Bâtir Un Groupe de Prière Solide

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

Bâtir un Groupe de Prière Solide

Par René Jacob

Un groupe de prière, c’est un peu comme une maison en construction. Les fondations ont été
posées il y a quelque temps, et l’on s’est mis à bâtir. Mais comment? "Que chacun prenne
garde à la manière dont il bâtit, nous avertit l’apôtre Paul. De fondement, en effet, nul n’en peut
poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus-Christ. Que si, sur ce fondement, on
bâtit avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille, l’œuvre de
chacun deviendra manifeste. Le jour, en effet, le fera connaître, car il doit se révéler dans le
feu, et c’est ce feu qui éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun" (1 Cor. 3:10-13).

Souvent, hélas, les groupes de prière donnent l’impression de se construire avec du bois et de
la paille. Est-ce la faute du "berger" qui ne sait pas s’y prendre? Est-ce la faute des autres
membres du groupe qui ne comprennent rien? Peut-être, mais pas toujours. Le plus souvent,
ce sont les points fondamentaux, enseignés par l’Écriture, vécus dans l’expérience de tant de
communautés chrétiennes à travers les siècles, qui ne sont pas en place. Dès lors, il n’est pas
étonnant de voir des groupes ou des communautés hésiter, vaciller, et ne pas trouver leur
équilibre et leur maturité.

Les bases suivantes sont indispensables:

1. La conduite de la prière.

En circulant à droite et à gauche, on rencontre toutes les formes possibles, des plus
structurées aux plus filandreuses. Essayons de poser quelques jalons.

Puisqu’il s’agit d’un groupe ouvert au Saint-Esprit, la première règle sera la liberté: "là où est
I’Esprit, là est la liberté" (2 Cor. 3:17). Il faut donc refuser tous les moules dans lesquels
certains voudraient enfermer la prière, et être sans cesse attentifs au souffle de l’Esprit qui
peut tout bousculer à sa guise. Cette liberté ne sera pas caprice, mais elle tiendra compte des
points suivants:

• La place de la Parole de Dieu. La Parole de Dieu, la Bible, aura toujours une place, soit au
début, soit au milieu. Nous venons pour louer le Seigneur et pour l’écouter. Il nous parlera
peut-être par les frères, ou par telle ou telle prophétie. Mais il nous parle avant tout dans sa
Parole inspirée qu’est l’Écriture (cf. 2 Tim. 3:16). On ne tombera cependant pas dans l’excès
inverse: la prière n’est pas une étude biblique, et un texte digéré vaut mieux qu’une
accumulation informe.

• L’abandon de tout souci: Il est dit dans l’Écriture: "n’entretenez aucun souci" (Phil. 4:6). Or,
souvent, le poids de la semaine est là, et certains ne sont pas immédiatement disponibles pour
louer. Il peut être bon, en quelques minutes, que chacun dépose dans la prière ses
préoccupations du moment pour pouvoir mieux louer. Certains préfèrent attendre la fin de la
prière pour déposer tout cela, lorsque la louange aura déjà décanté beaucoup de choses. Il
paraît toutefois plus facile de déposer tous les soucis au début, de façon que la louange puisse
jaillir plus facilement.

• Au centre, la louange. Nous avons souvent beaucoup de mal à louer. L’Esprit vient nous
enseigner à tous la louange. C’est la prière de l’Apocalypse. Souvent, dans les groupes,
l’intercession risque de paralyser toute la prière, en ramenant la prière à notre niveau, en
prenant toute la place. D’ailleurs, la louange ne s’oppose pas à l’intercession, elle est le cri de
victoire de notre foi. Elle proclame la victoire du Christ dans toutes les circonstances. Au cœur
de la louange, beaucoup de choses se passent, sans que l’on fasse quoi que ce soit, parce
que "Dieu habite au milieu des louanges de son peuple" (Ps. 22:4).

• L’ABC de la prière. Cet adage du début du Réveil actuel est toujours valable. La prière doit
être: A=audible, B=brève, C=christique, c’est-à-dire orientée vers le Christ.

• Le fil rouge. À travers la louange, très vite un fil conducteur apparaît dans la prière (le "fil
rouge"), perçu souvent plus vite par le "berger". C’est son rôle de veiller à ce que l’assemblée
continue à suivre ce fil rouge indiqué par l’Esprit pour ce jour-là; s’il le faut, il ramènera
délicatement ou fermement les brebis qui s’égarent et qui risquent d’égarer le troupeau.

