Comprendre Et Prédire Les Diagrammes de Phases
Comprendre Et Prédire Les Diagrammes de Phases
Comprendre Et Prédire Les Diagrammes de Phases
Contact : [email protected]
LIENS
THÈSE
Présentée par
Romain PRIVAT
Ingénieur des Industries Chimiques – ENSIC
Docteur en Sciences
de l’Institut National Polytechnique de Lorraine
Spécialité : Génie des Procédés et des Produits
Remerciements 9
Introduction 15
3
TABLE DES MATIÈRES
–4–
TABLE DES MATIÈRES
–5–
TABLE DES MATIÈRES
IV Extension du modèle PPR78 par ajout des groupes dioxyde de carbone, azote,
sulfure d’hydrogène et sulfhydryle 275
IV.1 Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
IV.2 Détermination pratique des paramètres d’interactions entre groupes . . . . . . . . 276
IV.2.1 Constitution d’une banque de données des corps purs . . . . . . . . . . . . 276
IV.2.2 Constitution d’une banque de données d’équilibre entre phases des mé-
langes binaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
IV.2.3 Méthode d’ajustement des paramètres d’interactions entre groupes sur les
données expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
IV.3 Résultats des ajustements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284
IV.3.1 Extension du modèle PPR78 au groupe CO2 . . . . . . . . . . . . . . . . 284
IV.3.2 Extension du modèle PPR78 au groupe N2 . . . . . . . . . . . . . . . . . 298
IV.3.3 Extension du modèle PPR78 au groupe H2 S . . . . . . . . . . . . . . . . . 317
–6–
TABLE DES MATIÈRES
Conclusion 445
Résumé 447
–7–
TABLE DES MATIÈRES
–8–
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier messieurs les professeurs Michel Dirand et Roland Solimando,
successivement directeurs du LTMP pour m’avoir accueilli et intégré dans leur laboratoire.
Je remercie également Fabrice Mutelet, qui a co-dirigé cette thèse, pour son soutien, pour nos
fréquentes discussions, pour les conseils prodigués. Sa contribution au bon déroulement de cette
thèse ne fait aucun doute et je l’en remercie.
Que madame le professeur Evelyne Neau et monsieur le professeur Xavier Joulia trouvent ici
l’expression de ma sincère gratitude pour avoir accepté de juger ce travail en tant que rappor-
teurs. Leur présence dans le jury m’honore.
Messieurs Christophe Coquelet et Patrice Paricaud m’ont également fait l’honneur d’être exa-
minateurs lors de la soutenance de cette thèse. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises
lors de différents séminaires, et messieurs Coquelet et Paricaud ont toujours manifesté un grand
intérêt pour les travaux développés au cours de cette thèse. Je les en remercie vivement.
9
REMERCIEMENTS
Que messieurs Pierre Duchet-Suchaux et François Montel du groupe pétrolier Total, trouvent
ici l’expression de ma reconnaissance pour l’ensemble des moyens financiers mis à disposition pour
mener à bien mes travaux de thèse. Je remercie également particulièrement monsieur Duchet-
Suchaux d’avoir accepté de juger mon travail.
Je remercie également monsieur Laurent Avaullée du groupe Total de s’être déplacé pour venir
assister à la soutenance et participer à la discussion ayant suivi ma présentation.
Je remercie à présent l’ensemble des membres du laboratoire que je n’ai pas encore cités, pour
leur gentillesse, pour m’avoir immédiatement intégré parmi eux, pour leur soutien. Je pense bien
entendu à Marie Blanchet, Nathalie Hubert, Dominique Petitjean, Mohammed Bouroukba, Jean-
Charles Moïse, Hervé Simonaire, Jean-Bernard Bourdet. Je pense également à mes collègues de
thèse successifs, Valérie Laine, Alexandre Préau, Alexandre Scondo, Junwei Qian, Wei Lu. Je
remercie en particulier Stéphane Vitu pour nos nombreuses discussions et nos collaborations dans
la constitution des banques de données.
Je pense enfin à ma voisine de bureau, Anne-Laure Revelli, à sa gentillesse naturelle, et je lui
adresse le témoignage de ma profonde sympathie.
J’adresse à présent un merci tout particulier à Béatrice Lorson de la médiathèque pour son
efficacité sans bornes dans le domaine de la recherche bibliographique.
Je remercie Alexis, Irène, Lucas, Sarah, Lucie et Hadrien d’être venus assister à ma soutenance.
Cette marque d’amitié me va droit au cœur.
Merci également à Odile Bayart, ma chère professeur de physique de Math. Sup. qui a fait le
déplacement depuis Paris pour venir me voir.
Enfin, je ne saurais terminer ces remerciements sans citer ma famille dont la contribution à la
bonne réussite de ces travaux fut majeure.
Commençons par mon frère, Yannick, dont la gentillesse et la disponibilité ont toujours été sans
faille. Il ne saurait y avoir un problème mathématique qui lui résiste et j’espère vivement avoir
de nouveau le plaisir de travailler avec lui.
Je remercie également mille fois ma chère, ma précieuse Mélanie pour son soutien inconditionnel
au quotidien, qui a participé beaucoup plus qu’elle ne l’imagine à l’aboutissement de cette thèse.
Je pense évidemment à mes parents qui ont œuvré avec acharnement pendant vingt-cinq ans
pour me donner la chance de choisir des études qui me conviennent. Leur affection et leur sou-
tien furent constants et sans failles.
Enfin, je remercie mes grands-parents pour leur amour, leur soutien. Je souhaite en particulier
dédier ce manuscrit à ma grand-mère bien aimée.
– 10 –
Liste des symboles
La plupart des symboles utilisés dans ce manuscrit sont présentés dans ce paragraphe.
Alphabet latin
11
LISTE DES SYMBOLES
– 12 –
LISTE DES SYMBOLES
– 13 –
LISTE DES SYMBOLES
Alphabet grec
Symbole Signification Unité
Indices et exposants
Symbole Signification
• Gaz parfait
∗ Fluide pur
ath Athermique
c Critique
E Grandeur d’excès
éc Grandeur d’écart au gaz parfait de même température
et même volume molaire que la grandeur réelle
F Phase fluide
FF Fluide-fluide
G Phase vapeur
L Phase liquide
LL Liquide-liquide
LLV Liquide-liquide-vapeur
LV Liquide-vapeur
M Grandeur de mélange (à température et pression
constantes)
M,V Grandeur de mélange (à température et volume
constants)
rés Résiduel (écart à l’athermicité)
– 14 –
Introduction
L’étude effectuée au cours de ce travail de thèse a pour but ultime la conception d’un mo-
dèle thermodynamique puissant, permettant de prédire avec la plus grande précision possible les
comportements de mélanges extrêmement complexes : les fluides pétroliers.
Pour y parvenir, il est nécessaire de mener de nombreuses études annexes telles que la détermina-
tion de l’expression théorique du modèle , la collecte du plus grand nombre possible de données
expérimentales relatives au comportement thermodynamique des fluides concernés par l’étude
principale, le calcul précis des équilibres de phases à l’aide d’algorithmes performants et rapides,
la mise en œuvre de procédures mathématiques efficaces de régression des paramètres du modèle,
etc.
Toutefois, au-delà de ces considérations, rien n’est possible sans une parfaite compréhension des
comportements que l’on cherche à modéliser. Il est donc nécessaire, pour mener à bien ce travail,
de s’intéresser en premier lieu aux bases théoriques de l’étude du comportement des mélanges
thermodynamiques fluides.
15
INTRODUCTION
où P désigne la pression des deux phases, T , la température des deux phases, xi est la
fraction molaire du constituant i dans la phase liquide et yi est la fraction molaire du
constituant i dans la phase vapeur.
• les équilibres liquide - liquide :
avec xαi , la fraction molaire du constituant i dans la phase liquide α et xβi , la fraction
molaire du constituant i dans la phase liquide β.
• les équilibres liquide - liquide -vapeur :
– 16 –
INTRODUCTION
Cette condition nécessaire (mais non suffisante) d’équilibre est à la base de la compréhension
des diagrammes de phases. Elle explique par exemple pourquoi dans un diagramme de phases
isotherme d’un système binaire, un équilibre diphasique est représenté par une ligne d’équilibre
tandis que dans le plan (P, T ), le même équilibre sera représenté par un unique point.
L’un des aspects non négligeables de mon travail de thèse a donc consisté à étudier en grand
détail, les nombreuses illustrations de l’équilibre multiphasique sur des systèmes binaires soumis
à des conditions de température et de pression très variées. Toujours dans le but de comprendre
les phénomènes physiques et les procédures de calcul de ces phénomènes à partir d’un modèle
thermodynamique, l’étude approfondie de la stabilité des phases, étroitement liée à la notion
d’équilibre, fut entreprise. La condition d’uniformité des potentiels chimiques étant satisfaite, il
faut alors s’assurer que les phases en présence soient stables pour définir un état d’équilibre.
Une fois ce travail préliminaire effectué, il fut alors possible d’entamer le développement du
modèle de contributions de groupes PPR78 en ajoutant quatre nouveaux groupes à la méthode,
groupes permettant, en association avec les précédents, de représenter tous les fluides pétroliers
(ou presque).
Voici donc le plan de l’étude qui suit :
• le premier chapitre intitulé « La classification de Van Konynenburg et Scott » pré-
sente la méthodologie utilisée pour étudier le comportement thermodynamique global des
systèmes binaires. La classification quasi-exhaustive de ces comportements est présentée en
détail.
• dans un second chapitre, « De l’équation d’état de Van der Waals au modèle PPR78 »,
l’état de l’art des équations d’état cubiques est discuté, de l’équation originelle, celle de Van
der Waals, jusqu’aux modèles sophistiqués récemment mis au point. Les bases théoriques
du modèle PPR78 sont posées, en particulier l’établissement des règles de mélanges choisies.
• le modèle étant explicité, le comportement des systèmes binaires et l’évolution des dia-
grammes de phases ayant été présentés, on peut alors exposer dans le troisième chapitre,
nommé « Calcul des diagrammes d’équilibre de phases », les procédures de calcul utilisées
pour construire les différents diagrammes de phases et effectuer les calculs d’équilibre au
sens large, à partir du modèle PPR78. La première partie de ce chapitre est consacrée à
l’étude de la stabilité thermodynamique qui tient une place primordiale dans le calcul des
diagrammes.
• le quatrième chapitre, « Extension du modèle PPR78 par ajout des groupes dioxyde de
carbone, azote, sulfure d’hydrogène et sulfhydryle » présente la procédure mise en œuvre
pour développer le modèle de contributions de groupes PPR78. Celle-ci se base sur l’étude
des équilibres entre phases des systèmes binaires. Cette extension passe par l’ajout de
quatre groupes supplémentaires qui viennent compléter les groupes déjà présents dans la
méthode et ainsi permettre l’étude des fluides pétroliers.
• enfin, le modèle PPR78 est utilisé de manière purement prédictive pour représenter les
mélanges multiconstituants de type fluide pétrolier. Un large aperçu des capacités prédic-
tives du modèle est proposé dans un cinquième chapitre intitulé « Modélisation des fluides
pétroliers à partir du modèle PPR78 ».
– 17 –
INTRODUCTION
– 18 –
CHAPITRE I
La classification de Van
Konynenburg et Scott
Introduction
En 1968, Peter Henry van Konynenburg, sous la direction de Robert L. Scott, présente
dans son manuscrit de thèse [1] une étude des équilibres entre phases fluides des mélanges binaires
à partir de l’équation d’état de Van der Waals. Pour chacun des systèmes étudiés, il porte une
attention toute particulière au lieu des points critiques binaires ainsi qu’aux lignes triphasiques
et azéotropiques.
A partir de ses observations, il tente de classer les mélanges binaires suivant leur comportement
en traçant dans le plan (Pression, Température) les lignes critiques, azéotropiques et triphasiques.
Cette étude lui permet de distinguer principalement cinq catégories de mélanges binaires qu’il
appelle : type I, type II, type III, type IV et type V.
Bien que la plupart de ces types aient déjà été expérimentalement identifiés dans le passé
(voir l’historique des chapitres 6 et 7 de [2]), l’originalité du travail de Van Konynenburg
et Scott [1, 3, 4] est de proposer pour la première fois une classification à peu près exhaustive
des mélanges binaires à partir de certains phénomènes censés les caractériser.
L’équation de Van der Waals utilisée pour calculer les différents types n’a pas été choisie
par hasard. R. L. Scott explique [3] que cette équation présente deux gros avantages : d’une
part, elle est qualitativement très intéressante puisqu’elle permet de représenter presque tous les
phénomènes d’équilibre de phases possibles, d’autre part, son formalisme relativement simple
permet une résolution analytique des équations. Son inconvénient majeur reste bien entendu sa
faible capacité à bien représenter quantitativement ces mêmes phénomènes.
