SMIA Chap1
SMIA Chap1
SMIA Chap1
y
y = exp( x) 2
y = 1 + x + x2 + x6
3
2
y = 1 + x + x2
y = 1+ x
1
0
1 x
1
Formule de Taylor et applications 2
1. Dérivées successives
Dans toute la suite, nous désignons par I un intervalle ouvert de R et par f : I → R une fonction
réelle. Une fonction est dite de classe C 0 sur I si tout simplement elle est continue sur I, dans
ce cas nous écrivons f ∈ C 0 ( I ). L’ensemble de toutes les fonctions réelles qui sont continue sur
I est noté par C 0 ( I ).
dn f
f (n) ( x) = ( x ), x ∈ I.
dx n
Définition 1
Soit n un entier naturel. La classe C n ( I ) est l’ensemble de toutes les fonctions n fois
dérivable sur I et dont les n ième dérivées sont toutes continues sur I.
(a) Une fonction f de l’ensemble C n ( I ) est dite de classe C n sur I.
(b) Si f ∈ C n ( I ), pour tout n ∈ N, on dit alors que f est de classe C ∞ sur I. La classe
C ∞ ( I ) est donc c’est l’ensemble des fonctions admettant des dérivées supérieurs de
tout ordre.
C 0 ( I ) ⊃ C 1 ( I ) ⊃ · · · ⊃ C ∞ ( I ),
et que
C ∞(I ) = C n ( I ).
\
n∈N
Exemples :
– Les polynômes sont de classe C ∞ (R).
– Les fonctions rationnelles sont de classe C ∞ sur leur domaine de définition.
– La fonction suivante (
x2 sin( 1x ) si x ∈ R \ {0},
f ( x) =
0 si x = 0.
Propriété 1
Nous déduisons alors que la classe C n ( I ) est un espace vectoriel, pour tout n ∈ N.
La formule de Leibniz
Soit n Ê 1 un entier naturel. Si f et g sont n fois dérivables sur I , alors leur produit f g est
aussi n fois dérivable sur I, et on a la formule de Leibniz
à !
n n
( f g)(n) = f (i) g(n− i)
X
i =0 i
à !
n
où les nombres entiers sont les coefficients binômiaux :
i
à !
n n!
= .
i i !( n − i )!
Hn : Si f et g sont deux fonctions dérivables à l’ordre n sur I , alors le produit f g est aussi
à !
n n
dérivable à l’ordre n sur I et on a ( f g)(n) = f (i) g(n− i) .
X
i =0 i
( f g)0 = f 0 g + f g0 .
Fixons maintenant un entier naturel n Ê 1 et supposons que H n est vérifiée. Soient f et g deux
fonctions dérivables à l’ordre n + 1 sur I . D’après notre supposition, f et g sont donc dérivables
à l’ordre n sur I, ainsi que leur produit et
à !
n n
( f g)(n) = f (i) g(n− i) .
X
i =0 i
Les fonctions f i et g n− i pour i ∈ {0, 1, . . . , n} sont dérivables ( car f et g sont n + 1 fois dérivables)
donc ( f g)(n) est dérivable. Par conséquent le produit f g est aussi n + 1 fois dérivable. Nous
rappelons la formule suivante, dite du triangle de Pascal,
à ! à ! à !
n n n+1
+ = .
i−1 i i
Formule de Taylor et applications 4
Nous avons
à ! à !
³ ´0 n n ³ ´0 X n n ³ ´
( f g)(n+1) = ( f g)(n) f (i) g(n− i) = f (i+1) g(n− i) + f (i) g(n+1− i)
X
=
i =0 i i =0 i
à ! à !
n n n n
f (i+1) g(n− i) + f (i) g(n+1− i)
X X
=
i =0 i i =0 i
à ! à !
nX +1 n n n
(i) (n+1− i)
f (i) g(n+1− i)
X
= f g +
i =1 i − 1 i =0 i
"Ã ! Ã !#
n n n
= f (n+1) g + f g(n+1) + f (i) g(n+1− i)
X
+
i =1 i − 1 i
à !
nX +1 n + 1
= f (i) g(n+1− i) .
i =0 i
Ceci entraine que l’hypothèse H n+1 est satisfaite. Ainsi, la formule de Leibniz est démontée.
Nous terminons cette section par la proposition suivante, que nous pouvons déduire à partir de
la propriété 1 et de la formule de Leibniz.
Proposition 1
2. Fonctions convexes
Tout d’abord, on cherchera à se familiariser avec la notion de la convexité, et ensuite nous allons
établir le lien avec les fonctions dérivables. Rappelons que pour tous points a, b ∈ I tels que
aÉb
Définition 2
On dit que f est convexe sur I si pour tous points x, y ∈ I et tout scalaire λ ∈ [0, 1],
f (λ x + (1 − λ) y) É λ f ( x) + (1 − λ) f ( y).
