Vous Etes Capable Print
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Introduction vii
Confidentialité ix
PARTIE I
LÀ OÙ TOUT COMMENCE
1. Coupable d’être abandonnée 3
2. Coupable d’être la seule 6
3. Coupable d’être différente 9
4. Coupable d’être rejetée 12
5. Coupable d’être imparfaite 17
6. Coupable d’être égoïste 22
PARTIE II
LÀ OÙ TOUT BASCULE
7. Responsable d’aimer 27
8. Responsable de ce qui est arrivé 30
9. Responsable du pire 34
10. Responsable de mon enfermement 37
11. Responsable de ma folie 42
12. Responsable de ma rencontre 44
PARTIE III
LÀ OÙ TOUT S’ENCHAÎNE
13. Apte à tomber amoureuse 53
14. Apte à la rechute 56
15. Apte à être trahie 59
16. Apte à pardonner 62
17. Apte à rebondir 65
PARTIE IV
LÀ OÙ TOUT PREND VIE
18. Capable de mieux pour moi-même 71
19. Capable d’entreprendre 75
20. Capable d’être maman 78
21. Capable de décider 82
22. Capable de créer 85
Conclusion 89
Avant de terminer… 93
Remerciements 95
INTRODUCTION
Je suis d’avis qu’il n’est pas possible de faire disparaître ses douleurs et
encore moins les plus profondes. Tous ceux qui affirment le contraire
n’ont probablement pas vécu ce que vous avez vécu. La peine, quelle
qu’elle soit, ne s’atténue à aucun moment. On tente tant bien que mal
de l’ignorer, de la ranger dans une petite boîte déjà bien trop remplie,
et on nie son existence. Pourtant elle est toujours là, à resurgir dans les
pires moments, là où on s’y attend le moins, pour nous faire souffrir
encore et encore. Comme un de ces putains de cafards qui nous colle à
la peau. Néanmoins il existe des leviers et des moyens pour vivre plei-
nement votre vie malgré ça. Pas de pilule magique ni de recettes
miracles, mais des prises de conscience, écouter son intuition et repérer
les schémas que nous répétons en boucle. Les possibilités sont infinies,
quand c’est pour transformer votre vie et apprendre à savourer chaque
instant de votre existence.
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Vous vous demandez peut-être ce que je peux avoir à raconter à cet
âge-là, et pourquoi j’écris déjà les récits de ma vie. J’ai traversé des
choses que même un homme de 100 ans n’a probablement jamais
vécues. Des passages très sombres que je ne souhaite à personne et des
traumatismes, de ma naissance jusqu’à la femme que je suis aujourd’-
hui. Si certains avaient pu rendre ma vie déjà assez douloureuse,
d’autres ont été beaucoup plus violents et m’ont amené jusqu’à mettre
fin à ma propre existence.
Dans ce livre, vous allez découvrir les situations que j’ai vécues de
manière chronologique, il y aura des chapitres où je serai rapide,
synthétique, ça va aller vite. D’autres, où j’ai eu besoin de poser les
choses, telles quelles. Brutes. Parce que ma version imprimée doit être
celle que j’ai en moi dans la tête. À chaque coup de poing, coup de
cœur, coup de gueule, j’y exprime quels sont les leçons et apprentis-
sages que j’en ai tirés. Ce sont autant de moments singuliers que totale-
ment obscurs qui font ma vie et sûrement la vôtre aussi.
viii
Les prénoms de certaines personnes citées dans ce livre ont été modifiés.
PARTIE I
LÀ OÙ TOUT COMMENCE
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3
La directrice de l’orphelinat lui donne un prénom, Thi Van qui veut
dire « petit nuage » : c’est une fille ! Et cette fille c’est moi. J’ai une
semaine, je suis une crevette, frêle, pâle, mais très vite je m’acclimate à
mon nouvel environnement. Les conditions d’hygiène ne sont pas
simples, on se partage les biberons et la pauvreté est extrêmement
présente.
Une de leur cousine est bénévole dans un orphelinat, elle réussit à les
contacter à temps. Le couple est dans tous ses états, les émotions s’en-
tremêlent et tout s’accélère : des billets d’avion, une valise, quelques
habits d’été et c’est parti !
Tous les matins, il faut remplir des documents, faire des signatures et
patienter jusqu’à ce que le Vietnam tout entier décide de son départ
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vers un nouveau pays : les futurs parents doivent faire preuve de
patience.
Le couple revenant d’un périple à Lourdes, avait dans leur valise une
petite bouteille d’eau bénite. Ils expliquent aux sœurs que cette eau est
bénie et qu’elle peut la guérir. Aussitôt dit aussitôt fait : le lendemain la
sœur religieuse est en pleine forme.
« Thi Van » c’est joli. Mais les nouveaux parents souhaitent lui offrir un
second prénom. Un prénom signifiant la pureté : « Elle va s’appeler
Candice - Marie - Van »
Et... ME VOILÀ ! Je vais avoir une maman et un papa sur qui compter
à tout jamais. Ce n’est pas ma vie qui est sauvée ce jour-là, mais bien
trois. J’ai deux mois à cette époque et je rentre à la maison.
5
2
Mais avant cela, en octobre 1996, j’annonce à tous ceux voulant bien
l’entendre : « Ze pars avec papa et maman en Colombie chercher ma
nouvelle et future petite sœur ! ».
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jamais. Mon père, lui, est souvent absent : réunions, représentations,
discours politiques font partie intégrante de son quotidien. Mais à
chaque fois qu’il est de retour, il fait bien plus que son rôle de papa. On
se confie à lui, on a des petits cadeaux et il nous fait rire.
Raphaëlle, quand à elle, c’est une petite fille rigolote, un peu boudeuse
qui a des frisettes. Elle est assez pâle, et plutôt mâte l’été, comme tous
les Français. Elle a les yeux bruns comme maman, et l’humour de
papa. C’est un petit clown qu’on a toujours envie de câliner. C’est aussi
une petite fille qui n’est pas regardée comme étant une étrangère. Elle
n’a pas l’air d’avoir été adoptée, ça ne se voit pas.
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J’y crois peut-être parce qu’à un moment je le veux terriblement, je ne
veux plus me sentir seule, puis ensuite j’abandonne l’idée. Parce que
j’ai compris que mes parents ne me cherchent pas, ils sont déjà près de
moi. Que ma famille, c’est celle qui m’a choisi, pas celle qui n’ose pas
venir vers moi. Alors qu’importe ? Peu importe comment cela
commence, le plus important ce n’est pas comment vous êtes arrivés
au monde, mais plutôt avec qui vous le partagez.
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3
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que X n’a pas nommé sa brebis Candice parce qu’elle m’aime bien et
que je dois éviter d’aller lui parler pour le moment.
Nous la chantons devant tous les parents un soir de fête d’école. C’est
un hymne à la paix, à la résilience, là pour expliquer à de grands
enfants ce que cela signifie d’être rejeté, d’être jugé par sa couleur de
peau ou toutes distinctions physiques ou morales. C’est lorsque mes
parents me le racontent à nouveau à mes 10 ans, puis à mes 15 ans que
je comprends véritablement. Que je saisis tout. Je me souviens alors de
mon maître d’école, et je me sens chanceuse à ce moment-là, de l’avoir
eu comme professeur.
