TD Littérature Et Vérité
TD Littérature Et Vérité
TD Littérature Et Vérité
Infos en + :
Deux ouvrages :
- DIDEROT - Jacques le Fataliste et son maître édition Barbara K.
- Milan KUNDERA - La Plaisanterie gallimard folio
Examens :
- Oral en contrôle continu à partir du 7 février = Commentaire linéaire (2 /
semaine)
- Écris :
→ Dissertation de contrôle continu en avril + droit aux livres 28 mars : dissertation 4h
→ Dissertation de fin de semestre + droit aux livres
Pour les dissertations essayer de composer des couples d’opposés comme le
couple : objectif / subjectif, illusion / révélation, incontestable / contestable
50 / 50 = CC / CT
Semestre :
- 31 janvier = Étude du roman Jacques le Fataliste
- Séance 6-7 = Étude de La Plaisanterie
Commentaire linéaire
Commentaire linéaire :
- 3 mouvements du texte = 3 parties du plan dans l’ordre du texte, l’analyse se
fait ligne par ligne
- Oral de 10 à 20 minutes
- Problématique à poser
- Structure de développement = annonce du plan et justifier
Métalepse → procédé qui dit que le narrateur extradiégétique devient un personnage lui-
même, il donne l’illusion d’être avec eux.
Noter toutes les interprétations, les intertextes (allusions à d’autres textes etc…)
On peut penser à la façon dont le texte s’inscrit dans un autre texte littéraire.
Introduction :
L’objectif du cours sera d’estimer quelle est la qualité de cette vérité proprement
littéraire.
La vérité me semble être une notion complexe à définir, existe-t-il réellement une
vérité à proprement parler ?
Certes on retrouve bel et bien une vérité générale que l’on tire du constat des
choses qui nous entourent, mais la vérité trouve un ancrage subjectif qui la rend
selon moi, délicate à définir et délimiter en tant que tel.
La vérité peut être individuelle, tirée de notre parcours de vie, de nos croyances
personnelles et autre.
Nous allons voir que la vérité dans les deux ouvrages de corpus est possible, elle
est en tension, prend la forme d’une question. Dans Jacques le Fataliste et La
Plaisanterie il y a une conception de la vérité comme inachevée.
On a donc chez lui l’idée que le poète s’éloigne de la vérité et que la littérature est
un mensonge étant l’imitation de l’imitation, c'est-à-dire la mimesis.
On retrouve un problème avec la notion de la mimesis à travers le fait que celle-ci
apparaît totalement comme une stricte reproduction du réel.
Or, chez le théoricien Aristote, la mimesis n’est pas seulement imitation, la
soumission au réel. La mimésis d’aristote est un principe beaucoup plus en
mouvement, elle est aussi promulgation de sens et élévation. Elle n’est pas juste
duplication, reproduction et reflet mais production et découverte ontologique (tout ce
qui est à trait à l’être).
Ce qui est important avec la notion de mimesis est l’idée que la littérature a cette
capacité de découverte d’un réel qui n’est pas seulement description mais
redescription du réel.
L’idée de réécriture du réel est que notre lecture n’est pas seulement de l’ordre de
l’interprétation subjective mais va découvrir des aspects du réel. La littérature c’est
mettre des noms sur des choses. Cette production nous intéresse non pas dans
cette soumission, cette dévotion à la réalité mais dans sa capacité de découverte.
On va alors interroger la capacité de découverte et de l’inédit du roman qui peut
constituer cette vérité littéraire. La qualité de celle-ci est d’être toute à la fois
subjective et universelle.
§2 Choix du corpus
Il y a une influence commune pour DIDEROT et KUNDERA qui est Don Quichotte
(1605) considéré comme le premier roman moderne (voir texte 3). Il est considéré
comme l’un des romans père de tous les contemporains.
Don Quichotte nostalgique de la chevalerie médiévale se crée un univers qui
n’existe plus, décidé à rétablir l'ordre chevaleresque. Le duo de Don Quichotte et de
son écuyer inspira énormément DIDEROT dans l’écriture du couple de Jacques et
de son maître.
Don Quichotte est important pour sa sagesse, c’est cette façon qu’il a de concevoir
la vérité comme incertaine. Cette sagesse de la vérité incertaine comme la qualifie
KUNDERA serait tirée de la référence commune de Don Quichotte.
Diderot est un philosophe qui fut le directeur d’une encyclopédie rédigée de 1940 à
1960. Ce projet tend à faire l’état des connaissances humaines : géographie,
philosophie, botanique etc… Nous parlerons au cours de la séance de sa
personnalité à travers le matérialisme et le déterminisme qui bercent sa philosophie.
Milan Kundera est un romancier, comme il se qualifie lui-même. Même son récit l’Art
du roman est pour lui le fruit d’un praticien et non d’un théoricien. L’auteur Franco-
Tchèque s’exile en France en 1975, il vit aujourd’hui à Paris. En 1981, il acquiert la
nationalité française et perd la nationalité Tchèque qu’il retrouvera en 2020.
Le liens principaux entre les deux auteurs sont :
- Que Diderot est l’une des aspirations de Kundera
- Que Kundera à écrit Jacques et son maître, hommage à Denis Diderot en III
act. Cette adaptation théâtrale marque une sorte de filiation entre les deux
auteurs.
Les deux romans sont tous deux non conventionnels, nous interrogerons donc
l’essence du roman au-delà de sa forme classique. Quand on pense au roman, on
pense souvent à Balzac, au réalisme psychologique des personnages or, Diderot et
Kundera remettent en cause ces principes.
Jacques le Fataliste fut considéré comme un anti roman, le roman de Kundera lui,
trouve un lien de filiation avec celui de Diderot par son aspect polyphonique.
La plaisanterie, parce qu’il s’agit d’un roman polyphonique et d’un récit à la charge
de 4 narrateurs différents, est un roman qui remet en cause l’unité de la réalité
quand ce que l’on perçoit est remis en cause par la vision des choses. Le roman de
Kundera permet donc de remettre en cause l’Histoire et le défi, montre l'inadéquation
entre nos actes, ce que l’on pense de nous et la signification que cela porte pour les
autres.
