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Tirer le meilleur parti de

la Zone de libre-échange
continentale africaine
Tirer le meilleur parti de
la Zone de libre-échange
continentale africaine
Rôle du commerce et de l’investissement
direct étranger pour stimuler la
croissance et réduire la pauvreté
Roberto Echandi, Maryla Maliszewska
et Victor Steenbergen
© 2022 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale

1818 H Street NW, Washington, DC 20433

Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org

Certains droits réservés

1 2 3 4 25 24 23 22

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et Victor Steenbergen. 2022. Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine : rôle du com-
merce et de l’investissement direct étranger pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté. Washington, DC :
Banque mondiale. doi :10.1596/978-1-4648-1827-1. Licence : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO

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ISBN (papier) : 978-1-4648-1827-1

ISBN (électronique) : 978-1-4648-1845-5

DOI : 10.1596/978-1-4648-1827-1

Couverture et design intérieur : Melina Rose Yingling, Banque mondiale.

Numéro de contrôle de la Library of Congress : 2022936268


Contents

Avant-propos xi
Remerciements xv
À propos des auteurs xvii
À propos des contributeurs xix

RÉSUMÉ ANALYTIQUE 1
Référence 6

1 APERÇU GLOBAL 7
Introduction 7
Que Couvre La ZLECAf ? 8
Mesurer l’impact de la ZLECAf sur le commerce, la croissance et la réduction de la pauvreté 11
Valeur ajoutée et feuille de route du rapport 13
Notes 14
Références 14

2 ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES


DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 15
Messages clés 15
Évolution générale des ide avant la covid-19 15
Sources des ide en Afrique 18
Destinations des ide en Afrique 19
Ventilation sectorielle des ide en Afrique 21
Impacts de la COVID-19 23
Une plus grande participation aux chaînes de valeur régionales et mondiales peut attirer
davantage d’ide 26
La ZLECAf peut stimuler la participation aux chaînes de valeur régionales et mondiales. 30
Notes 35
Références 35

3 ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 37


Messages clés 37
Études antérieures concenant l’impact des accords commerciaux sur les flux d’ide 38

v
vi TIRER LE MEILLEUR PARTI DE LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE AFRICAINE

Effets potentiels de la ZLECAf sur les ide 41


Estimation de l’impact de la ZLECAf sur les ide à l’aide d’un modèle de gravité 44
Impacts de l’élargissement et de l’approfondissement de la ZLECAf sur le stock d’ide 53
Notes 61
Références 62

4 QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 67


Messages clés 67
Méthodologie et scénarios de la ZLECAf 68
Impact de la ZLECAf sur le revenu, le commerce et la production 72
Impact de la ZLECAf sur la pauvreté 86
Impact de la ZLECAf sur les emplois et les salaires 88
Notes 98
Références 100

5 MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN


DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 103
Messages clés 103
Introduction 103
Conclure avec succès les négociations de la ZLECAf 105
Engagement du secteur privé : accroître l’appropriation de la ZLECAf par les entreprises africaines 122
Intégrer la ZLECAf dans un écosystème national permettant de diversifier les modèles de
commerce et d’investissement 126
Vers un programme complémentaire de la ZLECAf 135
Notes 140
Références 142

ANNEXE A ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES FLUX


POTENTIELS D’IDE 147

ANNEXE B ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES RÉDUCTIONS DE


MNT INDUITES PAR LES ENGAGEMENTS PROFONDS EN MATIÈRE D’ACCORDS
COMMERCIAUX PRÉFÉRENTIELS 157

ANNEXE C AGRÉGATION GÉOGRAPHIQUE ET SECTORIELLE DANS LE MODÈLE EGC 155


Contents vii

BOXES
Encadré ES.1 Mesures visant à maximiser les avantages potentiels de la ZLECAf 3
Encadré 2.1 Comment l’intégration commerciale a aidé le Costa Rica à attirer des IDE et à se
diversifier en passant de l’agriculture à l’industrie et aux services high-tech. 27
Encadré 2.1 Comment l’intégration commerciale a aidé le Costa Rica à attirer des IDE et à se
diversifier en passant de l’agriculture à l’industrie et aux services high-tech (A continué) 28
Encadré 2.2 Les exportations du secteur éthiopien du textile et de l’habillement ont été
soutenues par les flux d’IDE 31
Encadré 3.1 Mesurer la portée et la profondeur potentielles de la ZLECAf 46
Encadré 4.1 Le modèle global d’équilibre général calculable ENVISAGE 68
Encadré 5.1 La Déclaration de Niamey sur la mise en œuvre de la facilitation des échanges 109
Encadré 5.2 Secrétariats d’intégration régionale réussis : principaux enseignements de l’expérience 136
Encadré 5.3 Services fournis par les secrétariats régionaux 137
Encadré 5.4 Principaux éléments d’un éventuel programme complémentaire de la ZLECAf 138

FIGURES
Figure 1.1 Calendrier de libéralisation tarifaire dans le cadre de la ZLECAf   10
Figure 1.2. Outils appliqués et scénarios analysés dans le rapport   12
Figure 2.1 Flux total d’IDE vers l’Afrique, 2000-2019   16
Figure 2.2 Stock total d’IDE en Afrique, 2002-2018   16
Figure 2.3 Projets d’IDE Greenfield en Afrique, 2003-2019   17
Figure 2.4 Fusions et acquisitions ciblant l’Afrique, 2000-2019   17
Figure 2.5 Part du stock d’IDE en Afrique, par région source, 2002-2018   18
Figure 2.6 Valeur du stock d’IDE en Afrique, par région source, 2002-2018   19
Figure 2.7 IDE intra-africain, par sous-région source, 2002-2018   19
Figure 2.8 Stock d’IDE dans les sous-régions africaines, 2002-2018   20
Figure 2.9 Flux d’IDE, par sous-région africaine, 2000-2018   20
Figure 2.10 Projets Greenfield financés par les IDE par secteur, 2003-2007   21
Figure 2.11 Projets Greenfield financés par les IDE par secteur, 2015-2019   22
Figure 2.12 Impact de la COVID-19 sur les flux trimestriels d’IDE vers l’Afrique, 2015-2020   23
Figure 2.13 Impact de la COVID-19 sur les projets Greenfield financés par les IDE en Afrique,
2015-2020  24
Figure 2.14 Impact de la COVID-19 sur les opérations de fusion et acquisition ciblant l’Afrique,
2015-2020  25
Figure 2.15 Part des filiales africaines de multinationales au troisième trimestre 2020
s’attendant à ce que leur propriétaire étranger modifie ses investissements dans
leur pays d’accueil   25
Figure 2.16 Corrélation entre la centralité des CMV des pays et la centralité de leurs IDE   27
Figure B2.1.1 Flux d’investissements directs étrangers et croissance des exportations du Costa
Rica, 1994-2018   28
Figure 2.17 Participation aux CVM et flux entrants d’IDE par région, 2000-2018   29
Figure B2.2.1 Afflux d’investissements directs étrangers et croissance des exportations en
Éthiopie, 2006-2018   31
viii TIRER LE MEILLEUR PARTI DE LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE AFRICAINE

Figure 2.18 Échanges commerciaux de chaînes de valeur : mondiales par rapport à régionales,
par région, 1990-2015   32
Figure 3.1 Estimation de la variation des investissements intra-africains Greenfield due au
scénario de la ZLECAf par rapport au scénario de base en 2018   43
Figure 3.2 Réseau d’accords commerciaux préférentiels en Afrique en 2017   45
Figure 3.3 Stock d’IDE de toutes les économies africaines : 2017, et simulations ZLECAf en 2017   55
Figure 3.4 Changement du stock net d’IDE par rapport au niveau de référence de 2017, par
groupe d’intégration de l’ACPr acquis.   56
Figure 3.5 Stock net d’IDE, par groupe d’intégration de l’ACPr acquis : base de référence 2017
et simulations de la ZLECAf   56
Figure 3.6 Stock net d’IDE vers l’Afrique en provenance du reste du monde, par région
d’origine, 2017.   57
Figure 4.1 Gains de revenus réels dans le cadre du scénario sur les échanges de la ZLECAf par
rapport au scénario de base, par pays et par type de réforme politique, 2035   73
Figure 4.3 Variation du revenu réel et choc des IDE, scénario général de la ZLECAf sur les IDE 2035   77
Figure 4.4 Variation du revenu réel et choc des IDE, scénario approfondi de la ZLECAf sur les
IDE, 2035   77
Figure 4.5 Variation du revenu réel et réduction des coûts commerciaux, scénario approfondi
de la ZLECAf sur les IDE, 2035   78
Figure 4.6 Impact sur le volume des exportations par rapport au scénario de base, 2035   79
Figure 4.7 Impact sur le volume des importations par rapport au scénario de base, 2035   80
Figure 4.8 Exportations à partir de la régions de la ZLECAf, par secteur et destination, par
rapport au scénario de base, 2035   80
Figure 4.9 Importations dans la région de la ZLECAf par secteur et par source par rapport au
scénario de base, 2035   81
Figure 4.10 Impact du scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE sur le commerce par
rapport au scénario de base, par secteur, 2035   82
Figure 4.11 Changement sectoriel de la production de la région de la ZLECAf dans le cadre des
scénarios général et approfondi de la ZLECAf sur les IDE par rapport au scénario sur
les échanges de la ZLECAf, 2035   85
Figure 4.12 Personnes vivant dans l’extrême pauvreté, par scénario (membres de la ZLECAf)   86
Figure 4.13 Variation de l’emploi par secteur en 2035 dans le cadre du scénario approfondi la
ZLECAf sur les IDE et part de l’emploi des femmes   93
Figure 4.14 Variation de l’emploi par secteur en 2035 dans le cadre du scénario approfondi de
la ZLECAf sur les IDE et part de l’emploi non qualifié   94
Figure 4.15 Impact sur les salaires dans le cadre du du scénario sur les échangesde la ZLECAF,
et des scénarios général et approfondi de la ZLECAF,, par sexe et niveau de
qualification, 2035   95
Figure 4.16 Impact sur les salaires dans le cadre du scénario général des IDE de la ZLECAf, par
région et par sexe et niveau de qualification, 2035   95
Figure 4.17 Impact sur les salaires dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf,
par région et par sexe et niveau de qualification, 2035   96
Figure 5.1 Maximiser les avantages potentiels de la ZLECAf : une perspective
multidimensionnelle  104
Figure 5.2 Impact sur les investissements directs étrangers des risques politiques découlant du
comportement des gouvernements, 2017   112
Figure B.1 Moyennes équivalentes ad valorem de la réduction des coûts des MNTinduite par
les ACPr   163
Contents ix

CARTES
Carte 1.1 Ratification de la ZLECAf en février 2022 8
Carte 3.1 Intégration des ACPr acquis de la ZLECAf 52
Carte 3.2 Changements dans les flux d’IDE entrants, par pays, à partir de la ZLECAf 58
Carte 3.3 Changements dans les flux d’IDE sortants, par pays, à partir de la ZLECAf 59
Carte 5.1 L’importance de la facilitation des échanges dans la ZLECAf : épaisseur des frontières
bilatérales, moyennes de 2015-2018 109
Carte 5.2 Afrique : exemples de perceptions des risques par les investisseurs du secteur privé,
août 2021 114
Carte 5.3 Statut des régimes de concurrence des pays africains, juillet 2020 119

TABLES
Tableau B3.1.1 Niveau d’intégration des ACPr en 2017 et intégration des ACPr acquis de la ZLECAf 46
Tableau 3.2 Évolution du stock d’IDE bilatéral, par type de paire de pays, à partir des
simulations de la ZLECAf, 2017 57
Tableau 4.1 Scénarios simulés à l’aide du modèle EGC ENVISAGE 70
Figure 4.2 Impact du scénario sur les échanges de la ZLECAf sur le commerce par rapport au
scénario de base, par secteur, 2035 74
Tableau 4.2 Variation du revenu réel par pays : pourcentage de changement par rapport au
scénario de base, 2035 76
Tableau 4.3 Évolution des exportations, des importations et de la production, par secteur 83
Tableau 4.4 Scénario approfondi de la ZLECAf : création d’emplois dans les secteurs en expansion 89
Tableau 4.5 Scénario approfondi de la ZLECAf : gains salariaux par compétence et par sexe, par
pays 97
Tableau 5.1 Typologie des politiques visant à encourager la valeur ajoutée nationale 134
Tableau 5.2 Mythes et réalités sur le contenu local 134
Tableau A.1 Coefficients liés à l’ACPr issus de la spécification économétrique de gravité 150
Tableau A.2 Estimation de l’évolution du stock d’IDE entrants en 2035, par économie 151
Tableau A.3 Estimation de l’évolution du stock d’IDE sortants en 2035, par économie 154
Tableau B.1 Réductions moyennes des coûts des MNT induites par la ZLECAf dans le cadre du
scénario approfondi sur les IDE 160
Tableau C. 1 Concordance régionale de GTAP 155
Tableau C.2 Concordance des secteurs GTAP 158
Avant-propos

L’Afrique est sous les feux de la rampe. La création de la zone de libre-échange continen-
tale africaine (ZLECAf) promet de faire du continent un acteur moderne, industrialisé,
soudé et influent sur la scène mondiale. Une Afrique moderne – qui n’épuiserait plus
ses richesses minérales pour les exporter vers les marchés étrangers, mais industrialise-
rait ses économies, stimulerait l’esprit d’entreprise de sa jeunesse en plein essor et don-
nerait à ses habitants la possibilité de vivre une vie meilleure – est un rêve dont l’heure
est venue. La ZLECAf vise à utiliser le commerce comme un moteur de croissance et de
développement durable en stimulant le commerce intra-africain. La ZLECAf est plus
qu’un engagement àéliminer les droits de douane, réduire les formalités administratives
ou simplifier les contrôles douaniers. Il s’agit d’une occasion unique de créer un marché
intégré à l’échelle du continent et d’une étape essentielle pour construire « l’Afrique que
nous voulons », conformément aux aspirations de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Le document intitulé « Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continen-
tale africaine : rôle du commerce et de l’investissement direct étranger pour stimuler la
croissance et réduire la pauvreté » met en évidence les moyens permettant d’accroître
la prospérité de l’Afrique grâce à la coopération économique plus étroite promise par
la ZLECAf. Il évalue les avantages économiques et sociaux potentiels de la zone de
libre-échange en termes de stimulation du commerce, d’attraction des investissements
directs étrangers (IDE), de participation accrue aux chaînes de valeur mondiales, d’ac-
célération de la croissance économique, de réduction de la pauvreté et d’augmentation
de la prospérité partagée. Le rapport examine l’économie politique de la réussite et les
étapes nécessaires pour que la promesse de la ZLECAf devienne une réalité.

xi
xii Avant-propos

L’intégration profonde que promet la ZLECAf renforcera la résilience aux chocs et


jouera un rôle essentiel dans la réduction des obstacles qui entravent actuellement la
croissance économique. L’accord établissant la zone de libre-échange continentale afri-
caine, s’il est pleinement mis en œuvre, facilitera la circulation des biens, des services
et des investissements sur un marché de plus de 1,3 milliard de personnes. La mise en
place de règles claires devrait favoriser l’esprit d’entreprise et les investissements trans-
frontaliers, et garantir un fonctionnement équitable et efficace des marchés. La crois-
sance des emplois et des revenus qui en résulterait pourrait sortir jusqu’à 50 millions de
personnes de l’extrême pauvreté d’ici 2035, ce qui permettrait de compenser une partie
des dommages causés par la pandémie de COVID-19.
L’Afrique a déjà tenté par le passé l’intégration régionale - de nombreux accords
couvrent actuellement différentes sous-régions. Ce qui distingue la ZLECAf, c’est la
profondeur de la volonté politique, la couverture géographique et politique, et l’articu-
lation de toutes les communautés économiques régionales existantes sous un seul cadre
général normatif avec un mécanisme de règlement des différends pour assurer le res-
pect et l’application des engagements pris. Il s’agit d’un engagement capital, qui indique
que chaque État membre est effectivement prêt à adopter un système international de
commerce et d’investissement fondé sur des règles.
La plupart des pays africains doivent sortir du cadre restreint de leur marché
intérieur pour développer leur économie et aider leur population à générer de meil-
leurs revenus. Le commerce avec les voisins devrait assurer certaines des meilleures
perspectives de croissance économique grâce à leur proximité. Pourtant, les pays
africains commercent actuellement davantage avec le monde extérieur qu’entre eux.
En fait, les frontières intrarégionales de l’Afrique sont parmi les plus restrictives au
monde si l’on considère le coût du commerce transfrontalier. Ces coûts résultent
généralement de procédures réglementaires contraignantes et de la faiblesse des
infrastructures, des transports et de la logistique. Leur réduction encouragerait les
flux de biens, de services, de capitaux et de personnes qui sont si essentiels au déve-
loppement. La ZLECAf exige des pays qu’ils coopèrent pour simplifier et harmoniser
les procédures de commerce et de transit, et qu’ils mettent en place des structures
et des processus institutionnels permettant de surveiller l’élimination des obstacles
au commerce. Les gains de revenus résultant des seules mesures de facilitation des
échanges pourraient s’élever à 292 milliards de dollars d’ici 2035, selon les estima-
tions du présent rapport.
Un marché consolidé pour l’Afrique, avec un abaissement des barrières d’entrée et
une plus grande convergence réglementaire, est également susceptible d’attirer les inves-
tissements étrangers du continent et du reste du monde. Les investissements directs
étrangers permettraient, ensuite, de créer des emplois et d’attirer des technologies et
des compétences avancées. S’ils sont bien gérés, les investissements étrangers peuvent
renforcer les capacités locales et créer les liens qui aident les pays à s’intégrer dans les
chaînes de valeur régionales et mondiales. En orientant les IDE vers la fabrication et
Avant-propos xiii

les services orientés vers l’exportation, et en créant des activités en amont de la chaîne
de valeur, l’Afrique pourrait réduire sa dépendance à l’égard des exportations de res-
sources naturelles et sa vulnérabilité aux fluctuations des prix des produits de base.
Le présent rapport montre qu’un accroissement des IDE obtenu par une intégration
approfondie pourrait augmenter les exportations de l’Afrique de 32 % d’ici à 2035, les
exportations intra-africaines augmentant de 109 %, en particulier dans les secteurs des
produits manufacturés.
Néanmoins, on ne saurait considérer que les avantages de la ZLECAf sont automa-
tiques. Les États parties doivent adopter des mesures concrètes pour surmonter les défis
et les risques importants, et mettre en œuvre des réformes de politique intérieure. La
ZLECAf permettra de créer des emplois mieux rémunérés et de meilleure qualité. Mais
les gains de la libéralisation du commerce risquent de n’être pas partagés de manière
égale par tous les secteurs de la société. Les responsables politiques devront surveiller
attentivement les effets distributifs de la ZLECAf – dans les secteurs et les pays, entre
les travailleurs qualifiés et non qualifiés et entre les hommes et les femmes. Cela les
aidera à concevoir des politiques qui réduisent les coûts de changement d’emploi et
fournissent des programmes de protection sociale efficaces là où ils sont le plus néces-
saires. S’ils ne le font pas, ils risquent de subir le contre-coup de la mondialisation
auquel nous assistons depuis quelques années.
Les pays doivent maintenant prendre des engagements spécifiques dans le cadre
des instruments juridiques de la ZLECAf qu’ils ont acceptés. D’autres aspects impor-
tants de l’accord, notamment l’investissement, les droits de propriété intellectuelle, la
politique de concurrence, le commerce numérique, ainsi que la place des femmes et
les jeunes dans le commerce, sont encore en cours de négociation. La ZLECAf ne peut
se limiter à un dialogue au niveau politique. Au fur et à mesure que les négociations
progressent, il sera vital de susciter le soutien du public et de la base. Les États parties
doivent s’engager auprès d’une grande partie de la communauté des affaires, dans tous
les secteurs - y compris les micros, petites et moyennes entreprises – à chaque étape des
négociations et de la mise en œuvre. La participation de la communauté des affaires
aidera les petites entreprises à utiliser efficacement la ZLECAf pour générer des oppor-
tunités économiques et des emplois.
En effet, le succès des négociations est une première étape cruciale. Le contenu, la
structure et la profondeur de l’engagement dans chaque domaine sont essentiels pour
concrétiser les aspirations. Toutefois, pour réussir, il faudra se montrer plus ambitieux
que la simple adoption d’un texte comprenant des normes et des disciplines. Les États
parties doivent accepter d’intégrer dans l’accord de la ZLECAf des dispositions qui
favorisent la compétitivité de l’Afrique, envoyant ainsi les bons signaux aux entrepre-
neurs et aux investisseurs. Pour que la promesse de l’accord de la ZLECAf devienne
une réalité, il est crucial de soutenir un secrétariat permanent, expert et indépendant.
Un secrétariat solide peut aider les pouvoirs publics à mettre en place des institutions
nationales robustes pour administrer, surveiller et appliquer la ZLECAf.
xiv Avant-propos

L’heure du changement a sonné. Les anciens paradigmes de développement n’ont


pas fonctionné pour l’Afrique. La ZLECAf témoigne que l’Afrique est ouverte à l’en-
trepreneuriat. Alors que le reste du monde est en proie à l’incertitude et à la tentation
du protectionnisme commercial depuis quelques années, l’Afrique va de l’avant et a
officiellement commencé à commercer sous le régime de la ZLECAf au début de 2021.

Ferid Belhaj Ousmane Diagana Hafez M. H. Wamkele Mene


Vice-président Vice-président Ghanem Secrétaire général,
pour le Moyen- pour l’Afrique Vice-président Secrétariat
Orient et l’Afrique occidentale et pour l’Afrique de la Zone de
du Nord, centrale, orientale et libre-échange
Groupe de la Groupe de la australe, continentale
Banque mondiale Banque mondiale Groupe de la africaine
Banque mondiale
Remerciements

La préparation de ce rapport a été dirigée par Roberto Echandi (économiste principal,


Groupe de la Banque mondiale), Maryla Maliszewska (spécialiste du commerce mon-
dial, Groupe de la Banque mondiale) et Victor Steenbergen (économiste, Groupe de
la Banque mondiale). L’équipe élargie comprend Valentino Desilvestro (World Trade
Institute [WTI]), Carmen Estrades (professeure, université de la République, Uruguay),
Octavio Fernández-Amador (WTI), Joseph Francois (WTI), Sui Man Tam (consultant,
Groupe de la Banque mondiale), Eloise Obadia (consultante, Groupe de la Banque
mondiale), Israel Osorio Rodarte (économiste, Groupe de la Banque mondiale), Hugo
Alexander Rojas-Romagosa (économiste senior, Groupe de la Banque mondiale),
Maria Filipa Seara e Pereira (consultant, Groupe de la Banque mondiale), Brody Viney
(consultant, Groupe de la Banque mondiale) et Achim Vogt (WTI). Le rapport a été
édité par Mohini Datt (consultante, Groupe de la Banque mondiale) et Paul Gallagher
(consultant, Groupe de la Banque mondiale). Mohini Datt, Pratyush Dubey (consul-
tant, Groupe de la Banque mondiale) et Chris Wellisz (consultant, Groupe de la Banque
mondiale) ont contribué à la stratégie et au matériel de communication.
Ce rapport a été réalisé par l’unité « Commerce mondial et intégration régionale »
et l’unité « Investissement climatique mondial », en étroite collaboration avec le Bureau
de l’Économiste en chef, région Afrique de la Banque mondiale, l’unité « Intégration
régionale en Afrique » de la Banque mondiale, la Commission de l’Union africaine et
le Secrétariat permanent de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Mona Haddad, directrice mondiale, Antonio Nucifora, responsable de Pôle à la Banque
mondiale, Boutheina Germazi, directrice de l’intégration régionale en Afrique, et
Albert Zeufack, économiste en chef de la région Afrique, ont fourni des conseils et
assuré la supervision. Nous remercions Prudence Sebahizi (conseillère technique en
chef de la ZLECAf et responsable de l’Unité d’appui aux négociations de la ZLECAf)
pour ses conseils et son soutien dans ce travail.
Sylvie Nenonene (responsable principale des affaires extérieures, Groupe de la
Banque mondiale), Elizabeth Price (responsable principale des affaires extérieures,
Groupe de la Banque mondiale) et Nandita Roy (responsable des affaires extérieures,
Groupe de la Banque mondiale) ont dirigé la stratégie de communication. Tous les
documents, données et blogs finalisés ont été publiés sur le site Internet de la Banque
xv
xvi Remerciements

mondiale, créé et mis à jour par Melissa Knutson (consultante, Groupe de la Banque
mondiale).
L’équipe tient à remercier les pairs examinateurs pour leurs excellents commentaires
et suggestions : Woubet Kassa (analyste de recherche, Groupe de la Banque mondiale),
Yan Liu (économiste, Groupe de la Banque mondiale), Vijay Pillai (conseiller, Groupe
de la Banque mondiale), Sebastian Saez (économiste principal, Groupe de la Banque
mondiale) et Theo Thomas (responsable de Pôle, Groupe de la Banque mondiale).
De nombreux collègues, à l’intérieur et à l’extérieur du Groupe de la Banque mon-
diale, ont apporté des suggestions et des contributions utiles à différents stades, notam-
ment Paul Brenton, Michael J. Ferrantino, Nadia P. Rocha Gaffurri, Peter Kusek, Ivan
Nimac, Michele Ruta et Dominique van der Mensbrugghe (directeur du Projet d’ana-
lyse du commerce mondial).
Melina Rose Yingling a conçu la couverture et les pages intérieures. Sherrie Brown
et Honora Mara ont relu et corrigé le texte. Amy Lynn Grossman a géré le processus
de publication. Orlando Mota était le coordinateur de la conversion des documents
imprimés et électroniques.
L’équipe remercie également Cynthia Abidin-Saurman, Tanya Cubbins, Victoria
Fofanah, Aidara Janulaityte et Flavia Nahmias da Silva Gomes à Washington, DC, pour
leur aide dans la préparation de ce rapport et leur soutien au projet.
À propos des auteurs

Roberto Echandi est spécialiste du commerce mondial au sein du département


Macroéconomie, Commerce et Investissement de la Banque mondiale. Son pro-
gramme de travail actuel est axé sur la recherche et le conseil sur des questions liées au
commerce transfrontalier des services ; la négociation, la mise en œuvre et l’optimisa-
tion des avantages potentiels des accords commerciaux d’intégration profonde ; et le
processus de négociation et de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale
africaine. Avant de rejoindre l’unité commerciale de la Banque mondiale, il était res-
ponsable mondial de la politique et de la promotion de l’investissement au sein du Pôle
Commerce et Compétitivité. Il a également été directeur du programme sur l’investis-
sement international au World Trade Institute (WTI) de l’université de Berne, ambas-
sadeur du Costa Rica auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg,
et négociateur de divers accords internationaux sur le commerce et l’investissement
avec les États-Unis, l’Union européenne, le Canada et divers pays d’Amérique latine et
d’Asie. Il a également été chargé des affaires juridiques au secrétariat de l’organe d’appel
de l’Organisation mondiale du commerce. Il est enseignant en Master en études avan-
cées de droit international et économie du WTI et membre du comité de rédaction du
Journal of World Investment and Trade. Il est titulaire d’un doctorat de l’université de
Berne en Suisse, d’un MPhil de l’université d’Oxford au Royaume-Uni, d’un LLM de
l’université du Michigan à Ann Arbor et d’un diplôme de droit de l’université du Costa
Rica.
Maryla Maliszewska est économiste senior au sein du Pôle mondial Macroéconomie,
Commerce et Investissement de la Banque mondiale. Elle travaille sur divers aspects
de la politique commerciale et de l’intégration régionale, avec un accent particulier
sur les répercussions du commerce sur la pauvreté et la distribution des revenus. Son
domaine d’expertise couvre les analyses globales des changements structurels et démo-
graphiques, les pandémies, les politiques d’atténuation du changement climatique et la
politique commerciale à l’aide de modèles d’équilibre général calculable. Elle a contri-
bué aux analyses qui composent plusieurs publications de la Banque mondiale et a
publié des articles dans des revues à comité de lecture. Auparavant, elle a été chargée
de recherche au Centre de recherche sociale et économique de Varsovie et conseillère

xvii
xviii À propos des auteurs

auprès de la Banque nationale de Roumanie. Elle est titulaire d’un doctorat de l’univer-
sité du Sussex à Brighton, au Royaume-Uni, et d’une maîtrise en économie internatio-
nale de l’université du Sussex et de l’université de Varsovie, en Pologne.
Victor Steenbergen est économiste à l’Unité « Investissements climatiques » de la
Banque mondiale. Il est économiste du développement et possède une expérience de
la recherche et de l’analyse quantitative des politiques, notamment en matière d’inves-
tissement direct étranger, de commerce et de politique fiscale. Avant de rejoindre la
Banque mondiale, il a également fourni une assistance technique à plus long terme aux
gouvernements du Malawi, du Mexique, du Nigeria et du Rwanda. Il est titulaire d’une
maîtrise en administration publique et économie du développement de la London
School of Economics.
À propos
des contributeurs

Valentino Desilvestro est doctorant en économie au World Trade Institute de l’univer-


sité de Berne. Dans ses recherches, il étudie l’effet des accords d’intégration économique
sur les investissements internationaux et les chaînes de valeur mondiales. Ancien élève
du programme suisse Gerzensee pour les doctorants débutants en économie, il est
titulaire d’un MSc en économie internationale et politique économique de l’université
Goethe de Francfort et d’un BSc en gestion et économie internationale de l’université
Otto von Guericke de Magdebourg. Il a également étudié à l’université de Perpignan et
à Sciences Po, Paris.

Carmen Estrades est professeure associée à l’université de la République, en Uruguay.


Elle a collaboré en tant que consultante pour la Banque mondiale pendant plus de
10 ans dans des projets liés à la politique commerciale, aux accords commerciaux et
aux réformes fiscales. Elle est titulaire d’un doctorat en économie de l’université de
Bordeaux, en France. Elle possède une grande expérience des modèles d’équilibre géné-
ral calculable, principalement appliqués à l’analyse des politiques commerciales. Elle
est également chargée de recherche au Partenariat pour la politique économique et
membre du système national de recherche en Uruguay.
Octavio Fernández-Amador est chercheur principal au World Trade Institute de l’uni-
versité de Berne. Il est titulaire d’un doctorat en économie de l’université d’Innsbruck
et d’un diplôme en économie de l’université de Séville. Ses recherches portent sur l’éco-
nométrie appliquée, l’économie internationale, la macroéconomie et les aspects empi-
riques de la croissance durable.
Joseph Francois est directeur général et professeur d’économie au World Trade
Institute de l’université de Berne. Il est membre du Centre for Economic Policy
Research (Londres), directeur du European Trade Study Group et de l’Institute for
International and Development Economics, chercheur principal à l’Institut d’études
économiques internationales de Vienne et membre du conseil d’administration du
Global Trade Analysis Project (Projet d’analyse globale du commerce international). Il

xix
xx À propos des contributeurs

est corédacteur de la revue World Trade Review et fait partie du comité de rédaction du
Journal of Global Economic Analysis. Ses recherches actuelles portent sur les chaînes de
production transfrontalières et l’emploi, la mondialisation et les inégalités, la modélisa-
tion informatique de l’équilibre partiel et général de la politique économique, les liens
entre la politique commerciale et la durabilité, ainsi que l’estimation et l’inférence au
sein de grands systèmes non linéaires (tels que les modèles économétriques d’équilibre
général multisectoriel à grande échelle).
Israel Osorio Rodarte est économiste au sein de l’unité Commerce et intégration
régionale de la Banque mondiale. Il totalise plus de 10 ans d’expérience dans le domaine
du développement international, notamment dans les domaines de la diversification
économique, du changement structurel et de l’analyse distributive des politiques
commerciales et macroéconomiques. Avant de rejoindre la Banque mondiale, il a été
consultant pour des groupes de réflexion et des organisations internationales, comme
l’Institut allemand de développement, l’Organisation de coopération et de développe-
ment économiques, les Nations unies et la Banque interaméricaine de développement.
Ses recherches universitaires ont été publiées dans la Review of Development Economics,
le Journal of Policy Modeling, le Journal of African Economies et World Development,
ainsi que dans plusieurs publications phares de la Banque mondiale. Il est titulaire
d’une maîtrise en économie et politique publique de l’université de Georgetown et du
Tecnológico de Monterrey.
Maria Filipa Seara e Pereira est consultante au sein de l’unité Commerce et intégra-
tion régionale de la Banque mondiale. Elle travaille principalement sur les thèmes du
commerce international et du développement international, notamment sur la modé-
lisation, la politique commerciale et les effets distributifs du commerce et des chaînes
de valeur mondiales. Elle a participé à plusieurs publications de la Banque mondiale,
dont le Rapport 2020 sur le développement dans le monde : le commerce au service du
développement à l’ère de la mondialisation des chaînes de valeur et le « Western Balkans
Regular Economic Report ». Avant de rejoindre la Banque mondiale, elle a travaillé pour
l’ambassade du Portugal aux États-Unis en tant qu’assistante de recherche en affaires
économiques, et elle y a suivi l’accord de partenariat transatlantique de commerce et
d’investissement et plusieurs affaires antidumping. Elle est titulaire d’un master en
politique et pratique internationales avec une spécialisation en économie et commerce
international de l’université George Washington et d’un master en sciences politiques
de l’université catholique du Portugal.
Achim Vogt est doctorant en économie au World Trade Institute de l’université de Berne,
où il travaille sur les mesures non tarifaires et les accords commerciaux préférentiels.
Auparavant, il a travaillé pour le cabinet de conseil économique Ecorys Netherlands,
réalisant principalement des évaluations d’impact des politiques liées au commerce. Il
est titulaire d’une double licence en administration des affaires internationales et en
économie internationale, et d’un master en économie et logistique maritimes.
Résumé analytique

La création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre une


occasion unique de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et de diminuer la
dépendance de l’Afrique à l’égard du cycle conjoncturel des produits de base. Un rap-
port de la Banque mondiale (2020) estime que la ZLECAf a le potentiel d’augmenter
les revenus du continent de 7 % d’ici 2035 et de sortir 40 millions de personnes de leurs
conditions d’extrême pauvreté, principalement en stimulant le commerce intrarégional
(appelé « scénario de la ZLECAf sur les échanges » dans le cadre de cette analyse). La
réduction des barrières non tarifaires sur les biens et les services et l’amélioration des
mesures de facilitation du commerce représenteront environ deux tiers des 450 mil-
liards de dollars de gains potentiels en termes de revenus. En supprimant les longs
délais d’attente à la plupart des frontières du continent et en réduisant les coûts de mise
en conformité dans le secteur du commerce, ces mesures permettront aux entreprises
africaines de s’intégrer plus facilement dans les chaînes d’approvisionnement régio-
nales et mondiales.
Le présent rapport s’appuie sur cette étude de 2020 et met en avant les gains poten-
tiels découlant d’une augmentation des flux d’investissements directs étrangers (IDE)
– le « scénario général de la ZLECAf sur les IDE », et d’une intégration plus profonde
qui dépasse le simple commerce – le « scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE ».
Les IDE sont traditionnellement faibles en Afrique. La ZLECAf est susceptible d’attirer
les investissements transfrontaliers en éliminant les barrières tarifaires et non tarifaires,
et en remplaçant la mosaïque existante d’accords commerciaux bilatéraux et régio-
naux par un marché unique et unifié. Les investisseurs présents dans l’un des 55 pays
membres auront accès à un continent de 1,3 milliard d’habitants dont le PIB combiné
s’élève à 3 400 milliards de dollars. L’intégration dans les chaînes de valeur mondiales
et régionales constitue un facteur supplémentaire permettant d’attirer les IDE et les
emplois, les investissements et le savoir-faire que les IDE apportent.
La prise en compte de l’impact de la ZLECAf sur les IDE et des effets d’une intégra-
tion renforcée (au-delà du commerce) élargit encore les bénéfices de la création d’un
marché à l’échelle du continent. Le scénario global de la ZLECAf sur les IDE intègre
les avantages prévus d’une augmentation des IDE. L’abaissement des barrières à l’en-
trée et l’harmonisation des réglementations entre les pays devraient attirer davantage

1
2 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

d’investissements transfrontaliers, et favoriser l’augmentation des gains de revenu en


Afrique d’environ 8 % d’ici 2035. Le « scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE »
simule la réalisation de gains supplémentaires si les membres élargissent l’accord pour
harmoniser les politiques en matière d’investissement, de concurrence, de commerce
électronique et de droits de propriété intellectuelle. Une intégration plus poussée dans
ces domaines permettrait de créer des marchés équitables et efficaces, d’améliorer la
compétitivité et d’attirer de nouveaux flux d’IDE en réduisant les risques politiques
et réglementaires et en renforçant la confiance des investisseurs. Le scénario appro-
fondi de la ZLECAf sur les IDE augmenterait les gains de revenu au niveau continental
jusqu’à 9 % d’ici 2035.
L’Afrique pourrait enregistrer une hausse des IDE de 111 % dans le scénario global
et de 159 % dans le scénario approfondi, résultant d’une combinaison de l’augmenta-
tion prévue des IDE intra-africains – 54 % (scénario général de la ZLECAf sur les IDE)
et 68 % (scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE), et de l’augmentation des flux
d’IDE du reste du monde vers l’Afrique – 86 % (scénario général de la ZLECAf sur les
IDE) et 122 % (scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE). L’Europe devrait repré-
senter la majeure partie (60 %) de l’apport accru d’IDE en Afrique, suivie par l’Asie,
l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Les économies les moins intégrées d’Afrique
devraient être les plus grands bénéficiaires en termes relatifs.
Les structures sectorielles du commerce et de la production changent considéra-
blement dans les deux scénarios qui développent l’intégration des entreprises dans les
chaînes de valeur régionales. Les exportations de textiles et de vêtements, de produits
chimiques, de produits en caoutchouc et en plastique, et de produits alimentaires trans-
formés augmentent le plus dans le scénario de la ZLECAf sur les échanges. Dans le
cadre du scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE, les exportations de certains
secteurs bénéficient d’une incitation supplémentaire. Pour les services de transport,
les aliments transformés, les produits en bois et en papier, les produits chimiques, en
caoutchouc et en plastique, et les produits du pétrole et du charbon, l’augmentation
supplémentaire des exportations est corrélée à la baisse des coûts du commerce. Pour
les produits manufacturés à forte intensité énergétique, les combustibles fossiles et les
services de communication, la hausse supplémentaire des exportations est liée à l’aug-
mentation des IDE dans ces secteurs à forte intensité de capital.
Dans le scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE, c’est la production des
secteurs à forte intensité de capital et des secteurs bénéficiant de l’augmentation de la
demande intérieure qui augmente le plus. La hausse des IDE entraîne un développement
accru de la production dans les secteurs de la construction, des produits manufacturés
à forte intensité énergétique, des services de communication et des services d’assurance
dans le scénario global de la ZLECAf sur les IDE. La baisse des coûts commerciaux
déclenche un développement des services de transport et des produits du pétrole et
du charbon dans le scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE. Dans l’ensemble,
plusieurs secteurs de services se développent dans le cadre du scénario approfondi de
RÉSUMÉ ANALYTIQUE 3

la ZLECAf sur les IDE, y compris le transport aérien et l’hôtellerie, soutenant ainsi la
reprise de ces secteurs durement touchés par la COVID-19 (le coronavirus).
Les femmes et les travailleurs qualifiés sont susceptibles de bénéficier des gains
salariaux les plus importants grâce à l’accord commercial. Les salaires des femmes
devraient être supérieurs de 11,2 % en 2035, et ceux des hommes de 9,8 %. Les scé-
narios général et approfondi devraient entraîner des augmentations de salaires encore
plus importantes, mais avec des différences régionales. En Afrique centrale, les salaires
des femmes pourraient progresser à un rythme plus rapide que celui des hommes dans
un contexte d’expansion de l’industrie manufacturière à forte intensité énergétique qui
emploie un pourcentage relativement élevé de travailleurs salariés féminins. En Afrique
australe, les salaires des hommes augmentent davantage parce que l’industrie manufac-
turière et la construction, deux secteurs à prédominance masculine, sont parmi ceux
qui devraient connaître la plus forte expansion. En Afrique centrale, en Afrique du
Nord et en Afrique de l’Ouest, la croissance des salaires des travailleurs qualifiés devrait
être plus élevée que celle des travailleurs non qualifiés. En Afrique de l’Est, où l’agricul-
ture et la construction se développent le plus, et en Afrique australe, où la croissance
concerne principalement l’industrie manufacturière et la construction, les salaires des
travailleurs non qualifiés augmentent davantage.

Encadré ES.1 Mesures visant à maximiser les avantages potentiels de la ZLECAf

Le succès des négociations est crucial. Le contenu, la structure et la profondeur des engagements
dans chaque domaine seront essentiels pour concrétiser les aspirations de la Zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECAf). Les priorités suggérées dans chaque domaine sont les suivantes :

Commerce de marchandises

• Tarifs douaniers : maintenir l’engagement de réexaminer les 3 % de lignes tarifaires actuellement


exclues de la libéralisation.
• Règles d’origine : envisager d’autoriser l’auto-certification par les exportateurs prêts à assumer
le risque financier des irrégularités.
• Facilitation des échanges : honorer intégralement les engagements et se mettre d’accord sur
les règles modernes.

Commerce des services

• S’engager à mettre en place une structure ambitieuse, à souscrire des engagements ambitieux
et à rendre des comptes.
• Publier des audits qui identifient les obstacles réglementaires au commerce des services.
• Lier la réglementation en vigueur : s’engager à ne pas créer de nouvelles barrières au commerce
des services pendant le processus de libéralisation progressive, au moins dans les cinq secteurs
prioritaires – services commerciaux, de communication, financiers, de transport et de tourisme.

(L’encadré continue à la page suivante)


4 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Encadré ES.1 Mesures visant à maximiser les avantages potentiels de la ZLECAf (a continué)

Politique d’investissement

• S’accorder sur des règles et des des engagements transparents, précises et applicables qui
augmentent la crédibilité et la prévisibilité de l’action administrative.
• Promouvoir des moyens de règlement des différends à l’amiable pour traiter les griefs entre
investisseurs et États.

Protection de la propriété intellectuelle

• Simplifier les différentes approches réglementaires actuelles des membres (certaines sont liés
par l’Accord sur l’Organisation mondiale du commerce sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce, d’autres par différents traités multilatéraux et
bilatéraux) en adoptant une approche unique.
• Étendre la protection aux produits et domaines naissants (indications géographiques;
connaissances traditionnelles).

Politique en matière de concurrence

• Tisser les cadres nationaux et régionaux actuellement fragmentés et qui se chevauchent en


un cadre normatif cohérent, en tirant éventuellement des enseignements des méga-accords
commerciaux régionaux existants tels que l’Accord global et progressif pour le Partenariat
Trans-Pacifique.

Commerce électronique (commerce numérique)

• Réaliser le potentiel et l’opportunité unique de consensus en établissant une position commune.


• Tirer les leçons des questions numériques couvertes par d’autres accords commerciaux
approfondis et s’attaquer aux obstacles habituels au commerce électronique (par exemple, les
coûts de transport, l’infrastructure postale, le régime fiscal, la localisation et la confidentialité
des données, etc.)
Engager plus profondément une grande partie du secteur privé dans le processus de mise en
vigueur de la ZLECAf. L’adhésion du secteur privé et l’utilisation efficace de la ZLECAf seront crucia-
les pour réaliser son potentiel de création d’emplois. Ainsi, divers segments du secteur privé africain
doivent être profondément engagés dans les processus de négociation et de mise en œuvre. Ces
processus doivent être inclusifs (par secteur et par taille d’entreprise), être consultatifs à chaque
étape des discussions, et laisser la place au leadership de la base. Les étapes spécifiques pourraient
être les suivantes :
• Concevoir des politiques ciblées, complémentaires et spécifiques à chaque pays qui peuvent
favoriser l’accès aux marchés d’exportation pour les petites et moyennes entreprises qui ne sont
pas sûres de pouvoir bénéficier de l’accord.
• Encourager le secrétariat, les communautés économiques régionales ou les partenaires
internationaux à fournir une aide technique supplémentaire aux pays à faible revenu.

(L’encadré continue à la page suivante)


RÉSUMÉ ANALYTIQUE 5

Encadré ES.1 Mesures visant à maximiser les avantages potentiels de la ZLECAf (a continué)

• Profiter des consultations avec les parties prenantes pour expliquer comment la ZLECAf
fonctionnera dans la pratique, et comment les exportateurs, les importateurs et les investisseurs
peuvent tirer parti des dispositions de l’accord.
Promouvoir un environnement favorable en matière de politique commerciale et d’investisse-
ment afin d’attirer des investissements directs étrangers (IDE) orientés vers l’exportation dans de
nouveaux secteurs manufacturiers et de services, susceptibles de relier les entreprises aux chaînes
de valeur régionales et mondiales et faire accéder progressivement les personnes à des emplois à
plus forte valeur ajoutée. La ZLECAf pourrait aider l’Afrique à diversifier le type d’IDE qu’elle attire,
en s’éloignant des IDE historiques axés essentiellement sur les ressources naturelles pour s’orienter
vers des IDE tournés vers l’exportation dans les secteurs de la fabrication et des services. Cette
réorientation réduirait ainsi sa vulnérabilité face aux cycles d’expansion et de contraction des pro-
duits de base. Les mesures visant à faciliter cette évolution sont les suivantes :
• Effectuer une analyse complète des incitations à l’investissement et recourir au dialogue pour
les rationaliser.
• Simplifier les réglementations et les formalités administratives relatives aux procédures
commerciales et à l’approbation des investissements pour attirer les investisseurs orientés vers
l’exportation.
• Fournir une certitude et une prévisibilité aux nouvelles entreprises qui souhaitent étendre leurs
activités.
• Explorer l’utilisation de mécanismes non contentieux pour traiter les griefs des investisseurs et
des États.
Associer la ZLECAf à un programme complémentaire solide, en convenant de mesures et de poli-
tiques concrètes avec les parties prenantes nationales. Un secrétariat permanent solide de la ZLE-
CAf, doté d’un nombre restreint de personnel technique hautement qualifié, libre de toute pression
politique, est déterminant pour soutenir une mise en œuvre efficace ; aider les gouvernements à
mettre en place des institutions nationales fortes permettant d’administrer, surveiller et mettre en
œuvre la ZLECAf, et s’engager dans des consultations multipartites. Un tel programme doit remplir
Un tel programme doit remplir les fonctions suivantes :
• Administrer correctement l’accord en renforçant les capacités des ministères du Commerce.
• Assurer une mise en œuvre adéquate dans les agences frontalières et les organismes de
réglementation des secteurs de services.
• Identifier les secteurs spécifiques pour l’expansion des exportations et ceux qui peuvent être
vulnérables, et mettre en place des mécanismes pour assurer une transition en douceur vers un
marché continental ouvert.

Les niveaux de pauvreté diminuent davantage dans le cadre des scénarios géné-
ral et approfondi. Le pacte commercial à lui seul, sans compter la hausse des flux
d’IDE, devrait réduire de 40 millions le nombre de personnes en Afrique vivant dans
une extrême pauvreté (avec moins de 1,90 dollar par jour en termes de parité de
pouvoir d’achat), pour atteindre 277 millions en 2035, après la prise en compte de
l’augmentation de la pauvreté causée par la pandémie de COVID-19. Par ailleurs, le
nombre de personnes en situation de pauvreté extrême pourrait diminuer de 5 millions
supplémentaires dans le cadre du scénario générique de la ZLECAf sur les IDE et de
10 millions supplémentaires dans le cadre du scénario approfondi de la ZLECAf sur
les IDE. Le scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE pourrait créer 17,9 millions
de nouveaux emplois, 2,45 % des travailleurs du continent passant à des secteurs en
expansion d’ici 2035.
La concrétisation de ces gains potentiels en matière de commerce, d’investisse-
ment et d’emploi ne sera pas chose aisée. Les négociations dans le cadre de la ZLECAf
devraient être conclues comme prévu, ce qui en ferait un accord commercial appro-
fondi dépassant le simple commerce des marchandises pour couvrir le commerce
des services, les investissements, la politique de concurrence, les droits de propriété
intellectuelle liés au commerce et le commerce électronique. Il est également essentiel
de renforcer le rôle du secteur privé africain et de susciter un soutien populaire plus
important en faveur de la ZLECAf, au-delà des seules instances dirigeantes.
La ZLECAf peut potentiellement propulser le développement de l’Afrique.
Toutefois, la réalisation de ce potentiel nécessitera la mise en œuvre d’une série d’ac-
tions parallèles (encadré ES.1). Les gouvernements doivent promouvoir des politiques
nationales favorables en matière de commerce et d’investissement afin de maximiser les
avantages potentiels. Les effets redistributifs et sociaux potentiels doivent être une prio-
rité parallèlement à la maximisation des avantages du commerce et de l’investissement
direct étranger. Associer la ZLECAf à un « programme complémentaire » peut garantir
une administration et une mise en application adéquates de l’accord, et apporter des
solutions pour optimiser les opportunités et minimiser les risques pendant la transition
vers un marché ouvert en Afrique.

RÉFÉRENCE
Banque mondiale. 2020. La Zone de libre-échange continentale africaine : économiques et distributifs.
Washington, DC: Banque mondiale. doi:10.1596/978-1-4648-1559-1.
1
Aperçu global
INTRODUCTION
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre de formidables possi-
bilités de stimuler le commerce de l’Afrique et de contribuer ainsi à son industrialisa-
tion, d’accélérer la croissance économique, de créer de nouveaux emplois et de réduire
la pauvreté. La ZLECAf créera un marché à l’échelle du continent, réduisant les obsta-
cles au commerce et à l’investissement et stimulant la concurrence. Les pays africains
qui sont parvenus à abaisser les obstacles au commerce et à l’investissement ont pu
accélérer leur croissance et réduire la pauvreté. Dans le même ordre d’idées, la ZLECAf
rendra l’Afrique plus attrayante pour les chaînes de valeur régionales et les investis-
seurs, à la fois en augmentant la taille du marché auquel les investisseurs étrangers
peuvent accéder en s’installant dans un pays africain et en facilitant l’accès aux intrants
dans l’ensemble de la région africaine.
Le présent rapport approfondit l’analyse précédente des implications potentielles de
la ZLECAf pour la croissance et la réduction de la pauvreté. L’étude antérieure, intitulée
Zone de libre-échange continentale africaine : effets économiques et redistributifs (Banque
mondiale 2020 ; ci-après dénommé le « Rapport 2020 sur la ZLECAf »),1 montre que la
zone de libre-échange peut potentiellement augmenter les revenus du continent de 7 %
(un chiffre supérieur à la base de référence sans la ZLECAf) d’ici 2035, sortir 30 mil-
lions2 d’habitants de l’extrême pauvreté (c’est-à-dire vivant avec moins de 1,90 dollar par
jour), et augmenter les revenus de 68 millions d’autres personnes vivant avec moins de
5,50 dollars par jour. Le rapport 2020 sur la ZLECAf souligne qu’au-delà de la mise en
œuvre des réductions tarifaires, la réalisation de ces gains dépend essentiellement de
l’amélioration des barrières non tarifaires (BNT) sur les biens et les services, et en parti-
culier des mesures de facilitation des échanges, qui représentent à elles seules 292 mil-
liards de dollars sur les 450 milliards de dollars de gains de revenus potentiels.
Ce nouveau rapport s’appuie sur l’analyse précédente en prenant en compte les gains
potentiels découlant de l’augmentation des flux d’investissements directs étrangers (IDE)
et d’une intégration plus profonde qui dépasse le simple commerce. Premièrement,
il tient compte du fait que, outre l’augmentation directe des échanges, l’accord de la
ZLECAf renforcera la croissance économique en stimulant les investissements à

7
8 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

l’intérieur et à l’extérieur de la région africaine. Deuxièmement, il prend aussi en consi-


dération l’impact potentiel de la deuxième phase des négociations, qui envisage un
accord intégrant plus que les politiques commerciales en matière de biens et de services
(qui sont au centre de la première phase des négociations). La deuxième phase pourrait
notamment inclure des dispositions relatives à la politique d’investissement, à la poli-
tique de concurrence et aux droits de propriété intellectuelle. En tenant compte de ces
deux aspects, le rapport actualise les estimations précédentes des impacts potentiels de
la ZLECAf sur le commerce, la croissance et la réduction de la pauvreté, ainsi que sur la
redistribution de l’emploi et les salaires (en établissant une distinction entre les travail-
leurs qualifiés et non qualifiés, et les travailleurs salariés féminins et masculins).

QUE COUVRE LA ZLECAF ?


L’Accord portant création de la ZLECAf est entré en vigueur en mai 2019 pour les
22 pays qui avaient alors déposé leurs instruments de ratification. En février 2022,

Carte 1.1 Ratification de la ZLECAf en février 2022

Tunisie
Moroc

Algérie
Libye République
Sahara arabe d’Égypte
occidental

Cap-Vert Mauritanie

Mali Niger Érythrée


Soudan
Sénégal Tchad
Gambie
Burkina Faso Djibouti
Guinée-Bissau Guinée
Bénin
Côte Nigeria
Sierra Leone Ghana République Soudan Éthiopie
d’Ivoire du Sud
Liberia centrafricaine
Togo Cameroun
Somalie
Guinée équatoriale
République Ouganda Kenya
Sao Tomé-et-Principe Gabon du Congo
Rwanda
République Burundi
démocratique
du Congo Tanzanie Seychelles

Comores
Angola
Sainte-Hélène, Ascension et Malawi
Tristan da Cunha (R-U) Zambie

Mozambique
Zimbabwe Madagascar Maurice
Dépôt de l’instrument de ratification Namibie
Botswana La Réunion (Fr.)
Confirmation en cours d’approbation du Parlement
Signature de l’Accord portant création de la ZLECAf Eswatini
L’Accord portant création de la ZLECAf n’a pas été signé Lesotho
Afrique du Sud

BIRD 46347 |
JANVIER

Source : données de Tralac (https://www.tralac.org/resources/by-region/cfta.html).


Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine.
APERÇU GLOBAL 9

41 pays avaient ratifié l’Accord (voir carte 1.1). En juillet 2019, les chefs d’État ont
adopté la déclaration de Niamey, qui a lancé la phase opérationnelle. Une fois réalisée,
la ZLECAf sera la plus grande zone de libre-échange au monde évaluée en comptant le
nombre de membres, et elle couvrira un marché potentiel de 1,3 milliard de personnes
avec un produit intérieur brut de 3 400 milliards de dollars (Banque mondiale 2020).
À l’heure actuelle, le traité de la ZLECAf ne contient que le cadre juridique pour le
commerce des biens, le commerce des services, sa structure institutionnelle et les dis-
positions relatives au règlement des différends entre États. Les conditions spécifiques
de la libéralisation du commerce des biens et des services sont encore en cours de négo-
ciation sous la forme d’annexes aux protocoles du traité. Les échanges officiels dans le
cadre des tarifs douaniers de la ZLECAf ont débuté le 1er janvier 2021. Les négociations
sur le commerce des biens, y compris les règles d’origine, sont terminées. Toutefois, les
tractations sur le commerce des services, les protocoles additionnels sur l’investisse-
ment, la politique de concurrence, les droits de propriété intellectuelle et le commerce
électronique sont en cours. La pandémie de COVID-19 (le coronavirus) et la com-
plexité des pourparlers entre les 54 membres ont retardé le calendrier initial.
Des aspects très importants de la ZLECAf restent donc à traiter, notamment les
points prévus lors de la deuxième phase des négociations. L’harmonisation des poli-
tiques en matière d’investissement, de concurrence et de droits de propriété intellec-
tuelle est un complément important aux efforts de libéralisation du commerce, car elle
offre des protections constantes qui peuvent soutenir l’esprit d’entreprise et les investis-
sements transfrontaliers, et garantir un fonctionnement équitable et efficace des mar-
chés. À l’instar des accords commerciaux, les règles relatives à l’investissement, à la
concurrence et aux droits de propriété intellectuelle varient d’un pays africain à l’autre,
avec une série d’initiatives nationales, bilatérales et régionales qui se chevauchent. Par
exemple, les pays africains sont parties à pas moins de 515 traités d’investissement
bilatéraux, dont 173 sont des traités intra-africains (CEA 2019). La deuxième phase
des négociations dispose donc d’une marge de manœuvre considérable pour améliorer
l’harmonisation, et potentiellement renforcer considérablement les effets globaux de la
ZLECAf sur le commerce intra-africain et l’intégration des investissements.
Dans le cadre des composantes commerciales de la première phase de la ZLECAf,
les pays ont convenu d’éliminer progressivement les droits de douane sur au moins
90 % des marchandises, en plus de s’attaquer aux BNT et aux restrictions sur le com-
merce des services. Les réductions tarifaires sont prévues sur 5 ou 10 ans, en fonction
du niveau de développement du pays (figure 1.1). L’accord permet de libéraliser le com-
merce de biens sensibles sur des périodes plus longues (jusqu’à 7 % des lignes tarifaires)
ou de l’exempter totalement de la libéralisation (jusqu’à 3 % des lignes tarifaires). En
outre, les annexes de l’accord exigent des pays qu’ils coopèrent pour simplifier et har-
moniser les procédures de commerce et de transit, et qu’ils mettent en place des struc-
tures et des processus institutionnels permettant de surveiller l’élimination des BNT.
Les pays membres ont également convenu de prendre des engagements détaillés sur
10 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 1.1 Calendrier de libéralisation tarifaire dans le cadre de la ZLECAf

Les droits de douane sont progressivement réduits, ce qui donne aux PMA plus de temps qu’aux autres pays pour att
eindre les objectifs.
Les PMA atteindront l’objectif de pleine libéralisation d’ici 2034, et les non-PMA l’atteindront l d’ici 2031.
PMA Non-PMA
PMA
10 ans 5 ans
2026 13 ans (la réduction 10 ans (la réduction
2021 2034 progressive commence progressive commence
2027 2031 la 6e année) la 6e année)
Non-PMA Pas de réduction Pas de réduction
tarifaire tarifaire
Non sensible (90 % des lignes tarifaires) Sensible (7 % des lignes tarifaires) Exclusion (3 % des lignes tarifaires)
Source : Banque mondiale.
Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; PMA = pays les moins avancés (Angola,
Bénin, Burkina Faso, Burundi, République centrafricaine, Tchad, Comores, République démocratique
du Congo, Djibouti, Guinée équatoriale, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Lesotho, Liberia,
Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra
Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Togo, Ouganda et Zambie).

la libéralisation du secteur des services, notamment la logistique et le transport, les


services financiers, le tourisme, les services professionnels, les services énergétiques, la
construction et les communications.
Le traité sur le ZLECAf contient un protocole sur le commerce des services. Ce
protocole établit une distinction entre, d’une part, les engagements normatifs qui s’ap-
pliquent généralement à tous les secteurs de services et, d’autre part, les engagements
en matière d’accès au marché pour des secteurs spécifiques et les différents « modes de
fourniture » (c’est-à-dire les différentes modalités selon lesquelles les services peuvent
être commercialisés). En outre, le Protocole sur le commerce des services invite les États
membres à négocier des normes et disciplines supplémentaires guidant la réglementa-
tion nationale dans divers secteurs de services spécifiques. Les pays de la ZLECAf ont
identifié cinq secteurs de services prioritaires : les services aux entreprises (une vaste
catégorie de services comprenant les services professionnels et de nombreux services
pouvant être fournis par des centres d’appels), et les services de télécommunication,
financiers, de transport et de tourisme. Il est important de s’attaquer aux obstacles au
commerce des services pour deux raisons : premièrement, l’élimination des obstacles
au commerce des services réduira les coûts de production des biens physiques, car le
coût des services utilisés pour la production dans l’industrie manufacturière et l’agri-
culture est intégré dans la structure des coûts des biens physiques. Deuxièmement,
l’élimination des obstacles au commerce des services devrait également permettre d’ac-
croître les investissements directs étrangers (IDE). Étant donné que la majeure partie
de l’IDE dans le monde est concentrée dans le secteur des services, l’élimination des
obstacles au commerce des services entraîne également le démantèlement des obstacles
à l’IDE (Echandi et Sauve 2020).
APERÇU GLOBAL 11

MESURER L’IMPACT DE LA ZLECAF SUR LE COMMERCE,


LA CROISSANCE ET LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ
Le rapport 2020 sur la ZLECAf quantifie les effets économiques et distributifs à long
terme de la ZLECAf (Banque mondiale 2020). Il évalue les implications pour la crois-
sance économique, le commerce international, les salaires, la redistribution de l’emploi
et la pauvreté. L’étude utilise un modèle global d’équilibre général calculable (EGC) et
un cadre de microsimulation pour quantifier l’impact de l’accord. Conformément aux
négociations en cours, le scénario de la ZLECAf, appelé « les échanges de la ZLECAf »
simule l’impact des réductions des droits de douane et des BNT, ainsi que des goulets
d’étranglement liés à la facilitation des échanges.

• Les droits de douane sur le commerce intracontinental sont progressivement


réduits, conformément aux modalités de la ZLECAf. À partir de 2020, les droits
de douane sur 90 % des lignes tarifaires sont progressivement éliminés (sur
10 ans pour les pays les moins avancés [PMA] et 5 ans pour les autres pays). À
partir de 2025, les droits de douane sur 7 % supplémentaires de lignes tarifaires
seront progressivement éliminés (sur 8 ans pour les PMA et 5 ans pour les non-
PMA). Jusqu’à 3 % des lignes tarifaires, qui ne représentent pas plus de 10 %
des importations intra-africaines, peuvent être exclues de la libéralisation d’ici
la fin de 2030 pour les non-PMA et jusqu’en 2033 pour les PMA.
• Les BNT sur les biens et les services sont réduites sur la base de la nation la plus
favorisée. On part du principe que 50 % des BNT peuvent être traitées par des
changements de politique dans le contexte de la ZLECAf, avec un plafond de
50 points de pourcentage. On considère également qu’il y aura des réductions
supplémentaires des BNT sur les exportations.
• La ZLECAf s’accompagnera également de mesures visant à faciliter le com-
merce, avec des engagements étroitement alignés sur l’Accord sur la facilita-
tion des échanges. Le rapport 2020 sur la ZLECAf emprunte les estimations
de la taille de ces barrières commerciales à la littérature existante (de Melo
et Sorgho 2019). Les réductions des coûts de transaction résultant de l’adop-
tion de mesures de facilitation des échanges se situent entre 2 % et 10 % sur la
période 2020-2035.

Le présent rapport reproduit ce scénario des échanges de la ZLECAf comme point


de départ pour la quantification des effets économiques et distributifs de la ZLECAf.
Le scénario de la ZLECAf sur les échanges ne rend toutefois pas suffisamment
compte des gains dynamiques potentiels du commerce. On peut notamment s’attendre
à ce que les pays membres de la ZLECAf bénéficient d’une croissance plus rapide de
la productivité en tirant parti des économies d’échelle d’un marché plus vaste, et à
ce qu’ils attirent des IDE importants, ce qui se traduirait par des gains plus impor-
tants. L’intégration supplémentaire dans des domaines autres que le commerce devrait
12 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 1.2. Outils appliqués et scénarios analysés dans le rapport

Modèle d’équilibre Microsimulations


Modèle de gravité
général calculable

Année de base 2017 Ligne de base


Libéralisation des droits de
Impacts sur l’IDE douane, BNT dans les biens
de l’extension du et services, mesures de ZLECAf IDE commerce
réseau de ZEP facilitation des échanges.
dans le cadre de
la ZLECAf à tous
Scénario général de
les pays
la ZLECAf sur les IDE
africains.

Scénario approfondi de
la ZLECAf sur les IDE
Impacts sur les IDE
de l’élargissement Réductions supplémentaires
de la profondeur des coûts commerciaux
et de la couverture grâce aux engagements
des dispositions profonds pris dans le cadre
de la ZLECAf de la ZLECAf

Outils Scénarios

Source : Banque mondiale.


Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ; BNT =
barrières non tarifaires ; ZEP = Zone d’échanges préférentiels.

également générer des avantages économiques supplémentaires. Cette étude vise à


élargir l’analyse précédente afin de prendre en compte les gains dynamiques décou-
lant d’une croissance plus rapide des flux d’IDE et d’une intégration plus profonde
dépassant le simple commerce ; toutefois, les gains de productivité restent extérieurs au
champ de la présente étude.
Sur la base du scénario de la ZLECAf sur les échanges, deux autres scénarios sont
envisagés : 1) le « scénario général de la ZLECAf sur les IDE » intègre les impacts sur les
IDE d’un accord commercial préférentiel entre tous les pays du continent, représentant
une intégration superficielle mais large ; et 2) le « scénario approfondi de la ZLECAf
sur les IDE » simule l’impact des dispositions dans des domaines supplémentaires qui
seront couverts par la ZLECAf, notamment la politique d’investissement, la politique
en matière de concurrence et les droits de propriété intellectuelle, représentant une
intégration profonde qui augmenterait encore les gains en matière d’IDE des pays
membres de la ZLECAf.
L’étude utilise une variété d’outils quantitatifs pour réaliser les estimations. Les
outils quantitatifs et les scénarios utilisés sont résumés dans la figure 1.2. Comme dans
le rapport 2020 sur la ZLECAf, le modèle général EGC ENVISAGE est utilisé pour
simuler les effets économiques du scénario de la ZLECAf sur les échanges, par rap-
port au scénario de base en 2017. L’analyse de gravité (côté gauche de la figure 1.2) est
APERÇU GLOBAL 13

ensuite utilisée pour obtenir des estimations des impacts potentiels des scénarios géné-
ral et approfondi de la ZLECAf sur les flux d’IDE à l’intérieur et à l’extérieur du conti-
nent, y compris entre les membres de la ZLECAf eux-mêmes, mais aussi les réductions
supplémentaires attendues des coûts commerciaux induits par des engagements préfé-
rentiels plus profonds. Les estimations des flux d’IDE basées sur la gravité sont ensuite
introduites dans le modèle général EGC ENVISAGE (partie droite de la figure 1.2), et
les implications économiques du scénario de la ZLECAf sur les échanges sont simu-
lées, augmentées des flux d’IDE (scénario général de la ZLECAf sur les IDE) et tenant
également compte de l’intégration des domaines politiques dans la deuxième phase
(scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE). Enfin, les impacts économiques des
trois scénarios sont évalués par rapport à leurs effets sur la pauvreté et la distribution
des revenus en utilisant le cadre de microsimulation de Global Income Distribution
Dynamics.

VALEUR AJOUTÉE ET FEUILLE DE ROUTE DU RAPPORT


Le présent rapport apporte des contributions importantes qui peuvent guider les déci-
deurs politiques engagés dans les négociations et la mise en œuvre de la ZLECAf. Il met
en évidence les passerelles et les obstacles à la prospérité accrue de l’Afrique que permet
une intégration plus étroite avec l’économie mondiale. Il fournit également des estima-
tions sur les avantages économiques et sociaux de la mise en œuvre de la ZLECAf en
termes de stimulation du commerce, d’attraction des IDE, de renforcement de la parti-
cipation aux chaînes de valeur mondiales, d’accélération de la croissance économique,
de réduction de la pauvreté et d’augmentation de la prospérité partagée.
Le rapport inclut de nouvelles données et applique de nouvelles approches métho-
dologiques pour fournir les éléments suivants :

• Une vue d’ensemble du statut des IDE, couvrant les données bilatérales et sec-
torielles récentes sur les flux d’IDE dans et hors du continent ;
• Des estimations complètes des impacts sur les IDE des accords commerciaux
préférentiels approfondis, fondées sur la base de données sur les accords com-
merciaux approfondis (Hofmann, Osnago, et Ruta 2017) et sur l’approche gra-
vitaire structurelle ;
• Des estimations des flux potentiels d’IDE intra- et extra-africains spécifiques à
chaque pays, en fonction de la couverture et de la profondeur des engagements
pris dans le cadre de la ZLECAf ; et
• Des effets distributifs de la ZLECAf par le biais du commerce et des IDE, en
soulignant les impacts sur la pauvreté ainsi que sur les travailleurs par compé-
tence et par sexe.

La structure du rapport est la suivante : le chapitre 2 fournit un contexte sur les ten-
dances historiques des entrées et sorties d’IDE du continent en utilisant les statistiques
14 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

les plus récentes. Il examine les données préliminaires sur les impacts de la COVID-
19. Ce chapitre aborde également le rôle des IDE dans les gains de productivité ainsi
que leur soutien à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales et régionales. Le
chapitre 3 applique une approche gravitationnelle à l’estimation des impacts potentiels
de la ZLECAf sur les flux d’IDE. Le chapitre 4 utilise ces estimations dans le modèle
EGC ENVISAGE pour quantifier les impacts de la ZLECAf sur la croissance et ses effets
distributifs en utilisant le cadre de microsimulation de Global Income Distribution
Dynamics. Le chapitre 5 conclut par des recommandations de politiques.

NOTES
1. La Zone de libre-échange continentale africaine : effets économiques et distributifs (Banque
mondiale, 2020) est disponible ici : https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/
handle/10986/34139/9781464815591.pdf.
2. La publication La Zone de libre-échange continentale africaine : effets économiques et distributifs
(Banque mondiale, 2020) estime que le scénario commercial de la ZLECAf pourrait sortir jusqu’à
30 millions de personnes de l’extrême pauvreté (Banque mondiale 2020). Ces estimations ont
été réalisées avant la pandémie de COVID-19 (coronavirus). Si l’on considère que la pandémie
mondiale a entraîné en 2020 une augmentation nette de près de 51 millions de personnes vivant
dans l’extrême pauvreté par rapport au niveau pré pandémique, les estimations actualisées
présentées dans cette étude suggèrent que la mise en œuvre du scénario commercial de la
ZLECAf pourrait, d’ici 2035, sortir 40 millions de personnes de l’extrême pauvreté et 75 millions
de personnes de la pauvreté modérée mesurée à l’aide d’un seuil de de 5,50 dollars par jour.

RÉFÉRENCES
de Melo, J., et Z. Sorgho. 2019. « Le paysage des règles d’origine à travers les CER africaines dans une
perspective comparative avec des suggestions d’harmonisation ». Fondation pour Les Etudes et
Recherches sur le Développement International, Clermont-Ferrand, France.

Echandi, Roberto, et Pierre Sauve. 2020. « Facilitation de l’investissement et commerce des ser-
vices du mode 3 : les discussions actuelles abordent-elles les questions clés? » Policy Research
Working Paper 9229, Banque mondiale, Washington, DC. https://openknowledge.worldbank.org/
handle/10986/33711.

Hoffmann, Claudia, Alberto Osnago et Michele Ruta. 2017. « Profondeur horizontale : une nouvelle
base de données sur le contenu des accords commerciaux préférentiels ». Document de travail de
recherche sur les politiques. 7981, Banque mondiale, Washington, DC.

UNECA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique). 2019. Les prochaines étapes de
l’accord de libre-échange continental africain. UNECA : Addis-Abeba.

Banque mondiale. 2020. La Zone de libre-échange continentale africaine : effets économiques et distri-
butifs. Washington, DC a: Banque mondiale. doi:10.1596/978-1-4648-1559-1.
2
Évolution des IDE, gains de
productivité et liens avec les
chaînes de valeur régionales
en Afrique
MESSAGES CLÉS
• Les investissements directs étrangers (IDE) peuvent contribuer à accroître les
exportations des pays et leur intégration dans les marchés mondiaux.
• Les IDE peuvent également améliorer la productivité des entreprises nationales
en les reliant aux multinationales par le biais d’investissements, de partenariats
et d’échanges.
• Les pays d’Afrique dont le marché est plus vaste et les barrières commerciales
moins nombreuses attirent déjà beaucoup plus d’IDE provenant de l’intérieur
et de l’extérieur du continent, ce qui donne des signes encourageants quant au
potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour
stimuler les entrées d’IDE.
• Les niveaux d’IDE et d’intensité de la chaîne de valeur mondiale (CVM) de
l’Afrique sont faibles et sous-développés par rapport à d’autres parties du
monde en raison de la fragmentation des marchés, des obstacles aux IDE, et
des risques politiques et réglementaires.
• La ZLECAf a un rôle crucial à jouer en réduisant les barrières commerciales
pour les biens et les services, ce qui permettrait d’inciter l’Afrique à participer à
la chaîne de valeur régionale et mondiale.

ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES IDE AVANT LA COVID-19


Après avoir augmenté rapidement pendant des années, les flux totaux d’IDE vers les
pays africains ont diminué à la suite de la crise financière mondiale de 2008-2009. Ils

15
16 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 2.1 Flux total d’IDE vers l’Afrique, 2000-2019

70 4

60
3
50

Pourcentage
USD, milliard

40
2
30

20
1
10

0 0
2000 2004 2008 2012 2016 2020
Flux d’IDE (axe de gauche) IDE/PIB (axe de droite)

Source : calculé à partir de la banque de données des indicateurs du développement mondial


Note : n’inclut pas l’île Maurice. IDE = investissement direct étranger ; PIB = produit intérieur brut.

Figure 2.2 Stock total d’IDE en Afrique, 2002-2018

600 30

500 25

400 20

Pourcentage
USD, milliard

300 15

200 10

100 5

0 0
2000 2004 2008 2012 2016 2020
Stock d’IDE (échelle de gauche) IDE/PIB (échelle de droite)

Source : d’après les données de la base de données de la Banque mondiale sur les IDE bilatéraux.
Note : n’inclut pas l’île Maurice. IDE = investissement direct étranger ; PIB = produit intérieur brut.

ont atteint environ 42 milliards de dollars en 2019, soit 1,7 % du PIB total de l’Afrique
(figure 2.1). Bien que le stock d’IDE en Afrique ait continué à augmenter rapidement
tout au long de cette période, atteignant plus de 800 milliards de dollars en 2017, une
grande partie de ce stock peut être attribuée aux IDE à destination ou en provenance
de l’île Maurice, qui est historiquement considérée comme un centre financier offshore.
Si on exclut l’île Maurice, la hausse du stock total d’IDE en Afrique est un peu plus
modeste, mais elle s’élève néanmoins à environ 500 milliards de dollars en 2018, soit
22 % du PIB (figure 2.2).
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 17

Figure 2.3 Projets d’IDE Greenfield en Afrique, 2003-2019

160 1 200
140
1 000
120

Nombre de projets
800
100
USD, milliard

80 600
60
400
40
200
20
0 0
2000 2004 2008 2012 2016 2020
Dépenses d’investissement liées Nombre de projets
au projet (échelle de gauche) (échelle de droite)

Source : d’après des données provenant de fDi Markets.


Note : IDE = investissement direct étranger.

Figure 2.4 Fusions et acquisitions ciblant l’Afrique, 2000-2019

50 120

40 100

Nombre de transactions
80
USD, milliard

30
60
20
40
10 20

0 0
2000 2004 2008 2012 2016 2020
Valeur des fusions et acquisitions Nombre de fusions et acquisitions
(échelle de gauche) (échelle de droite)

Source : d’après des données provenant de Refinitiv Eikon.


Note : M&A = fusion et acquisition.

Les données sur les annonces de projets d’IDE Greenfield et de fusions et acqui-
sitions transfrontalières ciblant l’Afrique sont plus volatiles, mais présentent des ten-
dances générales similaires. Après 2008, la valeur des nouveaux projets a chuté avant
de se stabiliser quelque peu ces dernières années (figures 2.3 et 2.4). Les flux mondiaux
d’IDE étaient déjà en baisse avant la crise de laCOVID-19 (coronavirus) après avoir
atteint un sommet en 2015, et les répercussions sur les investissements en Afrique sont
évidents. Néanmoins, une augmentation du nombre de projets Greenfield en 2019 et le
nombre constant d’opérations de fusions et acquisitions suggèrent que les investisseurs
ont continué à identifier des occasions dans le contexte du développement rapide du
continent.
18 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 2.5 Part du stock d’IDE en Afrique, par région source, 2002-2018

100

80
Pourcentage du stock total
d’IDE en Afrique

60

40

20

0
2002 2006 2010 2014 2018
ECA NA EAP Afrique Autre
Source : d’après les données de la base de données de la Banque mondiale sur les IDE bilatéraux.
Note : n’inclut pas l’île Maurice. EAP = Asie de l’Est et Pacifique ; ECA = Europe et Asie centrale ;
IDE = investissement direct étranger ; NA = Amérique du Nord.

SOURCES DES IDE EN AFRIQUE


Historiquement, la région Europe et Asie centrale, en particulier l’Europe de l’Ouest,
est la principale source d’IDE à destination de l’Afrique, ce qui représente généralement
quelque 60 % du stock d’IDE dans la région (à l’exclusion des IDE à destination de
l’île Maurice) (figure 2.5). En fait, la valeur totale des IDE européens dans la région a
continué d’augmenter jusqu’en 2015, atteignant un pic de plus de 317 milliards de dol-
lars. L’Amérique du Nord représente également une source importante, mais son stock
d’IDE sur le continent diminue progressivement depuis 2011, et elle détient désormais
moins de 10 % du stock total d’IDE de l’Afrique.
Ces tendances se sont accompagnées d’une augmentation constante des IDE en
provenance de la région Asie de l’Est et Pacifique, sous l’impulsion globale de la Chine
(figure 2.6). Le stock d’IDE chinois en Afrique a progressé à un rythme annuel de 42 %
entre 2002 et 2018, atteignant 44 milliards de dollars en 2018. En conséquence, la part
de l’ensemble des IDE dans la région provenant d’Asie est passée de moins de 5 % en
2002 à 15,7 % en 2018, la Chine représentant à elle seule 9,7 %.
Les IDE intra-africains – investissements directs des entreprises d’Afrique dans d’autres
pays de la région – ont également augmenté régulièrement, avec une hausse de 12 % par an
entre 2002 et 2008 (à nouveau, en excluant les IDE à destination et en provenance de l’île
Maurice). En 2017, le stock d’IDE intra-africain a atteint un chiffre record de 52 milliards
de dollars, soit 11 % du stock total d’IDE de la région. L’Afrique australe, plus précisément
l’Afrique du Sud, constitue la principale source d’IDE intra-africain. Elle représente 60 à
70 % du stock d’IDE intra-africain la plupart des années, tandis que l’Afrique de l’Ouest est
récemment apparue comme une autre source importante (figure 2.7). Les investissements
en provenance d’Afrique du Nord ont également augmenté ces dernières années, passant
de moins de 1 % du stock d’IDE africain en 2002 à près de 6 % en 2018.
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 19

Figure 2.6 Valeur du stock d’IDE en Afrique, par région source, 2002-2018

350
300
250
USD, milliard

200
150
100
50
0
2002 2006 2010 2014 2018

ECA NA EAP Afrique Autre

Source : d’après les données de la base de données de la Banque mondiale sur les IDE bilatéraux.
Note : n’inclut pas l’île Maurice. EAP = Asie de l’Est et Pacifique ; ECA = Europe et Asie centrale ;
IDE = investissement direct étranger ; NA = Amérique du Nord.

Figure 2.7 IDE intra-africain, par sous-région source, 2002-2018

100
90
Pourcentage du stock d’IDE intra-africain

80
70
60
50
40
30
20
10
0
2002 2006 2010 2014 2018
Afrique du Sud Afrique du Nord Afrique de l’Ouest
Afrique de l’Est Afrique centrale

Source : d’après les données de la base de données de la Banque mondiale sur les IDE bilatéraux.
Note : n’inclut pas l’île Maurice. IDE = investissement direct étranger.

DESTINATIONS DES IDE EN AFRIQUE


L’Afrique australe est non seulement la principale source d’IDE intra-africains, mais
elle est aussi historiquement une destination majeure. En 2018, toutefois, les 107 mil-
liards de dollars investis en Afrique australe n’ont représenté qu’environ 23 % du stock
d’IDE de la région, contre 50 % en 2004 (figure 2.8). Les flux d’IDE vers l’Afrique du
Nord ont bondi dans les années 2000, atteignant 24 milliards de dollars à son apogée
en 2007 et l’aidant à dépasser l’Afrique australe en tant que premier bénéficiaire d’IDE
20 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 2.8 Stock d’IDE dans les sous-régions africaines, 2002-2018

300

250

200
USD, milliard

150

100

50

0
2002 2006 2010 2014 2018
Afrique du Sud Afrique du Nord Afrique de l’Ouest
Afrique de l’Est Afrique centrale Afrique de l’Est (y compris l’île Maurice)

Source : d’après les données de la base de données de la Banque mondiale sur les IDE bilatéraux.
Note : n’inclut pas l’île Maurice, sauf indication contraire. IDE = investissement direct étranger.

Figure 2.9 Flux d’IDE, par sous-région africaine, 2000-2018

30

25

20
USD, milliard

15

10

–5
2000 2005 2010 2015 2020
Afrique du Sud Afrique du Nord Afrique de l’Ouest
Afrique de l’Est Afrique centrale

Source : d’après les données de la base de données de la Banque mondiale sur les IDE bilatéraux.
Note : n’inclut pas l’île Maurice. IDE = investissement direct étranger.

(figure 2.9). Depuis, l’Afrique du Nord représente plus de 30 % du stock d’IDE sur le
continent. Bien que l’Europe reste la région source dominante, les IDE en provenance
du Moyen-Orient sont plus répandus en Afrique du Nord, contribuant à plus de 11 %
du stock d’IDE de la sous-région en 2018. Le stock d’IDE dirigé vers l’Afrique de l’Ouest,
principalement le Nigeria, a également largement augmenté, atteignant 97 milliards de
dollars en 2018 (soit 23 % de l’ensemble du stock d’IDE en Afrique). L’Europe, l’Amé-
rique du Nord et l’Asie de l’Est ont toutes joué un rôle, parallèlement à l’augmentation
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 21

Figure 2.10 Projets Greenfield financés par les IDE par secteur, 2003-2007

Autres
(62 milliards de dollars, 23 %)

Extraction
Finance et immobilier ( 109 milliards
(11 milliards de dollars, 40 %)
de dollars, 4 %)
Hôtellerie
(13 milliards
de dollars, 5 %)

Fabrication – combustibles
(16 milliards de dollars, 6 %)

Fabrication – métaux
Construction
(19 milliards de dollars, 7 %)
(42 milliards de dollars, 15 %)
Source : basé sur les données de fDi Markets.
Note : IDE = investissement direct étranger.

des IDE intra-africains destinés à l’Afrique de l’Ouest, qui ont totalisé 13,2 milliards
de dollars en 2018. Les IDE orientés vers l’Afrique de l’Est sont plus faibles, atteignant
78 milliards de dollars en 2018 (hors île Maurice). Cette sous-région dépend moins des
IDE venant d’Europe et plus des IDE en provenance de Chine. Les IDE intra-africains
sont également importants en Afrique de l’Est, totalisant 13,8 milliards de dollars en
2018.

VENTILATION SECTORIELLE DES IDE EN AFRIQUE


Historiquement, les IDE qui affluent en Afrique se concentrent sur les ressources natu-
relles et la recherche de nouveaux débouchés en matière d’IDE sur le marché intérieur.
Les IDE axés sur l’efficacité, c’est-à-dire le type d’investissement qui relie les pays d’ac-
cueil à des réseaux de modèles internationaux de production de biens et de services,
sont beaucoup moins courants. Entre 2003 et 2007, les industries extractives telles que
les projets d’exploitation du charbon, du pétrole, du gaz et des minerais métalliques ont
représenté 40 % des 272 milliards de dollars de nouveaux projets d’IDE annoncés en
Afrique (figure 2.10). 1 Depuis lors, la valeur des projets axés sur les matières premières
a diminué en termes absolus, tandis que les investissements dans d’autres secteurs ont
augmenté, diversifiant ainsi le mix sectoriel des IDE africains. Entre 2015 et 2019, les
projets axés sur les matières premières extractives n’ont représenté que 61 milliards de
dollars, soit environ 15 % du total (figure 2.11). Parmi les secteurs qui ont récemment
22 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 2.11 Projets Greenfield financés par les IDE par secteur, 2015-2019

Services publics
Autres (100 milliards
(86 milliards
de dollars, 25 %)
de dollars, 22 %)

Autres industries
manufacturières
(18 milliards
de dollars, 5 %) Extraction
(61 milliards
Finance et immobilier de dollars, 15 %)
(29 milliards
de dollars, 7 %)

Fabrication - produits chimiques


(31 milliards de dollars, 8 %)
Construction
Logistique (41 milliards de dollars, 10 %)
(35 milliards de dollars, 9 %)
Source : basé sur les données de fDi Markets.
Note : les « autres industries manufacturières » comprennent les matériaux de construction, le papier, le
caoutchouc, les plastiques, les produits du bois, etc. IDE = investissement direct étranger.

attiré de nouveaux investissements Greenfield majeurs figurent les services publics tels
que la production et la distribution d’électricité (86 milliards de dollars, contre environ
8 milliards de dollars sur la période 2003-2007), la logistique telle que le transport et l’en-
treposage (35 milliards de dollars, contre 7 milliards de dollars), et la fabrication de pro-
duits chimiques (31 milliards de dollars, contre 9 milliards de dollars). L’augmentation
des investissements dans les services publics comprend une poussée des projets d’éner-
gie renouvelable, qui ont totalisé près de 37 milliards de dollars sur 2015-2019. Dans
l’ensemble des secteurs manufacturiers, les investissements sont passés de 69 milliards
de dollars à 105 milliards de dollars. Les investissements dans les services, tels que la
finance, l’immobilier, les communications, les services de technologie de l’information
et les services aux entreprises, ont également augmenté de manière significative.
Différents aspects de cette diversification ont été portés par des investisseurs de
plusieurs régions. Les investissements européens et nord-américains, qui ont repré-
senté environ la moitié de toutes les annonces de projets Greenfield en 2015-2019,
étaient concentrés dans les services publics et les projets d’extraction. En revanche, les
investissements dans la finance et l’immobilier ont constitué la plus grande part des
projets provenant de Chine et d’autres pays de la région de l’Asie de l’Est. La croissance
des investissements intra-africains a également favorisé la diversification, avec notam-
ment des investissements importants dans les produits chimiques, la construction et les
communications, ainsi que dans les services publics et d’autres secteurs manufacturiers,
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 23

comme les matériaux de construction. Les investissements provenant d’autres régions,


principalement du Moyen-Orient, ont été fortement concentrés dans la construction.

IMPACTS DE LA COVID-19
Les flux d’IDE subissant déjà en baisse à l’échelle mondiale, la crise du COVID-19 a
davantage encore perturbé les investissements en 2020, réduisant considérablement les
flux d’IDE vers l’Afrique. Les estimations préliminaires de la Conférence des Nations
unies sur le commerce et le développement suggèrent que les flux d’IDE vers l’Afrique
ont totalisé 38 milliards de dollars en 2020, soit une baisse de 18 % par rapport aux
46 milliards de dollars de 2019 (CNUCED 2021).
Concernant le nombre limité de pays pour lesquels des données trimestrielles
récentes sur les entrées d’IDE sont disponibles, les IDE ont diminué aux deuxième
et troisième trimestres de 2020 (figure 2.12). Dans les 14 pays africains pour lesquels
des données du deuxième trimestre sont disponibles, les flux entrants sont passés de
4,3 milliards de dollars au premier trimestre à 3,6 milliards de dollars au deuxième
trimestre, soit une baisse de 18 % en glissement annuel (par rapport au deuxième tri-
mestre de 2019).
Dans les 10 pays africains pour lesquels les données du troisième trimestre sont
disponibles, les flux entrants sont passés de 2,8 milliards de dollars au premier tri-
mestre 2020 à 1,5 milliard de dollars au deuxième trimestre, et ils ont été négatifs au
troisième trimestre (en raison du désinvestissement net mené par l’Afrique du Sud et

Figure 2.12 Impact de la COVID-19 sur les flux trimestriels d’IDE vers l’Afrique, 2015-2020

10

6
USD, milliard

–2
2015 : T4 2016 : T4 2017 : T4 2018 : T4 2019 : T4 2020 : T4
14 pays avec des 10 pays avec des
données 2020 : T2 disponibles données 2020 : T3 disponibles
Source : basé sur la balance des paiements du FMI.
Note : les 14 pays sont l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Angola, le Cap-Vert, la République arabe d’Égypte, le
Lesotho, Madagascar, le Maroc, le Mozambique, la Namibie, le Rwanda, Sao Tomé-et-Príncipe, la Tanzanie et
la Zambie. Les 10 pays excluent l’Égypte, Madagascar, le Rwanda et la Tanzanie. IDE = investissement direct
étranger.
24 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 2.13 Impact de la COVID-19 sur les projets Greenfield financés par les IDE en Afrique,
2015-2020
60 350

50 300

250
40

Nombre de projets
USD, milliard

200
30
150
20
100

10 50

0 0
2015 : T4 2016 : T4 2017 : T4 2018 : T4 2019 : T4 020 : T4
Valeur des projets (axe de gauche) Nombre de projets (axe de droite)
Source : basé sur les données de fDi Markets.
Note : IDE = investissement direct étranger.

l’Angola). Ces données indiquent une baisse en glissement annuel de 24 % au deuxième


trimestre et de 105 % au troisième trimestre.
Le total des projets d’IDE Greenfield annoncés en Afrique a diminué de façon encore
plus spectaculaire, avoisinant les 5 milliards de dollars au deuxième trimestre 2020 (soit
une baisse de 71 %) et 4,2 milliards de dollars au troisième trimestre (soit une baisse
de 79 %) (figure 2.13). Le nombre d’annonces de projets a lui aussi fortement diminué,
et des baisses ont été enregistrées dans presque tous les grands secteurs. Les données
du quatrième trimestre ont montré quelques signes précurseurs de reprise, bien que la
valeur des annonces soit restée en baisse de 55 % par rapport à l’année précédente.
La valeur totale des fusions et acquisitions ciblant des pays d’Afrique est restée
volatile dans le sillage de la COVID-19, tombant à 1,6 milliard de dollars au deuxième
trimestre de 2020 (soit une baisse de 85 % en glissement annuel) avant de remonter à
3,3 milliards de dollars au troisième trimestre et de retomber à 2,3 milliards de dollars
au quatrième trimestre (soit une légère hausse en glissement annuel) (figure 2.14).
Les résultats de l’enquête Pulse de la Banque mondiale auprès des entreprises mul-
tinationales, réalisée au troisième trimestre de 2020, indiquent que les perspectives
d’investissement étranger sont assombries (Saurav et al. 2020). Sur les 74 entreprises
affiliées à des multinationales qui ont été interrogées en Afrique, la moitié a indiqué
qu’elle ne s’attendait pas encore à ce que leur société mère étrangère modifie le niveau
d’investissement dans leur pays d’accueil (graphique 2.15). Cependant, parmi celles qui
s’attendaient à un changement du niveau d’investissement, la plupart prévoyaient une
diminution de l’investissement (37 % de tous les répondants en Afrique). Bien qu’une
incertitude considérable subsiste, ces résultats mettent en évidence le défi qui attend les
pays africains qui cherchent à retenir et à attirer les IDE pendant la période de reprise.
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 25

Figure 2.14 Impact de la COVID-19 sur les opérations de fusion et acquisition ciblant l’Afrique,
2015-2020
14 35

12 30

10 25

Nombre de projets
USD, milliard

8 20

6 15

4 10

2 5

0 0
2015 : T4 2016 : T4 2017 : T4 2018 : T4 2019 : T4 2020 : T4

Valeur des projets (axe de gauche) Nombre de projets (axe de droite)

Source : basé sur les données de Refinitiv Eikon.

Figure 2.15 Part des filiales africaines de multinationales au troisième trimestre 2020 s’atten-
dant à ce que leur propriétaire étranger modifie ses investissements dans leur pays d’accueil

Diminution
de 37 %.

Aucun
changement 51 %

Augmentation de 12 %.

Source : Saurav et al. 2020.


Note : N = 74. EMN = entreprise multinationale.
26 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

UNE PLUS GRANDE PARTICIPATION AUX CHAÎNES DE VALEUR


RÉGIONALES ET MONDIALES PEUT ATTIRER DAVANTAGE D’IDE
Une intégration accrue dans les marchés mondiaux encourage encore plus les IDE
à profiter du marché élargi, ce qui renforce le commerce et la croissance. Les IDE
profitent aux pays d’accueil en apportant les emplois, le capital, le savoir-faire et les
connexions nécessaires pour entrer dans de nouveaux processus de production mon-
diaux (Gammoudi, Cherif et Asongu 2016 ; Toone 2013). En incitant les entreprises à
participer aux chaînes de valeur mondiales ou à consolider leur participation, on peut
en définitive aider les pays en développement à s’industrialiser plus rapidement. En
fournissant des intrants intermédiaires (à la fois des biens et des services) aux réseaux
de production mondiaux, les entreprises n’ont plus besoin d’attendre l’émergence d’une
base industrielle dans le pays ou les capacités en amont autrefois nécessaires pour
être compétitives au niveau international. Le développement rapide des économies
asiatiques nouvellement industrialisées au cours des dernières décennies et d’autres
expériences dans le monde en développement ont renforcé la conviction que la parti-
cipation aux CVM peut être un moyen d’accélérer la transformation économique des
pays à faible revenu (Banque mondiale 2020).
La participation aux chaînes de valeur mondiales et l’expansion des investisse-
ments directs étrangers vont de pair. L’émergence et l’évolution des CVM traduisent
les décisions d’investissement et de commerce des entreprises multinationales qui ont
délocalisé leurs activités de production dans le monde entier. L’essor des CVM depuis
les années 1990 reflète ces décisions et a accéléré l’expansion des IDE. Un renforce-
ment de l’intégration commerciale et une plus grande ouverture aux marchés étrangers
génèrent des IDE initiaux de la part de l’entreprise leader en réduisant ses coûts d’en-
trée dans le pays d’accueil. La baisse des coûts d’entrée et les coûts de changement éle-
vés encouragent l’entreprise leader à faire entrer ses partenaires de la chaîne de valeur
mondiale dans le pays d’accueil, et un effet boule de neige déclenche les IDE ultérieurs.
Enfin, les IDE stimulent l’entrée et la modernisation des chaînes de valeur mondiales
par le biais des retombées et des effets d’agglomération. Par conséquent, l’expansion des
chaînes de valeur mondiales reflète la croissance des investissements des entreprises
multinationales visant à dégrouper les processus de production et à les délocaliser dans
le monde entier. À son tour, la centralité des CVM des pays est fortement corrélée à
la centralité de leurs IDE (voir graphique 2.16 ; Qiang, Liu et Steenbergen, 2021). Un
exemple récent de l’impact de la libéralisation du commerce sur l’attraction des IDE
et la stimulation de la croissance des exportations, de la participation aux chaînes de
valeur mondiales et de l’industrialisation d’un pays est présenté dans l’encadré 2.1 sur
le Costa Rica.
Malheureusement, tant l’intégration dans les chaînes d’approvisionnement mon-
diales que les flux d’IDE sont faibles dans les pays africains par rapport aux autres par-
ties du monde. La participation de l’Afrique aux chaînes de valeur mondiales – définie
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 27

Figure 2.16 Corrélation entre la centralité des CMV des pays et la centralité de leurs IDE

8
DEU
CHN
JPN FRA
ITA BEL NLD USA
Centralité CVM, 2017 (en logarithme)

6 SGP GBR
KOR RUS CAN
MYS AUT SWE ESP
IDN CHE
THA HKG
HUN POL NOR IND IRL
PHL CZE MEX
TUR FIN DNK
AUS BRA
4 VEN SVK SAU
DZA ROU ZAF
PRTARE CHL
KWT VNM ARG ISR
NZL LUX
GRC QAT
KAZ
NGA
2 EST AGO
LBY TTO PAK EGY
PAR
BLR
VRC MAR
COL
MMR MAC
0
BRN AZE

2 4 6 8 10
Centralité des IDE, 2017 (en logarithme)
PAE CEA LAC MENA NA SA SSA Droite ajustée
Source : Banque mondiale 2020.
Note : EAP = Asie de l’Est et Pacifique ; ECA = Europe et Asie centrale ; IDE = investissement direct étranger ;
CVM = chaîne de valeur mondiale ; LAC = Amérique latine et Caraïbes ; MENA = Moyen-Orient et Afrique du
Nord ; NA = Amérique du Nord ; SA = Asie du Sud ; SSA = Afrique sub-saharienne.

Encadré 2.1 Comment l’intégration commerciale a aidé le Costa Rica à attirer des IDE et à se
diversifier en passant de l’agriculture à l’industrie et aux services high-tech.

Au début des années 1980, le Costa Rica exportait des produits agricoles indifférenciés et non trans-
formés, tels que le café, les bananes et le sucre. Le gouvernement costaricien a décidé d’adopter
une stratégie de croissance orientée vers l’exportation, incluant une libéralisation du commerce et la
promotion de l’investissement direct étranger (IDE) axé sur l’exportation, afin de créer des emplois,
diversifier les exportations et stimuler la productivité du pays. Des incitations généreuses à l’investis-
sement et une promotion proactive de l’investissement ont permis d’attirer des entreprises de premier
plan au Costa Rica. Après l’arrivée de la société leader mondiale Intel à la fin des années 1990, de plus
en plus d’entreprises multinationales ont choisi d’investir et de s’installer au Costa Rica, diversifiant
et améliorant progressivement la base de production et les exportations du pays. En 2007, le volume
d’IDE du pays est passé de 3 % du PIB en 1997 à 8 %, son plus haut niveau historique (figure B2.1.1).

(L’encadré continue à la page suivante)

comme la somme de la valeur ajoutée étrangère et de la valeur ajoutée nationale dans


les exportations vers un pays tiers (que ce soit en Afrique ou dans le reste du monde)
– a augmenté en termes absolus, passant de 46 milliards de dollars en 2000 à envi-
ron 190 milliards de dollars en 2018. Toutefois, sa part de participation aux chaînes
28 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Encadré 2.1 Comment l’intégration commerciale a aidé le Costa Rica à attirer des IDE et à se
diversifier en passant de l’agriculture à l’industrie et aux services high-tech (A continué)

Figure B2.1.1 Flux d’investissements directs étrangers et croissance des exportations du Costa
Rica, 1994-2018

800 3 500
IDE et exportation de machines (millions de dollars)

Exportation de produits chimiques


700 3 000
600

(millions de dollars)
2 500
500
2 000
400
1 500
300
1 000
200

100 500

0 0
1994 1998 2002 2006 2010 2014 2018
Flux d’IDE (axe de gauche) Machines (axe de gauche) Produits chimiques (axe de droite)

Source : sur la base des données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement et
de la base de données Comtrade des Nations unies.
Note : IDE = investissement direct étranger.

Depuis le début du siècle, les entreprises étrangères ont fait évoluer leurs opérations au Costa
Rica vers des activités à plus forte intensité de connaissances, notamment la conception de logiciels
et la recherche et le développement. Parallèlement à cette tendance, le gouvernement costaricien
a adopté une approche plus sélective pour attirer l’IDE, en se concentrant sur les entreprises qui
opèrent dans des secteurs à forte intensité de connaissances tels que les services de traitement des
connaissances, les dispositifs médicaux et les sciences de la vie, et les technologies propres. L’IDE
a ainsi joué un rôle clé dans la transformation de l’économie du Costa Rica. En partie grâce à l’afflux
d’IDE, le pays a réussi à transformer ses exportations qui sont passées des produits primaires aux
industries manufacturières de haute technologie et aux services à valeur ajoutée. Il a également joué
un rôle central dans la diversification des exportations du pays, la stimulation de la croissance écono-
mique et la création d’emplois qualifiés.
Source : adapté d’après Qiang, Liu, et Steenbergen 2021.

mondiales de valeur est restée constante, à 2 %. Ce chiffre fait pâle figure, comparé
aux pays en développement des régions Asie de l’Est et Pacifique et Asie du Sud (Asie-
Pacifique) qui ont augmenté leur participation aux CVM au cours de la même période
de 11 à 17 %, résultant d’une multiplication par plus de cinq de leurs échanges com-
merciaux en valeur absolue (figure 2.17, graphiques a et b). Ces tendances suivent éga-
lement de près les flux d’IDE dans le monde. L’Afrique a vu sa part des flux d’IDE
mondiaux passer de 1 à 3 %, tandis que la région Asie-Pacifique a vu la sienne passer
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 29

Figure 2.17 Participation aux CVM et flux entrants d’IDE par région, 2000-2018

a. Valeur de la participation aux chaînes b. Part totale de la participation aux CVM,


de valeur mondiales par région par région, 2000-2018
2 000 20

1 500 15
USD, milliard

Pourcentage
1 000 10

500 5

0 0
2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018

c. Flux d’IDE par région d. Part totale des flux mondiaux d’IDE,
par région, 2000-2018
600 40

500
30
400
USD, milliard

Pourcentage

300 20

200
10
100

0 0
2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018

Afrique Amérique latine et Caraïbes Asie-Pacifique

Source : base de données Eora sur les chaînes d’approvisionnement mondiales (graphiques a et b) et
statistiques de la CNUCED sur les IDE (graphiques c et d).
Note : la participation aux chaînes de valeur mondiales est définie comme la somme de la valeur ajoutée
étrangère et de la valeur ajoutée nationale dans les exportations vers un pays tiers. Graphiques a et b :
pour l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Asie-Pacifique (Asie de l’Est et Pacifique et Asie du Sud
combinées), seule la participation aux chaînes de valeur mondiales des pays en développement est rapportée
(les pays à revenu élevé sont exclus). CVM = chaîne de valeur mondiale. Graphiques c et d : pour l’Afrique,
l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Asie-Pacifique (Asie de l’Est et Pacifique et Asie du Sud combinées),
seuls les flux d’IDE pour les pays en développement sont rapportés. Les pays à haut revenu et les centres
financiers offshore sont exclus. IDE = investissement direct étranger.
30 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

de 10 à 31 % entre 2000 et 2018 (figure 2.17, graphiques c et d). Les pays d’Amérique
latine se positionnent quelque part entre ces deux extrêmes, dépassant l’Afrique mais
ne parvenant pas à rattraper la région Asie-Pacifique.
Bien que les exportations africaines de biens intermédiaires soient habituellement
plutôt limitées, le continent a réussi à rejoindre certaines chaînes de valeur mondiales.
Les exportations africaines ont tendance à intégrer les chaînes de valeur mondiales
par la petite porte en servant d’intrants aux exportations d’autres pays, ce qui reflète le
rôle encore prédominant de l’agriculture et des ressources naturelles dans les exporta-
tions africaines. Par exemple, le Botswana, la République démocratique du Congo et le
Nigeria se sont tous intégrés dans les chaînes de valeur mondiales par le biais de leurs
exportations de pétrole et d’autres ressources naturelles. Il existe toutefois quelques
exemples de pays qui élargissent leur participation aux chaînes de valeur mondiales en
fournissant des intrants manufacturés aux entreprises étrangères. Le Maroc est devenu
un producteur conséquent de pièces automobiles en attirant de grands fabricants de
l’industrie automobile (Freund et Moran 2017). De même, la participation aux chaînes
de valeur mondiales dans certains pays (Afrique du Sud, Éthiopie, Kenya et Tanzanie)
a augmenté de 10 points de pourcentage ou plus, se rapprochant de ce que la Pologne
et le Vietnam – aujourd’hui des exemples de réussite – ont vécu à la fin des années 1990
et dans les années 2000 (Banque mondiale 2020). Cette intégration est intervenue prin-
cipalement dans l’habillement, l’agroalimentaire et, dans une moindre mesure, dans
les transports et le tourisme. Dans nombre de ces cas, l’IDE a joué un rôle essentiel
dans la mise en place du secteur et l’accroissement de sa participation aux chaînes de
valeur mondiales (voir, par exemple, l’encadré 2.2 sur le secteur éthiopien du textile et
de l’habillement).
Les IDE tant mondiaux que régionaux sont importants pour l’industrialisation de
l’Afrique, mais ils ont un impact différent sur la participation à la chaîne de valeur mon-
diale et régionale, des secteurs d’intérêt différents et des répercussions économiques
différentes. Les investisseurs étrangers déterminent la façon dont les entreprises sont
liées aux réseaux de production et de distribution mondiaux, et dans quelle la mesure
les entreprises sont intégrées localement ou régionalement (Granovetter 2018). Alors
que l’IDE mondial tend à stimuler la participation aux chaînes de valeur mondiales,
l’IDE intrarégional développe souvent les chaînes de valeur intrarégionales (CEA 2020).

LA ZLECAF PEUT STIMULER LA PARTICIPATION AUX


CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES ET MONDIALES.
La ZLECAf a un rôle crucial à jouer dans la réduction des barrières commerciales pour
les biens et les services qui permettrait de stimuler la participation de l’Afrique aux
chaînes de valeur régionales et mondiales. Des barrières commerciales élevées entravent
la participation de l’Afrique aux chaînes de valeur mondiales. Le continent est toujours
confronté à de nombreux obstacles qui réduisent sa compétitivité et sa participation
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 31

Encadré 2.2 Les exportations du secteur éthiopien du textile et de l’habillement ont été sou-
tenues par les flux d’IDE

L’expansion du secteur éthiopien du textile et de l’habillement a été soutenue par un régime commer-
cial ouvert qui a stimulé l’apport des investissements directs étrangers (IDE). L’Éthiopie est ainsi deve-
nue l’un des principaux pôles d’investissement étranger en Afrique. Depuis 2006, les exportations
du secteur de l’habillement de l’Éthiopie ont augmenté à un taux annuel de plus de 50 %, et le pays
accueille actuellement environ 65 projets d’investissement internationaux. De 2009 à 2017, les expor-
tations totales de vêtements de l’Éthiopie vers le reste du monde sont passées d’environ 33 millions
de dollars à plus de 151 millions de dollars, ce qui coïncide à peu près avec une augmentation des IDE,
qui sont passés d’environ 220 millions de dollars à 4 milliards de dollars (figure B2.2.1).

Figure B2.2.1 Afflux d’investissements directs étrangers et croissance des exportations en Éthio-
pie, 2006-2018
160 4,5

140 4,0
3,5
120
Exportations (USD, milliard)

FDI inflows (US$, billion)


3,0
100
2,5
80
2,0
60
1,5
40 1,0
20 0,5

0 0
2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
TExportations de textiles, Flux d’IDE entrant
cuir et vêtements (axe de gauche) (axe de droite)
Source : Qiang, Liu, et Steenbergen 2021.
Note : IDE = investissement direct étranger.

