Soins Infirmiers en Chirurgie
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Soins Infirmiers en Chirurgie
MASTER BLOC-OPERATOIRE
La plaie est une effraction cutanée qui présente des risques de contaminations d’origine
endogène (propre flore du patient dite “commensale”) et d’origine exogène (flore dite
“transitoire”) venue de l’extérieur. Les plaies sont représentées en deux grandes catégories :
les plaies aiguës (plaies traumatologiques, plaies opératoires et brûlures) et les plaies
chroniques (escarres et ulcères).
Plaie aigüe : blessure chirurgicale ou traumatique qui progresse au travers les phases de
cicatrisation en approximativement un mois en l’absence de facteur local ou général pouvant
retarder la cicatrisation
Plaie chronique : Plaie dont le délai de cicatrisation est allongé. Une plaie est considérée
comme chronique après 4 à 6 semaines d’évolution, selon son étiologie. Les causes des plaies
chroniques incluent notamment les ulcères de jambe, les escarres, les plaies du diabétique et
les moignons d’amputation.
Les plaies chroniques et aiguës diffèrent entre elles notamment dans le temps nécessaire
à l’achèvement de l’épithélialisation. Les risques de contamination de la plaie, de transmission
de germes à un autre patient peuvent être liés à la plaie elle-même, à l’environnement, aux
matériels utilisés, aux comportements du soignant, du patient et de son entourage. La peau est
indispensable dans la défense des infections. Elle a un rôle de barrière mécanique, chimique et
bactérienne. La cohésion des cellules de la couche cornée et le renouvellement rapide des
kératinocytes limitent la colonisation bactérienne.
La peau est un organe de revêtement complexe. Elle est constituée de trois couches :
Remarques
a. La flore cutanée normale peut être modifiée (densité, qualité) par l’âge, les traitements, le
climat, la profession, l’hospitalisation, un traitement anti-infectieux général,
l’immunodépression.
b. En établissement de soins, les micro-organismes retrouvés peuvent être résistants aux
agents antimicrobiens.
Plaie infectée : L’infection correspond à l’invasion des tissus cutanés et sous cutanés
par des bactéries et à la réaction immunitaire qui en résulte. Ceci se traduit par des signes
cliniques d’inflammation locale (rougeur, œdème, douleur) et de multiplication bactérienne
avec recrutement de polynucléaires (écoulement de pus). Dans certains cas, l’infection s’étend
aux tissus musculaires et osseux adjacents et se généralise. Cela se traduit par des signes
régionaux comme une lymphangite, des adénopathies, des signes de myosite ou d’ostéite, et
des signes généraux comme la fièvre. Une bactériémie peut en résulter avec passage du micro-
organisme dans le sang.
La colonisation bactérienne est indispensable à la cicatrisation et, lutter contre elle par
l’utilisation d’antiseptiques et d’antibiotiques, retarde voire empêche la cicatrisation. A
l’opposé, l’apparition d’une infection empêche la cicatrisation d’où l’importance de
suspecter et diagnostiquer rapidement une infection pour prévenir tout retard de
cicatrisation.
II- Critères locaux de gravité d’une plaie
– Plaie dont la superficie est supérieure à 15 cm2
– Plaie profonde avec exposition de structures tendineuses, cartilagineuses, articulaires ou
osseuses
– Plaie infectée avec écoulement purulent et réaction inflammatoire péri lésionnelle
– Plaie ne présentant aucun signe d’amélioration après 2 à 3 semaines de traitement
– Troubles de la vascularisation locale, artérielle, veineuse ou lymphatique
– Plaie située au niveau d’un point d’appui ou surface de frottement
2- Obstacles à la cicatrisation
3- Observation de la plaie
Localisation : point d’appui, zone de frottement, regard d’un relief osseux
Taille : Faire une évaluation correcte de la taille
Aspect clinique de la plaie : stade de cicatrisation ( nécrose, fibrine…), évolution
Aspect des berges : inflammation, macération, irritation…
Exsudat : aspect, quantité
Douleur : évolution
Odeur
4- Caractéristiques de la plaie
Le code couleur utilisé dans l’échelle colorielle (Red Yellow Black) repose sur l’utilisation de
5 couleurs pour décrire les plaies : noires, jaunes, rouges, éventuellement roses ou blanches. Il
ne définit pas la gravité de l’escarre en profondeur, son intérêt principal est de suivre l’évolution
de la plaie. Il doit être associé à d’autres méthodes de mesure. On distingue :
- Couleur noire correspond à la coagulation des éléments du derme et de l’épiderme en cas
de nécroses “cartonnées”, luisantes, croûtes superficielles sèches ou très peu humides.
