Détention Par La Police
Détention Par La Police
Détention Par La Police
Couverture : L’APT tient à remercier M. Wim Pietersen, agent de police aux Pays Bas,
pour nous permettre d’utiliser certaines images provenant de sa collection d’écussons
de police. Pour de plus amples informations : www.wikacollection.com
Images chapitre 1 & 3 : © APT/Chiara Tamburini
Image chapitre 2 : © APT/Delmi Alvarez
Table des matières
Chapitre I :
Monitoring de la police : enjeux et contexte 5
1. Les pouvoirs de la police et les droits humains 6
1.1. La police et les droits humains 6
1.2. Les pouvoirs de la police et les risques encourus par
les détenu·e·s 7
1.3. Personnes en situation de vulnérabilité 10
1.4. Détention par la police 12
1.5. Corruption au sein de la police 14
2. Les spécificités du monitoring des postes de police 15
2.1. Le monitoring de la police au sens large 15
2.2. Entretiens individuels 16
2.3. Principales caractéristiques des visites de monitoring dans les
postes de police 18
3. Monitoring préventif : un cadre analytique 19
3.1. Monitoring des lieux de détention : Principes de base 26
iii
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
2. Préparation opérationnelle 31
2.1. But de la visite 31
2.2. Composition de l’équipe de visite 32
2.3. Questions de logistique 33
2.4. Personnes de contact 34
3. Préparation matérielle 34
3.1. Code vestimentaire 34
3.2. Documents d’identité et équipement 35
4. Préparation psychologique 35
iv
Table des matières
v
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Remerciements
Au nom de l’APT, je souhaite exprimer ma gratitude aux expert·e·s et
membres du personnel qui ont contribué à cette nouvelle publication.
La première version de ce texte a été rédigée par Michael Kellett, ancien
membre de la police, expert indépendant en matière de questions policières
et membre du Comité de l’APT.
Le texte a été revu par Auro Fraser, ancien membre du personnel de l’APT qui
travaille actuellement au sein du Bureau du Haut-Commissariat aux droits
de l’homme en Colombie. Auro a également formulé des commentaires très
utiles sur la dernière version de ce document. Jonathan Beynon, médecin et
consultant en droits humains, a fourni une contribution substantielle sur les
aspects médicaux du texte. Marcellene Hearn et Matthew Sands, conseillers
juridiques de l’APT, ont également contribué à l’élaboration du chapitre III.
Enfin et surtout, le présent guide n’aurait pu être élaboré sans le travail de
recherche, de rédaction et de coordination d’ensemble mené par Jean-
Sébastien Blanc, conseiller en monitoring des lieux de détention de l’APT.
Le projet de document a été discuté lors d’une rencontre, modérée par
Jean-Sébastien Blanc et Tanya Norton (conseillers en monitoring des lieux
de détention de l’APT), qui s’est tenue à Genève les 3 et 4 mai 2011. Je tiens à
remercier les expert·e·s suivant·e·s dont les précieux commentaires fournis
durant et après la rencontre se sont révélés essentiels :
• Silvia Casale, ancienne présidente du Comité européen pour la
prévention de la torture et du Sous-Comité pour la prévention de
la torture des Nations unies ;
• Ralph Crawshaw, ancien membre de la police et expert indépendant
en matière de questions policières ;
• Charbel Mattar, conseiller en matière de torture et de questions
policières au sein du ministère de l’Intérieur du Liban ;
• Hernán Vales, membre du Secrétariat du Sous-Comité pour la
prévention de la torture des Nations unies.
vii
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Le projet de texte final a également été revu par d’autres expert·e·s dont les
commentaires nous ont permis d’élargir la portée de ce manuel :
• Maggie Beirne, ancienne directrice du Committee on the
Administration of Justice et membre du Conseil consultatif de l’APT ;
• Donche Boshkovski, conseiller en matière de prévention de
la torture au sein du mécanisme national de prévention de la
Macédoine ;
Remerciements
Mark Thomson
Secrétaire général de l’APT
viii
Avant-propos
Lorsqu’une personne est arrêtée par la police, elle se retrouve dans une
Avant-propos
situation particulièrement vulnérable. Dans la mesure où la police dispose
de pouvoirs spéciaux, tels que l’usage légitime de la force, le sort de la
personne détenue est entièrement aux mains des agent·e·s responsables
de l’application des lois. Ce déséquilibre du rapport de forces crée une
situation à risque, dans laquelle des abus et des actes de torture peuvent
être commis.
La torture est une des plus graves violations des droits fondamentaux. Elle
peut détruire la dignité, le corps et l’esprit d’une personne, et elle a des
répercussions de grande ampleur sur la société dans son ensemble. Malgré
sa prohibition absolue aux termes du droit international, le recours à la
torture et autres mauvais traitements reste répandu. Ces actes terribles sont
souvent commis à huis clos, à l’abri de tout regard extérieur. C’est la raison
pour laquelle le monitoring indépendant des lieux de privation de liberté
joue un rôle crucial dans la prévention de toutes sortes de violations.
En tant que Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, j’ai
appelé les États à ouvrir les lieux de privation de liberté à une surveillance
extérieure afin de renforcer les efforts visant à éradiquer la torture dans le
monde entier. J’ai fait pression pour accroître le nombre de ratifications du
Protocole facultatif à la Convention contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui garantit la transparence
dans tous les lieux de détention grâce à un système unique comprenant des
organes de visite tant au niveau international que national.
En 2004, l’APT a publié un guide pratique sur le monitoring des lieux de
détention. Ce document visait à renforcer les capacités des personnes
effectuant ce type de visites, notamment dans les prisons. Ce guide a,
depuis lors, été traduit en 17 langues et est utilisé dans le monde entier.
Cependant, les praticien·ne·s ont exprimé le besoin de conseils plus
spécifiques en matière de monitoring préventif de la police, notamment
en ce qui concerne la surveillance du comportement de la police et des
lieux placés sous son autorité. Le nouveau manuel de l’APT constitue donc
une contribution bienvenue en la matière car il offre un cadre clair pour
ix
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
x
Note sur la version française
xi
Abréviations principales
Abréviations
APT Association pour la prévention de la torture
CADH Convention américaine relative aux droits de l’homme
(connue aussi sous le nom de « Pacte de San José »)
CADHP Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (connue
aussi sous le nom de « Charte de Banjul »)
CAT Comité contre la torture des Nations unies
CCRAL Code de conduite pour les responsables de l’application des lois
CDE Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant
CDH Conseil des droits de l’homme
CEDH Convention européenne des droits de l’homme (anciennement
Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme
et des libertés fondamentales)
CEEP Code européen d’éthique de la police
CEPT Convention européenne pour la prévention de la torture et
des peines ou traitements inhumains ou dégradants
CIPPDF Convention internationale des Nations unies pour la protection
de toutes les personnes contre les disparitions forcées
CPT Comité européen pour la prévention de la torture et des
peines ou traitements inhumains ou dégradants
CDPH Convention des Nations unies relative aux droits des personnes
handicapées
EPP Ensemble de principes des Nations unies pour la protection
de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de
détention ou d’emprisonnement
ERM Ensemble des règles minima pour le traitement des détenus
des Nations unies
xiii
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
xiv
Introduction
Introduction
Les visites inopinées et régulières effectuées dans les lieux de détention
pour surveiller le traitement et les conditions de détention des personnes
privées de liberté constituent l’un des moyens les plus efficaces de prévenir
la torture et autres mauvais traitements. L’Association pour la prévention
de la torture (APT) élabore des outils avec pour objectif de renforcer les
capacités des organes de monitoring. Le manuel de l’APT, Visiter un lieu de
détention : Guide pratique,1 a déjà été traduit en 17 langues ; cependant,
c’est durant les premières phases de la détention que le recours à la torture
est le plus fréquent. C’est la raison pour laquelle de nombreux professionnels
ont souligné le besoin de disposer d’un guide spécifique en matière de
monitoring des postes de police2 et du comportement des agent·e·s. Si la
méthodologie relative aux visites présentée dans ce manuel comporte de
nombreuses similitudes avec les approches en matière de monitoring dans
les autres lieux de détention, y compris les prisons, elle a été élaborée afin
de constituer un outil ciblé et spécifique complétant le document Visiter un
lieu de détention : Guide pratique. Plutôt que de présenter une série de règles
à suivre dans chaque situation, ce manuel vise à proposer des conseils et
des informations sur les meilleures pratiques pouvant être adaptées aux
besoins dans des contextes spécifiques.
1 APT, Visiter un lieu de détention : guide pratique, Genève, avril 2004. Disponible sur : http://
www.apt.ch/content/files_res/Monitoring%20Guide%20FR.pdf
2 Les termes de « police » et d’« agences chargées de l’application de la loi » sont souvent
utilisés de manière interchangeable. Cependant, le présent manuel utilise uniquement
le terme de « police » car le terme d’« agences chargées de l’application de la loi » est
souvent considéré comme ayant une acception plus étroite alors que l’éventail des
fonctions de la police est plus large que la seule application de la loi.
1
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Public cible
Le présent manuel a l’ambition d’être utile à toute personne chargée d’effectuer :
• des visites de monitoring dans des postes de police et/ou autres
locaux sous l’autorité de la police ;
• des activités de prévention relatives au travail de la police.
Cet outil est avant tout destiné à être utilisé par les membres des Mécanismes
Introduction
2
Introduction
Structure du guide
Ce manuel est composé de trois chapitres principaux. Le chapitre I présente
le contexte dans lequel s’effectue le monitoring de la police, en soulignant
les pouvoirs de la police et les rapports entre ces pouvoirs et certaines
questions de droits humains. Ce chapitre présente également les dimensions
clé du monitoring des locaux et autres lieux utilisés par la police, en offrant
un cadre analytique permettant de comprendre les questions soulevées par
Introduction
le monitoring de la détention dans une perspective globale.
Le chapitre II examine la méthodologie relative à la conduite de visites de
monitoring. La partie A traite de la façon de préparer ces visites. La partie B
porte sur la conduite de ces visites. La partie C présente des activités
essentielles en matière de suivi.
Le chapitre III présente et examine les normes nationales et internationales
les plus pertinentes en matière de détention par la police. Structuré de
manière thématique, ce chapitre peut être utilisé comme un manuel
autonome. Pour chacune des questions traitées (par exemple le recours à
des instruments de contrainte), le chapitre comprend des références aux
documents juridiques pertinents, un commentaire expliquant ce que ces
normes impliquent pour les équipes chargées des visites, ainsi que des
conseils pratiques (« points de repère »).
3
Chapitre I
Monitoring de la police : enjeux et
contexte
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
6
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
la police doit agir activement afin que toutes les personnes puissent jouir de
leurs droits humains. Il est, à cet égard, important d’avoir une compréhen-
sion positive du rôle de la police afin de favoriser un dialogue constructif
entre les organes de monitoring et la police, dialogue qui est à la base du
monitoring préventif.
Si les agent·e·s de police sont tenu·e·s de protéger et de respecter les droits
fondamentaux des personnes, leurs propres droits doivent être, au même
titre, respectés et réalisés. Par conséquent, lorsque des agent·e·s semblent
responsables de violations de droits humains, y compris de mauvais traite-
ments, les visiteurs garderont à l’esprit qu’il est possible que les membres de
la police soient eux-mêmes victimes d’abus. Une telle situation peut avoir un
impact important sur le traitement de détenu·e·s. Par exemple, de très mau-
I
vaises conditions de travail ne constituent pas seulement une atteinte aux
droits économiques et sociaux des agent·e·s, elles peuvent aussi accroître la
corruption ou contribuer à d’autres comportements préjudiciables envers
les personnes placées sous leur garde. Dans le cadre de leurs efforts visant
7
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
8
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
9
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
3 Selon l’APT, la vulnérabilité est liée, dans la plupart des cas, à un statut de minorité
qui accroît le risque de stigmatisation et de mauvais traitements : ainsi, les personnes
peuvent être vulnérables dans un contexte donné et pas dans un autre. Par exemple, les
femmes peuvent être vulnérables à la fois parce qu’elles représentent, dans le monde
entier, un pourcentage beaucoup plus faible de la population détenue et parce que,
de manière générale, les autorités chargées de la détention sont en majorité de sexe
masculin ; de ce fait, les femmes détenues sont davantage exposées à la discrimination
et aux mauvais traitements durant leur détention.
4 Personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres et intersexes.
10
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
5 Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), Art. 2.
disponible sur : http://www2.ohchr.org/french/law/disabilities-convention.htm
11
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
12
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
9 Ce terme ne doit pas être confondu avec un même terme, utilisé dans d’autres pays,
notamment dans les États de l’ancienne Union soviétique, où les personnes reconnues
coupables d’infractions mineures, telles que des infractions au code de la route, peuvent
être condamnées à de courtes périodes de détention par la police. Il faut noter que,
dans certains pays, ce terme peut également être utilisé pour décrire d’autres formes de
détention par la police.
10 Dans un très petit nombre de pays, la police est également chargée de l’administration
des prisons.
11 Le présent document ne traite pas des formes ou des lieux de détention illégaux. Si
des visiteurs découvrent de telles situations, ils doivent clairement faire savoir que les
normes internationales s’y appliquent également.
13
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
12 Les personnes impliquées dans le monitoring des prisons devraient tenir compte
du principe généralement reconnu selon lequel la police ne doit pas se substituer
au personnel pénitentiaire, sauf dans les cas d’urgence. Voir, par exemple, CEEP, §11.
Disponible sur https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?id=224465&Site=CM
14
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
15
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
font pas, dans la plupart des cas, l’objet d’un monitoring direct de la part
des organes de visite car ils ne relèvent pas des visites des postes de police.
Néanmoins, ces activités présentent des risques et il est important que les
visiteurs recueillent des informations à leur sujet. Ce type d’informations
peut être recueilli durant des entretiens individuels avec des détenu·e·s
dans des postes de police, même s’il est souvent plus facile de collecter des
informations relatives au comportement de la police durant des entretiens
rétrospectifs avec des personnes privées de liberté et incarcérées dans des
prisons et auprès de celles qui ont été libérées.
Le schéma ci-dessous ne constitue pas une représentation précise du pro-
I cessus de la détention ; il cherche plutôt à représenter une vision générique
des étapes, des garanties et des risques principaux en matière de détention
par la police.
Monitoring de la police : enjeux et contexte
16
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
17
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
18
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
19
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Cadre juridique
Pour faire en sorte que les équipes de visite aient la capacité de mener des
analyses exhaustives pendant et après des visites spécifiques, il est essentiel
que ses membres comprennent bien le cadre juridique pertinent. Les visiteurs
20
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
Politiques publiques
Les politiques publiques sont des éléments importants de réponse à des
problèmes spécifiques dans une société donnée ; elles peuvent accroître
21
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
22
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
ressources financières. Par exemple, si la police n’est pas dotée d’un nombre
suffisant de véhicules, des personnes détenues par la police risquent de
ne pas pouvoir se présenter devant un tribunal ; cela peut conduire à une
prolongation de la détention avant jugement, ce qui accroît le risque de
surpopulation et par conséquent la vulnérabilité des détenu·e·s aux mau-
vais traitements et à des conditions de détention non respectueuses de
leur dignité. Dans d’autres cas, le transfert des détenu·e·s des locaux de la
police vers la prison est confié à des sociétés privées ; si aucun contrôle ins-
titutionnel n’est mis en place, ces détenu·e·s peuvent être soumis·e·s à des
transferts d’une durée interminable du fait des pratiques de réduction des
coûts imposées par ces sociétés contractantes.
Les organes de monitoring accorderont une attention particulière au fonc-
I
tionnement des mécanismes de contrôle internes à la police. En principe,
ces mécanismes doivent être les premiers à réagir aux signaux d’alerte, de
façon à y répondre avant que la situation ne s’aggrave. L’analyse des modali-
tés de réponse de ces mécanismes de contrôle internes est une clé d’entrée
Administration et gestion
Il n’est pas rare que les équipes de monitoring négligent d’examiner l’ad-
ministration et la gestion des postes de police, alors que la protection
des droits des détenu·e·s est conditionnée par une bonne administration.
23
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Fonctionnement
L’analyse du fonctionnement des postes de police s’effectue principalement
pendant les visites de monitoring. Le présent manuel s’attache principale-
ment à la façon de mener une telle analyse de manière efficace (voir particu-
lièrement le Chapitre II). L’analyse devrait inclure l’expérience effectivement
vécue par les détenu·e·s, la manière dont ils ou elles sont traité·e·s, les condi-
tions de leur arrestation et détention, du traitement de leur cas, et de leur
libération. En général, les règlements, les registres et les processus varient
d’un lieu à l’autre. Il est donc important d’examiner à la fois la manière dont
les agent·e·s impliqué·e·s accomplissement leur travail en pratique ainsi que
les difficultés auxquelles ils ou elles sont confronté·e·s. Un grand nombre de
données sur lesquelles s’appuient ces analyses sont recueillies par le biais
d’entretiens avec :
24
Chapitre I - Monitoring de la police : enjeux et contexte
25
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
19
•
19 Ces principes sont inspirés par les dix-huit principes de base de monitoring identifiés
dans le chapitre V du Manuel de formation sur le monitoring des droits de l’homme
des Nations unies (Série sur la formation professionnelle N°7), Haut-Commissariat aux
droits de l’homme, Genève, 2001. Disponible sur http://www.ohchr.org/Documents/
Publications/training7part1fr.pdf. Ces principes sont examinés de manière plus
approfondie dans APT, Visiter un lieu de détention : guide pratique, Genève, avril 2004.
Disponible sur : http://www.apt.ch/content/files_res/Monitoring%20Guide%20FR.pdf
26
Chapitre II
Visiter les postes de police
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
3. Préparation matérielle ;
4. Préparation psychologique.
28
Chapitre II - Visiter les postes de police
II
l’attente d’une décision relative à leur demande d’asile, les mineur·e·s, les
personnes vivant avec un handicap, les membres de minorités religieuses
ou ethniques et autres groupes en situation de vulnérabilité.
1.2. Registres
29
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
L’analyse ne devrait pas se limiter au lieu visité, mais devrait aussi inclure
des informations générales sur les diverses pratiques pouvant entraîner
des abus de la part de la police. Cela permettra aux équipes de monitoring
d’évaluer si ces pratiques se retrouvent dans le lieu qu’ils sont en train de
visiter et s’il existe des facteurs susceptibles de les atténuer.
Lorsque les visiteurs ont accès aux plaintes - qu’il s’agisse de plaintes sou-
mises directement à l’organe de monitoring ou transmises à un médiateur
ou à une structure similaire - celles-ci constituent également une source
importante d’informations à recueillir avant une visite.
de rencontrer d’autres acteurs, tels que des ONG, des avocat·e·s qui repré-
sentent des détenu·e·s, des parents, des membres de services chargés des
affaires internes et de l’éthique professionnelle, le personnel des hôpitaux,
des juges, des forums de police de proximité et des médecins ayant été
amenés à traiter des détenu·e·s. Tout acteur ayant affaire avec la police de
manière régulière peut détenir des informations utiles.
31
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
aussi bien les agent·e·s que les détenu·e·s. De plus, si les rôles des visiteurs
ne sont pas clairement définis et respectés, une équipe trop nombreuse ne
peut que compliquer le travail de monitoring qui doit être mené.
Pour autant, les équipes devraient représenter un éventail d’expertise afin
de s’assurer la coopération aussi bien des détenu·e·s que du personnel
chargé du maintien de l’ordre. Il faut donc que la composition de l’équipe
soit aussi diverse et multidisciplinaire que possible. Les objectifs de la visite
influencent également la composition de l’équipe ; par exemple, si un des
objectifs vise à analyser l’accès à un traitement médical, il est essentiel que
l’équipe compte un médecin.1 De même, s’il existe une probabilité raison-
1 La présence d’un médecin est toujours recommandée ; elle permet (i) l’examen immédiat
de toute personne faisant état de traumatisme physique ou mental et (ii) à l’équipe
d’avoir une compréhension approfondie de tout système de santé en place. Lorsque
32
Chapitre II - Visiter les postes de police
nable que les visiteurs rencontrent des détenu·e·s (ou des membres de la
police) appartenant à une ethnie particulière ou parlant une langue mino-
ritaire, il est souhaitable que l’équipe comprenne une personne de cette
même ethnie ou parlant cette même langue minoritaire. Il est également
toujours recommandé d’inclure des personnes de sexe masculin et de sexe
féminin dans les équipes ; c’est essentiel lorsqu’il est probable que l’équipe
rencontre des détenu·e·s des deux sexes.
Les rôles et les responsabilités au sein de l’équipe devraient être définis
à l’avance. Il est important, en particulier, de nommer un·e responsable
de l’équipe qui sera chargé·e d’organiser la visite. Ce·tte responsable fera
office de porte-parole, présentera les membres de l’équipe à la personne
en charge du poste de police et dirigera l’entretien avec cette dernière au
début et à la fin de la visite.
les organes de monitoring ne comptent pas de médecins parmi leurs membres, ils
peuvent envisager d’organiser une formation leur permettant de savoir comment
examiner des questions médicales et de santé en l’absence d’expertise professionnelle.
