Thuries Magazine N°315 - Décembre 2019
Thuries Magazine N°315 - Décembre 2019
Thuries Magazine N°315 - Décembre 2019
FORMULE
"
magazine
"
#315
DEC 19
L’artichaut caviar
d’Aurélien Rivoire
Le magazine de la gastronomie
CARNET DE RECETTES
Yannick Alléno
& Aurélien Rivoire
ÉDITO
T
huriès Gastronomie Magazine devient Thuriès
Magazine. C’est avec beaucoup de plaisir, un
soupçon de fierté et un zeste de trac que nous vous
présentons la nouvelle formule de votre magazine.
Anne LUZIN
4 SOMM A IR E
6 24
38
Sommaire
6 L’ALBUM DU CHEF 66 OUVERTURE 100 SAISON : LE FRUIT DU JACQUIER
Emmanuel Renaut Christopher Hache 1 PRODUIT, 3 DESSERTS
Flocons de sel à Megève Maison Hache à Eygalières par Jonathan Chauve
16 ACTUS 76 VOYAGE À TRAVERS
LE VIGNOBLE FRANÇAIS 108 CÔTÉ LIVRES
22 AGENDA & CONCOURS Cahors, le vent de la Jeunesse,
la renaissance d’un grand terroir 113 CARNET D’ADRESSES
24 LES RECETTES DE
Yannick Alléno 80 L’ALBUM DU PÂTISSIER
Pavillon Ledoyen à Paris Cédric Golet
Cédric Grolet Opéra à Paris
38 LES DESSERTS DE
Aurélien Rivoire 90 LA PÂTISSERIE DE
Pier-Marie Le Moigno
52 À LA TABLE DE à Lorient
Julien Lemarié
IMA à Rennes
SOMM A IR E 5
80
52
66
90
14
100
6 L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT
L’ ALBUM DU CHEF
Emmanuel Renaut
QUELQUES DATES
26 janvier 1968
Naissance à Soisy-sous-Montmorency
1997
Ouverture du Flocons de Sel
2001 : 1re étoile
200 4 : MOF
2007 : 2e étoile
2012 : 3e étoile
L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT 7
FLOCONS DE SEL
À MEGÈVE
Ensuite c’est par mon frère aîné, qui est sommelier, que j’apprends à
découvrir le monde de la gastronomie, car lorsque tu es à la campagne,
les chefs, les grands chefs, tu ne les connais pas nécessairement. Sur-
tout qu’il n’y avait pas à l’époque autant de médias que maintenant.
N
nier, car je veux rentrer dans les chasseurs alpins. J’ai donc passé
é dans le Val-d’Oise, où il passera une dizaine d’années, mon année d’armée dans les transmissions, en montagne un jour
Emmanuel Renaut a dès son enfance une attache forte sur deux, donc dans un environnement que j’aimais. Je me suis
avec la nature. Des grands-parents agriculteurs du côté éclaté. En revenant de l’armée je cherche à nouveau une place et je
maternel, de l’autre une arrière-grand-mère pêcheur. demande à mon frère, qui travaillait au Jamin, de m’obtenir un ren-
Lorsqu’on apprend que, déjà enfant, il aimait les balades en forêt dez-vous avec Joël Robuchon. Le chef me reçoit gentiment, on dis-
et la cueillette des champignons, on comprend mieux aujourd’hui cute ensemble mais à la fin de l’entretien il me dit : « Je vois que vous
sa cuisine en phase avec son terroir montagnard et en parfaite êtes passionné, que vous avez envie de venir, malheureusement je
adéquation avec la saison. Rencontre avec un cuisinier sincère et n’embauche personne quand j’ai déjà un membre de la famille dans
authentique. l’établissement. » Il avait des règles donc comme mon frère y tra-
vaillait, il ne pouvait pas me prendre. Je suis un peu déçu, mais il
T.M. : Comment se passe votre enfance ? me répond : « Si votre frère ne fait plus partie de la maison un jour,
Je suis proche de la nature, je vais me balader dans les bois, je fais vous pourrez venir vous présenter. » Du coup le lendemain, je me
de la moto Trial, je vais ramasser des champignons avec mes voisins suis rendu rue Saint-Roch, à la Société des Cuisiniers ; je ne sais
mais je ne suis pas nécessairement passionné par la cuisine. J’aime pas si ça existe toujours mais à l’époque, les cuisiniers pouvaient
bien manger, on mange bien à la maison mais je n’ai pas d’attrait parti- se présenter à cette adresse lorsqu’ils cherchaient du travail. On
culier. Néanmoins, j’ai la chance que mes parents m’emmènent dans un nous plaçait alors dans différents endroits pour faire des extras, à
ou deux bons restaurants. Je garde notamment un grand souvenir de la journée ou à la semaine ; c’était une sorte de société d’intérim
mon repas au restaurant Greuze à Tournus, chez Jean Ducloux.
8 L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT
Avec Paul Bocuse pour les JO d’Albertville en 1992 Devant le Flocons de sel à l’ouverture en 1998
L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT 9
Et comment s’est passée cette prise de contact ? Étape importante dans votre parcours ?
Il m’a indiqué que le restaurant était fermé au moment où je Oui, à plusieurs titres. J’y ai rencontré Kristine, ma femme, mais
l’appelais mais qu’à la réouverture, il y aurait une place pour moi. ce fut aussi important pour ma carrière. L’Angleterre n’ayant pas
Pas de contrat, juste une promesse mais à l’époque ce n’était pas réellement de traditions culinaires, le fait de rejoindre Londres m’a
choquant. Les choses se passaient souvent comme ça. Je me suis permis de me séparer du carcan de la cuisine française et d’oser
donc présenté à L’auberge de L’Éridan pour la saison d’été. Et une cuisine plus libre. Les Anglais sont capables de tout mélan-
finalement j’en ai fait quatre. Je crois même être resté à l’année 3 ger, associant des gelées ou des herbes dans des plats insolites, et
ou 4 saisons, mais je ne sais plus trop bien. J’avais beaucoup de qui pourtant fonctionnent. Ce passage à Londres m’a également
liberté en cuisine et j’ai eu la chance de faire pas mal d’essais sur les permis de m’éloigner de l’image « Marc Veyrat ». Parce que travailler 7 ans
plantes. On travaillait avec François Couplant, docteur en plantes avec lui a tendance à te coller une étiquette. Je l’ai d’ailleurs eue quand je
sauvages, il nous emmenait dans la montagne, dans les bois, pour me suis installé, dès que je mettais une pluche de persil, on disait : « Il fait
nous faire découvrir des choses différentes, nous expliquant la des herbes comme Marc Veyrat. » J’ai toujours été fier de ce passage avec
manière de les utiliser et d’en extraire les parfums. On créait en lui mais les gens font très vite l’amalgame, donc c’était bien de voir une
permanence. Ensuite, un de mes souvenirs marquants fut de m’être autre cuisine et d’autres concepts. À Londres j’ai également fait quelques
occupé du restaurant que nous avions monté à Albertville pour concours de cuisine, je m’étais inscrit au MOF, au Trophée franco-suisse
les J.O. Tous les soirs on recevait les chefs de chaque région. Un et j’ai remporté le Taittinger en représentant l’Angleterre. Et puis j’y ai fait
coup c’était la Bretagne, un coup les Parisiens, j’y ai fait de belles de belles rencontres.
rencontres. Mais à l’époque, j’étais le 3e second et je ne voyais pas
d’évolution dans la maison donc je suis parti.
Où êtes-vous allé ?
J’ai rejoint Gérard Praud, mon parrain dans le compagnonnage,
chez Yves Thuriès, au Grand Écuyer à Cordes-sur-Ciel pour la
saison d’été. C’était une maison paisible, le boulot était relative-
ment calme, donc j’en ai profité pour travailler le sucre, je passais
tous mes après-midi fourré avec les pâtissiers. À cette époque, à
la carte du Grand Écuyer, il y avait un menu classique et un autre
uniquement composé de 6 desserts. Maintenant c’est à la mode
mais en 1992, c’était précurseur. Et moi ça m’amusait de toucher C’est un point fort de la cuisine les rencontres ?
à la pâtisserie, ça m’a permis d’affiner mes techniques. Je trouve Oui, c’est ce qui est bien dans la cuisine. Je n’ai pas terminé ma
que dans la formation d’un cuisinier, le fait d’avoir une formation carrière, mais ce que je retiens avant tout c’est qu’on rencontre de
pâtisserie apprend la rigueur ; parce qu’en cuisine il y a une part belles personnes. On a des affinités avec un plus ou moins grand
de spontanéité, alors qu’en pâtisserie il n’y a en pas. Enfin, il peut nombre, et des liens forts, mais j’ai toujours gardé des contacts
y en avoir, mais avant de l’avoir, il faut avoir la rigueur. Tandis dans les endroits dans lesquels j’ai travaillé. Il y a quelques mois,
que la cuisine peut se pratiquer sans jamais avoir appris. Un j’étais à Londres et je suis allé voir un des sous-chefs du Claridge
barbecue suffit à cuisiner. La pâtisserie implique l’apprentissage de qui est toujours en place, et l’ancien chef qui est maintenant au
certaines bases qui ne sortent pas du chapeau. Il y a quelque chose Ritz ; et mes bouchers chez qui je me servais quand j’étais en
de très cartésien en pâtisserie, ce qui est bon ensuite pour pouvoir Angleterre. Je garde toujours contact avec les chefs du Crillon,
repartir en cuisine. Cette rigueur, ce sens du détail… S’il manque Yves Thuriès, les maîtres d’hôtel de chez Veyrat, l’un d’eux est
un ingrédient en cuisine on peut toujours rectifier, en pâtisserie directeur du restaurant de Gilles Goujon à Fontjoncouse. La
s’il manque un ingrédient au démarrage c’est foutu, on ne rattrape cuisine c’est une vraie famille. Et je pense que ma vraie famille
pas la mayonnaise. J’ai donc appris beaucoup de choses durant mon c’est vraiment les cuisiniers. J’ai plus de liens de famille avec la
passage au Grand Écuyer. cuisine qu’avec mes liens de parenté. J’ai moins de proximité avec
ma famille de sang qu’avec ma famille de cuisiniers.
Combien de temps y êtes-vous resté ?
J’ai terminé la saison puis Yves et Gérard m’ont proposé de Vous avez tenté le MOF à trois reprises, pourquoi tant
m’embaucher pour réaliser les recettes de Thuriès Magazine avant d’obstination ?
d’attaquer la saison suivante. À cette époque, un studio de photo Disons que je suis assez focus sur certaines choses. Quand je
était installé au-dessus des cuisines, c’est là où se photographiaient décide quelque chose, j’aime bien aller au bout de l’aventure. Je ne
toutes les recettes, y compris celles des différents ouvrages du chef peux pas m’arrêter au milieu. Pour moi le MOF était une continuité
comme les grands tomes du compagnonnage. Mais à la fin de l’an- dans mon compagnonnage. Et puis les concours, gagner n’est pas
née, Marc Veyrat m’a rappelé et m’a dit : « Manu, t’es parti parce qu’il l’important. Le principal est d’apprendre. Il y a un enrichissement
n’y avait pas de place pour toi, mais là je voudrais que tu reviennes, personnel, j’ai peut-être même plus appris des concours que j’ai
j’aimerais te proposer la place de chef. Elle est pour toi. » Moi amou- perdus que des concours que j’ai gagnés. Quand on a gagné on
reux de la montagne, je n’ai même pas pris 10 minutes pour réfléchir se dit « j’ai été bon » mais quand c’est un échec, on se demande
et j’ai dit oui. J’en ai parlé à Yves Thuriès et Gérard Praud et ils m’ont pourquoi on n’a pas réussi, et là il y a une remise en question qui
tout de suite dit : « Vas-y. » J’ai donc rejoint Marc jusqu’à ce qu’il est beaucoup plus importante. Le plus dur est de se relever et de
obtienne sa troisième étoile. Je suis resté un an et demi ensuite, le recommencer. Des échecs on en a toute notre vie, et c’est aussi une
temps de mettre une équipe en place puis je suis parti pour Londres. façon d’apprécier davantage les réussites.
10 L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT
Pourquoi vous être installé à Megève ? quoi, certaines fois il ne faut pas grand-chose. Il me vend donc le
Quand je suis à Londres, après avoir remporté le Taittinger, je me fonds de commerce avec une promesse d’achat sur les murs pour
dis que Londres c’est bien mais que la montagne c’est quand même la fin de saison parce que je n’ai pas le temps de monter le dos-
pas mal. Je me dis que le Claridge est une super maison, j’ai une sier complet auprès des banques. Je n’ai d’ailleurs tellement pas
super place, un super salaire, une brigade formidable à mes côtés, le temps de monter le dossier, que je demande à ma mère d’hypo-
mais que je perds un peu la cuisine, parce que je me retrouve à faire théquer la ferme de mon grand-père pour avoir l’autorisation des
des réunions, de la gestion, je passe plus de temps à faire de la pape- banques.
rasse qu’à faire de la cuisine. Et puis quelqu’un me commande, me
dit ce que je dois faire. Et j’avoue que j’aime bien être mon chef, Et vous ouvrez fin décembre 1997…
faire ce que je veux quand j’en ai envie. Dans le même temps, j’ai On ouvre à deux en cuisine et une personne en salle. C’était un
une copine antiquaire qui est à Megève, je l’appelle et lui explique rythme dingue. Je crois que les 3 premiers mois j’ai dû dormir
que je suis à Londres, que c’est pas mal mais je reviendrais bien dans la salle de restaurant parce que je n’avais pas d’appartement.
dans la région. Et je lui demande si elle connaît des endroits, des Le soir quand on avait fini, on faisait la plonge, puis une fois la
opportunités entre Chamonix et Megève. Elle se renseigne, sur plonge terminée, je mettais les nappes dans la machine à laver. Je
Chamonix, Saint-Gervais, et moi je passe deux ou trois fois, durant mettais le réveil à 2 h du matin et je me levais pour les mettre à
mes jours de repos pour prospecter et voir s’il n’y a pas une oppor- sécher et pouvoir les repasser le lendemain. Car au début Kristine
tunité. Je trouve une affaire à Chamonix mais hors de prix, je vais n’est pas avec moi, elle continue à travailler à Londres. Je l’ai invitée
voir la municipalité de Saint-Gervais mais il n’y a pas grand-chose au mois de février à passer une semaine avec moi parce qu’elle était
non plus, et puis je viens à Megève, et par rapport à ce que je voulais en vacances à Courchevel. Elle a vu que je ne dormais pas, que je
mettre, je trouve une pizzeria (où se trouve le Flocons Village main- travaillais jour et nuit pour le restaurant, mais elle a quand même
tenant) où le propriétaire est fatigué, il en a marre. Je le rencontre, accepté de nous rejoindre au printemps 1998. Ce fut un plus pour
je lui raconte d’où je viens, et j’ai l’impression qu’il ne me prend la salle, Kristine est devenue la patronne, la maîtresse de maison.
pas au sérieux. Il doit se dire « l’autre, il est chef dans un palace à Ensuite on a pris un plongeur, Et j’ai pu acheter les murs à la fin
Londres, il a 40 cuisiniers et il veut racheter une pizzeria pour en de la saison. Ma clientèle m’a assez rapidement suivie, et
faire un restaurant à Megève. Il a cru que Megève on arrivait et que j’ai d’ailleurs toujours des clients qui me suivent depuis le début.
ça marchait ».
