Journal 10 JAE10 VF
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Mesdames et Messieurs,
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L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
Producteurs de tomate : recherche d’alternative pour limiter les
dégâts importants causés par Tuta absoluta (Betafo - Vakinankaratra)
M ariée et mère d’une petite fille de 6 ans, Harifetra Vololoniaina Noroherintiana TAFITASOA
est une jeune femme productrice de tomate à Ambalavato, fonkotany Ambohipihaonana, Betafo
Antsirabe.
Après avoir eu son diplôme de baccalauréat en 2012, elle et son mari ont décidé de s’impliquer dans
la vie professionnelle en produisant de la tomate, de l’oignon, de l’ail et du riz. En complément, ils ont
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
aussi investi en élevage de poulet gasy. Ils ont une vache laitière, acquise sur les bénéfices de la culture
de tomate. En effet, ils produisent au minimum 3 tonnes de tomate pendant la contre saison. Leur
pratique culturale étaient celle pratiquée par leurs parents : i) utilisation de fumier, ii) NPK et urée
apportés 5 fois durant un cycle (à raison de 3 à 5 kg/are NPK et 1 kg/are Urée à chaque apport), iii)
utilisation de fongicide et insecticide même après la récolte pour préserver la qualité visuelle des fruits.
En 2018, elle a rencontré une difficulté sur la maitrise d’un nouveau ravageur qui a engendré des pertes
énormes sur la production
En 2018, les producteurs de tomate et d’autres solanacées dans le district de Betafo ont fait face à
l’émergence d’un ravageur redoutable Tuta absoluta (ou mineuse de la tomate, un lépidoptère dont les
larves creusent des mines dans les parties aériennes de la tomate) qui a provoqué plus de 75% de perte
à la récolte.
Cependant, Tafitasoa a pu limiter les pertes en augmentant la fréquence des traitements (1 à 2 fois
par semaine) en mélangeant 3 insecticides différents et en utilisant une forte dose. L’efficacité de tel
traitement a diminué après plusieurs applications. Elle a remarqué que le ravageur a acquis une certaine
résistance aux pesticides utilisés. D’autre part, elle a aussi constaté une augmentation de dépenses liée
à l’utilisation trop fréquente de pesticides et des conséquences sur l’état de santé de son mari qui, après
chaque traitement, est enrhumé et a eu des maux de tête.
Trimestrielle - Edition N° 10
En fin 2018, décision d’adhérer à ‘OPR VFTV-FIFATA* et de changer de pratique…
A sa propre initiative, elle a testé le compost liquide et du ady gasy sur une parcelle de tomates de 1 are,
et une autre de 1 are comme témoin (traitée avec des pesticides comme avant). Le résultat a été probant
et les avantages sont nombreux par rapport au témoin zéro.
• Bonne qualité des fruits : couleur attrayante, pas de tâche causées par l’insecte, bon calibre ;
• Bonne conservation en stockage et durant le transport ;
• Augmentation du rendement de 160 kg (560 kg contre 400 kg pour le témoin) ;
• Réduction des dépenses sur l’achat des produits phyto de presque à 50 % ;
• Plus de problème de rhume et de maux de tête.
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L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
Des perspectives d’améliorations…
En 2020, elle a décidé d’utiliser un fût plastique de 150 l pour avoir plus de compost liquide/ady gasy. Bien
que ce ne soit pas encore assez pour son exploitation. L’utilisation de produit insecticide pour les cultures
diminue et se tend vers 0. Elle utilise aussi ces intrants agroécologiques sur d’autres cultures comme
l’ail, l’oignon, et la production de semences. Elle a obtenu des bons bouquets de fleurs d’oignon sur les
parcelles traitées avec le compost liquide par rapport aux parcelles conduites de façon conventionnelle.
La quantité d’engrais chimiques qu’elle utilise pour la production de tomates, dont 5 apports durant le
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cycle de culture et à raison de 3 à 4 kg/are NPK et 1 kg/are Urée à chaque apport, engagent beaucoup
de charges. Tafitasoa et sa famille commencent à essayer plusieurs alternatives comme l’utilisation de
Biochar (fabriqué à partir de balle de riz facilement accessible à Betafo surtout hors saison de fabrication
de briques), des engrais verts (principalement à base de tithonia très répandu dans la zone), sans parler
des composts classiques et du lombricompost…A suivre….
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Fabrication de compost
liquide dans un fût plastique
et bidon jaune 20 l
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L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
Introduction de l’innovation agro-écologie pour améliorer la sécurité
alimentaire et la nutrition des communautés villageoises aux alentours
de la Nouvelle Aire Protégée d’Alaotra
D urrell Madagascar travaille aux alentours de la Nouvelle Aire Protégée d’Alaotra (NAP Alaotra) pour
assurer la préservation de l’espèce de lémurien endémique de la zone qui est le Bandro (Hapalemur
alaotrensis) ainsi que son habitat naturel. Etant le promoteur de l’Aire Protégée (AP) d’Alaotra, Durrell
collabore étroitement avec les communautés locales pour promouvoir la bonne gestion de l’aire protégée,
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de ses biodiversités et de ses ressources naturelles.
Diverses activités socio-économiques sont également mises en œuvre dont les principaux objectifs sont
de pouvoir, réduire les menaces et les pressions sur les ressources naturelles et la biodiversité mais aussi
d’améliorer les conditions de vie et le bien-être de la population rurale dépendante de ces ressources
naturelles.
A cet effet, le projet « Enabling Change » financé par Jersey Overseas Aid est mis en œuvre dans quelques
villages aux alentours de la NAP Alaotra pour améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et les revenus
de ménages à travers des activités de productions agricoles respectueuses de l’environnement. Des
pratiques culturales durables et résilientes au changement climatique (Agriculture Climato-Intelligente/
Agriculture de Conservation) ont été identifiées et promues par le projet autour de 5 villages spécifiques.
La diffusion de ces techniques se fait à travers les champs écoles paysans (CEP) pour permettre aux
paysans d’observer, d’apprendre ensemble les techniques et par la suite de pouvoir les pratiquer dans
leur propre parcelle.
Vingt six (26) champs écoles paysans (carte ci-dessous) engageant 270 paysans bénéficiaires ont été mis
en place durant la grande saison agricole de 2019-2020. Les producteurs ont été formés sur les principes
de base en agro-écologie et en agriculture climato-intelligente telles que l’association et la rotation
culturale, l’utilisation d’engrais verts, le compostage et la lutte biologique (ady gasy).
Trimestrielle - Edition N° 10
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JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE Trimestrielle - Edition N° 10
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L’AGRO-ECOLOGIE
L’AGRO-ECOLOGIE
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Suivant les toposequences, les quelques techniques promues et adoptées sont :
1. Bas de pente :
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cv David, EPP Ambodivoara
commune Ambohitsilaozana
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Photo 4 : Riz pluvial sous paillage de Stylosanthes dans le fokontany Andilana Sud,
commune Amparafaravola
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Photo 5 : Patate douce à chaire
orange dans le fokontany
Ambodivoara, commune
Ambohitsilaozana
2. Bas-fonds
Trimestrielle - Edition N° 10
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L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Photo 8 : Système de riziculture
amélioré en rotation avec du haricot
en contre saison sous paillage dans
le fokontany de Antsapananefatra,
commune Ambatomainty
Par ailleurs, ces pratiques culturales résilientes au changement climatique ont été démontrées au
niveau des parcelles des écoles primaires publiques dans le but d’améliorer la nutrition scolaire des
élèves et de sensibiliser les écoliers et leurs parents sur le système.
Enfin, des échanges entre les producteurs dans les groupements CEP seront ultérieurement organisés Trimestrielle - Edition N° 10
pour améliorer le mode de gestion du sol. Ceci permettra de limiter la dégradation des sols et des
couverts végétaux. Le projet continuera aussi à identifier et à promouvoir les innovations adaptées
aux réalités sociales et économiques afin d'assurer l'efficacité de ces pratiques agro-écologiques autour
de la NAP Alaotra.
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Intensification des techniques agro-écologiques et de restauration
de la fertilité de sol par l’approche terroir dans les régions Anosy
et Atsimo Atsinanana
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La réalisation de cet objectif dépend néanmoins sur pente qu’au niveau des périmètres irrigués et
des facteurs environnementaux favorables dont la au bas fond, revalorisation des connaissances et
disponibilité des moyens de production adéquats savoir-faire des paysans en matière de techniques
et leur accessibilité par chaque ménage. agro-écologiques pour un meilleure rendement en
quantité et qualité de production, appui ciblé des
Dans les Régions Anosy et Atsimo Atsinanana, femmes mariées et mères célibataires à l’élevage
notamment des districts de Taolagnaro, avicole, pisciculture ou apiculture et enfin, de
Vangaindrano, Farafangana et Vondrozo, WHH développement de capacités d’investissement
travaille en étroite collaboration avec des ONG dans des activités génératrices de revenus, grâce à
nationales, telles que Action Intercoopération l’appui aux Associations Villageoises d’Epargne et
Madagascar (AIM) et FIANTSO Madagascar de Crédit Auto-gérés (AVECA).
pour donner des appuis aux paysans dans la lutte
contre la pauvreté à travers l’amélioration du La mise en œuvre des activités au niveau de chaque
fonctionnement de leur système de production. site terroir prédéterminé se complète et est menée
Il s’agit entre-autre des deux grands programmes systématiquement de manière participative
de renforcement de la sécurité alimentaire et en incluant les autorités locales, l’organisation
nutritionnelle durable SILVER (Renforcement des producteurs, les hommes, femmes et jeunes
des revenus et des moyens d’existence des agriculteurs. La création de Centre d’Accueil des
ménages vulnérables dans le Sud-Est) et AFAFI Enfants et des Mères (CAEM) par chef-lieu de
Sud (Appui au Financement de l'Agriculture et fokontany contribue à l’enseignement des mères
aux Filières Inclusives dans le Sud et Le Sud- voire des parents à faire le lien entre utilisation
Trimestrielle - Edition N° 10
Est de Madagascar). Ces programmes sont adéquate des produits agricoles sélectionnés
financés respectivement par la Coopération pour l’alimentation et l’épanouissement de la
Allemande (BMZ) et l’Union Européenne (UE) à santé nutritionnelle de tous les membres du
hauteur totale de 8 689 109 EUR. SILVER s’étale ménage. L’accompagnement des associations
de novembre 2019 à avril 2022, tandis que le communautaires aux actions de reboisement mais
programme AFAFI Sud de janvier 2020 jusqu’en aussi l’aménagement de pistes rurales, de points
avril 2024. Le nombre de bénéficiaires finaux d’eau potable et de périmètres agricoles assure
est estimé à près de 608 000 individus, dont 60% la viabilité des activités de production agricole.
hommes et 40% femmes. Les opérateurs économiques de proximité y sont
aussi appelés et soutenus pour le développement
L’approche terroir pour une meilleure concentration des filières de niche marquant chaque district et
des efforts au niveau des bénéficiaires ciblés
commune : le gingembre, le curcuma, la cannelle,
le café, la baie rose, l’apiculture, la pisciculture,
En matière de vulgarisation agricole, les etc.
interventions consistent à diffuser des techniques
améliorées adaptées aux groupes cibles et à leurs
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L’AGRO-ECOLOGIE
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Accompagnement de la communauté à la des évènements d’échanges « formalisés » sous
restauration de la fertilité du bassin versant forme de visite de la parcelle par les producteurs
villageois à des périodes et moments clés de
De façon participative, les équipes d’intervention
l’itinéraire technique.
définissent des référentiels techniques pertinents
susceptibles d’être diffusés auprès de la
Dans l’objectif de protéger par la suite ces sols
population cible sur la base du diagnostic foncier
et garantir la conservation pérenne des bassins
du site-terroir et de la typologie de leurs systèmes
versants, les deux programmes SILVER et AFAFI
d’exploitation. Pour ce faire et pour assurer par
Sud accompagnent les Communes et le Service
la suite leur large diffusion, il est prévu pour ces
Technique Décentralisé de l’Environnement dans
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programmes de renforcer de façon très pratique
la planification participative du reboisement au
et concrète les paysans relais aux concepts
niveau des terroirs. Afin de rendre disponible les
agronomiques fondamentaux afin de compléter
jeunes plants sur place, des actions de diffusion
leur savoir et expériences en matière de fertilité
auprès des villageois des techniques de confection
des sols, l’importance de la matière organique
de pépinières et des pépinière école paysanne –
pour le sol et les plantes et le cycle des minéraux.
au même titre que les champs écoles paysans –
Le champs-école constitue le moyen le plus
sont prévus pour les deux premières années de
efficace pour assurer l’enseignement pratique et
travaux.
l’attraction des intentions des masses paysannes.
