1-Exploration FCT FOIE 21 - 22

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Faculté de médecine

Département de pharmacie
4ème année pharmacie (2021/2022)
Cours de Biochimie Clinique

EXPLORATION FONCTIONNELLE DU FOIE

Dr BAOUCH A.
Maitre assistant en Biochimie
PLAN

INTRODUCTION
I- RAPPELS SUR LE FOIE
II- EXPLORATION BIOCHIMIQUE HEPATIQUE
III- PATHOLOGIES HEPATIQUES
INTRODUCTION :

Le foie est un organe :


❖ Central et noble : nécessaire à la vie ;
❖ Métabolique par excellence ;
❖ Qui assure des fonctions essentielles à l’homéostasie de
l’organisme :
Il s’agit de fonctions de synthèse (par exemple des protéines),
dans le métabolisme (par exemple du glucose), de dégradation
(par exemple des médicaments) et d’excrétion (par exemple de
la bilirubine),...
▪ L’importance physiologique du foie ainsi que la fréquence des
pathologies hépatiques tant aigues que chroniques expliquent le
‘’caractère fondamental de l’exploration biologique de cet organe’’.

▪ Le diagnostic des maladies hépatiques, la recherche de leurs


étiologies et le suivi des traitements nécessitent un large
ensemble d’examens biologiques qu’on va voir dans ce cours.
I- Rappels sur le foie :

• Le foie est un organe volumineux (1,5 Kg chez l’adulte) situé dans l’


étage sus-mésocolique, dans l’hypochondre droit et une partie de
l’épigastre, sous la coupole diaphragmatique droite et une partie
de la gauche.
Il représente un carrefour fonctionnel.
Il est formé de 02 lobes principaux, le droit et le gauche, séparés par
un ligament rond et falciforme.
Il est en outre constitué de 02 autres lobes plus petits, le lobe caudé
situé à la face postérieure et le lobe carré situé à la face inférieure.
Sur le plan fonctionnel, il est divisé en 08 segments constituant
chacun une unité fonctionnelle indépendante.
Le foie est placé entre 02 entrées, toutes les deux vasculaires et
02 sorties, l’une vasculaire et l’autre biliaire :

Il est perfusé par un double système, artériel et veineux portal :

- Le sang artériel arrive par l’artère hépatique qui transporte


l’ensemble des produits des métabolismes périphériques.

- Le sang veineux portal arrive par la veine porte hépatique qui


draine le sang veineux du système mésentérique et du pancréas.

- Les produits de l’activité hépatique sont exportés par une sortie


sanguine vers la circulation générale via les veines sus hépatiques
qui rejoignent la veine cave inférieure et par une sortie biliaire vers
l’intestin via des canalicules puis des canaux biliaires qui se
réunissent en un canal hépatique commun puis vers le cholédoque
qui déverse son contenu dans le duodénum.
Le foie reçoit les nutriments recueillis au niveau du tube
digestif
Le lobule hépatique :
Le parenchyme hépatique est organisé en un très grand nombre
d’unités fonctionnelles d’environ 0,5 mm de diamètre appelés
lobules, qui comportent différents types cellulaires.
Chaque lobule est centré sur une veine centrolobulaire drainée par les
veines sus hépatiques.
Des travées d’hépatocytes rayonnent à partir de cette veine.
En périphérie, le lobule est limité par 04 ou 05 espaces portes, recevant
chacun une branche de la veine porte, une branche de l’artère
hépatique et un canal biliaire au sein d’une matrice extra cellulaire
fibreuse.
Les travées d’hépatocytes sont séparées par des capillaires, les
sinusoïdes, dans lesquels circule le sang artériel et le sang veineux
portal jusqu’à la veine centrolobulaire.
Différents types cellulaires composent ce parenchyme lobulaire :
Les hépatocytes (représentant plus de 90 % des cellules du lobule), les
cellules endothéliales (qui constituent la paroi capillaire), les
cellules de Kupffer (qui font partie du système immunitaire) et les
cellules de Ito (qui sont des myofibroblastes et qui synthétisent la
matrice extra cellulaire).
Lobule hépatique
HEPATOCYTE
Les grandes fonctions hépatiques :

