. Cette distinction des taux réduit certes l’équité de
jure du système fiscal, mais celle-ci était loin d’être appliquée dans les faits, notamment dans les pays en voie
de développement. Enfin, l’impôt à taux unique principalement utilisé en Russie et dans les pays de l’Europe
de l’Est vise à simplifier drastiquement le système fiscal et semble avoir été efficace en termes de recettes
fiscales, notamment par la simplification administrative qu’une « flat tax » permet (voir Ivanova, Keen et
Klemm, 2005).
22
Pour une analyse détaillée, voir le rapport de l’OCDE (2006) sur l’impôt direct.
23
Dans un système dual, la progressivité de l’impôt porte sur les revenus du travail et les revenus d’affaires (bénéfices) des personnes
physiques.
9|
25
46. L’architecture actuelle de l’impôt direct sur les revenus en RDC semble assez proche d’un système
quasi-dual et une approche globale n’est guère recommandée étant donné sa complexité à administrer.
Ainsi, l’impôt sur les revenus en RDC se compose des impôts cédulaires suivants :
»» L’impôt sur les revenus locatifs (IRL) dû par les propriétaires est levé au taux de 22 % sur les revenus
locatifs bruts majorés des charges supportées par le locataire. Il peut être prélevé par retenue à la
source sur le locataire. L’État, les collectivités publiques, les institutions religieuses et les associations
sans but lucratif sont notamment exonérés. Les immeubles construits depuis le 1er janvier 1968 dans
les Provinces Orientales, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema sont exonérés pendant les cinq
premières années. Un minimum fiscal au titre de l’IRL est prélevé. Il se compose de six tarifs allant de
20 USD/m² à 2 USD/m² selon la localisation et les aménagements du bien loué.
»» L’impôt sur les revenus des capitaux mobiliers (IRCM) porte sur les intérêts, les dividendes, les redevances
et les revenus d’actions ou de parts sociales. L’impôt peut être prélevé à la source. Le taux est de 20 %.
»» L’impôt professionnel sur les revenus(IPR) concerne les revenus d’affaires, à savoir les bénéfices de toute
entreprise, les salaires et rémunérations rétribuées par un tiers, les profits des professions libérales et les
rémunérations des prestations de services fournies par des entreprises non établies en RDC.
47. L’IPR assis sur les bénéfices des personnes physiques et morales correspond à l’impôt sur les
bénéfices et les profits (IBP). Son taux est de 35 %. Un taux de 14 % est levé sur les rémunérations des
prestations de services fournies par des entreprises non établies en RDC. Ce prélèvement à la source est un
moyen de lutter contre une optimisation fiscale agressive des multinationales couramment utilisée dans la
région. Il permet de limiter ou du moins de taxer des transactions intragroupes visant à réduire le bénéfice
imposable en RDC. Depuis 2014, un impôt minimum est levé au taux de 1 % assis sur le chiffre d’affaires
(CA) (art. 92 et art. 10, loi de finances (LF) 2014). Il se substitue à un impôt minimum qui prenait la forme
de montants forfaitaires selon la nature de l’activité et le niveau du CA. Cependant, certaines professions
demeurent taxables à un impôt forfaitaire (voir l’Arrêté ministériel n° 21 du 8 octobre 1997), dont le montant
varie selon la localisation de l’activité.
48. Cette brève description de la fiscalité directe congolaise révèle deux lacunes importantes : l’absence
d’un impôt sur les sociétés (IS) et l’absence d’un impôt spécifique sur les plus-values. Ces défaillances
contribuent à l’écart fiscal ou du moins à une moindre performance de la fiscalité directe congolaise.
49. En effet, la modernisation de la fiscalité directe congolaise nécessiterait l’introduction d’un impôt
sur les sociétés. Les assiettes et les taux de l’IS et de l’IBP peuvent varier afin de prendre en compte la très
grande hétérogénéité des entreprises congolaises.