Mais finalement il accepte de vendre, un peu sur un coup de tête. Quelle cuisine pratiquiez-vous à l’ouverture ?
Je vous raconte l’anecdote : Le Flocons Village s’appelait le Manoir Je fais une cuisine simple, pas une cuisine bistro, assez classique
Saint-François. Le propriétaire s’appelait Chirac et il me racontait pour pouvoir plaire à tout le monde, pour ne pas avoir quelque
que des Corses voulaient acheter. Et je sentais qu’il voulait vendre chose de trop segmentant. Je travaille un peu la langoustine, un
mais sans vendre, qu’il hésitait. Un jour, je discute avec lui et sou- peu le foie gras mais pas trop de poissons du lac à cette époque,
dainement il me dit : « Bon, on boit un Ricard. » Et là je me dis, s’il je travaille des légumes aussi. Je me souviens de servir une crème
m’offre un Ricard et que je lui dis que je ne bois pas de Ricard, c’est de topinambours avec un sabayon au beaufort, gratiné sous la
un coup à le bloquer… donc je dis « avec plaisir ». On boit un pre- salamandre, et un foie gras avec une compote de coing… après
mier verre, un second et au troisième, il me dit « allez ». Comme je ne me souviens pas de tout. Puis ma cuisine évolue gentiment,
Trial en 1988 Podium du Trophée des Chefs Christophe Aribert, Edouard Loubet, Emmanuel Renaut
L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT 11
Je prends un super Comté de 20 mois parce que je connais le pro- Quelle solution proposez-vous ?
ducteur. » Ce à quoi j’ai répondu : « Pourquoi ne pas se rapprocher Sur le prix de revient du poisson par exemple, 5 € en plus du kilo
un peu du terroir ? Tu devrais pouvoir obtenir le même produit en c’est beaucoup quand on achète mais quand on réduit à la portion,
prenant un gruyère d’alpage d’ici, un beaufort ou un Abondance, se dire que cela ne représente qu’un euro de plus, ce n’est pas grand-
voire peut-être les mélanger. » Mon rôle aujourd’hui c’est de lui dire : chose. Mais pour le producteur à la fin de l’année, c’est sa marge qui
« C’est super, mais si demain les clients qui viennent chez toi va être meilleure, et de ce fait, il va même être meilleur pour nous.
mangent une fondue faite avec des fromages du val d’Arly ou des L’important est d’avoir une démarche qualitative, de ne pas regarder
formages de la vallée de Tonne, c’est autre chose. On ne pas être un qu’au prix, on a une belle clientèle dans la région et elle est là pour les
pur Mégevan et mettre du Comté dans sa fondue. Moi mon travail, bons produits, donc nous, restaurateurs, nous devons laisser de côté
c’est de faire changer ces choses-là. Alors c’est clair que souvent c’est les marges quitte à augmenter nos prix ; ce n’est pas pour cela que les
moins de rentabilité parce qu’il y a plus de contraintes. C’est donc clients viendront moins.
aussi pour trouver des solutions à ces différentes problématiques que Durant toutes ces années aux Flocons de Sel, je me suis fait un réseau
ce salon existe. » de producteurs. J’ai des personnes dans la vallée qui me font mes
Et attention « Toquicimes, cuisine de montagne », ne signifie pas « légumes, d’autres qui me cultivent des champignons à côté de Cham-
cuisine de Megève », l’esprit de Toquicimes c’est de faire de la cuisine béry. Et c’est moi qui leur dis : « Je veux des champignons comme ça,
de montagne, de la cuisine d’altitude. C’est ça l’ADN et c’est ce que je je m’en fous si tu me mets 2 € de plus au kilo. » Je ne regarde pas le
veux mettre en avant. Ce n’est pas un colloque de chefs où on se ren- prix. Si demain je dois augmenter mes prix de 5 € je le ferai. Je pense
contre et où on échange des cartes de visite. C’est une manifestation que ce modèle doit être duplicable dans toutes les régions. Je pense
ouverte au public de la région et d’ailleurs. qu’il y a une vraie prise de conscience des clients de se rapprocher du
bon et je pense que tout le monde en est conscient, de moins manger
Concrètement, que peut-on mettre en place pour favoriser mais de manger mieux et cela ne coûte pas plus cher à la fin.
l’activité locale ?
Il y a deux ans, j’ai monté une société de charcuterie, toute la Quels sont vos projets ?
production est élaborée avec du porc de montagne et du porc C’est de partager, de transmettre. Et j’ouvre courant décembre un
Rhône-Alpes, c’est une manière de mettre notre terroir en avant. joli hôtel à Chamonix, normalement dans la deuxième quinzaine.
La famille Trincaz à Abondance fait cela depuis longtemps. Notre Pour l’heure, on ouvre sans rien changer. Je vais d’abord apprendre à
métier, c’est vraiment d’aider les paysans, de leur montrer que leur lire le paysage chamoniard sans vouloir mettre mon empreinte là-bas.
travail est rentable et de pérenniser toutes ces familles d’agricul- Je vais m’adapter au paysage et à la clientèle, car c’est à nous de nous
teurs, et éviter cette hémorragie dans le monde agricole et faire adapter et non pas l’inverse. Cela fait plusieurs années que je suis en
en sorte que les paysans ne vendent pas tous leur ferme pour lais- discussion avec le propriétaire, au moins 5 ou 6 ans. Pour moi, c’est
ser construire des maisons. Nous perdons notre terroir parce qu’il le plus bel endroit de Chamonix, c’est un endroit magique. Je ne me
n’y a plus de rentabilité avec le système économique actuel. C’est lasse pas de regarder les Aravis qui sont juste en face de chez moi,
donc à nous, en tant que cuisiniers-restaurateurs de la région, de mais je ne me lasse pas non plus de regarder Chamonix. Je trouve
valoriser leurs produits, leur travail en le rendant plus rentable. que c’est complémentaire, à taille humaine et relativement proche.
On a beaucoup de travail sur la viande de bœuf, de cochon, sur le La restauration sera de terroir, je vais déjà apprendre à voir ce que
sourcing des œufs et des poules, sur le beurre, la crème. On a la les gens veulent. L’idée est de proposer une cuisine simple et bonne
matière première et on va se servir ailleurs ; nous on prend notre au travers de cartes beaucoup plus courtes mais qui tourneront plus
beurre à la Roche-sur-Foron, on doit travailler pour que plus de per- souvent, avec 3 ou 4 entrées, 3 ou 4 plats, et le même nombre de des-
sonnes valorisent la région. Regardez le Bleu de Termignon, le Bleu serts. On fera par exemple des ris de veau pendant une semaine, et la
de Tignes, il y a moins de deux producteurs sur les deux appellations, suivante ce sera du canard. Un produit poussera l’autre dehors. Mais
il faut les valoriser. Et pour cela, nous devons être capables demain c’est surtout les saisons qui mettront les choses en avant.
de payer quelques euros de plus le produit. Les agriculteurs doivent
avoir une vie digne, se faire plaisir et ne pas avoir du mal à joindre
TEXTE : MICHEL TANGUY.
les deux bouts dans leur ferme et c’est à nous, restaurateurs, de les PHOTOS : ANNE-EMMANUELLE THION.
mettre en avant. RÉDACTION CULINAIRE : MICHEL TANGUY.
L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT 13
Emmanuel
Renaut
Né le :
1968
26/01/ ous-
-s
à Soisy ency
or
M o nt m
10
chambres
s o n ne s
15 p er
i ne
e n c u is
40 à 50 per
so n nes
travaillent d
ans l’ établiss
ement
selon les sais
o ns
Altitude du restaurant
1300m
LE RISOTTO DE CARDON
AU BEAUFORT
INGRÉDIENTS POUR LE CARDON
POUR 6 PERSONNES Récupérez quelques branches et épluchez-les comme un céleri (attention
aux aiguilles très piquantes). Braisez les branches de cardon en arrêtant
• 1 cardon la cuisson aux trois quarts.
• 200 g de crème liquide
• 100 g de Beaufort POUR LES JAUNES SÉCHÉS
• 4 œufs Mélangez la purée de céleri, le sel et de l’eau afin d’obtenir une purée
• 10 g de truffe hachée légèrement liquide et très salée. Versez dans un plat, clarifiez les œufs
• 2 oignons et disposez les jaunes sur la purée et placez au réfrigérateur pendant 24
• Billes de farine blanche h, en prenant soin de retourner les œufs au bout de 12 h. Le lendemain,
• 200 g de purée de céleri rincez les jaunes et faites-les sécher posés sur un linge dans un four
• Sel, poivre préchauffé à 50°C.
• Beurre
• Sucre POUR LES OIGNONS SÉCHÉS
• Bouillon de légumes (2 carottes, Émincez les oignons et faites-les suer au beurre dans une sauteuse.
queues de persil et eau) Assaisonnez avec sel et sucre et faites légèrement caraméliser. Une fois
cuits, étalez très finement les oignons entre deux feuilles de papier
sulfurisé et faites-les sécher durant une journée dans un four à 50°C.
POUR LE RISOTTO
Dans une casserole, faites chauffer la crème, le bouillon de légumes et le
Beaufort. Taillez le cardon en brunoise et terminez la cuisson des dés de
cardon dans le mélange crème, bouillon et Beaufort. Ajoutez un peu de
Beaufort si besoin. Assaisonnez de poivre et muscade.
DRESSAGE
Dans une assiette creuse, disposez une grosse cuillère de risotto,
ajoutez les truffes hachées, un peu de jaune séché râpé, des oignons
séchés et pour finir des billes de farine blanche
L’A LBUM DU CHEF EMM A NUEL R ENAUT 15
16 ACTUS
ACTUS
Pour la deuxième année, Le Roch Hôtel & Spa, rue Saint -Roch à Paris
propose durant la période hivernale, de passer un moment hors du
temps. Dans lieu intime, inspiré des tentes berbères, la décoratrice
Sarah Poniatowski-Lavoine a imaginé une bulle propre à l’évasion,
où le gourmet de passage pourra profiter d’une gastronomie
marocaine inspirante. Dans cette tente urbaine aux couleurs
vives et chatoyantes, seront servis cocktails aux notes orientales,
comme le Rokh, association de whisky, de miel, de menthe et
d’un soupçon de chartreuse jaune, et les plats marocains
imaginés par Fatema Hal, cheffe et propriétaire du Mansouria
à Paris, en collaboration avec Rémy Bérerd, chef exécutif de
l’hôtel. L’Oasis Khaïma accueillera du mardi au samedi, sur
réservation, pour le déjeuner, l’apéritif de fin de journée et le dîner
autour de 7 plats à 79 €.
© Le Goff & Gabarra
ACTUS 17
ACTUS
NOUVEAU CHEF
PÂTISSIER EXÉCUTIF À L’ENSP
© École Ducasse/DR
également pour mission d’accompagner l’ouverture de la nouvelle
École Ducasse Paris Campus de Meudon en septembre 2020.
MATHIEU SILVESTRE,
CHAMPION DU MONDE DE LIÈVRE À LA ROYALE
ACTUS
UN MOF SOMMELIER
AU RESTAURANT PAUL BOCUSE
LE DALLOYAU CAFÉ,
UN NOUVEAU CONCEPT AUX GALERIES LAFAYETTE
ACTUS
L’HÔTEL WESTMINSTER
DU TOUQUET SE REFAIT UNE BEAUTÉ
LE LUTETIA DEVIENT
L’UNIQUE PALACE DE LA RIVE GAUCHE
ACTUS
Après avoir retrouvé son âme Art nouveau et cette ambiance typique
des brasseries parisiennes des années 1900, La Belle Époque se met
comme challenge de retrouver le temps où le Tout-Paris avait son
rond de serviette dans cette mythique brasserie. L’établissement
vient pour ce faire d’accueillir un nouveau chef. Mathieu Poirier, 27
ans, formé entre autres auprès de Christophe Moret et de Frédéric
Anton, proposera une authentique cuisine bistrotière, avec au menu
produits de saison et de grande qualité : poissons d’Emmanuelle
© Bernhard Winkelmann
AGENDA
& CONCOURS
LE CLUB MED LANCE
LE 1ER CHALLENGE D’INNOVATION F&B
Le Club Med lance le 1er challenge à destination des étudiants des écoles
d’hôtellerie, restauration et tourisme avec comme principal objectif de
repenser la connexion familiale en restauration. Les étudiants, du CAP
au Master, doivent s’inscrire sur le site dédié avant le 16 décembre, avec
deux conditions obligatoires, avoir plus de 18 ans et parler français et/
ou anglais. La finale aura lieu en mars 2020 dans un resort Club Med
où les 5 meilleures équipes seront invitées durant 2 jours à assister à un
forum sur le marketing du produit Club Med et à un événement RH avec
les équipes afin de présenter leur projet devant les managers les plus
haut placés. Les membres de l’équipe gagnante remporteront chacun
un séjour au Club de 7 nuits avec leur accompagnant, en France, à Punta
Cana, à Marrakech ou à Columbus, transport inclus.
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTION :
https://www.agorize.com/fr/challenges/club-med-lab?lang=fr
4E ÉDITION DU TROPHÉE
DU PETIT DÉJEUNER GOURMAND
Ce concours national parrainé par Stéphane Layani, président de
Rungis, sera cette année parrainé par le chef doublement étoilé
du restaurant Les Glazicks à Plomodiern, Olivier Bellin. Les
organisateurs comptent sur son expertise des produits du terroir
et son grand professionnalisme pour élire le mercredi 10 juin à
l’EMPT Paris, les meilleurs petits déjeuners de France. Le prix
des écoles, ouvert à tous, grand public, professionnels, étudiants et
apprentis sera quant à lui parrainé par Guillaume Gomez, chef des
cuisines de l’Élysée. Les actes de candidatures peuvent désormais
être déposés en téléchargeant le règlement sur le site du concours.
La remise des dossiers complets est fixée au 30 avril 2020 minuit.
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTION :
https://petit-dejeuner-gourmand.com/dossier-de-candidature/
AGENDA
& CONCOURS
23E PERCÉE DU VIN JAUNE À RUFFEY-SUR-SEILLE
LES RECETTES DE
Yannick Alléno
PAVILLON LEDOYEN
À PARIS
Y
annick Alléno appartient à cette catégorie d’homme
animé d’une force intérieure qui le pousse à toujours
avancer, à se remettre en question, à entreprendre.
Son parcours force le respect. Une formation dans de
prestigieuses maisons et des étoiles décrochées partout où il est
passé. Chef multi-étoilé, il écrit aujourd’hui au Pavillon Ledoyen
une nouvelle page de gastronomie. Au sein de cet emblématique
restaurant du quartier des Champs-Élysées, il construit un modèle
de restauration moderne et haut de gamme, lieu pluriculturel,
d’art et de haute gastronomie, française mais aussi japonaise, avec
cette rigueur et cette exigence apportées aux moindres détails. En
créant deux nouvelles tables, l’Abysse et le Pavyllon, en plus du 3
étoiles, Yannick Alléno a bien l’intention de s’inscrire comme le
premier chef à obtenir plusieurs étoiles dans un même lieu.