- Couleur jaune correspond à la production de fibrine pour les plaies très humides,
fibrineuses. On observe des situations intermédiaires : Plaies modérement humides (plaques
de nécroses et sillon d’élimination en périphérie, nécroses noires molles), Plaies fibrineuses
ou nécroses jaunes (tissu graisseux dévascularisé avec évolution vers la fibrose),
Surinfection (favorisée par l’exsudat et les produits de dégradation de la fibrine).
- Couleur rouge repésente le tissu de granulation.
- Couleur rose traduit la phase d’épithélialisation.
- Couleur blanche signe l’évolution vers la fibrose.
5- Guérison de la plaie
La guérison implique :
IV- Le pansement
1- Définition et objectif
Son objectif est de créer des conditions optimales pour une cicatrisation rapide et éviter les
risques infectieux.
2- Les Buts du pansement
Favoriser la cicatrisation
Absorber les écoulements de sang ou de sérum
Protéger la plaie et le nouveau tissu épithélial des lésions mécaniques, des frottements,
des traumatismes
Protéger la plaie des contaminations bactériennes et des souillures par des selles, urines,
vomissements, etc.
Favoriser l’hémostase
Chaque type de plaie est colonisée par des germes gram – et +, utiles à la cicatrisation, on
parle de plaie fortement colonisée lorsqu’il y a infection.
a- Plaie septique :
Principe organisationnel
La réfection des pansements de plaies septiques doit s'effectuer après celle des
pansements de plaies propres. Si un patient présente plusieurs types de plaies, il faut procéder
tout d'abord à la réfection des pansements de plaies propres et terminer par celle des pansements
de plaies septiques.
Plaies chroniques
NB : Pas de désinfectants mais du NaCl 0.9% ou une solution spécifique (sauf exception)
Plaies septiques
Il est le même que celui pour le pansement aseptique.
Pour le pansement septique se rajoutent encore les mesures à prendre selon le type
d’isolement préconisé.
La plaie doit être aseptisée d’une façon parfaitement distincte de la peau avoisinante.
Attention ! Changer de tampon à chaque passage.
Respecter le temps de séchage de l’antiseptique pour permettre son effet optimal.
Plaie propre
5- Tenue vestimentaire
Charlotte
Masque
Surblouse
Gants
Selon le type de pansement, le protocole du service, la présence d’un germe, patient
immunodéprimé.
6- Préparation du soin
Vérifier l’identité du patient
Vérifier les dernières transmissions du pansement
Vérifier la prescription médicale et le protocole
S’assurer que la toilette, la réfection du lit ainsi que le ménage soit fait
Informer le patient du soin
Préparer le matériel nécessaire au pansement dans la salle de soins
Décontaminer le chariot de pansement
Se laver les mains
Fermer les portes et fenêtres
Mettre la présence
Installer le patient de manière confortable en respectant sa pudeur et monter le lit à
hauteur de confort pour le soignant
Mettre la protection au niveau du site de pansement
Positionner le chariot de façon à ne pas tourner le dos au patient
Installer la poubelle loin de la tête du patient
Se laver les mains ou SHA
7- Principes à respecter
Opérer du plus propre au plus sale : plaie chirurgicale du centre vers la périphérie, ne
jamais revenir, avec le même tampon, sur une zone déjà traitée.