Cependant, cela ne peut en aucun cas pleinement compenser l’absence d’un médecin
au sein de l’équipe. Voir Visites des lieux de détention : Quel rôle pour les médecins et autres
professionnels de la santé ?, APT, Genève, 2008. Disponible à l’adresse suivante : http://
www.apt.ch/content/files_res/RoleForPhysiciansFr.pdf. NB : Les commissariats de police
ne sont pas censés conserver des dossiers/registres médicaux car ceux-ci doivent être
confidentiels et ne doivent pas être consultés par la police. Cependant, dans certains
pays, certains dossiers médicaux sont conservés dans les commissariats de police : dans
ce cas, les dossiers doivent être tenus par des fonctionnaires de police disposant d’une
formation médicale.
33
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
3. Préparation matérielle
ring, car il peut influer substantiellement sur leur attitude. Ainsi, les visiteurs
seront pris davantage au sérieux s’ils prennent la peine de se vêtir confor-
mément au contexte du poste de police visité.
Étant données les conditions difficiles dans les lieux de détention dans de
nombreux pays, les équipes de visite peuvent, à juste titre, préférer adopter
un style vestimentaire plus décontracté, surtout si la visite a lieu en été ou
lorsqu’il fait chaud et humide. Cependant, les questions d’image et de per-
ception sont importantes ; ces facteurs sont particulièrement importants
pour les membres de la police car ces derniers soulignent leur image et
leur statut en revêtant des uniformes et insignes de grade. Même chez les
agent·e·s en « civil », le rang est souvent indiqué et confirmé par le code
vestimentaire ; plus un membre de la police occupe une place élevée dans
la hiérarchie, plus il s’habillera de manière formelle.
34
Chapitre II - Visiter les postes de police
Le port de bijoux peut poser une série de problèmes. Pour des raisons évi-
dentes, il n’est pas approprié que les personnes visitant des lieux de déten-
tion soient habillées de manière ostentatoire ou soient parées de bijoux. De
plus, cela peut fournir à la police une raison de s’opposer à une visite en pré-
textant du risque que cela pose pour la sécurité de la personne tout autant
que pour ses possessions. Enfin, il faut souvent prendre en compte des ques-
tions d’ordre culturel. Par conséquent, la question du port de bijoux, que ce
soit par des hommes ou des femmes, devrait être soigneusement examinée.
Les organes de monitoring dont les membres portent un uniforme spécial
(par exemple certains MNP portent des chemises spéciales, des insignes
ou d’autres symboles d’identification) veilleront à ce que leurs uniformes
et symboles n’aient pas un caractère militariste et que ceux-ci ne puissent
pas être facilement confondus avec ceux d’autres institutions étatiques ; en
d’autres termes, les organes de monitoring devraient marquer soigneuse-
ment leur indépendance et, par conséquent, leur légitimité.
4. Préparation psychologique
Avant de visiter un poste de police, il est important de réfléchir soigneuse-
ment à tous les aspects de la visite. Cela inclut les tâches les plus simples
qui, dans les autres domaines de la vie quotidienne, se font automatique-
ment sans aucun processus décisionnel conscient. Les visiteurs devraient
2 L’équipement utile durant une visite donnée dépend dans une grande mesure du contexte,
des objectifs et des modalités de la visite en question, mais il peut inclure les éléments
suivants : une copie des documents d’accréditation de l’équipe, une liste récapitulative des
questions à examiner, un questionnaire à utiliser lors des entretiens avec les détenu·e·s, un
stylo et un carnet de notes, un mètre à ruban, un thermomètre, une lampe de poche, etc.
35
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
passé, ou par une nouvelle équipe de visiteurs, il peut être utile que
l’équipe examine en détail, avant la visite, les problèmes éventuels
qui pourraient surgir et les manières dont ils pourraient être résolus.
Il peut même s’avérer utile de mener des activités de jeux de rôle afin
de faciliter les débats sur la façon dont l’équipe drevrait répondre à
l’impolitesse, à une obstruction totale ou au contraire aux tentatives
de « récupérer » la visite de la délégation par une amabilité excessive.
La délégation s’entendra ainsi, à l’avance, sur la politique à suivre
afin d’écourter une visite si l’un des membres de l’équipe l’estime
nécessaire ; ces discussions sensibles ne peuvent pas facilement être
menées en présence de détenu·e·s ou de membres de la police et
il faut donc décider à l’avance de la manière de faire face à ce type
d’éventualités.
36
Chapitre II - Visiter les postes de police
II
37
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
En général, les visites régulières des lieux de détention, y compris les postes
de police, sont effectuées dans un ordre logique qui comprend les étapes
décrites ci-dessous. Cet ordre peut être interchangeable en fonction des
objectifs de la visite :
• Arrivée et entretien initial avec la personne responsable du poste de
police.
• Visite des lieux.
• Entretiens avec les détenu·e·s et le personnel.
• Analyse des registres de détention, autres registres et documents.
• Entretien final avec la personne en charge de l’établissement.
Chacune de ces étapes est décrite en détail ci-dessous. Cependant, les
équipes de visite ne devraient pas considérer cette séquence comme un
modèle rigide et devraient toujours faire preuve de flexibilité ; il est impor-
tant de réagir à toute situation susceptible de surgir pendant une visite, et
de modifier, le cas échéant, les plans et l’ordre habituel des activités.
38
Chapitre II - Visiter les postes de police
39
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
40
Chapitre II - Visiter les postes de police
l’équipe devrait émettre une protestation ferme mais polie. Le cas échéant
(à savoir si l’organe de monitoring est un MNP ou s’il existe un protocole
d’accord octroyant l’accès aux postes de police), la personne responsable
de l’équipe devrait aussi spécifier que refuser l’accès constitue une viola-
tion du mandat de l’organe de monitoring. En temps voulu, les équipes de
monitoring devraient également soulever cette question auprès des autori-
tés pertinentes telles que désignées dans l’instrument régissant l’action des
visiteurs. Afin que le problème fasse l’objet d’un suivi par la suite, il est utile,
bien que cela ne soit pas toujours possible, d’identifier les agent·e·s impli-
qué·e·s dans ce refus (en notant leurs noms, numéros de carte d’identité ou
le tableau de service). Lors de la collecte de ces informations, les visiteurs
peuvent également indiquer de la manière la plus précise possible l’usage
qu’ils feront de ces informations, y compris si ces données seront utilisées
afin de déposer plainte auprès d’autorités supérieures. Bien que cela puisse
entraver l’évolution de la relation entre l’équipe de monitoring et le person-
nel de la police impliqué, il est important que l’organe de monitoring fasse
preuve de son engagement à la transparence.
41
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
42
Chapitre II - Visiter les postes de police
´ ´
´ ..
43
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ficatifs sur le long terme. Cependant, il est important que les équipes de
monitoring tiennent compte du fait que la personne en charge du poste
de police peut tenter de transformer cet entretien initial en opération de
promotion (par exemple en faisant une longue présentation, y compris un
diaporama, ou en invitant les membres de l’équipe à déjeuner) et ce, au
détriment du bon déroulement de la visite.
Il y a différentes manières de gérer cette réunion initiale. Si les visiteurs
disposent de peu de temps, ils peuvent, à l’issue des présentations prélimi-
naires, se séparer en laissant la personne responsable de l’équipe continuer
l’entretien tandis que le reste de l’équipe commence les tâches opération-
nelles. L’équipe peut également décider de ne pas se séparer et proposer
de s’entretenir de nouveau avec la personne en charge à la fin de la visite.
Lorsque la visite est organisée dans le cadre d’une série régulière de visites
44
Chapitre II - Visiter les postes de police
45
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
4 Il est important de soulever les questions relatives aux conditions de travail également
avec d’autres membres de la police rencontrés durant la visite, notamment ceux qui sont
affectés à la zone de détention ; les réponses peuvent différer de celles données par la
personne en charge du lieu.
5 À ce stade, les visiteurs peuvent également demander quelles autres personnes peuvent
leur fournir des informations utiles ou une assistance durant leur visite
46
Chapitre II - Visiter les postes de police
47
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
question à la toute fin de la visite dans l’espoir de réduire ainsi le risque que
ces instruments ne soient enlevés ou dissimulés.
À ce stade, les membres de l’équipe peuvent également préciser toutes les
catégories de personnel avec lesquelles ils souhaitent s’entretenir outre les
responsables des quartiers de détention. Par exemple, ils peuvent décider
de s’entretenir, en fonction des objectifs de la visite, avec les agent·e·s de la
police judiciaire, les agent·e·s de détention, les membres de la brigade des
mineur·e·s ou les membres de la brigade des stupéfiants. Il est important
que les visiteurs s’efforcent de perturber le moins possible le travail quoti-
dien de la police.
En fonction du nombre de personnes placées en détention et de la taille
du groupe qui visite la zone des cellules, l’équipe de monitoring pourra à
48
Chapitre II - Visiter les postes de police
La disposition des lieux au sein des postes de police peut différer signifi-
cativement d’un pays à l’autre et au sein d’un même État, mais certaines
caractéristiques de base et zones essentielles (précisées ci-dessous) sont
communes à la plupart des locaux utilisés par la police.
Aire d’accueil
La manière de recevoir les personnes qui se rendent dans un poste de police
et la disposition de l’aire d’accueil en elle-même constituent des indicateurs
très utiles de l’atmosphère générale et du fonctionnement global de la
49
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
structure. Le poste de police peut être doté d’un bureau d’accueil auprès
duquel l’agent·e en service reçoit les détenu·e·s arrivant au poste ; cette
personne recueille généralement les données personnelles de l’individu
ainsi qu’un compte rendu des circonstances ayant conduit à son arrestation.
Les détenu·e·s y sont généralement fouillé·e·s ; si c’est le cas, leurs effets
personnels sont disposés sur un bureau afin d’en établir une liste et ils ou
elles doivent apposer leur signature sur le registre. Il est possible qu’à leur
arrivée dans l’aire d’accueil, les visiteurs y trouvent des détenu·e·s. Il se peut
aussi qu’il y ait une pièce voisine destinée à procéder aux fouilles, à prendre
la photo des détenu·e·s ainsi que leurs empreintes digitales et à vérifier les
pièces d’identité.
Aire d’attente
Cet espace peut être composé d’une « cage » ou d’une grande cellule dans
laquelle des personnes sont détenues pendant de courtes périodes en
attendant que leur cas soit traité, dans l’attente de leur transfert vers un
tribunal, ou encore avant d’être interrogées. En général, cette aire d’attente
se trouve dans le champ de vision de l’agent·e de détention. Si le poste de
police est adjacent à un tribunal, certaines cellules peuvent être affectées à
la détention de personnes en attente de comparution ; dans certains pays,
ces cellules peuvent se trouver au sein du tribunal et être reliées au poste
II de police par un tunnel. En outre, les gardes responsables de ces cellules
peuvent ne pas être des agent·e·s de police, mais appartenir au personnel
pénitentiaire ou même à celui de services de sécurité privés.
Local médical
Visiter les postes de police
Il est possible qu’il y ait un local où les détenu·e·s peuvent être examiné·e·s
par un médecin ou un·e assistant·e médical·e. Il peut également y avoir un
lieu où sont entreposés des instruments destinés à effectuer des tests d’al-
coolémie sur les conducteurs soupçonnés d’être sous l’emprise de l’alcool,
même si ces appareils ne se trouvent généralement pas dans une pièce
distincte.
Salles d’interrogatoire
Il s’agit de pièces dans lesquelles les détenu·e·s sont interrogé·e·s par des
enquêteurs(-trices). Ces locaux peuvent être situés dans les quartiers de
détention ou dans d’autres parties du bâtiment. Dans certains postes de
police, les interrogatoires ont lieu dans des bureaux équipés de matériel
d’enregistrement ; dans d’autres cas, des bureaux ordinaires (tels que ceux
50
Chapitre II - Visiter les postes de police
utilisés par les enquêteurs(-trices)) peuvent être utilisés pour les interroga-
toires. Les visiteurs tiendront compte du fait que les interrogatoires peuvent
également être effectués dans des pièces qui ne sont pas officiellement
affectées à cet effet ; c’est souvent le cas lorsque des agent·e·s recourent
à des méthodes d’interrogatoire abusives. Les équipes de visite resteront
vigilantes sur ce point.
Les bureaux d’interrogatoire feront l’objet d’un examen méticuleux : une
attention particulière sera accordée au nombre de sièges et à leur état et
disposition, notamment en ce qui concerne ceux destinés aux personnes
interrogées. Les visiteurs noteront également tout autre équipement spéci-
fique, tel que des « cages » visant à détenir des personnes, des miroirs sans
tain, tout matériel de contrainte, ainsi que l’aspect général de la pièce (on
relèvera, par exemple, si des mesures ont été prises afin de rendre celle-ci
particulièrement intimidante).
11 Voir Chapitre III, Section 2.6
Quartiers de détention
Une partie importante des visites est souvent consacrée à l’examen des
quartiers de détention qui contiennent les cellules. Cette zone est souvent
située au rez-de chaussée ou au sous-sol ; ce lieu peut disposer d’une entrée
séparée, loin de l’entrée publique menant au bâtiment principal. L’agent·e II
de détention a généralement le rang de sergent ou alors est un·e inspec-
teur-trice ou un·e agent·e de rang équivalent. Cependant, dans certains
pays, cette fonction est attribuée à des responsables hiérarchiques plus
haut gradés, en particulier dans les structures plus grandes.
51
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Cellules
Le nombre de cellules6 dépend de la taille du poste de police et est égale-
ment fonction de la taille et de la nature de la communauté qu’il dessert.
La taille des cellules varie souvent ; certaines peuvent être conçues pour
un seul·e détenu·e, d’autres pour deux personnes ou plus. Il peut y avoir
des secteurs séparés pour les femmes ou les mineur·e·s. L’aménagement
des cellules varie d’un pays à l’autre ; le mobilier peut inclure un lit ou un
banc et éventuellement des toilettes. Dans certains cas, les cellules peuvent
II contenir des lits proches du sol afin d’empêcher que des détenu·e·s en état
d’ébriété ne se blessent en tombant. Dans d’autres contextes, les cellules
peuvent être des structures apparemment provisoires fabriquées en tôle
ondulée ou avec des matériaux similaires ; ces cellules n’ont souvent pas de
toilette et peu ou pas de meubles.
Visiter les postes de police
Il est possible que le premier contact entre l’équipe de visite et les déte-
nu·e·s ait lieu dans une cellule au moment où les visiteurs effectuent leur
visite d’ensemble du poste. Dans la plupart des cas, la porte de la cellule sera
ouverte par un·e surveillant·e qui, en fonction des règlements en vigueur,
peut d’abord fouiller le(s) occupant·e(s) avant de permettre aux visiteurs
d’entrer. Ce n’est généralement pas une prise de contact idéale mais les visi-
teurs seront conscients du fait que les agent·e·s suivent des procédures de
sécurité strictes ; toute tentative de contourner ces procédures peut aboutir
à tendre les relations entre l’équipe de visite et le personnel de police. Ceci
étant dit, cette première rencontre offre l’opportunité aux visiteurs de se
6 Les personnes participant à des visites de monitoring noteront le fait que les cellules
peuvent être situées dans différents lieux au sein d’un même poste de police. Dans
certains pays, chaque département d’un grand commissariat de police peut disposer de
sa propre aire de détention.
52
Chapitre II - Visiter les postes de police
7 Comité sur les droits économiques, sociaux et culturels, Observation générale N°12,
Doc. ONU E/C.12/1999/5, Genève, 12 mai 1999. Disponible sur http://www1.umn.edu/
humanrts/esc/french/general_comments/12_gc.html
53
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
54
Chapitre II - Visiter les postes de police
55
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
II Par ailleurs, si avant de débuter une visite, les visiteurs pensent qu’ils
vont probablement avoir besoin de passer du temps seuls à inspecter
des documents ou à discuter de leurs observations, ils peuvent choisir
d’évoquer cette question avec la personne reponsable du poste de
police pendant la réunion initiale et demander si un bureau privé peut
être mis à leur disposition.
Visiter les postes de police
56
Chapitre II - Visiter les postes de police
elles sont compilées, ils peuvent plus facilement remarquer les éléments
importants manquants ou les entrées inhabituelles. En règle générale, les
registres qui ne sont pas remplis avec exactitude ou qui contiennent un
grand nombre d’erreurs et/ou de lacunes devraient éveiller des soupçons.
Si, en soi, le manque de rigueur de la police en la matière n’est pas accep-
table, il peut aussi indiquer d’autres problèmes plus graves.
11 Les visiteurs ne devraient pas se contenter d’établir une liste de
tous les documents existants dans un lieu de détention donné puis
vérifier si les entrées ont bien été remplies ou non. Ils devraient
aussi analyser les informations contenues dans les registres à la
lumière des normes pertinentes. Si des registres bien tenus ne
sont pas une garantie que les détenu·e·s sont traité·e·s de manière
équitable et si, à l’inverse des registres mal tenus ne sont pas à
coup sûr un signe de pratiques abusives, ces documents repré-
sentent des indicateurs importants qui seront intégrés dans le
processus de triangulation de l’information.
57
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
poste de police donné peut décider qu’il est utile de tenir un registre séparé
afin d’y consigner tous les transferts de détenu·e·s du poste vers un hôpi-
tal ; cependant, il est possible qu’un poste de police voisin ne tienne pas ce
type de registre. Par conséquent, les équipes chargées des visites devraient
connaître le type de registres et de documents que la police est tenue
de conserver aux termes de la loi et/ou du règlement interne et ceux qui
ont été notés lors de visites précédentes, mais qui ne sont pas requis par
la législation ou le règlement. Ces registres « officieux » peuvent souvent
receler de nombreuses informations utiles. De plus, ces documents peuvent
représenter des exemples de bonnes pratiques qui peuvent être soulignés
en tant que tels et diffusés. Pour autant, les visiteurs garderont à l’esprit que
la protection de données personnelles doit être assurée en toutes circons-
tances et que l’existence de tels registres contrevient éventuellement à la
législation relative à la protection de ces données.
L’examen approfondi des registres de détention constitue un des aspects
les plus importants des visites de monitoring des postes de police. Les
informations collectées seront soigneusement croisées avec les données
recueillies durant les entretiens avec les détenu·e·s, le personnel et le ou la
responsable du poste. Il s’agit là d’une composante essentielle du processus
de triangulation (voir Chapitre II, Partie B, Section 1.4 ci-dessus).
58
Chapitre II - Visiter les postes de police
9 Comme le prescrit, par exemple, la Déclaration sur la protection de toutes les personnes
contre les disparitions forcées, Doc. ONU A/RES/47/133, 18 décembre 1992, Art. 10.3.
Disponible sur http://www.unhchr.ch/huridocda/huridoca.nsf/%28Symbol%29/A.
RES.47.133.Fr?OpenDocument
10 Voir l’article 17.3 de cet instrument. Disponible sur http://www2.ohchr.org/french/law/
disappearance-convention.htm
59
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
• l’identité de la personne ;
• la date, l’heure et le lieu où cette personne a été privée de liberté
ainsi que l’identité de l’autorité qui a privé cette personne de liberté ;
• l’autorité qui a ordonné cette privation de liberté et les motifs de la
privation de liberté ;
• l’autorité responsable de la supervision de la privation de liberté ;
• le lieu de privation de liberté, la date et l’heure de l’admission dans
le lieu de privation de liberté et les autorités responsables du lieu de
privation de liberté ;
• les données relatives à l’état de santé de la personne privée de liberté ;
• en cas de décès durant la privation de liberté, les circonstances du
décès, les détails de l’enquête sur la cause et les circonstances du
décès ainsi que la destination des dépouilles ;
• la date et l’heure de la libération ou du transfert vers un autre lieu de
détention, la destination de ce transfert et l’autorité responsable du
transfert (si la personne n’a pas été libérée).
Étant donné que ces informations essentielles contribuent à la protection
des droits des détenu·e·s contre le risque de violations des droits humains,
le fait que certaines entrées des registres de détention soient incomplètes
II ou imprécises devrait être soulevé par les visiteurs dans leur dialogue avec
les autorités.
Registres informatisés
Les visiteurs seront également conscients du fait que, dans certains pays,
Visiter les postes de police
Nom
Les membres de l’équipe vérifieront que chaque personne détenue fait l’ob-
jet d’une entrée distincte. La meilleure pratique consiste à ouvrir une entrée
60
Chapitre II - Visiter les postes de police
dès l’arrivée d’un·e détenu·e dans un poste de police. Les retards, omissions
ou incohérences doivent soulever des préoccupations pour deux raisons :
• Les détenu·e·s dont la présence n’est pas enregistrée dans un poste
sont souvent davantage exposé·e·s au risque de torture, d’autres
mauvais traitements ou de disparition forcée ;
• L’enregistrement inexact de la durée de détention peut aboutir à ce
qu’une personne soit détenue plus longtemps que le délai autorisé
par la loi.
