Problemes Economiques Et Sociaux
Problemes Economiques Et Sociaux
Problemes Economiques Et Sociaux
METHODOLOGIE DE LA DISSERTATIONS
Problèmes Économiques et Sociaux (PECOS)
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COURS DE PREPARATION A L’EPREUVE DU PECOS
Ce support de cours a été élaboré dans le cadre des cours de préparation au concours d’entrée a
l’École Nationale d’Administration (ENA) de Cote d’Ivoire. Il décrit succinctement la
méthodologie de la dissertation économique dans le cadre de l’épreuve de problèmes
économiques et sociaux (PECOS).
Cet exercice, récurrent dans les concours administratifs, a le mérite non seulement d’affiner les
capacités d’argumentation de l’candidat, mais aussi et surtout de jauger le niveau des
connaissances théoriques de ce dernier.
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CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE LA DISSERTATION ÉCONOMIQUE ?
Avant d’analyser les différentes techniques nécessaires pour faire une bonne dissertation, il est
important de définir la dissertation économique. Il apparaît également nécessaire de mettre en
évidence sa spécificité au regard de la largesse de la notion de la dissertation exploiter aussi dans
d’autres disciplines.
Disserter qui vient du mot « dissertare », signifie exposer, enchaîner à la file des raisonnements.
Disserter, c’est faire un développement sur une matière, une question, un ouvrage de l’esprit.Le
but de la dissertation est d’inciter le candidat à structurer une réflexion cohérente, écrite et
argumentée qui réponde à une problématique, en fonction de règles prédéfinies.
Structurer, car il faut suivre un découpage clair et progressif
Cohérente, car il faut que toutes les parties répondent à la problématique.
Écrite, car c’est en écrivant que l’on apprend à écrire, que ce soit sur le plan stylistique,
argumentatif, orthographique.
Argumentée, car chaque idée doit être développée, appuyée par un exemple, prouvée par
la démonstration, pour convaincre le lecteur.
Problématique, car il faut dégager un angle à partir du sujet donné.
Règles prédéfinies, car c’est un exercice académique, et pour que tout le monde soit
évaluable sur les mêmes critères, il faut que tout le monde les respecte.
En substance, la dissertation « est une démonstration rigoureuse, progressive et cohérente. Elle
opère à partir d’un problème préalablement défini, qui a été produit par un questionnement
pertinent de l’intitulé. Elle doit déboucher sur une réponse cohérente et claire à ce problème »
(Etienne et Revol, 1994, p. 7).
La dissertation économique est d’abord un exercice littéraire qui doit respecter les règles propres
à toute dissertation. Ensuite, c’est un exercice économique exigeant la rigueur scientifique de la
construction des savoirs telle que recommandée par la discipline économique. Enfin, bien
queressemblant formellementà la dissertation littéraire (introduction – développement –
conclusion), la dissertation économique reste un exercice spécifique. Alors que la dissertation
littéraire fait davantage appel à l’imaginaire,la dissertation économique opère une confrontation
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systématique des théories aux données empiriques et intègre données d’observation et
développements conceptuels. Cette dernière est une réponse ordonnée à une question ou à un
problème de nature économique, plus ou moins explicitement formulé dans l’intitulé. Cet
exercice nécessite la mobilisation de connaissances empiriques et théoriques, et leur agencement
de manière judicieuse. Il suppose que le candidat fasse un certain nombre d’opérations
spécifiques :
le repérage des principaux enjeux théoriques et conceptuels ;
la confrontation de points de vue et théories variés ;
l’analyse de la cohérence interne et externe de chaque théorie ;
la confrontation des différentes théories aux faits pour en vérifier la pertinence avec le
réel, ce qui suppose entre autres l’utilisation correcte d’instruments de mesure spécifique.