Le flux important d’investissements étrangers entrant dans le secteur éthiopien du textile et de


l’habillement est allé de pair avec la stratégie d’industrialisation menée par l’État pour attirer les IDE.
L’arrivée des géants turcs du textile en 2008 a constitué une étape importante car ils ont mis en place
des usines et créé des milliers d’emplois locaux, tout en contribuant à accroître la participation de
l’Éthiopie à la chaîne de valeur mondiale en attirant des investisseurs supplémentaires. Pour motiver
davantage encore les investisseurs étrangers potentiels, le gouvernement a mis en œuvre une série
de mesures à partir de 2012, notamment en supprimant les restrictions sectorielles sur les IDE et en
exonérant les investisseurs étrangers de droits de douane et d’impôts sur le revenu. Attirés par les
efforts du gouvernement pour améliorer les infrastructures de l’Éthiopie et créer des parcs industriels
spécialisés, un nombre important de fabricants de vêtements transnationaux, principalement d’Asie,
sont arrivés après 2013 pour se regrouper dans ces parcs et investir dans des bases de production
(Balchin et Calabrese 2019). Certaines marques occidentales, comme PVH Corp, ont également com-
mencé à s’approvisionner en Éthiopie entre le milieu et la fin des années 2010. Les IDE ont donc
contribué à une croissance notable des CVM sur une courte période.
Source : adapté d’après Qiang, Liu, et Steenbergen 2021.
32 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

aux chaînes de valeur mondiales par rapport à d’autres régions, notamment l’Asie de
l’Est. Comme indiqué au chapitre 1, la ZLECAf offre une occasion unique de supprimer
nombre de ces obstacles et d’accroître la compétitivité des exportations africaines sur
les marchés régionaux et mondiaux.
Outre un régime commercial ouvert, l’adoption d’un environnement politique
favorable aux entreprises contribuera à stimuler la participation aux chaînes de valeur
régionales (CVR) et aux CVM. Le développement des réseaux de production régionaux
passe par la mise en place d’un régime de libre-échange, notamment pour les exporta-
tions et les importations d’intrants et de machines. Outre la mise en œuvre d’accords
commerciaux intrarégionaux, tels que la ZLECAf, les gouvernements peuvent colla-
borer pour stimuler les CVR en empêchant les incitations à la course vers le bas et en
favorisant le développement des services et des infrastructures partagées (Weigert et El
Dahshan 2019). Pour renforcer les CVR, les décideurs politiques pourraient encoura-
ger les entreprises multinationales à développer leurs activités en amont de la chaîne de
valeur – y compris les matières premières, les composants et les pièces détachées – et à
localiser ces activités dans toute la région (Weigert et El Dahshan 2019).
Le rôle des régions du monde varie considérablement selon qu’elles sont plus
étroitement intégrées au niveau mondial (avec les CVM) ou qu’elles sont plus dépen-
dantes du commerce au sein de la région (avec les CVR). Le commerce des pays avec
les CVR implique uniquement des partenaires de production dans la région, tandis

Figure 2.18 Échanges commerciaux de chaînes de valeur : mondiales par rapport à régionales,
par région, 1990-2015

50

45 Plus mondial que régional


Part du commerce mondial dans le commerce

2010
40 2015
2010
total de la chaîne de valeur (%)

35 1990 2015
2010
30 1990
2015
Plus régional que mondial
25 2010 2010
1990 2015 2015
20 1990
2010
1990 2015
15 1990
2000 2015 2010
10 2005
1990
5

0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Part du commerce régional dans le commerce total de la chaîne de valeur (%)
Asie de l’Est et Pacifique Europe et Asie centrale Amérique latine et Caraïbes
Moyen-Orient et Afrique du Nord Amérique du Nord Asie du Sud
Afrique sub-saharienne
Source : Banque mondiale 2020.
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 33

que le commerce extrarégional de la chaîne de valeur implique uniquement des pays


partenaires en dehors de la région. La région Europe et Asie centrale, par exemple, est
la plus intégrée sur le plan régional, avec quatre fois plus de liens régionaux que de
liens mondiaux (figure 2.18). Les régions Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Afrique
subsaharienne figurent parmi les moins intégrées au monde. En fait, leur part du com-
merce mondial par rapport au commerce total de la chaîne de valeur a augmenté entre
1990 et 2015. Ce basculement mondial s’explique par le fait qu’une part importante
des exportations africaines a tendance à intégrer les chaînes de valeur mondiales par la
petite porte, ce qui reflète le rôle toujours prédominant de l’agriculture et des ressources
naturelles dans les exportations africaines (Banque mondiale 2020).2
Les CVR sont de plus en plus considérées comme complémentaires des CVM pour
accélérer la transformation économique et l’industrialisation de l’Afrique. Pour certains
pays, le commerce intrarégional peut être un moyen d’apprendre à exporter et à pro-
duire des biens de meilleure qualité, ce qui leur permet d’utiliser l’intégration aux mar-
chés régionaux comme un tremplin vers les marchés mondiaux. Les pays peuvent ainsi
se positionner collectivement de manière plus forte pour progresser dans une CVM
spécifique en tant que bloc régional, propulsant ainsi la transformation structurelle et
la croissance (BAD, OCDE et PNUD 2014 ; Barrientos et al. 2016 ; Hallward-Driemeier
et Nayyar 2017). Un exemple révélateur de cette activité est l’intégration des fabri-
cants d’Asie de l’Est dans la CVM de l’électronique, menée par le Japon, la Chine et les
« Dragons d’Asie » (Corée du Sud, Taiwan, Singapour et Hong Kong). Parmi les exemples
de CVR naissantes en Afrique, citons le secteur automobile en Afrique du Nord et le
secteur de l’habillement en Afrique australe (Weigert et El Dahshan 2019). Toutefois,
des obstacles importants, tels que des coûts de transport élevés et des infrastructures
transfrontalières inadéquates, entravent leur développement(Engel et al., à paraître).
Il est important de distinguer les différents types d’investisseurs étrangers, bien que
les distinctions soient de plus en plus floues. Morris, Plank et Staritz (2015) soulignent
une différence fondamentale entre les investisseurs mondiaux (extrarégionaux), régio-
naux, et ceux de la diaspora dans le secteur manufacturier africain3.

• Les investisseurs mondiaux ont tendance à posséder des unités de production


dans plusieurs pays et régions ou à s’approvisionner auprès d’elles, en suivant
une stratégie globale impliquant la production à long terme d’une gamme res-
treinte de produits de base fabriqués dans de grandes usines, et en se spécia-
lisant dans une palette limitée d’activités fonctionnelles. Leurs usines sont peu
autonomes et leurs activités se limitent généralement à la fabrication, les fonc-
tions à plus forte valeur ajoutée étant concentrées dans les sièges sociaux. Les
expatriés occupent généralement un rôle important dans les postes de direc-
tion. Dans de nombreux cas, ces investisseurs sont originaires d’Asie de l’Est
ou du Sud, mais desservent les marchés européens et nord-américains. Les
principaux facteurs d’investissement en Afrique sont le faible coût de la main-
d’œuvre et l’accès en franchise de droits aux marchés cibles.
34 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

• Les investisseurs régionaux ont des sièges sociaux dans leur pays d’origine et
sont responsables des fonctions à plus forte valeur ajoutée et de l’organisation
de réseaux de production axés sur une région géographique spécifique. Malgré
d’importantes différences entre les investisseurs régionaux, ils n’ont pas de stra-
tégies d’investissement et d’approvisionnement mondiales, et leurs investisse-
ments sont basés sur la proximité géographique et culturelle. Cette proximité
leur permet également de gérer leurs réseaux de production régionaux grâce à
une utilisation flexible et un flux spatial facile des ressources de gestion, tech-
niques et logistiques. Ces investisseurs sont généralement des leaders du mar-
ché régional. Leurs principales motivations d’investissement étranger sont les
coûts de main-d’œuvre inférieurs à ceux de leur économie nationale, les incita-
tions à l’IDE, l’accès préférentiel au marché et la proximité géographique.
• Les investisseurs de la diaspora sont souvent issus de familles d’immigrants
installées dans le pays d’accueil depuis plusieurs décennies. Parce qu’ils ne
sont pas autochtones, ils sont souvent considérés comme des étrangers, mais
ils sont intégrés localement. La prise de décision est contrôlée localement, ce
qui entraîne une plus grande flexibilité fonctionnelle. Ils opèrent généralement
dans des entreprises unipersonnelles gérées par leur propriétaire, ne font pas
partie de réseaux de production étroitement organisés, et n’ont une portée
régionale ou mondiale. Cependant, contrairement aux investisseurs autoch-
tones, ils peuvent s’appuyer sur leur statut de diaspora pour se connecter à des
réseaux mondiaux pour l’approvisionnement en intrants, et accéder aux ache-
teurs et aux marchés finaux.

L’arrivée de différents types d’investisseurs façonnera le développement des chaînes


de valeur mondiales ou régionales spécifiques d’un pays. Le type de propriété étrangère
détermine la manière dont les entreprises sont liées aux réseaux de production et de
distribution mondiaux et dans quelle mesure elles sont ancrées localement ou régiona-
lement (Granovetter 2018). Le développement des IDE intrarégionaux pourrait donc
augmenter considérablement les chances d’émergence de chaînes de valeur intrarégio-
nales (CEA 2020).
Le type de propriété étrangère attirée peut également avoir des implications sur le
potentiel de modernisation d’un secteur, la création d’emplois et le développement de
« l’intégration verticale »avec les fournisseurs nationaux ou régionaux. Dans leur étude
sur le secteur de l’habillement en Tanzanie, Boys et Andreoni (2020) constatent que les
entreprises orientées vers les CVM contribuent le plus à la croissance récente des expor-
tations et à la création d’emplois. Mais les auteurs s’intéressent plus particulièrement
à un ensemble limité de fonctions à faible valeur ajoutée, principalement l’assemblage
de vêtements. Les entreprises axées sur les CVR remplissent un éventail plus large de
fonctions, notamment la production de leurs propres fils et tissus, et le développement
de leur propre design et marque. Elles sont également plus susceptibles de s’approvi-
sionner en intrants au niveau régional. Boys et Andreoni (2020) démontrent que les
ÉVOLUTION DES IDE, GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET LIENS AVEC LES CHAÎNES DE VALEUR RÉGIONALES EN AFRIQUE 35

CVR peuvent servir de « terrains d’apprentissage » pour des marchés mondiaux plus
exigeants mais plus lucratifs. À titre d’exemple, un fabricant de produits vendant sous ses
propres marques a appris à exporter en desservant le marché sud-africain avant de pou-
voir commencer à répondre aux exigences plus strictes des acheteurs américains. Gold et
al. (2017) constatent d’importantes retombées technologiques et des améliorations de la
productivité résultant des IDE tant régionaux que mondiaux. Toutefois, ils notent que les
entreprises recevant des investissements d’autres pays africains affichent une croissance
moyenne de l’emploi plus élevée et font état d’une plus grande collaboration entre les
entreprises du siège des investisseurs africains et leurs filiales étrangères en matière de
brevets, d’amélioration des produits et de recherche et développement. Cette conclusion
suggère que les IDE intra-africains peuvent présenter des avantages supplémentaires.

NOTES
1. Les données relatives aux nouveaux investissements directs étrangers proviennent de fDi Markets,
qui utilise les annonces des journaux pour saisir les flux d’IDE. Ces informations doivent être
considérées au mieux comme une approximation, étant donné que l’annonce d’une valeur
d’investissement peut différer considérablement des entrées réelles d’IDE. De nombreuses valeurs
d’investissement sont également estimées, ce qui limite encore leur précision.
2. Une part importante de ces produits de base nécessite une transformation importante et doit être
combinée à de nombreux autres intrants pour convenir aux consommateurs (par exemple, le coltan
en tant qu’intrant pour la production de téléphones portables). Par conséquent, la demande en faveur
de ces produits augmente davantage sur les marchés mondiaux que sur les marchés régionaux.
3. Bien que Morris, Plank et Staritz (2015) décrivent l’industrie de l’habillement en Afrique australe
(voir l’encadré 4.1), les auteurs affirment que plusieurs de ces distinctions entre les investisseurs
mondiaux et régionaux seraient également valables dans d’autres secteurs.

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36 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

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wdr2020.
3
Estimer l’effet potentiel de
la ZLECAf sur l’augmentation
des IDE
MESSAGES CLÉS

• La libéralisation du commerce en Afrique devrait stimuler les investissements


directs étrangers (IDE) grâce à une réduction des barrières à l’entrée et des
risques réglementaires.
• En créant un marché à l’échelle du continent et en éliminant les obstacles au
commerce des biens et des services, la Zone de libre-échange continentale
africaine (ZLECAf) encouragera également la concurrence et améliorera l’en-
vironnement des IDE. Les négociations sur le protocole relatif au commerce
des services et sur le protocole relatif aux investissements auront une influence
déterminante sur les investissements étrangers.
• Les estimations fondées sur la gravité suggèrent que, grâce à la ZLECAf,
l’Afrique pourrait enregistrer une augmentation de 111 % des IDE, en suppo-
sant que la ZLECAf couvre tous les pays africains avec des engagements com-
merciaux préférentiels équivalents à un accord commercial préférentiel (ACPr)
africain moyen (le scénario général de la ZLECAf sur les IDE ) ; elle enregis-
treraitune augmentation des IDE de 159 % en supposant un accord d’intégra-
tion plus ambitieux qui couvre également les protocoles sur l’investissement, la
concurrence et les droits de propriété intellectuelle (le scénario approfondi de
la ZLECAf sur les IDE).
• De tels pourcentages d’augmentation des IDE peuvent se produire principale-
ment parce que les pays africains reçoivent actuellement des niveaux relative-
ment faibles d’IDE.
• Il est prévu que les pays africains augmentent leurs propres IDE transfronta-
liers (bilatéraux) de 54 % (le scénario général de la ZLECAf sur les IDE) à 68 %
(le scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE).

37
38 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

• L’Afrique de l’Ouest, dont l’Angola, la République démocratique du Congo et le


Nigeria, devrait enregistrer les taux de croissance des IDE les plus élevés.
• L’Afrique du Sud, en tant que premier bénéficiaire d’IDE sur le continent, est
appelée à consolider sa position de plaque tournante de l’investissement en
Afrique. Ses investissements à l’étranger devraient augmenter de 12 milliards
de dollars (11 %) par rapport à 2017.

ÉTUDES ANTÉRIEURES CONCENANT L’IMPACT DES


ACCORDS COMMERCIAUX SUR LES FLUX D’IDE
La réduction des barrières commerciales peut réduire l’incitation au « contournement
tarifaire » pour certaines entrées d’IDE. Une entreprise individuelle qui cherche à déve-
lopper ses ventes dans un nouveau pays a le choix entre exporter vers une entreprise
distincte dans ce pays ou y établir une filiale par le biais d’IDE horizontaux (visant le
marché intérieur). Dans ce cas, l’IDE est utilisé comme un mécanisme permettant d’évi-
ter les coûts liés au commerce, et tout abaissement des barrières commerciales pourrait
diminuer l’incitation d’une entreprise à réaliser des investissements directs à l’étranger.
En conséquence, certaines études ont montré que les ACPr bilatéraux et régionaux ont
un effet négatif sur les IDE horizontaux entre les pays parties à l’accord (Blomstrom et
Kokko 1997 ; Im 2016 ; Jang 2011).
Toutefois, dans d’autres circonstances, la relation sera inverse, la réduction des bar-
rières commerciales entraînant une augmentation des IDE. Par exemple, l’abaissement
des barrières commerciales peut inciter le développement d’l’IDE vertical (recherche
d’efficacité ou de ressources) entre les pays parties à un accord en permettant aux entre-
prises de répartir l’activité de production sur plusieurs sites, en fonction de la techno-
logie, des compétences, des coûts ou de la disponibilité des ressources (Baltagi, Egger
et Pfaffermayr 2008 ; Blomstrom et Kokko 1997 ; Li et Maani 2018 ; Yeyati, Stein et
Daude 2003). Les pays en développement pourraient particulièrement profiter de ce
type d’effet sur l’investissement en concluant un ACPr avec un pays plus développé.
Des recherches récentes ont démontré le rôle clé que les ACPr peuvent jouer à cet égard
(Kox et Rojas-Romagosa 2020 ; Osnago, Rocha et Ruta 2017).
Les accords commerciaux peuvent également inciter des entreprises extérieures à
la région à investir davantage sur le marché intérieur, car les coûts d’exportation dans
la région sont réduits une fois qu’une filiale y est établie. En accord avec la prévalence
de ce modèle de « plateforme d’exportation », un certain nombre d’études démontrent
l’augmentation des flux d’IDE entrants dans les régions participant à des accords com-
merciaux (Feils et Rahman 2008 ; Im 2016 ; Neary 2009 ; Yeyati, Stein et Daude 2003).
Les avantages de l’IDE de plateforme d’exportation- supplémentaire peuvent être
concentrés dans le pays d’accueil le plus attractif participant à un ACPr. Cependant,
comme le souligne Yeaple (2003), les chaînes de valeur mondiales modernes supposent
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 39

un mélange de stratégies d’IDE verticales et horizontales qui renforcent encore le


potentiel qu’ont les accords commerciaux à accroître les IDE dans les pays participants,
et entre eux.
D’autres processus dynamiques peuvent également contribuer à un effet positif de
la libéralisation du commerce sur les IDE à plus long terme. Par exemple, comme l’ont
noté Blomstrom et Kokko (1997), les gains de productivité générés par une plus grande
exposition au commerce international et une intégration dans les chaînes de valeur
mondiales devraient augmenter les revenus et donc la taille du marché, ce qui attire
davantage les IDE à la recherche de marchés tout en renforçant le climat macroécono-
mique général propice àl’investissement. Les relations commerciales peuvent également
favoriser l’investissement : des échanges antérieurs avec un pays de destination peuvent
fournir à une entreprise étrangère des informations, des relations et une expérience qui
facilitent l’engagement ultérieur d’un investissement direct dans une filiale étrangère.
La recherche empirique confirme généralement les effets positifs globaux des
accords commerciaux sur les flux d’IDE. Des études ont montré des effets positifs pour
des accords spécifiques tels que l’Accord de libre-échange nord-américain (Cuevas,
Messmacher et Werner 2005 ; MacDermott 2007), le marché unique de l’Union euro-
péenne (Baltagi, Egger et Pfaffermayr 2008) et l’accord Chine-Association des nations de
l’Asie du Sud-Est (Thangavelu et Narjorko 2014 ; Li, Scollay et Maani 2016). Medvedev
(2012) constate que l’adhésion à un ACPr est associée à une augmentation des entrées
nettes d’IDE dans un panel de pays développés et en développement, le résultat étant
principalement dû à une augmentation des IDE vers les pays en développement. En
utilisant les données d’une enquête sur les entreprises des marchés émergents, Gomez-
Mera et Varela (2017) constatent que l’adhésion à un ACPr augmente l’attractivité
des investissements, bien que l’effet diminue avec la distance. Kox et Rojas-Romagosa
(2020) utilisent une analyse de modèle gravitationnel structurel pour mesurer les effets
des accords internationaux sur les stocks et les flux d’IDE bilatéraux, et constatent que la
signature d’un ACPr augmente les stocks d’IDE bilatéraux d’environ 30 %, en moyenne.
Le contenu spécifique d’un ACPr, et en particulier la mesure dans laquelle il com-
prend des dispositions relatives à l’investissement, peut également impacter considéra-
blement ses effets sur l’IDE. Les accords commerciaux « approfondis », qui vont au-delà
des droits de douane et autres mesures d’accès direct au marché, et incluentdes disci-
plines telles que les réglementations en matière d’investissement, de concurrence et
de produits, sont devenus de plus en plus courants, tout comme les traités bilatéraux
d’investissement (TBI) autonomes ou d’accompagnement qui consacrent des mesures
de protection pour les investisseurs, telles que des mécanismes de règlement des diffé-
rends entre investisseurs et États. Les accords commerciaux plus approfondis augmen-
tent les IDE verticaux (Osnago, Rocha et Ruta 2017).
Les accords commerciaux approfondis et les traités d’investissement bilatéraux
peuvent favoriser les entrées d’IDE en abaissant directement les barrières à l’entrée,
telles que les interdictions et les limites à la propriété étrangère, les mécanismes de
40 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

filtrage et les restrictions sur le personnel de direction étranger. Un régime d’IDE ouvert
est une condition essentielle pour stimuler les entrées d’IDE. Par exemple, De la Medina
Soto et Ghossein (2013) mettent en évidence une corrélation positive entre l’ouverture
moyenne aux prises de participation étrangères dans les différents secteurs et les entrées
d’IDE par habitant dans 103 économies. Mistura et Roulet (2019) constatent que la libé-
ralisation des restrictions en matière d’IDE d’environ 10 %, mesurée par l’indice de res-
triction réglementaire des IDE de l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE), pourrait augmenter les IDE bilatéraux en stocks de 2,1 % en
moyenne. Comme le soulignent Echandi (2015) et Kusek et Silva (2018), les IDE orien-
tés vers l’exportation sont particulièrement affectés par les barrières à l’entrée car, en l’ab-
sence de facteurs d’appels, tels qu’un marché ou des ressources recherchés, la présence
de barrières à l’entrée peut suffire pour que les entreprises désirent s’installer ailleurs.
Plus souvent, les accords commerciaux approfondis et les TBI prévoient des protec-
tions pour les investisseurs, comme des mécanismes de règlement des différends entre
investisseurs et États, qui sont conçus pour réduire le risque réglementaire. Des fac-
teurs tels qu’un manque de transparence de la part du gouvernement, des changements
soudains dans les lois ou les règlements, des ruptures de contrat, des expropriations
ou d’autres risques réglementaires peuvent affaiblir la confiance que les investisseurs
placent dans un pays, et décourager les investissements. Les résultats d’enquêtes sug-
gèrent que l’environnement juridique et réglementaire d’un pays figure parmi les trois
principales considérations des investisseurs potentiels, après la stabilité politique et
macroéconomique (Kusek, Saurav et Kuo 2020). Les données empiriques établissent
également un lien entre la réduction du risque réglementaire et l’augmentation des flux
d’IDE (Hebous, Kher et Tran 2020). En théorie, l’intégration de mesures de protec-
tion des investisseurs dans les accords internationaux peut réduire ou compenser ces
risques en offrant des recours et en agissant comme un mécanisme d’engagement poli-
tique. De par leur conception, ces protections réduisent la marge de manœuvre dont
disposent les décideurs politiques nationaux, créant ainsi un compromis pour les pays
entre la protection des investisseurs et la souveraineté politique.
Les études suggèrent des effets positifs sur les IDE résultant de l’inclusion de dis-
positions fortes en matière d’investissement dans les ACPr (Berger et al. 2013 ; Büthe
et Milner 2013 ; Lesher et Miroudot 2006 ; Osnago, Rocha, et Ruta 2017). Berger et
al. (2013) constatent que les effets positifs des accords commerciaux approfondis sont
principalement dus aux dispositions relatives à l’entrée, tandis qu’Osnago, Rocha et
Ruta (2017) démontrent que les ACPr approfondis augmentent le flux d’IDE vertical
entre les pays. Kox et Rojas-Romagosa (2020) constatent que les ACPr et les traités bila-
téraux d’investissement ont tous deux un effet positif sur les IDE, mais ne trouvent pas
d’impact significativement différent par rapport aux ACPr approfondis. Enfin, la mise
en place des dispositions relatives aux investissements et des TBI comprend également
des inconvénients majeurs, notamment le fait qu’ils peuvent inciter à l’évasion fiscale
ou la rendre possible.1
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 41

EFFETS POTENTIELS DE LA ZLECAF SUR LES IDE


La ZLECAf affectera les IDE en Afrique de différentes manières. Les effets de la libéra-
lisation du commerce sur l’IDE varient selon les motivations des investisseurs, de leur
localisation, du niveau de développement relatif et de l’attractivité des pays concer-
nés, ainsi que d’autres facteurs. Dans le cas de la ZLECAf, ces effets sont difficiles à
distinguer en raison de la nature complexe des accords commerciaux intra-africains
existants, des calendriers de libéralisation et de l’incertitude entourant le protocole
d’investissement qui les accompagne.
La première phase de la ZLECAf devrait contribuer à augmenter les IDE intra-afri-
cains et les IDE externes en Afrique en élargissant le marché régional. En améliorant les
possibilités d’expansion des chaînes de valeur régionales, la libéralisation du commerce
devrait encourager les entreprises à internationaliser leurs opérations dans les pays
voisins où elles peuvent réaliser des gains d’efficacité. En outre, en unifiant le marché
africain, la première phase de la ZLECAf devrait attirer davantage d’IDE provenant de
l’extérieur de la région. La ZLECAf élargit la taille du marché auquel les investisseurs
étrangers peuvent accéder en s’installant dans un pays africain. Elle peut également
accroître l’attrait de l’Afrique aux yeux des investisseurs externes en quête d’efficacité en
facilitant l’accès aux intrants dans toute la région africaine. En même temps, en réduisant
les barrières commerciales, du moins en théorie, la ZLECAf peut réduire les incitations
pour les entreprises manufacturières africaines à la recherche d’un marché intérieur
dans lequel établir des filiales. Cependant, le niveau actuel limité de l’IDE intra-africain
dans le secteur manufacturier suggère que peu d’IDE de « contournement tarifaire »
diminueraient avec ce mécanisme. En outre, étant donné le poids important de l’IDE
dans les services, et compte tenu du fait que la fourniture de services nécessite dans la
plupart des cas une proximité avec les consommateurs par le biais d’IDE axés sur le
marché intérieur, ce type d’investissement pourrait également augmenter.
La conclusion de la deuxième phase des négociations pourrait stimuler davan-
tage les IDE externes et intra-africains. Des protocoles d’investissement, de propriété
intellectuelle et de concurrence bien établis offriraient aux entreprises des protections
fiables en matière d’investissement et de propriété intellectuelle, et leur donneraient
l’assurance qu’elles sont sur un pied d’égalité avec les entreprises en place dans les pays
d’accueil potentiels. Comme nous l’avons vu plus haut dans ce chapitre, une abon-
dante littérature confirme les effets positifs des accords commerciaux approfondis sur
les IDE, bien que les données étayant l’impact des TBI sur les IDE soient mitigées.
Falvey et Foster-McGregor (2018) suggèrent que ces effets sont les plus forts lorsque les
différences de revenus entre les pays participants sont plus importantes. En effet, ces
accords permettent aux entreprises de tirer parti des différences de coûts par le biais
de l’IDE vertical. Bien que ce résultat puisse jeter un doute sur l’efficacité potentielle
des protections dont bénéficient les investisseurs pour les IDE intra-africains, la même
étude identifie les effets optimaux des traités bilatéraux sur les investissements directs
42 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

étrangers dans le cas où les relations d’IDE précédentes sont limitées, ce qui est cohé-
rent avec les volumes historiques limités d’IDE intra-africains.
En outre, les effets dynamiques de la libéralisation des échanges de la ZLECAf
peuvent stimuler davantage les investissements sur le continent. Comme le résume la
CEA (2020), les autres effets dynamiques sont les suivants :

• Les pressions concurrentielles accrues entre les entreprises rivales améliorent


l’efficacité et la productivité qui stimulent à leur tour l’investissement.
• Les effets sur les termes de l’échange qui augmentent les rendements relatifs des
biens échangeables, ce qui stimule davantage l’investissement et augmente la
production et l’emploi dans les secteurs concernés.
• Une croissance plus rapide et une convergence des revenus grâce aux gains
commerciaux.
• Une augmentation des possibilités de complémentarité régionale, conduisant
à une diversification globale de la production et à une moindre dépendance à
l’égard des produits manufacturés importés.
• Une plus grande coopération régionale favorisant la coordination des poli-
tiques, y compris celles relatives aux transports et aux communications à
l’échelle régionale.

Bien que ces effets dynamiques soient plus difficiles à estimer et soient susceptibles
de n’apparaître que progressivement, ils mettent en évidence comment une intégration
régionale plus profonde peut stimuler l’investissement et la croissance par le biais d’un
certain nombre de mécanismes.
À ce jour, la seule analyse empirique de fond des effets de la ZLECAf sur les IDE
en Afrique est celle de Shingal et Mendez-Parra (2020), qui constatent les effets positifs
significatifs de la libéralisation du commerce régional. Les auteurs utilisent le modèle
de gravité pour comparer les flux actuels d’IDE Greenfield en Afrique en 2018 par rap-
port à un scénario contrefactuel dans lequel une zone de libre-échange africaine est en
vigueur. Globalement, ils observent que la libéralisation du commerce dans le cadre de
la ZLECAf aurait augmenté les annonces d’IDE intra-africains de 14 %, avec des dif-
férences importantes entre les pays (figure 3.1). D’une part, les IDE entrants devraient
augmenter le plus dans les pays relativement pauvres d’Afrique subsaharienne, y com-
pris la Somalie (31 %), le Gabon (30 %), la Mauritanie (28 %), le Mali (28 %) et le
Burkina Faso (25 %). D’autre part, l’a ugmentation des IDE sortants devrait concerner
avant tout les grands acteurs régionaux, notamment le Nigeria (26 %), le Maroc (17 %),
la République arabe d’Égypte (15 %) et l’Afrique du Sud (14 %). Il est important de
noter qu’aucun des pays africains n’est perdant.
D’autres résultats étudiant les canaux de transmission confirment que l’aug-
mentation du commerce bilatéral a un effet positif important sur les IDE bilatéraux.
Plus précisément, Shingal et Mendez-Parra (2020) estiment qu’une augmentation de
10 % des importations (ou exportations) bilatérales de biens finals est associée à une
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 43

Figure 3.1 Estimation de la variation des investissements intra-africains Greenfield due au scé-
nario de la ZLECAf par rapport au scénario de base en 2018

a. Source country (outward FDI) b. Destination country (inward FDI)

25.9 SOM 31.0


NGA
GAB 29.7
MAR 16.6 MRT 28.4
MLI 28.1
EGY 14.6 BFA 25.0
ZAF 18.2
ZAF 13.7 NGA 18.1
DZA 14.9
MUS 11.7
ETH 14.7
MAR 14.2
TUN 11.4
LBY 13.8
LBY 2.2 SDN 13.7
TUN 13.3
ETH 0 MDG 12.0
TZA 11.9
BFA 0 EGY 11.2
MOZ 3.7
BDI 0 MUS 3.2
GIN 0
AGO 0
CPV 0

0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30 35
Percentage change Percentage change

Source : adapté d’après Shingal et Mendez-Parra 2020.


Note : la figure montre les estimations de l’analyse d’équilibre général conditionnel utilisant l’estimateur
du pseudo-maximum de vraisemblance de Poisson d’équilibre général. Les pourcentages indiquent les
changements dans les investissements intra-africains Greenfield dans le scénario contrefactuel (une mise
en œuvre réussie de la ZLECAf) par rapport au scénario de base (pas de ZLECAf) en 2018. ZLECAf= Zone de
libre-échange continentale africaine.

augmentation de 2 à 3 % des investissements directs étrangers bilatéraux entrants.


L’ampleur de ces effets est plus importante pour le commerce des biens intermédiaires.
Ce résultat est conforme au rôle que devrait jouer la libéralisation du commerce en
soutenant les IDE verticaux à la recherche d’efficacité. Ces effets sont les plus forts pour
le commerce et l’IDE intra-africains, mais ils sont également valables pour le commerce
extérieur et les flux d’IDE.
44 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

ESTIMATION DE L’IMPACT DE LA ZLECAF SUR LES


IDE À L’AIDE D’UN MODÈLE DE GRAVITÉ
Cette analyse utilise des modèles gravitationnels pour estimer l’effet de causalité des
différents scénarios sur l’investissement, tout en tenant compte d’autres déterminants
socio-économiques et politiques. L’estimation s’appuie sur un modèle économétrique
de gravité utilisant un panel couvrant 225 économies pour la période 2002-2017. Les
résultats peuvent être considérés comme des impacts survenant une fois que tous les
ajustements ont eu lieu. Par conséquent, une augmentation de 100 % indique un dou-
blement du stock d’IDE par rapport à son niveau de 2017. L’analyse suppose que tous
les effets se matérialisent en fonction du calendrier de mise en œuvre complète de la
ZLECAf. Dans les deux scénarios, les effets directs et ceux des pays tiers (indirects) sont
analysés. Par conséquent, les résultats indiquent non seulement comment la ZLECAf
est censée modifier les flux d’investissement entre les pays africains, mais aussi dans
quelle mesure l’accord modifiera la position de l’Afrique dans le paysage mondial des
IDE.
Pour évaluer la capacité de la ZLECAf d’attirer des IDE supplémentaires, l’ana-
lyse commence par mesurer le niveau actuel d’intégration régionale entre les pays afri-
cains et le niveau d’intégration supplémentaire que génèrerait la ZLECAf. Cette analyse
repose sur la base de données des accords commerciaux approfondis de la Banque
mondiale. Les détails de la méthodologie et des résultats sont présentés dans l’enca-
dré 3.1, et les implications des résultats sont ensuite décrites.
Le niveau actuel d’intégration régionale issu des ACPr passés entre les pays africains
est mitigé. Quatre grands blocs peuvent être identifiés (figure 3.2). Le premier bloc, sur
le côté droit du réseau, est composé d’un maillage étroit résultant de l’appartenance
à au moins l’un des groupes suivants : le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de
l’Afrique australe (COMESA), la Communauté de développement de l’Afrique australe
(SADC), l’Union douanière d’Afrique australe (SACU) et la Communauté d’Afrique de
l’Est (EAC). Les pays qui sont à la fois membres du COMESA et de la SADC (Eswatini,
Madagascar, Malawi, Maurice, Seychelles, Zambie et Zimbabwe) sont les pays les plus
intégrés du continent africain. Chaque pays partage des accords préférentiels avec
25 autres pays africains (voir également la troisième colonne du tableau B3.1.1). En
outre, l’intégration économique de ce groupe de pays est la plus élevée du continent, la
SADC disposant d’un indice de base de 28 pour les accords de partenariat économique.
Ils sont suivis, en bas à droite, par l’Égypte, la Libye et le Soudan, qui sont membres à
la fois du COMESA et de la Grande zone arabe de libre-échange (GAFTA). Au milieu
du groupe, en bleu clair, se trouvent les membres du COMESA et de l’EAC, ou les
deux. Au sommet du groupe se trouvent les membres de la SACU et de la SADC, ainsi
que la Tanzanie, qui est membre à la fois de l’EAC et de la SADC. En général, les pays
inclus dans ce groupe ont l’accès préférentiel moyen le plus élevé, tel que représenté
par l’indice de base moyen de l’ACPr (voir la dernière colonne du tableau B3.1.1). Les
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 45

Figure 3.2 Réseau d’accords commerciaux préférentiels en Afrique en 2017

ESH
MRT
REU BWA

ZAF
SOM LSO
AGO NAM

MYT TZA MOZ


STP
SHN ZMB

GMB SWZ
GIN BEN MWI
ZWE

MUS OMD
CIV COM
NGA BDI
SLE
KEN CJS
BFA SDN
GNB
CPV SSD
GHA UGA
DJI RWA

TGO SEN
ERI MAR
LBR
EGY
MLI ETH LBY
NER
CAF COD
TUN
GNQ COG
DZA
GAB
TCD
CMR

Deeper integration More shallow integration

Source : Banque mondiale


Note : lLa couleur et la taille des nœuds sont proportionnelles au nombre de relations préférentielles. De même, la
couleur des liens entre les nœuds indique le niveau de profondeur entre deux économies, tel que mesuré par l’indice
ACPr-core. Les économies sont représentées par des nœuds comportant les codes ISO des économies, et les relations
de l’ACPr sont représentées par les liens reliant les nœuds. La couleur des nœuds et des liens est proportionnelle
au niveau d’intégration. Les nœuds violets ont des connexions ACPr plus nombreuses et plus profondes que les
autres économies. De même, les liens en violet indiquent des relations de l’ACPr plus profondes, telles que mesurées
par l’ACPr-core. Les nœuds et les liens en bleu clair sont associés à une intégration peu profonde. Le tableau B3.1.1
présente la correspondance des codes ISO et le niveau d’intégration des ACPr pour chaque économie, mesuré à
la fois par le nombre de partenariats ACPr (ACPr-bin) et l’ACPr-core moyen. ISO = Organisation internationale de
normalisation ; ACPr = Accord commercial préférentiel.
46 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Encadré 3.1 Mesurer la portée et la profondeur potentielles de la ZLECAf

Cette analyse s’appuie sur la base de données des accords commerciaux approfondis de la Banque
mondiale. L’accès préférentiel au marché est généralement mesuré par deux indicateurs complé-
mentaires. Le premier, PTA-bin, consiste en un indicateur binaire égal à un lorsque deux pays sont
membres d’un même accord et à zéro dans le cas contraire. Il prend la valeur de 1 si deux pays sont
membres conjoints soit d’un accord de libre-échange, soit d’un accord d’intégration économique,
soit d’une union monétaire. Les accords de libre-échange diffèrent des accords d’intégration écono-
mique en ce qu’ils impliquent la libéralisation des services. Le deuxième indicateur, PTA-core, est le
nombre total de dispositions fondamentales (noyau dur) qui sont incluses et légalement applicables
dans un accord commercial préférentiel (ACPr). Une disposition est considérée comme essentielle si
elle consiste en des engagements qui renforcent ceux convenus au niveau multilatéral (dispositions
« + » de l’Organisation mondiale du commerce) ou qui réglementent des domaines politiques sup-
plémentaires tels que la politique de concurrence, l’investissement, la circulation des capitaux et les
droits de propriété intellectuelle (dispositions « x » de l’Organisation mondiale du commerce) (voir
Hofmann, Osnago et Ruta 2017 pour plus de détails). Voir le tableau B3.1.1.
Suivant les indicateurs d’accès au marché ACPr-bin et ACPr-core, l’introduction de la Zone de
libre-échange continentale africaine (ZLECAf) peut être envisagée selon deux scénarios différents
et complémentaires. Dans le scénario général des IDE (investissement direct étranger) de la ZLECAf,
qui repose sur l’indicateur binaire de l’ACPr (ACPr-bin), tous les membres potentiels bénéficient d’un
traitement préférentiel, de sorte que pour toutes les paires de pays africains, l’indicateur ACPr-bin
est égal à un. Étant donné que certaines paires de pays sont déjà membres d’au moins un ACPr, cela
correspond, dans le réseau de la figure 3.2 du texte principal, à la création de liens entre tous les
pays qui n’en ont pas actuellement. Le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf tient également
compte de la profondeur de la ZLECAf. Étant donné que le contenu exact de l’accord reste à déter-
miner, ce scénario part de l’hypothèse que son niveau de profondeur sera égal aux relations les
plus profondes qui existent déjà entre les pays africains. Comme on peut le voir dans la figure 3.2,
ces relations consistent en un accès au marché entre les membres de la Communauté de dévelop-
pement de l’Afrique australe (SADC ; la SADC a un ACPr-core de 28). Il convient de souligner que
selon cette hypothèse, le contenu de la ZLECAf n’est pas tenu de correspondre exactement aux
dispositions de la SADC. Elle est plutôt fondée sur le fait que les différentes dispositions peuvent
être combinées pour atteindre des niveaux de profondeur similaires. La mise en œuvre du scénario
approfondi des IDE de la ZLECAf, dans le tableau B3.1.1, correspond d’abord à la création de liens
entre tous les pays qui n’en ont pas actuellement. De plus, tous les liens existants sont ensuite por-
tés à un niveau d’intégration plus profond (ACPr-core égal à 28).
Tableau B3.1.1 Niveau d’intégration des ACPr en 2017 et intégration des ACPr acquis de la ZLECAf

Code Économie (1) Nombre de (2) Nombre de partenaires (3) Accès (4) Accès préférentiel
ISO partenaires de l’ACPr acquis des IDE préférentiel moyen acquis des IDE
ACPr de la ZLECAf. moyen de la ZLECAf.
(ACPr-bin) Scénario général (ACPr-core) Scénario approfondi
en 2017 (ACPr-bin) en 2017 (ACPr-core)

OMD Madagascar 25 32 9,754 18,246

MUS Maurice (île)

MWI Malawi

(L’encadré continue à la page suivante)


ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 47

Encadré 3.1 Mesurer la portée et la profondeur potentielles de la ZLECAf (a continué)

Tableau B3.1.1 Niveau d’intégration des ACPr en 2017 et intégration des ACPr acquis de la ZLECAf

Code Économie (1) Nombre de (2) Nombre de partenaires (3) Accès (4) Accès préférentiel
ISO partenaires de l’ACPr acquis des IDE préférentiel moyen acquis des IDE
ACPr de la ZLECAf. moyen de la ZLECAf.
(ACPr-bin) Scénario général (ACPr-core) Scénario approfondi
en 2017 (ACPr-bin) en 2017 (ACPr-core)

SWZ Eswatini

CJS Seychelles

ZMB Zambie

ZWE Zimbabwe

EGY République 22 35 6,877 21,123


arabe d’Égypte

LBY Libye

SDN Soudan

BDI Burundi 20 37 7,298 20,702

KEN Kenya

RWA Rwanda

UGA Ouganda

SSD Soudan du Sud 20 37 7,193 20,807

CODa République 19 38 6,667 21,333


démocratique
du Congo

COMb Les Comores

DJI Djibouti

ERIc Érythrée

ETH Éthiopie

TZA Tanzanie 17 40 6,140 21,860

BEN Bénin 14 43 3,439 24,561

BFA Burkina Faso

CIV Côte d’Ivoire

(L’encadré continue à la page suivante)


48 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Encadré 3.1 Mesurer la portée et la profondeur potentielles de la ZLECAf (a continué)

Tableau B3.1.1 Niveau d’intégration des ACPr en 2017 et intégration des ACPr acquis de la ZLECAf

Code Économie (1) Nombre de (2) Nombre de partenaires (3) Accès (4) Accès préférentiel
ISO partenaires de l’ACPr acquis des IDE préférentiel moyen acquis des IDE
ACPr de la ZLECAf. moyen de la ZLECAf.
(ACPr-bin) Scénario général (ACPr-core) Scénario approfondi
en 2017 (ACPr-bin) en 2017 (ACPr-core)

GNB Guinée-Bissau

MLI Mali

NER Niger

SEN Sénégal

TGO Togo

CPV Cap-Vert 14 43 2,947 25,053

GHA Ghana

GIN Guinée

GMB Gambie

LBR Liberia

NGA Nigeria

SLE Sierra Leone

BWA Botswana 12 45 4,211 23,789

LSO Lesotho

MOZ Mozambique

NAM Namibie

ZAF Afrique du Sud

DZA Algérie 5 52 0,351 27,649

MAR Maroc

TUN Tunisie

CAF République 5 52 0,175 27,825


centrafricaine

(L’encadré continue à la page suivante)


ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 49

Encadré 3.1 Mesurer la portée et la profondeur potentielles de la ZLECAf (a continué)

Tableau B3.1.1 Niveau d’intégration des ACPr en 2017 et intégration des ACPr acquis de la ZLECAf

Code Économie (1) Nombre de (2) Nombre de partenaires (3) Accès (4) Accès préférentiel
ISO partenaires de l’ACPr acquis des IDE préférentiel moyen acquis des IDE
ACPr de la ZLECAf. moyen de la ZLECAf.
(ACPr-bin) Scénario général (ACPr-core) Scénario approfondi
en 2017 (ACPr-bin) en 2017 (ACPr-core)

CMR Cameroun

COG République du
Congo

GAB Gabon

GNQ Guinée
équatoriale

TCD Tchad

AGOa Angola 0 57 0 28

ESH Sahara
occidental

MRT Mauritanie

MYTd Mayotte

REUd La Réunion

SHNd Sainte-Hélène

SOM Somalie

STP Sao Tomé-et-


Principe

Source : Banque mondiale.


Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ; ISO =
Organisation internationale de normalisation ; ACPr = accord commercial préférentiel.
a. L’appartenance de l’Angola et de la République démocratique du Congo à la Communauté de
développement de l’Afrique australe n’est pas prise en compte, étant donné qu’ils n’ont pas signé son
protocole relatif aux ACPr.
b. Les Comores ont rejoint la Communauté de développement de l’Afrique australe en août 2017 ; par
conséquent, seul l’accès préférentiel résultant de l’adhésion au Marché commun de l’Afrique orientale et
australe est pris en compte.
c. L’Érythrée est le seul pays qui n’a pas encore signé l’accord de la ZLECAf parmi les 55 pays membres de
l’Union africaine. Elle est incluse dans cette étude étant donné que l’objectif est d’évaluer le potentiel de la
ZLECAf.
d. Mayotte, la Réunion et Sainte-Hélène ne font pas partie de l’Union africaine. Ils sont inclus dans cette étude
par souci de cohérence, étant donné qu’ils figurent dans les agrégats régionaux des données sous-jacentes
utilisées dans l’analyse d’équilibre général calculable de ce rapport. En raison de leur petite taille relative et du
manque d’observations, leur inclusion dans ce tableau n’affecte pas les résultats.
50 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

exceptions sont l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, qui ne sont membres que d’un accord
superficiel, la GAFTA (avec l’Égypte, la Libye, le Soudan et d’autres pays non africains).
Le deuxième groupe est constitué des pays d’Afrique de l’Ouest qui ont adhéré à la
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’adhésion à
cet accord accorde un accès préférentiel à 14 autres pays. Un sous-ensemble de pays
de la CEDEAO est également lié par l’intermédiaire de l’Union économique et moné-
taire ouest-africaine (UEMOA) et bénéficie donc d’un niveau d’intégration légèrement
supérieur. Le troisième groupe, en bas de la figure 3.2, est composé de pays membres
de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), dont
l’ACPr est le moins développé en Afrique. Le quatrième groupe d’économies, en haut
du réseau, est composé de ceux qui n’ont aucun accord préférentiel avec un autre pays
africain (voir également le tableau B3.1.1).
La ZLECAf vise à couvrir un large éventail de domaines politiques qui permet-
traient d’approfondir considérablement le niveau actuel d’intégration. L’accord réduira
les droits de douane entre les pays membres et couvrira des domaines politiques tels
que la facilitation du commerce et les services, ainsi que des mesures réglementaires
telles que les normes sanitaires et les obstacles techniques au commerce. L’accord com-
plétera les communautés économiques sous-régionales et les accords commerciaux
existants en Afrique en offrant un cadre réglementaire à l’échelle du continent et en
réglementant des domaines d’action – tels que la protection des investissements et des
droits de propriété intellectuelle (tableau 3.1) – qui, jusqu’à présent, n’étaient pas cou-
verts par la plupart des accords sous-régionaux africains. 2
L’extension de la portée et l’approfondissement de la ZLECAf auront des impacts
différents selon les pays. Les graphiques a et b de la carte 3.1 présentent les partenaires
de l’ACPr acquis et l’accès préférentiel acquis qui accompagneront la mise en œuvre
de la ZLECAf par rapport à l’intégration régionale en 2017 (la dernière année pour
laquelle des données sont disponibles) dans le cadre du scénario général et approfondi
des IDE de la ZLECAf, respectivement. Pour le scénario général des IDE de la ZLECAf,
le niveau d’intégration acquis consiste en la somme des relations préférentielles acquises
pour un pays donné. Pour le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, le niveau d’in-
tégration acquis au titre de la ZLECAf est l’augmentation moyenne de l’indice de base
de l’ACPr pour un pays donné parmi tous les partenaires (voir encadré 3.1). Si l’on se
concentre sur l’étendue de l’intégration acquise dans le cadre du scénario général des
IDE de la ZLECAf (graphique a de la carte 3.1), les pays les plus intégrés (île Maurice,
Seychelles, Zimbabwe, Madagascar, Malawi, Zambie et Eswatini) acquièrent chacun
32 nouveaux partenaires de l’ACPr, et les pays qui n’étaient pas intégrés auparavant
obtiennent un accès préférentiel à l’ensemble des 55 autres économies du continent afri-
cain. L’intégration acquise dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf
(graphique b de la carte 3.1) met en lumière le fait que certains traités établissant un
accès préférentiel dans le scénario de base sont, en fait, assez superficiels. Les pays qui
ne sont membres que de la CEMAC (Cameroun, République centrafricaine, Tchad,
Tableau 3.1 Domaines politiques couverts par certains accords sous-régionaux africains et par la ZLECAf
Marché
commun Communauté
de l’Afrique Communauté de économique Union Union Communauté Zone de
Communauté de l’Est et développement des États de économique douanière économique et libre-échange
d’Afrique de l’Afrique de l’Afrique l’Afrique de et monétaire d’Afrique monétaire de continentale
Domaine politique de l’Est australe australe l’Ouest ouest-africaine australe l’Afrique centrale africaine
Droits de douane sur les
produits manufacturés
Droits de douane sur les
produits agricoles
Taxes à l’exportation ✗ ✗ ✗
Douanes ✗ ✗
Politique de concurrence ✗
Subvention de l’État ✗ ✗ ✗ ✗
Antidumping ✗ ✗ ✗
Mesures compensatoires ✗ ✗ ✗ ✗ ✗
STE ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗
TBT ✗ ✗
AGCS ✗
SPS ✗ ✗
Mouvement de capitaux ✗ ✗
Marchés publics ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗
DPI ✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗
Investissement ✗ ✗ ✗ ✗
Lois sur l’environnement ✗ ✗ ✗ ✗
Réglementation du marché
✗ ✗ ✗ ✗ ✗ ✗
du travail
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE

Source : Banque mondiale 2020.


Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; AGCS = Accord général sur le commerce des services ; DPI = droits de propriété intellectuelle ; SPS =
mesures sanitaires et phytosanitaires ; STE = entreprises commerciales d’État ; TBT = obstacle technique au commerce.
51
52 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Carte 3.1 Intégration des ACPr acquis de la ZLECAf

a. Number of partners b. Average preferential access

NUMBER OF ACQUIRED PTA PARTNERS AVERAGE ACQUIRED PREFERENTIAL ACCESS

IBRD 46369 | IBRD 46370 |


JANUARY 2022 35 40 45 50 55 JANUARY 2022 20 22 24 26 28

Source : Banque mondiale.


Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; ACPr = Accord commercial préférentiel.

République du Congo, Gabon, Guinée) ou de la GAFTA – Algérie, Maroc, Tunisie –


profitent de la mise en œuvre de la ZLECAf presque autant que les pays qui n’ont pas
d’ACPr. Par ailleurs, au sein du bloc de la CEDEAO, les pays qui ne sont pas membres
de l’UEMOA connaissent des niveaux d’intégration acquis légèrement plus profonds.
Sur la base de ces calculs, un modèle gravitationnel est estimé pour quantifier la
relation entre le stock d’IDE et la portée et la profondeur des accords de partenariat
économique. Les détails du modèle de gravité économétrique sont fournis à l’annexe A.
Étant donné que la mise en œuvre de la ZLECAf devrait également affecter l’investisse-
ment entre les pays africains et les pays non africains, l’estimation prend en compte les
effets directs et indirects (ou pays tiers)3. Les effets de pays tiers sont transmis à d’autres
paires de pays, pondérés par la distance géographique entre les paires de pays et les
pays d’origine et de destination. Après la sélection de 2017 comme base de référence,
les effets de l’adhésion à la ZLECAf et du bénéfice de l’accès préférentiel sont estimés en
utilisant les coefficients de l’équation de gravité et en appliquant la formule le « choc des
préférences de la ZLECAf » – c’est-à-dire le scénario général des IDE de la ZLECAf. Le
choc des préférences de la ZLECAf traduit l’amélioration de l’accès préférentiel résul-
tant de la participation à la ZLECAf de toutes les paires de pays africains qui ne béné-
ficient pas déjà d’un traitement préférentiel de la part d’un ACPr sous-régional africain
existant. Le choc des préférences de la ZLECAf pour une paire de pays appréhende à la
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 53

fois l’effet direct au sein de la paire et les effets indirects de l’amélioration de l’accès pré-
férentiel de tous les pays tiers grâce à la ZLECAf (voir l’annexe A pour plus de détails).
Ensuite, les effets de l’approfondissement de l’accord de la ZLECAf sont calculés.
Les effets sur le stock d’IDE dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf sont
basés sur l’effet estimé d’un progrès dans la substance d’un ACPr à partir de la régres-
sion gravitationnelle (voir la colonne correspondante dans le tableau A.1 de l’annexe
A). L’effet attendu d’un progrès dans la substance d’un ACPr comprend des effets directs
et indirects4. Ainsi, les effets de l’adhésion à la ZLECAf avec une substance égale à 28 en
2017 (l’année de référence) sont évalués à l’aide des coefficients estimés dans l’équation
de gravitationnelle et le « choc du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf ». Le choc
du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf saisit l’amélioration de la profondeur
de la relation préférentielle entre toutes les paires de pays africains, qui est calculée en
termes de substance à 28 moins la profondeur de la relation de l’ACPr déjà en place en
2017. Le choc du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf pour une paire de pays
recueille à la fois l’effet direct au sein de la paire et les effets indirects de l’approfondis-
sement de l’accès préférentiel des pays tiers au titre de la ZLECAf.

IMPACTS DE L’ÉLARGISSEMENT ET DE L’APPROFONDISSEMENT


DE LA ZLECAF SUR LE STOCK D’IDE

• La mise en œuvre de la ZLECA devrait augmenter considérablement les investis-


sements étrangers sur le continent africain. Le stock net d’IDE pourrait augmen-
ter de 111 % dans le scénario général des IDE de la ZLECAf et de 159 % dans
le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, par rapport à 2017. Ces résultats
sont dus presque exclusivement aux investissements sur le continent (en effet,
les investissements à l’étranger de l’Afrique vers le reste du monde n’augmentent
que légèrement, à partir d’un niveau déjà faible). Cette hausse s’explique princi-
palement par le fait que les pays africains connaissent actuellement des niveaux
d’IDE relativement faibles.
• La zone ZLECAf peut potentiellement augmenter les investissements entre ses
membres, mais l’impact sur les flux entrants en provenance de pays tiers pourrait
être beaucoup plus important. Au niveau bilatéral, les stocks d’investissement
entre les membres de l’accord augmentent, en moyenne, de 54 % et de 68 %,
respectivement dans le cadre du scénario général et approfondi des IDE de
la ZLECAf. L’impact de l’accord sur le stock d’IDE des partenaires non afri-
cains est sensiblement plus élevé, soit 86 % pour le scénario général des IDE
de la ZLECAf et 122 % pour le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf.
L’expansion des investissements en Afrique provient principalement d’Europe
et, dans une moindre mesure, d’Asie et d’Amérique du Sud et du Nord.
• La couverture et la profondeur de l’accord jouent un rôle essentiel pour maximiser
les flux d’IDE. Au niveau des pays, les impacts hétérogènes sont déterminés par
54 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

les niveaux initiaux d’investissement, le niveau initial d’intégration avec les par-
tenaires de la ZLECAf et l’intégration des pays voisins. Dans les deux scénarios,
l’investissement augmente dans tous les pays, l’impact étant systématiquement
plus important dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf.