Les visiteurs considéreront avec grande prudence tous les cas de détenu·e·s
n’ayant fait l’objet d’aucun enregistrement. Ils porteront ces cas à l’attention
de l’agent·e de détention, de la personne en charge et/ou d’autres officiers
supérieurs ; cela devrait être fait le plus vite possible. L’équipe mentionnera
également en détail ces cas dans son (ses) rapport (s), ainsi que toute expli-
cation donnée à cet égard par le personnel de police.
Dates et heures
Les membres de l’équipe vérifieront que toutes les dates et heures sont enre-
gistrées avec exactitude. Pendant les visites, il est recommandé de vérifier
l’exactitude du système de comptabilisation du temps officiellement mis en
II
place dans le poste : toute tendance à enregistrer de manière approximative
les dates et les heures sera notée car cela entraîne un risque de non-respect
des délais légaux en matière de durée de la détention. Les registres dans
lesquels les heures semblent avoir été systématiquement arrondies à la
période des cinq ou dix minutes les plus proches (par exemple, si les entrées
suivent le modèle 11h 25, 11h 40, 12h 15) peuvent indiquer que les heures
61
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Les visiteurs vérifieront également que les entrées sont inscrites par ordre
chronologique : une personne arrêtée à 16 heures ne doit pas apparaître
dans le registre avant une personne arrêtée à 15h 50. Si les membres de
l’équipe trouvent des contradictions dans l’ordre chronologique, ils soulè-
veront ce problème avec l’agent·e de détention et la personne en charge du
lieu. Il est également utile que les visiteurs croisent l’heure de l’arrestation
indiquée dans le registre de détention général avec l’heure inscrite dans le
dossier de la personne détenue ainsi qu’avec les informations consignées
dans d’autres registres et/ou avec l’agent·e de détention, le cas échéant.
Les membres de l’équipe vérifieront que les entrées fournissent effective-
ment les informations requises. Par exemple, si un espace dans un registre
est prévu pour y inscrire la date et l’heure de transfert d’un suspect ainsi que
la méthode de transfert (par exemple vers un tribunal ou un autre poste de
police), les visiteurs s’assureront que toutes ces données ont été consignées.
Si ce n’est pas le cas, ils pourront demander pourquoi elles n’ont pas été
enregistrées.
proche ou à un tiers ;
• Un accès à un·e avocat·e ;
• Un accès à un médecin.11
Modifications douteuses
Les équipes de monitoring vérifieront qu’aucune erreur manifeste n’a été
effacée dans les entrées des registres. Ils peuvent ainsi parfois constater que
des erreurs ont été recouvertes d’« encre blanche » ou de liquide correcteur,
rendant ces pages complètement illisibles. Si les raisons de ces modifica-
tions peuvent être totalement innocentes, ce genre de pratique doit être
évité ; cela peut, en effet, susciter des soupçons laissant penser que des
11 Voir Les normes du CPT, CoE Doc. CPT/Inf/E (2002) 1, 2002 (révisé en 2011), p.9. Disponible
sur http://www.cpt.coe.int/fr/docsnormes.htm
62
Chapitre II - Visiter les postes de police
Aspects systémiques
Les visiteurs ne devraient pas limiter leur examen des registres de détention
aux seules personnes détenues au moment de leur visite, mais ils devraient
aussi examiner les registres contenant des données plus anciennes. L’exa-
men de ces autres données permet d’avoir une vue d’ensemble plus large
de la tenue générale des registres dans un poste de police - au-delà des
informations relatives aux seules personnes qui y sont actuellement déte-
nues. En outre, les informations portant sur des cas précédents peuvent
révéler des constantes systémiques importantes ; par exemple, il est utile
de savoir comment l’établissement en question fait face à une situation où
le nombre de détenu·e·s excède le nombre de places officiellement prévues
dans le poste. Les agent·e·s peuvent indiquer aux membres de l’équipe que
les cellules de leur poste ne sont jamais surpeuplées, mais un examen des
registres sur plusieurs mois peut révéler que cette assertion est fausse.
Lors de visites de postes de police durant les week-ends ou en dehors des
II
heures ouvrables, il est souvent judicieux de demander, au tout début de la
visite, à avoir accès aux registres archivés. En effet, il se peut que ces docu-
ments soient rangés sous clé dans un dépôt et que seule une personne
en possède la clé. Comme cette personne peut ne pas être en service au
63
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Cette pratique protège à la fois les détenu·e·s et les agent·e·s de police, notam-
ment en identifiant les éventuels risques pour la santé et la sécurité encourus
par les personnes durant leur détention. Par exemple, l’agent·e de détention
doit demander si la personne détenue a une maladie ou une blessure et
enregistrer la réponse donnée. Si la réponse est affirmative, l’agent·e doit
chercher à obtenir de plus amples informations afin de déterminer si le ou
la détenu·e est actuellement suivi·e par un médecin ou prend régulièrement
des médicaments. Il est important d’enregistrer les maladies (par exemple
l’asthme, le diabète, l’épilepsie et des problèmes cardiaques) qui nécessitent
une prise régulière de médicaments. L’agent·e doit également noter si les
détenu·e·s qui doivent prendre régulièrement des médicaments en portent
sur eux ou non, et s’ils ou elles en ont une quantité suffisante pour couvrir à la
fois la période de leur détention dans le poste de police et, le cas échéant, la
durée de leur transfert vers un autre lieu de détention. Si un·e détenu·e doit
prendre régulièrement des médicaments, l’agent·e de détention doit l’orien-
ter vers un médecin ou un· e infirmier(ère) afin qu’ils ou elles puissent vérifier
son état de santé et, si nécessaire, prescrire des médicaments.
Les agent·e·s de détention peuvent aussi noter si, à leur avis, un·e détenu·e
est sous l’emprise d’une substance toxique, que ce soit une drogue ou l’al-
cool. Ces personnes doivent alors être orientées vers un professionnel de
Les visiteurs devraient croiser ces informations et vérifier que les procédures
ont été respectées (par exemple, si la surveillance étroite et régulière de l’état
de santé des détenu·e·s est confiée à un·e infirmier(ère) ou à un médecin).
Contrôle et inspections
Les visiteurs analyseront les informations relatives à l’heure et à la date des
visites d’inspection des quartiers de détention par des officiers supérieurs,
des mécanismes de contrôle internes, des juges et des procureurs. Ces infor-
mations peuvent inclure des commentaires sur les conditions de détention
au moment de la visite ainsi que le nombre de personnes détenues et éven-
tuellement le nom de celles-ci.
12 Les visiteurs noteront les cas où ces informations ne sont pas enregistrées,
particulièrement si ces données sont pertinentes aux fins de leur visite. De plus, le
fait d’inclure une recommandation sur cette question dans le rapport de visite, ou de
mentionner ce problème au cours du dialogue avec les autorités peut encourager de
meilleures pratiques à l’avenir.
65
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
S’il existe un organe national d’inspection, tel qu’un MNP ou une ONG, qui
est habilité, ou autorisé, à avoir accès aux postes de police, leurs visites
doivent être consignées dans un registre. Les inspections par des institu-
tions internationales ou régionales doivent également être consignées.
Tribunaux et procureurs
L’équipe de visite demandera également à consulter le registre des dossiers
envoyés au Parquet et aux tribunaux ainsi que les noms des personnes concer-
nées par ces dossiers. Ces registres doivent préciser la date à laquelle les déte-
nu·e·s ont été transféré·e·s au tribunal ou ont été présenté·e·s devant un·e juge.
Incidents et blessures
Les visiteurs analyseront les registres consignant tous les cas d’incidents sur-
venus dans les quartiers de détention. Il s’agit, par exemple, des tentatives de
suicide, des cas d’automutilation de détenu·e·s et des troubles de tous ordres.
Toute allégation de contusions ou d’autres blessures physiques qui seraient
survenues avant l’arrivée des détenu·e·s dans les quartiers de détention doit
également être consignée ; le registre doit clairement indiquer si le dom-
mage allégué est lié à un mauvais traitement précédemment infligé par la
II police (par exemple durant le transport vers le poste de police) ou à des évé-
nements sans rapport avec l’arrestation. Les plaintes faisant état de violences
commises par d’autres détenu·e·s devraient également y être enregistrées.
Usage de la force
Visiter les postes de police
Fouilles
L’équipe de visite demandera également à consulter le registre des fouilles
corporelles. Ce document doit indiquer, pour chaque cas, l’identité de
l’agent·e habilité·e à autoriser de telles fouilles et préciser qui a effectué
celles-ci. En examinant ce type de registre ou en discutant de la question des
fouilles avec les agent·e·s de police et les détenu·e·s, les visiteurs devraient
toujours établir la nature des fouilles ainsi que le nombre et le sexe du
66
Chapitre II - Visiter les postes de police
Entretiens enregistrés
Dans les pays où les entretiens sont enregistrés sur des supports électro-
niques, la police doit tenir un registre de toutes les bandes vidéo et audio
ainsi que des CD ou autres supports de stockage de données utilisés par
l’agent·e chargé·e de l’interrogatoire. Les membres de l’équipe vérifieront
que ce registre fournit, pour chaque enregistrement, des informations rela-
tives à la personne détenue ayant fait l’objet d’un interrogatoire. Les registres
peuvent également inclure l’heure à laquelle le support de stockage a été
remis à la personne chargée de l’interrogatoire et l’heure à laquelle les
supports vierges ont été rendus. Dans les cas où un·e agent·e extérieur·e
au poste contrôle la manière dont sont effectués les interrogatoires, il est
important de vérifier l’exactitude et l’exhaustivité des informations figurant
dans le registre tenu par cette personne et évaluer si (et dans quelles circons-
tances) celle-ci choisit (ou non) d’intervenir au cours de ces interrogatoires ;
cette personne est la mieux placée pour immédiatement arrêter ou prévenir
la torture et les visiteurs évalueront, le cas échéant, sa volonté de s’opposer
aux actions de ses collègues, plutôt que de simplement les enregistrer.
67
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Besoins spéciaux
Le personnel peut tenir un registre de tout aménagement raisonnable
nécessaire pour répondre aux besoins des détenu·e·s ayant un handicap
physique ou mental. Ce registre peut permettre aux agent·e·s de consigner
par écrit des informations sur des détenu·e·s ayant des besoins spéciaux (par
exemple si une personne a de graves problèmes d’audition ou est affectée
II par le syndrome de la Tourette ou par des troubles similaires susceptibles de
troubler l’ordre). Dans la plupart des pays, la législation nationale contient
des dispositions prévoyant la fourniture d’une assistance supplémentaire
aux détenu·e·s ayant des besoins spéciaux ; si tel est le cas, les registres
doivent indiquer la manière dont ces dispositions ont été respectées (par
exemple en assurant un soutien fourni par une personne adéquate ou un
Visiter les postes de police
68
Chapitre II - Visiter les postes de police
69
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
70
Chapitre II - Visiter les postes de police
71
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
13 Voir Visites préventives de lieux de détention : comment sélectionner les personnes pour les
entretiens (Monitoring des lieux de détention - Briefing N°2), APT, Genève, avril 2009, p.5.
Disponible sur http://www.apt.ch/content/files_res/Briefing2_fr.pdf
14 Voir Atténuer les risques de sanctions liés au monitoring de détention (Monitoring des lieux
72
Chapitre II - Visiter les postes de police
Dans la plupart des postes de police, le nombre de détenu·e·s n’est pas assez
élevé pour justifier des critères de sélection plus élaborés. Cependant, dans
les structures qui comptent un grand nombre de détenu·e·s, il n’est pas
possible de s’entretenir avec tout le monde ; les visiteurs décideront donc
avec quel·le·s détenu·e·s ils ou elles veulent parler. Ce choix peut être opéré
de manière aléatoire ou en fonction d’un examen préalable du registre
de détention. Le choix peut aussi être basé sur d’autres critères définis à
l’avance par l’équipe de visite ; par exemple, la visite peut être focalisée sur
les mineur·e·s détenu·e·s ou sur les membres de groupes habituellement
marginalisés ou stigmatisés (par exemple des minorités ethniques, des
délinquants sexuels, des travailleurs ou travailleuses du sexe ou des per-
sonnes soupçonnées de crimes liés au terrorisme). Cependant, il est impor-
tant de veiller à ce que ce processus de sélection soit perçu comme objectif,
afin de ne pas mettre en danger les détenu·e·s, une fois les visiteurs partis.
11 Il appartient toujours aux visiteurs, et non aux membres de la
police, de choisir avec quel·le·s détenu·e·s l’équipe de visite va
s’entretenir.
Quelle que soit l’option choisie par les visiteurs, ceux-ci tiendront compte
du fait que toutes les personnes détenues ne sont pas forcément dispo-
nibles pour un entretien : certain·e·s peuvent être interrogé·e·s par la police ;
d’autres peuvent être examiné·e·s par un docteur ou un· e infirmier(ère) ; II
certain·e·s peuvent être au tribunal ou en train de s’entretenir avec leurs avo-
cat·e·s ; d’autres encore peuvent être en train de dormir.15 De plus, toutes les
personnes détenues ne souhaitent pas forcément s’entretenir avec l’équipe
de visite et il est nécessaire d’obtenir au préalable leur consentement. La
de détention - Briefing N°4), APT, Genève, janvier 2012. Disponible sur http://www.apt.
ch/content/files_res/Briefing4_fr.pdf
15 Les détenu·e·s doivent être autorisés à se reposer ; dans certains pays, la nature et la
durée du repos sont fixées par la loi afin que les détenu·e·s soient protégé·e·s contre des
interrogatoires coercitifs et des procédures similaires. Le fait d’interrompre des périodes
de repos peut être préjudiciable pour les détenu·e·s et créer des problèmes juridiques
pour la police ; par conséquent, les visiteurs éviteront de réveiller les détenu·e·s qui
dorment à moins que ce ne soit considéré comme absolument nécessaire dans un cas
particulier et que cette décision puisse être justifiée ultérieurement de manière objective.
73
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Il peut arriver que, lors de la visite des visiteurs, aucune personne ne soit
détenue dans le poste de police. La visite devrait tout de même se pour-
suivre afin d’évaluer les conditions matérielles et le registre de détention.
L’équipe peut également s’entretenir avec les agent·e·s en service. Par
ailleurs, les visiteurs peuvent découvrir que des personnes sont en réalité
détenues dans le poste de police.
74
Chapitre II - Visiter les postes de police
75
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
être exercée sur cette personne pour lui faire changer d’avis. Si les visiteurs
ont expliqué qui ils sont, s’ils ont souligné leur indépendance et la confi-
dentialité de toute conversation qu’ils peuvent avoir avec les détenu·e·s, ils
ont fait tout ce qu’ils pouvaient. Les membres de l’équipe remercieront les
détenu·e·s qui refusent de parler avec eux pour le temps qu’ils ou elles leur
ont accordé et ils poursuivront leur travail.
Pendant les entretiens, les visiteurs cherchent à obtenir des informations de
première main sur la perception que les détenu·e·s ont de leur détention
et de leur traitement par la police. Dans le cadre de leur visite, les visiteurs
ont souvent des objectifs spécifiques (par exemple évaluer si et comment la
police recourt à la force pendant une arrestation ou si les détenu·e·s peuvent
avoir accès à un·e avocat·e en pratique) et ils orienteront leurs entretiens
en conséquence. Les membres de l’équipe sont parfois amenés à revoir
leurs objectifs initiaux sur la base des informations reçues. Les informations
recueillies durant les entretiens seront alors triangulées avec les informa-
tions collectées auprès d’autres sources afin de vérifier leur exactitude et
crédibilité.
Au cours d’un entretien avec un·e détenu·e (ou des détenu·e·s) dans un
poste de police, les visiteurs devraient :
II •
•
se présenter ;
rassurer la personne détenue quant au caractère confidentiel des
informations collectées durant l’entretien, à moins d’un accord
contraire ;
• gagner la confiance de la personne détenue ;
•
Visiter les postes de police
77
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Évaluer la situation
Visiter les postes de police
Durant leur entretien avec un·e détenu·e, les membres de l’équipe devraient
évaluer plusieurs éléments : le comportement de la personne avec laquelle
ils s’entretiennent, les informations fournies, le danger éventuel encouru
par le ou la détenu·e suite à sa participation à cet entretien, ou si le ou la
détenu·e a peur de sanctions ou de représailles. La personne détenue peut
avoir été l’objet de menaces visant à la dissuader de parler aux visiteurs,
ou elle peut, au contraire, avoir été contrainte de participer à cet entretien.
Dans ce dernier cas de figure, il est possible qu’on ait demandé à la per-
sonne de rassurer les visiteurs et de dire que tout allait bien, même si ce
n’est pas le cas. Chacune de ces situations requiert une réponse différente.
Lorsqu’il y a soupçon de contrainte ou de non-respect de la confidentialité
d’un entretien, les visiteurs peuvent chercher à encourager les détenu·e·s
à communiquer des informations sensibles par écrit ou grâce à un dessin.
78
Chapitre II - Visiter les postes de police
Les membres de l’équipe s’assureront que les personnes avec lesquelles ils
s’entretiennent comprennent l’objet de l’entretien. Si ce n’est pas le cas, les
visiteurs chercheront à déterminer si c’est une question de langue, si cela
résulte de difficultés psychologiques, d’un problème conceptuel, d’une
question de distraction ou d’un problème auditif. Les visiteurs peuvent alors
adapter en conséquence leurs ton et style de conversation.
Les membres de l’équipe seront également attentifs à l’état psychologique
des détenu·e·s et évalueront à quel moment la poursuite d’un entretien
peut être préjudiciable. Par exemple, si la personne commence à manifes-
ter des signes sérieux de traumatisme, les visiteurs prendront une décision
quant à la manière de conduire l’entretien, voire envisager la possibilité de
ne pas le conduire.16
16 La manière de travailler des membres de l’équipe de visite avec des interprètes est analysée
dans Faire appel à des interprètes pour le monitoring des lieux de détention (Monitoring
des lieux de détention - Briefing N°2), APT, Genève, mai 2009. Disponible sur http://
tortureprevention.ch/fr/resources/n3-using-interpreters-in-detention-monitoring/
79
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
80
Chapitre II - Visiter les postes de police
17 Pour autant, des questions fermées assez simples telles que « Depuis combien de
temps êtes-vous ici » sont tout à fait inoffensives ; elles représentent également un
bon moyen de démarrer les entretiens. Étant donné qu’il n’existe pas de règle d’or en
matière d’entretiens avec des détenu·e·s, l’expérience de l’équipe de visite déterminera
la manière de conduire ces entretiens.
81
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
En règle générale, il vaut mieux éviter les questions fermées ainsi que les
questions suggestives. Les questions fermées sont celles qui requièrent
des réponses simples sur la base d’un nombre limité d’options ; en effet,
beaucoup de questions fermées appellent une réponse par oui ou par
non. Les questions fermées peuvent être utiles pour la vérification de
faits, mais elles seront utilisées avec soin et parcimonie. Les questions
suggestives, quant à elles, contiennent généralement - ou suggèrent
fortement - la réponse attendue ; par exemple, il vaut mieux demander
« Vous a-t-on dit quelque chose lorsque vous êtes arrivé·e au poste de
police ? ». En effet, « Vous a-t-on dit que vous pouviez avoir un·e avo-
cat·e lorsque vous êtes arrivé au poste de police ? » est une question
fermée tandis que « La police ne vous a-t-elle pas dit que vous pouviez
avoir un·e avocat·e ? » est une question suggestive qui est inappropriée.
11 Les membres des équipes de monitoring ne devraient
jamais poser de questions suggestives qui insinuent ouverte-
ment qu’un·e détenu·e a été torturé·e ou maltraité·e.
82
Chapitre II - Visiter les postes de police
83
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
entretien qu’ils n’en ont mis pour le débuter. C’est particulièrement impor-
tant si le contenu de l’entretien a été traumatisant et bouleversant pour
la personne détenue ; par exemple, si celle-ci a fait état d’allégations de
torture ou autres mauvais traitements. Le fait de rouvrir des blessures peut
affecter l’état psychologique d’un·e détenu·e et les membres de l’équipe
seront attentifs à ce risque.
Les détenu·e·s peuvent parfois poser des questions spécifiques sur leur cas.