Parce qu’avec une idée, un geste, une chanson, il m’a appris probable-
ment bien plus que tous mes livres de cours confondus. Comment
accueillir en toutes circonstances, pourquoi être indulgente et bien-
veillante. Continuer à avoir de l’espoir pour l’humain et à croire aux
autres. À voir le vrai visage sous le masque. Il a planté une graine en
moi et aujourd’hui je suis fière de transmettre à mon tour ces ensei-
gnements.
Pour avoir beaucoup échangé sur le sujet de l’école, avec toutes sortes
de personnes, je me suis rendue compte que la majorité d’entre elles
ont vécu des traumatismes. Ou ont fait subir des peines à d’autres
enfants. Nous ne le savons pas à cet âge-là, mais 10 ans après, même 20
ans plus tard, ces enfants devenus des adultes gardent tous ces
mauvais souvenirs en eux, ils ont même vécu la plupart du temps
toute leur vie en fonction des peurs qu’ils avaient et des jugements
qu’ils ont reçus.
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Le passé est passé, en revanche désormais vous pouvez encore
demander pardon, ou vous pardonnez.
11
4
12
Pendant ce temps, je m’amuse à penser à tous les scénarios possibles :
j’ai fait une bêtise, je n’ai pas eu une bonne note au dernier contrôle, je
vais peut-être être renvoyée... puis je vois ma mère descendre les esca-
liers à vitesse grand V.
Une fois dans la voiture, elle tourne les clés, mais ne démarre pas. Elle
mets ses mains sur son visage et se met à pleurer.
Ma mère me dit :
— La directrice m’a dit que tu n’étais pas intégrée, que tu étais triste à
l’école et que tu te faisais embêter. Que les élèves n’étaient pas faciles
avec toi. Pourquoi tu ne me l’as pas dit ?
— Mais maman... je n’en sais rien... ce n’est pas grave en fait tu sais !
Les jeunes c’est comme ça, on fait des choses et on dit des choses sans
réellement songer aux conséquences de nos actes. On trouve des
excuses, mais une fois adulte, personne n’est réellement fier d’avoir été
« méchant » avec ses camarades de classe. C’est des choses qu’on fait,
comme ça, sur le moment sans y réfléchir sérieusement. Mais il est
malgré tout important d’être vigilants, parce que même si nous
sommes des enfants, nous avons beaucoup de lucidité et sommes
capables de paraître forts et indifférents alors qu’à l’intérieur nous
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souffrons. Cela laisse de véritables séquelles dans nos vies et à tout
jamais.
Après cela, après avoir reçu de nombreuses remarques sur qui je suis,
je rejette moi-même mes propres origines. Dès que j’aperçois une autre
personne asiatique, je change de trottoir par peur du regard des autres.
Du jugement. Trop peur que l’on nous voit comme une communauté.
Je prends l’habitude de m’enlever 10 points de valeur, vis-à-vis de tous
les autres humains qui m’entourent.
— Non Candice, je ne peux pas t’inviter, mais ce n’est pas moi, c’est ma
mère... Elle ne veut pas que tu sois là.
Il s’est avéré que sa maman est raciste et ne veut pas de moi chez elle.
Je n’ai aucune colère, je n’en ai jamais eu. Mais je suis dégoutée,
dégoûtée d’être moi et d’être sans cesse rejetée par les autres. Je le vis
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injustement. Aujourd’hui, je comprends l’adage, et j’ai de la compas-
sion pour ces êtres fermés d’esprit. Ils zappent tant de choses !
Un autre soir, lors d’un repas entre nous, ma sœur veut nous annoncer
quelque chose :
Par contre, les choses ne se passent pas comme elle l’avait espéré,
comme nous l’aurions tous voulu. Aujourd’hui, la chose que j’en retire,
c’est que parfois de ne pas savoir est peut-être meilleur que de
connaître la vérité. Cela nous préserve.
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Quand nous sommes de retour à la maison, je sais que ma sœur ne sera
plus jamais la même. Aujourd’hui, elle est éducatrice spécialisée,
accompagne des jeunes à se construire la meilleure des vies possibles
et je suis fière de son chemin. Certains ne trouvent pas leur mission de
vie, grâce à cette expérience, elle a su. Rien n’est dû au hasard.
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Les saisons filent et j’ai mon tout premier amoureux. C’est en 5ème
qu’il fait chavirer mon cœur. Richard. Quand j’y repense, nous étions
deux enfants qui essayaient d’être des adultes. Coûte que coûte, cette
relation dure plus de 3 ans. Nous grandissons ensemble et découvrons
l’amour dans toute sa splendeur. D’une certaine manière l’amour
prend des formes totalement différentes, mais ici nous apprenons
ensemble ce que c’est, de la meilleure des façons. Nous faisons tout
ensemble et je crois déjà qu’à 14 ans j’ai trouvé l’amour de ma vie. Je
vais au collège avec beaucoup plus de motivation.
Pendant un de ces étés là, ma famille et moi, nous partons visiter mon
pays, le Vietnam. C’est la toute première fois pour moi. Voyage de
tourisme de quelques semaines. J’ai espoir de me sentir « véritable-
ment » chez moi là-bas. Je suis encore jeune, alors je ne pense pas forcé-
ment à mes origines ni à mes parents biologiques, juste à découvrir aux
côtés de ma famille. Je suis fière de ce que je vois. Des habitants, des
paysages, des couleurs et des odeurs. Ma tante Florence est avec nous,
elle a vécu elle aussi des choses pas drôles et elle nous accompagne.
Elle apporte, je crois, de la joie et de la légèreté à ce voyage qui, pour
mes parents, remue beaucoup de choses. Nous faisons la rencontre de
Ngoc, notre guide officiel, qui deviendra un ami, un frère pour moi
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encore aujourd’hui et pour toujours. On vadrouille et c’est chouette.
Quand pour ma part, je remarque que je suis malgré tout très diffé-
rente des autres filles, je suis plus grande qu’elles, je ne suis pas non
plus habillée de la même manière qu’elles et les regards sont alors
braqués sur moi, dans le taxi, dans la rue. On me parle en vietnamien
et je ne peux répondre. Alors, une fois rentrée, je fais le constat de ce
séjour et je suis heureuse bien sûr, mais malheureuse de ne pas encore
m’être sentie parfaitement alignée quelque part. À croire que nulle part
n’est ma place ?
J’arrive au lycée, je me fais très vite des amis, qui le sont encore plus
aujourd’hui. Elsa, Marion et Louis, c’est la belle vie malgré l’internat. Je
me découvre, et je tombe amoureuse, bien sûr ! Alors il y a Benoit, Leo,
Adrian, Paul et d’autres. Tous des garçons, devenus des hommes
aujourd’hui et à qui j’envoie une salutation parce qu’ils ont contribué à
façonner la femme que je suis devenue aujourd’hui. Chacun d’entre
eux m’a apporté quelque chose, à leur manière. Durant toutes ces
années de lycéenne, j’y découvre ce qu’est la popularité, les commé-
rages de café et les déceptions amoureuses.
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appartement à moi, premières soirées dans mon appartement, vive
l’indépendance ! Je me rends alors compte de l’immensité des possibi-
lités qui s’offrent à moi. Je quitte mon petit copain de longue date, et
commence à prioriser mes amis et mes études. Mes vieilles habitudes
me rattrapent : je fais la connaissance de Théophile.