Tout l’enjeu de l’art romanesque résulte dans cela, dans sa manière de montrer la
relativité des êtres et des évènements. C’est le point qui fait le lien entre le travail
des deux auteurs.
Cette adéquation est une faille qui est le terrain du romancier, une faille où résonne
le rire de Dieu.
Nous verrons tout au long du semestre quelle est l’ampleur de cette faille. Nous
appréhenderons le roman en tant qu’art et esprit non en tant que genre. Nous
verrons la particularité de la vision du monde exposée dans le roman. Nous nous
demanderons comment dire le vrai quand la réalité elle-même est éclatée et remise
en cause dans son unité. Le discours romanesque constitue une nouvelle vérité qui
prendra la forme d’une question et non d’une assertion.
Tout d’abord, KUNDERA est connu pour ses romans et ses essais (4).
Il reçut le prix de Jérusalem proposé par Israël à un écrivain qui promeut la liberté
des individus. En effet, c’est ce que l’auteur prévoit dans ses romans et sa pratique
littéraire. Il prononça un discours que l’on retrouve au sein de son œuvre L’art du
roman. La question de l’absolu et du relatif est traitée dans le discours.
Dans son discours KUNDERA dit : “Le roman c’est le paradis imaginaire des
individus” (p. 807). Le lecteur se définit par sa vision du monde, l'individu naît de ce
pas de côté vis à vis d’une vérité prédéfinie, idéale et absolue. Cette vérité absolue
est celle définie par Platon.
La question de la liberté, de la subjectivité sont pensées ici.
Pour KUNDERA, l’individu naît de sa façon de lire subjectivement le réel, de son
esprit critique. On parle d’une perte d’individualité au sein des régimes totalitaires où
la lecture subjective est détruite pour répondre à une seule lecture du réel.
A la fin de la page 807, on nous parle du XVIIIème siècle, il explique que selon lui, le
siècle est découpé par le présence d’auteurs et de philosophes. Il ne parle pas de
DIDEROT qui se trouve des deux côtés.
DIDEROT est caractérisé par le rationalisme des Philosophes (des Lumières) mais
également pour sa fantaisie de romancier. Dans Jacques le Fataliste, il est
intéressant de voir ces deux portées. Qui dit romancier dit incertitude.
Jacques le Fataliste traite du déterminisme mais renonce également à trouver le
pourquoi des choses.
KUNDERA dit de l’existence qu’elle est “sans raison” (p.808).
Le proverbe “L’Homme pense Dieu rit” exprime cette relativité essentielle du roman.
Mais celui-ci fait également écho à Jacques et son fatalisme, Dieu rit car tout est
écrit là- haut.
Au contraire, cette notion peut aussi représenter l’absence de transcendance.
Dans Jacques le fataliste on retrouve un fatalisme religieux qui est celui que dit
Jacque quand il pense que tout est écrit là-haut. Ce fatalisme est raccroché au
matérialisme. Jacques et son fatalisme religieux possède l’existence d’une
transcendance (le grand rouleau selon Jacques mais cela peut être Dieu ou un
esprit).
La philosophie matérialiste de Diderot postule que ??,
“L’Homme pense, Dieu rit” fait référence à la relativité du roman, au déterminisme, à
l’absence de transcendance, à l’iminance de la réalité. C’est aussi l’Homme a beau
penser il n’aura jamais accès à une réalité accessible et univoque.
Dans Jacques le fataliste on ne peut dresser une vérité unique, univoque et
indivisible. On a l’impossibilité du sens que l’on peut donner à son existence face à
la vengeance de Ludvic.
Le biographe de Proust, Jean Yves Tallier a dit sur France inter : “les questions
durent toujours, les réponses sont momentanées”. L’espace de la littérature est celui
de ces questions qui durent toujours. La littérature n’est vraie que lorsqu’elle
interroge. Il faut se méfier des livres qui sont des réponses, l’histoire de la littérature
est celle des questions intemporelles. Peut-on définir comme des romans les
ouvrages qui donnent des réponses ? Pour KUNDERA, “roman” et “idéologie” sont
antonymes.On retrouve des romans à thèse comme La Nausée de Sartre où la
littérature permet de rendre un thèse mais cela n’est pas du tout la vision de
KUNDERA. KUNDERA est très autonome et indépendant, il ne rentre pas dans un
grand courant de pensée philosophique, il se définit seulement romancier comme vu
préalablement.
En 1984 paraît l’ouvrage de Marthe ROBERT où l’autrice dira : “Ce qui importe
d’abord dans le vie selon un rabbin du Talmud : transformer son miroir en une
fenêtre sur la rue. C’est aussi la loi de toute littérature vraie, la fausse étant celle où
l’auteur se contente de se contempler en prétendant de surcroît que le lecteur y
trouvera autant de joie qu’il en a pris lui-même à sa propre image”.
Transformer son miroir en une fenêtre sur la rue c’est aussi transformer une vérité
subjective en universalité.
On retrouve ici une sorte de parodie qui va continuer de se dessiner tout au long de
l’ouvrage.
La parodie que l’on peut voir comme une imitation comique tournant en dérision.
Dans ce texte la parole est extrêmement importante.
La seule présentation que l’on a des personnages sont à travers leurs gestes et
leurs paroles, ils n’ont pas vraiment de carte d’identité, ne sont pas réellement des
héros mais pour DIDEROT, les actes et les paroles forgent les Hommes.
Dans ces premières phrases, on peut également voir une sorte d’ironie de DIDEROT
par rapport à la genèse des choses. L’auteur est matérialiste, il conçoit l’univers
comme un tout dynamique qui n’a pas vraiment d’origine ou de destination comme
on peut le retrouver dans le milieu des religions.
Correction :
Le pouvoir monarchique est chez Diderot très réaliste et non idéaliste. Diderot ne
met pas en cause le récit en tant que tel, dans son encyclopédie, il critique cette
répartition des pouvoirs, cet esprit de non sérieux que l’on retrouve.
On retrouve beaucoup de points de divergence entre Diderot et Rousseau qui ne
s'entendaient pas beaucoup mais sur ce point ils sont d’accord.