LES R ECETTES DE YA N NICK A LLÉNO 25
Vos enfants font-ils de la cuisine ? être sur ses assiettes, avec ses clients, faire attention à tout. Les
Thomas, l’aîné, fait du commerce, Antoine est en cuisine. J’avoue étoiles ce n’est pas du cinéma, elles rapportent beaucoup mais elles
que si j’ose faire autant de choses, c’est parce que derrière je sais coûtent aussi cher en termes d’investissement personnel, il faut
qu’ils sont là et ça me motive vachement. C’est hyper sympa pour en être garant. Gwendal Poullennec (le directeur du guide) l’a dit,
un père, c’est fabuleux de savoir que ses enfants suivent. En plus vous êtes obligés de faire bien, de faire de mieux en mieux, de faire
ils sont appréciés de tous, ils arrivent avec beaucoup d’humilité, ils avec de bons produits, avec l’écologie, de faire avancer le statut de
savent trouver leur place, ils ont cette intelligence. Je me plais à les votre personnel, d’améliorer ses conditions de travail, de leur don-
regarder évoluer, je pense qu’aujourd’hui ils ont tout pour réussir. ner le meilleur. Et quand on lit la préface d’Escoffier, c’est déjà ce
qu’il disait. Les choses n’ont finalement pas tant changé. Quand
Enfin, votre sentiment sur les étoiles dont on a beaucoup parlé vous en êtes conscients, vous êtes obligés de faire bien. Vous n’êtes
cette année ? certes pas parfaits, c’est clair, personne ne l’est, maintenant quand
On a effectivement beaucoup critiqué le guide cette année. Je vous faiblissez à un moment donné, il faut accepter, comme un
pense pour ma part qu’il faut saluer le travail de ces gens. Si la sportif qui ne gagne pas la Coupe du monde tous les jours. Il peut
grandeur de la cuisine française est là, c’est aussi grâce à ces ins- y avoir une sortie de route mais ce n’est pas grave, on reprend le
pecteurs qui font un travail remarquable. Ils sont indépendants, volant et on y retourne. Ce n’est pas un truc acquis, et c’est pour ça
ils payent leur addition, ce qui est assez rare pour être souligné, et je pense qu’il faut arrêter de faire mal à des institutions comme le
je pense qu’ils aiment les cuisiniers. Personnellement j’ai vécu la Michelin, parce que ça fait mal à la France, au business, à la profes-
perte d’une étoile, la deuxième au Drouant. Ce n’est que la consé- sion. Donc moi si ça m’arrive, je m’excuserai auprès des clients que
quence de la non-qualité, c’est dur de se le dire mais c’est un fait. je n’ai pas satisfaits et je recommencerai à travailler plus encore.
J’étais chef adjoint, j’étais responsable de la cuisine. Louis Gron-
dard (le chef à l’époque) a été digne en disant « c’est de ma faute »
TEXTE : MICHEL TANGUY.
mais c’était de la mienne, car c’est moi qui menais la cuisine. PHOTOS : PASCAL LATTES.
Aujourd’hui je sais ce qu’il faut faire pour ne pas la perdre : il faut RÉDACTION CULINAIRE : MICHEL TANGUY.
28 LES R ECETTES DE YA N NICK A LLÉNO
DRESSAGE
Déposez une cuillère de beurre de champignons au fond de
l’assiette, faites des points de purée de persil, dressez la laitue
cuite croquante sur le côté puis déposez la viande.
30 LES R ECETTES DE YA N NICK A LLÉNO
LES R ECETTES DE YA N NICK A LLÉNO 31
POUR LA QUENELLE DE LANGOUSTINE infuser pendant 1 heure. Mélangez bien afin que les sucs
• 100 g de langoustines de chaque ingrédient donnent le maximum de saveur.
• 1 g d’agar-agar Rajoutez ensuite 200 g de langoustines crues pour faire
• 2 feuilles de gélatine réduire la sauce.
Faites cuire les langoustines pendant 2 heures au four à POUR LE GLAÇAGE DES QUENELLES
vapeur à 83°C. Faites réduire l’extraction de pinces de • 60 g de vinaigre Otakofu
langoustines au tiers, ajoutez l’agar-agar puis portez à • 0,3 g de xanthane
ébullition. Ajoutez les 2 feuilles de gélatine préalable- • 20 g de blanc d’œuf
ment ramollies dans de l’eau bien froide puis fouettez avec • 25 cl d’huile de livèche
un cul de poule de glace en dessous. Une fois montées en • Sel
neige, faites des quenelles à la cuillère, déposez sur une
plaque filmée et réservez au réfrigérateur. À l’aide d’un mixeur plongeant, mixez le vinaigre Ota-
kofu, la xanthane et le blanc d’œuf, salez puis montez dou-
POUR L’HUILE DE LIVÈCHE cement avec l’huile de livèche comme une mayonnaise.
• 10 bottes de livèche
• 40 cl d’huile d’olive POUR LES LANGOUSTINES
Faites pocher les langoustines dans une eau bien salée et
Effeuillez la livèche, faites-la blanchir puis laissez bien citronnée puis saupoudrez de poudre de curry.
refroidir, pressez, coupez grossièrement et mixez avec
l’huile d’olive en veillant à ce qu’elle ne chauffe pas. POUR LES ŒUFS DE HOMARD
Laissez égoutter au chinois fin. Placez les œufs de homard sur une assiette, arrosez de
1 cl de pastis, filmez puis passez l’assiette au micro-
POUR LA SAUCE LANGOUSTINE ondes jusqu’à ce que les œufs deviennent rouges. Mettez
• 1 kg de langoustines à sécher.
• 5 tomates
• 2 branches de thym DRESSAGE
• 2 cl de pastis Posez la langoustine au centre de l’assiette, à côté,
• ½ bulbe de fenouil parallèlement, la quenelle. Terminez par saupoudrer la
• ½ oignon blanc quenelle glacée de Sobatcha.
• 1 branche de céleri
FINITION ET DRESSAGE
1ER SERVICE
Levez les filets de turbot, disposez-les dans le fond de l’as-
siette et tenez au chaud le temps de terminer la sauce en incorpo-
rant le beurre foisonné au poivre. Enrobez le turbot avec la sauce.
2E SERVICE
Dans le fond de la cassolette, disposez la peau de turbot,
ajoutez les girolles étuvées puis râpez le parmesan et faites
gratiner à la salamandre. Ajoutez une joue, les gnocchis et
terminez avec le persil ciselé.
34 LES R ECETTES DE YA N NICK A LLÉNO
LES R ECETTES DE YA N NICK A LLÉNO 35
POUR LE CEVICHE DE ROUGET préparés et lavés. Poêlez le reste des rougets jusqu’à ce
• 160 g de filet de rouget qu’ils soient bien dorés, salez, puis ajoutez-les dans le
• 1 citron bergamote faitout et faites cuire à frémissement, faitout filmé,
durant 30 min. Laissez reposer 2 heures puis passez au
Ouvrez la bergamote en deux, enlevez les suprêmes en chinois. Laissez refroidir et mixez avec le corail à l’aide
conservant bien intactes les membranes. Taillez les filets d’un mixeur plongeant et laissez cuire à feu doux durant
de rougets en fines tranches puis insérez-les entre les 15 minutes. Passez délicatement au papier absorbant,
membranes de la bergamote. Entourez de papier cellophane réassaisonnez, ajoutez la gélatine selon la quantité de
afin d’obtenir une boule bien ronde et réservez au frais. liquide obtenu et versez 35 g au fond de chaque assiette.
Flambez les canettes, videz-les après avoir retiré la fourchette POUR LE BOUILLON DE PALOURDES
puis bridez-les et réservez. • 200 g de bouillon de canard
• 50 g de fermentation Dongchimi blanc
POUR LA CROÛTE DE SUCRE • 100 g de champagne
• 2,4 kg de sucre casson • 100 g de fumet de poisson
• 100 g de sucre semoule • 30 palourdes
• 100 g de gros sel • 10 kg de carottes
• 80 g d’écorces d’orange • 5 g de persil
• 400 g de blancs d’œufs • Huile d’olive
• Sel et poivre • 10 g de céleri branche feuilles jaunes
Faites un mélange homogène avec les sucres, le gros sel, les Dessalez les palourdes, taillez les carottes en brunoise, le persil
écorces d’orange et les blancs d’œufs puis recouvrez les canetons haché. Faites suer la brunoise de carottes et le persil à l’huile
assaisonnés de sel et de poivre. d’olive, ajoutez les palourdes et déglacez au champagne. Ajou-
tez le bouillon de canard, le fumet de poisson et la fermentation
POUR LE JUS D’OLIVE Dongchimi, le céleri branche et versez dans une théière.
• 300 g de consommé de canard
• 80 g d’extraction de céleri POUR LA MARINADE DE NAVET
• 40 g de foie de caneton • 15 cl de jus de canard
• 4 jaunes d’œufs • ¼ de pain de campagne
• 2 olives Kalamata • 50 g de purée de tomates
• 100 g de navets
Mélangez le consommé de canard, l’extraction de céleri, le foie et • ½ oignon rouge
les jaunes d’œufs. Montez à température et laissez cuire doucement • ½ branche d’origan
pour avoir une consistance nappante. Mixez les olives et envoyez. • 30 g de vinaigre de vin rouge
• 90 g d’huile d’olive
POUR LE DONGCHIMI (radis water kimchi) • 30 g de beurre clarifié
• 6 l d’eau pétillante • Sel
• 3 kg de radis Daïkon
• 2 blancs de poireaux Taillez grossièrement des morceaux de pain et faites-les suer à
• 4 piments verts l’huile d’olive et au beurre clarifié. Déglacez au jus de canard,
• 2 gousses d’ail débarrassez et badigeonnez de purée de tomates. Ajoutez le
• 10 g de gingembre navet coupé en fines lamelles et préalablement blanchi, l’oignon
• 45 g de sel rouge, l’origan, le vinaigre de vin rouge et la roquette. Laissez
• 2 pommes Gala mariner 1h30.
• 1 poire coréenne
• 1 botte d’oignons blancs POUR LE BIBIMBAP
Épluchez les radis, lavez-les puis coupez-les aux 2/3, ajoutez le > ÉTAPE 1
gros sel et laissez dégorger pendant 5 heures. Rincez puis égout- • 200 g de riz rond
tez-les. Lavez les pommes Gala, la poire coréenne et coupez-les • 150 g d’eau froide
en 4. Pelez les oignons blancs, les gousses d’ail, les blancs de • Sel fin
poireaux, le gingembre, enlevez la première épaisseur des blancs Versez le riz dans une casserole, ajoutez l’eau froide et le sel, cou-
de poireaux, puis taillez-les en gros morceaux avec le piment vert, vrez et laissez cuire à feu moyen sans mélanger jusqu’à complète
puis mouillez tous les ingrédients avec l’eau pétillante et stockez absorption de l’eau.
LES R ECETTES DE YA N NICK A LLÉNO 37
LES DESSERTS DE
Aurélien Rivoire
F
ormé dans la région lyonnaise d’où il est originaire,
Aurélien Rivoire aura mis plusieurs années à trouver son
mentor, celui qui lui permettrait de dépasser ses limites.
C’est finalement aux côtés de Yannick Alléno qu’il aura
démultiplié sa créativité.
Le chef vous a-t-il aidé à évoluer ? transformation du fruit par sa cuisson est très importante. En pâtis-
Ma pâtisserie aujourd’hui, c’est une rencontre entre le chef Alléno serie, on l’a peut-être un peu moins travaillé que nos amis cuisi-
et moi. Je ne suis pas le seul acteur. Le chef est avant-gardiste, niers. On travaille le produit, on cherche à le comprendre, je pense
créatif, il voit très loin, dû à toute son expérience, et du coup avec que la pâtisserie de demain c’est la compréhension du produit, et
lui, mes collègues cuisiniers et mes pâtissiers, nous avons réussi d’offrir une pâtisserie la plus saine possible pour qu’elle fasse le
à créer en 4 ans un style propre à nous. À une période où tout se plus de bien possible.
prend en photo, où tout se juge par l’image, le chef m’a permis de
ne pas tomber dans le piège du « plus beau que bon ». Je fais pour Qu’est-ce qui vous épanouit le plus aujourd’hui ?
que ce soit très, très, très bon, après on essaye que ce se soit visuel- C’est d’être libre. Un pâtissier se plaint souvent qu’un chef met
lement attrayant. Un jour en effectuant des tests, le chef m’a dit : des barrières. Beaucoup de chefs disent tu fais ça ou tu ne fais pas
« Attends Aurélien, ton abricot il est parfait mais regarde, est-ce ça, la figue tu la travailles de telle manière, le coing de telle façon.
qu’on ne le rendrait pas imparfait visuellement mais en travaillant C’est simple, car ils nous mettent sur le chemin et on avance, mais
vraiment le goût ? » Il m’a appris à prendre des chemins différents. en fin de compte quelque part ça nous limite. Le chef Alléno ne met
Avec le chef Alléno, on recherche ce qu’on peut proposer de nou- aucune barrière, aucune limite. La seule limite c’est mon imagi-
veau pour demain. Depuis déjà 4 ans, on travaille à ce qu’est la gla- nation, ma créativité. Alors certes, c’est beaucoup plus compliqué
cerie moderne, le chocolat moderne, la confiserie et la pâtisserie de travailler pour quelqu’un comme ça au départ, car on a toujours
modernes, parce qu’un pâtissier fait tout cela. Une confiserie par un peu peur de proposer quelque chose de nouveau ou qui peut
exemple, c’est la conservation du fruit par le sucre, la question est choquer, mais au final c’est clairement une force. Et quelle chance
donc : comment conserver un fruit sans lui ajouter une dose abomi- d’avoir un chef qui ne dit jamais « on ne fait pas ça ou ce n’est pas
nable de sucre, et ça c’est mon travail. une bonne idée ». En revanche, il faut que j’aille au bout de mes
idées, au bout du bout, du bout. Et c’est clairement ce qui m’épa-
Comment définiriez-vous le concept de « pâtisserie moderne » ? nouit, c’est la créativité qu’on me demande, et cette totale liberté.
Alors moins sucré, moins gras c’est certain. Mais je pense que l’on
a besoin en pâtisserie de retrouver un élément qu’on a un peu perdu *Le Club des Sucrés : Association créée par Christophe Adam et
et qui est très important. On arrive à la fin de la pâtisserie figée, Christophe Michalak afin de réunir des pâtissiers pour échanger
gélifiée, sur laquelle on ne peut pas apporter un assaisonnement. sur leur travail et stimuler leur créativité dans un esprit de franche
Je pense que la pâtisserie doit s’assaisonner comme un plat. Et la camaraderie.
42 LES DESSERTS D’AUR ÉLIEN R I VOIR E
POUR LA CRISTALLINE CHOCOLATÉE ÉPICÉE Pesez les ingrédients dans une poche sous vide puis faites cuire
• 75 g de fondant pendant 12 heures à 83°C. Laisser refroidir en poche, chinoisez
• 50 g de sirop de glucose et stockez.
• 50 g de chocolat Jivara
• 5 g de cardamome en poudre GELÉE DE BOURGEONS DE SAPIN
• 50 g de chocolat Caraïbe • 400 g d’extraction de bourgeons de sapin
• 120 g de miellat de sapin
Faites cuire le fondant avec le glucose jusqu’à obtention • 8 g de gélatine feuille
d’un caramel blond puis décuisez avec le chocolat au lait.
Laissez refroidir avant de mixer. Saupoudrez une très fine Dans une casserole, portez l’extraction, le miellat à ébullition et
couche de poudre de caramel sur une toile Silpat® et faites cuire la gélatine préalablement ramollie dans l’eau froide puis laissez
à 180°C jusqu’à ce que la poudre soit fondue. Laissez refroi- infuser 3 heures. Filmez et passez au chinois. Laissez durcir et
dir. Peignez le chocolat Caraïbe tempéré à l’aide d’un pinceau conservez au frais.