À de rares occasions, les détenu·e·s peuvent même demander aux visiteurs
de transmettre à un·e ami·e ou à un parent un message (souvent apparem-
ment anodin) ou de rendre un service tout aussi apparemment simple ou
innocent. Les membres de l’équipe n’accepteront en aucun cas ce type
de demandes en précisant clairement que cela est interdit. Si les visiteurs
acceptent de transmettre des messages de la part des détenu·e·s, ils peuvent
faire l’objet d’allégations de tentative d’interférence dans une enquête ou
dans le cours de la justice. Une telle démarche peut ainsi porter atteinte à la
crédibilité de l’organe de visite dans son ensemble. Les détenu·e·s peuvent
également demander aux visiteurs leur opinion ou des conseils sur leur
cas, en tant qu’expert·e·s externes. Il est crucial de comprendre que de tels
conseils outrepassent le mandat des équipes de visite; le cas échéant, cela
sera également clairement expliqué aux détenu·e·s.
84
Chapitre II - Visiter les postes de police
que ces personnes aient l’impression que la visite des membres de l’équipe
de monitoring aboutira directement à une amélioration de leur situation
individuelle. Il est cependant important de souligner qu’ils ont apporté une
contribution utile au travail de l’équipe de visite. Dans certains cas, notam-
ment lorsque l’organe de monitoring dispose d’une présence permanente
dans le pays, il peut être utile de donner aux détenu·e·s les numéros de
contact de l’équipe de monitoring ou du siège de l’organe de monitoring.
85
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Tout en posant des questions aux agent·e·s, les visiteurs devraient les
encourager à poser des questions à l’équipe de monitoring. Les agent·e·s
peuvent poser des questions quelque peu cyniques telles que « Et nos
droits humains à nous ? ». Les membres de l’équipe de visite peuvent alors
expliquer que cette question les préoccupe au même titre que celle relative
aux droits humains des détenu·e·s ; il est important que les agent·e·s soient
convaincu·e·s que les visiteurs ne sont pas « l’ennemi ». Les membres de la
police doivent être encouragés à réaliser que les droits humains ne sont pas
conçus pour compliquer leur travail mais qu’ils constituent, au contraire, un
élément central et essentiel de leurs activités professionnelles quotidiennes.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la plupart des membres de la police
choisissent cette carrière pour des raisons honorables et qu’ils veulent
accomplir de manière professionnelle un travail de bonne qualité ; le rôle
des organes de monitoring consiste également à les aider à accomplir cet
objectif.
11 Les équipes de monitoring garderont à l’esprit que le person-
nel de la police peut également encourir des risques de sanctions
ou de représailles de la part de responsables hiérarchiques pour
s’être entretenus avec des visiteurs indépendants. L’équipe pren-
dra donc toutes les mesures appropriées pour protéger le person-
II nel de la police contre toute forme de représailles résultant de leur
interaction avec l’équipe de visite.
86
Chapitre II - Visiter les postes de police
19 Par exemple, est-ce que les agent·e·s sont informé·e·s des besoins d’un·e détenu·e
susceptibles de requérir une protection additionnelle ou un traitement différent,
tels qu’un·e détenu·e ayant un handicap pour lequel ou laquelle des aménagements
raisonnables peuvent se révéler nécessaires ou des détenu·e·s ayant un régime
alimentaire particulier ?
87
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
7. Questions spécifiques
Visiter les postes de police
88
Chapitre II - Visiter les postes de police
89
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
traitements.20
90
Chapitre II - Visiter les postes de police
91
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
être amené·e·s à traiter des personnes qui ont été soumises à la torture ou
autres mauvais traitements, y compris la violence sexuelle ainsi qu’à des
violences commises par d’autres détenu·e·s. Les professionnels de la santé
sont tenus par une obligation professionnelle et éthique de documenter
tout signe physique ou psychologique ou tout symptôme de mauvais trai-
tements ou de torture, non seulement lorsqu’un·e patient·e se plaint direc-
tement de mauvais traitements, mais également quand un médecin ou
un(e) infirmier(ère) soupçonne des cas de mauvais traitements. Surtout, les
médecins et infirmiers(ères) sont également tenus de signaler leurs consta-
tations et soupçons. Les mécanismes internes de transmission des informa-
tions dont ils ou elles disposent pour ce faire doivent protéger l’identité de
la victime et de toute personne impliquée dans le signalement de cas de
mauvais traitements. Cependant, toutes les parties doivent être conscientes
92
Chapitre II - Visiter les postes de police
93
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Pendant leur visite dans les postes de police, les visiteurs seront attentifs à
ce qui se passe autour d’eux, notamment dans les aires de détention. Si les
agent·e·s sont avertis par avance de l’arrivée de l’équipe de visite, il est pro-
bable que tout élément clairement compromettant aura été enlevé. Cepen-
dant, ce n’est pas toujours le cas et les visiteurs peuvent trouver des objets
tels que des bandeaux, des battes de base-ball et des câbles électriques qui
ont été utilisés pour frapper les détenu·e·s.
Les membres de l’équipe chercheront surtout les objets (armes et instru-
ments) pouvant servir à torturer. Les visiteurs s’enquerront de la raison de la
présence de tout objet de ce type, notamment si ce dernier est aperçu dans :
• les aires de détention ;
• les pièces dans lesquelles peuvent se trouver les détenu·e·s à un
moment donné au cours de leur détention ;
94
Chapitre II - Visiter les postes de police
95
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
96
Chapitre II - Visiter les postes de police
Les visites ne représentent pas une fin en soi, mais plutôt la première étape
d’un processus à long terme visant à améliorer le traitement des détenu·e·s
ainsi que les conditions de détention par le biais d’un dialogue coopératif
avec les autorités.
Après avoir effectué une visite, les équipes de monitoring sont invitées à
mener deux activités très importantes. La première consiste à évaluer la
manière dont l’équipe a effectué sa visite. Cette tâche est aussi importante
que l’examen des constatations de la visite. Chaque équipe et chaque
groupe de visiteurs peuvent faire un compte rendu de leur travail à l’issue de
chaque visite. Les visiteurs pourront améliorer la qualité de leur travail futur
en réfléchissant, à titre individuel et en tant qu’équipe, aux points positifs et
négatifs de leur dernière visite. La deuxième tâche clé consiste à rédiger un
rapport de visite et à formuler des recommandations. Ce travail devrait être
mené à bien peu après la visite. Le rapport sera alors soumis à la personne
responsable du lieu de détention ainsi qu’aux autorités supérieures, si cela
semble approprié. Les rapports bénéficient de davantage de crédibilité aux
yeux de la police et d’autres parties intéressées s’ils sont soumis rapidement.
Une autre stratégie courante consiste à rédiger un rapport interne. Celui-ci
n’est pas transmis aux autorités de police, mais sert de base pour l’élabora- II
tion d’un rapport général, fondé sur une série de visites, qui sera publié ou
au moins envoyé aux autorités pertinentes et aux responsables des centres
de détention concernés.
11 Si les équipes de monitoring soupçonnent que les détenu·e·s
Rapports
Les visites devraient être suivies de rapports crédibles adressés aux auto-
rités appropriées. Les rapports devraient inclure des recommandations
pratiques sur les changements à mettre en œuvre. La mise en œuvre de ces
recommandations sera surveillée étroitement.
97
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
1. Rapports internes
Comme dans le cas des visites dans d’autres types de lieux de détention, les
informations recueillies pendant les visites dans les postes de police seront
analysées, classées et archivées afin de pouvoir être utilisées aussi efficace-
ment que possible. Le classement logique et systématique des informations
permet aux équipes de visite d’identifier des points de référence et des indi-
2. Rapports de visites
Les rapports constituent probablement l’outil le plus important dont dis-
pose un organe de visite afin de protéger les personnes détenues et amé-
liorer leur situation. Les rapports consacrés à une seule visite dans un seul
poste de police présenteront les faits et les questions essentiels découlant
de la visite ainsi que tous les points importants évoqués lors de l’entretien
final avec le chef de l’établissement. Ces types de rapports de visite peuvent
être relativement brefs et seront envoyés peu de temps après la visite. Cela
renforce le dialogue avec les autorités en fournissant une réaction écrite et
officielle. Ces rapports de visite seront également envoyés rapidement aux
autorités responsables du lieu visité afin que :
• les recommandations soient diffusées de manière à pouvoir être
mises en œuvre et ;
• l’organe de monitoring soit pris au sérieux et perçu comme
professionnel par la police.
Les organes de monitoring devraient débattre régulièrement de la confi-
dentialité des rapports de visite ; la publication systématique de ce type de
documents peut saper le dialogue constructif engagé par les organes de
monitoring avec les autorités. Pour cette raison, certains organes de moni-
toring transmettent initialement leurs rapports aux autorités de manière II
confidentielle ; ces rapports ne sont rendus publics que par la suite en étant
assortis de la réponse ou de la position des autorités.
Les rapports de visite devraient contenir un chapitre présentant des infor-
mations générales qui incluent (au minimum) :
99
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
II
tions, appliquer des sanctions, le cas échéant, et prendre toutes les mesures
nécessaires afin d’éviter que de tels actes ne se reproduisent.
3. Rapports thématiques
Suite aux visites, des rapports thématiques peuvent également être rédigés.
Visiter les postes de police
100
Chapitre II - Visiter les postes de police
4. Rapports annuels
Un grand nombre de mécanismes effectuant des visites dans des postes de
police sont également chargés de la visite d’autres structures. C’est le cas
des MNP mis en place aux termes de l’OPCAT. Dans le cas de ces organes et
d’autres, les conclusions clé relatives aux conditions de détention dans les
postes de police seront très probablement incluses dans un rapport annuel
de portée plus large.21
Lorsque des organes publient régulièrement des rapports de visite, le corps
de leur rapport annuel peut synthétiser des problèmes clé relatifs aux dif-
férents types de lieux de détention (par exemple les postes de police) ou
il peut analyser des questions thématiques transversales. En général, une
section séparée de nature analytique plutôt que factuelle est consacrée aux
conditions de détention et au traitement des détenu·e·s dans les postes de
police. II
5. Rédiger des recommandations22
La qualité et l’utilité des recommandations formulées suite à des visites dans
21 Aux termes de l’article 23 de l’OPCAT, les États parties « s’engagent à publier et à diffuser les
rapports annuels des mécanismes nationaux de prévention ». Disponible sur http://www.
admin.ch/ch/f/as/2009/5449.pdf
22 La manière de rédiger des recommandations est examinée de manière approfondie dans
le document Faire des recommandations efficaces (Monitoring des lieux de détention -
Briefing N°1), APT, Genève, novembre 2008. Disponible sur http://www.apt.ch/content/
files_res/Briefing1_fr.pdf
101
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
23 Il peut parfois également être utile d’inclure des recommandations qui ne sont pas
nécessairement réalisables sur le court terme mais qui peuvent inspirer une stratégie
sur le long terme. Néanmoins, en règle générale, les recommandations devraient être
réalistes et réalisables.
102
Chapitre II - Visiter les postes de police
Version SMART
Il ne faut recourir aux fouilles à nu que lorsque cela est strictement
nécessaire et conformément aux principes de nécessité, du caractère
raisonnable et de proportionnalité. Les fouilles à nu doivent être effec-
tuées en deux étapes pour faire en sorte que la personne ne se retrouve
jamais entièrement nue.
Comme le précise la Règle 19 des Règles des Nations Unies concernant
le traitement des détenues et l’imposition de mesures non privatives de
liberté aux délinquantes (Règles de Bangkok), les fouilles effectuées sur
des femmes « ne doivent être réalisées que par du personnel féminin
dûment formé ».
Il faut immédiatement mettre un terme aux fouilles qui ne se confor-
ment pas à ces principes.
Le/a Chef.fe de la police doit adopter et diffuser dans un délai de six
mois un règlement interne décrivant clairement les critères régissant
II
les modalités, la responsabilité et le monitoring des fouilles corporelles.
Le ministère de l’Intérieur et l’Institut national de formation de la police
doivent faire en sorte que le programme de formation de l’école de
104
Chapitre II - Visiter les postes de police
105
Chapitre III
Normes internationales relatives
aux pouvoirs de la police et à la
détention par la police
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Le chapitre III de ce guide peut être utilisé comme une section autonome. Il
présente un cadre pratique basé sur les principales normes internationales
et régionales relatives à la police. Ce chapitre propose des conseils pra-
tiques et généraux sur certains aspects spécifiques du travail des équipes
de monitoring, avant les visites dans les postes de police (c’est-à-dire durant
la préparation), pendant les visites et après les visites afin d’assurer un suivi
efficace de leur travail. Les normes examinées ci-dessous portent soit spéci-
fiquement sur la détention par la police, soit sur certaines dimensions géné-
rales de la détention applicables à la détention par la police.
III
Les normes sont réparties en six catégories représentant les six dimensions
principales que les organes de visite sont invités à examiner. Ces questions
font chacune l’objet d’une section différente de ce chapitre et sont réparties
de la manière suivante :
1 Ce schéma ne constitue pas une représentation exacte du processus de détention ; il
présente plutôt une vision générique des étapes, des risques et des garanties essentiels.
108
Chapitre III - Normes internationales
Normes internationales
Durée de la détention par la police
Accès à un.e juge
Procédure de contrôle des modalités de
libération
Garanties procédurales
Enregistrement audio-vidéo
Registres de détention
Mécanismes de plaintes
Inspection et monitoring
Code de conduite
Recrutement
Formation
Uniformes et identification
109
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Dans chaque section, un tableau inclut la citation exacte des extraits des
normes les plus pertinentes. D’autres normes additionnelles figurent au bas
du tableau à titre de référence. Celui-ci est assorti d’un commentaire qui
précise les implications pratiques de ces normes pour les organes de moni-
toring. Chaque section se conclut par un encadré qui fournit aux visiteurs
des conseils pratiques (« points de repère ») pouvant être utilisés comme
une liste récapitulative des questions à soulever durant les entretiens avec
des détenu·e·s ou des membres de la police.
les normes non contraignantes et les normes spécifiques avant les normes
2 Les traités n’ont un caractère contraignant qu’à l’égard des États qui ont accepté d’être
liés à ces instruments par le biais d’une ratification ou adhésion. Néanmoins, même
lorsqu’un État n’a pas accepté d’être lié par un traité donné, celui-ci peut être cité en tant
que norme internationale.
3 « L’expression « droit non contraignant » (ou « soft law ») se réfère à des documents qui
ne sont pas contraignants en droit international (c’est-à-dire dont le statut est inférieur
à celui d’un traité conclu en vertu de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des
traités). Les instruments juridiquement non contraignants comprennent les résolutions
d’organes tels que l’Assemblée générale de l’ONU et le Conseil des droits de l’homme
ainsi que des plans d’action, des codes de conduite, des principes directeurs, des règles
110
Chapitre III - Normes internationales
Normes internationales
agent·e·s ont, en général, affaire à une (ou des) personne(s) qui se
trouvent dans un état de grande tension. Du fait du caractère volatile
de cette situation, le maintien de l’ordre est souvent plus difficile
pour la police que pour le personnel pénitentiaire.
• Les lieux où les agent·e·s privent initialement des personnes de
leur liberté ne présentent souvent pas de garanties ni en termes de
sécurité (risques d’évasion) ni en termes de sûreté (risques d’abus).
Les interpellations sont par ailleurs parfois effectuées par un·e
agent·e seul·e. De plus, il arrive souvent que les interpellations se
fassent dans l’espace public et les agent·e·s doivent alors prendre en
compte les risques encourus par d’autres membres du public.
III
Les visiteurs consulteront également les lois, les règlements et les normes
pertinents adoptés au niveau national. De nombreux États ont incorporé
dans leur droit national tout ou partie des normes internationales ou régio-
nales. En outre, les lois et normes nationales peuvent être plus complètes
que les dispositions du droit international.
Ce chapitre n’inclut pas la jurisprudence régionale ou nationale afin de
préserver l’objectif du manuel qui vise à être un outil pratique. Cependant,
111
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
1. Traitement
Le respect de la dignité des personnes détenues doit constituer la valeur
éthique fondamentale aussi bien pour le personnel des postes de police
que pour les organes de visite. Ce principe fondamental est clairement
énoncé à l’article 10 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques
Traitement
(PIDCP) : « Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec
le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».
Surtout, la torture et les traitements ou peines cruels, inhumains ou dégra-
dants sont absolument proscrits et ne peuvent être justifiés en aucune
circonstance.
Parmi les mesures qui peuvent s’assimiler, dans certaines circonstances, à
la torture ou à des traitements ou peines cruels, inhumains ou dégradants
figurent l’isolement cellulaire, le recours à des instruments de contrainte
et l’usage de la force ou l’utilisation d’armes à feu. Le recours à de telles
mesures doit par conséquent être assorti d’une série de garanties destinées
à veiller à ce que celles-ci ne soient pas utilisées de manière à constituer
un acte de torture ou autres mauvais traitements. Les mécanismes de visite
accorderont une attention particulière à ces questions.
112
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
tion forcée ou de traitement coercitif, de méthodes ayant pour finalité
d’anéantir la personnalité ou de réduire les capacités physiques ou men-
tales de la personne. »
PBPA, Principe I
ÖÖVoir aussi
• PIDCP, Art. 4, 10
• UNCAT, Art. 1, 4, 13
• BPP, Principe 6
• CCLEO, Art. 2, 5
• CEDH, Art. 3
• Convention interaméricaine pour la prévention et la répression de
la torture, Art. 1, 2
• CADHP, Art. 4, 5
• Charte arabe des droits de l’homme, Art. 8
• CEEP, §36
• Code de conduite des agents de police (SARPCCO), Art. 4
• Principes relatifs aux moyens d'enquêter efficacement sur la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants pour établir la réalité des faits, Art. 1, 2
• Résolution de l’AG/ONU, A/RES/64/153, §6.
113
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Personnes handicapées
Mineur.e.s
Traitement
ÖÖVoir aussi
• RPJDL, Annexe, §87(a)
Commentaire
L’UNCAT définit la torture comme tout acte par lequel une douleur ou des
souffrances aiguës, physiques ou mentales sont intentionnellement infli-
gées à une personne ; cette douleur ou souffrance doivent être infligées à
des fins spécifiques, telles que le fait d’obtenir de la victime ou d’une tierce
personne des renseignements ou des aveux, de la punir, de l’intimider ou de
faire pression sur elle ou sur une tierce personne, ou pour tout autre motif
fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit. De plus, cet acte
doit être infligé par un·e agent·e de la fonction publique ou toute autre per-
sonne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement
exprès ou tacite.
La torture peut prendre des formes très différentes, y compris des décharges
électriques, des coups, des coups sur la plante des pieds, la suspension dans
des positions douloureuses, le viol, la suffocation, des brûlures de cigarette,
l’intimidation, le simulacre d’exécution, ou la privation de nourriture, de
sommeil ou de communication.
Les premières phases de la détention, et particulièrement au moment de
l’arrestation, de l’interrogatoire et de l’enquête, sont celles où les risques de
114
Chapitre III - Normes internationales
torture et autres mauvais traitements sont les plus élevés. C’est particulière-
ment le cas dans les pays où la torture est utilisée afin d’obtenir des aveux.
Pour les visiteurs, la torture constitue l’un des domaines les plus difficiles à 1
traiter et cela requiert une méthodologie, une préparation et une formation
particulières. La conduite d’entretiens avec des personnes qui ont été sou-
mises à la torture constitue une tâche extrêmement difficile ; les équipes de
monitoring qui visitent les postes de police peuvent être amenées à ren-
contrer les personnes qui ont été soumises très récemment à de tels actes.
Traitement
Lors d’entretiens individuels, les visiteurs peuvent être amenés à prendre
connaissance d’allégations relatives au traitement subi par les détenu·e·s
durant leur arrestation ou leur transfert dans un véhicule de la police, ou
infligé dans des postes de police (par exemple pendant des interrogatoires).
Cependant, certain·e·s détenu·e·s peuvent se montrer réticent·e·s à l’idée de
faire part immédiatement de ces allégations, soit en raison du traumatisme
subi ou par crainte de sanctions ou de représailles. Par contre, une fois que
la personne détenue en question a été libérée ou transférée dans un autre
lieu, les visiteurs se trouveront dans des circonstances plus favorables pour
recevoir des allégations relatives à des actes de torture ou autres mauvais
traitements survenus durant la détention par la police.
Les personnes qui ont été soumises à la torture ou autres mauvais traite-
ments éprouvent souvent beaucoup de difficultés à parler de ces expé-
riences extrêmement traumatisantes. Lorsqu’ils recueillent des informa-
tions relatives à ces expériences, les visiteurs sont appelés à faire preuve
d’une grande sensibilité. Ces personnes devraient recevoir une formation
spéciale afin de
• savoir quel comportement adopter face aux allégations ;
• savoir intuitivement jusqu’où peuvent aller leurs questions ;
• déceler à quel moment l’intervention d’un spécialiste est nécessaire.
Il est souvent difficile de trouver le juste équilibre entre l’obtention d’in-
formations et la nécessité d’éviter le risque de traumatiser à nouveau les
personnes durant les entretiens.
Il est important que le personnel médical faisant partie de l’équipe de visite
documente aussi vite que possible les allégations de torture ou autres mau-
vais traitements. Cela doit être fait par le biais d’un examen médical prenant
en compte les éléments de preuve aussi bien physiques que psychologiques.