Rôle dans le métabolisme énergétique :


C’est le principal organe régulateur de la distribution des substrats
énergétiques ; Il joue un rôle essentiel dans les 03 grands
métabolismes (des glucides, des lipides et des protéines) ;
Il participe :
▪ À la constitution des réserves énergétiques sous formes de
glycogène et de triglycérides.
▪ Au maintien de la glycémie via la glycogénolyse et la
néoglucogenèse.
▪ C’est le lieu unique de synthèse des corps cétoniques d’origine
lipidique.
Les fonctions de synthèse :

Le foie synthétise la majeure partie des protéines circulantes, à


l’exception des immunoglobulines :
- L’albumine.
- Des protéines de transport : transferrine, céruloplasmine,
protéines de transport des vitamines et des hormones,…
- Certains facteurs de la coagulation (fibrinogène, facteurs II,
V, VII, IX, X).
- Des protéines de la phase aigue de l’inflammation : CRP,
Haptoglobine, certaines protéines du complément,…
- Autres protéines : Pro- érythropoïétine, …
Les fonctions d’épuration :

Le foie épure de la circulation un grand nombre de déchets du


métabolisme comme l’ammoniaque, la bilirubine, des
hormones en particulier les hormones stéroïdes et la plupart
des xénobiotiques (médicaments, polluants, colorants,
toxiques,…)
La fonction biliaire :

La formation de la bile représente ‘’la fonction exocrine’’ du foie.

La bile est la principale voie d’excrétion et d’élimination des


métabolites toxiques, des pigments biliaires (bilirubine et ses
dérivés), du cholestérol et de ses dérivés, des métabolites
d’hormones stéroïdes,…
Elle est nécessaire à la digestion et à l’absorption des lipides
grâce aux propriétés amphiphiles des acides biliaires qui
émulsifient les graisses dans la lumière intestinale en agissant
comme un détergent biologique.
Autres :

▪ Le foie participe à l’activation de la vitamine D :


( 25- hydroxy- vitamine D) ;

▪ Elimination des bactéries et des globules rouges vieillis


grâce aux cellules de Kupffer.


II- Exploration biochimique hépatique :

❖ Le bilan hépatique comprend :

- Les transaminases : ASAT, ALAT (cytolyse)


- γ-glutamyl transférase ‘’ γ- GT ‘’ (cholestase)
- Phosphatase alcaline ‘’ PAL ‘’ (cholestase)
- Bilirubine (ictère)
- Eventuellement TP/TQ (insuffisance hépatocellulaire)
- +/- Protéines (exploration de la synthèse d’albumine et de la
réaction inflammatoire.
- Aussi autres paramètres : facteurs de coagulation, …

❖ Ce bilan permet le diagnostic des grands syndromes
biologiques hépatiques :

• Les ictères
• Le syndrome de cholestase
• Le syndrome de cytolyse hépatique
• L’insuffisance hépatocellulaire
• La cirrhose hépatique
A- Les transaminases : ALAT et ASAT :

• Ce sont des enzymes qui catalysent le transfert des groupes α-


aminés des acides aminés (Alanine, Aspartate) sur le groupe α-
cétonique de l’acide α- cétoglutarique en présence d’un
cofacteur (Phosphate de pyridoxal).
• Cette réaction est un processus très général de la dégradation et
de la synthèse des acides aminés .
• On fait souvent le dosage de :
▪ L’aspartate amino transférase ou ASAT.
▪ L’alanine amino transférase ou ALAT.
Mais il existe d’autres transaminases.
1- ASAT : [ EC 2.6.1.1], appelée aussi TGO (transaminase
glutamo-oxaloacétique)
• Elle catalyse la réaction suivante :

