SujetCorrigé Inconscient
SujetCorrigé Inconscient
SujetCorrigé Inconscient
connaissance ?”
Apolline Guillot publié le 17 juin 2021 5 min
L’inconscient échappe par définition à la conscience. Mais n’y a-t-il pas malgré tout des
moyens, directs et indirects, d’accéder à une forme de connaissance des mécanismes
cachés de la psyché humaine ? Apolline Guillot, agrégée de philosophie, propose un plan
pour répondre à ce sujet tombé au baccalauréat 2021. Elle insiste notamment sur
l’importance de l’interprétation : si la psychanalyse n’est pas une science, elle propose en
tout cas des outils théoriques permettant aux patients de mieux se connaître, voire de
guérir.
Introduction
On peut définir la connaissance comme une activité par laquelle l’homme cherche d’une
manière ou d’une autre à saisir un phénomène par la pensée. Cette compréhension est
associée à des représentations sensibles ou intellectuelles, mais est toujours gouvernée par
une conscience qui appréhende le monde qui l’entoure. La connaissance s’oppose à
l’ignorance, qu’on peut définir comme un manque d’expérience ou de discernement dans
un domaine donné.
Si la connaissance est la saisie d’un phénomène par une conscience et que l’inconscient est
ce qui se dérobe – accidentellement ou activement – à cette conscience, il semble donc
impossible, voire contradictoire, d’accéder à une connaissance de l’inconscient !
Cependant, le fait même qu’on puisse nommer et même décrire, à la manière de Freud, les
structures de notre inconscient, signifie bien que nous en avons peut-être une forme de
connaissance.
Nous nous demanderons donc si nous sommes condamnés à deviner ou à supposer notre
inconscient sans jamais le connaître, ou bien si nous pouvons y avoir accès par une forme
de savoir.
Dans un premier temps, nous verrons que l’inconscient, défini comme une simple privation
de conscience, ne peut pas être connu de manière positive et systématique. Cependant, si
l’on postule que l’inconscient est un phénomène parmi d’autres, dont les effets s’observent
par les médecins et les psychanalystes, alors il devient possible d’en produire une
connaissance globale. Cette connaissance n’a rien à voir avec la démarche hypothético-
déductive qu’on trouve en science, ni même avec l’intuition sensible du monde qui nous
entoure. Nous verrons dans un troisième temps qu’elle se construit par chaque individu de
manière indirecte, à travers le langage.
L’inconscient, s’il est défini comme un contenu perceptif ou cognitif qui échappe à la
conscience, est pure négation de la conscience. Il ne peut donc pas apparaître comme un
objet de connaissance à part entière.
Leibniz constate déjà, dans les Nouveaux essais sur l’entendement humain, que nous
sommes incapables de saisir consciemment toutes nos perceptions. Il donne l’exemple du
bruit des vagues : lorsqu’on entend le ressac, on entend en réalité un nombre infini de
bruits de petites vaguelettes, des gouttes qui les composent, dont on est simplement
incapable d’avoir conscience.
L’inconscient, dans cette définition, peut être assimilé à une zone de notre esprit qui
comporte toutes les perceptions et les représentations auxquelles nous n’avons pas
immédiatement accès. C’est une sorte de trésor caché de notre esprit.
Transition : Mais les contenus dont nous n’avons pas conscience sont-ils simplement
dissimulés dans les recoins de notre esprit, ou se dérobent-ils activement ? S’il est si
difficile d’avoir accès à certaines de nos motivations profondes ou à des souvenirs enfouis,
n’est-ce pas que quelque chose, dans notre pensée, œuvre parfois contre notre conscience ?
Deuxième partie / L’inconscient est aussi une force
dynamique qui peut être saisie de manière indirecte
C’est l’hypothèse que formule Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal, lorsqu’il
constate : « Une pensée ne vient que quand elle veut, et non pas quand moi je le veux. » Si
c’est la pensée qui décide quand se montrer ou se dérober, il y a peut-être une part de notre
inconscient qui se refuse activement à notre conscience, comme s’il y avait quelque chose
à cacher.
C’est justement cette composante active de l’inconscient, dynamique, que Freud tente de
théoriser. Il développe notamment la notion de Ça (nos désirs inconscients) et de Surmoi
(les interdits que nous avons intériorisés) pour expliquer la position instable et tiraillée du
Moi, pouvant mener à des névroses ou des psychoses.
Conclusion
Si l’on définit l’inconscient comme une simple privation de conscience, alors il semble
difficile de le connaître comme on connaît d’autres phénomènes qui nous entourent. Si au
contraire, on s’y intéresse comme à une force psychique ou un principe explicatif, il semble
possible d’en décrire les structures et le fonctionnement objectif. Nous avons vu que
d’après la théorie psychanalytique, nous avons tous un inconscient structuré à peu près de
la même manière.
Cependant, nous avons également compris que le concept même d’inconscient déjouait
l’opposition « Sujet / Objet » qui est à la base de la définition de la connaissance. La
connaissance de l’inconscient va de pair avec la naissance d’un Sujet qui, sans pouvoir être
totalement transparent à lui-même, se construit autour d’un récit psychanalytique.
Faire le choix de régler nos problèmes, nos différends avec l’autre par la parole implique
de renoncer à la violence physique. Pourtant, le langage est la source d’autres formes de
violences et de domination, plus insidieuses. Mobilisant Maurice Merleau-Ponty pour
éclairer ce paradoxe soumis aux candidats du bac philo 2021, Aïda N’Diaye, professeur au
lycée, souligne que parler ensemble, c’est toujours déjà accepter d’être en communauté
avec autrui.
Dans Les Fragments d’un discours amoureux, Roland Barthes analyse la « scène » de
ménage : il n’y s’agit pas de dire la vérité mais bien d’y avoir le dernier mot. Ce qui
importe, dit-il, c’est la « dernière réplique » – l’enjeu est donc de clouer le bec à son
interlocuteur, c’est-à-dire d’imposer sa position de domination. Certes, discuter, ce n’est
pas (toujours) se disputer, mais cet exemple montre que la discussion, plus ou moins
agitée, semble ne pas nécessairement exclure la violence. Car la violence n’est pas que
physique ou matérielle. Dès lors, la discussion ne peut-elle pas être également le lieu d’une
violence symbolique ou de rapports de force ? Mais discuter ne signifie pas seulement faire
usage de la parole ; c’est aussi échanger et partager des idées dans la tentative de trouver
un terrain d’entente. Accepter la discussion, c’est accepter – par exemple dans le cas d’un
conflit social – d’entrer dans une négociation qui pourrait déboucher sur une résolution du
conflit. De la même manière, on parlera de pourparlers pour désigner les discussions qui
doivent permettre à des belligérants de mettre fin aux combats qui les opposent. De ce
point de vue-là, discuter avec l’autre (on ne discute pas tout seul) n’implique-t-il pas de
substituer la parole à la force et aux armes, et donc de renoncer à la violence ?
Mais pour rompre définitivement avec la violence, encore faudrait-il que le langage
permette d’instaurer un ordre du discours qui échappe totalement aux rapports de force qui
lui sont extérieurs et lui préexistent. Cela est-il seulement possible ?
Nous verrons dans un premier temps que la discussion exclut de fait la violence, puisque la
parole est immatérielle là où la violence est matérielle. Mais, précisément, la violence ne
peut-elle pas s’exercer, sous une autre forme, également dans l’ordre du discours ?
Toutefois, discuter n’est-ce pas se placer sur un terrain commun avec son interlocuteur et
donc nécessairement renoncer à l’usage de la violence ?
Et même, on peut voir dans la parole une forme d’empêchement, voire d’impuissance, liée
précisément à son immatérialité et à son artificialité qui nous éloigne encore davantage de
la sphère de la force et de la violence. C’est le sens notamment de l’opposition entre la
parole et les actes, qui semble placer la parole du côté de l’inefficacité, voire d’une certaine
vacuité, et les actes, au contraire, du côté de l’effectivité. Dès lors, qu’on le veuille ou non,
en somme, discuter serait nécessairement renoncer à la violence – car parler, ce n’est pas la
même chose que faire ou agir, et ce n’est même ni faire, ni agir.
Cette vacuité ou inefficacité des mots fait notamment l’objet des analyses de Bergson
dans Le Rire, dans lequel il montre en quoi les mots sont en partie inefficaces puisqu’ils ne
parviennent pas à parler correctement des réalités particulières et uniques qu’ils désignent,
car ce ne sont que des étiquettes générales. Les paroles étant immatérielles, voire
inefficaces, la discussion semble donc nécessairement exclure la violence.
Il y a des usages de la discussion dont la seule finalité est d’assoir une domination
Si le langage est un outil de communication, cela signifie que, comme pour tout outil, les
effets qu’il produit dépendront du pouvoir dont est par ailleurs doté celui qui l’utilise. La
parole est, dans la discussion, porteuse de la violence symbolique qui lui préexiste –
sociale, institutionnelle, culturelle, etc.
Dans Ce que parler veut dire, Bourdieu montre ainsi en quoi notre manière de parler, et
donc de discuter, qui fait partie de notre habitus (c’est-à-dire notre capital social
incorporé), reflètera les positions de domination qui traversent la société. Il serait illusoire
de prétendre échapper à ces rapports de force par la simple discussion. On peut donc en
conclure qu’il ne suffit pas de renoncer à la force matérielle, dans la discussion, pour
échapper à la violence qui peut aussi être symbolique.
Transition : Mais discuter ne signifie pas seulement parler : dans la discussion, n’y a-t-il
pas l’idée d’un partage, d’une expérience commune qui exclue nécessairement la
violence ?
Discuter, c’est vivre une expérience commune avec l’autre, et donc échapper à la violence
Échanger, cela signifie en effet également partager, vivre une expérience commune avec
mon interlocuteur. Quand je discute avec autrui, ce qui importe, ce n’est pas tant ce dont
nous parlons ni les informations qui sont transmises, mais le fait d’être et de discuter avec
l’autre. La discussion, dans ce sens, est une expérience vécue en commun avec autrui.
