Livre Etre Un Leader Ere Numerique V2
Livre Etre Un Leader Ere Numerique V2
Livre Etre Un Leader Ere Numerique V2
l’ère du numérique
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"Dans le futur, les leaders seront ceux
qui savent donner le pouvoir aux autres."
Bill Gates
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SOMMAIRE
Depuis presque cinquante ans, Entreprise et Progrès fait bouger les lignes pour
inventer de nouvelles manières de diriger, d’animer et de motiver les femmes et les
hommes qui constituent la plus grande richesse de nos organisations.
Née à la fin des bouillonnantes années 60, issue de la volonté farouche de quelques
patrons visionnaires qui voulaient changer de paradigme, l’association fondée par
François Dalle a honoré sa promesse.
Notre intelligence collective a remporté des victoires dont nous sommes fiers.
L’intéressement, les stock-options et le rapport RSE, baptisé à l’époque “rapport
Arc en ciel”, sont trois exemples d’innovations majeures que nos dirigeants ont
portées au fil des années. Notre méthode est connue : mobiliser, agir, s’engager.
L’entreprise est notre passion.
Pour nous, son destin est d’être un bien commun car dans un contexte où
l’écosystème se complexifie chaque jour, la responsabilité de l’entreprise s’étend
évidemment bien au-delà d’elle-même. Cette conviction est devenue notre devise.
Au cours des dernières années, nous avons accéléré notre réflexion sur les nou-
veaux modes de travail et proposé un cadre pour ce qui pourrait devenir un “code
de la personne au travail”centré sur le parcours professionnel des individus plus
que sur les postes de travail. Nous avons aussi créé des outils pour anticiper les
restructurations.
A chaque fois, il s‘agit de répondre à la question qui hante, au bon sens du terme,
le dirigeant : comment garantir une croissance durable à mon entreprise tout
en optimisant ma relation avec les hommes et les femmes qui y travaillent ? A
chaque fois, nous avons partagé nos réflexions et nos recommandations avec ces
interlocuteurs privilégiés que sont les élus, et tout particulièrement ceux qui font
les lois, les députés.
A chaque fois, nous avons pris soin d’adapter nos recommandations aux nou-
velles technologies qui changent les modes de production, de commercialisation
et de communication.
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Nous avons consacré l’année 2015 à une question épineuse : comment être un
leader à l’ère du numérique ? Dans une économie où le client est devenu un déci-
deur, où règnent les algorithmes, où les hiérarchies s’aplatissent et où la circula-
tion de l’information est la valeur cardinale, comment s’exerce la responsabilité
du dirigeant à l’égard des femmes et des hommes de l’entreprise ? Quelle doit
être sa posture ? Que devient la culture d’entreprise ? Nous sommes là, une fois
encore, au cœur des enjeux d’Entreprise et Progrès.
Denis Terrien
Président d’Entreprise et Progrès
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Le leadership à l’ère du numérique : un enjeu
beaucoup plus stratégique qu’il n’y paraît…
Avec cette révolution, les dirigeants entrent dans une ère de déstabilisation per-
manente, même ceux qui se sentent encore à l’abri. Leur seule certitude est qu’ils
doivent désormais vivre avec l’incertitude. Autrement dit, être capables d’agilité
et de modestie. Il s’agit de bouger très vite, mais avec discernement. Comme le
disent les Américains, le monde est VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity
and Ambiguity). En français, tout change tout le temps.
Fort heureusement, de plus en plus de PDG comprennent qu’il est illusoire de faire
mieux de la même façon. Ils sont désormais convaincus que leur entreprise arrive
au bout d’un modèle. L’heure est à la métamorphose systémique et en profondeur
pour que la culture numérique pénètre tous ses compartiments. Sans exception.
Cela implique d’élaborer une nouvelle stratégie (conçue autrement car les an-
ciens modèles d’analyse ne fonctionnent plus). Et une nouvelle vision qui redéfinit
la mission, les objectifs, le business model, l’organisation, la culture interne et
l’écosystème dans son ensemble.
Pas moins. Avec le Board et le Codir, le dirigeant est en première ligne, sa respon-
sabilité est considérable.
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La transformation digitale est avant tout culturelle et managériale
C’est désormais une chose entendue, une transformation digitale signifie des
changements longs, profonds, compliqués et coûteux. Elle affecte l’ensemble
d’une organisation qui a pourtant démontré son efficacité au fil des décennies.
Forgée autour de modèles économiques et de principes d’action éprouvés, mais
qui n’ont guère évolué, cette dernière se révèle soudain inadaptée au Nouveau
Monde qui arrive.
Pour réussir, il lui faut donc beaucoup anticiper les résistances au changement (et
les chiffrer en conséquence dans le ROI du chantier). Et éviter de se contenter de
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rajeunir de vieux principes. Comme le disait Keynes : “La difficulté n’est pas de
comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes.” Il s’agit de
faire autrement.
Pour cela, il lui faudra développer sa solidité intérieure, faire preuve de vision, de
courage, d’abnégation, de pugnacité et d’indifférence aux critiques, aux pressions,
aux lobbies. Comme il découvrira que le chemin est plus important que l’objectif,
devenu imprédictible, pour faire face, il affichera plus d’attitude que d’aptitude,
plus de convictions que de certitudes, plus de savoir-être que de technique. Car
c’est dans sa posture d’ouverture aux idées de rupture, d’envie de changer et de
capacité de remise en cause permanente des hypothèses que se fera la différence.
En cohésion et en solidarité, le Codir n’est pas en reste ; il doit relayer, expliquer,
entraîner.
C’est pour sensibiliser les chefs d’entreprise à cet enjeu stratégique encore peu
identifié de la transformation digitale que nous avons proposé à l’association En-
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treprise et Progrès, dont nous sommes membres, d’inscrire ce chantier majeur à
l’agenda de l’année 2015.
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Executive Summary
Finalité de ce chantier
Regards croisés sur l’état du Exploration de voies nouvelles Questionnement sur la posture
monde actuel et les grandes pour diriger dans les entreprises de dirigeant en tant que leader
mutations qui le secouent à l’ère du numérique du futur
Nous entrons dans une nouvelle ère de civilisation plus percutante qu’une
1 simple mutation technologique
Le paradigme émergent de la culture numérique et les nouveaux usages à l’ère
digitale nous bousculent et nous interpellent dans nos certitudes fondées sur des
schémas mentaux et des modèles trop rationalistes et individualistes. Apprenons
à désapprendre et remettons-nous individuellement et collectivement en question
pour saisir les opportunités du numérique. Cela demande un lâcher prise, le droit
à l’erreur pour apprendre, l’expérimentation pour créer et innover.
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L’innovation devient la priorité stratégique majeure dans une nouvelle
2 économie mettant en question nos business models
Cette nouvelle économie, centrée sur l’intensité créative et la co-création de
valeur, oblige à transformer en profondeur les stratégies “client” et les relations
avec toutes les parties prenantes. La confiance est essentielle à l’ère numérique.
L’expérience “client” et le rapport à la multitude scannée et profilée au sein du
“big data” sont des facteurs clés de réussite. Créons donc les conditions pour que
l’innovation et le potentiel créatif percolent dans toute l’organisation.
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Les conférences en bref et témoignages de dirigeants à chaque étape
de ce chantier
“Dans les années 2000, j’ai vécu l’ère numérique comme la continuité du traitement de
l’information que je vivais depuis une trentaine d’années. Je n’avais pas réalisé
que c’était le cadre qui était en train d’exploser sous nos yeux. Cela m’est apparu
comme une évidence lors de ce premier atelier sur le leadership”.
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répartition de la valeur entre ses maillons (Création-Production-Distribution-
Vente-Client final). Même si toutes les entreprises continuent à exercer la même
activité, elles doivent céder une partie de leur marge aux nouveaux entrants, les
entreprises numériques. La transition numérique déforme la chaîne de valeur et
redistribue la valeur entre les entreprises en place et les entreprises numériques,
qui s’immiscent dans la filière, y déploient de nouveaux business models et y captent
une part croissante de la valeur. Cas célèbres de Booking.com ou YouTube, mais
aussi Amazon, Uber, Blablacar et autres Airbnb.
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Témoignage de François Deneux, Partner chez Arthur D.Little
“J’ai remarqué que dans les centres de production, parcelliser à l’extrême chaque
process, c’est-à-dire ‘diviser les choses sans les comprendre’ est dès que possible
remis en cause par les salariés eux-mêmes. L’entreprise libérée semble une avancée
naturelle de la bonne marche de l’entreprise ; ceci pour autant que le dirigeant de
l’entreprise soit prêt à lâcher la bride”.
L’idée derrière cela, c’est de se rendre compte que ce n’est pas une illusion
d’optique mais la révélation d’une réalité dissimulée.
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Pour susciter l’innovation, il est important de susciter la réflexion plutôt que
d’imposer une vision très égocentrique. Le nouveau leader est donc peut-être
moins celui qui représente le sauveur mais plus l’homme qui est capable de mettre
en mouvement ses équipes”.