50. Les plus-values en RDC ne sont taxables qu’au titre de l’IBP. Ce dispositif ne permet pas
d’appréhender correctement les plus-values réalisées, en particulier celles résultant de transferts indirects
de droit de propriété congolaise comme des permis d’exploration ou d’exploitation minière ou des licences
de télécommunication. Outre sa capacité à lever des recettes, une imposition des plus-values limite le risque
de spéculation et d’allocation inefficace des ressources.
| 26
52. Des exonérations peuvent être accordées au titre du Code des investissements ou par des lois
particulières (art. 39). Depuis la loi de finances 2015, les pertes reportables sont limitées à 60 % du bénéfice
imposable24. L’amortissement dégressif est limité aux seules sociétés au régime réel et à certaines catégories
d’immobilisations (art. 43 ter E). Les entreprises exportatrices d’au moins 20 % de leur chiffre d’affaires
sont éligibles à un amortissement exceptionnel. La dotation de première année de ce type d’amortissement
correspond à 60 % de la valeur de l’immobilisation concernée.
53. Les Graphiques 2 et 3 représentent le TEMI, en RDC et dans quelques pays africains francophones,
pour le régime fiscal de droit commun (CGI) et celui du Code des investissements (CI). Le principal avantage
fiscal que procure le CI congolais est une exonération de 5 années de l’IBP. Ces TEMI ont été évalués à
partir d’un modèle de flux de trésorerie suivant la méthodologie développée par Djankov et al. (2010). Les
différents régimes fiscaux sont appliqués aux données comptables d’une entreprise représentative qui a une
marge brute de 7,5 % ou de 22 %25 (voir l’Annexe 3 pour une description complète de l’entreprise type). Cette
entreprise est supposée être localisée dans la plus grande ville du pays, employer 60 salariés et vendre la
totalité de sa production sur le marché local. La charge fiscale supportée par la société est calculée sur cinq
ans et intègre quatre impôts (CFE, IS, IMF et IRCM). L’entreprise est modélisée d’après les coefficients de
Djankov (2010). Ces coefficients sont multipliés par le PNB/tête des pays, dont les chiffres datent de 2014
et sont issus des World Development Indicators (Banque mondiale). Le modèle ainsi construit permet de
connaître le TEMI selon la législation de chaque pays.
54. Le TEMI du régime de droit commun de RDC est sensiblement plus élevé que celui des autres pays
africains comparables. Il est de 40.4 % pour une entreprise faiblement bénéficiaire (marge brute de 7,5 %) et
de 42.8 % pour une entreprise profitable (marge brute de 22 %). Cette charge fiscale est comparable à celle
du Tchad : 44,4 % et 44,8 % et bien supérieure à celle de la Côte d’Ivoire : 28,2 % et 31,1 %.
55. Le TEMI du code des investissements diffère selon la profitabilité de l’entreprise. Il passe de 26,2 %
pour une entreprise faiblement bénéficiaire à 15,5 % pour une entreprise très rentable (marge brute de
22 %). Le CI permet donc de réduire la charge fiscale de 14 points de pourcentage pour une entreprise peu
profitable et de plus de 27 points de pourcentage pour une entreprise très profitable. Le Graphique 3 permet
de constater que le CI améliore l’attractivité de la RDC en diminuant le TEMI, le plaçant en-dessous de ceux
résultant de régimes similaires au Cameroun, Congo, ou Mali par exemple. En revanche le TEMI de la RDC
reste supérieur à celui de la Côte d’Ivoire ou même du Tchad encore plus généreux dans ses exonérations.
56. Si le CI permet de réduire le TEMI, les incitations s’avèrent particulièrement mal conçues car elles sont
régressives. En effet, la différence de plus de 10 points de pourcentage entre les TEMI, selon la profitabilité
brute de l’entreprise, illustre la régressivité du régime dérogatoire du CI congolais : plus l’entreprise est
profitable, moins importante est sa charge fiscale relative. En d’autres termes, le régime fiscal actuel du CI
ne favorise pas les entreprises faiblement profitables, mais celles dont les marges sont plus importantes et
qui ont, par définition, le moins besoin d’incitations à l’investissement. Seuls le Sénégal et le Burkina Faso
ont des régimes fiscaux dérogatoires, régis par leur CI respectif, qui demeurent progressifs et qui taxent
relativement plus les entreprises les plus profitables.
24
Le report des déficits est limité à 5 années et celui des amortissements réputés différés est illimité.
25
Le taux de marge avant impôts est défini comme le rapport entre : le bénéfice brut annuel ou flux de trésorerie brut annuel (sans
impôts et sans amortissements) et le chiffre d’affaires annuel. Soit 79/1 050 = 7,5 % et 234/1 050 = 22,5 % environ.
