Femmes Dans Le Ministère 2
Femmes Dans Le Ministère 2
Femmes Dans Le Ministère 2
MINISTERE ET LE
LEADERSHIP ?
TRANSVISION 08
PAUL HEMES
10. CONCLUSION...............................................................................50
11. BIBLIOGRAPHIE ..........................................................................52
Avec Phoebé, il exprime dans le concret ce qu’il prêche aux deux sexes
à Corinthe. Aucun membre du corps ne peut dire à un autre je n’ai pas besoin
de toi. Les dons et ministères masculins ne peuvent pas dire aux dons et
ministères féminins : nous n’avons pas besoin de vous. Ni l’inverse bien
entendu.
Comment l’église pourrait-elle fonctionner comme corps du Christ dans
ce monde, sans que les femmes prennent la place que Dieu veut pour elles
dans le corps, selon l’appel et les dons que Dieu leur accorde ? Et si des
places leurs sont fermées quel appauvrissement pour tout le corps et pour
toute la croissance missionnaire du corps!
L’Eglise dans sa mission n’a jamais vécu vraiment sans le ministère des
femmes, même si les hommes ne les ont pas crues, ou écoutées, ou
reconnues, comme déjà lors de la Résurrection. Et quel combat pour elles
parfois de simplement pouvoir donner ce que Dieu leur avait confié! Que c’est
difficile quand le vent est contraire et souffle fort des paroles comme : « je
n’ai pas besoin de votre aide » ; « c’est un job pour les hommes » ; « ces dons
là ne sont pas permis pour des femmes ». Et quel appauvrissement pour tous !
Pour les femmes parce qu’elles ne sont pas libérées par les hommes pour
2.2.2. Jean
D’ailleurs ce témoignage au Ressuscité commence chez les femmes
d’abord, car elles sont les premiers témoins de la résurrection, en particulier
Marie Madeleine, mentionnée dans les 4 Evangiles. Le ministère féminin se
met en marche à l’aube de Pâques. Jésus envoie Marie Madeleine vers les
apôtres : « Pour toi va trouver mes frères et dis leur...» (Jn 20,17) A cause de
ce premier envoi, certains nomment Marie Madeleine l’apôtre des apôtres !
Peu après les disciples (sans doute hommes et femmes) sont rassemblés
(20,19) et Jésus les envoie : « comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous
envoie. » (Jn 20,21)
2.2.3. Matthieu
Concluons par le mandat de mission de Matthieu 28. Ce texte résume en
bien des points tout l’Evangile de Matthieu, un évangile qui a pour centre la
formation par Jésus de communautés de disciples du Royaume. Et personne ne
conteste que ces disciples incluent des femmes. Elles sont là d’ailleurs à la
croix : « Il y avait là bien des femmes qui regardaient de loin ; elles avaient
accompagné Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles figuraient
Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils
de Zébédée » (Mt 28,55). Elles ne sont pas appelées explicitement disciples
mais elles le sont par tout ce qu’elles sont et font.
Le mandat de mission de Jésus est donné « aux onze disciples » (Mt
28,16ss.) C’est par ces onze hommes que cela commence. Mais le mandat ne
peut se réduire à eux et inclut par la logique même du texte tous les disciples
futurs et présents. Les onze, ouvrent le chemin pour tous. Le tous implique
tous ceux à qui s’adresse l’Evangile de Matthieu : tous les disciples du
Royaume, hommes et femmes. Il faut bien entendre Jésus dire aussi :
Les femmes sont des disciples de Jésus à part entières et elles sont
inclues dans la mission de Jésus vers les nations. Combien de missionnaires
femmes l’ont compris ainsi avec raison et sont parties en mission, envoyées
par Jésus !!! Mais cet ordre n’est pas seulement pour les nations lointaines,
mais pour les voisins et voisines de nos quartiers, pour nos villes et villages.
Les 30 dernières années ont connu un regain d’intérêt énorme pour tous
les charismes du NT. Les dons de l’Esprit ont été reconnus de manière de
plus en plus large dans l’église. Même les dons de prophètes et d’apôtres sont
reconnus de plus en plus comme des dons nécessaires à la construction de
l’église et à sa mission. Quelle est la place des femmes dans l’exercice des
charismes ? Nous allons essayer de répondre à cette question à partir des
listes de charismes que l’on trouve dans le NT.
Il y a 4 listes de dons dans le NT. Les voici sous forme de tableau afin
de pouvoir les lire de manière synoptique.