“Plusieurs choses m’ont frappé pendant nos ateliers : les références culturelles, la
collaboratif et la mise en mouvement. Sur les références culturelles, le vrai sujet est
pour moi que l’entreprise arrive à changer de référence culturelle. Nous sommes
entrés dans l’ère du collaboratif – notamment avec les clients ; le mode de fonc-
tionnement de l’entreprise doit donc être totalement revu.
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6. Les leaders des nouvelles générations
“J’avais une forte envie de bousculer les lignes dans mon entreprise. Il
m’apparaissait urgent de libérer l’énergie pour aller plus vite, être plus efficace,
faire que chacun se sente plus responsable… mais par où commencer. Les ateliers
Leadership d’Entreprise et Progrès et l’ouverture d’un nouveau magasin très in-
novant (40 personnes concernées, de la conception à l’exploitation) me donnèrent
l’opportunité d’initier une nouvelle forme de relations dans l’entreprise. Trois gé-
nérations d’acteurs, un biotop social et culturel, une envie forte de faire ensemble.
Cette démarche s’est clôturée lors d’un 7ème atelier élargi auquel une centaine de
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dirigeants ont participé.
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Découvrir le monde émergent
World Café
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Pierrre
Giorgini
1. Synthèse de la conférence
La transition fulgurante. Vers un bouleversement
systémique du monde ?
Plus qu’une crise, nous vivons la transition entre un ancien monde et un monde
nouveau, vers une économie davantage fondée sur la création que sur la production.
L’Université Catholique de Lille participe au mouvement en investissant 50 mil-
lions d’euros dans des écosystèmes innovants. 110 projets d’innovation par an –
en partenariat direct avec les entreprises – sont suivis chaque année.
1) L’approche techno-scientifique
Les grandes transitions de notre humanité ont toujours coïncidé avec des trans-
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formations d’ordre techno-scientifique.
2) La transition socio-économique
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Pour aller plus loin, la décentralisation de l’énergie entraîne évidemment des
problèmes de dynamiques car parfois il y a trop d’énergie, parfois pas assez. Jé-
rémy Rifkin insiste sur les “smart grids”, c’est-à-dire des systèmes intelligents qui
pourront organiser les coopérations énergétiques pour réaliser le mix énergétique
optimal à l’échelle d’un quartier, d’une ville.
Le monde est en train de passer d’une économie centrée sur l’économie productive
à une économie centrée sur l’intensité créative.
Pour l’anecdote, explique Pierre Giorgini, il y a encore 10 ans, j’aurais dit à mes
enfants d’étudier les maths, la physique, de faire une grande école d’ingénieur…
mais plus maintenant car cette partie, la gestion rationnelle des données, va être
prise en charge par les machines. Aujourd’hui, il faut étudier les arts et la phi-
losophie. Je pense qu’il faut arrêter d’enseigner les maths à l’école comme nous le
faisons aujourd’hui et réhabiliter les mathématiques qui aident à raisonner philos-
ophiquement, qui conduisent à élaborer une vision du monde.
L’entreprise du 3ème millénaire sera celle qui arrivera à donner le sentiment légi-
time, justifié et vérifiable à ses salariés qu’ils sont co-créateurs de la valeur globale.
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Dans une entreprise, comment
reconnait-on l’intensité créa-
tive ? Pierre Giorgini évoque le
nuage d’étourneaux.
Ce sentiment est en train de se dissoudre aussi bien dans les relations avec l’Etat
que dans les relations avec le marché. Qui, aujourd’hui, en payant ses impôts, a
le sentiment de créer de la valeur globale ? Les gens choisissent de jouer ailleurs.
L’enjeu est maintenant de savoir comment l’Etat et le marché vont être capables
de se réinventer dans ces communautés de résilience économique et dans tout ce
qui émerge de ces systèmes coopératifs maillés.
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Le choc de productivité, c’est toujours une bonne nouvelle. La mauvaise nou-
velle, c’est notre incapacité à adapter nos modèles économiques à de nouvelles
formes de développement. Notre modèle économique est périmé car aujourd’hui
la création de valeur est uniquement pensée en termes d’emplois économiquement
viables.
Prenez l’exemple du chômeur qui travaille avec sa femme aux Restos du Cœur et
au Secours Catholique 30 heures par semaine depuis 20 ans. Au fond, quelle est
la différence entre lui et un fonctionnaire mal payé ? Cet homme est cocréateur de
valeur globale et pourtant il est considéré par le système comme “out”. Pareille-
ment pour une mère qui éduque 4 enfants. En quoi ne serait-elle pas co-créatrice
de valeur ?
Donc, nous devons aller vers un modèle économique qui reprend cette création
de valeur. Ainsi, la question est : comment conduire cette transition sans que des
hommes et des femmes en soient exclus ?
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2. Making-Of
Au-delà de la diversité de leurs points de vue et des orientations prises dans leurs
entreprises, la fertilisation croisée de leurs idées lors d’un “World Café” a fait
émerger quelques idées fortes partagées par tous.
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3. Convictions des dirigeants d’Entreprise et
Progrès
“
Accueillons avec enthousiasme la révolution numérique, cette tran-
sition fulgurante, avec la certitude que nous sommes dans un monde
d’opportunités extraordinaires.
“
Soyons ouverts à la nouveauté et co-créateurs de valeur dans cette nou-
velle économie centrée sur l’intensité créative.
“
Restons vigilants sur les risques psychosociaux pour conduire cette tran-
sition sans exclusion, en embarquant au mieux toutes les couches de la
population. Gardons l’espoir dans la Personne et dans les fondamentaux
d’un management axé sur des valeurs intangibles.
“
Soyons conscients de la nécessité de questionner nos modèles trop ra-
tionalistes et individualistes dans la gestion des affaires de l’Etat (retraite,
sécurité sociale), dans la formation dispensée par l’Education Nationale
et dans le fonctionnement encore trop cloisonné de nos entreprises.
“
Abandonnons nos certitudes et soyons capables de nous remettre en
question personnellement et collectivement, d’apprendre à désappren-
dre, de réapprendre à changer de plan, jusque et y compris la transcend-
ance en s’ouvrant à une compréhension plus globale du monde par la
philosophie, l’histoire et les Arts.
“
Réinventons un mode de leadership adapté à ce nouveau monde, fondé
sur une légitimité de pouvoir non plus liée au poste mais bien à la capacité
d’incarner et représenter un collectif, de diriger et non plus de manager.
L’authenticité, le courage et la loyauté sont des valeurs importantes asso-
ciées à ce nouveau type de leadership.
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Découvrir le monde émergent
L’âge de la multitude
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Nicolas
Colin
1. Synthèse de la conférence
L’âge de la multitude
Ce qui a changé entre les années 90 et aujourd’hui, c’est que les entreprises émé-
rites des années 90 étaient toutes des start-ups, c’est-à-dire des petites entreprises
plus ou moins bien financées. Cela a radicalement changé.
Aujourd’hui, les entreprises numériques sont devenues pour certaines très grandes.
Elles sont les plus grandes entreprises du monde (Google, Apple, Facebook). Et
surtout, ces entreprises grandissent en termes d’impact sur la société et d’impact
sur l’économie. Nous sommes désormais spectateurs – tous les jours – de ces
incendies qui sont allumés par l’irruption d’une entreprise numérique sur un mar-
ché et donc par le bouleversement que cela provoque dans la manière de fonction-
ner de la filière de ce marché.
Idée majeure : la révolution numérique est déjà passée ; elle a eu lieu en 2011. Il
est temps d’en tirer les leçons. Nous nous situons actuellement dans une période
de transition qui devient globale pour toute notre économie. Cela signifie que la
transition numérique dont nous parlons se décline dans l’ensemble des filières
– c’est-à-dire l’ensemble des entreprises qui, tout au long de la chaîne de valeur,
servent un marché donné.
Ce ne sont pas tant les entreprises individuellement qui sont affectées par la tran-
sition numérique que les filières qui regroupent des quantités d’entreprises répar-
ties sur plusieurs secteurs. Empilées les unes sur les autres, parfaitement encastrées
les unes dans les autres, elles se sont habituées pendant des décennies à travailler
ensemble dans un cadre juridique, économique et politique donné. Ainsi, se sont
installées des pratiques de marché, des normes parfois transcrites dans le droit
positif, qui ont progressivement rigidifié le marché. Or, cette rigidité explose en
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raison du numérique. Force est de constater que les entreprises traditionnelles
exercent de bonne foi un déni de réalité fondé sur une croyance hasardeuse. Elles
trouvent toujours de bonnes raisons de considérer que la transition numérique
est réversible et qu’elles vont pouvoir conserver leurs avantages par rapport aux
entreprises numériques.
Dès cette étape, une différence majeure apparaît entre les entreprises tradition-
nelles et les entreprises numériques : une entreprise traditionnelle sert tous ses
clients de la même manière ; l’entreprise numérique se conçoit dès le départ com-
ment devant servir ses clients de manière personnalisée.
