Travail Voix Amy de La Bretèque
Travail Voix Amy de La Bretèque
Travail Voix Amy de La Bretèque
CHAPITRE XV
Travail de la voix sur le souffle :
rééducation à la paille,
aspects scientifiques et rééducatifs
méthode du Dr Benoît AMY de la BRETEQUE
Claire Pillot-Loiseau
Orthophoniste et Docteur en phonétique
Maître de Conférences en phonétique à l’Université Paris III
Chargée de formation en orthophonie à l’Université Paris VI
Laboratoire de Phonétique et Phonologie UMR 7018
Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle - 19 rue des Bernardins - 75005 PARIS
Sophie Quattrocchi
Orthophoniste, Formatrice, Chargée de formation en orthophonie à l’Université Paris VI
138 rue Edouard Vaillant - 94140 ALFORTVILLE
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Résumé
Cet article est une synthèse des caractéristiques de la méthode de rééducation vocale mise
en place par le Docteur Benoît Amy de la Bretèque. La particularité principale de ce
procédé est le travail préalable de sons intérieurs dans une paille, afin d’obtenir l’équilibre
entre les pressions sous et sus-glottiques. Il en résulte de saines conditions pour le larynx
(voisement au voisinage du seuil de pression phonatoire, transfert maximal de l’énergie
fournie au vibrateur), à partir desquelles peuvent être obtenus progressivement des sons
rayonnés (équilibre résonantiel) au moyen d’un protocole structuré, mais adaptable aux
pathologies rencontrées par l’orthophoniste, de par le choix de résistances faibles, moyennes
ou fortes qui ont un effet direct sur la pression transglottique et donc sur la force
d’abduction cordale. Par effet d’entraînement, le patient apprend, tout en gardant les
sensations obtenues lors de l’émission des sons à la paille, à émettre des sonorités fermées
(consonnes nasales), puis entrouvertes avant de produire des voyelles, éventuellement par
l’intermédiaire de consonnes « constrictives-guides ». Un travail de textes parlés et chantés
est possible grâce à cette technique, dont les matériels phonétique et mélodique sont
abondants. Les avantages, les exercices progressifs, le protocole rééducatif ainsi que son
adaptation à la paralysie récurrentielle unilatérale et aux nodules sont présentés. Ce
procédé, aussi abordable dans le domaine pédagogique du chant, est tout aussi praticable
chez les patients dysphoniques tout venant pour un travail de leur voix parlée.
Mots-clés : rééducation vocale, paille, sons intérieurs, voix rayonnée, pathologies vocales,
seuil de pression phonatoire
Abstract
This article is a synthesis of the characteristics of the method of vocal therapy organized
by Doctor Benoît Amy de la Bretèque. The main special feature of this technique is the
preliminary training with internal sounds in a straw, to obtain the balance between the
subglottic and supra-glottic pressures. It results from it healthy conditions for the larynx,
from which can be gradually obtained resonnant sounds (résonnantial balance) by means
of a structured, but adaptable protocol to the voice disorders met by the speech therapist,
due to the choice of weak, average or strong resistances. By effect of training, the patient
learns, while keeping the sensations obtained during the production of sounds in the straw,
to emit nasal consonants, then half-opened sonorities, before producing vowels, possibly
through “constrictives-guides” consonants. Training with spoken and sung texts is possible
thanks to this technique, because the phonetic and melodic materials of which are
plentiful. The advantages, the progressive exercises, the therapeutic protocol as well as its
adaptation to the unilateral vocal cord paralysis and in nodules are presented. This
technique, so accessible in the educational domain of the singing, is also beneficial to a
given dysphonic subject for a work of his spoken voice.
Key Words : voice therapy, straw, internal sounds, carrying vocal power, vocal disorders,
pressure threshold
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I - Introduction
Selon le groupe d’experts réunis par l’INSERM dans le cadre d’une procédure d’expertise
collective pour répondre à la demande de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale
(MGEN) concernant la voix et ses troubles chez les enseignants , Auteserre «et coll.» (2006),
les thérapies vocales généralistes ou holistiques regroupent, parmi d’autres, les « méthodes »
suivantes :
- La projection vocale et l’intention ,Cornut (1984) , Le Huche et Charpy (2002) ;
- La méthode d’accentuation définie par l’imitation du thérapeute associant la voix à des
mouvements rythmiques et expressifs de la main et du corps avec une augmentation
progressive d’un contenu émotionnel complexe (Smith et Thyme (1976) , Bassiouny
(1998) ;
- La méthode Alexander ou Feldenkrais ;
- Le jeu de rôle et d’habileté en communication verbale, Rustin (1995).