Sur l’esprit de non sérieux, il est dangereux de parler de message. L’allégorie
permet de parler de message mais dans la globalité du texte il est dangereux de
parler de message. Il ne faut pas prendre les choses plus au sérieux qu’il l’entend.
Le comique de l'enchaînement de questions / réponses est le fait que la vision de
l’allégorie par le lecteur est très littérale alors que Diderot pousse cette question.
L’Allégorie à toujours un sens littéral et caché. La prendre de manière littérale est
comique.
L’inscription sur le devant du château se présente comme une énigme, une
allégorie.
Au sens littéral, Jacques et son maître ne peuvent entrer dans le château puisqu’ils y
étaient déjà.
L’autre interprétation qui présente le sens caché nous est petit à petit apportée par le
narrateur.
Un métalepse est un brouillage des visions narratives : l’intervention du narrateur
dans la diégèse.
Pour faire simple, le narrateur devient personnage de son propre roman puisqu’il
échange avec le personnage qu’est le narrateur fictif.
Vers la fin du texte, nous sommes bel et bien dans le discours direct pour le
personnage du narrateur et du lecteur. La narrateur, en situation de métalepse,
devient un personnage.
La métalepse vient créer un défi aux conventions réalistes. En tant que lecteur, nous
sommes perturbés, en effet cela suspend l'illusion romanesque, de vérité, le fait de
prendre une fiction pour vraie et de se laisser bercer. Nous sommes dans une
suspension de l’incrédulité. Il mime le processus d’invention romanesque.
Dans le pourquoi pas, on reconnaît que le choix de l’allégorie est discutable. Cela
peut renforcer le côté acerbe de l’allégorie et de la cour. Cela aide le lecteur à ne
pas trop prendre au sérieux l’allégorie qui va suivre.
Sur cette question de l’autocritique et de l'invention romanesque, Servantes parlait
de la sagesse de l’incertitude. Ainsi, le point de naissance du roman moderne
viendrait de Servantes et de Don Quichotte selon Kundera.
La caractéristique du roman moderne est son autoréflexivité, le fait qu’il se penche
lui-même, dressant son autocritique. Diderot est parfois autoritaire, l’invention
romanesque est un héritage de Servantes et de l’invention du roman moderne.
Roman moderne → Temps moderne : fin Renaissance / début Moyen-Âge.
Il se trouve que l’allégorie est dévalorisée au XVIIIème siècle, ce serait facile de dire
que Diderot refuse l’allégorie. Il parle d’esprit stérile mais également de la richesse
de l’allégorie qui peut faire référence à ces facilités romanesques dont se moque
Jacques le fataliste.
Ce qu’appelle Diderot le vrai est le regard porté sur les choses du réel.
On retrouve une sorte de contradiction qui naît dans le texte qui refuse le réalisme :
son décor et ses conventions et le fait qu’il se laisse aller à des détails réalistes par
la suite.
Nous sommes sur des détails croustillants qui parlent de la religion, de la société
etc…
Le narrateur ne choisit pas entre ces différents possibles. Ici on voit bien que le vrai
ne repose pas forcément sur une adéquation avec un réel mais sur ce qui était le
plus juste, le plus cohérent. On voit que Diderot dans Jacques le fataliste, laisse
l'ambiguïté sur ce qu’il nomme le vrai. Même s' il commence son récit en configurant
le pacte narratif, le pacte de lecture est particulier car il affiche directement le
caractère fictif des personnages ce qu’il fera en mettant en scène le processus
d’invention dans tout le roman. On retourne à ce pacte entre le lecteur et le narrateur
qui donc n’est pas tenu car Diderot laisse l'ambiguïté sur le caractère réel des
personnages mais la fin du roman pose la question d'ambiguïté de l'existence des
personnages. Ce texte nous laisse dans l’incertitude par son ambiguïté.
C’est aussi un appel à la créativité du lecteur, jacques le fataliste est un texte en
hommage au lecteur et au plaisir de la fiction.
Il laisse possible l’imagination du lecteur quant à la fin et les 3 versions possibles
mais finit par dire ironiquement que tout est écrit là-haut.
On retrouve deux types de déterminismes dans le roman :
- fatalisme religieux = grand rouleau
- déterminisme matérialiste de la gourmette de la chaîne qui correspond à la
véritable théorie de Diderot
Les 3 versions possibles de la fin du roman ne trouvent donc pas de conclusion, la
liberté du lecteur est totale. Cependant, il conclut tout de même par la phrase : “je ne
sais ce qui est en est mais je suis sûre qu'il se … “ Il trouve une vérité dans le
carrefour de tous les possibles dans la liberté de l’imaginaire. On peut dire que le
terrain romanesque est celui du possible. Diderot et Kundera se rejoignent sur ce
point. La vérité du roman ne réside pas dans sa conformité au réel mais dans la
découverte des possibles. Dans Jacques le fataliste, il y a tout de même un principe
réaliste qui dirige le texte en jouant avec cette réalité du personnage. On a surtout
ce principe d’incertitude et d’ironie : la question des possibles dans le roman.
L’art du roman de Kundera :
“Le roman n’examine pas la réalité mais l’existence, mais l’existence n’est pas ce qui
peut se passer juste le champs des possibilités humaines, ce qu’il peut devenir et
tout ce dont il est capable. Les romanciers dessinent la carte de l’existence en
découvrant telle ou telle possibilité humaine. Mais encore une fois, cela veut dire
être dans le monde. Il faut donc comprendre et le personnage et son monde comme
possibilité”.
L’extrait sur le procès est une sorte de Fable, on se demande si nous sommes face
à une allégorie. Ce procès insère des textes de Kafka publiés en 1925. Ce texte
s’appelle devant la loi. On a une sorte de volonté du déchiffrement de texte.
Ce procès a été suranalysé, il se veut énigmatique. Un homme se réveille et nul ne
sait ce qui lui arrive. C’est un texte inachevé. Kundera critique ces lectures sur les
textes de Kafka qui cherchent à suranalyser au lieu de se laisser porter.