Ne pas utiliser de gants pour la réalisation du pansement sauf si BMR ou écoulement.
La technique d’antisepsie se fait sur 4 temps : détersion à l’aide d’un savon antiseptique,
rinçage à l’eau, séchage, antisepsie.
8- Déroulement du pansement
Ouvrir le set à pansement sans toucher l’intérieur
Prendre le champ avec asepsie et le déposer sur le chariot en gardant un côté déstérilisé,
replié
Saisir la pince 1 par le manche sans toucher l’intérieur du blister
Sortir la pince 2, déposer les deux pinces sur le champ (le manche sur la zone déstérilisé)
Sortir les tampons sur le champ stérile avec une pince
Ouvrir les flacons (1er jet dans la poubelle si le flacon est déjà ouvert)
Répartir les différents produits dans le blister ou directement sur les tampons avec un
champ imperméable
Pour les ampoules, utiliser des compresses alcoolisées pour leur ouverture
Application de la solution hydro-alcoolique (SHA)
Mettre les gants
Ouverture du pansement
Jeter le pansement et les gants souillés dans le sac jaune
Application solution hydro-alcoolique
Si changement dans l’état de la plaie prévenir le médecin avant toute réfection
1er temps : détersion : savon antiseptique : Avec la pince 1 : déterger avec un tampon pour
le centre de la plaie et un tampon pour le pourtour.
2ème temps : rinçage : eau stérile ou sérum physiologique : Avec la pince 1 : un tampon
pour le centre et un tampon pour le pourtour
3ème temps : séchage : Avec la pince 1 : un tampon pour le centre et un tampon pour le
pourtour. Jeter le pince 1.
4ème temps : Antisepsie : solution antiseptique : Avec la pince 2 : un tampon pour le centre
et un tampon pour le pourtour. Jeter la pince 2 : laisser sécher 30 secondes à 1 minute puis
déposer le pansement stérile sur la plaie de façon hermétique.
9- Rangement du matériel
Réinstaller le patient
Utiliser des gants pour désinfecter le chariot ainsi que l’environnement du patient et les
flacons
Ranger les produits dans les boîtes prévus à cet effet
Elimination des déchets dans la poubelle jaune
Fermer le sac à déchet jaune
Se laver les mains ou SHA
Jeter la poubelle dans le container prévu à cet effet
Se laver les mains
Faire les transmissions orales et écrites
10- Transmissions
Orales et écrites, horodatées, signées
Rapporter les remarques sur la fiche de pansement ainsi que dans le dossier de soins
Préciser l’état de la plaie, son évolution, les changements dans l’odeur, la couleur, les
suppurations…
Préciser protocole utilisé afin d’assurer le suivi des soins par les équipes à venir
Retranscrire l’évaluation de la douleur faite durant le soin ainsi que le comportement du
patient
Introduction.
2- Membre inférieur.
Pelvi pédieux: fracture du bassin.
Botte plâtrée: entorse de la cheville.
Cruro pédieux: double fracture de la jambe.
Genouillère plâtrée: entorse du genou.
Minéral naturel = Le Gypse Calciné, il libère son eau et donne le « plâtre de Paris » «
Gypso-thérapie » Il se présente sous la forme de bande de gaze sur laquelle adhère de la
poudre de plâtre.
Matériels Nécessaires :
Bandes de plâtre
En sachet de 23m x 5, 10, 15, 20, 30, 60cm de large
Prise rapide, ultra-rapide
NB : existe sous forme d’attelles pré-confectionnées
Jersey
Coton
Bande velpeau
Eau tiède (T°C 23)
2- La résine.
Il existe des plâtres en polyuréthanne ou fibre de verre. Il est très utilisé dans les corsets,
minerves.
Avantages.
Plus léger que le plâtre.
Moins résistant à l’eau.
Permettent un appui précoce.
Très solide.