Cet homme, plus âgé, avec qui je vis six mois de passion. Nous partons
vivre et travailler sur une île, dans les Antilles. C’est ce qu’on appelle
une véritable idylle. Cet amour est fort, puissant et semble indestruc-
tible. Nous partageons la passion du cinéma, et faisons déjà des projets
sur les dix prochaines années. Ça y est, c’est donc lui l’amour de ma
vie ! Je m’accroche corps et âme dans cette relation, il est si amoureux,
si fou de moi. J’y crois. Je fonce. Mais cet amour-là est éphémère.
Théophile finit par me dire : « je te coupe de tous les réseaux, parce que
même si on se sépare je t’aime encore et je ne veux pas voir tes
frasques. »
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Je suis dans cet aéroport, et même là, je regarde chaque minute la porte
d’entrée pour voir s’il ne va pas apparaître pour me dire que c’est une
blague, de mauvais goût certes, mais une blague et que je peux rester
auprès de lui. Mais il ne vient jamais. S’en aller alors que c’est la
dernière chose que je me souhaite : le trajet du retour est difficile.
Après 24 heures de trajet seule, je retrouve mes parents, la tête haute,
parce que je veux qu’ils soient convaincus que « je vais bien ».
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10 ans plus tard, je suis reconnaissante de cette histoire, parce que je
mérite bien plus qu’un homme qui m’aime à 80%. Vous méritez tous
d’être aimés à 100%. Je ne l’ai su que plus tard, mais grâce à Théophile
j’ai pu prendre conscience de ma valeur intrinsèque en tant que femme
et que ma place est là où je suis aimée : je le remercie pour ça.
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6
Pourtant, juste avant lui, je me dis : PLUS JAMAIS ! Plus jamais les
mêmes décisions avec les garçons !
Une voix me dit de ne rien faire, mais tout le reste de mon moi veut
aller vers lui. Alors je craque et très vite nous nous voyons tous les
jours. Nous faisons tout ensemble et sommes comme deux aimants. Le
printemps arrive et ce que nous vivons ensemble est fort, intense. On
s’est dit je t’aime, et rien ne nous arrête. Puis vient le moment où j’ai
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mon départ pour le Vietnam. La séparation est douloureuse, mais on le
sait. C’est irréversible et nous ne pouvons qu’accepter sans condition.
Il serait beau et bon de vous dire que la relation a tenu sans aucun
problème à distance, mais ce n’est pas le cas. Une fois arrivée dans
mon pays d’origine, malgré ma volonté, je ne fais qu’une bouchée de
ce pays et mon cœur et mon esprit n’ont de place que pour le Vietnam
et pour toutes les aventures et expériences que je suis sur le point de
vivre. Très vite, je coupe les ponts avec Timothé, j’annule tous les
projets avec lui, je ne parle quasiment plus à mes proches en France et
je m’imagine vivre à Hanoi pour la vie. J’y construis mon cocon, mon
quotidien. Je travaille dans la plus grosse auberge de jeunesse où je
rencontre des expatriés tous les 100 mètres. Je suis bartender la nuit,
serveuse le jour et jeune expatriée 24h/24. Des mois entiers de fête, de
cocktails et de rencontres. Chaque jour, plus de 250 jeunes expatriés
venant du monde entier sont dans cette auberge de jeunesse. Le reste
de mon temps, je le passe à visiter le Vietnam, à visiter mon orphelinat,
à faire de l’humanitaire, à échanger avec les habitants et à prendre des
photos à chaque coin de rue. Je mets totalement mon ancienne vie fran-
çaise entre parenthèses pour vivre cette expérience : ma nouvelle vie.
Bientôt, j’y oublie tout ce que j’ai vécu dans le passé et je me sens chez
moi ici dans cette ville hyper cosmopolite qu’est Hanoi. J’y ai déjà mes
habitudes, un job, des amis et même un nouvel amoureux. Qui n’est
rien d’autre que le big boss de l’auberge de jeunesse, Johann. Il est
hollandais et a une trentaine d’années. Ensemble nous faisons des
virées en moto et traversons les villages ensemble. Cette relation, c’est
pour l’ego. Je me l’avoue : je n’en ai pas besoin en soi, mais dans l’eu-
phorie du moment, c’est ce que je pense vouloir. Je me dis être une
femme libre, sans complexe et faisant mes propres choix. Je deviens
égoïste, j’apprends à le devenir. J’oublie volontairement ma vie
d’avant, je me construis, et je vis. Je retrouve même une de mes
copines, Léa, qui est là elle aussi pour ses études, c’est la fiesta ! Mais
ce voyage devait se terminer. Pas d’autres issues que de revenir en
France. Une année d’étude à finir, je n’ai pas fait tout ce chemin pour
tout plaquer à la dernière année ? J’ai failli ! Mes parents me remettent
sur le droit chemin, celui de la sagesse, celui de la sécurité, et je rentre
en France. Aujourd’hui avec du recul, je leur en suis si reconnaissante.
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Parce que même si les voyages sont pour moi l’école de la vie, je suis
fière d’être diplômée et d’avoir été jusqu’au bout des choses.
Les deux personnes qui nous ont tout donné culpabilisaient d’avoir été
égoïstes. Je reste si surprise de voir comment l’humain peut réellement
se compliquer la vie parfois. Chaque jour qui passe, nous sommes
reconnaissantes envers eux. Tellement.
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PARTIE II
LÀ OÙ TOUT BASCULE
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RESPONSABLE D’AIMER
C’est facile d’oublier quand nous sommes loin. Une fois de retour, ce
n’est plus la même chose, la réalité de nos actes nous revient en pleine
face. Son prénom, son odeur, ses bras, ses mots, soudainement tout me
revient. Absolument tout ! Les promesses que nous nous étions faites,
les nuits blanches à faire des plans sur la comète... Et là ?
Et là et bien plus rien. Il n’est plus là, et c’est bien normal ! Comment
faire, quand tu as tout détruit ? Comment faire, quand tu regrettes,
mais que c’est toi et uniquement toi qui l’as consciemment décidé ?
Un soir, une semaine après mon retour, il y eut une soirée. Une soirée
d’anniversaire, où lui et moi, sommes invités. Audacieuse j’y vois l’op-
portunité de prendre la température et de savoir ce qu’il en est. Le
stress, les frissons, tout ça est de mise ce soir. Timothé est là, face à moi.
Le premier regard que nous échangeons est froid, évasif, distant et
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totalement indifférent. Je n’abandonne pas. Je tente un second, dans la
cuisine, je crois que je fais semblant d’aller attraper deux ou trois trucs
puis... Ce regard-là, il est pur, tendre et sincère. À la fin de la soirée, en
secret, nous nous retrouvons. Comme si rien n’était arrivé. Comme si
nous ne nous étions jamais séparés. C’est comme s’il avait compris.
Compris que ce voyage au Vietnam, je devais le vivre et le vivre seule.
Comme s’il savait qu’on se retrouverait. Cette nuit-là, on se dit tout.
Tout ce qu’il s’est passé durant mon absence. Ce n’est pas forcément
beau à entendre, ni d’un côté ni de l’autre, mais voilà la vérité. Deux
choix s’offrent à nous après ça : faire table rase du passé et recom-
mencer une vie à deux, ou bien laisser tomber et ne pas essayer de
vivre enfin ce que nous avions mis du temps à construire ensemble.
Je crois au fait que l’amour est plus fort que tout, il suffit de poser son
égo. Chose difficile à faire, mais est-ce que l’amour n’en vaut pas la
peine d’après vous ?