Autrement dit, la fonction f est convexe si l’image du barycentre est plus petite que le ba-
rycentre des images. Notons aussi que dans la définition de la convexité, nous n’avons pas
supposer que la fonction f est continue.
Formule de Taylor et applications 5
f (λ1 x + λ2 y) É λ1 f ( x) + λ2 f ( y).
2. Montrer que f ∈ C 0 ( I ).
Interprétation géométrique de la convexité. La figure suivante représente une courbe
convexe C ( f ) d’une fonction réelle f coupée par une droite en deux points d’abscisses x et y.
L’image par f d’un point entre x et y est toujours plus petite que son image par la droite.
C (f )
Une droite coupant C ( f )
x y
y
y = ( x − 1)2
y = exp( x)
1
0
1 x
y = − ln( x)
à !
n
X n
X
f λi xi É λ i f ( x i ), (1.1)
i =1 i =1
Formule de Taylor et applications 6
On pose
λn λn+1
Xn = xn + xn+1 .
αn αn
Puisque
λn λn+1
+ = 1,
αn αn
donc X n ∈ I et d’après notre hypothèse de récurrence
λn λn+1
f (X n) É f ( xn ) + f ( xn+1 ). (1.2)
αn αn
Nous avons
nX
+1 nX
−1
λi xi = λ i x i + λn xn + λn+1 xn+1
i =1 i =1
nX −1
= λ i x i + αn X n .
i =1
Maintenant, nous appliquons encore une fois notre hypothèse de récurrence au points
x1 , x2 , · · · , xn−1 , X n ∈ I et aux scalaires λ1 , λ2 · · · , λn−1 , αn ∈ [0, 1], nous obtenons
à ! à !
nX
+1 nX
−1
f λi xi = f λ i x i + αn X n
i =1 i =1
nX
−1
É λ i f ( x i ) + α n f ( X n ). (1.3)
i =1
La fonction f est convexe sur I si et seulement si pour tout point z ∈ I , la fonction φ z définie
par
f ( x) − f ( z )
φ z ( x) = , x ∈ I \ { z}, (1.4)
x−z
est croissante.
Démonstration. Pour montrer que φ z est croissante, nous prenons deux points x, y ∈ I \ { z}
tels que x < y et nous considérons les trois cas suivants
Pour chaque cas, la démonstration se déduit facilement du fait que pour tous points a, b, c ∈ I
tels que a < c < b, l’inégalité suivante
f ( c ) − f ( a) f ( b ) − f ( c )
É
c−a b−c
est satisfaite si et seulement si
b−c c−a
f ( c) É f ( a) + f ( b).
b−a b−a
Nous allons maintenant se servir de la propriété 2 pour démontrer la propriété suivante.
Supposons que la fonction f est dérivable sur I . Alors f est convexe sur I si et seulement
si f 0 est croissante sur I.
0 f 0 ( x)( x − y) − ( f ( x) − f ( y))
φ y ( x) = , x ∈ I \ { y}.
( x − y)2
0
Pour que φ y Ê 0 il est nécessaire et suffisant que
Soit f une fonction deux fois dérivable sur un intervalle I . Alors f est convexe si et seule-
ment si f 00 Ê 0 sur I.
Soit f une fonction convexe et dérivable sur un intervalle I. S’il existe un point x0 ∈ I tel
que f 0 ( x o ) = 0, alors f admet un minimum global en x o sur I .
Exemples.
1. Pour tous points x1 , x2 , · · · , xn ∈ R, on a
à !2
n n
x2k .
X X
xk Én
k=1 k=1
La démonstration repose sur le fait que la fonction x 7→ x2 est convexe puisque f "( x) = 2 Ê
0. Il suffit maintenant d’appliquer l’inégalité de Jensen pour tous scalaires λ1 , λ2 , · · · , λn ∈
n
X
[0, 1] vérifiant λk = 1, on obtient alors
k=1
à !2
n n
λk x2k ,
X X
λk xk É
k=1 k=1
Autrement dit, la moyenne géométrique et toujours plus petit que la moyenne arithmétique.
Pour la démonstration, on peut appliquer l’inégalité de Jensen à la fonction ln .
Formule de Taylor et applications 9
3. Formule de Taylor
Comme ce qui précède, nous désignons toujours par I un intervalle ouvert de R et par f : I → R
une fonction réelle. Nous désignons aussi par n un entier naturel.
3.1. Préliminaire
Nous commençons d’abord par le cas simple d’une fonction polynôme.
Proposition 4
Un polynôme est entièrement déterminé par les valeurs de ses dérivées en un seul point.
P (k) (0)
ak = , pour tout k ∈ {0, 1, · · · , n}.
k!
2. Déduire que
n P (k) (0)
xk , x ∈ R.
