L Essence Du Renoncement Divin Jean Leduc
L Essence Du Renoncement Divin Jean Leduc
L Essence Du Renoncement Divin Jean Leduc
L'AMOUR SENTIMENTALISTE
LE FESTIN DE L'AGAPÉ
DOUCEUR OU HONNÊTETÉ ?
L'AMOUR SENTIMENTALISTE
Toute la chrétienté, qu'elle soit traditionnelle, évangélique, dissidente ou autre,
est en accord avec les Écritures pour dire que «Dieu est amour» ou en Grec
«Dieu est AGAPÉ» (1 Jean 4:8). Cela est incontestable. En fait l'amour ou
AGAPÉ est l'essence même de l'existence de Dieu, il ne peut être qu'amour. Nul
n'objectera, du moins nous l'espérons, si nous disons que le passage principal
de la Bible qui dévoile le cœur de l'amour de Dieu est celui de Jean 3:16, tel que
nous voyons dans la version Segond: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il
ait la vie éternelle.» Mais que signifie «Dieu a tant aimé le monde» pour celui
qui lit ce passage ? Si nous nous trompons nous espérons que vous nous le
fassiez remarquer, mais la grande majorité des chrétiens, surtout les
Évangéliques, traduisent automatiquement ce passage dans leur esprit comme
signifiant que «Dieu a tellement d'affection pour le monde». Pourquoi une telle
interprétation ? A cause que pour les Évangéliques l'amour est un sentiment de
tendresse, une qualité qui est dépourvue de dureté qui produit une impression
douce et qui donne une apparence délicate. Cet amour est une attirance, qui en
raison d'une certaine affinité, une personne éprouve pour une autre personne,
auquel elle est unie ou qu'elle cherche à s'unir par un lien généralement étroit.
En d'autres mots, pour les Évangéliques l'amour est un sentiment. Sommes-
nous trompé jusqu'à maintenant ? Nous en doutons fortement ! Pour eux c'est
ce genre d'amour que Jésus leur dit d'avoir et de pratiquer et que l'apôtre Paul
enseigne dans ses Épîtres. Mais est-ce bien cela l'amour de Dieu qui est
enseigné dans les Écritures, particulièrement dans le Nouveau Testament ?
Quelle différence entre ce genre d'amour et celui du monde normal en général ?
De toutes évidences il n'existe aucune différence, car l'amour que détient une
personne non chrétienne est aussi un sentiment, sauf que les Évangéliques
disent que c'est Dieu qui les rend capable d'aimer parfaitement et les non
chrétiens disent qu'aimer est une chose bien normale pour chaque personne
quoique imparfaitement. Toutefois le dénominateur commun est que cet amour
est un sentiment pour tous, sentiment qui est parfois blessé et enfoui sous les
décombres de la réjection et de la solitude, de conflits et de douleurs, mais qui
demeure néanmoins un sentiment, le sentiment le plus noble que nous puissions
avoir.
LE FESTIN DE L'AGAPÉ
Selon presque tous les apologistes du Nouveau Testament, «l’agapé est un
repas de charité prit en commun par les premiers chrétiens, il désigne un repas
ou banquet entre convives unis par un sentiment de fraternité, il est frugal et
sans excès car l'accent est mis sur le sentiment d'union spirituelle. L'agapé
divine s'adresse à tous sans distinction, au méchant aussi bien qu'au bon.
Contrairement à la loi judaïque selon laquelle Dieu aime le juste qui s'est rendu
digne de son amour, l'agapé est décrite par le Nouveau Testament comme
indifférente au mérite: le père manifeste sa joie et ordonne un festin pour fêter
le retour du fils prodigue, le maître de la vigne décide de payer le salaire d'un
jour complet de travail aux ouvriers de la dernière heure. L'agapé de l'homme,
dans cette perspective, n'est qu'une imitation de l'agapé divine. Le croyant
s'efforce d'agir envers son prochain comme Dieu à l'égard des hommes: il s'agit
d'une pure gratuité indépendante de la valeur de l'objet auquel elle s'adresse.»
On nous dit en plus que «l'Église, comme communauté et communion ou
échange fraternelle des fidèles, est indissociable du «repas des frères» et de sa
capacité admirable à ouvrir l’homme au mystère de Dieu. Il ne s’agit pas d’un
repas quelconque, simplement lié à la nécessité de manger et de boire. Mais il
s’agit du geste que le repas accomplit, en reliant ceux qui le partagent, en
instaurant entre eux un lien de solidarité et d’amour, en construisant une
identité communautaire. Cette observance s'appelle aussi la fraction du pain, la
Cène, le Repas du Seigneur, la communion ou l'Eucharistie. C'est la forme de
culte la plus simple qui avait lieu dans l'édifice le plus humble qui soit, la maison
de tel ou de tel chrétien. C'était à l'origine un véritable repas d'amour prit entre
ceux qui aimaient le Seigneur. Hélas, ce simple repas est devenu, à notre honte,
l'un des champs de bataille de la controverse.»