115
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
116
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
peut tolérer des actes de violence entre détenu·e·s, en considérant que les
problèmes entre détenu·e·s sont leurs « affaires » et qu’ils ou elles doivent les
résoudre comme ils ou elles peuvent. Cependant, les visiteurs garderont à
l’esprit que le consentement tacite de la police face à ces actes peut s’assimi-
ler à de la torture ou autres mauvais traitements. Dans les petites structures
de police, les agent·e·s peuvent également avancer l’argument selon lequel
il est impossible d’éviter les violences entre détenu·e·s, du fait du nombre
limité de cellules. Cela ne constitue aucunement une excuse valable car
cela enfreint l’obligation de prise en charge des détenu·e·s qui incombe à la
police. De même, les arguments d’ordre financier et logistique ne peuvent
justifier aucun type de violence à l’encontre de personnes privées de liberté.
Points de repère
En cas d’allégations de torture ou autres mauvais traitements, les
visiteurs devraient généralement recueillir les types d'informations
suivants :
• L’identité complète de l’auteur de l’allégation et l'identité de la
victime (s’il s’agit de personnes différentes).
• Des informations détaillées sur l’autorité en charge de la
détention.
• La date, l’heure et le lieu où ont été commis les mauvais
traitements.
• Les coordonnées de l'autorité (ou des autorités) responsable(s)
des mauvais traitements.
• Les circonstances des mauvais traitements.
• Les coordonnées de tout témoin des mauvais traitements.
117
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
1 les actes allégués, la façon dont ils ont été perpétrés, la durée
des mauvais traitements, à quelle fréquence et par qui ils ont été
infligés) ainsi que le (ou les) effet(s) physiques et psychologiques
observés sur la victime.
Si l'équipe de visite comprend du personnel médical, celui-ci devrait
également s’efforcer de documenter :
• Les éléments de preuve physiques.
• Les éléments de preuve psychologiques.
Traitement
118
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
c) Garantit que toute personne privée de liberté sera placée uniquement
dans des lieux de privation de liberté officiellement reconnus et contrô-
lés »
CIPPDF, Art. 17(1-2)
119
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ÖÖVoir aussi
1 •
•
CIPPDF, Art. 18, 19, 2, 22
Déclaration des Nations unies sur la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées, Art. 10(1)
• Résolution de l’AG/ONU, Doc. ONU A/RES/66/150, §22
• Comité des droits de l’homme - Observation générale N°20 sur
l’Art. 7 du PIDCP, §11
• Comité des droits de l’homme - Observation générale N°29 sur
l’Art. 4 du PIDCP, §13(b)
Traitement
cas, la « détention au secret » inclut des situations dans lesquelles la personne détenue
a « certains contacts directs avec des autorités judiciaires réellement indépendantes ».
Voir, Incommunicado, Unacknowledged and Secret Detention Under International Law, APT,
Genève, mars 2006, pp.1-2. Disponible à l’adresse suivante : http://www.apt.ch/index.
php?option=com_docman&task=doc_download&gid=280&Itemid=260&lang=en. La
« détention au secret » désigne une détention qui est à la fois au secret et non reconnue.
Des détentions peuvent être définies comme « au secret » y compris dans des lieux
qui ne sont pas des lieux de détention secrets ou non officiels. Voir Étude conjointe sur
les pratiques mondiales concernant le recours à la détention secrète dans le cadre de la
lutte contre le terrorisme, Doc. ONU A/HRC/13/42, 19 février 2010, §8-10. Disponible à
l’adresse suivante : http://www2.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/docs/14session/A.
HRC.13.42_fr.pdf
120
Chapitre III - Normes internationales
Commentaire
Si, de manière générale, les postes de police constituent des lieux de déten-
tion officiellement reconnus, il se peut que les visiteurs aient connaissance 1
de lieux secrets ou officieux au sein d’un poste de police où des personnes
sont également détenues (par exemple dans une cave ou dans une pièce
secrète). Il est interdit de détenir des personnes dans des lieux non offi-
ciels et cela ne peut se justifier en aucune circonstance, y compris dans
un contexte de conflit armé ou d’état d’urgence.7 En pratique, cependant,
dans les situations de conflits armés, des personnes peuvent être privées de
liberté tout d’abord durant les combats, puis dans des locaux de détention
Traitement
temporaires, situés dans des zones de combats et, par la suite seulement,
dans des lieux de détention officiels.
Les visiteurs peuvent également être amenés à rencontrer des personnes qui,
bien que détenues dans une partie officielle du poste, sont maintenues au
secret. La détention au secret accroît le risque de torture et d’autres violations
graves des droits humains. Elle peut en effet constituer en elle-même une
torture ou un traitement cruel, inhumain et dégradant, non seulement pour
la personne détenue mais également pour la famille ou les amis de celle-ci.8
La détention au secret peut être autorisée dans des circonstances extrême-
ment limitées et spécifiques. Une telle détention doit, au minimum, être :
• spécifiquement autorisée par la législation nationale ;
• d’une très courte durée ;
• manifestement nécessaire et proportionnée à des fins spécifiques et
limitées ; et
• supervisée par un·e juge.
Les personnes détenues au secret doivent pouvoir avoir accès à un·e avo-
cat·e et à un traitement médical indépendant.9 Étant donné le caractère très
7 Étude conjointe sur les pratiques mondiales concernant le recours à la détention secrète dans
le cadre de la lutte contre le terrorisme, op. cit. Voir aussi article 17 (1-2) de la Convention
internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées,
adoptée le 20 décembre 2006, entrée en vigueur le 23 décembre 2010. Disponible à
l’adresse suivante : http://www2.ohchr.org/french/law/disappearance-convention.htm
8 Étude conjointe sur les pratiques mondiales concernant le recours à la détention secrète dans
le cadre de la lutte contre le terrorisme, op. cit., §34-35. Voir aussi Observation générale N°20
du Comité des droits de l’homme sur l’article 7 du PIDCP, 10 mars 1992, §11. Disponible à
l’adresse suivante : http://ccprcentre.org/doc/PIDCP/General%20Comments/HRI.GEN.1.
Rev.9%28Vol.I%29_%28GC20%29_fr.pdf
9 Incommunicado, Unacknowledged and Secret Detention Under International Law, APT, op. cit.
121
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• La personne a-t-elle été détenue au secret ? Si c’est le cas,
pendant combien de temps et pour quels motifs ?
• La personne a-t-elle été traduite sans délai devant un·e juge ?
• La personne a-t-elle été en mesure de s’entretenir en privé avec
un·e avocat·e ?
• La personne a-t-elle été en mesure de communiquer avec le
monde extérieur ?
• La personne est-elle autorisée à recevoir des visites de sa famille ?
• Si la personne détenue est un ressortissant étranger, a-t-elle eu
la possibilité de communiquer avec des représentants de son
gouvernement ?
122
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
sés à recourir à la force, dans la mesure où cela est raisonnablement considéré
comme nécessaire vu les circonstances, pour empêcher un crime, ou pour arrê-
ter ou aider à arrêter légalement des délinquants ou des suspects, il ne peut être
recouru à la force au-delà de cette limite.
b) Le droit national restreint généralement le recours à la force par les respon-
sables de l'application de la loi, conformément à un principe de proportionnalité.
Il est entendu que l'interprétation de la présente disposition doit tenir compte
de ces principes nationaux de proportionnalité. La présente disposition ne doit
en aucun cas être interprétée comme autorisant un usage de la force hors de
proportion avec le but légitime poursuivi.
c) L'emploi d'armes à feu est considéré comme un moyen extrême. Tout devrait
être entrepris pour exclure l'emploi d'armes à feu, spécialement contre des
enfants. D'une manière générale, il ne faut pas avoir recours aux armes à feu,
si ce n'est lorsqu'un délinquant présumé oppose une résistance armée ou, de
toute autre manière, met en danger la vie d'autrui, et lorsque des moyens moins
radicaux ne suffisent pas pour maîtriser ou appréhender le délinquant présumé.
Chaque fois qu'une arme à feu a été utilisée, le cas doit être signalé prompte-
ment aux autorités compétentes. »
CCLEO, Art. 3
123
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
« Une réglementation régissant l'usage des armes à feu par les respon-
sables de l'application des lois doit comprendre des directives aux fins
ci-après :
a) Spécifier les circonstances dans lesquelles les responsables de l'ap-
plication des lois sont autorisés à porter des armes à feu et prescrire les
types d'armes à feu et de munitions autorisés ;
b) S'assurer que les armes à feu ne sont utilisées que dans des circons-
tances appropriées et de manière à minimiser le risque de dommages
inutiles ;
c) Interdire l'utilisation des armes à feu et des munitions qui provoquent
des blessures inutiles ou présentent un risque injustifié ;
d) Réglementer le contrôle, l'entreposage et la délivrance d'armes à feu
et prévoir notamment des procédures conformément auxquelles les res-
ponsables de l'application des lois doivent rendre compte de toutes les
armes et munitions qui leur sont délivrées ;
e) Prévoir que des sommations doivent être faites, le cas échéant, en cas
d'utilisation d'armes à feu ;
f) Prévoir un système de rapports en cas d'utilisation d'armes à feu par des
responsables de l'application des lois dans l'exercice de leurs fonctions. »
PBRF, §11
124
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
ce recours est indispensable pour prévenir l'évasion d'un prévenu ou
condamné incarcéré présentant le risque visé au principe 9. »
PBRF, §16
ÖÖVoir aussi
• ERM, §54
• PBRF, §1
• Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2006/6, §38
• Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2004/56, §44
• CEEP, §37
• PBPA, Principe XXIII
• SARPCCO, Code of Conduct for Police Officials, Art. 3
125
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Commentaire
L’usage de la force et des armes à feu constitue l’un des pouvoirs coerci-
1 tifs de la police. Dans la mesure où cet usage de la force ou d’armes à feu
entraîne des risques d’abus, de telles mesures ne peuvent être appliquées
légitimement que lorsque les principes de légalité, de nécessité et de pro-
portionnalité sont strictement respectés.
Chaque fois que la force est utilisée, que ce soit au moment de l’arresta-
tion ou durant la détention par la police, les équipes de monitoring sont
confrontées à la difficulté d’évaluer si cet usage a été excessif.
Traitement
Points de repère
• Existe-t-il des règlements spécifiant à quel moment, dans quelles
circonstances et à quels membres de la police des armes à feu
peuvent être délivrées ?
• Existe-t-il des règlements définissant les types d’armes à feu et
de munitions autorisés /interdits ?
• Comment le contrôle du stockage et de la délivrance d’armes à
feu et de munitions est-il régulé et géré en pratique ?
126
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
comptes en cas d’usage de la force et d’armes à feu ?
• Existe-t-il des éléments de preuve d’un usage excessif de la
force à l’encontre d’un groupe de personnes en situation de
vulnérabilité ?
• En cas d’utilisation d’armes à impulsions électriques, quelles
garanties sont mises en place ? Le personnel est-il doté d’une
formation spécifique à l’usage de ces armes ?
127
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ÖÖVoir aussi
• BR, Règle 24
• RPJDL, Annexe, §63-65
Commentaire
L’usage de moyens de contrainte, de même que l’utilisation de la force, fait
partie des pouvoirs coercitifs auxquels la police est habilitée à avoir recours
dans l’exercice de ses fonctions. La police dispose d’une certaine marge
d’appréciation discrétionnaire dans l’usage de moyens de contrainte lors
de la période initiale de privation de liberté. Cette latitude est due au vide
actuel dans les normes internationales en matière d’usage des moyens de
contrainte par la police en particulier. Toutefois, lorsqu’un·e détenu·e arrive
dans une installation sécurisée, l’usage des moyens de contrainte doit cesser
si la personne est non violente et ne représente aucun risque pour les autres
ou pour elle-même.
Il est absolument interdit d’utiliser des moyens de contrainte tels que des
chaînes et des fers. Les moyens de contrainte autorisés doivent être utilisés
uniquement à titre exceptionnel. Ils ne doivent jamais être utilisés comme
châtiment.
Dans les cellules individuelles, le recours à des moyens de contrainte n’est
en aucun cas justifié. Si une personne est considérée comme représentant
un risque pour elle-même, elle doit faire l’objet d’une prise en charge médi-
cale et, le cas échéant, être transférée vers une installation plus appropriée.
Dans les cellules multiples, si une personne représente un risque, elle doit
être déplacée dans une cellule individuelle où les moyens de contrainte ne
sont pas nécessaires.
128
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
tement le CPT, en cas d’usage de moyens de contrainte à leur encontre, les
détenu·e·s ont le droit d’être examiné·e·s immédiatement par un médecin.
Cette règle ne doit en aucun cas être interprétée comme équivalant à exiger
d’un médecin qu’il atteste qu’un·e détenu·e « est apte à subir une punition ».11
Pour une question de principe, le fait de mener des entretiens alors que des
détenu·e·s sont l’objet de moyens de contrainte est incompatible avec le
mandat d’une équipe de visite qui vise à faire en sorte que le respect de la
dignité humaine soit assuré dans les lieux de détention.
Points de repère
• Dans quelles situations, les moyens de contrainte sont-ils
autorisés ?
• Des moyens de contrainte ont-ils été utilisés durant l’arrestation ?
Si c’est le cas, leur usage était-il autorisé et a-t-il été consigné ?
• Pendant combien de temps les moyens de contrainte sont-ils
imposés ?
• Y a-t-il des éléments de preuve attestant que l’usage des moyens
de contrainte est disproportionné dans le cas de groupes
particuliers de personnes ?
• Dans quelles circonstances les menottes sont-elles utilisées ?
Existe-t-il des indices selon lesquels les menottes ont été
délibérément utilisées de manière à causer des blessures ou des
douleurs à la personne détenue ?
11 Les normes du CPT, CoE Doc. CPT/Inf/E (2002) 1, 2002 (révisé en 2011), p.51, op. cit, §73.
129
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
1.5. Arrestation12
Traitement
Normes pertinentes
« Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne
peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire. Nul ne
peut être privé de sa liberté, si ce n'est pour des motifs, et conformément
à la procédure prévus par la loi. »
PIDCP, Art. 9(1)
« 1. Tout État établit dans sa législation nationale des règles qui per-
mettent de désigner les agents du gouvernement habilités à ordonner
des privations de liberté, fixent les conditions dans lesquelles de tels
ordres peuvent être donnés et prévoient les peines qu'encourent les
agents du gouvernement qui refusent sans justification légale de fournir
des informations sur une privation de liberté.
130
Chapitre III - Normes internationales
ÖÖVoir aussi
• BBP, Principe 2
Traitement
• ECHR, Art. 5
• CADH, Art. 7
• Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, Art. 6
• Charte arabe des droits de l’homme, Art.14
• Déclaration du Caire sur les droits de l'homme en Islam, Art. 20
• PBPA, Principes III, IV, IX
Mineur.e.s
« Nul enfant ne (sera) privé de liberté de façon illégale ou arbitraire.
L'arrestation, la détention ou l'emprisonnement d'un enfant doit être en
conformité avec la loi, n'être qu'une mesure de dernier ressort, et être
d'une durée aussi brève que possible ».
CDE, Art. 37(b)
Commentaire
Tous les cas de privation de liberté doivent respecter le principe de légalité
et ne pas être arbitraires. La police ne doit procéder à des arrestations que
pour des motifs qui sont spécifiés dans la loi nationale. De plus, elle doit
respecter toutes les procédures relatives aux arrestations qui sont prévues
par la loi. Dans la plupart des systèmes juridiques, cela signifie que la police
ne peut arrêter des personnes qu’avec un mandat d’arrêt, au moment de la
perpétration du crime ou immédiatement après. De surcroît, les personnes
ne doivent pas être la cible d’une arrestation, d’un contrôle routier ou de
fouille pour des raisons discriminatoires telles que le profilage racial ou
ethnique.13 Les équipes de monitoring examineront les lois, règlements et
131
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
pitre III, Section 1.4 ci-dessus). Les conditions et modalités des arrestations,
notamment le nombre d’agent·e·s participant à chaque opération (que ce
soit deux officiers de police ou une brigade entière), l’équipement utilisé
(matériel léger ou militaire), et le moment de l’arrestation (au milieu de la
nuit ou durant l’après-midi) sont des indicateurs utiles pour déterminer à la
fois les circonstances de l’arrestation et le comportement de la police durant
ces opérations. Les membres de l’équipe s’efforceront aussi de recueillir,
durant les entretiens individuels, des informations sur la manière dont les
arrestations se sont déroulées.
Points de repère
• Quelles sont les procédures régissant les arrestations ?
• Quelles autorités sont autorisées à ordonner ou procéder à des
arrestations ?
• Les procédures régulant les arrestations ont-elles été respectées
dans le cas des détenu·e·s rencontré·e·s durant la visite ?
• Y a-t-il eu un mandat d’arrêt ? (NB : Ce n’est pas toujours
nécessaire.)
• Les détenu·e·s ont-ils ou elles été informé·e·s des raisons de leur
arrestation ?
132
Chapitre III - Normes internationales
•
moment de leur arrestation ?
Y a-t-il eu usage de la force durant les arrestations ? Si tel est le
1
cas, l’usage de la force a-t-il été consigné ?
• Y a-t-il eu recours à des mesures de contrainte durant l’arrestation ?
Si tel est le cas, ces mesures ont-elles été consignées ?
• Y a-t-il des raisons de soupçonner l’existence d’un profilage racial
ou ethnique dans le cadre de ces arrestations ?
14
Traitement
1.6. Fouilles
Normes pertinentes
« Lorsqu’elles sont pratiquées conformément à la loi, les fouilles corpo-
relles […] doivent obéir aux critères de nécessité, de rationalité et de pro-
portionnalité. Les fouilles corporelles des personnes privées de liberté et
des visiteurs des lieux de détention sont réalisées dans des conditions
sanitaires adéquates, par du personnel qualifié du même sexe, et doivent
être compatibles avec la dignité humaine et le respect des droits fon-
damentaux. À cette fin, les États membres utilisent des moyens option-
nels qui prennent en compte les procédés et matériel technologiques
ou autres méthodes appropriées. Les fouilles intrusives vaginales et
anales sont interdites par la loi. Les inspections ou fouilles pratiquées à
l’intérieur des unités et installations des lieux privatifs de liberté, doivent
être réalisées par l’autorité compétente, conformément à une procédure
régulière et dans le respect des droits des personnes privées de liberté. »
PBPA, Principe XXI
14 Cette norme est similaire à celle s’appliquant aux femmes, p.77, §23.
133
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Femmes
ÖÖVoir aussi
• PIDCP, Art. 17
• Comité de droits de l’homme, Observation générale N°16 sur
l’Art. 17 du PIDCP, §3-4, 8
• CEEP, §41
Commentaire
La décision de procéder à une fouille corporelle doit toujours respecter les
principes de nécessité, de caractère raisonnable et de proportionnalité.
En effet, ce type de fouilles entraîne des risques d’abus, soit parce que ces
fouilles sont inutiles, soit parce qu’elles ont été effectuées de manière inap-
propriée. Les membres de l’équipe demanderont aux personnes détenues
les raisons pour lesquelles ces fouilles ont été effectuées et la manière dont
elles se sont déroulées.
Les membres du personnel chargés d’effectuer des fouilles corporelles
doivent être formés pour procéder à de tels actes. Par ailleurs, toutes les
fouilles doivent respecter une procédure très rigoureuse. Les détenu·e·s ne
devraient jamais être obligé·e·s de se déshabiller entièrement ; les fouilles
corporelles doivent se dérouler en deux étapes. Tout d’abord, la police
doit demander à la personne détenue d’enlever ses vêtements au-dessus
de la ceinture. Puis, une fois qu’elle a remis ses vêtements, la police doit lui
demander d’enlever tous les vêtements au-dessous de la ceinture.
Chaque fois que cela est possible, il faut privilégier des alternatives aux
134
Chapitre III - Normes internationales
Points de repère
• Existe-t-il des procédures spécifiant la manière dont les fouilles
Traitement
corporelles doivent être effectuées ?
• Les personnels de police sont-ils formés à la conduite des fouilles
corporelles ?
• Les fouilles à nu sont-elles menées en deux étapes ?
• Existe-t-il d’autres méthodes de détection pour remplacer les
fouilles à nu ?
• Les femmes sont-elles fouillées exclusivement par un personnel
féminin ?
• Les fouilles sont-elles pratiquées hors de la vue du personnel de
surveillance de l’autre sexe ?
• Existe-t-il des indices selon lesquels certaines personnes ou
certains groupes particuliers sont confrontés à des formes de
discrimination ou d’abus en matière de fouilles corporelles ?