Il est à noter que les diagrammes qui seront déclarés de type VI par la suite, bien que déjà connus
en 1968, n’apparaissent pas dans la classification. Ceci vient du fait que l’équation de Van der
Waals ne permet pas de les représenter [3, 4].
19
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Afin de comprendre la manière suivant laquelle Van Konynenburg et Scott ont classifié les
mélanges binaires, il convient tout d’abord d’effectuer quelques rappels sur la règle des phases
de Gibbs.
Définition : Variance
Phase vapeur :
Pression et température : P et T .
Fractions molaires : y1 , y2 = 1 − y1 .
Enthalpie molaire : hG .
Entropie molaire : sG .
Energie de Gibbs molaire : gG , etc.
Phase liquide :
Pression et température : P et T .
Fractions molaires : x1 , x2 = 1 − x1 .
Enthalpie molaire : hL .
Entropie molaire : sL .
Energie de Gibbs molaire : gL , etc.
– 20 –
I.1. CARTES D’IDENTITÉ DES MÉLANGES BINAIRES
Ce système peut être décrit à partir de nv = 4 variables intensives des phases, par exemple P ,
T , x1 , la fraction molaire du premier constituant dans la phase liquide, y1 , la fraction molaire
du premier constituant dans la phase gaz. Toutes les autres grandeurs peuvent s’exprimer en
fonction de ces quantités : les fractions molaires du second constituant dans les phases liquide et
vapeur : x2 = 1 − x1 , y2 = 1 − y1 , l’enthalpie molaire de la phase liquide : hL (T,P,x1 ), l’entropie
molaire de la phase gaz sG (T,P,y1 ), etc.
L’équilibre entre les deux phases est traduit par deux équations et s’écrit en terme de potentiel
chimique :
µ1,L = µ1,G et µ2,L = µ2,G
Le potentiel chimique de chaque constituant peut s’exprimer comme une fonction de T , P et de
la composition. Les deux relations écrites ci-dessus sont donc des relations entre les variables T ,
P , x1 et y1 . Ces 4 variables sont donc soumises à nr = 2 relations.
La variance du système vaut finalement : ν = nv − nr = 2. On doit donc fixer deux variables
intensives parmi T , P , x1 , y1 , sL , sG , hL , hG , etc. pour caractériser l’état intensif du système
binaire diphasique liquide-vapeur.
soit un total de n(π − 1) relations. Les potentiels chimiques étant exprimables en fonction des
nv variables intensives des phases précédemment mentionnées, ces n(π − 1) relations lient donc
ces nv variables.
On note r, le nombre de relations supplémentaires auxquelles les nv variables sont susceptibles
d’être soumises (relations liées à une éventuelle azéotropie, à un état critique, etc.).
Le nombre de relations mathématiques liant les variables intensives des phases est donc :
nr = (π − 1)n + r
ν =2+n−π−r (I.3)
Exemple :
Considérons un système binaire (n = 2) critique. Au niveau d’un point critique, deux phases
en équilibre ont fusionné de sorte qu’il n’en reste plus qu’une (π = 1) ; le point critique impose
également l’existence de deux relations supplémentaires entre les variables intensives Tc (tem-
pérature critique), Pc (pression critique) et x1,c (fraction molaire critique du constituant 1) à
travers l’annulation des dérivées seconde et troisième de l’énergie de Gibbs molaire par rapport
n−1
X
1. On rappelle que : xn,K = 1 − xi,K , avec xi,K , la fraction molaire en constituant i dans la phase K.
i=1
– 21 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
2 3
∂ g ∂ g
à la composition : 2 = 0 et = 0 donc r = 2.
∂x1 T,P ∂x31 T,P
La variance d’un tel système est donc ν = 1.
νmax = n + 1 (I.4)
πmax = n + 2 (I.5)
Cette relation nous apprend donc qu’un corps pur (n = 1) peut au maximum donner naissance
à un équilibre triphasique ; un système binaire (n = 2) peut au maximum engendrer un équilibre
tétraphasique, etc.
Le tableau I.1 ci-après décompose le calcul de la variance pour différentes solutions unaires et
binaires (i.e. à un et à deux constituants).
Remarque importante :
La variance peut être vue comme le nombre de variables intensives à fixer pour complètement
définir l’état intensif d’une solution. Autrement dit, la variance indique la nature du lieu sur
lequel se situe le point représentatif de la solution dans l’espace (T, P, x1 , ..., xn−1 ).
Pour illustrer cette remarque, prenons l’exemple d’une solution binaire diphasique liquide-
vapeur. Celle-ci possède une variance égale à 2 (n = 2, π = 2, r = 0). Cela signifie qu’il faut fixer
deux variables intensives des phases pour caractériser complètement l’état intensif de la solution
liquide-vapeur.
Comme expliqué précédemment, la solution peut être représentée par 4 variables intensives des
phases, par exemple : P , T , x1 et y1 liées par deux relations entre les potentiels chimiques des
constituants dans chacune des deux phases. Deux variables parmi ces quatre doivent donc être
fixées. La valeur des deux autres dépend alors de celle des deux premières. Autrement dit, sur
ces quatre variables, deux d’entre elles peuvent être exprimées en fonction des deux autres ; par
exemple : x1 (P, T ) et y1 (P, T ).
Par conséquent, le lieu de toutes les solutions diphasiques liquide-vapeur d’un système binaire
– 22 –
I.1. CARTES D’IDENTITÉ DES MÉLANGES BINAIRES
peut être représenté par des surfaces (ou nappes) d’équations x1 (P, T ) et y1 (P, T ).
La figure I.1 ci-après montre les nappes x1 (P, T ) (en rouge) et y1 (P, T ) (en vert) dans l’espace
(P, T, x1 ) d’un système binaire donné. Ces nappes représentent les états intensifs de la phase
liquide en équilibre avec la phase vapeur pour le binaire considéré. Elles délimitent le domaine
diphasique qui est compris entre ces deux nappes.
200
180
160
140
120
P/bar
100
80
60
40
20
0
1
0.9
0.8
50
0.7 48
0.6 46
0.5 44
42
0.4 40
0.3 38
0.2 36
34
0.1
32
0 30
x1
T/K
Figure I.1 – Surfaces x1 (P, T ) (en rouge) et y1 (P, T ) (en vert) représentatives des états intensifs
des phases liquide et vapeur en équilibre d’un système binaire.
Remarque :
La variance est donc la dimension des lieux représentant les états intensifs des phases dans
l’espace (P, T, x1 , ..., xn−1 ).
Il faut cependant rester prudent sur la signification de la variance. Par exemple, dans le cas d’un
équilibre diphasique, elle n’indique en aucun cas la dimension du lieu représentant toutes les
solutions diphasiques (qui sur la figure I.1 correspond au volume compris entre les deux nappes).
Prenons un autre exemple : celui du corps pur (n = 1) en équilibre liquide-vapeur (π = 2).
L’intégralité du diagramme de phases du corps pur peut être représentée dans un espace de
dimension νmax = 2. La variance d’un constituant pur en équilibre diphasique est ν = 1. Ceci
paraît évident lorsque l’on observe la courbe de pression de vapeur dans le plan (P, T ). En
revanche, dans le plan (P, v) (v = volume molaire), le domaine diphasique est une surface
comprise entre une courbe de bulle et une courbe de rosée. La variance indique que le lieu des
états intensifs du liquide en équilibre avec la vapeur est de dimension 1. Autrement dit, la variance
renseigne sur la dimension du lieu des points de bulle et des points de rosée qui forment deux
courbes dans le plan (P, v) ce qui correspond bien à une variance égale à 1. Cette différence entre
les représentations dans les plans (P, T ) et (P, v) vient du fait que P et T sont des grandeurs
intensives communes aux deux phases, contrairement à v.
– 23 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Conséquence : les lieux caractéristiques des solutions de variance 3 sont des volumes, ceux des
solutions de variance 2 sont des sufaces. Une solution de variance 1 est représentée sur une ou
plusieurs courbes et une solution de variance nulle est représentée par un ou plusieurs points.
Corps purs : n = 1
Systèmes binaires : n = 2
– 24 –
I.1. CARTES D’IDENTITÉ DES MÉLANGES BINAIRES
Dans son manuscrit de thèse [1], P.H. van Konynenburg prouve qu’une excellente représen-
tation des binaires peut être obtenue dans un espace à deux dimensions bien que la règle des
phases de Gibbs impose en toute rigueur, une représentation dans un espace à trois dimensions
pour ce type de systèmes. C’est la naissance de diagrammes synthétiques permettant une re-
présentation globale du comportement des systèmes binaires. Nous les appellerons par la suite
diagrammes d’équilibre de phases globaux 5 (ou D.E.P.G. en abrégé).
L’idée de Van Konynenburg est d’utiliser le plan (Pression, Température) 6 et de n’y re-
présenter que les lieux de variances 0 et 1, qui témoignent de l’ensemble des caractéristiques du
système binaire et qui permettent, comme nous le verrons par la suite, de se faire une idée très
précise de son comportement. C’est en particulier grâce à ce type de représentation que Van
Konynenburg et Scott parviennent à élaborer leur classification [1, 3, 4].
C’est pourquoi, de tels diagrammes s’apparentent à de véritables cartes d’identité des systèmes
binaires.
Les éléments qui doivent impérativement être représentés (s’ils existent) sur ces diagrammes sont
les suivants :
• lieu(x) des points critiques binaires (liquide-liquide, liquide-vapeur, etc.),
• points critiques des corps purs,
• lignes triphasiques (liquide-liquide-vapeur, solide-liquide-vapeur, etc.),
• ligne azéotropique,
• point critique terminal,
• azéotrope critique,
5. M. Cismondi et M.L. Michelsen parlent de Global Phase Equilibrium Diagrams dans [8]
6. Bien qu’en réalité, Johannes Petrus Kuenen, de l’école Hollandaise, ait déjà initié cette pratique dès 1894.
– 25 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
• courbes de pression de vapeur saturante [pour les D.E.P.G. dans les plans (Pression, Tem-
pérature), (Pression, volume molaire), etc.],
• point de Bancroft.
Les enveloppes de phases à composition donnée 7 qui représentent le lieu des points de bulle
et de rosée de composition donnée, peuvent également être incluses sur les D.E.P.G. 8 .
A titre d’exemple, un D.E.P.G. est représenté ci-après dans l’espace (Pression P , Température
T , Composition x1 ).
LP CLL
C1 C2
LP CLV
P2s (T )
Az
3ϕ
3ϕ
P1s (T )
3ϕ
P CT
Figure I.2 – Représentation d’un diagramme de phases global dans l’espace (P, T, x1 ). C1 et C2 :
points critiques des corps purs 1 et 2. P1s (T ) et P2s (T ) : courbes de pression de vapeur saturante
des constituants purs 1 et 2. Az : ligne azéotropique du mélange binaire {1 − 2}. LP CLV et
LP CLL : lieux des points critiques liquide-vapeur et liquide-liquide du mélange binaire {1 − 2}.
P CT : point critique terminal des lignes triphasiques. 3ϕ : lignes triphasiques liquide-liquide-
vapeur.
L’utilisation d’un espace à trois dimensions pour représenter les D.E.P.G. est peu courante car
peu pratique. On lui préfère généralement l’utilisation de projections dans deux plans de l’espace,
dont la lecture est bien plus facile et qui permettent de conserver la totalité de l’information du
graphe en trois dimensions.
Par exemple, le diagramme de la figure I.2 dans l’espace (Pression P , Température T , Compo-
sition x1 ) peut être troqué contre une projection dans le plan (Pression P , Température T ) et
une projection dans le plan (Température T , Composition x1 ) comme illustré par la figure I.3.
– 26 –
I.2. REPRÉSENTATION DES DIAGRAMMES DE PHASES GLOBAUX
Ainsi, par lecture des deux projections (P, T ) et (T, x1 ) de la figure I.3, on peut retrouver toute
l’information (P, T, x1 ) contenue dans la figure I.2.
Figure I.3 – Projections d’un D.E.P.G. dans les plans (P, T ) et (T, x1 ). C1 et C2 : points
critiques des corps purs 1 et 2. P1s (T ) et P2s (T ) : courbes de pression de vapeur saturante des
constituants purs 1 et 2. Az : ligne azéotropique du mélange binaire {1 − 2}. LP CLV et LP CLL :
lieux des points critiques liquide-vapeur et liquide-liquide du mélange binaire {1 − 2}. P CT :
point critique terminal. 3ϕ : ligne triphasique liquide-liquide-vapeur.