Comme l’analyse Éric Weil par exemple, pour « faire communauté », il faut déjà être
d’accord sur un point, qui est précisément de discuter et non de se battre en cas de
désaccord. La question politique majeure est donc celle des conditions d’une délibération
productive et légitime.
Conclusion
Parler n’exclut pas nécessairement la violence puisque les différents usages du langage
ainsi que les positions des interlocuteurs dans la discussion ne permettent pas d’échapper
aux rapports de force et de domination qui peuvent les opposer par ailleurs et leur
préexister. Mais discuter, ce n’est pas seulement transmettre des informations ni parler.
Cela signifie aussi échanger et partager avec l’autre et dans ce sens, comme le montre
d’ailleurs la place de la délibération en démocratie, discuter, c’est nécessairement renoncer
à la violence pour tendre vers un terrain d’entente avec autrui.
Introduction / Problématisation
L’homme fait partie de la nature : elle est son terrain de jeu et sa prison, dont il ne sort que
lorsqu’il meurt – et encore, la mort elle-même fait partie de la nature. Par « nature », on
entend ici l’ensemble des choses physiques, ainsi que les lois qui régissent leurs
interactions. Impossible d’aller contre la gravité, le vieillissement des cellules ou encore un
tremblement de terre.
Impossible, vraiment ? À mieux y réfléchir, on se rend compte que nous avons aujourd’hui
la capacité de nous affranchir de certains processus « naturels ». Médecine, architecture,
pesticides, fusées spatiales... Nombreuses sont les innovations qui aujourd’hui rendent
possible un certain affranchissement de la nature. La technique a donc une fonction
émancipatrice : elle permet à l’homme d’échapper à certaines contraintes, de repousser
certaines limites.
Mais si l’on examine de plus près en quoi consistent nos dispositifs techniques, on se rend
compte qu’ils dérivent soit de l’expérience ordinaire et de l’imitation de la nature, soit de la
connaissance des lois de la nature. Dans tous les cas, ils s’appuient sur une connaissance du
fonctionnement du monde pour construire un outil ou un système capable de produire des
effets qui n’existaient pas auparavant. En bref : la technique fait jouer la nature contre son
propre camp, la subvertissant à son profit. Là où il pensait se libérer de la nature, l’homme
ne fait que la prolonger en l’utilisant dans ses outils. Jusqu’à l’exploitation.
Si l’homme fait partie de la nature, ses relations avec cette dernière sont médiatisées par un
troisième terme, l’outil. En effet, le seul usage de ses forces physiques le condamnerait à
une mort certainement bien plus rapide qu’aujourd’hui, tant la nature l’a doté de peu de
défenses naturelles.
C’est la leçon du mythe de Prométhée tel qu’il est raconté par Platon dans le Protagoras :
Épiméthée, le frère de Prométhée, oublie les hommes au moment de distribuer les qualités
et dons physiques parmi les animaux. Inventer des prolongements de son corps, des
moyens d’augmenter ses capacités naturelles ou des abris pour se protéger, sont autant
d’activités qui ne sont pas simplement du « luxe », mais des moyens de survie !
On peut aller encore plus loin : être « libéré » des contraintes naturelles ne veut pas
seulement dire « éviter la mort ». C’est donc pour améliorer la vie humaine que les
sciences et les techniques se sont développées, comme l’affirme Descartes dans
le Discours de la Méthode : il serait criminel de ne pas mettre les progrès de la science au
profit de l’humanité. En maîtrisant les lois qui régissent le monde, les hommes pourraient
se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature », afin de jouir d’un plus grand
confort, mais surtout, de soigner leur corps.
Cependant, cette amélioration de la vie humaine est-elle pour autant une réelle « libération
de la nature » ? En effet, Descartes ne prétend pas s’affranchir des lois de la nature, mais
bien de les exploiter au profit de l’humanité. Cette exploitation des lois de la nature peut
amener à malmener la Nature dans son ensemble, comme équilibre fragile de forces que
nous ne maîtrisons pas forcément.
Si nous avons jusqu’à présent parlé de la nature comme une collection de lois et de
phénomènes, la nature renvoie également à un système complexe intégrant tous ces
éléments. Cette approche globale de la nature comme équilibre de forces est intéressante
car elle en fait un ensemble dynamique, et pas seulement un stock de ressources
disponibles à exploiter.
En cela, la technique ne nous libère pas de la nature mais nous donne l’illusion de pouvoir
y échapper alors même que nous en sommes toujours des parties. Certaines innovations
techniques, en poussant à bout nos ressources ou en entraînant des effets encore mal
maîtrisés sur notre santé, mettent en péril notre propre survie !
C’est l’effet pernicieux de la technique que dénonce Heidegger : elle repose sur une
approche utilitaire du monde qui nous entoure, en nous en excluant à tort.
Ne faut-il pas sortir de ce paradigme pour proposer une approche de la technique comme
médiation harmonieuse entre l’homme et son environnement ?
Conclusion
Tout oppose, en apparence, la croyance et le savoir : la première est une conviction non
raisonnée, le second doit s’appuyer sur des preuves et des démonstrations. Il y a pourtant,
dans toute forme de savoir, de la croyance – des choses que nous tenons pour acquises sans
avoir pu les vérifier. Pour résoudre ce paradoxe, proposé comme sujet de dissertation aux
élèves de terminale de la filière technologique, le professeur agrégé de philosophie Mathias
Roux propose de voir l’histoire de la vérité comme une incessante remise en question de ce
que nous tenons pour vrai.
Repères utiles du programme pour traiter le sujet : croire / savoir, objectif / subjectif /
intersubjectif, vrai / probable / certain, hypothèse / conséquence / conclusion
Introduction / Problématisation
Le savoir et la croyance sont a priori peu compatibles. Posséder une connaissance, c’est
être en capacité d’en démontrer ou d’en prouver le bien-fondé et la vérité. À l’inverse,
croire en quelque chose suppose qu’il n’est pas possible d’absolument justifier par des
raisons ou des preuves ce que l’on affirme. La croyance implique qu’on assume que notre
jugement ou notre prise de position repose en partie sur une conviction, une intuition qu’on
ne peut pas objectivement fonder.
Cependant, cette opposition entre savoir et croyance n’est pas aussi établie et ferme qu’on
ne le pense à première vue. En effet, si l’on définit le savoir comme la connaissance fondée
au point de provoquer une certitude absolue imperméable au moindre doute, alors force est
de constater qu’un tel savoir n’existe pas. De même, il existe des croyances qui sont
assimilables à des savoirs car, même si elles ne reposent pas sur démonstrations complètes
ou des preuves irréfutables, elles possèdent néanmoins un caractère objectif qui en rend le
contenu très probable, à défaut d’être absolument certain. Ainsi faut-il envisager que le
savoir comporte une part de croyance. Au delà de cette question, il faut se demander si
cette possibilité est de nature à discréditer le savoir. Si savoir, c’est aussi croire, tout n’est-
il alors que croyance ?
Le modèle du savoir objectif est la science qui se caractérise par la recherche de la preuve
ou de la démonstration. Dans les deux cas, démontrer (en mathématiques par exemple) et
prouver (en sciences physiques) revient à justifier une thèse (affirmation) par des raisons.
Quand je soutiens une thèse sur la composition de la matière, par exemple, ce n’est pas à
proprement parler moi qui le fais, mais des preuves dont je ne suis que le transmetteur.
À l’inverse, la croyance suppose toujours une implication du sujet dans son affirmation.
Croire en l’existence d’extraterrestres, c’est faire ultimement reposer son avis sur un
sentiment, une impression, une intuition qu’il existe d’autres formes de vie dans l’univers.
Même si je peux m’appuyer sur des données scientifiques, elles ne sont pas suffisamment
complètes pour justifier ma thèse. Autrement dit, je suis obligé de compenser l’écart qui,
en l’absence de preuve me sépare de la certitude, par une sorte de saut de mon esprit qui
me fait adhérer à l’idée de l’existence d’extraterrestres.
Mais notre définition du savoir ne fait-elle pas la part trop belle aux sciences dites
dures sans prendre en compte d’autres formes de connaissances qui, bien que relevant
d’autres modalités de preuve et de validation, sont légitimes à recevoir le nom de
savoirs ? Qu’on pense aux sciences humaines et sociales en général, et à l’histoire en
particulier. Certes, l’historien ne peut prouver par A+B ou par la présence de traces
génétiques que César a bien franchi le Rubicon, mais il s’appuie sur des témoignages de
l’époque, des documents historiques, des traces archéologiques qui rendent son travail
objectif. Néanmoins, celui-ci comportera toujours une part de croyance au sens défini plus
haut car, par exemple, il ne peut pas prouver définitivement la valeur d’un témoignage. Un
faisceau d’indices concernant sa validité atteste de sa valeur de vérité mais il subsistera
toujours un doute. Doute pouvant être levé par le progrès même de la science historique.
Dans les sciences physiques, aucune théorie n’est jamais définitivement ni absolument
considérée comme vraie. Elle l’est tant qu’aucun fait nouveau, aucune découverte ne sont
venus la contredire. Pour autant, le savant qui l’adopte et l’utilise fait comme si elle l’était.
Autrement dit, faire de la science suppose une forme de croyance dans les pouvoirs de la
science comme le formulait bien Nietzsche.
Les constats opérés ne doivent pas nous pousser à considérer que, parce que la croyance est
constitutive de l’acte même de connaître, les savoirs accumulés par les hommes au cours de
leur histoire ne sont que des croyances un peu plus élaborées que la moyenne.
En effet, tout savoir repose à tout le moins sur un ou plusieurs axiomes, qui constituent la
condition de possibilité même de toute réflexion. Depuis Euclide, les axiomes sont des
principes unanimement considérés comme évidents, qui n’ont donc pas à être démontrés
pour être acceptés comme vrais. De ce point de vue, l’on peut considérer que tout l’édifice
du savoir humain repose sur un ensemble de croyances partagées. Sans une base de vérités
considérées par tous comme absolues, c’est-à-dire évidentes en elles-mêmes (par exemple,
l’idée que le monde existe indépendamment de moi, et qu’il s’y déploie certains
phénomènes observables que je peux analyser, puisqu’il est acquis que ceux-ci ne sont ni
fictifs, ni des frasques de mon esprit), aucune proposition ne pourrait jamais s’élaborer.