Les techniciens organisent périodiquement
Trimestrielle - Edition N° 10
dans huit pays différents, dont Madagascar, où la déplacer pour trouver un emploi, ou encore
région d’intervention est Boeny. s’adonner à la fabrication de charbon de bois,
malheureusement sans toujours respecter les
Dans la mise en œuvre des activités de protection règles en vigueur pour protéger l’environnement.
et réhabilitation des sols dans la région Boeny,
le ProSol Madagascar place les communautés de Par conséquent, dans les communes
producteurs au cœur de son approche, en insistant d’interventions de ProSol, les demandes émanant
sur la valorisation des activités spécifiques aux des femmes mettent en avant des besoins en termes
femmes. Le projet dispose même d’un indicateur de renforcement de capacité sur les activités de
spécifique pour le comptage de ces réalisations au maraichage et de plantation d’arbre fruitier.
niveau des ménages, orienté sur l’amélioration Pour répondre à ce besoin, ProSol a octroyé
des conditions de vie des femmes. une formation sur les cultures maraichères et
l’arboriculture fruitière en collaboration avec
Or, dans la région Boeny, au Nord-Ouest de CEFFEL. Puis, des formations en cascades ont été
Madagascar, la seule activité agricole qui peut organisées par les ONG partenaires de ProSol
être pratiquée sur la plupart des terres durant la sur le terrain. A l’issue des séries de formations,
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L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
373 femmes ont été formées à la culture d’une pour protéger les cultures, et du compost à base
large gamme de légumes et ont pu obtenir à la de feuilles d’acacia, de feuilles de neem et de
fois des semences, et quelques petits équipements bemaimbo pour les fertiliser. Elle se montre très
pour les aider à se lancer dans le maraichage ou se satisfaite des résultats obtenus, et témoigne :
perfectionner. Un manuel de formation pratique
et adaptés aux communautés agriculteurs sur « Le résultat est maintenant vraiment différent de ce
la plantation des arbres fruitiers a également que j’ai obtenu auparavant. Les légumes à feuilles
été élaboré pour être utilisé à large diffusion, et
verdissent bien et elles ont une bonne taille... Le fait de
répandre encore davantage les bonnes pratiques. voir mes légumes qui poussent bien me motive chaque
jour à bien entretenir mes maraîchages et en faire
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La principale innovation diffusée lors de ces encore davantage. Pour mon cas, j’ai multiplié par
formations a été de proposer un large ensemble trois la surface de mes terres pour le maraîchage et elle
de traitements biologiques réalisables à partir comprend actuellement 30 plates-bandes. ».
des produits locaux. Habituellement, les paysans,
encouragés par les commerçants de produits L’agrandissement des parcelles de maraichage et
phytosanitaires, utilisaient les traitements la vente de la récolte de carottes, salade, morelle
chimiques. Les effets sur l’environnement et et oignons sur le marché pour de bons prix a
les sols étaient très négatifs, mais les méthodes également permis à Mme RAZAFINDRAFARA
traditionnelles étant jugées inefficaces, les de commencer une petite épargne, et de s’acheter
paysans faisaient le choix du pragmatisme. un nouveau téléphone !
Trimestrielle - Edition N° 10
est à mélanger tous les 2 jours et le compost
liquide peut être utilisé après 7 jours de
fermentation. J’ai apporté le compost liquide
à mes maraîchages une à deux fois par
semaine ».
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RECHERCHES
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
a croissance démographique affecte le secteur élevage qui doit aujourd'hui assurer le triple de
la production en viande d’il y avait cinquante ans. De plus, les terres céréalières destinées à
l'alimentation animale ont diminué, alors que la demande en produits d'origine animale n'a cessé
d'augmenter. Pour y remédier, il s'avère indispensable de valoriser les ressources alimentaires non
conventionnelles qui sont en abondance, mais ne sont pas en compétition avec l’alimentation humaine.
Dans cette optique, le FOFIFA-DRZVP a investi plusieurs années sur l’exploitation de la graine de
mucuna dans l'alimentation animale. Des analyses chimiques de la graine ont montré ses qualités
nutritionnelles, mais également la présence du L-dopamine qui est un facteur antinutritionnel. Par
ailleurs, plusieurs traitements de cette graine ont été testés pour diminuer la teneur en L-Dopamine
sans pour autant affecter sa valeur nutritionnelle. Des tests sur différents types d'animaux ont été
effectués pour déterminer le traitement le plus efficient pour chaque animal, le taux d'incorporation
du mucuna dans la ration, et l'efficacité de son utilisation dans l'alimentation animale. Les résultats
ont montré que le mucuna est une alternative intéressante pour améliorer la production animale, tant
sur le plan social que sur le plan économique.
Introduction
Trimestrielle - Edition N° 10
tendance est très marquée dans les pays en le FOFIFA et le GSDM. Cette valorisation du
développement comme Madagascar, car elle mucuna s’est élargie sur d’autres animaux de
s’est accrue de plus de 5% durant ces dernières rente telle effectuée dans le partenariat entre le
décennies et devrait augmenter de 1.4% /an, à GRET, l'AVSF et le FOFIFA dans le cadre du projet
travers le monde jusqu’en 2030 (FAO 2014). Les HOBA ASARA. Cet article résume six années de
raisons principales en sont la forte croissance recherches sur la valorisation du mucuna pour
démographique, l'urbanisation et l'élévation l’alimentation animale à Madagascar.
du niveau de vie. Selon toujours le FAO (2011),
la consommation en viande de volailles sera Contexte
multipliée de 2,3 en 2050, contre 1,4 à 1,8 pour
les autres produits animaux. Ceci nécessite 27 Le pois mascate (Mucuna pruriens ou Dolichos
millions de tonnes d’aliments supplémentaires pruriens) est une plante annuelle qu'on retrouve
et 24 millions d’hectares de terres céréalières dans les régions tropicales de l'Inde et de l'Afrique
additionnelles à moins que la proportion de (Figure 1). Le mucuna est surtout connu pour
sous-produits et de ressources alimentaires non ses vertus en médecine (plante revitalisante
conventionnelles augmente substantiellement. et aphrodisiaque, action sur la production de
Dans cette optique, le laboratoire de nutrition testostérone, de dopamine, etc.).
animale du FOFIFA-DRZVP s’est investi depuis
plusieurs années sur la valorisation des ressources
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RECHERCHES
Dernièrement, ses intérêts en agronomie sur l’amélioration du rendement du riz pluvial sur résidus
de maïs + mucuna, et ceux du maïs en association avec le mucuna ont été publiés par le GSDM. Ces
rendements représentent 3 à 4 fois les rendements obtenus sur labour en sol nu (sans couvert végétal)
avec les mêmes doses de fertilisation (GSDM, 2020). Cette capacité des systèmes à base de mucuna
sur le rendement, en plus de ses effets contre les mauvaises herbes et contre les insectes, observée sur
plusieurs années justifie sa large diffusion actuelle chez les paysans. De plus, contrairement aux autres
légumineuses comme le niébé (Vigna unguculata), le haricot, le soja ou le Vigna umbellata (tsiasisa), le
mucuna n’est pas attaqué par les chenilles (Helicoverpa armigera) ou les chenilles légionnaires d’automne
(Spodoptera frugiperda) (RAKOTONDRAMANA et al, 2018). Ainsi, suite à des années de production, les
graines de mucuna issue de ce système deviennent de plus en plus nombreuses. Par ailleurs, il s’avère
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
judicieux de les valoriser dans l’alimentation animale. En tant que légumineuse, les graines de mucuna
sont relativement riches en protéine (composant le plus couteux dans la formulation alimentaire
Mucuna pruriens utilis Mucuna pruriens rajada Mucuna pruriens Mucuna pruriens
jaune
Trimestrielle - Edition N° 10
des animaux). Cette pratique est l’une des bases de l’intégration agriculture-élevage (IAE) à l’échelle
de l’exploitation sur l’intensification de la production par la valorisation des produits et résidus pour
l’élaboration de rations équilibrées aux animaux (Lhoste, 2008).
Analyses en laboratoire
Pour pouvoir utiliser le mucuna dans l'alimentation animale, il est primordial de déterminer ses valeurs
nutritionnelles. Ainsi, les résultats d'analyses ont confirmé sa richesse en protéine. Cependant, malgré
un taux intéressant en protéine, sa valeur biologique est réduite par la présence de la L-Dopa (3,4-
dihydroxyphenylalanine qui est un acide aminé non protéique) qui est une substance anti-nutritionnelle
présente dans la graine de mucuna. La L-Dopa est une molécule thermolabile et hydrosoluble. Ainsi,
des hypothèses ont été apportées sur les possibilités de réduire la teneur en L-Dopa dans la graine,
sans pour autant réduire la teneur en protéine qui est dénaturée par la chaleur. Par ailleurs, plusieurs
traitements et combinaison de traitements ont été testés (Figure 2). Ces traitements sont suivis d’analyses
nutritionnelle et toxicologique (Tableau 1) afin d’évaluer le traitement le plus efficient, c'est-à-dire le
moins toxique et ayant une valeur nutritionnelle intéressante.
13
RECHERCHES
Tableau 1: Valeurs nutritionnelles et teneur en L-Dopa du mucuna suivant différents traitements (en
pourcentage de la matière sèche)
M.B T1 T2 T3 E1 E2 TE D1 D2 D3 TBic MT
Matière Sèche (%) 93,8 94,9 95,2 95,9 94,5 94,4 98,4 82.8 99,5 99.1 93,9 94.6
Matière Minérale (%) 3,5 4,15 3,8 4,0 4,2 3,9 4,1 2.7 2,7 1.9 4,1 4.4
Cendre Insoluble (%) 0,1 0,1 0,1 0,0 0,1 0,1 0,1 0.1 0,1 0.1 0,1 0.1
Calcium (%) 0,4 0,5 0,5 0,4 0,2 0,3 0,2 0.12 0,2 1.56 0,3 0.15
Phosphore (%) 0,7 0,8 0,7 0,7 0,8 0,7 0,8 1.09 0,7 0.52 0,7 0.97
Protéine Brute (%) 26,3 24,2 23,5 22,6 25,7 23,8 21,4 27.0 21,7 24.8 24,2 24.3
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Matière Grasse (%) 4,2 4,4 4,2 4,5 5,0 4,2 4,8 - 5,0 6.2 5,2 3.0
L-dopa (%) 6,6 5,95 5,23 2,91 3,15 2,02 2,2 - 0,79 0.75 2,96 -
Trimestrielle - Edition N° 10
Des formulations alimentaires (Provende) à base de mucuna ont été effectuées puis testées sur des
animaux en milieu contrôlé dans la station de recherche du FOFIFA à Kianjasoa. Il s’agit de comparer
les performances zootechniques des porcs et des volailles nourris avec des rations contenant un
pourcentage déterminé de mucuna sur un traitement déterminé contre des lots témoins de ces mêmes
animaux, mais alimentés avec des rations à 0% mucuna.
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RECHERCHES
Expérimentation sur les porcelets
Les expérimentations ont été réalisées sur différents taux d’incorporation de mucuna (5%, 10%, 20% et
40%), mais les gains de poids considérés comme plus efficaces sont ; ceux enregistrés à une incorporation
de 20%. Par ailleurs, le test sur animaux sur trois lots de porcelets recevant respectivement une ration
à 0 % de mucuna, 20 % mucuna torréfié et 20 % de mucuna traitée par le bicarbonate a été effectué.
Après un mois et demi d'expérimentation, sans compter la période d'adaptation. Le Gain moyen
quotidien (GMQ) du lot témoin est de 305 g contre 355g pour le lot recevant 20 % de mucuna torréfié
et 319 g pour le lot recevant 20 % de mucuna traitée au bicarbonate (Figure 3)
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Figure 3: Gain moyen quotidien (en
gramme) durant 45 jours de 3 lots de
porcelets recevant une provende à base
de mucuna
Ces expérimentations nous montrent que les graines de mucuna peuvent bien être utilisées dans
l’alimentation des porcs malgré la présence de la L-Dopa qui n’est pas totalement éliminée par
les traitements thermiques et/ou chimiques. La comparaison d’une ration iso-protéique et iso-
énergétique, du mucuna traité au bicarbonate n’a montré aucune différence significative par rapport
à une ration normale. Par ailleurs, le traitement par torréfaction est considéré comme efficace pour
la ration des porcs. La libération d'acide gras durant la torréfaction améliore la palatabilité de la
ration et a un effet bénéfique sur l’indice de conversion alimentaire.
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Expérimentations sur les volailles
Les volailles représentent une source précieuse de protéines animales d’une grande valeur biologique.
Son élevage se fait partout dans le monde, dans des conditions très variables. Mais l’objectif principal
est toujours d’avoir une production maximum à un coût minimum, tout en évitant les risques. Par
ailleurs, la complémentation des aliments de volailles par le mucuna, a été entreprise pour améliorer
la productivité (viande et œufs). Cette amélioration a été entreprise sur les différentes races existantes
à Madagascar ; poulets de chair, poule pondeuse, et poulet de races locales. Ainsi, plusieurs lots de
volailles recevant différents taux d’incorporation de mucuna ont été comparés.
Pour les poulets de chair, quarante poussins de chair vaccinés et déparasités ont été subdivisés en
4 lots de 10 poussins : 3 lots recevant respectivement un aliment incorporé de 0% 10% et 20% de
mucuna traité par le bicarbonate 0,2% et le 4ème lot recevant du mucuna traité par le procédé D1 à
10%. Au cours des 45 jours d’expérimentations, des pesés hebdomadaires ont permis de suivre les
performances de croissances de chaque poulet.
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RECHERCHES
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Figure 4 : Poids des poulets de chair (en gramme) après 45 jours d’expérimentations
Trente poulettes prêtes à pondre (4,5 mois) de race Hulyn sp (Figure 6) ont été choisies pour mener
l'expérimentation. Trois lots de 10 poulettes ont été formés pour recevoir une ration contenant
respectivement 0%, 10%, et 20% de Mucuna traités par le Bicarbonate 0,2%. Ce même dispositif a été
utilisé pour le test avec le mucuna dépelliculé. Dans cette catégorie, le produit principal est l’œuf d’où
Trimestrielle - Edition N° 10
notre paramètre étudié est le taux de ponte ainsi que le calibre des œufs.