Foi Enseignement
Prophétie Diriger
Diverses langues
Apôtres Apôtres
Prophètes Prophètes
Enseignants Evangélistes
Miracles Bergers
Aptitudes à secourir
Aptitudes à administrer
Diverses langues
1 PIERRE 4,10
Exercer l’hospitalité
Servir (diakoneô)
Tous les textes concernant les dons sont adressés aux hommes et aux
femmes. Quand Paul s’adresse aux « frères », cela signifie « frères et sœurs ».
Ainsi par exemple, dans Romains 12, pour introduire toute la partie consacrée
à la vie incarnée des croyants, et en particulier les dons (6-8), Paul écrit: «
Je vous encourage frères ». Et par cette expression il ne s’adresse pas
seulement aux hommes mais aussi aux femmes.
Contrairement aux disputes entourant les textes difficiles, ici tout le
monde est d’accord (à ma connaissance). Mais on n’en tire pas toujours toutes
les conséquences logiques et pratiques. Ainsi par exemple, dans la liste des
dons de Rm 12, il y a les dons de compassion que personne n’hésite à
accorder aux femmes, mais il y a aussi les dons d’enseignement (12,7) et de
direction (12,8) que certains refusent aux femmes. Paul ne fait pas ces
distinctions. Et le contexte est celui de tout le corps du Christ local
rassemblé. Or écrit Paul, dans le corps, il y a plusieurs membres et « ces
ROMAINS 16,1-2
Phoebé est sans doute une femme riche de rang social élevé. Elle
possédait une maison assez grande et l’avait mis à disposition pour accueillir
l’église de Cenchrées. Comme « ministre » (diakonos) de la communauté elle
avait sans doute aussi un rôle de conduite quand la communauté était
rassemblée dans sa maison.
Paul encourage les Romains à assister Phoebé dans toute affaire où elle
pourrait avoir besoin d’eux. De quelles affaires pourrait-il s’agir ? Sans doute
pas de logement ni de finances car comme patronnesse elle ne manque pas de
ressources de ce côté-là. Comme toute la lettre des Romains a pour objet un
projet missionnaire pour l’Espagne et que Paul veut établir à Rome une base
de mission pour ce pays, il est probable qu’il confie à Phoebe, au vu aussi de
ses compétences « patronales », l’organisation pratique de cette base. Les
personnes saluées dans Romains 16 comprendraient que Paul souhaite les
recruter aux côtés de Phoebe pour la soutenir et la conseiller dans ce job.
ROMAINS 16,3-5
Corinthe : Ac 18,1-3
Ephèse : 1 Cor 16,19
Rome : Rm 16,5 :
ROMAINS 16,7
Saluez Andronicus et Junia, qui sont de ma parenté et qui sont aussi
mes compagnons de captivité; ils sont remarquables/prééminents
parmi les apôtres, ils étaient même dans le Christ avant moi.
« Parce qu’une femme ne pouvait pas être un apôtre, la femme qui est ici
appelée apôtre ne pouvait pas être une femme » (Elisabeth Castelli 1994)
C’est ce que dit Paul l’apôtre. Dans quel sens Paul utilise-t-il ce mot ?
Il en parle deux fois pour signifier simplement un émissaire d’une église avec
une mission particulière : Ph 2,25 ; 1 Cor 8,23 : Mais son usage le plus
fréquent est pour désigner les apôtres du Christ, ceux qui ont vu Jésus Christ
ressuscité et ont été mandatés par le Seigneur pour annoncer la bonne
nouvelle et travailler pour implanter des églises. Et Junia est l’un d’entre eux.
Paul mentionne que Andronicus et Junia étaient chrétiens avant lui.
S’ils étaient chrétiens, avant lui, cela veut dire qu’ils se sont convertis
avant la fin des années 30, sans doute dans l’église mère à Jérusalem ou pas
très loin, à Damas ou Antioche. Peut-être faisaient-ils partie des 500 que Paul
mentionne en 1 Cor 15. Ils seraient partis pour Rome après, comme s’est
attesté pour de nombreux juifs, portant avec eux le message de la Bonne
Nouvelle à Rome. En tout cas le fait que Paul les nomme « apôtres
remarqués » en s’adressant aux Romains, c’est qu’il considère que l’église de
Rome les connaît et accepte leur apostolat.
Le don d’apôtre revient encore dans Ephésiens 4,11 suivi par celui de
prophète, d’évangéliste, de pasteur/berger et de docteur/enseignant. Là
encore si Junia est une femme apôtre remarquable, pourquoi n’y aurait-il pas
aussi des femmes évangélistes remarquables – comme l’histoire de l’église en
a connu beaucoup – de pasteures remarquables et de docteures
remarquables ?