Conclusion
Nous venons de le voir : le savoir fait nécessairement place à la croyance. Pour finir, nous
pourrions ajouter une remarque concernant le rapport entre le savoir et cette forme
particulière de croyance qu’est la foi.
La foi religieuse se nourrit du sentiment exclusif du croyant. Elle est une adhésion
subjective exigeant de rencontrer intimement la présence de Dieu en soi. De ce point de
vue, le savoir et la foi sont incompatibles s’ils portent sur les mêmes objets. Par exemple
l’existence de Dieu : je ne peux pas savoir qu’Il existe, je peux seulement le croire. Si je
pouvais démontrer l’existence de Dieu, je n’aurais plus besoin de croire qu’il existe
puisque je le saurais. Néanmoins, ce rappel montre également qu’on peut tout à fait être à
la fois savant et croyant, et qu’être un scientifique n’implique pas nécessairement qu’on ne
croie en rien au sens religieux du terme. En effet, certains savants sont aussi de grands
croyants. Savoir n’est donc ni ne rien croire, ni ne croire en rien.
Nous ne sommes pas responsables de ce qui n’a pas encore eu lieu, mais nos actes nous
engagent au-delà de nos intentions. En s’inspirant de la pensée du philosophe Hans Jonas,
le professeur agrégé de philosophie Mathias Roux propose, pour traiter cette question du
baccalauréat 2021, un plan de dissertation, où il s’agit de trouver un moyen terme entre la
nécessité de limiter l’étendue de notre responsabilité et le souci de l’avenir.
Introduction / Problématisation
Être responsable signifie qu’on est en capacité de répondre de ses actes, de les assumer, de
les justifier. Un être humain est responsable quand on peut lui imputer un acte : il est alors
identifié comme son auteur. Ce rappel montre qu’on ne peut, a priori, être tenu pour
responsable que des faits qui se sont déjà produits. En effet, il semble impossible que l’on
demande des comptes à quelqu’un pour un événement qui n’aurait pas encore eu lieu. À
première vue, nous ne sommes donc pas responsables de l’avenir puisque, par définition, le
futur n’est pas encore.
Pour autant, il paraît trop facile de se dédouaner de toute responsabilité quant à la survenue
future de faits. Les actes que je commets aujourd’hui auront des conséquences à plus ou
moins long terme. Nos actes sont des causes qui engendrent des effets, et je ne peux
l’ignorer. Par nos projets, nos intentions et nos actions, nous orientons en partie la marche
du monde, donc son avenir.
Enfin, il faudra se demander jusqu’à quel point nos actes nous engagent. En effet, l’avenir
est incertain et nous ne sommes pas omniscients. Être responsable de l’avenir ne doit pas
impliquer qu’on soit, par avance, responsable de tout ce qui peut arriver. Ce qui serait aussi
absurde que dangereux.
N’est responsable que celui dont on peut démontrer qu’il est l’auteur d’un fait en
établissant une relation de cause à effet directe entre son action et une ou des
conséquences.
Seul un être supposé libre est tenu pour responsable. L’intention précède l’action : on se
représente, donc on anticipe, les conséquences de son acte. Ce qui signifie : agir en
connaissance de cause.
En vertu de ces principes, nul n’est responsable de ce qu’il n’a pas voulu. Or, ne pouvant
pas prédire la totalité des évènements qui se produiront, nous ne sommes pas responsables
de l’avenir, mais seulement des effets immédiats de nos actes.
Les rappels de la première partie sont de nature à nous exonérer trop facilement de notre
responsabilité. À la lettre, ils signifieraient par exemple que si je n’entretiens jamais ma
voiture parce que je n’ai pas d’argent ou que je n’y connais rien, je ne suis pas responsable
du fait que l’une de mes roues s’est détachée et a causé un accident.
Nous sommes donc aussi responsables en partie de ce que nous n’avons pas consciemment
voulu et qui se produit à la suite des choix que nous avons opérés. Aristote faisait
remarquer à ce titre que le fait de contracter une mauvaise habitude qui diminue ma marge
de liberté (par exemple fumer), engage ma responsabilité, car je suis bien l’auteur de la
série des actes qui ont contribué à cette perte de liberté.
Troisième partie / Nous avons le devoir moral de nous
soucier des conséquences de nos actes à long terme
Il faut trouver un moyen terme entre n’être responsable de rien et être responsable de tout.
Le sujet nous invite à le penser. En effet, nous ne sommes pas devins mais, pour autant,
nous avons de plus en plus les moyens d’anticiper les conséquences individuelles et
collectives de nos conduites.
Se pose alors la question du futur : jusqu’à quel point sur l’échelle du temps les
conséquences des mes actes m’engagent-elles ? Cinq ans, dix ans, cent ans ?
Dans le contexte de la crise environnementale, Hans Jonas nous permet d’apporter une
réponse en contournant la question qui constitue, ainsi formulée, un faux problème, car il
n’existe aucun signe objectif permettant de mettre en lien un acte avec ses potentielles
conséquences à long terme. En revanche, dit-il, faire preuve de responsabilité quant à
l’avenir, c’est agir en prenant toujours comme l’une des finalités la préservation des
conditions de vie sur terre pour les générations futures.
Conclusion
Nous ne sommes à proprement parler jamais responsables de l’avenir qui, par définition,
est incertain et contingent. Mais il est de notre responsabilité morale d’associer aux buts
personnels poursuivis une dimension collective et projective. Nous sommes ainsi
responsables de l’état de la terre que nous laisserons à nos enfants dès maintenant.
Corrigé d’une dissertation sur l’inconscient pour
le bac de philosophie
16 MAI 2022 VANINA GÉ 9 COMMENTAIRES
Une fois n’est pas coutume, voici le corrigé d’une dissertation de philosophie dont le sujet est
« Peut-on connaître l’inconscient ?« .
Pour profiter de révisions complètes sur le programme, des rappels de méthodologie, ainsi que
d’entraînements de dissertations et d’explications de textes, nous vous recommandons de
venir assister à notre stage intensif de philosophie au mois de juin.
Introduction
Si le regard des autres est parfois si impressionnant, c’est que nous sentons qu’ils peuvent
saisir à tout instant des caractéristiques de nous-mêmes que nous ne contrôlons pas, ne
voulons pas voir, ou dont nous n’avons pas conscience.
Si l’inconscient échappe à notre conscience, alors, en tant que tel, nous ne pouvons pas en
parler. De même, il semble que nous ne puissions pas en faire l’expérience.
Nous verrons dans un premier temps qu’a priori, l’inconscient est ce qui échappe à notre
conscience, et donc, à notre connaissance. Puis nous nous pencherons sur le fait que selon la
psychanalyse, une science de l’inconscient est néanmoins possible. Nous tâcherons ensuite de
préciser en quel sens il est juste de dire que l’inconscient peut être connu.
Nous ne sommes que très partiellement conscients de nous-mêmes et lucides sur nous-mêmes.
En effet, très souvent, des mouvements de notre corps nous échappent, nous contrôlons peu
les expressions de notre visage. De même, nous avons tendance à nous construire une image
de nous-même rassurante dans laquelle nous mettons de côté certaines failles, certaines
La psychanalyse est basée sur l’idée que nos névroses et nos souffrances viennent
principalement de l’existence de notre inconscient qui nous échappe et nous empêche de nous
affirmer comme sujet conscient et libre.
Ces pulsions inconscientes, refoulées, sont à lier aux différents stades du développement de
l’enfant. Ainsi, il n’y a pas autant d’inconscients qu’il existe d’individus mais il existe des
constantes, dans nos différents inconscients, légitimant une science de l’inconscient. En effet,
la petite enfance est une succession de frustrations ou de micro traumatismes. Le stade oral est
privation du plaisir de la tétée, le stade anal, de la liberté d’uriner et de déféquer, tandis que le
stade phallique implique la résolution du complexe d’Œdipe, résolution qui s’accompagne
d’une forme de renoncement, d’acception et donc de frustration : le petit garçon doit admettre
qu’il n’épousera pas sa mère, de même pour la fillette avec son père.
Non seulement, il est possible de connaître dans ses grandes lignes, l’histoire de la
constitution de l’inconscient de chaque homme, et donc de connaître l’inconscient en général,
mais encore, selon la psychanalyse, chaque individu peut, par le traitement psychanalytique
ou thérapie par la parole, expérimenter son propre inconscient en le libérant de la censure.
Cette thérapie repose sur une relation entre thérapeute et analysé qui reproduit principalement
la relation de la mère à l’enfant : le patient reçoit une écoute, une attention à ses moindres
mots, à ses moindres gestes, qu’il n’a pas reçue depuis qu’il était petit enfant, entre les bras
d’une mère soucieuse de son bien-être et à l’écoute de ses moindres signes. La neutralité de la
voix du psychanalyste rappelle quant à elle la manière dont l’enfant, dans le ventre de sa
mère, percevait la voix de sa mère ; lointaine, étouffée. La posture allongée sur le divan
implique que l’analysé ne voit pas son thérapeute, ce qui, à nouveau, peut évoquer la posture
de l’embryon, dans le ventre maternel. Le patient parle par associations libres, se libère de sa
raison, laisse son imaginaire le guider et peu à peu s’abandonne et laisse ses pulsions et ses
traumatismes inconscient rejaillir. Alors, dans le cas d’une thérapie réussie, il vit une sorte de
choc, les souvenirs ne se contentent pas de réapparaître à la conscience, ils sont revécus avec
une grande intensité. C’est toute une partie de leur psychisme qu’ils découvrent. Sous ce
rapport, l’inconscient est éprouvé, expérimenté, en quelque sorte, par les patients, qui en ont
une connaissance dans le sens d’une expérience. D’ailleurs, tout psychanalyste doit avoir
accompli et réussi une psychanalyse, autrement dit, doit connaître l’inconscient de manière
théorique et expérimentale.