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En effet, pour les entreprises traditionnelles, les marges sont
réduites, le chiffre d’affaires est moindre, les clients partent,
les besoins exprimés par les clients ne peuvent pas être sat-
isfaits. A ce stade, en général, les entreprises traditionnelles
attaquent en justice. Exemple du procès Napster aux Etats-
Unis ou des compagnies de taxis contre les VTC.
Phase de déni : les entreprises en place ont encore l’espoir sincère que les efforts
de lobbying qu’elles entretiennent auprès des pouvoirs publics vont permettre
d’amadouer les entreprises numériques, de les canaliser.
Etape 5 : L’impatience
La relation est devenue tellement intime et privilégiée entre l’entreprise numé-
rique et ses clients que l’entreprise numérique sait percevoir et analyser tous les
besoins des clients. Soit elle sait les satisfaire et tout va bien, soit elle ne sait pas et
elle se retourne vers certaines entreprises traditionnelles en leur disant qu’il faut
agir et produire différemment. Si ces entreprises traditionnelles ne le veulent pas,
ces entreprises numériques vont essayer de s’adapter à cette nouvelle demande
des clients. Exemple de Netflix qui s’est mis à créer ses propres séries visibles en
“binge watching”(regarder toutes les saisons d’un coup) car les producteurs de
séries traditionnelles estimaient que les séries fonctionnent du fait d’une diffusion
étirée dans le temps (un épisode par semaine par exemple) ; cela crée le suspense,
estiment-elles.
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Plus une entreprise grandit, plus elle grandit vite car la conquête du client mar-
ginal est de moins en moins coûteuse dans la mesure où cette entreprise a de plus
en plus de clients.
1. Tout est dans les effets de réseau. L’entreprise numérique va réussir si elle est
installée dans des effets de réseau. D’où l’obsession de la croissance pour les
dirigeants de ces entreprises.
Conclusion générale
Le pétrole abondant et peu cher qui irriguait l’économie de masse précédemment a été
remplacé par une nouvelle ressource, la multitude. Aujourd’hui, nous sommes tous con-
voités par les entreprises numériques. Nous sommes les dépositaires de ressources cru-
ciales pour ces entreprises, nous générons des flux de données en permanence ; ce sont
ces données qui permettent la croissance de ces nouvelles entreprises. Par analogie, quand
tout le monde sera connecté, ce sera l’équivalent du “pic de production”pour le pétrole.
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2. Making-Of
Pour éviter les dénis habituels pratiqués dans des entreprises traditionnelles et
mettant en risque leur survie dans cette période de transition numérique, les di-
rigeants ont échangé des idées “out of the box” sur les scénarios catastrophes
pour leurs entreprises dans cette “après” révolution numérique. L’intérêt de cette
réflexion a été de rebondir ensuite sur le positif en inversant les “cauchemars”
pour trouver les opportunités à saisir dans leurs entreprises dans cette ère de la
“multitude”.
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3. Convictions des dirigeants d’Entreprise et
Progrès
“
Nouons des alliances intelligentes, essaimons et proliférons en cherchant
dans une stratégie de réseaux à se connecter avec des activités numéri-
ques ; c’est vital car une entreprise traditionnelle ne peut que difficile-
ment se transformer en entreprise numérique. C’est un non-sens !
“
Associons-nous impérativement à ces patrons de la nouvelle économie
et réformons nos entreprises en évitant la peur de l’échec. Challenge cul-
turel pour nous, Français. Si la France est bien équipée en ingénieurs
pour répondre au défi technologique, elle souffre de limites culturelles
par rapport au risque. Ne restons pas figés dans des combats retardata-
ires et des débats conservateurs : pensons déjà à la voiture sans chauffeur
plutôt qu’Uber vs. Taxis !
“
Simplifions nos organisations pour mettre le client et son expérience au
centre : excellence, vitesse d’exécution. Attention aux micro-détails pour
fidéliser le client. L’infime est devenu stratégique. L’expérience client est
devenue la nouvelle R&D de l’entreprise.
“
Soyons attentifs aux salariés (collaborateurs) qui risquent de devenir de
simples exécutants, pris en étau dans une forme de collusion entre le
patron et les clients qui dans la nouvelle économie sont devenus une
“multitude” scannée, profilée au sein du “big data”.
“
Lâchons prise par rapport aux processus traditionnels trop bien réglés
pour laisser l’innovation percoler dans toute l’organisation. Saisissons les
opportunités offertes par les nouveaux usages de ces entreprises numé-
riques pour créer de nouvelles offres et attirer ainsi de nouveaux talents.
“
Soyons capables d’un leadership adapté au passage d’une société de bi-
ens à une société de liens. La con-fiance est une valeur essentielle dans
le monde en réseau. C’est une valeur sur laquelle nous devons nous ap-
puyer plus que jamais. Apprenons à valoriser le capital humain des in-
dividus qui vont constituer les communautés numériques et donner un
regain de motivation.
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Transformer son organisation
Dessin collectif
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Carlos
Verkaeren
1. Synthèse de la conférence
Organisation libérée, performance assurée ?
En prenant la tête du groupe Poult il y a huit ans, Carlos Verkaeren a été obligé de
mettre en place un plan social afin d’ajuster les frais fixes pour sauver la situation.
Trois années après l’amélioration rapide qui s’en est suivie, de nouvelles pertur-
bations se sont fait sentir. Cette fois-ci, le dirigeant a décidé de procéder autre-
ment, notamment en voyageant et en s’inspirant d’entreprises telles que Google,
DreamWorks, ou encore Semco (qui affiche une croissance à deux chiffres depuis
25 ans) afin de comprendre les secrets qui leur permettent de repousser les limites
de l’innovation et de la performance sur le long terme, tout en restant dans une
dynamique d’enthousiasme pour les salariés.
Dans le cas de Poult, cette révolution culturelle a été lancée en 2007 à Mon-
tauban. L’usine a été arrêtée pendant deux jours et tous les collaborateurs de
l’entreprise ont été réunis dans un théâtre pour s’exprimer ouvertement sur toutes
formes d’innovation.
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• a la conviction que la stratégie des indicateurs avec bonus ne fonctionne pas
• pense qu’il faut arrêter de penser que dans une usine de 400 personnes, on
peut tout contrôler
On procède par familles de produits, avec des équipes d’une dizaine de personnes
qui portent la stratégie de la famille de produis en question, prennent les décisions
d’investissement et de recrutement. Ces équipes se fixent des objectifs internes qui
ne seront pas publiés. Une fois par an, elles exposent leurs avancées au reste de
l’entreprise. A cette occasion, l’accent est mis sur le changement de paradigme, les
équipes doivent donc répondre à la question ”Qu’avez-vous fait pour améliorer
?”.
Si des plans prévisionnels à trois ou quatre ans ne sont plus mis en place,
l’importance de l’anticipation est soulignée à travers l’élaboration de scénarios,
notamment en ce qui concerne le numérique. Exemple : que se passera-t-il de-
main si Amazon décide d’intervenir sur le secteur de l’alimentation ? Quid du
réchauffement climatique ?
Dans cette philosophie, Carlos Verkaeren considère que les entreprises ont un
rôle sociétal important, en voulant changer le monde et mettre l’homme au cœur
de leur système et en les faisant collaborer sur des tas de sujets. Désir de faire
œuvre d’utilité publique avec un regard complètement différent et une liberté de
parole qui change la perception habituelle que nous avons de l’entreprise. Le rôle
éducatif et de formation est, lui aussi très important. “Nous, on veut changer le
monde”, “Mettre l’homme au cœur” : pour réaliser cela, il faut associer compéti-
tion et communication.
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• L’adaptation très facile - le manager devient plutôt un “animateur”
• Le doute - la personne se pose des questions, a besoin d’aide pour changer
• L’incapacité à s’adapter à cette nouvelle organisation - ces personnes finissent
par s’en aller
Le business model, quant à lui, n’a pas vraiment changé, même s’il s’inspire
de l’extérieur et cherche toujours à trouver de nouvelles sources de croissance.
L’important pour cela est de s’appuyer sur le savoir-faire de l’entreprise. En
revanche, la liberté et l’agilité se déploient davantage sur de nombreuses petites
“niches” plutôt que sur une activité unique. Les salariés sont associés à la crois-
sance de l’entreprise notamment grâce à un plan d’intéressement.
A Montauban, sur 200 ouvriers, 80 volontaires ont vu leur métier évoluer. Leurs
salaires ont progressé et des formations leur ont été proposées.
Tous les résultats sont transparents (pas les salaires). S’il y a des réticences chez
certains, l’état d’esprit de ces ouvriers volontaires a considérablement changé : ils
ont la possibilité de s’investir de façons très diverses, de prendre de nombreuses
initiatives. Ce qui a créé une nouvelle culture d’entreprise, basée notamment sur
la volonté d’initiative.
Carlos Verkaeren dit “être peu dans les différents projets” et précise qu’il y a des
moments où il aurait dit “non” s’il avait été consulté. Il lui est étrange, en tant que
leader, de ne plus recevoir autant de mails et de coups de téléphone qu’autrefois.
Il faut alors se réinventer et être capable de faire un gros travail sur soi, sur la con-
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naissance de soi-même. “C’est quand ça va mal qu’il faut
libérer les énergies”.