• Localisation : Cœur (+++), foie (++), muscle (++), GR(++),


peau , reins et pancréas (+).
• ASAT : 20 % cytosolique et 80 % mitochondriale .
• Méthodes de dosage :
La plus utilisée est une méthode enzymatique cinétique dans l’UV ,
dont le principe est le suivant :

✔ La vitesse d’oxydation du NADH,H+ est proportionnelle à


l’activité catalytique de ASAT
✔ Elle est déterminée par mesure de la diminution de l’absorbance
à 340 nm .
• Les valeurs usuelles : ASAT < 40 UI /l.
2-ALAT : [EC 2.6.1.2], appelée aussi TGP (transaminase glutamo –
pyruvique)
• Elle catalyse la réaction suivante :

• Localisation : foie (+++) , rein (++) , muscle squelettique et


cardiaque (+)

• ALAT est exclusivement cytosolique.


• Méthodes de dosage :
La Méthode la plus utilisée est une méthode cinétique dans l’UV,
dont le principe est le suivant :

✔ La vitesse d’oxydation du NADH,H+ est proportionnelle à


l’activité catalytique de ALAT
✔ Elle est déterminée par mesure de la diminution de
l’absorbance à 340 nm .

•Les valeurs usuelles : ALAT < 40 UI /l.


B- La lactate déshydrogénase (LDH) :

• C’est une enzyme cytosolique libérée lors d’un dommage


cellulaire.
• Elle est présente dans de nombreuses cellules de l’organisme et
n’est donc pas spécifique du foie.
• Par conséquent , il existe 05 iso enzymes de la LDH qui peuvent
être séparés par électrophorèse.
• Son principe de dosage est le suivant :
Valeurs usuelles :

200 – 400 UI / l à 37 ° C
C- La γ- GT :
La gammaglutamyltransférase (GGT) ou gammaglutamyltranspeptidase
est une enzyme microsomiale (classe des peptidases) qui catalyse le
transfert d’un groupement gamma-glutamyl d’un peptide vers un
accepteur (peptide , acide aminé ou eau).
• C’est une glycoprotéine hétérodimérique transmembranaire
majoritairement exprimée dans les cellules épithéliales de nombreux
tissus : Foie(++) , rein (+++), voies biliaires ,rate , pancréas, prostate

• Elle constitue un élément régulateur dans le métabolisme du
glutathion.
• La mesure de l’activité de la GGT sérique est considérée comme un
test très sensible pour détecter une affection hépatobiliaire.
NB :
Bien que l’enzyme soit présente dans divers tissus , l’activité GGT
sérique provient principalement du système hépatobiliaire.
• Méthode de dosage :
C’est une méthode cinétique enzymatique dans le visible
(colorimétrique) dont le principe est le suivant :

GGT
Glycylglycine + γ- glutamyl p-nitroanilide γ-glutamylglycylglycine
+ p-nitroaniline

La vitesse de formation de couleur (jaune orangée) due au para


nitroaniline qui est directement proportionnelle à l’activité de la
GGT dans le spécimen est mesurée à 405 nm .

• Valeurs usuelles (37°c , IFCC) :


13-61 UI/l
D- La PAL (phosphatase alcaline) :

Les PAL sont des hydrolases qui clivent une liaison phosphoester
en libérant un groupe hydroxyle et un phosphate.

L’activité de la PAL sérique correspond à plusieurs types


d’isoenzymes d’origine osseuse et hépatique essentiellement
mais aussi des traces d’isoenzymes de la PAL intestinale,
rénale et placentaire.