1.7. Interrogatoires
Normes pertinentes
« Tout État partie exerce une surveillance systématique sur les règles, ins-
tructions, méthodes et pratiques d'interrogatoire et sur les dispositions
concernant la garde et le traitement des personnes arrêtées, détenues
ou emprisonnées de quelque façon que ce soit sur tout territoire sous sa
juridiction, en vue d'éviter tout cas de torture. »
UNCAT, Art. 11
135
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
136
Chapitre III - Normes internationales
« [L]a date et le lieu des interrogatoires, ainsi que les noms de toutes les
personnes y assistant doivent être inscrits sur un registre et ces rensei-
gnements doivent également être disponibles aux fins de la procédure 1
judiciaire ou administrative »
Comité des droits de l’homme -
Observation générale N°20 sur l’Art. 7 du PIDCP, §11
ÖÖVoir aussi
• Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2003/68, §26(g)
• CEEP, §50
Traitement
Commentaire
Tout comme l’arrestation, l’interrogatoire est l’un des moments où le risque
de mauvais traitements ou d’abus à l’encontre des détenu·e·s est le plus
élevé. Dans les situations où la police dispose de faibles capacités en matière
d’enquêtes criminelles, le risque de recours à de mauvais traitements est
bien plus important. Des procédures claires relatives aux modalités des
interrogatoires représentent une garantie importante de protection.
En raison du risque d’abus, tous les interrogatoires doivent commencer par
l’identification de toutes les personnes présentes. Dans l’idéal, les interro-
gatoires doivent être enregistrés et de préférence vidéo-enregistrés (voir
Chapitre III, Section 2.7 ci-après). La consignation par écrit de l’interroga-
toire doit préciser l’identité de toutes les personnes présentes, l’heure et le
lieu de l’interrogatoire ainsi que la durée de l’interrogatoire et de ses éven-
tuelles interruptions. L’avocat·e de la personne détenue doit être autorisé·e
à assister à l’interrogatoire. La pratique qui consiste à bander les yeux des
personnes durant l’interrogatoire doit être expressément interdite.16
Conformément aux recommandations générales du CPT, les règles ou direc-
tives en matière d’interrogatoires doivent traiter des questions suivantes :
« l’information du détenu sur l’identité (nom et/ou matricule) des personnes
présentes lors de l’interrogatoire ; la durée autorisée d’un interrogatoire ; les
périodes de repos entre les interrogatoires ; les pauses pendant un inter-
rogatoire ; les lieux dans lesquels les interrogatoires peuvent se dérouler ;
s’il peut être exigé du détenu de rester debout pendant l’interrogatoire ;
16 Les normes du CPT, CoE Doc. CPT/Inf/E (2002) 1, 2002 (révisé en 2011), op. cit., p.6, §38.
Voir aussi Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2003/68, 17 décembre 2002, §26(g).
Disponible à l’adresse suivante : http://www.unhchr.ch/Huridocda/Huridoca.nsf/
TestFrame/0e9c21b3f8c77b60c1256cbb0037197c?Opendocument
137
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• Existe-t-il des directives, des règlements ou des codes de
conduite pour les interrogatoires de police ?
• Existe-t-il un registre des interrogatoires ? Si tel est le cas, ce
registre consigne-t-il le nom de la (des) personne(s) menant
l’interrogatoire, ainsi que la durée de l’interrogatoire et des
interruptions éventuelles ?
138
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
elle plutôt intimidante ou neutre) ?
• Est-ce que l’avocat·e de la personne détenue (le cas échéant)
était présent·e durant l’interrogatoire ?
• La personne a-t-elle eu les yeux bandés ou était-elle cagoulée
durant l’interrogatoire ?
• La personne a-t-elle fait état d’allégations de violences physiques
durant l’interrogatoire ?
• La personne a-t-elle souffert ou souffre-t-elle encore
actuellement de violences psychologiques exercées durant
l’interrogatoire (telles que des menaces) ?
1.8. Transferts
Normes pertinentes
« 1) Lorsque les détenus sont amenés à l'établissement ou en sont extraits,
ils doivent être exposés aussi peu que possible à la vue du public, et des
dispositions doivent être prises pour les protéger des insultes, de la curio-
sité du public et de toute espèce de publicité.
2) Le transport des détenus dans de mauvaises conditions d'aération ou
de lumière, ou par tout moyen leur imposant une souffrance physique,
doit être interdit.
3) Le transport des détenus doit se faire aux frais de l'administration et sur
un pied d'égalité pour tous. »
ERM, §45
139
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ÖÖVoir aussi
• Normes CPT, p.7, §40 et p.20, §57
• Rapport du RST (visite au Pakistan), Doc. ONU E/CN.4/1997/7/
Add.2, §106
Traitement
Commentaire
Les transferts comprennent les déplacements du lieu de l’arrestation vers le
poste de police et ceux du poste vers tout autre lieu, y compris un tribunal
ou des lieux de détention provisoire. Les visiteurs garderont à l’esprit que
ces transferts peuvent être effectués dans des véhicules spéciaux ou dans
des voitures de police.
Les organes de visite peuvent être amenés à négliger la question des trans-
ferts durant leurs visites ; cependant, ces phases critiques devraient faire
l’objet d’une attention particulière durant les entretiens individuels avec les
détenu·e·s. Durant ces transferts, les détenu·e·s sont entre les mains de la
police sans aucune surveillance ; par conséquent, le risque d’abus est parti-
culièrement élevé. Le nombre important de cas allégués de mauvais traite-
ments durant les transferts démontre l’importance d’assurer des garanties
de protection durant ces processus. Il existe des exemples de détenu·e·s
ayant été blessé·e·s car des agent·e·s ont conduit le véhicule de manière
délibérément brutale ou encore parce qu’ils ou elles ont été laissé·e·s à
l’intérieur du véhicule exposés en plein soleil durant des heures avec les
fenêtres fermées. Durant le transfert, la police peut aussi avoir recours à des
moyens de contrainte illégaux.
Les autorités de l’État doivent s’assurer que les détenu·e·s et leurs escortes
sont surveillé·e·s durant toute la durée du transport. Elles doivent aussi s’as-
surer que les moyens de transport sont sécurisés et adaptés à l’objectif des
transferts. Des procédures doivent être mises en place pour consigner des
informations détaillées sur tous les transferts.
Les organes de surveillance peuvent prendre connaissance de cas de déte-
nu·e·s soumis·e·s à des transferts répétés ou à des transferts vers des lieux se
140
Chapitre III - Normes internationales
situant à une distance importante de leur domicile, qui ont pu être effectués
à titre punitif ou comme moyen de pression pour leur extorquer des aveux
ou des informations. Il faut également tenir compte de l’éventualité de ce
type d’abus.
1
Points de repère
• Les véhicules de transport sont-ils équipés de telle sorte que les
détenu·e·s ne soient pas exposé·e·s au regard du public durant
les transferts ?
• Les véhicules sont-ils équipés de manière à minimiser les
Traitement
blessures subies par les détenu·e·s en cas d’accident ? Est-il
possible d’évacuer rapidement les détenu·e·s du véhicule en cas
d’urgence ?
• Le véhicule est-il équipé d’un système adéquat d’éclairage,
de chauffage, de ventilation, d’air conditionné et y a-t-il
suffisamment de place pour les personnes détenues dans le
véhicule ? L’équipement fonctionne-t-il ?
• Dans le cas de longs trajets, des pauses sont-elles prévues et
effectivement concédées ?
• Le dossier de transfert précise-t-il le motif du transfert et les
coordonnées du lieu d’arrivée ?
• Le dossier médical de la personne détenue est-il rattaché aux
documents de transfert ?
• Y a-t-il un processus visant à informer, préalablement à tout
transfert, la personne détenue concernée et son avocat·e ?
• Quelles ont été les conditions générales du transfert ?
• Quelle a été la durée du transfert ?
• Quelles ont été les méthodes de confinement/d’entrave utilisées
durant le transfert ?
• Quel était le degré de confort du ou de la détenu·e durant le
transfert ?
• Les effets personnels du ou de la détenu·e l’ont-ils accompagné·e
durant le transfert ?
• La personne détenue a-t-elle reçu de la nourriture et à boire
durant le transfert (NB : Ce n’est pas forcément nécessaire et
dépend avant tout de la durée du transport)
141
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
142
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
leur utilisation ; dans le cadre de leur formation spécialisée, les membres
de l’escorte devraient être informés des risques liés à l’emploi de chaque
technique. Si la formation n’est pas offerte, il conviendrait au moins que
des règlements ou des directives définissent les moyens de contrainte,
les circonstances dans lesquelles ils peuvent être utilisés et les risques
inhérents à leur utilisation.
4. L’administration de médicaments aux personnes au cours de leur éloi-
gnement doit s’effectuer uniquement sur décision médicale prise à la
lumière de chaque cas particulier. »
Principes directeurs du Comité des ministres du Conseil de l’Europe sur le
retour forcé, Principe directeur 19
ÖÖVoir aussi
• Observation générale N°1 du CAT sur l'article 3 de l’UNCAT dans le
contexte de l'Art. 22
• Principes directeurs du Comité des ministres du Conseil de
l’Europe sur le retour forcé, Principe directeur 17
• Normes CPT, pp.67-68, §32-36
Commentaire
Dans certaines situations, la police procède à des expulsions forcées de
migrant·e·s notamment par des opérations de reconduite par avion. Les
expulsions forcées sont de plus en plus courantes dans les pays industria-
lisés. Dans certains pays, les MNP ou les ONG surveillent la manière dont
ces expulsions sont effectuées. Les normes en vigueur sont principalement
d’origine européenne et proviennent du CPT et du Comité des ministres
du Conseil de l’Europe ; par conséquent ces normes n’engagent que les
143
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• Les personnels de police participant aux expulsions ont-ils été
sélectionnés de manière appropriée ? Ont-ils reçu une formation
adéquate ?
• L’utilisation de moyens de contrainte est-elle l’objet de directives
visant à réduire au maximum les risques d’abus ?
• Est-il possible, en cas d’urgence, d’enlever immédiatement les
moyens de contrainte entravant la liberté de mouvement de la
personne expulsée ?
19 Les normes du CPT, CoE Doc. CPT/Inf/E (2002) 1, 2002 (révisé en 2011), op. cit, p.46, §34.
20 Rapport au Gouvernement des Pays-Bas relatif à la visite effectuée aux Pays-Bas du 10 au 21
octobre 2011, CoE Doc. CPT/Inf (2012) 21, Strasbourg, 9 août 2012, p.63. Disponible à
l’adresse suivante : http://www.cpt.coe.int/documents/nld/2012-21-inf-eng.htm
144
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
destination ?
• Parmi les personnels de police escortant la personne expulsée,
y a-t-il au moins une personne du même sexe que la personne
expulsée ?
145
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
2. Garanties fondamentales
146
Chapitre III - Normes internationales
Garanties fondamentales
« Afin qu'il en soit bien ainsi [que les personnes placées en garde à vue
soient informées explicitement et sans délai de tous leurs droits] le CPT
estime qu'il convient de remettre systématiquement aux personnes
détenues par la police, dès le tout début de leur garde à vue, un formu-
laire précisant de façon simple ces droits. De plus, il faudrait demander
aux personnes concernées de signer une déclaration attestant qu'elles
ont bien été informées de leurs droits. »
Normes CPT, p.9, §16
ÖÖVoir aussi
• PIDCP, Art. 14(3)
• BBP, Principes 10, 16
• Principes de base relatifs au rôle du barreau, §5
• ECHR, Art. 5
• CADH, Art. 7(4)
• Charte arabe, Art. 14(3)
• PBPPA, Principe V
• Rapport du Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et
des avocats, Doc. ONU A/HRC/8/a, §27
Commentaire
Les personnes qui sont privées de liberté ont le droit de recevoir plusieurs
types d’informations. Tout d’abord, au moment de l’arrestation, elles ont le
droit d’être informées de la raison de leur arrestation et de la nature des
charges éventuelles retenues à leur encontre. Deuxièmement, elles ont éga-
lement le droit de recevoir des informations sur leurs droits (c’est-à-dire le
147
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
21 Rapport du Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, Doc. ONU
A/63/271, 12 août 2008, §24-25. Disponible à l’adresse suivante : http://www.un.org/
french/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/63/271
22 Rapport du Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, op. cit., §24-25.
148
Chapitre III - Normes internationales
Points de repère
• Les règlements spécifiques à un lieu de détention donné sont-ils
disponibles dans plusieurs langues ? Si tel est le cas, quels sont
les critères de sélection des langues ?
• Des affiches, fascicules et autres matériels de sensibilisation
relatifs aux droits des détenu·e·s sont-ils disponibles dans le
poste de police ? 2
• Au moment de son arrestation et/ou arrivée au poste de police,
quelles informations la personne détenue a-t-elle reçues ?
• De quelle manière cette information a-t-elle été transmise ?
Garanties fondamentales
• Les informations ont-elles été fournies de manière claire et
facilement compréhensible pour le ou la détenu·e ?
• L’information a-t-elle été fournie dans une langue comprise par
le ou la détenu·e ?
• La personne détenue a-t-elle été informée du motif de son
arrestation ?
• Si des charges ont été retenues après l’arrestation de la personne
détenue, celle-ci a-t-elle été informée de leur nature ?
• Les informations fournies par la police spécifient-t-elles
clairement les droits additionnels dont bénéficient les mineur·e·s
(tels que le droit d’informer sans délai de leur détention un
membre de sa famille ou un adulte de confiance ainsi que le
droit de bénéficier de leur présence durant tout interrogatoire) ?
• Dans les cas de personnes de nationalité étrangère, l’information
a-t-elle été donnée dans une langue qu’elles comprennent ?
Ont-elles été informées de leur droit de communiquer avec leurs
représentants consulaires ?
• Les cas d’illettrisme et de handicaps sont-ils pris en considération ?
149
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
« 1. Dans les plus brefs délais après l'arrestation et après chaque transfert
d'un lieu de détention ou d'emprisonnement à un autre, la personne
détenue ou emprisonnée pourra aviser ou requérir l'autorité compétente
d'aviser les membres de sa famille ou, s'il y a lieu, d'autres personnes de
son choix, de son arrestation, de sa détention ou de son emprisonne-
ment, ou de son transfert et du lieu où elle est détenue.
2. S'il s'agit d'une personne étrangère, elle sera aussi informée sans délai
de son droit de communiquer par des moyens appropriés avec un poste
consulaire ou la mission diplomatique de l'État dont elle a la nationalité
ou qui est autrement habilité à recevoir cette communication confor-
mément au droit international, ou avec le représentant de l'organisation
internationale compétente si cette personne est réfugiée ou est, d'autre
façon, sous la protection d'une organisation intergouvernementale.
3. Dans le cas d'un adolescent ou d'une personne incapable de com-
prendre quels sont ses droits, l'autorité compétente devra, de sa propre
initiative, procéder à la notification visée dans le présent principe. Elle
veillera spécialement à aviser les parents ou tuteurs.
4. La notification visée dans le présent principe sera faite ou autorisée
sans délai. L'autorité compétente pourra néanmoins différer une notifi-
cation pendant une période raisonnable si des besoins exceptionnels de
l'enquête l'exigent. »
BPP, Principe 16
150
Chapitre III - Normes internationales
Garanties fondamentales
Normes CPT, p.13, §43
Femmes
« Avant ou au moment de leur admission, les femmes ayant à leur charge
des enfants doivent être autorisées à prendre pour eux des dispositions,
dont éventuellement l’obtention d’une suspension raisonnable de leur
détention, compte tenu de l’intérêt supérieur des enfants. »
BR, Règle 2(2)
ÖÖVoir aussi
• ERM, §38, 44(3)
• BPP, Principe 19
• Déclaration des Nations unies sur la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées, Art. 10(2)
• Observation générale N°2 du CAT sur l’article 2 de l’UNCAT, §13
• PBPA, Principe 5
• RIG, Partie II, §31
Commentaire
Le droit d’un·e détenu·e d’informer un proche ou un tiers de son arrestation,
détention ou transfert ainsi que de son lieu de détention constitue une garan-
tie essentielle contre les mauvais traitements et la détention au secret. Cette
notification doit être faite dès la privation de liberté. Le Rapporteur spécial
sur la torture recommande que les proches soient informés - en toutes cir-
constances - de l’arrestation et du lieu de détention dans les 18 heures.23
23 Recommandations générales du Rapporteur spécial sur la torture, Doc.ONU E/CN.4/2003/68,
17 décembre 2002, §g. Disponible à l’adresse suivante : http://www.unhchr.ch/Huridocda/
151
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ressortissantes.
Les équipes de monitoring vérifieront que les personnes mineures et les
personnes souffrant de handicaps mentaux sont l’objet d’un traitement par-
ticulier car cette catégorie de personnes peut avoir besoin de l’intervention
d’une autorité compétente pour notifier en leur nom leur détention à leurs
proches ou à un tiers.
Points de repère
• Les personnes détenues par la police ont-elles eu la possibilité
d’informer un proche ou un tiers de leur arrestation ?
• Toutes les personnes détenues sont-elles systématiquement
informées par la police de ce droit spécifique ?
• À quel moment les détenu·e·s ont-ils ou elles la possibilité
d’informer un proche ?
• Les personnels de police reçoivent-ils l’instruction d’informer les
détenu·e·s de ce droit ?
• Est-ce que les détenu·e·s étrangers ou étrangères ont l’occasion
de contacter la mission diplomatique du pays dont ils ou elles
sont les ressortissant·e·s ? Ce droit est-il expliqué aux détenu·e·s
dans une langue qu’ils ou elles comprennent ?
• Si le ou la détenu·e est la seule personne pourvoyant aux besoins
de la famille, quelles sont les procédures en place pour s’assurer
que les personnes dépendantes de lui ou d’elle sont prises en
charge ?
Huridoca.nsf/TestFrame/0e9c21b3f8c77b60c1256cbb0037197c?Opendocument
152
Chapitre III - Normes internationales
Garanties fondamentales
dans le lieu de détention ou d'emprisonnement; par la suite, elle bénéfi-
ciera de soins et traitements médicaux chaque fois que le besoin s'en fera
sentir. Ces soins et traitements seront gratuits.
25. Toute personne détenue ou emprisonnée ou son conseil a, sous la
seule réserve des conditions raisonnablement nécessaires pour assurer
la sécurité et le maintien de l'ordre dans le lieu de détention ou d'empri-
sonnement, le droit de demander à une autorité judiciaire ou autre un
deuxième examen médical ou une deuxième opinion médicale.
26. Le fait qu'une personne détenue ou emprisonnée a subi un examen
médical, le nom du médecin et les résultats de l'examen seront dûment
consignés. L'accès à ces renseignements sera assuré, et ce conformément
aux règles pertinentes du droit interne. »
BPP, Principes 24-25-26
153
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Femmes
« Si une détenue demande à être examinée ou traitée par une femme
médecin ou une infirmière, sa demande doit être satisfaite dans la mesure
du possible, sauf lorsque la situation exige une intervention médicale
d’urgence. Si l’examen est effectué par un homme, contrairement aux
desiderata de la détenue, un membre du personnel du sexe féminin doit
y assister. »
BR, Règle 10(2)
154
Chapitre III - Normes internationales
ÖÖVoir aussi
• ERM, §10
• BR, Règles 6-9
• Comité des droits de l’homme, Observation générale N°20 sur
l’Art. 7 du PIDCP, §11
•
•
Observation générale N°2 du CAT sur l’article 2 de l’UNCAT, §13
Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2003, §26(g)
2
• RIG, Partie II, §31
• RPJDL, §49-55
Garanties fondamentales
• PBPA, Principe IX(3)
Commentaire
Le droit d’accès à un médecin n’est pas seulement essentiel pour les déte-
nu·e·s qui ont besoin de soins médicaux, mais représente également une
garantie fondamentale contre les mauvais traitements pour toute personne
détenue par la police. Il est fondamental que ce droit soit accordé dès le
début de la détention.
Lorsqu’une personne demande un examen médical, « les policiers ne doivent
pas chercher à filtrer de telles demandes ». La personne détenue doit avoir le
droit d’être examinée par un médecin de son choix, en plus de tout autre
examen effectué par un médecin appelé par la police.24
Les examens médicaux doivent toujours être menés en respectant le prin-
cipe de la confidentialité médicale. Le SPT recommande que :
« aucune personne n’appartenant pas au corps médical autre que
le patient ne devrait être présente. Dans des cas exceptionnels,
si un médecin le demande, des dispositions spéciales de sécurité
peuvent être considérées comme pertinentes, par exemple, le fait
de placer un policier à proximité. Le médecin devrait consigner
les résultats de son examen, de même que les noms de toutes les
personnes présentes. Cependant, les policiers devraient toujours
être placés hors d’audition, et de préférence hors de vue, d’un
examen médical. »25
24 Les normes du CPT, CoE Doc. CPT/Inf/E (2002) 1, 2002 (révisé en 2011), op. cit., p.13, §42.
25 Rapport sur la visite du SPT aux Maldives, Doc. ONU CAT/OP/MDV/1, 26 février 2009, §111.
Disponible à l’adresse suivante : http://www2.ohchr.org/english/bodies/cat/opcat/docs/
CAT-OP-MDV-1_fr.pdf
155
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Le fait de consigner les blessures subies par les personnes détenues par la
police est une garantie importante contre la torture et autres mauvais trai-
Garanties fondamentales
Points de repère
Examen médical
• Quel est le système prévu pour orienter les détenu.e.s vers un
centre médical en cas d’urgence ?