- La phonation dans un tube (Amy de la Brétèque (1995), Laukkanen «et coll.» (1995) ;
C’est cette dernière méthode de rééducation au moyen d’une paille que nous choisissons de
présenter ici. Celle-ci a été mise au point par le Docteur Benoît Amy de la Bretèque (1995,
1997, 2000, 2003, 2004, 2009). Nous ne parlerons pas ici du souffle phonatoire seul ni des
exercices dits de « massages vocaux », et, concernant ces sujets, nous renvoyons le lecteur aux
références existantes Amy de la Bretèque (1997, 2000).
II - Principe et avantages
Ce procédé, qui vise l’amélioration rapide de la biomécanique intime du larynx dans les
dysphonies, Amy de la Bretèque (1997), consiste à : 1) Etablir l’équilibre aérodyamique des
pressions sous et sus-glottiques (figure 1) par l’intermédiaire de sons intérieurs émis au départ
avec une paille ; cet équilibre de pressions est rompu chez les dysphoniques pour lesquels la
pression sous-glottique est souvent trop élevée , Klingholz (1979), Kitajima et Fujita (1992) ;
2) Passer de cet équilibre de pressions à l’équilibre résonantiel afin d’aboutir à une voix
rayonnée sans efforts.
L’équilibre des pressions s’obtient quand la pression sous-glottique P1 est contrebalancée par
la pression sus-glottique P2, qui s’élève grâce à l’introduction de la paille provoquant
l’augmentation de la résistance R2, seconde résistance à la sortie de l’air. (Figure 1 à droite).
Le gradient de pression (P1-P2) correspond à la fois au seuil de pression phonatoire et au
transfert maximal de l’énergie fournie au vibrateur, Amy de la Bretèque «et coll.» (2009). En
réglant ainsi P2 donc P1, le dysphonique aura alors rapidement la sensation d’émettre un
son sans forcer. Il y a alors un véritable effet de massage des plis vocaux, et le larynx est soulagé,
de par ce travail d’ajustement de la pression à l’intérieur du pavillon de la voix (quasi-égalité
de pression de part et d’autre des cordes vocales) : le but de l’introduction de la paille est
donc d’obtenir cet équilibre de pressions (P1P2 et R1R2), primordial. C’est là tout le travail
de pose de voix, au sens que Benoît Amy de la Bretèque lui donne, Amy de la Bretèque
(1997).
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Figure 1 : à gauche : effet d’une voyelle tenue. A droite : effet d’un son émis à la paille.
P1 : pression sous-glottique ; P2 : pression atmosphérique à gauche, et pression en retour
due à la présence de la paille à droite. R1 : résistance à l’écoulement aérien par les plis vocaux ;
R2 : résistance à l’écoulement aérien par la paille. R2 augmentant P2, P2 est alors quasi
équivalente à P1, au seuil de pression phonatoire près: il y a équilibrage des pressions de part
et d’autre des plis vocaux.
Les avantages de ce procédé sont de séparer pédagogiquement dans le travail vocal ce qui a
trait à la pose de voix (sons intérieurs tout comme les bases d’une maison) et à la voix
extérieure. En outre, cette méthode permet d’obtenir une grande amplitude de la vibration
cordale et d’augmenter la capacité de souffle. Les variations tonales sont plus faciles à obtenir
dans ce contexte biomécanique déconditionnant le forçage (puisqu’on travaille toujours au
voisinage du seuil). De plus, ce contexte permet le travail de la tonicité (la pression
augmentant avec la résistance à la sortie) en sortant du dilemme habituel de la rééducation
vocale (rééduquer en force ou en détente ?).