Cependant, la psychanalyse n’est pas une science mais une pratique controversée. Elle n’est
pas une science et se trouve dans l’impossibilité de le devenir, comme l’indique Karl
Connaître l’inconscient
D’un côté, il semble évident que l’inconscient est ce que nous ne pouvons pas connaître. Il y a
une impossibilité logique à connaître ce qui n’est pas conscient et nous expérimentons à de
nombreuses reprises qu’une part de nous-mêmes nous échappe. D’un autre côté, si l’on en
croit la psychanalyse, l’inconscient en général, comme notre propre inconscient, est
connaissable.
Conclusion
Si la connaissance d’un inconscient qui serait une entité de notre psychisme dépend de notre
foi en la psychanalyse, en revanche, l’inconscient cognitif, qui est lié à notre corps et à ses
réflexes de survie, est connaissable, dans le sens où nous pouvons être sûrs de son existence et
la manifester par des expérimentations. Par ailleurs, grâce à la relation avec autrui, certaines
zones d’ombre de notre personnalité peuvent nous être révélées. Il ne s’agit pas d’inconscient
au sens freudien du terme mais plutôt, de non conscient, de ce qui, en nous, n’apparaît pas de
manière claire à notre conscience.
Peut-on dire que l'inconscient parle en
nous ?
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Plan
Corrigé
Analyse du sujet (introduction)
Inconscient : ici : on parle de l'inconscient comme entité psychique réelle; c'est donc
l'inconscient de Freud.
Parle : l'inconscient est mis en rapport avec la notion de langage. Définir le langage : a)
comme mode de communication ou d'expression de nos pensées ou sentiments à autrui,
et b) comme langue, système différencié de signes servant à a). On parle en un sens très
large quand on parle sans recourir à une langue, donc à des mots.
En nous : ici, ne peut se comprendre qu'en rapport avec le terme "parler". Ie : idée que
quelque chose d'autre que nous parle à notre insu, sans qu'on s'en rende compte, sans
qu'on veuille le dire.
Peut-on : ici : a) vise d'abord la cohérence ou non d'une thèse (quelles raisons peut-on
donner à la thèse selon laquelle (…); est-ce absurde ou non de soutenir une telle
thèse?); et b) la capacité de l'inconscient à parler.
-Remarquer que l'inconscient est présenté ici comme le véritable sujet de notre discours.
Quelque chose d'autre que nous, ou qui se cache en nous, parlerait à l'intérieur de nous.
Parlerait à qui? Comment? Parler , en général ou non?
-Se demander pourquoi pourquoi on serait tenté de dire que l'inconscient ne parle pas. Il
ne semble pas pouvoir parler car il est caché, la conscience ne veut rien savoir de lui, etc
: comment pourrait-il s'exprimer, ne serait-ce qu'au sens genéral du terme?
-Préciser que le sujet porte, non pas sur l'inconscient, mais plus précisément, sur les
rapports qu'entretiennent entre eux l'inconscient et le langage. On ne peut répondre à la
question de façon positive, que si on admet que le langage est toute forme de
communication. Il s'agit donc de savoir, à travers cette question, s'il existe différentes
formes de langage. (Ainsi : hors-sujet = ceux qui se sont interrogés sur la question de
l'existence de l'inconscient, sur la valeur de la théorie de Freud, qui ont longuement
exposé les différentes théories de l'inconscient : il fallait partir directement de
l'inconscient de Freud).
I- Les manifestations de l'inconscient. (Pourquoi ne pourrait-on pas dire que
l'inconscient parle en nous? C'est tout à fait fondé dans la réalité).
-Présenter rapidement le "système" de l'inconscient
-Cet inconscient réussit à s'exprimer, à exprimer ses "pensées", de façon déguisée, pour
ne pas se faire censurer par la conscience. Cf. lapsus, rêves, actes manqués, hystérie,
etc. Exemple : aller au bar du coin au lieu d'aller à l'école.
Or, n'est-ce pas de l'ordre du symbolique? Ne sommes-nous pas en présence de signes?
Définition du signe : quelque chose ayant une manifestation sensible, qui renvoie à autre
chose (une idée), et ne sert qu'à désigner cette autre chose. Un signe veut dire/signifie
quelque chose. On peut développer en précisant qu'il y a deux parties dans un signe :
le signifiant et le signifié.
Or, ici, le fait que j'aille au bar du coin n'est pas, selon l'hypothèse de Freud, quelque
chose d'absurde, qui n'aurait aucun sens, bien au contraire. Cela signifie que je ne veux
pas aller à l'école; plus précisément, cela signifie, renvoie à, mon désir caché de ne pas
aller à l'école. L'aspect sensible de mon idée, qui est ici un acte (aller au bar), est le
signifiant, et l'idée elle-même, mon désir inconscient (ne pas vouloir aller à l'école), est
le signifié du signe. (Freud parle de contenu manifeste et du contenu latent des
manifestations de l'inconscient).
Comparer à thèse de Saussure sur le signe linguistique : comme par hasard (!) c'est la
même chose! Donc, l'inconscient parle bien en nous! (note : vous pouvez parler du
caractère immotivé, arbitraire, du signe, qui se retrouve aussi dans les deux cas).
- l'inconscient aurait même sa propre langue. Cf. notion de codage (symbolisme
spécifique : les cannes, les parapluies, etc). Celui qui connaît ce code, cette langue, ce
symbolisme, peut décoder les messages de l'inconscient.
-Concept de communication. Certes, l'inconscient fait ou dit des choses que nous
voulions cacher, soit à nous-mêmes, soit aux autres. Ce n'est donc pas nous qui sommes
le sujet de ce qu'il "raconte", soit à nous-mêmes, soit aux autres. C'est une sorte de
discours involontaire. Mais c'est bien un discours et en quelque sorte un dialogue : en
effet, il communqiue avec notre conscience (il lui dit certaines choses) et aussi avec les
autres (il leur dit aussi certaines choses sur nous). De nouveau, on dira donc que
l'inconscient parle, puisqu'il réussit à communiquer avec notre conscience et avec les
autres.
II- Mais si l'inconscient s'exprime en nous, est un signe, parle-t-il vraiment?
Peut-on vraiment dire que l'inconscient parle en nous?
-cf. Descartes, Lettre à Newcastle. Distingue la parole de tout mode
de communication en général. Elle est un genre de communication bien spécifique : elle
a un caractère volontaire, et donc conscient; elle exprime nos pensées, qui ne sont pas
des sentiments ou des passions (au sens de besoins ou de désirs) mais des concepts.
Les autres formes de communication sont bien de l'ordre du signe, du symbolisme, mais
on ne peut parler au sens strict de langage, qui suppose la parole. Donner un exemple
(celui des abeilles ou du perroquet -qui a le mérite à mon sens d'être moins long à
exposer et plus facile à ré-utiliser dans le développement)
Si la parole s'attribue par définition à une conscience, comme à son origine, et à une
conscience qui pour Descartes est entièrement maîtresse de ses actes, alors, le problème
se pose de savoir s'il n'est pas absurde de dire que l'inconscient parle, et parle en nous,
ie, à notre insu, sans nous, sans que notre conscience y prenne part. L'inconscient étant
l'autre de la conscience, il ne peut parler. Il ne peut être sujet du discours ou d'un
discours véritable, comme par exemple énoncer que deux et deux font quatre ou que la
terre est ronde. Ce dont il est sujet, ce ne peut être que d'une forme de discours
justement non maîtrisée, non claire (cf. l'ouvrier portant un toast à son patron et
s'exclamant "buvons en l'honneur de notre cher salaud" au lieu de dire "en l'honneur de
notre cher patron").
Pensée : Freud dit que le contenu latent des manifestations de l'inconscient est de la
pensées ("pensées latentes", "pensées du rêve", etc). Or : ce sont plutôt des désirs, des
besoins primitifs de l'homme. Comparer avec le perroquet.
Caractère volontaire : non : le "discours" de l'inconscient n'est pas voulu mais a lieu en
nous sans nous, à notre insu, sans qu'on le veuille ou parfois sans qu'on s'en rende
compte. C'est de l'ordre de l'automatisme. Ses manifestations "montrent", "indiquent"
(cf.les "symptômes" de l'inconscient) certaines choses sur nous, mais elles ne parlent
pas.
Si l'inconscient se sert d'un certain symbolisme, s'il s'exprime et communique, il ne parle
pas à proprement parler. On ne peut pas dire que l'inconscient parle en nous, ce n'est
pas possible, et c'est insensé.
-D'ailleurs, si on dit qu'il parle, c'est parce que nous parlons. C'est pour un être qui parle,
qui interprète ce qu'il voit, que les choses "parlent". Cf. une balance : c'est pour un être
qui parle que la balance est le signe (symbole) de la justice. De même, c'est pour le
psychanalyste, être conscient et parlant, que mon lapsus est le signe de tel désir caché.
Ici, on peut critiquer l'entreprise de la psychanalyse, qui vise à guérir les patients par la
"talking-cure". Le psychanalyste estime traduire les pensées de l'inconscient. Or : qui a
inventé la langue de l'inconscient, celle que décode le psychanalyste? N'est-ce pas par
définition un être conscient, le psychanalyste? Qu'est-ce qui nous prouve donc que
l'interprétation du psycha va être la bonne?
III- Mais finalement, qui dit que seule la conscience peut parler, que seule la
conscience peut avoir des pensées?
-Descartes, pour qui la conscience seule existe. Or : le mérite de Freud est quand même
d'avoir montré qu'il y a des données lacunaires dans notre vie, dont la conscience à elle
seule ne peut rendre compte. Ou même ne veut pas rendre compte. Peut-être alors peut-
on dire à Descartes qu'il est de mauvaise foi quand il dit que le langage ne peut être
attribué qu'à une conscience. C'est parce qu'il refuse de reconnaître autre chose qu'elle
(il aurait peur de ne plus être libre).