Les procédures peuvent en effet paraître plus lentes et il faut résoudre l’équation
suivante : “Est-ce que je fais participer tout le monde ou bien est-ce que je prends
une décision rapide ?”
Conclusion
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2. Making-Of
Pour comprendre alors pourquoi il paraît si difficile de transformer son entreprise pour
remédier à tous ces maux, ils ont échangé sur ce qu’il y avait à perdre et à gagner en pas-
sant du mode d’organisation d’une entreprise traditionnelle à un celle d’une entreprise
libérée.
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3. Convictions des dirigeants d’Entreprise et
Progrès
“
Libérons nos entreprises pour accroître la résilience dans un monde vivant en
changement permanent ; cela sera possible à condition de créer une adhésion
forte des collaborateurs dans cette transformation. Soyons attentifs au middle
management remis profondément en question dans cette transformation dans
laquelle l’expertise n’est plus rassemblée par étage.
“
Prenons garde aussi aux personnes pour qui la perte de repères, dans cette nou-
velle organisation et ce nouveau management, peut être source d’insécurité.
“
Adoptons un système d’évaluation basé sur la connaissance et la compétence
(vs. diplôme) et un système de rétribution en fonction de la contribution.
“
Réinventons nos indicateurs clés de performance (KPI). Si au lieu de définir
l’entreprise par son chiffre d’affaires et son profit, nous faisions référence
aux impôts et charges sociales versés, cela permettrait de percevoir la contri-
bution des entreprises à la réduction du déficit de la sécurité sociale. Fin de
l’omnipotence de la finance. Prenons plus en compte l’humain.
“
Mettons en œuvre une employabilité accrue en améliorant la formation.
Privilégions l’employabilité plutôt que le CDI et développons la responsabi-
lisation des personnes travaillant en mode “projet”, en posture permanente
d’apprentissage et avec un droit à l’erreur rendu obligatoire.
“
Gagnons un temps considérable pour produire de la véritable valeur ajoutée
en mettant fin au reporting et au contrôle permanents. Déconnectons du titre
l’accès à l’information.
“
Déverticalisons nos hiérarchies pour créer des systèmes plus circulaires. Soy-
ons des leaders qui mènent et conduisent vers la vision, en établissant des
relations directes avec les collaborateurs, en s’appuyant sur de vraies valeurs
choisies ensemble (vs. discours RSE un peu bidon).
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Transformer son organisation
Constellation organisationnelle
42
Christian
Monjou
1. Synthèse de la conférence
Jardins à la française et jardins à l’anglaise :
quelle vision du monde, de l’être et de l’organisation ?
Postulat : les jardins sont des machines à produire du sens. Une des manières les
plus subtiles, pour les sociétés, d’incarner leurs spécificités.
Le jardin à la française
Description
• Primauté de la ligne droite (la ligne naturelle étant la courbe). La ligne droite
est une ligne abstraite car il y a une prise de recul par rapport au réel. Un
schéma intellectuel est imposé au réel.
• En amont du château, tout converge vers le château et en aval tout diverge à
partir du château. Dans le jardin à la française, il y a une mono-polarité (rôle
de centre et de sommet du centre).
• Du salon, sur la marche la plus haute et au centre – où se situe le roi – la vi-
sion est globale. Dans l’œil du roi se reflète tout le jardin.
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• Le seul autre endroit d’où vous voyez aussi la
totalité du jardin, c’est l’endroit qui est symétrique-
ment opposé à celui de l’œil du roi.
• Parallèle avec le recrutement dans l’entreprise : si
vous ne savez pas recruter des gens en symétrie avec
un œil qui voit autre chose que vous, c’est problé-
matique.
• Exemples des ministres sous la monarchie :
Richelieu, Mazarin.
• L’oreiller du roi est situé exactement dans la
médiatrice, par définition centrale, du miroir central
de la galerie (axe est-ouest). Quand le roi lève la tête
le matin pour le petit lever, le soleil se lève et toute
action devient légitime ; quand le roi dépose la tête
au grand coucher le soir, le soleil se couche, tout ac-
tion devient alors illégitime.
Considérations
• Le jardin à la française met en image de manière
très claire l’idée que la France ne s’est jamais libérée
du modèle absolutiste qui est un modèle pervers et
destructeur. Méfiance totale à l’égard de toute initia-
tive – en particulier économique – qui ne viendrait pas
du centre et du sommet.
• Ce modèle absolutiste a sauté à la révolution
française avec les girondins mais est revenu avec
l’instauration de l’Empire.
• Le jardin est organisé totalement et entouré
d’un mur. Ce mur sépare le monde lisible du monde
illisible. Le monde de la raison est distinct du monde
des instincts.
• Aucune illusion d’optique ne figure à Versailles ;
il n’est pas question que l’œil du roi soit floué par
l’organisation de l’espace. Si le roi est dans l’illusion
par rapport à l’organisation de l’espace, alors il n’est
plus le roi.
• La grande figure du jardin à la française est
Descartes. En Angleterre, c’est John Locke.
44
• Différence entre la conscience cartésienne (jardin à la française) et la con-
science lockéenne (jardin à l’anglaise) :
• La conscience cartésienne c’est quand vous achetez un ordinateur dans
lequel figurent déjà des téléchargements, donc vous allez faire fonctionner
votre ordinateur en fonction de “choses”existantes.
• Chez Locke quand vous achetez votre ordinateur, il n’y a aucun logiciel
téléchargé. Vous allez devoir prendre le risque de partir à la découverte de
l’univers et à partir de vos sensations, de constituer votre conscience. De
la sensation, vous passez à la valeur puis à la mémoire. Mais tout ça ne
peut venir que de l’expérience faite de la réalité.
Point d’histoire
• Organisation des jardins confiés à Louis Le Vau, Charles Le Brun et André
Le Nôtre.
• Convoqués le 18 aout 1661 à Versailles, Louis XIV dira à ces 3 architectes
“Vous allez faire Vaux le Vicomte, mais en mieux”.
Vaux-le-Vicomte
Description / considérations
• En amont, tout converge et à partir du château tout diverge. Idée que le châ-
teau attire à lui toutes les forces de la nature et redistribue toutes ses forces
sous forme de sens. Architecte : Louis Le Vau.
• Le Grand salon est en forme d’ellipse. En effet, Copernic a démontré que
finalement la Terre n’est pas au centre du monde, elle n’est pas immobile, les
orbites circulaires des planètes se frottant les unes aux autres en tournant
sur elles-mêmes produisaient par ce mouvement tendanciel la musique des
sphères. Ainsi le cercle, qui avait l’avantage d’avoir été décrit comme figure de
perfection par Platon, est remplacé par l’ellipse. Si la Terre n’est pas au centre
du monde, elle n’est plus dans une organisation parfaite ; la signature de Dieu
dans l’univers n’est plus présente.
• En se situant au niveau des cascades de Vaux-le-Vicomte, on ne voit pas
le reste du jardin. Cela serait inconcevable à Versailles car cela signifierait
que le roi peut se situer dans une partie du royaume sans voir la totalité du
royaume. Absolument impensable !
Château de Condé
Description / considérations
• Constructions d’eau / reflets dans l’eau des différentes structures architec-
turales. Il suffit d’un courant d’air pour que le reflet des constructions dis-
paraisse. Méditation sur la fragilité des structures humaines et du pouvoir.
• Condé étant en disgrâce à cette période, l’architecte André Le Nôtre a alors
45
représenté l’illusion du pouvoir par cette organisation du jardin.
• Transition : passage de la composition d’un jardin théâtral (jardin français) à
une composition de jardin romanesque (tableau vivant du jardin à l’anglaise).
Le jardin français est organisé de manière top down ; ce n’est pas un lieu du trans-
verse. Malheureusement, l’entreprise française, en particulier l’entreprise privée,
a cru bon, pour se légitimer, d’imiter ce qui est la source de toute entreprise en
France, c’est à dire la manufacture d’origine étatique.
Le jardin à l’anglaise
Stourhead
Description
• Lignes courbes prédominantes – suggestion
d’une multipolarité, c’est-à-dire qu’il n’y a pas
un centre et un sommet ; la responsabilité de
la production de sens est distribuée de manière
transverse entre un certain nombre de pôles.
• Gestion du temps extraordinairement fine dans
le jardin – au cours de la marche, expérience de
la plongée dans la pénombre, sous terre, dans
le froid. Et dans le mur de la grotte, par une
échancrure, le temple d’Apollon apparaît. Pour
information, à la fin du règne de Louis XVI, un
certain nombre d’éléments multipolaires appa-
raissent, notamment le hameau de Marie-Antoinette.
• Le jardin anglais n’est pas dans l’axe du château.
• De petites fabriques (constructions) sont présentes dans le jardin. Message
46
d’une fabrique penchée : sentiment de déstabilisation complète, entraîné par la
révolution copernicienne.
• Pour rappel, à la différence des aristocrates français au 18ème, l’aristocratie
anglaise est totalement engagée dans la révolution agricole et industrielle.
• En Angleterre, nous sommes dans un royaume où le pouvoir est à ceux qui
créent de la richesse et qui la font circuler.