C’est ce qu’illustre la figure I.4. La sous-figure I.4(a) représente une partie du D.E.P.G. dans
– 27 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
le plan (P, T ) de la figure I.3(a). Sur la sous-figure I.4(b), le diagramme de phases complet est
représenté. On constate que seules certaines caractéristiques de ce diagramme peuvent être dé-
duites du D.E.P.G. ; en l’occurrence, l’azéotrope et les points d’attache des corps purs en x1 = 0
et x1 = 1.
Les courbes de pression de vapeur saturante sont associées aux constituants purs et corres-
pondent à des compositions égales à 0 ou 1. Leurs représentations dans le plan (T, x1 ) sont donc
des droites verticales d’équations x1 = 0 pour le constituant 2 et x1 = 1 pour le constituant 1.
Pour cette raison, les courbes de pression de vapeur saturante ne figurent que dans le plan (P, T )
des D.E.P.G.
Pour des raisons similaires, les points de Bancroft qui, on le rappelle, matérialisent l’inter-
section entre deux courbes de pression de vapeur saturante dans le plan (P, T ) ne sont pas
représentés dans le plan (T, x1 ).
L’équilibre triphasique quant à lui, est représenté par trois courbes dans l’espace (P, T, x1 )
(chaque courbe représente l’une des trois phases en équilibre). Pour une température donnée, les
trois phases en équilibre ont trois compositions différentes (dans le cas général) mais obligatoi-
rement la même pression. C’est pour cela qu’on le représente par une seule courbe dans le plan
(P, T ) tandis que dans le plan (T, x1 ), on le représente par trois courbes.
Sur la figure I.5 ci-après, on illustre le fait qu’à un point LLV de la ligne triphasique dans le
plan (P, T ) correspondent trois points V , Lα et Lβ dans le plan (T, x1 , y1 ).
Figure I.5 – (a) extrait du D.E.P.G. de la figure I.3 au niveau de la ligne triphasique et coupe
isobare à P = P0 . (b) Diagramme de phases isobare à P = P0 . P1s (T ) et P2s (T ) : courbes de
pression de vapeur saturante des constituants purs 1 et 2. LP CLL : lieu des points critiques
liquide-liquide du mélange binaire {1 − 2}. P CT : point critique terminal des lignes triphasiques
liquide-liquide. 3ϕ : ligne triphasique liquide-liquide-vapeur.
Les lieux des points critiques et les lignes azéotropiques sont tous deux représentés par une
seule courbe dans chacun des plans possibles pour le D.E.P.G.
A titre d’exemple, on peut regarder la figure I.6(b) qui montre un point critique dans un dia-
gramme de phases isotherme (P, x1 , y1 ). Sa représentation sur le D.E.P.G. dans le plan (P, T ) est
montrée sur la figure I.6(a). Pour obtenir un D.E.P.G. dans le plan (P, x1 ), il suffit de reporter
le point critique de la sous-figure (b) ainsi que tous les autes points critiques (x1,c , Pc ) existant.
Les points critiques terminaux (P CT ) qui sont représentés par un seul point dans le plan
– 28 –
I.2. REPRÉSENTATION DES DIAGRAMMES DE PHASES GLOBAUX
Figure I.6 – (a) extrait du D.E.P.G. de la figure I.3 au niveau du lieu des points critiques
liquide-vapeur et coupe isotherme à T = T0 . (b) Diagramme de phases isotherme à T = T0 .
P1s (T ) et P2s (T ) : courbes de pression de vapeur saturante des constituants purs 1 et 2. LP CLV :
lieu des points critiques liquide-vapeur du mélange binaire {1 − 2}. L = V : point critique à
T = T0 du mélange binaire {1 − 2}.
(P, T ) sont représentés par un seul point dans le plan (T, x1 ) : un point critique résultant de la
fusion entre deux phases LL ou LV. Ce point critique est associé à un point représentatif de la
seconde phase en équilibre avec la phase critique.
Ceci peut être vu sur la figure I.7 ci-après. Le Diagramme de phases isobare à la pression du
P CT a été représenté sur le volet (b) de la figure. Il montre la phase critique (Lα = Lβ ) en
équilibre avec une phase vapeur (V ).
Figure I.7 – (a) extrait du D.E.P.G. de la figure I.3 au niveau du P CT de la ligne triphasique
et coupe isobare à P = PP CT . (b) Diagramme de phases isobare à P = PP CT . P1s (T ) et P2s (T ) :
courbes de pression de vapeur saturante des constituants purs 1 et 2. LP CLL : lieu des points
critiques liquide-liquide du mélange binaire {1 − 2}. P CT : point critique terminal des lignes
triphasiques liquide-liquide. 3ϕ : ligne triphasique liquide-liquide-vapeur.
Enfin, on notera que les points critiques des corps purs se situent sur les verticales d’équations
x1 = 0 et x1 = 1 dans les plans dont l’abscisse est x1 [(T, x1 ), (P, x1 ), etc.].
– 29 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Les systèmes binaires possédant un comportement de type I vérifient les critères suivants
[1, 3, 5] :
• il n’existe qu’une seule ligne critique liquide-vapeur sur les D.E.P.G. de type I,
• le lieu des points critiques binaires est continu et est attaché aux points critiques des deux
corps purs,
• une ligne azéotropique peut également survenir sur ces diagrammes.
Les formes du lieu des points critiques (LP C) peuvent être très variées. Dans le plan (P, T ), on
le trouve parfois monotone (croissant ou décroissant), il admet parfois un extremum en pression
(souvent un maximum, plus rarement un minimum), il peut également admettre un extremum
en température (souvent un minimum, très rarement un maximum). Enfin, dans certains cas,
moins courants, il peut combiner plusieurs de ces caractéristiques (par exemple, le D.E.P.G. dans
le plan (P, T ) peut posséder à la fois un maximum et un minimum en pression).
I.3.1 Lieu des points critiques monotone entre les points critiques des corps
purs dans le plan (P,T )
Plusieurs configurations sont envisageables suivant la position relative des courbes de vapeur
saturante (type A, B ou C) (voir annexe I.12). Comme le montre la figure I.8, le lieu des points
critiques liquide-vapeur peut être croissant ou décroissant dans le plan (P, T ).
Figure I.8 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV monotone
entre le point critique C2 du corps pur 2 et le point critique C1 du corps pur 1 dans le plan
(P, T ). Pis (T ) représente la courbe de pression de vapeur du corps pur i. Positions relatives des
courbes de pression de vapeur saturante : type B à gauche et type C à droite.
L’exemple fourni par la figure I.9 ci-après montre un lieu des points critiques (LP C) du binaire
{1−2} croissant entre les points critiques C2 et C1 des corps purs. La position relative des courbes
de pression de vapeur saturante est de type A (le plus rare).
C’est par ce système que sera explicité par la suite, le comportement des systèmes binaires de
type I avec LP C monotone.
Afin d’illustrer le comportement de ce type de systèmes, on effectue des coupes isothermes à
des températures subcritiques et supercritiques, comme illustré par la figure I.10.
– 30 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Figure I.9 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV croissant
entre le point critique C2 du corps pur 2 et le point critique C1 du corps pur 1 dans le plan
(P, T ). Pis (T ) représente la courbe de pression de vapeur du corps pur i.
Figure I.10 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV croissant
dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isothermes.
Les Diagrammes de phases isothermes associés aux coupes de la figure I.10 sont donnés sur la
figure I.11.
Pour une température T1 subcritique, c’est-à-dire inférieure à la température critique du corps
pur 2, l’équilibre isotherme liquide-vapeur du mélange binaire {1 − 2} est représenté dans le
plan P xy par un fuseau assez classique, attaché en x1 = 0 à un point représentatif de l’équilibre
liquide-vapeur du corps pur 2 - en ce point, la pression du système est P2s (T1 ) - et attaché en
x1 = 1 à un point représentatif de l’équilibre liquide-vapeur du corps pur 1 - en ce point, la
pression du système est P1s (T1 ).
– 31 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
On rappelle que dans les conventions adoptées, le constituant 1 est le plus volatil et donc
P1s (T1 ) > P2s (T1 ). Lorsque la température T2 est exactement égale à la température critique
du corps pur 2, Tc,2 , le fuseau isotherme est le dernier fuseau qui reste attaché à l’axe x1 = 0.
Dans ce cas particulier, la pression du système en x1 = 0 vaut Pc,2 . On peut remarquer que lorsque
l’un des deux constituants purs est critique, les courbes de bulle et de rosée sur le diagramme de
phases du système binaire possèdent une tangente commune (en x1 = 0 si le constituant 2 pur
est critique ou en x1 = 1 si c’est le constituant 1). Pour pouvoir adopter un tangente commune,
les courbes de bulle et de rosée doivent généralement posséder un point d’inflexion au voisinage
de ce point critique.
Pour toute température supérieure à Tc,2 et inférieure à Tc,1 , il existe un minimum sur chaque fu-
seau isotherme qui matérialise un point critique du mélange binaire. Ce minimum est également
le point d’intersection des courbes de bulle et de rosée du fuseau. On notera que ces fuseaux sont
attachés à l’axe x1 = 1. Les points d’attache ont une pression P1s (T ).
Plus la température augmente et plus le fuseau rétrécit. Lorsque T7 = Tc,1 , il se réduit alors à
un unique point, de pression Pc,1 et de composition x1 = 1.
Pour toute température supérieure à Tc,1 , il n’y a plus présence d’équilibre diphasique. Le sys-
tème est alors monophasique supercritique.
Une description similaire du système {1 − 2} peut être faite en considérant à présent des coupes
isobares (cf. figure I.12).
La pression P1 est inférieure à la pression critique du corps pur 2. Soumis à cette pression sub-
critique, le système binaire {1 − 2} est représenté par un fuseau classique dans le plan (T, x1 , y1 )
(voir figure I.13). Il est attaché aux axes x1 = 1 et x1 = 0. Les températures de ces points d’at-
– 32 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Figure I.12 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV croissant
dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isobares.
tache sont resp. Teb,1 (P1 ) et Teb,2 (P1 ), les températures d’ébullition des constituants 1 et 2 purs.
Similairement aux représentations isothermes, pour des pressions comprises entre Pc,2 et Pc,1 , les
diagrammes isobares possèdent un extremum, un maximum en l’occurrence, qui matérialise un
point critique du système binaire.
Figure I.13 – Diagrammes de phases isobares à des pressions subcritiques et supercritiques dans
le cas d’un D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur croissant dans le plan
(P, T ). La ligne pointillée représente le lieu des points critiques.
Plus la pression se rapproche de Pc,1 et plus les fuseaux se rétrécissent. En P7 = Pc,1 , la zone
diphasique du système se limite à un point. Au delà, le système est monophasique supercritique.
– 33 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
La plupart du temps, par abus de langage, on parle d’extremum en température sur le lieu des
points critiques sans préciser le plan dans lequel on observe cet extremum. En réalité, celui-ci
existe dans n’importe quel plan du D.E.P.G. dont l’ordonnée est la température et l’abscisse,
une variable intensive d’une phase (v, P , x1 , etc.).
Afin d’illustrer ce cas, on s’intéresse dans ce paragraphe aux LP C présentant un minimum en
température 9 . Dans de nombreux livres et articles de thermodynamique [2, page 101], il est écrit
à tort que si le lieu des points critiques d’un mélange binaire possède un minimum en tempéra-
ture, alors le système binaire possède un comportement azéotropique.
L’exemple ci-après est un parfait contre-exemple de cette règle qui, il faut le reconnaître, est
pourtant très souvent vérifiée dans la pratique 10 .
Figure I.14 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un minimum en température. Pis (T ) représente la courbe de pression de vapeur du corps pur i.
Ci , point critique du corps pur i.
9. Par minimum, on entend un minimum sur le LP C dans le plan (T, P ) vérifiant dTc /dPc = 0.
10. Cette règle est toutefois vérifiée dans 100 % des cas si l’on précise que le LP C vient couper dans le plan
(P, T ) la courbe de pression de vapeur saturante de l’un des corps purs.
– 34 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Figure I.15 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un minimum en température : représentation de coupes isothermes.
– 35 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Ce point critique commun aux deux parties est appelé point critique à minimum de température.
Il est représenté sur la figure I.17 ci-après.
Pour une température T2 légèrement supérieure à Tmin , le diagramme de phases est constitué
de deux fuseaux raquettes attachés aux points représentatifs des corps purs (en x1 = 0 et x1 = 1).