Cet extrait fonctionne comme une leçon d’écriture. Ce qui fait le poète est sa
capacité à voir dans le réel le piquant, ce que les autres ne voient pas. Diderot a
beaucoup joué avec la fiction dans sa vie.
à titre posthume
De l’inconstance :
“Et vous, lecteur, parlez sans dissimulations” p.143 à “lorsqu’il aime à parler, avec
une femme qui ne déparle pas” p. 145
Dans Jacques le fataliste on retrouve une confusion qui est la conséquence d’une
polyphonie. Elle va être source d’ironie. Cette polyphonie énonciative va être l’un
des ressorts ironiques employés par Diderot. Dans la plaisanterie de Kundera on
retrouve une alternance deux 4 narrateurs. La partie au tiers de l’ouvrage au
chevauché des rois marque vraiment la rencontre de toutes ces voix autour d’un
même événement. Quand on parle de voix ou de source énonciative on parle
également de la question du point de vue ce qui est intéressant concernant la vérité.
Dans la narration de Jacques on dévie d’une narration simple, la narration n’est pas
continue, elle est morcelée, nous passons d'un récit à l’autre perdant la trame. Il est
difficile dans ce roman de parler de superposition tant il y a d’actions diverses. Le
contraire de la polyphonie est l’unité d’action mais pour être plus précis on peut
parler de ligne narrative. On emprunte à la musique ces termes pour l’étude de ces
procédés narratifs. Pour Jacques on parle bien de digression et d’interruption quand
celui des amours de Jacques est sans cesse interrompu. Par le narrateur, son
maître, l’aubergiste, son maître. On peut parler pour Jacques le Fataliste d’une
narration morcelée voir rhapsodique. C’est un reproche qu'anticipe le narrateur à la
fin du roman. Si on pense à l’histoire de La Pommeray, c'est un récit enchâssé. On a
pas de simultanéité dans ce roman. Kundera, lorsqu’il écrit une adaptation / variation
de Jacques le Fataliste sous le titre Jacques et son maître au théâtre, dit que ce qui
lui a permis d’écrire et de saisir l’essence de l’ouvrage est justement la polyphonie. Il
dira dans la préface, introduction à une variation : “renoncer à l’unité stricte de
l’action et créer la cohérence de l’ensemble par des moyens plus subtils : par la
technique de la polyphonie (les trois histoires ne sont pas relatées successivement
mais entremêlées) et par la technique des variations (les 3 histoires sont en fait la
variation de l’autre) ”.
Dans Jacques le fataliste les histoires d’amour principales sont :
- La Pommeraye et le marquis
- L’histoire des amours de Jacques et notamment l’histoire de la tromperie avec
Justine
- Celle du maître avec Agathe, qui est également une histoire de tromperie.
Diderot met donc en lumière les amours de Jacques en particulier. Cet
entremêlement pourrait être décrit comme un désordre mais on retrouve dans l’unité
un fil conducteur bien tissé. Une anecdote va être l’antithèse d’une autre, en
emmener une autre etc…
Tout d’abord, de façon générale on parle ici de polyphonie énonciative. Celle-ci est
un ressort ironique très important dans Jacques le Fataliste. Ensuite, on a la
polyphonie dans la construction du roman, celle qui s’inspire du contrepoint.
Plusieurs lignes mélodiques sont jouées ensemble dans le roman et dans le texte ce
sont les lignes narratives, on retrouve une alternance de ces histoires entremêlées.
Dans Jacques et son maître, ces trois lignes narratives sont les principales histoires
d’amour susnommées.
Dans cet extrait, les codes romanesques sont mis au défi dans cet enjeu.
Ici le narrateur est un personnage de second degré, un personnage qui se fait
narrateur.
Ce contraste de niveau de langue entre le dialogue de l'hôtesse, son mari et la
marquise et son mari dresse un véritable jeu comique qui se rapporte au libertinage
et à son effort de raconter.
On retrouve une allusion au fatalisme de Jacques “qui sait ce qui peut arriver…
personne”.
A la p.301, l’auteur nous prévient d’un plagiat. Diderot fait l’aveu de la référence de
Tristram Shandy de Sterne, il découvre ce roman et est vraiment transcendé par ce
récit. On retrouve dans ce livre deux passages qui ont une ressemblance frappante
avec le cadre de J.L.F.
Dans le premier chapitre du dossier, le premier extrait du livre VIII de Tristram
Shandy présente une réplique presque reprise littéralement dans l’incipit de J.L.F.
avec la balle prédestinée dans le genoux de Jacques. On retrouve également une
scène érotique, le même caporal Trin se retrouve soigné par une femme dans une
auberge, celle-ci rapelle la scène de Jacques et Denise. On a ici un aveu du plagiat
de Diderot réalisé avec hommage. Cette référence rejoint tout l’intertexte et le
réseau d'œuvre de Jacques le Fataliste notamment avec Rabelais. On a aussi
plusieurs exemples de parodies, on peut parler d’une parodie de roman. J.L.F. peut
être lu comme un défi du roman par cette autocritique permanente présente dans le
texte. C’est une des caractéristiques du genre romanesque que le parodie de son
propre genre.
Bakhtine a notamment écrit sur la naissance du roman romanesque à l’Antiquité et
le fait que la parodie est la source du roman, il est remarquable qu’il ne permette pas
la stylisation de son propre genre. L’aspect auto parodique et l'autoréflexivité du
roman fait qu’il se pense lui-même, c’est vraiment constitutif de ce genre. Ce roman
met en scène l’illusion romanesque de son personnage / héros Don Quichotte mais
pointe également du doigt ses propres mécanismes faisant que nous sommes pris
par l’illusion de la vérité. Don Quichotte présente un manuscrit qu’il dit avoir trouvé.
Ici J.L.F. reprend ces procédés. Cette question de l'auto parodie et de
l'autoréflexivité du roman est très forte et se retrouve au sein de J.L.F. On peut lire
ce livre comme une parodie du roman d’aventure, de cape et d'épée, de roman
d’amour, de récit initiatique, une parodie de roman et des procédés traditionnels de
celui-ci même si cette moquerie forme un hommage.
