Concepts Fondateurs de La Demarche Soignante

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Concepts fondateurs de la

démarche soignante :
Modèles et courants de pensée
(homme, santé, maladie, soin, dépendance,
autonomie,…)

IFSI Charles Foix Ivry-sur-Seine


Vendredi 9/09/2011
INTRODUCTION
• Qu’est-ce qu’un concept ?
Du lat. concipere : concevoir.
 Représentation mentale et abstraite, obtenue en
retenant les aspects essentiels de l’objet. (ie
désigner par l’abstraction et/ou imaginer ce qui n’est pas directement
perceptible)
 Une aide pour percevoir, une façon de concevoir.
 Concept = organiser, guider, désigner, prévoir.
+ définition d’un rapport spécifique à un objet
+ évolution dans le temps et dans l’espace (certains concepts ne sont
pas transposables)

PRECISIONS (en sciences humaines) : science et méthodes pour


caractériser/définir un concept, le « fait social », interroger la validité
des concepts à partir de contextes (déduction/induction)
La construction de concept, un outil de
la recherche
Exemple de la « compétence » appliqué aux propositions
de Lazarfeld (1901-1976) (de l’idée à
l’opérationnalisation des concepts).

1) Perception intuitive « représentation imagée du


concept ».
2) Spécification : découvrir les éléments, composants,
aspects caractéristiques du concept (souvent réunis
sous le terme : dimensions )
3) Trouver des indicateurs des dimensions retenues.
4) Formation d’indices.

Pour aller plus loin : réfléchir sur le référentiel des


compétences des IDE
Qu’est-ce qu’un modèle ?
• Représentation théorique, donc syn. de
« Théorie » recherche de modèle pour une
schématisation du réel (//concept)
Peut déboucher sur d’éventuels pronostics / scénarios
tendanciels.
• Modèle comme référence (motivation)
pour un individu ou d’un groupe dans un
domaine.
I. Modèles conceptuels et pratique infirmière
• La détermination des modèles
conceptuels permet de réfléchir et donner
du sens à la pratique.
• Un modèle de soins infirmiers (comme celui
de Virginia Henderson, par exemple) permet de
définir les conceptions professionnelles.

En quelque sorte, un modèle conceptuel permet


de répondre aux questions : qu’est qu’un(e) IDE,
quel est son rôle, qu’est-ce qu’un soin infirmier,
qu’est-ce qu’une démarche de soin infirmier, etc.
Le regard des sociologues sur le modèle
• Modèle nécessaire pour l’action.
• Modèle comme moyen, sujet et objet : moyen
pour atteindre un objectif, sujet parce qu’il
détermine la nature de l’action, objet comme
élément de l’environnement social.
• Pourquoi création de modèles : répondre,
opérationnaliser une démarche, s’adapter à de
nouvelles conditions, justifier l’existence.
• On peut analyser l’utilisation sociale des
modèles, leurs applications dans la réalité
sociale, dans des programmes, par les médias,
etc.
Boucle de développement de la science infirmière
Asclépios et Hygie ou Panacée
Stèle, Vème siècle av. (plus ancienne
représentation connue)
Des théoriciennes du soin
• Théories des soins infirmiers se rapportent à
des courants de pensée (scientifique et
philosophique).
• Elles permettent de donner une identité aux
soins infirmiers et une réflexion sur les pratiques
infirmières.
• Les théoriciennes du soin définissent, décrivent
et utilisent des concepts. Elles établissent donc
des modèles conceptuels qui contribuent à la
définition de la pratique infirmière et à une
reconnaissance de cette pratique.
• Bien entendu, ces modèles peuvent et doivent
être analysés, interprétés, et commentés…
II. Conception de l’homme dans les
soins infirmiers
Spécificités théories infirmières :
 définir l’homme à partir de la relation
soignant/soigné (bénéficiaire,
émetteur/récepteur, autonomie).
 envisager différentes dimensions :
biologique, psychologique, sociale,
culturelle.
 le situer comme vivant dans un milieu :
tenir compte de l’environnement.
Exemple de la vision globale de
Virginia Henderson (1897-1996)

Née au Kansas (USA)


1921 : Diplôme d’infirmières
Docteur Honoris causa de
l’université de Yale.

