Montesquieu
Montesquieu
Montesquieu
*Schématiquement dit;
Caractéristique Principe
Pour Montesquieu, peu importe le régime choisi, tant que ce n'est pas le despotisme. Cependant,
• la république a des risques de dérives en raison de la démagogie ; c'est donc un régime à
éviter ; de plus, se reposer sur la vertu de tous en fait une quasi utopie ;
• la monarchie risque toujours, en raison de la simple distribution des pouvoirs entre législatif
et exécutif (pas de séparation des pouvoirs), de dériver vers le despotisme. Pour éviter cela, il
faut que la monarchie soit modérée. Cette modération s'opère par la présence
d'intermédiaires ayant une troisième puissance, la puissance judiciaire, indépendante des
deux autres (exécutive / législative). La monarchie modérée est donc pour lui le meilleur des
régimes.
Par conséquent, Montesquieu ne préconise pas une séparation des pouvoirs totale mais une
séparation des pouvoirs limitée (que la doctrine qualifiera par la suite de séparation des pouvoirs
souple).
La théorie des climats
Une des idées de Montesquieu, soulignée dans De l'esprit des lois et esquissée dans les Lettres
persanes, est la théorie des climats, selon laquelle le climat pourrait influencer substantiellement la
nature de l'homme et de sa société. Il va jusqu'à affirmer que certains climats sont supérieurs à
d'autres, le climat tempéré de France étant l'idéal. Il soutient que les peuples vivant dans les pays
chauds ont tendance à s'énerver alors que ceux dans les pays du nord sont rigides. Si cette idée peut
sembler aujourd'hui relativement absurde, elle témoigne néanmoins d'un relativisme inédit à l'époque
en matière de philosophie politique. Elle inaugure dans ce domaine une nouvelle approche du fait
politique, plus scientifique que dogmatique, et s'inscrit ainsi comme point de départ des sciences
sociales modernes.
De l'esprit des lois (1748)
« Les peuples des pays chauds sont timides comme les vieillards le sont ; ceux des pays froids sont
courageux comme le sont les jeunes gens. […] nous sentons bien que les peuples du nord, transportés
dans les pays du midi, n'y ont pas fait d'aussi belles actions que leurs compatriotes qui, combattant
dans leur propre climat, y jouissent de tout leur courage. […] Vous trouverez dans les climats du nord
des peuples qui ont peu de vices, assez de vertus, beaucoup de sincérité et de franchise. Approchez
des pays du midi vous croirez vous éloigner de la morale même ; des passions plus vives multiplient les
crimes […] La chaleur du climat peut être si excessive que le corps y sera absolument sans force. Pour
lors l'abattement passera à l'esprit même : aucune curiosité, aucune noble entreprise, aucun
sentiment généreux ; les inclinations y seront toutes passives ; la paresse y sera le bonheur » (livre XIV,
chapitre II).