Ces résultats sont décrits plus en détail dans la suite de cette section.
La ZLECAf améliore l’attractivité de ses membres pour les IDE entrants. Le gra-
phique 3.3 présente le niveau du stock d’IDE en 2017 comme base de référence, ainsi
que les niveaux résultant de chaque scénario. Il montre le stock d’IDE entrant et sortant,
ainsi que le stock net (stock d’IDE entrant moins stock sortant). Les chiffres relatifs aux
IDE entrants et sortants correspondent à la somme du stock de toutes les économies
africaines, tandis que les chiffres du stock net déduisent les investissements bilatéraux
entre paires africaines. Les IDE entrants doublent peu ou prou, tandis que les IDE sor-
tants augmentent légèrement. L’investissement net global dans les économies africaines
augmente de 111 % et de 159 % dans le cadre du scénario général et approfondi des
IDE de la ZLECAf, respectivement. L’augmentation du stock net d’IDE résulte princi-
palement de l’augmentation des IDE entrants en provenance du reste du monde, tandis
que les IDE sortants des économies africaines jouent un rôle très mineur en raison de
la faible ampleur des IDE sortants par rapport aux IDE entrants.
Tous les pays africains bénéficient de la couverture nationale plus large de la ZLECAf,
quel que soit leur niveau d’intégration avec les autres membres. Le graphique 3.4 montre
les effets directs et totaux (directs plus indirects) de la formation de la ZLECAf pour
plusieurs groupes de pays en fonction du niveau d’intégration régionale. Quatre groupes
sont pris en compte. Les pays ayant le plus haut niveau actuel d’intégration avec d’autres
pays africains en 2017 présenteront le plus bas niveau d’intégration acquise résultant de
la couverture géographique de la ZLECAf. Ce groupe de pays est appelé bénéficiaires
« «du niveau faible » et comprend les pays ayant 20 partenaires de l’ACPr ou plus en
2017 dans le tableau B3.1.1 (colonne (1)). Les deux autres groupes intermédiaires, à
niveau moyennement faible et moyennement élevé, sont définis comme les pays comp-
tant respectivement de 14 à 19 partenaires de l’ACPr et de 5 à 13 partenaires de l’ACPr
en 2017. Le quatrième groupe (bénéficiaires « «du niveau élevé ») comprend les pays qui
acquièrent le plus de partenaires ACPr parce qu’ils ont le plus faible niveau d’intégration
avec d’autres pays africains au cours de l’année de référence (moins de 5 partenariats
ACPr en 2017, bien qu’il s’agisse de facto de pays ayant zéro partenariat ACPr en 2017).
Plus il y a de membres, plus les gains potentiels sont importants. Le graphique 3.4
souligne les avantages découlant de la large couverture nationale de la ZLECAf. Les
effets directs de la formation de la ZLECAf profitent principalement aux pays qui ne
sont pas fortement intégrés avec d’autres membres potentiels en 2017 (bénéficiaires du
niveau élevé). Les pays déjà fortement intégrés avec d’autres pays africains affichent des
changements positifs très mineurs en pourcentage du stock net d’IDE. Seul le groupe à
niveau moyen à élevé affiche une légère baisse du stock net d’IDE due aux effets directs
de la ZLECAf. Cet impact est dû à l’Afrique du Sud qui est une source majeure d’IDE
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 55

Figure 3.3 Stock d’IDE de toutes les économies africaines : 2017, et simulations ZLECAf en 2017

1 200
117 %
1 000
Stock net d’IDE (USD, milliard)

83 % 159 %

800 111 %

600

400

200
5% 2%
0
Entrant Sortant Net
Base de référence (2017) IDE scénario général ZLECAf IDE scénario approfondi ZLECAf
Source : Banque mondiale.
Note : Mayotte et le Soudan du Sud ne sont pas inclus en raison du manque de données. L’île Maurice
n’est pas incluse en raison de son statut de centre financier offshore. ZLECAf = Zone de libre-échange
continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

intra-africain. Cependant, et c’est important, l’augmentation du stock net d’IDE prove-


nant des effets des pays tiers est extrêmement importante par rapport aux effets directs de
la ZLECAf. Ce point peut être observé dans le graphique 3.5, où les mêmes informations
que dans le graphique 3.4 sont rapportées en milliards de dollars. Une comparaison du
stock net d’IDE dans les deux scénarios par rapport au scénario de base indique que les
effets directs de la ZLECAf sont plutôt faibles. Cependant, les effets totaux (y compris les
effets indirects ou de pays tiers) tendent à doubler le stock net d’IDE. Par conséquent, les
effets sur les pays tiers étendent les avantages de la ZLECAf à tous les pays, même ceux
qui sont déjà intégrés avec certains autres membres. Dans l’ensemble, la plupart des gains
d’IDE sont liés à l’élargissement de l’adhésion à la ZLECAf, et tous les pays africains béné-
ficient de la large couverture géographique de la ZLECAf. En outre, l’approfondissement
de la ZLECAf est également source de gains. Bien que les effets directs présentés dans
les graphiques 3.4 et 3.5 soient similaires pour les deux scénarios, les gains des pays tiers
résultant du scénario d’approfondissement des IDE de la ZLECAf sont plus importants.
Les pays africains deviennent des destinations beaucoup plus intéressantes pour
les IDE. Comme l’indique le tableau 3.2, l’ensemble des IDE intra-africains augmente
de 54 % dans le cadre du scénario général des IDE de la ZLECAf et de 68 % dans
le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf. En raison de l’augmentation
de l’accès préférentiel intra-africain pour les membres de la ZLECAf, on observe une
forte hausse du stock d’IDE du reste du monde vers les pays africains, tandis que le
stock d’IDE des pays africains vers le reste du monde diminue. Toutefois, les variations
du stock global d’IDE sont principalement dues à l’augmentation des IDE du reste du
monde vers l’Afrique, car les stocks d’IDE en Afrique et de l’Afrique vers le reste du
56 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 3.4 Changement du stock net d’IDE par rapport au niveau de référence de 2017, par
groupe d’intégration de l’ACPr acquis.

200

150
Change in net FDI stocks (%)

100

50

–50
Direct Direct Total Total
AfCFTA FDI broad AfCFTA FDI deep AfCFTA FDI broad AfCFTA FDI deep
Low Middle low Middle high High
Source : Banque mondiale.
Note : Mayotte et le Soudan du Sud ne sont pas inclus en raison du manque de données. L’île Maurice
n’est pas incluse en raison de son statut de centre financier offshore. ZLECAf = Zone de libre-échange
continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ; ACPr = accord commercial préférentiel.

Figure 3.5 Stock net d’IDE, par groupe d’intégration de l’ACPr acquis : base de référence 2017
et simulations de la ZLECAf

450
400
FDI net stock (US$, billion)

350
300
250
200
150
100
50
0
Low Middle low Middle high High
Number of acquired PTA partners
Baseline (2017) Direct AfCFTA FDI broad Direct AfCFTA FDI deep
Total AfCFTA FDI broad Total AfCFTA FDI deep
Source : Banque mondiale.
Note : Mayotte et le Soudan du S ne sont pas inclus en raison du manque de données. L’île Maurice
n’est pas incluse en raison de son statut de centre financier offshore. ZLECAf = Zone de libre-échange
continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ; ACPr = accord commercial préférentiel.
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 57

Tableau 3.2 Évolution du stock d’IDE bilatéral, par type de paire de pays, à partir des simula-
tions de la ZLECAf, 2017

Scénario (1) (2) (3) (4)


Intra-Afrique RdM à l’Afrique De l’Afrique Intra- RdM
au RdM

Ligne de base 53.077 481.542 92.062 37,566.425


(USD, milliards)

Changement dû au scénario général des 54 86 −23 7


IDE de la ZLECAf (%)

Changement dû au scénario approfondi 68 122 −35 7


des IDE de la ZLECAf (%)

Source : Banque mondiale.


Note : Mayotte et le Soudan du Sud ne sont pas inclus en raison du manque de données. L’île Maurice n’est
pas incluse en raison de son statut de centre financier offshore. ZLECAf= Zone de libre-échange continentale
africaine ; IDE = investissement direct étranger ; ACPr = accord commercial préférentiel ; RdM = reste du monde.

Figure 3.6 Stock net d’IDE vers l’Afrique en provenance du reste du monde, par région
d’origine, 2017.
700

600

500
FDI net stock (US$, billion)

400

300

200

100

0
Asia Europe North America Oceania South America
Scenarios: Baseline 2017 AfCFTA FDI broad AfCFTA FDI deep
Source : Banque mondiale.
Note : Mayotte et le Soudan du Sud ne sont pas inclus en raison du manque de données. L’île Maurice
n’est pas incluse en raison de son statut de centre financier offshore. ZLECAf = Zone de libre-échange
continentale africaine ; IDE = investissements directs étrangers.

monde sont relativement faibles dans le scénario de référence en 2017. Les variations
des stocks d’IDE dans les colonnes (2) et (3) du tableau 3.2 peuvent être agrégées et se
traduisent par une augmentation du stock net d’IDE entrant en Afrique (c’est égale-
ment évident dans le graphique 3.3). Cette expansion de l’investissement net en Afrique
58 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Carte 3.2 Changements dans les flux d’IDE entrants, par pays, à partir de la ZLECAf

a. Scénario général des IDE de la ZLECAf b. Scénario approfondi des IDE de la ZLECAf

STOCK D’IDE ENTRANT (VARIATION EN POURCENTAGE)


BIRD 46371 |
JANVIER 2022 50 100 200

Source : Banque mondiale.


Note : Mayotte et le Soudan du Sud sont affichés en blanc en raison du manque de données. ZLECAf = Zone
de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

provient principalement d’Europe et, dans une moindre mesure, d’Asie et d’Amérique
du Sud et du Nord (voir graphique 3.6).
Les gains globaux en matière de flux d’IDE masquent des résultats très différents selon
les pays. Les cartes 3.2 et 3.3 montrent la variation en pourcentage du stock d’IDE entrant et
sortant, respectivement, pour chaque pays5. En moyenne, les pays africains sont plus souvent
destinataires des IDE que sources. Par conséquent, les variations en pourcentage affectant le
stock d’IDE entrant expliquent que les effets concernent majoritairement l’investissement net
entrant. Les exceptions sont les pays qui peuvent être considérés comme des centres financiers
offshore (Liberia, Maurice, Seychelles) et l’Afrique du Sud, qui est le seul pays du continent
dont les investissements sortants sont importants. En outre, pour 2017, la Libye et le Togo
déclarent tous deux que les stocks d’IDE sortants sont supérieurs aux stocks d’IDE entrants.
Trois facteurs principaux influencent la manière dont les pays sont affectés par la
mise en œuvre de la ZLECAf : les ACPr initiaux signés par le pays, les ACPr signés par
les voisins du pays et le niveau initial des IDE. Le premier facteur est l’effet direct, qui
est déterminé par le niveau initial d’intégration. Le second facteur est une interaction
entre la position géographique du pays et le niveau d’intégration acquis par ses voi-
sins. À cet égard, toutes choses égales par ailleurs, les effets pays tiers auront tendance
à être plus importants pour les pays dont la position est plus centrale. De même, les
effets sur les pays tiers seront accrus si davantage de voisins connaissent une intégration
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 59

Carte 3.3 Changements dans les flux d’IDE sortants, par pays, à partir de la ZLECAf

a. Scénario général des IDE de la ZLECAf b. Scénario approfondi des IDE de la ZLECAf

STOCK D’IDE SORTANT (VARIATION EN POURCENTAGE)


BIRD 46371 |
JANVIER 2022 –40 –20 0 20 40 60
Source : Banque mondiale.
Note : le Tchad et le Soudan du Sud sont affichés en blanc en raison du manque de données. ZLECAf = Zone
de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

préférentielle renforcée. Troisièmement, étant donné que les changements en pourcen-


tage sont appliqués à l’investissement de base, les niveaux initiaux de l’IDE jouent un
rôle dans la détermination des changements de l’IDE associés à la mise en œuvre de la
ZLECAf. Cela implique que les effets seront généralement différents selon qu’ils sont
examinés en tant que taux de croissance (indiqués dans les cartes 3.2 et 3.3) ou en tant
que niveaux (indiqués dans les tableaux A.2 et A.3 de l’annexe A).
En moyenne, des hausses plus importantes des taux de croissance sont observées
pour les pays situés sur la côte de l’océan Atlantique, l’Afrique de l’Ouest en particulier
connaissant une augmentation plus importante du stock d’IDE entrants. Les réper-
cussions les plus fortessur les investissements entrants sont enregistrées en Angola,
au Cameroun, en République démocratique du Congo, en République du Congo,
en Guinée équatoriale, au Gabon et au Nigeria (voir graphique a de la carte 3.2). En
termes de valeur des investissements, l’Angola, l’île Maurice, le Mozambique, le Nigeria
et l’Afrique du Sud sont les pays qui attirent le plus d’investissements étrangers sur le
continent (voir le tableau A.2 de l’annexe A).
L’Afrique du Sud pourrait attirer un montant important de nouveaux investisse-
ments directs étrangers. Si l’on exclut l’île Maurice, en 2017, c’est l’Afrique du Sud qui a
reçu le plus d’IDE au sein du continent. Grâce à son économie importante et diversifiée,
son rôle de plaque tournante pour les investissements en Afrique sera consolidé après
60 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

la mise en œuvre de la ZLECAf. À l’opposé, l’importance des impacts estimés sur la


République démocratique du Congo, la République du Congo, la Guinée équatoriale
et le Gabon reflètent les structures économiques de ces pays. Les flux d’investissements
entrants dans ces pays ont ciblé des activités liées aux ressources naturelles, telles que
l’agriculture, le pétrole et l’extraction de minéraux (voir Groupe de la Banque mondiale
2020). Ces tendances historiques pourraient toutefois s’épuiser assez rapidement. Dans
ce cas, l’impact prévu pourrait surestimer l’importance de la ZLECAf pour attirer les
investissements dans ces pays. À l’autre extrémité du spectre, la construction de l’ana-
lyse étant en cours, l’investissement au Sahara occidental ne sera pas affecté : l’économie
rapporte un stock d’investissements entrants nul pour 2017.
Les pays les moins affectés sont généralement ceux qui sont déjà membres de
plusieurs ACPr. Cinq des dix pays les plus intégrés en 2017 (l’Égypte, la Libye, les
Seychelles, le Soudan et le Zimbabwe) font partie des dix pays pour lesquels le stock
d’IDE entrants va le moins changer. Dans l’ensemble, ces effets relatifs sur le stock d’IDE
entrants se maintiennent également dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf,
avec une différence de taille : l’impact est plus important pour tous les pays. Par rap-
port au scénario généralde l’IDE de la zone ZLECAf, le Soudan connaît une hausse
plus importante, suivi par plusieurs membres du bloc CEDEAO-UEMOA, tels que le
Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Nigeria et la
Sierra Leone. Les ACPr de la CEDEAO et de l’UEMOA sont de profondeur moyenne,
et s’améliorent avec la mise en œuvre de la ZLECAf. Pour tout pays de ce groupe, les
effets directs augmentent et sont amplifiés par les effets sur les pays tiers, car les rela-
tions préférentielles entre pays voisins augmentent dans la même proportion. Une
dynamique similaire s’applique au groupe situé à droite du graphique 3.2. Cependant,
l’intérêt d’une intégration accrue dans ce groupe de pays est plus faible, étant donné que
les relations entre les membres de la SADC sont constantes et que les autres accords
existants impliquent déjà une intégration relativement soutenue. Ainsi, pour ces pays,
l’augmentation des IDE entrants résultant de la prise en compte de la profondeur des
relations avec les ACPr (du scénario général au scénario approfondi) est marginale.
Dans quasiment tous les pays africains, les investissements entrants dépassent lar-
gement les investissements sortants. Les scénarios visent à développer la portée et la pro-
fondeur de la ZLECAf afin que le continent soit plus attractif pour les investissements.
Par conséquent, les résultats discutés jusqu’à présent expliquent la majeure partie de
l’évolution de l’investissement net dans les pays africains. Néanmoins, la mise en œuvre
de la ZLECAf devrait également affecter les investissements à l’étranger. Plusieurs pays
connaissent une diminution du stock d’investissement sortants dans le scénario général
des IDE de la ZLECAf en raison du détournement des investissements (carte 3.3). Bien
que les chiffres semblent élevés, il est important de prendre en compte les investisse-
ments sortants de base et les changements correspondants en milliards de dollars. Par
exemple, la République démocratique du Congo fait état d’environ 280 millions de
dollars de stock d’investissements sortants en 2017 (et de 7 milliards de dollars de stock
ESTIMER L’EFFET POTENTIEL DE LA ZLECAF SUR L’AUGMENTATION DES IDE 61

d’investissements entrants). Suite à la mise en œuvre de la ZLECAf, le stock sortant


devrait diminuer de 70 millions de dollars US. Il s’agit en fait de fonds désinvestis de
l’étranger, ce qui représente une diminution de 27 % des investissements sortants. Dans
l’ensemble, étant donné que dans le même pays, les investissements entrants devraient
augmenter de 12 milliards de dollars, les changements dans les investissements sor-
tants sont insignifiants. Des réductions importantes des stocks sortants, en milliards
de dollars, interviennent uniquement au Liberia et à l’île Maurice, qui sont tous deux
des centres financiers offshore. La plupart des pays connaissent une augmentation des
investissements à l’étranger (tableau A.3 de l’annexe A). La mise en œuvre de la ZLECAf
augmentera le stock d’investissements sortants de l’Afrique du Sud d’environ 12 mil-
liards de dollars, soit 11 % de plus par rapport à ses niveaux de 2017. En termes de
pourcentage, les investissements sortants des Comores, de la Guinée équatoriale, de la
Guinée, de la Mauritanie et de la Réunion devraient augmenter d’au moins 40 % ; mais
là encore, ces chiffres importants se traduisent par des effets très faibles en termes de
niveaux, en raison de leur faible ampleur en 2017. L’impact du scénario approfondi des
IDE de la ZLECAf est similaire, mais amplifié. Pour les investissements sortants, les
effets négatifs deviennent plus négatifs et les effets positifs plus positifs, ce qui entraîne
une plus grande variation des impacts.
L’augmentation attendue du stock d’IDE favorisera une accumulation plus rapide
du stock de capital, et stimulera la croissance économique et la réduction de la pau-
vreté, en renforçant les effets de la libéralisation des échanges attribuables à la ZLECAf.
Elle aura aussi probablement des effets variables selon les secteurs, mais aussi selon
les compétences et les caractéristiques des travailleurs. Cette question est analysée en
profondeur au chapitre 4.

NOTES
1 La littérature empirique étudiant les effets des accords bilatéraux d’investissement sur les flux
d’IDE présente des résultats contrastés. Les premiers travaux de Hallward-Driemeier (2003)
montrent que les TBI ont peu d’effet, ce qui suggère que ces accords ne peuvent pas se substituer
aux institutions et aux droits de propriétév nationaux. Ils mettent en garde et affirment que les
avantages peuvent être annulés par les restrictions que ces accords imposent aux décideurs
politiques. Yackee (2008) ne trouve pas non plus d’effet significatif des TBI sur les flux d’IDE, même
en distinguant les TBI faibles des TBI forts. Aisbett, Busse et Nunnenkamp (2018) constatent
que, lorsque les pays en développement acceptent des dispositions relatives aux différends entre
investisseurs et États, tous les effets positifs sur les IDE sont annulés dès lors qu’un premier
différend fait l’objet d’une procédure d’arbitrage. En revanche, un certain nombre d’autres études
trouvent que les TBI ont des effets positifs sur les flux d’IDE (Berger et al. 2013 ; Dixon et Haslam
2016 ; Egger et Merlo 2007 ; Falvey et Foster-McGregor 2018 ; Frenkel et Walter 2018 ; Gomez-
Mera et Varela 2017 ; Neumayer et Spess 2005). Dixon et Haslam (2016) et Frenkel et Walter
(2018) constatent tous deux que l’effet des accords bilatéraux d’investissement sur les IDE est plus
fort lorsqu’ils incluent de fortes protections des investisseurs. Falvey et Foster-McGregor (2018)
constatent que l’effet positif des TBI sur les flux d’IDE augmente avec la différence de PIB et de PIB
par habitant entre le pays source et le pays d’accueil, et que ces effets se produisent principalement
dans les cas où il n’existait aucune relation d’IDE antérieure, ou dans lesquels une relation d’IDE
existante se désintégrait. Gomez-Mera et Varela (2017) examinent les effets des accords de
partenariat économique et des accords bilatéraux d’investissement, et constatent qu’ils ont tous
62 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

deux des effets positifs sur les IDE, mais que les effets des accords bilatéraux d’investissement se
maintiennent sur de longues distances, ce qui suggère qu’ils atténuent les risques associés aux
investissements lointains.
2 Le contenu de la ZLECAf en tant qu’accord commercial approfondi est développé dans le
chapitre 5 de ce rapport.
3 L’effet direct saisit l’effet sur les stocks d’IDE bilatéraux de l’appartenance des pays d’origine et
de destination à une paire d’investissements bilatéraux, tandis que les effets indirects (spatiaux)
tiennent compte des effets de l’appartenance à l’ACPr de deux autres pays par rapport à l’origine
et à la destination. Deux types d’effets indirects sont envisagés. Le premier type comprend deux
effets reflétant les relations entre tous les partenaires de l’ACPr et le pays d’origine, et entre tous
les partenaires de l’ACPr et le pays de destination. Le second type comprend deux effets reflétant
l’appartenance à un ACPr entre pays tiers, à l’exclusion de la relation ACPr avec le pays d’origine
et de la relation ACPr avec le pays de destination.
4 L’effet direct saisit l’effet de l’augmentation de la profondeur de l’ACPr entre l’origine et la
destination d’une paire sur les stocks d’IDE bilatéraux, et les effets indirects (spatiaux) tiennent
compte des effets de l’augmentation de la profondeur de l’ACPr de deux autres pays d’un ACPr
par rapport à l’origine et à la destination. Là encore, deux types d’effets indirects sont envisagés.
Le premier comprend les gains générés par la profondeur de l’ACPr parmi tous les partenaires
ayant un accord avec le pays d’origine et le pays de destination. Le second comprend les gains
générés par la profondeur de l’accord de libre-échange entre les paires de pays tiers qui font partie
d’un accord de libre-échange, en excluant les gains générés par la profondeur de l’accord de libre-
échange de ces pays tiers avec le pays d’origine et le pays de destination.
5 Le graphique a de chaque carte montre les changements associés au scénario général de l’IDE
de la ZLECAf, et le scénario approfondi de l’IDE de la ZLECAf est indiqué dans le graphique b.
Dans les deux cartes, le vert plus foncé indique un effet plus élevé par rapport aux autres pays.
Pour la carte 3.3, les changements négatifs sont indiqués en rouge, le rouge le plus foncé étant
associé à une plus forte réduction des investissements sortants. Les variations en pourcentage
sont également indiquées dans le tableau A.2 (IDE entrants) et le tableau A.3 (IDE sortants) de
l’annexe A, ainsi que la variation en milliards de dollars, pour les deux scénarios.

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4

Quantifier les gains


dynamiques de la ZLECAf

MESSAGES CLÉS

• La libéralisation des droits de douane, la réduction des barrières non tarifaires


(BNT) et la mise en œuvre de mesures de facilitation des échanges (qui, ensem-
ble, constituent le scénario sur les échanges de la Zone de libre-échange con-
tinentale africaine [ZLECAf]) pourraient stimuler les échanges et accroître de
7 % le revenu réel en 2035 par rapport au scénario de base sans ZLECAf.

• La libéralisation du commerce (des droits de douane, des BNT et des mesures


de facilitation du commerce) associée à l’augmentation attendue des flux d’in-
vestissements directs étrangers (IDE) stimulés par la ZLECAf (le scénario
général des IDE de la ZLECAf) entraînerait un développement du commerce
et une croissance économique plus rapide, augmentant le revenu réel de 8 %
d’ici 2035 par rapport au scénario de base sans la ZLECAf.

• Si l’on part du principe que la ZLECAf ne se contentera pas de libéraliser les


échanges (droits de douane, BNT et mesures de facilitation des échanges), mais
imposera également des dispositions plus approfondies en matière d’investisse-
ment, de concurrence et de droits de propriété intellectuelle (DPI), et si l’on
tient compte de l’augmentation attendue des flux d’IDE stimulés par l’appro-
fondissement de la ZLECA (scénario approfondi des IDE de la ZLECAf), l’ex-
pansion des échanges et la croissance économique seraient encore plus rapides,
portant les gains de revenus à 9 % d’ici 2035 par rapport au scénario de base
sans la ZLECAf.

• Dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, le potentiel de


croissance commerciale pour le continent est substantiel. Le volume des expor-
tations totales augmente de 32 % d’ici 2035 (par rapport au scénario de base).
Les exportations intracontinentales augmentent de plus de 109 %, et les expor-
tations vers les pays non africains de 18 %.

67
68 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

• Dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, les exportations de produits


manufacturés vers la région enregistrent le taux de croissance le plus rapide,
soit 134 % d’ici 2035, l’agriculture et l’alimentation, 80 %, et les services, 109 %,
par rapport à leurs niveaux sans la ZLECAf.

• Dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, ce sont les sec-
teurs à forte intensité de compétences et à forte intensité féminine qui se dével-
oppent le plus, mais avec une grande hétérogénéité entre les régions.

• La ZLECAf permettrait de sortir jusqu’à 50 millions de personnes de l’extrême


pauvreté et de créer 17,9 millions de nouveaux emplois, 2,45 % des travailleurs
du continent intégrant des secteurs en expansion d’ici 2035.

MÉTHODOLOGIE ET SCÉNARIOS DE LA ZLECAF


Ce chapitre applique le modèle global d’équilibre général calculable (EGC) ENVISAGE
et le cadre de microsimulation Global Income Distribution Dynamics (GIDD) pour
quantifier les effets économiques et distributifs à long terme de la ZLECAf. Les modèles
EGC ne sont pas des outils de prévision ; ils génèrent des impacts détaillés par pays et par
secteur selon différents scénarios pour aider les décideurs politiques à comprendre les
conséquences potentielles de leurs décisions. Cependant, ils ne saisissent que certaines
relations entre les agents et les politiques sélectionnées ; par conséquent, leurs résultats
doivent être considérés avec une pleine compréhension des limites de l’approche. Une
brève description du modèle ENVISAGE est fournie dans l’encadré 4.1. Les détails com-
plets du modèle EGC ENVISAGE sont présentés dans van der Mensbrugghe (2019).

Encadré 4.1 Le modèle global d’équilibre général calculable ENVISAGE

Les détails complets du modèle d’équilibre général calculable (EGC) ENVISAGE sont présentés dans van
der Mensbrugghe (2019). La production dans le modèle est mise en œuvre sous la forme d’une série
de fonctions emboîtées à élasticité de substitution constante, visant à capturer la substituabilité et la
complémentarité entre tous les intrants. Les cultures et le bétail ont une structure de production dif-
férente du reste des biens de production, étant donné que les engrais et les aliments pour animaux sont
incorporés séparément dans le faisceau de valeur ajoutée. Le modèle incorpore cinq types de facteurs
de production : le travail (différencié par compétence et par sexe), le capital, la terre, une ressource
naturelle spécifique au secteur (telle que les réserves énergétiques de combustibles fossiles) et l’eau.
La production nationale est affectée sur le marché intérieur ou exportée, suivant une fonction
d’élasticité de transformation constante (CET). On compte trois agents de demande finale domes-
tique : les ménages, un secteur gouvernemental et un secteur d’investissement global. Le revenu
est généré par des paiements aux facteurs de production et est alloué aux ménages (après impôts).
Le secteur public perçoit tous les paiements d’impôts nets et achète des biens et services. Le revenu
d’investissement est égal à la somme de l’épargne nationale et étrangère. Une partie des revenus
du capital est versée à un détenteur « global » d’actions qui répartit ensuite les bénéfices du fonds
global. Les transferts de fonds sont également incorporés et sont entièrement bilatéraux.

(L’encadré continue à la page suivante)


QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 69

Encadré 4.1 Le modèle global d’équilibre général calculable ENVISAGE (a continué)

Le modèle intègre des fonctions d’utilité multiples pour déterminer la demande des ménages.
Dans la spécification de ce rapport, on suppose une fonction d’utilité à différences constantes dans
les élasticités. Cette fonction offre une plus grande flexibilité dans les effets de substitution entre les
biens et permet la non-homothétie.
Le marché des capitaux suppose un capital ancien. Le nouveau capital est réparti entre les
secteurs pour égaliser les taux de rendement. Le capital installé est imparfaitement mobile entre les
secteurs. Si tous les secteurs sont en expansion, le capital ancien (installé) est supposé recevoir le
taux de rendement de l’ensemble de l’économie. Dans les secteurs en contraction, le capital ancien
est vendu sur les marchés secondaires à l’aide d’une courbe d’offre à pente ascendante, ce qui
implique que le capital n’est que partiellement mobile entre les secteurs. Les terres et l’eau sont
allouées entre les activités en utilisant une spécification CET imbriquée. Les ressources naturelles
sont fournies à chaque secteur à l’aide d’une fonction d’offre isoélastique avec la possibilité d’élas-
ticités différenciées en fonction des conditions du marché.
Le commerce est modélisé en utilisant la spécification dite d’Armington, qui suppose que la
demande de biens est différenciée par région d’origine. Le modèle permet l’approvisionnement
national et l’importation au niveau agrégé (après avoir totalisé l’absorption nationale entre tous les
agents) ainsi qu’au niveau de l’agent. Ainsi, un second nid d’Armington répartit la demande globale
d’importation entre toutes les régions exportatrices en utilisant une spécification d’agent représen-
tatif. Les exportations sont modélisées de manière analogue à l’aide d’une spécification CET imbri-
quée. L’offre intérieure de chaque marchandise est fournie au marché intérieur et à un ensemble
d’exportations agrégées en utilisant une fonction CET de niveau supérieur. L’ensemble des expor-
tations est réparti entre les régions de destination à l’aide d’une fonction CET de deuxième niveau.
La dynamique d’ENVISAGE comporte trois éléments. L’offre de travail (par niveau de qualifica-
tion) croît à un taux déterminé de manière exogène. L’offre globale de capital évolue selon l’équa-
tion standard du mouvement stock-flux, c’est-à-dire que le stock de capital au début de chaque
période est égal au stock de capital de la période précédente auquel on déduit la dépréciation et
on ajoute le niveau d’investissement de la période précédente. Le troisième élément est le change-
ment technologique. La version standard du modèle suppose un changement technique augmen-
tant le travail, calibré selon des hypothèses données sur la croissance du produit intérieur brut et les
différences de productivité intersectorielles. Dans les simulations de politiques, la technologie est
généralement supposée être fixe aux niveaux calibrés.
Le modèle a été calibré avec les dernières informations disponibles, en utilisant la base de
données Global Trade Analysis Project v.10 (Aguiar et. al. 2019).

Le modèle EGC va de pair avec un outil de microsimulation GIDD qui traduit les
résultats EGC en implications pour la pauvreté et la distribution des revenus, y com-
pris les impacts sur l’emploi et les salaires des travailleurs féminins et masculins. Les
simulations GIDD reposent sur une microbase de données mondiale qui couvre 90 %
de la population mondiale et du produit intérieur brut. Elle comprend des enquêtes
harmonisées auprès des ménages pour 124 pays1.
Les scénarios s’appuient sur l’analyse présentée dans le rapport de la Banque mon-
diale de juillet 2020 (Zone de libre-échange continentale : effets économiques et dis-
tributifs [Banque mondiale 2020] ; ci-après dénommé le « Rapport 2020 ZLECAf »)
pour tenir compte des impacts sur les IDE et de l’impact de la deuxième phase des
70 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau 4.1 Scénarios simulés à l’aide du modèle EGC ENVISAGE

Scénario Chocs inclus

Scénario sur les Réduction des droits de douane, réduction des BNT, mesures de facilitation du
échanges de la ZLECAf commerce

Scénario général des Réduction des droits de douane, réduction des BNT, mesures de facilitation du
IDE de la ZLECAf commerce, scénario général des IDE de la ZLECAf Choc des IDEa

Scénario approfondi Réduction des droits de douane, réduction des BNT, mesures de facilitation des
des IDE de la ZLECAf échanges, scénario approfondi des IDE de la ZLECAf choc des IDE,b réductions
supplémentaires des coûts commerciaux résultant d’engagements plus importants
en matière d’accords commerciaux préférentiels.

Source : Banque mondiale.


Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; EGC = équilibre général calculable ;
IDE = investissement direct étranger ; BNT = barrière non tarifaire.
a. Scénario général des IDE de la ZLECAf à partir des estimations du modèle de gravité du chapitre 3.
b. Scénario approfondi des IDE de la ZLECAf à partir des estimations du modèle de gravité du chapitre 3.

négociations, qui couvre l’investissement, la concurrence et les DPI. Le Rapport 2020


sur la ZLECAf évalue les implications pour la croissance économique, le commerce
international, la pauvreté et l’emploi des réductions des barrières tarifaires et des BNT
ainsi que des goulets d’étranglement de la facilitation des échanges. Ce rapport s’appuie
sur ce travail pour prendre en compte les flux d’IDE générés par la ZLECAf avec et
sans intégration plus poussée. Plus précisément, le modèle ENVISAGE est utilisé pour
simuler un scénario de base (sans la ZLECAf) et les résultats de trois scénarios : (1) le
scénario sur les échanges de la ZLECAf, (2) le scénario général des IDE de la ZLECAf,
et (3) le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf (tableau 4.1).

• Le scénario de base simule l’évolution attendue de la croissance et du commerce


dans l’hypothèse de l’absence de la ZLECAf, mais aussi dans l’hypothèse de
l’absence de la COVID-19 (coronavirus), étant donné que les recherches pour
le rapport 2020 de la ZLECAf ont été menées avant que la pandémie n’éclate.

• Le scénario sur les échanges de la ZLECAf simule des réductions des droits de
douane et des BNT et des améliorations de la facilitation des échanges, comme
dans le rapport 2020 de la ZLECAf.

• Le scénario général des IDE de la ZLECAf s’appuie sur le scénario précédent en


ajoutant les changements dans les entrées nettes d’IDE (telles que dérivées des
estimations du modèle de gravité présentées au chapitre 3) pour tenir compte de
l’augmentation des IDE provenant de la ZLECAf minimale, c’est-à-dire couvrant
le continent avec la portée d’un accord commercial préférentiel africain moyen.
• Le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf pousse l’analyse plus loin en
tenant compte de la stimulation de l’IDE et des réductions supplémentaires
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 71

des coûts commerciaux (non couvertes dans le scénario sur les échanges de la
ZLECAf) résultant de l’extension de la portée et de la généralité des dispositions
de la ZLECAf pour inclure l’investissement, la concurrence et les DPI ; (tel que
dérivé des estimations du modèle de gravité présentées dans le chapitre 3). Les
estimations gravitaires des flux d’IDE supplémentaires et des réductions sup-
plémentaires des coûts commerciaux sont échelonnées sur 15 ans (2020-35)2.

Les trois scénarios sont exécutés jusqu’en 2035, et les résultats sont comparés au
scénario de base dans lequel la ZLECAf n’a pas lieu3. Les trois scénarios sont décrits plus
en détail dans la discussion suivante.
Le scénario sur les échanges de la ZLECAf simule des réductions des droits de
douane et des BNT ainsi que des améliorations de la facilitation des échanges, comme
il est décrit dans le rapport 2020 de la ZLECAf. Plus précisément, il simule les change-
ments suivants : premièrement, les droits de douane sur le commerce intracontinental
sont progressivement réduits conformément aux modalités de la ZLECAf. Plus précisé-
ment, à partir de 2020, les droits de douane sur 90 % des lignes tarifaires seront éliminés
sur une période de 5 ans (10 ans pour les pays les moins avancés, ou PMA). À partir
de 2025, les droits de douane sur 7 % supplémentaires des lignes tarifaires seront élim-
inés sur une période de 5 ans (8 ans pour les PMA). Jusqu’à 3 % des lignes tarifaires qui
ne représentent pas plus de 10 % des importations intra-africaines peuvent être exclues
de la libéralisation d’ici la fin de 2030 (2033 pour les PMA). Deuxièmement, les BNT –
tant pour les biens que pour les services – sont réduites sur la base de la nation la plus
favorisée. Il est supposé que 50 % des BNT peuvent être traitées par des changements de
politique dans le contexte de la ZLECAf, avec un plafond de 50 points de pourcentage.
Il est également supposé que des réductions supplémentaires des BNT seront réalisées
sur les exportations. Troisièmement, la ZLECAf entraînera également l’adoption de
mesures qui facilitent le commerce avec des engagements étroitement alignés sur l’ac-
cord de facilitation des échanges. Plus précisément, ce scénario simule des réductions
des coûts commerciaux dues aux mesures de facilitation des échanges comprises entre
2 % et 10 % sur la période 2020-35, sur la base de l’étude de Melo et Sorgho (2019).
Le scénario général des IDE de la ZLECAf s’appuie sur le scénario sur les échanges
de la ZLECAf en tenant également compte de l’impact de l’augmentation des entrées
nettes d’IDE résultant de la libéralisation du commerce. L’augmentation des entrées
nettes d’IDE est modélisée comme des changements en termes absolus dans la balance
des comptes courants de chacun des pays inclus dans le modèle (comme indiqué par
l’analyse économétrique dans l’annexe A, tableaux A.1 et A.2). En simulant la variation
des entrées nettes d’IDE comme des variations en termes absolus plutôt qu’en pourcent-
age, l’analyse suppose que les autres composantes de la balance des comptes courants
restent fixes, comme le supposent le scénario de base et le scénario sur les échangessur
les échanges de la ZLECAf. L’analyse ne suppose pas que la variation des entrées d’IDE
entraîne une augmentation de la productivité. Le modèle attribue de manière endogène
les secteurs qui captent les flux d’IDE.
72 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf pousse l’analyse plus loin en tenant
compte des réductions supplémentaires des coûts commerciaux découlant de l’exten-
sion de la portée et de la généralité des dispositions de la ZLECAf pour inclure l’in-
vestissement, la concurrence et les DPI ; il tient également compte de l’augmentation
des entrées d’IDE causée par l’extension de ces dispositions supplémentaires (telle que
dérivée des estimations du modèle de gravité présentées au chapitre 3). Les réductions
supplémentaires des coûts commerciaux pourraient être générées par un ensemble
plus large d’engagements profonds non couverts par le scénario sur les échangessur
les échanges de la ZLECAf. Le scénario sur les échangessur les échanges de la ZLECA
couvre un ensemble étroit de BNT fondées sur des mesures essentiellement non tech-
niques, comme l’ont estimé Kee, Nicita et Olarreaga (2009), telles que les mesures de
contrôle des quantités et les mesures fondées sur les prix (par exemple, les licences
non automatiques ou les droits et frais de douane) (Banque mondiale 2020). Toutefois,
comme nous l’avons vu plus haut, la ZLECAf comprendra également des dispositions
relatives à l’alignement et à la reconnaissance mutuelle des mesures techniques (par
exemple, les évaluations de conformité liées à l’application de mesures sanitaires et
phytosanitaires, les obstacles techniques au commerce, les normes, les évaluations des
risques, etc. L’impact de cet ensemble plus large de mesures (couvertes par une ZLECAf
plus approfondie) sur la réduction des coûts commerciaux a été estimé en utilisant une
spécification économétrique de l’équation de gravité qui est cohérente avec la théorie
microéconomique qui sous-tend le modèle EGC4. Les réductions supplémentaires sont
modélisées comme la diminution de l’iceberg des coûts commerciaux résultant des
réductions des coûts commerciaux par secteur. Les estimations des réductions supplé-
mentaires des coûts commerciaux sont présentées à l’annexe B.
L’analyse ne tient pas compte des gains de productivité induits par le commerce
et les IDE, qui peuvent être pertinents. Par conséquent, le rapport est susceptible de
sous-estimer les gains dynamiques potentiels de la ZLECAf. Cette question est reléguée
à des recherches futures en raison du manque d’estimations empiriques des impacts de
l’amélioration de la productivité sur les économies africaines.

IMPACT DE LA ZLECAF SUR LE REVENU, LE COMMERCE ET LA


PRODUCTION

Résultats du scénario sur les échanges sur le commerce de la ZLECAf


Dans le cadre du scénario sur les échanges de la ZLECAf, le revenu réel augmenterait
de 7 % d’ici 2035 par rapport au scénario de référence pour la région Afrique, ce qui
représente un gain appréciable5. Le rapport 2020 sur la ZLECAf montre que la ZLECAf a
le potentiel d’augmenter de 7 % le revenu sur le continent (par rapport au scénario de base
sans la ZLECAf) d’ici 2035, principalement en stimulant le commerce intrarégional de
produits manufacturés6. En termes monétaires, les gains s’élèvent à environ 445 milliards
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 73

de dollars en 2035 (aux prix et taux de change de 2014). Les résultats soulignent toute-
fois que la réalisation de ces gains ne se limite pas à la réduction des droits de douane.
En fait, les gains de revenu réel (variation équivalente) résultant de la seule libéralisa-
tion tarifaire sont faibles à l’échelle du continent, soit 0,22 %. Les gains découlant de la
libéralisation tarifaire et de la réduction des BNT (avec l’accès accru aux marchés non
africains) entraîneraient une augmentation de 2,4 % en 2035 pour le continent. Ces gains
augmentent de 4,6 points de pourcentage supplémentaires lorsque des améliorations
sont apportées à la facilitation des échanges7. En termes monétaires, les améliorations des
BNT dans les biens et les services, et en particulier les améliorations des mesures de facil-
itation des échanges, jouent un rôle essentiel, représentant 292 milliards de dollars sur
les 450 milliards de dollars de gains de revenus potentiels, reflétant à nouveau les BNT
élevées et les goulets d’étranglement de la facilitation des échanges qui limitent le com-
merce en Afrique et entraînent de longs retards omniprésents à la plupart des frontières
du continent. Enfin, bien que le continent soit de loin le plus grand gagnant dans l’ensem-
ble, le reste du monde en profite également : le revenu réel augmentera de 76 milliards de
dollars d’ici 2035, ce qui se traduit par un gain de 0,1 % par rapport au scénario de base.
Les gains sont inégalement répartis dans la région : la Côte d’Ivoire se situe dans
la partie supérieure de la fourchette avec des gains de 14 %, suivie du Kenya, de la
Namibie, de la Tanzanie et du Zimbabwe, avec plus de 10 %. Dans la partie inférieure,
on trouve quelques pays regroupés autour d’un gain de 2 %, dont Madagascar, le Malawi
et le Mozambique (figure 4.1). Les gains sont très étroitement liés au niveau initial des

Figure 4.1 Gains de revenus réels dans le cadre du scénario sur les échanges de la ZLECAf par
rapport au scénario de base, par pays et par type de réforme politique, 2035

16
14
12
Variation en pourcentage

10
8
6
4
2
0
–2
Zim voire

Ke e
Na ya
tiq Ta bie

Co e
Ét ngo

Bu M un
To a F c
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I

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d’
te

ra
oc

bli
ém

pu
ed


qu
bli
pu

Tarifs douaniers, BNT et TF Tarifs douaniers et BNT Tarifs uniquement


Source : Banque mondiale 2020.


Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; BNT = barrières non tarifaires ;
TF = facilitation du commerce.
74 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 4.2 Impact du scénario sur les échanges de la ZLECAf sur le commerce par rapport au
scénario de base, par secteur, 2035

160
137
140

120 110
Variation en pourcentage

103
100
82
80 71
62 63 66
60 49 46 45 41
40 29 32 32 28
26 26
15 20
20 10 13
8 8 8 8
2 2 3 4
0
e

es

es

l
ta

ta
ce

ce
tio

tio
ur

ur
ell

ell
To

To
ult

ult
rvi

rvi
ica

ica
ur

ur
ric

ric
Se

Se
br

br
at

at
Ag

Ag
sn

sn
Fa

Fa
rce

rce
ou

ou
ss

ss
Re

Re

Exportations Importations
ZLECAf Non-ZLECAf Monde

Source : Banque mondiale 2020.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine.

barrières et des coûts commerciaux. Les pays qui sont déjà relativement ouverts ont
tendance à moins bénéficier de leur propre libéralisation, mais à profiter davantage de
l’amélioration de l’accès au marché dans d’autres économies. Les pays qui sont forte-
ment protégés pourraient voir une plus grande réaffectation de la production entre les
secteurs en raison de la concurrence accrue des importations, mais ils sont également
susceptibles de bénéficier davantage de la baisse des prix des intrants importés.
Le potentiel de croissance du commerce sur le continent est considérable. Dans le
cadre du scénario sur les échanges de la ZLECAf, le volume des exportations totales
augmente de près de 29 % d’ici 2035 (par rapport au scénario de base). Les exportations
intracontinentales augmentent de plus de 81 % et les exportations vers les pays non
africains de 19 %. La croissance des exportations intra-ZLECAf devrait être la plus forte
en République arabe d’Égypte, au Ghana, au Maroc, au Sénégal et en Tunisie, avec des
exportations doublant ou triplant par rapport au scénario de base. Les plus faibles aug-
mentations des exportations sont attendues en République démocratique du Congo, au
Mozambique et en Zambie (10 à 30 %). Dans le cadre du scénario sur les échanges de
la ZLECAf, ce sont les exportations de produits manufacturés qui progressent le plus,
soit 62 % au total, le commerce intra-africain augmentant de 110 % et les exporta-
tions vers le reste du monde de 46 % (figure 4.2). Les gains dans l’agriculture sont plus
faibles, avec 49 % et 10 % pour le commerce intra- et extra-africain, respectivement.
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 75

Les gains dans le commerce des services sont plus modestes - environ 4 % dans l’en-
semble et 13 % en Afrique8. En termes monétaires, le commerce intracontinental passe
de 294 milliards de dollars en 2035 dans le scénario de base à 532 milliards de dollars
en 2035 avec la mise en œuvre de la ZLECAf. D’ici 2035, dans le cadre du scénario sur
les échanges de la ZLECAf, les plus fortes augmentations de la valeur des exportations
vers les partenaires régionaux sont attendues, par ordre de valeur, pour l’Égypte, le
Maroc, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et la Côte d’Ivoire (entre 48 et 11 mil-
liards de dollars). Comme pour les gains de bien-être, les plus faibles augmentations des
exportations sont attendues dans les économies qui sont déjà relativement ouvertes,
comme Madagascar, le Malawi, l’île Maurice et le Rwanda, avec des augmentations des
exportations inférieures à 1 milliard de dollars chacune.

Résultats du scénario général et du scénario approfondi des IDE de la


ZLECAf : évaluer apturer les gains dynamiques
La zone ZLECAf pourrait stimuler davantage la croissance et la réduction de la pauvreté
lorsque les gains commerciaux s’accompagnent d’une expansion des investissements.
La prise en compte d’une augmentation des entrées d’IDE associée à la mise en œuvre
du scénario général et approfondi des IDE de la ZLECAf génère des gains pour tous
les membres, comme le montre le tableau 4.2. Pour l’ensemble du continent, la prise en
compte des entrées d’IDE augmente le revenu réel de 0,8 point de pourcentage dans le
scénario général des IDE de la ZLECAF par rapport au scénario sur les échanges de la
ZLECAF. En simulant l’impact du scénario approfondi des IDE de la ZLECAF, avec
des réductions supplémentaires des coûts commerciaux résultant d’engagements plus
profonds et de la prise en compte des flux d’IDE, l’analyse estime un gain potentiel de
revenu réel dans le cadre de la ZLECAF de 1,9 point de pourcentage par rapport au
scénario sur les échanges de la ZLECAF, d’ici 2035.
La prise en compte de l’impact sur les IDE ajoute, en moyenne, 20 % aux gains générés
par le scénario sur les échanges de la ZLECAf (la réduction des droits de douane et des
BNT et la mise en œuvre des mesures de facilitation des échanges). Les pays générant
le plus de gains de l’accord sans tenir compte des changements dans les IDE sont égale-
ment ceux qui affichent les gains les plus élevés lorsqu’on tient compte des entrées d’IDE
(tableau 4.2). Cependant, certains pays bénéficient plus que d’autres lorsqu’on suppose
que les flux d’IDE changent à cause de l’accord. Les pays qui gagnent le plus dans le cadre
du scénario général des IDE de la ZLECAf sont les pays qui reçoivent des flux d’IDE
relativement plus élevés : l’île Maurice, l’Afrique du Sud, le Mozambique et la République
démocratique du Congo (figure 4.3). En termes absolus, ce sont les grands pays comme
l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud qui gagnent le plus. Dans le scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf, le Mozambique, l’île Maurice, le Burkina Faso et l’Afrique du Sud
font partie des pays qui ont des gains relatifs plus importants par rapport au scénario sur
les échanges de la ZLECAf, ce qui s’explique à la fois par l’ampleur relative du choc de
l’IDE (figure 4.4) et par la réduction moyenne des coûts commerciaux (figure 4.5).
76 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau 4.2 Variation du revenu réel par pays : pourcentage de changement par rapport au
scénario de base, 2035

Pays Scénario sur les Scénario général des Scénario approfondi des
échanges de la ZLECAf IDE de la ZLECAf IDE de la ZLECAf

Zimbabwe 13.7 14.1 15.9

Namibie 12.4 13.3 14.8

République démocratique 10.8 11.7 13.7


du Congo

République centrafricaine 9.8 12.1 13.0

Kenya 11.4 11.5 12.8

Burkina Faso 11.4 11.7 12.8

Tanzanie 7.7 9.3 12.4

Maurice (île) 10.3 10.9 12.2

Maroc 6.9 11.3 11.8

Éthiopie 8.1 9.0 10.7

Cameroun 9.0 9.1 10.3

Sénégal 8.5 8.9 10.0

Afrique du Sud 5.8 7.0 9.6

Tunisie 3.9 6.7 8.5

République arabe d’Égypte 6.1 6.9 8.5

Ghana 6.8 7.7 8.4

Botswana 5.8 6.4 7.8

Mozambique 5.4 6.2 7.7

Zambie 2.5 5.3 7.4

Ouganda 4.8 6.2 7.1

Nigeria 3.6 5.3 6.2

Madagascar 4.1 4.8 5.6

Rwanda 3.1 4.3 5.1

Malawi 3.3 3.8 4.3

Total ZLECAf 1.8 2.1 3.1

Total AfCFTA 7.1 7.9 9.0

Source : calculs originaux pour cette publication.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 77

Figure 4.3 Variation du revenu réel et choc des IDE, scénario général de la ZLECAf sur les IDE
2035
5
par rapport au scénario sur les échanges de la ZLECAf Maurice (île)
Variation en points de pourcentage du revenu réel

3 Afrique du Sud
République République démocratique Mozambique
arabe d’Égypte du Congo
2
Burkina Faso Ouganda
Sénégal Zambie
Maroc Madagascar
1 Tunisie Namibie
Zimbabwe
Rwanda Botswana Nigeria
Malawi Tanzanie Ghana
Kenya Cameroun Côte d’Ivoire
Éthiopie
0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5
Choc annuel des IDE en pourcentage du PIB
Source : calculs originaux pour cette publication.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ;
PIB = produit intérieur brut.