• Les charismes. Il faut laisser libre cours aux charismes. Bien sûr, que tout se passe dans
l’ordre (cf. 1 Cor. 14:40), mais l’ordre n’est pas la gendarmerie ou la dictature; c’est l’ordre du
discernement, où chaque chose est acceptée, discernée, à sa place. On n’oubliera pas que le
Saint-Esprit peut produire des choses tout à fait étonnantes, et l'on se gardera de condamner
avant d’avoir pris le temps de discerner. Il est bien connu que les groupes qui ont refusé
systématiquement le parler en langues, par exemple, comme d’ailleurs tous les autres
charismes, sont des groupes qui s’endorment, le Saint-Esprit allant chercher ailleurs des
instruments plus dociles. Mais les charismes ne peuvent se fabriquer! S’il n’y a pas de
charismes, nous ne pouvons que nous interroger sur notre abandon au Seigneur, et attendre
en priant l’heure de Dieu.

• Discernement et autorité. L’autorité n’est pas là pour conduire la prière. C’est le Saint-Esprit
qui doit la guider. Elle est là pour discerner, pour veiller au bon ordre et à l’unité, pour maintenir
le groupe dans la ligne voulue par l’Esprit. Si le groupe est docile à l’Esprit, le "berger" n’aura
presque rien à dire ce soir-là; si le groupe s’égare plus ou moins, il devra intervenir avec plus
ou moins de force. On se rappellera toujours que, pour que Dieu puisse donner des charismes
forts, l’autorité doit être équilibrée et bien en place.

2. La conversion.

Il nous faut prêcher l’inanité d’une vie sans Dieu, et la nécessité de la conversion, à ceux qui
sont loin de Dieu, mais aussi à ceux qui fréquentent assidûment nos églises. Et retrouver pour
cela le langage biblique. La conversion est la décision prise à l’âge adulte d’accepter Jésus
comme son Sauveur personnel, et de lui donner la direction de toute sa vie. Cette conversion
sera suivie de toute une vie de sanctification.

Il faut aussi savoir expliquer la conversion. La conversion comporte la repentance (cf. Luc
15:11-32) par laquelle je demande pardon au Christ de tous mes péchés. Elle se concrétise par
la coupure d’avec tout ce qui n’est pas dans l’ordre du Seigneur (cf. Actes 19:18-19): elle
s’achève par un changement radical de vie (cf. Luc 19:1-10). Pour faire comprendre ce qu’est
la conversion aux pratiquants réguliers, on pourra réfléchir avec eux sur Luc 14, versets 33,
puis 27, puis 26. Ces points bien concrets peuvent nous aider à vérifier dans nos propres vies
si la conversion est faite!

3. Baptême dans l’Esprit (ou effusion de I’Esprit).

Le Baptême dans l’Esprit est une grâce donnée par Dieu. Nous savons bien qu’il marque
l’entrée dans la vie charismatique. Avant, beaucoup de choses (parler en langues, louange,
prière longue et spontanée, etc.) nous semblaient difficiles à comprendre; après, tout devient
évident.

ll faut donc savoir expliquer ce qu’est le baptême dans l’Esprit. Il faut aussi témoigner des
changements survenus dans nos vies à la suite de l’effusion de l’Esprit, afin de pouvoir
proposer aux gens la même expérience.

Faut-il pour cela une préparation de plusieurs semaines? Nulle part dans la Bible il n’est
question d’une telle préparation. L’essentiel n’est pas de se préparer, mais d’avoir le cœur
disponible, ce qui est tout autre chose. Si quelqu’un est prêt à donner la direction de sa vie à
Jésus-Christ (qu’il soit pilier d’église ou grand pécheur), il est prêt à recevoir le Saint-Esprit.
Certains le sont immédiatement, d’autres ne le sont pas encore après deux ans de préparation.

En tout cas, dans les groupes, il faut parler du baptême dans l’Esprit (ou de l’effusion de
l’Esprit, peu importent les mots), et proposer cette expérience. Il est anormal qu’après deux
mois de présence dans un groupe, des gens n’aient pas eu d’explication à ce sujet, et qu’on ne
leur ait pas proposé de prier avec eux en ce sens.

4. La place de la Parole de Dieu.

La Bible doit devenir la boussole de nos groupes de prière.

Certains proposent de prier une demi-heure, puis d’ouvrir la Bible et de partager. Nous ne
pensons pas que ce soit la meilleure solution, car la prière n’a pas le temps de prendre son
essor. Quand des groupes de prière commençaient chez nous, nous leur avons toujours
proposé de commencer par une demi-heure de partage biblique, puis une heure de prière.
Nous avons vu des résultats solides.

Peu importe la façon concrète. L’important est que la Bible ait une bonne place dans la soirée,
pour s’appuyer dès le début du groupe sur l’essentiel: la Parole et la Prière (cf. Actes 6:4).