• Le registre de détention mentionne-t-il (i) la date et l’heure
auxquelles le médecin ou l’infirmier(ère) ont été appelés ; et
(ii) la date et l’heure de l’éventuel examen ou du transfert de la
personne détenue vers un centre médical local ?
• Les détenues ont-elles eu la possibilité de voir une femme
médecin ou une infirmière ? Sont-elles informées qu’elles ont le
droit de faire une telle demande ?
• La personne détenue a-t-elle été examinée par un membre du
personnel médical dès son arrivée dans le poste ? Si tel est le cas,
à quelle heure et pour quelle raison ?
• La personne détenue s’est-elle vue proposer de bénéficier d’un
examen (additionnel) par un médecin de son choix ?
156
Chapitre III - Normes internationales
Garanties fondamentales
Traitement médical
• Comment sont conservés les médicaments qui doivent être
régulièrement administrés aux détenu.e.s (par exemple, dans
un placard fermé à clé, avec une étiquette portant le nom de la
personne concernée et indiquant l’heure des prises ainsi que la
posologie des doses) ? Qui a accès à ces médicaments ?
• Y a-t-il un registre séparé pour l’administration des médicaments ?
Si tel n’est pas le cas, les dates de chaque administration du
traitement sont-elles signalées dans le registre de détention de
l’intéressé ?
• La personne détenue a-t-elle reçu des soins médicaux ? Si tel est
le cas, ces soins ont-ils été prodigués gratuitement ?
Dossiers médicaux
• Les dossiers médicaux des détenu.e.s sont-ils confidentiels ?
Les dossiers sont-ils accessibles uniquement aux médecins/
infirmiers(ères) ?
• À quelles informations médicales la police a-t-elle accès ?
• Y a-t-il une procédure officielle applicable aux situations dans
lesquelles un.e détenu.e souhaite porter plainte pour mauvais
traitements ? Quel est le rôle du personnel de santé dans cette
procédure ?
• Existe-t-il un registre des incidents dans lequel la police peut
consigner tout acte de violence ou autres incidents ?
• En cas d’allégations de mauvais traitements, le dossier médical
de la personne détenue comporte-t-il des éléments de preuve
susceptibles de corroborer ces allégations ?
157
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
158
Chapitre III - Normes internationales
« Si une personne détenue n'a pas choisi d'avocat, elle aura le droit de
s'en voir désigner un par une autorité judiciaire ou autre dans tous les cas
où l'intérêt de la justice l'exige, et ce sans frais si elle n'a pas les moyens
de le rémunérer. »
BPP, Principe 17(2)
Garanties fondamentales
de son avocat, de le consulter et de communiquer avec lui sans délai ni
censure et en toute confidence ne peut faire l'objet d'aucune suspension
ni restriction en dehors de circonstances exceptionnelles, qui seront
spécifiées par la loi ou les règlements pris conformément à la loi, dans
lesquelles une autorité judiciaire ou autre l'estimera indispensable pour
assurer la sécurité et maintenir l'ordre. […]
5. Les communications entre une personne détenue ou emprisonnée et
son avocat, mentionnées dans le présent principe, ne peuvent être rete-
nues comme preuves contre la personne détenue ou emprisonnée, sauf
si elles se rapportent à une infraction continue ou envisagée. »
BPP, Principle 18
159
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ÖÖVoir aussi
2 • Observation générale N°2 du CAT sur l’art. 2 de l’UNCAT, §13
• Principes de base relatifs au rôle du barreau, §1, 5-8
• Comité des droits de l’homme, Observation générale N°20 sur
l’Art. 7 du PIDCP, §11
Garanties fondamentales
Commentaire
De par leur simple présence dans le poste de police, les avocat·e·s consti-
tuent une garantie contre les mauvais traitements, en particulier durant
les premières heures de la détention, qui sont les plus critiques. En cas de
violations, les avocat·e·s peuvent conseiller les détenu·e·s sur les éventuels
mécanismes de plaintes et de recours.27
Le CPT a déclaré que l’accès à un·e avocat·e est une garantie fondamentale
« dès le tout début de la privation de liberté, quelle que soit la description qui
peut en être donnée dans le système légal concerné (appréhension, arrestation,
etc.) ».28 De plus, ce droit doit s’étendre à « toute personne contrainte légale-
ment de se rendre - ou de rester - dans un établissement de police, par exemple
en qualité de “ témoin ” ».29 Si certaines normes précisent simplement que
l’accès à un·e avocat·e doit être rendu possible « sans délai », l’APT estime
qu’il est préférable d’appliquer les normes les plus strictes et de garantir
l’accès à un·e avocat·e dès les tout premiers instants de la détention.30
160
Chapitre III - Normes internationales
Garanties fondamentales
avocat lors des interrogatoires de police peut non seulement dissuader les poli-
ciers de recourir à des mauvais traitements ou autres violences mais peut aussi
les protéger en cas d’allégations de mauvais traitements infondées ».33
Les personnes privées de liberté doivent systématiquement être informées
par la police de leur droit à un·e avocat·e. Elles doivent aussi « disposer du
temps et des moyens nécessaires à cet effet ». Il est essentiel que ces consulta-
tions puissent avoir lieu hors de portée de voix, et si possible hors de portée
de vue, des responsables de l’application des lois.34
Enfin, si un·e détenu·e n’a pas choisi d’avocat·e, ce dernier ou cette dernière
doit être désigné·e d’office. Si le ou la détenu·e ne dispose pas de moyens
financiers suffisants pour régler les honoraires de son avocat·e, ceux-ci
doivent être pris en charge par l’État.
Cette norme fondamentale est difficile à faire respecter dans les situations
où il n’y a pas d’avocat·e disponible, ou lorsqu’il n’existe aucun programme
officiel d’aide juridique dans le pays. Dans de telles situations, des organes
de monitoring peuvent recommander, comme l’a proposé le SPT dans le cas
du Bénin, que la police autorise les détenu·e·s à demander qu’un tiers (tel
que du personnel d’ONG spécialement formé ou du personnel para-légal)
soit présent lors de leur interrogatoire.35
privées de liberté, (Legal Briefing N°2), APT, Genève, mars 2010, pp.5-7. Disponible à
l’adresse suivante : http://www.apt.ch/content/files_res/LegalBriefing2_LawyersFr.pdf
31 Les normes du CPT, p.9, §15.
32 Les normes du CPT, p.6, §38 ; Le droit d’accès à un avocat pour les personnes privées de liberté,
APT, p.8 (qui cite ces sources).
33 Rapport sur la visite du SPT aux Maldives, §62.
34 Principes de base relatifs au rôle du barreau des Nations unies, 27 août au 7 septembre 1990,
Principes 5 et 8. Disponible à l’adresse suivante : http://www2.ohchr.org/french/law/
barreau.htm
35 Rapport sur la visite du SPT aux Maldives, mars 2011, Doc. ONU CAT/OP/BEN.1,15 mars 2011,
161
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• Quels locaux sont mis à disposition des détenu·e·s pour
s’entretenir avec leur avocat·e ? Les rencontres ont-elles lieu en
privé ?
• Combien de temps les personnes détenues sont-elles autorisées
à voir leur avocat·e ?
2 • Les témoins qui sont convoqués au poste de police ont-ils les
mêmes droits s’agissant de l’accès à un·e avocat·e ?
• La personne détenue a-t-elle été informée de son droit à voir
un·e avocat·e ? Si tel est le cas, combien de temps après son
Garanties fondamentales
162
Chapitre III - Normes internationales
3. Procédures juridiques
Traitement
doivent pas dépasser quelques jours. »
Observation générale 8(16) du Comité des droits de l’homme 3
sur l’article 9, §2
Procédures juridiques
mandat de détention provisoire dont la durée a été fixée par la loi à 48
heures maximum. Ensuite, ils devraient être immédiatement transférés
dans un centre de détention provisoire dépendant d’une autre autorité
et n’avoir aucun contact non surveillé avec les fonctionnaires chargés de
l’interrogatoire ou de l’enquête. »
Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2003/68, §26
ÖÖVoir aussi
• Rapport du RST, Doc. ONU A/HRC/13/39/Add.5, §156
Commentaire
Toute personne arrêtée ou détenue du chef d’une infraction pénale doit
être traduite sans délai et en personne devant un·e juge ou une autorité
judiciaire qui prendra la décision de la libérer ou de la transférer vers un
centre de détention provisoire. Le droit d’être traduit devant un·e juge ou
une autorité judiciaire, de même que le droit général de tout·e détenu·e
de contester le fondement de sa détention (habeas corpus) contribuent à
prévenir que des personnes ne soient détenues par la police durant une
période excédant la durée autorisée par la législation nationale. Dans cer-
tains contextes toutefois, il est tout à fait habituel que la police détienne des
personnes durant une période excédant la durée légale. Dans la plupart des
pays, cette durée légale est de 24 à 72 heures. Le SPT a recommandé que
163
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
« la période initiale de garde à vue soit la plus courte possible » ; après cela, les
détenu·e·s doivent être placé·e·s dans des centres de détention provisoire.36
Points de repère
• Quelle est la durée maximale de la détention par la police
autorisée par la loi ?
• Quelle est la durée moyenne de la détention dans le poste de
police visité/ dans les différents postes de police visités ?
• Combien de temps la personne a-t-elle été détenue dans le
Traitement
poste de police ?
164
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
est illégale. »
CIPPDF, Art. 17(2f) 3
« 1. La personne détenue ou son conseil aura le droit d'introduire à tout
moment un recours, conformément au droit interne, devant une autorité
judiciaire ou autre afin de contester la légalité de la mesure de détention
et d'obtenir sa mise en liberté sans délai, si cette mesure est irrégulière.
Procédures juridiques
2. La procédure mentionnée au paragraphe 1 du présent principe doit
être simple et rapide et elle doit être gratuite pour les personnes déte-
nues impécunieuses. L'autorité responsable de la détention doit présen-
ter sans retard déraisonnable la personne détenue devant l'autorité saisie
du recours. »
BPP, Principe 32
165
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
saires pour que les allégations soient dûment vérifiées. Il convient de suivre
cette approche que la personne concernée porte ou non des blessures
externes visibles. De plus, même en l'absence d'une allégation explicite
de mauvais traitements, il appartient au juge de demander un examen
médico-légal dès lors qu'il y a d'autres raisons de croire qu'une personne
comparaissant devant lui a pu être victime de mauvais traitements. »
Normes CPT, p.14, §45
ÖÖVoir aussi
• PIDCP, Art. 9(4)
• Comité des droits de l’homme, Observation générale N°29 sur
l’article 4 du PIDCP, §15-16
• Conseil des droits de l’homme, Résolution 13/19, Doc. ONU A/
HRC/RES/13/19, §5
• Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2004/56, §39
• Rapport du RST, Doc. ONU A/59/324, §22
• Convention interaméricaine sur les disparitions forcées, Art. XI(1)
• PBPA, Principe V
• Étude conjointe sur les pratiques mondiales concernant le recours
à la détention secrète dans le cadre de la lutte contre le terrorisme,
Doc. ONU A/HRC/13/42, §292(B)
166
Chapitre III - Normes internationales
Commentaire
Les situations que les équipes de monitoring rencontrent le plus fréquem-
ment durant leurs visites dans des postes de police sont celles de personnes
ayant été arrêtées ou détenues du chef d’une inculpation pénale. Ils peuvent
par ailleurs être amenés à rencontrer des personnes détenues pour d’autres
raisons. Cette section fournit des informations concernant deux formes
de supervision judiciaire de la détention qui sont distinctes, tout en étant
interconnectées.
Traitement
traduit sans délai devant un juge ou une autorité judiciaire
Tout individu « arrêté ou détenu du chef d’une infraction pénale » doit être
traduit « dans le plus court délai devant un juge ou une autre autorité habilitée
3
par la loi à exercer des fonctions judiciaires ».37
La signification du terme « dans le plus court délai » a été explicitée par les
juridictions et les organes de traité comme n’excédant pas plus de quelques
Procédures juridiques
jours.38 Les visiteurs consulteront leur code de procédure pénale national
car la plupart des États disposent de lois précisant le délai pendant lequel
une personne peut être détenue avant d’être traduite devant un·e juge ou
une autorité judiciaire : cette durée peut-être plus courte que celle actuelle-
ment retenue par le droit international.
L’obligation de traduire rapidement et en personne devant un·e juge les
personnes arrêtées du chef d’infractions pénales est une garantie impor-
tante contre la torture et les mauvais traitements dans les postes de police.
Le Rapporteur spécial sur la torture a précisé que l’autorité judiciaire doit
non seulement se prononcer sur la légalité de la détention d’un individu,
mais elle peut également « veiller à ce que la personne détenue jouisse de tous
ses droits, notamment celui de ne pas être soumise à la torture ou à d’autres
formes de mauvais traitements ».39 Le ou la juge ou l’autorité judiciaire doivent
37 Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), article 9(3). Disponible à
l’adresse suivante : http://www2.ohchr.org/french/law/ccpr.htm. Dans les États qui ont
adopté la Convention américaine relative aux droits de l’homme (CADH), cette protection
s’applique à toutes les formes de détention, et non pas seulement à la détention du chef
d’une infraction pénale (voir l’art. 7(5) de cet instrument).
38 Voir, par exemple, Louise Doswald-Beck, Human Rights in Times of Conflict and Terrorism,
Oxford University Press, Oxford, 2011, p.287.
39 Rapport du Rapporteur spécial sur la torture, Doc. ONU E/CN.4/2004/56, 23 décembre
2003, §39. Disponible à l’adresse suivante : http://ap.ohchr.org/documents/alldocs.
aspx?doc_id=9120
167
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• La personne détenue a-t-elle eu la possibilité de contester les
motifs de sa détention ?
• Si la personne est détenue du chef d’une infraction pénale, a-t-
elle été informée de son droit à être traduite devant un·e juge ou
une autre autorité compétente ?
168
Chapitre III - Normes internationales
Traitement
• Le cas échéant, un·e interprète a-t-il ou elle été mis·e à la
disposition des personnes étrangères ou issues de minorités
nationales ?
3
Procédures juridiques
Normes pertinentes
« Tout État partie prend les mesures nécessaires pour que la remise en
liberté d'une personne se déroule selon des modalités qui permettent de
vérifier avec certitude qu'elle a été effectivement libérée. Tout État partie
prend également les mesures nécessaires pour assurer l'intégrité physique
et le plein exercice de ses droits à toute personne au moment de sa remise
en liberté, sans préjudice des obligations auxquelles elle peut être assujettie
en vertu de la loi nationale. »
CIPPDF, Art.21
« Toute personne privée de liberté doit être libérée dans des conditions
qui permettent de vérifier avec certitude qu'elle a été effectivement
relâchée et, en outre, qu'elle l'a été de telle manière que son intégrité
physique et sa faculté d'exercer pleinement ses droits sont assurées. »
Déclaration sur la protection de toutes les personnes
contre les disparitions forcées, Art. 11
Commentaire
Il est important que la police dispose de procédures régulant le proces-
sus de libération. Il doit notamment exister une procédure permettant de
confirmer que la personne a effectivement été libérée. C’est une protection
169
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• Le poste de police tient-il des registres des personnes transférées
ou libérées ?
Traitement
170
Chapitre III - Normes internationales
4. Garanties procédurales
Garanties procédurales
à des allégations non fondées de mauvais traitements physiques ou de
pression psychologique. L'enregistrement électronique des auditions par
la police réduit aussi la possibilité, pour des personnes mises en cause de
nier de façon mensongère qu'elles avaient fait certaines déclarations. »
Normes CPT, p.9, §36
ÖÖVoir aussi
• Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2003/68, §26(g)
• Rapport du RST, Doc. ONU A/56/156, §34
Commentaire
L’enregistrement vidéo peut représenter une protection importante à la fois
pour les détenu·e·s et pour la police, à condition que son usage soit régulé
par des procédures claires. Les visiteurs garderont à l’esprit que leur utilisa-
tion peut donner lieu à certains abus, en particulier eu égard à l’intimité des
détenu·e·s et au respect de leur dignité. En général, l’enregistrement vidéo
est utilisé à deux fins distinctes :
171
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
172
Chapitre III - Normes internationales
Points de repère
• Si un système CCTV est utilisé dans le poste de police, où se
trouvent exactement les caméras ?
• Quelles zones ne sont pas couvertes par le système CCTV ?
• Qui est autorisé à visionner les bandes ? Quelle est la politique en
ce qui concerne les questions de genre et de respect de l’intimité ?
Comment cette politique est-elle appliquée en pratique ?
• Les interrogatoires sont-ils enregistrés ? Si c’est le cas, les visiteurs
ont-ils accès à ces enregistrements ?
• Qui est chargé de la conservation des bandes ?
• Y a-t-il un registre précisant les dates et heures où les
enregistrements ont été faits ? Indique-t-il également l’identité
des personnes figurant dans l’enregistrement ?
• La durée des enregistrements correspond-elle à celle qui est
indiquée dans le registre ? Les enregistrements se déroulent-ils
en temps réel continu ou y a-t-il des interruptions qui ne sont pas 4
signalées ?
Garanties procédurales
4.2. Registres de détention
Normes pertinentes
« 3. Tout État partie s'assure de l'établissement et de la tenue à jour d'un
ou de plusieurs registres officiels et/ou dossiers officiels des personnes
privées de liberté, qui sont, sur demande, rapidement mis à la disposition
de toute autorité judiciaire ou de toute autre autorité ou institution com-
pétente habilitée par la législation de l'État partie concerné ou par tout
instrument juridique international pertinent auquel l'État concerné est
partie. Parmi les informations figurent au moins :
a) L'identité de la personne privée de liberté ;
b) La date, l'heure et l'endroit où la personne a été privée de liberté et
l'autorité qui a procédé à la privation de liberté ;
c) L'autorité ayant décidé la privation de liberté et les motifs de la priva-
tion de liberté ;
d) L'autorité contrôlant la privation de liberté ;
173
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
BPP, Principe 12
ÖÖVoir aussi
• ERM, §7
• BPP, Principe 23(1)
• BR, Règle 3
• Déclaration des Nations unies sur la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées, Art. 10(2-3)
• CAT, Observation générale N°2 sur l’article 2 de l’UNCAT, §13
• Comité des droits de l’homme, Observation générale N°20 sur
l’Art. 7 du PIDCP, §11
174
Chapitre III - Normes internationales
Commentaire
Les équipes de monitoring devraient systématiquement demander à avoir
accès au registre de détention car c’est une partie intégrante de toute visite.
L’examen des registres est, au même titre que les entretiens individuels
avec les détenu·e·s et le personnel, l’inspection des lieux et les observa-
tions directes des visiteurs, essentiel pour la triangulation des données qui
permettra aux membres de l’équipe d’avoir une pleine compréhension du 4
poste de police visité.
Les registres présentant un intérêt particulier pour les équipes de visiteurs
comprennent notamment ceux qui consignent :
Garanties procédurales
• l’usage de la force et des armes à feu ;
• les mesures disciplinaires ;
• les incidents ;
• les interrogatoires ; et,
• les déplacements des personnes à l’intérieur et à l’extérieur du poste
de police.
Il est important que les mécanismes de visite se familiarisent avec les
registres et leurs dénominations officielles. Ils devraient également être
capables de déterminer si ces documents n’ont pas été remplis de manière
adéquate.
Si aucun registre n’est disponible, ou si les registres existants ne sont pas
tenus de manière adéquate, les organes de monitoring devraient, de
manière générale, faire des suggestions et des recommandations aux auto-
rités sur l’importance de tenir des registres de détention de manière rigou-
reuse et sur les obligations nationales et internationales incombant à la
police en matière de tenue des registres. En principe, chaque service/ force
175
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
4 • Quels sont les registres disponibles dans le poste de police ?
• Y a-t-il des registres relatifs à l’usage de la force et des armes à
feu ? Y a-t-il des registres consignant les mesures disciplinaires ?
• Existe-t-il des registres consignant les incidents éventuels ? Tous
Garanties procédurales
43 Les normes du CPT, CoE Doc. CPT/Inf/E (2002) 1, 2002 (révisé en 2011), op. cit., p.7, §40.
176
Chapitre III - Normes internationales
Garanties procédurales
doit être donnée sans retard injustifié. En cas de rejet de la requête ou de
la plainte ou en cas de retard excessif, le demandeur est autorisé à saisir
une autorité judiciaire ou autre. Ni la personne détenue ou emprisonnée
ni aucun demandeur aux termes du paragraphe 1 du présent principe ne
doit subir de préjudice pour avoir présenté une requête ou une plainte. »
BPP, Principe 33
« Les responsables de l'application des lois qui ont des raisons de penser
qu'une violation du présent Code s'est produite ou est sur le point de
se produire signalent le cas à leurs supérieurs et, au besoin, à d'autres
autorités ou instances de contrôle ou de recours compétentes. »
CCLEO, Art. 8
177
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ÖÖVoir aussi
• BR, Règle 25(1)
• Rapport du RST, Doc. ONU A/HRC/13/39/Add.5, §110-112
• Avis du Commissaire aux droits de l'homme sur le règlement
indépendant et efficace des plaintes contre la police, CoE Doc.
