Les Dys Et Le Brain Gym - Marie-Anne Saive
Les Dys Et Le Brain Gym - Marie-Anne Saive
Les Dys Et Le Brain Gym - Marie-Anne Saive
J’ai cherché, je me suis informée et j’ai découvert de nombreuses pistes insoupçonnées. J’ai
particulièrement été touchée par la Kinésiologie Educative et son outil de base, le Brain Gym®.
Je me suis formée, j’ai laissé mon métier d’économiste et ai choisi, depuis 15 ans, d’explorer les
multiples facettes du Brain Gym®, tant avec les apprenants de tous âges qu’avec leurs
enseignants parfois bien démunis face aux troubles d’apprentissage.
Notre fille est aujourd’hui enseignante de français et d’espagnol, après un cursus universitaire
sans « bavure », ce qui, je l’avoue, me paraît toujours relever du miracle quand je repense aux
montagnes infranchissables que représentaient notamment l’orthographe et les accords
grammaticaux !
A-t-elle encore des manifestations de dyslexie ?
Parfois, si elle est fatiguée et bascule dans la « séparation » des deux aspects d’elle-même.
Quasi jamais, quand elle est « entière ».
Le Brain Gym®, son remodelage et ses 26 mouvements ciblés, nous aident à réconcilier nos
canaux sensoriels : utiliser simultanément les deux yeux, les deux oreilles, explorer le potentiel
des deux mains et des deux jambes. Il réveille la proprioception et l’équilibre, deux sens internes
fondamentaux qui nous donnent la perception de l’avant et de l’arrière, du haut et du bas, de la
gauche et de la droite, et qui nous font nous sentir « un ».
Bon nombre de dyslexiques abordent la lecture avec l’œil dominant, l’autre étant laissé dans les
coulisses des mystérieuses déconnexions neurologiques qui se manifestent à notre insu lorsque
nous sommes en état de stress. En proposant des mouvements tels que les Points des
Hémisphères, les Points de l’Espace, les Points d’Enracinement ou le « Huit Couché », le Brain
Gym® offre aux dyslexiques une voie aisée pour utiliser les deux yeux simultanément et avoir
ainsi accès aux compétences complémentaires des aires visuelles occipitales.
Quelle que soit sa place en classe, l’enfant peut ainsi aisément « brancher » les deux oreilles et
être « entier » pour accueillir les informations langagières, orthographier, mémoriser, raisonner.
J’ai vécu trois ans au Canada et ma première cliente (qui m’a d’ailleurs par la suite amené tous les
autres !) était une jeune fille de 15 ans, J., diagnostiquée dyslexique, avec dysgraphie et
dysorthographie. J. ne savait pas écrire. Elle ne pouvait tracer aucune lettre. Tout au long de sa
scolarité, elle avait bénéficié d’un régime spécial lui permettant de rendre ses travaux par
ordinateur avec correcteur orthographique et de passer ses examens oralement. Nous avons
exploré plusieurs mouvements de Brain Gym®, en particulier le Huit de l’Alphabet que nous avons
tracé dans toutes les dimensions pendant près d’une 1/2h, les yeux ouverts, les yeux fermés,
verticalement, horizontalement, dans l’espace, sur le tapis, toujours avec grande amplitude pour
activer les muscles centraux du corps. Dans la semaine qui a suivi, la maman m’a téléphoné pour
me dire que J. explorait avec plaisir l’écriture sur le papier. Avec les mouvements de Brain Gym®
répétés à domicile, l’écriture s’était libérée du carcan de la rigidité corporelle.
Si la dyscalculie peut se manifeste par des troubles du raisonnement langagier ( réconcilier
les deux oreilles) ou de la discrimination des symboles ( réconcilier les deux yeux), elle peut
aussi apparaître au niveau de la représentation géométrique dans l’espace. J’ai été émerveillée
de voir le déroulement d’une séance avec E. La difficulté de cette jeune fille de 13 ans était de
tracer un volume en trois dimensions sur un plan à deux dimensions. En d’autres termes,
dessiner un cube sur une feuille était impossible pour elle. Elle n’arrivait ni à voir le centre, ni à
distinguer l’avant de l’arrière du cube. Je lui ai demandé de fermer les yeux et de visualiser où
était le centre de son corps. A ma grande surprise, elle a pointé le côté droit de sa taille. Nous
avons pratiqué le Remodelage de Latéralité de Dennison et de longues séries de mouvements
croisés, séries chaque fois entrecoupées de la vérification du ressenti corporel de son « centre
». Quand, après plusieurs séries, elle a finalement ressenti son centre au niveau du nombril, je
lui ai proposé d’explorer à nouveau comment elle pourrait dessiner ce fameux cube. E. a tracé
le cube sans hésitation sur le tableau. En quelque sorte, le ressenti corporel du centre avait «
réveillé » la distinction avant/arrière, gauche/droite et haut/bas, préalable indispensable pour
créer l’illusion des 3D sur un support en deux dimensions.
Tous ces « dys » sont aujourd’hui de mieux en mieux identifiés, ce qui permet, tant à la personne
visée qu’à son entourage, de mieux comprendre et appréhender les difficultés rencontrées. Le
diagnostic a cependant parfois le désavantage de figer le dysfonctionnement et de le rendre
indissociable de la personne qui le vit : diagnostiqué(e) dyslexique, le suis-je à vie ?
Dans certains pays, si un enfant est diagnostiqué dyslexique, il pourra bénéficier d’avantages
concrets tout au long de sa scolarité. Il pourra par exemple être dispensé d’examens manuscrits,
ses connaissances étant évaluées, soit oralement, soit via le clavier d’ordinateur. Autant je me
réjouis qu’un enfant dyslexique reçoive une attention particulière, autant je m’interroge sur l’usage
de ce diagnostic qui tend parfois à considérer la difficulté quasi indissociable de la personne,
comme l’est la couleur des cheveux ou de la peau, la taille ou la pointure. Car la tendance est
alors de chercher avant tout des solutions de compensation qui risquent de devenir permanentes
au fil du temps, avec l’effet pervers de donner le message à l’apprenant qu’il est « comme ça »
pour le restant de sa vie.
Toujours au Canada, j’ai reçu une jeune femme universitaire en proie aux angoisses de la
rédaction de son mémoire de fin d’études.
Diagnostiquée dyslexique, elle avait bénéficié durant tout son cursus scolaire de divers avantages
dont la dispense de rédaction. A l’université, dans le cadre de ces mêmes structures d’aide aux
dyslexiques, elle pouvait ainsi recourir aux services d’un scribe pour rédiger son mémoire. Cette
jeune femme était cependant profondément frustrée car le scribe n’arrivait pas à écrire ce qu’elle
voulait dire. Nous avons pratiqué du Brain Gym®, nous avons exploré la structure du corps qui
est bel et bien à la base de la structure des phrases, nous avons réveillé les muscles axiaux pour
être au centre du corps et donc au cœur de ce qu’elle voulait dire. Nous avons joué avec des
mots mélangés, écrits sur des morceaux de papier séparés. A sa grande surprise, elle est arrivée
à structurer ces mots pour arriver à construire des phrases qui traduisaient ce qu’elle ressentait.
Comment aurait été le cursus scolaire et universitaire de cette jeune femme si, plutôt que de
recourir à des solutions de compensation installées dans le long terme et assimilées à un « droit
acquis », elle avait pu, dès l’enfance, se réconcilier avec sa propre structure et accéder à ses
ressources ?