Figure 4.4 Variation du revenu réel et choc des IDE, scénario approfondi de la ZLECAf sur les
IDE, 2035

6
par rapport au scénario sur les échanges de la ZLECAf
Variation en points de pourcentage du revenu réel

Mozambique
5 Burkina Faso Afrique du Sud
Maurice (île)

4 Sénégal
République
Namibie démocratique du Congo
3
Zimbabwe
Tunisie Maroc Ouganda
Botswana
Côte d’Ivoire Tanzanie Zambie
2 Ghana
Kenya Cameroun Madagascar
Nigeria
Éthiopie République arabe d’Égypte
1 Malawi
Rwanda

0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5


Choc annuel des IDE en pourcentage du PIB

Source : calculs originaux pour cette publication.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ;
PIB = produit intérieur brut.
78 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 4.5 Variation du revenu réel et réduction des coûts commerciaux, scénario approfondi de
la ZLECAf sur les IDE, 2035

6
Variation en points de pourcentage du revenu réel par

Maurice (île) Mozambique


rapport au scénario sur les échanges de la ZLECAf

5 Burkina Faso

Afrique du Sud
4
Sénégal

Namibie
3 Ouganda
Zimbabwe
Maroc Tunisie
Côte d’Ivoire
2 Zambie Botswana Ghana
Tanzanie
Madagascar Nigeria
Kenya République
Éthiopie Cameroun
1 Malawi arabe d’Égypte
Rwanda

0
1.05 1.06 1.07 1.08 1.09 1.10 1.11 1.12 1.13 1.14
Choc moyen des coûts commerciaux
Source : calculs originaux pour cette publication.
Note : la réduction des coûts commerciaux est modélisée dans ENVISAGE comme une augmentation
du paramètre lambda, qui est calibré à 1 dans le scénario de base. ZLECAf = Zone de libre-échange
continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

L’augmentation du commerce résultant de la ZLECAf est renforcée par l’augmen-


tation des flux d’IDE. L’augmentation des IDE et la réduction des coûts commerciaux
ont des impacts différents sur le commerce. Les exportations augmentent d’environ 2,5
points de pourcentage au niveau continental par rapport au scénario sur les échanges
de la ZLECAf, atteignant un taux de croissance de 31,5 % en 2035 par rapport au
scénario de base sans la ZLECAf. L’augmentation des exportations est plus rapide dans
tous les pays dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf (par rapport
au scénario sur les échanges de la ZLECAf), les plus grands gagnants en termes rela-
tifs étant l’île Maurice (une augmentation de 6,2 points de pourcentage par rapport
au scénario sur les échanges de la ZLECAf), le Sénégal (4,7 points de pourcentage) et
l’Éthiopie (4,4 points de pourcentage). Les importations augmentent également (parce
que le revenu réel augmente dans tous les pays de l’accord et que l’intégration dans les
chaînes de valeur mondiales et régionales est plus grande), avec une augmentation de
10,7 points de pourcentage au niveau continental. Une fois encore, les résultats mon-
trent que les pays qui sont le plus impactés par les IDE sont également ceux dont les
importations augmentent le plus par rapport au scénario sur les échanges de la ZLECAf.
Les augmentations relatives les plus importantes des importations dans le cadre du
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 79

Figure 4.6 Impact sur le volume des exportations par rapport au scénario de base, 2035

60

50
Variation en pourcentage

40

30

20

10

–10
Cô ba n
e
ur ire

Ke le)
Sé ya
Na gal
bie
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Ét nie

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Mo u Co ia
Af zam ngo
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qu
bli
pu

Commerce ZLECAf Scénario général des IDE de la ZLECAf Scénario approfondi des IDE de la ZLECAf
Source : calculs originaux pour cette publication.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

scénario approfondi des IDE de la ZLECAF sont enregistrées à l’île Maurice (une aug-
mentation de 21,3 points de pourcentage par rapport au scénario sur les échanges de la
ZLECAF), au Nigeria (16,7 points de pourcentage) et en Afrique du Sud (15 points de
pourcentage). Les graphiques 4.6 et .7 présentent les impacts différenciés sur le volume
des exportations et des importations du scénario sur les échanges, général des IDE,
approfondi des IDE de la ZLECAf par pays.
Le commerce intrazone ZLECAf est stimulé par l’augmentation des flux d’IDE.
Dans le scénario sur les échanges de la ZLECAf, ce sont les exportations de produits
manufacturés vers la région qui augmentent le plus (figure 4.8). Lorsque les chocs
financiers des IDE et les réductions supplémentaires des coûts commerciaux sont pris
en compte dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, les exportations de pro-
duits manufacturés augmentent le plus en valeur, mais les exportations agricoles vers
la région enregistrent le taux de croissance le plus élevé par rapport au scénario sur
les échanges de la ZLECAf, soit 20,5 pour cent. Les exportations intra-africaines de
services enregistrent une légère augmentation dans le scénario approfondi des IDE
de la ZLECAf par rapport au scénario sur les échanges de la ZLECAf, tandis que les
exportations de services vers le reste du monde diminuent par rapport au scénario
sur les échanges de la ZLECAf. Les importations de services en provenance du reste
du monde augmentent dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, tandis que
les importations de produits manufacturés et agricoles augmentent principalement en
80 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 4.7 Impact sur le volume des importations par rapport au scénario de base, 2035

90
80
Variation en pourcentage

70
60
50
40
30
20
10
0
du bliq e

Zim erouo
ba n
ra Ni we
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Ét nie

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Bu M e)
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Sé aso
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ga
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nz

du
Ég

R
cra te

ta
mo Cô

ea
qu
bli

pu

Commerce Scénario général Scénario approfondi


ZLECAf des IDE de la ZLECAf des IDE de la ZLECAf

Source : calculs originaux pour cette publication.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

Figure 4.8 Exportations à partir de la régions de la ZLECAf, par secteur et destination, par
rapport au scénario de base, 2035
Fabrication naturelles Agriculture

Commerce ZLECAf
Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf
Ressources

Commerce ZLECAf
Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf

Commerce ZLECAf
Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf

Commerce ZLECAf
Services

Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf

Commerce ZLECAf
Total

Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf

0 100 200 300 400 500 600 700


USD, milliards
Exportations vers la ZLECAf Exportations vers le reste du monde
Source : calculs originaux pour cette publication.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 81

Figure 4.9 Importations dans la région de la ZLECAf par secteur et par source par rapport au
scénario de base, 2035
Agriculture

Commerce ZLECAf
Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf
Ressources

Commerce ZLECAf
naturelles

Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf
Fabrication

Commerce ZLECAf
Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf

Commerce ZLECAf
Services

Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf

Commerce ZLECAf
Total

Scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
USD, milliards
Importations de la ZLECAf Importations du reste du monde
Source : calculs originaux pour cette publication.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

provenance des partenaires de la ZLECAf (figure 4.9) – ce qui reflète les exportations
totales intra-ZLECAf. Dans l’ensemble, les exportations et les importations intra-afric-
aines augmentent de 109 % et de 154 %, respectivement (figure 4.10).
Les structures sectorielles du commerce et de la production changent de manière
significative dans le cadre du scénario général et approfondi des IDE de la ZLECAf,
avec des résultats variables selon les pays. Le tableau 4.3 présente les impacts sectoriels
sur les exportations, les importations et la production. Les exportations d’autres pro-
duits manufacturés (produits manufacturés n.e.s. [non spécifiés ailleurs]), de produits
chimiques, de caoutchouc et de plastique, de produits en bois et en papier, de textiles
et d’articles d’habillement, et de produits alimentaires transformés sont celles qui aug-
mentent le plus dans le scénario sur les échanges de la ZLECAf. Dans le scénario appro-
fondi des IDE de la zone ZLECAf, les exportations de certains secteurs sont stimulées.
Pour les services de transport, les produits alimentaires transformés, les produits en
bois et en papier, les produits chimiques, en caoutchouc et en plastique, les autres pro-
duits manufacturés et les produits du pétrole et du charbon, l’augmentation supplé-
mentaire des exportations est liée à la baisse des coûts commerciaux induite par des
82 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 4.10 Impact du scénario approfondi de la ZLECAf sur les IDE sur le commerce par rapport
au scénario de base, par secteur, 2035

350

300
Variation en pourcentage

250

200

150

100

50

0
e

es

es

l
ta

ta
ce

ce
tio

tio
ur

ur
ell

ell
To

To
ult

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ur

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ric

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Se

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br

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at

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Ag

Ag
sn

sn
Fa

Fa
rce

rce
ou

ou
ss

ss
Re

Re

Exportations Importations

ZLECAf Non-ZLECAf Monde


Source : calculs originaux pour cette publication.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

engagements plus importants en matière d’accords commerciaux préférentiels. Pour


les produits manufacturés à forte intensité énergétique, les combustibles fossiles et la
construction, la hausse supplémentaire des exportations est liée à l’augmentation de la
disponibilité des capitaux dans ces secteurs à forte intensité de capital.
À mesure que les pays s’orientent vers des exportations à forte intensité de capital,
les autres exportations sectorielles, en particulier le textile et l’habillement et les ser-
vices aux entreprises, progressent plus lentement que dans le scénario sur les échanges
de la ZLECAf. La réduction des exportations de minéraux s’explique principalement
par l’impact négatif sur le secteur en Afrique du Sud, où l’appréciation de la monnaie
frappe les secteurs exportateurs. Il convient de noter que ce secteur se contractait déjà
dans le cadre du scénario sur les échanges de la ZLECAf, et que cette contraction est
encore renforcée dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf.
Dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, la production des secteurs à
forte intensité de capital et des secteurs bénéficiant de l’augmentation de la demande
intérieure augmente le plus. L’augmentation des flux d’IDE entraîne une plus impor-
tante expansion de la production dans les secteurs de la construction, des autres pro-
duits manufacturés, des services commerciaux et des autres services dans le scénario
général des IDE de la ZLECAF (figure 4.11) par rapport au scénario sur les échanges de
la ZLECAF. La baisse des coûts commerciaux déclenche une augmentation des services
Tableau 4.3 Évolution des exportations, des importations et de la production, par secteur

Secteur Exportations Importations Production

Scénario sur Scénario Valeur de Scénario sur Scénario Valeur de Scénario sur Scénario Valeur de
les échanges approfondi base les échanges approfondi base les échanges approfondi base
de la ZLECAf des IDE de la (2014 USD, de la ZLECAf des IDE de la (2014 USD, de la ZLECAf des IDE de la (2014
ZLECAf milliards) ZLECAf milliards) ZLECAf USD,
milliards)
Écart par rapport à la ligne de Écart par rapport à la ligne de Écart par rapport à la ligne de
base en 2035 (%) base en 2035 (%) base en 2035 (%)

Agriculture 15.1 15.0 185 66.5 84.1 66 −0.5 −0.3 1,927

Les combustibles fossiles 2.5 2.7 618 7.5 11.3 70 1.9 2.4 882

Minéraux n.e.s. −0.8 −1.3 64 8.6 10.9 21 0.7 1.0 128

Aliments transformés 63.6 77.7 92 68.1 85.8 118 1.1 2.2 1,392

Produits en bois et en papier 80.5 91.5 21 53.8 65.0 37 −2.6 −0.9 243

Textiles et habillement 65.7 58.3 96 70.3 73.7 90 −0.9 −2.2 583

Fabrication à forte intensité 36.8 38.4 325 48.2 53.9 125 9.8 11.1 640
énergétique

Produits du pétrole et du charbon 7.4 13.4 48 7.3 11.3 151 2.7 4.9 317

Produits chimiques, caoutchouc, 94.5 101.2 92 44.6 50.0 200 2.3 4.2 465
plastique

Fabrique n.e.s. 108.5 115.0 151 44.4 50.0 542 −2.0 1.0 1,020

Construction 19.1 19.0 6 10.7 12.1 25 3.4 7.6 1,055

Services commerciaux −7.2 −5.7 23 30.9 40.8 32 1.6 2.9 1,955


QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF

(Le tableau continue à la page suivante)


83
Tableau 4.3 Évolution des exportations, des importations et de la production, par secteur 84

Secteur Exportations Importations Production

Scénario sur Scénario Valeur de Scénario sur Scénario Valeur de Scénario sur Scénario Valeur de
les échanges approfondi base les échanges approfondi base les échanges approfondi base
de la ZLECAf des IDE de la (2014 USD, de la ZLECAf des IDE de la (2014 USD, de la ZLECAf des IDE de la (2014
ZLECAf milliards) ZLECAf milliards) ZLECAf USD,
milliards)
Écart par rapport à la ligne de Écart par rapport à la ligne de Écart par rapport à la ligne de
base en 2035 (%) base en 2035 (%) base en 2035 (%)

Services de transport routier et 12.6 17.0 43 45.9 64.3 24 3.0 4.6 418
ferroviaire

Services de transport par voie d’eau 32.5 41.0 5 17.8 27.8 7 4.1 5.8 44

Services de transport aérien 29.3 92.2 25 29.9 178.7 27 5.4 16.6 100

Services de communication −11.8 −11.6 30 40.7 52.3 14 1.6 3.4 568

Autres services financiers −4.3 −2.8 9 38.1 47.4 12 1.5 2.7 358

Assurance, services immobiliers 12.1 13.0 9 44.8 51.2 15 1.1 3.1 222

Autres services aux entreprises 17.2 14.3 25 39.4 43.1 94 −3.3 −2.1 583

Services d’accueil −6.4 −9.7 23 18.8 23.8 22 4.2 5.5 347

Autres services −4.8 −6.9 59 23.6 27.5 64 1.7 2.4 2,547


Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Total agriculture 15.1 15.0 185 66.5 84.1 66 −0.5 −0.3 1,927

Total des ressources naturelles 2.2 2.3 682 7.7 11.2 92 1.8 2.2 1010

Fabrication totale 62.1 66.0 824 44.7 51.3 1263 1.4 2.8 4659

Total des services 4.2 10.4 256 31.6 49.5 337 1.7 3.4 8197

Total 29.0 31.5 1947 41.1 50.0 1757 1.4 2.7 15793

Source : calculs originaux pour cette publication.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ; n.e.s. = non spécifié ailleurs.
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 85

Figure 4.11 Changement sectoriel de la production de la région de la ZLECAf dans le cadre des
scénarios général et approfondi de la ZLECAf sur les IDE par rapport au scénario sur les échan-
ges de la ZLECAf, 2035

Construction
Fabrique n.e.s.
Services commerciaux
Autres services
Fabrication à forte intensité énergétique
Aliments transformés
Services de communication
Autres services aux entreprises
Produits chimiques, caoutchouc, plastique
Les combustibles fossiles
Agriculture
Services de transport routier et ferroviaire
Assurance, services immobiliers
Produits en bois et en papier
Autres services financiers
Produits pétroliers, produits du charbon
Services d’accueil
Textiles et habillement
Services de transport aérien
Minéraux n.e.s.
Services de transport par voie d’eau
Total agriculture
Total des ressources naturelles
Fabrication totale
Total des services
Total

–50 0 50 100 150 200 250


USD, milliards
Scénario approfondi Scénario général
des IDE de la ZLECAf des IDE de la ZLECAf
Source : calculs originaux pour cette publication.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ;
n.e.s. = non spécifié ailleurs.

de transport aérien dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAF. Dans l’ensem-
ble, plusieurs secteurs de services se développent dans le scénario approfondi des IDE
de la zone ZLECAf, notamment le transport aérien et l’hôtellerie, soutenant la reprise
de ces secteurs qui ont été durement touchés par la COVID-19.
Dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, l’augmentation de la production
dans le secteur agricole est concentrée dans quelques pays : le Nigeria, l’Afrique du
Sud et la République démocratique du Congo. Dans certains pays, le secteur agricole
se contracte par rapport au scénario sur les échanges de la ZLECAf, notamment au
Maroc, en Côte d’Ivoire et au Kenya. Dans les secteurs des ressources naturelles, l’aug-
mentation de la production associée à la généralisation de l’accord est nettement plus
86 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

importante au Nigeria et au Mozambique. Les augmentations de la production dans


les secteurs de l’industrie manufacturière et des services sont mieux réparties entre
les pays, mais l’augmentation de la production dans le secteur de l’industrie manufac-
turière, par rapport au scénario sur les échanges de la ZLECAf, est plus importante en
Afrique du Sud, en Égypte et au Nigeria ; dans les secteurs des services, les gains sont
plus importants en Afrique du Sud, au Nigeria et en Égypte.

IMPACT DE LA ZLECAF SUR LA PAUVRETÉ


En raison des conséquences économiques et sanitaires de la pandémie de COVID-19,
le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté en Afrique a considérablement
augmenté. Le taux d’incidence de l’extrême pauvreté en Afrique, mesuré avec un seuil
de pauvreté de 1,90 USD par jour en termes de parité de pouvoir d’achat, était de 40,2 %
en 2010 et a diminué à 34,1 % en 2019. Néanmoins, cette réduction en pourcentage
du taux de pauvreté n’a pas été suffisante pour réduire le nombre absolu de personnes
vivant dans la pauvreté. Compte tenu de l’augmentation de la taille de la population,
le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté sur le continent africain est
passé de 408 millions à 442 millions entre 2010 et 2019 (figure 4.12). En raison des
conséquences économiques et sanitaires de la pandémie de COVID-19, on prévoit que
27 millions de personnes supplémentaires ont sombré dans l’extrême pauvreté sur le
continent par rapport à 2019, et près de 51 millions par rapport à une situation sans
COVID-19 en 2020.9

Figure 4.12 Personnes vivant dans l’extrême pauvreté, par scénario (membres de la ZLECAf)
Personnes vivant dans l’extrême pauvreté (millions)

500
469
450
442
408
400

350
317

300
277
267 272
250
28

20 1

20 3
20 4
20 6
20 7

20 9
30

35
18
20 19

20 1

20 3
20 4
25

20 6
20 7

32
20 1

20 3
20 4
15

20 0
22
10

12

3
2
1

2
1

3
2
1

3
2
1

2
1

2
20

20
20

20
20
20

20
20

20

20

Scénario Base de Commerce Scénario général Scénario approfondi


référence ZLECAf des IDE de la ZLECAf des IDE de la ZLECAf

Source : travail original pour cette publication.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 87

Les simulations effectuées dans le cadre du scénario de base indiquent que 317 mil-
lions d’Africains vivront dans l’extrême pauvreté d’ici 2035. Dans l’hypothèse d’une
reprise soutenue de l’économie mondiale, le scénario de base prévoit que la courbe
ascendante récente du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté sera
inversée. Le nombre de personnes vivant avec moins de 1,90 USD par jour en ter-
mes de parité de pouvoir d’achat devrait passer de 469 millions en 2020 à 317 millions
en 2035, soit une baisse nette de 152 millions (figure 4.12). Cette baisse équivaudrait
à une réduction de 35,3 % à 17,0 % de l’indice de pauvreté sur la période de 15 ans,
compte tenu de la taille de la population africaine.
Dans un monde post-COVID-19, la mise en œuvre du scénario sur les échanges
de la ZLECAf pourrait contribuer à sortir 40 millions de personnes de l’extrême pau-
vreté d’ici 2035. Les projections dans le cadre du scénario sur les échanges de la ZLECA
indiquent que 277 millions de personnes vivront dans l’extrême pauvreté d’ici 2035
(ce qui équivaut à 14,8 % du taux de pauvreté), soit 40 millions de moins que dans le
scénario de base (figure 4.12). Le rapport 2020 sur la ZLECAf a estimé que le scénario
sur les échanges de la ZLECAf (qui implique une réduction des barrières tarifaires et
non tarifaires, ainsi que des améliorations des mesures de facilitation des échanges),
pourrait sortir jusqu’à 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté, 70 % des gains
économiques et de la réduction de la pauvreté provenant de la mise en œuvre des
mesures de facilitation des échanges (Banque mondiale 2020). La raison de cette dif-
férence est que ces estimations ont été réalisées avant la pandémie de COVID-19. Si
l’on considère que la pandémie mondiale a entraîné une augmentation nette de près de
51 millions de personnes en 2020 vivant dans l’extrême pauvreté par rapport au niveau
pré pandémique, les estimations actualisées présentées dans cette étude suggèrent que
la mise en œuvre du scénario sur les échanges de la ZLECAf pourrait sortir 40 millions
de personnes de l’extrême pauvreté d’ici 2035 (reflétant l’incidence initiale plus élevée
de la pauvreté sur le continent en 2020).
Le scénario général des IDE de la ZLECAf et le scénario approfondi des IDE de
la ZLECAf pourraient permettre à 5 millions et 10 millions de personnes supplémen-
taires, respectivement, de sortir de l’extrême pauvreté d’ici 2035. En ce qui concerne
la réduction de la pauvreté, les projections du scénario général des IDE de la ZLECAf
indiquent que 272 millions de personnes vivront dans l’extrême pauvreté en 2035, soit
5 millions de moins que dans le scénario sur les échanges de la ZLECAf (figure 4.12).
Les projections du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf suggèrent que 10 mil-
lions de personnes de moins vivront dans l’extrême pauvreté d’ici 2035 par rapport au
scénario sur les échanges de la ZLECAf. Le scénario plus ambitieux d’intensification des
IDE de la zone ZLECAf contribuerait à réduire le taux d’incidence de l’extrême pauvreté
à 14,3 % d’ici 2035 (contre 14,8 % dans le scénario sur les échanges de la zone ZLECAf).
Le scénario général et le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf pourraient
aider à sortir 6 millions et 13 millions de personnes, respectivement, de la pauvreté
modérée (personnes vivant sous le seuil de pauvreté supérieur de 5,50 dollars par jour
88 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

en termes de parité de pouvoir d’achat). L’utilisation du seuil de pauvreté à valeur plus


élevée est appropriée pour les pays dont le revenu par habitant est plus élevé. Pour les
pays à revenu moyen supérieur, la Banque mondiale suggère l’utilisation de ce seuil
de pauvreté plus élevé. En utilisant ce seuil de pauvreté modérée et en se fondant sur
une base de référence qui incorpore la COVID-19, le scénario sur les échanges de
la ZLECAf réduirait le nombre de personnes vivant dans une pauvreté modérée de
62 millions, le scénario général des IDE de la ZLECAf le réduirait de 68 millions et le
scénario approfondi des IDE de la ZLECA le réduirait de 75 millions, d’ici 2035.

IMPACT DE LA ZLECAF SUR LES EMPLOIS ET LES SALAIRES


Le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf contribuerait à créer jusqu’à 17,9 mil-
lions de nouveaux emplois, avec jusqu’à 2,45 % de la main-d’œuvre transférée vers
des secteurs en expansion sur le continent. Plus les changements de production sont
importants dans chaque scénario de la ZLECAf, plus les effets sur l’emploi sont impor-
tants. Dans les résultats simulés, les gains en matière d’emploi qui résultent de la relo-
calisation sectorielle des travailleurs suivent le même schéma. Les ouvertures d’emploi
pour les travailleurs passant de secteurs en baisse à des secteurs en expansion représen-
tent respectivement 2,25 %, 2,35 % et 2,45 % de l’emploi total pour le scénario sur les
échanges de la ZLECAf et le scénario général et approfondi des IDE de la ZLECAf. Le
tableau 4.4 présente ces résultats pour le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf à
partir de 2035. La première colonne montre la part d’emplois que le scénario appro-
fondi des IDE de la ZLECAf créerait en relocalisant les travailleurs dans les 21 secteurs
inclus dans le modèle.10 La deuxième colonne présente, en pourcentage, le niveau de
concentration des gains d’emploi entre les secteurs : l’indice Herfindahl-Hirschman. Le
tableau 4.4 présente également les trois principaux secteurs gagnants dans chaque pays,
ainsi que le secteur enregistrant les pertes d’emploi les plus importantes (en pourcent-
age de la main-d’œuvre totale).
Dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, les pays d’Afrique
du Nord accéléreraient leur transition vers les biens manufacturés et les services. En
Afrique du Nord, le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf ferait passer les travail-
leurs de l’agriculture à l’industrie manufacturière et aux services. En Égypte, 3,3 % de la
main-d’œuvre passerait des secteurs en déclin aux secteurs en expansion. Les secteurs
qui connaîtraient une plus grande création d’emplois en raison des changements secto-
riels sont le commerce (TRD) avec 0,6 % de la main-d’œuvre totale ; les industries man-
ufacturières n.e.s. (XMN) avec 0,5 % et les services n.e.s. (XSV) avec 0,4 %. La majorité
des travailleurs proviendraient de l’agriculture (-2,2 %). L’Égypte et la région d’Afrique
du Nord ont des indices de Herfindahl-Hirschman relativement faibles, ce qui indique
que la délocalisation sectorielle est plus uniformément répartie. La Tunisie, le Maroc
et, dans une moindre mesure, le reste de l’Afrique du Nord présentent des similitudes
en matière de création d’emplois, telles que la croissance du commerce et des services
Tableau 4.4 Scénario approfondi de la ZLECAf : création d’emplois dans les secteurs en expansion
Changement par rapport au scénario de base d’ici 2035

Region or country Création d’emplois grâce à la réaffectation sectorielle Principal secteur en


régression (pertes
Nouveaux emplois (% de Concentration Indice de Les trois principaux secteurs en expansion (création d’emplois, en % de la
la main-d’œuvre totale) Herfindahl-Hirschman (%) d’emplois, % de la main-d’œuvre totale) main-d’œuvre totale)

1 2 3

Afrique du Nord

République arabe d’Égypte 3.3 12.0 TRD (0.6) XMN (0.5) XSV (0.4) AGR (−2.2)

Tunisie 3.1 25.4 TWP (1.2) XMN (0.7) PFD (0.4) AGR (−1.6)

Maroc 2.1 40.3 XMN (1.3) TRD (0.4) XSV (0.2) AGR (−0.9)

Reste de l’Afrique du Nord 2.0 28.3 FFL (0.9) TRD (0.4) XSV (0.2) AGR (−1.2)

Afrique de l’Ouest

Reste de l’Afrique de l’Ouest 4.8 20.5 KE5 (1.6) TRD (1.2) CRP (0.5) AGR (−3.3)

Côte d’Ivoire 3.0 27.6 AGR (1.5) CNS (0.4) PFD (0.3) XMN (−1)

Ghana 1.8 21.6 KE5 (0.6) AGR (0.4) CNS (0.3) TRD (−1)

Burkina Faso 1.5 33.1 AGR (0.8) KE5 (0.2) TRD (0.1) XSV (−0.5)

Sénégal 1.3 22.2 PFD (0.4) CNS (0.3) TRD (0.3) AGR (−0.5)

Nigeria 1.1 41.5 TRD (0.7) OFI (0.1) ROS (0.1) OBS (−0.3)

Afrique de l’Est

Éthiopie 3.1 56.9 AGR (2.3) ATP (0.4) XSV (0.2) TRD (−1.5)
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF

(Le tableau continue à la page suivante)


89
90

Tableau 4.4 Scénario approfondi de la ZLECAf : création d’emplois dans les secteurs en expansion
Changement par rapport au scénario de base d’ici 2035

Region or country Création d’emplois grâce à la réaffectation sectorielle Principal secteur en


régression (pertes
Nouveaux emplois (% de Concentration Indice de Les trois principaux secteurs en expansion (création d’emplois, en % de la
la main-d’œuvre totale) Herfindahl-Hirschman (%) d’emplois, % de la main-d’œuvre totale) main-d’œuvre totale)

1 2 3

Kenya 2.6 68.8 AGR (2.2) XSV (0.4) TWP (0.1) CMN (−0.2)

Reste de l’Afrique de l’Est 2.0 22.4 KE5 (0.6) TRD (0.5) AGR (0.5) FFL (−0.8)

Ouganda 2.0 73.3 AGR (1.7) PFD (0.2) XSV (0.1) FFL (−0.4)

Afrique centrale

République démocratique du 4.6 98.8 KE5 (4.6) ROS (0) CNS (0) AGR (−1)
Congo

Reste de l’Afrique centrale 2.6 26.6 FFL (1.1) ROS (0.7) XSV (0.2) OBS (−0.5)

Cameroun 2.0 24.3 AGR (0.9) XSV (0.3) KE5 (0.2) TRD (−1.4)

Rwanda 1.4 72.8 AGR (1.2) CNS (0.1) PFD (0.1) TRD (−0.4)
Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Afrique du Sud

Reste de l’Afrique australe 5.7 42.5 CRP (3.5) TWP (1.1) TRD (0.8) FFL (−1.4)

Zimbabwe 4.2 20.4 AGR (1.2) CNS (1.1) TRD (0.8) XMN (−1.7)

Maurice (île) 3.8 50.0 TWP (2.6) ATP (0.6) CNS (0.2) CRP (−1)

Namibie 3.0 40.2 KE5 (1.8) PFD (0.5) TRD (0.2) AGR (-1.1)

(Le tableau continue à la page suivante)


Tableau 4.4 Scénario approfondi de la ZLECAf : création d’emplois dans les secteurs en expansion
Changement par rapport au scénario de base d’ici 2035

Region or country Création d’emplois grâce à la réaffectation sectorielle Principal secteur en


régression (pertes
Nouveaux emplois (% de Concentration Indice de Les trois principaux secteurs en expansion (création d’emplois, en % de la
la main-d’œuvre totale) Herfindahl-Hirschman (%) d’emplois, % de la main-d’œuvre totale) main-d’œuvre totale)

1 2 3

Botswana 2.8 16.1 XMN (0.7) CNS (0.5) TRD (0.5) KE5 (-3.6)

Mozambique 2.5 49.3 TRD (1.7) CNS (0.4) XMN (0.3) AGR (−1.8)

Malawi 1.9 33.1 AGR (0.9) PFD (0.5) TRD (0.2) FFL (-1.7)

Madagascar 1.8 29.4 TWP (0.7) AGR (0.6) CNS (0.1) CRP (-0.4)

Zambie 1.2 42.4 CNS (0.7) XSV (0.3) AGR (0.1) TRD (-1.1)

Afrique du Sud 1.1 17.3 CNS (0.3) XMN (0.3) TRD (0.2) XSV (-0.3)

Tanzanie 0.6 47.0 PFD (0.3) CNS (0.2) XSV (0) AGR (-0.4)

Source : résultats de la simulation de la Banque mondiale.


Note : Secteurs primaires : AGR = Agriculture ; FFL = Combustibles fossiles ; OXT = Minéraux n.e.s.
Secteurs industriels : CNS = Construction ; CRP = Produits chimiques, caoutchouc, plastique ; KE5 = Fabrication à forte intensité énergétique ; P_C = Produits du pétrole et du
charbon ; PFD = Produits alimentaires transformés ; TWP = Textiles et habillement ; WWP = Produits en bois et en papier ; XMN = Fabrications n.e.s.
Secteurs de services : ATP = Services de transport aérien ; CMN = Services de communication ; INS = Assurances, services immobiliers ; OBS = Autres services aux
entreprises ; OFI = Autres services financiers ; OTP = Services de transport routier et ferroviaire ; ROS = Services d’accueil ; TRD = Services commerciaux ; WTP = Services de
transport par voie d’eau ; XSV = Autres services.
n.e.s. = non spécifié ailleurs.
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF
91
92 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

n.e.s., parallèlement au déclin de l’emploi agricole. Les similitudes dans la région de


l’Afrique du Nord peuvent s’expliquer par des structures économiques, des niveaux de
développement, une culture et une langue similaires.
L’Afrique subsaharienne offre un tableau plus diversifié de la création d’emplois que
l’Afrique du Nord en raison des changements sectoriels. En moyenne, les sous-régions
d’Afrique subsaharienne affichent une réaffectation de la main-d’œuvre comprise entre
2,3 % (Afrique de l’Ouest) et 2,7 % (Afrique centrale) de la main-d’œuvre totale. Ces
chiffres globaux masquent une hétérogénéité beaucoup plus grande dans la réaffecta-
tion sectorielle au sein des sous-régions, sous l’effet de caractéristiques propres à chaque
pays, telles que l’ampleur de la libéralisation des échanges, la réduction des coûts com-
merciaux et l’évolution des avantages comparatifs. Au niveau des pays, des mouve-
ments de main-d’œuvre plus importants sont observés dans le reste de l’Afrique australe
(5,7 % de la main-d’œuvre totale), le reste de l’Afrique de l’Ouest (4,8 %), la République
démocratique du Congo (4,6 %), le Zimbabwe (4,2 %) et l’île Maurice (3,8 %). Pour cer-
tains pays, la création d’emplois est concentrée dans quelques industries, comme dans
le secteur manufacturier à forte intensité énergétique (KE5) de la République démocra-
tique du Congo, et dans les secteurs agricoles de l’Ouganda, du Rwanda et du Kenya.
Les secteurs de la construction et du commerce apparaissent fréquemment dans les
trois premiers secteurs créateurs d’emplois en Afrique subsaharienne.
Dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, les secteurs à forte intensité de
compétences et à forte intensité féminine se développent le plus, mais avec des impacts
divers selon les régions. Dans l’hypothèse d’un niveau de chômage fixe à long terme,
les travailleurs peuvent se déplacer librement d’un secteur à l’autre, vers ceux les plus
compétitifs. Les graphiques 4.13 et 4.14 montrent que, pour le scénario approfondi
des IDE de la ZLECAf, le secteur manufacturier à forte intensité énergétique (acier et
aluminium) enregistre la plus forte augmentation de l’emploi avec 3,5 millions de tra-
vailleurs supplémentaires, suivi par la construction (0,9 million) et les services d’accueil
(0,6 million). Ces évolutions sectorielles globales masquent une grande hétérogénéité
entre les pays. Par exemple, l’agriculture, le secteur employant le plus grand nombre
de travailleurs sur le continent, connaît une réduction nette de l’emploi et l’une des
plus faibles augmentations de la production (9 milliards de dollars). Néanmoins, les
effets au sein des pays sont hétérogènes et l’agriculture jouera un rôle de plus en plus
important dans un grand nombre de pays d’Afrique subsaharienne, apparaissant dans
les trois premiers secteurs créateurs d’emplois dans 13 pays et régions (Burkina Faso,
Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi, Rwanda, Ouganda,
Éthiopie, le reste de l’Afrique de l’Est, Zambie et Zimbabwe). D’autres secteurs comp-
tant une forte proportion de travailleurs non qualifiés, comme les combustibles fossiles
et les produits alimentaires transformés (figure 4.14), subissent une réduction de l’em-
ploi. Cette réduction contraste avec les secteurs où la part de travailleurs non qualifiés
est la plus faible, qui voient leur niveau d’emploi augmenter, ce qui se traduit par une
croissance plus rapide des salaires des travailleurs qualifiés.
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 93

Figure 4.13 Variation de l’emploi par secteur en 2035 dans le cadre du scénario approfondi la
ZLECAf sur les IDE et part de l’emploi des femmes

60

50 Services d’accueil
Services de transport aérien
Part de l’emploi des femmes en 2020 (% de l’emploi total)

Autres services
Textiles et
40 habillement Les
combustibles
fossiles Services commerciaux
Produits en
bois et en Autres services financiers Fabrication à forte
papier Assurance, services immobiliers intensité énergétique
30 Aliments
transformés Agriculture
Autres services Pétrole, produit du charbon
aux entreprises Services de communication
Minéraux n.e.s.
Produits chimiques,
20 caoutchouc, plastique Services de transport
par voie d’eau Total sectur
Fabrique n.e.s. 6 000 000
Construction 50 000 000
100 000 000
10 Services de transport 150 000 000
routier et ferroviaire 200 000 000
233 747 312

0
–6 –1 4 9 14
Pourcentage de changement dans l’emploi total en 2035 dû au scénario
approfondi des IDE de la ZLECAf par rapport au scénario de base.
Source : estimations de la Banque mondiale.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ;
n.e.s. = non spécifié ailleurs

Les salaires des travailleurs féminins augmentent plus rapidement dans le cadre
du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf. À l’échelle du continent, les salaires
des travailleurs masculins et féminins augmentent de manière significative dans le
scénario sur les échanges de la ZLECAf et augmentent encore plus dans le scénario
général des IDE de la ZLECAf et dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf
par rapport au scénario de base d’ici 2035 (figure 4.15). L’augmentation des salaires
des travailleurs féminins est plus marquée, suivant les augmentations d’environ 10 %
déjà prévues dans le cadre de la mise en œuvre de la ZLECAf (avec une différence de
1,21 point de pourcentage entre les salaires des travailleurs féminins et masculins),
mais avec quelques différences régionales. En Afrique centrale, les salaires des travail-
leurs féminins augmenteraient plus rapidement que ceux des travailleurs masculins,
94 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 4.14 Variation de l’emploi par secteur en 2035 dans le cadre du scénario approfondi de
la ZLECAf sur les IDE et part de l’emploi non qualifié

90 Agriculture

Wood
80 and paper
products Fossil fuels
Share of unskilled employment in 2020 (% of total employment)

Petroleum, coal products


Minerals n.e.s.
70 Processed Chemical, rubber, plastic products Energy-intensive
foods Hospitality services manufacturing
Textiles and wearing apparel
60 Construction
Manufactures n.e.s.
Road and rail transport services
Trade services
50 Communication services
Other business
services
Insurance, real estate services Air transport services
40 Water transport services
Other financial
services
30 Other services
Total sector
20 6,000,000
50,000,000
100,000,000
10 150,000,000
200,000,000
233,747,312
0
–6 –1 4 9 14
Percentage change in total employment in 2035 due to AfCFTA FDI
deep scenario with respect to baseline scenario

Source : estimations de la Banque mondiale.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ;
n.e.s. = non spécifié ailleurs

avec une différence de points de pourcentage entre eux d’ici 2035, dans un contexte de
développement de l’industrie manufacturière à forte intensité énergétique, un secteur
qui emploie un pourcentage relativement élevé de travailleurs féminins (figures 4.16
et 4.17). Cependant, toutes les régions ne suivent pas la même tendance. En Afrique
australe, les salaires des travailleurs masculins augmentent plus rapidement que ceux
des travailleurs féminins. En Afrique australe, ce sont les secteurs de l’industrie manu-
facturière et de la construction, comptant parmi les plus faibles pourcentages d’emploi
féminin, qui connaissent la plus forte expansion.
Dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, les salaires des travailleurs
qualifiés augmentent plus rapidement que ceux des travailleurs non qualifiés. Dans
les trois scénarios, les salaires des travailleurs qualifiés et non qualifiés augmentent de
manière similaire, avec une augmentation marginale des salaires des travailleurs quali-
fiés dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf (figure 4.15). En général, les IDE
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 95

Figure 4.15 Impact sur les salaires dans le cadre du du scénario sur les échangesde la ZLECAF,
et des scénarios général et approfondi de la ZLECAF,, par sexe et niveau de qualification, 2035

a. Wage growth by gender b. Wage growth by skill level


14 14

Percentage change relative to baseline


Percentage change relative to baseline

12 12

10 10

8 8

6 6

4 4

2 2

0 0

de

p
ad

ee
de

ad

tra
ee

ro

Id
ro
tra

Id

Ib
TA
Ib

FD
TA

FD

FD
FD

CF

TA
CF

TA

TA
Af
TA

CF
Af

CF

CF
CF

Af
Af

Af
Af

Male Female Unskilled Skilled


Source : estimations de la Banque mondiale.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger.

Figure 4.16 Impact sur les salaires dans le cadre du scénario général des IDE de la ZLECAf, par
région et par sexe et niveau de qualification, 2035

a. Wage growth by region and gender b. Wage growth by region and skill level
20 20
Percentage change relative to baseline

Percentage change relative to baseline

18 18
16 16
14 14
12 12
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
a

ca

ca

ca

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No

No
W

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ut
So

So

Male Female Unskilled Skilled


Source : estimations de la Banque mondiale.
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africain ; IDE = investissement direct étranger.
96 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 4.17 Impact sur les salaires dans le cadre du scénario approfondi des IDE de la ZLECAf,
par région et par sexe et niveau de qualification, 2035

a. Wage growth by region and gender b. Wage growth by region and skill level
20 20
Percentage change relative to baseline

Percentage change relative to baseline


18 18
16 16
14 14
12 12
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
a

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fri
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es

es
Ea

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he

he
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No

No
W

W
Ce

Ce
ut

ut
So

So
Male Female Unskilled Skilled

ont tendance à se diriger vers les secteurs qui ont une part plus importante de travail-
leurs qualifiés ou qui créent une plus grande demande pour les secteurs à forte intensité
de compétences. C’est pourquoi les flux d’IDE exercent une pression sur les primes de
compétences salariales sur l’ensemble du continent, mais avec une forte hétérogénéité
au niveau régional. L’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale enreg-
istrent une croissance des salaires plus élevée pour les travailleurs qualifiés que pour
les travailleurs non qualifiés (figure 4.17). En Afrique de l’Est, où l’agriculture et la
construction augmentent le plus la production, et en Afrique australe, avec une expan-
sion dans l’industrie manufacturière et la construction, les salaires des travailleurs non
qualifiés augmentent plus rapidement que ceux des travailleurs qualifiés (figure 4.17).
Malgré des gains globaux en termes de salaires pour les femmes et les personnes
non qualifiées, une grande hétérogénéité est observée au sein des pays. Le tableau 4.5
montre que, dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, les salaires des femmes
non qualifiées augmenteraient plus rapidement que la moyenne nationale dans 18 des
29 pays et régions, notamment dans le reste de l’Afrique australe, au Ghana et dans
le reste de l’Afrique centrale. De même, les salaires des femmes non qualifiées aug-
menteraient plus rapidement que ceux des hommes non qualifiés dans 16 pays et
régions sur 29. Une croissance plus rapide que la moyenne des salaires des femmes
non qualifiées et des salaires des hommes non qualifiés permettrait non seulement de
réduire la pauvreté, mais aussi de réduire les inégalités. Néanmoins, il existe de grandes
différences sur le continent. Dans le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, les
inégalités salariales seraient également intensifiées dans 9 pays par une accélération de
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 97

Tableau 4.5 Scénario approfondi de la ZLECAf : gains salariaux par compétence et par sexe,
par pays
Changement par rapport au scénario de base d’ici 2035

Région ou pays Salaire total Salaire (variation en %)


(variation
en %) Non qualifiés Qualifiés

Femme Homme Femme Homme

Afrique du Nord

République arabe d’Égypte 20.15 20.62 17.39 24.20 23.07

Tunisie 15.04 18.94 7.82 13.65 15.81

Maroc 11.24 10.02 9.97 13.07 12.83

Reste de l’Afrique du Nord 0.05 −1.76 −1.35 0.88 1.36

Afrique de l’Ouest

Reste de l’Afrique de l’Ouest 24.06 19.31 21.81 26.05 28.98

Burkina Faso 13.16 12.83 17.05 8.02 8.81

Côte d’Ivoire 12.84 14.90 13.90 10.02 11.30

Sénégal 11.97 8.96 11.89 12.36 12.54

Ghana 5.06 9.78 7.69 3.10 4.44

Nigeria 4.01 5.32 3.50 3.87 4.06

Afrique de l’Est

Kenya 22.88 24.55 24.68 20.69 22.77

Éthiopie 13.45 12.69 14.84 12.77 13.09

Ouganda 11.38 14.79 13.21 7.98 10.09

Reste de l’Afrique de l’Est 3.65 4.66 3.94 3.50 2.48

Afrique centrale

République démocratique 18.47 20.08 20.77 19.52 16.58


du Congo

Cameroun 11.61 9.71 11.77 11.84 11.74

Reste de l’Afrique centrale 5.75 10.88 1.00 9.03 6.15

Rwanda 5.44 8.86 4.65 5.78 3.84

(Table continues on next page)


98 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau 4.5 Scénario approfondi de la ZLECAf : gains salariaux par compétence et par sexe,
par pays
Changement par rapport au scénario de base d’ici 2035

Région ou pays Salaire total Salaire (variation en %)


(variation
en %) Non qualifiés Qualifiés

Femme Homme Femme Homme

Southern Africa

Tanzania 19.98 19.30 19.81 20.14 20.18


Namibia 18.21 16.82 21.27 13.29 19.41
Zambia 14.88 14.75 16.82 13.93 14.86
Zimbabwe 14.28 19.92 13.72 14.71 13.90
South Africa 11.61 12.54 11.84 10.52 10.73
Mauritius 11.02 15.72 14.43 6.79 10.14
Rest of Southern Africa 10.51 20.13 8.44 12.47 8.42
Mozambique 10.09 10.55 9.95 9.62 10.31
Malawi 9.13 12.34 11.60 6.00 5.70
Botswana 7.58 6.79 8.08 7.96 8.72
Madagascar 6.35 6.97 7.47 5.55 4.93

Source: World Bank simulation results.


Note: AfCFTA = African Continental Free Trade Area.

la croissance des salaires des travailleurs qualifiés, en particulier en Égypte et au Maroc,


qui connaîtraient une augmentation de la demande dans le secteur manufacturier et les
services à forte intensité de compétences.

NOTES
1. L’approche EGC-GIDD est examinée en détail dans Maliszewska, Osorio-Rodarte et Gupta (2020).
2. L’introduction progressive sur 15 ans tient compte du fait que l’analyse économétrique du
chapitre 3 est une analyse statique comparative qui simule les impacts de la ZLECAf sur les IDE
après que tous les ajustements ont eu lieu.
3. Les impacts du COVID-19 sur la croissance de base n’ont pas été intégrés. Les recherches pour les
chapitres 3 et 4 ont été menées avant que l’étendue des impacts de la COVID-19 sur la croissance
ne soit évidente. Les implications sur la croissance et le commerce deviennent plus évidentes,
mais des informations à jour ne sont pas disponibles pour tous les pays africains. Par conséquent,
dans un souci de cohérence avec le rapport 2020 de la ZLECAf, la croissance de référence n’a pas
été ajustée. L’étude examine les implications à long terme de la ZLECAf jusqu’en 2035. Les outils
utilisés dans cette étude, le modèle de gravité et l’analyse EGC, sont conçus pour l’analyse de
scénarios et non pour des projections, et les principales conclusions du rapport sont susceptibles
de se maintenir une fois que les économies se seront remises de la COVID-19 et auront retrouvé
QUANTIFIER LES GAINS DYNAMIQUES DE LA ZLECAF 99

des trajectoires et des tendances de croissance à long terme, même si certains impacts de la
COVID-19 pourraient avoir des effets durables sur les avantages comparatifs des pays. Une autre
limite de l’approche gravitaire utilisée au chapitre 3 est que, en étant tournée vers le passé, elle
peut être biaisée dans des périodes très inhabituelles comme la pandémie de COVID-19. D’une
part, quel que soit le degré d’approfondissement de la ZLECAf, les IDE pourraient ne pas affluer
vers l’Afrique dans le cadre du niveau actuel d’incertitude (c’est-à-dire que l’élasticité estimée
est beaucoup plus élevée que celle qui s’appliquerait maintenant dans le cadre du COVID-19).
D’autre part, l’approfondissement des accords commerciaux pourrait être encore plus pertinent
pour attirer les IDE une fois que l’incertitude actuelle sera levée, et que les IDE recommenceront
à affluer après la dernière année de ralentissement (c’est-à-dire que l’élasticité actuelle serait plus
élevée qu’en temps normal).
4. L’utilisation d’estimations gravitaires des réductions des coûts commerciaux dues aux BNT est
devenue plus courante ces dernières années. Il s’agit d’une réponse aux critiques académiques
des modèles EGC standard, à savoir que les modèles devraient avoir de meilleurs fondements
microéconomiques basés sur la théorie récente du commerce, et que les principaux paramètres
et coûts commerciaux du modèle devraient être estimés de manière structurelle, si possible, en
utilisant les mêmes données sous-jacentes (voir Bekkers, François et Rojas-Romagosa 2018 ;
Bekkers et Rojas-Romagosa 2019 ; Costinot et Rodríguez-Clare 2014). Egger et al. (2015) est un
exemple de cette approche. Une étude structurelle complète et une décomposition des approches
alternatives, pour le cas du commerce transatlantique, sont fournies par Bekkers et Rojas-Romagosa
(2019). Pour modéliser les réductions des coûts commerciaux dans les accords commerciaux
préférentiels, on préfère également dans la pratique estimer l’impact des accords commerciaux
observés et de l’ambition variable de la libéralisation dans le cadre de ces accords. Cette méthode
contraste avec l’approche antérieure consistant à supposer qu’un certain pourcentage des coûts
commerciaux est réduit, sans base empirique spécifique aux pays et aux accords commerciaux
préférentiels. Parmi les exemples d’estimation dans les évaluations d’impact sur la durabilité,
citons la récente étude suisse de l’accord AELE-MERCOSUR (François et al. 2013 ; François et
al. 2020) et les évaluations d’impact de la libéralisation du commerce transatlantique réalisées par
le CEPR (2013) pour la Commission européenne.
5. Les impacts du scénario sur les échanges de la ZLECAf sont présentés de manière plus détaillée
dans le rapport 2020 de la ZLECA.
6. Le revenu réel est mesuré par la variation équivalente, c’est-à-dire la dépense pour atteindre l’utilité
de l’année t dans une simulation donnée, en utilisant les prix de l’année de base. Son ampleur est
similaire à celle de la consommation privée réelle.
7. Il convient de noter que les simulations de l’Accord sur la facilitation des échanges ne comprennent
pas de mesures spécifiques pour améliorer la facilitation des échanges. Certaines mesures peuvent
avoir un coût relativement faible, mais d’autres peuvent nécessiter des investissements en logiciels,
en autres supports logistiques, en infrastructures, etc. Ces coûts pourraient réduire les gains nets
résultant de l’amélioration de la facilitation des échanges, en fonction notamment de la source de
financement.
8. Il faut noter que les parts et les volumes des échanges de l’année de base sont relativement faibles
dans les services.
9. Ces estimations sont basées sur une simulation neutre en termes de distribution, dans laquelle
la croissance de la consommation privée par habitant est superposée à la dernière enquête
sur les ménages disponibles dans chaque pays. Un total de 164 distributions de revenu ou de
consommation par habitant issues d’enquêtes sur les ménages ont été obtenues à partir de la base
de données micro mondiale et de PovcalNet (Castaneda Aguilar et al 2019). La consommation
privée a été obtenue à partir des prévisions du Macro Poverty Outlook de la Banque mondiale
publiées dans le cycle des réunions de printemps 2021. Comme dans Lakner et al. (2020),
cette estimation suppose que seulement 85 % de la croissance observée dans les statistiques
macroéconomiques est transmise aux enquêtes sur les ménages et reconnaît de la même manière
que l’impact de COVID-19 sur la pauvreté en Afrique peut être plus important en raison de
l’augmentation des inégalités.
10. Les estimations de création d’emplois présentées dans cette section sont une approximation des
impacts potentiels d’un changement de compétitivité sur la réaffectation des emplois entre les
100 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

secteurs. Ces estimations comportent trois mises en garde importantes. Premièrement, les résultats
sont dérivés de conditions d’équilibre général dans des conditions de frictions nulles. Le modèle
EGC suppose un mouvement sans friction des travailleurs entre les secteurs, les travailleurs ne
subissant aucun coût d’ajustement et les entreprises ayant la possibilité d’embaucher et de licencier
librement. Deuxièmement, l’EGC fonctionne selon l’hypothèse que le chômage représente une
part fixe de la population active, ce qui implique qu’un nombre fixe de travailleurs trouvent un
emploi rémunéré dans toutes les simulations. En d’autres termes, les simulations se concentrent
sur la réaffectation des emplois, mais maintiennent l’emploi total à un niveau fixe. Troisièmement,
la création d’emplois au sein d’un même secteur n’est pas prise en compte car le modèle inclut un
travailleur représentatif avec un salaire moyen par secteur.

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5
Maximiser les avantages
potentiels de la ZLECAf pour
un développement inclusif
MESSAGES CLÉS

• Le contenu, la structure et la profondeur des engagements pris dans le cadre de


la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) sont essentiels pour
transformer les aspirations en réalité.
• Le secteur privé doit jouer un rôle central dans les négociations et la mise en
œuvre de la ZLECAf pour que son potentiel à générer plus de commerce, d’in-
vestissement et d’emplois soit réalisé.
• Les gouvernements doivent promouvoir des politiques nationales favorables
en matière de commerce et d’investissement afin de maximiser les avantages
potentiels sur l’ensemble du continent.
• Les effets distributifs et sociaux potentiels doivent être une priorité, au même
titre que la maximisation des avantages du commerce par le biais de règles et
de disciplines adéquates.
• Associer la ZLECAf à un « programme complémentaire » peut garantir une
bonne administration de l’accord et une mise en œuvre adéquate sur le ter-
rain, et fournir des moyens de maximiser les opportunités et de minimiser les
risques pendant la transition vers un marché ouvert dans toute l’Afrique.

INTRODUCTION
Ce rapport démontre que la mise en place de la ZLECAf peut être un moteur important
de la croissance et de la diversification économiques. Des défis et des risques impor-
tants doivent être surmontés pour transformer cette promesse en réalité. Ce n’est pas
la première fois que l’Afrique se lance dans des politiques ambitieuses de commerce

103
104 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

et de libéralisation. Les progrès de l’intégration régionale en Afrique ont été mitigés


(Akinkugbe 2021 ; Woolfrey et Byiers 2019). Il est essentiel de reconnaître les défis
pour les surmonter : premièrement, pour gérer les attentes ; deuxièmement, pour tirer
les leçons du passé ; et, troisièmement, pour garantir que des mesures significatives
sont prises pour que la ZLECAf devienne un fondement du développement inclusif et
durable en Afrique.
Les défis à relever pour un développement inclusif et durable en Afrique sont
nombreux. Bien qu’un examen complet de ces défis dépasse la portée et l’objectif de
ce rapport, ce chapitre explore les moyens de maximiser les avantages potentiels de la
ZLECAf. Comme le montre la figure 5.1, le chapitre s’articule autour de quatre grandes
dimensions.
Premièrement, les négociations de la ZLECAf devraient être conclues comme
prévu, pour en faire un accord commercial étendu dépassant les frontières du com-
merce des marchandises et englobant le commerce des services, les investissements, la
politique de concurrence, les droits de propriété intellectuelle liés au commerce et le
commerce électronique. À cet égard, la principale aspiration serait que les règles et dis-
ciplines négociées dans chacun de ces domaines favorisent, plutôt qu’elles n’empêchent,
la croissance des flux commerciaux et d’investissement en Afrique.
Deuxièmement, il est primordial d’accroître le rôle du secteur privé africain et de
susciter un soutien populaire plus important en faveur de la ZLECAf, au-delà du lea-
dership des gouvernements.

Figure 5.1 Maximiser les avantages potentiels de la ZLECAf : une perspective multidimensionnelle

Conclusion réussie des négociations


de la ZLECAf

Écosystème favorable aux politiques


Engagement du secteur privé de commerce et d’investissement
au niveau national

Programme de mise en œuvre


complémentaire de la ZLECAf

Source : figure originale pour cette publication.


Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine.
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 105

Troisièmement, la ZLECAf peut être utilisée comme un catalyseur pour modifier


les modèles traditionnels de commerce et d’investissement en Afrique. Il peut contri-
buer à façonner des politiques nationales qui favorisent une plus grande intégration
des économies africaines dans les chaînes de valeur régionales et mondiales des biens
et des services.
Quatrièmement, les négociations de la ZLECAf doivent être étayées par une série
de mesures pratiques pour transformer l’aspiration en réalité. Un programme complé-
mentaire à la ZLECAf peut contribuer à garantir une administration adéquate du traité
et sa bonne mise en œuvre par les agences de commerce et d’investissement. Il pourrait
également inclure des initiatives visant à aider les différentes parties du secteur privé à
se préparer à maximiser les opportunités dans un marché continental ouvert.
Ce chapitre explore brièvement ces quatre dimensions fondamentales, sur la base
des bonnes pratiques mondiales. L’objectif est de fournir aux parties prenantes gouver-
nementales et non gouvernementales des recommandations concrètes pour maximiser
les avantages potentiels de l’accord de la ZLECAf.