27 |
Graphique 2 : Taux effectif moyen d’imposition du régime de droit commun en RDC
et dans certains pays africains francophones
50%
45%
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
C
re
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rk
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Bu
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C
Taux de marge avant impôts de 7,5 % Taux de marge avant impôts de 22,5 %
35%
30%
25%
20%
15%
10%
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Taux de marge avant impôts de 7,5 % Taux de marge avant impôts de 22,5 %
| 28
C. Analyse de l’écart fiscal de l’impôt sur les bénéfices
et les profits
57. L’analyse des données communiquées par la DGI révèle une forte augmentation des recettes de
l’IBP de 2014 à 2015. Celle-ci peut s’expliquer en partie par un relèvement du minimum fiscal. Le Graphique 4
présente la distribution des recettes de l’IBP par secteur. Le secteur pétrolier participe pour la moitié de ces
recettes, le secteur minier étant le second contributeur.
58. L’analyse des données détaillées fournies par la Direction des grandes entreprises (DGE) révèle
qu’en 2013, 581 sociétés étaient actives et 55 seulement avaient un taux de marge supérieur à 10 % et
payaient un IBP supérieur au minimum fiscal qui était alors de 0,1 % du chiffre d’affaires.
59. Une étude rigoureuse de l’écart fiscal en matière d’IBP nécessite des données qui ne sont pas
disponibles actuellement en RDC. L’estimation de la base taxable au titre de cet impôt supposerait de pouvoir
apprécier les bénéfices des entreprises congolaises. Celles-ci affichent des taux de marges anormalement
bas à l’exception des secteurs pétrolier et bancaire.
60. Les taux effectifs d’imposition se révèlent en moyenne largement supérieurs au taux statutaire de
35 %. La principale explication tient au taux de marge (revenu imposable/chiffre d’affaires) excessivement
faible, même dans des secteurs généralement largement bénéficiaires dans les autres pays africains comme
celui des télécommunications et à un impôt minimum assis sur le chiffre d’affaires (voir le Tableau 15). Les
secteurs pétrolier et bancaire font exception, avec des taux de marge respectifs de 25 % et de près de 13 %.
61. L’intégration des résultats des contrôles fiscaux et des redressements est nécessaire pour définir les
bénéfices taxables. Certains pays, comme la Grande-Bretagne, effectuent même des contrôles aléatoires afin
de déterminer la base taxable et de diminuer le risque de biais dans l’analyse économétrique. Une analyse
préliminaire serait néanmoins possible en rapprochant les données de la DGI de celles de l’INS. Cependant
comme pour la TVA, un alignement de la classification sectorielle des entreprises suivies par la DGI sur celle
employée par l’INS est un préalable indispensable.
62. La mission a supposé un taux de marge moyen de 5 % et 8 % du chiffre d’affaires pour tous les
secteurs économiques à l’exception des secteurs bancaire et pétrolier. Ces hypothèses pourront être
affinées en utilisant des bases de données internationales. Les simulations obtenues et présentées dans les
Tableaux 16 et 17 révèlent respectivement un écart fiscal de 43,3 milliards de CDF pour le taux de marge de
5 %, soit 10,5 % des recettes de l’IBP en 2013 et un écart de 208,6 milliards de CDF (50,5 % des recettes) si
la marge moyenne était de 8 %.
Graphique 4 :
Répartition de l’IBP
payé en 2015
29 |
| 30
Tableau 15 : Chiffres d`affaire, Bénéfice imposable et IBP en 2013 (milliards de CDF)
Agriculture et exploitations forestières 115,2 1,1 31,4 1,3 1,0 % 109,9 % 1,1 %
Banques et établissements financiers, assurance 601,6 77,6 18,1 28,2 12,9 % 36,4 % 4,7 %
Commerce général et import/export 1 236,0 27,1 7,1 12,0 2,2 % 44,2 % 1,0 %
Prestations de services et travaux immobiliers 2 760,5 103,1 89,3 42,6 3,7 % 41,4 % 1,5 %
Télécommunication et nouvelles technologies 1 045,2 0,6 261,2 10,0 0,1 % 1 592,1 % 1,0 %
Revenu Impôt dû
2013 CA imposable 5% (1) Ecart fiscal
Revenu Impôt dû
2013 CA imposable 8% (1) Ecart fiscal
26
26
Les écarts fiscaux négatifs pour les entreprises pétrolières et bancaires s’expliquent par l’agrégation au niveau sectoriel des revenus
imposables, ce qui entraîne une sous-estimation de la base taxable étant donné les pertes de certaines entreprises dans chaque secteur.