Tous ces ministères, dans Ephésiens, prennent part à l’enseignement de
la Parole qui construit la communauté dans l’unité, équipe tous les chrétiens
pour le ministère, et fait grandir dans la maturité en Christ. Il n’y a aucune
raison scripturaire de refuser cela aux femmes. Cela implique une
reconnaissance de leurs dons, et à partir de là la une reconnaissance de leur
service dans la vie de l’église.
A côté des hommes forts (gibbor) la bible utilise encore le mot féminin
(gebira) pour désigner des reines mères comme la reine Maaka, mère d’Asa (1
R 15,13), la reine Athalie mère d’Ahazia (2 R 8,26 ; 10,13). Les femmes ne
sont pas exclues de l’état.
Dans la bible on trouve une femme, Schééra qui construit trois villes (1
Chr 7,22-24) et pour le faire on peut imaginer le nombre de chantiers et
d’hommes sous ses ordres. Plusieurs femmes de la Bible ont des serviteurs
masculins auxquels elles commandent. (par exemple Abigaïl ; 1 Sm 25,18-19).
1 COR 14,33-35
33 Comme cela se fait dans les églises des saints,
Pour les versets 36-38 on peut se poser la question s’il s’agit des
femmes seulement ou des hommes et des femmes. Comme le « seuls » du
verset 36 est au masculin et non au féminin, il s’agit vraisemblablement à
nouveau des chrétiens des deux sexes. D’autant plus que Paul revient sur ce
qui fait autorité dans toutes les églises (14,33) (pour les hommes et femmes)
et qui est un commandement du Seigneur. L’interprétation du verset difficile
ne dépend pas non plus centralement du choix que l’on fait ici.
Les paroles inspirées par l’Esprit peuvent donc s’exprimer à haute voix
et par chacun (homme et femme) dans la communauté, mais il y a des lignes
directrices qui viennent aussi de Dieu pour un usage maîtrisé et mesuré de
ces paroles en vue d’un but qui vient de Dieu. Paul contre ainsi toute exigence
à une liberté absolue à la parole inspirée. Si la parole inspirée ne contribue
pas à la construction des autres et si elle crée de la confusion et du désordre,
il faut la taire. Que ce soit à cause de la non maîtrise de soi du prophète (32),
que ce soit pour éviter le monopole d’un seul (29-30) que ce soit pour éviter
des parlers en langues successifs inintelligibles sans interprétation, il faut que
chacun soit limité dans sa parole par le silence. Le silence laisse place aux
autres. Le silence laisse place à l’écoute de Dieu dans le peuple rassemblé.
L’inspiration n’est donc jamais une excuse pour des manières de faire
qui cassent un climat de paix dans lequel chacun peut être encouragé. Dieu
travaille par Son Esprit avec des agents responsables qui maîtrisent leur
parole, qui savent se taire, laisser place au silence et aux autres, qui
acceptent de s’auto examiner et qui acceptent aussi le tri des autres dans ce
qu’ils ont apporté, sans que cela soit une offense personnelle.
En particulier encore dit Paul, « les esprits des prophètes sont soumis
aux prophètes » ce qui signifie probablement que le prophète a la maîtrise de
son discours prophétique. Le/la prophète ne peut pas se cacher derrière une
extase prophétique qui l’emporte et le domine pour justifier des
comportements irresponsables à l’égard de la communauté entière.
On a parfois défendu l’opinion que le parler des femmes que Paul veut
faire taire est du bavardage entre elles qui perturbe la réunion. Mais cette
hypothèse ne tient pas. Le mot parler se trouve 16 x dans 1 Cor 14 et il
signifie toujours « le discours inspiré ». Il n’y a aucune raison, puisque les
femmes aussi participent au discours inspiré, de penser qu’il s’agit
soudainement de bavardage. La question est celle de la gestion du discours
inspiré dans la communauté. Paul veut faire taire tout ce qui n’est pas
constructif communautairement ou ce qui serait un abus de la liberté de la
parole.
Comme on l’a vu, se taire structure tout le texte et permet une gestion
en communauté de la parole inspirée qui soit responsable et constructive. Le
« se taire » dans les deux autres cas traités par Paul (le parler en langues et
la prophétie) ne signifie pas le silence absolu mais la limitation de la parole
pour le bien commun. Selon le contexte le mot se taire peut signifier « arrêter
de parler », « garder sa langue » ou « s’abstenir d’utiliser un type particulier
de discours dans un contexte présupposé »
Le terme interroger donne des indications sur ce qui est en jeu. En effet
le mot grec pour interroger ne signifie pas seulement la demande ou la
question toute simple, mais la demande insistante, comme pour une enquête
policière ou un interrogatoire. Le verbe est utilisé pour décrire le grand prêtre
qui interroge Jésus (Mc 14,60-61) et qui finit par l’accuser. Ou bien Jésus,
entouré de gens qui le questionnent sur son autorité, et qui rétorque par un
contre interrogatoire (Mc 11, 27-29).