On retrouve notamment la dispute entre Jacques et son maître à l’auberge sur le
conflit politique entre les parlementaires. Aux pages 194-197 Jacques et son maître
se disputent alors, à la fin du texte Jacques affirme même que le maître est sa
marionnette. Cette scène est un exemple parfait de parodie puisqu’elle relève du
burlesque (humour et comique).
Ici nous sommes donc sur le burlesque d’une dispute au contexte trivial et prosaïque de deux
personnages qui boivent. L’aubergiste tente de les départager. On retrouve donc un décalage
entre le discours officiel et conventionnel de l'hôtesse et le caractère prosaïque du conflit. Ce
conflit relève de celui qui anime les parlementaires et le pouvoir royal du XVIIIème siècle.
1770/1771 → Démission du parlement de Maupeou et de Paris. On retrouve d’autres
nombreux exemples de parodie dans J.L.F.
Onomastique → étude des noms p.232 on retrouve des termes décalés avec le contenu.
Cette parodie est également une référence directe à Rabelais et au mélange que
l’on retrouve dans l'œuvre entre une érudition humaniste débordante et un registre
trivial et prosaïque. Le décalage entre le sujet et la forme crée un effet de subversion
et de comique. Pour ce qui est de l’humour, on a aussi le sujet de la mystification
qu'il faut développer.
Le texte fondamental délaisse la vérité idéale au profit des vérités multiples des
personnages et de la contradiction. Dieu rit car plus l’Homme pense, plus il s’éloigne
de la vérité. On peut aussi considérer le roman comme une quête de cet idéal. Le
roman est aussi une rupture entre l’homme et le monde. Le personnage est toujours
en quête de cet idéal. L’idéal est aussi la question de l’être, de l’idéal, de l’essence
d’une situation, d’un événement, d’une parole.
Extrait n°5 Portrait d’un original, le père Hudson Pages 206 à 208. (Amira)
Après une dispute entre Jacques et son maître, l’histoire du père Hudson est
racontée.
Nous allons nous demander comment les techniques narratives réussissent à fournir
une image magnifique du père Hudson.
“Extraordinaire” → Cet adjectif étonne, suscite la surprise, dès la première ligne nous
comprenons le caractère étonnant de cet Homme qui séduit ses semblables, nous souhaitons
savoir à quoi il ressemble
Cette volonté est vite satisfaite lorsque la description physique met en exergue les
lignes suivantes.
Il est dit que le personnage est sage de par son physique, qu’il possède de
l’expérience par son expérience mais une opposition va briser cette image...
“Le plus” → superlatif qui apprend ses habitudes étranges et son amours pour les femmes, il
fait régner le despotisme
Cette idée nous invite à nous poser de nombreuses questions : Est ce le coup de
cœur pour les femmes qui le rend aussi diabolique ? Que va t’il advenir pour que ce
caractère lui soit attribué ?
Le père Hudson a un amour pour l'ordre, il met en ordre tout ce qui ne va pas
comme la maison qu’on lui a cédé. Le père apporte tout ce que les autres n’ont pas,
il convertit ou éloigne les jansénistes. Il créait une communauté édifiante, le père
Hudson est presque divin. Toutefois, cette description a encore 2 facettes.
“Mais” → Conjonction qui annonce qu’il n'est pas que divin et sans histoire
Le père Hudson n’applique pas ce qu’il impose aux autres, il ne s’applique pas les
mêmes règles que ses subordonnés peut être par sentiment de supériorité. Les
autres trouvent cela injuste et se missionne à trouver la faille chez ce personnage.
Pouvons-nous dire qu’il détient le pouvoir absolu alors que certaines choses lui
échappent ?
On retrouve un caractère comique de celui qui se rend compte de tout mais pas du
fait qu’on l’espionne.
Nouveau lieu celui de l'abbé de Lorde → Le père Hudson a forcé la maison afin d’avoir du
plaisir sexuelle avec des femmes, il n’est plus celui que l’on pensait.
Le narrateur veut protéger le lecteur par le caractère comique des mots choisis.
Champ lexical du religieux → il connaît cependant ses désirs et fait fonctionner cette image
sur ceux qui ne le connaissent pas notamment en impressionnant par sa maîtrise de la langue
latine.
Caractérisation → Chaque objet fait l’idée d’une description. Elle peut être évaluative
(repose sur un jugement du bien du mal / du beau et du lait), comparative et neutre /
informative.
Cette figure de style de la polysyndète est celle qui donne plus de coordination que
nécessaire comme la répétition du “mais” du “et” etc… La polysyndète est lié au
martèlement avec la juxtaposition avec la parataxe. Ce passage avec les “mais” est
une parataxe synthétique.
Diderot dresse donc un portrait de l’amour de Jacques pour la boisson selon cette
forme de dithyrambe prônant les plaisirs du corps.
Cette idée de persiflage pose une grande question au lecteur : est-il bon est-il
méchant ?
On rapportera cette idée au deux romans. Le roman en tant que genre apporte-t-il
une réponse à cette question ?
Ratttraper
Ici Jacques est réticent à évoquer l’histoire de son capitaine et à fournir une
interprétation de l’histoire de son capitaine. Il a peur que son maître soit mort ou
vivant “il n’aime pas parler des vivants”.
Plus loin, Jacques dit “Si l’on ne dit presque rien dans ce monde, qui soit entendu
comme on le dit, il y a bien pis”. Sur cette question de subjectivité l’inconséquence
du jugement public de nos actions particulières se fait sur le manque de fondement,
de justifications.
Dans la Lettre à Schuller, Spinoza fait l’analogie entre une pierre dévalant une
montagne et l'action, les désires humains, pour montrer ce qui rapproche la pierre et
l’homme c'est-à-dire le déterminisme. Cette dépendance de cause à effet à la
capacité qu’à l’homme à s’élever par les voies naturelles qui nous régissent et la
reconnaissance de la nécessité des voies naturelles. Nous resterons convaincus
que l’homme coupable n’a fait que ce qu’il était nécessaire de faire. On mesure ici
toute la difficulté du jugement moral et la validité du jugement humain. On retrouve
l'idée du déterminisme comme les causes humaines du aux actions passées qui est
un problème toujours existant dont se saisit le roman. Lorsque l'hôtesse présente à
Jacques et son maître l’épisode de la tromperie, elle donne à voir une interprétation.