Stocker à l’abri de l’humidité.
LES DESSERTS D’AUR ÉLIEN R I VOIR E 43
PROCÉDÉ
Dans une casserole, portez le lait et la crème à ébulli-
tion, versez sur le chocolat, émulsionnez à la Maryse
puis ajoutez les jaunes et le sucre préalablement
blanchis. Versez ce crémeux chocolat dans un bol et
faites-le cuire au four à 100°C pendant 6 minutes.
Servez tiède.
PROCÉDÉ
Dans une casserole, faites chauffer le lait entier et
la crème liquide, versez sur le chocolat puis émul-
sionnez à l’aide d’un mixeur plongeant et laissez
refroidir. Versez dans un siphon, ajoutez une car-
touche de gaz, remuez énergiquement et réservez au
réfrigérateur.
FINITION
Dans un bol, versez un peu de gelée de sapin puis
laissez durcir au réfrigérateur. Turbinez la glace café
aux éclats de meringues et tuile cristalline.
DRESSAGE DÉGUSTATION
Sortez les bols contenant la gelée du réfrigérateur,
déposez une quenelle de glace café et dessus une
tuile cristalline au chocolat ; terminez par saupou-
drer de cardamome.
Dans un petit bol à part, servez la crème onctueuse
tiède en la couvrant de crème légère puis saupoudrez
de chocolat à la micro plane ainsi que la fleur de sel et
de café en poudre.
MONTAGE
Dans l’assiette plate à bassin, contenant le disque de crème anglaise à l’arti-
chaut, tracez un cordon autour de la sauce puis déposez un peu d’émulsion de
lait fermenté et une pincée de levure de boulanger déshydratée.
L’artichaut : Disposez l’artichaut préalablement floqué sur une assiette passée
à la poudre d’or, ajoutez les pétales de chocolat, accompagnez d’une pince et
d’un joli pinceau.
Le caviar : Servez la boite de caviar pleine sur de la glace pilée dans le bol en
argent prévu à cet effet, accompagnez d’une cuillère en nacre.
En salle : Le maître d’hôtel sert ’assiette et présente l’artichaut, il dispose les
feuilles en chocolat dans le cacao poudre doré dans la bassine en cuivre. Il
remue à la façon d’un chercheur d’or puis recueille les pétales et les brosse à
l’aide du pinceau. Il dispose ensuite les pétales sur le dessert et ajoute ensuite
3 g de caviar par feuille. Le client peut choisir le nombre de feuilles qu’il désire.
LES DESSERTS D’AUR ÉLIEN R I VOIR E 45
Placez l’artichaut coupé en morceaux dans un sac sous vide avec Mélangez les poudres puis versez-les dans un cul de poule en cuivre.
l’eau et faites cuire à 83°C pendant 12 heures. Passez au chinois.
Réservez puis réaliser la cryoconcentration. POUR LE FLOCAGE CARAÏBE
• 100 g de beurre cacao
POUR L’EXTRACTION DE CHAMPIGNONS • 100 g de chocolat Caraïbe
• 250 g de champignons • 1 artichaut
• 250 g d’eau
Faites fondre les deux ingrédients, mixez, passez au chinois
Placez les champignons coupés en morceaux dans un sac sous réservez à température. Floquez avant le service un artichaut
vide avec l’eau et faites cuire à 83°C durant 12 heures. Passez au préalablement congelé.
chinois et réservez.
POUR LA LEVURE DÉSHYDRATÉE
POUR LE CARAMEL D’ARTICHAUT Émiettez 3 g de levure de boulanger sur une plaque recouverte
• 200 g de sucre semoule d’une feuille de papier sulfurisé et laissez sécher une nuit en
• 14 g de crème entière UHT étuve à 30°C. Stockez dans un endroit sec.
• 80 g d’extraction artichaut
• 30 g d’extraction champignon
POUR LES FEUILLES D’ARTICHAUT EN CHOCOLAT
Dans une casserole, réalisez un caramel à sec avec le sucre (cou- CARAÏBE
leur caramel clair) puis hors du feu, versez petit à petit l’ensemble • 120 g de chocolat Caraïbe
des liquides chauds en remuant jusqu’à l’obtention d’un caramel • 80 g de chocolat inspiration amande
homogène. Portez le caramel à ébullition puis débarrassez et
réservez au froid. Placez en poche et réservez au frais. Prenez de belles feuilles d’artichaut, ni trop grosses ni trop
petites. Filmez-les une par une, en prenant soin que le film
POUR LA CRÈME ANGLAISE ARTICHAUT colle bien à la feuille. Tempérez le chocolat inspiration amande
• 250 g d’extraction artichaut puis trempez les feuilles dans le chocolat et laissez cristalliser.
• 75 g d’extraction champignon Démoulez puis réservez au frais et à l’abri de l’humidité.
• 175 g de lait entier
• 100 g de jaunes d›œufs POUR L’ÉMULSION DE LAIT RIBOT
• 40 g de sucre semoule À l’aide d’un mixeur plongeant, émulsionnez 3 cuillères de lait
• 4 g de gélatine feuille Ribot frais. Si besoin, ajoutez une pointe de couteau de lécithine
de soja. Ne servez que l’émulsion.
Faites ramollir la gélatine dans un volume d’eau bien froide.
Portez le lait et les extractions à ébullition. Parallèlement, faites
blanchir les jaunes et le sucre puis versez-y le liquide bouillant
en remuant. Reversez dans la casserole et faites cuire à 82°C.
Ajoutez la gélatine préalablement ramollie et égouttée, et coulez
dans un cercle de 6,5 cm de diamètre directement dans l’assiette
et réservez au frais.
46 LES DESSERTS D’AUR ÉLIEN R I VOIR E
POUR L’EXTRACTION CHAMPIGNON Dans une casserole, faites chauffer une petite partie de l’extrac-
• 600 g d’eau tion afin de faire fondre la gélatine préalablement ramollie dans
• 1 kg de champignons de Paris l’eau froide et le sucre. Ajoutez la partie froide de l’extraction puis
réservez au froid avant de le faire monter au batteur.
Dans un sac sous vide, faites cuire les champignons à 83°C
pendant 12 heures. Passez au chinois pour récupérer le jus puis
faites réduire aux deux tiers. Vous devez conserver 300 g de jus.
LES DESSERTS D’AUR ÉLIEN R I VOIR E 47
PROCÉDÉ
Passez les champignons à la mandoline puis faites-les
sécher 24 heures à 50°C. Mixez et réservez.
FINITION
Turbinez la glace au Pacojet. Creusez la coque en
laissant un peu d’épaisseur de meringue puis garnis-
sez de glace champignons.
MONTAGE
Au centre de l’assiette, disposez la meringue, ajou-
tez le lait mousseux puis la poudre champignons,
le café en poudre, la fleur de sel et ajoutez 4 éclats
de noisettes caramélisées. Démoulez le soufflé puis
coupez-le en deux avec un couteau mouillé et râpez
le chocolat Jivara sur le soufflé et sur l’assiette, assai-
sonnez avec la fleur de sel, la poudre de champignons
et les abricots écrasés.
48 LES DESSERTS D’AUR ÉLIEN R I VOIR E
LES DESSERTS D’AUR ÉLIEN R I VOIR E 49
MARACUJA SOUFFLÉ
INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES
MONTAGE
• 2 maracujas
• 50 g de crème maracuja
• 10 g de cassonade
GLACE AU BABEURRE,
COURGE CUITE AU FOUR
SOUS UNE TUILE CROUSTILLANTE,
UNE RAVIOLE SUZETTE TRUFFÉE
INGRÉDIENTS POUR 6 PERSONNES
POUR LA TUILE GYOZA portez à ébullition, ajoutez les oranges blanchies et laissez compoter.
• 120 g de sirop (proportion : ¾ d’eau et ¼ de sucre) Débarrassez, laissez refroidir et mixez. Réaliser l’insert en coulant
• 60 g d’huile d’olive sur une plaque et en détaillant des carrés de 6 x 6 cm.
• 60 g d’huile d’arachide
• 30 g de maïzena NOISETTES ET COURGES CARAMÉLISÉES
• 30 g de farine T55 • 250 g de noisettes
• 120 g d’eau • 75 g de sucre semoule
• 25 g d’eau
Dans un cul de poule, placez la farine et la maïzena, versez les deux
huiles, fouettez légèrement puis ajoutez l’eau et le sirop. Faites cuire Dans une casserole, portez l’eau et le sucre à ébullition puis faites
les tuiles sur une crêpière réglée à 190°C en ronds de 6 cm de dia- cuire à 120°C. Ajoutez les noisettes légèrement torréfiées. Sablez
mètre. Décollez la tuile au fur et à mesure de sa cuisson. jusqu’à caramélisation puis débarrassez sur plaque recouverte d’un
Silpat® et laissez refroidir. Décollez les noisettes une par une puis
POUR LA MARMELADE D’ORANGES stockez-les sous vide ou dans un endroit sec.
• 200 g d’oranges
• 300 g de jus d’orange MONTAGE
• 100 g de sucre semoule Turbinez la glace au Pacojet.
• 2 g de pectine NH Disposez quelques éclats de compotée et quelques noisettes cara-
mélisées au fond du bol, déposez le croustillant butternut, quelques
Faites blanchir 5 fois les oranges détaillées en gros cubes. Dans une grains de fleur de sel puis la quenelle de glace babeurre et une pincée
casserole, chauffez le jus d’orange, ajoutez-y le sucre et la pectine, de graines de courge.
52 À L A TA BLE DE JULIEN LÉM A R IÉ
À LA TABLE DE
Julien Lemarié
IMA
À RENNES
À
la tête du restaurant IMA, à Rennes, depuis deux ans,
Julien Lemarié, 42 ans, imagine une cuisine qui
mêle terroir local et réminiscences de ses multiples
expériences asiatiques. Chez lui, pas de frontière entre
la salle et la cuisine, son restaurant se veut un lieu de convivialité,
déjà récompensé par une étoile au guide Michelin.
À L A TA BLE DE JULIEN LÉM A R IÉ 53
Découverte de l’Asie
Julien Lemarié passera quatre ans au Conrad à Tokyo, pour l’ouverture :
« Là encore, dit le chef, un restaurant d’hôtel, une grosse équipe, du sept
jours sur sept, mais aussi, et surtout, la rencontre avec la cuisine japonaise
qui me marque à jamais. Je n’y connaissais pas grand-chose, mais là-bas,
j’ai beaucoup mangé et j’ai fait preuve d’une grande curiosité. » Au bout
de quatre ans, il rejoint Cuisine[s] Michel Troisgros à Shinjuku, auprès du
chef Lionel Becca, puis enchaîne pour un an et demi au mythique Raffles
de Singapour comme chef de cuisine : « J’étais en charge du Raffles Grill,
raconte le chef, il fallait coller au décor, proposer des plats assez classiques.
C’était bien pour faire ses classes. » Puis retour en France pour une sai-
son au 1947 de Yannick Alléno à Courchevel. « Voyager c’est passionnant,
explique Julien, et pas seulement côté cuisine, mais après Singapour, il
fallait prendre une décision. La vie d’expatrié est très confortable, mais on
n’est jamais 100 % chez soi. J’avais rencontré mon épouse au Japon, nous
avions deux enfants en bas âge qui ne connaissaient pas la France et j’avais
envie qu’ils la découvrent. Nous sommes donc rentrés, et je suis arrivé à
Rennes en juin 2012 chez LeCoq-Gadby. »
54 À L A TA BLE DE JULIEN LÉM A R IÉ
Une nouvelle aventure les clients dégustent chez IMA. Il n’est pas question pour lui d’ame-
En juin 2017, à l’emplacement d’une brasserie bien connue des Ren- ner de l’exotisme, simplement de petits contre-pieds, des condiments
nais mais un peu en perte de vitesse, Julien Lemarié, intéressé par les qui rendent les choses différentes, du piment, de l’acide, du fumé, du
volumes des lieux, décide d’y installer sa table : « Je voulais que la cui- torréfié. Une véritable mise en valeur du produit, avec certes un peu
sine soit dans le restaurant, il me fallait par conséquent une salle assez de Japon à cette table rennaise inspirée d’un comptoir à sushis, avec
grande, avec de la hauteur sous plafond. Et là, tous les critères étaient notamment en cuisine l’emploi d’algues, de bonite fumée, et de cer-
réunis. Depuis le Savoy, j’avais toujours travaillé avec une table dans tains agrumes de l’archipel. Mais ce n’est pas que cela. À la carte on
la cuisine : “la table du chef”. Il y a des clients qui préfèrent rester aux peut par aussi trouver des ormeaux, tapés puis marqués au couteau,
tables traditionnelles, mais d’autres aiment le contact, et nous, on le commencés à l’huile et finis au beurre, coupés en deux pour res-
recherche. » L’idée chez IMA n’est pas de désacraliser le service, mais sembler à de petites pousses de bambous, et servis avec courge japo-
de rendre les choses moins guindées. Ici pas de serveur à proprement naise, huile et jus de combawa, accompagnés d’un yaourt de chèvre
parler, sur les neuf membres de l’équipe, dont le chef, les trois per- égoutté, avec combawa et piment. Dans les classiques : l’œuf au foin,
sonnes en salles sont sommelières. Pour le nom, explique le chef, « je assaisonnés différemment selon les moments, à l’anis, par exemple.
cherchais un mot court, facile à écrire, trois lettres qu’on n’oublie pas ». Suivi lors d’un menu par un saint-pierre marié avec du miso noir, des
En japonais, que le chef parle un peu, « ima » signifie « maintenant ». cèpes, vinaigre de bonite et piment. Un shabu-shabu de dorade avec
C’est donc une parfaite illustration du travail effectué au quotidien par des algues bretonnes, de la chayotte (un fruit réunionnais comme une
l’équipe : « On essaye de s’inspirer du moment présent, en termes de grosse courgette) servie avec une infusion au galanga (un gingembre
produits, d’envies, de staff, nous dit Julien. Tout est réuni maintenant thaï) ou une joue de bœuf braisée au cidre et au piment d’Espe-
pour sortir quelque chose qui nous ressemble. Notre cuisine évolue. lette, servie avec des poireaux, du chou rouge fermenté et des petits
L’idée c’est de faire bouger les lignes un petit peu tous les jours, pas de pop-corn d’amarante. Et du noir de Bigorre servi avec épinard de
tout changer une fois par an. C’est la révolution permanente. » Malabar, chou-rave rôti et huile pimentée. En dessert, d’un côté,
citronnelle, nashi et piment, de l’autre, réglisse, chocolat et betterave.
Une cuisine inspirée de voyages
De chaque voyage sont rapportés une énergie, un produit, une tech- TEXTES : AURÉLIEN FERENCZI.
nique. Mais c’est aussi une cuisine inscrite dans le terroir breton que PHOTOS : PASCAL LATTES.
POUR LA SARDINE FUMÉE Lavez le cresson, émincez les branches puis faites-les suer
• 2 sardines avec l’oignon émincé. Ajoutez un peu de crème et mixez.
• Gros sel Faites blanchir les feuilles, rafraîchissez-les puis mixez.
Mélangez les 2 purées et corrigez l’assaisonnement.