• Statue d’Hercule, le modèle de l’homme héroïque au 18ème siècle. C’est le
choix entre le plaisir et la vertu. Le jardin dit : “Si vous êtes Hercule, faites
attention, vous serez constamment tenté par le désir alors qu’il faudra choisir
la vertu”.
• Temple des Vertus Anciennes : trois personnes représentées sur un grand mur,
un militaire, un juriste et un philosophe et sur le petit mur face, une personne,
Homère le Poète.
• Pour être un leader, il faut être un soldat, un juriste et un philosophe et plus
que cette combinaison, vous devez avoir la vision, l’aspiration poétique.
Considérations
• “Mélange de naturel et de culturel”. Un grand leader, c’est quelqu’un qui fait
la synthèse en lui entre nature et culture.
• Idée que l’artificialité règne dans les communautés humaines (Rousseau) et
qu’il faut laver cette artificialité dans un bain de nature à intervalles réguliers.
• Le jardin n’est pas une anti-nature. C’est une sorte de synthèse de la nature
portée à son plus haut niveau alors qu’en apparence, on peut croire le con-
traire. Il en est ainsi, par exemple, de la prolifération désordonnée des fabr-
iques. En fait, ce désordre est parfaitement voulu pour agrémenter la marche.
L’idée est d’organiser des points de vue. D’une fabrique, on peut apercevoir la
fabrique suivante et ainsi de suite. On est très loin du jardin théâtre à la fran-
çaise. Le fait de ne pouvoir voir la totalité du jardin nous oblige à prendre le
risque d’aller déambuler à l’aveugle.
• Le roi en Angleterre n’existe que par le consentement des gouvernés.
47
dire le surgissement de l’énergie qui s’attaque à un ordre dépassé mais qui
devra parvenir elle-même à constituer une nouvelle visibilité.
Les entreprises ont pris le pouvoir dans la construction des jardins alors qu’avant
les Etats en avaient le monopole car l’Etat n’a plus d’argent. De plus, concernant
la fondation LVMH par exemple, je pense que Bernard Arnault n’a pas choisi son
architecte par hasard. En choisissant le pape de l’architecture déconstructiviste –
le refus du modèle du taylorisme international de mise – Bernard Arnault exprime
qu’il veut faire “sauter la boîte”.
48
système par lequel ce n’est plus le producteur et le distributeur qui imposent leurs
choix au consommateur. Désormais, c’est le producteur ou le distributeur qui met
à la disposition du consommateur, le consommateur étant constitué en instance
ultime de vérité.
Conclusion
Quelle lecture faire d’un jardin chinois dans lequel on ne voit que ce que
l’architecte a voulu montrer ?
Apparemment c’est un jardin libre mais c’est un jardin dans lequel on cadre con-
stamment notre regard sur le monde, c’est peut-être pour ça que les chinois auront
à réconcilier expansion économique et pouvoir politique autoritaire. En effet, le
jardin chinois a l’aspect d’un itinéraire de découverte mais est dans les faits con-
stamment cadré ; cela correspond à cette espèce de dialectique entre l’initiative
économique et transformatrice du monde et son ordonnancement politique qui
reste autoritariste.
49
2. Making-Of
En se baladant à l’intérieur de cet espace, ils ont exploré le juste équilibre à trouver
entre ces trois pôles pour réussir à l’ère du numérique et dégagé quelques lignes
fondamentales pour dessiner le “jardin de leur entreprise à l’ère du numérique”.
50
3. Convictions des dirigeants d’Entreprise et
Progrès
“
Soyons des dirigeants agiles et faisons évoluer nos organisations le plus
rapidement possible dans un contexte d’accélération du temps.
“
Considérons l’entreprise comme une organisation vivante ; devenons suf-
fisamment matures pour que la structure ne soit plus perçue comme im-
posée, ni subie comme une rigidité mais bien comme un support pour
organiser la collaboration et atteindre la pleine productivité.
“
Dans des organisations donnant sa plénitude à l’individu, c’est à nous, di-
rigeants, de donner du sens et de fournir ainsi un cadre à l’intérieur duquel
les personnes se sentent libres et autonomes, capables d’autorégulation
avec les autres personnes.
“
Pour réinventer de nouveaux usages, renonçons à une certaine forme
de structure et aussi à une certaine forme de connaissance acquise par
l’Education Nationale et qui emprisonne. Abandonnons nos certitudes !
Déconstruire est fondamental dans ce monde numérique du lâcher-prise.
“
Dans ce mode de fonctionnement déstabilisateur dans lequel tout un cha-
cun peut prendre du pouvoir, évoluons dans notre rôle de dirigeant pour
devenir un animateur ; soyons capable de protéger les plus faibles, rejetés
en périphérie.
“
La confiance est essentielle dans l’ère du numérique. Commençons à faire
confiance, à chercher à comprendre et connaître les besoins des utilisateurs.
“
Construisons une confiance dans notre capacité à être toujours ouverts à
la connaissance. Cela est possible quand nous nous sentons bien dans une
dynamique dans laquelle nos connaissances sont constamment remises en
question.
“
Donnons de l’organisation pour donner confiance ; nos organisations
d’aujourd’hui ne donnent pas forcément confiance aux personnes pour
développer leurs connaissances.
51
Enrichir sa posture de leader
52
Jean
Caron
1. Synthèse de la conférence
Renouveler notre leadership dans un monde en réseau
Ils vivent en réseau. Il faut donc renouveler notre leadership pour ce monde en
réseau.
Nos mentalités doivent changer. En France, nous avons un vrai enjeu de forma-
tion professionnelle. Plus en amont, l’Education Nationale défend un système
totalement périmé. Le problème n’est pas le matériel car la France investit beau-
coup dans les nouvelles technologies (2 milliards dans les tablettes numériques
pour l’année 2016) mais dans la posture des professeurs qui font de la résistance.
Les cadres dirigeants français, qui passent par de grandes écoles, ont une forma-
tion intellectuelle et culturelle assez puissante. Pour autant, dans ce monde en
réseau, la formation devrait se poursuivre tout au long de la vie pour faire grandir
les dirigeants. Sinon, dans un univers en mutation permanente, nous prenons le
risque d’avoir des dirigeants qui sont en décalage de phase avec les évolutions en
cours, voire avec eux-mêmes.
De ce fait, les modèles d’organisation dont nous héritons, ces modèles qui sont
fondamentalement marqués par le primat du mécanique, ne sont pas en réalité des
structures du réel. Cette manière mécanique de penser le réel a été développée au 16ème
et 17ème par Descartes. Elle ne correspond pas à un univers dont la structure la
plus intime est organisée en réseau.
Les réseaux sont au cœur des développements humains, si nous nous interrogeons
sur les lieux créatifs, les périodes de l’histoire porteuses de sens, sur les créations
artistiques et philosophiques, sur les innovations.
Parallèle avec l’entreprise : le leader est la personne qui a le souci des liens, le souci
de la mise en connexion vivante. La vie, c’est la mise en lien d’une complexité.
De manière massive, cette structure en réseau a été favorisée par le développement des
communications avec l’organisation d’un cyberespace. Ce qui est modifié aujourd’hui,
54
c’est la question des distances et donc la question du temps. L’espace-temps est
modifié de manière tellement forte que chacun se demande s’il sera capable de
s’adapter - pour une vie humaine - à un espace-temps qui va de plus en plus vite,
qui est de plus en plus difficile à comprendre.
Dans ce modèle complexe, circulatoire, intervient bien entendu un élément que les
55
dirigeants d’entreprise n’aiment pas : l’aléatoire. Dans un tel univers, car il n’est
pas possible de tout prévoir, il y a des risques. Pour autant, cela ouvre la porte
à l’innovation. Ce n’est en effet qu’en rendant possible le risque que l’on rend
possible les innovations, les nouveautés. Beaucoup d’entre nous essayent d’éviter
complètement le risque au lieu d’accepter cette logique vivante des flux.
Nous sommes invités à penser des modèles décentralisés ou des modèles distribués
dans lesquels on ne sait plus très bien qui est la personne importante car nous ac-
ceptons que des relations périphériques ne passent pas par le centre.
Max Weber, dans son ouvrage Le savant et le politique, revient sur trois formes
fortes d’autorité (pouvoir d’obtenir de quelqu’un une action sans le violenter).
L’autorité de la tradition
Dans les civilisations traditionnelles, l’autorité n’est pas
problématique car l’autorité vient de “l’Ancien” qui
représente la compréhension et les valeurs du groupe.
La phrase “on a toujours fait comme ça” est la matrice
qui incarne la perpétuation de la tradition.
Cette autorité fonctionne très bien dans les univers très inertes et stables. L’histoire
56
de l’Occident constitue une rupture par rapport à cette légitimité de la tradition.
Pourquoi ferait-on comme avant ?
L’autorité de la raison
Autorité qui tire sa légitimité de la connaissance, de la
compréhension. Les propos sont justifiés rationnellement.
Cette autorité a jusqu’à présent très bien fonctionné.
Aujourd’hui, dans ce monde en mouvement, les compé-
tences sont interrogées très profondément.