Inconvénients.
Beaucoup plus cher.
La prise est beaucoup plus rapide que le plâtre traditionnel.
3- Le thermoformable
IV. La Réalisation D’un Platre.
2- A sa mise en place.
Un plâtre circulaire immobilise les articulations sus et sous-jacentes au foyer de
fracture sauf cas exceptionnel.
Les extrémités sont toujours libres: elles permettent la surveillance du membre plâtré.
Il faut agir vite car la prise du plâtre se fait en quelques minutes.
o Surélever le membre plâtré sur un coussin en surélevant la main par rapport au coude.
o Si le patient se lève, lui poser une écharpe.
o La chaleur.
o La coloration des extrémités.
o Evaluation de la douleur.
o Présence ou non d’un œdème: le retour veineux ne se faisant pas car le membre n’est
pas surélevé ou est comprimé.
Par la suite:
Syndrome ischémique:
1er temps.
Dès l’apparition de ces signes, il faut intervenir pour retirer le plâtre. Si on laisse évoluer ce
syndrome, il entraîne une lésion irréversible des muscles fléchisseurs de l’avant-bras.
2eme temps.
Rétractation des muscles qui entraînent une griffe irréductible des doigts.
A ce stade, la perte fonctionnelle des doigts est définitive.
En 6 heures, des dommages irréversibles sont causés aux muscles, aux nerfs et aux
vaisseaux.
Cas particulier.
Surtout après la pose d’un plâtre qui fait suite à une intervention pour ostéosynthèse avec
des risques de saignements sous le plâtre.
Surtout chez les fractures ouvertes ou par une pression du plâtre sur la peau.
Il est engendré par un plâtre trop large du à la fonte des œdèmes. Il ne remplit plus sa
fonction de contention. Il faut le refaire.
VI. Surveillance Generale.
Douleur, diffuse ou localisée, sensation de compression
Sensibilite des extrémités
chaleur, couleur et mobilite des extrémités
Odeur
Aspect de l’immobilisation consultations de contrôle répétées
Surveillance radiologique.
Rechercher le cal vicieux.
Rechercher les pseudarthroses.
Les radios sont demandées par le chirurgien.
2- Les Risques
Risque Faible : Antisepsie en 1 temps
Risque Median Ou Intermediaire : 1 Antisepsie en 2 temps
Risque Median Ou Intermediaire : 2 Antisepsie en 4 temps
Haut Risque : Antisepsie en 5 temps
3- Les specialites
2 formes différentes
– Les antiseptiques
– Les savons antiseptiques
V- Règles d’utilisation
1- Un antiseptique s’utilise sur la peau ou les muqueuses (tissus vivants)
2- Les antiseptiques sont inactivés par les matières organiques et souvent aussi par les savons
règle de l’antisepsie cutanée (1 à 5 temps)
3- Indiquer la date d’ouverture sur le flacon. Durée de conservation: 15 jours
4- Nettoyer l’extérieur des flacons avant toute utilisation
5- Repérer les incompatibilités des différents produits
6- Respecter les précautions d’emplois, les contre-indications et les temps de contact
7- Conserver les flacons à l’abri de la lumière et loin des sources de chaleur
8- Surveiller la tolérance locale (érythème, desséchement, irritation…)
9- Ne jamais mélanger des antiseptiques de familles différentes
10- Ne pas reconditionner les antiseptiques
Désinfection : « Produit capable d’éliminer, ou de tuer, par action direct, les micro
organismes indésirables ou d’inactiver les virus lorsqu’ils ont portés par les milieux ou les
surfaces inertes. » AFNOR
I- Caractéristiques :
Larges spectre,
Action bactéricide, rapide,
Action prolongée dans le temps,
Sans effet sur les matériaux,
Stables à la lumière et à la chaleur,
Compatible avec les produits de nettoyage.