-Or, aujourd'hui, on a quand même détruit l'illusion cartésienne selon laquelle la
conscience est ce qu'il y a de prédominant en nous. Et pas besoin d'être Freud pour cela
(même si bien sûr c'est lui qui nous a mis sur la voie) : les sociologues et historiens
soutiennent en majeure partie que nous sommes déterminés par des forces
sociales (économiques, etc). Nous croyons agir selon nos propres motivations, mais en
fait ces motivations ne sont pas nos motivations réelles, ou bien même ce n'est pas moi
qui en décide réellement mais c'est au fond le groupe (m'habiller de telle façon, écouter
telle musique).
-Ainsi, pourquoi ne pourrait-on pas dire que l'inconscient est l'ultime sujet de notre
discours? Que c'est lui qui parle quand nous croyons parler nous-mêmes ou librement?
Cf. fait que quand on parle, on exprime bien des choses dont on n'a aucune conscience :
le langage, la langue, nous dépassent de toutes parts. Cf. rappports langage et
culture (exemple : dire le mot "vache" en Inde veut dire beaucoup plus que ce que nous
voulons dire par là si nous employons ce mot; les mots véhiculent des valeurs, une
certaine vision du monde) Cf. les ambiguïtés de la langue, les métaphores.
Beaucoup de choses influent donc sur notre discours.
Conclusion :
on peut dire c'est la conscience qui estime que l'on ne peut pas dire que l'inconscient
parle en nous. Cec, parce qu'elle veut être la maîtresse de ses actes, et de son discours.
Mais encore, on peut aller jusqu'à dire que le langage lui-même est en grande partie
inconscient, qu'il est "parlé". De toute façon, nous pouvons répondre à ceux qui
refuseraient notre thèse, que l'inconscient peut tout à fait être dit parler en nous, et a la
capacité de parler en nous, puisqu'il est symbolique et que le langage "en général" est
symbolique.
Sujets corrigés 1
Dissertations
SUJET 1: La conscience nous exclut-elle de l’animalité ?
SUJET 10: Le regain de la foi religieuse dans un monde gagné par la rationalité scientifique est-il
un phénomène insolite ?
Commentaires
Sujet 1
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« Comment n’être pas frappé du fait que l’homme est capable d’apprendre n’importe quel exercice,
de fabriquer n’importe quel objet, enfin d’acquérir n’importe quelle habitude motrice, alors que la
faculté de combiner des mouvements nouveaux est strictement limitée chez l’animale le mieux doué,
même chez le singe ? La caractéristique cérébrale de l’homme est là. Le cerveau humain est fait,
comme tout cerveau, pour monter des mécanismes moteurs et pour nous laisser choisir parmi eux, à un
instant quelconque, celui que nous mettrons en mouvement par un jeu de déclic. Mais il diffère des
autres cerveaux en ce que le nombre des mécanismes qu’il peut monter, et par conséquent le nombre
des déclics entre lesquels il donne le choix, est indéfini. Or, du limité à l’illimité il y a toute la distance
du fermé à l’ouvert. Ce n’est pas une différence de degré, mais de nature.
Radicale aussi, par conséquent, est la différence entre la conscience de l’animal, même le plus
intelligent, et la conscience humaine. »
Henri BERGSON, L’évolution créatrice.
Sujet 2
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« Les choses de la nature n'existent qu'immédiatement et d'une seule façon, tandis que l'homme,
parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au même titre que les choses de la
nature, mais d'autre part, il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et
n'est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi. Cette conscience de soi, l'homme
l’acquiert de deux manières : primo, théoriquement, parce qu'il doit se pencher sur lui-même pour
prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants du corps humain et d'une manière
générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence, enfin se
reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu’il tire de son propre fond que dans les données qu’il
reçoit de l'extérieur. Deuxièmement, l'homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu'il
est poussé à se trouver lui- même, à se reconnaitre lui-même, dans ce qui lui est donné
immédiatement, dans ce qui s'offre à lui extérieurement. Il y parvient en changeant les choses
extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve que ses propres
déterminations. L'homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son
caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme
extérieure de sa propre réalité. Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les
premiers penchants de l’enfant ; le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds
qui se forment dans l'eau, admire en fait une œuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité. »
HEGEL, Esthétique (1835), Trad. S. JANKELEVITCH, Ed. PUF, PP. 21-22
Sujet 3
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« L'oubli n’est pas seulement une vis inertiae (une force d'inertie), comme le croient les esprits
superficiels; c'est bien plutôt un pouvoir actif, une faculté d'enrayement dans le vrai sens du mot,
faculté à quoi il faut attribuer le fait que tout ce qui nous arrive dans la vie, tout ce que nous absorbons
se présent tout aussi peu à notre connaissance pendant l'état de « digestion » (on pourrait l'appeler une
absorption psychique) que le processus multiple qui se passe dans notre corps pendant que nous «
assimilons » notre nourriture. Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience ;
demeurer insensible au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour
s'entraider ou s'entredétruire ; faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu'il y
ait de nouveau de la place pour des choses nouvelles, et en particulier pour les fonctions et les
fonctionnaires plus nobles, pour gouverner, pour prévoir, pour pressentir (car notre organisme est une
véritable oligarchie). Voilà, je le répète, le rôle de la faculté active d'oubli, une sorte de gardienne, de
surveillante chargée de maintenir l'ordre psychique, la tranquillité, l’équité. On en conclura
immédiatement que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de
l'instant présent ne pourrait exister sans faculté d'oubli. L'homme chez qui cet appareil
d'amortissement est endommagé et ne peut plus fonctionner est semblable à un dyspeptique (celui qui
souffre d'une digestion difficile). »
NIETZSCHE, Généalogie de la morale
Sujet 4
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« Lorsque je déclare que la liberté à travers chaque circonstance concrète ne peut avoir d'autre but
que de se vouloir elle-même, si une fois l'homme a reconnu qu'il pose des valeurs dans le
délaissement, il ne peut plus vouloir qu'une chose, c'est la liberté comme fondement de toutes les
valeurs. Cela ne signifie pas qu'il la veut dans l'abstrait, Cela veut dire simplement que les actes des
hommes de bonne foi ont comme ultime signification la recherche de la liberté en tant que telle. Un
homme qui adhère à tel syndicat communiste ou révolutionnaire, veut des buts concrets ; ces buts
impliquent une volonté abstraite de liberté ; mais cette liberté se veut dans le concret. Nous voulons la
liberté pour la liberté, et à travers chaque circonstance particulière. Et en voulant la liberté, nous
découvrons qu'elle dépend entièrement de la liberté des autres, et que la liberté des autres dépend de la
nôtre. Certes, la liberté comme définition de l'homme, ne dépend pas d'autrui, mais dès qu'il y a
engagement, je suis obligé de vouloir en même temps que ma liberté, la liberté des autres, je ne puis
prendre ma liberté pour but, que si je prends également celle des autres pour but. »
Jean Paul SARTRE, L'Existentialisme est un humanisme.
Sujet 5
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« J’aurais voulu vivre et mourir libre, c’est-à-dire tellement soumis aux lois, que ni moi ni personne
n’eut pût secouer l'honorable joug, ce joug salutaire et doux, que les têtes les plus fières portent
d’autant plus docilement qu’elles sont faites pour n'en porter aucun autre. J’aurais donc voulu que
personne dans l’Etat n’eût pu se dire au-dessus de la loi, et que personne au dehors n’en pût imposer
que l'Etat fût obligé de reconnaître ; car quelle que puisse être la constitution d'un gouvernement, s’il
s’y trouve un seul homme qui ne soit pas soumis à la loi, tous les autres sont nécessairement à la
discrétion de celui-là ; et s’il y a un chef national et un autre chef étranger, quelque partage d’autorités
qu’ils puissent faire, il est impossible que l’un et l’autre soient bien obéis et que l’Etat soit bien
gouverné. Je n’aurais point voulu habiter une république de nouvelle institution, quelques bonnes lois
qu'elle pût avoir, de peur que le gouvernement, autrement constitué peut-être qu'il ne faudrait pour le
moment, ne convenant pas aux nouveaux citoyens, ou les citoyens au nouveau gouvernement, l’Etat
ne fût sujet à être ébranlé et détruit presque dès sa naissance ; car il en est de la liberté comme de ces
aliments solides et succulents, ou de ces vins généreux, propres à nourrir et fortifier les tempéraments
robustes qui en ont l’habitude, mais qui accablent, ruinent et enivrent les faibles et délicats qui n’y
sont point faits. »
ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Sujet 6
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« S'il est vrai que de tous les temps, depuis qu’il y a des hommes, il y a eu aussi des troupeaux
humains (confréries sexuelles, communautés, tribus, nations, Eglises, Etats) et toujours un grand
nombre d'hommes obéissant à un petit nombre de chefs ; si, par conséquent, l'obéissance est ce qui a
été le mieux et le plus longtemps exercé et cultivé parmi les hommes, on est en droit de présumer que
dans la règle chacun de nous possède en lui le besoin inné d’obéir, comme une sorte de conscience
formelle qui ordonne: «Tu feras ceci, sans discuter; tu t’abstiendras de cela sans discuter »; bref, c’est
un «tu feras». Ce besoin cherche à s'assouvir et à emplir sa forme d’un contenu ; il se taille sa part
selon sa force, son impatience et sa tension, sans beaucoup choisir, en grossier appétit qu’il est, et il
accepte tout ce que lui hurle à l’oreille n’importe quelle voix ayant autorité - parents, maîtres, lois
préjugés sociaux, opinion publique. Si l’évolution humaine est si étroitement bornée, si hésitante, si
lente, souvent si régressive et si piétinante, c’est que l’instinct grégaire de l’obéissance est celui qui
s’hérite le plus aisément et qu'il prospère aux dépens de l'art de commander. Que l’on imagine cet
instinct poussé jusqu'à ses derniers excès : il n'y aurait plus personne pour commander ni pour vivre
indépendant ; ceux qui auraient ces goûts se sentiraient bourrelés dans leur conscience et auraient
besoin de quelque prétexte illusoire pour pouvoir encore commander. Ils s’imagineraient, par exemple,
qu'ils ne font qu’obéir. Cet état de choses est celui de l’Europe moderne, je l'appelle la tartufferie des
dirigeants. Pour imposer silence à leur conscience, ils font semblant d’être les exécuteurs de
commandements antiques et suprêmes (ceux des ancêtres, de la Constitution, du droit, des lois ou
même de Dieu), ou ils empruntent à la mentalité du troupeau des formules grégaires et se donnent, par
exemple, pour « le premier serviteur de l’Etat » ou « l’instrument du bien public ».
F. NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal
Sujet 7
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« La justice (l’équité) prend sa source parmi des hommes à peu près également puissants. Comme
Thucydide l’a bien compris (…). Là où il n’y a pas de puissance clairement reconnue pour
prédominante et où une lutte n’amènerait que des dommages réciproques sans résultat, naît l’idée de
s’entendre et de traiter au sujet des prétentions de part et d’autre : le caractère de troc est le caractère
initial de la justice. Chacun donne satisfaction à l’autre, en ce que chacun reçoit ce qu’il met à plus
haut prix que l’autre. On donne à chacun ce qu’il veut avoir, comme étant désormais sien, et en
échange on reçoit l’objet de son désir. La justice est ainsi une compensation et un troc dans
l’hypothèse d’une puissance à peu près égale : c’est ainsi qu’originairement la vengeance appartient au
règne de la justice, elle est un échange. Voilà pour l’origine de la justice. Parce que les hommes,
conformément à leur habitude intellectuelle, ont oublié le but originel des actes dits justes, équitables,
et surtout parce que durant des siècles les enfants ont été instruits à admirer et à imiter ces actes, peu à
peu est née l’apparence qu’un acte juste serait un acte non égoïste. »
Friedrich NIETZSCHE, Humain, trop humain
Sujet 8
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée
« En vain dirait-on que tous les gouvernements sont, ou devraient être fondés initialement sur le
consentement populaire, dans la mesure où les nécessités des affaires humaines le permettent. Car cela
va entièrement dans mon sens. Je maintiens en effet que les affaires humaines ne permettront jamais
un tel consentement, et rarement son apparence ; et que c’est la conquête ou l’usurpation – pour parler
clair, la force – qui constitue l’origine de presque tous les nouveaux régimes jamais établis dans le
monde, parce que c’est elle qui a ruiné ceux qui les précédaient. Je maintiens également que dans les
rares cas où un consentement peut paraître avoir joué, ce fut ordinairement de façon si irrégulière, si
limitée ou si fort mêlée de fraude et de violence, que ce consentement ne peut avoir eu grande autorité.
Mon intention n’est pas ici de nier que le consentement populaire soit une façon légitime de fonder
le gouvernement. Là où il a eu lieu, il est sûrement le fondement le meilleur et le plus sacré de tous. Je
prétends seulement qu’il n’a que fort rarement eu lieu, même sous une forme partielle, et presque
jamais dans sa pleine extension ; et qu’il faut bien, par conséquent, reconnaître quelque autre
fondement du gouvernement. »
David HUME, Essais politiques, 21è essai : du contrat originel in Quatre essais politiques, éd.
T.E.R bilingues, 1982, p.9.
CORRIGES
Dissertations
L’animalité: ensemble des caractères propres à l’animal (exemple : instincts, violence, immoralité
etc.).
II – REFORMULATION
La conscience en tant que faculté de connaître et de juger éloigne- t-elle l’homme de l’instinct animal
?
III –PROBLEME
- Les guerres dans le monde, la perversion de la société moderne etc. constituent une preuve de la
présence de l’animalité en l’homme.
- Il existe chez l’homme un inconscient psychique qui détermine sa vie consciente et le pousse à agir
de manière instinctive ou irrationnelle comme les autres animaux.
Sigmund FREUD, Malaise dans la civilisation (1929) : « l'homme n'est point cet être débonnaire, au
cœur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui
doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité. »
- La conscience est gouvernée par l’inconscient qui le rend faible et impuissant à faire le bien.
Blaise PASCAL, Pensées : « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un
roseau pensant. »
- L’homme est, grâce à la conscience, le seul être capable de se projeter dans l’avenir et de penser le
passé.
HEIDEGGER dans son cours Les Concepts fondamentaux de la Métaphysique : l’homme un « être des
lointains. »
- L’inconscient : Instance psychique où sont emmagasinés les instincts, les pulsions, les désirs
refoulés, ensemble de la vie psychique qui échappe à la conscience.
- Nature : C’est le donné, c’est l’ensemble des dispositions innées chez un sujet.
II – REFORMULATION
L’inconscient en tant que l’ensemble des pulsions, représentations et désirs refoulés chez un sujet
donné est-il inné ou acquis ?
III –PROBLEME
Quelle est la nature de l’inconscient ?
- L’inconscient est un phénomène universel car il se manifeste chez tout être humain sans distinction
de race, de culture, de région, de religion….
FREUD, Métapsychologie : « Aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit
fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne
bénéficient pas du témoignage de la conscience. »
- Les phénomènes inconscients (désirs, passions, etc.) sont indissociables de la définition de l’homme
qui est d’abord un animal.
Blaise PASCAL, Pensées: « L'homme n'est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange
fait la bête. »
Cf. Les travaux du psychologue Jean PIAGET qui reconnaît l'existence d'un « inconscient intellectuel »
présent dès la naissance qui prédispose à apprendre. (In Le temps et le
développement intellectuel de l'enfant, 1962.)
- La nature de l’inconscient est déterminée par l’impact de l’éducation, des évènements et des
influences de l’histoire de l’individu.
William WORDSWORTH (1770-1850) : « L’enfant est le père de l’homme. » (Figure dans un poème
intitulé The Rainbow).
Cf. FREUD, dans Cinq leçons sur la psychanalyse, a mis en évidence l’importance des expériences
sociales vécues par le sujet dans la formation de son inconscient.
Cf. Karl. G. JUNG à travers sa notion d’ ‘‘inconscient collectif’’ comme représentant l’héritage spirituel
de l’humanité.
II – REFORMULATION
L’Etat en tant que forme d’organisation sociale caractérisée par la communauté de territoire, de lois
et de gouvernement, constitue-t-il un dommage indispensable ?
III –PROBLEME
- L’État apparait comme un appareil de répression systématique à travers les forces de l’ordre qui
imposent sa volonté.
Louis ALTHUSSER, dans Idéologies et appareils idéologiques d'Etat, relève les ARE ou Appareils
Répressifs d’Etat (la police, la gendarmerie, l’armée) et les AIE ou Appareils Idéologiques d'Etat (la
presse, l'école,...)
- L’Etat, en imposant des règles contraires à ou indépendantes de notre volonté apparait comme un
organisme qui enchaine ses membres dans des contraintes.
BAKOUNINE : « l’Etat est un vaste cimetière où viennent s’enterrer toutes les manifestations de la vie
individuelle. »
ROUSSEAU, Du Contrat social : « Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux
qui n'ont rien. »
K. MARX, L’Idéologie allemande : « Toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d'abord le
pouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l'intérêt général. »
- L’État est une forme d’organisation sociale qui met fin à l’atmosphère de violence systématique des
sociétés humaines.
T. HOBBES, Le Léviathan : L’état de nature est une « guerre de chacun contre chacun. »
- L’État réconcilie les intérêts particuliers des citoyens et sa vocation universelle en prenant en
compte les besoins de tous et de chacun.
J.J. ROUSSEAU, Du Contrat social : « L'obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.»
II – REFORMULATION
III –PROBLEME
- Dans la pratique quotidienne, l’Etat use de violence physique et psychologique pour imposer son
autorité et sa volonté.
Louis ALTHUSSER, dans Idéologies et appareils idéologiques d'Etat, les deux axes de violences de
l'Etat, relève les ARE ou Appareils Répressifs d’Etat (la police, la gendarmerie, l’armée) et les AIE ou
Appareils Idéologiques d'Etat (la presse, l'école...).
- Les actions de L’Etat visent toutes à domestiquer, aliéner, dépouiller l’individu de toute personnalité,
l’Etat décidant à sa place et le réduisant ainsi au rang d’animal.
SCHOPENHAUER, Pensées et fragments : « l'Etat n'est que la muselière dont le but est de rendre
inoffensive cette bête carnassière, l’homme et de faire en sorte qu'il ait l'aspect d'un herbivore. »
- La violence de l’Etat ne se justifie pas à partir du moment les hommes naturellement bons peuvent
cohabiter pacifiquement sans atteintes à leur dignité et leur intégrité pourvu qu’on sache les
convaincre.
Georges GUSDORF, La Vertu de force : toute action de violence résulte d'un acte de désespoir, elle
est une « énergie de désespoir. » Seuls ceux qui échouent à triompher par la raison ou le bon sens,
c'est-à-dire par des arguments rationnellement convaincants, s’abaissent à nuire et à s'imposer aux
autres par la violence.
- Les hommes sont si naturellement violents qu’il faut un pouvoir fort pour les amener à vivre
pacifiquement.
HOBBES, Le Léviathan : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les
tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre
de chacun contre chacun. »
- L’absence de violence d’Etat entraine l’anarchie dans laquelle la condition des hommes est pire en
raison d’une violence plus scandaleuse et préjudiciable à tous.
- Le droit et la force doivent soutenir mutuellement l'action politique pour que l’Etat atteigne ses
objectifs régaliens.
Blaise PASCAL, Pensées : « la justice sans la force est impuissante et la force sans la justice est
tyrannique »
Paul VALERY, Regards sur le monde actuel : « Si l'Etat est fort il nous écrase, s'il est faible, nous
périssons. »
Réponse : la violence s’impose comme une nécessité dans l'exercice du pouvoir d'Etat dans le strict
respect des droits du citoyen.
II – REFORMULATION
III –PROBLEME
- Le prochain est indispensable à mon humanisation et à ma réalisation car coupé du milieu social,
l’enfant reste un simple animal.
Lucien MALSON, Les enfants sauvages : « Il faudrait admettre que les hommes ne sont pas des
hommes hors de l'ambiance sociale. »
Lucien MALSON y fait la description détaillée de ces enfants dérobés très jeunes à leurs parents ou
perdus, qui deviennent enfants-loups, enfants-léopards, enfants-gazelles, enfants-sangliers, ...- dont
les cas célèbres du “Sauvage de l’Aveyron”, de Gaspard Hauser, etc.