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RECHERCHES
L’enregistrement des données journalières de ponte indique qu’il n’y a pas de différences significatives
entre les taux de ponte des poulettes recevant 0% et 10% de mucuna. Par contre, les poulettes nourries
avec du mucuna à 20% n’ont jamais atteint un taux de ponte de 100%, ceci pour dire que la teneur
élevée en mucuna dans la ration affecte la ponte (Figure 5). Il est donc recommandé de ne pas dépasser
les 10% d'incorporation de mucuna dans la ration des poules pondeuses. Pour les poules pondeuses,
nourris avec le mucuna dépelliculé, les résultats enregistrés n'ont pas de différence significative avec
ceux obtenus par le traitement précédant. Par ailleurs, nous pouvons opter pour le traitement avec le
bicarbonate, car ce traitement est moins couteux en termes de travail, de temps ainsi que de facilité de
préparation. Cependant, en ce qui concerne la taille des œufs, les calibres des œufs des poules alimentés
avec une ration à 10% de mucuna dépelliculé sont légèrement supérieurs à ceux des poules nourries
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
avec du mucuna bicarbonaté 10% (Figure 5) ainsi que ceux du lot témoins à 0%. Nous pouvons donc
tirer une conclusion que ; le mucuna a un léger effet positif sur les performances des poules pondeuses.
Le taux d'incorporation (inférieur à 10%) et le traitement (dépelliculage) jouent un rôle important.
Trimestrielle - Edition N° 10
Figure 6 : Introduction du mucuna dans la ration des poules pondeuses
Six lots de 20 têtes ont été constitués pour recevoir une ration contenant respectivement 0%, 15% et
de 30% de mucuna bicarbonaté et 0%, 15% et de 30% de mucuna torréfié. Des traitements sanitaires
ont été effectués au préalable tels que les vaccinations et les déparasitages. Ensuite, les performances
zootechniques (Poids) ont été mesurées toutes les semaines afin de calculer les gains de poids moyens
quotidiens (GMQ). L'évolution du poids des poulets de races locales "Akoho gasy" durant 3 mois, sur les
6 lots recevant des rations différentes à base de mucuna nous indiquent qu'il n'y a pas de différence
significative entre chaque lot. Cependant, nous pouvons constater que les poulets de races locales
peuvent très bien supporter une incorporation de mucuna jusqu'à 30%. Pailleurs, une vulgarisation de
ces résultats en milieu réel au niveau des paysans a été effectuée. Pour cela deux groupes d'éleveurs de
poulets de race locale ont été sélectionnés pour tester leur appréciation sur ces deux types de traitement
(bicarbonaté et dépelliculé) à 30% de mucuna.
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RECHERCHES
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Figure 7: Comparaison en milieu réel des performances des poulets de race
locale alimenté au Mucuna
Après trois mois d'évaluation couplée de visites de pesage hebdomadaire. Il a été constaté que le gain
de poids des poulets nourris par le mucuna bicarbonaté est plus élevé que ceux nourris avec le mucuna
torréfié (Figure 7). Malheureusement, face au travail que demande le traitement par le bicarbonate,
aucun des éleveurs n'a adopté ce traitement après l'expérimentation. Selon ces éleveurs, la différence
entre les performances est moindre alors que le traitement au bicarbonate demande beaucoup de
Trimestrielle - Edition N° 10
travail.
Conclusion
À Madagascar, le mucuna est principalement cultivée pour ses qualités d'amélioration du sol en tant
que plante de couverture. Cette étude a permis de mettre en évidence la possibilité de l'incorporer
dans l'alimentation des animaux de rente. Cependant, des traitements préalables de la graine doivent
être effectués pour pouvoir le valoriser dans l'alimentation animale. Ces traitements doivent être
accouplés au taux d'incorporation adéquate pour que ce dernier ne puisse présenter d’effets négatifs
sur la croissance des animaux, ni sur l’appétibilité des aliments. Les graines de mucuna représentent
donc une opportunité pour les petits producteurs à Madagascar. Ceci permet d’atteindre des objectifs
de production économiquement intéressants dans le cas d’un élevage amélioré. Au vu de ces résultats,
l’utilisation des ressources non conventionnelles locales, parfois en abondance et n’entrant pas en
compétition avec l’alimentation humaine, est une alternative intéressante pour améliorer la production
animale. Par ailleurs, il permet ainsi de réduire considérablement les dépenses en élevage constituées
en grande partie par le coût des aliments.
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RECHERCHES
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Utilisation des fumures organiques et des engrais dans les stratégies de gestion
de la fertilité des sols des exploitations agricoles du Moyen-Ouest de la région
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Vakinankaratra et de la zone Est de la région d’Itasy, Madagascar
Trimestrielle - Edition N° 10
de recherche SECuRE (Soil ECological function des intrants) notamment par rapport aux
REstoration to enhance agrosystem services in cultures pratiquées et aux superficies cultivées
rainfed rice cropping systems in agroecological annuellement. L’article est structuré en trois
transition), financé par la fondation Agropolis. Le parties : la première concerne l’acquisition
premier traitait de la diversité et de l’importance de fertilisants supplémentaires avec les
des pratiques dans les EAF, le second présentait engrais commerciaux et les cendres ; la
les quantités et la qualité des fumures organiques seconde présente les pratiques quantifiées
disponibles en lien avec les pratiques de d’utilisation de la fertilisation disponible
production et d’échanges. Ce troisième article est (fumure organique locale, cendres et engrais
consacré à l’utilisation des fumures organiques et commerciaux) en fonction des cultures ; enfin
des engrais achetés, une manière de caractériser, la dernière partie conclue avec quelques
en partie tout au moins, les stratégies de gestion recommandations pour le développement.
de la fertilité des sols développées par les EAF. 1 Ces résultats ont été obtenus avec un échantillon d’EAF
localisées dans le Moyen-Ouest de la région Vakinankaratra et
• Parmi les nombreuses pratiques pour dans la zone Est de la région Itasy. Pour plus d’informations, le
lecteur est invité à se reporter au n°8 de JAE ou sur le site du projet
une gestion intégrée de la fertilité des sols (https://www.secure.mg/le-projet-secure). Il faut rappeler que les
(Sanginga et Woomer, 2009, Liniger et al, résultats sont représentatifs des fokontany dans les zones d’étude,
car l’échantillonnage des EAF a été fait par tirage au sort.
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RECHERCHES
Malgré les politiques mises en œuvre depuis des décennies1 , les EAF achètent peu d’engrais chimiques.
Pour l’ensemble de Madagascar, au cours des 20 dernières années, la quantité moyenne utilisée varie
entre 2 et 6 kg par hectare cultivé et par an2 .
1.1. Quantités achetées d’engrais commerciaux par EAF et par hectare SAU
Les EAF ont des comportements différents selon les zones (tableau 1) :
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
A Mandoto, un peu moins d’une EAF sur 2 (45%) achète de l’engrais en faible quantité avec en moyenne
14 kg par an pour un montant moyen de moins de 30 000 Ar. Ramené à l’ensemble des EAF de la zone,
la quantité moyenne achetée est de l’ordre de 6 kg par EAF et par an. Et quand on ramène ces achats
d’engrais à la surface agricole utile (SAU) disponible par EAF, on a des valeurs moyennes équivalentes
(14 et 6 kg/ha SAU).
Dans la zone d’Arivonimamo, la consommation d’engrais est plus importante : 88% des EAF en achètent
une quantité moyenne de presque 28 kg pour un peu plus de 60 000 Ar, ce qui ramené à l’ensemble des
EAF fait une moyenne générale de presque 25 kg/EAF. Comme la SAU moyenne par EAF est faible, les
quantités d’engrais disponibles sont de plus de 35 kg/ha pour les EAF qui en achètent et de presque 31
kg/ha pour l’ensemble des EAF.
La variabilité est très forte à Mandoto et moindre dans la zone d’Arivonimamo (tableau 1).
Mandoto Arivonimamo
Moyenne CV Moyenne CV
% des EAF qui achètent 45% 88%
Quantité en kg/
14.3 155% 27.9 112%
EAF
Trimestrielle - Edition N° 10
Pour les EAF qui Valeur achat en
27 884 153% 61 058 117%
achètent Ar/EAF
Quantité par
14.0 195% 35.2 101%
SAU en kg/ha
Quantité en kg/
Pour 6.4 257% 24.5 125%
EAF
Valeur achat en
12 490 254% 53 707 131%
Pour l'ensemble Ar/EAF
des EAF Quantité par
6.3 312% 30.9 114%
SAU en kg/ha
1 On peut simplement rappeler la « stratégie nationale pour le développement de l’utilisation de l’engrais » MAEP, 2006.
2 Source : https://databank.banquemondiale.org/home. Ce que Pierre-Bernard et al traduisaient ainsi en 2007 : « engrais : un
produit cher et peu utilisé » à Madagascar.
20
RECHERCHES
On peut s’étonner de la faible variation entre la quantité moyenne par EAF et la quantité par SAU à
Mandoto, sachant que dans cette zone la superficie SAU moyenne est de l’ordre de 1,5 ha (voir tableau
2). Ceci provient du fait que les moyennes sont calculées pour les EAF et ne sont pas pondérées par les
superficies. Quand on pondère par la superficie, la quantité moyenne par hectare SAU pour l’ensemble
des EAF de Mandoto diminue et passe de 6,3 à 4,3 kg par hectare. On constate la même chose à Arivo-
nimamo avec la quantité moyenne par hectare SAU qui passe de 30,9 à 27,1 kg/ha. Ceci signifie que ce
ne sont pas les plus grandes EAF (celles qui ont le plus de SAU) qui achètent le plus d’engrais chimiques.
Le coefficient de corrélation entre superficie SAU par EAF et quantité achetée d’engrais par hectare est
significatif à 0.01, et négatif mais d’une valeur faible (-0,2).
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Figure 1 : Nuage de point entre SAU par EAF et quantité d’engrais par ha de SAU
Enfin, par rapport à l’utilisation de produits phytosanitaires, on observe deux situations différentes : à
Trimestrielle - Edition N° 10
Mandoto, la proportion des EAF qui achètent des produits phytosanitaires est de 63% et donc supérieure
à celles qui achètent des engrais commerciaux (45%) alors qu’à Arivonimamo dans notre échantillon
75% des EAF utilisent des produits phytosanitaires alors que 88% achètent des engrais.
1.2. Types d’engrais commerciaux achetés
Les engrais achetés sont essentiellement de type NPK (le plus courant est composé de 11 % N, 22%
P2O5, 16 % K2O) et de l’urée (46%) ; ces deux types représentent, en cumulé, plus de 95% des quantités
à Mandoto et 77% à Arivonimamo, où l’on observe une plus grande diversité (figure 2), en rapport avec
une plus grande consommation et aussi d’une offre plus importante avec la proximité de la capitale.
21
RECHERCHES
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
calcaire) et le guano de chauvesouris (Guanomad)
riche en phosphates naturels, sont très faiblement
représentés (même si Guanomad représente tout de
même un peu plus de 3% dans la zone de Mandoto).
Les prix moyens d’achat déclarés par les producteurs et pondérés par les quantités diffèrent peu entre
les deux zones (contrairement aux prix de la fumure organique qui sont très différents, voir JAE n°9).
Les prix moyens (pour la plupart prix de 2016) sont de : 2 100 Ar/kg pour NPK, 1 900 Ar/kg pour
l’urée, 2 400 Ar/kg pour le DAP, 3 100 Ar/kg pour le Blaukorn et 1100 Ak/kg pour le Guanomad.
En moyenne une EAF a acheté au cours de l’année, pour 12 500 Ar d’engrais à Mandoto, et 54
000 Ar d’engrais à Arivonimamo. Ces montants indiquent un recours très limité aux engrais
commerciaux dans les stratégies de gestion de la fertilité.
Les cendres peuvent être considérées comme un engrais ou comme un amendement. Elles sont utilisées,
depuis le début de l’agriculture, pour enrichir les terres cultivées en sels minéraux, notamment en
potasse et oligo-éléments (Poirier et Nuninger, 2012). Elles ont un pouvoir alcalinisant et augmentent
le pH du sol. Elles peuvent être intégrées aux composts ou aux fumiers (voir JAE n°9) ou utilisées seules
en apport localisé ou épandues sur le champ. Cette sous partie traite des cendres utilisées directement
sur les parcelles.
Si la pratique est rare à Mandoto (2% des EAF), elle est répandue à Arivonimamo où, ce sont 19% des Trimestrielle - Edition N° 10
EAF, qui épandent des cendres achetées. Celles-ci proviennent pour l’essentiel des balles de riz utilisées
comme énergie pour la fabrication des briques. C’est donc le sous-produit, d’un autre sous-produit
agricole (la balle de riz).
L’évaluation des quantités en kilogramme est très approximative, les producteurs ne connaissant pas
les équivalences. Les EAF qui épandent directement les cendres ont estimé avoir utilisé, l’année de
l’enquête, en moyenne environ 250 kg/EAF ce qui représente, ramené à l’ensemble des EAF, environ 4
kg/EAF à Mandoto et un peu moins de 50 kg par EAF à Arivonimamo.
Si les quantités semblent conséquentes (presque le double des quantités d’engrais), la valeur monétaire
de ces cendres est faible avec un prix moyen estimé entre 30 et 35 Ar/kilogramme. Ainsi, les cendres
utilisées directement par les EAF sur les cultures représenteraient une valeur de 8 000 à 9 000 Ar pour
les EAF qui ont cette pratique, et ramenées à l’ensemble des EAF des zones concernées, à moins de 200
Ar à Mandoto et de l’ordre de 1 600 Ar à Arivonimamo.
22
RECHERCHES
L’utilisation des cendres directement sur la parcelle, sans passer par le compost ou le fumier est
une pratique assez courante dans la zone de Arivonimamo. Elle participe au recyclage de certains
sous-produits, et en particulier de la balle de riz utilisée comme combustible pour la fabrication
des briques. En plus de l’apport en éléments fertilisants, les cendres ont d’autres propriétés selon
certains producteurs qui les utilisent dans la lutte contre les ravageurs et les maladies.