On peut voir que dans cet extrait, à la page 185, Diderot réussit à porter diverses
explications de la vengeance de la Pommeraye. On pense à la place de la raison
dans la philosophie des lumières est la nécessité d’une morale pratique pour
encadrer la société humaine. Pour Diderot, c’est l'empressement des jugements
moraux et l'irréversibilité de la pensée qui est à condamner. Tout jugement moral qui
a recours aux abstractions ne suffit pas à porter un jugement concret et est donc à
invalider. Il est toujours relié à la relativité du jugement moral. Cette question est
intimement liée à la question de l'ironie. En rhétorique on emploie l’antiphrase pour
exprimer l'ironie et le contraire de ce que l’on souhaite.
Selon Olivier Reboul : “
Les deux romans étudiés sont ironiques puisque nous avons toujours un doute sur le
fondement et qu’ils sont drôles.
Kundera décrit l’ironie comme : “aucune des affirmations que l’on trouve dans un
roman ne peuvent être prises isolément. Chacune d’elle se trouve dans une
confrontation complexe et contradictoire avec d'autres affirmations, d’autres
situations, d’autres gestes, d’autres idées, d’autres évènements. Seule une lecture
longue, deux fois, plusieurs fois répétées, fera ressortir tous les rapports ironiques à
l'intérieur du roman sans lesquels le roman restera incompris”.
Chaque passage d’un roman ne peut être lu pour lui-même sans prendre en compte
le contexte. Chaque information s’ancre dans un réseau ironique qui peuvent la
contredire, la valider, invalider. Les rapports ironiques sont tous les échos du roman.
C’est tout le problème rencontré avec Kundera qui travaille sur le réseau ironique
des citations de son œuvre. Le principe même de la citation pour évoquer une
œuvre est nulle et non avenue. La citation d’un texte, si elle n'est pas mise en
corrélation avec les autres passages du roman, n'exprime rien de la portée du sens
du roman.
Extrait n°7 : La gratitude de Jacques (Lina Jammot) Pages 105-107.
Oral de Lina
Dans cet extrait nous avons un exemple parfait de persiflage qui “rend quelqu’un
instrument et victime par les choses qu’on lui fait dire ingénument”. Dans cet extrait
les rôles s’inverse et c’est Jacques qui se moque de son maître.
Cette scène peut faire penser à la scène où la mère de Denise, Jeanne, qui est
servante, renverse une cruche d’huile. Jacques lui donne alors des écus d’or et se
fait par la suite fouiller par des bandits. Cette bonne action, bien qu’il se soit fait
agréger l’a tout de même ammené au château de Denise, la femme qu’il aime. On a
aussi l’épisode de l’Homme qui demande l'aumône et se fait gifler. Tout ce réseau
pose une ironie et permet de poser la question du jugement moral qui peut être
portée sur le personnage.
Texte 3 Milan Kundera, Jacques et son mâitre à Denis Diderot en trois actes, Acte
III, scène IV
Il fut rédigé à la fin des années 1960. Il y présente sa variation du roman et le drame
de l'invasion Russe en Tchécoslovaquie et la liberté que Kundera a trouvé dans la
lecture avec un accent de nostalgie de l'invention par les Russes de son petit pays.
C’est un drame intime et national, il perd notamment son emploi de professeur un an
après la guerre, vie dans la clandestinité, il se retrouve vraiment évincé du métier et
ses œuvres se trouvent enlevées des bibliothèques.
Adaptation → rechercher
Variation → rechercher
L'adaptation de la pièce relève d’une liberté d’esprit qui tire son héritage de la
pensée des Lumières.
Les artistes brise le quatrième mur en s’adressant aux spectateurs ce qui donne une
expression de réalité. On retrouve une transposition des procédés de suspension
d'illusion de la vérité qui s’ancre dans ce jeu qui interpelle le spectateur au théâtre.
De plus, on passe du temps de la fiction au temps de l’action qui doit avancer
lorsque le maître demande à l'homme de presser le récit pour passer à autre chose.
Ce que ce texte nous apporte sur la relativité moral est le fait que l’histoire dépend
de la personne qui nous la raconte
Cette œuvre fut écrite en Tchèque et sa traduction en français fut publiée à Paris en
1968. Kundera, a lui-même veillé à la traduction de ses romans en français dans les
années 1980 c’est pour cette raison que ses œuvres entrent dans les classiques
français. Le fait que l’auteur lui-même révise ses traductions donne à la version
française la même valeur d'originalité que la version Tchèque.
De 1981 à aujourd’hui, il a la nationalité française mais en 1979 il est déchu de sa
nationalité dans un contexte de la publication de son livre Le livre du rire et de
l’oublie dans lequel il fustige le président du parti de cette époque Husak.
Kundera est naturalisé français en 1981. Le gouvernement Tchèque actuel lui a
redonné sa nationalité tardivement en 2020 environ.
La révision de Kundera se forme sur un malentendu, la première réception de la
plaisanterie en France était totalement biaisée.
En 1985, Kundera dit au moment de l’édition de la troisième publication du roman.
Ce texte a un fort ancrage politique. En 1948 a lieu le coup de Prague, le parti
communiste tchéquoslovoua devient le seul parti au pouvoir c’est le putsch. A lieu
une période de dictature.
L’épisode de la carte postal a lieu 2 ans après, les répressions se font fortes face à
ce qui pourrait nuire au parti, la censure est extrêmement pratiquée. Pendant 2
décennies, la Tchécoslovaquie est un allié de l’URSS, elle signe le pacte de
Varsovie dans un contexte de guerre froide. Au cours de la décennie de 1960, il y a
une libéralisation dont nous avons écho dans la plaisanterie, son livre peut être
publié en 1967 avec la libéralisation des mœurs du printemps de Prague.