II- Rappels :
Milieux inertes désinfectants,
Rappelons également que la chaleur humide seule constitue un moyen de désinfection idéal
pour d'innombrables objets hospitaliers; ainsi par exemple, il est possible de désinfecter du linge
ou de la vaisselle par immersion dans de l'eau chaude.
70° 25 min.
Linge
Lavage
90° 10 min.
Il est important de limiter le nombre des désinfectants employés dans une institution
hospitalière, car si ces désinfectants sont nombreux, ils risquent d'être confondus par le
personnel qui n'est pas toujours orienté au point de vue chimique. Il faut donc choisir
soigneusement un désinfectant, en déterminer le taux de dilution et insister sur le fait que cette
dilution doit être pratiquée avant l'emploi pour éviter la coagulation des albumines.
IV- Les utilisations des désinfectants
Pré-désinfection – décontamination :
~ étape de nettoyage au résultat momentané,
~ action bactériostatique (suspension de la division cellulaire)
Désinfection :
~ étape de bio-nettoyage au résultat momentané,
~ action bactéricide, fongicide, virucide.
Instrumentation : petits matériels
# Ce qui est sale :
~ Pré-désinfection par immersion,
~ Nettoyage et rinçage.
# Ce qui est devenu propre :
~ Désinfection par immersion,
~ Stérilisation.
Critères d’efficacité de la pré-désinfection :
# Respect :
~ de l’action physico-chimique,
~ du temps de contact,
~ du délais d’action du produit.
# Action mécanique nécessaire :
~ brossage.
V- Principaux désinfectants :
Aldéhydes : formaldéhydes, glutaraldéhydes,
Halogènes-dérivés chlorés : hypochlorites (javel),
Dérivés phénoliques,
Biguanides : chlorhéxidine,
Tensioactifs ou surfactants.
Les chlorés : eau de Javel
Les ammoniums quaternaires
Les amphotères
Les oxydants
VI- Rémanence :
Un désinfectant est dit rémanent lorsque son action se prolonge plusieurs heures après son
utilisation.
Laisser au désinfectant le temps d’agir,
Ne pas rincer un désinfectant afin de préserver cet effet de rémanence
I- Le lavage simple
3. Indications :
Après chaque geste contaminant
Lors des soins d’hygiène et de confort
Lors des soins infirmiers non invasifs
Mains visiblement sales, souillures d’origine biologique, chimique, médicamenteuse ou
minérale
Avant et après le port de gants
Il s’agit du mode de lavage le plus utilisé, il est pratiqué en arrivant et en repartant du service
de soins et pour les gestes de la vie courante (repas, toilettes, mouchage…)
4. Matériels :
Lavabo
Savon liquide doux avec distributeur et conditionnement unitaire à usage unique
Essuie-mains à usage unique en distributeur
Sac à déchets
L’escarre altère la qualité de vie, peut provoquer une gêne douloureuse accompagnée d’une
souffrance morale et physique et une limitation des capacités fonctionnelles. Sur le plan
financier, l’escarre a des implications importantes. Néanmoins, c’est une pathologie que l’on
peut prévenir dans une grande majorité des cas par des mesures de prévention simples.
L’escarre est le plus souvent définie comme une plaie consécutive à une hypoxie tissulaire
provoquée par une pression excessive et prolongée, la plupart du temps entre un plan «dur» et
une saillie osseuse.
II. Épidémiologie
Moyenne d’âge de survenue 75 ans.
Le stade 1 représente la moitié des escarres (rougeur qui ne disparaît pas à la
pression).
Plus d’une escarre sur deux se constituent durant l’hospitalisation.
Les localisations les plus fréquentes sont aux talons et au sacrum.
Le traitement de l’escarre constituée est long, douloureux pour le patient et douloureux
pour la société par son coût élevé.