L’enquête a permis de collecter les informations nécessaires pour reconstituer l’itinéraire technique et
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
le budget de culture pour toutes les parcelles cultivées au cours de l’année agricole enquêtée (2016/17),
soit trois saisons de culture : grande saison 2016/17, saison intermédiaire 2017, contre saison 2017
(soit de novembre 2016 à octobre 2017). Ainsi, les quantités et la valeur des intrants utilisés pour la
fertilisation sont connues par culture et par saison.
Le tableau 2 récapitule des quantités moyennes de matières fertilisantes disponibles par EAF en
additionnant les quantités de fumure organique (voir JAE n°9) et les engrais commerciaux achetés.
Les EAF de la zone d’Arivonimamo produisent plus de FO et achètent plus d’engrais que celles de
la zone de Mandoto et en final la disponibilité moyenne en kilogramme est nettement supérieure.
Ramenés à la SAU, les écarts entre les deux zones augmentent puisque la taille moyenne des EAF de
Mandoto est plus grande ; la quantité disponible par ha SAU va du simple au double.
Trimestrielle - Edition N° 10
Total (kg) 2 144 2 969 fois). Cette intensification est rendue possible
SAU (ha) 1.48 0.91 notamment par les productions maraichères,
Kg/SAU 1 448 3 279 que les producteurs cultivent en double culture
S Cultivée en ha 1.38 1.13
Kg / S. cultivée 1 558 2 627
après le riz et pour lesquelles la capitale nationale assure des débouchés. A Mandoto, ce taux de mise
en valeur n’est que de 93% avec très peu de cultures maraichères et une part un peu plus importante
de jachères avec 11% de la SAU, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas de jachère à Arivonimamo, où elles
représentent tout de même 8% de la SAU ; c’est l’importance des cultures maraichères qui impacte le
plus le taux de mise en valeur.
Il faut rappeler que ces moyennes cachent une grande variabilité. Celle-ci a été traitée dans le JAE n°9
pour la FO et ci-dessus pour les engrais. C’est pourquoi nous n’y reviendrons pas ici ; la variabilité sera
analysée seulement pour l’utilisation.
23
RECHERCHES
La question que l’on peut se poser à ce stade est : est-ce que ceux qui achètent des engrais commerciaux
sont ceux qui n’ont pas de FO ? A Mandoto, l’analyse des corrélations indique qu’il n’y pas de relation
linéaire entre la quantité d’engrais achetée et la quantité de fumier produite. A Arivonimamo, cette
relation existe. Elle est significative (au seuil de 0.01) même si le coefficient est faible (0,3) et surtout
elle est positive ce qui indique que ceux qui achètent le plus d’engrais sont souvent ceux qui produisent
le plus de fumier. Ainsi, il n’y aurait pas un seuil de disponibilité en fumier qui ferait que l’agriculteur
ne cherche plus à acquérir des engrais, considérant qu’il a assez de matières fertilisantes. La raison
des faibles quantités d’engrais achetées est sans doute plus à rechercher dans la disponibilité et des
contraintes économiques.
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
2.2. Répartition des matières fertilisantes selon les cultures
Avant de présenter la répartition par culture, on peut apprécier la part des parcelles et de la superficie
selon le type de fertilisation (Tableau 3). Les parcelles et la superficie sans aucun apport à Arivonimamo
sont moindres (environ un tiers) qu’à Mandoto (41% des parcelles et 52% de la superficie).
Tableau 3 : Parts des parcelles et de la superficie selon le type de fertilisation dans les terroirs
Mandoto Arivonimamo
Apports % des % de la % des % de la
parcelles surface parcelles surface
Sans FO Sans Engrais 41% 52% 35% 33%
Avec FO seulement 38% 33% 38% 40%
Avec Engrais seulement 3% 2% 3% 3%
Avec FO + Engrais 19% 13% 25% 24%
Ensemble 100% 100% 100% 100%
Ainsi, même à Mandoto, plus d’une parcelle sur deux, reçoit de la FO et globalement, dans les deux
terroirs, il y a une répartition qui laisse la possibilité pour qu’une parcelle soit fertilisée plus d’une fois
tous les deux ans, sans préjuger ni des doses utilisées ni des cultures privilégiées. Les écarts entre les
pourcentages des parcelles et des superficies indiquent qu’à Mandoto ce sont les parcelles en moyenne
plus petites qui sont fertilisées, ce qui n’est pas le cas à Arivonimamo. Très rares sont les parcelles qui
Trimestrielle - Edition N° 10
ne reçoivent que de l’engrais (quelques parcelles en maraichage, mais aussi en riz pluvial et maïs à
Mandoto). Ainsi les producteurs qui achètent de l’engrais chimique, l’utilisent presque toujours
sur des parcelles en complément d’un apport de fumure organique.
L’utilisation des fertilisants est en lien avec les quantités disponibles, mais aussi les cultures pratiquées.
Or, les exploitations agricoles familiales des deux zones ont des assolements1 sensiblement différents,
comme le montre la première colonne des deux figures suivantes (Figure 3 et Figure 4). Dans les deux
zones, le riz irrigué de bas-fonds occupe une place importante avec des parts dans l’assolement qui
sont relativement proches (29% à Mandoto et 32% à Arivonimamo). Ainsi, même si le Moyen Ouest du
Vakinankaratra a la réputation d’une zone de cultures pluviales, le riz irrigué de bas-fonds occupe une
place prépondérante en terme de superficie (mais aussi en terme de revenu comme on le verra dans le
prochain numéro de JAE). Les tubercules et les légumineuses occupent à peu près la même part de la
surface cultivée annuellement dans les deux zones, de l’ordre de 25% pour les tubercules et 10% pour
1 Ces pourcentages ont été calculés sur la superficie effectivement cultivée, c’est-à-dire, sans les jachères. Si on intègre les ja-
chères, celles-ci représentent 10% de la surface totale (cultivée + jachère) à Mandoto et 6 % à Arivonimamo.
24
RECHERCHES
les légumineuses, mais les espèces cultivées sont différentes. La part des autres cultures est spécifique
et caractérise la zone.
A Mandoto, les céréales pluviales occupent près du tiers de la surface (17,6 % en riz pluvial et 15 % en
maïs, hors jachère). Alors qu’à Arivonimamo, ces deux cultures occupent seulement 8,6% de la surface, et
le maïs y est vraiment marginal. Dans cette zone, ce sont les cultures maraichères qui sont importantes
avec 22,4 % de la surface. Les cultures autres, constituées essentiellement par l’agroforesterie avec des
fruitiers, n’est pas négligeable avec 3% de la surface. A Mandoto, ces deux types de cultures sont très
peu pratiquées (1,8% de la surface sont consacrés aux cultures maraichères, et les autres cultures avec
0,1%, sont quasiment inexistantes).
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Les données extrapolées à l’ensemble des fokontany, permettent de connaître sur quelles cultures les
matières fertilisantes disponibles ont été épandues1 . L’échantillon est constitué de 2 427 parcelles2 .
Elles sont plus nombreuses à Arivonimamo où l’échantillon d’EAF est plus grand mais aussi où la taille
moyenne des champs est plus petite, et où les doubles cultures sont fréquentes. La deuxième colonne
de chaque figure présente la répartition de la FO (fumier, compost et autre matières organiques), la
troisième colonne est celle des engrais commerciaux. Les quantités disponibles sont différentes entre
les zones. Les pourcentages représentent la répartition et traduisent la stratégie des EAF. A Mandoto,
les EAF privilégient le riz pluvial et le maïs qui reçoivent 74% de la FO disponible (Figure 3) et 40% des
engrais achetés.
Trimestrielle - Edition N° 10
moins de 5% de la FO et 14% des engrais.
Le maraichage pourtant très peu présent
(1,8 % des surfaces) reçoit une part
conséquente de la FO (5,4%) et surtout des
engrais (38% des quantités disponibles).
Ainsi dans cette zone, les producteurs ont une stratégie de fertilisation des céréales pluviales sur tanety,
avec un transfert de fertilité des rizières vers les tanety, puisque le fumier intègre la plus grande partie
des pailles du riz des rizières. Cette fertilisation, profite aussi aux autres cultures pluviales soit avec les
associations soit via les rotations qui sont quasiment systématiques en pluvial.
1 Les difficultés sont cependant nombreuses et notamment en raison de l’importance et de la diversité des associations de
cultures et des regroupements que nous avons opérés pour faciliter la collecte, notamment pour le maraichage. Nous avons pris l’option,
comme pour les surfaces, de répartir à égalité les quantités entre les différentes cultures. Ainsi, pour une parcelle avec une association
riz pluvial et arachide, les quantités d’intrants ont été réparties pour moitié pour le riz pluvial et pour moitié pour l’arachide. Il en est de
même pour une parcelle où ont été regroupées une planche de tomate et une planche d’oignon, alors que peut-être le producteur avait
fait des apports différentiés.
2 Au total 2 680 parcelles une fois les parcelles regroupées, désagrégées. On rappellera que les parcelles en jachère ne sont pas
comprises ici.
25
RECHERCHES
Le riz irrigué, ne reçoit pratiquement pas de FO et très peu d’engrais, avec une stratégie d’allocation
des FO sur les tanety, milieu naturellement bien moins fertile que les bas-fonds. A Arivonimamo, la
situation du riz irrigué est approximativement la même ; alors que la surface cultivée représente 32%,
cette culture ne reçoit que 7% de la FO disponible et 4% des engrais. Les céréales pluviales sont très peu
fertilisées contrairement à Mandoto. Dans les deux situations les cultures vivrières bénéficient des
arrières-effets des cultures maraîchères beaucoup plus fortement fertilisées.
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Les cultures privilégiées sont les cultures
maraichères qui reçoivent 46% de la FO et
77% des engrais, mais aussi les tubercules
autres que le manioc (patate douce, taro
et pomme de terre) qui reçoivent 25% de la
FO mais peu d’engrais et les légumineuses
(haricots) qui reçoivent un peu plus de FO et
d’engrais (respectivement 11% et 12%) que la
part qu’elles occupent dans l’assolement (9%).
Ainsi, les stratégies de fertilisation des EAF sont très différentes selon les zones en lien avec les
cultures produites, leur exigence mais surtout en lien avec des objectifs technico-économiques et
Trimestrielle - Edition N° 10
le marché des produits agricoles.
L’analyse des quantités de fumure apportées est faite par culture1 et en tenant compte des associations.
A Mandoto (tableau 4), les superficies en culture pure représentent 71 % des parcelles et de la superficie.
Comme déjà indiqué, le riz irrigué occupe une place importante mais il est peu fertilisé avec seulement
20% des parcelles et 18% de la superficie qui reçoivent de la fumure organique à des doses faibles
(moins de 2 tonnes par hectare) ; et seulement 4% des parcelles reçoivent de l’engrais (à une dose de
près de 60 kg/ha).
1 Seuls les résultats pour les cultures avec un effectif non pondéré de plus de 15 parcelles sont présentés ici. On notera que pour
les principales cultures, la taille de l’échantillon est conséquente.
26
RECHERCHES
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Tableau 4 : Apports de FO et d'engrais sur les cultures cultivées pures à Mandoto en (kg)
Trimestrielle - Edition N° 10
C’est le manioc qui est le moins fertilisé : pas d’engrais et seulement 4% des parcelles avec de la fumure
organique. Le riz pluvial et le maïs sont les cultures pures qui reçoivent le plus systématiquement de
la fumure : plus de 90% des parcelles et de la superficie reçoivent de la FO à des doses élevées de plus
de 4 t/ha et 30 à 40% des parcelles et de la surface reçoivent de l’engrais mais à des doses qui restent
faibles (26 kg/ha pour le riz pluvial et 45 kg/ha pour le maïs). Les autres tubercules reçoivent engrais
et FO, mais ce sont essentiellement les pommes de terre. Les légumineuses sont également fertilisées
avec 45% des parcelles qui reçoivent de la FO et 18% de l’engrais à des doses moyennes pour la zone.
Enfin, les cultures maraichères ont été regroupées : les parcelles sont nombreuses mais la superficie
très petite ; elles reçoivent à 90% de la FO et à 61 % des engrais à des doses importantes (plus de 30 t/
ha pour la FO).
A Arivonimamo, la part des cultures pures est plus importante qu’à Mandoto avec 86% des parcelles et
89% de la superficie. Ainsi, le nombre de parcelles de l’échantillon est nettement plus important (mais
il ne fait pas oublier que l’échantillon compte plus d’EAF).
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RECHERCHES
Tableau 5 : Apports de FO et d'engrais sur les cultures cultivées pures à Arivonimamo (en kg)
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Autres tuber 232 23.27 70% 5% 78% 4% 4 461 6 350 3.67 77.48
Haricots 61 7.65 95% 65% 96% 73% 4 132 4 346 48.24 75.45
Autre Légum. 46 3.52 20% 0% 18% 0% 779 3 981 0.00 0.00
Tomates 90 9.55 97% 95% 98% 97% 7 614 7 877 127.91 135.43
Haricot verts 132 10.88 95% 87% 96% 90% 5 079 5 321 80.90 92.86
Autres Maraich 155 12.93 95% 76% 101% 73% 4 311 4 546 91.26 120.89
* Les moyennes sont calculées par parcelle et sans pondération.