À 3h00 du matin, la décision est prise pour tous les deux : nous nous
remettons ensemble. Personne ne le sait et cela est très bien comme ça,
nous passons de superbes moments intimes. Une nuit, nous avons
même déplacé le matelas de sa chambre et l’avons mis sur son balcon.
Nous discutons toute la nuit en contemplant les étoiles, jusqu’à s’en-
dormir et se réveiller au petit matin par les cuicuis des petits oiseaux
qu’il y a sur sa fenêtre. Si je pouvais, je capturerais ce moment à tout
jamais. La vie continue et il commence à y avoir des rumeurs entre
amis, mais nous ignorons et vivons simplement nos moments. Ceux-là
sont probablement nos meilleurs. Ça y est, c’est pour la vie. Nous le
sentons si fort.
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Cette semaine là, notre amour est des plus forts possibles, le monde
entier est à notre portée et tout semble enfin envisageable. Même nos
disputes sont pleines d’amour et de passion.
29
8
Une fois rentrés, il nous reste quelques jours avant de reprendre les
cours. On réfléchit à ce que nous pourrions faire, nous sommes chez
moi et on rêvasse. On finit par se dire que nous verrons cela demain, et
on regarde un film. PS: I Love You, la grosse comédie américaine
d’amour où une veuve doit apprendre à vivre sans son mari décédé
subitement. Si j’avais su... S’il avait su.
Timothé tousse un peu, mais c’est léger. Puis il minimise beaucoup son
état de santé : « t’inquiète tout va bien », « mais c’est juste que j’ai eu
froid ! », « oh, mais t’es pas ma mère » .Ok ok, il va bien.
« Candice ça va le tuer ! »
30
Il est important pour moi de pouvoir vous apporter ma version et d’y
exprimer toute ma vulnérabilité. Alors, voilà comment tout a basculé.
Moi qui veux toujours bien faire, être la fille parfaite, je mise beaucoup
sur ce soir-là car la bénédiction officielle de ses amis compte pour moi.
Même si nous nous connaissions déjà, c’est l’occasion pour moi de
faire « impression », et je le dis bien avec le sourire, mes intentions sont
plus que sincères et je veux qu’ils se disent : Timothé est avec une fille
géniale qui lui correspond en tout point. Cela se voit qu’il est heureux
avec elle.
Nous sommes au soir du dîner et c’est d’abord Charly qui arrive, puis
Mia et Timothé ensuite. Non en fait, je n’en ai plus aucun souvenir,
mais en tout cas, ils sont tous là.
— Qui a faim ?
— Moi.
— Moi!
Ils sont tous chauds ! Peu original, mais efficace, je me mets aux four-
neaux. Rien de plus simple, une casserole remplie d’eau chaude, des
spaghettis, de la crème, des lardons fumés, un œuf prêt à être cassé et
du parmesan !
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Une musique passe en boucle : Show me love de Sam Feldt et remixé
avec Kimberly Anne, elle vient de sortir alors on l’adore.
Ce plat c’est celui que je fais le plus souvent. Jeune étudiante, je ne suis
pas encore une pro de la cuisine. 5 minutes plus tard, Timothé du haut
de ses 1m92 se lève et nous dit à tous les trois que sa gorge lui pique. À
peine inquiet, il nous rassure très vite et nous dit, comme toujours « ça
va aller », puis conclu par un « je vais prendre l’air, j’ai besoin de faire
un tour ».
Je suis un peu inquiète, mais sur une échelle de 1 à 10, je suis à 3/10
clairement. Parce que c’est mon homme, il est grand, adulte et quand il
me dit « ça va » je le crois bêtement. Mais, en voyant les yeux inquiets
de Mia et de Charly, je commence à me demander ce qu’il lui arrive. Il
s’en va et nous, on brainstorm, on arrête de manger et on se met à
réfléchir. Dans le même temps, je lui envoie un SMS, (nous sommes le
27 mars au moment où j’écris ces lignes, et il s’est passé presque 7 ans
depuis, je n’ai plus les échanges, mais c’était quelque chose du style) :
Je reçois une réponse de suite, me disant qu’il est parti chez ses parents
(à 2 minutes en voiture de mon appartement). Cela m’inquiète de plus
en plus, je lui écris alors :
Mia et Charly s’en vont, je leur dis que je vais aller le rejoindre et que je
les tiendrai au courant.
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Il commence à me mettre le doute, dans ma tête je me dis : et bien
comme d’habitude ! Puis, je regarde dans la poubelle, et j’y vois du
râpé de brebis.
Je me dis de suite, beurk, mais c’est quoi ça ? Je lui réponds et je lui dis
: « du fromage de brebis ».
C’est étrange, quand elle me dit ça, j’ai un mauvais pressentiment, sans
comprendre réellement pourquoi, comme si nos corps et nos cœurs
étaient liés lui et moi. Je sens, je sais que cela n’ira pas.
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9
RESPONSABLE DU PIRE
34
Leur papa, nous rejoint, et c’est brutal.
Ces trois mots, "VAS LE VOIR", avec l’esprit embrumé que j’ai, je crois
toujours que ça va. Alors je cours à toute vitesse dans les escaliers pour
le rejoindre et lui apporter mon soutien. J’arrive sur les lieux, mais
c’est trop tard. Il n’y a plus qu’un corps et les deux ambulanciers refer-
mant sa poche mortuaire... Encore à cet instant je ne réalise strictement
rien.
Et bien d’autres…
Mais voilà, Timothé nous a quitté. Il m’a quitté. Il m’a laissé là. Seule.
Contre sa volonté, mais il n’est plus là et ne le sera plus jamais. Il m’a
laissé.
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Je somnole, et je me rappelle écouter Perfect Day de Lou Reed. C’est le
pire jour de ma vie et de loin, mais pourtant, c’est cette chanson que
j’écoute en boucle dans mes oreilles.
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10
RESPONSABLE DE MON
ENFERMEMENT
37
n’était en effet pas du parmesan, mais du râpé de brebis. Il n’empêche
que cela ne change rien, le seul fait c’est que je ne savais pas faire la
différence entre parmesan et râpé de brebis, et même si je l’avais faite,
je n’aurai pas pensé à une allergie pour Timothé.
Les jours passent, certains viennent me voir, ils me parlent comme s’ils
n’avaient jamais été blessés dans la vie : « tu le retrouveras un jour » ou
encore « ça va aller mieux avec le temps ». À ce stade, je suis juste une
fille qui n’arrive pas à aller de l’avant.
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égoïste. Parce que ce jour-là, je suis persuadée que je ne manquerai à
personne. Mon père ? Il a ma mère. Ma mère ? Elle a mon père. Ma
sœur ? Elle a mes parents. Ok, parfait si eux se soutiennent, les seules
personnes qui m’aiment toujours trouveront elles aussi réconfort.
39
J’ai de nombreuses consultations avec des psychologues, psychiatres,
médecins, kynésiologues et j’en passe. Ils doivent m’aider à trouver la
motivation pour me reprendre en main. Mais comment aider une
personne qui ne veut pas être aidée ? Est-ce réellement possible ?
40
C’est fou, comme dans un moment comme celui-ci tu peux rapidement
basculer de l’autre côté. J’ai la sensation que c’est l’histoire de ma vie :
se poser des questions où je sais pertinemment que je ne peux obtenir
les réponses.