Comm DH (2009)4
• « Combattre l’impunité » in CoE Doc. CPT/Inf (2004)28, §25-42
Commentaire
Les mécanismes de plaintes sont des composantes essentielles de toute
police professionnelle et responsable. Les visiteurs examineront donc la
disponibilité et l’efficacité de ces mécanismes. Les plaintes peuvent concer-
ner divers types de problèmes relatifs au comportement de la police, allant
d’allégations de violations de droits humains aux plaintes concernant le
caractère inadéquat du travail effectué par la police.
4 Il existe des mécanismes à différents niveaux. Le premier consiste générale-
ment en un mécanisme interne de plaintes par le biais duquel des plaintes
peuvent être déposées auprès de la direction du poste/ département de
police et font l’objet d’une enquête interne par une unité de police. Cepen-
Garanties procédurales
178
Chapitre III - Normes internationales
Quel que soit le système en place, les enquêtes consécutives à des plaintes
déposées à l’encontre de la police doivent remplir les critères suivants44:
• Indépendance : Il ne doit y avoir aucune relation institutionnelle ou
hiérarchique entre ces mécanismes et la police qu’ils sont chargés de
superviser.
• Rigueur : Les mécanismes doivent avoir la capacité d’examiner tous
les faits et de prendre toutes les mesures nécessaires pour réunir des
éléments de preuve.
• Rapidité : Les enquêtes doivent être effectuées sans délai et de
manière efficace.
• Contrôle par le public : Les procédures et processus de décision
doivent être ouverts et transparents.
• Implication de la victime : La (ou les) victime(s) doivent être
impliquées dans le processus.
Les équipes de monitoring viseront également à déterminer si le dépôt de
4
la plainte a conduit à une forme quelconque de sanction.
À la fin de l’enquête - que celle-ci soit de nature pénale ou disciplinaire – le
ou la plaignant·e doit être informé·e par écrit de la résolution de la plainte. Il
ou elle doit pouvoir faire appel.
Garanties procédurales
Points de repère
• Quelles sont les modalités permettant aux personnes privées de
liberté de porter plainte ?
• Est-ce que les détenu·e·s ont accès à ces procédures de plaintes
(y compris les personnes étrangères ou les illettrées ou encore
celles qui souffrent de handicaps intellectuels, psychosociaux ou
sensoriels) ?
• La confidentialité est-elle respectée ?
• La procédure est-elle transparente ?
• Le système est-il suffisamment flexible pour répondre aux
besoins des détenu·e·s ?
• Est-il possible pour un tiers de déposer plainte au nom d’un·e
détenu·e ?
44 Ces critères ont été élaborés principalement par la Cour européenne des droits de
l’homme, le CPT et le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
179
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Normes pertinentes
« (1). Chaque État Partie autorise les mécanismes visés aux art. 2 et 3 à
effectuer des visites, conformément au présent Protocole, dans tout lieu
placé sous sa juridiction ou sous son contrôle où se trouvent ou pour-
raient se trouver des personnes privées de liberté sur l’ordre d’une auto-
rité publique ou à son instigation, ou avec son consentement exprès ou
tacite (ci-après dénommé lieu de détention). Ces visites sont effectuées
afin de renforcer, s’il y a lieu, la protection desdites personnes contre la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »
OPCAT, Art. 4
180
Chapitre III - Normes internationales
« (1) Afin d'assurer le strict respect des lois et règlements pertinents, les
lieux de détention doivent être inspectés régulièrement par des per-
sonnes qualifiées et expérimentées, nommées par une autorité compé-
tente distincte de l'autorité directement chargée de l'administration du
lieu de détention ou d'emprisonnement et responsables devant elle.
2. Toute personne détenue ou emprisonnée a le droit de communiquer
librement et en toute confidence avec les personnes qui inspectent les
lieux de détention ou d'emprisonnement conformément au paragraphe 1
du présent principe, sous réserve des conditions raisonnablement néces-
saires pour assurer la sécurité et le maintien de l'ordre dans lesdits lieux. »
BPP, Principe 29
Femmes
« Les services d’inspection, les missions de visite ou de contrôle ou
les organes de supervision chargés de suivre les conditions de détention
et le traitement des détenues doivent comprendre des femmes. »
BR, Règle 25(3)
Personnes handicapées
4
« La société civile – en particulier les personnes handicapées et les orga-
nisations qui les représentent – est associée et participe pleinement à la
Garanties procédurales
fonction de suivi. »
CDPH, Art. 33(3)
ÖÖVoir aussi
• ERM, §55
• CDPH, Art. 16(3)
• Observation générale N°2 du CAT sur l’article 2 de l’UNCAT, §13
• Rapport du RST, Doc. ONU E/CN.4/2003/68, §26(f)
• Étude conjointe sur les pratiques mondiales concernant le recours
à la détention secrète dans le cadre de la lutte contre le terrorisme,
Doc. ONU A/HRC/13/42, §292(a)
• Normes CPT, p.14, §50
Commentaire
Pour garantir les droits des personnes privées de liberté, il est nécessaire
de mettre en place tout un éventail de systèmes d’inspection complémen-
taires internes et externes. Les détenu·e·s doivent avoir la possibilité de
181
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
45 Les normes du CPT, CoE Doc. CPT/Inf/E (2002) 1, 2002 (révisé en 2011), op. cit., p.16, §50.
182
Chapitre III - Normes internationales
5. Conditions matérielles
Normes pertinentes
« 84. (1) Tout individu arrêté ou incarcéré en raison d'une infraction à la loi
pénale et qui se trouve détenu soit dans des locaux de police soit dans
une maison d'arrêt, mais n'a pas encore été jugé, est qualifié de "prévenu"
dans les dispositions qui suivent. […]
86. Les prévenus doivent être logés dans des chambres individuelles,
sous réserve d'usages locaux différents eu égard au climat. […]
90. Tout prévenu doit être autorisé à se procurer, à ses frais ou aux frais
de tiers, des livres, des journaux, le matériel nécessaire pour écrire, ainsi
que d'autres moyens d'occupation, dans les limites compatibles avec l'in-
térêt de l'administration de la justice et avec la sécurité et le bon ordre de
l'établissement. »
ERM, §84(1), 86, 90
Conditions matérielles
lumière naturelle. De plus, les cellules doivent être aménagées de façon
à permettre le repos (par exemple un siège ou une banquette fixe), et les
personnes contraintes de passer la nuit en détention doivent disposer d'un
matelas et de couverture propres. Les personnes détenues par la police
doivent avoir accès à des toilettes correctes dans des conditions décentes et
disposer de possibilités adéquates pour se laver. Elles doivent avoir accès à
tout moment à de l'eau potable et recevoir de quoi manger à des moments
appropriés, y compris un repas complet au moins chaque jour (c'est-à-dire
quelque chose de plus substantiel qu'un sandwich). Les personnes déte-
nues par la police pendant 24 heures ou plus devraient, dans la mesure du
possible, se voir proposer un exercice quotidien en plein air. »
12e Rapport général du CPT, §47
183
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Femmes
« Les locaux hébergeant les détenues doivent comporter les installations
et les fournitures nécessaires pour répondre aux besoins spécifiques des
femmes en matière d’hygiène, notamment des serviettes hygiéniques
fournies gratuitement, et doivent être régulièrement approvisionnés en
eau pour les soins personnels des femmes et de leurs enfants. »
BR, Règle 5
ÖÖSVoir aussi
• ERM, §4, 9-14, 20
• CDPH, article 9
• PBPA, Principes XI, XII, XVII
• 2e Rapport général du CPT, §42-43
Commentaire
En principe, la détention par la police doit être de courte durée ; on peut
5 donc s’attendre à ce que les conditions matérielles dans les postes de police
soient plus rudimentaires que dans les prisons. Pour autant, les cellules
de police devraient disposer d’une source de lumière et d’une ventilation
naturelles et doivent être à une température appropriée selon le climat et
la saison. Si une personne doit passer une nuit en cellule, celle-ci doit être
Conditions matérielles
46 2e Rapport général d’activités du CPT couvrant la période du 1er janvier au 31 décembre 1991,
CoE Doc. CPT/Inf (92) 3, 13 avril 1992. Disponible à l’adresse suivante : http://www.cpt.
184
Chapitre III - Normes internationales
Les visiteurs tiendront compte du fait que les postes de police sont parfois
utilisés pour des périodes de détention bien plus longues que celles considé-
rées comme acceptables par la loi. En effet, dans la plupart des cas, les locaux
de la police ne sont pas adaptés pour une détention longue ou moyenne.
Dans de telles situations, les conditions matérielles doivent être équivalentes
aux normes minimales relatives à la détention provisoire à long terme.
Les États parties à la Convention relative aux droits des personnes handica-
pées ont l’obligation, aux termes de l’article 9, de veiller à garantir l’accessi-
bilité des lieux publics aux personnes handicapées. Les visiteurs devraient
donc vérifier que des aménagements raisonnables sont prévus pour les
personnes handicapées ; par exemple, les membres de l’équipe peuvent
vérifier que certaines cellules et toilettes sont accessibles aux usagers de
fauteuils roulants.
Points de repère
Cellules
• Quelle est la taille des cellules ? Quelle est leur capacité officielle ?
Combien de personnes se trouvaient-elles dans chaque cellule
au moment de la visite ? Les registres et autres dossiers révèlent-
ils des variations significatives à cet égard ? Si c’est le cas, quel
était le nombre maximum de personnes détenues en même
temps dans une cellule ?
5
• Que se passe-t-il si le nombre de personnes détenues excède les
capacités autorisées ?
• La température dans les cellules est-elle adéquate par rapport
Conditions matérielles
à la saison et au climat ? Y a-t-il un système de chauffage/
ventilation ? Fonctionne-t-il correctement ?
• Les cellules disposent-elles de lumière naturelle et de ventilation ?
La lumière électrique fonctionne-t-elle ? Si tel est le cas, y a-t-il
suffisamment de lumière pour lire ? Est-ce que les détenu.e.s ont
la possibilité d’éteindre ou de réduire la lumière artificielle (le cas
échéant) ? Sinon, est-ce qu’ils ou elles peuvent demander que
cela soit fait pour leur permettre de dormir la nuit ? Si tel est le
cas, quel est le procédé pour ce faire et dans quelle mesure est-il
efficace ?
coe.int/fr/annuel/rap-02.htm
185
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
régulièrement ?
• Quelles sont les conditions d’accès aux douches ? Les douches
fonctionnent-elles et sont-elles hygiéniques ?
• L’intimité des détenu.e.s est-elle respectée ?
• Des articles de toilettes sont-ils fournis aux détenu.e.s
(notamment serviettes et papier toilette) ou bien doivent-ils ou
elles se procurer/payer leur propre matériel ?
Exercice
• Y a-t-il une cour d’exercice ? Est-elle de taille suffisante pour
accommoder les usages qui en sont fait et le nombre de
détenu.e.s l’utilisant en même temps ?
186
Chapitre III - Normes internationales
187
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
6. Personnels de police
« 16. Les personnels de police doivent être, à tous les niveaux de la hié-
rarchie, personnellement responsables de leurs actes, de leurs omissions
ou des ordres donnés à leurs subordonnés.
17. L’organisation de la police doit comporter une chaîne de commande-
ment clairement définie. Il doit être possible dans tous les cas de déter-
miner le supérieur responsable en dernier ressort des actes ou omissions
d’un membre des personnels de police.
188
Chapitre III - Normes internationales
ÖÖVoir aussi
• Code international de conduite des agents de la fonction publique
(ONU), Doc. ONU A/RES/34/169, Art.1
• CEEP §1, 12
Commentaire
Les normes éthiques sont la pierre angulaire d’une bonne gouvernance. Un
code national de conduite ou code d’éthique aide à informer et orienter la
conduite de la police. Ce code permet aussi de s’assurer que les membres de
la police se fondent sur un socle éthique commun dans l’exécution de leurs
fonctions. Le code d’éthique fournit un cadre favorisant un comportement
professionnel dans toutes les tâches de la police. Il renforce également le
6
sens de responsabilité individuelle de la part de chaque personne travaillant
pour la police. Cela peut être consolidé par une déclaration officielle faite
par chaque nouvelle recrue lors de sa nomination (par exemple sous forme
Personnels de police
189
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• Existe-t-il un code national de conduite et/ou d’éthique pour la
police ? Si tel est le cas, les personnels de police sont-ils informés
de son existence ? L’utilisent-ils comme base pour orienter leurs
pratiques ?
• Quel est le contenu du code ? En quelle(s) langue(s) est-il rédigé ?
Sa terminologie reflète-t-elle les langues principales parlées par
la police dans le pays ?
• S’il n’existe pas de code d’éthique national, les personnels de
6 police sont-ils informés de l’existence des codes des Nations
unies et des codes régionaux de conduite ?
• Comment la chaîne de commandement est-elle organisée au
sein de la force/du service de police ?
•
Personnels de police
190
Chapitre III - Normes internationales
6.2. Recrutement
Normes pertinentes
« Les pouvoirs publics et les autorités de police doivent s'assurer que tous
les responsables de l'application des lois sont sélectionnés par des pro-
cédures appropriées, qu'ils présentent les qualités morales et les aptitu-
des psychologiques et physiques requises pour le bon exercice de leurs
fonctions. »
PBRF, §18
« 22. Les personnels de police, quel que soit leur niveau d’entrée dans la
profession, doivent être recrutés sur la base de leurs compétence et expé-
rience personnelles, qui doivent être adaptées aux objectifs de la police.
23. Les personnels de police doivent être en mesure de faire preuve de
discernement, d’ouverture d’esprit, de maturité, d’un sens de la justice,
de capacités à communiquer et, le cas échéant, d’aptitudes à diriger et à
organiser. Ils doivent en outre avoir une bonne compréhension des pro-
blèmes sociaux, culturels et communautaires.
24. Les personnes qui ont été reconnues coupables d’infractions graves
ne doivent pas exercer de fonctions dans la police.
25. Les procédures de recrutement doivent reposer sur des critères objec-
tifs et non discriminatoires, et intervenir après l’indispensable examen
des candidatures. Il convient en outre d’appliquer une politique visant
à recruter des hommes et des femmes représentant les diverses com-
posantes de la société, y compris des groupes minoritaires ethniques,
l’objectif ultime étant que les personnels de police reflètent la société au
service de laquelle ils se trouvent. »
CEEP, §22-25 6
Commentaire
Personnels de police
191
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Points de repère
• Quelles sont les procédures relatives au recrutement et à la
sélection du personnel de police ?
• Quels sont les principaux critères de recrutement ? Quels sont les
motifs d’exclusion de candidats éventuels ?
• Quel est le ratio hommes/femmes au sein de la police ?
• Le cas échéant, quel est le ratio de groupes minoritaires au sein
de la police ?
• Le service /la force de police dans son ensemble reflètent-t-ils le
profil démographique du pays ?
• Quels messages explicites et implicites sont relayés dans les
campagnes de recrutement de la police ?
6.3. Formation
6 Relevant standards
« 1. Tout État partie veille à ce que l'enseignement et l'information concer-
nant l'interdiction de la torture fassent partie intégrante de la formation
du personnel civil ou militaire chargé de l'application des lois, du person-
nel médical, des agents de la fonction publique et des autres personnes
Personnels de police
192
Chapitre III - Normes internationales
« Les États parties prennent les mesures requises pour assurer qu'une atten-
tion spéciale est accordée à l'interdiction de la torture dans la formation
des agents de police et d'autres fonctionnaires chargés de la garde des
personnes privées provisoirement ou définitivement de leur liberté, lors des
interrogatoires, détentions et arrestations. »
Convention interaméricaine pour la prévention et la répression de la torture,
Art. 7(1)
Mineur.e.s
6
« Le personnel doit recevoir une formation qui lui permette de s'acquitter
de manière efficace de ses tâches en matière de réadaptation, et qui com-
Personnels de police
193
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
ÖÖVoir aussi
• PBRF, §18
• RIG, Partie II, §46
• CEEP, §26, 27, 29
• 2e Rapport général du CPT, CoE Doc. CPT/Inf (92) 3, §60-61
Commentaire
Un personnel qualifié et bien formé constitue la base d’un système de police
fonctionnant de manière adéquate ; les mécanismes de visite chercheront
à obtenir des informations sur la formation dispensée et évaluer si elle est
adéquate. La fourniture d’une formation appropriée est une garantie solide
contre les mauvais traitements. Pour être adéquats, les programmes de for-
mation de la police doivent être axés sur des valeurs d’éthique et de respect
des droits humains. Cela est particulièrement important pour les modules
de formation opérationnelle portant sur :
• la manière de mener les interrogatoires ;
• le recours aux moyens de contrainte ;
• les compétences techniques (par exemple l’usage de la force et des
armes à feu).
Le programme d’enseignement doit également comporter une formation sur :
• la communication interpersonnelle ;
• la prévention des troubles ;
• la gestion non violente des conflits ;
• la gestion du stress.
6 Ces compétences peuvent permettre aux agent·e·s de maîtriser des situa-
tions qui pourraient sinon dégénérer en violences.
Tout le personnel doit pouvoir bénéficier d’une formation continue sans
Personnels de police
Points de repère
• Quels types de formation de base les nouvelles recrues reçoivent-
elles ? Combien de temps dure la formation ? Quels domaines et
sujets couvre-t-elle ?
• Quelles sont les opportunités de suivre une formation continue ?
Les personnels de police choisissent-ils de suivre ces formations ?
Qui y a accès ? (par exemple y a-t-il des restrictions fondées sur
le rang, le genre, ou l’appartenance à une minorité ethnique) ?
• Les personnels de police reçoivent-il une formation particulière
sur la manière de gérer des personnes et groupes en situation
de vulnérabilité, tels que les mineur·e·s ou les personnes avec un
handicap mental ?
• La formation comporte-t-elle une approche du maintien de
l’ordre fondée sur le genre ?
• La formation couvre-t-elle les plaintes, l’inspection et le
monitoring (y compris le monitoring externe par des mécanismes
de visites) ?
195
Détention par la police : Guide pratique de monitoring
Commentaire
Étant donnés les pouvoirs considérables, en particulier coercitifs, détenus
par la police, il est important d’identifier facilement les agent·e·s au moyen
de leur uniforme. Afin de promouvoir leur responsabilité individuelle vis-à-
vis du public, certains services/ forces de police ont introduit la règle consis-
tant à faire figurer sur la poitrine des agent·e·s leur numéro d’identification.
Dans certains cas, les personnels de police peuvent être en civil ; toutefois
ils doivent être en mesure d’attester leur qualité de membre de la police
au moyen d’un insigne ou d’un autre document officiel d’identification.
Dans une optique de prévention, les visiteurs peuvent décider de vérifier
les règlements et la pratique relatives à l’utilisation de vêtements civils ainsi
que les moyens permettant d’identifier individuellement les agent·e·s.
Les membres de la police ne doivent pas dissimuler leur visage avec des
6 masques lorsqu’ils agissent à titre officiel. Il existe un risque que de mau-
vais traitements soient infligés en toute impunité si les victimes ou autres
témoins ne sont pas en mesure d’identifier les personnes potentiellement
responsables de ces violations. La pratique du port de la cagoule doit être
strictement contrôlée, ainsi que le recommande le CPT (voir les normes
Personnels de police
citées ci-dessus).
196
Chapitre III - Normes internationales
Points de repère
• Quelle est l’image renvoyée par la police au travers des
uniformes ?
• Les agent·e·s sont-ils ou elles en mesure, lorsque cela leur est
demandé, d’attester leur qualité de membre de la police ?
• Y a-t-il des règlements relatifs au port de masques et de cagoules
qui précisent clairement les circonstances exceptionnelles dans
lesquelles leur usage est autorisé ?
• Est-ce que les détenu·e·s sont en mesure d’identifier les personnes
qui ont procédé à leur arrestation et à leur interrogatoire ?
• Des membres de la police portaient-ils des cagoules ou des
morceaux de tissu cachant leur visage pendant qu’ils procédaient
à l’arrestation du ou de la détenu·e ? Les portaient-ils durant le
(ou les) interrogatoire(s) ?
6
Personnels de police
197
Notes
Notes
L'APT tient à remercier la Fondation de Bienfaisance de la Banque Pictet &
Cie pour son soutien à la réalisation de la version française de ce guide.
Détention par la police association pour
Guide pratique de monitoring la prévention