31 |
Conclusions :
»» Une analyse de l’écart fiscal de l’IBP nécessite une estimation de la base taxable qui semble particulièrement
difficile à déterminer dans le contexte congolais. A minima, elle impose un alignement souhaitable et
nécessaire pour d’autres impôts de la nomenclature sectorielle de la DGI avec celle définie par l’INS.
»» Un modèle a permis d’apprécier le taux effectif moyen d’imposition d’une entreprise type en RDC et
de le comparer avec d’autres pays de la région. Ce taux est plus élevé en RDC que dans les autres pays
africains.
»» Il apparaît en outre que les incitations du Code des investissements sont mal définies car elles favorisent
davantage les entreprises les plus rentables, donc celles qui auraient de toute façon investi en RDC,
comme l’atteste la régressivité du TEMI pour une entreprise éligible au Code des investissements.
»» À l’exception du secteur bancaire, les entreprises congolaises ont un taux de marge particulièrement
faible.
»» En supposant un taux de marge de 5 % et de 8 % pour tous les secteurs à l’exception des secteurs
pétrolier et bancaire, l’écart fiscal a été estimé pour 2013 à 43 milliards de CDF avec un taux de marge
de 5 % soit 10,5 % des recettes fiscales de cet impôt ou à 208 milliards de CDF avec un taux de marge
de 8 %. Une analyse plus fine pourra être menée en supposant des taux de marge différents selon les
secteurs.
»» L’absence d’un impôt sur les sociétés (IS) et l’absence d’un impôt spécifique sur les plus-values sont des
défaillances, qui contribuent à l’écart fiscal ou du moins à une moindre performance de la fiscalité directe
congolaise.
| 32
VI. L’ÉCART-FISCAL DE L’IMPÔT PROFESSIONNEL
SUR LES REVENUS (IPR)
64. L’IPR portant sur les salaires et les rémunérations est prélevé suivant un barème (modifié en 2013)
incluant dix taux, allant de 0 % pour les salaires inférieurs à 524 160 CDF à 40 % au-delà de 22 956 000
CDF. L’impôt total est toutefois limité à 30 % de la base imposable. Le taux de cet impôt est réduit de
2 % par personne à charge. Cependant, cette réduction ne s’applique pas à partir de la septième tranche
qui concerne les revenus compris entre 10 260 001 CDF et 13 908 000 CDF au taux de 32,5 %. La DGI a
néanmoins confirmé que l’application effective de l’IPR n’intégrait pas ces déductions et que l’IPR sur les
salaires était individualisé de ce fait.
65. Le personnel expatrié est taxé à un taux de 25 % au titre de l’impôt exceptionnel sur les rémunérations
du personnel expatrié (IER). Les rémunérations versées au personnel domestique et aux salariés des PME
soumises au régime de la patente sont taxées à un taux forfaitaire variant selon la localisation géographique.
9|
33
Tableau 18 : Répartition de la population active en RDC en 2012
Urbain hors
Kinshasa Kinshasa Rural Somme
Total formel 398 242 614 333 453 448 1 466 023
Informel non agricole 308 557 1 713 962 4 863 451 6 885 971
11 114 802
Urbain hors
RDC Kinshasa Kinshasa Rural
Administration 711,28 224,27 324,15 162,86
Informel non
2 594,04 652,94 1 219,28 721,82
agricole
67. À partir du Tableau Ressources-Emplois de l’INS pour l’année 2013, il est possible d’apprécier
la participation de chaque branche à la masse salariale taxable (voir le Tableau 20). La base imposable
(rémunérations des salariés) présentée dans le tableau emplois-ressources pour l’année 2013 serait de
3 727 milliards de CDF, soit supérieure de 1 004 milliards de CDF à la masse salariale captée par la DGI. Sous
l’hypothèse d’un taux d’imposition moyen inchangé, les recettes fiscales de l’IPR auraient été supérieures
de 196 milliards de CDF. Cette masse salariale taxable ne représente que 14 % de la valeur ajoutée, ce qui
est particulièrement faible d’après les normes internationales. Ainsi, un rapprochement avec les données
de Kankwaada et al. (voir le Tableau 19) et les observations d’autres pays devraient permettre de recalculer
la masse salariale et d’estimer l’écart fiscal en tenant compte de la masse salariale informelle. Cet exercice
devrait permettre d’estimer un écart fiscal bien plus important.