Qui peut se dire compétent dans un monde où existe une multitude de spécialités
et où personne ne peut être compétent de manière globale. Les statuts sont remis
en cause. Les salariés n’obéissent plus au dirigeant du seul fait de son statut.
Cela nous amène à nous questionner sur les cinq pôles de l’étoile d’un dirigeant
réticulaire.
57
Parallèle avec l’entreprise : aujourd’hui, un leader doit lui-même constituer un
nœud de communication. Mais il ne peut être en réseau avec tout le monde
s’il n’est pas en réseau avec lui-même. Quel temps prenons-nous pour construire
notre spiritualité ?
Cette stabilité est nécessaire pour un dirigeant qui doit s’orienter vers l’avenir. Le
vrai problème de certains d’entre eux, c’est que, métaphoriquement, il ne peut y
avoir de courses de char s’il n’y a pas de vision. On ne peut pas partager avec une
équipe si on n’est pas capable de donner l’impression d’aller quelque part.
Avec la statue de l’aurige, ce qui saute aux yeux est la main (mais aussi le regard).
Elle est un peu serrée et fermée afin de retenir les chevaux, donner un peu de
sécurité et d’assurance. Cette main exprime également le fait qu’il faille parfois
dire non. Cette stabilité est au service d’une relation, d’un contact avec l’extérieur.
Paradoxalement, en regardant la main d’un angle opposé, nous voyons que la main
est aussi ouverte. Cette capacité d’être en relation avec autrui suppose à la fois de
l’ouverture et de la fermeture.
Parallèle avec l’entreprise : un leader doit être attentif aux liens susceptibles de
se créer en toutes occasions et en tous lieux. Il lui faut donc prendre le temps de
s’ouvrir à l’altérité.
3. S’ouvrir à la nouveauté
Nous entrons dans un monde où les ressources matéri-
elles sont rares. Quand la richesse n’est plus créée par
la transformation et la valorisation des matières premi-
ères, la richesse sera créée par les liens.
58
près, on s’aperçoit qu’un premier carré blanc constitue la toile et que sur ce carré
figure un autre carré blanc un peu plus bleuté. Il y a un tout petit décalage, une
teinte de couleur différente. En l’occurrence, c’est ce petit décalage qui fait sens.
4. Penser la solidarité
Au lieu d’avoir un fonctionnement centré sur soi avec une dimension seulement
individuelle, le réseau suppose une interconnexion de tous ces éléments ; c’est-à-
dire la conscience d’une interdépendance. Dans les moments difficiles – cela n’est
possible que si l’on y a travaillé dans les moments plus faciles – un réseau ne fonc-
tionne que s’il est capable de promouvoir une synergie.
Si nous avons des amis fiables, si nous avons entretenu
nos réseaux, nos amitiés, lorsqu’un évènement mal-
heureux se produira, du fait de ces liens, nous pourrons
trouver une solution. A l’inverse, il est plus difficile de
surmonter les épreuves si notre vie est pleinement soli-
taire et individualisée.
Cette figure allégorique prouve que ce qui est fondamental dans une communau-
té, c’est la capacité d’avancer, de surmonter les horreurs, d’outrepasser la crise par
la solidarité. Il est fondamental de faire exister un réseau solidaire qui permettra
à chacun de se reconnaître dans une communauté.
5. Penser la transversalité
Penser un réseau ouvert, c’est la condition de prise sur le réel du réseau et cela
fait la différence de qualité d’un réseau. Quand un réseau ne relie que des points
semblables, c’est-à-dire quand un réseau ne relie que des gens qui ont les mêmes
passions, le même âge, les mêmes centres d’intérêts, il n’y a pas beaucoup de
valeur ajoutée.
Un réseau n’est véritablement fonctionnel que s’il relie des points assez différents.
59
Dans chaque réseau devraient figurer des nœuds ouverts à d’autres réseaux. En
effet, le réseau doit être ouvert et large pour permettre une participation de plus
en plus grande de chacun à la production de richesse et de valeur.
Parallèle avec l’entreprise : le leader doit avoir l’obsession de relier des gens qui
n’ont souvent d’identité que dans leurs compétences singulières alors qu’il est
fondamental que chacun s’articule à l’esprit de l’entreprise, au corps collectif
de l’entreprise. Pour qu’un réseau fonctionne, il faut “quelque chose en com-
mun” (valeurs, vision, principes) sinon le réseau risque l’éclatement. Le rôle du
leader est donc de créer et de maintenant cette unité, cet esprit de groupe. Nous
nous devons d’entrer dans un primat de l’horizontal par rapport à une concep-
tion hiérarchisée. Avec les jeunes notamment, nous constatons qu’en prenant le
risque de ce partnership, l’autorité en sort plus renforcée.
Un chef d’entreprise doit tisser des liens, construire des ponts, ouvrir l’avenir.
Dans le fonctionnement en réseau, faut-il encore des leaders ? Être leader, est-ce
une position permanente ?
Cela dépend de la vision que vous avez du leader. Si le leader est celui qui a toutes
les idées innovantes, qui décide de tout, ce n’est certainement pas un leader d’un
monde en réseau. Si le leader c’est celui qui est attentif au caractère réseau et qui
est garant et soucieux de l’unité de ce réseau, c’est alors le leader d’un monde
en réseau. Je crois que même dans ce monde en réseau, il faut quelqu’un qui en
dernière instance décide car le risque du réseau, c’est qu’à un certain moment le
but soit oublié, que la routine supplante la vision. Une personne, en l’occurrence
le leader, se doit alors d’être soucieuse par une conscience particulière de la finalité
du réseau.
• Le jazz semble contredire cette thèse sur le chef d’un monde en réseau. A un
moment donné, une personne prend le “lead” sur les autres, les autres vont
alors se raccorder à lui pour interpréter un morceau ; cela contribue à exé-
cuter quand même une œuvre.
• Dans cette conception d’un leader qui a vocation à faire émerger d’autres
leaders qui vont créer du sens, de la finalité, qu’en est-il de la finalité dévelop-
pée par ce premier leader ? cette finalité ne lui échappera-t-elle pas ?
60
• Comment décider dans ces nouvelles formes de réseaux ? Il peut se passer
que, lorsque la hiérarchie disparaît, les leaders qui émergent ont des profils
plus consensuels, plus harmonieux dans des systèmes qui restent très com-
plexes. La question posée est de savoir si ce type de leaders est les plus à
même de faire des choix difficiles. C’est important d’y être attentif.
• Cela amène la réflexion sur le “tribal leadership” avec la vision du CEO qui
n’est plus le Chief Executive Officer mais le Chief Analyst Officer car doréna-
vant le dirigeant donne le cadre mais chacun contribue à la prise de décision
puisque la prise de décision est liée à l’information.
• Une question importante porte sur quel pouvoir est délégué aux réseaux ?
Aujourd’hui, les entreprises qui ont fait exploser le système sont Amazon,
Apple, etc. Or, ces entreprises sont dirigées par des leaders façon généraux
militaires, où le reporting s’effectue à la semaine. Il faut faire attention à ne
pas idéaliser les sociétés qui ont réussi et qui arrivent de manière exception-
nelle à faire croire à leurs “soldats mercenaires” qu’ils vivent dans un monde
idéal.
• Attention aux préjugés. Sur cette notion de pouvoir et d’autorité, il est effar-
ant de voir que l’armée serve encore de référence en utilisant des images qui
sont complètement dépassées. L’armée a évolué d’une manière telle que ça
fait des années que l’autorité formelle investie sur le grade est utilisée avec
la plus grande parcimonie. Des caractères vraiment autoritaires pour ne pas
dire caractériels, se rencontrent dans les grandes entreprises, des gens qui se
défient de tout ordre formel. Les systèmes hyper autoritaires aujourd’hui, ce
sont nos entreprises.
61
2. Making-of
Cette expérience de présence à soi et aux autres fait comprendre que ce qui compte
n’est pas tant ce que nous faisons en tant que leaders, ni comment nous le faisons,
mais bien notre état intérieur à partir duquel nous opérons.
62
3. Convictions des dirigeants d’Entreprise et
Progrès
“
Nous vivons dans un monde interconnecté, en réseau. Nous, leaders,
soyons attentifs à maintenir notre réseau ouvert, à l’enrichir par la diver-
sité et l’exposition à l’altérité. Interrogeons-nous sur notre propre légiti-
mité au sein de ce réseau et sur la façon dont nous pouvons contribuer
pleinement à son épanouissement et à sa richesse.
“
Soyons conscients qu’il est difficile et sans doute assez inhabituel de parler
de nos problématiques de leadership. Nous avons plus facilement tendance
à revenir à une approche classique, c’est-à-dire à parler des problèmes
de business.
“
Prenons le temps d’exprimer de manière plus personnelle ce que nous
sommes en tant que leaders. Cela demande un rythme de réflexion
adapté à un travail individuel plus introspectif, même s’il est possible
assez rapidement de parler à un niveau personnel lorsqu’un climat de
confiance s’est instauré.