On peut ainsi en attendre de façon sensible pour le patient les résultats suivants : 1)
amélioration du geste vocal ; 2) modification de la voix en cours des exercices (notion
d’échauffement) ; 3) amélioration de la biomécanique intime du larynx (diminution des
lésions) ; 4) présence de sensations obtenues devenant des références pour la suite : la paille est
donc à la fois témoin et acteur de la régulation de l’expiration ; 5) juste adaptation de la force
d’adduction des plis vocaux (adduction pondérée ou « flow phonation », Sundberg (1995).
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Le « Chalumeau », « référent de tous les sons intérieurs », Amy de la Bretèque (1997), est le
son à la paille mêlé au souffle qui pourra se réaliser recto-tono, puis sous forme de sirènes aux
intervalles variés (cf. plus bas). On pourra également réaliser ces sons détachés comme dans
l’exercice « des gouttes d’eau » où le souffle et la poussée expiratoire resteront continus malgré
l’intermittence du voisement des plis vocaux. En cas de difficultés initiales à produire ces
sons, on pourra d’abord proposer au patient d’émettre des sons semblables joues gonflées
sans la paille.
Les consonnes sont des sons venant perturber le passage de l’air vers l’extérieur, soit en
l’empêchant totalement de s’écouler à un moment donné (occlusives), soit en le freinant
(fricatives). Il est tout à fait pertinent d’intégrer ces modes d’écoulement d’air spécifiques que
sont les consonnes dans le travail de pose de voix. Pour ce faire seront employées des
protoconsonnes en introduisant des contraintes supplémentaires dans le passage de l’air au
travers de la paille, soit totales (protocclusives avec la paille bouchée), soit partielles
(protoconstrictives avec la paille pincée). De la sorte, on fait volontairement varier R2 donc P2
(figure 1) ce qui permet une adaptation fine des exercices en fonction des pathologies
rencontrées.
A l’inverse, en cas d’hypertonie laryngée (serrage des plis vocaux ou des bandes ventriculaires,
nodules…) il conviendra d’adapter la prise en charge au moyen d’exercices où R2 est faible,
avec des pailles de diamètre normal (5 mm pour 22 cm de longueur, Suares «et coll.» (2004),
les sonorités entrouvertes (cf. plus bas), les consonnes « lmnr » et la voyelle « a » connue pour
avoir une pression sous-glottique moindre que celle des autres voyelles, Bucella «et coll.»
(2000). Nous renvoyons le lecteur au paragraphe consacré à l’adaptation de ces exercices à
deux pathologies vocales.
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C - M at é r i e l m él o d i q u e
Trois consonnes nasales prolongées sont utilisées dans ce travail : le « m » ou sonorité bouche
fermée, le « NG » (tel que dans le « ing » de « parking ») ou sonorité fermée en arrière, et le
« n » ou sonorité fermée en avant. Dans tous les cas, le souffle transite par l’étage supérieur
(cavum et fosses nasales). Ces cavités offrent une résistance faible à l’écoulement aérien. Le
débit est moins facile à contrôler, c’est pourquoi il est généralement préférable d’apprendre
d’abord à se servir de la paille (référent de tous les sons intérieurs), Amy de la Bretèque
(1997) ; figure 3).
Les avantages de l’utilisation de ces sons sont l’augmentation de l’étendue vocale parcourue,
l’exploration des cavités supérieures, l’utilisation de sons présents dans la parole, alors que
l’usage de la paille est quelque peu artificiel. Dans le « m », on garde l’impression du « coussin »
buccal. Le « NG » permet l’ouverture de la mandibule (il faudra la laisser tomber largement,
mais sans forcer) et compense l’effet d’une tension de la musculature sus-hyoïdienne
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antérieure, permettant donc l’accès à un larynx plus bas). Le « n » est à utiliser avec les sujets
présentant une tension de la musculature sus-hyoïdienne postérieure. Travailler les trois
sonorités fermées en alternance permettra d’obtenir un son bien constant quelles que soient
les variations de la position articulatoire (assouplissement du geste, en particulier au niveau
du pharynx moyen).
Les combinaisons possibles sont les suivantes : de « m » à « NG », ou de « m » à NG puis de
nouveau à « m » pour assouplir les articulateurs et stabiliser la position du larynx, de « n » à
« NG » puis de nouveau à « n », ou de « n » à « m » et de nouveau à « n ».