| 34
Tableau 20 : Salaires par branche d’activité en 2013 (millions CDF)
Part de la
rémunération des
Rémunérations Valeur Ajoutée salariés dans la
des salariés Brute valeur ajoutée brute
Agriculture vivrière 8 744 2 550 861 0,3 %
Agriculture industrielle et d’exportation 5 001 196 905 2,5 %
Elevage et chasse 7 040 219 073 3,2 %
Sylviculture, exploitation forestière 91 280 1 447 837 6,3 %
Pêche, pisciculture 19 366 254 735 7,6 %
Extraction 1 594 760 5 487 784 29,1 %
Industries de viandes et de poissons 12 451 490 217 2,5 %
Fabrication de corps gras 7 383 5 487 784 2,1 %
Travail de grains 6 219 446 706 1,4 %
Fabrication de produits alimentaires, à base de céréale 9 082 262 172 3,5 %
Fabrication de sucre, transformation thé, café 2 461 76 989 3,2 %
Autres industries alimentaires 5 647 31 324 18,0 %
Fabrication de boissons 2 798 105 616 2,6 %
Fabrication de produits à base de tabac 9 554 66 766 14,3 %
Fabrication de textile et d’article d’habillement 22 584 145 414 15,5 %
Travail du cuir 422 34 955 1,2 %
Travail du bois 14 703 19 980 73,6 %
Fabrication de papier, imprimerie, édition 4 123 15 155 27,2 %
Raffinerie de pétrole 864 9 147 9,4 %
Fabrication de produits chimiques 6 608 87 388 7,6 %
Fabrication de produits en caoutchouc ou en plastique 10 205 84 018 12,1 %
Fabrication de produits minéraux non métalliques 9 235 74 944 12,3 %
Métallurgie, fonderie 29 809 309 421 9,6 %
Fabrication machines, matériels 542 10 230 5,3 %
Installation médicale 24 383 6,3 %
Construction de matériel de transport 98 1 549 6,3 %
Fabrication de meubles 6 905 61 223 11,3 %
Production d’eau et d’électricité 71 681 198 868 36,0 %
Construction 128 801 1 567 693 8,2 %
Commerce 161 122 3 537 269 4,6 %
Réparation 1 734 76 599 2,3 %
Hôtels, bars et restaurant 31 999 151 170 21,2 %
Transports 185 888 2 526 677 7,4 %
Télécommunications 104 508 443 242 23,6 %
Activités financières 105 686 359 623 29,4 %
Activités immobilières 17 350 696 876 2,5 %
Services rendus aux entreprises 50 925 257 755 19,8 %
Activités d’administration publique 595 283 1 768 783 33,7 %
Education 297 604 804 865 37,0 %
Santé et action sociale 60 764 366 877 16,6 %
Activités à caractère collectif ou personnel 25 824 197 274 13,1 %
Somme 3 727 077 25 800 341 14,4 %
Salaire (DGI) 2 722 441
Ecart de la base 1 004 636
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VII. L’ÉCART DE RECETTES NON FISCALES
COLLECTÉES PAR LA DIRECTION GÉNÉRALE
DES RECETTES ADMINISTRATIVES,
JUDICIAIRES, DOMANIALES ET DE
PARTICIPATIONS
68. Comme indiqué dans la partie introductive du rapport, l’écart fiscal sur les recettes parafiscales n’a
pas été inclus dans l’étude et par conséquent le portefeuille de la DGRAD n’a pas été étudié. Toutefois, les
paragraphes suivants introduisent une approche de l’écart fiscal dans le domaine des recettes parafiscales,
et dans des études complémentaires faisant suite au présent rapport une estimation des pertes de recettes
fiscales et non fiscales en RDC pourrait intégrer le portefeuille géré par la DGRAD en particulier dans
l’industrie extractive.
69. Des écarts peuvent être constatés qui résultent, comme pour les écarts fiscaux, soit de mesures
dérogatoires (dépenses parafiscales), soit d’un défaut dans l’administration de ces prélèvements. Un
rapprochement avec des données de production des sociétés minières et pétrolières pourrait être réalisé.
70. Le tableau suivant présente les principales mesures dérogatoires dans des sources de dépenses
parafiscales que la DGRAD a identifiées et reprend certains éléments des dépenses fiscales déjà analysées.