X
P ( x) =
k=0 k !
3. A l’aide d’un changement de variable simple (une translation), montrer que
n P (k) ( x )
0
( x − x0 )k , x ∈ R.
X
P ( x) =
k=0 k!
Exercice. Polynômes de Taylor pour certaines fonctions usuelles de classe C ∞ . En calculons les
dérivées n ième au point 0, montrer le tableaux suivant.
Formule de Taylor et applications 10
f ( x) = P n ( x) + R n ( x), x ∈ I, (1.9)
Dans la suite, nous allons donner différentes expressions de la fonction reste de Taylor R n .
Exercice. A l’aide d’un changement de variable de type translation, montrer que (1.10) est
équivalente à dire que pour tout h ∈ I − { x0 }
f 00 ( x0 ) 2 f (n) ( x0 ) n h f (n+1) ( x0 + u)
Z
0
f ( x0 + h) = f ( x0 ) + f ( x0 ) h + h +···+ h + ( h − u)n du,
2! n! 0 n!
où I − { x0 } = { x − x0 : x ∈ I }.
Formule de Taylor et applications 11
Exemple. Il est bien connu que la fonction exponentielle est de classe C ∞ sur R, et la dérivée
n ième de la fonction exponentielle coïncide avec elle même. Pour un point fixe x0 ∈ R, nous
obtenons
e x0 x et
Z
x x0 x0
e =e + e ( x − x0 ) + · · · + ( x − x0 ) n + ( x − t)n dt, ∀ x ∈ R.
n! x0 n!
En particulier, lorsque x0 = 0, nous déduisons la formule de Taylor, avec reste intégral, de la
fonction exponentielle au point 0
xn x et
Z
x
e = 1+ x +···+ + ( x − t)n dt, x ∈ R. (1.11)
n! 0 n!
Démonstration du Théorème 1. Nous allons montrer par récurrence que
x f (k+1) ( t)
Z
f ( x) = P k ( x) + ( x − t)k dt, pour tout k ∈ {0, 1, · · · , n}. (1.12)
x0 k!
En substituons l’intégral figurant à (1.12) par le terme de la droite de l’égalité (1.13), nous
déduisons alors que (1.12) est aussi vérifiée pour l’indice k + 1 au lieu de k, comme voulu. Ceci
termine la démonstration du Théorème 1.
Soit f : I → R une fonction de classe C n et telle que f (n) est dérivable sur I. Fixons un point
x0 ∈ I. Pour tout point x ∈ I, il existe un point c entre x0 et x (dépendant de x) tel que :
f (n+1) ( c)
f ( x) = P n ( x) + ( x − x0 )n+1 , (1.14)
( n + 1)!
( x − x0 )n+1
ϕ n ( x) = .
( n + 1)!
Pour prouver l’égalité (1.14), il suffit de montrer que
où R n est la fonction reste du Taylor, défini par (1.8). En calculons la dérivée n ième par rapport
à la variable x, nous obtenons pour R n
R (n)
n ( x) = f
(n)
( x) − f (n) ( x0 )
et pour ϕn
ϕ(n)
n ( x) = ( x − x0 ).
Par conséquent
R (n)
n ( x) = f
(n+1)
( c)ϕ(n)
n ( x), x ∈ I. (1.16)
R (k
n
−1)
( x0 ) = ϕ(k
n
−1)
( x0 ) = 0. (1.17)
R (k)
n ( x) = f
(n+1)
( c)ϕ(k)
n ( x), x ∈ I. (1.18)
En intégrant (1.18) Z x Z x
R (k)
n ( t) dt = f (n+1)
( c) ϕ(k)
n ( t) dt, (1.19)
x0 x0
et puis en utilisant (1.17), nous obtenons
R (k
n
−1)
( x) = f (n+1) ( c)ϕ(k
n
−1)
( x), x ∈ I. (1.20)
Ainsi, nous avions montrer par récurrence que (1.16) implique (1.15). Ce qui termine la preuve
du Théorème 2.
Exemple. Reprenons l’exemple précédent (1.11) de la fonction exponentielle. Une simple appli-
cation du Théorème 2 à cette fonction au point 0 nous donne
xn exp c n+1
ex = 1 + x + · · · + + x , x ∈ R,
n! ( n + 1)!
Formule de Taylor et applications 13
Corollaire 1
Soit f : I → R une fonction de classe C n et telle que f (n) est dérivable sur I. Supposons de
plus que
sup | f (n+1) ( x)| = M < ∞.
x∈ I
| x − x0 |n+1
| f ( x ) − P n ( x )| É M , ∀ x ∈ I. (1.21)
( n + 1)!
L’inégalité (1.21) est une estimation de la fonction R n , le reste de Taylor défini par (1.8).