Dans l’évaluation prophétique recommandée à tous par Paul, des
femmes pourraient avoir utilisé leur liberté pour faire subir à leurs époux
comme un interrogatoire en public, ceci dans un esprit de contestation, même
sous le couvert « d’apprendre ». Or dans la culture de l’époque que l’épouse
ou une femme parente proche prenne la parole d’une telle manière face à son
mari amène la honte et l’humiliation publique sur son mari. La culture du 1er
siècle à Corinthe est une culture de la honte et de l’honneur et non de la
culpabilité et de la pureté, comme en Occident depuis Augustin. Or ce qui
touche à la honte dans la culture familiale est ce qui est le plus fort. Ainsi on
peut imaginer tout ce que des interrogatoires menés publiquement par les
épouses contre leurs maris peuvent avoir comme effet d’humiliant chez les
maris exposés à ce traitement.
Ce qui ne serait pas honteux dans la sphère privée (à la maison) est tout
simplement inconvenant dans la sphère publique. Il n’est pas difficile de
trouver des parallèles aujourd’hui, où ce qui est correct en privé est
inconvenant en public : par exemple une discussion « virile » entre conjoints,
où se manifestent des désaccords avec beaucoup d’émotions. Le
rassemblement de la communauté dans l’écoute de Dieu n’est pas le lieu pour
cela.
Pour finir comment interpréter ce texte de manière à le comprendre
sans qu’il contredise toute la liberté de parler que Paul accorde aux femmes
dans les versets qui précèdent ? Voilà une proposition raisonnable et
cohérente que l’on peut faire, avec les hypothèses contextuelles entre
crochets.
Nous voici devant un texte bien difficile qui a posé problème à bien des
hommes et à bien des femmes : « je ne permets pas à la femme d’enseigner »
(1 Tm 2,12). Ce verset a été utilisé de manière abusive pour justifier une
autorité abusive des hommes sur les femmes et a fermé la porte au ministère
à bien des femmes.
Cela reste un texte difficile à interpréter encore aujourd’hui. Le
contexte à l’arrière plan de l’interdiction de Paul ne peut être reconstruit que
de manière conjecturale et non de manière certaine. Ce qui est certain par
contre, c’est que Paul a affaire à de fausses doctrines et qu’il lutte contre
elles. Dans ce texte Paul termine par une phrase au sens très discuté
aujourd’hui : la femme sera sauvée par la maternité (1 Tm 2,15). Que veux
dire Paul par là ? Deux phrases choquantes en 3 versets !!!
de l'or,
des perles
Dans les versets qui précèdent les paroles difficiles, Paul ne traite pas
d’absolus en parlant des coiffures et des vêtements des femmes dans les
réunions d’église, mais de ce qui convient ou non dans le contexte social où
sont plantées les églises d’Ephèse. Paul n’est pas en guerre contre les
coiffeurs ni les coiffures, ni contre les bijoux ou l’or en tant que tels. Soit dit
en passant si on veut être fidèle à la Parole de la Bible il faudra traiter de
Eve ensuite.
Bien des propositions sont faites qui aboutissent à une impasse. Ce que
l’on peut faire pour avancer dans la direction de la résolution, c’est éliminer
certaines impasses.
10. Conclusion
Rappelons ce que Paul écrit sur les dons et les ministères dans ses
lettres. Il l’écrit de manière totalement inclusive pour les hommes et les
femmes. Sur le principe les femmes ne sont exclues de rien de ce que Paul
écrit. Absolument tous les textes sur les dons les concernent. Les dons que
Dieu leur accorde par grâce font partie intégrante de son projet pour
construire l’église et évangéliser le monde. Ces dons ont leur place et leur
valeur de manière égale à ceux des hommes. Il n’y a aucun critère qui sépare
hommes et femmes dans les listes de dons. Il n’y a rien qui indique que
certains dons seraient réservés aux hommes. Concernant les dons, il n’y a ni
homme ni femme, pas plus que esclave ou homme libre (Ga 3,28) Les dons
naturels et spirituels des femmes ont leur place dans le corps et sont au
service de Dieu et des autres, y compris le don de direction.
11. Bibliographie