71. À titre d’illustration de ce que pourrait être une estimation des dépenses fiscales et parafiscales
pour la DGRAD, le Tableau 21 présente les manques à gagner de deux mines d’or appartenant à la société
BANRO et bénéficiant d’un taux réduit de redevance minière (1 % au lieu des 2,5 % dans le Code minier).
Ces mines sont également exonérées d’autres impôts et taxes qui ne sont pas présentés ici. L’écart présenté
dans le Tableau 22 ne relève que de la politique fiscale au sens large (régime préférentiel) et ne reflète pas
l’éventuel écart d’ordre administratif qui pourrait relever d’une différence entre la production réelle d’or de
ces mines et celle appréciée par les services compétents27.
27
Une source d’information complémentaire qui pourrait être mobilisée pour une analyse des écarts dans ce cas particulier est le rapport
d’activité financière de la société canadienne et ses divers rapports techniques sur le site http://www.sedar.com.
9|
37
Tableau 21 : Exonérations identifiées par la DGRAD
Régime Exonérations
Code minier
Environnement Taxe d’Implantation
Taxe Rémunératoire Annuelle
Taxe de déboisement
Taxe de pollution
Taxe sur le contrôle des produits d’origine toxique,
Santé publique
soporifique et stupéfiante
Convention particulière
Banro corporation
Toute taxe et droit, à l’exception d’une redevance minière de 1 % et du
paiement des cartes de travail pour les étrangers
TFM
Droits et taxes sur les établissements classés dangereux, insalubres
ou incommodes, perçus par le Ministère de l’Environnement et
développement Taxe de contrôle des produits d’origine toxique,
soporifique et stupéfiante
Anvil mining
Taxes sur les produits pétroliers et énergétiques
Dividendes distribués aux actionnaires (marge distribuable)
SODIMICO
Tous les droits, taxes et redevances, excepté les droits superficiaires par
carré
Source : DGRAD
2014 2015
Redevance Redevance
Redevance théorique Redevance théorique
Mines payée (1 %) (2,5 %) Ecart payée (1 %) (2,5 %) Ecart
Conclusions:
»» L’estimation des dépenses fiscales et parafiscales par rapport à l’ensemble des exemptions identifiées
par la DGRAD (Tableau 22) semble très utile et pourrait être incluse dans des études complémentaires
faisant suite au présent rapport.
| 38
BIBLIOGRAPHIE
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démocratique du Congo, Aide-mémoire, Avril.
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d’assistance technique, Octobre. https://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2013/cr13314.pdf
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et conséquences. http://www.imf.org/external/french/np/pp/2013/012813af.pdf
G20, Options for Low Income Countries’Effective and Efficient Use of Tax Incentives for Investment.
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FERDI, Juin. http://www.ferdi.fr/fr/node/1603
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www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/469973/HMRC-Measuring-tax-
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résultats de la Phase 1 de l’enquête 1-2-3, Document de travail, DT/2014-23, DIAL.
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Codes des impôts et des douanes mis à jour. Kinshasa.
Report on Federal Tax Expenditures. Concepts, Estimates and Evaluations, Ministère des Finances,
Canada, 2016.
Union européenne, 2014, Tax Expenditures in direct taxation in EU Member States, EUROPEAN ECONOMY,
Publications occasionnelles 207.
9|
39
ANNEXE 1 : LES CODES ADDITIONNELS UTILISÉS
DANS SYDONIA
N° CODE LIBELLÉ
1 0 Régime commun
(continué)
9|
41
N° CODE LIBELLÉ
53 720 Echantillons
54 721 Courrier
57 750 Donations
| 42
N° CODE LIBELLÉ
76 940 Compensation
43 |
ANNEXE 2 : DÉTAIL DES RÉGIMES FISCAUX
ET DOUANIERS DÉROGATOIRES
Tableau A.2 : Régimes fiscaux et douaniers dérogatoires
Taux Taux
Régimes fiscaux Exonérations complètes Durée Dérogations réduit standard
Code minier
Loi n° 007/2002 portant Code Impôt sur les véhicules IBP (1) 30 % 35 %
minier Taxe spéciale de circulation routière Impôt sur les 10 % 20 %
dividendes
Décret n° 038/2003 portant Impôt mobilier des intérêts payés sur les IER (2) 10 % 25 %
règlement minier emprunts en devise faits à l’étranger
Régime fiscal des Associations sans but lucratif (ASBL) et des Etablissements d’utilité publique
Loi n° 004/2001 IBP
Impôt sur les revenus locatifs
Impôt foncier
Impôt sur les véhicules
Taxe spéciale de circulation routière.