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11
RESPONSABLE DE MA FOLIE
42
pour venir te chercher, ils t’ont aimé et t’aiment encore, tu as une petite
sœur qui compte sur toi et tu as une formidable famille autour de toi,
pourquoi cela ne te suffit pas ? Et encore une autre, qui me crie dans les
oreilles et me dit : « STOP, quand vas-tu comprendre que tu n’en peux
plus ? Arrête-moi ce bordel une bonne fois pour toutes ! Tu n’es donc
même pas capable de ça ? »
J’ai la sensation que jamais je ne serai plus heureuse dans ma vie, que
je n’ai que 20 ans, mais que je ne pourrai vivre les 60 prochaines années
comme si de rien n’était.
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12
RESPONSABLE DE MA RENCONTRE
Durant mon séjour dans cette clinique, je m’ennuie. Mes amis proches
et ma famille viennent à tour de rôle, mais c’est tout le temps la même
chose.
— Pourquoi Candice ?
— Comment te sens-tu ?
Je me sens mal une fois de plus de faire souffrir les gens que j’aime. J’ai
honte qu’ils me voient dans un état aussi pitoyable. J’ai l’impression
que jamais plus je ne pourrai être mieux que ça. Je suis à mon
maximum.
Alors NON je ne suis clairement pas prête à cette période pour être
avec quelqu’un d’autre, je ne veux pas réellement rencontrer une
nouvelle personne, mais « cela va m’occuper ».
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On décide pour moi que je suis en capacité de reprendre les cours.
Mon école est à deux pas de la clinique, alors bien sûr je dois rentrer
tout de suite après les cours, mais au moins je reprends une vie sociale.
Premier jour de classe, quand tous mes amis ont déjà repris depuis des
semaines, tous les regards sont braqués sur moi, ou du moins c’est la
sensation que j’ai. Je reçois beaucoup de marques d’affection, de
soutien et de compassion. Des formateurs comme des élèves. Je sens
déjà que ça va être difficile, je n’ai qu’une envie c’est de pleurer, mais je
ne veux pas en parler avec qui que ce soit. Qui suis-je pour me
permettre d’envahir leur vie avec mon histoire ? Cette histoire ne doit
pas définir ma vie et pourtant, sans elle je ne suis plus rien.
45
Je n’attends pas de réponse, mais j’appuie sur envoyer sans crainte et
m’endors paisiblement grâce à mes traitements.
prise de cachets
douche
aller à l’école en fantôme
manger sans faim
continuer les cours en somnolant
rentrer à la clinique
belote avec les patients
manger pour manger
prise de cachets puis...
J’ai une réponse, de Daniel. Le mec à qui j’ai envoyé un message via
Instagram.
Dans ce même temps, j’arrête de converser avec les autres parce que
cela n’a ni queue ni tête, c’est des paroles dans le vent et c’est très
ennuyant.
46
.
• • •
47
Ok, le jour se lève et je n’ai toujours pas répondu.
Puis je finis par recevoir une notification, et je lis sur l’écran de mon
téléphone « Oh Candice. Je ne sais que te répondre, ce que tu me dis
est bouleversant et tout ce que je peux en dire pour l’instant c’est que
tu es une femme forte et je suis navré de voir tout ce que tu as vécu.
Est-ce que tu veux qu’on en parle ou bien veux-tu parler d’autre chose
? ».
C’est une réponse un peu comme celle-ci, j’essaie tant bien que mal de
m’en souvenir, mais il est difficile pour moi de me rappeler exactement
ce qu’il me répond. En tout cas, ce dont je me souviens c’est que son
message me subjugue. Je n’attends rien et pourtant sa réponse est plus
qu’à la hauteur de tout ce que j’aurai pu penser lire.
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J’avoue ne pas cesser de penser à comment sera sa voix, aura-t-il une
voix ridicule ? Une voix criarde ? Un accent ? Puis, je pense à Timothé,
est-ce que cela est le tromper que de discuter avec un autre homme ?
Est-ce qu’il va m’en vouloir ? Est-ce qu’en me regardant de là-haut, je
vais le décevoir ?
Ça, c’est mon prof qui me voit rêvasser. J’essaie tant bien que mal de
me ressaisir, de me concentrer sur mes cours, mais rien n’y fait. Je ne
pense qu’au passé, qu’à Timothé, qu’à ce soir, qu’à mon rendez-vous
téléphonique avec Daniel. Tout s’entremêle.
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Alors, que décidez-vous pour vous-même ?
Est-ce que vous voulez encore vous soumettre à votre culpabilité, vos
blessures et vos peurs ?
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PARTIE III
LÀ OÙ TOUT S’ENCHAÎNE
13
Tic Tac.
Ils n’ont d’autres choix que de me croire sur parole... Quand je me vois
écrire ces mots, je me rends compte à quel point être parents est loin
d’être un long fleuve tranquille.
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Je me rappelle que lorsque je lis ce message, je prends enfin conscience
de ce que j’ai fait. De ce qui va arriver. J’héberge chez moi un nouvel
homme. Qui n’est pas Timothé. Je ne sais pas réellement qui c’est, mais
j’ai été d’accord de le rencontrer et de vivre avec lui pendant 2 jours. Et
si c’était un fou ? Et s’il n’était pas ce qu’il prétend et voulait me
kidnapper ? Non, peu importe, je verrai bien. Je tends à suivre mon
instinct.
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Ce week-end là, est génialissime. Une partie de moi espère en secret
que cela tourne au désastre. Et ce serait bien plus simple pour moi :
aucun encombrement, je peux retourner dans ma vie pourrie et culpa-
biliser un chouya moins d’avoir de nouveau « rencontré quelqu’un ».
Mais non, c’est trop bien. Nous allons au Musée Soulages, on sort voir
Marguerite au cinéma et je me réconcilie même avec les pâtes à la
carbonara. Tout est parfait. Mais, toutes les bonnes choses ont une fin,
non ?
Trois jours plus tard, le revoilà à bord d’un autre covoiturage pour une
durée de quelques jours encore. Puis, s’en va à nouveau, revient encore
et très vite il prend ses valises, quitte sa ville et toute sa vie pour vivre
avec moi. Il devient Ruthénois.
Les semaines passent, les mois passent et je ne suis pas stable du tout.
Je suis fragile, ce n’est pas évident, mais Daniel a beaucoup de courage,
de volonté, et voit en moi la Candice du futur, alors il s’accroche.
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14
APTE À LA RECHUTE
Toujours dans cette année 2016, j’arrête mes études, je n’y arrive plus
et je veux vivre cette idylle romantique et discrète à 200%. Je crois
bien que pendant un bon mois, nous discutons, rêvassons, visitons et
chantons simplement. La vie est douce, même si durant ces premiers
mois, il m’arrive au moins une fois par jour de faire une rechute, de
déprimer, de pleurer et de faire des crises d’angoisse. Daniel est
patient, il me laisse avancer à mon rythme. Je n’assume pas cette
relation étrange que j’ai avec lui, ni avec les autres, ni avec moi-
même.
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quelque chose que j’ai apparemment oubliée. Il sait que je suis capable.
Il le sent.
Après m’avoir dit ces mots, je crois que je me décompose. Mon cœur
bat la chamade et je me sens déboussolée. Moi qui pense venir pour un
simple témoignage, je suis prise de court. Les seules fois où j’ai
entendu ces mots, c’est dans les films où il y a le méchant qui va en
prison. Donc je suis effrayée, je demande qui dois-je appeler n’ayant
pas l’habitude de ce genre de procédures. On me répond : « vous êtes
libre de choisir ».