Chaque fuseau possède alors son propre point critique. Le point critique qui est un minimum
– 36 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Figure I.18 – Point critique à minimum de température : elliptique à gauche (cas 1), hyperbo-
lique à droite (cas 2)
commun des courbes de bulle et de rosée est dit supérieur. Le point critique qui est un maximum
commun des courbes de bulle et de rosée est dit inférieur (les adjectifs inférieur et supérieur
renvoient à l’ordre dans lequel sont rangées les pressions des points critiques dans le plan P xy).
Lorsque la température augmente et atteint la température du point critique du corps pur 1
(Tc,1 ), le fuseau supérieur, attaché à l’axe x1 = 1, se rétrécit jusqu’à devenir un simple point de
pression Pc,1 (voir diagramme à T3 ).
Pour toute température supérieure comprise entre Tc,1 et Tc,2 , il n’existe plus qu’un seul fuseau,
attaché à l’axe x1 = 0 qui se rétrécit à son tour pour devenir en T6 = Tc,2 un simple point de
pression Pc,2 .
Pour toute température supérieure à Tc,2 , le système binaire est monophasique.
L’évolution du comportement du système à travers des coupes isobares est présentée sur les
figures I.19 et I.20.
Ces représentations s’apparentent de près aux représentations isobares des diagrammes de type
I avec LP C monotone.
Aux pressions subcritiques, le diagramme de phases isobare du système binaire est constitué de
fuseaux classiques attachés au niveau des axes des corps purs (x1 = 0 et x1 = 1). A partir du
– 37 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.19 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un minimum en température dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isobares.
– 38 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
moment où la pression atteint la pression critique du corps pur 2, Pc,2 , le diagramme de phases
se transforme en un fuseau raquette. Plus la pression augmente et plus ce fuseau raquette va se
rétrécir en s’éloignant de l’axe x1 = 0.
On notera que le minimum en température se manifeste sur les diagrammes de phases isobares
par le fait que la température critique diminue puis augmente entre Pc,1 et Pc,2 . En P6 = Pc,1 , le
fuseau isobare n’est plus qu’un point de température Tc,1 . Au-delà de cette pression, le système
est totalement monophasique.
Bien qu’il soit physiquement possible d’observer des diagrammes de type I dont le LP C possède
un minimum en pression, ces cas sont extrêmement rares. En revanche, il est très fréquent
d’observer sur les LP C expérimentaux, un maximum en pression. C’est ce cas qu’illustre la
figure I.21 ci-après.
Figure I.21 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV possédant
un maximum en pression dans le plan (P, T ). Pis (T ) représente la courbe de pression de vapeur
du corps pur i. Ci , point critique du corps pur i.
L’évolution des diagrammes de phases isothermes - voir figures I.22 et I.23 - apparaît assez
semblable à celle des diagrammes de type I avec LP C monotone.
Pour T < Tc,1 , on observe des fuseaux isothermes assez classiques attachés aux axes x1 = 0 et
x1 = 1. On notera toutefois que leur forme presque triangulaire vient de la grande dissymétrie
entre les deux constituants du mélange (il existe un rapport d’environ 2 entre les températures
critiques et entre les pressions critiques des deux constituants).
Pour T > Tc,1 , les diagrammes de phases isothermes sont des fuseaux raquettes. Le maximum
en pression sur le LP C se traduit sur ces fuseaux par une augmentation de la pression critique
au fur et à mesure que l’on s’éloigne du point représentatif du corps pur 1 (x1 décroissant).
Lorsque la pression critique a atteint la pression maximale (coupe T4 ), celle-ci diminue tandis
que la température augmente jusqu’à atteindre la pression Pc,2 en T7 = Tc,2 .
– 39 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.22 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un maximum en pression dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isothermes.
– 40 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Figure I.24 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un maximum en pression dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isobares.
– 41 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Les coupes isobares et les diagrammes de phases correspondants sont donnés sur les figures
I.24 et I.25. On note Pmax , la pression maximale atteinte par le LPC. On notera qu’en ce point,
dPc /dTc = 0.
Pour des pressions inférieures aux pressions critiques des deux corps purs, on observe un fuseau
isobare classique attaché aux axes x1 = 0 et x1 = 1 dans le plan T xy.
Pour des pressions comprises entre les pressions critiques des corps purs, Pc,2 < P < Pc,1 , le
diagramme de phases isobare possède un point critique dit supérieur (maximum commun des
courbes de bulle et de rosée).
Lorsque la pression atteint et dépasse Pc,1 , un second point critique, inférieur cette fois (minimum
commun des courbes de bulle et de rosée), fait son apparition.
Au fur et à mesure que la pression augmente, ces deux extrema se rapprochent. Lorsque la
pression maximale, P7 = Pmax , du LP C est atteinte, les deux extrema ont fusionné en un unique
point. Ce point particulier est appelé [7] point critique elliptique à maximum en pression 11 .
• Si la ligne azéotropique débute et se termine sur les courbes de pression de vapeur saturante
des constituants purs, on parle d’azéotropie bornée.
• Si la ligne azéotropique est présente quelle que soit la température et se termine sur le
LPC, on parle d’azéotropie permanente.
• Si la ligne azéotropique démarre sur une courbe de pression de vapeur saturante et se
termine sur le LPC, on parle d’azéotropie bornée limitée par valeur inférieure.
• Si la ligne azéotropique est présente aux faibles températures et se termine sur une des
courbes de pression de vapeur saturante, on parle d’azéotropie bornée limitée par
valeur supérieure.
On appelle azéotrope critique, noté AC, le point de rencontre dans le plan (P, T ) du
lieu des azéotropes et du lieu des points critiques.
On appelle azéotrope pur, noté AP , le point de rencontre dans le plan (P, T ) du lieu des
azéotropes et d’une courbe de pression de vapeur saturante.
11. Suivant la remarque de la page 37, le point critique à maximum en pression peut être qualifié d’elliptique
ou d’hyperbolique suivant la position relative des domaines monophasique et diphasique au voisinage de ce point.
Toutefois, par souci de simplicité, il est tout à fait possible de ne pas mentionner ces adjectifs et de simplement
parler de point critique à maximum en pression.
– 42 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Les phénomènes décrits par la suite ne sont pas spécifiques aux diagrammes de type I et sont
susceptibles de pouvoir être retrouvés sur les diagrammes de type II, III, IV, V, VI, etc.
L’azéotropie critique fut découverte par Johannes Petrus Kuenen en 1895 alors qu’il étudiait
le système éthane/N2 O.
Expérimentalement, il est prouvé qu’au niveau de l’azéotrope critique, le lieu des azéotropes et
le LP C possèdent une tangente commune, comme illustré par la figure I.26
Figure I.26 – Azéotrope critique AC. Tangente commune au lieu des points critiques liquide-
vapeur LP CLV et au lieu des azéotropes Az. Pis (T ) représente la courbe de pression de vapeur
du corps pur i. Ci , point critique du corps pur i.
Remarque :
Bien que non observés expérimentalement, il est possible (à partir des équations d’état cubiques
de type Van der Waals par exemple) de calculer des azéotropes critiques particuliers pour
lesquels il n’existe pas de tangente commune entre le LP C et le lieu des azéotropes au niveau de
leur intersection. On observe dans ce cas, un point de rebroussement sur le LP C au niveau de
l’azéotrope critique (voir figure I.27). Pour cette raison, on choisit d’appeler ces points particu-
liers azéotropes critiques à point de rebroussement (ACPR).
D’un point de vue anecdotique, lorsque Van Konynenburg écrivit sa thèse [1], les seuls azéo-
tropes critiques qu’il montra dans son manuscrit furent des azéotropes critiques à point de re-
broussement. Par la suite, lorsqu’il publia avec Scott, un article sur les résultats de sa thèse [3],
il expliqua qu’il s’était involontairement placé dans un cas particulier pour effectuer ses calculs,
le conduisant alors systématiquement aux azéotropes critiques à point de rebroussement.
– 43 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.27 – Azéotrope critique à point de rebroussement ACPR. LP CLV , lieu des points
critiques liquide-vapeur. Az, lieu des azéotropes. Pis (T ) représente la courbe de pression de
vapeur du corps pur i. Ci , point critique du corps pur i.
Azéotropie positive
Un azéotrope positif est un maximum commun aux courbes de bulle et de rosée sur un dia-
gramme de phases isotherme. Le signe d’un azéotrope a été défini par Maurice Lecat pour la
première fois en 1926 [9]. Dans le cas de la simple azéotropie (le cas des doubles azéotropes sera
détaillé ultérieurement), le lieu des azéotropes positifs se situe au-dessus des courbes de pression
de vapeur saturante des corps purs sur le D.E.P.G. dans le plan (P, T ).
Pour illustrer ce cas de figure, on considère le cas assez fréquent d’un LP C possédant un mi-
nimum en température et un comportement azéotropique (voir figure I.28). A la température
subcritique T1 (voir figures I.29 et I.30), les courbes de bulle et de rosée possèdent un maximum
commun qui est l’azéotrope positif homogène. Lorsque la température Tmin est atteinte, le dia-
gramme de phases isotherme possède un point critique hyperbolique à minimum de température
(voir figure I.31). Ce phénomène est identique à celui observé sur les D.E.P.G. non azéotropiques
pour lesquels le LP C possède un point critique à minimum de température (décrit au para-
graphe I.3.2). Entre Tmin et et Tc,1 , le diagramme de phases isotherme est constitué de deux
fuseaux possédant chacun un point critique, l’un inférieur, l’autre supérieur. De plus, jusqu’à
la température T3 = TAC , le fuseau rattaché au point représentatif du corps pur 1 possède un
azéotrope positif. En T3 = TAC , l’azéotrope devient critique. Pour toute température supérieure,
il a définitivement disparu bien que son souvenir reste présent lorsque l’on regarde l’orientation
des deux fuseaux constituant le diagramme de phases isotherme.
On montre sur les figures I.32 et I.33, l’évolution du même système à travers des coupes
isobares. Dans ce cas, l’azéotrope positif se manifeste par un minimum commun aux courbes de
bulle et de rosée. On notera que l’azéotrope persiste jusqu’à la pression P4 en laquelle il devient
critique.
– 44 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Figure I.28 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV possédant
un minimum en température dans le plan (P, T ) ainsi qu’un comportement azéotropique positif.
Pis (T ) représente la courbe de pression de vapeur du corps pur i. Az représente le lieu des
azéotropes. Ci , point critique du corps pur i. AC, azéotrope critique.
Figure I.29 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un minimum en température dans le plan (P, T ) ainsi qu’un comportement azéotropique positif :
représentation de coupes isothermes. (♦) azéotrope critique.
– 45 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.31 – Diagramme de phases isotherme à la température Tmin dans le cas d’un D.E.P.G.
de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur présentant un minimum en température
dans le plan (P, T ) et possédant un comportement azéotropique positif.
– 46 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Figure I.32 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un minimum en température dans le plan (P, T ) et possédant un comportement azéotropique
positif : représentation de coupes isobares. La ligne verte représente le lieu des azéotropes. (♦)
azéotrope critique.
– 47 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Azéotropie négative
Un azéotrope négatif est un minimum commun aux courbes de bulle et de rosée dans un
diagramme de phases isotherme. Dans le cas de la simple azéotropie, le lieu des azéotropes
négatif se situe en-dessous des courbes de pression de vapeur saturante des corps purs sur les
D.E.P.G. dans le plan (P, T ). On illustre par la suite ce cas en considérant un système binaire
possédant un point critique elliptique à maximum de température, un point critique elliptique à
maximum de pression, ainsi qu’un comportement azéotropique négatif.
Figure I.34 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV possédant
un maximum en température et un maximum en pression dans le plan (P, T ) ainsi qu’un com-
portement azéotropique négatif. Pis (T ) représente la courbe de pression de vapeur du corps pur
i. Az représente le lieu des azéotropes. Ci , point critique du corps pur i. AC, azéotrope critique.
Figure I.35 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un maximum en température et un maximum en pression dans le plan (P, T ) et possédant
un comportement azéotropique négatif : représentation de coupes isothermes. La ligne verte
représente le lieu des azéotropes. (♦) azéotrope critique.
– 48 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
L’originalité des diagrammes de phases isothermes réside dans le fait que l’azéotrope persiste
au-delà de la plus grande des températures critiques des corps purs, Tc,1 . Il devient critique en
T6 = TAC .
Pour des températures supérieures à Tc,1 , les diagrammes de phases isothermes sont constitués
d’une boucle fermée possédant un point critique supérieur et un point critique inférieur. Au fur
et à mesure que la température augmente, la boucle rétrécit, les deux points critiques se rap-
prochent. Ils fusionnent en T8 = Tmax . A cette température, la zone diphasique se limite à un
point. Au-delà de cette température, le système est monophasique supercritique.