En considérant ce qui vient d'être dit, la question vient tout naturellement à
l'esprit: pourquoi le terme Agapé est-il relié à un simple repas et qu'elle en sont
les applications ? Il est indéniable que la chrétienté associe ce repas à la Cène
ou Repas du Seigneur nommé aussi la Pâque Chrétienne. Nous n'avons pas ici
l'intention de nous prononcer contre ou pour une telle interprétation, tel n'est
pas notre but dans ce document. Ce sujet a été amplement élaboré ailleurs dans
plusieurs autres de nos textes, ce qui nous intéresse ici est uniquement la
signification du mot agapé dans un tel contexte. Pour obtenir une meilleure
compréhension du sujet, regardons ce que l'apôtre Paul nous dit à propos du
repas communautaire des premiers chrétiens: «Or, en ce que je vais vous dire,
je ne vous loue point: c'est que vous vous assemblez, non
pour devenir meilleurs, mais pour empirer.Car, premièrement, j'apprends que
lorsque vous vous assemblez dans une réunion, il y a des divisions parmi vous,
et j'en crois une partie, Car il faut qu'il y ait des hérésies parmi vous, afin que
ceux d'entre vous qui sont approuvés, soient manifestés. Lors donc que vous
vous assemblez dans un même lieu, ce n'est pas pour manger le Repas du
Seigneur; Car au repas, chacun se hâte de prendre son souper particulier; en
sorte que l'un a faim, et l'autre est ivre. N'avez-vous pas des maisons pour
manger et pourboire? Ou méprisez-vous les appelés à renaître de Dieu, et
faites-vous honte à ceux qui n'ont rien? Que vous dirai-je? Vous louerai-je? Je
ne vous loue point de cela. Car pour moi, j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai
aussi enseigné sur le renoncement; c'est que le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut
trahi, prit du pain; Et ayant rendu grâces, il le rompit, et dit: Prenez, mangez;
ici est mon corps, qui est rompu pour vous; faites de même en mémoire de
moi. De même aussi, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit: Cette coupe est
la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois
que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez de ce pain, et que vous
buvez de cette coupe, vous annoncez en partageant, la mort du Seigneur,
jusqu'à ce qu'il vienne. C'est pourquoi, quiconque mangera de ce pain, ou boira
de la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang
du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce
pain et boive de cette coupe; Car celui qui en mange et qui en boit indignement,
mange et boit sa condamnation, ne discernant point que vous êtes le corps du
Seigneur. C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup d'infirmes et de
malades, et qu'un grand nombre sont morts par votre négligence. Car si nous
nous jugions nous-mêmes, nous ne serions point jugés. Mais quand nous
sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons
point condamnés avec le monde. C'est pourquoi, mes frères, quand vous vous
assemblez pour manger, prévoyez les uns pour les autres. Et si quelqu'un a faim
chez-lui, laissez le se nourrir de vos biens, afin que vous ne vous assembliez
point pour votre condamnation.» (1 Corinthiens 11:17-34; Bible de l'Épée) Cette
traduction est très claire et très précise, elle dévoile le principe du mot «Agapé»
qui est «le renoncement».
C'est en renonçant à nous même que nous témoignons de la mort de Christ. En
d'autres mots, l'agapé n'est pas un repas dans le sens littéral mais un principe
de renoncement et de partage, car en partageant nous renonçons à ce que nous
avons pour le bien être d'un autre. Ainsi le mot «Agapé» revient au même sens
que «Agapao» pour désigner une attitude de sacrifice, de renoncement. Nous
sommes loin ici de l'amour sentimental, d'une tendresse envers une autre
personne dépourvue de dureté qui est généralement mais faussement interprété
comme de la douceur.
DOUCEUR OU HONNÊTETÉ ?
Plus on avance dans la profondeur des significations des mots «Agapé» et
«Agapao», plus on réalise qu'en prenant l'amour de Dieu comme un sentiment
qu'on ne peut faire autrement que d'arriver à des fausses notions sur tout le
reste des enseignements qui en découlent, car l'amour ou plutôt «le
renoncement» est la base même de toutes les autres doctrines. Tel est le cas
par rapport à la douceur ou gentillesse qui est aussi interprété comme étant un
sentiment, une qualité de ce qui est agréable au sens, qui procure une sensation
de bien-être, de calme, de plaisir ou de jouissance, ce qui est contraire à la
dureté, la force ou la violence. Or les gens ne peuvent faire autrement que
d'arriver à de telles conclusions, car ils se basent sur les mots qui se trouvent
dans la Bible, ne réalisant pas que ces mots sont les résultats de traducteurs
avec des motivations questionnables, car chacun d'eux a ses arrières pensées
qui proviennent de leur formatage religieux. Ils doivent traduire les textes dans
la ligne de pensée de leur église ou dénomination particulière, tout en
considérant la tradition historique sur l'interprétation orthodoxe de ces textes.