9|
45
Tableau A.2 : Régimes fiscaux et douaniers dérogatoires (Suite)
Taux Taux
Régimes fiscaux Exonérations complètes Durée Dérogations réduit standard
Secteur agricole
Loi n° 11/022 du 24 décembre Impôt foncier IBP 20 % 35 %
2011 portant principes Impôt sur les véhicules
fondamentaux relatifs à Impôt sur le revenu professionnel de l’exploitant agricole familial
l’agriculture
Partenariat stratégique
Décret n° 13/049 du 06 octobre 2013
Suspension de TVA 4 ans
Amortissement dégressif des biens d’équipements, hors immeubles.
1 : Ces régimes correspondent a l’activité d’assemblage de pièces détachées (par exemple, motocyckette) en produits finis destinés a être
réexportés
Sources : DGI et DGDA
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Réponses de la DGDA et la DGI au sujet des dépenses fiscales
Exonérations douanières en vigueur, enregistrées régulièrement par la DGDA :
»» Les biens admis dans les projets agréés et approuvés dans le cadre du code des investissements ;
»» Les biens admis dans les projets des titulaires des droits miniers agréés et approuvés ;
»» Les biens importés dans le cadre des conventions minières ;
»» Les biens importés dans le cadre des conventions pétrolières ;
»» Les biens importés par les ONG, ASBL et autres établissements d’utilité publique agréés ;
»» Les biens importés dans le cadre des marchés publics à financement extérieur ;
»» Les équipements et matériels agricoles et autres intrants agricoles ;
»» Les biens admis en exonération de la TVA ;
»» Les matériels didactiques importés par les établissements d’enseignement ;
»» Les biens repris à l’article 339 du Code des douanes notamment les biens importés dans le cadre de
transfert de résidence, les échantillons sans valeur commerciale, les biens recueillis par voie de succession,
les cadeaux personnels, les dons, etc. ;
»» Les livres et autres périodiques à caractère culturel, scientifique ;
»» Les matériels de guerre destinés à la défense nationale et à la sécurité du territoire ;
»» Les biens importés dans le cadre des privilèges diplomatiques, consulaires et autres ;
»» Les biens importés dans le cadre des projets de coopération internationale ;
»» Les allégements fiscaux et douaniers accordés suite aux circonstances exceptionnelles ;
»» Les billets de banque, les équipements, les pièces de rechange ainsi que les intrants destinés exclusivement
à l’impression des billets de banque ;
»» Les marchandises importées par les boutiques hors-taxes.
L’Évaluation des dépenses fiscales pour la période sous examen (année 2015) se présente de la manière
suivante. Source : DGI.
Année 2015
»» Les exonérations accordées
»» IBP (Impôts sur les bénéfices et profits) 5 597 721 456,91 (1)
»» TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) 170 232 770 215,51 (2)
»» Prise en charge de la fiscalité indirecte 7 650 632 774,35 (3)
»» sur marchés publics à financement extérieur
»» Les taux réduits ou exonération partielle du taux applicable (Secteur minier)
»» IBP (soit une réduction de 5 % par rapport au taux de droit commun qui est de
35 % : 17 619 744 352 (4)
»» IM (Impôt mobilier) taux 10 %, soit une réduction par rapport au taux du droit commun qui est de
20 % : 1 355 087 340 (5)
»» IERE (Impôt exceptionnel sur les rémunérations des expatriés) taux de 10 % soit une réduction par
rapport au taux de droit commun qui est
»» de 25 % : 28 986 271 199 (6)
»» TOTAL = (1) + (2) + (3) + (4) + (5) + (6) = 231 442 227 337,77
47 |
ANNEXE 3 : D
ONNÉES ÉCONOMIQUES DE
L’ENTREPRISE REPRÉSENTATIVES POUR
LE CALCUL DU TAUX EFFECTIF MOYEN
D’IMPOSITION
La méthodologie est celle proposée par Djankov et al. (2010). Le bilan à l’ouverture de l’entreprise s’élève à
2503PNB/tête.