Exercice. Pouvons-nous utiliser le Théorème 1.10 pour déduire l’inégalité (1.21) ?
Application. Approximation de la valeur de la fonction sin au point 0, 01. Nous avons
Donc
sin(0) = 0, sin0 (0) = 1, sin00 (0) = 0 et sin(3) (0) = −1.
x3 sin( c) 4
sin( x) = x − + x , x ∈ R,
3! 4!
pour un certain point c entre 0 et x. Par conséquent
¯ 3 ¶¯¯ 4
x ¯É x ,
µ
x ∈ R.
¯
¯sin( x) − x −
¯ 3! ¯ 4!
Pour le cas particulier où x = 0, 01, nous déduisons
¯ 3 ¶¯¯ −8
¯sin(0, 01) − 0, 01 − (0, 01) ¯ É 10 .
µ
¯
¯ 3! ¯ 4!
Par conséquent ¯ 3 ¶¯¯
¯sin(0, 01) − 0, 01 − (0, 01) ¯ É 10−9 .
µ
¯
¯ 3! ¯
(0, 01)3
On dit alors que la valeur p = 0, 01 − est une valeur approché de sin(0, 01) à 10−9 prés.
3!
Ainsi notre approximation p de sin(0, 01) donne au moins 8 chiffres exacts après la virgule.
f ( x) = P n ( x) + ( x − x0 )n ε( x),
lim ε( x) = 0.
x → x0
3.5. Exemple.
Nous allons calculer les polynômes de Taylor au point 0 pour la fonction
1
f ( x) = , x > −1.
1+ x
La fonction f est de classe C ∞ . Nous avons
−1 2 −6
f 0 ( x) = , f 00 ( x) = , et f (3) ( x) = .
(1 + x)2 (1 + x)3 (1 + x)4
Il est facile de montrer par récurrence que
(−1)n n!
f (n) ( x) = , ∀ n ∈ N.
(1 + x)n+1
En particulier
f (n) (0)
= (−1)n , ∀ n ∈ N.
n!
Par conséquent
n
(−1)k x k , ∀ n ∈ N.
X
P n ( x) =
k=0
Voici donc les trois premiers polynômes de Taylor de f au point 0 :
P1 ( x) = 1 − x, P 2 ( x) = 1 − x + x2 , et P 3 ( x) = 1 − x + x2 − x3 .
Sur la figure, les graphes des polynômes P1 , P2 et P3 s’approchent de plus en plus au graphe
de f au voisinage de 0.
Formule de Taylor et applications 15
y
y = 1 − x + x2
1
0 y = 1+1 x
1 x
y = 1− x
y = 1 − x + x2 − x3
4. Résumé du Chapitre I
4.1. Fonctions convexes
Soit f : I 7→ R une fonction convexe, où I =]a, b[ est un intervalle de R.
– Inégalité de Jensen. Pour tous points x1 , x2 , · · · , xn ∈ I et tous scalaires λ1 , λ2 , · · · , λn ∈
[0, 1] vérifiant ni=1 λ i = 1, l’inégalité de Jensen suivante
P
à !
n
X n
X
f λi xi É λ i f ( x i ),
i =1 i =1
f ( x) Ê f ( x0 ), ∀ x ∈ I.
– Le cas d’une fonction convexe et deux fois dérivable. La fonction f est convexe si
et seulement si f (2) Ê 0.
– Formule de Taylor-Lagrange. Si f (n) est dérivable sur I, alors pour tous points a, b ∈ I,
il existe un point c, entre a et b, vérifiant
– Majoration de la fonction reste de Taylor. Si f (n) est dérivable sur I, et telle que
n o
sup | f (n+1) ( t)| = M < ∞,
t∈[a,b]
lim ε( x) = 0,
x→ x0
et vérifiant
f (2) ( x0 ) f (n) ( x0 ))
f ( x) = f ( x0 ) + f 0 ( x0 )( x − x0 ) + ( x − x0 )2 + · · · + ( x − x0 )n + ( x − x0 )n ε( x),
2 n!
pour tout x dans I.
– Polynômes de Taylor pour certaines fonctions usuelles de classe C ∞ .
Fonction Polynôme de Taylor au point 0
xn
exp( x) 1+ x +···+
n!
x3 (−1)n 2n+1
sin( x) x − +···+ x
3! (2 n + 1)!
x2 (−1)n 2n
cos( x) 1− +···+ x
2 (2 n)!
1
1 + x + x2 + · · · + x n
1− x
1
1 − x + x2 + · · · + (−1)n x n
1+ x
α(α − 1) 2 α(α − 1) · · · (α − n + 1) n
(1 + x)α 1 + αx + x +···+ x
2 n!
2 n
x x
ln(1 − x) −x − −···−
2 n
x2 (−1)n−1 n
ln(1 + x) x − +···+ x
2 n