Le candidat doit prendre soin de ne pas confondre la dissertation économique avec un certain
nombre d’exercices tels que :
la récitation d’une question de cours proche de la question posée, ce à quoi les candidats
s’adonnent le plus souvent lorsqu’ils ont du mal à élaborer une problématique.
un exercice littéraire. Dans ce cas, les candidats cherchent à impressionner le correcteur
par un verbe plus ou moins enlevé sur le thème concerné.
une suite de connaissances collées les unes aux autres. L’candidat ne doit pas se contenter
seulement de rapporter des connaissances théoriques dans un semblant de « catalogues de
faits et de théories », mais de les rapporter à bon escient en les insérant dans un
raisonnement suivi.
un exercice d’érudition du concours d’agrégation. Mais, dans le contexte évoqué par ce
cours, l’candidat ne doit pas oublier l’essentiel à savoir la cohérence et la clarté de la
démonstration, quoique son niveau de connaissances soit également en jeu.
un simple exercice de sciences économiques : en plus d’étaler ses connaissances en
économie, le candidat doit mettre l’accent sur la qualité de synthèse et d’expression.
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Sujet 4 : l’impact de l’éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’initiative PPTE sur l’économie de
ce pays.
Malgré leurs différences, les deux épreuves ont des points communs dont les plus pertinents
sont :
Elles doivent être traitées de manière objective, neutre et avec un raisonnement logique
sans faire transparaître son appartenance politique, religieuse ou ethnique.
Elles se rejoignent également sur un autre point important, la recherche de l’information.
Le candidat peut retrouver ces informations dans les ouvrages, les documents proposés
par les enseignants, les revues spécialisées ou non qui traitent de façon scientifique des
problèmes qui ont un caractère socio-économique et qui font souvent l’actualité.
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Exemple : le document « perspective économique » produit par l’AFD propose une série
de données économiques sur les économies.
4. Sujetsanalytiques
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« démontrer-le », I. Dimension 1 de la relation
expliquer »ou (exemple : croissance et
« analyser ». pauvreté absolue)
II. Dimension 2 de la relation
(exemple : croissance et
pauvreté relative)
5. Sujetsde discussion
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Protection sociale = sécurité sociale et aide sociale
éviter d’étendre exagérément le champ du sujet
Exemple : « Activités extra-universitaires et Épanouissement des candidats dans les Universités
privées ».
L’candidat doit éviter de donner des exemples sur les universités publiques. Celles-ci ne sont pas
concernées par l’étude.
Éviter faire hors-sujet en confondant les termes voisins
Ce type d’erreur se glisse parfois subtilement dans l’analyse des candidats sans que ceux-ci ne
s’en rendent compte. Ils commettent ainsi l’erreur de confondre des concepts voisins, notamment
:
Accumulation et investissement
Désinflation et déflation
Dépression et récession
Efficience et efficacité
Pauvreté et inégalité
Endettement public et endettement extérieur
Équité et égalité
Croissance et développement
Économie informelle et économie souterraine
Dépréciation et dévaluation
Investissement productif et investissement de productivité
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thème central et les autres notions qui lui sont proches. L’introduction se rédige en un seul
bloc. Mais ce bloc se compose de plusieurs séquences.
Si dans chaque partie du développement il y a des sous-parties alors une phrase de
transition s’impose sans sauter de ligne.
La conclusion à l’instar de l’introduction se rédige en un seul bloc, composé de plusieurs
temps.
3. La gestion du temps
La gestion du temps est un élément crucial dans la rédaction d’un sujet de dissertation, et cela,
pour deux raisons :
une bonne maîtrise du temps évite au candidat de s’embrouiller
une rédaction sans toutes les parties achevées ne nous permet pas de prendre tous les
points pour réussir.
Le tableau ci-dessous nous donne un exemple de gestion du temps :
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CHAPITRE 4 QUELLE EST LA STRUCTURE TYPOGRAPHIQUE ET COMMENT
RÉDIGER SA DISSERTATION ?
Dans cette partie nous présentons d’abord la structure de la dissertation. Puis, la rédaction des
différentes parties sera exposée.
1. Présentation structurelle
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2. La rédaction de l’introduction
Une introduction a pour but de conduire (en latin : duco) à l’intérieur (intro) de la réflexion que
va développer l’candidat. Il s’agit d’expliciter la question posée tout en l’insérant dans une
problématique. L’un des principes élémentaires d’élaboration de l’introduction consiste à penser
à la conclusion dès la rédaction de l’introduction. L’introduction a trois fonctions principales :
présenter le sujet en posant clairement la question à résoudre ;
insérer cette question dans une problématique ;
annoncer les étapes qui serviront au plan.