2 - Sonorités entrouvertes
Oronasales, elles appartiennent encore aux sons intérieurs. Le souffle passe donc à la fois par
la bouche et par le nez, mais on s’efforcera de privilégier le canal supérieur, Amy de la
Bretèque (1997). On en travaillera trois : le « on » et le « in », amenés par la sonorité bouche
fermée « m » ou par la sonorité fermée antérieure « n ». Le « an », amené par la sonorité
fermée postérieure « NG ». En pratique, on commence par des sons recto-tono, avec un [m]
diffus, puis l’on entrouvre les lèvres et le souffle se dirige vers l’étage des cavités supérieures.
La voyelle n’en est pas tout à fait une et ne doit pas être plus forte que la consonne. Le « in »
est à éviter en cas de contraction de la musculature hyoïdienne antérieure, tandis que « an »
abaisse et détend le larynx.
Dans les exemples d’enchaînement suivants, le son ne change quasiment pas : de « m » à
« on », de « n » à « in », ou de « NG » à « an ».
3 - Constrictives guides
Il s’agit de l’interface entre sons intérieurs et sons rayonnés : on propose un cheminement pour
amener la voix dans l’espace extérieur avec le maximum d’efficacité.
Les trois constrictives guides prolongées et voisées fondamentales sont le « j », le « z » et le « R »
(correspondant à la jota espagnole, voisée et entretenue), chacune amenant aux trois positions
vocaliques de base que sont le « ou », le « i » et le « a ». Elles permettent de donner au souffle
un point d’appui dans le pavillon, de le « caler » , Amy de la Bretèque (1997). Les
enchaînements proposés sont les suivants : de « ch » à « j » puis à « ou », de « s » à « z » puis
à « i », et de « R » (jota non voisée) à « R » (voisé) à « a ». Pour chaque item se produit le passage
progressif de la langue sans bouger la mâchoire et les lèvres (sorte de fondu enchaîné). La
sensation de résonance est en avant.
4 - Voyelles
C’est grâce à l’utilisation des constrictives guides que l’on peut passer progressivement du travail
de pose de voix sur les sons intérieurs à celui de la voix rayonnée sur une tenue vocalique. En effet,
la parole étant faite de succession d’obstacles sur le trajet de l’air (consonnes), ceux-ci doivent être
bien gérés par l’équilibre aérodynamique. Ainsi profiterons-nous de celui réalisé par les
constrictives guides pour que chacune des voyelles fondamentales en bénéficie. Ces constrictives
guides peuvent aussi être remplacées par des occlusives guides. Ce travail s’adresse à tous les
vocalistes, mais dans le cas du parleur, en ce qui concerne le timbre, la tessiture et l’intensité, il
n’est pas nécessaire de le développer avec autant d’exigence que pour un chanteur. Nous
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Le tableau suivant présente la synthèse de tous les exercices possibles utilisables pour
l’entraînement à la pose de la voix ainsi qu’à son rayonnement, en passant par l’interface entre
ces deux étapes (tableau 1).
Sur un texte précis, chez un comédien ou un chanteur, ce travail permet de cerner les
difficultés phonétiques d’un passage donné. Il donne à la voix une grande efficacité de
projection dans l’espace extérieur, même à intensité modérée, tout en restituant au mieux la
netteté du texte, Amy de la Bretèque (1997). Le parleur va de consonne en consonne, le
chanteur de voyelle en voyelle.
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Les phonèmes utilisés pour cette rééducation peuvent être classés en fonction de la résistance
en retour des cavités de résonance : plus celle-ci est élevée, plus l’exercice fait travailler la force
de l’adduction cordale, mais sans traumatisme glottique.
Trois grandes catégories d’exercices sont retenues :
1) le souffle dans la paille, servant de référent, passer sur une même expiration de celui-ci à
une des constrictives non voisées « f », « s », « ch » (forte résistance du pavillon vocal au passage
de l’air expiratoire).
2) Les phonèmes voisés continus : « v », « z », « j ».