* Principes fondamentaux des


soins infirmiers, Conseil
international des infirmières,
1960.
* La nature des soins infirmiers,
1966
Pyramide de Maslow
• Abraham Maslow (1908-1970) /
psychologue d’approche humaniste,
connu pour sa conceptualisation des
besoins : la motivation des humains, leur
permettant de se réaliser va être liée à la
satisfaction de différents besoins.

[Humanisme : homme cherche son plein


épanouissement, l’aider à « se réaliser »]
Les cinq paliers de
la pyramide de Maslow
APPLICATION dans la démarche
de soin par HENDERSON
« Tout homme présente 14 besoins
fondamentaux, qui tend vers l’indépendance et
la désire et lorsqu’il l’a acquise, il fait tout en son
pouvoir pour la conserver. Il possède les
ressources pour accéder à l’indépendance.
C’est un être aux dimensions biologiques,
psychologiques, sociale, culturelles et
spirituelles. Ces dimensions forment un tout
indissociable, si l’on agit sur l’une d’elle, on
modifie le tout. L’individu n’est pas complet,
entier, indépendant si un besoin n’est pas
satisfait ».
D’où conception du rôle infirmier par Henderson
• Considérer l’ensemble des besoins et aider la personne
à y répondre.
« Les soins infirmiers consistent principalement à assister
l’individu, malade ou bien portant, dans les actes qui
contribuent au maintien de la santé et qu’il accomplirait
par lui-même s’il avait assez de force, de volonté ou de
savoir… »
• Les 14 besoins classifiés par Virginia Henderson sont
ordonnés par les professionnels de santé qui les utilisent
lors des soins.
• Sa vision est basée sur une approche conceptuelle
pragmatique.
• Elle souhaite réaliser grâce à ce modèle : la satisfaction
des besoins pour que le patient puisse être
suffisamment motivé pour se consacrer entièrement à
l’amélioration de son état.
Les besoins d’ordre physiologique :

1. Respirer
2. Boire et manger
3. Éliminer (urines et selles)
4. Se mouvoir, conserver une bonne posture et maintenir
une circulation sanguine adéquate.
5. Dormir et se reposer
6. Se vêtir et se dévêtir.
7. Maintenir la température de son corps dans les limites
normales.
8. Être propre et protéger ses téguments.
Les besoins de protection et de sécurité
9. Éviter les dangers (maintenir son intégrité physique et mentale).

Les besoins d’amour et d’appartenance


10. Communiquer avec ses semblables.
11. Agir selon ses croyances et ses valeurs.

Les besoins d’estime de soi


12. S’occuper en vue de se réaliser, de façon à se sentir utile.

L’Actualisation de ses besoins


13. Le besoin de se recréer et de se divertir.
14. Le besoin d’apprendre
D’autres exemples de conceptions
de l’homme
• Nancy ROPER (1918-2004) : la définition à
partir des activités humaines.
Toutes les activités de la vie peuvent se situer sur une
trajectoire dépendance – indépendance.
• Jean WATSON (1940-…) : une personne
comme entité vivante dans un environnement,
singulière (ne pouvant être comprise
totalement), avec un potentiel de connaissances
et d’expériences qui va influencer son
comportement et le sens qu’elle donne au
situation. (Caring)
III. Conception de la santé dans les
soins infirmiers
• Une définition complexe et subjective (cf.
prochain cours)
• Varie selon les cultures, les siècles, les groupes
sociaux, les individus, les connaissances
scientifiques/croyances.
• Liée aux conditions de vie
• Parfois, association santé/bonheur.
OMS : « un état complet »
Dico des soins infirmiers : « une dynamique »
• Définition de l’O.M.S. (1959) : la santé est un
état de complet bien être physique, mentale et
social, et ne consiste pas seulement à l’absence
de maladie et d’infirmité. La possession du
meilleur état de santé qu’il peut atteindre
constitue l’un des droits de tout être humain.