Les figures I.37 et I.38 fournissent les coupes isobares et les diagrammes de phases correspondant
pour le binaire étudié.
Ces courbes ne présentent pas de singularités autres que celles ayant été décrites aux précédents
paragraphes.
Remarque :
L’azéotropie négative reste un cas assez peu répandu expérimentalement. De plus, parmi le peu
de systèmes possédant ce type de comportement, rares sont ceux dont l’étude a été poussée jus-
qu’au domaine supercritique.
– 49 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.37 – D.E.P.G. de type I avec lieu des points critiques liquide-vapeur LP CLV présentant
un maximum en température et un maximum en pression dans le plan (P, T ) et possédant un
comportement azéotropique négatif : représentation de coupes isobares. La ligne verte représente
le lieu des azéotropes. (♦) azéotrope critique.
– 50 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
On illustre l’azéotropie bornée par le cas peu courant d’un système azéotropique négatif (voir
figure I.39). On notera cependant que les phénomènes mis en jeu sont exactement similaires au
cas d’une azéotropie bornée positive.
On retrouve également sur ce diagramme un point de Bancroft, c’est-à-dire un point d’in-
tersection des courbes de pression de vapeur saturante des constituants purs. On illustre ainsi
la règle de Bancroft qui stipule qu’au niveau d’un point de Bancroft, le système binaire
possède obligatoirement un comportement azéotropique.
Les figures I.40 et I.41 montrent des représentations isothermes des diagrammes de phases qui
illustrent la naissance et la mort de l’azéotrope négatif pour le système considéré.
On constate ainsi que l’azéotrope vient naître sur la courbe de pression de vapeur du corps pur
1 (x1 = 1) et se termine sur la courbe de pression de vapeur du corps pur 2 (x1 = 0). Par
conséquent, l’azéotrope balaie la totalité de la gamme de composition [0; 1].
Ce même phénomène est illustré par des coupes isobares sur les figures I.42 et I.43.
– 51 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
– 52 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
– 53 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Jusqu’à présent, peu de systèmes conduisant à des doubles azéotropes ont été mesurés expé-
rimentalement (moins d’une dizaine). Sur l’ensemble de ces systèmes, aucun n’a été étudié de
manière globale (pas de recherche de la totalité du lieu des azéotropes, pas d’étude du LPC,
etc.).
Afin d’illustrer le comportement de tels systèmes, on propose ci-après de représenter le système
Benzène(1)/Hexafluorobenzène(2) à partir de l’équation d’état de Peng-Robinson, des règles
de mélange de type Van der Waals et de l’utilisation d’un coefficient d’interaction binaire
constant dans le terme attractif de l’équation d’état : kij = −0,0132. Les paramètres des corps
purs sont ceux de la banque Dippr. Cette illustration du comportement double-azéotropique
n’est pas exhaustive puisqu’elle ne traite que du cas particulier où l’azéotropie est bornée et
vient mourir sur un azéotrope point de selle (AS).
Toutefois, le nombre de configurations envisageables devient très important dans le cas des
doubles azéotropes, et il devient par conséquent bien plus difficile de recenser l’ensemble des
possibilités. L’exemple proposé est sans doute le plus original d’entre eux mais aussi le plus
délicat à comprendre car c’est celui qui s’éloigne le plus de la simple azéotropie.
La figure I.44 représente le D.E.P.G. dans les plans (P, T ) et (T, x1 ) du système Benzène(1)/
Hexafluorobenzène(2), limité aux domaines de température et de pression sur lesquels on ren-
contre le phénomène de double azéotropie.
Afin de mieux visualiser l’allure du diagramme dans le plan (P, T ), on en propose, figure I.45,
une représentation schématique.
Dans le plan (P, T ), on constate que la ligne azéotropique est constituée de deux branches, l’une
partant de l’azéotrope pur AP2 , situé sur la courbe de pression de vapeur saturante du constituant
pur 2, l’autre partant de l’azéotrope pur AP1 , situé sur la courbe de pression de vapeur saturante
du constituant pur 1. Ces deux branches se rejoignent au point AS, qui est un azéotrope point de
selle. Plus précisément, pour toute température comprise entre TAP2 et TAP1 , il n’existe qu’un seul
azéotrope, issu du point AP2 sur les diagrammes de phases isothermes. A partir de la température
TAP1 , un second azéotrope issu de AP1 fait son apparition sur ces diagrammes. Entre TAP1 et
TAS , on visualise le phénomène de double azéotropie sur les diagrammes isothermes. Lorsque la
température vaut TAS , les deux azéotropes ont fusionné en un seul, l’azéotrope point de selle.
Pour toute température supérieure, il n’existe plus d’azéotrope sur les diagrammes.
La même analyse peut être effectuée en regardant le D.E.P.G. dans le plan (T, x1 ). On y remarque
par exemple, que pour toute température comprise entre TAP1 et TAS , il existe deux compositions
azéotropiques à température donnée.
Enfin, on notera également que dans le plan (P, T ), l’azéotrope point de selle constitue un point
de rebroussement sur le lieu des azéotropes (ceci peut être deviné en regardant le D.E.P.G. réel),
tandis que dans le plan (T, x1 ), il n’en est rien : à composition fixée, il n’existe qu’une seule
température correspondante sur le lieu des azéotropes (la fonction associée au lieu des azéotropes
dans ce plan est injective).
– 54 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
– 55 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Afin d’étudier plus en détail le comportement du système binaire, on réalise une série de coupes
isothermes comme illustré par la figure I.46.
La figure I.47 ci-après, donne les diagrammes de phases du système binaire étudié aux tempé-
ratures T1 et T2 . On y constate la présence d’un azéotrope négatif Az1 qui part de l’axe x1 = 0 et
se décale vers la droite. Les pressions de vapeur saturantes sont rangées dans l’ordre : P1s > P2s .
Enfin, on notera que les courbes de bulle et de rosée sont extrêmement proches l’une de l’autre
(quasiment confondues) sur ces gammes de températures.
– 56 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Au fur et à mesure que la température augmente, un second azéotrope, positif, noté Az2
apparaît (sur l’axe x1 = 1) et se décale vers la gauche, en direction de Az1 .
On remarque par ailleurs que les pressions azéotropiques sont telles que :
– 57 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Lorsque la température T9 = TAS est atteinte (voir figure I.51), les azéotropes Az1 et Az2
fusionnent et forment un azéotrope particulier qui n’est pas un extremum simultané des courbes
de bulle et de rosée : l’azéotrope point de selle. Cet azéotrope correspond à un point d’inflexion
à tangente horizontale commun aux courbes de bulle et de rosée sur le diagramme isotherme. On
retrouve bien entendu en ce point la caractéristique des azéotropes : x1 = y1 .
Pour toute température supérieure à TAS , il n’y a plus de présence d’azéotrope sur le diagramme
de phases isotherme. On y observe alors un fuseau d’équilibre liquide-vapeur presque classique,
qui dans un premier temps, semble se souvenir du double azéotrope. Par exemple, le diagramme
isotherme à T10 de la figure I.51 possède encore un point d’inflexion comme tous les diagrammes
isothermes sur lesquels le phénomène de double azéotropie apparaît.
– 58 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
– 59 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
I.3.10 Remarque générale concernant les lieux des points critiques et les
super enveloppes
Est-il possible de définir une super enveloppe dans les plans P xy et T xy ? ou autrement dit,
existe-t-il des points qui englobent (ou enveloppent) l’ensemble des domaines diphasiques de tous
les diagrammes de phases isothermes et isobares d’un système binaire donné.
En guise de réponse à cette question, plusieurs fois abordée dans divers livres et articles de
thermodynamique, certains expliquent que la super enveloppe est en réalité constituée par le
lieu des points critiques. Cette réponse est inexacte. Prenons comme exemple, les diagrammes de
phases isothermes de la figure I.23 dans le plan P xy dont on représente plus particulièrement les
diagrammes à T = T4 et T = T5 sur la figure ci-après. On y voit en particulier, sur le diagramme
isotherme T5 , le LP C traverser le diagramme de phases, ce qui confirme le fait que le LP C ne
constitue pas une super enveloppe dans le cas général.
D’un point de vue intuitif, pour que le LP C constitue une super enveloppe, il serait nécessaire
qu’il épouse au voisinage de chaque point critique, la forme de la tangente horizontale qui lui est
associé. Ceci n’est a priori jamais le cas (à moins, bien entendu, que le LP C soit isobare, ce qui
se conçoit difficilement).
Figure I.53 – Illustration du fait que le LP C ne constitue pas une super enveloppe des dia-
grammes de phases isothermes dans le plan P xy - extrait de la figure I.23
– 60 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Pour comprendre comment tracer la super enveloppe dans les plans T xy et P xy (et ainsi
vérifier son existence), il suffit de se placer dans le plan (P, T ) et d’y tracer des enveloppes de
phases (lieux des points de bulle et de rosée de composition donnée).
On prend comme exemple le système binaire éthane(1)/n-hexane(2) pour lequel on trace les
enveloppes de phases à 10 compositions différentes comprises entre 0 et 1 (voir figure I.54).
On rappelle qu’un maxcondenbar est un maximum en pression sur une enveloppe de phases et
qu’un maxcondentherm est un maximum en température sur une enveloppe de phases.
Comme expliqué précédemment, on constate qu’au niveau du point critique elliptique à maxi-
mum en pression, maxcondenbar et point critique sont confondus.
Par ailleurs, on rappelle que les enveloppes de phases à 0 % et à 100 % sont les courbes de pression
– 61 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
de vapeur saturante des constituants purs. Les points critiques sur ces enveloppes particulières
sont alors inévitablement confondus avec les maxcondenbar et maxcondentherm.
◮ Conséquence :
dans le plan P xy, la super enveloppe est le lieu des maxcondenbars,
dans le plan T xy, la super enveloppe est le lieu des maxcondentherms.
Afin d’illustrer ces assertions, on a représenté sur la figure I.55 de nombreux diagrammes de
phases isothermes ainsi que les lieux des points critiques, des maxcondenbars et des maxconden-
therms.
Comme prévu, le lieu des maxcondenbars constitue une super enveloppe dans le plan P xy, ce
qui n’est pas le cas du lieu des points critiques. Ces deux lieux se confondent en trois points : les
corps purs (x1 = 0, x1 = 1) et le point critique elliptique à maximum en pression. Par ailleurs, on
constate que le lieu des maxcondenbars décrit les tangentes verticales des diagrammes de phases
isothermes. Ces points particuliers correspondent à température donnée au lieu des compositions
maximales pour lesquelles le système est diphasique, ce qui correspond en sorte au lieu des
maxcondentherms.
– 62 –
I.3. DIAGRAMMES DE TYPE I
Passons à présent aux plans T xy. Sur la figure I.56 de nombreux diagrammes de phases isobares
ainsi que les lieux des points critiques, des maxcondenbars et des maxcondentherms correspon-
dants sont représentés.
Comme précédemment, on vérifie que dans ce cas, la super enveloppe correspond au lieu
des maxcondentherms. De manière symétrique au cas du plan P xy, le lieu des maxcondenbars
définit à présent le lieu des tangentes verticales (c’est le lieu à pression donnée, de la composition
diphasique maximale accessible).
Enfin, on constate à nouveau que le lieu des points critiques ne constitue pas une super enveloppe.
Il se confond avec la super enveloppe au niveau des corps purs, c’est-à-dire en x1 = 0 et en x1 = 1.
– 63 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
– 64 –
I.4. POINTS CRITIQUES TERMINAUX
Dans le plan (P, T ), les lignes triphasiques sont bornées (ou délimitées) par ce que l’on appelle
un point critique terminal (noté P CT ).
Il y en a donc en général deux par ligne triphasique : un premier à basse température et basse
pression et un deuxième à plus haute température et plus haute pression. L’adjectif terminal
signifie qui marque le début ou qui marque la fin d’une ligne triphasique. Le P CT situé à basse
température et basse pression (endroit où prend naissance la ligne triphasique) est appelé point
critique terminal inférieur, noté P CT I. On le symbolise par un triangle orienté vers le bas :
H. Comme le montre la figure I.57 ci-après, ce P CT peut ne pas exister si la ligne triphasique
persiste jusqu’à des températures très basses.
Le P CT situé à plus haute température et plus haute pression (endroit où prend fin la ligne
triphasique) est appelé point critique terminal supérieur, noté P CT S. On le symbolise par
un triangle orienté vers le haut : N.