- Autrui est une source d’enrichissement et d’aide pour moi car il m’apporte ce que je n’ai pas.
SAINT-EXUPERY, Terre des hommes : « Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu
m'enrichis. »
SARTRE, L'être et le néant : « Je saisis le regard de l'autre au sein même de mon acte, comme
solidification et aliénation de mes propres possibilités. »
- Autrui est un être égoïste qui vise à m’instrumentaliser, me nuire voire me détruire au profit de ses
intérêts.
Sigmund FREUD, Malaise dans la civilisation (1929) : « l'homme n'est point cet être débonnaire, au
cœur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui
doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité. »
Suffit-il : Faut-il seulement, uniquement, avoir juste la quantité, la qualité, la force nécessaire. Faut-il
se contenter
Droit : Ensemble des lois, des normes et des règles régissant une communauté humaine, Le droit
positif.
II – REFORMULATION
Le respect scrupuleux des lois est-il suffisant à l'établissement de l'équité dans la société ?
III –PROBLEME
- Le droit, sous le prétexte de garantir l’intérêt général sert en réalité des intérêts particuliers.
MARX : la loi est un « instrument d’exploitation de l'homme par l’homme » et l’Etat, «une police au
service de la classe dominante. »
- La loi a pour seule fin de supprimer nos libertés naturelles et apparait comme un instrument
d’oppression.
BAKOUNINE : « l’Etat est un immense cimetière où viennent s’enterrer toutes les manifestations de la
liberté » Socialisme autoritaire et libertaire. »
- Même injustes, les lois sont plus profitables que le désordre auquel elles cèderaient inévitablement
la place.
- Dans le principe, le droit, émanation de la volonté générale, crée une égalité de fait entre les
hommes ce qui favorise l’égale dignité des citoyens.
ROUSSEAU, Du contrat social : « Il n'y a donc pas de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au-dessus
des lois. »
- Le droit assure l’harmonie sociale et protège contre les abus, les comportements arbitraires d’autrui
en définissant des limites précises pour tous.
KANT : « Le droit est l'ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s'accorder
avec la liberté de tous. »
Réponse : la loi reste la condition nécessaire mais non suffisante d'instauration de la justice. Il faut
donc la parfaire en prenant en compte les intérêts du peuple
Liberté : état de l’être qui n’obéit qu’a sa volonté indépendamment de toute contrainte extérieure.
Dépendre de: être soumis à, être tributaire de
Loi: Ensemble précis de règles censés régir l’activité dans une société ou un groupe donné.
II – REFORMULATION
La liberté relève exclusivement de la soumission aux normes qui régissent la vie sociale.
III –PROBLEME
- La loi, en tant que l’émanation de la conscience et l’intelligence d’une société, exprime la volonté
du peuple.
MONTESQUIEU, De l’esprit des lois : « La liberté consiste à ne dépendre que des lois. »
ROUSSEAU, Du contrat social : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté. »
- La loi prend en compte les intérêts de tous les citoyens et rend compossibles (possibles
simultanément) la liberté de tous.
Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789, article 4 : « La liberté consiste à
pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme
n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes
droits. »
- La liberté résultant de la loi est sécurisée tandis que son alternative, le droit du plus fort, crée un
état de non-droit et met constamment en danger la liberté naturelle de chacun.
- D’un point de vue étymologique, la liberté, en tant qu’absence de détermination, est absolument
niée par la loi qui est détermination.
- Le rejet de toute forme d’État et de toute forme d’autorité est nécessaire pour être
libre. BAKOUNINE, Fédéralisme, socialisme et antithéologisme (1867) : « C'est l'Etat, c'est l'autel de
la religion politique sur lequel la société naturelle est toujours immolée : une universalité dévorante,
vivant de sacrifices humains, comme l'Église. »
Karl MARX, L'Idéologie allemande : l'Etat est un « instrument d'exploitation de l'homme par
l'homme »
Selon Calliclès, la loi est une conspiration contre nature des faibles dans leur lutte contre les plus
forts. Cf. PLATON, Gorgias.
Nation : communauté humaine caractérisé par la conscience de son identité historique par l’unité
linguistique, la communauté d’intérêts et la poursuite d’un idéal commun.
Utopie: chimère, vue de l’esprit, illusion, ce qui ne peut pas être réalisé.
II – REFORMULATION
La nation en tant que communauté humaine éprouvant le désir de vivre ensemble, est-elle
impossible à réaliser ?
- La nation n’est pas une réalité matérielle mais un mot, un simple concept.
RENAN, Qu’est-ce qu’une nation ? « Une nation est une âme, un principe spirituel. »
- La nation apparait comme un slogan politique qui réussit à fédérer, pendant un certain temps,
toutes les énergies et mentalités d’un pays autour d’un projet politique.
G. BURDEAU, Traité de la science politique : une nation, c’est un rêve d’avenir partagé. »
- L’expérience montre que la nation, même quand il semble exister, est fragile et susceptible à tout
moment de s’effondrer.
E. RENAN, Qu’est-ce qu’une nation ? : « L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours. »
- L’expérience nous montre à travers les exemples d’Etats qui sont devenus des nations à la suite de
siècles de communauté d’histoire, de guerre ou de religion que la construction de la nation est juste
une question de temps et de volonté.
MAUSS (Marcel), La Nation : « Nous entendons par nation une société matériellement et
moralement intégrée, à pouvoir central stable, permanent, à frontières déterminées, à relative unité
morale, mentale et culturelle des habitants qui adhèrent consciemment à l’État et à ses lois. »
- Il existe objectivement des ingrédients naturels sur lesquels la nation peut se fonder à savoir les
liens matériels ou ethniques des citoyens tels que la race, la langue, la religion.
- Qu’on le veuille ou non, la nation est l’aboutissement naturel d’un Etat en raison des relations que la
vie sociale favorise et qui font disparaitre les clivages et différences.
Henri LEFEBVRE, De l’État : « la nation précède l’État ; elle est son berceau, elle fournit le territoire
sur lequel s’exerce la souveraineté […] elle est le cadre naturel de la communauté politique.»
Réponse : La nation est un projet réalisable qu’il faut cependant continuellement protéger car il
peut s’effondrer.
Athéisme : Doctrine ou attitude qui nie l’existence de Dieu, qui ne croit pas en Dieu et par voie de
conséquence, en la religion.
Illusion: Apparence trompeuse dénuée de la réalité, croyance fausse mais séduisante pour l’esprit.
II – REFORMULATION
III –Problème
LA BIBLE, Jean 1 :18 : « Personne n'a jamais vu Dieu » (version Louis Segond 1910)
- L’existence malgré tout d’un Dieu personnel résulte plutôt de la déformation de la réalité pour
nourrir l’impuissance voire la paresse de l’homme face aux réalités de la vie ou satisfaire des
ambitions politiques.
FREUD, Malaise dans la civilisation: « Des êtres humains s'efforcent ensemble et en grand nombre
de s'assurer bonheur et protection contre la souffrance au moyen d'une déformation chimérique de
la réalité. » (Trad.fr. PUF, 1979)
- La persistance du mal remet en cause la conception traditionnelle d’un Dieu bon et juste.
VOLTAIRE : « Dieu a fait l'homme à son image, mais l'homme le lui a bien rendu. » In Guy de
Maupassant, Contes et nouvelles, La Horla.
- L’idée de Dieu est partagée universellement tant dans le temps que dans l’espace par des peuples
qui étaient pourtant séparés.
Sully PRUDHOMME : « J’en arrive à me définir Dieu simplement : ce qui me manque pour
comprendre ce que je ne comprends pas. »
- Dieu est l’idée du parfait que j’ai en moi, dont je suis l’image affaiblie et qui existe nécessairement
du fait que l’existence est comprise dans la perfection.
- Dieu est une nécessité morale sans lequel l’homme glisse vers l’immoralité et l’animalité.
DOSTOÏEVSKI, Crime et châtiment : « Si Dieu n’existait pas, tout serait permis. »
Francis BACON : « Il est vrai qu'un peu de philosophie incline l'esprit de l'homme à l'athéisme, mais
une philosophie profonde amène les esprits des hommes à la religion. » Essais, sur l'Athéisme.
II – REFORMULATION
La recrudescence du phénomène religieux dans une société profondément portée vers les sciences
est-elle surprenante ?
III –PROBLEME
Charles DARWIN : « La science et le Christ n'ont rien à voir l'un avec l'autre, sinon dans la mesure où
l'habitude de la recherche scientifique enseigne la prudence au moment d'accepter une preuve
quelle qu'elle soit. »
- La science apparait comme une déconstruction voire une abolition des vérités et fondements de la
religion.
BACHELARD, La psychanalyse du feu : « il n’y a pas de vérités premières mais des erreurs premières.
»
- Avec les prouesses de la techno-science qui comblent les aspirations de l’homme, Dieu semble être
réduit au chômage par la science.
Axe 2 : Face aux limites de la science, la religion s’offre à nous comme une panacée
- Sur le plan de la connaissance, il apparait évident que malgré l’effort de la science, certains
phénomènes sont restés inexplicables.
KANT, Critique de la raison pure « J’ai dû limiter le savoir pour lui substituer la croyance »
- Science et technique permettent de combler les besoins matériels de l’homme mais elles ne
peuvent satisfaire la soif spirituelle et religieuse de ce dernier.
Francis BACON, Essais de morale et de politique (1597) : « Les troubles et l'adversité ramènent à la
religion. »
- La religion apparait comme le remède aux clivages et angoisses nées dans nos sociétés du fait du
développement désordonné et inhumain des sciences.
BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion : « Qu’on interprète la religion d’une
manière ou d’une autre, qu’elle soit sociale par essence ou par accident, un point est toujours certain,
c’est qu’elle a toujours joué un rôle social. »
Albert EINSTEIN : « La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. »
Louis PASTEUR : « Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène. » (Ici, il
pastiche BACON.)
Pratique religieuse : Respect et application (stricte) des règles et dogmes relatifs au sacré ou à la
puissance divine par une communauté.