3- Physiopathologie
a- La pression
C’est une force perpendiculaire s’exerçant entre un plan d’une certaine rigidité et une
proéminence osseuse entraînant une ischémie tissulaire de la zone concernée à laquelle s’ajoute
un phénomène de microthromboses et inflammatoire important. Si cette pression est soit très
prolongée et/ou très forte, les lésions vont devenir irréversibles et conduire à une nécrose. On
considère qu’une pression de plus 30 mmHg appliquée pendant plus de deux heures résultera
en une escarre. Il faut cependant être conscient qu’en fonction de l’état général de la personne
et des pressions exercées, des temps moindres suffisent pour créer une escarre (figure 1).
b- Le cisaillement
C’est une force qui s’exerce de façon tangentielle entre les tissus superficiels et les tissus
profonds, provoquant un rétrécissement, voire une occlusion des capillaires résultant également
en une ischémie. Le sacrum est typiquement l’endroit le plus touché lorsque le patient est en
position semi-assise avec le tronc relevé à plus de 30° et qu’il glisse dans son lit ou dans son
fauteuil (figures 2A et 2B). Ces deux facteurs sont souvent combinés. Bien que souvent
considérée comme étant une plaie chronique du fait du temps nécessaire à sa cicatrisation, la
genèse de l’escarre en fait une plaie aiguë.
IV. Stades de l’escarre
Les différents stades ou grades de l’escarre dépendent de sa réversibilité et de sa profondeur.
Il est donc important de travailler avec une échelle commune. Parmi les échelles existantes,
nous proposons un outil tiré de NPUAP (National pressure ulcer advisory panel) et HAS (Haute
autorité de santé) (tableau 1).11,12
Stades de l’escarre selon la classification NPUAP et HAS
Stade 0 : Hyperhémie réactionnelle
• Peau intacte, rougeur blanchissant à la pression digitale et se recolorant en quelques
secondes
• Lésions réversibles en moins de 24 heures, phase d’alerte pour les soignants
Stade 1 : Rougeur persistante, ne blanchissant pas à la pression digitale
• Représente déjà une lésion tissulaire
Stade 2 : Perte de substance concernant une partie de l’épaisseur de la peau, impliquant
l’épiderme et/ou le derme formant une abrasion, une phlyctène ou une ulcération superficielle
Stade 3 : Perte de substance concernant toute l’épaisseur de la peau (épiderme, derme,
hypoderme)
• Avec ou sans décollement périphérique
Stade 4 : Perte de substance, dépassant l’aponévrose musculaire, pouvant atteindre l’os, les
muscles, les tendons ou l’articulation, avec description de certains facteurs péjoratifs
(décollement, contact osseux, fistule et/ou infection) Non
• Escarre constituée, recouverte soit de fibrine, soit d’une croûte, catégorisable ne pouvant
encore être caractérisée Suspect de
• Modifications de couleur et texture de la peau et des tissus, lésion hématome local,
suspectes de lésion plus profonde, ne pouvant profonde encore être caractérisées
V. Localisation des escarres
L’escarre se constitue au niveau de toutes les zones d’appui (saillie osseuse) en
fonction de la position du patient au lit ou au fauteuil.
1. Décubitus dorsal :
talons
sacrum
coudes
omoplates
arrière de la tête (occiput)
2. Décubitus latéral :
Malléoles internes et externes
Condyles médians et latéraux
Grand trochanter
Côtes
Acromion
Oreilles
3. Décubitus ventral :
Orteils
Genoux
Organes génitaux (homme)
Seins
Sternum
Acromion
Joue
Oreille
4. Position assise :
Les ischions
Les pieds
Sacrum
Omoplates
QUE FAIRE ?
Se sentir concernés par la prévention
Engager la famille et le patient à lutter contre ce fléau
Appliquer les méthodes de prévention
VI. Généralités
Rôle infirmier :
Maintenir une excellente hygiène pour éviter la macération, un change régulier de la
literie.
Eviter les plis dans le lit et les objets divers pouvant entraîner une compression.
Pour les patients qui se souillent faire des changes et toilette plus souvent, au besoin
protéger les zones exposées avec des hydrocolloïdes minces.