“
Echangeons et partageons nos expériences sur la manière dont nous,
dirigeants, arrivons à faire bouger un groupe. Seul face à un collectif, il
est intéressant de réfléchir à ce rapport à la multitude dans l’exercice du
leadership.
“
Re-découvrons la puissance apprenante d’une écoute authentique. “J’ai
été agréablement surpris dans l’exercice d’écoute d’entendre celui qui
m’a écouté raconter un épisode de ma vie et me le restituer d’une autre
manière qui était tout aussi riche.”
63
Enrichir sa posture de leader
Jeu du Dilemme
64
Julien
Pouget
1. Synthèse de la conférence
Génération Y recherche leaders, désespérément...
Introduction
Le terme de génération Y est apparu pour la première fois aux Etats-Unis en 2009
lorsque les sociologues et politologues se sont rendus compte que cette classe
d’âge a voté à 70% pour Barack Obama.
Quel est l’objectif de demain pour les entreprises vis-à-vis de cette génération Y ?
Etre dans la capacité d’attirer et de fidéliser ces jeunes.
66
Exemple : un DRH dépeignait à Julien Pouget l’évolution de l’entretien an-
nuel d’évaluation en 25 ans. Auparavant très formel, actuellement lors de cet
entretien, les gens “pleurent, se mettent en colère”.
• Dans ce nouvel environnement, la culture du petit chef n’a plus sa place.
Mobilité / adaptabilité
• La mobilité professionnelle est de plus en plus
répandue.
• La réaction à cette mobilité professionnelle
est très générationnelle. Pour la génération Y,
quelqu’un de mobile professionnellement est une personne qui sait saisir les
opportunités. Pour un salarié Baby-boomer ou issu de la génération X, cela
est vu comme un “abandon”, comme un manque de loyauté.
• La nature de la fidélisation à l’entreprise a profondément changé. Ainsi, pour
la génération Y, elle doit passer par la promotion – de la part de l’entreprise
– ou de nouveaux challenges à relever. La routine n’est pas une option pour
la génération Y.
La génération “pourquoi ?”
Cette génération veut comprendre le pourquoi des actions qu’on lui confie. Sou-
vent, les managers voient cette question comme étant impertinente.
Le contexte formateur
67
“wikipédialisée”.
En résumé, les jeunes ont conscience d’avoir des valeurs qui sont en décalage avec
les valeurs dominantes de la société française.
Coexistence générationnelle
Il m’arrive de regrouper dans une salle des personnes issues de générations diffé-
rentes et de leur poser des questions. Les réponses sont tout à fait différentes. Par
exemple, quand je demande “Que pensez-vous des collaborateurs qui changent
fréquemment d’entreprise ?”, les Baby-boomers en ont une vision très négative ;
“Ce sont des gens en qui on ne peut pas faire confiance”. Pour la génération Y au
68
contraire, ce sont des personnes pragmatiques qui savent saisir des opportunités.
Quant au code vestimentaire, pour les premiers, c’est primordial, cela fait partie
du “paquetage” alors que pour les seconds, imposer une tenue vestimentaire est
une atteinte à l’intégrité.
Concernant le rapport à l’information, ce qui fait la valeur d’un Baby-boomer,
c’est qu’il est le seul à la détenir et à en faire un outil de pouvoir sur les autres. Le
“Y” croit au contraire que sa valeur repose sur le fait qu’il peut la partager avec
un maximum de personnes.
S’amuser ou travailler ? Pour les Baby-boomers, on estime qu’il faut choisir, qu’on
ne peut concilier les deux tandis que la génération Y répond : “La question est
bizarre, ne sommes-nous pas censés nous amuser au travail ?”
Quelle vision vis-à-vis de ceux qui arrivent tôt et ceux qui partent tard ? Pour les
Baby-boomers, ces personnes sont de très bons éléments, ils sont motivés ; tandis
que pour la génération Y, ce sont des “No Life”.
69
Aller au-delà des apparences
Toutes ces nouvelles technologies impliquent des méthodes managériales plus
axées sur l’épanouissement personnel, “plus cool en présentation” (exemple de
Google), alors que les gens qui y travaillent disent tout le contraire.
Effectivement, il faut plus qu’un babyfoot et des fauteuils colorés pour avoir une
culture d’entreprise et une pratique qui change. Pourquoi les repas coûtent aussi
peu cher chez Google ? Pour faire rester l’employé le plus longtemps possible
à son bureau. Pareillement, Google laisse fuiter des photos dans la presse – sur
l’aménagement des locaux – tout cela est très contrôlé. En effet, le fonctionne-
ment de ces entreprises est très institutionnalisé car l’objectif est d’avoir sa place
au classement Great Place To Work ; mais croyez-vous sincèrement que les plus
jeunes vont consulter ces classements ?
70
Cela rejoint ce qu’Emile Cioran disait : “Le progrès, c’est l’injustice que chaque
génération commet vis-à-vis de celle qui l’a précédée”. C’est l’idée du passage du
temps où une vision vient gentiment chasser l’autre. L’objet n’est pas de s’aligner
sur un paradigme puisque par définition il est changeant ; c’est plutôt d’apprendre
à changer de lunettes en permanence, de manière à être flexible mentalement. Ces
générations vont évoluer, vont se sédentariser, fonder des familles. Mais tout porte
à croire, à priori, qu’avec l’âge, ces générations deviendront comme nous.
Comment se préparer pour la génération Z, celle qui arrive sur le marché du tra-
vail maintenant
La clé se situe dans l’apprentissage du leader à fonctionner avec une diversité de
générations. L’objectif n’est pas de s’aligner sur un paradigme unique, c’est-à-dire
que quand bien même vous parviendrez à un modèle économique et à des lead-
ers calés à 100% pour une génération, la question devient très vite périmée. Cela
renforce l’intérêt de travailler sur l’intergénérationnel.
71
2. Making-of
Les dirigeants ont été invités à vivre une expérience ludique pour explorer leur
posture de dirigeant en regard des nécessités actuelles dictées par le passage à l’ère
du numérique. Ils ont expérimentés à travers le jeu du Dilemme les enjeux liés à
la compétition versus la coopération.
72
3. Convictions des dirigeants d’Entreprise et
Progrès
“
Gardons à l’esprit que les incompréhensions intergénérationnelles ont
de tout temps existé mais que l’entreprise est devenue un lieu majeur de
leurs manifestations. Sachons accueillir ces divergences en prenant garde à
ne pas s’aligner ni se figer sur un unique paradigme.
“
En tant que dirigeants aujourd’hui, nous ne pouvons faire l’impasse de
nous investir personnellement dans une compréhension en profondeur
des ressorts de la génération Y : quête de sens, exigence sur l’utilité de
ce qu’elle fait, intolérance à une bureaucratie absurde, travail en équipe
physique ou virtuelle hors des rivalités de personnes/égos et des silos, soif
d’apprendre, qualité de vie personnelle mais aussi au travail.
“
Sachons tirer parti de l’arrivée de cette génération nouvelle pour ac-
célérer une relation de confiance dans l’entreprise à laquelle elle aspire
particulièrement et qui s’avère plus que jamais nécessaire pour être une
organisation performante à l’ère numérique.
“
Soyons réalistes et lucides : nous sommes pour beaucoup marqués par
une culture de compétition (“gagner par rapport à l’autre”). Constatons
qu’il nous est difficile de sortir de ce paradigme alors que l’entreprise
doit évoluer vers plus de coopération et de synergies.
“
Plutôt qu’être sur la défensive et vouloir gagner seul, prenons le risque
(nouveau) de se montrer vulnérable pour inviter l’autre à gagner ensemble
en optimisant conjointement. C’est dans cette perspective que le leader
est attendu pour faire le premier pas. C’est à la fois sa responsabilité
et son intérêt.
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Partager entre leaders
Conversations ouvertes
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1. Ouverture musicale
Ressentir un nouveau leadership par un exercice musical
Michel Podolak, chef d’orchestre et chef de chœurs, a guidé tous les participants dans un
exercice musical qui leur a fait vivre une expérience métaphorique d’un nouveau leader-
ship adapté à l’ère du numérique.
Quand la musique s’accélère et que les choses deviennent plus complexes, la pra-
tique d’un leadership partagé permet de donner du sens et de gérer le change-
ment. Cela demande au leader d’adopter une nouvelle posture d’écoute. La confi-
ance est une notion absolument fondamentale tant vis-à-vis du chef d’orchestre
que vis-à-vis des musiciens.
A l’instar d’un chef d’orchestre, dans ce nouveau rôle de leader qui se vit comme
une partie du tout et qui développe un pouvoir circulaire, le chef d’entreprise à
l’ère numérique doit aussi revoir son rôle de leader.
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2. Synthèse de la conférence
Deviens qui tu es. Plaidoyer pour un leadership authentique
Il s’avère que les Anciens ont réfléchi à cette notion et de manière positive. De
Pindare à Nietzsche, en passant par Ovide, Saint Augustin et Goethe, la notion
d’identité se retrouve dans la formule “Deviens qui tu es”. Cette formule est un
programme de vie qui répond aux grandes crises sociétales et civilisationnelles
auxquelles nous sommes confrontés.