A Arivonimamo, la fertilisation du riz irrigué est un peu plus fréquente avec 39% des parcelles qui
reçoivent de la FO et 9% de l’engrais, mais à des doses plus faibles qu’à Mandoto 1,6 t/ha pour la FO
et 52 kg/ha d’engrais. La fertilisation du riz irrigué n’est pas une priorité pour le plus grand nombre
des producteurs. Les cultures les moins fertilisées sont le manioc et les légumineuses autres que le
haricot, avec respectivement 23% et 18% des parcelles seulement qui reçoivent de la FO et quasiment
aucune qui reçoit de l’engrais. Mais de manière assez étonnante, les parcelles avec FO reçoivent des
doses assez importantes (plus de 5 t/ha pour le manioc), certainement en lien avec des stratégies de
gestion ou de restauration de la fertilité des sols. En ce qui concerne la FO, toutes les autres cultures
sont très fréquemment fertilisées : plus de 90% des parcelles de riz pluvial, maïs, haricot et maraichage ;
les autres tubercules le sont à près de 80%. Et si pour le riz pluvial et le maïs ; les doses moyennes sont
modestes car inférieures à 4 t/ha, elles sont supérieures à 4 t/ha pour les haricots, et supérieures à 5
t/ha pour les autres avec notamment pour les tomates un apport de plus de 7 t/ha. Pour les engrais,
très peu d’apports pour le maïs (6% des parcelles) et pas d’apport pour le riz pluvial (observations pour
Trimestrielle - Edition N° 10
72 parcelles). L’engrais est réservé au maraichage (plus de 75 % des parcelles) et aux haricots (64% des
parcelles). Avec des doses moyennes relativement importantes : plus de 90 kg/ha pour les haricots
verts, 135 kg/ha pour la tomate et 120 kg/ha pour les autres cultures maraichères.
Ainsi, d’une manière générale, à Arivonimamo l’apport de fertilisants est conséquent à la fois en termes
de parcelles concernées et de doses épandues. Riz irrigué, manioc et légumineuses autres que haricot
sont les parents pauvres de la fertilisation, mais avec les rotations, ces cultures bénéficient aussi des
apports, en particulier pour le riz irrigué, car une part importante du maraichage est cultivée sur les
rizières.
Les associations de culture sont plus fréquentes à Mandoto où l’association riz pluvial + maïs domine
très largement. La superficie avec cette association est équivalente à la superficie totale en culture pure.
Et le maïs est la culture que l’on associe le plus avec le riz pluvial, mais aussi le manioc et les légumineuses.
Les parcelles avec une association de ces trois cultures ne sont pas rares. Les pratiques de fertilisation
en culture associée rejoignent celles en culture pure. Ainsi 91% des parcelles avec l’association riz +
maïs reçoivent de la FO et 32% de l’engrais, cependant les doses de FO sont très inférieures (de 700 kg/
ha alors qu’en culture pure elles étaient de plus de 4 t/ha) et il en est de même pour l’engrais.
28
RECHERCHES
Pour les parcelles avec des cultures associées au maïs, un apport en FO est fréquent (plus de 80% des
parcelles pour manioc ou légumineuse et plus de 75% quand il y a les trois cultures). L’engrais est
plus rare, et surtout les doses de FO et engrais sont faibles. A ce stade on peut émettre l’hypothèse
que les EAF qui pratiquent l’association sont moins bien dotées en matière fertilisante. Mais l’analyse
montre que ce n’est pas le cas, il existe bien un coefficient de corrélation négatif entre la quantité de
fumure organique disponible au niveau de l’EAF et le pourcentage de culture associées, mais il est très
faible (-0,11) et si l’on crée des classes de pourcentage de culture associées, il n’y a pas de différence
significative entre les classes pour la dose moyenne de FO. Il semble donc que cela soit la pratique qui
soit ainsi à Mandoto, sur des cultures associées (grandes cultures : riz, maïs, légumineuse ou tubercule),
les apports de FO sont moindres que sur les cultures pures.
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Tableau 6 : Apports de FO et d'engrais sur les cultures associées les plus fréquentes (en kg)
A Arivonimamo, les cultures associées pour les grandes cultures sont moins importantes en nombre
et les superficies sont très petites. Mais on peut tirer les mêmes conclusions que pour Mandoto. Ce
Trimestrielle - Edition N° 10
qui est remarquable dans cette zone, c’est le nombre de parcelles en agroforesterie avec un mélange
d’arbres fruitiers et de cultures avec plus de 120 parcelles. Les cultures sont de tous les types, mais
beaucoup de cultures maraichères, ce qui explique les fortes doses de FO ou d’engrais. Les fruitiers
sont essentiellement des agrumes et sont le résultat d’opérations de développement qui ont vulgarisé
la plantation de ces arbres. La plupart de ces plantations n’est pas encore en pleine production (trop
récentes).
Dans le JAE n° 9, nous avions émis l’hypothèse qu’à Arivonimamo, il y avait deux types d’EAF : l’un avec
des stratégies de fortes disponibilités en FO soutenues par des ambitions de cultures maraichères et un
autre avec des stratégies de moindre disponibilité en FO avec des systèmes de culture plus classiques.
Pour représenter les stratégies nous avons établi des classes selon le pourcentage de la FO utilisée sur
céréales pluviales et sur cultures commerciales. Les résultats sont présentés dans le tableau 8.
29
RECHERCHES
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
>75% 74% 144 88% 4% 37 49%
% FO utilisés sur
cultures commerciales
<=25% 88% 136 91% 12% 63 77%
25% à 75% 9% 90 58% 42% 102 60%
>75% 3% 75 85% 46% 118 81%
Les stratégies des EAF vis-à-vis de l’utilisation de la FO sont très nettement différentes selon les zones
comme on l’a déjà vu ; la première partie du tableau montre qu’à Mandoto 74% des EAF mettent plus
des ¾ de leur FO disponible sur les parcelles avec céréales pluviales (seules ou associées), et ce sont les
EAF avec la plus grande superficie qui font cela. Alors qu’à Arivonimamo seules 4% des EAF mettent
plus de 75% de leur FO sur des parcelles avec céréales pluviales et ce sont les plus petites EAF (superficie
cultivée moyenne de 37 ares) avec certainement des stratégies de sécurité alimentaire.
La deuxième partie du tableau nous permet de constater qu’à Arivonimamo, 46% des EAF mettent
plus de 75% de leur FO sur les cultures commerciales (cultures maraichères, pomme de terre, taro,
patate douce et haricot) et ces EAF ont en moyenne une superficie cultivée supérieure aux autres. Cette
classe est importante, mais il y a aussi une classe d’EAF avec des stratégies basées sur une meilleure
répartition.
A Mandoto, les EAF qui mettent plus de 75% de leur FO sur ce type de cultures commerciales
Trimestrielle - Edition N° 10
(essentiellement le maraichage) sont peu nombreuses (3% des EAF) et ce sont des EAF avec des
superficies plus faibles que les autres. Ce n’est donc pas la stratégie utilisée par les EAF qui ne donnent
pas la quasi exclusivité (<75%) de la FO aux céréales pluviales. Il existe un groupe d’EAF dans les deux
zones qui ne donnent pas l’exclusivité de la FO (>75%) aux céréales pluviales à Mandoto ou aux cultures
commerciales à Arivonimamo. Ce groupe regroupe 23% des EAF à Mandoto et 49% à Arivonimamo.
Ce sont des EAF un peu plus petites que la moyenne de la zone, avec une disponibilité en FO inférieure
à la moyenne de la zone et une répartition de la FO marquée par la stratégie dominante de la zone
mais avec une répartition plus équilibrée et notamment un épandage sur le riz irrigué.
30
RECHERCHES
Tableau 8 : Les EAF avec une stratégie d’utilisation de la FO différente de la stratégie
dominante de la zone
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Il existerait ainsi 3 grandes stratégies d’utilisation de la FO avec à Mandoto la quasi exclusivité de la
FO sur les céréales pluviales (74% des EAF de la zone), à Arivonimamo la quasi exclusivité de la FO
sur les cultures commerciales (46% des EAF) et un groupe avec une répartition plus équilibrée entre les
différentes cultures, y compris sur le riz irrigué.
3. Conclusions et implications pour le développement
La gestion de la fertilité des sols dans ces deux régions contrastées des plateaux d’altitude malagasy passe
d’abord par la production et/ou l’acquisition de fumure organique : il n’y a quasiment aucune EAF sans
apport sur au moins une parcelle cultivée1 . Les résultats montrent qu’environ la moitié de la superficie
cultivée annuellement reçoit de la FO à Mandoto et plus des deux tiers à Arivonimamo. Même si les
doses potentielles sont en dessous des recommandions, avec la rotation des cultures, cela signifie que
l’ensemble du terroir pourrait être fumé plus d’une fois tous les deux ans. Les rizières quand elles sont
cultivées en riz irrigué, ne reçoivent que très rarement de la fumure dans ces zones . La stratégie est
l’inverse de ce qu’on rencontre dans d’autres zones, qui priorisent les bas-fonds, notamment dans les
zones des périmètres irrigués (Lac Alaotra, périmètres sur les Hautes terres, Ambondromisotra…).
Les stratégies de gestion de la fertilité des sols sont, logiquement, de fertiliser en priorité les
cultures les plus exigeantes et les plus rémunératrices : céréales pluviales à Mandoto (riz et maïs) et
les cultures maraichères mais qui sont très marginales dans cette zone ; cultures pour le marché à
Arivonimamo : maraichage, pomme de terre, haricots, patates douces, taros. Et pour les producteurs
Trimestrielle - Edition N° 10
qui achètent des engrais commerciaux (essentiellement engrais minéral), la pratique est d’associer aux
fumures organiques des compléments d’engrais, et ceci très prioritairement sur les cultures les plus
rémunératrices et aussi les plus exigentes. A quelques rares exceptions près, l’apport d’engrais minéral
vient toujours compléter un apport de fumure organique, et c’est près d’un quart de la superficie qui
reçoit engrais et FO à Arivonimamo, et seulement 13% à Mandoto.
Deux principaux engrais minéraux sont utilisés dans les deux zones, le NPK et l’urée. En réalisant les
apports au voisinage des plants, il y a une concentration des éléments nutritifs qui permet à la fois
d’optimiser leur utilisation et de développer des synergies entre produits organiques et minéraux. Cette
efficience des ressources, garantie par une complémentarité des apports incluant une base organique
avec un complément minéral, a déjà été relevée dans de nombreuses autres situations tropicales
(Bekunda et al., 1997). D’autres études sur ces mêmes zones mettent en évidence que la majorité des
fumures organiques utilisées présentent certaines déficiences en éléments majeurs, comme le N et le
P, et que l’utilisation des engrais de synthèse est susceptible de lever (Ben Naâmane et al., 2020, notre
article dans le JAE précédent). Cette pratique est donc à encourager, notamment à travers des messages
1 Dans notre échantillon, seules 2 EAF n’ont pas apporté de FO l’une extrêmement petite (moins de 5 are de SAU) à
Arivonimamo et très pauvre qui a vendu sa FO, une autre à Mandoto qui prend en métayage la terre qu’il cultive.
31
RECHERCHES
de vulgarisation adaptés et complémentaires des ce qui est souvent fait (Razanakoto et al, 2018).
messages « classiques » qui prônent des doses D’abord, les orientations vont certainement
importantes d’engrais. vers des techniques qui permettent d’augmenter
la fumure organique disponible en quantité
L’analyse comparée des deux zones montre et en qualité (étable améliorée, compostage,
des différences dans le recours aux engrais lombricompost, etc), notamment avec des matières
de synthèse, avec à Arivonimamo une quasi premières disponibles localement, plutôt que sur
généralisation de l’engrais (près de 90% des EAF) la base d’achats. Les agriculteurs investissent
et une utilisation moyenne de 30 kg par ha de SAU moins en monétaire et optent pour une stratégie
plus fréquemment sur les cultures maraichères, d’intensification en main d’œuvre (ce qui est le
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
et presque toujours en complément de la fumure cas pour les systèmes de compostage). Ensuite, il
organique, contre environ une exploitation sur est important de mieux valoriser ces différents
deux à Mandoto et une utilisation de 6 kg par types de fertilisation à travers des combinaisons
ha. Sur ce premier site, une plus grande diversité de pratiques.
d’engrais et une utilisation plus importante
de cendres, sous-produit de briqueteries, sont Ce dont il faut être sûr, c’est que les producteurs,
relevées. Également une stratégie d’allocation dans leur très grande majorité, développent
de ressources différenciée apparaît très des stratégies de gestion de la fertilité des
clairement au niveau des fumures organiques sols et les adaptent sur la base de leurs
sur le riz de bas-fonds, beaucoup plus amendé connaissances et savoir-faire et en fonction des
à Arivonimamo, car cette ressource est à la fois conditions biophysiques et de l’environnement
moins limitante et mieux valorisée par les cultures socioéconomique. Si les conditions économiques
maraîchères. A Mandoto, la fumure organique est sont favorables (débouchés, prix suffisamment
moins disponible et moins valorisable autrement rémunérateurs), ils ont recours aux engrais
que par les céréales pluviales, aussi moins commerciaux comme le montre cette étude,
indispensable pour la productivité de ces cultures, mais aussi d’autres (voir par exemple en zone
et est beaucoup mieux valorisée sur le domaine périurbaine d’Antananarivo, N'Dienor et al,
pluvial, sans laquelle aucune mise en valeur de 2011). Or, le plus souvent, dans les actions de
culture exigeante ne serait envisageable. Ainsi, développement et les propositions techniques, les
la recherche doit affiner ses connaissances à fertilisations sont proposées par filière comme
l’échelle du système de culture pour mieux évaluer une sorte de manuel technique (fiche technique
Trimestrielle - Edition N° 10
performances et durabilité à court et long termes par filière) et réfléchies par rapport aux besoins
et accompagner l’intensification écologique propres de la plante ciblée. Ces propositions vont
promue par divers opérateurs de développement ainsi à l’encontre des stratégies paysannes et leur
agricoles (notamment ONG de développement). diffusion reste mitigée.