• Selon le dictionnaire des soins infirmier : la


santé est un état dynamique susceptible de
variations qui nécessitent une adaptation de
l’Homme à son environnement. Cet état le rend
apte à assurer les étapes de la vie, à en
affronter les agressions et à vivre en harmonie
avec lui-même et avec les autres.
Exemples de définition par théoriciennes
• Florence Nightingale (1820 - 1910)
L’absence de maladie et la capacité à utiliser pleinement
ses ressources définissent la santé.
Le maintien de la santé – un rôle féminin
Notes on nusing :What it is, and what it is not, New York, D.
Appleton and Company, 1860.
Trad. Préface :
«Toute femme, à un moment ou un autre de sa vie sera
chargée de la santé personnelle de quelqu'un. (…)
Chaque femme est une infirmière. Il existe un savoir ou
connaissance des soins infirmiers, ou en d'autres
termes, une manière de remettre la personne dans un
état tel qu'elle ne sera plus malade. Il est reconnu que
cette connaissance que chacun doit avoir est distincte
de la connaissance médicale… »
Callista ROY soeur (1914 - ?)

Née à Dallas
Début à 14 ans, dans un hôpital général
chargée du garde-manger.
Elle a obtenu un baccalauréat ès
arts avec une spécialité en sciences
infirmières au Collège Mount St-
Mary’s à Los Angeles

Développe son modèle à partir de 1964,


1970 publication.
Callista ROY : Théorie et concept
La santé et la maladie sont des dimensions
incontournables pour l’homme.
- Il est en interaction permanente avec un
environnement changeant ;
- Pour pouvoir y vivre en harmonie, il met
en place des processus d’adaptation.
- L’adaptation dépend du stimulus auquel
l’homme est exposé.
- Ce stimulus doit être suffisamment
efficace pour déclencher une réponse.
Callista ROY : Théorie et concept, suite

• But des soins infirmiers : promouvoir


l’adaptation que ce soit dans un contexte de
santé ou de maladie.
1) Évaluer les compétences du patient qui
influencent son niveau d’adaptation.
2) Aider l’être humain à utiliser des mécanismes
acquis et innés pour faire face aux
changements.
3) Permettre au patient de conserver son
énergie.
IV. Du concept de santé au
concept de maladie
• La définition de l’un par l’autre.
• La maladie à partir des représentations du corps
(du corps/individu ; du corps/social ; du
corps/environnement)
• Qu’elle est l’origine de la maladie : endogène ou
Exogène ? (CF. Claudine Herzlich Santé et
maladie : analyse d’une représentation sociale
de la santé )
• Les attitudes face à la maladie : maladie
destructrice, maladie libératrice, maladie
métier…
La rupture de l’équilibre :
le modèle holistique du Dr TRAVIS(1988)
« Il existe un continuum santé maladie, la maladie se
traduisant par la rupture multi causale de cet équilibre.
De ce fait, l’homme oscille en permanence sur ce
continuum ».

[Holiste : Holos (gr.) qui forme un tout. L’organisme (le groupe)


est une structure totale irréductible à la somme de ses
composantes. Ou (en anthropologie) la réalité socioculturelle
est considérée comme une totalité]

Soit : mettre en place une approche globale de la personne


de la maladie et de la thérapie apportée. En gardant à
l’esprit que tout équilibre est instable, précaire, propre à
chaque individu.
V. Qu’est-ce qu’un soin infirmier ?
• Cf. TD
• Une réponse qui se construit à partir des
théories et modèles.
• Fonction de l’histoire des pratiques
soignantes
• Lié au concept de « rôle » - les infirmières
vers le concept de « rôle propre »
Léonie Chaptal (1873-1935)
Elle prône l’autonomie
envers le corps médical.