L’introduction se compose en cinq temps (A.S.P.I.A.) :
L’accroche
La situation du sujet
La problématique
L’intérêt du sujet
L’annonce du plan
2.1. L’accroche
L’accroche constitue le premier contact entre le candidat et le correcteur. S’il n’est pas réussi
alors le candidat s’expose à une note qui ne sera pas de son goût. C’est pourquoi, il est bon de
rédiger l’accroche avec beaucoup de soin.Il existe six formes possibles d’accroches :
Actualiser le sujet
Si le sujet est très intemporel, le candidat pourra le rendre plus explicite en faisant saisir sa
modernité ou même son caractère d’actualité.
Exemple :pour actualiser un sujet sur « le rôle des inégalités sociales dans le développement
économique », le candidat pourrait mettre en relief le débat sur l’impôt sur les grandes fortunes,
où les uns dénoncent l’atteinte à l’outil de travail tandis que d’autres insistaient sur la nécessité en
période de chômage de faire contribuer les riches à la solidarité.
user d’une citation éclairante
Le candidat peut aisément d’un extrait habilement choisi dans les documents ou introduire le
sujet par la réflexion féconde d’un auteur.
cerner le sens des mots
Le candidat pourrait notamment commencer une introduction en explicitant largement les mots-
clés. En cas de controverse importante, les différentes Écoles de pensée s’opposent sur le sens des
mots. En effet, certains mots ont aussi plusieurs sens parfois assez éloignés les uns des autres
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(polysémie). Dans l’introduction, il est donc parfois nécessaire de lever les ambiguïtés et les
contradictions qui concernent le sens des mots-clés.
Exemple :l’expression de société de consommation peut être cernée selon deux approches. Selon
Rostow, elle représente le stade où l’essentiel des besoins fondamentaux sont satisfaits et où la
consommation se porte vers les services, l’hygiène, la santé, les loisirs, bref vers des besoins
tertiaires. Selon Marcuse, la société de consommation est un stade avancé de la société
marchande produisant des besoins artificiels pour écouler toujours plus de marchandises des
désirs par les publicitaires. Cette expression est associée à gaspillage et manipulation des désirs
par les publicitaires.
introduire par un débat contradictoire
L’introduction prépare la discussion qui doit être menée de façon vivante tout au long de la
dissertation.
Exemple :un sujet portant sur le sous-développement pourrait opposer d’une part le point de vue
tiers-mondiste qui fait de l’exploitation des richesses du sud par les pays développés, la source du
blocage de leur croissance économique, et d’autre part l’approche libérale de Rostow qui conçoit
le développement comme autant d’étapes qui mènent de la société traditionnelle à la société de
consommation de masse.
citer des faits et des exemples significatifs
Une introduction est d’autant mieux réussie que le candidat montre sa connaissance précise de la
réalité. Un exemple significatif, des faits parlants sont souvent une base de départ solide pour une
dissertation.
Exemple :commencer l’introduction d’un sujet sur les niveaux de développement par « le “niveau
de vie” d’un berger allemand des pays riches est dix fois plus élevés que celui d’un paysan
bangladeshi » pourrait être plus expressif pour un sujet relatif aux niveaux de développement.
révéler l’intérêt de la question posée et ses implications.
Quand le sujet est abstrait et théorique, le candidat a intérêt à montrer qu’il en voit les
implications pratiques.
Exemple : un sujet relatif à l’évolution des taux d’intérêts serait plus intéressant si le candidat
relie cette variable financière à la situation économique concrète en prenant des exemples
révélateurs, tels :
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Pour le tiers-monde : des intérêts élevés engendrent l’accroissement du poids de la dette,
l’impossibilité de rembourser sans mener des politiques d’austérité qui aggravent la faim
et réduisent l’investissement, clé de la compétitivité de demain.