Cette communication plaide encore une fois Enfin, dans les propositions actuelles pour le
pour une bonne compréhension des EAF, de développement rizicole notamment sur bas-fonds,
leur fonctionnement et de leurs stratégies avant les acteurs de développement misent sur une
de proposer des améliorations adaptées. La intensification rizicole de type révolution verte
fertilisation telle que pratiquée par les producteurs (semences améliorées, voire hybrides, avec des
est un acquis important pour comprendre la doses importantes d’engrais acheté). Les données
durabilité de l’agriculture familiale et pour montrent que les stratégies des paysans intègrent
renforcer la durabilité des EAF. Cela montre à la les rotations avec le riz et les investissements en
fois la technicité des paysans, leur connaissance fertilisation se passent autrement (cultures de
des intrants existants et de leur utilisation. Les contre saison, autres cultures). Les dépenses en
propositions d’innovations pour le développement semences, et surtout si on enlève la valorisation
doivent s’appuyer sur l’existant contrairement à de l’autoproduction, restent très faibles. Ces
32
RECHERCHES
propositions techniques s’éloignent encore une MAEP, 2006. Stratégie nationale pour le développement
fois des stratégies paysannes. de l’utilisation de l’engrais. Ministère de l'Agriculture, de
l'Elevage et de la Pêche. Antananarivo Mai 2006. 48 p. +
annexes p. http://www.mpae.gov.mg/communication/
Mais cette analyse des stratégies d’utilisation wp-content/uploads/sites/2/2016/11/stra tegie_dvlpt_
des fertilisants dans la gestion de la fertilité des utilisation_engrais_1.pdf
sols, reste encore incomplète car si les aspects
techniques (quantités et modalités) ont été traités, N'Diénor M., Aubry C. et Rabeharisoa L., 2011. Stratégies
de construction de la fertilité des terres par les agriculteurs
les aspects économiques ne l’ont pas été. Cela dans les systèmes maraîchers périurbains d'Antananarivo
sera le thème du prochain et dernier article qui (Madagascar). Cahiers Agricultures, Vol. 20 No 4 (2011)
mettra en relation les pratiques de gestion de la doi:https://doi.org/10.1684/agr.2011.0497
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
fertilité et les performances, notamment en terme
de marge brute aux niveaux parcelles et cultures Poirier N. et Nuninger L., 2012. Techniques d'amendement
agraire et témoins matériels. Pour une approche
et de revenu au niveau EAF. archéologique des espaces agraires anciens. Histoire &
Sociétés Rurales, 38 (2): 11-50. doi:10.3917/hsr.038.0011
Trimestrielle - Edition N° 10
BIBLIOGRAPHIE Biology and Fertility Institute of the International Centre
for Tropical Agriculture, 263 p.
Bekunda M.A., Bationo A., Ssali H., 1997. Soil fertility
management in Africa: a review of selecterd research
trials. In: Replenishing Soil Fertility in Africa, SSSA Special
Publication Nomber 51, 63-79.
33
DOSSIER
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
de Bondy, il épouse Jacqueline qui l’accompagnera durant toute sa
carrière. Son service civil se déroule au Sénégal de 1967 à 1969 ; à la
grande station IRAT (Institut de Recherche Agronomique Tropicale)
de Bambey, il préfère une affectation en brousse, Sefa. Il y refait
une carte pédologique et s’attaque à l’amélioration du travail du
sol en traction animale des rizières de Casamance.
En 1969, l’IRAT l’affecte dans l’Ouest Cameroun à Dschang où il monte et accompagne des projets
rizicoles sur les plaines des M’Bos et de N’Dop. Il y conduit des travaux sur les systèmes de culture
et l’amélioration variétale du riz pluvial et irrigué. Ses analyses des interactions entre génotype et
environnement, soulignant l’influence majeure de la fertilité des sols sur les attaques de pyriculariose,
le font remarquer et sont toujours citées.
Trimestrielle - Edition N° 10
que leurs activités avec les sans terres du Nordeste, ne sont pas du goût de tous. Dans ces régions du
Brésil, à cette époque, le message est sans ambiguïté, il faut partir, vite. L’EMBRAPA - CNPAF (Centre
National Riz & Haricot) de Goiânia intéressé par leurs résultats les accueille.
1982, nouveau milieu, donc. Les Cerrados du Centre Ouest brésilien (Mato Grosso, Goiás,
Tocantins…), un biome de savanes arborées, plus de 200 millions d’hectares sur lequel avance un
irrépressible front pionnier d’élevage extensif et d’agriculture mécanisée. Des sols latéritiques, acides,
vides de nutriments… longtemps considérés comme impropres à toute forme d’agriculture rentable.
Peu importe, la conquête de la terre est en marche : défriche, riz pluvial, monoculture de soja sur
travail du sol simplifié avec des outils à disques … semelle de labour, érosion ! Une dévastation à
échelle industrielle. Le diagnostic est vite posé, les premières recommandations, simples, adaptées
suivent : combiner rotation de cultures commerciales (soja/riz, soja/maïs) et succession annuelle où à
la culture commerciale, succède une safrinha secondaire (maïs, sorgho ou mil) avec des préparations
de sols profondes (labour dressé aux socs, scarification avec des outils à dents). Ces systèmes de travail
du sol profond ont du succès et sont très largement diffusés. Mais l’avènement du Semis Direct dans
les régions subtropicales du sud du Brésil va venir changer le paradigme des travaux de Lucien et
Serge.
34
DOSSIER
L’invention, le Semis direct sur Couverture Végétal (SCV) en milieu tropical
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
1985, un producteur éclairé du Mato Grosso, Munefumi
Matsubara, leur ouvre grand les portes de sa fazenda … et sa
bourse. Des alternatives en semis direct sont rigoureusement
comparées aux systèmes avec travail du sol profond ou
superficiel. Au cours de ces cinq années décisives, les
systèmes en semis direct sont plus productifs et rentables que les systèmes conventionnels ; ils sont
aussi et avant tout les seuls à permettre une augmentation, de plus de 20%, des teneurs de matière
organique des sols. Les systèmes sous couvert végétal (SCV) sont lancés, des étapes cruciales sont
franchies avec l’insertion, en succession, en association des cultures commerciales, d’espèces telles
que le sorgho, mil, les crotalaires, le Brachiaria… qui produisent de fortes biomasses valorisant des
pluies marginales et surtout l’eau du sol. Les principes techniques des systèmes SCV permettant de
respecter les lois de fonctionnement des agroécosystèmes tropicaux sont posés, formalisés dans des
documents scientifiques et didactiques. L’analogie centrale avec le fonctionnement d’un écosystème
forestier tropical, se nourrissant sur lui-même dans des recyclages continus entre biomasses vivantes
et mortes grâce à l’activité biologiques des sols offre un cadre fécond à la créativité agronomique
de Lucien Séguy. Les couverts végétaux se présentent comme des pompes biologiques , recyclant les
éléments minéraux, protégeant le sol des pluies tropicales, préservant une température optimale pour
l’activité biologique et l’absorption racinaire … tout le contraire des sols mis à nu par le labour ou des
techniques culturales simplifiées, incompatibles avec une gestion durable de la ressource sol.
Ces travaux sont conduits via de multiples partenariats, en interaction avec une diffusion active de ses
Trimestrielle - Edition N° 10
résultats par les fondations et associations de producteurs. Avant l’an 2000, les SCV couvrent déjà -et
ont sauvé- des millions d’hectares de terres agricoles dans les états de Goias, Mato Grosso, Tocantins,
Maranhão, Piauï … recoupant une vaste diversité pédoclimatique tropicale dans laquelle les SCV se
diversifient. Ils inventent de nouvelles alternatives, sur des couvertures végétales maintenues vivantes
sous la culture, encore plus efficientes, comme le soja sur couvert permanent de chiendent ( Cynodon
dactylon) ou le maïs sur arachide pérenne ( Arachis pintoï) . Avec le groupe Maeda, les SCV sont
adaptés à la culture cotonnière, le préalable à son essor rapide dans le Mato Grosso.
35
DOSSIER
Lucien et Serge ont inspiré des milliers d’agriculteurs, agronomes et chercheurs brésiliens sur la base
de leurs travaux précurseurs et visionnaires sur les systèmes sous couvert végétal pour les écologies
tropicales du Brésil. Ils ont accueilli des visites de tous pays et continents se faisant les premiers et les
meilleurs ambassadeurs des SCV du Brésil.
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
agronomes et de projets de développement publics et privés
dans de nombreux pays tropicaux d’Afrique, d’Asie du Sud-
Est. Madagascar, île continent aux innombrables écosystèmes
tropicaux, sera grâce aux partenariats tissés et aux financements
de nombreux projets par l’Agence Française de Développement
(AFD), une antichambre pour les petites paysanneries de ces
techniques nées dans les dynamiques agro-industrielles du Brésil.
D’autres projets suivront, principalement sur financements de
l’AFD, en Côte d’Ivoire, Gabon, Cameroun, Sénégal, Tunisie,
Vietnam, Laos, Cambodge… permettant de décliner les
principes des SCV en pratiques adaptées aux conditions sociales d’agricultures familiales parmi les
plusdémunies de la planète. Avec le Pr João Carlos Sá, de l’Université de Ponta Grossa (Parana,
Brésil), ils organiseront, toujours grâce aux financements de l’AFD, de 2006 à 2011, six éditions d’une
formation internationale sur les SCV et la dynamique de matière organique du sol, rassemblant
plus de 90 agronomes, vulgarisateurs et chercheurs travaillant en partenariat avec le CIRAD dans
plus de 13 pays du Sud. Tous ces pays, et d’autres, ne peuvent plus ignorer cette information clef,
pour l’humanité : on sait dorénavant faire pousser, sous les tropiques, les grandes cultures annuelles
pluviales, de façon durable, rentable et accessible. Un nouveau pilier est disponible pour renforcer
la sécurité alimentaire mondiale et l’autonomie des pays du Sud. En 2009, à sa retraite du Cirad, il
poursuit ses appuis à travers la planète auprès des acteurs convaincus par la pertinence des voies
agronomiques qu’il continue d’ouvrir. Des réseaux se montent qu’il anime, partageant sa vision, ses
Trimestrielle - Edition N° 10
idées, sa créativité et son humour. A l’invitation d’un agronome du Québec, Louis Pérusse, il se
lance dans l’adaptation des SCV aux conditions continentales ; ils remettent à l’honneur les blés
d’hiver semés à la volée dans le soja trois semaines avant la récolte, gagnant un mois de croissance
avant l’hiver et avançant la récolte d’un mois. Ce calendrier, profondément remanié par rapport aux
schémas basés exclusivement sur les cultures de printemps, ouvre une fenêtre pour implanter à la volée
dans les blés murissant des mélanges de plantes de couverture. Ces derniers apportent alors ici, comme
partout, de façon intégrée, par et pour le biologique, recharge en matière organique et de multiples
fonctions écosystémiques telles que la fixation azotée par les légumineuses, la stimulation de fonctions
microbiennes symbiotiques et non symbiotiques, la création et l’entretien d’une forte macroporosité
par les effets combinés de puissants systèmes racinaires et la stimulation d’une forte activité des vers
de terre, le contrôle des adventices par la couverture du sol… .
Au Sud du Brésil, dans les États de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul, il travaille avec de jeunes
agronomes brésiliens à la conception et à la diffusion sur des centaines de milliers d’hectares, des
couverts multifonctionnels à base de mélanges complexes composés de 10 espèces et plus. Il est invité
en 2009 en Argentine et en Uruguay par Jean Waymel , agriculteur d’origine française, avec qui il
développe des SCV diversifiés intégrant le semis à la volée sur couvert végétal, y compris de culture à
grosses graines comme le soja.
36
DOSSIER
Ces techniques pratiquées à très grande échelle accroissent les vitesses d’implantation des cultures et
la résilience des systèmes de production dans un climat de plus en plus variable.
Sa passion pour la diversité végétale, ses talents de naturaliste, l’ont amené à explorer inlassablement
de nombreuses espèces végétales tempérées et tropicales, à proposer des mélanges de plus en plus
efficaces alliant cultures annuelles et pérennes, et aux fonctionnalités et morphologies aériennes et
racinaires diversifiées, le cœur des SCV.
Même en France !
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Il initie également dès le milieu des années 1990 des échanges avec quelques agriculteurs français, en
métropole et plus tard dans des départements et territoires d’Outre-Mer (Réunion, Antilles, Nouvelle
Calédonie).
Avec ces pionniers des SCV en France [1] , il expérimente dans des écologies aussi diverses que les rives
et coteaux de la Loire, la Champagne berrichonne, les collines du Gers, la Camargue, les versants de la
Montagne Pelée… dans des systèmes céréaliers, de polyculture élevage, des bananeraies, en conditions
pluviales ou irriguées.
Quelles espèces et associations d’espèces pour les couverts d’hiver, d’été, en fonction des conditions de
milieux… Comment les semer dans les différentes cultures, en dérobée, en succession, à quelle date, à
quelle dose… ? Ce savoir-faire et ces connaissances sont à défricher et organiser par des essais. Tous
ces agriculteurs rallongent, diversifient leurs rotations, intègrent des légumineuses via les cultures
(pois d’hiver, de printemps, soja…) et les couverts, éventuellement fourragers (vesce, féverole, gesse,
trèfles…). Les fermes d’élevage conquièrent par-là leur autonomie en protéines. Aux techniques de
couvertures mortes, tuées avant semis de la culture, viennent, ici aussi, s’ajouter des couverts vivants
de luzerne sur argilo-calcaire, de trèfle ou de lotier sur les sols plus acides ou hydromorphes, faisant
encore gagner en coût et en flexibilité face aux aléas du climat et des marchés.
Trimestrielle - Edition N° 10
Ils testent et mettent en commun les acquis, sur leurs fonds propres, un réseau se coopte pour avancer.
Lucien l’anime en structurant les essais et en maintenant le cap agrologique des SCV, même quand les
résultats escomptés ne sont pas immédiatement au rendez-vous.