La détermination de l’activité PAL et de ses isoenzymes est


utilisée pour le diagnostic et le suivi des maladies osseuses et
hépatiques essentiellement et repose actuellement sur 02
méthodes :
- Une méthode utilisant le tampon AMP (Amino-2-
Méthyl-1-Propanol) recommandée par l’IFCC (International
Federation of Clinical Chemistry) et la SFBC (Société Française
de Biologie Clinique).
- Une méthode utilisant le tampon DEA (Di-Ethanol-Amine)
recommandée par la DGKC (Deutsche Geselschaft fur
Klinische Chemie) et la SCE (Scandinavian Committee on
Enzymes).
❑ En milieu alcalin, les phosphatases alcalines catalysent
l’hydrolyse du para-nitrophényl phosphate en
para-nitrophénol et en phosphate.
❑ La vitesse d’apparition du para-nitrophénol suivie par la
variation de l’absorbance à 405 nm est proportionnelle à
l’activité de la PAL dans le spécimen.
PAL
Paranitrophényl phosphate Paranitrophénol + Phosphate
PH alcalin, AMP ou DEA, MgCl2
37 °C
Valeurs usuelles :

PAL (IFCC, SFBC) : (tampon AMP, MgCl2, pH = 10,5 et à 37°C) :


Enfant < 375 UI/l
Adulte < 125 UI/l

PAL (DGKC, SCE) : (tampon DEA, MgCl2, pH = 9,8 et à 37°C) :


Enfant < 645 UI/l
Adulte < 306 UI/l
E- La bilirubine :

• La bilirubine est le produit de dégradation de la protoporphyrine IX


constituant de l'hème, issue de la dégradation de l’Hb donc du
globule rouge.

• Son augmentation pathologique produit une coloration jaune de la


peau et des muqueuses : l'ictère.
• Principe de la méthode de dosage :
C’est une méthode colorimétrique après diazotation.
-Le diazoréactif = l'acide sulfanilique diazoté.
Il coupe la molécule de bilirubine en deux fragments dipyrroliques.
• La réaction est instantanée avec la bilirubine directe
• Une solubilisation(modification de la structure spatiale) est nécessaire
pour la bilirubine libre , grâce à un adjuvant (accélérateur) :

Soit : méthanol : réaction lente, lecture après 30minute

Ou : caféine + benzoate de sodium : réaction rapide ⇨ Couleur Verte

Ou : DMSO : réaction rapide ⇨ Couleur Violette (555nm)

La réaction de diazotation est la suivante :


SO3H-C6H4-N=N+ Cl-+ Bilirubine ⇨ azodérivé coloré.
Remarques :

❖ La bilirubine est photo-oxydable, donc il est nécessaire de


protéger l’échantillon de la lumière après le prélèvement.

❖ Lors du dosage il est nécessaire de faire un blanc échantillon.

❖ Il existe d’autres méthodes de dosage :


• Par méthode enzymatique, à la bilirubine oxydase ;
• Par HPLC : c’est la méthode de référence.
• Valeurs Physiologiques :

• Chez l’adulte :

Bilirubine Totale ≤ 10 mg/l


Bilirubine Directe ≤ 02 mg/l
Bilirubine Libre ≤ 08 mg/l

• Chez le Nné :