II – REFORMULATION
III –PROBLEME
Cf. Auguste COMTE et la loi des trois états dans Cours de philosophie positive.
Arthur SCHOPENHAUER, Parerga : « Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, il leur
faut de l'obscurité. »
- La religion étant pure illusion et fuite de responsabilité, la pratique religieuse est vide de sens.
FREUD, L'avenir d'une illusion : « Je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos
déductions, vous dites que L'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui
apporte l'illusion religieuse. »
Jean-Paul SARTRE : « La religion, c'est l'échappatoire de ceux qui sont trop lâches pour se reconnaître
responsables de leurs propres destinées. »
- Il est nécessaire d’abandonner la pratique religieuse pour cultiver les sciences et la technique, seules
valeurs contemporaines nécessaires à notre émancipation économique et matérielle.
MARX, Critique de la philosophie du droit de Hegel : « L'abolition de la religion en tant que bonheur
illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel. »
- L’homme, en tant qu’être de conscience et de réflexion, ne peut qu’être religieux quand il se pose
certaines questions sur l’origine de l’univers auxquelles il ne trouve aucune réponse.
Francis BACON, Essais, sur l'Athéisme : « Il est vrai qu'un peu de philosophie incline l'esprit de
l'homme à l'athéisme, mais une philosophie profonde amène les esprits des hommes à la religion. »
FREUD, Nouvelles conférences sur la psychanalyse : « La science en effet ne peut rivaliser avec elle
[la religion], quand il s’agit d’apaiser la crainte de l’homme devant les dangers et les hasards de la vie
ou de lui apporter quelque consolation dans les épreuves. »
- La religion apparait comme le remède aux problèmes de moralité et de cohésion dans nos sociétés
modernes.
BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion : « Qu’on interprète la religion d’une
manière ou d’une autre, (…), un point est toujours certain, c’est qu’elle a toujours joué un rôle social.
»
Réponse : la religion a encore de l’importance aujourd’hui.
Commentaires
Sujet 1
I/ Eléments de l’introduction
Thème : Conscience animale et conscience humaine.
Problème : Peut-on assimiler la conscience animale à la conscience humaine ?
Thèse : La conscience humaine diffère de la conscience animale en ce que, contrairement au cerveau
animal, le cerveau humain a des capacités illimitées.
Critique externe
Enjeu : La valeur de l’homme.
Enjeu problématisé : La conscience fonde-t-elle réellement la valeur de l’homme ?
Références possibles
- Selon la philosophie classique, la conscience est l’essence de l’homme et fait sa dignité.
Descartes, discours de la méthode : « Je pense donc je suis. »
Pascal, Pensées (1670) : « L’homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un
roseau pensant. »
Sujet 2
I/ Eléments de l’introduction
Thème : L'existence de l'homme et des choses de la nature.
Problème : L'homme existe-t-il de la même manière que les choses de la nature ?
Thèse : Tandis que les choses de la nature n’existent qu'immédiatement, l'homme lui a une double
existence.
Critique externe
Enjeu : La connaissance de l'homme.
Enjeu problématisé : la connaissance de l'homme se réduit-elle à la conscience de soi?
Références possibles
- Parce qu’il est capable d’affirmer son autonomie ou sa singularité existentielle en disant
"je", l'homme reste de loin supérieur aux autres êtres de la nature.
KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique : « Posséder le “JE” dans sa représentation …
élève infiniment l’homme au-dessus de tous les autres êtres vivants. »
- La conscience permet à l’homme de prendre conscience de lui comme d’un être distinct et
supérieur.
PASCAL, Pensées : « Penser fait la grandeur de l'homme. »
- L’homme est aussi sauvage et barbare que les autres animaux comme en témoignent ses
rapports avec autrui (crimes, guerres, etc.)
FREUD, Malaise dans la Civilisation : « L'homme ... est un être qui compte au nombre de ses
données instinctives, une bonne somme d'agressivité. »
Sujet 3
I/ Eléments de l’introduction
Thème : La fonction de l’oubli.
Problème : Quelle est la fonction de l’oubli ?
Thèse : L’oubli est un pouvoir actif qui permet de maintenir l’ordre psychique.
Critique externe
Enjeu : Le bonheur de l’homme.
Enjeu problématisé : L’oubli est-il toujours la condition du bonheur ?
Références possibles
- L’oubli conditionne le bonheur.
- L'homme est naturellement enclin à oublier ou à fuir les souvenirs traumatisants qui lui
causent du déplaisir faisant de l’oubli, une sorte de ‘‘ thérapie naturelle ’’ de l'esprit pour
échapper aux éventuelles affections mentales (névroses, psychoses, hystéries) que pourraient
causer ces événements.
FREUD, Psychopathologie de la vie quotidienne : « Un nom est oublié soit parce qu'il rappelle
lui-même une chose désagréable, soit parce qu'il se rattache à un autre nom, susceptible de provoquer
un sentiment désagréable. »
Sujet 4
I/ Eléments de l’introduction
Thème : Le sens de la liberté.
Problème : La liberté réside-t-elle dans l'abstrait ?
Thèse : Si la liberté implique une volonté abstraite, elle se réalise dans le concret.
Critique externe
Enjeu : Le bonheur.
Enjeu problématisé : la liberté concrète qui implique nécessairement autrui est-elle la condition
du bonheur ?
Références possibles
- L’homme ne s’épanouit qu’en vivant avec les autres
AR1STOTE, Le politique : « l’homme est un animal politique. »
- L’autre, loin de nous rendre heureux, constitue une barrière à notre affirmation.
Thomas HOBBES, Le Léviathan : « l'homme est un loup pour l’homme. »
FREUD, Malaise dans la civilisation : « l'homme n’est point cet être débonnaire au cœur assoiffé
d’amour...mais un être qui compte au nombre de ses données instinctives une bonne somme
d’agressivité. »
Sujet 5
I/ Eléments de l’introduction
Thème : Liberté et lois.
Problème : A quelle condition la liberté de l'homme et la souveraineté de l’Etat peuvent être
garanties ?
Thèse : Seule la soumission aux mêmes lois garantit la liberté de l’homme et la souveraineté de
l'Etat.
Critique externe
- Enjeu : La liberté civile
- Enjeu problématisé: Qu’est-ce qui fonde la liberté civile ?
Références possibles
- La loi constitue le fondement de la liberté civile.
MONTESQUIEU, De l'Esprit des lois : « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois
permettent »
- Les lois de l’Etat sont le moyen privilégié des gouvernants pour dominer les masses.
Karl MARX, L'Idéologie allemande : l'Etat est un « instrument d'exploitation de l'homme par
l'homme ».
Sujet 6
I/ Eléments de l’introduction
Thème : L’instinct d'obéissance
Problème : L'instinct d'obéissance favorise-t-il le plein épanouissement de l'être humain en
société?
Thèse : L'instinct d'obéissance poussé à l'extrême transforme les hommes en « troupeaux humains
» et conduit ceux qui commandent à se réfugier derrière ces artifices.
Références possibles
- Toute obéissance du peuple (les faibles) à la loi qui est l’émanation des gouvernants
(hommes forts) est vécue comme une aliénation.
BAKOUNINE : « l’Etat est un vaste cimetière où viennent s’enterrer toutes les manifestations de la
vie individuelle. »
- Sur le plan psychologique, la liberté s’impose comme obéissance au « Bon Sens » et non à
celle du corps qui relève plutôt des passions et des « esprits animaux ». Cf. DESCARTES, Traité
des passions
- Au plan religieux, obéir libère le croyant de toutes les pressions et angoisses et constitue une
source de "cohésion sociale” et d’élan humanitaire pour le corps social. Cf. Henri
BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion.
Sujet 7
I/ Eléments de l’introduction
Thème : L’origine de la justice
Problème : Quelle est la véritable origine de la justice?
Thèse : La justice a pour véritable origine le troc et la compensation.
Critique externe
Enjeu : La morale
Enjeu problématisé : La morale doit-elle fonder la justice ?
Références possibles
- Les motivations égoïstes sont à la base d’actes justes.
Aristote, Ethique à Nicomaque : il arrive que par égoïsme, « un homme … s’applique
constamment à accomplir plus que tout autre des actes de justice, de tempérance, ou de toute autre
vertu » IX, 8, 1168-1169b
David Hume, Traité de la nature humaine : « C’est uniquement de l’égoïsme de l’homme et de
sa générosité limitée, en liaison avec la parcimonie avec laquelle la nature a pourvu à la satisfaction de
ses besoins, que la justice tire son origine.» Trad. A. Leroy, Ed, Aubier-Montaigne, 1973, pp. 612-
613.
- Selon les philosophes du contrat, c’est par un acte d’auto-conservation donc égoïste que naît
la société. Cf. Hobbes, Léviathan
- La justice doit reposer sur la moralité et non sur les circonstances occasionnelles.
Cf. La thèse de l’impératif catégorique[1] de Kant : « Agis de façon telle que tu traites l'humanité,
aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais
simplement comme moyen. » Fondation de la métaphysique des mœurs in Métaphysique des
mœurs, I, Fondation, Introduction, trad. Alain Renaut, p. 108.
Sujet 8
I/ Eléments de l’introduction
Thème : Le fondement du gouvernement.
Problème : Le consentement est-il le fondement du gouvernement ?
Thèse : Ce n’est pas le consentement qui fonde le gouvernement mais plutôt la force.
Critique externe
Enjeu : Le pouvoir politique.
Enjeu problématisé : Le pouvoir politique repose-t-il sur la force ?
Références possibles
- C’est la force qui contraint les hommes à vivre ensemble. La divergence de leurs intérêts
rend illusoire le consentement populaire comme fondement de la société.
Hobbes, Léviathan : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les
tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de
chacun contre chacun. »
- Les hommes étant méchants, l’usage de la force est indispensable pour le maintien du souverain au
pouvoir. Cf. Machiavel, Le Prince.
- Tout pouvoir établi sur la seule force physique risque d'être renversé par une force supérieure. Aussi,
le droit seul doit fonder le pouvoir politique pour un pouvoir stable.
Rousseau, Du contrat social : « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il
ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. »