Au niveau d’un P CT , deux des trois phases en équilibre fusionnent, définissant ainsi un point
critique. Si les deux phases liquides de l’équilibre triphasique fusionnent, alors une ligne de points
critiques liquide-liquide démarre de ce point. On le notera P CT (LL) : point critique terminal
(supérieur ou inférieur) liquide-liquide.
Si la phase vapeur fusionne avec l’une des deux phases liquides, alors le P CT est un point critique
liquide-vapeur et une ligne de points critiques liquide-vapeur démarre de ce P CT . On le notera
P CT (LV ) : point critique terminal (supérieur ou inférieur) liquide-vapeur.
Les D.E.P.G. de type II, III, IV, V et VI, que l’on s’apprête à décrire dans les paragraphes qui
suivent, possèdent tous sans exception un ou plusieurs points critiques terminaux, à la différence
des diagrammes de type I précédemment explicités. On récapitule dans le tableau ci-dessous, le
nombre de points critiques terminaux selon le type du D.E.P.G. :
Nombre de points
Type du
critiques terminaux
D.E.P.G. supérieurs inférieurs
I 0 0
II 1 0
III 1 0
IV 2 1
V 1 1
VI 1 1
– 65 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Les systèmes binaires possédant un comportement de type II [1,3,5] ont à l’instar des systèmes
possédant un comportement de type I, une ligne critique liquide-vapeur continue entre les points
critiques C1 et C2 des deux corps purs 1 et 2 qui les constituent.
Cependant, à la différence des diagrammes de type I, les diagrammes de type II possèdent une
seconde ligne critique : un lieu des points critiques liquide-liquide, généralement à basse tempé-
rature. Cette ligne critique liquide-liquide démarre sur un point critique appelé point critique
terminal supérieur (P CT S). Elle se prolonge ensuite jusqu’aux pressions infinies (elle ne pos-
sède pas de borne supérieure). Le point critique terminal supérieur est le point terminal d’une
ligne triphasique liquide-liquide-vapeur qui débute à très basse température.
Figure I.57 – D.E.P.G. de type II. LP CLV , lieu des points critiques liquide-vapeur. LP CLL , lieu
des points critiques liquide-liquide. Pis (T ), courbe de pression de vapeur du corps pur i. 3ϕ, ligne
triphasique. P CT S (LL), point critique terminal supérieur liquide-liquide. Ci , point critique du
corps pur i.
De nombreuses configurations différentes sont envisageables dans les diagrammes de type II.
– Tout d’abord, le lieu des points critiques liquide-vapeur (LP CLV ) peut montrer des formes
aussi variées que celles présentées dans le paragraphe traitant du comportement de type I.
– Le lieu des points critiques liquide-liquide peut également, mais dans une moindre mesure,
posséder des formes assez variées. Le concernant, la température critique peut être une fonc-
– 66 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
tion croissante de la pression critique ou une fonction décroissante (c’est le cas présenté sur
la figure I.57). Cette fonction peut posséder un minimum dans le plan (T, P ) (dans ce cas,
le D.E.P.G. admet un point critique liquide-liquide hyperbolique à minimum en tempéra-
ture) ou un maximum (et dans ce cas, le D.E.P.G. admet un point critique liquide-liquide
elliptique à maximum en température).
Toutefois, il convient de préciser que les lignes critiques liquide-liquide subissent générale-
ment une influence assez faible de la pression ; par conséquent, la pente dPc /dTc de ces lignes
est très importante. Elles apparaissent ainsi souvent presque verticales dans le plan (P, T ).
– Le lieu des azéotropes, s’il existe, peut ne pas interférer avec la ligne triphasique ; il se com-
porte dans ce cas, de manière similaire à ceux présentés précédemment avec les diagrammes
de type I.
Il peut également interférer avec la ligne triphasique et donner ainsi naissance à un hétéroa-
zéotrope.
I.5.2 Cas où le lieu des points critiques liquide-liquide est une fonction dé-
croissante de la température dans le plan (P, T )
On choisit comme exemple le D.E.P.G. présenté sur la figure I.57. On effectue à présent des
coupes isothermes à des températures subcritiques et supercritiques afin de décrire l’évolution
du comportement du système.
Figure I.58 – D.E.P.G. de type II dont le lieu des points critiques liquide-liquide LP CLL est une
fonction décroissante de la température dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isothermes.
◮ Nomenclature :
Par la suite, lorsque deux phases liquides sont en équilibre, on les nommera phase liquide α (Lα )
et phase liquide β (Lβ ). Dans le cas d’un équilibre triphasique, on rajoute l’indice ∗ aux phases
mises en jeu. Ainsi, si les phases liquide α, liquide β et vapeur sont en équilibre triphasique,
les différentes phases seront symbolisées par les lettres L∗α , L∗β et V ∗ . Cette convention est par
exemple utilisée dans le plan (T, x1 ) de la figure I.58.
– 67 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
– 68 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
Figure I.61 – Diagramme de phases isotherme à la température TP CT S dans le cas d’un D.E.P.G.
de type II dont le LP C liquide-liquide est une fonction décroissante de la température dans le
plan (P, T ).
– 69 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
On peut également noter que le point critique terminal L∗α = L∗β est caractérisé par un point
d’inflexion à tangente horizontale sur la courbe de bulle isotherme :
2
∂Pbulle ∂ Pbulle
= 0 et =0
∂x1 T T =TP CT S ∂x21 T T =T
P CT S
Pour toute température légèrement supérieure à celle du P CT S, il n’y a plus présence d’équi-
libre liquide-liquide, ni d’équilibre triphasique.
Les diagrammes de phases isothermes aux températures T > TP CT S sont très semblables à ceux
observés dans le cas de D.E.P.G. de type I comme le montre la figure I.62 ci-après.
Figure I.62 – Diagrammes de phases isothermes à des températures > TP CT S dans le cas d’un
D.E.P.G. de type II dont le LP C liquide-liquide est une fonction décroissante de la température
dans le plan (P, T ). La ligne rouge pointillée représente le LP CLV .
– 70 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
Passons à présent à l’étude de l’évolution des diagrammes isobares du système binaire étudié.
Les coupes isobares réalisées sont représentées sur la figure I.63.
Figure I.63 – D.E.P.G. de type II dont le lieu des points critiques liquide-liquide LP CLL est une
fonction décroissante de la température dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isobares.
A la pression P = P1 , le diagramme isobare possède une ligne d’équilibre triphasique L∗α L∗β V ∗ .
Cette ligne est surmontée du domaine diphasique Lα V . En-dessous, on trouve les domaines Lα Lβ
(principalement) et Lβ V (beaucoup plus discret).
Figure I.64 – Diagramme de phases isobare à la pression P1 < PP CT S dans le cas d’un D.E.P.G.
de type II dont le LP C liquide-liquide est une fonction décroissante de la température dans le
plan (P, T ).
– 71 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Au fur et à mesure que la pression se rapproche de celle du P CT S, la ligne d’équilibre L∗α L∗β
rétrécit. Les domaines Lα V et Lα Lβ semblent se séparer.
Lorsque la pression du point critique terminal PP CT S est atteinte, les domaine Lα V et Lα Lβ
sont tangents. Ils ne possèdent plus qu’un point de contact qui est un point critique L∗α = L∗β
qui témoigne de la fusion des deux phases liquides triphasiques.
Figure I.65 – Diagramme de phases isobare à la pression P2 = PP CT S dans le cas d’un D.E.P.G.
de type II dont le LP C liquide-liquide est une fonction décroissante de la température dans le
plan (P, T ).
Ce point critique L∗α = L∗β associé au point représentatif de la phase vapeur triphasique
constitue le P CT S. Comme dans le cas des diagrammes isothermes, la courbe de bulle isobare
admet un point d’inflexion à tangente horizontale au niveau du P CT S :
2
∂Tbulle ∂ Tbulle
= 0 et =0
∂x1 P P =PP CT S ∂x21 P P =PP CT S
– 72 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
– 73 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
I.5.3 Cas où le lieu des points critiques liquide-liquide est une fonction crois-
sante de la température dans le plan (P, T )
Figure I.67 – Extrait d’un D.E.P.G. de type II dont le lieu des points critiques liquide-liquide
LP CLL est croissant avec la température. P1s (T ), courbe de pression de vapeur du corps pur 1.
3ϕ, ligne triphasique. P CT S, point critique terminal supérieur.
– 74 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
– 75 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Ce cas, pas franchement courant, peut apparaître sur certains systèmes, généralement à haute
pression (typiquement > 500 bar). Un minimum en température, à l’instar du phénomène observé
sur le lieu des points critiques liquide-vapeur (paragraphe I.3.2) correspond à un point critique
hyperbolique à minimum en température. S’il s’agit d’un maximum, il est appelé point critique
elliptique à maximum en température.
Bien entendu, le cas d’un extremum sur le LP C liquide-liquide est un cas hybride entre les deux
précédemment présentés où le LP C liquide-liquide est soit une fonction croissante, soit une fonc-
tion décroissante de la température.
On donne ci-après (figure I.70), un exemple succinct de ce type de comportement afin de fixer
les idées. Dans ce cas, le LP C liquide-liquide admet un minimum en température (à T = Tmin ).
A une température T < Tmin , le diagramme de phases isotherme contient un unique domaine di-
phasique liquide-liquide. Lorsque Tmin est atteinte, le domaine se sépare en deux parties distinctes
possédant un point de contact qui est le point critique liquide-liquide hyperbolique à minimum
en température. Pour une température légèrement supérieure (voir illustration figure I.70), le
diagramme de phases isotherme contient deux domaines diphasiques liquide-liquide ainsi que
deux points critiques liquide-liquide, l’un supérieur (minimum des courbes de bulle et de rosée),
l’autre inférieur (maximum des courbes de bulle et de rosée).
– 76 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
Figure I.70 – Extrait d’un D.E.P.G. de type II dont le lieu des points critiques liquide-liquide
LP CLL possède un minimum en température. P1s (T ), courbe de pression de vapeur du corps pur
1. 3ϕ, ligne triphasique. P CT S, point critique terminal supérieur.
I.5.5 Azéotropie dans les diagrammes de type II, interférence entre ligne
azéotropique et ligne triphasique
Les systèmes binaires de type II peuvent présenter des comportements azéotropiques très si-
milaires à ceux rencontrés dans les D.E.P.G. de type I. Dans ces cas, la ligne azéotropique
n’intercepte pas la ligne triphasique et l’azéotropie est généralement bornée par valeur inférieure
dans le plan (P, T ) (mais ce n’est pas obligatoire). La ligne azéotropique peut se terminer sur
un azéotrope critique (AC) ou sur un azéotrope pur (AP ).
Ces deux cas sont illustrés sur les figures I.71 et I.72. On notera que la ligne triphasique est en
tout point comprise entre les courbes de pression de vapeur saturante des corps purs.
Figure I.71 – D.E.P.G. de type II possédant une ligne azéotropique bornée par des azéotropes
purs. LP CLV et LP CLL , resp. lieux des points critiques liquide-vapeur et liquide-liquide. Pis (T ),
courbe de pression de vapeur du corps pur i. 3ϕ, ligne triphasique. P CT S, point critique terminal
supérieur.
On remarquera que les positions des lignes L∗α , L∗β et V ∗ sont inversées dans les plans (T, x1 )
– 77 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.72 – D.E.P.G. de type II possédant une ligne azéotropique bornée par un azéotrope
pur et un azéotrope critique. LP CLV et LP CLL , resp. lieux des points critiques liquide-vapeur
et liquide-liquide. Pis (T ), courbe de pression de vapeur du corps pur i. 3ϕ, ligne triphasique.
P CT S, point critique terminal supérieur.
entre la figure I.71 et la figure I.72. Par convention, 1 est le constituant le plus volatil. Il est donc
majoritairement présent dans la phase vapeur. Sur les D.E.P.G. dans le plan (T, x1 ), la ligne V ∗
est donc censée se trouver à droite, comme c’est le cas sur la figure I.72. Sur la figure I.71, le
constituant 1 n’est pas majoritaire dans la phase vapeur (la ligne V ∗ se trouve à gauche du dia-
gramme). C’est donc le constituant le moins volatil sur la gamme de températures sur laquelle se
trouve l’ELLV. Le point de Bancroft que l’on visualise dans le (P, T ) témoigne d’une inversion
de volatilité. Pour toute température supérieure à celle du point de Bancroft, le constituant 1
est le plus volatil des deux. Il faut cependant noter que les deux cas présentés précédemment ne
sont pas les plus courants. Le plus souvent la borne inférieure de la ligne azéotropique n’est pas
un azéotrope pur mais un biazéotrope, défini ci-après.