on peut trouver des résultats qui sont plus élevés et qui


peuvent ne pas avoir une signification clinique.
F- Autres paramètres :
✔ Dosage du taux de protéines plasmatiques et de l’albumine
plasmatique.
✔ Dosage du fibrinogène et de certains facteurs de coagulation
(taux de prothrombine).
✔ Dosage du cholestérol et des TG.
✔ Electrophorèse des protéines sériques : à la recherche
d’hépatite chronique ou de cirrhose.
✔ Dosage de certaines Ig et de certaines protéines de
l’inflammation (Haptoglobine, C3 et C4 du complément,…)
✔ Activité de la 5’ – nucléotidase.
✔ Activité de l’OCT (ornithine carbamoyl transférase).
✔ Tests d’épuration et de détoxification au BSP (bromosulfone
phtaléine) et à l’acide hippurique.
III- Pathologies hépatiques :
A- L’ictère :
▪ L’ictère correspond à l’apparition d’une coloration jaune des
muqueuses et de la peau, liée à une hyperbilirubinémie, supérieure
le plus souvent à 50 μmole par litre (29 mg/l).
Les patients consultent habituellement rapidement car c’est un
symptôme marquant qui n’est parfois observé que par l’entourage.
L’hyperbilirubinémie peut être conjuguée, non conjuguée ou mixte
mais c’est l’ictère à bilirubine conjuguée qui est le plus fréquent
(hormis chez le nouveau-né).
▪ En cas d’ictère à bilirubine conjuguée, le foie conjugue normalement
la bilirubine, mais l’excrétion de la bilirubine conjuguée se fait mal,
soit en raison d’un obstacle, soit d’une maladie du foie.
▪ En cas d’ictère à bilirubine non conjuguée, les antécédents
hématologiques doivent être précisés à l’interrogatoire, car c’est un
symptôme fréquemment causé par une hémolyse (anémie
hémolytique, hématome, transfusions récentes).
1 – L’ictére à BNC :
a - Ictère pré-hépatique : L’affection responsable de l’ictère est en amont du
foie (avant), donc le foie est sain.
L’étiologie est une Hyper hémolyse (dépassement des capacités hépatiques de
conjugaison de la bilirubine libre issue de la dégradation de l’hème des GR).
Comme pathologies, on retrouve :
• La maladie de Minkowski-Chauffard ou sphérocytose héréditaire : Anémie
hémolytique par anomalie membranaire du GR.
• Les hémoglobulinopathies :
Thalassémies = défaut de synthèse des chaines de globine (α,β )
Drépanocytose = défaut qualitatif de l’hémoglobine (Hb s)
• L’ictère hémolytique néonatal :
- infection néonatale (CRP élevée)
- incompatibilité fœto-maternelle (système ABO/système Rh)
- enzymopathie du GR :
o déficit en glucose 6 phosphate déshydrogénase( G6PD) : enzyme
globulaire de la voie des pentoses phosphate, à transmission lié à X
o déficit en pyruvate kinase : enzyme globulaire de la glycolyse ,
transmission autosomique récessive.
• L’ictère hémolytique chez l’adulte : d’origine auto-immune ou
médicamenteuse.

Tableau biologique :
BRB libre ↗↗↗
BRB conj ↗
Augmentation de la stercobiline et de l’urobiline.
Bilan de cholestase est normal.
Bilan de cytolyse normal.
b - Ictère intra-hépatique par défaut de la glucuronoconjugaison :
- Déficit transitoire de l’UDP-glucuronyl transférase :
Ictère physiologique du nouveau né ( 2 ème – 5 ème jour de vie).
- inhibition de l’UDP glucuronyl transférase :
Causée soit par le lait maternel ou bien par la novobiocine (antibiotique)
- Anomalie génétique de l’UDP glucuronyl transférase = syndrome de
Crigler – Najjar :
Il s’agit d’une pathologie rare et il en existe 02 types :
Le type 1 et le type 2.
- Hypothyroïdie congénitale :
Pathologie due au défaut de synthèse des hormones thyroïdiennes
(hormones du métabolisme intermédiaire), au cours de cette anomalie
il y a une diminution de la capacité de conjugaison de la bilirubine.
- La maladie de Gilbert :
Ce syndrome est une affection totalement bénigne et très fréquente
(03 à 10 % de la population), Il doit être considéré comme un
polymorphisme non pathogène.
TABLEAU BIOLOGIQUE : Bil libre ↗↗↗
Bil conj ↘
strecobilinogéne ↘ (selles décolorées )
2 – ictére à BC :
On retrouve dans les ictéres à BC différents mécanismes physiopathologiques :
Ictère cholestasique sans obstacles dans les canaux biliaires.
Ictère cholestasique avec obstruction des voies biliaires.
2-1- ictère cholestasique sans obstacles dans les canaux biliaires :
C’est un défaut d’excrétion d’une bilirubine conjuguée dans les canaux biliaires
- Le syndrome de Dubin-Johnson :
Ictère de la petite enfance (05 premières années), l’ictère repose sur le défaut
d’excrétion de la bilirubine conjuguée dans la bile via un transporteur
canaliculaire de la bilirubine.
- Le syndrome de Rotor :
Ictère plus précoce que le précédent.
L'anomalie moléculaire n'est pas connue .
TABLEAU BIOLOGIQUE :
Bil conj ↗↗↗
Bil libre ↗
Bilirubinurie positive
2-2-Ictère cholestasique avec obstruction des voies biliaires :
– cholestase intra-hépatique :
C’est une diminution du débit sécrétoire du liquide biliaire à l’intérieur
des voies biliaires intra hépatique.
Le tableau biologique :
Bil conj ↗↗↗
Urobilinogéne ↘
Bilirubinurie positive
Transaminases ↗↗↗ (06 à 10 N : hépatites aigues) et (02 à 4 N :
hépatites chroniques)
- cholestase post-hépatique ( extra hépatique) :
Stagnation de la bile dans les canaux biliaires situés en dehors du foie
Cliniquement on retrouve, un ictère sévère, douleurs vives et
profondes, fièvre et frissons, persistance de la fièvre après
disparition de l’ictère, prurit ,diarrhée , carence en vitamines
A ,D ,E ,K
Conservation d’un état général normal, vésicule biliaire palpable sans
hépatomégalie.
Les causes :