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- Non maman, tu ne peux pas. Nous n’avons pas le droit. Ne m’at-
tendez pas ! Cela peut durer des heures ou bien plus et je n’ai aucune
visibilité. Ça va aller, rentrez à la maison. Est-ce que tu peux contacter
l’avocate s’il te plaît ?
Trente minutes plus tard, mon avocate arrive. Elle me prend à part,
nous sommes dans une toute petite pièce assez lugubre, et m’explique
comment cela va se passer. Je suis dans tous mes états, mais je tente de
faire bonne figure.
— Pourquoi ce jour là ?
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15
Le pire dans tout ça c’est que j’apprends que d’autres personnes ont
fait des témoignages. Je n’ai pas accès aux comptes rendus d’interroga-
toires, mais on me pose des questions suite à ceux-ci :
— Julia a dit que cela l’étonnait que vous ne le saviez pas. Qu’en
pensez-vous ?
— Charly lui, a dit que Timothé était avec vous lors de la préparation
du repas, est-ce vrai ?
— Mia elle, elle savait ses allergies. Elle n’avait pas conscience de la
gravité des conséquences, mais elle savait. Pourquoi pas vous ?
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— Une personne nous a aussi dit que Timothé vous trompait. Il avait
apparemment une aventure avec une fille de sa faculté. Le saviez-vous
?
Toutes ces questions me mettent plus bas que terre. Ils citent le nom de
ma meilleure amie, ils supposent que Timothé me trompait, son amie
insinue que je savais...
En fait, à cet instant précis je me suis vue dire quelque chose du style :
Ok, accusez-moi je n’en ai plus rien à faire en fait.
Mais les mots ne sont pas sortis, à la place je me suis juste effondrée, et
j’ai continué à répondre à toutes leurs interrogations comme une bonne
petite élève. Après tout, ils ne font que leur métier, me suis-je dit.
Il est 20h00 passé, je sors enfin. 12h c’est très court dans une vie, mais
12h dans ces conditions, c’est une éternité. Ce soir-là, mon père nous
emmènent tous au restaurant, on parle peu. L’objectif est de manger
une bonne viande et de se décharger émotionnellement.
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rien. Tu n’y as jamais été pour quoi que ce soit, ni toi ni papa, et je vous
aime.
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APTE À PARDONNER
Les personnes qui m’ont trahie, qui m’ont rejetée et qui m’ont dit «
rentre chez toi », celles qui ne m’ont pas respectée, je leur pardonne
aussi. Non pas pour elles, mais pour moi. Parce qu’elles ne méritent
pas ma rancœur, parce que je ne mérite pas d’y prêter attention. Timo-
thé, à tout juste 19 ans, était un adulte. Il aurait pu me regarder droit
dans les yeux, m’exposer son état de santé et m’alerter quant à la
gravité de ses allergies. Je lui pardonne, parce que dans sa situation,
j’aurais probablement voulu profiter tout comme lui, ne pas vivre sa
vie comme une personne malade constamment. Et pourtant, si vous
saviez combien je l’ai détesté. Non pas pour ce qu’il était, mais pour ce
qu’il n’avait pas fait. Pour son silence, pour ne pas m’avoir fait
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conscientiser sa situation. Je l’ai haï, parce que j’ai cru pendant un
instant que ma vie serait détruite à tout jamais à cause de son absence.
Je l’ai supplié en regardant le ciel, pour prendre sa place et qu’il
revienne sur Terre. Mais à quoi bon ? J’ai recherché son approbation,
j’ai attendu un signal, j’ai cru au miracle, j’ai espéré un retournement
de situation, mais rien n’est arrivé. Le jour de sa disparition, j’ai culpa-
bilisé. Je me suis accablée, je n’avais besoin de personne pour le faire.
Je me suis moi-même rendue responsable et le criais sur tous les toits.
Je ne m’en suis jamais cachée. Les faits sont là : j’ai cuisiné, servi un
plat, il a mangé une bouchée et est décédé. Cela s’est bien passé dans
ma cuisine, avec la nourriture de mon frigo et c’est moi qui ai fait ce
plat. Chaque jour de ma vie je vais vivre avec cela.
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ne l’a pas vécu. Cela ne peut surtout pas être de la faute de mes
parents, eux qui ont donné leur vie pour moi, les seuls qui m’ont
probablement véritablement aimé sans compter dès notre premier
regard.
Alors oui, c’est de ma faute. Tout ce qui m’arrive est à cause de moi. Et
je me dis : qu’ai-je fait pour mériter ça ? Pourquoi la vie s’acharne
contre moi ? Comment suis-je censée vivre après tout ça ?
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17
APTE À REBONDIR
L’année qui suit, la vie suit son cours. Mon avocate m’appelle et m’an-
nonce que j’ai « gagné » le procès. La justice parfois à une image bien
prédéfinie de la réussite. Comment puis-je avoir gagné quoi que ce soit
à ce stade de ma vie ?
Je crois que c’est cette année-là que j’avorte. Je fais un déni de grossesse
et j’ai deux semaines pour me décider : « on le garde ou pas ? ». Pour
ou contre, cela n’est pas la question ici : moi dépressive, encore amou-
reuse de mon ex-petit-ami, en couple certes, mais sans emploi fixe,
encore avec de lourds traitements médicamenteux, je ne peux conce-
voir d’élever un enfant dans la quiétude comme j’en ai toujours rêvé.
Toujours dans ce même temps, je reprends mes études, c’est pas hyper
excitant de s’y remettre, mais ma classe est sympa. Les formateurs se
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souviennent tous de moi et l’ambiance est cool. Je tente de passer mon
permis, que j’ai enfin après la sixième tentative...
Nous déménageons à Albi, une petite ville non loin de Rodez, dans un
appartement trois fois trop grand pour nous, magnifique, mais nous
n’avons pas de quoi le meubler. Alors on s’y ennuie très vite. On
revient s’installer à Rodez, coup de cœur sur un petit appartement
cosy en plein centre-ville. Je continue de croiser toutes ces gamines,
mon ancienne belle-famille, mais je me fais petite. Je me cache même
fréquemment derrière un poteau, un buisson ou bien un angle d’im-
meuble afin de ne pas être vue.
Durant toute cette période, mes parents et ma sœur sont bien présents
pour moi, mes amis aussi. J’ai l’entourage qu’il me faut, le tri se fait
petit à petit et je n’ai plus que des amis qui m’aiment pour qui je suis,
et non pour ce que j’ai ; parce que c’est quand vous n’avez plus rien à
partager, plus rien à donner que vous vous rendez véritablement
compte pour qui vous comptez vraiment. J’adopte un chat, Léon. Il est
mon compagnon, ma bouée de sauvetage, mon coussin câlin et celui
qui panse mes maux.
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qui m’ont tout donné ces deux dernières années pour espérer que je
guérisse et là : je me vois déjà pendue par une corde et eux tous, les
seules personnes qui m’aiment, en train de pleurer. Je sais, c’est moche,
mais c’est la première image qui me vient à l’esprit, à cet instant-là : je
suis à deux doigts de me mettre en colère, mais finalement c’est la tris-
tesse et la nostalgie qui me gagnent.