Définition : Biazéotrope
N.B. : Cet azéotrope possède la particularité, comme nous le verrons par la suite d’être à la fois
homogène et hétérogène. Il marque ainsi la limite de stabilité entre les azéotropes homogènes
stables et les azéotropes homogènes non stables.
Les figures I.73 et I.74 illustrent la rencontre d’une ligne azéotropique avec une ligne triphasique
dans les plans (P, T ) et (T, x1 ). Dans de tels cas, les pressions azéotropiques sont généralement
très voisines des pressions triphasiques, par conséquent, le phénomène est généralement difficile
à observer dans le plan (P, T ). Pour cette raison, le lieu des points critiques liquide-vapeur n’a
pas été représenté sur les diagrammes. Dans le plan (T, x1 ) en revanche, les phénomènes sont
bien plus marqués. Pour commencer, il est intéressant d’étudier l’évolution de la branche vapeur
V ∗ de l’équilibre triphasique. Initialement, cette branche se situe entre les branches liquide α∗
et liquide β ∗ ce qui signifie que les compositions en constituant 1 dans ces phases sont rangées
dans cet ordre :
x∗1,α ≤ y1∗ ≤ x∗1,β
– 78 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
Figure I.73 – Extrait d’un D.E.P.G. de type II dans le plan (P, T ) dont la ligne azéotropique
Az intercepte la ligne triphasique 3ϕ. LP CLL , lieu des points critiques liquide-liquide. Pis (T ),
courbe de pression de vapeur du corps pur i. P CT S, point critique terminal supérieur. Az ′ ,
biazéotrope.
Figure I.74 – Extrait d’un D.E.P.G. de type II dans le plan (T, x1 ) dont la ligne azéotropique Az
intercepte les branches L∗α et V ∗ de la ligne triphasique au niveau du biazéotrope Az ′ . LP CLL ,
lieu des points critiques liquide-liquide. P CT S, point critique terminal supérieur. L∗α , L∗β et V ∗ :
resp. phases liquide α, liquide β et vapeur en équilibre triphasique.
– 79 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Sur l’exemple de la figure I.74, cette inégalité traduit la présence d’un hétéroazéotrope dont le
lieu est confondu avec celui de la phase vapeur triphasique. Cette inégalité est vérifiée tant que :
T ≤ TAz ′ qui constitue donc le domaine d’existence en température de l’hétéroazéotrope.
Au niveau du point Az ′ , le lieu de la vapeur triphasique a même composition que la phase L∗α
(mais il ne s’agit pas d’un point critique mais bien d’un azéotrope car les densités des phases
sont différentes). A partir de ce point naît le lieu des azéotropes homogènes (Az). Pour des
températures supérieures à celle du point Az ′ , l’ordre des compositions des phases en équilibre
triphasique s’inverse. On a alors :
y1∗ < x∗1,α ≤ x∗1,β
L’hétéroazéotrope n’existe donc plus pour T > TAz ′ . On peut affirmer qu’en Az ′ l’hétéroazéo-
trope meurt et donne naissance à un azéotrope homogène. Le point Az ′ est donc à la fois un
homoazéotrope et un hétéroazéotrope. C’est en raison de cette dualité que nous avons proposé
de l’appeler biazéotrope.
Afin de bien comprendre les phénomènes, on effectue des coupes isothermes à certaines tempé-
ratures stratégiques.
Tout d’abord, pour une température inférieure à celle du biazéotrope (T < TAz ′ ), on observe un
diagramme de phases du type de celui représenté sur la figure I.75.
Figure I.75 – Diagramme de phases isotherme à une température T < TAz ′ dans le cas d’un
D.E.P.G. de type II dont le lieu des azéotropes intercepte la ligne triphasique dans le plan (P, T ).
Sur ce diagramme, le point V ∗ se situe à l’intersection des courbes de rosée des domaines Lα V
et Lβ V et constitue bien un hétéroazéotrope. Au-dessus de la ligne triphasique se trouve une
cheminée liquide-liquide (domaine de l’équilibre diphasique Lα Lβ ).
Au fur et à mesure que l’on se rapproche du biazéotrope, le point V ∗ de la ligne triphasique se
rapproche du point L∗α . Le diagramme de phases isotherme à la température du biazéotrope est
représenté sur la figure I.76 ci-après.
Le point Az ′ représente à la fois la phase V ∗ et la phase L∗α . Par ailleurs, la dérivée à gauche
en ce point est nulle (tangente horizontale), ce qui illustre la présence d’un azéotrope homogène.
En augmentant la température tout en restant en deçà de celle du point critique terminal, on
– 80 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
Figure I.76 – Diagramme de phases isotherme à la température TAz ′ du biazéotrope dans le cas
d’un D.E.P.G. de type II dont le lieu des azéotropes intercepte la ligne triphasique dans le plan
(P, T ).
Figure I.77 – Diagramme de phases isotherme à une température comprise entre TAz ′ et TP CT S
dans le cas d’un D.E.P.G. de type II dont le lieu des azéotropes intercepte la ligne triphasique
dans le plan (P, T ).
– 81 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Une description très similaire des phénomènes peut être faite en considérant à présent des
coupes isobares. C’est ce que contient la figure I.79 ci-après. On y voit l’azéotrope hétérogène
devenir homogène à partir de la pression PAz ′ du biazéotrope. On peut également voir le domaine
liquide-liquide se séparer petit à petit des domaines liquide-vapeur. Au niveau de la température
du P CT S les domaines liquide-vapeur et liquide-liquide ne sont plus connectés que par un point,
le point critique terminal. Au delà, les domaines sont disjoints.
– 82 –
I.5. DIAGRAMMES DE TYPE II
Figure I.79 – Diagrammes de phases isobares à diverses pressions : P < PAz ′ , P = PAz ′ ,
PAz ′ < P < PP CT S , P = PP CT S et P > PP CT S , dans le cas d’un D.E.P.G. de type II dont le
lieu des azéotropes intercepte la ligne triphasique dans le plan (P, T ).
– 83 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Les diagrammes de type III ont été découverts expérimentalement par J. P. Kuenen en 1903
[2]. Ils sont caractérisés [1, 3, 5] par deux lieux des points critiques discontinus entre les points
critiques des deux corps purs. Le cas le plus fréquent est le suivant (cf. figure I.80) :
– l’un des deux lieux des points critiques est attaché au point critique du corps pur le plus
lourd ; au fur et à mesure que la composition en constituant lourd diminue, la pression tend
vers l’infini.
– le lieu des points critiques attaché au point critique du corps pur le plus léger intercepte
une ligne triphasique liquide-liquide-vapeur. Le point d’intersection de la ligne critique et de
la ligne triphasique est un point critique terminal supérieur (P CT S). La ligne triphasique
débute à très basse température et vient mourir sur le P CT S.
Figure I.80 – D.E.P.G. de type III dans le plan (P, T ). LP C1 et LP C2 , lieux des points critiques.
Ci , point critique du corps pur i. Pis (T ), courbe de pression de vapeur du corps pur i. 3ϕ, ligne
triphasique. P CT S, point critique terminal supérieur.
Le lieu des points critiques attaché au point critique du corps pur le plus lourd peut avoir
des formes assez variées. On le note LP C1 par la suite. Sur l’exemple de la figure I.80, on peut
remarquer que ce lieu des points critiques dans le plan (P, T ) possède un maximum et un mi-
nimum locaux à tangente horizontale. Ce lieu des points critiques peut également posséder un
point d’inflexion à tangente horizontale ou décrire la pression critique comme une fonction mo-
notone (croissante ou décroissante) de la température. On peut dans certains cas y observer un
extremum en température à tangente verticale.
La figure I.81 représente plusieurs lieux possibles des points critiques attachés au point critique
du corps pur le plus lourd dans le plan (P, T ).
Le lieu des points critiques attaché au point critique du corps pur le plus léger est généralement
une fonction monotone de la température (croissante ou décroissante) dans le plan (P, T ). On
le note LP C2 par la suite. Dans presque 100 % des cas, la borne inférieure en pression de cette
– 84 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
Figure I.81 – Exemples de lieux de points critiques attachés au point critique du corps pur le
plus lourd pour des D.E.P.G. de type III dans le plan (P, T ).
ligne est atteinte au point critique du corps pur. Sur la figure I.80 ce lieu des points critiques est
une fonction croissante de la température comme dans la très grande majorité des cas rencontrés
expérimentalement. Dans certains cas où LP C2 est une fonction décroissante, le P CT S se trouve
au-dessus des courbes de pression de vapeur saturante des corps purs. Ce cas particulier est traité
par la suite.
Pour illustrer ce cas, on utilise l’exemple de la figure I.80. On réalise des coupes isothermes à
des températures subcritiques et supercritiques comme indiqué par la figure I.82.
Figure I.82 – D.E.P.G. de type III avec lieu des points critiques LP C1 possédant un maximum
et un minimum locaux en pression dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isothermes.
– 85 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.83 – Diagramme de phases isotherme à la température T1 (T1 < Tc,1 < TP CT S ) dans
le cas d’un D.E.P.G. de type III possédant un minimum et un maximum locaux en pression dans
le plan (P, T ).
Si l’on se place à présent à une température comprise entre la température du point critique
du corps pur 1 (Tc,1 ) et la température du point critique terminal supérieur (TP CT S ), on observe
un point critique liquide-vapeur (Lβ = V ) sur le diagramme de phases isotherme (figure I.84).
Plus on se rapproche du point critique terminal et plus le domaine liquide-vapeur Lβ V diminue ;
la pression du point critique Lβ = V se rapproche alors de la pression triphasique P ∗ .
Lorsque la température du point critique terminal supérieur est atteinte (voir figure I.85), le
domaine Lβ V est réduit à un unique point qui est le point critique terminal supérieur. En ce
point, les phases liquide L∗β et vapeur V ∗ triphasiques ont fusionné. Elles sont en équilibre avec
une phase L∗α .
On notera que les P CT S des diagrammes de type III sont des points critiques liquide-vapeur
tandis que dans le cas des diagrammes de type II, ce sont des points critiques liquide-liquide.
Sur la figure I.85 se trouve également représenté un point critique liquide-liquide situé sur LP C1 .
– 86 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
Figure I.84 – Diagramme de phases isotherme à la température T2 (Tc,1 < T2 < TP CT S ) dans
le cas d’un D.E.P.G. de type III possédant un minimum et un maximum locaux en pression dans
le plan (P, T ).
– 87 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Il n’était pas représenté au niveau des coupes isothermes précédentes, soit car il ne pouvait pas
être décelé, soit car il n’existait pas, soit par souci de clarté, car sa pression était très supérieure
à celle de la ligne triphasique. On notera enfin que pour toute température supérieure à celle du
P CT S, la ligne triphasique a disparu. Le point critique liquide-liquide du LP C1 devient alors un
point critique liquide-vapeur. Sur la figure I.85, on peut également visualiser les lieux des points
critiques LP C1 et LP C2 dans le plan (P, x1 ) qui permettent de mieux comprendre l’évolution
des points critiques.
Figure I.86 – Diagrammes de phases isothermes aux températures T4 à T8 dans le cas d’un
D.E.P.G. de type III possédant un minimum et un maximum locaux en pression dans le plan
(P, T ). La ligne pointillée rouge représente le lieu des points critiques LP C1 . Les points maté-
rialisent les points critiques des isothermes.
La particularité majeure de ce diagramme est l’allure du LPC qui fait une boucle dans le plan
P xy. On peut ainsi observer, au fur et à mesure que la température augmente, la composition
critique xc,1 augmenter jusque 0,70 environ avant de décroître jusque 0 au niveau du point critique
du corps pur 2.
Il est également intéressant de constater qu’à la température T4 proche de celle du P CT S, un
effet de mémoire est présent sur le diagramme et un point d’inflexion persiste sur la courbe de
rosée du binaire suivi d’une zone très aplatie qui rappelle le P CT S. A la température T5 , tout
se passe comme si cette partie aplatie était venue fusionner avec le maximum du diagramme (i.e.
le point critique) justifiant ces courbes de rosée et de bulle plates sur un si large domaine de
composition au voisinage du point critique. Par ailleurs, le lieu des points critiques nous indique
qu’au niveau du point double du LP C (i.e. à l’intersection du LPC avec lui-même), il existe deux
fuseaux isothermes de températures différentes dont les points critiques sont confondus dans le
plan P xy. Ce phénomène est très rare sur les système obéissant à des comportements de type I
ou II. Il est illustré par la figure I.87 ci-après.