▪ obstruction du canal cholédoque,


▪ cancers du foie, de la tête du pancréas ou du cholédoque
▪ pancréatite (inflammation du pancréas)

Tableau biologique :

Bil conj ↗↗↗


Strecobilinogéne ↘ (selles décolorées)
Bilirubinurie positive
PAL ↗↗↗
B- La cholestase hépatique :
Il s’agit de l’ensemble des perturbations engendrées par une
diminution ou une interruption de la sécrétion biliaire.
Il en résulte 02 principales conséquences :
❖ Accumulation dans le foie ou les tissus de l’ensemble des
substances normalement éliminées dans la bile :
accumulation de bilirubine responsable de l’apparition
d’ictère et d’une coloration foncée des urines et
accumulation des acides biliaires responsable de l’apparition
d’un prurit.
❖ Diminution ou absence des acides biliaires dans la lumière
digestive responsable d’une modification de la consistance et
de la composition des matières fécales : apparition possible
de diarrhée, diminution du stercobilirubinogène donc
décoloration des selles.
❑ On distingue : la cholestase intra hépatique et la cholestase
extra hépatique.
• Quelques étiologies de la cholestase intra hépatique :
Stéatose hépatique, Abcès et tumeurs hépatiques, cirrhose,
granulomatoses hépatiques, hépatites, maladie de Rotor et
de Dubin-Johnson,…
• Quelques étiologies de la cholestase extra hépatique :
Conséquence de l’influence sur les voies biliaires extra
hépatiques par exemple par : une lithiase du choledoque,
cholangiocarcinome, adénopathies compressives du hile
hépatique, pancréatite chronique, adénocarcinome de la
tête du pancréas,…
Tableau biologique de la cholestase :

- PAL, Gamma GT élevées, Transaminases peuvent être élevées,


- Augmentation du cholestérol total.
- Allongement du TQ par diminution de la synthèse des facteurs
vitamine K dépendant.
- Augmentation du taux des gamma globuline.
C- La cytolyse hépatique :

Elle est commune à toutes les hépatites quelle qu’en soit l’origine.
Elle engendre un ensemble de signes qui sont liés à la lésion voire à
la nécrose des hépatocytes =˃ Libération de molécules
normalement contenues dans les hépatocytes, dont les plus
faciles à déterminer sont les transaminases (ALAT, ASAT).
Elle peut être associée à une cholestase et si elle est importante,
elle est souvent associée à une insuffisance hépatocellulaire.
Tableau biologique :