Levez les filets de sardines (conservez arêtes et têtes),
puis mettez-les au sel pendant 20 minutes, rincez-les puis POUR LE GEL D’OIGNON À LA CANNEBERGE
mettez-les à fumer pendant 1 heure avec les parures. • 100 g de jus de pickles d’oignon
Taillez les filets. • 2 g d’agar-agar
POUR LE CHAWANMUSHI ANIS VERT Diluez l’agar-agar dans un peu de sirop froid, ajoutez au
• 150 g de bouillon de poule reste du sirop puis portez à ébullition durant 1 minute.
• 6 œufs Laissez prendre puis lissez au mixeur.
• 3 g d’anis vert toasté et concassé
POUR L’AMARANTE SOUFFLÉE
Faites infuser les arêtes de sardines fumées avec l’anis • 50 g d’amarante
dans le bouillon de poule pendant 30 minutes à couvert.
Passez le bouillon, incorporez les œufs, corrigez l’assai- Faites éclater l’amarante dans une petite casserole avec
sonnement et faites cuire à 85°C en vapeur pendant 12 couvercle.
minutes.
DRESSAGE
POUR LE CRESSON Déposez une cuillère de cresson sur le chawanmushi, un
• 1 botte de cresson point de gel, la sardine, les huiles et l’amarante.
• ½ oignon émincé
• Sel
• Crème fleurette
LES R ECETTES DE JULIEN LÉM A R IÉ 61
62 LES R ECETTES DE JULIEN LÉM A R IÉ
LES R ECETTES DE JULIEN LÉM A R IÉ 63
SAINT-PIERRE FUMÉ,
BETTERAVE, HIBISCUS
RECETTE POUR 4 PERSONNES
Faites cuire les graines d’amarante dans une chauf- Épluchez la betterave, passez-la à l’extracteur de jus. Le
fante, égouttez-les puis faites-les sécher. Faites-les frire, jus d’un côté, la « poudre » de l’autre. Passez le jus au
salez-les et déposez-les sur un papier absorbant. chinois, ajoutez l’huile de piment, le vinaigre puis salez.
Ajoutez du beurre et faites mousser à l’aide d’un mixeur
POUR LE SAINT-PIERRE plongeant. Mélanger la « poudre » avec 2 % de sel puis
• 1 Saint-Pierre de 1,5 kg placez en bocal à température ambiante pendant 4 à 6
jours. Quand l’acidité vous convient, mettez au frais.
Levez les filets de Saint-Pierre, mettez-les en saumure 10
minutes puis séchez-les au réfrigérateur pendant une nuit. FINITION ET DRESSAGE
• 100 g de fromage blanc de chèvre
POUR LE KETCHUP DE BETTERAVE • Quelques branches de pourpier sauvage
• 1 grosse betterave crapaudine • 10 g de poudre d’hibiscus
• Sel
• Vinaigre de riz Égouttez le fromage blanc de chèvre pendant 1 heure puis
• Huile de piment travaillez-le au fouet afin qu’il soit bien lisse. Assaisonnez
le pourpier d’huile d’olive.
Faites cuire la betterave en robe des champs à 160°C Sur chaque assiette, saupoudez une bande d’hibiscus
pendant 45 à 60 minutes. Prélevez la pulpe, passez-la au en poudre, déposez un peu de framage blanc, le filet de
blender, ajoutez le vinaigre de riz, l’huile de piment et le Saint Pierre, l’émulsion betterave, une pointe de ketchup,
sel. Placez en pipette et conservez au frais. l’amarante frite et quelques feuilles de pourpier.
OUVERTURE
Christopher Hache
MAISON HACHE
À EYGALIÈRES
N
é au Chesnay dans les Yvelines, Christopher Hache aura
connu quelques maisons étoilées et les ors des palaces
avant de choisir la Provence pour installer sa maison.
Tombé amoureux il y a 6 ans, durant ses vacances, de
cet authentique village provençal au pied des Alpilles, il y a ouvert
un hôtel-restaurant intimiste de 4 chambres. Là où le chef flamand
Wout Bru avait obtenu, avec son bistro Chez Bru, deux étoiles au
guide Michelin au début des années 2000. C’est donc à Eygalières,
bien connu des personnalités (Michel Drucker et Hugh Grant y
possèdent une maison) que Christopher Hache a déjà conquis un
public de gastronomes qui se félicitent de retrouver au cœur du
village, une table de si belle qualité.
OU V ERTUR E AV EC CHR ISTOPHER H ACHE 65
N’est-il pas difficile de quitter les ors d’un palace pour s’instal- Vous aviez besoin d’un nouveau challenge ?
ler dans un village comme Eygalières ? Je pense qu’il y avait de cela. Dans notre métier il faut beaucoup
Non, car c’était pour moi l’occasion d’être chez moi et de pouvoir d’humilité, sans cesse se remettre en question. Ce n’est pas parce
pleinement m’exprimer en cuisine. Car vous savez, quel que soit que j’ai fait toute ma carrière en palace que tout était acquis. C’était
votre poste dans l’hôtellerie de luxe, vous restez employé, et moi une manière de me challenger, de me mettre en danger. Avant d’ar-
les chefs que j’admire sont des chefs propriétaires, des chefs qui ont river à Eygalières j’avais 80 cuisiniers, aujourd’hui nous sommes 4
créé un lieu à leur image et l’ont fait grandir, je pense par exemple en cuisine, mais avec le plaisir de faire ce que nous voulons. Je me
à Laurent Petit à Annecy, Michel Guerard et tant d’autres... Et puis sens libre, et ça, c’est important. Ensuite, bien sûr, il y a d’autres
pour moi, le luxe ne se résume pas à des dorures, c’est plus sur l’au- responsabilités, comme payer mes salariés et rembourser les cré-
thenticité, la convivialité, l’aspect chaleureux des lieux. Ça passe dits mais je ne suis pas inquiet. Beaucoup de chefs comme Akrame
par ces petits détails que les gens ne perçoivent pas forcément mais Benallal ou David Toutain me disaient « fais-le !! ». Alors lorsque
qui au final font la différence dans l’accueil et le moment que tes j’ai découvert ce lieu, je me suis lancé. Je suis tombé immédiate-
clients passent chez toi. C’est ce que m’a appris l’hôtellerie de luxe, ment sous le charme de cette bâtisse provençale et je me suis pro-
ce sens du détail, du service, de l’accueil, de la qualité du pain servi jeté. Ensuite tout le monde s’y est mis, ma femme Delphine m’a aidé
à table, du room service, des produits offerts en chambre. J’avais pour la déco, mes beaux-parents, mon père. C’est une véritable his-
toutes les armes pour me lancer. Et autre avantage, l’image de toire de famille. Mon cousin est en cuisine, sa femme aussi. C’est
l’hôtel m’a porté et m’a permis de me faire connaître. pour cela que je l’ai appelé Maison Hache.
Vous réfléchissiez depuis longtemps à vous installer ? Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?
J’y songeais. J’avoue que les retards pris par les travaux du D’abord de rester attractif, pour que nos clients viennent de la
Crillon ont quelque peu modifié mes plans. Je m’étais engagé sur région, et c’est ce qui s’est passé. Bien sûr, c’est encourageant et
un an après la réouverture de l’hôtel, je me suis donc concentré sur plaisant d’arriver à faire déplacer des clients belges, anglais, pari-
ce point, sachant de surcroît que je me suis investi plusieurs mois siens, d’Annecy ou de Genève, mais il est aussi important pour
avant l’ouverture pour notamment m’occuper de l’art de la table. moi de séduire une clientèle locale. Et aussi de mettre en avant
Une fois l’hôtel ouvert, on a rapidement décroché l’étoile et je et de m’accorder avec les produits locaux. Je veux que ma cuisine
suis reparti sur une nouvelle année. Mais très vite j’ai eu l’impression soit le reflet du terroir. Depuis mon installation, je travaille avec
d’avoir fait le tour, avec en plus, cette envie de m’installer, de me lancer. un maraîcher de Saint-Rémy, les potagers d’Émilie pour les fruits
OU V ERTUR E AV EC CHR ISTOPHER H ACHE 67
CHANTILLY RÉGLISSE
• 200 g de crème liquide
• 3 g de réglisse en poudre
• 1 feuille de gélatine
DRESSAGE
Montez la crème infusée au batteur en chantilly assez ferme. Placez en
poche avec une douille cannelée n° 10.
Déposez le baba dans une assiette creuse, arrosez d’un peu de sirop puis
déposez de la chantilly au centre.
70 LES R ECETTES DE CHR ISTOPHER H ACHE
LES R ECETTES DE CHR ISTOPHER H ACHE 71
HUÎTRES
DE CAMARGUE
INGRÉDIENTS Ouvrez les huîtres, rincez-les si nécessaire. Retirez les bardes, hachez-les
POUR 6 PERSONNES puis brûlez l’huître jusqu’à coloration à l’aide d’un chalumeau. Réservez
le tout au frais.
• 18 huîtres de Camargue calibre 1
• 4 artichauts Camus PURÉE D’ARTICHAUTS
• 1 bulbe de fenouil Tournez les artichauts en prenant soin de garder les feuilles et les pieds
• 1 citron jaune pour confectionner la sauce, puis retirez le foin. Taillez les fonds en
• 1 oignon cébette grosse mirepoix, faites revenir à l’huile d’olive sans coloration, déglacez
• 5 cl de vin blanc au vin blanc puis mouillez légèrement au bouillon de légumes et faites
• 2 cl d’huile d’olive cuire à couvert. Une fois cuits, mixez-les puis passez-les au chinois.
• 7,5 cl d›huile de tournesol Rectifiez l’assaisonnement et réservez au frais.
• 2,5 cl de vinaigre de Xérès
• 2,5 cl de Pastis Manguin VINAIGRETTE AU PASTIS MANGUIN
• 100 g de beurre Mélangez le vinaigre de Xérès et le Pastis Manguin puis montez le tout
• 10 cl de lait avec l’huile de tournesol. Réservez.
• 20 cl de bouillon de légumes
• 1 branche d’aneth ÉMULSION D’ARTICHAUT
Placez les feuilles et les pieds d’artichauts dans un faitout, couvrez d’eau
et laissez cuire à feu doux 3 à 4 heures avec un couvercle. Passez au
chinois et faites réduire le bouillon obtenu aux 3/4. Ajoutez le lait et
montez au beurre puis rectifiez l’assaisonnement et réservez en
bain-marie à 60 degrés.
CONDIMENTS
Lavez puis émincez la cébette avec une partie du vert. Retirez la peau du
citron, levez les segments puis taillez-les en fine brunoise.
Lavez puis effeuillez le fenouil, séparez les différentes couches puis
taillez en une fine brunoise.
Lavez l’aneth.
FINITION
Mélangez la purée d’artichauts, les bardes d’huîtres hachées, la cébette
émincée, la brunoise de citron et de fenouil puis assaisonnez le mélange
obtenu avec la vinaigrette au Pastis Manguin.
DRESSAGE
Posez un emporte-pièce rond au centre de l’assiette puis déposez une ou
deux (selon la taille) huîtres brûlées au centre du cercle. Émulsionnez la
sauce artichaut à l’aide d’un mixeur plongeant, puis recouvrez le cercle
d’émulsion en laissant apparaître les huîtres brûlées.
Terminez en déposant une pousse d’aneth sur l’émulsion.
72 LES R ECETTES DE CHR ISTOPHER H ACHE
PALETS D’AUBERGINE
Lavez puis épluchez les aubergines. Taillez des tronçons d’environ 5 cm d’épaisseur, assaisonnez de sel, poivre et huile
d’olive (comptez deux ou trois palets par personne selon la taille). Conservez les parures pour le caviar d’aubergine.
Disposez les tronçons sur une plaque gastro à trous et faites cuire au four mixte à 110°C durant 25 minutes environ.
Lorsque les aubergines sont fondantes, sortez-les du four, laissez-les refroidir puis réservez au frais.
CAVIAR D’AUBERGINE À LA MENTHE
Faites revenir les parures d’aubergines dans l’huile d’olive jusqu’à l’obtention d’une légère coloration puis laissez cuire
à feu doux pendant une heure. Réservez. Lavez la menthe et effeuillez-la. Lavez et pelez le citron. Conservez les zestes,
faites-les blanchir 3 fois puis taillez-les en très fine brunoise pour la finition du plat (pour la brunoise de citron confit). Pressez
le citron et passez le jus au chinois étamine. Mixez les aubergines cuites jusqu’à l’obtention d’un caviar bien lisse, laissez refroi-
dir puis mixez à nouveau avec la menthe et le jus de citron. Rectifiez l’assaisonnement, versez en pipette puis réservez au chaud.
TUILE À LA FARINE DE BLÉ TENDRE
Dans un bol, mélangez la farine de blé tendre, l’huile d’olive, l’eau et le sel jusqu’à l’obtention d’un appareil lisse puis
versez dans une pipette. Sur un Silpat® légèrement huilé, réalisez de petits cercles avec l’appareil à tuile, recouvrez le
tout avec un papier sulfurisé, puis avec un autre Silpat® et faites cuire au four sur grille pendant 20 minutes à 180°C.
FINITION
Dans une poêle, faites colorer la pastilla d’épaule confite sur toutes ses faces avec un beurre clarifié puis faites-les
réchauffer au four à 180°C durant 3 minutes environ.
Dans une poêle, faites colorer la selle d’agneau à l’huile de tournesol, puis ajoutez le beurre et arrosez bien. Terminez la
cuisson au four durant 4 à 5 minutes et laissez reposer un temps équivalent. Déficelez et taillez en tronçons.
Dans une poêle, à l’huile d’olive, faites colorer les palets d’aubergine sur une face puis terminez de réchauffer les palets
au four à 180°C. Une fois chauds, posez trois points de caviar d’aubergine sur la face colorée de chaque palet puis
enfournez à nouveau jusqu’au service.
LES R ECETTES DE CHR ISTOPHER H ACHE 73
DRESSAGE
Ajoutez un peu de brunoise de citron confit sur les palets ainsi qu’une
pousse de sarriette, d’aneth et un morceau de tuile à la farine de blé
tendre. Dressez l’assiette en plaçant les ingrédients sur la gauche, palets
d’aubergine, pastilla et tronçons de selle d’agneau. Nappez de jus d’agneau.
74 LES R ECETTES DE CHR ISTOPHER H ACHE
LES R ECETTES DE CHR ISTOPHER H ACHE 75
SOUFFLÉ AU CHOCOLAT 70 %,
GLACE AU THYM
INGRÉDIENTS Chauffez la crème puis versez-la sur le chocolat préalablement fondu.
POUR 6 PERSONNES Faites monter les œufs, les jaunes d’œufs et le sucre à l’aide d’un fouet
puis incorporez délicatement, petit à petit, à l’aide d’une Maryse à la
• 130 g d’œufs entiers ganache. Versez dans des ramequins beurrés et faites cuire 6 minutes à
• 87 g de jaunes d’œufs 160°C.
• 65 g de sucre
• 109 g de chocolat à 70 % GLACE AU THYM
• 109 g de crème liquide • 786 g de lait entier
• 228 g de crème liquide
• 75 g de thym en fleurs
• 150 g de sucre semoule
• 75 g de poudre de lait
• 4,5 g de stabilisant 2000
• 120 g de jaunes d’œufs
DRESSAGE
Présentez le soufflé dans son ramequin avec une quenelle de glace
déposée dans une petite coupelle à part.
76 VOYAGE À TR AV ERS LE V IGNOBLE FR A NÇ A IS
C
haque mois, partons ensemble à la
découverte du vignoble français.
Parcourons les appellations, des plus
prestigieuses aux plus méconnues, des
plus grands domaines aux pépites confidentielles.