3) Les phonèmes réalisant une occlusion du pavillon vocal pendant une courte durée,
amenant la glotte elle-même à se fermer durant quelques secondes : ce sont les chaînes
d’occlusions qui se rattachent au cadre des chaînes syllabiques (voir plus haut). Leur
déroulement se fait selon les étapes suivantes : inspiration, occlusion, émission très brève,
aussitôt interrompue par l’occlusion suivante, et ainsi de suite. (Exemple : « kakakakak »). Elles
se différencient des exercices de fermeture réalisés syllabe par syllabe (« ka.. ka.. »), car dans
ce dernier cas, la poussée expiratoire est morcelée. Avec les chaînes d’occlusions, on recherche
une répartition égale de l’énergie expiratoire tout au long de la rhèse, sans à-coups. Dans cette
troisième catégorie d’exercices sont également retenues les chaînes d’occlusions sus-glottiques
se réalisant avec la paille ou les consonnes occlusives « p », « t » et « k ». En travaillant avec
une constrictive sourde (ex : « pspspsp »), on peut mettre en place l’exécution correcte de
l’exercice. En prenant une voyelle brièvement émise (ex : « pipipip »), l’exercice est assez facile
à réaliser mais peu précis. En voisant la constrictive (ex : « pzpzpzpzp », l’exercice combine
l’intérêt du travail de sonorisation contre résistance avec celui des chaînes d’occlusions.
Rappelons que la fermeture du conduit vocal marquée par la consonne occlusive doit être assez
1
Nous renvoyons le lecteur à l’ouvrage de Benoît Amy de la Bretèque page 35 (1997) pour plus
d’informations concernant ces exercices.
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longue (une demi-seconde environ), tandis que l’émission voisée est très brève : lorsque l’on
examine le larynx d’une personne saine, on observe que sur chaque occlusion, les aryténoïdes
et les cordes vocales sont en adduction complète, celle-ci étant limitée par la pression
transglottique. On réalise ainsi une sorte de bras de fer entre ces deux forces, amenant à
développer les capacités de fermeture glottique. On peut enfin solliciter directement la
fermeture glottique (notée //), comme par exemple dans la série « //a//a//a//a// ».
Notons qu’il faut bien connaître l’état de la paralysie : dans le cas d’une corde paralysée en
position médiane, on privilégiera les chaînes d’occlusion sus-glottiques, dans celui d’une
paralysie en abduction, toutes les chaînes d’occlusion sont prônées (sus puis glottiques).
B - A d ap t a t i o n a u x n o d u l e s e t é q u i v a l e n t s n o d u l a i r es
Bases du travail sur la phonation : la relaxation sera pratiquée si le sujet paraît tendu, ainsi
que les massages vocaux. Le travail de la posture sera fait si nécessaire, celui du souffle
phonatoire très souvent utile.
Pose de la voix : ce travail sera conduit avec des résistances moyennes, puis faibles. On
s’abstiendra de toute chaîne d’occlusions, à l’exception des chaînes d’occlusions vélaires s’il
existe une tension du plancher de la bouche.
Vocalisation : les tenues vocaliques seront amenées par les constrictives guides (résistances
moyennes, consonne « j ») et les sonorités entrouvertes (résistances faibles, consonne « n »),
Les occlusives seront exclues de ce travail. La voyelle à utiliser en priorité est le « ou », car il
entraîne une adduction glottique assez douce.
Syllabation – travail de la voix parlée : il s’agit d’un travail spécifique de la voix parlée pour
les professionnels de la voix comme les enseignant(e)s. Il se compose de chaînes syllabiques
avec des résistances moyennes et faibles au départ, fortes ensuite (afin d’amener la personne
à un bon contrôle de l’intensité vocale). On ne doit pas pratiquer de chaînes d’occlusions, sauf
si les nodules ont régressé.
Conclusion
Le but de cette communication était de présenter les grandes lignes de la méthode de
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rééducation vocale conçue par le Docteur Benoît Amy de la Bretèque. Ce type de prise en
charge concerne aussi bien le patient dysphonique que dysodique, car le travail de la voix
parlée y a autant de place que celui de la voix chantée. Toutefois, l’abondance du matériel
mélodique permettra un travail quasi-exhaustif de la tessiture d’un chanteur tant en pédagogie
qu’en rééducation, dans des conditions biomécaniques saines pour le larynx. Bien entendu,
d’autres types de prise en charge ont leur place en complément de cette technique.
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