❖ Augmentation des transaminases :


▪Augmentation modérée (entre 02 et 05 fois la normale).
▪Augmentation considérable (˃ 05 fois la normale).
▪ ALAT / ASAT ˃ 1 oriente vers une hépatite virale.
▪ALAT / ASAT < 1 oriente vers une hépatite d’origine alcoolique.
❖ Augmentation modérée de la Gamma GT :
05 à 10 fois la normale mais d’intérêt limité car elle n’est pas
spécifique.
❖ Augmentation modérée du taux de la LDH (LDH 5) :
mais elle a peu d’intérêt en pratique courante.
❖ Augmentation du fer et de la ferritine.
La cytolyse est une conséquence constante des hépatites

• Définition de l’hépatite :
C’est une inflammation aigue ou chronique du parenchyme
hépatique due à un agent :
- viral ++++ (hépatite virale)
- toxique (Alcool) ou médicamenteux ++
- radiations ionisantes.
- pathologie auto-immune.
❑ L’hépatite aigue guérit en moins de 06 mois alors que
l’hépatite chronique dépasse les 06 mois d’évolution.

L’hépatite virale est la plus fréquente en Algérie.


05 virus en sont responsables :
NB : Les hépatites B,C,D peuvent passer à la chronicité et
développer ainsi une cirrhose → hépatocarcinome.
• Hépatite virale A :
Le virus responsable est l’entérovirus de la famille picornavirus à
ARN
▪ Les signes cliniques sont :
état pseudo-grippal (asthénie, courbatures, maux de tête) +
ictère (10 % )
▪ L’évolution :
généralement asymptomatique sans évolution à la chronicité,
rarement fulminante (mortelle)
▪ Le diagnostic de certitude :
Sérologie :
IgM anti- HVA qui sont présents 01 mois après l’infection,
persistent 06 mois, alors que les IgG anti HVA apparaissent 02 mois
après l’infection et persistent toute la vie (rôle protecteur).
▪ La prévention :
la bonne hygiène.
• Hépatite virale B :
▪ L’agent causal est l’entérovirus de la famille hepadnavirus à ADN
▪ Les signes cliniques sont identiques à la précédente.
▪ L’évolution :
90 % asymptomatique et ne passe pas à la chronicité alors que
10% peut évoluer vers la chronicité.
Le diagnostic repose sur la sérologie : Ag HBs,…
NB :
- On parle de chronicité quand l’AgHBs est positif au cours de 02
déterminations à au moins 06 mois d’intervalle.
- La présence de l’Ag HB e est un signe de complications.
• Hépatite virale C :
▪ L’infection est due à un entérovirus à ARN.
▪ La forme chronique est le plus souvent silencieuse mais on peut
trouver des Symptômes : exemple de fatigue.
▪ Le diagnostic se fait par les Ac anti VHC :
IgM → infection récente.
IgG → infection ancienne.
Il existe un autre paramètre biologique qu’on appelle : charge virale ou
ARN du VHC.
▪ Evolution vers 60 % à 70 % des formes chroniques dont la moitié sont
actives .
▪ 20 % de ces formes actives vont évoluer vers la cirrhose.
▪ 1/3 se compliquent en cancer du foie.
▪ Traitement :
Interféron δ et nouveaux antiviraux.
D- L’insuffisance hépatocellulaire :

L’insuffisance hépatocellulaire est un syndrome clinique et biologique


qui traduit l’altération des fonctions de synthèse et de dégradation
du foie (diminution ou arrêt des fonctions hépatiques).
On distingue :
• l’insuffisance hépatocellulaire aiguë, pouvant être observée par
exemple au cours d’une hépatite fulminante.
• l’insuffisance hépatocellulaire chronique, pouvant être observée
au cours des maladies chroniques du foie, par exemple la cirrhose.
Elle se manifeste lorsque la diminution de la masse fonctionnelle
hépatique devient critique (< 1/3 de la masse normale) par :
- une asthénie intense.
- Une ascite
- Ictère à bilirubine conjuguée (par baisse de l’excrétion biliaire)
- Syndrome hémorragique
- Sensibilité aux infections
- Signes cutanés : angiome stéllaire, érythrose palmaire,...