CHIFFRES CLÉ
AOC Cahors obtenue en 1971.
L’aire géographique, c’est-à-dire l’ensemble des parcelles pouvant
revendiquer l’AOC, est de 21 700 hectares.
La surface plantée est de 4 500 hectares dont 3 500 sont commer-
cialisés en AOC. Le solde, soit 1 000 hectares, est commercialisé en
IGP (vin de pays) ou en vin de France.
Il y a 80 % de caves particulières, les 20 % restants se répartissant
entre le négoce et la cave coopérative.
11 % des surfaces plantées sont labellisées bio.
Cépage majoritaire : le malbec représente plus de 80 % de la
surface.
Viennent ensuite le merlot et, très minoritairement, le tannat.
La commercialisation se fait à 65 % en France et 35 % à l’export.
Les principaux marchés sont les USA, le Québec et le Royaume-Uni.
UN PEU DE GÉOGRAPHIE avec des galets roulés. Les argiles et les galets apportent un sup-
plément de profondeur et de structure aux vins, marqués par un
Le vignoble de Cahors s’étend sur 60 km à l’ouest de la ville de fruité expressif. Les vins sont de moyenne garde mais accessibles
Cahors, le long des méandres du Lot. C’est un vignoble de pié- dans leur jeunesse. La troisième terrasse présente des sols argilo-
mont situé sur les contreforts du Massif central dont les vignes sont siliceux dans sa partie inférieure et des sols de grèzes (éboulis
réparties sur les deux rives de la rivière et divisées en deux entités calcaires) dans sa partie supérieure près du causse. Les vins issus
géopédologiques distinctes : le vignoble de Vallée et le vignoble de ces sols sont puissants et marqués par un fruité généreux tan-
du Causse. Le vignoble de Vallée se trouve sur les rives gauche et dis que les vins de grèzes présentent un supplément de finesse.
droite du Lot et se subdivise en 1re, 2e et 3e terrasses définies en Le vignoble du Causse est exceptionnel par la complexité de son
fonction de leur éloignement de la rivière. Les premières terrasses, ensemble argilo-calcaire. Il est très calcaire, avec par endroits,
proches du Lot, se caractérisent par des sables limoneux, fertiles, des sols sidérolithiques (formation géologique qui contient beau-
qui donnent des vins fruités et souples. Les deuxièmes terrasses, coup de concrétions ferrugineuses). C’est dans ce secteur que l’on
situées juste au-dessus des premières, sont plus riches en argiles trouve les vins les plus fins.
VOYAGE À TR AV ERS LE V IGNOBLE FR A NÇ A IS 77
UN PEU D’HISTOIRE
© Jerome Morel
L’histoire des vins de Cahors est très ancienne. Le vignoble cadur-
cien remonte à l’occupation romaine. Son essor fut ralenti par l’ins-
tauration du « privilège bordelais » par Henri III d’Angleterre. En
effet, en 1241, un règlement stipule que les vins du Haut Pays ne
peuvent accéder au port de Bordeaux avant Noël, donnant ainsi un
avantage commercial décisif aux vins de Bordeaux. Ce n’est qu’au
XVIIe siècle que Louis XIV mettra fin à ce privilège. L’essor du
vin de Cahors viendra notamment du tsar Pierre Le Grand qui se
serait soigné au « kaorskoie » vino. En outre, l’Église orthodoxe
l’adopta comme vin de messe. Ajoutons que sa très bonne capacité
de conservation en fait un excellent « vin de cargaison ».
LA RENAISSANCE
terroir.
© Jerome Morel
VOYAGE À TR AV ERS LE V IGNOBLE FR A NÇ A IS 79
QUELQUES RÉFÉRENCES
CHÂTEAU LES CROISILLES LA CALMETTE
Fages Maya Sallée et Nicolas Fernandez
Famille Croisilles 390 chemin du Colombier
46140 LUZECH 46090 Trespoux Rassiels
Tel : 05 65 30 53 88 Tel Maya Sallée : 06 02 09 00 17
Germain Croisilles : 06 72 31 02 71 [email protected]
Domaine de 30 ha répartis
entre la Vallée (10 ha) et le causse (20 ha) Cahors Bois Grand 2017
Prix public départ propriété : 28 € TTC
Cahors cuvée Silice 2018 Nez sur le fruit, assez mûr. Bouche assez charnue,
Prix public départ propriété : 12 € TTC de la rondeur avec une finale marquée par l’austérité
Joli nez fin, très joli fruit, fruits noirs, de la maturité. du calcaire. Beau Cahors.
Touche florale. Bouche charnue, sapide, bien fraîche,
tanins très fins. Très joli vin de gastronomie.
DOMAINE COSSE-MAISONNEUVE
Matthieu Cosse et Catherine Maisonneuve
CHÂTEAU COMBEL LA SERRE 46700 Lacapelle-Cabanac
Julien & Sophie ILBERT
Lieu-dit Cournou - La Serre Catherine et Matthieu se sont connus au début des années 90
46 140 Saint Vincent Rive d›Olt sur les bancs de l’école à Bordeaux. Après avoir vécu
[email protected] chacun leurs expériences dans différentes propriétés viticoles,
Tél. : 05 65 21 04 09. ils décident de créer leur propre domaine. Cahors apparaît alors
plein de promesses avec un immense potentiel et, ce n’est pas
Propriété familiale de 23 hectares (22 de Côt et 1 de Vermen- sans importance, c’est un vignoble accessible pour des jeunes
tino) située à 17 km de Cahors sur le Causse Calcaire, Combel- qui s’installent avec un très petit capital. Avec 5 ha en location
la-Serre a vu le jour en 1998 sous l’impulsion de Jean-Pierre au départ de l’aventure, il vont créer un domaine d’une vingtaine
ILBERT - heureux vigneron aujourd’hui à la retraite - qui hectares entièrement conduit en biodynamie.
décida de quitter la cave coopérative pour devenir indépendant. C’est aujourd’hui un domaine de référence à Cahors.
Son fils, Julien, est revenu sur la propriété en 2003 et travaille
aujourd’hui avec Sophie, son épouse. Peu à peu, le couple donne Cahors Le Combal 2014
un second souffle au domaine: conversion en Bio (via Ecocert), Prix public départ propriété : 12 € TTC
retour aux vendanges manuelles sur tout le vignoble avec travail Le Cahors de fruit, tout en fraicheur et en tension.
de tri à la récolte, travail et reconnaissance des différents terroirs La bouche est marquée par des tanins fins et une belle sapidité.
L’ ALBUM DU PÂTISSIER
Cédric Grolet
© Pierre Monetta
L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET 81
À
seulement 34 ans, Cédric Grolet est une véritable star de
la pâtisserie. En six ans, il a saisi le goût de notre époque
et atteint les sommets, au prix d’un travail acharné et non
sans quelques sacrifices. Aujourd’hui chef pâtissier
exécutif de l’hôtel Le Meurice à Paris, entouré d’une équipe de
fidèles collaborateurs, il ne cesse de créer et de réinventer la
pâtisserie. Véritable phénomène de la planète sucrée, il cumule 1,4
million d’abonnés sur son compte Instagram. Avec le lancement
de sa nouvelle boutique Cédric Grolet Opéra, un concept unique
aux partis pris prononcés, les riverains du quartier risquent fort
d’apercevoir durant plusieurs jours d’interminables files d’attente
comme à chacune de ses ouvertures ou apparitions publiques.
Rencontre en toute sincérité avec ce mordu de sucre, en avance sur
son temps.
T.G.M. : Qui êtes-vous, Cédric Grolet ? Je ne l’ai pas souvent dit mais pour m’endormir, ma mère trempait
C.G. : Je crois qu’il existe plusieurs Cédric Grolet : celui du ma tétine dans le miel, c’est sans doute pour ça que j’aime autant
Meurice, celui d’Opéra et celui du privé. Je ne peux pas être le le sucre.
même partout. Je m’adapte à la situation, au contexte. Je pense être
quelqu’un de très simple. J’ai une famille qui m’a appris à dire « Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir pâtissier ?
bonjour, merci, au revoir » et à respecter les autres. C’est cet envi- J’ai voulu être boulanger avant d’être pâtissier car je ne savais pas
ronnement et cette éducation simple qui me permettent d’être là où que le métier de pâtissier existait. Je pense que ma vocation est
je suis aujourd’hui et de tenir le cap, d’aimer la vie et d’être bien- née grâce à mon grand-père maternel qui avait un restaurant. Je
veillant avec mes proches et mes équipes. passais également mes étés à La Rochelle auprès de mon oncle qui
était restaurateur-traiteur. J’apprenais à créer des choses raffinées.
Quel genre d’enfant étiez-vous ? Je m’intéressais à tout ce qui touchait à la cuisine, sucré et salé. En
Je suis né en Haute-Loire à Firminy, dans un petit village. J’étais réalité, je ne me suis jamais demandé ce que je devais faire comme
un enfant très speed. Je ne tenais pas en place à l’école. Je n’atten- métier. Je voulais juste faire des gâteaux. Pour devenir pâtissier, je
dais qu’une chose, c’était de sortir pour jouer et courir pendant n’ai jamais rien lâché. Aujourd’hui encore, je veux toujours me sur-
la récréation. J’avais du mal à écouter et à me concentrer. J’étais passer dans mon travail.
un véritable amoureux de bonbons. J’en mangeais tout le temps.
82 L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET
Comment imaginiez-vous le métier de pâtissier quand vous Paris et je suis arrivé à 20 ans chez Fauchon. Cela a été une expé-
avez démarré ? rience très difficile mais incroyable, car j’avais une équipe bienveil-
Je ne l’ai pas seulement imaginé, je l’ai rapidement vécu : des lante et des chefs formateurs comme Christophe Adam et Benoît
horaires aux amplitudes démesurées, pas de week-end, pas de jour Couvrand notamment. Aujourd’hui, je me sers tous les jours de
férié, plus de famille, pas le temps pour une amoureuse, le fait de cette expérience auprès d’eux.
travailler extrêmement dur et de ne pas vraiment gagner sa vie. À 25 ans, je suis arrivé au Meurice. J’ai pris la place de sous-chef
C’était ça le métier de pâtissier ! Mes parents et ma famille me pâtissier auprès de Camille Lesecq à l’époque de Yannick Alléno.
l’ont tellement dit et répété que mon ambition était de leur prouver Ce fut une horreur. Je n’ai pas compris ce que je faisais là. Un an
qu’on pouvait faire ce métier différemment. C’est pour ça que je me après, Alain Ducasse est arrivé et ce fut un nouvel ouragan.
bats sur les réseaux sociaux. J’essaie de montrer une autre façon
d’appréhender la pâtisserie. J’ai trop galéré étant jeune. Jusqu’à 30 Comment passe-t-on de chez Fauchon à un palace comme Le
ans, ce métier a été presque horrible pour moi. C’est important de Meurice ?
le dire, le métier de pâtissier, ce n’est ni la télévision, ni Instagram. Quand je travaillais avec Christophe Adam, il était content de moi,
C’est extrêmement difficile. j’étais un peu le chouchou, mais j’étais trop à l’aise dans ce que je
faisais. Il fallait que je me remette en question, et à ce moment-là,
Pourquoi avoir persévéré ? pour moi, le risque et la pression se trouvaient dans la restauration.
J’ai commencé mon apprentissage à 14 ans dans ma région, avec La période la plus difficile de ma vie a duré de mon premier jour au
des hauts et des moments vraiment difficiles. La fatigue, la santé… Meurice jusqu’à l’arrivée d’Alain Ducasse. J’ai complètement cra-
j’ai plusieurs fois craqué physiquement. La pâtisserie c’est le sacri- qué, quand j’en parle j’en ai presque les larmes aux yeux…
fice de ma vie. J’ai tout mis de côté pour la pâtisserie. Je pense que
dans tous les métiers du monde, si l’on veut réussir, il faut travailler Pourquoi être resté malgré tout ?
plus que les autres. J’ai toujours énormément travaillé donc si j’en Cette maison est prestigieuse et ses chefs font partie des meilleurs
suis là, c’est peut-être parce que je travaillais un peu plus que les chefs du monde. Pour y arriver, il fallait comprendre leur démarche
autres. Mais je ne regrette rien car ma vie c’est la pâtisserie. Je vais et s’adapter. J’ai vécu des situations complexes dans ma carrière
tout donner pour ce métier, jusqu’à ma personnalité. mais j’ai su les franchir. C’était violent mais je dis souvent que «
ce qui ne tue pas rend plus fort » donc si c’est dur, c’est qu’il y a
Quelles sont les principales étapes de votre carrière ? encore des challenges. Donc il faut continuer et rester, pour gran-
Pendant mon CAP, une mention complémentaire et mon Brevet dir. L’amour du métier m’a fait tenir. Et puis Le Meurice est une très
technique des métiers à l’École nationale supérieure de la pâtis- belle maison, un laboratoire, un budget et une brigade incroyables.
serie d’Yssingeaux, j’ai effectué mon apprentissage en Auvergne Je me suis dit que si j’arrivais à gérer Le Meurice, je pourrais être un
pendant six ans. Mon maître d’apprentissage m’a poussé à partir à bon chef pâtissier, et faire partie de l’élite.
L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET 83
Qu’est-ce qui était le plus difficile ? sait pas ensemble, j’allais ouvrir ma propre pâtisserie, seul, donc
C’était la pression et le rythme qui étaient différents de mon expé- elle m’a demandé de proposer un concept. La direction n’était pas
rience chez Fauchon. Au Meurice j’attaquais à 7 h du matin et je d’accord avec ma vision, elle voulait quelque chose de classique.
terminais à 2 h, je rentrais à pied ou en métro car je n’avais pas les Trois mois avant l’ouverture, j’ai failli changer d’idée mais j’ai fina-
moyens de me payer un taxi. À la fin du mois, je n’avais pas un euro lement assumé mon choix : un écrin, sans vitrine avec cinq gâteaux
et je me prenais balle sur balle au laboratoire. Je me suis demandé éphémères. Mon ambition était de privilégier la qualité et le respect
un grand nombre fois ce que je faisais là, c’était un défi horrible, du client. J’avais une pression énorme à l’ouverture car j’avais des
pour aucune reconnaissance, même quand à 26 ans, j’ai remplacé objectifs de chiffre d’affaires et de rentabilité à assurer.