Le printemps de Prague ce fait à l’initiative populaire mais aussi à celle du
gouvernement et du secrétaire du gouvernement communiste anti slovaquie,
Alexander Dubcek. Il veut créer un socialisme à visage humain. On veut libéraliser le
régime de la Tchécoslovaquie, le moderniser et se libérer du joug de l’URSS dans le
contexte de la guerre froide.
Cela ne plaît pas aux Russes qui dans l’été 1968, de la nuit du 20 au 21 août
pénètrent les rues de la ville. En 1989 a eu lieu la Révolution de velours, révolution
populaire. Le lendemain du Putsch communiste, une révolution culturelle préfigure.
⇒ Intrigue 1949 / 1960 durant la période du coup de Prague à la Libéralisation donc moins de
censure
Texte 2. Louis Aragon “Ce roman que je tiens pour une oeuvre majeure”, préface de
la première édition française de La Plaisanterie (1968)
Pour Kundera “la vérité ne sort pas toujours nue du puits où l’on cherche à la
maintenir. Il est de mode aujourd’hui de décrier ce genre littéraire. La Plaisanterie
cependant est une preuve de ce que le roman est indispensable à l’homme comme
le pain”.
“Un acte ou une parole tout ordinaire, une simple plaisanterie font souvent mieux
connaître un caractère que les combats les plus meurtriers ou les sièges
mémorables”.
Louis Aragon explique que le roman de Kundera, “plus que tous les documents
politiques imaginables et inimaginables, éclaire la situation qui s’est en près de vingt
ans créé, et à la vraie tragédie de quoi nous assistons aujourd’hui”.
Cette préface présente le roman comme une œuvre presque politique alors que
Kundera n’a lui-même pas cette prétention, il voit ce roman comme un roman
d'amour au antipode du roman politique.
Dans l’édition de 1968, nombre de malentendus ont été instaurés. Ce livre dans son
contexte politique a été vendu de manière politique mais l’histoire n’est pas un toile
de fond dans ce roman. Chaque narrateur à son style, les personnages présentent
une idéologie mais on ne peut parler de roman idéologique en lui-même comme si
Kundera à travers ce texte et cette histoire était la voix de la dissidence Tchèque à
l'égard du régime communiste. Ce qui interroge Kundera est l’Homme et l’existence
au-delà de tout, il reprend l’expression “l’être-dans-le -monde” d’un auteur
germanique. Ce qui nous intéresse lors du travail sur la plaisanterie sera cette
interrogation sur le statut de ce livre à travers le malentendu de la réception du
roman.
La question de la vérité historique nous intéresse particulièrement.
A la fin du roman, à la page 436, l’auteur reprend cette expression et créer une
démystification, on note l’histoire relationnelle dans un sens, elle est elle-même une
plaisanterie.
On va parler de Todorov, théoricien de la littérature qui est mort dans les années
2010.
Todorov distingue deux formes de vérités, de connaissances :
- La vérité d’adéquation = réalisme etc…
- La vérité du dévoilement
Nous verrons comment dans la plaisanterie se joue une vérité du dévoilement, une
démystification alors que, l’encadrement éditorial de la plaisanterie ne le voit que
comme un roman historique. Diderot conçoit le vrai d’avantage comme un
dévoilement sur la nature humaine que comme un adéquation, une représentation
du réel qui se voudrait fidèle à une chronologie, un lieu, un décor. Il s’écarte d’un
aspect documentaire du réel de la littérature. On a l’impression que la plaisanterie
est un document sur une réalité historique. Ce qui nous intéresse dans cette
interrogation du statut de la plaisanterie est la question de l’autonomie du roman.
Cela vient d’autonomos (qui fait ces propres lois).
Aragon qui écrit la préface pour la première fois à une conception du roman
particulièrement engagé et politique puisqu’il se réclame du réalisme socialisme.
C’est moins un mouvement qu’une doctrine dont “son essence réside dans la fidélité
à la vérité de la vie”.
On présente l’art comme étant au service d’une idéologie. Kundera a évolué dans
cette doctrine puisqu’il était poète avant d’être auteur. Kundera a intégré le parti
communiste à 18 ans et bien qu’il ait écrit des odes à Staline il s’est fait virer deux
fois, ces poèmes se trouvant déjà sous ligne de l’ironie. Cette importance donnée à
l’autonomie est aussi issue de ce réalisme socialisme et cette soumission de l’art /
de la littérature à une idéologie. Kundera fut donc très mal à l’aise lors de la
promotion de son roman en France.
Revoir différence ancrage de la réalité face à la vérité, on peut utiliser les oeuvres à
la dissert
Risible amour = deuxième livre de Kundera en France après La Plaisanterie.
⇒ Faire un plan à partir de l’analyse du sujet
- Citation → Pour plus de 5 lignes on n’est pas obligé de réécrire totalement la chose dans
l’intro on peut citer certains passages mais cela peut être mieux d’écrire.
On favorise le plan dialectique de 3 parties (thèse / antithèse / synthèse mais pas de
oui / non / peut être). La synthèse est en réalité un dépassement de la contradiction.
Dans la troisième partie, on va plus loin que l'auteur de la citation.
On a deux types de sujet citation:
- Un où la place à l'auteur va être forte → Vous discuterez cette citation : on interroge
le point de vue de l’auteur (on se montre ok avec lui / on va dans le sens inverse, on
réfute / exposer notre position perso)
- Sujet où il y a suffisamment d’éléments adoptés pour que la réflexion soit menée →
Vous commenterez cette citation (coller la citation, ce qu’elle relève sur le roman /
interprétation qui change / dépassement)
Introduction :
3 parties :
- Captatio benevolentiae = la phrase d'accroche, d’amorce
- Analyse du sujet = passe par une analyse des termes du sujet, à partir des
principales notions du sujet, on explicite le sujet, ici on recopie l’énoncé : la
question ou la citation
- Problématique, annonce de plan (retour à la ligne)
Séance 8 : I
“Le cœur humain, qui a été, est et sera toujours le même, / est le modèle d’après
lequel tu copies. / Si l’on appliquait au meilleur historien une critique sévère, y en-a-t-
il aucun qui la soutînt comme toi ? / Sous ce point de vue, j’oserai dire que souvent
l’histoire est un mauvais roman; / et que le roman, comme tu l’as fait, est une bonne
histoire. Ô peintre de la nature ! C’est toi qui ne mens jamais”.