Son pronostic est souvent mauvais surtout lorsqu’apparait un


ictère foncé, une chute des facteurs de coagulation < 30 % ou
une encéphalopathie hépatique.
Tableau biologique :

- Diminution de l’albuminémie.
- Diminution de la synthèse des facteurs : I, II, V, IX et X.
- Allongement du TP et du TCA.
- Diminution de l’haptoglobine, du fibrinogène, de la
transferrine,…
- Diminution de l’urée plasmatique et augmentation de la
concentration de l’ammoniac.
- Augmentation de la bilirubine conjuguée par cholestase.
- …
NB :
il n’ya ni augmentation de la PAL ni de la Gamma GT.
E- La cirrhose hépatique :

La cirrhose est un ‘’ syndrome anatomopathologique ’’


correspondant à l’évolution naturelle de la plupart des maladies
chroniques du foie:
Se définissant par l’association de 03 lésions :
• Lésions hépatocellulaires.
• Fibrose annulaire.
• Présence de nodules de régénération.
Suivant la taille des nodules, on distingue des cirrhoses macro
(> 10 mm) ou micro (< 3 mm) nodulaires.
Les nodules sont formés d’amas d’hépatocytes ayant perdus les
connexions vasculaires et biliaires normales du lobule
hépatique.
Etiologies :
- Cirrhose alcoolique : 1 ère cause dans les pays européens.
- Cirrhose post-hépatitique B et C.
Leur diagnostic repose sur la sérologie (Ag HBe, anticorp HVC)
- Cirrhose médicamenteuse.
- Cirrhose auto-immune : Survient habituellement chez une femme
jeune, souvent associée à d’autres affections auto-immunes.
Cliniquement, l’hépatite auto-immune se manifeste par des poussées
ictériques, une asthénie, une fièvre, des arthralgies et des éruptions.
Elle peut être asymptomatique , une hypergammaglobulinémie est
fréquente.
Le diagnostic repose sur la présence d’auto-anticorps anti muscle lisse et
antinucléaire (hépatite auto-immune de type I) ou anti microsomes de
foie et de rein anti-LKM1 (hépatite auto-immune de type II, plus rare).
Exp : Cirrhose biliaire primitive : Survient le plus souvent chez une
femme de plus de 40 ans. Il existe une cholestase clinique ou
biologique.
- Cirrhose métabolique : hémochromatose, maladie de Wilson, …
Complications :
Les complications sont nombreuses :
- hémorragie digestive.
- ascite.
- carcinome hépatocellulaire.
- manifestations pulmonaires (Pleurésie,..).
- encéphalopathie hépatique.

L’évaluation biologique de la cirrhose est réalisée par le biais du


calcul du Fibrotest qui combine 7 paramètres :
a2-macroglobuline, haptoglobine, apolipoprotéine A1, bilirubine
totale, GGT, âge et sexe.
Actuellement, l’utilisation de ce test nous permet de confirmer
le diagnostic de la cirrhose au cours de l’hépatite chronique C .
F- Le cancer du foie :

La cirrhose est un terrain de prédilection pour le développement


d’un hépatocarcinome surtout chez les hommes, révélé par le
dosage sérique d’un marqueur qui est l’ α- foetoprotéine
(manque de sensibilité), ainsi le diagnostic est posé par
échographie et analyse anatomopathologique.

L’hépatocarcinome est une pathologie très grave qui est associée


à plusieurs complications et qui est souvent mortelle.

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