Les SCV de mieux en mieux maîtrisés intègrent progressivement l’ensemble des terres cultivées sur
ces fermes, remaniant profondément leur système d’exploitation. Les parcs matériels se simplifient,
les grosses puissances de traction pour les préparations de sol n’ont plus lieu d’être. Il faut aussi être
autonome pour ses productions de semences de couverts, la législation interdisant dons, échanges
ou ventes entre agriculteurs, même pour des espèces et variétés libres de droit d’obtenteurs ou plus
disponibles sur le marché ; les semences commerciales ne sont pas forcément optimales pour les
systèmes et restent onéreuses, utilisées à bonne dose.
Plus aucune de ces fermes n’utilise d’insecticides, que ce soit en foliaire, au sol ou en traitement de
semences, sur quelques cultures que ce soient, ni d’anti-limaces. Des fongicides ne sont appliqués
qu’exceptionnellement sur les céréales à paille et colza, au quart ou à la moitié des doses préconisées,
lorsque des conditions climatiques propices au développement des champignons pathogènes
surviennent à un stade critique de ces cultures. Les herbicides demeurent, à faible dose, principalement
37
DOSSIER
pour le contrôle des couverts. Les apports d’azote minéral sur céréales à paille et maïs diminuent
progressivement pour atteindre 10 à 12 unités par tonne de grains, une efficience quasi doublée en
comparaison des exploitations avoisinantes. Toutes ces fermes qui pratiquent les SCV depuis plus de
15 ans obtiennent les meilleures performances techniques (rendement, qualité nutritive et sanitaire
des grains) dans leurs régions respectives ; elles ont, dans le même temps, réduit leurs charges en
intrant et carburant de 39%, par rapport à des itinéraires dits raisonnés (travail du sol simplifié, dose
d’intrants modérée), à 58%, par rapport à des références ayant recours au travail du sol conventionnel
et aux pleines doses d’intrants.
Sur tous ces résultats, Lucien communique beaucoup, avec fougue et passion … même si, après une
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
vie au contact des acteurs du développement et de la recherche au Brésil, l’inertie, parfois bavarde et
suffisante, de l’agriculture française ne cesse de le surprendre au vue de la crise dans laquelle se débat
une immense majorité de producteurs et l’état général de nos sols.
Trimestrielle - Edition N° 10
symbole le plus emblématique d’un changement de modèle radical; sûrement parce qu’il est celui qui
pose le plus de problèmes de mise en oeuvre dans les phases de transition et pour certaines cultures
pour lesquelles des référentiels techniques solides manquent encore. Il est pourtant celui pour lequel la
connaissance scientifique est la plus solidement établie ; travailler le sol, même de façon superficielle
et épisodique, nuit partout, que l’on soit dans la Nièvre, au Québec ou au cœur du Mato Grosso, à la
vie du sol et aux capacités de stockage et de restitution de l’énergie qu’elle construit. Travailler le sol,
c’est se condamner à faire un travail de Pénélope, toujours dé faire dans la nuit du sol ce que les plantes
photosynthétis(s)ent le jour. C’est se condamner à rester dans un entre-deux technique, à se couper
d’une effectivité pleine, entière et continue des processus naturels qui viennent organiser la fertilité
des sols et contribuer au contrôle des bio-agresseurs de nos cultures. C’est par le respect de ces 3
principes pratiques des SCV que les apports importants et continus de matière organique nourrissent
une biodiversité microbienne et invertébrée de plus en plus riche, complexe et foisonnante et que
peuvent s’auto-organiser nos sols cultivés.
Développer des systèmes de culture et de production en SCV requiert tout d’abord d’abandonner l’idée
de recette applicable pour se lancer dans l’exploration libre mais méthodique d’un immense champ de
possibles. Cela demande d’imaginer et apprendre à mener des rotations répondant à nos objectifs de
38
DOSSIER
production où cultures et couverts végétaux se relaient pour tendre vers des sols couverts 365 jours
sur 365. Cela demande aussi, au début, de l’audace pour rompre les amarres avec le confort rassurant
des pratiques conventionnelles, instituées. C’est accepter d’en passer par des décisions contraires à
ce que l’on nous a appris, à ce que l’on nous recommande. C’est refuser de voir un salut dans la «
high tech » prétendument révolutionnaire que l’on impose à des agriculteurs surendettés, pour oser
la complexité du vivant et l’autonomie. C’est entrer, pour la première fois avec le semoir dans un
« gros » couvert végétal, plus tard préférer semer à la volée dans des couverts vivants ou par-dessus
des cultures murissantes … en se demandant tout de même, pour une fois à l’unisson avec les voisins,
si l’on n’est pas devenu un peu dingo ! C’est aussi se retenir de faire cet insecticide en acceptant l’idée
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
qu’il y a plus, à terme, à y perdre qu’à y gagner, préférer nourrir des ravageurs en les leurrant plutôt
que de les tuer et renoncer à leurs ennemis naturels, etc. Toutes ces remises en questions des pratiques
courantes dissolvent, l’un après l’autre, les repères en vigueur et s’apparentent au franchissement d’un
miroir, derrière lequel se cueillent les bénéfices que nous servent les processus naturels activés ; un
miroir derrière lequel aussi les systèmes avec travail du sol apparaissent pour ce qu’ils sont, absurdes et
contre-nature. Cette transformation de nos façons de cultiver nous a transformé autant que nos sols et
nos exploitations, et pourtant nous sommes conscients d’être à l’orée d’un immense territoire que nous
commençons à peine à explorer, source de confiance en l’avenir et d’une humilité heureuse. Lucien
Séguy voulait avancer sans relâche dans ce territoire de la biodiversité et du génie végétal au service
d’une agriculture toujours plus propre et performante. La recherche éprouve aussi des difficultés pour
s’emparer de ces étranges objets techniques que sont les systèmes de culture à base de semis direct
sur couverture végétale ; ces objets techniques déroutent car ils tirent leur efficience des processus
naturels qu’ils activent ; des processus naturels qui, dans la durée, organisent nos sols et donnent aux
écosystèmes que nous cultivons leurs grandes fonctions de gestion de la fertilité et d’autorégulation
des nuisibles divers, adventices, phytophages, maladies …
Cette médiation essentielle du naturel crée une distance entre le geste pratique et l’effectivité associée,
mesurable dans nos parcelles et nos fermes. Elle rend ainsi les approches factorielles de l’agronomie
classique, fondées sur les analyses des liens présupposés entre pratique et effet, impropres à l’étude et
à la conception de ces systèmes. Car ceux-ci ne résultent pas d’une combinaison de facteurs mais sont
création émergente d’un milieu cultivé complexe et transformation concomitante des perceptions et
Trimestrielle - Edition N° 10
connaissances de celles et ceux qui les pratiquent.
C’est pour nous avoir aidés à nous engager dans cette double transformation que nous tenions ici
à te remercier, Lucien.
Puisse ton formidable legs être compris et repris par des acteurs et politiques, clairvoyants, courageux
et ambitieux.
[1]Jean-Claude Quillet, Hubert Charpentier, Christian Abadie, Sandrine Gallon & Alain Coudrillier, Noël & Lydie
Deneuville, Bertrand et Patrick Aubéry …
Article publié sous une autre mise en page dans la revue TCS (Techniques Culturales Simplifiées) - « Agronomie, Écologie et Innovation
- TCS N° 108 Juin-Juillet-Août 2020 »
Article rédigé avec les sources de http://open-library.cirad.fr
39
SUCCESS STORIES
D epuis le 20 juillet 2018, le GSDM assure leaders soient issus du lieu d’intervention leur
la mise en œuvre du projet intitulé « permet de parler le même langage ; alors que
MANITATRA II ». Ce projet est financé par l’UE les techniciens se heurtent généralement aux
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
par l’intermédiaire du COMESA dans le cadre barrières des logiques paysannes qui peuvent être
du programme Global Climate Change Alliance difficiles à percer. Par ailleurs, l’approche « paysan
Plus (GCCA+) des pays d’Afrique, des Caraïbes à paysan » présente un coût nettement réduit
et du Pacifique (Intra ACP), conformément à par rapport à l’approche « technicien à paysan
l’accord de subvention N°CC0004/18 signé par le ». De plus, les paysans leaders resteront toujours
COMESA et le GSDM. Le projet est prévu pour dans leur village une fois le projet terminé.
couvrir une durée de 3 ans. Ainsi, ils resteront des personnes ressources, et
continueront à donner des conseils aux paysans
L’objectif général du projet étant de soutenir autour.
la mise à l’échelle de l’Agriculture Climato-
Intelligente (ACI) pour atténuer les changements Choix des paysans leaders
Climatiques et améliorer la sécurité alimentaire
à Madagascar. Pour cela, il cible la région de L’identification des paysans leaders constituait
Vakinankaratra, et couvre deux écosystèmes la première mission de l’équipe au tout début du
différentes : le Moyen-Ouest et les Hautes Terres projet. C’est une étape cruciale, car un mauvais
en intervenant successivement au niveau de 07 choix de paysan leader fait perdre beaucoup de
et 10 Communes Rurales. Et pour atteindre ces temps au projet. Un certain nombre de critères a
objectifs, le projet a opté pour une approche de été mis en place afin de réduire au maximum ce
diffusion « paysan à paysan ». Cette approche risque.
a été déjà testée durant la période du projet • Être paysan de profession (agriculteur,
MANITATRA I (2014 -2015) dans les régions du éleveur, …)
Trimestrielle - Edition N° 10
Vakinankaratra et du Sud - Est. • Possession d’une parcelle individuelle d’une
surface de 0,5 à 1ha dédiée à la pratique
Les paysans leaders (ou paysans relais) sont les personnelle de l’agro-écologie.
pierres angulaires de l’approche de diffusion • Être majeur
de paysan à paysan. Ils ont été choisis et formés • Savoir compter, lire et écrire
par les techniciens du projet, l’équipe du GSDM • Ayant des expériences en matière d’animation
central et d’autres partenaires (Ceffel, ADTRM/ et/ou vulgarisation des techniques innovantes
APDRA, DRAEP Vakinankaratra) afin d’acquérir • Ayant une sorte de leadership naturel auprès
les bagages nécessaires à la transmission des des villageois
connaissances agro-écologiques à leurs paires. • Habitant dans la zone d’intervention du
projet
Pourquoi cette éthodologie
• De bonne réputation
• Sans affiliation directe avec un parti politique
La proximité des paysans leaders avec les • Non engagé avec d’autres organismes
producteurs autour permet de corriger les limites
de l’approche « technicien à paysan » qui ne
garantit pas toujours une pérennité des actions
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SUCCESS STORIES
Rôle des paysans leaders et fonctionnement d'un autant les dérouter de leur vocation de paysan. Ils
CEP ne sont pas des salariés du projet. C’est d’ailleurs
pour cette raison que le GSDM a fixé par contrat
Les responsabilités des paysans leaders consistent une durée effective de travail maximal de sept
à appuyer les techniciens dans le processus jours par mois. Par contre, le projet leur accorde
de diffusion de l’agro-écologie. Ils doivent une compensation journalière de 10.000Ar pour
obligatoirement gérer au sein de leur exploitation leurs interventions.
un Champ Ecole Paysanne (CEP) individuel où
ils vont pratiquer les différentes pratiques agro- Rôles des techiciens
écologiques promues par le projet. Les mises en
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
place au niveau du CEP permet aux techniciens Pour MANITATRA II, ce sont les paysans leaders
du projet de former et d'assurer le recyclage qui assurent la diffusion des techniques agro-
des diverses pratiques agro-écologiques. Les écologiques promues par le projet. Les techniciens
formations des paysans leaders sont alors jouent le rôle de facilitateur afin que les paysans
beaucoup plus pratiques que théoriques. Ce qui leaders puissent atteindre leurs objectifs. Ainsi, les
est plus appropriée pour ces paysans leaders. Ils techniciens encadrent techniquement les paysans
doivent, pour ce faire, appliquer rigoureusement leaders. Ils ont dans ce sens la responsabilité
les directives fournies par les techniciens. Les de faire des suivis des actions menées par les
paysans leaders assurent l’intégralité des charges paysans leaders et de les appuyer durant les
lors des mises en place et entretiens des cultures séances de conseil, d’animation et de formation.
au niveau du CEP, que ce soit en intrants ou main Ils effectuent également des appuis sur la mise
d’œuvre. Seules les semences de plantes de en place des champs écoles paysans (CEP) sur
couvertures qui ne sont pas disponibles dans la lesquels les riverains vont pouvoir apprécier
zone que le projet leur fourni. les étendues de l’application des techniques
appliqués en agro-écologie. Les techniciens
Les CEP servent de lieu de formation et de visites fixent les objectifs à atteindre selon les attentes
échanges, organisées par les paysans leaders du projet. Pour MANITATRA II, le ratio moyen est
pour leurs paires. A la suite de ces sessions, les d’un technicien pour 7 paysans leaders encadrés.
paysans intéressés par une ou plusieurs pratiques
agro-écologiques au niveau des CEP seront Perspectives pour les paysans leaders
accompagnés par les paysans leaders afin de les
Trimestrielle - Edition N° 10
dupliquer au sein de leur exploitation respective. Ces paysans leaders sont formés régulièrement
Les paysans leaders couvrent généralement une sur diverses thématiques par le GSDM. Cela,
zone dans un rayon de cinq à dix kilomètres afin qu’ils puissent assumer pleinement leurs
autour de leur lieu de résidence ; soit trois à responsabilités. L’objectif étant qu’ils puissent,
quatre fokontany en moyenne. Ils sont, à cet à plus long terme devenir prestataire en tant
effet équipés d’une bicyclette comme moyen de que paysan formateur au niveau des entités qui
locomotion et des bâches de formation comme auront besoin de leurs services, à l’instar du FDA.
outils lors des séances d’animation. Le projet leur
dote aussi des bonbonnes et des pulvérisateurs
leur permettant d’appliquer certaine techniques
particulières comme la fabrication de compost
liquide et les « ady gasy ».