→ Repérer les notions clés et les définir
→ Espacer la citation
→ Noter les idées dès le début
→ On peut avoir une couleur par axe au brouillon entourer et souligner tout ce qui se
rapporte à l’axe 1, 2 et 3
“Le coeur humain, qui a été, est et sera toujours le même, / est le modèle d’après
lequel tu copies”
→ On entend par l’idée du cœur, le fait que le cœur humain est constant dans les
émotions qu’il peut ressentir, il permet l'existence d’une personne, de former sa
vérité psychologique. Nous sommes sur l’idée de l’universalité.
⇒ UNIVERSALITÉ
→ On retrouve cependant un caractère universel que l’on peut nuancer puisque les
événements vécus par les personnages ne sont pas perçus identiquement, on retrouve donc
diverses vérités.
Dans la plaisanterie par exemple. Lucie et Ludvik n’ont pas vécu l’amour de la même
manière. Il y a une projection en Lucie de sa propre personne et de sa propre
idéologie. Dans la plaisanterie, Lucie n’a pas de voix. Lucie est le nœud du récit, elle
fait le lien entre les personnages, c’est Kostka qui révèle son vécu et le relativise.
Avec ce personnage, on se rapproche un peu plus du vrai.
La question d’universalité va être importante pour cette dissertation.
On parle de l’universalité du cœur humain. Le fait de projeter en quelqu’un sa propre
vérité est une tentation universelle de l’Homme.
Kostka projette en Lucie ce qu’il veut y voir.
Voir p.404
On peut rattacher cette idée à Jacques le Fataliste : similarité des anecdotes qui est
le point de départ de l'œuvre de Kundera. Dans l’acte III, Jacques médite sur la
ressemblance étrange de trois histoires d’amour.
On retrouve également la question de l’inconstance telle qu’elle est analysée dans
Jacques le Fataliste.
“Si l’on appliquait au meilleur historien une critique sévère, y en-a-t-il aucun qui la
soutînt comme toi ?”
→ Ne nécessite pas d’analyse.
“Sous ce point de vue, j’oserai dire que souvent l’histoire est un mauvais roman; / et
que le roman, comme tu l’as fait, est une bonne histoire”.
→ Histoire est un mauvais roman car on cherche à raconter une histoire qui ne donne qu’une
vérité alors que le roman lui en fournit de multiples
Ex : la mort du capitaine de Jacques
⇒ Histoire : faits
⇒ Roman : fiction
L’histoire et le roman ont le même objet de connaissance qui vise tout deux le cœur
humain, les modalités de l’existence humaine.
On a une opposition entre vérité d’adéquation et de dévoilement.
On a une interprétation active du lecteur qui permet le dévoilement d’une vérité. On
trouve cette opposition chez TODOROV. La vérité est la correspondance d’un
discours avec les choses, c’est la capacité du roman à dévoiler les choses du réel.
Le récit historique, lui, va répondre à un principe d’adéquation entre les faits et le
récit, il y a une réalité objective. Le dévoilement est permis par la fiction, c’est
Aragon qui a cette expression pour dévoiler cette révélation du réel par la fiction :
Dans le recueil “Le mentir vrai” d’Aragon, cette formule désigne le dévoilement du
réel par l’invention et la fiction. Aragon se réclame du réalisme socialiste, il faisait
partie du parti socialiste. Cette expression lui permet de dépasser le mensonge de la
fiction et la vérité factuelle. Le mentir vrai est une nouvelle aux caractéristiques
autobiographiques et dans cette nouvelle, le “je” est un double fictif d’Aragon
totalement fabuleux, il parle bel et bien de son enfance mais il y a aussi un part de
fonction. C’est grâce à ce mensonge qu’Aragon libère des vérités sur son enfance. Il
dévoile alors le réel par rapport à la fiction.
La vérité d’adéquation est aussi mobilisée par le romancier mais elle est nourrit et
permet de réfléchir. Kundera ne se considère pas comme un auteur psychologique
pour lui, on dépasse l’impression de l’unicité de l’être humain et de la vie intérieure.
C’est cette considération de l’histoire dans le roman qui créer plus une introspection
et non une vérité psychologique universelle.
Kundera préfère la notion d’existence plutôt que celle de psychologie. C’est un
roman à la première personne alors que dans les suivants il passera à la troisième
personne ce qui créera des romans moins psychologiques.
Exemple de plan type pour un sujet de citation mais le raisonnement reste le même
pour un sujet question :
I) Montrer tout ce qui est défendable dans la thèse de l’auteur (commentaire)
II) Montrer ses limites (critique, apporter de la nuance)
III) Affirmer une nouvelle thèse (personnelle) (dépassement : on corrige, complète
ou dépasse la thèse)
Sur cette confusion entre illusion démasquée et valeur galvaudé, on a l’idée que
l’esprit de vengeance qui maintient Ludvik au milieu des hommes.
L’ironie de Ludvik défend le faux sérieux, les décors pour affirmer un sérieux
supérieur.
Ici la distinction entre mur et décor se montre d’autant plus réaliste qu’il se rend
compte de la vanité de sa vengeance. C’est ainsi qu’il renoue avec ce chez soi
originel qu’il évoque.
La question des valeurs est essentielle dans la plaisanterie et surtout la question de
la dévastation des valeurs. Même un suicide est en fait l’absorption de laxatif donc
c’est une plaisanterie. L’amour et la douleur, la dévastation des valeurs est liée à
une forme de parodie du monde, tout est simulacre, l’amour n’est plus que parodie
de l’amour (scène du baptême, punition de la course où tous les personnages font
mines de jouer le jeu alors que l’un boite, l’autre traîne etc…). Il ne faut pas voir cela
par le rire mais vraiment par la dévastation des valeurs comme que va essayer de
retrouver Ludvik quand il retrouvera l’orchestre. Ce chez moi trahi, c’est la
dévastation de ces valeurs.