Pour les pays développés : cela signifie le ralentissement de l’investissement rendu trop
coûteux par le prix du crédit. Dans le domaine de la construction, la conséquence sera une
baisse des effectifs du fait de mises en chantier moins nombreuses ; en effet, le
gonflement des intérêts diminue les moyens financiers des ménages acheteurs.
La plus usitée de toutes ces approches, notamment au concours de l’ENA, est celle qui cherche à
cerner le sens des mots. L’accroche se bâtit à partir des principaux mots-clés.
Exemple : La privatisation intervenue dans les années 90 a-t-elle réellement profitée à la
croissance économique ?
L’accroche se rédige en deux ou trois phrases au maximum. Elle a pour référence un des deux
mots-clés et le mot-clé retenu doit constituer le dernier mot de l’accroche. Les autres principaux
mots-clés doivent disparaître.
Exemple d’accroche : au lendemain des indépendances, la stratégie de la Côte d’Ivoire était basée
sur les sociétés d’état (SODE). Malheureusement, ces entreprises se sont illustrées par la
mauvaise gestion et de graves déficits budgétaires. Face à ces contre-performances économiques,
les institutions de Breton-Woods ont suggéré aux autorités ivoiriennes d’opter pour une stratégie
de privatisation.
2.3. La problématique
Le dictionnaire Robert défini la problématique comme « l’art de poser les problèmes ».
Problématiser revient donc à interroger le sujet (c’est-à-dire poser des questions pertinentes) pour
en faire surgir un ou plusieurs problèmes (c’est-à-dire faire émerger des débats féconds) que l’on
devra prendre soin de hiérarchiser et à articuler.
Qu’est-ce qu’un problème alors ?
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Un problème est une question que l’on se propose de résoudre, mais qui prête à discussion.
Contrairement aux autres parties de l’introduction, la problématique se rédige intégralement sous
forme interrogative. Elle se compose de la question centrale et des sous questions. Il y a autant de
sous-questions que des différentes parties dans le développement. Le candidat devra avoir à
l’esprit, la citation de Lévi-Strauss : « Le savant n’est pas celui qui donne les bonnes réponses,
mais celui qui pose les bonnes questions ».
Qu’est-ce qu’une bonne problématique ?
Plusieurs problématiques peuvent exister pour un même sujet. Le candidat devra baser son
raisonnement sur la triple tique « intelligence, ingéniosité et subtilité de la démarche
personnelle ». Il est certes difficile de définir une problématique « modèle », mais l’on peut
avancer quelques critères d’une bonne problématique :
Une bonne problématique est d’abord englobante
Il s’agit de traiter les principaux aspects du sujet tels qu’ils ressortent de l’analyse de l’énoncé.
Une problématique est partielle si elle aborde une partie du sujet, généralement ses aspects
périphériques.
Une bonne problématique est également actuelle
Elle prend en considération l’état le plus récent du débat théorique et des données empiriques.
Une bonne problématique est enfin féconde
La question centrale doit à elle seule regrouper les réponses des deux sous-questions. En
revanche, une sous-question devra être formulée de façon à ce que la réponse soit canalisée dans
un et un seul sens.
NB : La question centrale ne devra avoir aucun mot ou expression empruntée à l’énoncé.
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3. La rédaction de la conclusion
3.1. Le bilan
C’est une récapitulation de la démarche suivie et des conclusions partielles de chaque partie avec
une réponse claire à la problématique. Sans repartir dans des exemples, le candidat doit résumer à
grands traits le cheminement de sa pensée en répondant à sa problématique.
3.2. L’ouverture
Afin d’élever la réflexion, le candidat doit ouvrir le débat de façon pertinente, c’est-à-dire qu’il
peut relier le sujet à une autre problématique ou à des considérations actuelles.Le candidat devra
dans ce dernier temps de la conclusion, veiller à deux principes :
Il lui est demandé d’indiquer les limites du sujet, autrement dit, il met en exergue les
aspects que le sujet semble ignorer.
Le candidat termine sa dissertation en faisant partager au correcteur sa vision à long terme
du sujet.
Dans les classes antérieures, l’ouverture était facultative dans les dissertations. Dans les concours
administratifs, l’ouverture se présente comme une composante à part entière de la conclusion.
4. La rédaction du développement
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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