CONCLURE AVEC SUCCÈS LES NÉGOCIATIONS DE LA ZLECAF


La ZLECAf vise à couvrir un large éventail de domaines politiques qui permet-
traient d’approfondir considérablement l’intégration en Afrique de deux manières.
Premièrement, la ZLECAf ira au-delà de la simple réduction des droits de douane,
couvrant de nombreux autres domaines politiques. Pour le commerce des marchan-
dises, les disciplines supplémentaires comprennent la facilitation des échanges, les pro-
cédures douanières, les normes sanitaires et phytosanitaires, les obstacles techniques
au commerce et les mécanismes de défense commerciale. En outre, l’accord complétera
les communautés économiques sous-régionales et les accords commerciaux existants
en Afrique en offrant un cadre réglementaire à l’échelle du continent couvrant d’autres
domaines politiques essentiels, tels que le commerce des services, l’investissement,
la protection des droits de propriété intellectuelle, la politique de concurrence et le
commerce électronique (comme le résume le tableau 3.1). La plupart des accords afri-
cains sous-régionaux ne couvrent pas ces domaines. Deuxièmement, et c’est tout aussi
important, la ZLECAf présente un avantage considérable par rapport aux précédents
accords commerciaux régionaux en Afrique. Il introduit un régime de règlement des
différends solide et axé sur les règles, inspiré du Mémorandum d’accord sur le règlement
des différends de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il intègre également
de nouvelles dispositions tirées des enseignements de 25 ans de système de règlement
des différends de l’OMC. Ainsi, les engagements pris dans le cadre de la ZLECAf pour-
ront être appliqués par des groupes d’experts indépendants qui interpréteront l’accord
plutôt que de s’en remettre à des moyens politiques de résolution des conflits pour les
questions commerciales.
106 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

À quoi ressemblera une conclusion « réussie » des nombreuses phases de négocia-


tions de la ZLECAf ? La première phase a porté sur les négociations relatives au com-
merce des biens et des services. La deuxième phase couvrira les négociations sur les
investissements, la propriété intellectuelle et la politique de concurrence. La troisième
phase portera sur le commerce électronique (e-commerce). Au début de l’année 2022,
une partie importante de la première phase des négociations a été conclue.1 Les ques-
tions de la deuxième phase ont déjà été abordées afin de progresser d’ici 2022. Plutôt
que de suivre une approche stricte d’entreprise unique,- ne pas conclure d’accord tant
qu’une solution acceptable n’est pas apportée à tous les points litigieux, les dirigeants
africains ont suivi une approche progressive et graduelle pour construire la ZLECAf, ce
qui est le seul moyen de parvenir à un accord global impliquant plus de 50 pays ayant
des niveaux de développement différents. Il est également crucial de combiner les com-
munautés économiques régionales d’Afrique en une zone de libre-échange consolidée.
Cette approche graduelle et progressive semble fonctionner.
En janvier 2022, 54 pays africains avaient signé l’accord-cadre et 41 l’avaient ratifié.
Une conclusion heureuse est en vue si les pays parviennent à résoudre les problèmes
restants. À en juger par les résultats obtenus jusqu’à présent, ce n’est peut-être qu’une
question de temps pour que les négociateurs y parviennent.
Le véritable test consiste peut-être à savoir si l’accord débloque la croissance du
commerce et des investissements grâce à des dispositions favorables à la concurrence,
dans la pratique, et pas seulement sur le papier. En outre, les accords imparfaits, même
s’ils ne figurent que sur le papier, peuvent envoyer des signaux confus ou incorrects aux
négociants et aux investisseurs. Ils peuvent nuire à la certitude et à la prévisibilité. Il
arrive que les accords commerciaux ne traitent pas de questions essentielles, voire qu’ils
contiennent des clauses qui découragent le secteur privé de faire du commerce et des
investissements transfrontaliers. Les clauses et dispositions favorables à la concurrence
sont essentielles à la réussite des négociations. Les recherches menées par le Groupe
de la Banque mondiale sur les accords commerciaux approfondis (DTA) (Fernandes,
Rocha et Ruta, 2021) montrent que non seulement la portée, mais aussi la généralité
des engagements pris dans les accords commerciaux approfondis ont une réelle impor-
tance. La section suivante présente un aperçu de l’élaboration de règles pour le com-
merce couvert par la ZLECAf.

Commerce de marchandises
Trois domaines du commerce des marchandises méritent une attention particulière : le
programme de libéralisation tarifaire, les règles d’origine et les engagements en matière
de facilitation des échanges. Il n’est pas rare que les accords de libre-échange com-
portent un nombre limité d’exclusions qui reflètent le pragmatisme politique. C’est sou-
vent le prix à payer pour rendre un accord de libre-échange politiquement viable. Dans
le cadre de la ZLECAf, 3 % des lignes tarifaires seront exclues du programme de libé-
ralisation tarifaire. En bonne théorie commerciale, les exclusions peuvent perpétuer les
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 107

obstacles au commerce et à l’investissement. En principe, plus le nombre de produits


exclus est faible, en particulier ceux qui sont susceptibles d’être échangés au niveau
régional, mieux c’est. Un aspect notable est que les pays de la ZLECAf ont également
convenu que ces 3 % de lignes tarifaires ne peuvent pas représenter une valeur d’im-
portation intra-africaine supérieure à 10 %, et que les exclusions ne peuvent pas être
perpétuelles, mais feront plutôt l’objet de négociations et d’une révision tous les cinq
ans (Secrétariat ZLECAf 2021).
Il a été souligné à plusieurs reprises que le succès de la ZLECAf dépendra essentielle-
ment de règles d’origine aussi claires, simples et flexibles que possible (CNUCED 2019).
Les règles d’origine peuvent empêcher le commerce si elles obligent les producteurs à
s’approvisionner en intrants qui, en fait, ne peuvent être trouvés dans les États membres
de la ZLECAf ou, s’ils peuvent être trouvés, obligent les producteurs à s’approvisionner
en intrants qui sont tout simplement trop coûteux ou de qualité insuffisante pour leur
permettre d’être compétitifs à l’exportation. Ce risque est particulièrement élevé pour
la négociation des règles d’origine des produits « sensibles »pour divers pays, qui sont
précisément ceux qui doivent encore faire l’objet d’un accord dans des secteurs tels que
l’habillement et les textiles, l’automobile et le sucre (Tralac 2021).
Un autre problème est l’approche de la certification de l’origine. Pour bénéficier
d’un traitement préférentiel et en franchise de droits dans le cadre d’un accord com-
mercial approfondi, une entreprise exportatrice doit prouver que ses produits expor-
tés sont conformes aux règles d’origine convenues. Il existe deux approches distinctes
et mutuellement exclusives concernant la preuve de l’origine. Dans certains accords,
seule une autorité gouvernementale peut fournir des documents prouvant l’origine ;
dans d’autres, les exportateurs peuvent autocertifier la conformité aux règles d’origine
et assumer la responsabilité financière si les vérifications montrent le contraire. Des
recherches récentes sur les impacts économiques des accords commerciaux appro-
fondis montrent que, lorsqu’un exportateur doit demander à une autorité gouverne-
mentale de fournir les documents nécessaires pour prouver qu’il respecte les règles
d’origine applicables, le volume des exportations est réduit de 19 %. En revanche, le fait
de permettre aux entreprises d’autocertifier l’origine de leurs marchandises augmente
le volume des exportations de 17 % (Crowley, Han et Prayer, 2021). L’annexe 2 sur les
règles d’origine de l’accord de la ZLECAf prévoit en principe qu’une autorité gouver-
nementale délivre le certificat d’origine, à l’exception de tout envoi constitué d’un ou
plusieurs colis contenant des produits originaires dont la valeur totale ne dépasse pas
5 000 dollars (article 19, annexe 2, règles d’origine, ZLECAf).
On ne saurait trop insister sur l’importance de la mise en œuvre intégrale des
engagements en matière de facilitation des échanges. L’accord de la ZLECAf contient
déjà une annexe spécifique sur la coopération douanière et l’assistance administra-
tive (annexe 3 du traité de la ZLECAf) et une annexe spécifique sur la facilitation des
échanges (annexe 4 du traité de la ZLECAf). Les objectifs de l’annexe de la ZLECAf
sur la facilitation des échanges sont les suivants : « (a) simplifier et harmoniser les
108 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

procédures et la logistique du commerce international afin d’accélérer les processus


d’importation, d’exportation et de transit ; et (b) accélérer le mouvement, le dédouane-
ment et la libération des marchandises, y compris les marchandises en transit, à travers
les frontières des États parties » (article 2, annexe sur la facilitation des échanges).
L’annexe sur la facilitation des échanges s’inspire de l’accord de l’OMC sur la facili-
tation des échanges, qui uniformisera de facto les règles du jeu entre les pays africains
membres de l’OMC. Plus important encore, il est essentiel que l’Afrique s’entende sur
des règles et des disciplines modernes en matière de facilitation des échanges de mar-
chandises pour maximiser les gains potentiels de la ZLECAf, ce qui apparaît clairement
si l’on considère les coûts commerciaux élevés liés au franchissement des frontières sur
le continent africain. Comme l’illustre la carte 5.1, de nombreux pays africains ont des
frontières qui se classent parmi les plus restrictives au monde en termes de coûts du
commerce transfrontalier.
Pour des raisons historiques, le commerce bilatéral et régional en Afrique a été
entravé par des routes commerciales conçues pour l’exportation hors du continent plu-
tôt que pour faciliter le commerce intra-africain. Les obstacles sont les longues dis-
tances, les services de transport inadéquats et les régimes institutionnels et de transit
inefficaces.
Dans de nombreux pays africains enclavés, les centres économiques sont situés à
plusieurs centaines de kilomètres du port maritime le plus proche. Il est essentiel pour
tous les pays, mais surtout pour les pays de transit, de surmonter les contraintes géogra-
phiques ou l’absence d’économies d’échelle causées par les faibles volumes de transport.
Un regain d’intérêt pour l’efficacité des services de transport et de logistique s’impose
depuis longtemps étant donné que de nombreux pays conservent des politiques qui
favorisent des marchés de services fermés, petits et inefficaces.
L’amélioration de la facilitation des échanges et de la connectivité est essentielle
pour tirer le meilleur parti de la ZLECAf. Faisant référence aux dispositions de la
ZLECAf sur la facilitation des échanges, les gouvernements de la ZLECAf ont souligné
dans la déclaration de Niamey leur assurance de mettre pleinement en œuvre ces enga-
gements (encadré 5.1).

Commerce des services


La recherche montre que l’ambition et la responsabilité comptent pour les accords sur
le commerce des services. Borchert et Di Ubaldo (2021) examinent les informations
politiques de 143 accords comportant des chapitres sur les services et constatent que la
simple inclusion des services dans un accord commercial n’est pas associée à des effets
significatifs sur le commerce des services ou la valeur ajoutée. Seuls les accords dotés
de structures ambitieuses, de disciplines significatives et d’une obligation de rendre
compte affectent les exportations de services de manière significative, augmentant le
commerce des services de 15 à 65 %. Les configurations politiques ambitieuses sont
associées à la structure des accords, aux règles d’origine et aux dispositions visant à
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 109

Carte 5.1 L’importance de la facilitation des échanges dans la ZLECAf : épaisseur des frontières
bilatérales, moyennes de 2015-2018

BIRD 46365 |
MARS 2022

Épaisseur des frontières


bilatérales
(en pourcentage et ad valorem),
moyennes de 2015-2018 :
0–50
51–100
101–150
>150
Non disponible

Source : calculs basés sur la base de données des coûts du commerce bilatéral Banque mondiale-CESAP
(https://www.unescap .org/resources/escape-world-bank-trade-costs-database).
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine.

Encadré 5.1 La Déclaration de Niamey sur la mise en œuvre de la facilitation des échanges

L’Union africaine a lancé la phase opérationnelle de la zone de libre-échange continentale africaine


(ZLECAf) en juillet 2019 à Niamey, au Niger. La déclaration de Niamey engage tous les États membres
à:
« tirer parti de la facilitation des échanges pour promouvoir des flux commerciaux efficaces et
accrus sur le continent. À cet égard, EXHORTE tous les États membres à :
a) mettre en place des mesures législatives, réglementaires et autres pour garantir que les
marchandises puissent être échangées dans le cadre du régime commercial de la ZLECAf.
b) faciliter le transit et les autres formalités pour les marchandises passant par leur territoire.
c) aligner leurs stratégies nationales de développement et de réforme sur la ZLECAf afin que ce
dernier réponde aux attentes des citoyens africains.
d) entreprendre la sensibilisation des parties prenantes et le renforcement des capacités au
niveau national dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de la ZLECAf ».
La déclaration indique en outre qu’elle exhorte tous les États membres à « s’engager à élar-
gir l’inclusion dans le fonctionnement de la ZLECAf en répondant aux besoins des petits et moyens
commerçants transfrontaliers. À cette fin, nous collaborerons avec les communautés économiques
régionales pour développer un régime commercial simplifié répondant pleinement aux besoins de
nos travailleurs. »
110 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

garantir la responsabilité. La « structure des accords » fait référence, par exemple, à l’ap-
proche de la libéralisation (liste positive ou négative), tandis que les « règles d’origine »
définissent les critères d’appartenance des entreprises et des personnes physiques à un
partenaire de la zone de libre-échange.
La ZLECAf peut libérer le potentiel d’accroissement du commerce des services en
Afrique s’il s’attaque à deux défis fondamentaux et connexes.
Le premier défi est le manque de transparence, et les données limitées qui y sont
associées, sur les restrictions spécifiques affectant le commerce des services sur le conti-
nent. En dépit de leur contribution largement reconnue à la performance de l’écono-
mie, les services restent entravés par une série de politiques restrictives maintenues
par les pays qui empêchent le commerce transfrontalier, l’activité d’investissement et la
mobilité des consommateurs et de la main-d’œuvre. Le problème tient en partie au fait
que ces restrictions au commerce des services sont ancrées dans des lois et réglemen-
tations nationales qui poursuivent des objectifs légitimes de politique publique. Ainsi,
contrairement au commerce des marchandises, pour lequel les droits de douane et la
plupart des barrières non tarifaires peuvent être facilement quantifiés, s’attaquer aux
barrières au commerce des services exige de les rendre transparentes en premier lieu.
Une telle entreprise n’est pas facile, étant donné que la réalisation d’un audit détaillé de
la réglementation des services dans chaque pays est une condition préalable à l’identi-
fication de ces obstacles. Au début des négociations de la ZLECAf, seule une poignée
de pays avait entrepris un tel exercice ; pour ceux qui l’avaient fait, les données n’étaient
disponibles que pour quelques secteurs et jusqu’en 2012. Ce manque de données est
précisément la raison pour laquelle la plupart des pays africains n’apparaissent pas dans
les indices largement utilisés pour mesurer le niveau d’ouverture du commerce des ser-
vices et des investissements. Le Groupe de la Banque mondiale, en coopération avec
l’OMC et d’autres partenaires européens, a travaillé avec le Secrétariat de la ZLECAf
pour préparer des audits réglementaires des services visant à couvrir tous les pays de
la ZLECAf. Ces audits réglementaires permettront aux pays africains non seulement
d’identifier les lois et règlements spécifiques dans lesquels les barrières au commerce
des services sont ancrées, mais aussi de mesurer leur niveau de restriction en utilisant
l’indice de restriction du commerce des services de la Banque mondiale/OMC. Sur cette
base, ces données permettront, pour la première fois, aux pays africains d’entreprendre
un dialogue sur les secteurs et les mesures spécifiques avec leurs parties prenantes et
d’examiner s’il existe des moyens moins restrictifs pour le commerce permettant de
poursuivre des objectifs légitimes de politique publique, et d’être en mesure de favoriser
une libéralisation progressive du commerce à l’avenir.
Un deuxième défi fondamental consiste à éliminer l’incertitude à laquelle sont
confrontés les commerçants et les investisseurs quant à l’introduction potentielle de
nouvelles barrières. D’une part, les pays de la ZLECAf ne se sont pas encore enga-
gés à ne pas introduire de nouvelles barrières commerciales. D’autre part, dans les
communautés économiques régionales telles que le Marché commun de l’Afrique de
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 111

l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et


la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), les membres ont
accepté de ne pas introduire de nouveaux obstacles plus discriminatoires au commerce
des services pendant le processus de négociation.
Malgré l’importance croissante du commerce des services pour les économies afri-
caines, les parties de la ZLECAf n’ont pas encore convenu d’un engagement de statu
quo intersectoriel. Les gouvernements sont donc libres d’introduire de nouvelles res-
trictions discriminatoires ou d’accès au marché dans n’importe quel secteur, malgré
l’engagement ambitieux de favoriser une libéralisation progressive. Les seules limites
sont les termes et conditions spécifiques que chaque membre de la ZLECAf inclut dans
sa liste respective d’engagements spécifiques au Protocole sur le commerce des services.
L’absence d’un engagement de statu quo sur les nouvelles restrictions discriminatoires et
d’accès au marché, au-delà de celles existant actuellement en Afrique, semble contraire
à l’esprit de l’article 18 du protocole de la ZLECAf sur le commerce des services, qui
stipule que le processus de libéralisation du commerce des services doit refléter les
« meilleures pratiques et l’acquis des CER [communautés économiques régionales] » et
que le « processus de libéralisation doit se concentrer sur l’élimination progressive des
effets négatifs des mesures sur le commerce des services comme moyen de fournir un
accès effectif au marché en vue de stimuler le commerce intra-africain des services »
(Protocole de la ZLECAf sur le commerce des services, article 18, alinéa 3).
Les États membres pourraient favoriser un degré minimum de certitude et de pré-
visibilité pour le commerce des services en Afrique en s’engageant à ne pas introduire
de nouvelles restrictions au commerce des services dans quelque secteur que ce soit,
en plus de celles déjà en place. Cette action refléterait les engagements existants de la
plupart des pays africains au sein des communautés économiques régionales, telles que
le COMESA, la CAE ou la SADC. Si certains pays considèrent qu’un statu quo hori-
zontal est trop ambitieux, la consolidation du statu quo existant dans au moins les cinq
secteurs prioritaires identifiés par les parties de la ZLECAf (services commerciaux, de
communication, financiers, de transport et de tourisme) serait une étape minimale
pour démontrer l’engagement effectif des parties de la ZLECAf envers les objectifs de
libéralisation progressive du protocole de la ZLECAf sur le commerce des services.

Investissement
En plus des négociations sur le commerce des services, la négociation du protocole
d’investissement de la ZLECAf sera également cruciale pour garantir que la ZLECAf
aboutit à un accord commercial approfondi moderne avec des règles et des disciplines
favorisant, plutôt que décourageant, le commerce et l’investissement.
Il est essentiel d’attirer, d’étendre et de lier les investissements directs étrangers
(IDE) aux investissements nationaux pour l’industrialisation et la diversification
économique de l’Afrique. Kusek et Silve (2018) montrent que la stabilité politique et
un environnement réglementaire favorable aux entreprises sont les deux principaux
112 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Figure 5.2 Impact sur les investissements directs étrangers des risques politiques découlant du
comportement des gouvernements, 2017

Impact de la transparence et
de la prévisibilité dans les relations 1 23 24 27 14 11
avec les organismes publics (50 %)
Changement soudain des lois et
règlements ayant un impact 1 27 25 25 11 11
négatif sur l’entreprise (49 %)
Retards dans l’obtention des permis et des
autorisations gouvernementales nécessaires 1 20 17 37 13 12
pour démarrer ou exploiter une entreprise (47 %)
Restrictions dans la capacité
de transférer et de convertir 3 26 20 29 11 11
des devises (45 %)
Rupture de contrat par
26 20 15
le gouvernement (13 %) 2 14 23

Expropriation de biens ou d’actifs


3 33 5 10 13 36
par le gouvernement (5 %)

0 20 40 60 80 100

Ne sait pas Aucun Envisager un retard ou une annulation


Retarder considérablement Annuler l’investissement prévu
les investissements Retirer un investissement existant
Source : calculs fondés sur la base de données des coûts du commerce bilatéral Banque mondiale-CESAP
(https://www.unescap .org/resources/escape-world-bank-trade-costs-database).
Note : ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine.

facteurs influençant les décisions d’investissement des multinationales dans les pays en
développement. L’Afrique ne fait pas exception à la règle.
Les investisseurs recherchent une conduite prévisible, transparente et efficace des
organismes publics. Echandi, Nimac et Chun (2019) montrent également que, même si
les gouvernements des pays en développement rivalisent de campagnes de promotion et
d’incitations coûteuses pour attirer les IDE, chaque année, environ un quart de tous les
acteurs investissant dans les pays en développement abandonnent leurs projets d’IDE en
raison de griefs non résolus avec des organismes de réglementation infranationaux ou
spécialisés. La figure 5.2 montre l’impact de différents problèmes réglementaires sur les
IDE. La plupart des conflits conduisant à des retraits d’IDE découlent de changements
réglementaires prétendument défavorables, de ruptures de contrat, d’expropriations de
facto et de restrictions de transfert et de convertibilité. La fréquence des expropriations
et des ruptures de contrat a diminué depuis le début des années 2000, même si elles
restent les changements réglementaires les plus néfastes et les plus soudains. Le manque
de transparence et de prévisibilité dans les relations avec les organismes publics, ainsi
que les retards dans l’obtention des autorisations gouvernementales nécessaires au
démarrage ou à l’exploitation des entreprises, ont considérablement augmenté parmi
les facteurs d’interruption des projets d’IDE (Echandi, Nimac et Chun, 2019).
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 113

Le protocole de la ZLECAf sur l’investissement devrait viser à inclure des règles


et des disciplines exécutoires susceptibles d’accroître la crédibilité et la prévisibilité de
l’action administrative dans les pays africains, ce qui est souvent l’objectif principal de la
plupart des accords d’investissement. Toutefois, compte tenu de l’activisme accru de l’ar-
bitrage international entre investisseurs et États (Echandi 2019) au cours des trois der-
nières décennies, on observe une tendance mondiale à l’élaboration de règles en matière
d’investissement ajustant le texte des accords internationaux d’investissement afin de
rendre leurs obligations plus claires et plus précises (Echandi 2018 ; CNUCED 2007).
Certains gouvernements sont allés plus loin et ont appelé à un « rééquilibrage » des
droits et obligations inclus dans les accords internationaux d’investissement, voire les
ont dénoncés (Carim 2015 ; Sornarajah 2018).
De nombreux pays africains ont revu leur position à l’égard des accords internatio-
naux d’investissement, sans nécessairement chercher à assurer une plus grande préci-
sion, prévisibilité et certitude en matière de garanties de protection des investissements.
Ces développements ont créé un nouveau défi : les pays africains réforment leurs trai-
tés d’investissement existants de manière unilatérale, sans se concerter (El-Kady 2020).
Certains pays ont opté pour la résiliation ou un moratoire sur la conclusion de nou-
veaux traités, tandis que d’autres s’engagent dans la renégociation des traités existants
ou favorisent des approches régionales de l’élaboration des traités d’investissement. Il y
a peu ou pas de consultation entre les pays africains sur la meilleure façon d’aborder les
dispositions individuelles des accords internationaux d’investissement (El-Kady 2020).
Le texte de l’accord de la ZLECAf prévoit qu’afin de réaliser les objectifs généraux
de la ZLECAf, les États parties « coopèrent en matière d’investissement, de droits de
propriété intellectuelle et de politique de concurrence » (article 4 de l’accord de la
ZLECAf). Certains experts ont averti à juste titre que si les négociateurs choisissent de
se concentrer exclusivement sur la coopération en matière de politiques et de lois d’in-
vestissement afin de préserver l’espace politique et les pouvoirs nationaux en matière de
politiques d’investissement, il pourrait en résulter un résultat fragmenté.
Le protocole d’investissement de la ZLECAf aura des implications sur la façon
dont les investisseurs verront les opportunités d’investissement et de transactions
sur le continent. Il aura également un impact direct sur la capacité de la ZLECAf à
fonctionner comme un instrument global qui attirera les investissements et promouvra
le développement économique de manière holistique. Ce serait une occasion perdue
si ces négociations ne parviennent pas à aborder les questions et les défis critiques
liés aux liens avec les services, l’industrialisation et l’intégration économique. Si
le protocole d’investissement de la ZLECAf ne devenait qu’un parapluie pour les
politiques et les lois nationales relatives à l’investissement basées sur des objectifs
locaux et préservant l’espace réglementaire national, les problèmes qui existent depuis
longtemps demeureront. (Erasmus 2021)

Il est important que la ZLECAf comprenne un protocole d’investissement qui assure


un niveau minimum de cohérence, de prévisibilité et de certitude pour les garanties
114 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Carte 5.2 Afrique : exemples de perceptions des risques par les investisseurs du secteur privé,
août 2021
a. Risque de violence politique b. Risque d’expropriation c. Risque d’inconvertibilité des devises
et de restriction des transferts
BIRD 46366 |
janvier 2022

Risque faible Risque élevé Risque faible Risque élevé Risque faible Risque élevé

Source : Credendo (http://credendo.com/en/country-risk/


afrixa#focus=&focusContinent=africa&filter=TransferRisk&min=O& max=7&tab=-1).

de protection des investissements. Un tel protocole reconnaîtrait les préoccupations


historiques des investisseurs concernant les risques réglementaires dans la région. La
carte 5.2 montre la perception qu’ont les investisseurs privés des risques potentiels de
violence politique2, des risques liés à l’expropriation et à la conduite administrative
équitable3, et des risques liés aux transferts et à la convertibilité des paiements liés aux
investissements4 sur le continent africain.
La perception des risques politiques en Afrique s’est améliorée au cours de la der-
nière décennie parmi les investisseurs. « Les pays africains sont désormais des lieux plus
stables et prévisibles pour vivre, travailler et créer des entreprises », selon un cabinet de
conseil privé. Tout cela se passe dans la dernière région du monde offrant un dividende
démographique : l’Afrique subsaharienne sera bientôt le seul endroit où les taux de
natalité sont au niveau de remplacement ou plus élevés. De nouvelles chaînes de valeur
basées sur les plateformes de télécommunications, l’agroalimentaire et l’énergie sont
en train de se développer » (Ernst & Young 2021). Cette vision optimiste semble être
clairement résumée par un autre représentant du secteur privé s’adressant à ses collè-
gues investisseurs : « Les investisseurs ne devraient pas venir en Afrique pour ce qu’elle
est maintenant. Vous voulez être ici pour ce qu’elle est en train de devenir » (Ernst &
Young 2021). Compte tenu de ce climat, le protocole d’investissement de la ZLECAf
devrait devenir un outil clé pour la promotion des investissements dans la région. La
région peut capitaliser sur son potentiel si le protocole d’investissement de la ZLECAf
comprend des garanties de protection des investissements claires et précises qui pour-
raient atténuer la perception qu’ont les investisseurs des risques réglementaires, tels que
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 115

l’expropriation, les changements réglementaires arbitraires, le traitement discrimina-


toire des investisseurs, ainsi que la convertibilité des devises et les restrictions de trans-
fert. Des mécanismes rapides, clairs et peu coûteux de règlement des conflits liés aux
investissements, n’impliquant pas nécessairement un arbitrage entre un investisseur et
un État, devraient également constituer une priorité pour les négociateurs du protocole
sur les investissements.

Droits de propriété intellectuelle liés au commerce


Il est bien connu qu’un régime de propriété intellectuelle fort sur tout le continent,
intégrant des aspects clés de la protection particulièrement pertinents pour l’Afrique,
pourrait faciliter la croissance des secteurs produisant des biens et des services. Il pour-
rait également entraîner des gains de bien-être importants, notamment pour les micros
et petites entreprises, et une augmentation de la création d’emplois, en particulier pour
les femmes et les jeunes (Mbatia et Vilita 2021 ; Songwe 2020).
Les négociations de la ZLECAf sur les aspects des droits de propriété intellectuelle
liés au commerce devraient s’efforcer d’aborder trois aspects fondamentaux.
Premièrement, les négociations devraient contribuer à uniformiser les règles du jeu
en matière de protection de la propriété intellectuelle sur le continent africain. Compte
tenu du nombre de signataires de la ZLECAf, il n’est pas surprenant que l’étendue et la
généralité de la législation nationale en matière de propriété intellectuelle soient loin
d’être homogènes. Ces différences sont exacerbées par la participation variable des pays
africains à différents traités et conventions multilatéraux et bilatéraux en matière de
propriété intellectuelle. Plusieurs pays de la ZLECAf ne sont pas membres de l’OMC et
ne sont pas liés par l’Accord de l’OMC sur les aspects des droits de propriété intellec-
tuelle qui touchent au commerce. Tous les pays ne sont pas parties aux mêmes conven-
tions multilatérales de protection de la propriété intellectuelle spécifiques à un sujet.
En outre, le continent compte deux régimes régionaux de propriété intellectuelle dont
les membres et les caractéristiques diffèrent, l’Organisation régionale africaine de la
propriété intellectuelle et l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle. Même
si les grandes économies africaines que sont la République arabe d’Égypte, le Nigeria et
l’Afrique du Sud ne font pas partie des systèmes régionaux, les deux régimes constituent
un moyen relativement bon marché, facile et efficace d’étendre la protection de la pro-
priété intellectuelle à 35 pays africains dont le PIB nominal combiné s’élève à 420 mil-
liards de dollars (Mbatia et Vilita 2021). L’un des principaux objectifs du protocole de la
ZLECAf sur les droits de propriété intellectuelle devrait être d’éliminer dans la mesure
du possible les différences de traitement et les garanties de protection au sein des pays
de la ZLECAf et avec le monde extérieur.
Deuxièmement, au-delà de la promotion de niveaux de protection similaires entre
les pays, les négociateurs africains devraient explorer des moyens créatifs de faciliter
la protection régionale en Afrique. La propriété intellectuelle est généralement régie
par la législation nationale. Il convient donc d’explorer des pistes pour éviter que le
116 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

titulaire d’un droit de propriété intellectuelle n’ait à déposer une demande dans cha-
cune des juridictions des 54 pays africains pour bénéficier d’une protection régionale.
Des experts ont mentionné qu’un tel résultat pourrait être atteint en examinant les lois
et les politiques des États membres concernant l’épuisement des droits de propriété
intellectuelle (Mbatia et Vilita 2021).
Troisièmement, il est important d’explorer des moyens plus efficaces d’appliquer
les types de protection de la propriété intellectuelle existants et de continuer à créer de
nouveaux types de protection dans des domaines et pour des produits pour lesquels le
potentiel de la protection de la propriété intellectuelle n’a pas encore été exploité. Cette
protection comprend les indications géographiques pour les produits autres que les
vins africains, les droits d’auteur et d’autres formes de protection pour les industries
culturelles, en particulier le secteur audiovisuel, et la poursuite du travail préparatoire
en cours pour protéger les connaissances traditionnelles. L’indication géographique est
un signe utilisé sur des produits qui ont une origine géographique spécifique et pos-
sèdent des qualités ou une réputation attribuables à ce lieu d’origine. En Afrique, ce
type de protection est important, car les produits agricoles africains ont généralement
des qualités qui découlent de leur lieu de production et sont influencés par des fac-
teurs géographiques locaux spécifiques. Par conséquent, les communautés seront en
mesure d’exploiter économiquement les qualités uniques des produits agricoles sur la
base de leurs zones géographiques de production. L’exploitation des avantages associés
aux indications géographiques par les communautés locales devrait entraîner un déve-
loppement économique, notamment pour les femmes et les jeunes.
Les industries culturelles sont un autre exemple de potentiel inexploité important
pour renforcer la protection de la propriété intellectuelle. Les industries culturelles
pourraient offrir d’importantes possibilités de développement inclusif. Les gains poten-
tiels pour de nombreux pays africains d’une protection accrue du secteur audiovisuel
en sont un exemple. Le Nigeria fait figure d’exemple.
L’industrie cinématographique nigériane, également connue sous le nom de
Nollywood, produit environ 50 films par semaine, ce qui la place au deuxième rang
après Bollywood en Inde et plus qu’Hollywood aux États-Unis. Bien que ses revenus ne
soient pas à la hauteur de ceux de Bollywood et d’Hollywood, Nollywood génère tout
de même un impressionnant résultat de 590 millions de dollars par an (Moudio 2013).
L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture a estimé que
5 milliards de dollars sont générés chaque année par le secteur cinématographique et
audiovisuel africain (UNESCO 2021). L’un des principaux défis limitant le potentiel de
ces industries a été la prévalence du commerce informel et du piratage. Il a été estimé
qu’au Nigeria, pour chaque copie légitime d’un film vendue, neuf autres sont piratées.
En outre, étant donné qu’il existe peu de canaux légaux pour l’exportation de films, les
cinéastes ne reçoivent que peu ou pas de revenus, et le gouvernement n’en reçoit prati-
quement aucun (Moudio 2013).
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 117

Une deuxième possibilité d’exploiter la croissance par le biais de la ZLECAf


consiste à établir un régime de protection des connaissances traditionnelles à l’échelle
de l’Afrique. Bien qu’il n’existe pas de définition précise et universellement acceptée des
connaissances traditionnelles, celles-ci ont été conceptualisées comme le savoir-faire,
les compétences et les pratiques développées au sein d’une communauté, faisant partie
de son identité culturelle, qui sont transmis de génération en génération (Monteiro
Alvez 2019). Les connaissances traditionnelles peuvent se retrouver dans plusieurs
contextes, notamment dans les pratiques agricoles, la science ou même la médecine,
et l’Afrique, où ces connaissances ont fait l’objet de nombreuses études (Ezeanya-
Esiobu 2019)contient une multitude d’exemples.
Les innovations fondées sur les connaissances traditionnelles peuvent bénéficier
de la protection des brevets et des marques, ainsi que des indications géographiques.
Ces connaissances peuvent également être protégées en tant que secret commercial ou
information confidentielle. Toutefois, les savoirs traditionnels ne sont pas encore plei-
nement protégés par un quelconque régime international de propriété intellectuelle. Ils
font toutefois l’objet d’un vaste débat international au sein de l’Organisation mondiale
de la propriété intellectuelle, où des discussions sont en cours afin d’élaborer un instru-
ment juridique international pour la protection des savoirs traditionnels (Robinson,
Abdel-Latif et Roffe, 2017).
Plusieurs pays africains s’efforcent de protéger les connaissances traditionnelles
lorsqu’il existe un besoin évident de protéger le patrimoine d’un pays. Par exemple,
l’Afrique du Sud a modifié sa loi sur la propriété intellectuelle pour prévoir la reconnais-
sance et la protection de certains termes ou expressions traditionnels et autochtones.
L’Organisation régionale africaine de la propriété intellectuelle s’est également penchée
sur la protection des savoirs traditionnels par le biais du Protocole de Swakopmund
sur la protection des savoirs traditionnels et des expressions du folklore en créant une
protection indigène unique (Mbatia et Vilita 2021).

Politique de concurrence
La politique de concurrence est un autre domaine clé pour la ZLECAf. L’élimination
des obstacles publics au commerce sous la forme de droits de douane, d’obstacles non
tarifaires et de restrictions sur les services et les investissements n’est qu’une partie de la
création d’un marché continental ouvert. L’autre partie consiste à établir des règles, des
disciplines et des mécanismes de coopération internationale pour traiter d’autres types
d’obstacles à la concurrence et au commerce qui peuvent être établis par des entreprises
privées ou publiques. Ces barrières résultent ou sont causées par des monopoles de
jure ou de facto, des oligopoles, des abus de position dominante par une entreprise,
des cartels, des aides d’État et d’autres pratiques non concurrentielles. L’impact écono-
mique de l’inclusion de dispositions sur la politique de concurrence dans les accords
commerciaux approfondis a été étudié par la Banque mondiale. Crowley, Han et Prayer
(2021) ont constaté que les engagements substantiels qui interdisent ou réglementent
118 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

les comportements anticoncurrentiels sont associés à des volumes de commerce plus


élevés. L’analyse se concentre sur les engagements en matière de politique de la concur-
rence, en déterminant si un accord interdit ou réglemente (1) les cartels ou les pratiques
concertées et (2) l’abus de position dominante sur le marché. La recherche montre que
l’inclusion de ces engagements dans un accord de libre-échange augmente le volume
des échanges de 22 % et 21 %, respectivement. En outre, la recherche révèle que la
pratique générale consistant à prendre un engagement substantiel en matière de poli-
tiques de concurrence est associée à des volumes d’échanges plus élevés, tant au sein
de la région qu’avec le reste du monde. Les avantages ne concernent pas seulement la
croissance du commerce, mais aussi les consommateurs. La même recherche montre
que l’inclusion d’engagements substantiels visant à interdire ou à réglementer les pra-
tiques anticoncurrentielles entraîne des réductions réelles des marges bénéficiaires de
4 %, que l’engagement vise à limiter les cartels ou la domination du marché (Crowley,
Han et Prayer, 2021).
À la fin des années 80 et dans les années 90, de nombreux pays africains ont pro-
mulgué des lois spécifiques et créé des institutions sur la concurrence. Aujourd’hui,
la plupart des membres de la ZLECAf ont mis en place une sorte de cadre, même si
certains n’ont toujours pas d’agence de mise en œuvre spécifique. En 2020, seuls 13 pays
n’avaient pas de lois sur la concurrence, mais 11 d’entre eux étaient couverts par des
cadres régionaux supranationaux de la concurrence. Comme le montre la carte 5.3, seul
un nombre très limité de pays africains n’ont pas de lois nationales et ne sont parties à
aucun cadre régional de politique de concurrence (Büthe et Kigwiru 2020).
Les pays africains ont établi cinq régimes régionaux de concurrence dotés de lois
supranationales sur la concurrence : l’Union économique et monétaire de l’Afrique cen-
trale, le COMESA, l’EAC, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Cependant, tous les régimes n’ont
pas la même couverture. Par exemple, la Commission de la concurrence du COMESA,
qui est devenue opérationnelle en 2013, s’est d’abord concentrée sur l’examen des
fusions ayant un impact transfrontalier. Elle a récemment commencé à enquêter sur les
pratiques restrictives, mais n’a pas encore décidé s’il fallait convenir d’un régime pour
traiter les cartels et les cas d’abus de position dominante. L’Autorité de la concurrence de
l’EAC a commencé ses travaux au début de l’année 2018. Elle est compétente pour les
questions de concurrence, le bien-être des consommateurs, les subventions publiques et
les marchés publics (Hartzenberg 2019). En outre, deux régimes régionaux de concur-
rence, l’Union douanière d’Afrique australe et la SADC, engagent leurs États membres à
adopter une loi nationale sur la concurrence et à promouvoir la coopération en matière
d’application de la loi sans établir un ensemble commun de règles de concurrence.
Dans ce contexte, le principal défi pour les négociations de la ZLECAf sur la
concurrence sera de trouver un moyen pragmatique de tisser de manière constructive
ces cadres nationaux et régionaux fragmentés et se chevauchant dans un cadre nor-
matif cohérent. Il a été souligné que la coexistence de régimes juridiques régionaux
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 119

Carte 5.3 Statut des régimes de concurrence des pays africains, juillet 2020

Pays avec
Droit national de la concurrence et agence
Une loi nationale sur la concurrence,
mais pas d’agence
Pas de droit national, mais un droit régional
de la concurrence
Pas de loi sur la concurrence au niveau national
ou régional

BIRD 46367 |
janvier 2022

Source : Büthe et Kigwiru 2020.

et nationaux ainsi que de régimes régionaux multiples et, dans plus d’un cas, se che-
vauchant, crée le potentiel pour de nombreux types de conflits entre les lois (Basedow,
Franq, et Idot 2012 ; Büthe et Kigwiru 2020).
Certains experts africains ont examiné d’autres parties du monde avec des
ensembles mixtes et complexes de lois et de réglementations. Le chapitre 16 de l’Accord
global et progressif pour le Partenariat transpacifique a été proposé par certains experts
comme une bonne expérience à prendre en considération (Hartzenberg 2019). Le cadre
de coopération en matière de concurrence au sein de ce groupe diversifié prévoit que
toutes les parties disposent de lois nationales sur la concurrence, et une annexe fournit
120 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

un calendrier et un soutien spécifique pour ceux qui n’ont pas de loi sur la concurrence
en place. Les parties tiennent compte d’un ensemble régional de principes qu’elles ont
acceptés en tant que membres de la Coopération économique Asie-Pacifique et garan-
tissent l’équité procédurale dans l’application du droit de la concurrence. Plusieurs dis-
positions fixent les détails de la coopération dans des domaines techniques, tels que
l’échange d’informations, les notifications et la formation. La protection des consom-
mateurs fait l’objet d’une attention particulière : les parties conviennent de se doter de
lois et de réglementations nationales en matière de protection des consommateurs et
de coopérer pour protéger les intérêts des consommateurs (Hartzenberg 2019).

Commerce électronique
Le commerce électronique est un autre domaine prometteur pour les négociations de la
ZLECAf, notamment en raison de la pandémie de COVID-19 (coronavirus). Il n’existe
pas de définition précise et universellement acceptée du commerce électronique. Aux
fins du programme de travail de l’OMC, le « commerce électronique » a été compris
comme « la production, la distribution, la commercialisation, la vente ou la livraison de
biens et de services par des moyens électroniques » (OMC 1998). Plus de vingt ans plus
tard, la haute technologie étant de plus en plus présente dans les processus de produc-
tion, l’expression « commerce numérique » a commencé à être utilisée. Il a une portée
plus large et englobe non seulement la vente de produits de consommation sur Internet
et la fourniture de services en ligne, mais aussi les flux de données qui permettent les
chaînes de valeur mondiales, les services qui permettent la fabrication intelligente, et
une myriade d’autres plateformes et applications (USTR 2017).5 L’Afrique n’est pas iso-
lée de ces tendances. L’importance d’inclure le commerce électronique ou numérique
dans le programme de la ZLECAf réside dans le fait qu’il présente une occasion unique
pour les pays africains d’établir collectivement des positions communes, de veiller à
ce que les réglementations de l’économie numérique convergent et de tirer parti des
avantages de ce type de commerce pour le développement. Depuis l’apparition de la
pandémie de COVID-19 et la dépendance croissante des canaux de commerce électro-
nique dans une série de secteurs, des appels ont été lancés pour que les négociations
sur le commerce électronique de la ZLECAf soient avancées. Bien qu’il soit placé dans
la troisième phase des négociations, le commerce électronique sera abordé en même
temps que la politique d’investissement et de concurrence, initialement incluse dans la
deuxième phase (Ogo 2020).
Il n’existe actuellement aucun cadre global complet à l’OMC sur le commerce
électronique. En 1998, les pays ont accepté de lancer un programme de travail et ont
convenu d’un moratoire temporaire sur les droits perçus sur les transactions interna-
tionales de commerce électronique. Cette approche a permis aux membres de l’OMC
de prendre le temps d’évaluer et d’étudier ce domaine novateur tout en prévenant les
risques d’un protectionnisme accru. Ce moratoire est resté en place et sera révisé lors
de la prochaine réunion ministérielle de l’OMC, initialement prévue à Genève fin 2021,
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 121

mais reportée en raison de la pandémie de COVID-19. Début 2022, aucune date n’avait
été fixée pour la reprogrammation de la Conférence ministérielle.
Les efforts pour organiser des négociations mondiales ont été relancés depuis 2017.
Cependant, le groupe africain à l’OMC s’est opposé à l’introduction du commerce élec-
tronique au sein des accords de l’OMC, au motif que les principales questions de défini-
tion n’ont pas encore été réglées. En outre, le groupe africain a fait valoir que les micros,
petites et moyennes entreprises africaines ne sont pas encore prêtes à concurrencer
les géants mondiaux de la technologie, et que les négociations sur le commerce élec-
tronique pourraient servir de voie à un programme de libéralisation plus conséquent,
ce qui aurait des implications négatives pour la marge de manœuvre des gouverne-
ments africains. Dans ce contexte, la décision des dirigeants africains de placer le com-
merce électronique sous l’égide de la ZLECAf est une étape clé pour permettre une
approche continentale africaine. Étant donné l’absence d’un accord de l’OMC ou d’un
cadre régional global en Afrique, il n’existe pas beaucoup d’exemples réglementaires
pouvant servir de points de référence pour un cadre global sur le commerce électro-
nique ou numérique. En général, quatre grandes catégories de questions tendent à être
couvertes par les accords commerciaux approfondis : (1) l’accès au marché, y compris
des questions telles que les droits de douane, les produits numériques, la non-discrimi-
nation pour les produits électroniques et numériques, et les flux transfrontaliers ; (2)
les règles et réglementations, y compris la protection des consommateurs, la protection
des informations personnelles, la fourniture électronique d’informations, et les cadres
nationaux de transactions électroniques ; (3) la facilitation, couvrant des questions
telles que l’administration du commerce sans papier, la coopération, la transparence et
l’authentification électronique ; et (4) les questions habilitantes, couvrant l’infrastruc-
ture technologique et les questions connexes (Ogo 2020).
L’importance du commerce électronique pour l’Afrique s’est considérablement
accrue. Une étude récente de Banga et al. (2021), soutenue par l’African Trade Policy
Center, l’Overseas Development Institute du Royaume-Uni et la Commission écono-
mique des Nations unies pour l’Afrique, a tenté d’évaluer les perceptions et les prin-
cipaux défis des entreprises africaines en matière de commerce électronique. Les
principales conclusions de l’enquête sont les suivantes. Premièrement, dans le contexte
de la pandémie de COVID-19, le commerce électronique s’est considérablement
développé. La part moyenne dans l’ensemble des ventes des ventes en ligne depuis
COVID-19 est de 43 %, contre 31 % en 2019. Certaines entreprises font état d’une
diversification sur de nouveaux marchés grâce au commerce électronique pendant
la pandémie. Deuxièmement, les frais de commission facturés par les plateformes de
commerce électronique tierces constituent un obstacle majeur à la vente sur les plate-
formes transfrontalières. L’écrasante majorité des entreprises ont déclaré vendre en
ligne par le biais de leurs propres sites Web compatibles avec le commerce électronique.
Les plateformes tierces ont tendance à prélever une commission de 10 à 15 % sur les
ventes de produits, en plus du transport et des taxes, ce qui fait grimper le prix des
122 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

produits des vendeurs africains et les rend non compétitifs. Troisièmement, lorsqu’on
leur a demandé quels étaient les principaux défis à relever pour entreprendre le com-
merce électronique transfrontalier en Afrique, les entreprises privées ont mentionné
les points suivants : la compétence postale et les coûts de livraison et de transport ; les
questions de fiscalité, y compris la fiscalité étrangère, la double imposition et les régle-
mentations relatives à la taxe sur la valeur ajoutée ; le manque de solutions de paiement
fiables ; la méconnaissance des règles nationales et régionales ; les droits de douane et
les procédures douanières ; et l’exigence imposée par de nombreux pays d’Afrique d’une
présence locale pour fournir des services, ce qui oblige les petites entreprises à engager
des coûts élevés pour se constituer en société et ouvrir des bureaux dans chaque pays
où elles veulent opérer, ce qui suggère que seules les entreprises disposant de capitaux
importants peuvent développer le commerce électronique sur le continent.
Quatrièmement, en ce qui concerne la collecte et le stockage des données, Banga
et al. (2021) révèlent que la plupart des entreprises africaines collectent des données
sur les ventes en ligne, 61 % des répondants stockant leurs données dans le nuage et
38 % sur des serveurs de données locaux dans leur pays. Cela signifie que des ques-
tions telles que la localisation des données.6 La vie privée, le partage du code source
et la libre circulation des données, qui sont souvent des questions litigieuses dans les
négociations sur le commerce électronique, devront être abordées par les négociateurs
de la ZLECAf.
Le commerce électronique doit être pris en compte dans les négociations com-
merciales en Afrique. Les résultats résumés ici montrent non seulement l’importance
d’intégrer le commerce électronique dans les négociations de la ZLECAf, mais aussi
l’étroite interrelation entre cette forme de commerce et les différents protocoles de la
ZLECAf régissant le commerce des biens, le commerce des services et l’investissement.
En somme, la qualité des engagements et la mise en œuvre effective entreprise dans des
domaines tels que la facilitation du commerce et les services affecteront également le
potentiel d’expansion du commerce électronique (Banga et al. 2021).

ENGAGEMENT DU SECTEUR PRIVÉ : ACCROÎTRE L’APPROPRIATION


DE LA ZLECAF PAR LES ENTREPRISES AFRICAINES
Les secteurs privé et public ont des rôles cruciaux à jouer pour faire de la vision de
la ZLECAf une réalité. La ZLECAf a été imaginée par des chefs d’État africains
(Kyerematen 2021). Il n’a fallu que quelques années pour créer un traité comptant
54 signataires, dont 41 ont déjà ratifié l’accord dans leurs parlements respectifs. Ces
progrès témoignent du fort engagement des gouvernements africains dans cette entre-
prise ambitieuse. Toutefois, plus que les gouvernements, c’est le secteur privé qui
jouera un rôle central dans la création d’échanges, d’investissements et d’emplois. En
Afrique, le secteur privé représente 80 % de la production totale, plus de 66 % des
investissements et 75 % des crédits, et emploie 90 % de la population en âge de travailler
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 123

(Andriamahatana et Chidede 2018).7 Le rôle central du secteur privé a été reconnu dès
le départ. Avant même la signature du traité de la ZLECAf en mars 2018, le discours
liminaire prononcé par le président rwandais Paul Kagame, alors président de l’Union
africaine, à l’occasion du Forum des affaires de la ZLECAf déclarait ce qui suit :
La création d’un marché africain unique implique nécessairement une métamorphose
dans notre façon de penser et d’agir. La pleine participation du secteur privé est plus
que jamais nécessaire. L’objectif du forum d’aujourd’hui est de discuter de la manière de
tirer le meilleur parti des nouvelles opportunités que nous créons pour nous-mêmes.
Désormais, le souhait clair de tous est que la consultation entre les entreprises et les
dirigeants politiques, à tous les niveaux, devienne une caractéristique permanente des
délibérations continentales. (Kagame 2018)

Les défis liés à l’engagement du secteur privé dans le processus de la ZLECAf ne se


limitent pas à convaincre les gouvernements et les institutions de son importance. En
fait, le Conseil africain des affaires a été constitué en tant qu’institution indépendante
du secteur privé au sein de l’Union africaine pour être le principal organe de promotion
et de lobbying des intérêts commerciaux panafricains. L’adhésion au Conseil africain
des affaires est ouverte aux organisations et associations nationales, régionales et conti-
nentales du secteur privé (Union africaine 2021). En outre, depuis le lancement du pro-
cessus de négociation de la ZLECAf sous la direction du secrétariat de la ZLECAf, de
la Banque africaine d’import-export et d’autres organisations, d’innombrables événe-
ments et activités ont été organisés à l’intention des parties prenantes du secteur privé,
réaffirmant ainsi l’importance de leur engagement. Ces initiatives sont extrêmement
importantes, surtout si l’on considère la participation limitée du secteur privé dans
la conception initiale de la ZLECAf (Kyerematen 2021). Ces activités ont contribué à
positionner le processus de la ZLECAf dans les discussions du secteur privé, générant
un élan politique positif dans de nombreux pays africains (Kottoh 2021). Malgré ces
étapes prometteuses, l’économie politique de la négociation et de la mise en œuvre
des accords commerciaux internationaux est complexe, et encore plus pour un accord
commercial de l’ampleur de la ZLECAf. Pour que cette initiative change la donne et ait
un impact sur le terrain, une approche plus granulaire et plus ciblée sur le secteur privé
sera nécessaire, aux niveaux national, régional et continental. Pour réussir, il faudra
aller au-delà des stratégies descendantes (Makokera Grant et Byiers 2021).
Les représentants du secteur privé africain reconnaissent qu’en Afrique, les atti-
tudes envers la ZLECAf varient selon trois catégories d’entreprises (Kottoh 2021).
Tout d’abord, un groupe composé principalement de multinationales africaines
est très enthousiaste à l’idée d’établir un marché à l’échelle du continent. Nombre de
ces entreprises participent même à l’initiative Afro-Champions, un projet qui vise à
mobiliser 1 000 milliards de dollars de fonds d’investissement d’ici 2030 pour soutenir
les champions économiques africains (Drugeon 2020). Depuis sa création, l’Initiative
Afro-Champions travaille avec l’Union africaine pour financer des actions de sensibili-
sation (Union africaine 2018).
124 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Un deuxième groupe comprend les entreprises africaines qui, pour de nombreuses


raisons, sont sceptiques et opposées à la notion d’environnement concurrentiel ouvert
que la ZLECAf entend promouvoir. Ce segment du secteur privé perçoit la ZLECAf
comme une menace pour ses intérêts et ne souhaite pas nécessairement le voir aboutir
(Kottoh 2021). La plupart des entreprises de cette catégorie sont orientées vers la des-
serte des marchés intérieurs. Beaucoup d’entre elles sont associées à de puissants groupes
d’intérêt qui bénéficient de politiques commerciales protectionnistes qu’ils craignent
de voir érodées par le libre-échange continental. Ce sentiment tend à prévaloir dans les
pays africains où l’économie politique intérieure est traditionnellement moins favorable
à l’intégration commerciale régionale (Woolfrey, Apiko et Pharatlhatlhe 2019). Dans
ces cas, le potentiel de la ZLECAf pour soutenir l’industrialisation dépendra fortement
de sa capacité à modifier les intérêts et les incitations des élites commerciales et poli-
tiques, soit en créant de nouvelles opportunités de bénéfices commerciaux, soit en faci-
litant la formation de nouvelles coalitions d’acteurs ayant plus à gagner de la ZLECAf
(Woolfrey et Byiers 2019).
Enfin, un troisième segment du secteur privé africain est indifférent à la ZLECAf
(Kottoh 2021). De nombreuses raisons peuvent expliquer de telles attitudes. Le besoin
d’informations supplémentaires peut être un facteur. La perception que la ZLECAf
pourrait n’être qu’un autre grand geste politique appelant à l’intégration africaine, mais
sans mise en œuvre concrète, est une autre source de scepticisme (Kyerematen 2021).
L’indifférence de ce segment à l’égard de la ZLECAf pourrait également provenir du
fait que nombre d’entre eux sont de petites entreprises axées sur les marchés intérieurs.
Bien que ces segments du secteur privé ne soient pas des puissances nationales fortes
profitant de politiques protectionnistes, nombre d’entre eux peuvent penser que leur
potentiel d’implication directe dans le commerce transfrontalier, bien que théorique-
ment possible, est encore loin de leur capacité actuelle. Les petites et moyennes entre-
prises représentent plus de 90 % des entreprises du secteur privé africain. Beaucoup
ont tendance à se concentrer exclusivement sur les marchés intérieurs. Et ce chiffre ne
reflète pas les nombreuses entreprises informelles (Andriamahatana et Chidede 2018).
La majeure partie du secteur privé africain est constituée de petites et moyennes
entreprises, ce qui souligne l’importance cruciale d’une assistance ciblée, pragmatique
et efficace pour ces types d’entreprises. La ZLECAf peut aider les entreprises à entrer
progressivement sur les marchés d’exportation, soit directement en devenant exporta-
teurs, soit indirectement en approvisionnant les entreprises africaines déjà engagées
dans le commerce et les investissements transfrontaliers. C’est l’une des raisons pour
lesquelles les signataires de la ZLECAf devraient préparer un programme complémen-
taire national pour la ZLECAf. Les gouvernements et le secteur privé peuvent ensemble
éliminer les goulots d’étranglement qui empêchent ces types d’entreprises de se déve-
lopper sur le marché continental africain.
De plus amples détails sur le contenu potentiel des programmes nationaux complé-
mentaires de la ZLECAf sont présentés plus loin dans ce chapitre. Il est clair, cependant,
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 125

que les gouvernements doivent approfondir leur engagement avec les différents seg-
ments du secteur privé. Cet engagement peut exiger un effort titanesque de la part
de certains pays à faible revenu en Afrique, et ils peuvent avoir besoin du soutien du
Secrétariat permanent de la ZLECAf, des communautés économiques régionales et des
partenaires internationaux. L’information et la consultation du secteur privé doivent
être aussi inclusives que possible, tant en ce qui concerne la couverture sectorielle que
les types d’entreprises consultées, étant donné que le secteur privé est hétérogène dans
chaque pays. L’inclusion du secteur privé est nécessaire non seulement pour la légiti-
mité politique, mais aussi pour la réalisation de deux objectifs concrets.
Premièrement, le secteur privé est une source précieuse de renseignements dont
les décideurs politiques ont besoin pour mieux comprendre les opportunités et les dif-
ficultés des entreprises. Ces informations devraient idéalement être recueillies pour
chaque secteur de biens et de services et pour chacun des points à l’ordre du jour des
négociations de la ZLECAf. Ces informations seraient très utiles aux gouvernements
et pourraient contribuer à façonner leurs positions. En outre, ces renseignements sont
également essentiels pour comprendre les défis spécifiques et pratiques auxquels les
différents segments du secteur privé seront confrontés lors de la mise en œuvre des
engagements résultant de la ZLECAf. Comme expliqué ci-dessous, la pratique dans
d’autres pays en développement montre à quel point il est essentiel pour les gouverne-
ments engagés dans des négociations internationales de libre-échange de coupler un tel
processus avec des négociations parallèles d’un programme national complémentaire.
Ces programmes complémentaires incluent des mesures visant à soutenir la compéti-
tivité du secteur privé, ce qui permet d’assurer une transition en douceur vers le libre-
échange pendant la libéralisation progressive et de maximiser les avantages potentiels
des accords commerciaux (COMEX 2004).
Deuxièmement, et tout aussi important, la consultation du secteur privé est un
excellent moyen pour les gouvernements d’expliquer comment la ZLECAf fonctionnera
dans la pratique. Ils peuvent expliquer comment les exportateurs, les importateurs et
les investisseurs peuvent tirer parti des dispositions de l’accord. Certains observateurs
pensent que c’est un domaine dans lequel la ZLECAf pourrait être plus performante et
où les partenaires internationaux pourraient apporter leur soutien :
[jusqu’à présent, la participation directe du secteur privé aux négociations de la ZLECAf
a été limitée. Il a été largement laissé aux pays individuels le soin de consulter les parties
prenantes nationales par le biais de mécanismes déjà établis qui varient grandement en
termes d’efficacité et d’inclusion. Pour que la ZLECAf ait l’impact escompté, il faudra
que les entreprises la connaissent et soient en mesure de l’utiliser. Cela signifie qu’il
faut améliorer les informations mises à la disposition du secteur privé, qui vont au-delà
des présentations de haut niveau vues dans la plupart des webinaires pour inclure des
détails sur les règles d’origine convenues et les offres tarifaires pertinentes pour leurs
marchés. (ECDPM 2021)
126 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

En résumé, l’information et la consultation du secteur privé sont des éléments essentiels


à la réussite des négociations et des accords commerciaux internationaux. Cela permet
d’obtenir le soutien du secteur privé et de débloquer des opportunités. Le soutien des
institutions internationales de développement peut être particulièrement utile dans ces
efforts. Un dernier groupe à considérer est celui des entreprises extrarégionales qui,
bien que ne faisant pas encore d’affaires en Afrique, ont déjà commencé à prêter atten-
tion aux perspectives du marché de 1,3 milliard de personnes que la ZLECAf créera. En
fait, une partie importante du potentiel de la ZLECAf pourrait résider dans les inves-
tisseurs potentiels qui n’ont pas encore investi en Afrique en raison de la segmentation
du marché régional.
Comme le montre clairement ce rapport, et comme l’explique plus en détail la sec-
tion suivante, le véritable potentiel de la ZLECAf réside dans la possibilité de catalyser
un changement dans la structure du commerce et de l’IDE en Afrique. Le potentiel de
transformation le plus élevé pour l’industrialisation de l’Afrique et la « servicification »
du commerce réside dans l’abandon de la dépendance à l’égard des ressources naturelles
et de l’IDE axé sur le marché intérieur au profit d’un IDE axé sur l’efficacité qui intègre
le secteur privé africain dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.
Les agences de promotion de l’investissement de la région et les contacts de haut
niveau des gouvernements africains et des entreprises doivent être mis à contribution
pour attirer des investissements nouveaux dans des projets d’investissement transfor-
mationnels. La plus grande partie de la promesse de la ZLECAf réside dans l’attraction
du type d’IDE que le continent n’a pas encore été capable d’attirer, de retenir, d’étendre
et de lier au secteur privé national.