ACTIF PASSIF
Total 60 673PNB/tête
9|
49
Le compte de résultat de l’entreprise dégage, avant impôts et amortissements, un bénéfice comptable
annuel identique pendant 5 ans. Il s’établit à 79×PNB/tête lorsque le taux de marge avant impôts est de
7,5 % et à 2343PNB/tête lorsque le taux de marge avant impôts est de 22,5 %.
CHARGES PRODUITS
Impôts et taxes
Masse salariale
– Cadres : 93PNB/tête
– Secrétaires : 103PNB/tête
– Ouvriers : 483PNB/tête
Charges financières
– Charges financières : 5,53PNB/tête
Charges d’amortissement
28
28
Le coefficient 8753PNB/tête correspond au scénario du taux de marge avant impôts de 7,5 %. Il est réduit à 7203PNB/tête dans le cas
du scénario du taux de marge avant impôts de 22,5 %.
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ANNEXE 4 : S
OUS-ESTIMATION DE LA DÉPENSE
FISCALE—CAS DES IMPORTATIONS
PÉTROLIÈRES DU SECTEUR MINIER
Les données communiquées par la DGDA sur la consommation de produits pétroliers par les industries
extractives semblent très sous-estimées. Cela se traduit par une sous-estimation de la dépense fiscale
liée à la consommation de produits pétroliers par les entreprises minières. L’équipe a examiné plusieurs
autres sources de données qui ont validé l’hypothèse d’une sous-estimation de la consommation d’intrants
pétroliers par le secteur minier.
En effet, le Tableau Entrée-Sortie de 2013 montre une valeur des intrants pétroliers de 1 730,83 milliards
de CDF. Si on considère que les mines utilisent essentiellement du gasoil, et sachant que les produits pétroliers
raffinés en RDC sont importés, alors le montant mentionné ci-dessus devrait être taxé comme suit : 10 %
douanes + 25 % accises + 16 % TVA. Et comme les compagnies minières ne payent qu’un droit de douane de
3 %, le manque à gagner en droits de douane devrait être de 121 milliards de CDF, en droits d’accise de 433
milliards de CDF, et en TVA de 277 milliards de CDF. Ainsi, d’après le TES, le total du manque à gagner sur
les intrants pétroliers des miniers devrait donc être de l’ordre de 831 milliards de CDF en douanes, accises,
et TVA. Or les données de la DGDA sur les produits pétroliers sous le code 321 (Chapitre 27, Combustibles
Minéraux, Huile Minier) ne montrent que 154,43 milliards de CDF d’importations, moins d’1/10 de ce que nous
avons dans le TES, et le manque à gagner estimé sur la base de ce chiffre se limite à 38,62 milliards de CDF.
Ensuite, si dans le TES nous enlevons des consommations intermédiaires du secteur extractif le montant des
produits pétroliers et des services, nous obtenons 1432 milliards de CDF. Si nous enlevons des chiffres du tableau
5 sur les importations du secteur minier le Chapitre 27 sous le code 321, nous obtenons 1 519 milliards de CDF.
Les deux montants sont comparables et montrent encore une fois que la DGDA ne capte qu’une petite fraction
des importations pétrolières des miniers alors qu’elle capte tout ou l’essentiel de leurs autres importations.
Une autre indication sur la faiblesse des montants communiqués par la DGDA peut être tirée de la comparaison
sur des montants des importations de certaines entreprises au titre du Chapitre 27 et leur chiffre d’affaires.
Ainsi, d’après ces données de la DGDA, TFM, dont le chiffre d’affaires totalisait 1,59 milliards de dollars en
2013, n’aurait importé que 4,9 millions de dollars (4,47 milliards de CDF) au titre du Chapitre 27. De même,
KCC, et MUMI (groupe Glencore), avec un chiffre d’affaires de 3,2 milliards de dollars n’auraient importé que
6,4 millions de dollars (5,92 milliards de CDF) au titre du Chapitre 27.
Une quatrième et dernière indication est obtenue grâce aux chiffres de l’ITIE. En effet, d’après l’ITIE 2013, la
TVA remboursable pour les miniers s’élevait à 384,7 millions de dollars en 2013. Or si on prend les 277 milliards
de CDF de TVA calculés grâce au TES et si nous les ajoutons aux 78 milliards de CDF de dépenses fiscales
en TVA liées au Code minier mentionnées dans le Tableau 4, nous obtenons 355 milliards de CDF. Converti
en dollars, ce montant est alors équivalent au total de la TVA remboursable du secteur minier.
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51
21053