Faire attention
Evaluer les risques d’atteinte cutanée du patient à l’entrée dans le service
Utiliser une échelle de risque
Examen des zones à risques pluri-quotidien
Locomotion
Favoriser le lever et la marche.
Alimentation
Favoriser l’apport de protides (poissons viandes laitages…)
Surveiller l’apport alimentaire par une feuille de surveillance.
Favoriser l’hydratation supérieur ou égale à 1 litre, au besoin utiliser l’eau gélifiée.
Eviter diarrhée ou constipation.
Sur prescription médicale, voir avec le diététicien pour nutriments hyperprotéinés en
supplément d’une ration alimentaire trop faible.
Matériel
Les matelas ou sur matelas spéciaux visent à diminuer les pressions et à les soulager.
Ils seront installés dès qu’il y a risque.
Respecter les consignes d’utilisation du matériel.
Ils sont munis d’alèses spécifiques utiles à leur efficacité.
Matelas et coussins :
- matelas à eau et mousse (cliniplot)
- coussins gel et mousse
- surmatelas à air
- coussins à cellules pneumatiques
VII. Prévention
Mobilisation
Changer les positions du patient (2h/3h)
Alterner décubitus latéral, dorsal, ventral, demi-latéral, demi-dorsal
Surveillance par une feuille de changement de position :
- changer les points de pression à l’aide de coussins
- ne pas engendrer de lésions de positions (éviter les attitudes vicieuses)
- pose de protections sur les zones de frottements ou hydrocolloïdes minces
- contrôler la compression par rampes, tubulures, sondes vésicales, nasales…
- Effleurage avant atteinte (à mains nue)
utiliser un produit gras non agressif au minimum une fois par équipe et maximum
deux fois par équipe
observer, transmettre l’état de la peau
Si rougeur l’effleurage produit des micros lésions interne.
Évaluation : évaluer régulièrement à l’aide des outils des services l’efficacité de l’ensemble
des actions (une fois par semaine) et réajuster.
VIII. Proscrire
Les pétrissages de la peau saine
L’effleurage de la lésion
L’utilisation du chaud et du froid
L’application de produits colorants (éosine) qui masque l’érythème
L’application de produits desséchants (alcool, eau de Cologne…)
IX. Complications
Complication infectieuse, qui peut toucher tant les tissus mous que plus
profondément les articulations et l’os.
Risque de septicémie également présent.
Hémorragies importantes,
Des dégénérescences cancéreuses (ulcère de marjolin).
Les tissus nobles tels que les tendons peuvent être exposés et détruits.
La douleur souvent difficile à maîtriser et invalidante doit absolument être dépistée et traitée.
X. Traitement de l’escarre constituée
Selon l’état du patient, il conviendra d’abord de choisir une attitude curative ou palliative.
Débridement des tissus dévitalisés : Ce geste devrait permettre d’accélérer la cicatrisation
et également de diminuer le contingent bactérien présent (débridement autolytique ;
mécanique; chirurgicale qui va permettre la cicatrisation).
Maintenir le milieu humide : favorise les mécanismes de réparation naturels.
Le pansement : sera adapté à la plaie et à la phase de cicatrisation, il sera choisi pour
maintenir le meilleur niveau d’humidité possible tout en évitant la macération du pourtour
sain. L’industrie met actuellement à notre disposition une gamme très complète permettant
non seulement d’optimiser l’humidité de l’escarre mais également d’espacer la fréquence
des pansements qui, de quotidien, peuvent se faire deux fois, voire une fois par semaine. Le
milieu humide et la texture peu adhérente de ces pansements contribuent à limiter les
douleurs durant la réfection (figure 7).
Conclusion
L’escarre est une pathologie complexe qui atteint tout particulièrement la personne
âgée. Source de souffrance et de coûts surajoutés, c’est par de bonnes connaissances et une
politique escarre globale que les équipes interdisciplinaires vont pouvoir apporter la meilleure
prévention et les soins les plus adéquats à ces patients