INTÉGRER LA ZLECAF DANS UN ÉCOSYSTÈME NATIONAL PERMETTANT


DE DIVERSIFIER LES MODÈLES DE COMMERCE ET D’INVESTISSEMENT
Il est essentiel de multiplier les possibilités offertes par le secteur privé et d’intégrer les
chaînes de valeur mondiales et régionales pour passer des emplois à faible valeur ajoutée
aux emplois à plus forte valeur ajoutée. Les investisseurs étrangers et africains qui intro-
duisent de nouvelles technologies et pratiques commerciales peuvent créer de nouveaux
emplois, injecter des capitaux frais et créer des retombées en termes de connaissances.
Mais ces avantages ne sont pas automatiques. Certains pays attirent de grandes quan-
tités d’investissements étrangers et ne remontent jamais la chaîne de valeur. Un cadre
politique approprié est nécessaire pour tirer le meilleur parti des avantages potentiels du
commerce et des IDE en matière de développement et les relier à l’économie nationale.
Les politiques de nombreux pays africains ont été façonnées par leurs expé-
riences historiques en matière de commerce et d’investissement autour de l’extraction
des ressources naturelles. Malgré les avantages potentiels et pour que ces modèles de
commerce et d’investissement soient correctement exploités pour le développement
durable, il faut surmonter plusieurs défis qui sont intrinsèquement différents des
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 127

approches du commerce et de l’investissement favorisant le développement de chaînes


de valeur régionales ou mondiales dans les biens ou les services. Comme l’explique le
présent rapport, les pays africains doivent adopter une approche différente du modèle
traditionnel d’investissement axé sur les ressources naturelles lorsqu’ils tentent d’in-
sérer leurs économies dans les chaînes de valeur régionales et mondiales. L’accent est
mis sur l’IDE orienté vers l’exportation et la recherche d’efficacité, ainsi que sur l’IDE
dans les services, qui, s’il est en principe orienté vers le marché intérieur, peut néan-
moins être essentiel pour garantir la compétitivité du pays d’accueil. Cette distinction
est importante, car bon nombre des politiques existantes, qui peuvent être judicieuses
pour gérer l’IDE dans les ressources naturelles, peuvent en fait être contre-productives
lorsqu’il s’agit d’attirer et de gérer correctement l’IDE axé sur l’efficacité nécessaire pour
connecter les pays d’accueil aux chaînes de valeur régionales et mondiales.
Dans un monde de plus en plus globalisé, caractérisé par des niveaux croissants
de production, de commerce et de concurrence internationale, il devient de plus en
plus important de faire le lien entre l’élaboration de règles internationales, les réformes
nationales et le développement vert et inclusif. Les activités de commerce et d’inves-
tissement impliquent des relations entre les secteurs privés nationaux et étrangers, les
gouvernements hôtes et la société civile. Ces relations présentent de multiples dimen-
sions (Echandi 2021). Une façon utile d’aborder les différentes dimensions à prendre
en considération pour générer un écosystème national favorable visant à maximiser
les avantages potentiels des IDE est de visualiser les différentes étapes de la vie d’un
projet d’investissement (Banque mondiale 2021). Cela commence par les efforts des
pays d’accueil pour attirer les IDE, principalement par le biais de services de promotion
des investissements et d’incitations. Une fois que la décision d’investir a été prise,, la
deuxième étape est le processus d’entrée et d’établissement de l’investissement, qui com-
prend toutes les conditions nécessaires pour démarrer les opérations du projet d’IDE.
Une fois le projet d’IDE établi, l’étape suivante du « cycle de l’IDE » consiste à lancer et
à étendre les opérations, un processus qui demande du temps et qui exige que les pays
d’accueil appliquent des politiques permettant la permanence à long terme des inves-
tisseurs. Un tel processus culmine dans la phase au cours de laquelle l’IDE entraîne des
liens avec l’économie nationale afin de maximiser les retombées potentielles. En effet,
l’objectif principal de la maximisation des avantages potentiels du commerce et des IDE
est de promouvoir l’activité économique qui générera des liens et des retombées et des
emplois plus nombreux et mieux rémunérés (Banque mondiale 2021).
Une entreprise internationale orientée vers l’exportation qui choisit d’investir à
l’étranger et le gouvernement qui accueille cette entreprise créent une relation perma-
nente. Trop souvent, les États se concentrent uniquement sur la promotion et l’attrac-
tion de nouveaux investisseurs axés sur l’exportation dans leur pays. Cet objectif est
important, mais il ne représente qu’une petite partie de l’histoire. Les véritables avan-
tages pour l’État interviennent plus tard dans la relation, car l’entreprise étrangère ne
va pas seulement générer davantage de commerce, mais aussi apporter des capitaux,
128 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

employer du personnel local, transférer des technologies et du savoir-faire aux natio-


naux, s’approvisionner auprès de fournisseurs locaux et contribuer à la diversification
et à la modernisation de l’économie.
La ZLECAf est négociée dans un contexte international où le commerce mondial et
la production internationale sont affectés par une série de facteurs économiques et non
économiques. Le monde vit des temps incertains, et cette incertitude affecte la reprise
économique. Toutefois, comme le montrent les faits, les pays les plus intégrés dans les
chaînes de valeur mondiales se sont révélés beaucoup plus résistants aux chocs exté-
rieurs et ont rebondi plus rapidement après la crise. Ce constat a deux conséquences
essentielles pour l’Afrique.
Premièrement, contrairement à certains arguments protectionnistes, les faits
montrent que le commerce est loin d’être un problème, mais plutôt un élément clé de
la solution pour la reprise économique et le développement. Deuxièmement, plus les
pays africains parviendront à créer un environnement prévisible pour les commerçants
et les investisseurs, plus les possibilités de relance économique seront grandes. C’est là
que la ZLECAf est appelée à jouer un rôle clé, c’est-à-dire en fournissant un ensemble
de règles et de disciplines dans un large éventail de domaines couvrant le commerce
des biens, les services, les investissements, le commerce numérique et la propriété intel-
lectuelle. La ZLECAf est le tout premier accord commercial continental en Afrique. En
prévoyant des règles et des disciplines applicables, y compris des dispositions relatives
au règlement des différends, la ZLECAf tente d’établir un régime cohérent axé sur les
règles qui guidera les politiques nationales de tous les pays du continent africain.
Plus ce régime orienté vers les règles est efficace, plus le degré de certitude et
de prévisibilité que la ZLECAf offrira sera élevé, libérant ainsi les effets dynamiques
potentiels de l’intégration économique. Une explication plus détaillée de la manière de
mettre en œuvre correctement ce régime orienté vers les règles est développée dans la
sous-section intitulée « Les différents niveaux de mise en œuvre de la ZLECAf. » À ce
stade, il convient de souligner qu’en raison de leur vaste portée, les différents chapitres
de l’accord de la ZLECAf établissent un programme complet pour les types de réformes
nationales que les pays africains peuvent entreprendre afin de générer un commerce
plus important et les types d’IDE nécessaires pour forger des chaînes de valeur régio-
nales et mondiales sur le continent. L’élimination des barrières tarifaires et non tari-
faires, la facilitation du commerce des biens à l’intérieur et à l’extérieur des frontières, la
promotion d’une plus grande concurrence dans le commerce des services, puisque les
services ne sont pas seulement des secteurs économiques, mais aussi des déterminants
cruciaux du coût final des biens échangés, sont des éléments clés que les investisseurs
examineront dans l’accord de la ZLECAf.

Attirer les investissements par la promotion


Si elle est correctement mise en œuvre, la ZLECAf peut devenir un outil important
de promotion des investissements pour les pays africains. En fait, le processus de la
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 129

ZLECAf renforce déjà la place de l’Afrique sur la carte du monde. Les investisseurs
du monde entier observent le processus avec de grandes attentes. Il s’agit maintenant
pour les pays d’apprendre à garantir et à mesurer une mise en œuvre efficace et à en
faire la publicité pour générer de la crédibilité (voir la section intitulée « Les différents
niveaux de mise en œuvre de la ZLECAf »). Toutefois, il est essentiel de veiller à ce que
les agences africaines de promotion des investissements se familiarisent avec le contenu
de ZLECAf et s’impliquent dans sa mise en œuvre, notamment dans les domaines spé-
cifiques, tels que la facilitation des échanges, qui susciteront l’enthousiasme des inves-
tisseurs axés sur l’exportation pour l’implantation de leurs nouvelles entreprises dans
la région.
Il est aussi important de noter que les investisseurs étrangers chercheront proba-
blement des partenaires locaux, l’Afrique pouvant être encore un marché peu familier
pour beaucoup d’entre eux. Ce serait faire preuve d’étroitesse d’esprit que de considérer
l’IDE extrarégional comme indésirable pour l’Afrique. Au contraire, l’IDE extrarégio-
nal, avec ses technologies et ses pratiques commerciales sophistiquées, doit affluer dans
la région et entrer en contact avec les entreprises africaines pour assurer des retom-
bées et des liens. Les agences de promotion des investissements peuvent jouer un rôle
important dans la mise en relation des investisseurs extrarégionaux avec les investis-
seurs régionaux afin qu’ils puissent étudier les moyens de développer ensemble leurs
activités. Ce partage d’informations est essentiel et pourrait facilement être réalisé en
mettant en relation les agences africaines de promotion des investissements aux asso-
ciations et institutions commerciales régionales et extrarégionales.

Attirer les investissements par des mesures incitatives


Les incitations sont devenues omniprésentes dans la concurrence mondiale pour les
IDE au cours des trois dernières décennies (Jedlicka et Sabha 2017). Cependant, malgré
la popularité croissante des incitations dans les pays développés et en développement,
la confusion sur le rôle que jouent les incitations pour générer des investissements et
favoriser différents objectifs politiques est encore marquée. Des données provenant à la
fois d’enquêtes et d’études économétriques indiquent que les principaux déterminants
des décisions des investisseurs quant au lieu d’implantation dépendent rarement des
incitations à l’investissement, mais reposent sur des facteurs économiques et de climat
d’investissement généraux, tels que la taille du marché, les politiques commerciales et
d’investissement, les infrastructures et la disponibilité du capital humain.
Les incitations à l’investissement ont tendance à n’être pertinentes qu’en marge
de la prise de décision des investisseurs (James 2009). Elles sont susceptibles d’avoir
le plus d’influence lorsque les investisseurs hésitent entre des options similaires, et
lorsqu’un pays dispose déjà d’un climat d’investissement favorable. En outre, étant
donné que les incitations ont des implications en matière d’économie politique, de
politique de la concurrence (pouvant entraîner une « course vers le bas » aux niveaux
régional, national et infranational) et de durabilité (pesant souvent lourdement sur les
130 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

budgets), il est particulièrement important que les décideurs et les praticiens adoptent
une approche holistique pour rationaliser le régime d’incitations d’un pays sur la base
des bonnes pratiques. De nombreux gouvernements africains offrent de coûteuses
mesures incitatives à des types d’IDE, tels que ceux dédiés à la recherche de ressources
naturelles. Ces mesures entraînent d’importants coûts budgétaires pour des investis-
seurs souvent insensibles à ces incitations et qui de toute façon auraient investi dans
le pays.
Les principales recommandations en matière d’incitations à l’investissement
seraient de préparer et de publier des inventaires des mesures incitatives existantes,
de réaliser une analyse coûts-avantages des programmes existants et d’entreprendre
un dialogue politique interne pour rationaliser l’utilisation des incitations (Jedlicka et
Sabha 2017). Il faut comprendre que les IDE engagés dans les chaînes de valeur régio-
nales et mondiales peuvent se concentrer sur l’évaluation du niveau réel de compéti-
tivité qu’un pays d’accueil peut offrir à leurs opérations, plutôt que sur l’importance
des incitations fiscales ou financières lesquelles, au final, pourraient ne pas compenser
des coûts de production élevés. Plutôt que de fournir des incitations non ciblées, les
gouvernements africains seraient plus avisés d’utiliser leurs maigres ressources fiscales
pour investir dans les biens publics, tels que la formation du capital humain et les pro-
grammes visant à adapter la disponibilité des ressources humaines aux besoins des
entreprises, ainsi que pour investir dans les infrastructures matérielles permettant de
faciliter le commerce et les investissements.

Entrée et établissement des investissements


Au cours des deux dernières décennies, de nombreux gouvernements de pays en déve-
loppement se sont intéressés à la manière de tirer parti du commerce et des IDE pour
insérer leurs économies dans les chaînes de valeur régionales et mondiales. Toutefois,
et de manière quelque peu paradoxale, très peu d’entre eux maintiennent un régime
de commerce et d’investissement entièrement ouvert. La plupart des pays africains
sont relativement ouverts à l’IDE, avec peu de restrictions légales discriminatoires fon-
dées sur la nationalité qui affectent l’investissement dans l’industrie manufacturière
ou l’agroalimentaire (IFC, MIGA et Banque mondiale 2010). La situation est toutefois
beaucoup moins claire en ce qui concerne les IDE dans les services et les exigences
procédurales dans les différents secteurs.
Les services, qui vont du transport et des télécommunications à la santé et à l’édu-
cation, constituent une part importante de l’économie mondiale, générant plus des
deux tiers du PIB, représentant plus des trois quarts des IDE, employant le plus de
travailleurs et créant le plus d’emplois au niveau mondial. Par conséquent, les services
sont au cœur de la croissance et de la réduction de la pauvreté, et le commerce interna-
tional et les investissements dans les services sont essentiels à la performance des ser-
vices. En outre, les services sont importants pour le développement économique, non
seulement en tant que source d’emplois, de production et d’exportations en soi, mais
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 131

aussi en tant qu’intrants dans la production d’autres services et biens. Il n’est donc pas
surprenant que le coût et la qualité des services ont des conséquences considérables sur
les performances de l’économie dans son ensemble. En plus d’être d’importants intrants
intermédiaires dans la production, les services remplissent également une fonction
importante dans la coordination des processus de production à l’intérieur des pays
et, de plus en plus, entre les pays dans le contexte des chaînes de valeur régionales et
mondiales. L’industrie manufacturière moderne est une grande utilisatrice d’intrants
de services, et sa compétitivité repose sur l’accès à des fournisseurs de pointe au meil-
leur prix. Par exemple, bien que les services représentent environ un cinquième du
commerce mondial, des recherches récentes ont montré que les services représentent
plus de 50 % de la valeur ajoutée des exportations brutes et plus de 30 % de la valeur
ajoutée des exportations de biens manufacturés (OMC 2019).
Pour réussir, il est essentiel de libérer les services de ces contraintes. Comme nous
l’avons expliqué plus haut dans ce chapitre, malgré leur contribution reconnue à la
performance de l’économie dans son ensemble, les services restent enchaînés par une
multitude de politiques restrictives qui entravent le commerce transfrontalier, l’activité
d’investissement et la mobilité des consommateurs et de la main-d’œuvre. Une partie
du problème est liée au manque de transparence, étant donné que la plupart des restric-
tions au commerce des services ont été dissimulées dans des lois et des règlements qui
poursuivent des objectifs politiques légitimes ne visant pas à restreindre le commerce
des services. Cette difficulté sera surmontée grâce à la coopération entre le Secrétariat
de la ZLECAf, le Groupe de la Banque mondiale, l’OMC et d’autres partenaires euro-
péens pour préparer des audits réglementaires sur les services pour tous les pays de la
ZLECAf. Ces données permettront aux pays africains d’entamer des dialogues sur des
secteurs et des mesures spécifiques avec leurs parties prenantes. Ils pourront examiner
s’il existe des moyens moins préjudiciables aux échanges pour poursuivre des objectifs
légitimes de politique publique tout en favorisant une libéralisation progressive des
échanges à l’avenir.
Des règles et réglementations plus simples aideraient les investisseurs axés sur l’ex-
portation en Afrique. Il est nécessaire de faciliter l’entrée et l’établissement des IDE pour
attirer de nouveaux investisseurs potentiels dans la région. En effet, il serait insensé
qu’après avoir déployé des efforts considérables pour promouvoir les pays africains à
l’étranger, les investisseurs potentiels ne puissent pas se déplacer facilement dans la
région en raison de difficultés à obtenir des visas. Plutôt que de supprimer les exigences
en matière de visa, les pays de la ZLECAf pourraient suivre l’exemple de nombreux
pays à faible revenu d’Afrique et d’Asie, où les visas peuvent être obtenus facilement sur
Internet. En outre, dans les pays africains où des procédures de sélection discrimina-
toires existent encore, à savoir, une préapprobation discrétionnaire des projets d’IDE
pour permettre aux investisseurs étrangers de demander des permis et des licences
pour commencer leurs opérations sur les marchés nationaux, leur élimination serait
une étape importante pour faciliter l’établissement d’IDE en Afrique.
132 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Maintien et expansion des investissements


Il est essentiel que les pays africains offrent certitude et prévisibilité aux nouvelles entre-
prises qui souhaitent étendre leurs activités dans un pays hôte. À ce stade, les risques
politiques tels que l’expropriation, l’instabilité et l’incertitude peuvent décourager les
investisseurs d’étendre leurs activités existantes, voire les inciter à délocaliser ou à fer-
mer leurs entreprises. Bien que les gouvernements des pays en développement riva-
lisent de campagnes de promotion et d’incitations coûteuses pour attirer les IDE, des
données récentes montrent que, chaque année, environ un quart de tous les acteurs qui
investissent dans les pays en développement, dont beaucoup en Afrique, abandonnent
leurs projets d’IDE en raison de griefs non résolus avec des organismes de réglemen-
tation infranationaux ou spécialisés (Echandi, Nimac et Chun 2019 ; MIGA 2009-13).
Les changements réglementaires défavorables, les ruptures de contrat, les expro-
priations de facto et les restrictions en matière de transfert et de convertibilité incitent
les entreprises à se retirer. La fréquence des expropriations et des ruptures de contrat
a diminué au cours de la dernière décennie, mais celles-ci figurent toujours parmi les
changements réglementaires les plus graves et les plus soudains. Le manque de transpa-
rence et de prévisibilité dans les relations avec les organismes publics et les retards dans
l’obtention des autorisations gouvernementales nécessaires au démarrage ou à l’exploita-
tion des entreprises ont considérablement augmenté et sont des facteurs mettant fin aux
projets d’IDE. Les récentes bonnes pratiques mises en œuvre dans divers pays pairs pour-
raient servir de guide utile aux pays africains désireux d’explorer l’utilisation des méca-
nismes de gestion des conflits entre investisseurs et États. Les mécanismes de gestion des
conflits sont un ensemble de protocoles de coordination entre les organismes publics
qui impliquent l’utilisation de techniques de résolution des problèmes permettant aux
pays d’accueil et aux commerçants et investisseurs privés de traiter les griefs à un stade
très précoce, empêchant ainsi les conflits de dégénérer en problèmes graves pouvant
conduire une entreprise à se retirer. Dans le cadre de la mise en œuvre du traité ZLECAf,
les pays africains pourraient envisager de mettre en place des mécanismes de gestion des
conflits entre investisseurs et États afin de résoudre rapidement ces problèmes.

Liens des IDE avec l’économie nationale et la valeur ajoutée locale


L’intégration dans les chaînes de valeur régionales et mondiales peut contribuer à l’éco-
nomie nationale par le biais du transfert de technologie, de l’emploi, du transfert de
compétences et des retombées, et plus largement par la diversification et la valorisa-
tion de l’économie locale. Toutefois, de nombreux décideurs politiques se demandent
comment garantir ces avantages. Les tentatives de « forcer » les transferts de technolo-
gie, l’approvisionnement local ou l’emploi local peuvent se retourner contre eux si les
entreprises ne veulent pas ou ne peuvent pas se conformer aux réglementations, ou si
le personnel et les entreprises locales ne produisent pas encore la qualité et la quantité
d’intrants ou de compétences nécessaires.
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 133

Les preuves des retombées positives de l’IDE, y compris sur l’innovation, varient
considérablement selon les pays, les secteurs et les entreprises (Hufbauer et al. 2013).
Essentiellement, la technologie et le savoir-faire peuvent être diffusés par les investis-
seurs étrangers par le biais de divers mécanismes, dont, entre autres, le développement
de fournisseurs et les manuels de spécifications d’approvisionnement, l’aide à l’amé-
lioration de l’accréditation de la qualité, l’accès aux réseaux de commercialisation
internationaux et la mobilité des travailleurs, des spécialistes techniques et des cadres.
Toutefois, les avantages des IDE en matière d’innovation et de technologie ne sont pas
automatiques. Les retombées positives ne peuvent être considérées comme acquises.
Cela dépend en grande partie de la motivation et de la capacité des entreprises locales
à exploiter l’innovation et à capitaliser sur les nouvelles technologies, ainsi que de la
capacité des agences intermédiaires, telles que les agences de promotion des investisse-
ments, à assurer la mise en relation des investisseurs étrangers et locaux.
De nombreuses économies en développement et en transition introduisent des
politiques de contenu local pour favoriser les retombées des investissements étrangers
sur l’économie locale et pour aider à intégrer les industries locales dans les chaînes
d’approvisionnement mondiales. Cependant, les différents types de politiques visant
à encourager la valeur ajoutée nationale peuvent avoir des impacts très différents sur
le commerce et les investissements nationaux et étrangers. Le tableau 5.1 propose une
typologie générale de ces politiques. Certaines de ces politiques (en bleu) faussent
considérablement la concurrence et les échanges et peuvent décourager les entrées
d’IDE. D’autres (en rouge) peuvent fonctionner si le marché du pays d’accueil présente
certaines caractéristiques, et d’autres encore (en orange) ont tendance à moins fausser
les échanges et la concurrence.
La conception et la mise en œuvre des politiques encourageant la valeur ajou-
tée nationale souffrent d’un certain nombre d’idées fausses. Plusieurs exemples sont
présentés dans le tableau 5.2. De nombreux problèmes se posent parce que les poli-
tiques conçues en fonction d’un type d’investissement (par exemple, les investisse-
ments dans les industries extractives) peuvent avoir des effets négatifs sur d’autres
types d’investissement (par exemple, les investissements dans la fabrication de pro-
duits d’exportation). Dans le contexte de la ZLECAf (sachant que le type d’IDE le
plus apte à faciliter les chaînes de valeur régionales et mondiales dans la région sera
l’investissement axé sur l’efficacité), les pays africains devraient envisager d’évaluer
leurs politiques de contenu local. De nombreuses exigences existantes en matière de
contenu local ont été conçues dans l’optique d’un IDE axé sur les ressources natu-
relles et peuvent s’avérer contre-productives pour les nouveaux types d’IDE recher-
chés par le biais de la ZLECAf. L’expérience internationale montre que l’exploration
de politiques non distorsives visant à encourager la valeur ajoutée locale (c’est-à-dire
les politiques ombrées en orange dans le tableau 5.1) est le moyen le plus prometteur
d’équilibrer les intérêts légitimes des pays d’accueil à générer une valeur ajoutée et à
attirer efficacement les IDE.
134 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau 5.1 Typologie des politiques visant à encourager la valeur ajoutée nationale

Politiques et impact Exemples

Imposer des politiques obligatoires en matière Exigences de performance en matière de contenu local
de contenu local : pour l’établissement d’un investissement étranger
Distorsion de la concurrence et des échanges
Exigences de contenu local pour l’accès des investisseurs
Peut décourager l’afflux d’investissements directs
étrangers aux marchés publics
étrangers
Promouvoir la valeur ajoutée par des mesures Mesures incitatives pour promouvoir la valeur ajoutée
incitatives : nationale
Peut fausser la concurrence et les échanges
ont montré des effets positifs sur le contenu local
dans certains cas (grands marchés, capacités
suffisantes).
Autres politiques (souhaitables) non Programmes de responsabilité sociale des entreprises
discriminatoires d’ajout de valeur intérieure :
Renforcement des capacités, y compris le développement
promouvoir naturellement et durablement la
des compétences et la recherche et le développement
valeur ajoutée nationale en augmentant les
investissements et la compétitivité des entreprises Améliorer la logistique
nationales Investir dans les infrastructures
Améliorer d’autres aspects d’un environnement
favorable aux entreprises (par exemple, la transparence
réglementaire).
D’autres aspects du développement du secteur privé, par
exemple, les programmes de renforcement des capacités
des petites et moyennes entreprises.
Source : Basé sur Echandi 2015.

Tableau 5.2 Mythes et réalités sur le contenu local

Mythe Réalité
Contenu local obligatoire : « Rendez obligatoires les Mécanismes du marché : le contenu local doit avoir un
quotas de contenu local et cela se fera. » sens sur le marché : le bon climat commercial et les
bons fournisseurs potentiels.
Équité locale : « La propriété nationale des actifs est Une participation significative : les entreprises, quel
essentielle ». que soit leur propriétaire, peuvent créer de la valeur
ajoutée et des emplois au niveau local.
Cibler les PME : « Le contenu local est un programme Entreprises de toutes tailles : les fournisseurs de
de développement des PME ». toutes tailles s’engagent dans le contenu local ; se
concentrer sur les fournisseurs prometteurs.
La discrimination : « Les entreprises étrangères Renforcement des capacités : pour devenir des
discriminent les entreprises locales même si le prix est fournisseurs durables, les entreprises locales doivent
plus bas ! ». respecter les normes mondiales en matière de prix, de
qualité et de service.
Approche punitive : « Les investisseurs doivent Le contenu local est un processus conjoint : planifiez
satisfaire aux exigences en matière de contenu local et collaborez avec les parties prenantes pour favoriser
dès maintenant, sous peine de payer une amende. » le contenu local.
Source : Echandi 2015.
Note : PME = petites et moyennes entreprises.
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 135

VERS UN PROGRAMME COMPLÉMENTAIRE DE LA ZLECAF


Ce rapport met en évidence les opportunités importantes que la ZLECAf peut générer
pour l’Afrique. La maximisation des avantages potentiels de la ZLECAf est loin d’être
automatique ; elle nécessitera des mécanismes pour traduire les engagements de la
ZLECAf en actions concrètes. Dans une large mesure, le fait que la ZLECAf devienne
une étape importante pour le développement de la région dépendra (1) de la généralité
et de l’ampleur des engagements détaillés (à négocier) visant à supprimer les barrières
commerciales, (2) de l’adhésion et de l’utilisation effective de la ZLECAf par une masse
critique du secteur privé, (3) de la mesure dans laquelle les engagements de la ZLECAf
sont effectivement mis en œuvre et (4) des initiatives complémentaires spécifiques garan-
tissant une transition sans heurts vers le libre-échange et induisant des flux plus impor-
tants d’investissements productifs dans les secteurs non traditionnels, conduisant à des
emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Le suivi de la mise en œuvre de la ZLECAf
pour garantir l’équité et l’égalité des conditions de concurrence sera également un défi.
Pour réaliser le potentiel de la ZLECAf, il faudra mettre en œuvre efficacement les
obligations de l’accord commercial. L’une des questions clés est de savoir si et comment les
institutions et les États membres de la ZLECAF peuvent remédier aux faiblesses qui ont
limité l’impact des précédents accords commerciaux régionaux en Afrique. La consulta-
tion et le soutien seront cruciaux parmi les consommateurs, les commerçants et les entre-
prises. L’engagement positif des commerçants et du secteur privé s’est avéré important dans
les accords commerciaux nationaux et régionaux ailleurs, notamment en Asie du Sud-Est.
Une intégration efficace des marchés régionaux va bien au-delà de la simple sup-
pression des droits de douane. Elle implique de s’attaquer efficacement aux contraintes
sur le terrain qui peuvent paralyser les opérations quotidiennes des producteurs et des
négociants ordinaires. La résolution de ces contraintes passe par une réforme de la
réglementation et, tout aussi important, par le renforcement des capacités des institu-
tions chargées de faire respecter la réglementation.
Les réformes commerciales au niveau national doivent couvrir les services comme
les biens (même si les services ne sont pas couverts par la ZLECAf avant la prochaine
phase de négociations de l’accord). Les services sont des intrants essentiels et créateurs
d’emplois dans presque toutes les autres activités ; par exemple, le transport joue un rôle
crucial dans l’industrie manufacturière.

Les différents niveaux de mise en œuvre de la ZLECAf


Il faut agir simultanément aux niveaux supranational et national. Les communau-
tés régionales peuvent fournir le cadre de la réforme, par exemple en réunissant les
régulateurs pour définir des normes harmonisées ou pour convenir de la reconnais-
sance mutuelle des qualifications des professionnels. Néanmoins, la responsabilité de
la mise en œuvre de l’accord incombe en définitive à chaque pays. Toutefois, le rôle
du secrétariat permanent de la ZLECAf sera déterminant. Le secrétariat permanent
136 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Encadré 5.2 Secrétariats d’intégration régionale réussis : principaux enseignements de l’expérience

• La légitimité, la pertinence et le soutien politique d’un secrétariat dépendent de sa capacité à


fournir efficacement des services pertinents à ses parties prenantes.
• Ce qui compte vraiment, c’est la qualité du personnel technique plutôt que sa quantité.
• L’infrastructure physique coûteuse des bâtiments des secrétariats n’est pas un gage de réussite,
le capital humain l’est (le « logiciel » est plus important que le « matériel »).
• Il est essentiel d’éviter la « politisation » du personnel technique, y compris les nominations.

de la ZLECAf, établi en 2020 à Accra, au Ghana, est doté d’un personnel technique
compétent (secrétariat de la ZLECAf 2021). Plus le secrétariat sera efficace et pertinent
dans la pratique, plus une articulation appropriée entre les actions et initiatives natio-
nales, sous-régionales et continentales pourra contribuer à la mise en œuvre effective
de la ZLECAf. Depuis plusieurs décennies, le Groupe de la Banque mondiale fournit
divers types d’assistance technique aux secrétariats chargés d’administrer les accords
d’intégration économique dans le monde, y compris la plupart des communautés éco-
nomiques régionales en Afrique, telles que le COMESA, l’EAC, la Communauté écono-
mique des États de l’Afrique de l’Ouest, la SADC et l’Union économique et monétaire
ouest-africaine. Bien que chaque processus d’intégration régionale ait ses caractéris-
tiques propres, l’expérience acquise sur de nombreux continents a permis au Groupe
de la Banque mondiale d’identifier des bonnes pratiques, présentées dans l’encadré 5.2,
sur ce qui fonctionne (et ce qui ne fonctionne pas) pour faire en sorte que les accords
commerciaux catalysent le commerce, l’investissement et l’emploi, au lieu de rester de
simples textes d’aspiration. En outre, l’encadré 5.3 illustre les types de services fournis
par les secrétariats régionaux dans de nombreuses régions du monde, et que le secréta-
riat permanent de la ZLECAf récemment créée a commencé à fournir.
La pertinence de tout accord de libre-échange dépend de sa mise en œuvre effec-
tive. Dans le contexte africain, une mise en œuvre efficace exigera du Secrétariat de la
ZLECAf qu’il joue un rôle clé en facilitant les efforts concertés des communautés éco-
nomiques régionales et des États membres – dont beaucoup n’ont pas de bons antécé-
dents en matière de mise en œuvre des accords commerciaux qu’ils ont signés. Pour ce
faire, les gouvernements devront créer ou renforcer les institutions nationales chargées
d’administrer, de surveiller et d’appliquer la ZLECAf.
Le secrétariat de la ZLECAf devra également aider ses États membres à trouver des
moyens convergents et efficaces d’impliquer le secteur privé et la société civile afin de
s’assurer qu’ils comprennent pleinement comment la ZLECAf peut contribuer à diversi-
fier les exportations, à attirer les investissements et à créer des emplois plus nombreux et
de meilleure qualité. Bien que la mise en œuvre effective des accords commerciaux inter-
nationaux relève en dernier ressort de la responsabilité des gouvernements nationaux,
l’expérience montre que des secrétariats régionaux efficaces peuvent faciliter et soutenir
considérablement les États membres en fournissant les services décrits dans l’encadré 5.3.
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 137

Encadré 5.3 Services fournis par les secrétariats régionaux

• Servir d’observatoire de l’intelligence économique régionale, en étant dépositaire des données et


des statistiques sur le commerce et les investissements, des analyses de marché, des indicateurs
économiques, des études et des documents pertinents.
• Aider les États membres à administrer l’accord commercial, notamment en servant de lieu de
réunion pour les comités, les groupes de travail et les organes de décision politique qui assurent
le suivi des plans visant à se conformer aux instruments et projets régionaux.
• Servir de lieu de rencontre entre les États membres et les autres parties prenantes pour résoudre
les problèmes liés à l’application ou à l’interprétation de l’accord commercial applicable.
• Servir de plateforme pour entreprendre des activités régionales d’information et de consultation
pour le secteur privé et la société civile.
• Fournir des services de renforcement des capacités aux fonctionnaires ainsi qu’aux parties
prenantes concernées du secteur privé et de la société civile.
• Servir de passerelle pour administrer et coordonner les projets de coopération régionale liés au
commerce.

Éléments clés du programme complémentaire de la ZLECAf


Sur la base de l’expérience des négociations dans différentes parties du monde en déve-
loppement, trois sujets doivent être abordés pour maximiser les avantages potentiels
de la ZLECAf : l’administration du traité, le soutien à la mise en œuvre du commerce
interagences et la transition vers le libre-échange (encadré 5.4). Chaque domaine est
développé plus en détail ci-dessous.

Bonnes pratiques en matière d’administration des traités


Les autorités nationales compétentes doivent être en mesure d’assumer les quatre fonc-
tions clés suivantes :
1. Conformité et exécution. Les autorités doivent entreprendre une analyse des
écarts entre les disciplines et les engagements inclus dans la ZLECAf et la légis-
lation et les réglementations nationales, ainsi que le suivi de la libéralisation et
des autres engagements.
2. Suivi des comités, résolution des problèmes et règlement des différends. Les opé-
rations des différents comités et mécanismes inclus dans le cadre institutionnel
de la ZLECAf peuvent être mises à profit. Les problèmes affectant les commer-
çants et les investisseurs peuvent être résolus. Il est essentiel de promouvoir
des moyens peu coûteux, efficaces et transparents pour identifier les moyens
de résoudre les problèmes des commerçants et des investisseurs. Ce travail
pourrait, par exemple, refléter les exigences de l’Accord sur la facilitation des
échanges de l’OMC pour les comités nationaux de facilitation des échanges ;
un groupe similaire de parties prenantes pourrait faire de même dans le cadre
138 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Encadré 5.4 Principaux éléments d’un éventuel programme complémentaire de la ZLECAf

En s’appuyant sur l’expérience de négociations similaires dans d’autres pays en développement,


la conception d’un « programme complémentaire » visant à maximiser les avantages potentiels de
la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) impliquerait des actions concrètes sur au
moins trois fronts fondamentaux :

1. Administration de l’accord de la ZLECAf


Le renforcement des capacités sous forme de formation, de conseils directs et de soutien à la mise
en œuvre pour les ministères du commerce afin de permettre la conformité, l’administration et la
résolution des problèmes, le suivi économique et la « socialisation » de la ZLECAf sera nécessaire.

2. Appui institutionnel lié au commerce


Il est important de renforcer les capacités des agences de gestion des frontières, notamment celles
chargées de réglementer les douanes, les mesures sanitaires et phytosanitaires, les obstacles tech-
niques au commerce et les services, sous la forme de formations, de conseils et d’infrastructures. Ces
agences n’ont peut-être pas été impliquées dans les négociations, mais devront appliquer la ZLECAf
de manière régulière. Il est essentiel de permettre la conformité, l’administration et la résolution des
problèmes dans chaque domaine.

3. Transition vers le libre-échange


Les initiatives sectorielles visant à soutenir l’expansion des entreprises et à permettre aux entreprises
nationales (en particulier les petites et moyennes entreprises) de remédier aux distorsions écono-
miques affectant leur compétitivité dans un environnement de libre-échange constituent également
une bonne pratique.

de la ZLECAf. Il peut également s’agir d’utiliser d’autres accords régionaux et


internationaux, tels que l’Accord sur la facilitation des échanges de l’OMC, pour
aborder, résoudre et documenter les préoccupations.
3. Information et consultation des parties prenantes du secteur privé et stratégie de
communication pour la société civile. Les données obtenues à partir de l’analyse et
du suivi économiques peuvent être exploitées pour (1) faciliter le dialogue entre
le secteur privé et les gouvernements afin de parvenir à un accord sur des ini-
tiatives parallèles permettant aux entreprises nationales d’évoluer correctement
vers le libre-échange dans le cadre de la mise en œuvre de la ZLECAf, et (2) pour
communiquer des messages simples, clairs et attrayants expliquant à la société
civile des États membres les impacts de la ZLECAf sur les différentes dimensions
de la vie des citoyens, en particulier la création de nouveaux et meilleurs emplois.
4. Analyse et suivi économiques. Des techniques sont nécessaires pour identifier
et rassembler les données nécessaires à la mesure et au suivi des effets écono-
miques et distributifs de la ZLECAf sur les principales variables économiques
de l’État membre (revenus, flux de commerce et d’investissement, emplois,
pauvreté et inégalités), en accordant une attention particulière à la composition
sectorielle, au sexe et à la répartition géographique.
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 139

Soutien à la mise en œuvre interagences de la ZLECAf


La mise en œuvre efficace de la ZLECAf nécessitera de fournir un soutien à plusieurs
organismes supplémentaires, au-delà de ceux qui sont directement responsables de
l’administration de l’accord. Plusieurs autorités réglementent et administrent généra-
lement des procédures sur diverses questions qui affectent directement le fonction-
nement des normes et disciplines de l’accord commercial. Les pays devraient, avec le
soutien d’institutions partenaires telles que le Groupe de la Banque mondiale, déployer
une série d’outils analytiques et d’expertise spécialisée pour soutenir les agences dont le
mandat est directement lié aux engagements de la ZLECAf. Les activités concrètes dans
le cadre du soutien à la mise en œuvre liée au commerce comprendront l’analyse com-
parative, l’analyse des lacunes réglementaires, les évaluations de l’impact économique,
la modélisation économique, les cartes de processus de rationalisation des procédures,
les évaluations de la transparence réglementaire et les consultations des parties pre-
nantes. Ces activités sont nécessaires pour fournir des recommandations spécifiques
de réforme politique et réglementaire afin de mettre pleinement en œuvre la norme et
l’esprit de l’accord ZLECAf dans les domaines suivants :

• Accès au marché : libéralisation tarifaire et élimination des barrières non


tarifaires
• Procédures de facilitation du commerce et de gestion des frontières
• Mesures sanitaires et phytosanitaires
• Obstacles techniques au commerce
• Recours commerciaux : sauvegardes, droits antidumping et compensateurs
• Commerce des services
• Investissement
• Politique de concurrence

Transition vers le libre-échange


L’assistance technique serait orientée vers l’identification de politiques et d’actions com-
plémentaires concrètes visant à maximiser les avantages potentiels de la ZLECAf, ainsi
qu’à faciliter une transition en douceur vers le libre-échange. Le soutien au titre de ce
point comprendrait des activités telles que les suivantes :

• Identification des secteurs spécifiques susceptibles de bénéficier de plus grandes


possibilités d’expansion, ainsi que de ceux qui pourraient être vulnérables pen-
dant la transition vers le libre-échange, et estimation de l’impact que les enga-
gements spécifiques de la ZLECAf pourraient avoir sur les entreprises et les
emplois nationaux, sur le genre et sur d’autres variables pertinentes.
• Diagnostic des distorsions économiques et réglementaires spécifiques affectant la
compétitivité de certains types d’entreprises (telles que les petites et moyennes
140 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

entreprises dans certains secteurs) et enseignements tirés par les pays concer-
nés pour relever des défis similaires
• Bonnes pratiques sur la planification, l’exécution et le suivi des processus d’in-
formation et de consultation entre l’État et le secteur privé dans la conception
de programmes spécifiques pour une transition vers le libre-échange dans le
contexte de la ZLECAf.
• Exploiter et améliorer les programmes de promotion des exportations et les ser-
vices de promotion des investissements étrangers afin de créer des liens entre les
secteurs privés nationaux et internationaux.

NOTES
1. Les négociations d’accès au marché de la ZLECAf pour le commerce des biens tangibles sont
pratiquement terminées. Actuellement, le commerce dans le cadre de la ZLECAf est possible pour
environ 81 % des biens commercialisables, étant donné que des règles d’origine convenues sont
déjà en place (ECDPM 2021). Seuls les aspects les plus sensibles des négociations sur l’accès au
marché doivent encore faire l’objet d’un accord, comme la liste finale des 3 % de lignes tarifaires
qui seront exclues de la libéralisation et les règles d’origine pour quelques produits restants,
notamment les vêtements et les textiles, l’automobile et le sucre (Tralac 2021). En outre, le cadre
général applicable au commerce des services est déjà achevé. En décembre 2021, les négociateurs
des services de la ZLECAf se sont concentrés sur deux étapes supplémentaires : la première étape
consiste à favoriser une libéralisation progressive basée sur des listes positives « OMC plus »
et l’échange d’offres par les États membres. Ce processus a déjà commencé. Les parties de la
ZLECAf visent à le conclure au plus tard au cours du premier semestre 2022. Deuxièmement,
les négociateurs doivent élaborer des disciplines sectorielles dans tous les secteurs des services,
sur la base des meilleures pratiques des communautés économiques régionales, en commençant
par cinq secteurs prioritaires clés : les services aux entreprises, les services de communication,
les services financiers, les services de transport et le tourisme. Les premières discussions ont
commencé, mais on attend que l’échange d’offres sur les engagements sectoriels progresse.
2. Les États Credendo (https://credendo.com/en/credendos-country-risk-assessment):
La violence politique comprend tous les actes violents commis dans un but politique ;
ce concept est plus large que celui de « guerre » et inclut i) le « terrorisme » (objectifs
politiques, religieux et idéologiques) et ii) les dommages liés à la violence politique
(dommages aux biens matériels résultant de la violence politique) ; aux fins de
l’analyse du risque de violence politique, les types d’interruption d’activité résultant
des dommages liés à la violence politique sont inclus.
Afin d’évaluer le risque de violence politique, Credendo examine les niveaux réels de violence
interne et de conflit externe dans un pays, mais aussi le potentiel de conflit qui découle des
tensions internes et externes (persistantes), de la frustration et du mécontentement.
3. États Credendo (https://credendo.com/en/credendos-country-risk-
assessment#riskofexpropriation) :
Le risque d’expropriation englobe toutes les mesures discriminatoires prises par
un gouvernement d’accueil qui privent l’investisseur de son investissement sans
compensation adéquate ; aux fins de l’analyse du risque d’expropriation, les événements
d’embargo, de changement de régime (juridique) et de déni de justice sont inclus.
Afin d’évaluer le risque d’expropriation, Credendo évalue non seulement le risque lié à
l’expropriation en tant que telle, mais aussi le fonctionnement des institutions juridiques dans
le pays d’accueil et la probabilité d’un changement d’attitude négatif à l’égard des investissements
étrangers.
4. États Credendo (https://credendo.com/en/credendos-country-risk-assessment#transferrisk) :
MAXIMISER LES AVANTAGES POTENTIELS DE LA ZLECAF POUR UN DÉVELOPPEMENT INCLUSIF 141

Le risque d’inconvertibilité des devises et de restriction des transferts fait référence à


l’incapacité de convertir et de transférer hors du pays d’accueil les fonds liés à l’investissement.
L’évaluation du risque d’inconvertibilité des devises et de restriction des transferts
est basée sur les mêmes facteurs de risque que l’évaluation des risques politiques et
assimilés liés aux transactions commerciales à moyen/long terme.
5 L’inclusion des flux de données dans la définition du commerce numérique a d’énormes
implications. Compte tenu du niveau actuel de la technologie, une partie de presque tous les types
d’entreprises est numérisée. Ainsi, d’une manière ou d’une autre, chaque industrie tire parti de
la technologie numérique pour être compétitive sur le marché international. L’interconnexion
via l’internet de dispositifs informatiques intégrés dans des objets quotidiens, leur permettant
d’envoyer et de recevoir des données (« l’Internet des objets ») relie déjà plus de 5 milliards de
types d’objets, y compris des voitures, divers types d’appareils ménagers, des trains, des avions
et même des bâtiments entiers. On estime que, d’ici 2024, 27 milliards d’appareils généreront en
permanence des données et les enverront à travers la pièce ou au-delà des frontières (USTR 2017).
Le secteur manufacturier crée plus de données que tout autre secteur de l’économie. Ces données
sont générées à chaque maillon de la chaîne de valeur, de la recherche et du développement aux
services en passant par le fonctionnement des usines - et les entreprises utilisent ces données pour
accroître leur productivité.
6 La localisation des données fait référence à un ensemble d’exigences imposées aux commerçants
numériques pour stocker des données dans une juridiction particulière ou localiser des
installations informatiques localement, ainsi qu’à des interdictions de flux de données
transfrontaliers (USTR 2017). Bien que certains affirment que les exigences de localisation des
données sont nécessaires pour que les gouvernements aient accès aux données pour l’application
de la loi, ou pour protéger au mieux la vie privée de leurs citoyens, ou encore pour promouvoir les
industries nationales, d’autres soutiennent non seulement que la localisation n’est pas la meilleure
réponse politique à ces préoccupations, mais aussi que les coûts de la localisation des données
peuvent être considérables, tant pour les entreprises que pour les économies dans leur ensemble
(Ankeny 2016). Par exemple, il a été estimé que les politiques de localisation des données en
Chine coûteraient jusqu’à 1,1 % de son PIB, réduisant l’investissement intérieur de 1,8 %, les
exportations de 1,7 % et le bien-être de l’équivalent de 13 % du salaire de chaque citoyen. Dans
l’Union européenne, les coûts s’élèveraient à 0,4 % de son PIB, réduiraient l’investissement
de 3,9 % et entraîneraient des coûts de bien-être pouvant atteindre 193 milliards de dollars
américains. Au niveau des entreprises, des études ont montré que les mesures de localisation des
données augmentent le coût de l’hébergement des données de 30 à 60 %. Ces résultats sont dus
au fait qu’Internet permet de centraliser le stockage et le traitement des données, en tirant parti
des économies d’échelle de l’informatique en nuage et d’un Internet mondial sans faille. Lorsque
les gouvernements brisent ces efficacités, ils augmentent de manière exponentielle le coût des
affaires (Ankeny 2016).
7 Constatations basées sur des données de la Banque africaine de développement, de la Banque
mondiale, du Fonds monétaire international, de la Conférence des Nations unies sur le commerce
et le développement et de la Chambre panafricaine de commerce et d’industrie.
142 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

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Annexe A
Estimations par le modèle
de gravité des flux potentiels
d’IDE
Le modèle économétrique est conçu pour estimer les effets des investissements directs
étrangers (IDE) de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Ces
effets de l’IDE entreront dans le modèle d’équilibre général calculable afin de traiter les
effets de l’équilibre général de la ZLECAf par le biais de l’IDE. Il est particulièrement
intéressant d’estimer les effets directs de la ZLECAf, qui se produisent entre les paires
de membres de la ZLECAf, ainsi que les effets sur les pays tiers, qui comprennent les
effets indirects liés aux autres pays. Le modèle économétrique suppose que le stock
d’IDE du pays d’origine i vers le pays de destination j à la période t, yijt , est généré à
partir de la spécification de gravité suivante :

yijt = EXP[δPOLijt + θ1POL1it + θ2POL1jt + ϕ1POL2it + ϕ2POL2jt + Z'ijt β]ηijt.(A.1)

Les perturbations ηijt sont supposées être indépendantes et identiquement distri-


buées, mais éventuellement hétéroscédastiques, de sorte que E[ηijt |Xijt ] = 0, où Xijt est
l’ensemble de toutes les variables incluses dans le terme exponentiel de l’équation (A.1).
Les effets d’intérêt concernent la variable POL, qui est un proxy pour l’existence d’un
traitement préférentiel. Deux spécifications de gravité sont considérées. La première
spécification utilise un indicateur binaire de l’adhésion à un accord commercial préfé-
rentiel (ACPr), POL = ACP-bin, où ACP-bin = 1 lorsqu’un ACPr est en place entre les
pays i et j au cours de l’année t, zéro sinon. La deuxième spécification utilise la profon-
deur du noyau, POL = ACPr-core, qui est un compte du nombre total de dispositions de
base qui sont incluses et légalement exécutoires dans un ACPr (voir Hofmann, Osnago
et Ruta 2017 pour plus de détails).
Notamment, les effets de pays tiers pour les pays d’origine et de destination sont
considérés séparément et déterminés par la distance géographique entre les pays.
Les effets de pays tiers sont saisis par des termes spatiaux, calculés selon LeSage et
Pace (2008). La proximité entre une paire de pays est mesurée comme l’inverse de la