Camille Lesecq au poste de chef pâtissier. Ce sont les prix qui ont
tout changé. Cela a véritablement commencé quand j’ai reçu le prix Que proposiez-vous à la boutique ?
de Chef Pâtissier de l’Année aux Trophées Le Chef en 2015, cela L’idée de départ est mon point de vue général par rapport au
m’a donné une reconnaissance de mes pairs. Pourtant je sortais des métier. Quand je suis au laboratoire, et que je goûte les essais
desserts depuis longtemps mais à l’époque, nous étions nombreux avec mes équipes, je suis au plus proche du produit et je mange en
à être très bons : Yann Couvreur, Julien Alvarez, Yann Brys, Fran- direct les pâtisseries. Je ne supporte pas que les gâteaux prennent
çois Perret… le froid donc je préfère faire peu mais mieux. Concernant la carte,
j’avais deux choix : soit je faisais la même carte qu’au Tea Time, et
Ça veut dire quoi pour vous être un bon chef pâtissier ? je gagnais énormément de temps, soit je montais deux cartes en
Je le dis, je me considère comme un très bon chef pâtissier par rap- parallèle, et je doublais mon activité en termes de chiffre d’affaires.
port à ce que je donne, mais je sais que je vais être encore meilleur Pour ne pas cannibaliser le Tea Time, j’ai créé deux cartes diffé-
quand j’aurai ma boutique à moi. Car avoir sa propre boutique, ce rentes, sur le principe du fruit. Les fruits c’est Le Meurice, ils sont
n’est pas seulement faire des gâteaux, c’est savoir faire du manage- nés ici et restent ici.
ment, savoir construire un business plan, créer un concept, savoir
communiquer… Ce n’est plus seulement être chef pâtissier, c’est Et après Le Meurice vous avez eu envie d’ouvrir votre propre
être entrepreneur. C’est pour cela que j’ai beaucoup de respect boutique ?
pour les pâtissiers qui se mettent à leur compte. Quand j’ai ouvert au Meurice et que cela a très bien marché, j’ai
voulu partir tout de suite pour ouvrir ma boutique. J’ai été, je l’es-
Vous avez donc ouvert une première boutique au Meurice… père, suffisamment intelligent, pour finalement me dire que ce ne
J’avais besoin d’être chez moi. Ce fut la première étape de mon serait pas en un an qu’une boutique me ferait gagner ma vie. J’ai
projet personnel. La chance que j’ai eue c’est d’être dans un palace donc laissé vivre cette boutique du Meurice et j’ai réfléchi. J’avais
dont la direction m’a fait confiance et m’a donné un budget plus tout de même peur d’ouvrir un lieu, seul. Surtout à Paris quand on
que confortable pour faire ce que je voulais. En 2017, on n’arrivait voit le prix des loyers et le coût de revient d’un gâteau ! Cela fait
plus à assurer le Tea Time au Dali, victime de notre succès. Il y avait cinq ans que je visite des boutiques à Paris. Car déjà, il y a cinq ans,
trois mois d’attente. Au bar, ils ne vendaient plus de cocktails mais des investisseurs voulaient que Maxime Frédéric et moi ouvrions
des pâtisseries. J’ai proposé à la directrice de remplacer un salon ensemble, cela ne s’est pas fait, et au final, j’ouvre cinq ans après. Je
qui était dédié au spa par une pâtisserie. Elle a d’abord refusé. Un vais lentement, alors qu’on pense que je vais (trop) vite.
an après, je suis revenu à la charge en lui disant que si on ne le fai-
84 L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET
Vous avez finalement trouvé un lieu… soir avec sa baguette chaude, la cuisson se fera donc entre 17 h à
Cela a été compliqué car je n’en trouvais pas qui correspondait à 19 h, ensuite, ce sera terminé ! Nous fonctionnerons comme un
mon concept. J’ai même pensé à d’abord m’installer au Japon, avant restaurant, avec des cartes qui changeront régulièrement.
d’avoir une aide de la mairie de Paris dans mes recherches. Le lieu,
avenue de l’Opéra (anciennement Casse-Noisette) était parfait pour Comment allez-vous gérer l’attente et la frustration ?
mon projet. J’ai acheté seul le fonds de commerce en juin 2019. J’ai Dans un hôtel, quand on vous donne la carte de votre chambre,
fait un emprunt pour les travaux et je m’installe comme si c’était on vous précise les horaires du petit-déjeuner et vous devez les
mon premier appartement. respecter. Eh bien, à la boutique ce sera la même chose. Nous affi-
cherons un menu à l’extérieur, avec des heures définies. Si des per-
Quel est le concept de Cédric Grolet Opéra ? sonnes veulent s’installer au salon de thé, les hôtesses préciseront
Mon projet personnel est né d’un mélange de trois influences : mon le temps qu’il leur reste pour le faire. C’est un parti pris fort et je
métier de base de boulanger, mon cursus créatif chez Fauchon et sais que j’aurai des retours négatifs mais je vais éduquer les gens,
mon expérience auprès de Yannick Alléno et Alain Ducasse qui comme je l’ai fait avec la pâtisserie du Meurice avec des pâtisseries
m’ont appris le respect du produit. Le concept d’Opéra est très fort éphémères à 17 €.
car complètement innovant. Opéra, c’est un restaurant. Mon maga-
sin va changer toute la journée et vivre différemment à des heures Côté pâtisserie, quelles seront les propositions à Opéra ?
définies. Les propositions seront différentes à 7 h, 11 h, 15 h et 17 h. J’ai voulu faire des gâteaux qui soient complètement différents
Quand un restaurant est plein, on ne peut plus rentrer pour avoir de mon univers actuel. Aujourd’hui, j’ai un univers très créatif,
une table mais dans une boulangerie-pâtisserie, on peut acheter du très coloré, très formel en matière de visuel. J’ai voulu adoucir
pain, des viennoiseries et des gâteaux du matin au soir ! Je ne veux ça et apporter un côté chic et parisien à la boutique avec des
pas faire ça. Si les clients veulent manger du pain, ils en trouveront codes couleurs gris, blanc, noir et argenté, et de nouvelles
à Opéra mais pas du matin au soir, car si je fais ça, je n’aurai pas créations. Le fil conducteur reste le même, le goût et la simplicité,
la qualité que je souhaite. S’ils veulent des viennoiseries (fraîches mais à Opéra, c’est un retour à la tradition. Je me devais de retourner
et croustillantes), ils devront venir entre 7 h et 11 h, après ils n’en en arrière pour marquer le décalage avec l’innovation du
trouveront plus. Donc à 7 h, nous proposerons les viennoiseries, Meurice. De surcroît, si je mettais les fruits à Opéra, je me tirais
à 11 h la sandwicherie (six sandwichs, un par jour avec en plus un une balle dans le pied. Il a donc fallu que je réfléchisse pour
végétarien), à 15 h les desserts de bols, fruits givrés et gâteaux de trouver autre chose de très fort. J’ai ainsi sorti le concept des
voyage et à 17 h, tout ce qui est pain. Le Parisien aime rentrer le fleurs.
L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET 85
86 L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET
Cédric
Grolet
né s sur Instagram
Nombre d ’ abon
1,4 mio
Il a commencé à 20 pa
14 ans ys
v is
i tés
Fratrie de 6 enfants
2 livres :
Fruits & Opéra
Boutique du Meurice
Chiffre d’ affaire espéré
600 K€
Chiffre d’ affaire réalisé 2 boutiques
1,4 m K€ 2018 Le Meurice
2019 Ouverture Opéra
88 L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET
L’A LBUM DE CÉDR IC GROLET 89
FLEURS CITRONNÉES
RECETTE POUR 10 PERSONNES
LA PÂTISSERIE DE
Pier-Marie
Le Moigno
À LORIENT
N
é à Rochefort, d’un père gendarme maritime et d’une maman
secrétaire à la DCNS à l’Arsenal, Pier-Marie grandira à Lorient
d’où ses parents sont originaires. Et s’il se sent déjà l’âme d’un
cuisinier au collège, il n’est pas encore prêt, si jeune, à quitter
le cocon familial pour la pension. C’est donc quelques années plus tard,
un bac comptabilité gestion en poche qu’il entrera à l’école hôtelière de
Dinard pour se former à la cuisine. Première année de mise à niveau avec
un stage au Pays de Galles, puis seconde année avec un stage chez Michel
Trama, chef étoilé d’Agen. Il y fera tous les postes : garde-manger, viande,
poisson et dessert, pour s’apercevoir durant le dernier mois passé aux
entremets que la précision et la rigueur appliquées à la discipline lui conve-
naient bien. Il n’en faudra pas plus pour qu’il se dirige vers la pâtisserie.
De la Bretagne au Meurice
C’est grâce à l’un de ses professeurs de BTS que Pier-Marie rejoint l’équipe
de Camille Lesecq, alors chef pâtissier de l’hôtel Le Meurice à Paris. Il sui-
vra en alternance à l’école Ferrandi un CAP connexe Pâtisserie pour assu-
rer sa formation. Il quitte Le Meurice au bout d’un an, après dit-il, avoir
beaucoup appris en termes de management. Un bref retour en Bretagne et
le chef Jean-François Fouchet l’appelle pour lui proposer un poste d’extra
au Park Hyatt Paris Vendôme. Le jeune breton refait ses valises et enchaîne
3 contrats d’extra avant de réclamer un poste en CDI. La chance lui sourit
puisqu’une place se libère à ce moment-là. Il gravira ensuite les échelons un
à un jusqu’à accéder au poste de chef pâtissier de l’hôtel. Une fonction qui
l’amènera à la création de cartes dans d’autres hôtels du groupe, en Inde et
en Corée.
De Paris à la Bretagne
La proposition d’occuper le poste de chef pâtissier du futur Park Hyatt New
York se présente à Pier-Marie mais le projet prend plus de temps que prévu.
C’est l’heure de la réflexion, de penser la direction à donner à sa vie. Avec
son épouse Gaëlle, ils se décident à rentrer en Bretagne pour s’installer.
Durant six mois, ils vont étudier le marché et chercher un lieu. L’installa-
tion se fera avec beaucoup de spontanéité, notamment sur la création de la
carte puisque Pier-Marie n’a qu’une expérience de desserts à l’assiette et de
chariot dans un palace. Progressivement, il va donc apprendre à s’organiser
L A PÂTISSER IE DE PIER-M A R IE LE MOIGNO 91
La Bûche vacherin
Le secret de cette bûche réside en partie dans l’ajout de menthe
fraîche au moment du turbinage du sorbet citron yuzu et menthe.
« Cette association de saveurs, imaginée pour rappeler le cock-
tail ‘Mojito’ attire beaucoup l’attention de nos clients explique
Pier-Marie, car elle amène en bouche fraîcheur et acidité. Je l’ai
ensuite associée au vacherin avec une meringue légère et très
friable, et à un sorbet yaourt peu sucré pour conserver la fraîcheur
et la légèreté de ce dessert. Construit en barre, il conserve l’esprit
de la bûche mais est très facile à découper. »
92 L A PÂTISSER IE DE PIER-M A R IE LE MOIGNO
La Pavlova
C’est un des classiques de la gamme. « Ce sont des gâteaux, un
peu comme le cheesecake, que je décline tout au long de l’année
décrit le pâtissier, je les fais évoluer au fil des saisons, selon l’arrivée
des fruits et des herbes sur les étals. Durant l’été j’ai par exemple
proposé une version fraise, verveine et citron yuzu, et une déclinai-
son fraise, citron vert et fleurs de sureau. Des fleurs que je cueille
à Lanester près de chez mes parents. » La pavlova proposée pour
cette fin d’année prend des airs exotiques en associant la mangue,
le citron vert et l’estragon. Une herbe très appréciée du pâtissier
pour son parfum singulier, assez difficilement identifiable, dit-il.
La meringue est une meringue suisse, utilisée ici pour sa bonne
tenue et sa friabilité pour offrir à la dégustation un dessert gour-
mand, frais et léger.
La Poire Tatin
« L’idée de ce dessert, explique Pier-Marie, est de proposer
un gâteau simple dans son contenu avec la poire et une pâte à
streusel mais élaboré dans sa conception, en lui apportant une
petite technicité par la réutilisation du sirop de pochage pour le
glaçage. Cette poire Tatin offre une belle alternative à la pomme,
avec un travail extrêmement soigné sur les textures et le dressage.
Les poires étant tout d’abord pochées dans un sirop de caramel
liquide, pas trop intense, dans lequel est ajouté un mélange de pec-
tine et de jus de citron, puis égouttées et tassées en moule cylin-
drique avant d’être bloquées au congélateur. Le jus de pochage
est conservé puis retravaillé avec de la kappa, un gélifiant végétal
que Pier-Marie apprécie pour sa bonne tenue et sa texture moel-
leuse. Sont ensuite ajoutés un streusel « assez collant », passé au
travers d’une grille fine puis réparti sur une plaque, cuit et taillé à
l’emporte-pièce, deux petites couches de sablé très fin et une crème
légère à la crème double. »
BABA
RETOUR DES INDES
RECETTE POUR 6 BABAS INDIVIDUELS
VACHERIN MOJITO
SORBET YAOURT
DRESSAGE
Sur une base de meringue, superposez le sorbet yuzu-
menthe et le sorbet yaourt. Pochez de la chantilly sur les
bords de façon à coller des bâtons de meringue et termi-
nez avec un pochage de chantilly au sommet, des zestes
de citron vert, et quelques mini-feuilles de menthe.
L A PÂTISSER IE DE PIER-M A R IE LE MOIGNO 95
Dans la cuve d’un batteur équipé du fouet, mélangez les blancs et Dans une casserole, portez l’eau et le lait à frémissement, ajoutez le
le sucre, faites chauffer à 60°C au bain-marie puis faites monter mélange sucre, super neutrose, glucose atomisé et stabilisateur en
les blancs jusqu’à complet refroidissement. Formez des bandes de remuant puis portez à ébullition pendant 2 minutes. Versez sur les
meringue et faites-les sécher une nuit à 60°C. Stockez en étuve jus, mixez et laissez maturer 12 heures au réfrigérateur. Le lende-
jusqu’à utilisation. main, ajoutez la menthe ciselée dans le mélange et faites turbiner.
Versez en poche et tracez des boudins de sorbet sur plaque froide puis
POUR LA CRÈME CHANTILLY VANILLE réservez au grand froid.
• 600 g de crème
• 60 g de mascarpone POUR LE SORBET YAOURT
• 60 g de sucre • 340 g d’eau
• ½ gousse de vanille • 100 g de sucre
• 4 g de super neutrose
Mixez délicatement l’ensemble des ingrédients au mixeur plongeant, • 95 g de glucose atomisé
réservez au frais puis faites monter au batteur au dernier moment. • 260 g de yaourt 0 %
POUR LE SORBET YUZU MENTHE Dans une casserole, portez l’eau à frémissement, ajoutez le sucre, le
• 200 g d’eau super neutrose et le glucose atomisé préalablement mélangés puis
• 200 g de lait portez à ébullition pendant 2 minutes. Versez sur le yaourt, mixez au
• 140 g de sucre mixeur plongeant et laissez maturer 12 heures au réfrigérateur. Le
• 3 g de super neutrose lendemain, faites turbiner, versez en poche puis tracez des boudins
• 75 g de glucose atomisé de sorbet sur plaque froide et stockez au grand froid.
• 140 g de jus de citron
Dressez les boudins de sorbet mojito sur une plaque sanglée (passée au froid négatif) Parez les extrémités pour avoir une longueur égale de 20 cm
Superposez dans l’ordre, meringue, sorbet yuzu, un peu de chantilly et sorbet yaourt Posez des points de chantilly pour faire adhérer les bâtonnet de meringue
96 L A PÂTISSER IE DE PIER-M A R IE LE MOIGNO
TATIN DE POIRES
ET PRALINÉ PÉCAN
L A PÂTISSER IE DE PIER-M A R IE LE MOIGNO 97
POUR LE SABLÉ STREUSEL Dans une casserole, faites un caramel à sec puis décuisez-le
• 100 g de farine avec l’eau bouillante en prenant garde aux projections puis
• 100 g de sucre glace ajoutez sucre et pectine préalablement mélangés et portez de
• 100 g de poudre d’amandes nouveau à ébullition pendant 2 minutes. Pelez les poires, tail-
• 100 g de beurre lez-les en quartiers puis faites-les pocher dans le sirop à frémis-
• 5 g de sel sement jusqu’à ce qu’elles soient fondantes. Égouttez-les puis
disposez-les dans des moules cylindriques de 7 cm de diamètre sur une
Dans le bol d’un batteur équipé de la feuille, sablez l’ensemble épaisseur de 3 cm et bloquez au grand froid pour pouvoir facilement
des ingrédients puis passez les ¾ de la pâte au travers d’une plaque les démouler.