5. Une communauté d’amour.

Si le Seigneur nous a rassemblés par son Esprit, c’est pour que nous formions ensemble une
petite communauté d’amour. C’est l’enseignement très net de Actes 2:42, 4:32, 5:12. Dans
cette communauté, nous apprendrons le partage et le pardon, nous découvrirons l’amour de
Dieu qui est au-delà de toutes les barrières. Nous devrons parfois crier au Seigneur, mais nous
ne pourrons pas céder sur l’amour. Dieu veut entre nous une unité à l’image de celle de la
Trinité! Cet amour sera spirituel: le Seigneur nous conduira à avoir un cœur, une âme, à
marcher ensemble, à être unanimes… Cet amour nous conduira aussi à un partage matériel:
nous ne pourrons pas voir un de nos "frères" dans le besoin sans lui venir aussitôt en aide!

La question de la dîme va se poser. Il est bon d’avoir une boîte à chaque réunion de prière, où
chacun mettra ce que le Seigneur lui aura demandé. La dîme, bien connue de l’Ancienne
Alliance, ne semble pas avoir été abrogée sous la nouvelle. On n’oubliera pas que dans
l’Écriture, la dîme semble bien avoir une double destination: l’œuvre du Seigneur
(évangélisation, paroisses, stages de formation, missions, etc.), et l’aide aux frères dans le
besoin (dans la communauté et au dehors). C’est au groupe ensemble (et non au berger seul)
à décider la destination de cet argent. Le partage matériel vient vérifier l’authenticité de notre
partage spirituel.

À travers le partage matériel et l’union des cœurs, c’est à une communauté d’amour que nous
sommes appelés, à l’image des premiers chrétiens dont on disait – "voyez comme ils s’aiment,
et comme ils sont prêts à donner leur vie les uns pour les autres". Le Christ n’a-t-il pas prié:
"qu’ils soient un, afin que le monde croie" (Jean 17:21)?

6. Le témoignage, l’évangélisation.

Le Saint-Esprit nous est donné, non pas pour nous, mais pour le témoignage (cf. Luc 24:49;
Actes 1:8). Si on n’évangélise pas, on n’a plus rien à faire sur cette terre, puisque nous avons
tout reçu. Nous pouvons partir auprès du Seigneur! Si Dieu nous laisse sur la terre, c’est pour
annoncer la Bonne Nouvelle autour de nous.

Il faut donc vérifier si nous mettons les bonnes chaussures le matin, celles du zèle à annoncer
l’Évangile (Eph. 6:15). Il faut nous encourager les uns les autres à témoigner par notre vie et
par nos paroles. Cela deviendra peu à peu l’essentiel de nos partages dans le groupe: partager
les merveilles du Seigneur rencontrées au long de la semaine, partager les occasions de
témoigner, partager les ouvertures constatées et les conversions.

Et le groupe entier sera de temps en temps invité à évangéliser ensemble, par les moyens les
plus divers, comme les apôtres témoignaient parfois publiquement ensemble. Bien sûr après
avoir discerné ensemble ce que veut l’Esprit pour le groupe.

7. Les quatre piliers d’une vraie communauté chrétienne.

Au fur et à mesure de l’avancée du groupe, on sera attentif (le "berger" en particulier) à ce que
les quatre piliers indiqués dans la Parole, soient aussi solides les uns que les autres. Sinon, la
construction risque de pencher, voire de s’écrouler. Il n’y a pas besoin d’attendre des
prophéties pour cela, puisque Dieu nous a déjà parlé dans sa Parole: "lls étaient assidus à
l’enseignement des apôtres, au partage fraternel, à la fraction du pain, aux prières" (Actes
2:42).

a) L’enseignement des apôtres. On vérifiera si chacun se nourrit de la Parole de Dieu, et si la


Bible a bien sa place dans le groupe.

b) Le partage fraternel. On sera attentif à l’amour fraternel. Ce partage pourra nous conduire
loin. Car il y a dans la Parole de Dieu un véritable ferment révolutionnaire sur ce point (voir
chiffre 5 ci-dessus). Ce sera notre joie de le découvrir, et d’en vivre.

c) La fraction du pain. Ce mot désigne le repas du Seigneur. On veillera à ce que chacun aille
le dimanche se nourrir au repas du Seigneur dans son Église. Rappelons-nous bien que c’est
un des quatre piliers indispensables. Si certains ont du mal à comprendre la richesse du repas
du Seigneur, quelle occasion merveilleuse d’approfondir ensemble le sens de ce repas.

d) Les prières. La Bible emploie le mot au pluriel. La prière communautaire, et tous les autres
modes de prière: en petits groupes, en famille, en couple, et spécialement aussi la prière
personnelle. La vérification de la solidité de ces quatre piliers sera une des préoccupations
primordiales du "berger". Que ces quelques réflexions nous aident les uns les autres à vérifier
nos fondements et à nous mettre à se bâtir avec de l’or et des pierres précieuses la maison de
Dieu.

Vous aimerez peut-être aussi