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68
PARTIE IV
Il est temps pour moi de tirer un trait sur mon passé. De retrouver une
vie stable, si je ne me le dois peut-être pas, je le dois à ceux qui
m’aiment et sont encore là.
J’ai des nouvelles de la dernière enquête, elle est classée sans suite.
Cela ne me fait rien, un vide un instant, et l’instant d’après je mets de
côté. Je veux me concentrer sur ce qui reste encore intact dans ma vie,
je veux mieux vivre, mieux faire les choses.
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donc à tout ce que la vie peut encore m’offrir. Avec Daniel, nous
songeons à nous reconvertir.
« Allo, Angelo ? Ok, j’ai failli aller vers un autre coaching qui propose
4x moins cher, mais en fait on y va ensemble, c’est avec toi que je
connecte. »
Durant ces trois mois, je suis encore salariée et je finis tous les jours
après 18h00. Les trainings* (jeux de rôles) après le travail, ce n’est pas
de tout repos. Mais après avoir investi tout cet argent, je n’ai qu’un
seul objectif : ne rien lâcher et tout exploser, m’impliquer à 100%. Je me
le dois, je le dois à mes parents.
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Ils investissent sur leur fille, comme moi sur moi, pour la première fois
depuis tant de temps ! Mes journées au travail sont de plus en plus
interminables, je vais presque à reculons à l’entreprise, parce que je
viens de découvrir ce pourquoi je suis faite.
Le meeting visio avec John fut bref, ça colle. Il est ambitieux, il est à
fond dans sa vision et les objectifs sont colossaux, mais je ne suis pas là
pour enfiler des perles alors... Feu ! Let’s go ! On y va...
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sées et le closer doit qualifier et s’entretenir par téléphone ou visio-
conférences avec les potentiels candidats / acheteurs.
Tout cela est très factuel, pragmatique. Pour le définir d’une manière
légèrement plus globale, le closing est un outil de développement
personnel. C’est un savant mélange entre le rôle d’un psychologue,
d’un médecin, et d’un commercial. Ce sont ici les intentions qui sont
extrêmement importantes. Mais encore une fois, nous devenons la
personne que nous avons envie d’être. La chose à retenir, c’est que le
closing m’a permis d’être la personne que je suis aujourd’hui.
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19
CAPABLE D’ENTREPRENDRE
Nous sommes en avril 2020, et avec John tout baigne. Nous explosons
les scores, et chaque mois nous voulons aider encore plus de femmes à
se choisir. Elles reprennent toutes confiance en elles et la collaboration
se transforme rapidement en une amitié forte et sincère.
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L’été, nous décidons de déménager. On s’installe à Gozo, une petite île
à côté de Malte, pour y retrouver nos amis Brice et Sophie ainsi que la
Dorthe Family. Nous comptons nous ressourcer, je veux prendre du
temps pour moi et performer dans ma nouvelle reconversion profes-
sionnelle. Nous avons aussi pour projet d’y concevoir notre premier
enfant. Durant cette période, tout s’accélère, j’ai d’excellents résultats,
j’évolue et je crée même un accompagnement pour se reconvertir ou
améliorer ses résultats en closing. Les étapes s’enchainent à toute
vitesse, je génère de l’argent, bien plus que ce que j’aurai pu imaginer
dans ma vie, je rencontre des personnes formidables et très inspirantes,
je continue d’investir sur moi et même si tout roule, pas une journée ne
commence en pensant à mon passé.
Nous visitons l’île, les vendredis soir nous avons soirée apéro live dans
notre bar préféré, où on retrouve nos amis et « la vie est belle ». Nous
prenons des couleurs, notre maison a quatre chambres, 3 salles de bain,
une piscine, nous avons tout pour être heureux. Daniel devient entre-
preneur, il tombe sous le charme du closing et se lance. Il gère, il est
accompagné par Brice, et ses résultats sont incroyables. Notre vie est
légère, facile.
Puis, un jour comme un autre, je sens que je ne suis pas à mon plein
potentiel. Je sais que j’ai besoin d’autre chose. Chrisas est une des
personnes que j’ai mentoré, mon ami, qui m’aide à prendre le relai et à
me décharger. Il est extrêmement fort pour automatiser et porter des
projets même quand ce ne sont pas les siens. Son soutien a une valeur
inestimable.
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ai toujours aimé voyager, cette fois-ci, il est temps de rentrer : il faut
que je sois auprès de ma famille. Bye bye les amis nous rentrons en
France.
Nous avons quelques jours pour nous décider sur ce que nous voulons
faire, césarienne prévue à l’avance ou bien tenter de faire une version
(consultation avec un médecin pour retourner le bébé avec les mains)
ou passer par voie naturelle malgré tout... Toutes ces questions
auxquelles nous n’avons pas les réponses. Nous demandons l’avis de
tous... Certaines personnes nous affirment que de faire naître bébé par
voies naturelles et sans péridurale c’est le mieux pour lui. Alors je me
pose la question : Dois-je faire ce qu’il y a de mieux pour le bébé ou ce
qui a de mieux pour notre sécurité à lui et moi ? Le choix fut vite fait :
il naîtra par césarienne, ne prenons aucun risque.
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20
— Oh t’es sûre de toi ? J’ai la flemme de passer une journée pour rien
aux urgences.
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Le sac de maternité en main, les clés en poche, voiture garée en bas,
Daniel gère, je suis épatée : nous partons. Arrivés aux urgences, en
effet, bébé arrive.
Je n’ai quasiment plus de liquide amniotique, il faut donc faire cela très
rapidement.
Nous sommes sans voix, très émus, un peu stressés, mais heureux de la
tournure que prend cette journée, nous allons rencontrer notre enfant
aujourd’hui. C’est fou !
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sens moi-même plus que jamais. Je me sens vivante, je me sens investie
d’une mission, la mission de ma vie. Prête à tout pour cela. Je l’avais
voulu, et désormais, je l’ai. Alors c’est ça la vie ? Quand tu te bats, que
tu tombes, mais que tu te relèves, que tu y crois encore et que tu conti-
nues d’avancer, il peut t’arriver ça dans la vie ? C’est tout simplement
incroyable.
Ma fille est née le 5 juin 2021, à 17h03. Elle pèse 2,9kg et mesure 46cm.
Une petite crevette. Elle a le teint hâlé, des mains minuscules, des yeux
bridés et la bouche de son père. Elle fait ma fierté, et je n’arrive
toujours pas à croire que ce bébé magnifique est sorti de mon ventre
intact. Durant les premiers jours, je ne peux la porter, ni la changer, ni
lui faire son bain, il faut que je me repose, alors Daniel crée un véri-
table lien avec elle. J’en suis si heureuse, je les regarde et je les aime.
Plus fort que tout.
Je veux que ma fille puisse grandir en sachant que la vie c’est décider,
qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais moments, mais uniquement des
décisions à prendre. Je souhaite qu’elle soit libre de faire ce qui lui plaît
et de toujours croire en elle, parce que c’est cela qui lui permettra de
vivre sa vie comme elle l’entend. Son père et moi serons toujours fiers
d’elle.
Dès le début, nous savions que ce serait une fille. Pour le prénom, nous
nous étions mis d’accord, Daniel avait choisi le prénom garçon et moi
le prénom fille.