à trous afin d’obtenir de petits vermicelles. Répartissez-les sur une
plaque sur une épaisseur de ½ cm environ et faites cuire pendant une POUR LA CRÈME DOUBLE TATIN
dizaine de minutes dans un four préchauffé à 160°C. En fin de cuisson, • 150 g de crème double
taillez des cercles de 7 cm de diamètre dans le biscuit chaud. Étalez le • 300 g de crème liquide
reste de la pâte à 2 mm d’épaisseur entre 2 feuilles de papier sulfurisé • 25 g de sucre
et faites cuire entre 2 plaques jusqu’à coloration uniforme dans un four
préchauffé à 160°C. Détaillez des disques de 5 cm à la sortie du four. Mixez l’ensemble au mixeur plongeant puis faites monter jusqu’à
texture mousseuse.
POUR LE SIROP DE POCHAGE
• 300 g de sucre POUR LE GLAÇAGE CARAMEL
• 900 g d’eau • 1 l de sirop de pochage
• 22 g de pectine NH • 3 g de kappa
MONTAGE
Disposez les poires congelées sur une grille, glacez avec le glaçage
à 70°C, puis déposez sur un disque de pâte vermicelle. Réalisez
une superposition de disques de pâte finement étalée avec de la
crème double Tatin entre les deux et terminez par du praliné pécan.
Disposez ce montage sur les poires.
• 100 g de sucre
• 15 poires de calibre moyen
Taillez à l’emporte-pièce des cercles de streusel de 7 cm Trempez les poires dans le glaçage et les déposez sur le fond de streusel
PAVLOVA MANGUE,
INFUSION ESTRAGON,
ZESTES DE CITRON VERT
MONTAGE
Disposez une sphère de compotée dans la meringue chablonnée, pochez
ensuite la chantilly en volume avec une douille 20 puis faites prendre au
grand froid avant de tremper le côté chantilly dans le glaçage au point.
Terminer la décoration avec de la mangue fraîche et quelques feuilles
d’estragon (ou un décor chocolat vert par exemple).
L A PÂTISSER IE DE PIER-M A R IE LE MOIGNO 99
POUR LA MERINGUE SUISSE feu. Passez au chinois, mélangez le sucre et la pectine puis ajoutez le
• 100 g de blancs d’oeufs mélange aux purées infusées et portez à nouveau à ébullition. Hors
• 200 g de sucre semoule du feu, ajoutez les mangues taillées en brunoise et la masse gélatine
• 2 g de blancs d’œufs secs puis coulez dans les ½ sphères utilisées précédemment (comptez 2 ½
• 20 g de beurre de cacao sphères par portion). Bloquez au grand froid.
Mélangez tous les ingrédients et tiédir à 60°C au bain-marie puis POUR LA CHANTILLY FROMAGE BLANC
montez au batteur jusqu’à l’obtention d’une texture « bec d’oiseau ». • 250 g de crème
Versez en poche et pochez la meringue sur des Flexipan® ½ sphères • 150 g de mascarpone
à l’envers de 2-3 cm de diamètre. Faites sécher au four à 60°C pen- • 40 g de sucre
dant une nuit. Après cuisson, chablonnez l’intérieur de la coque avec • 150 g de fromage blanc
du beurre de cacao fondu. • 25 g de masse gélatine
• ½ zeste de citron vert
POUR LA COMPOTÉE MANGUE ESTRAGON
• 180 g de purée mangue Prélevez 50 g de crème et 50 g de fromage blanc et faites-les tiédir à
• 40 g de purée de passion 60°C puis incorporez la masse gélatine. Ajoutez le reste des ingré-
• 15 g de sucre dients et mixez à l’aide d’un mixeur plongeant afin d’obtenir un
• 5 g de pectine NH mélange homogène. Laissez reposer 2 heures minimum puis montez
• 20 g de masse gélatine au batteur à texture mousseuse au moment du dressage.
• 50 g de mangue fraîche
• 2 branches d’estragon POUR LE GLAÇAGE MANGUE
• 350 g de purée de mangue
• 600 g d’eau
• 100 g de sucre
• 15 g de pectine NH
• 3 g de kappa (textura)
Pochez les meringues à l’aide d’une douille 20 sur l’envers des demi-sphères
PROCÉDÉ
Dans une casserole, portez les purées de fruits à ébullition, ajoutez
l’estragon effeuillé et laissez infuser 10 minutes à couvert hors du
Réalisez une assise sur le fond de meringue à l’aide d’une microplane Remplissez les demi-sphères de compotée de mangue-estragon
Pochez la chantilly fromage blanc pour recouvrir l’insert Trempez de chantilly dans le glaçage mangue
100 SA ISON : LES FRUITS E XOTIQUES
SAISON
1 PRODUIT,
Le fruit du Jacquier
© nutreatif
3 DESSERTS
LE FRUIT DU JACQUIER
EN BONBONS DE CHOCOLAT
1 PRODUIT, 3 DESSERTS : LES FRUITS E XOTIQUES 103
Dans une casserole, faites bouillir les graines de jacquier dans de l’eau pendant 15 minutes, égout-
tez-les puis retirez l’enveloppe. Réalisez un sirop avec l’eau et le sucre et faites-le cuire à 115°C
avant d’y ajouter les amandes et les graines de jacquier. Continuez la cuisson à feu moyen en mélan-
geant continuellement jusqu’à l’obtention d’une couleur caramel. Débarrassez sur un Silpat®
et laissez refroidir. Dans le bol d’un Robot Coupe, broyez les fruits secs caramélisés en première
vitesse afin de ne pas les faire chauffer et d’obtenir une pâte la plus lisse possible. Terminez en ajou-
tant la fleur de sel.
Prélevez 200 g de praliné et mélangez-le avec le beurre de cacao et le chocolat au lait fondu puis tem-
pérez à 24°C pour cristalliser l’ensemble et éviter la séparation des matières grasses. Chablonnez
une feuille guitare de chocolat noir fondu à 35°C, disposez un cadre de 17,5 cm de côtés et de 5 mm
d’épaisseur. Lorsque le chocolat est partiellement cristallisé, coulez le praliné.
Dans une casserole, portez la crème à frémissement, ajoutez le thé et laissez infuser à couvert pen-
dant 3 minutes maximum. Filtrez la crème, complétez si nécessaire pour retrouver le poids initial
puis ajoutez le sucre inverti et le beurre. Portez à nouveau à frémissement puis versez sur les cho-
colats. Émulsionnez au mixeur plongeant et cadrez à 35°C dans un cadre de 8 mm sur le praliné.
Laissez cristalliser 12 h avant de détailler à la guitare.
Faites fondre le chocolat ivoire, incorporez le colorant vert puis étalez sur une feuille guitare. Lais-
sez le chocolat épaissir puis texturez à l’aide d’une brosse. Détaillez à la taille désirée. Collez les
plaquettes de chocolat sur chaque bonbon avant de les enrober de chocolat noir.
ENROBAGE
• 500 g de chocolat de couverture à 64 %
Faites fondre le chocolat, tempérez-le puis passez-y les bonbons un à un afin de les enrober.
Réservez sur grille jusqu’à complète cristallisation.
104 1 PRODUIT, 3 DESSERTS : LES FRUITS E XOTIQUES
LE FRUIT DU JACQUIER
EN GÂTEAU DE VOYAGE
1 PRODUIT, 3 DESSERTS : LES FRUITS E XOTIQUES 105
Dans une casserole, pesez l’eau et la chair du fruit puis réduisez le tout en purée à l’aide d’un mixeur
plongeant. Ajoutez la vanille, le sucre et la gomme gellane, mixez à nouveau puis portez le tout à
ébullition et coulez aussitôt en cadre ou dans un moule silicone de 30 x 10 cm et 4 cm de hauteur.
POUR LA DORURE
• 30 g de crème liquide
• 70 g de jaunes d’œufs
• 1 g d’extrait de café Trablit
Dans la cuve d’un batteur équipé de la feuille, crémez le beurre pommade avec le sucre semoule,
ajoutez les jaunes d’œufs, le sel, les 4 épices puis la farine tamisée. Mélangez jusqu’à l’obtention
d’une pâte homogène. Dans les moules silicone de votre choix garnis de moitié de pâte à sablés,
insérez au choix le praliné (voir bonbon en chocolat) ou la gelée au fruit du jacquier. Répartir le
restant de pâte en prenant soin de bien recouvrir l’insert, placez quelques minutes au surgélateur
ou une heure au réfrigérateur afin de faciliter le démoulage. Disposez les sablés sur un Silpain®,
dorez-les puis enfournez-les pour environ 15 à 20 minutes de cuisson dans un four préchauffé à 165°C.
106 1 PRODUIT, 3 DESSERTS : LES FRUITS E XOTIQUES
LE FRUIT DU JACQUIER
EN BÛCHE
RECETTES POUR 2 BÛCHES DE 10 PERSONNES ENVIRON
Garnissez et lissez la crème mascarpone Coulez le crémeux exotique dans les Assemblez par deux les quenelles de
à hauteur du moule. moules en forme de quenelles. crémeux exotique.
Disposez les gousses de jacquier sur la Positionnez les décors en chocolat sur les côtés de la
Façonnez les gousses de jacquier
crème vanille bûche et quelques copeaux de graines de jacquier.
108 CÔTÉ LI V R ES
SÉLECTION FAITE AVEC
COTÉ
LIVRES
L’EXPLORATEUR DU GOÛT, ALEXANDRE STERN
158 pays, 688 mets qu’il faut avoir goûtés une fois dans sa vie, dans un volume
à picorer. Certains pays à la culture culinaire forte font l’objet de chapitre dédié
(France, Italie, Chine, Japon, Corée), d’autres qui partagent un patrimoine
culinaire plus ou moins homogène sont regroupés en zones géographiques
(Scandinavie, Moyen-Orient, Amérique latine et Antilles…). Les produits sont
présentés à travers leurs caractéristiques intrinsèques (apparence, texture,
saveur…), mais aussi à l’aide d’informations sur l’historique, la provenance, la
zone de culture... Passionnant.
Editions Alain Ducasse, 28€
DAVID TOUTAIN
Un des plus beaux livres de cette fin d’année avec son toucher peau de pêche, son
grand format et son livret à part pour les recettes. Le chef doublement étoilé s’y
révèle, à travers les photographies prises par sa talentueuse épouse Thaï. Des
Origines (notamment à la ferme de ses grands-parents) à son Quotidien (avec une
immersion dans les cuisines du restaurant) et à son rapport à la Création. Superbe !
Editions La Martinière, 65€
CÔTÉ LI V R ES 109
INDEX
DES RECETTES
ENTRÉES
p.14 Risotto de cardon au Beaufort
p.59 Œuf de poule, foin, graines et gel de limequat
p.60 Sardine fumée, anis vert, cresson
POISSONS
p.32 Turbot épais en deux services.
Filet rôti au feu de bois au poivre noir « Cacio e tio pepe »,
gratin des peaux blanches et gnocchis de chair aux girolles
p.35 Ceviche et gelée de rouget, caviar et langue d’oursin
p.65 Saint-Pierre fumé, betterave, hibiscus
CARNET
D’ ADRESSES
PÂTISSERIE PIER-MARIE
PIER MARIE LE MOIGNO
8, RUE VICTOR MASSÉ
56100 LORIENT
02 97 55 44 78
FLOCONS DE SEL
EMMANUEL RENAUT
1775, ROUTE DU LEUTAZ
74120 MEGÈVE
04 50 21 49 99
MAISON HACHE
CHRISTOPHER HACHE
VIGNOBLES
30, RUE DE LA RÉPUBLIQUE
DE CAHORS 13810 EYGALIÈRES
04 90 95 00 04
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................
L’abonnement :
❑ Je m’abonne à THURIÈS MAGAZINE pour 1 an : 10 numéros
VENTE AU NUMÉRO
+ accès à l’Espace Abonnés au prix de (port inclus) :
❑ France : 83,60 € ❑ DOM-TOM : 130,00 € Pour commander des numéros de
❑ Europe : 105,00 € ❑ Autres pays : 150,00 € Thuries Magazine à partir du 312 (Septembre 2019),
❑ Je m’abonne à THURIÈS MAGAZINE pour 2 ans : 20 numéros merci de vous adresser à
+ accès à l’Espace Abonnés au prix de (port inclus) :
MAGALI FERRO
❑ France : 150,00 € ❑ DOM-TOM : 235,00 €
❑ Europe : 190,00 € ❑ Autres pays : 270,00 €
THURIES MAGAZINE
6 BIS, RUE AUGUSTE VITU - 75015 PARIS
Mode de règlement : TÉL. : 33 (0)1 45 74 98 42
❑ Chèque (France uniquement) à l’ordre de Thuries Magazine SAS
ANCIENS NUMÉROS & ÉCRINS Pour commander des anciens magazines (antérieurs au numéro
312 - Septembre 2019), merci de vous adresser à :
SOCIÉTÉ SOPRESCO
FLORENCE ASSIÉ
81 170 CORDES SUR CIEL
TÉL. : 33 (0)5 63 56 16 06
[email protected]
Mode de règlement :
❑ Chèque (France uniquement) à l’ordre de la SARL SOPRESCO
❑ Carte bancaire (Visa ou Eurocard-Mastercard)
N° carte bancaire :
En application de l’article 27 de la loi du 6 janvier 1978, les informations ci-dessus sont l l l l ll l l l ll l l l ll l l l l
indispensables au traitement de votre commande et sont exclusivement communi- cryptogramme : l l l l expire à fin : l l l 20 l l l
quées aux destinataires la traitant. Elles peuvent donner lieu à l’exercice du droit d’accès
et de rectification auprès de Thuriès Gastronomie Magazine. Vous pouvez vous opposer
Fait le à
à ce que vos nom et adresse soient cédés ultérieurement. Signature obligatoire
114 DÉCEMBR E 2019 - TM 315
magazine
"
Thuriès M agazine sas
6 bis, rue Auguste Vitu
75015 Paris
www.thuriesmagazine.fr
MOIS
PROCHAIN
S ervice rédaction
Tél. : 33 (0)1 45 74 21 62
[email protected]
S ervice abonnement
THURIES MAGAZINE
C/O ABOSIRIS
BP 53
91540 MENNECY
Tél. : 01 84 18 10 55
Du lundi au vendredi
de 10h à 12h et de 14h à 17h
[email protected]
P ublicité
LE CARNET DE RECETTES
FL Régie, S.A. au capital de 40 000 €
6 Bis, rue Auguste Vitu - 75015 Paris
de Mathieu Viannay & Rodolphe Tronc,
Tél. : 01 45 74 96 33 - Fax : 01 45 74 01 03 du restaurant La Mère Brazier à Lyon
E-mail : [email protected]
Thuriès M agazine
est une publication de 10 n° / an
STÉPHANIE LE QUELLEC
diffusée par la SAS Thuriès Magazine
Gérante : Anne Luzin
dans son nouveau restaurant La Scène
Dépôt légal : octobre 2019 dans le 8e arrondissement parisien
Commission Paritaire : n° 0520 K 86555
Numéro ISSN : 1966-6624 - © Thuriès 1988
Les noms des marques et adresses figurant dans les pages rédactionnelles
de ce magazine sont donnés sans aucune intention publicitaire.
"