147
148 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

distance entre les capitales, telle que disponible dans la base de données gravitation-
nelle du CEPII (Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales) pour
225 économies. Le point de départ est donc une matrice de 225 par 225 des proximités.
Étant donné la nature dyadique des données, les variables spatiales sont calculées à
la fois pour l’origine et la destination pour chaque paire de pays. Les termes spatiaux,
tant pour l’origine que pour la destination, sont de deux types, et pour les variables de
l’ACPr-bin et de l’ACPr-core.
Les deux premiers termes spatiaux incluent tous les partenaires ayant un accord
avec l’origine et la destination, ce qui correspond respectivement à POL1it et POL1jt
dans l’équation (A.1). Par conséquent, ces variables reflètent l’intégration de type ACPr
de l’origine et de la destination. Le deuxième ensemble de termes spatiaux pour l’origine
et la destination reflète l’appartenance à des accords entre pays tiers dans le reste du
monde, sans inclure les accords avec l’origine et la destination, et correspond à POL2it et
POL2jt , respectivement, dans l’équation (A.1). À titre d’exemple pour la variable ACPr,
considérons une dyade composée de l’Afrique du Sud (ZAF) comme destination et
de la France (FRA) comme origine. La première variable spatiale pour ACPr consi-
dère toutes les autres paires de pays qui incluent ACPr comme destination ou source.
Cette variable reflète le degré d’intégration économique entre l’ACPr et tous les autres
pays du monde, à l’exception de la FRA. La deuxième variable spatiale pour l’ACPr est
plutôt calculée comme la somme pondérée de l’intégration préférentielle entre toutes
les paires de pays, à l’exclusion de l’ACPr. Dans les deux cas, conformément à la littéra-
ture, les poids sont normalisés à l’unité. La variable pour FRA est calculée de manière
similaire. Dans le cas de ACPr-core, l’indicateur binaire est remplacé par le niveau de
l’ACPr-core entre deux pays.
La variable dépendante, le stock bilatéral d’IDE, provient de la base de données
harmonisée sur les IDE bilatéraux du Groupe de la Banque mondiale ; les données sur
les ACPr proviennent de la base de données sur la profondeur horizontale (Hofmann,
Osnago et Ruta 2017). Le vecteur des variables de contrôle, Zijt, comprend le produit
intérieur brut (PIB) des pays d’origine et de destination (provenant des indicateurs de
développement mondial) ainsi que d’autres variables de contrôle. Ces autres variables
de contrôle comprennent une paire d’indicateurs binaires pour l’adhésion conjointe à
l’Organisation mondiale du commerce (à partir de la base de données gravitationnelles
du CEPII) et l’adhésion conjointe à l’Union européenne. Étant donné que l’investis-
sement est réglementé à la fois par les ACPr et les traités bilatéraux d’investissement
(TBI), un indicateur est inclus qui prend la valeur de un pour toutes les années où un
TBI est en vigueur entre la source et la destination (de la Conférence des Nations Unies
sur le commerce et le développement). La taille économique est contrôlée en incluant le
logarithme du PIB des deux pays (de la base de données gravitationnelle du CEPII). Les
changements dans les incitations à l’investissement résultant de la politique fiscale sont
pris en compte en incluant la différence dans les taux d’imposition des sociétés entre la
source et la destination (de la base de données Tax Foundation).
ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES FLUX POTENTIELS D’IDE 149

En outre, l’analyse en composantes principales (ACP) est utilisée pour calculer


un ensemble d’indicateurs qui résument d’autres caractéristiques sociales, politiques
et économiques des pays qui sont probablement des déterminants de l’investissement
et de l’intégration économique. Étant donné un ensemble de caractéristiques pour une
observation donnée, l’ACP permet de calculer un ensemble plus petit d’indicateurs
orthogonaux qui contiennent la plupart des informations incluses dans les caractéris-
tiques originales. La structure de l’économie est décrite par cinq indicateurs issus des
Penn World Tables : le ratio capital-travail, les dotations en capital humain et le pour-
centage du PIB alloué à la consommation privée, à l’investissement et à la consomma-
tion publique. Les caractéristiques culturelles sont représentées par quatre indicateurs
de la base de données gravitationnelle du CEPII qui indiquent le pourcentage de la
population qui est soit catholique, musulmane, protestante, ou qui a d’autres ou aucune
croyance religieuse. La gouvernance et les droits politiques sont inclus en combinant
différents indices provenant de sources multiples. Il s’agit notamment des six indices
de la base de données des indicateurs de gouvernance mondiale (voix et responsabi-
lité, stabilité politique et absence de violence, efficacité du gouvernement, qualité de la
réglementation, état de droit et contrôle de la corruption) ; des indices des droits poli-
tiques, des libertés civiles et du niveau de démocratie de la base de données de Freedom
House ; de l’indice de durabilité du régime du projet de paix systémique ; de l’indice de
concurrence politique de l’ensemble de données Polyarchy ; et de l’indice de contrainte
politique de la base de données POLCON. La population et la superficie du pays (pro-
venant de la base de données gravitationnelle du CEPII) sont également incluses. Les
trois composantes de l’ACP qui s’avèrent être les plus importantes pour les pays d’ori-
gine et de destination sont utilisées dans l’estimation du modèle de gravité. Pour 2017,
elles représentent 76 % de la variance totale de toutes les caractéristiques (première
composante 52 %, deuxième composante 14 % et troisième composante 10 %). En plus
de ces trois composantes de l’ACP pour les pays d’origine et de destination, Zijt com-
prend également les composantes de l’ACP des différences absolues des variables entre
l’origine et la destination. Seules les deuxième et troisième composantes de l’ACP sur
la différence des variables sont significatives et conservées dans la spécification. Enfin,
un ensemble d’effets fixes de paire, d’effets fixes d’origine et de destination variant dans
le temps et d’effets fixes d’année sont ajoutés à Zijt pour tenir compte de l’hétérogénéité
non observée.
L’échantillon couvre 225 économies sur la période 2002-17 (135 027 observations
qui couvrent différentes paires de pays et années). L’estimation est effectuée au moyen
du pseudo-maximum de vraisemblance de Poisson (voir, par exemple, Santos Silva
et Tenreyro, 2006). Le tableau A.1 montre les effets directs et tiers (spatiaux) estimés
de l’appartenance à un ACPr pour le scénario général des IDE de la ZLECAf en uti-
lisant l’indicateur de l’ACPr comme approximation de l’appartenance à un ACPr, et
pour le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, en utilisant l’indicateur de l’ACPr-
core comme approximation du niveau d’intégration de l’ACPr. Les variables spatiales
150 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau A.1 Coefficients liés à l’ACPr issus de la spécification économétrique de gravité

Variables Scénario général des IDE de la Scénario approfondi des IDE de la


ZLECAf ZLECAf
Stocks d’IDE Stocks d’IDE
ACPr-bin 0,211*** (3,158) NA NA
Destination ACPr -bin1 1,352 (0,950) NA NA
Origine ACPr -bin1 -1,029 (-0,712) NA NA
Destination ACPr -bin2 4,771 (0,865) NA NA
Origine ACPr -bin2 -2,524 (-0,480) NA NA
ACPr -core NA NA 0,010*** (2,873)
Destination ACPr -core1 NA NA 0,057 (1,147)
Origine ACPr -core1 NA NA -0,049 (-0,986)
Destination PTA-core2 NA NA 0,196 (1,037)
Origine ACPr -core2 NA NA -0,129 (-0,709)
Source : estimations de la Banque mondiale.
Note : les spécifications comprennent le produit intérieur brut des pays d’origine et de destination et
plusieurs contrôles pour l’appartenance à l’Organisation mondiale du commerce, l’appartenance à l’Union
européenne, l’existence d’un accord bilatéral d’investissement entre la paire, le différentiel entre les taux
d’imposition des sociétés de l’origine et de la destination, et les composantes principales résumant les
déterminants liés à la structure de l’économie, la composition religieuse et la gouvernance. Des effets
fixes de paire, d’année et d’origine et de destination variant dans le temps sont inclus. Couverture de
l’échantillon : 2002-17. Nombre d’économies = 225. Nombre d’observations = 135 027.
Tous les termes de l’ACPr (effets directs et spatiaux) sont conjointement significatifs à 1 % cent (scénario
général des IDE de la ZLECAf, ACPr) et 5 % (scénario approfondi des IDE de la ZLECAf, ACPr-core). La
somme des effets spatiaux est conjointement significative à 5 % pour les régressions dans le scénario
général et le scénario approfondi des IDE de la ZLECAf.
ZLECAf = zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ; ACPr =
accord commercial préférentiel. Statistiques t robustes entre parenthèses. Les erreurs sont regroupées au
niveau de la paire de pays.
*** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1. NA = Non disponible.

capturant la relation ACPr entre tous les partenaires avec l’origine et la destination sont,
respectivement, ACPr-bin1 origine et ACPr-bin1 destination pour la régression sur l’in-
dicateur binaire d’appartenance à l’ACPr, et ACPr-core1 origine et ACPr-core1 desti-
nation pour la régression utilisant l’indicateur de profondeur de noyau. Les variables
spatiales reflétant le degré d’intégration entre les pays du reste du monde, à l’exclusion
des pays d’origine et de destination, sont ACPr-bin2 origine et ACPr-bin2 destination
pour la régression utilisant l’indicateur binaire de l’appartenance à l’ACPr, et PTA-core2
origine et PTA-core2 destination pour la régression sur la profondeur du noyau.
Les effets directs, ACPr-bin et ACPr-core, sont positifs et significatifs. Pour le
scénario général des IDE de la ZLECAf, l’effet direct de la mise en place d’un ACPr
entre deux pays entraîne, en moyenne, une augmentation de l’investissement de
23,5 % (100 × [exp(0,211) - 1]). Pour le second scénario, l’introduction d’un accord de
ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES FLUX POTENTIELS D’IDE 151

profondeur équivalente à 28 entraîne une augmentation de l’investissement de 32,7 %


(100 × [exp(28 × 0,0101) - 1]). Les termes spatiaux ont des signes relatifs et des ampli-
tudes similaires : d’une part, plus le niveau d’intégration économique des voisins de la
destination est élevé, plus le niveau d’investissement est élevé ; d’autre part, l’investis-
sement diminue avec l’accès préférentiel entre les voisins du pays d’origine. La grande
ampleur des effets spatiaux s’explique par le grand nombre de paires de pays dans l’en-
semble de données. Par exemple, le coefficient estimé associé à la destination ACPr-bin1
est lié au cas où le pays de destination a un accès préférentiel à tous les pays de l’échan-
tillon autres que le pays d’origine. Dans la même veine, l’effet de la destination ACPr-
bin2 reflète le cas dans lequel tous les voisins du pays de destination dans l’échantillon
ont un accès préférentiel les uns aux autres, à l’exclusion de la destination.
Trois facteurs principaux influencent la manière dont les pays sont affectés par la
mise en œuvre de la ZLECAf : les ACPr initiaux signés par le pays, les ACPr signés par
les voisins du pays et le niveau initial des IDE. Le premier facteur est l’effet direct, qui
est déterminé par le niveau initial d’intégration. Le second facteur est une interaction
entre la position géographique du pays et le niveau d’intégration acquis par ses voisins.
À cet égard, toutes choses égales par ailleurs, les effets pays tiers auront tendance à
être plus élevés pour les pays dont la position est plus centrale. De même, les effets sur
les pays tiers seront plus élevés si un plus grand nombre de voisins connaissent une
intégration préférentielle accrue. Troisièmement, étant donné que les changements de
pourcentage sont appliqués à l’investissement de base, les niveaux initiaux d’IDE jouent
un rôle dans la détermination des changements d’IDE associés à la mise en œuvre de
la ZLECAf. L’effet conjoint estimé par pays sur les stocks d’IDE est présenté dans les
tableaux A.2 (stock d’IDE entrant) et A.3 (stock d’IDE sortant).

Tableau A.2 Estimation de l’évolution du stock d’IDE entrants en 2035, par économie

Économie Base de Scénario général des IDE de Scénario approfondi des IDE
référence la ZLECAf de la ZLECAf
(2017 USD,
milliards) Changement Variation en Changement Variation en
(US$, pourcentage (USD, pourcentage
milliards) milliards)
République 9.098 18.914 207.89 26.078 286.63
démocratique du Congo
République du Congo 7.108 12.031 169.25 17.166 241.50
Guinée équatoriale 1.441 1.648 114.30 2.303 159.74
Gabon 2.724 3.053 112.06 4.131 151.63
Angola 30.892 34.401 111.36 44.989 145.63
Nigeria 91.120 100.990 110.83 157.052 172.36
(Le tableau continue à la page suivante)
152 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau A.2 Estimation de l’évolution du stock d’IDE entrants en 2035, par économie

Économie Base de Scénario général des IDE de Scénario approfondi des IDE
référence la ZLECAf de la ZLECAf
(2017 USD,
milliards) Changement Variation en Changement Variation en
(US$, pourcentage (USD, pourcentage
milliards) milliards)

Cameroun 2.652 2.918 110.05 4.057 153.00


São Tomé-et-Príncipe 0.133 0.146 109.46 0.189 142.15
Ghana 13.248 13.093 98.83 19.657 148.38
République 0.299 0.287 96.04 0.395 132.17
centrafricaine
Togo 2.262 2.142 94.69 3.068 135.68
Liberia 9.274 8.578 92.49 12.877 138.85
Sierra Leone 0.452 0.414 91.72 0.611 135.23
Guinée 1.103 0.994 90.08 1.480 134.14
Tchad 0.589 0.527 89.46 0.728 123.46
Sainte-Hélène 0.002 0.002 89.20 0.003 114.44
Côte d’Ivoire 8.240 7.299 88.57 10.593 128.55
Sénégal 6.205 5.464 88.05 7.896 127.26
Réunion 0.587 0.516 87.99 0.669 114.02

Mali 4.167 3.475 83.41 5.104 122.49


Burkina Faso 2.531 2.106 83.20 3.061 120.91
Niger 2.481 2.001 80.65 2.893 116.63
Afrique du Sud 114.783 91.931 80.09 123.788 107.85
Mauritanie 12.032 9.014 74.91 10.332 85.87
Gambie, La 2.478 1.824 73.58 2.353 94.94
Botswana 5.429 3.983 73.37 5.382 99.15
Ouganda 9.268 6.629 71.53 9.284 100.17
Somalie 0.018 0.013 70.88 0.014 77.64
Guinée-Bissau 0.254 0.177 69.49 0.250 98.25
Tanzanie 7.105 4.915 69.18 6.750 95.01
Bénin 1.822 1.260 69.14 1.820 99.86
Zambie 22.527 15.409 68.40 21.525 95.55
Mozambique 34.521 23.584 68.32 32.032 92.79
Maurice (île) 246.065 166.287 67.58 223.077 90.66
Kenya 6.664 4.444 66.68 6.172 92.61
Éthiopie 2.342 1.517 64.79 2.147 91.70
Malawi 0.663 0.399 60.21 0.527 79.48
(Le tableau continue à la page suivante)
ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES FLUX POTENTIELS D’IDE 153

Tableau A.2 Estimation de l’évolution du stock d’IDE entrants en 2035, par économie

Économie Base de Scénario général des IDE de Scénario approfondi des IDE
référence la ZLECAf de la ZLECAf
(2017 USD,
milliards) Changement Variation en Changement Variation en
(US$, pourcentage (USD, pourcentage
milliards) milliards)

Madagascar 3.149 1.881 59.74 2.610 82.89


Maroc 34.796 20.763 59.67 26.920 77.37
Érythrée 0.533 0.312 58.43 0.437 81.93
Cap Vert 0.856 0.498 58.14 0.689 80.44
Djibouti 0.295 0.171 57.98 0.237 80.49
Algérie 24.219 13.657 56.39 17.989 74.28
Rwanda 1.799 1.009 56.11 1.346 74.83
Eswatini 1.096 0.609 55.55 0.811 73.92
Burundi 0.049 0.027 55.53 0.038 77.65
Soudan 2.003 1.091 54.46 1.878 93.73
Tunisie 6.366 3.397 53.37 4.401 69.13
Zimbabwe 4.792 2.424 50.58 3.325 69.39
Namibie 4.389 2.174 49.54 2.835 64.59
Seychelles 2.029 0.946 46.64 1.251 61.64
Libye 6.079 2.820 46.38 4.035 66.37
Lesotho 0.076 0.032 42.30 0.041 53.57
République arabe 47.791 17.938 37.53 25.514 53.39
d’Égypte
Comores 0.045 0.016 34.68 0.021 46.86
Sahara occidental 0 0 0 0 0
Source: World Bank estimations.
Note: Mayotte and South Sudan are missing because of lack of data.
154 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau A.3 Estimation de l’évolution du stock d’IDE sortants en 2035, par économie

Économie Base de Scénario général des IDE de Scénario approfondi des IDE
référence la ZLECAf de la ZLECAf
(2017 USD,
milliards) Changement Variation en Changement Variation en
(USD, pourcentage (USD, pourcentage
milliards) milliards)
Guinée équatoriale 0.051 0.028 55.05 0.033 64.08
Mauritanie 0.387 0.181 46.67 0.216 55.64
Comores 0.034 0.015 43.33 0.016 46.80
Guinée 0.120 0.051 42.37 0.054 45.29
Réunion 0.096 0.040 41.55 0.045 47.29
République centrafricaine 0.026 0.011 40.21 0.010 39.69
Burkina Faso 0.206 0.082 40.02 0.118 57.37
Djibouti 0.040 0.015 36.48 0.019 46.07
Togo 3.198 1.125 35.18 1.418 44.36
Ouganda 0.118 0.041 35.00 0.046 39.45
Kenya 2.602 0.900 34.58 1.025 39.37
Mali 0.116 0.039 33.85 0.052 45.02
Niger 0.090 0.029 31.98 0.041 45.08
Somalie 0.028 0.009 31.66 0.010 35.80
Malawi 0.311 0.097 31.03 0.098 31.35
Zimbabwe 0.785 0.242 30.83 0.253 32.27
Tanzanie 1.818 0.541 29.75 0.690 37.96
Ghana 0.554 0.164 29.52 0.203 36.65
Sierra Leone 0.018 0.005 27.11 0.008 44.11
Botswana 1.075 0.248 23.08 0.293 27.30
Lesotho 0.079 0.018 22.49 0.021 26.51
Mozambique 0.536 0.120 22.37 0.133 24.82
Zambie 2.601 0.547 21.01 0.465 17.89
Maroc 4.816 1.000 20.77 1.262 26.21
Burundi 0.021 0.004 18.82 0.004 19.65
Rwanda 0.011 0.002 15.62 0.002 15.05
Tchad 0.004 0.001 13.94 0.000 12.16
Sénégal 1.465 0.189 12.91 0.192 13.12
Afrique du Sud 103.377 12.032 11.64 11.763 11.38
Nigeria 4.931 0.563 11.42 0.146 2.96
Côte d’Ivoire 2.970 0.323 10.87 0.302 10.15
Namibie 1.019 0.098 9.60 0.095 9.34
(Le tableau continue à la page suivante)
ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES FLUX POTENTIELS D’IDE 155

Tableau A.3 Estimation de l’évolution du stock d’IDE sortants en 2035, par économie

Économie Base de Scénario général des IDE de Scénario approfondi des IDE
référence la ZLECAf de la ZLECAf
(2017 USD,
milliards) Changement Variation en Changement Variation en
(USD, pourcentage (USD, pourcentage
milliards) milliards)

République arabe d’Égypte 1.993 0.174 8.71 0.120 6.02


Gambie, La 0.029 0.002 8.13 0.000 0.34
Soudan 0.023 0.002 7.58 0.002 9.80
Tunisie 1.155 0.080 6.89 0.048 4.12
Libye 6.827 0.432 6.33 0.118 1.73
République démocratique du 0.185 0.011 6.05 −0.011 −5.74
Congo.
Angola 5.279 0.250 4.73 −0.026 −0.50
Madagascar 0.773 0.036 4.67 −0.030 −3.88
Bénin 0.364 0.000 0.05 −0.022 −6.02
Eswatini 1.973 −0.072 −3.66 −0.238 −12.04
Cap Vert 0.059 −0.004 −6.29 −0.008 −13.48
Seychelles 10.220 −0.800 −7.82 −1.822 −17.83
Algérie 1.192 −0.095 −7.98 −0.186 −15.57
Maurice (île) 199.189 −20.433 −10.26 −38.286 −19.22
Érythrée 0.002 0.000 −15.07 0.000 −25.70
Éthiopie 0.059 −0.009 −15.33 −0.016 −27.24
Guinée-Bissau 0.008 −0.002 −19.21 −0.003 −33.62
Gabon 0.768 −0.166 −21.62 −0.259 −33.69
São Tomé et Príncipe 0.034 −0.008 −23.21 −0.012 −35.56
Cameroun 0.263 −0.063 −24.04 −0.098 −37.15
Sahara occidental 0.028 −0.007 −24.78 −0.010 −35.19
Liberia 10.010 −2.501 −24.98 −3.933 −39.30
Sainte-Hélène 0.004 −0.001 −26.57 −0.002 −37.76
République du Congo 0.277 −0.077 −27.85 −0.115 −41.45
Source: World Bank estimations.
Note: Mayotte and South Sudan are missing from table because of lack of data.
156 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

RÉFÉRENCES
1. Hofmann, Claudia, Alberto Osnago, and Michele Ruta. 2017. “Horizontal Depth: A New Database
on the Content of Preferential Trade Agreements.” Policy Research Working Paper 7981, World
Bank, Washington, DC.

2. LeSage, J. P., and R. K. Pace. 2008. “Spatial Econometric Modeling of Origin-Destination Flows.”
Journal of Regional Science 48 (5): 941–67.

3. Santos Silva, J. M .C., and S. Tenreyro. 2006. “The Log of Gravity.” Review of Economics and
Statistics 88: 641–58.
Annexe B
Estimations par le modèle
de gravité des réductions
de MNT induites par les
engagements profonds
en matière d’accords
commerciaux préférentiels
INTRODUCTION
Pour estimer les réductions des coûts des mesures non tarifaires (MNT) d’une éven-
tuelle zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), cette analyse suit l’ap-
proche descendante basée sur la gravité d’Egger et al. (2015). Par conséquent, au lieu
d’utiliser des informations détaillées sur les MNT (connues sous le nom d’évaluation
ascendante), ce rapport déduit les réductions des coûts des MNT directement de la
variation observée du commerce lorsqu’on contrôle la présence d’accords commer-
ciaux préférentiels (ACPr). Ainsi, cette approche diffère de celle consistant à émettre
des hypothèses directes de scénario sur la base des estimations de MNT disponibles
(par exemple, Kee et Nicita 2016 ; Kee, Nicita et Olarreaga 2009), à utiliser des termes
d’interaction pour les variables de MNT et d’ACPr qui identifient les réductions de
coûts commerciaux des MNT (Cadot et Gourdon 2016), ou à supposer que les coeffi-
cients des dispositions spécifiques d’ACPr liées aux MNT mesurent avec précision les
effets correspondants des changements de coûts commerciaux de MNT (par exemple,
Disdier, Fontagne et Cadot 2015). Cette stratégie d’identification est rendue possible
par l’utilisation d’un taux tarifaire appliqué qui apprécie les calendriers de réduction
tarifaire basés sur l’ACPr et, par conséquent, la composante tarifaire de l’ACPr. Cela
permet ensuite de distinguer les réductions des coûts commerciaux des MNT liées à
l’ACPr de celles qui découlent des concessions tarifaires.

157
158 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

L’étude repose sur l’hypothèse que toutes les autres réductions des coûts com-
merciaux liés aux MNT induites par les ACPr, c’est-à-dire les réductions de coûts que
l’exercice vise réellement à identifier, sont alors appréhendées par la variable de l’ACPr
incluse à côté du taux tarifaire appliqué. Contrairement à d’autres approches, cette ana-
lyse ne vise pas à déterminer les effets exacts des dispositions des ACPr en fonction de
l’incidence de la MNT respective. Cette approche est moins exigeante dans ses besoins
de données politiques détaillées du côté des données d’entrée, tout en permettant à
l’analyse de relier la conception de l’expérience du modèle à l’impact observé d’accords
tels que la ZLECAf sur les flux commerciaux (et donc, par définition, en évitant la
nécessité de supposer les effets). En outre, l’étude considère que les réductions des coûts
commerciaux sont symétriques, ce qui ne tient pas compte de la variation de certaines
MNT spécifique à chaque pays. Toutefois, compte tenu de la profondeur et de la com-
plexité des ACPr modernes (voir, par exemple, Mattoo, Rocha et Ruta 2020) et de l’hé-
térogénéité des MNT (CNUCED 2019), une stratégie d’identification et d’estimation
ascendante serait très complexe (par exemple, l’enquête devrait prendre en compte la
colinéarité des dispositions coexistantes, ou les corrections d’endogénéité pour diffé-
rentes dispositions, ainsi que les MNT), et elle dépendrait de la disponibilité de don-
nées détaillées sur les MNT correspondant au contenu des dispositions des ACPr, et
celles-ci n’existent tout simplement pas à l’heure actuelle.
L’approche choisie convient pour déduire un scénario complémentaire au scénario
original de la ZLECAf (appelé scénario commercial de la ZLECAf dans ce volume), qui
comprenait des réductions tarifaires, un ensemble restreint de MNT et la facilitation
des échanges. Plus précisément, les réductions de MNT inscrites dans le scénario ori-
ginal sont dans l’ensemble des mesures non techniques (voir Kee, Nicita et Olarreaga
2009, 181). Toutefois, les ACPr modernes et approfondis, tels que la ZLECAf envisa-
gée, contiennent un ensemble beaucoup plus développé de dispositions non tarifaires,
notamment, mais pas exclusivement, des dispositions concernant l’harmonisation et
la reconnaissance mutuelle des mesures techniques (par exemple, les mesures sani-
taires et phytosanitaires, les obstacles techniques aux évaluations de conformité liées
au commerce, les normes, les évaluations des risques, etc. ), ainsi que les dispositions
relatives à l’investissement. Cet ensemble élargi de coûts commerciaux liés aux MNT
abordés par les ACPR modernes est pris en compte par l’approche de ce volume, et
peut être utilisé lors de la spécification des réductions des coûts commerciaux pour le
modèle d’équilibre général calculable. L’estimation de la gravité structurelle repose sur
une spécification économétrique de l’équation de gravité qui est cohérente avec la théo-
rie microéconomique qui sous-tend le modèle d’équilibre général calculable.

DONNÉES
Conformément à la base de données utilisée pour l’exercice de modélisation en équi-
libre général calculable, cette analyse utilise les données commerciales de 2014 du
ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES RÉDUCTIONS DE MNT INDUITES PAR LES 159
ENGAGEMENTS PROFONDS EN MATIÈRE D’ACCORDS COMMERCIAUX PRÉFÉRENTIELS

Global Trade Analysis Project, qui incluent l’absorption interne. En outre, elle utilise les
contrôles suivants : les variables de distance gravitationnelle standard proviennent du
CEPII (Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales) ; les variables
relatives aux accords commerciaux proviennent de la Banque mondiale (Hofmann,
Osnago et Ruta 2017) ; et les données relatives au produit intérieur brut sont extraites
des indicateurs de développement mondial de la Banque mondiale. En outre, l’enquête
construit une variable pour le décalage horaire entre les pays, suivant Egger et al. (2011) ;
une variable qui indique si deux pays étaient auparavant le même pays ; et un indicateur
de type réseau sectoriel pour le nombre de partenaires commerciaux partagés.
En outre, l’analyse utilise un ensemble de variables sur la structure de l’économie,
la zone géographique du pays, la composition religieuse, la gouvernance et l’état de la
démocratie pour effectuer une analyse en composantes principales sur les différences
absolues pour un indicateur composite bilatéral, et directement sur les variables pour
les indicateurs spécifiques à la destination. Ce dernier exercice est également effectué
pour les indices capturant la qualité de la facilitation du commerce, c’est-à-dire le coût
de la circulation des marchandises à travers les frontières, et les indicateurs de perfor-
mance logistique. Cette étape est importante pour réduire le chevauchement potentiel
avec la composante de facilitation du commerce du scénario original. Les indicateurs
composites spécifiques à la destination interagissent ensuite avec la variable muette du
commerce intérieur pour tenir compte de l’hétérogénéité de l’effet du marché intérieur.
Enfin, en fonction du type de commerce (biens ou services), deux types de
variables de politique commerciale sont utilisés pour évaluer l’élasticité du commerce.
Tout d’abord, la variable tarifaire est combinée à partir de plusieurs sources avec l’ordre
de préférence suivant : Market Access Map (MacMap) Accords de partenariat éco-
nomique (calendriers de réduction tarifaire disponibles pour plus de 300 accords),
préférentiel MacMap, préférentiel du système d’analyse et d’information commerciale
de la CNUCED (TRAINS), nation la plus favorisée appliquée par MacMap, nation la
plus favorisée appliquée par TRAINS, et taux consolidés de l’Organisation mondiale
du commerce. Ainsi, la préférence est donnée aux taux MacMap, lorsqu’ils sont dis-
ponibles, afin de minimiser le mélange de taux avec différentes méthodologies sous-
jacentes pour calculer les équivalents tarifaires ad valorem (EAV). Étant donné que
l’analyse repose sur des informations de haute qualité sur les calendriers de réduction
tarifaire pour la stratégie d’identification, il est préférable de travailler avec les accords
de partenariat économique MacMap qui ne sont disponibles qu’à partir de 2014. En
combinant cela avec la dernière version publique du Global Trade Analysis Project,
l’enquête est limitée à une section transversale de 2014. Deuxièmement, l’indice glo-
bal sectoriel des restrictions commerciales de la Banque mondiale pour le commerce
des services est utilisé (Jafari et Tarr 2017). Ceux-ci ne sont disponibles que pour huit
secteurs (commerce, transport, transport maritime, transport aérien, communication,
services financiers, assurance et services aux entreprises). Pour les autres secteurs, l’in-
dice total des restrictions au commerce des services est utilisé comme approximation.
160 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

RÉSULTATS
Les résultats suggèrent qu’en moyenne, la réduction des coûts commerciaux liée aux
MNT est de 2,6 points de pourcentage pour le commerce des biens et de 13 points de
pourcentage pour le commerce des services. Cette différence d’ampleur entre les biens
et les services est raisonnable, étant donné que la politique commerciale des services
est généralement considérée comme plus restrictive que celle des biens. Par exemple,
l’indicateur AVE sur les biens le plus élevé identifié par Cadot et Gourdon (2016) est
de 26,2 % pour les produits animaux, alors que les estimations de Jafari et Tarr (2017)
pour les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) sont de 35 % et 31 % pour les services de téléphonie fixe et d’assurance, res-
pectivement. Les politiques commerciales des services des pays en transition et à faible
revenu sont encore plus restrictives. Ainsi, le potentiel de réduction des coûts commer-
ciaux induits par les ACPr est susceptible d’être plus élevé pour les services que pour
les marchandises.
Par ailleurs, l’ampleur globale (c’est-à-dire la moyenne de l’effet entre les sec-
teurs) de l’effet des ACPr est conforme aux estimations de Cadot et Gourdon (2016)
qui constatent une réduction des coûts des MNT basée sur les ACPr de 2,1 points de
pourcentage, soit 20 % de moins que les estimations ici. Toutefois, leurs estimations
n’incluent que les mesures sanitaires et phytosanitaires et les obstacles techniques au
commerce, et par conséquent n’appréhendent pas les autres effets potentiels non tari-
faires des ACPr modernes (par exemple, les dispositions relatives aux investissements,
aux droits de propriété intellectuelle, à la concurrence ou aux marchés publics).
Le tableau B.1 résume les estimations sectorielles des réductions des coûts des
MNT, différenciées entre les secteurs des biens et des services. Pour les secteurs des
biens, l’analyse établit une correspondance entre les effets moyens des ACPr mesurés

Tableau B.1 Réductions moyennes des coûts des MNT induites par la ZLECAf dans le cadre du
scénario approfondi sur les IDE

Code GTAP Nom GTAP Core ZLECAf


Marchandises
1_pdr Riz paddy 15,0
2_wht Blé 50,5
3_gro Grains de céréales n.e.s. 15,5
4_v_f Légumes, fruits, noix 11,9
5_osd Graines oléagineuses 20,9
6_c_b Canne à sucre, betterave à sucre 13,9
(Le tableau continue à la page suivante)
ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES RÉDUCTIONS DE MNT INDUITES PAR LES 161
ENGAGEMENTS PROFONDS EN MATIÈRE D’ACCORDS COMMERCIAUX PRÉFÉRENTIELS

Tableau B.1 Réductions moyennes des coûts des MNT induites par la ZLECAf dans le cadre du
scénario approfondi sur les IDE

Code GTAP Nom GTAP Core ZLECAf

7_pfb Fibres végétales 0,0


8_ocr Cultures n.e.s. 4,4
9_ctl Bovins, ovins et caprins, chevaux 3,4
10_oap Produits animaux n.e.s. 4.,5
11_rmk Lait cru 0,0
12_wol Laine, cocons de vers à soie 8,0
13_frs Foresterie 3,2
14_fsh Pêche 8,0
15_coa Charbon 0,0

16_huile Huile 0,0


17_gaz Gaz 0,0
18_oxt Autres extractions (anciennement Minéraux n.e.s.) 4,9
19_cmt Produits à base de viande bovine 6,3
20_omt Produits à base de viande n.e.s. 5,4
21_vol Huiles et graisses végétales 26,5
22_mil Produits laitiers 0,0
23_pcr Riz transformé 2,1
24_sgr Sucre 2,1
25_ofd Produits alimentaires n.e.s. 2,7
26_b_t Boissons et produits du tabac 10,7
27_tex Textiles 1,8
28_wap Vêtements 0,0
29_lea Produits en cuir 0,0
30_lum Produits en bois 0,7
31_ppp Produits en papier, édition 6,7
32_p_c Produits du pétrole et du charbon 5,4
33_chm Produits chimiques 2,9
34_bph Produits pharmaceutiques de base 0,0
35_rpp Produits en caoutchouc et en plastique 4,0
36_nmm Produits minéraux n.e.s. 2,9
37_i_s Métaux ferreux 3,8
38_nfm Métaux n.e.s. 1,2
(Le tableau continue à la page suivante)
162 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau B.1 Réductions moyennes des coûts des MNT induites par la ZLECAf dans le cadre du
scénario approfondi sur les IDE

Code GTAP Nom GTAP Core ZLECAf

39_fmp Produits métalliques 2,3


40_ele Produits informatiques, électroniques et optiques 2,2
41_eeq Équipement électrique 3,1
42_ome Machines et équipements n.e.s. 2,8
43_mvh Véhicules à moteur et pièces détachées 0,5
44_otn Matériel de transport n.e.s. 0,0
45_omf Produits manufacturés n.e.s. 1,7
46_ely Électricité 0,0
47_gdt Fabrication et distribution de gaz 0,0
Services
48_wtr Eau 15,5
49_cns Construction 3,3
50_trd Commerce 26,8
51_afs Hébergement, restauration et services 18,1
52_otp Transport n.e.s. 30,6
53_wtp Transport de l’eau 35,7
54_atp Transport aérien 294,6
55_whs Entreposage et activités de soutien 38,4
56_cmn Communication 18,6
57_ofi Services financiers n.e.s. 29,9
58_ins Assurance 13,4
59_rsa Activités immobilières 4,1
60_obs Services aux entreprises n.e.s. 0,0
61_ros Services récréatifs et autres 3,8
62_osg Administration publique et défense 0,0
63_edu Éducation 0,0
64_hht Activités de santé humaine et d’action sociale 9,1
Source : Estimations de la Banque mondiale.
Note : ZLECAf = Zone de libre-échange continentale africaine ; IDE = investissement direct étranger ;
GTAP = Projet d’analyse du commerce mondial ; n.e.s. = non spécifié ailleurs ; MNT = mesure non tarifaire ;
ACPr = accord commercial préférentiel.
ESTIMATIONS PAR LE MODÈLE DE GRAVITÉ DES RÉDUCTIONS DE MNT INDUITES PAR LES 163
ENGAGEMENTS PROFONDS EN MATIÈRE D’ACCORDS COMMERCIAUX PRÉFÉRENTIELS

Figure B.1 Moyennes équivalentes ad valorem de la réduction des coûts des MNTinduite par les
ACPr

a. Marchandises
30

21_vol
AVE de base de la Banque mondiale

5_osd
20

3_gro 1_pdr
6_c_b
4_v_f

10 12_wol
31_ppp
14_fsh 19_cmt 20_omt
10_oap 32_p_c 37_i_s 8_ocr
41_eeq
13_frs 39_fmp40_ele 18_oxt 9_ctl
24_sgr 33_chm35_rpp
45_omf 42_ome 36_nmm
38_nfm 27_tex 25_ofd 23_pcr
16_oil 43_mvh 15_coa 22_mil
0 10 20 30
Average PTA-based AVE

b. Services

40

30
AVE moyen basé sur l’ACPr

20

10

0
d

sa
tp

os
mn

du

ht
fs

hs

fi

bs
tr

sg
ns

_in
_o
_tr

t
_w

_a

_h
_w
_o

_r
_c

_w

_o

_r

_o

_e
_c

57
50

58
51

59

61
48

64
52
49

60

62
53

63
55

56

Secteur

Source : Estimations de la Banque mondiale.


Note : les valeurs aberrantes ont été supprimées (secteurs 2 et 26 pour les biens ; secteur 54 pour les
services). AVE = équivalent ad valorem ; ACPr = accord commercial préférentiel.
164 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

par une variable fictive de l’ACPr et les effets des ACPr impliqués par un score de l’in-
dice de base de la Banque mondiale pour la profondeur de la ZLECAf. Ainsi, ces effets
s’appliquent aux paires de pays de la ZLECAf qui n’ont pas d’accord commercial actuel-
lement en vigueur. En moyenne, la variable muette de l’ACPr détecte des effets plus
importants que l’indice de base, bien que les deux soient fortement corrélés. En outre,
conformément à la différence entre les réductions totales des coûts des biens et des ser-
vices, la majorité des secteurs des services devraient connaître des économies de coûts
commerciaux relativement plus élevées que la plupart des secteurs des biens.
Dans l’ensemble, la majorité des secteurs de marchandises se situent dans le qua-
drant inférieur gauche de la figure B.1, ce qui signifie que leurs réductions de coûts
MNT induites par les ACPr vont de 0 à 10 %. Les économies de coûts commerciaux
les plus importantes sont susceptibles d’être réalisées dans un groupe de secteurs ali-
mentaires primaires et transformés liés à l’agriculture (par exemple, 1-Riz paddy ;
3-Céréales n.e.s. ; 4-Légumes, fruits et noix ; 5-Graines oléagineuses ; 9-Bovins, ovins
et caprins, chevaux ; 21-Végétaux et huiles). En général, ces secteurs ont une incidence
élevée d’obstacles sanitaires et phytosanitaires et d’obstacles techniques aux mesures
liées au commerce. Potentiellement, ils devraient être très favorisés par un ACPr visant
à promouvoir l’harmonisation réglementaire par le biais de la reconnaissance mutuelle,
de l’adoption de normes internationales, d’initiatives de transparence et d’outils simi-
laires permettant de réduire le fardeau réglementaire lié engendré par la conduite des
affaires transfrontalières. Les services, en particulier les secteurs du transport aérien,
maritime et autres, ainsi que l’entreposage – c’est-à-dire, plus généralement, les services
logistiques – bénéficient de réductions importantes des coûts commerciaux. En géné-
ral, il s’agit de services qui facilitent le commerce des marchandises. En outre, dans les
services de détail (inclus dans le commerce 50) et le commerce des services financiers,
les MNT ont été traitées par des accords antérieurs. En revanche, les services qui sont
généralement fournis par le secteur public ou qui sont fortement réglementés et qui,
pour la plupart, ne sont pas inclus dans les ACPr (par exemple, les services d’éducation
ou de santé) n’ont pas bénéficié de réductions significatives des coûts des MNT dans les
accords de services passés.

RÉFÉRENCES
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Prices: New Evidence.” Review of World Economics 1522 (May): 227–49. https://doi.org/10.1007​/
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Harmonization and International Trade.” World Bank Economic Review 29 (2): 327–52. https://doi​
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on the Content of Preferential Trade Agreements.” Policy Research Working Paper 7981, World
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Jafari, Yaghoob, and David G. Tarr. 2017. “Estimates of Ad Valorem Equivalents of Barriers against
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Kee, Hiau Looi, and Alessandro Nicita. 2016. “Trade Frauds, Trade Elasticities and Non-Tariff
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of Non-Tariff Measures 2019. Geneva: UN. https://doi.org/10.18356/33bf0bc6-en.
Annexe C
Agrégation géographique
et sectorielle dans le
modèle EGC
L’année de référence du modèle d’équilibre général calculable (EGC) est 2014, et il est
initialisé et calibré à la base de données Global Trade Analysis Project (GTAP), ver-
sion 10. La base de données GTAP version 10 a été recalibrée après l’inclusion d’une
matrice de comptabilité sociale pour la République démocratique du Congo. Les
141 régions résultantes de la base de données ont été agrégées en 34 régions (tableau
C.1). De même, les 65 secteurs de la base de données ont été agrégés en 21 secteurs
(tableau C.2), en mettant en valeur les secteurs manufacturiers faisant le plus l’objet
d’échanges et sur les services de commerce et de transport.

Tableau C. 1 Concordance régionale de GTAP

Nom de la région ou du pays Concordance GTAP


1 République arabe d’Égypte (EGY) République arabe d’Égypte (EGY)
2 Maroc (MAR) Maroc (MAR)
3 Tunisie (TUN) Tunisie (TUN)
4 Reste de l’Afrique du Nord (XNF) Reste de l’Afrique du Nord (XNF)
5 Burkina Faso (BFA) Burkina Faso (BFA)
6 Cameroun (CMR) Cameroun (CMR)
7 Côte d’Ivoire (CIV) Côte d’Ivoire (CIV)
8 Ghana (GHA) Ghana (GHA)
9 Nigeria (NGA) Nigeria (NGA)
10 Sénégal (SEN) Sénégal (SEN)
11 Reste de l’Afrique de l’Ouest Bénin (BEN), Guinée (GIN), Togo (TGO), Reste de l’Afrique de l’Ouest
(XWF) (XWF)
12 Afrique centrale (XCF) Afrique centrale (XCF)
(Le tableau continue à la page suivante)

155
156 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau C. 1 Concordance régionale de GTAP

Nom de la région ou du pays Concordance GTAP

13 République démocratique du République démocratique du Congo (COD)


Congo (COD)
14 Éthiopie (ETH) Éthiopie (ETH)
15 Kenya (KEN) Kenya (KEN)
15 Madagascar (OMD) Madagascar (OMD)
17 Malawi (MWI) Malawi (MWI)
18 Maurice (MUS) Maurice (MUS)
19 Mozambique (MOZ) Mozambique (MOZ)
20 Rwanda (RWA) Rwanda (RWA)
21 Tanzanie (TZA) Tanzanie (TZA)
22 Ouganda (UGA) Ouganda (UGA)
23 Zambie (ZMB) Zambie (ZMB)
24 Zimbabwe (ZWE) Zimbabwe (ZWE)
25 Reste de l’Afrique de l’Est (XEC) Reste de l’Afrique de l’Est (XEC)
26 Botswana (BWA) Botswana (BWA)
27 Namibie (NAM) Namibie (NAM)
28 Afrique du Sud (ZAF) Afrique du Sud (ZAF)
29 Reste de l’Union douanière Reste de l’Union douanière d’Afrique australe (XSC)
d’Afrique australe (XSC)
30 Chine (CHN) Chine (CHN)
31 Reste de l’Asie de l’Est (XEA) Hong Kong SAR, Chine (HKG) ; Japon (JPN) ; Corée, Rép. de (KOR) ;
Mongolie (MNG) ; Taiwan, Chine (TWN) ; reste de l’Asie de l’Est
(XEA) ; Brunei Darussalam (BRN) ; Cambodge (KHM) ; Indonésie
(IDN) ; Lao PDR (LAO) ; Malaisie (MYS) ; Philippines (PHL) ; Singapour
(SGP) ; Thaïlande (THA) ; Vietnam (VNM) ; reste de l’Asie du Sud-Est
(XSE).
32 États-Unis (USA) États-Unis (USA)

33 Union européenne + AELE (UEO) Autriche (AUT), Belgique (BEL), Chypre (CYP), République tchèque
(CZE), Danemark (DNK), Estonie (EST), Finlande (FIN), France (FRA),
Allemagne (DEU), Grèce (GRC), Hongrie (HUN), Irlande (IRL), Italie
(ITA), Lettonie (LVA), Lituanie (LTU), Luxembourg (LUX), Malta (MLT),
Pays-Bas (NLD), Pologne (POL), Portugal (PRT), Slovaquie (SVK),
Slovénie (SVN), Espagne (ESP), Suède (SWE), Royaume-Uni (GBR),
Suisse (CHE), Norvège (NOR), Reste de AELE (XEF), Bulgarie (BGR),
Croatie (HRV), Roumanie (ROU)
(Le tableau continue à la page suivante)
AGRÉGATION GÉOGRAPHIQUE ET SECTORIELLE DANS LE MODÈLE EGC 157

Tableau C. 1 Concordance régionale de GTAP

Nom de la région ou du pays Concordance GTAP

34 Reste du monde (ROW) Australie (AUS) ; Nouvelle-Zélande (NZL) ; reste de l’Océanie (XOC) ;
Bangladesh (BGD) ; Inde (IND) ; Népal (NPL) ; Pakistan (PAK) ;
Sri Lanka (LKA) ; reste de l’Asie du Sud (XSA) ; Canada (CAN) ;
Mexique (MEX) ; reste de l’Amérique du Nord (XNA) ; Argentine
(ARG) ; Bolivie (BOL), Brésil (BRA) ; Chili (CHL) ; Colombie (COL) ;
Équateur (ECU) ; Paraguay (PRY) ; Pérou (PER) ; Uruguay (URY) ;
Venezuela, RB (VEN) ; Reste de l’Amérique du Sud (XSM) ; Costa
Rica (CRI) ; Guatemala (GTM) ; Honduras (HND) ; Nicaragua (NIC) ;
Panama (PAN) ; El Salvador (SLV) ; reste de l’Amérique centrale
(XCA) ; République dominicaine (DOM) ; Jamaïque (JAM) ; Porto Rico
(PRI) ; Trinité-et-Tobago (TTO) ; reste des Caraïbes (XCB) ; Albanie
(ALB) ; Biélorussie (BLR) ; Fédération de Russie (RUS) ; Ukraine
(UKR) ; reste de l’Europe de l’Est (XEE) ; reste de l’Europe (XER) ;
Kazakhstan (KAZ) ; Kirghizistan (KGZ) ; Tadjikistan (TJK) ; reste de
l’ancienne Union soviétique (XSU) ; Arménie (ARM) ; Azerbaïdjan
(AZE) ; Géorgie (GEO) ; Bahreïn (BHR) ; Iran, Rép. islamique (IRN) ;
Israël (ISR) ; Jordanie (JOR) ; Koweït (KWT) ; Oman (OMN) ; Qatar
(QAT) ; Arabie saoudite (SAU) ; Turquie (TUR) ; Émirats arabes unis
(ARE) ; reste de l’Asie occidentale (XWS) ; reste du monde (XTW).
32 United States (USA) United States (USA)
33 European Union + EFTA (WEU) Austria (AUT), Belgium (BEL), Cyprus (CYP), Czech Republic (CZE),
Denmark (DNK), Estonia (EST), Finland (FIN), France (FRA), Germany
(DEU), Greece (GRC), Hungary (HUN), Ireland (IRL), Italy (ITA), Latvia
(LVA), Lithuania (LTU), Luxembourg (LUX), Malta (MLT), Netherlands
(NLD), Poland (POL), Portugal (PRT), Slovakia (SVK), Slovenia (SVN),
Spain (ESP), Sweden (SWE), United Kingdom (GBR), Switzerland
(CHE), Norway (NOR), Rest of EFTA (XEF), Bulgaria (BGR), Croatia
(HRV), Romania (ROU)
34 Rest of the World (ROW) Australia (AUS); New Zealand (NZL); Rest of Oceania (XOC);
Bangladesh (BGD); India (IND); Nepal (NPL); Pakistan (PAK); Sri
Lanka (LKA); Rest of South Asia (XSA); Canada (CAN); Mexico (MEX);
Rest of North America (XNA); Argentina (ARG); Bolivia (BOL), Brazil
(BRA); Chile (CHL); Colombia (COL); Ecuador (ECU); Paraguay (PRY);
Peru (PER); Uruguay (URY); Venezuela, RB (VEN); Rest of South
America (XSM); Costa Rica (CRI); Guatemala (GTM); Honduras (HND);
Nicaragua (NIC); Panama (PAN); El Salvador (SLV); Rest of Central
America (XCA); Dominican Republic (DOM); Jamaica (JAM); Puerto
Rico (PRI); Trinidad and Tobago (TTO); Rest of Caribbean (XCB);
Albania (ALB); Belarus (BLR); Russian Federation (RUS); Ukraine
(UKR); Rest of East Europe (XEE); Rest of Europe (XER); Kazakhstan
(KAZ); Kyrgyzstan (KGZ); Tajikistan (TJK); Rest of Former Soviet
Union (XSU); Armenia (ARM); Azerbaijan (AZE); Georgia (GEO);
Bahrain (BHR); Iran, Islamic Rep. (IRN); Israel (ISR); Jordan (JOR);
Kuwait (KWT); Oman (OMN); Qatar (QAT); Saudi Arabia (SAU); Turkey
(TUR); United Arab Emirates (ARE); Rest of West Asia (XWS); Rest of
the World (XTW)
Source : Banque mondiale 2020.
Note : GTAP = Projet d’analyse du commerce mondial.
158 Tirer le meilleur parti de la Zone de libre-échange continentale africaine

Tableau C.2 Concordance des secteurs GTAP

Nom du secteur Concordance GTAP

1 Agriculture (AGR) Riz paddy (PDR) ; blé (WHT) ; céréales n.e.s. (GRO) ; légumes, fruits,
noix (V_F) ; oléagineux (OSD) ; canne à sucre, betterave à sucre
(C_B) ; fibres végétales (PFB) ; cultures n.e.s. (OCR) ; bovins, ovins
et caprins, chevaux (CTL) ; produits animaux n.e.s. (OAP) ; lait cru
(RMK) ; laine, cocons de vers à soie (WOL) ; sylviculture (FRS).
2 Combustibles fossiles (FFL) Charbon (COA), pétrole (OIL), gaz (GAS), fabrication et distribution
de gaz (GDT)
3 Minéraux n.c.a. (OXT) Autre extraction (anciennement OMN Minéraux n.e.s.) (OXT)
4 Aliments transformés (PFD) Pêche (FSH), produits à base de viande bovine (CMT), produits à
base de viande n.e.s. (OMT), huiles et graisses végétales (VOL),
produits laitiers (MIL), riz transformé (PCR), sucre (SGR), produits
alimentaires n.e.s. (OFD), boissons et produits du tabac (B_T)
5 Produits en bois et en papier Produits en bois (LUM), produits en papier, édition (PPP)
(WPP)
6 Textiles et habillement (TWP) Textiles (TEX), habillement (WAP), produits en cuir (LEA)
7 Fabrication à forte intensité Produits minéraux n.e.s. (NMM), métaux ferreux (I_S), métaux n.e.s.
énergétique (KE5) (NFM)
8 Produits du pétrole et du Produits du pétrole et du charbon (P_C)
charbon (P_C)
9 Produits chimiques, caoutchouc Produits chimiques (CHM), produits pharmaceutiques de base
et plastiques (crp) (BPH), produits en caoutchouc et en plastique (RPP)
10 Produits manufacturés, n.m.a. Produits métalliques (FMP) ; produits informatiques, électroniques
(XMN) et optiques (ELE) ; équipements électriques (EEQ) ; machines et
équipements n.e.s. (OME) ; véhicules à moteur et pièces détachées
(MVH) ; matériel de transport n.e.s. (OTN) ; produits manufacturés
n.e.s. (OMF)
11 Construction (CNS) Construction (CNS)
12 Services commerciaux (TRD) Commerce (TRD) ; hébergement, restauration et services (AFS) ;
entreposage et activités de soutien (WHS).
13 Services de transport routier et Transport n.e.s. (OTP)
ferroviaire (OTP)
14 Services de transport de l’eau Transport de l’eau (WTP)
(WTP)
15 Services de transport aérien Transport aérien (ATP)
(ATP)
16 Services de communication Communication (CMN)
(CMN)
17 Autres services financiers (OFI) Services financiers n.e.s. (OFI)

(Le tableau continue à la page suivante)


AGRÉGATION GÉOGRAPHIQUE ET SECTORIELLE DANS LE MODÈLE EGC 159

Tableau C.2 Concordance des secteurs GTAP

Nom du secteur Concordance GTAP

18 Assurances, services immobiliers Assurance (anciennement ISR) (INS)


(INS)
19 Autres services aux entreprises Activités immobilières (RSA), services aux entreprises n.e.s. (OBS)
(OBS)
20 Services récréatifs et autres Services récréatifs et autres (ROS)
(ROS)
21 Autres services (XSV) Électricité (ELY), eau (WTR), administration publique et défense
(OSG), éducation (EDU), santé humaine et action sociale (HHT),
logements (DWE).

Source : Banque mondiale 2020.


Note : GTAP = Projet d’analyse du commerce mondial ; n.e.s. = non spécifié ailleurs.

RÉFÉRENCE
Banque mondiale. 2020. La Zone de libre-échange continentale africaine : effets économiques et dis-
tributifs. Washington, DC : Banque mondiale. doi:10.1596/978-1-4648-1559-1.

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