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SUCCESS STORIES
Laissons parler les paysans
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Vakinankaratra, la pratique du riz pluvial sur de riz pluvial, le maïs et la production de plants
mulch de mucuna ont vraiment fait ses preuves. d’arbre en pépinière ou ça m’a permis non
Le riz pluvial associé au cajanus, quoiqu’en cours seulement de produire des beaux plants mais aussi
d’essais a déjà fourni des résultats probants. de beaucoup réduire l’invasion des ravageurs.
Les différents niveaux d’aménagement couplés
avec les reboisements et la gestion des matières Ensuite, Razafindrakoto
organiques sont tout autant de techniques que Edouard d’Ambohibolakely
les quelques paysans des communes de Fidirana, de la commune de Fidirana
d’Antohobe et de Soavina vont nous délivrer dans stipule que parmi toutes
ce numéro 10 du journal de l’agro-écologie. les techniques vulgarisées
par le GSDM à travers le
D’abord, M. projet MANITATRA II,
Rakotomanantsoa Modeste la plantation de mucuna
d’Ambohibolakely, de la et celle qui apporte le plus
commune rurale de Fidirana d’intérêts.
témoigne de son intérêt
quant à la pratique du riz Quand je n’avais utilisé que des fumiers de parc,
pluvial sur mulch de mucuna. les fano (heteronicus) et ses vers blancs ont causé
beaucoup de dégât sur mes riz et mes maïs.
Actuellement, en combinant mulch de mucuna
Avant cette pratique, nous ne pouvions produire et utilisation du lombricomposte, nous avons pu
Trimestrielle - Edition N° 10
qu’autour de 1t/ha pour le riz pluvial. Actuellement, doubler notre production. Elle permet en effet
le rendement peut aller jusqu’à 5t/ha. Le mucuna d’éliminer les menaces dues aux attaques des
n’agit pas seulement sur la restauration de la ravageurs de culture et entretien la fertilité du sol.
fertilité du sol mais aussi sur le nettoyage des
parcelles par rapport aux différentes pestes De son côté,
végétales qui envahissaient nos parcelles. Il s’est Rakotoarijaona Alfred
avéré que le mucuna permet aussi de lutter contre affirme que donner
certains ravageurs de culture. Pour nous, loin fut le l’exemple sur ses habitudes
temps où nous étions frustrés de la plantation de culturales mis en pratique
cette légumineuse non comestible qui accaparait au niveau de son champ
nos surfaces cultivables car vu l’intérêt qu’y école paysan (CEP) fait
portent le grand nombre, la plantation de celle-ci partie de son quotidien de
nous engendre désormais des revenus d’appoints. paysan leader (PL).
comme moyen de gestion durable du sol. des versants autour de mes bassins piscicoles.
L’association du riz pluvial avec le cajanus lui a Nous nous y sommes mis pour combattre le fléau
donné un excellent résultat. Semé au moment d’érosion qui, à chaque période de pluie, menacent
de la montaison, le cajanus associé au riz pluvial d’ensabler nos bassins. Les versants aménagés
n’a manifesté aucune sorte de concurrence. Il sont actuellement stabilisés avec des haies vives de
ne se ramifie qu’après la récolte du riz. Durant cajanus renforcés avec du brachiaria et diverses
l’intersaison, il se développent de manière à plantes de couverture.
couvrir les parcelles et les préservent des invasions
d’adventices. Le cajanus est connu pour son travail Depuis longtemps, je pratique aussi le
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
naturel du sol et une production de biomasse lombricompostage. Il m’a permis de réduire
pouvant servir au compostage. En fin de cycle, l’utilisation des produits chimiques et surtout
il fournit aussi d’énorme quantité bois pour les d’alléger les peines relatives au transport vers
cuissons. les parcelles. Quand la population de lombrics
augmente, il m’arrive de les réguler en prélevant
Pour M. Ralaisa Pierre une certaine quantité pour nourrir mes poissons.
Solofoniaina, l’application
de l’agriculture de
conservation a permis de Du côté de la commune
mieux gérer ses parcelles d’Antohobe, Mme
surtout vis-à-vis des Rafanjanirina Jeanne
phénomènes d’érosion. Philomène a entrepris la
restauration de la fertilité
de ses parcelles après
J’avais mis en place des courbes de niveau sur mes quelque hésitation.
parcelles puis j’ai installé de couverture végétale
comme le mucuna. Depuis, je ne travaille plus Il y a 2 ans, le technicien du projet Manitatra
mes terres et les sarclages sont désormais moins travaillant dans notre commune nous a animé
contraignants. Je me suis également aperçu que sur les techniques de restauration de la fertilité du
les effets du striga se sont beaucoup amoindris. sol. Au début, je n’étais pas vraiment convaincue
Comme résultats, si avant, pour le riz pluvial, nous du bien-fondé de ces techniques mais après
Trimestrielle - Edition N° 10
ne pouvons obtenir qu’environ 1t/ha, maintenant avoir assisté à une visite échange au niveau du
nous arrivons à produire 40kg de paddy par are, site d’Ivory et après avoir constaté la réussite de
soit dans les 4t/ha. J’ai entrepris ces travaux car je mon frère sur le reboisement, j’ai décidé de m’y
vise surtout l’avenir de mes enfants : Je dois être en mettre. Nous avons adopté le lombricompostage
mesure de leur léguer de la bonne terre) ». et la fabrication de biopesticide. Récemment, nous
avons constaté que l’association de mucuna avec
Rabemanantsoa Gilbert, le maïs permet de protéger ces derniers contre les
d’Ankily, du Fokontany attaques de chenilles.
d’Antampondravola, un
alevineur professionnel Avant nous avons comme habitude d’utiliser du
avait bénéficié des appuis cendre du riz pluvial et nous n’avons pu obtenir
sur la protection des bassins que 240kg de paddy par are. Après l’utilisation du
versants autour de ses lombricompost, la même surface nous a donné
bassins piscicoles. 320kg à 400kg. Sur la production de tomate, avant
nous ne pouvons faire que 4 récoltes, maintenant
Les appuis du projet MANITATRA II m’a permis avec le lombricompost, ça peut aller jusqu’à 6
de mettre à jour mes techniques d’alevinage. voire 7 récoltes.
Mais le plus important était ces aménagements
43
SUCCESS STORIES
A Soavina, Rasoanindrina Wivine était pris d’étau par une grande parcelle qu’elle
avait prévu d’abandonner car elle ne lui permettait plus de produire grand-chose.
En effet ladite parcelle était non seulement dégradé mais était aussi envahi par
le striga et le kidoron’alika (Acantospermum austral). A la suite d’une réunion de
sensibilisation organisée par le technicien posté à Soavina, j’avais décidé d’y planter
du mucuna et du Stylosanthes associé avec un peu de maïs et du riz pluvial. Dès la
première année, une amélioration du rendement en riz s’était fait ressentir. A la
deuxième année, malgré la sécheresse, le riz était d’une très bonne végétation mais l’insuffisance de
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
pluie au moment de la floraison dans notre région ne nous a pas permis d’obtenir des graines.
Trimestrielle - Edition N° 10
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ACTUALITES
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Un film d’animation 3D sur l’intégration de l’Agro-écologie en milieu scolaire pour la
vulgarisation de l’Agro-écologie au niveau national
Equipe GSDM
Trimestrielle - Edition N° 10
Climat), le GSDM s’est lancé dans la production développement impliqués œuvrant dans le secteur
et la réalisation d’un film d’animation 3D sur la du développement durable.
base de son livret ludique, un guide de formation
conçu pour l’apprentissage de l’Agro-écologie L’intégration de l’Agro-écologie en milieu scolaire
et de l’éducation environnementale en milieu a été initiée par le GSDM en 2017 au travers du
projet PAPAM, sur financement de l’AFD. Il était
scolaire. L’objectif étant de renforcer la promotion de
l’Agriculture Climato-Intelligente au niveau nationalprévu de sélectionner 6 établissements publics
et/ou privés de niveau collège dans la région
et d’appuyer la prise en compte de l’Agro-écologie dans
les politiques publiques et les projets/programmes. du Vakinankaratra. Au travers des activités
parascolaires, l’idée était de former des enseignants
Dans ce sens, ce film d’animation 3D constitue un outil
de plaidoyer, mais également un support de formation,pour assurer le transfert de connaissances aux
d’animation/sensibilisation. élèves de 6ème et 5ème. Avec les acquis de WWF,
membre du GSDM et la collaboration de l’OEMC
L’idée d’intégrer l’Agro-écologie dans tous types de auprès du Ministère de l’Education Nationale,
formation, essentiellement dans l’enseignement de de l’Enseignement Technique et Professionnel,
base à Madagascar, a été évoquée depuis bien des un document de concept note a été élaboré
années lors des différents ateliers et évènements pour la mise en œuvre d’une phase pilote. De la
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mission de diagnostic visant l’identification des établissements
bénéficiaires, aux missions de formation, de conception de supports et de
suivi, les étapes de la mise en œuvre ont été réalisées sous l’égide de la Direction
Régionale de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche et de la Direction Régionale de
l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et Professionnel. Un atelier bilan a
été organisé à la fin de l’année scolaire 2017-2018 pour évaluer et mesurer les impacts de ce
mode « d’éducation à l’inverse » où les enfants forment leurs parents pour un changement de
paradigme.
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Le succès de la phase pilote a tout particulièrement suscité l’attention de nombreux partenaires
techniques et financiers souhaitant investir dans l’éducation des jeunes dans le cadre du développement
durable. Une extension des activités a été ainsi programmée au travers du projet MANITATRA II,
sur financement du COMESA/Union Européenne pour 3 années scolaires consécutives : 2018/2019
- 2019/2020 et 2020/2021. Six (6) nouveaux établissements ont été sélectionnés selon les critères du
projet. Pour la pérennisation des actions, le projet MANITATRA II a maintenu l’appui technique au
niveau des écoles PAPAM. A l’issu de l’atelier bilan organisé à la fin de l’année scolaire 2018-
2019, la sollicitation du GIZ/ProSol, sur financement de la Coopération Allemande a emmené à
l’extension des activités au profit de 8 nouveaux établissements dans la Région Boeny.
Les bénéficiaires directes sont actuellement au nombre de 3897 élèves, répartis au niveau
de 20 établissements dont 3 047 dans la région de Vakinankaratra et 850 dans la région
Boeny. Cette éducation à l’inverse touche également les parents, le corps éducatif, les
paysans aux alentours, mais aussi les acteurs de développement et les décideurs.
Trimestrielle - Edition N° 10
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AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO
L
Réunion du comité de Pilotage du projet
e Comité de pilotage du Projet MANITATRA
Manitatra II le 24 Septembre 2020
II s'est réuni pour la 2ème fois le 24 septembre
2020 pour l'examen du rapport d'activité de l'année
2 et de la programmation des activités de l'année 3.
Ont répondu présent, le DGA du MAEP en sa qualité de
Pérsident du Comité, le PCA du GSDM, le Vice-Président
du CA du GSDM, le Directeur du Développement Régional
du Vakinankaratra, le DRAEP Vakinankaratra, le
DREDD Vakinankaratra et le Représentant du
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
MEDD par le biais de son Conseiller Technique.
Trimestrielle - Edition N° 10
restitution le 2ème jour. Tant sur le terrain qu'au
travers des témoignages en salle, l'activité liée à
l'intégration de l'Agro-écologie en milieu scolaire
a succité l'attention des participants. Cette mode
d'éducation à l'inverse où les enfants forment leurs
parents a tout particulièrement touché de nombreux
ménages. Desormais les parents souhaitent être
formés sur différents thématiques en Agro-écologie
tels que le compsotage, l'Agriculture de conservation
et l'Agroforesterie.
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CALENDRIER /
DIVERS CONTACTS
Evènements
- Mission de suivi Alaotra
- Mission de suivi Sud-Est
- Mission d’evaluation et bilan de - Campagne culturale grande saison
Septembre campagne ATASEF
Novembre
- Journées Agro-écologiques du Sud-Est
2020 - Formation des techniciens des ONG 2020
encadrés par ECO-CONSULT - GIZ/ProSol
JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Octobre Décembre les 3ème samedis du mois de 08h15 à
ho an'ny taranaka mifandimby"
2020 - Atelier bilan école Manitatra II 2020 08h30 du matin
- Expertise OSDRM dans la Diana
Rubrique «L'Agro-écologie au niveau national» : WWH - DURRELL - CEFFEL, membre du GSDM - GIZ/ProSol, Partenaire Technique et Financier
Rubrique «Dossier» : Collègues rapprochés de Lucien SEGUY
Rubrique «Recherche» : FOFIFA - Dp SPAD - Partenaires techniques
Rubrique «Success Stories» : GSDM Vakinankaratra (MANITATRA II)
Entité de validation : Comité de lecture, les membres du GSDM GSDM Copyrigth septembre2020
Pour de plus amples informations et/ou pour toutes améliorations, contacter nous au :
Dirécteur Exécutif :
[email protected]
Responsable communication :
[email protected] Open library
Trimestrielle - Edition N° 10
Route d’Ambohipo
Lot VA 26 Y Ambatoroka
BP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar
Tél: (+261) 20 22 276 27
Ce journal a été financé au départ par l’AFD (projet PAPAM) et par le COMESA/UE (projet MANITATRA
2) à partir de l'édition N°8
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Directeur de publication : RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur : N° - Edité en 140 exemplaires