Dans ce domaine les apparences sont plus importantes que la vérité, car si un
traducteur s'opposerait à l'interprétation traditionnelle des textes, son prestige
et sa réputation serait enjeu et il risquerait de perdre son travail en plus d'être
regardé comme un hérétique de la part de sa communauté dite chrétienne.
Maintenant que nous comprenons pourquoi les gens ne peuvent faire autrement
que d'arriver à des fausses conclusions dans leurs interprétations des textes de
la Bible, procédons à regarder le cas du mot «douceur».
La douceur est généralement interprétée au niveau biblique comme étant «une
tranquillité d'émotions, un contrôle de soi, une disposition de gentillesse d'esprit
par laquelle nous acceptons tout ce qui nous est proposé comme étant un
bienfait, et ceci sans discussion ni résistance. La douceur n'exclurait pas la
fermeté, mais au contraire elle la manifesterait de manière supportable. La
douceur serait la caractéristique d'une conduite chrétienne sage, qui est
exempte de dureté, de rigueur fanatique et de brutalité. La gentillesse ou la
douceur seraient opposées à l'affirmation de soi-même et à nos propre
intérêts.» On nous dit que «les doux, les débonnaires, étaient ceux qui s'en
remettaient entièrement à Dieu et non à leur propre force pour les défendre
contre l'injustice.» Selon ces définitions, la douceur comme sentiment rejoint ce
qui est nommé «la tolérance».
Mais la douceur porte aussi la notion de tromper quelqu'un en le flattant avec de
belles paroles mielleuses qui plaisent à son esprit, et cet aspect négatif de la
douceur est très en vogue de nos jours surtout au sein des sectes dites
Évangéliques. L'amour et la douceur comme sentiments sont beaucoup utilisé
par ces gens pour condamner et culpabiliser ceux qui osent s'opposer à leurs
nombreuses fausses doctrines. Regardons quelques passages qu'ils utilisent
pour agir ainsi: «Car ce n'est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné,
mais un esprit de force, d'amour (agapé) et de sagesse.» (2 Timothée 1:7;
version Segond) Ce passage n'est pas un problème puisque nous avons vu que
la traduction du mot «agapé» par celui du mot «amour» est une fausse
traduction, car le terme signifie proprement «renoncé, renoncement». Mais
continuons notre enquête avec le passage principal utilisé par les Évangéliques
pour conditionner les gens: «Frères, si un homme vient à être surpris en
quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur.
Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté.» (Galates 6:1;
version Segond) Ici le terme Grec pour douceur est «Praotes» et vrai que ce
terme porte toutes les notions d'émotions paisibles, mais il est trop souvent
négligé qu'il porte aussi la notion «d'affabilité» ou «bienveillance de
l'honnêteté», et l'honnêteté ne cherche pas à tromper, elle est scrupuleuse et
stricte, elle respecte ses engagements sans tromperies et sans duplicités. Elle
est d'une rigueur franche dans le respect de la vérité, et ne bronche
aucunement devant les faussetés orgueilleuses des hommes trompeurs qui
flattent les gens avec de belles paroles douces.
En ce sens l'honnêteté porte les mêmes notions que la douceur, elle est
amabilité, bienséance, bienveillance, gentillesse, mais elle est aussi correction,
distinction, droiture, exactitude, incorruptibilité, justice, loyauté, et rectitude.
L'honnêteté biblique n'est pas un sentiment ni une émotion, mais une qualité
spirituelle et divine qui a sa source dans le cœur du chrétien réel en lequel
habite l'Esprit de la Sainte Présence de Christ. Ainsi le mot «Praotes», qui est
malheureusement traduit par douceur, porte à la fausse notion des sentiments
changeants d'un cœur charnel qui se fourvoie dans la vérité, car la bonne
traduction de ce terme est «honnêteté». En regardant de nouveau Galates 6:1 à
la lumière de ce qui vient d'être dit, on perçoit toute une différente dimension
de la vérité: «Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous
qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit d'honnêteté...» Redresser avec
honnêteté implique la rigueur de la correction et non la mollesse de la tolérance
si populaire de nos jours chez les sectes dites Évangéliques, tiédeur qui fait
lever le cœur du Seigneur et des vrais élus. L'honnêteté précise bien quelle est
la nature de l'Esprit de Dieu qui est hostile à l'esprit de la chair, et ceux qui
marchent selon la chair dans la mollesse nonchalante de la douceur
sentimentale sont des faux chrétiens.