Encore dans les rues, aujourd’hui, j’entends des personnes dire « koni-
chiwa » ou « regarde la chinoise » et encore d’autres choses. Puis je
repense à cette chanson et cela me donne de la force. Ma fille ne sera
pas épargnée, mais comme tous les autres enfants du monde. Ils sont
tous différents et d’une certaine manière seront tous peut-être montrés
du doigt un jour ou l’autre. Lilia aura la force nécessaire et surtout le
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discernement pour être fière de ses origines, dès le début ! Contraire-
ment à moi, qui ai mis tant de temps.
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21
CAPABLE DE DÉCIDER
Très vite, je génère des milliers d’euros, je multiplie mon salaire par 5,
puis par 10, 15 et j’ arrive jusqu’à gagner 30 000€ par mois avec toutes
mes activités confondues. Je me promets de toujours garder les pieds
sur terre. Mais quand on gagne autant d’argent, il y a souvent un prix à
payer. Mes journées ne ressemblent plus à rien, je me lève à 5h00 du
matin et m’endors aux alentours de minuit. Je n’ai plus de vie, je ne
vois quasiment plus mes amis, je m’isole et je travaille. Je tente de me
rassurer « je le fais pour mon avenir », « je le fais pour ensuite travailler
moins ». Un jour, j’arrive à la limite du burn-out : l’argent parfois, ça
rend malheureux. Je ne veux plus de cette vie, ce n’est pas moi. Alors je
tente de trouver des solutions, je recherche un groupe d’entrepreneurs
me permettant d’échanger avec eux, de voir comment eux, ils orga-
nisent leurs vies.
82
fais de magnifiques découvertes, notamment celle d’Alec qui me fait
une proposition professionnelle irrésistible et qui est aujourd’hui un
ami. Lui aussi, sera probablement un ami pour la vie. Aussi celle
d’Amin, de Jonathan, de Justine, d’Hugo et de Clément, qui, eux aussi,
sont des personnes formidables avec qui je souhaite garder le contact.
— Tu vas voir, un enfant ça change la vie ! Finis les nuits. Finis les
sorties, finis les moments de calme.
Je les ai crus pendant un instant, j’ai cru qu’il fallait que je fasse un
choix entre ma vie de famille et ma carrière. Mais non, ma fille a besoin
d’une maman 100% épanouie. Alors, je concilie. Vie de famille, vie
professionnelle. C’est une organisation, certes, mais je peux adapter
83
mon planning en fonction, sans rien arrêter pour autant. Je délègue,
fais confiance et tout se passe bien. Avec Daniel, nous nous soutenons,
nous nous comprenons. Il y a même un moment, où nous nous propo-
sons l’un l’autre de devenir maman au foyer ou père au foyer. Et à ce
moment-là, plus que tous les autres, j’ai su. J’ai su, plus que jamais que
c’était lui. Je ferai ma vie avec Daniel, et ensemble nous ferons ce qu’il
nous plaît, non pas par devoir, mais parce que nous l’aurons pleine-
ment décidé.
Lilia a tellement été attendue et souhaitée que rien de ce qui nous a été
prédit ne se passe de cette manière, nous allons gérer.
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22
CAPABLE DE CRÉER
J’ai entendu cette phrase plusieurs fois durant ces dernières années,
mais je n’y prêté pas attention. Combien de fois l’on m’a dit des
compliments et des choses agréables pour le plaisir de faire plaisir : je
n’y croyais pas vraiment. J’y songeais en secret, mais officiellement je
n’y avais jamais pensé. Désormais, je suis tentée, j’ai toujours été
passionnée par l’écriture. Alors, je prends le temps pour cela. J’ai tant
de choses à dire. Mon moi d’avant aurait dit « je n’en suis pas capable.
Pas légitime. Je n’ai pas suffisamment de parcours de vie pour écrire
mes récits ». Mon moi d’aujourd’hui, lui, il dit : je relève le défi.
J’ai une révélation, ma priorité ne doit pas être ma fille, mais bien moi.
Parce que les valeurs que je souhaite lui transmettre sont surtout des
valeurs pour soi : s’aimer soi-même, s’écouter et prendre des décisions
pour son bien-être. Alors je me fais la promesse de toujours prendre
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des décisions pour moi afin qu’elle aussi, elle sache penser à elle,
quand il faudra qu’elle le fasse.
Écrire sur le passé est finalement le plus simple pour moi à écrire : j’ai
tout en tête. Parce que j’accepte que cela fasse partie de moi. Avec ce
livre, je suis désormais prête à tourner la page et à vivre pleinement
ma vie avec Daniel et Lilia.
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Je ne perds pas mes habitudes, j’aime fermer les yeux et imaginer des
scénarios. Mais aujourd’hui je décide d’y voir les meilleurs et non les
pires.
Scénario 1 : mon livre obtient des prix littéraires, cela me rend fière.
Je ferme une dernière fois les yeux, et pour le scénario 3, je vois ma fille
qui me dit « Maman, merci pour cet héritage, je suis fière d’être ta fille
» et là, je pleure de joie. Je suis heureuse.
En effet, le closing n’est plus une finalité pour moi, mais bel et bien un
moyen de créer quelque chose d’encore plus grand et qui me corres-
ponde en tout point.
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d’esprit d’un homme / femme puissant.e, vivant d’abondance dans
tous les domaines de votre vie.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, vous pourrez me retrouver sur
mon site internet www.candiceroz.com et me contacter via l’adresse
[email protected].
Aujourd’hui, je sais que je peux créer mon avenir. Je sais qu’il sera
semé d’embuches, mais je n’ai plus peur, j’ai l’entourage qu’il me faut
et des tonnes de raisons de vivre. Où la meilleure d’entre elles c’est
moi-même. Le bonheur se trouve dans le quotidien et le chercher c’est
passer à côté de ce qu’il est.
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CONCLUSION
Aujourd'hui, Je suis une nouvelle Candice, plus forte, plus sage. Tout
commence en moi. Je décide où je veux aller et je ne regarde pas en
arrière. Il m’arrive même parfois de me regarder dans un miroir et de
me dire : « regarde-toi Candice ! Tu avances malgré tout ce que la vie a
mis sur ton chemin ! Tu t’en sors vraiment bien ! La majorité des gens
qui commencent un nouveau projet abandonne. Pas moi. Pas cette fois
! ».
Et vous ?
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Pour boucler la boucle, après la naissance de ma fille, j’ai décidé
d’écrire à mon ancien maître d’école.
Quoi que vous fassiez, faites-le, où que vous soyez, soyez-y. Parce que
vous êtes peut-être à la fin d’un chemin. Mais sachez qu’il n’y a pas de
route tracée pour la suite. A vous de créer la route. Votre seule limite,
c’est celle que vous vous créez.
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Une partie de moi appartiendra toujours à Timothé, mais mon cœur est
suffisamment grand pour tout le reste de ma vie. Il n’appartient plus
qu’à moi de continuer à créer mon histoire, mon avenir, mon existence.
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AVANT DE TERMINER…
Au fait, je ne vous ai pas dit, j’ai retrouvé dans mes affaires une lettre
datant de 1994, qui serait écrite par ma mère biologique. Je l’ai fait
traduire et elle y a écrit son nom et prénom, qu’elle est née en 1967 et
qu’elle n’a pas de moyens pour me nourrir malgré qu’elle aimerait.
Elle exprime également le fait qu’elle serait heureuse de me savoir « en
sécurité auprès d’une famille ».
Elle aura été mère, au même âge que le mien quand je le suis devenue.
Si ça, ce n’est pas un signe ? Allez savoir.
93
REMERCIEMENTS