Être humaniste, c’est comprendre que le monde n’est pas seulement à l’extérieur
mais aussi à l’intérieur de nous-même. L’humanisme
est l’expérience de l’intériorité, cela donne sens à la
civilisation occidentale.
Qu’est-ce que c’est qu’un individu mondial ? Ce n’est pas quelqu’un qui est ou-
vert à tout dans la diversité, c’est quelqu’un qui s’est approprié l’intérieur de
lui-même et qui vit des expériences qui le font vibrer et qui font vibrer les autres.
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3. Making-Of
Ces conversations ouvertes ont permis aux participants à cette matinée d’échanger
leurs idées et expériences autour des thèmes centraux des 3 temps qui se sont suc-
cédés tout au long du chantier :
1. Impact des mutations dans le monde des entreprises et leur nécessaire trans-
formation
2. Exploration de voies nouvelles pour diriger dans les entreprises à l’ère du
numérique
3. Questionnement sur la posture du dirigeant à l’ère du numérique
En guise de conclusion à ces conversations, les participants ont noté les messages
forts qu’ils retenaient pour être un leader à l’ère du numérique :
• Conscience d’une rupture tant numérique que sociétale comportant des
risques et des opportunités
• Nécessité d’une ouverture aux changements culturels marqués par l’entrée
dans l’ère du collaboratif
• Importance de mettre l’humain au centre avec une vision et des valeurs parta-
gées comme socle d’engagement et de la confiance pour libérer les énergies
• Posture du leader à l’ère du numérique fondée sur l’authenticité et une sûreté
d’être pour accepter le lâcher prise
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4. Convictions des dirigeants d’Entreprise et
Progrès
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Les conditions pour embrasser pleinement les enjeux du numérique
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5. Table ronde
Dirigeants
Bertrand Bailly, co-président de Davidson Consulting
Rand Hindi, fondateur et CEO de Snips
Sophie Guieysse, Ex-DRH de Canal +
Jean-Marc Steffann, Chief Technical Officer de la Poste Digitale
Rand Hindi
“Dans mon entreprise, l’objectif n’a pas été de dicter ce
que l’on était censé faire mais plutôt de créer une organisa-
tion où le leadership naturel émergeait et où finalement je
n’avais quasiment pas mon mot à dire. Il faut laisser les au-
tres émerger en tant que leaders. Il existe une pensée fausse
de dire que tout ce qui est ‘flat’ est non structuré ; il y a énormément de structure
dans une organisation horizontale. Dans nos petits groupes de 6-7 personnes, il y
a un leader clairement identifié qui drive les équipes. Chaque équipe à sa manière
propre de s’organiser. Mon rôle est transversal : garantir la culture et la cohésion
entre toutes les équipes mais non dans l’exécution au jour le jour”.
Sophie Guieysse
“Dans le monde des médias, nous avons vécu une digi-
talisation accélérée. Face aux GAFA, nous avons dû nous
adapter très vite. Avant même de parler de leader, ce qui
révolutionne les organisations, c’est la nécessité de casser
les silos et de faire travailler beaucoup plus rapidement en-
semble différentes composantes de l’entreprises (marketing, commerce, techno,
etc.) pour arriver à changer le produit proposé au client en lui proposant une
autre expérience. Nous passons d’un leadership très hiérarchique à un leadership
d’influence où le leader doit savoir repérer les clients partout et surtout doit avoir
la capacité d’entraîner des équipes très diverses”.
Bertrand Bailly
“Nous avons construit la boîte sur le modèle de l’entreprise
horizontale. Notre modèle, conçu pour 70 personnes, com-
prend plusieurs dizaines d’entités de 70 personnes avec un
dirigeant qui gère chaque entité. Nous avons ainsi détruit
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la pyramide en reconsidérant totalement le rôle du boss. Mon rôle, c’est que les
patrons de chacune des entités soient bien alignés sur le projet d’entreprise et sur
la façon de le décliner opérationnellement”.
Jean-Marc Steffann
“250 000 personnes travaillent à la Poste dont 100 000 fac-
teurs ; d’ici quelques années, il n’y aura quasiment plus de
courrier. Nous sommes prêts et abordons déjà cette transfor-
mation numérique (les facteurs sont équipés de smartphone,
les livraisons s’adaptent aux disponibilités du client). Etre un
leader, c’est ne pas avoir peur des ruptures. Expliquer au sein d’une organisa-
tion de 250 000 personnes qu’il va y avoir des ruptures, c’est compliqué à gérer.
Pourtant, en tant que leaders, il faut qu’on imprime à la Poste la compréhension
de ces changements”.
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Les coulisses du chantier
Les participants à ce chantier ont suivi un itinéraire en six étapes étalées sur dix mois. Il
a été conçu pour découvrir progressivement et s’approprier les effets de :
• l’ampleur, la puissance et l’accélération de la révolution numérique,
• son impact sur les modes d’organisation des entreprises, leur conception
même, leur culture
• la nécessité qui en résulte de transformer ses pratiques managériales et sa
posture de leader
Pour sortir des sentiers battus, nous avons renoncé aux travaux en groupe trop théor-
iques ou conceptuels, pour offrir un espace privilégié et inédit de partage d’expériences
au sein d’Entreprise et Progrès ainsi qu’une occasion d’évolution personnelle au travers
du collectif pour chaque dirigeant participant à ce chantier.
Notre parti-pris a été de considérer que plus les perspectives sont diverses, plus l’écoute
mutuelle est de qualité, plus la fertilisation croisée des idées suscite des prises de con-
science, plus riche est l’émergence d’une compréhension élargie et d’une vision partagée
sur le sujet. Pari tenu, les dialogues étaient sans langue de bois entre pairs et la richesse
produite incomparable.
Petit à petit, sur des sujets qui les concernent au plus haut point, ces dirigeants ont
découvert leur capacité à générer une intelligence collective qui est plus que la somme
des parties. Mieux, ils ont pris conscience de l’importance vitale de la transformation
culturelle et humaine qui doit accompagner la transformation numérique des entre-
prises en général, et de la leur en particulier. Ils ont réalisé l’obsolescence des modèles
de management et pratiques de travail actuels. Ils ont surtout mesuré l’urgence d’un
changement radical de posture de leadership pour eux-mêmes et leurs managers.
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Remerciements
Nous tenons tout d’abord à saluer l’association Entreprise & Progrès qui a démontré
une nouvelle fois son formidable engagement et capacité à renouveler en per-
manence son action, en acceptant spontanément de porter ce chantier. Nous
témoignons toute notre gratitude à l’égard de l’ensemble du comité exécutif
d’Entreprise & Progrès et en particulier, son Président, Denis Terrien, et son
Délégué général, Stéphane Marchand.
L’esprit et les réflexions qui ont émergé de ce chantier n’auraient pas été aussi
riches sans l’intérêt, l’enthousiasme et l’assiduité qu’ont témoignés, sans discon-
tinuer, les dirigeants membres d’Entreprise & Progrès : Guillaume Ancel (Huma-
nis), Catherine Benet (Aéroports de Paris), Marie-France Boudet (EY), Gérald
de Bourmont (Cogiced), Gérard Brescon (Assystem), François Deneux (Arthur
D. Little), François Dutilleul (Rabot-Dutilleul), Frédéric Duverger (Nutrixo),
Fabrice Grandclerc (L’immobilière du Moulin Vert), Orli Hazan (Crédit Agri-
cole), Charles Lantieri (Française des Jeux), Dominique Laureau (Fermes de Gal-
ly), Christophe Mariette (Lyra Network), Christophe Nowak (Accor), Christian
Pasquetti (EY), Léa Peersman-Pujol (Essec), Corinne Pitavy (Express Roularta),
Vincent Prolongeau (Pepsico), Jean-François Puget (CVS Avocats), Jean-Philippe
Quérard (Elior Group), Marika Rathle (Spencer Stuart), Michel Resseguier
(Prospheres), Eric Soulères (Airbus), Denis Terrien (3SI), Benoît Thiéblin (Spie
Batignolles), Emmanuel de la Ville (Ethifinance). Nous vous remercions pour vo-
tre confiance et votre intégrité tout au long de ce parcours mémorable.
Nous adressons également nos plus vifs remerciements à nos intervenants ayant
accepté gracieusement d’offrir à ce chantier toute la rigueur et la profondeur
de leurs réflexions ainsi que leur passion à nous les transmettre : Jean Caron,
Nicolas Colin, Pierre Giorgini, Christian Monjou, Michel Podolak, Julien Puget,
Bertrand Vergely, Carlos Verkaeren.
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Un dernier remerciement tout particulier à Maëlle Gaultier, notre facilitatrice
graphique, pour ses illustrations et mises en page éclairantes et sa coordination
experte qui a rendu possible ce livre.
Entreprise et Progrès remercie également ses partenaires qui ont permis la réalisation
de ce livre :
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Entreprise et Progrès
41 Boulevard Malesherbes | 75008 PARIS
www.entrepriseprogres.com
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Un chantier d'Entreprise et Progrès
www.entrepriseprogres.com