L’enseignement repose sur la


personne souffrante et non
exclusivement la
pathologie:
« l’infirmière doit tout
savoir du patient et
non pas tout de la
maladie. La maladie est
la science du médecin,
la connaissance du
malade relève de la
compétence de
l’infirmière ».
• L’activité de l’infirmière/ier est définie et
segmentée par la juxtaposition de deux
rôles dominants :
Le rôle prescrit – induit par la prescription
médicale
Le rôle propre – fonction en autonomie
avec capacité de jugement et d’initiative,
dont la responsabilité est assumée.
Le soin une question de relation

Hildegard E. PEPLAU
(1909-1999)
Née en Pennsylvanie - États-Unis
d'Amérique .
Docteur en Éducation.
Travail comme infirmière à Reading.

* Son ouvrage principale s’appelle


« Relations interpersonnelles en soins
infirmiers » publié en 1952.
• Importance de la relation infirmière-patient dans
la pratique soignante.
• Elle exprime cette relation par un phénomène de
partenariat basé sur le give and take. C’est un
modèle qu’on qualifie d’interactionniste.
• Expérience partagée et participation du soigné.
• L’infirmière commence par « une impression »
quand elle est en contact avec un patient, il faut
qu’elle vérifie cette impression avec exactitude
grâce à un échange avec le patient. Elle peut
s’aider de l’anamnèse (du grec se souvenir)
c’est-à-dire retracer l’histoire particulière du
patient et de sa maladie avec lui.
Les étapes de la relation
infirmière – patient

par H.E. PEPLAU

1. L'étape d'orientation
2. L'étape d'identification
3. L'étape d'exploitation
4. L'étape de résolution
Rôles de l’infirmière
par H. E. PEPLAU
1. Le rôle de « personne étrangère »
2. Le rôle de personne ressource
3. Le rôle éducatif
4. Le rôle de leader
5. Le rôle de substitut maternel
6. Le rôle de conseillère, d'assistante
psychosociale
VI. Autonomie et dépendance au
cœur du concept de soin infirmier
• L’ensemble des soins dispensés permet de
compenser partiellement ou totalement un
manque ou une diminution d’autonomie de la
personne ou d’un groupe de personne. (= rôle
propre infirmier en France)
• Mais aussi idée, pour certaines théoriciennes,
que l’IDE ne se substitue pas mais aide l’individu
à être autonome // rôle éducatif.
Dorothea OREM (1914 – 2007)
Née à Baltimore
1930 : diplôme de l’école des
infirmière de Washington.
1945 : Maîtrise en sciences de
l'éducation à l'Université
catholique d'Amérique,
Washington.
1958 : Consultante pour le
bureau de l’éducation où elle a
commencé à développer sa
théorie de l’auto-soin.
1976 : doctorat honorifique
de l’université de
Georgestown.
Dorothea OREM : concepts et théories
• La théorie du « déficit d’auto-soin » :
1. Les groupes humains et individus tendent à avoir des
actions pour préserver la vie, la santé, le bien-être
c’est l’auto-soin.
2. Cet « auto-soin » répond à des nécessités
(universelles, de développement personnel ou de
réponses aux altérations de la santé).
3. Pour répondre à ces nécessités, les individus mettent
en place des capacités (connaissances relatives à la
santé, actions, etc.)
4. Le déficit apparaît quand cette capacité d’auto-soin
des personne se trouve limitée. C’est alors qu’un
recours aux soins infirmiers est nécessaire.
Dorothea OREM : concepts et théories
(suite)
• La théorie des soins infirmiers :
Pour Orem, la théorie doit expliquer comment les
infirmières doivent développer leurs
connaissances et leurs habiletés pour identifier
les exigences et les limites de l’auto-soin (//
démarche de soins infirmiers).
Elles doivent également s’adapter à l’autonomie
de leurs patients (entièrement compensatoire,
partiellement ou simple soutien/éducation.)
Il existe donc différents modes d’assistance :
donner directement des soins, orienter, soutenir,
procurer un environnement favorable,
enseigner,…
Dorothea OREM : Ouvrages
Conclusion
• LE SOIN une RELATION SOCIALE.
• Comprendre les concepts et les modèles pour construire
personnellement et professionnellement son propre rôle.

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