Enfin, il est important de remarquer que dans certains cas, il est quasiment impossible de dire
si l’équilibre diphasique est liquide-liquide ou liquide-vapeur. Par exemple, pour T = TP CT S ,
– 88 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
Figure I.87 – Diagrammes de phases isothermes possédant un point critique commun dans le
plan P xy dans le cas d’un D.E.P.G. de type III possédant un minimum et un maximum locaux
en pression dans le plan (P, T ). La ligne pointillée rouge représente le lieu des points critiques
LP C1 . Le point C matérialise les points critiques communs.
le domaine situé en dessous de la ligne triphasique est liquide-vapeur, celui situé au-dessus est
liquide-liquide. Pour une température juste supérieure à celle du P CT S (T = T4 par
exemple), la ligne triphasique a disparu et il est difficile voire impossible de dire si
l’équilibre a lieu entre deux liquides ou un liquide et une vapeur. Il est donc sans
doute plus prudent de parler d’équilibre entre phases fluides.
On s’intéresse à présent aux représentations isobares du système étudié. Les coupes effectuées
sont représentées sur la figure I.88.
Figure I.88 – D.E.P.G. de type III avec lieu des points critiques LP C1 possédant un maximum
et un minimum locaux en pression dans le plan (P, T ) : représentation de coupes isobares.
Les diagrammes correspondant aux pressions P1 à P6 sont représentés sur la figure I.89 ci-après.
– 89 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.89 – Diagrammes de phases isobares aux pressions P1 à P6 = Pmin dans le cas d’un
D.E.P.G. de type III possédant un minimum et un maximum locaux en pression dans le plan
(P, T ). La ligne pointillée rouge représente les lieux des points critiques LP C1 et LP C2 .
– 90 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
A l’instar des coupes isothermes, on constate sur ces diagrammes que le domaine Lβ V diminue
au fur et à mesure que l’on se rapproche du P CT S. Au niveau du P CT S (pression P4 = PP CT S ),
le domaine Lβ V se réduit à un unique point dont la température est celle de l’équilibre triphasique
T ∗ . Cet équilibre qui était présent depuis les très faibles pressions (proches de zéro bar) disparaît
définitivement en ce point.
Soumis à la pression P5 > Pc,1 > Pc,2 , le système n’est plus attaché au niveau des axes des
corps purs (x1 = 0 et x1 = 1). Le domaine diphasique liquide-vapeur LV débute à très basse
température. Comme pour les diagrammes isothermes, un phénomène de mémoire du P CT S
peut y être visualisé.
A la pression P6 = Pmin à laquelle le lieu des points critiques LP C1 possède un minimum local,
on peut constater que le diagramme se scinde en deux parties distinctes. Ce point très particulier
est donc un point critique hyperbolique à minimum en pression en accord avec la nomenclature
précédemment adoptée. Afin de bien visualiser ce phénomène, un zoom du diagramme isobare à
P6 au voisinage du point critique hyperbolique est proposé sur la figure I.90.
Enfin, on représente les diagrammes de phases aux pressions P7 , P8 = Pmax et P9 sur les figures
I.91 et I.92. On y constate que la zone diaphasique liquide-vapeur LV diminue peu à peu. Les
deux points critiques L = V se rapprochent peu à peu et fusionnent à la pression P8 qui est
celle du maximum local en pression sur le lieu des points critiques LP C1 . Sous cette pression, le
domaine diphasique liquide-vapeur se réduit à un unique point. Ce point peut être appelé point
critique elliptique à maximum en pression.
Au delà de cette pression, on n’observe plus qu’un seul domaine diphasique liquide-liquide. L’in-
fluence de la pression sur la forme de cette zone est extrêmement limitée. Pour le voir, il suffit de
comparer les diagrammes à P7 et P9 . Tandis que la zone liquide-vapeur a notablement évolué, la
zone liquide-liquide est restée de marbre.
– 91 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.91 – Diagramme de phases isobare à la pression P7 dans le cas d’un D.E.P.G. de type
III possédant un minimum et un maximum locaux en pression dans le plan (P, T ). La ligne
pointillée rouge représente le lieu des points critiques LP C1 .
Figure I.92 – Diagrammes de phases isobares aux pressions P8 = Pmax et P9 dans le cas d’un
D.E.P.G. de type III possédant un minimum et un maximum locaux en pression dans le plan
(P, T ). La ligne pointillée rouge représente le lieu des points critiques LP C1 .
– 92 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
On s’intéresse à présent au système représenté par la figure I.93. Celui-ci permet d’illustrer
deux situations :
– Le lieu des points critiques LP C2 est connecté à une ligne triphasique qui se situe au-dessus
des courbes de pression de vapeur saturante des corps purs. Ceci permet donc d’illustrer
l’azéotropie hétérogène dans les diagrammes de type III. Ce type de diagramme se rencontre
notamment sur certains systèmes n-alcane(1)/eau(2).
– Le lieu des points critiques LP C1 est croissant au voisinage du point critique du corps pur
C2 . Il permet ainsi d’illustrer le phénomène d’équilibre gaz-gaz (ou fluide-fluide).
Figure I.93 – D.E.P.G. de type III dans le plan (P, T ). LP C1 et LP C2 , lieux des points critiques.
Ci , point critique du corps pur i. Pis (T ), courbe de pression de vapeur du corps pur i. 3ϕ, ligne
triphasique. P CT S, point critique terminal supérieur.
– 93 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.94 – D.E.P.G. de type III possédant un comportement azéotropique hétérogène : re-
présentation de coupes isothermes.
A la température T1 < TP CT S (voir figure I.95), la ligne triphasique se situe au-dessus des deux
courbes de pression de vapeur saturante dans le plan (P, T ). On observe un azéotrope hétérogène
sur un diagramme isotherme. Notons que contrairement à ce qui était observé avec un diagramme
de type II, il est ici possible d’oberser un hétéroazéotrope bien que le D.E.P.G. ne comporte pas
de ligne homoazéotropique qui vienne intercepter la ligne triphasique au niveau d’un biazéotrope.
Il est à noter que la composition x1,α de la phase liquide Lα est quasiment nulle, autrement dit,
cette phase contient le constituant 2 presque pur. A la température T2 , les domaines Lα V et Lβ V
commencent à rétrécir. La composition de la vapeur en équilibre triphasique (V ∗ ) se rapproche
de celle de la phase L∗β .
Figure I.95 – Diagrammes de phases isothermes aux températures T1 < T2 et T2 < TP CT S dans
le cas d’un D.E.P.G. de type III possédant un comportement azéotropique hétérogène.
– 94 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
N.B. : Le calcul de ce type de diagrammes à partir d’une équation d’état cubique n’est pas
aisé. En effet, la composition de la phase α en constituant 1 est typiquement de l’ordre de 10−7 à
10−10 . Il est donc nécessaire de posséder un programme de calcul d’équilibres offrant une précision
supérieure sur le calcul des compositions. A la température T3 = TP CT S , les phases V ∗ et L∗β
viennent fusionner au niveau du P CT S.
Au niveau de ce point, le diagramme se sépare en deux zones distinctes. Pour toute température
supérieure, les domaines diphasiques sont disjoints.
Figure I.97 – Diagrammes de phases isothermes aux températures T4 et T5 telles que : TP CT S <
T4 < T5 = Tc,1 dans le cas d’un D.E.P.G. de type III avec azéotropes hétérogènes.
On peut remarquer que l’azéotrope hétérogène n’a, dans le cas présent, pas donné naissance
à un azéotrope homogène (il n’existe pas de biazéotrope pour ce type de systèmes car le P CT S
– 95 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
On s’intéresse à présent aux coupes isobares illustrant l’azéotropie hétérogène dans les dia-
grammes de type III.
Figure I.98 – D.E.P.G. de type III possédant un comportement azéotropique hétérogène : re-
présentation de coupes isobares.
Les diagrammes isobares associés à ces coupes sont regroupés sur la figure I.99 ci-après.
On peut y suivre l’évolution plus classique de la zone diphasique Lβ V qui diminue jusqu’à
fusionner avec la zone liquide-liquide au niveau du P CT S.
– 96 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
Figure I.99 – Diagrammes de phases isobares aux pressions P1 à P6 dans le cas d’un D.E.P.G. de
type III possédant un comportement azéotropique hétérogène. La ligne pointillée rouge représente
le lieu des points critiques LP C2 .
– 97 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.100 – D.E.P.G. de type III avec lieu des points critiques LP C1 croissant dans le plan
(P, T ) : représentation de coupes isothermes et isobare.
Sur la figure I.101, le diagramme isotherme T6 est attaché à l’axe des corps purs x1 = 0. Il existe
sur un domaine de pression allant de la pression de vapeur P2s (T6 ) jusqu’aux pressions infinies.
A la température critique T7 = Tc,2 du corps pur 2, le diagramme diphasique est attaché pour la
dernière fois à l’axe x1 = 0. Ce comportement est très singulier. D’ordinaire, sauf exceptions, pour
une température supérieure à la plus grande des températures critiques des corps purs, le système
est monophasique supercritique. Ici, ça n’est pas le cas. A la température T8 > Tc,2 , il existe un
point critique F1 = F2 qui est surmonté d’un domaine diphasique qui continue jusqu’à l’infini.
Ce domaine caractérise des équilibres appelés équilibres gaz-gaz ou équilibres fluide-fluide.
N.B. : Les équilibres gaz-gaz ont déjà été rencontrés avec des diagrammes de type I avec azéo-
tropie négative. Cependant, la présence d’un point critique elliptique à maximum de température
confinait ces équilibres gaz-gaz dans un domaine restreint de pression.
Sur le diagramme isobare à la pression P7 > Pc,2 > Pc,1 de la figure I.102 ci-après, on peut
visualiser le point critique fluide-fluide et le domaine des équilibres gaz-gaz dans le plan T xy.
– 98 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
Figure I.102 – Diagramme de phases isobare à la pression P7 > Pc,2 > Pc,1 dans le cas d’un
D.E.P.G. de type III avec lieu des points critiques LP C1 croissant dans le plan (P, T ). La ligne
pointillée représente LP C1 .
I.6.4 Minimum en température sur le lieu des points critiques d’un dia-
gramme de type III
Pour terminer cette étude sur les diagrammes de type III, on s’intéresse à présent au cas où le
lieu des points critiques LP C1 possèderait un minimum en température avec tangente verticale
(dTc /dPc = 0). Ce cas est présenté sur la figure I.103.
Figure I.103 – D.E.P.G. de type III dans le plan (P, T ). LP C1 , lieu des points critiques. Ci ,
point critique du corps pur i. Pis (T ), courbe de pression de vapeur du corps pur i.
L’intérêt de ce cas par rapport à ceux présentés précédemment et qui possèdent un minimum
vient du fait que le lieu des points critiques ne joint pas deux points critiques de corps purs. Dans
– 99 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
le plan (P, T ), LP C1 part de C2 , voit sa température diminuer, atteindre un minimum puis re-
partir dans le sens croissant. La pression quant à elle augmente continûment jusqu’à l’infini. Par
ailleurs, les phénomènes sont beaucoup plus visibles sur ce type de diagrammes que sur ceux de
type I ou II.
La figure I.104 représente les coupes isothermes réalisées. Les diagrammes correspondants sont
donnés sur la figure I.105.
Figure I.104 – D.E.P.G. de type III avec LPC présentant un minimum en température : repré-
sentation de coupes isothermes.
– 100 –
I.6. DIAGRAMMES DE TYPE III
– 101 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Les diagrammes de type IV sont caractérisés [1, 3, 5] par trois lieux des points critiques. Le
premier d’entre eux, noté LP C1 est relié au point critique du corps pur le plus lourd (C2 )
et intercepte une ligne triphasique 3ϕ2 au niveau d’un point critique terminal inférieur
P CT I (LL). Cette ligne triphasique débute en ce point et se termine au niveau d’un point
critique terminal supérieur P CT S (LV ). Un second lieu des points critiques, noté LP C2 débute
sur le P CT S et se termine en rejoignant le point critique du corps pur le plus léger (C1 ).
Une seconde ligne triphasique 3ϕ1 débute à basse température et relie un point critique terminal
supérieur P T CS (LL). Enfin, un troisième lieu des points critiques liquide-liquide, noté LP C3 ,
débute aux pressions infinies et vient se terminer sur le P CT S (LL).
La figure I.106 illustre le type IV.
– 102 –
I.7. DIAGRAMMES DE TYPE IV
Historiquement, les diagrammes de type IV n’ont pas été découverts expérimentalement mais
par le calcul. C’est le “mathématicien chimiste” 12 hollandais Van Laar (du laboratoire de Van
der Waals) qui les a calculés en 1905-1906. Il a par ailleurs montré que le type IV est en réalité
un cas intermédiaire entre les types II et III [2].
Afin de comprendre les diagrammes de type IV, on utilise comme précédemment des coupes
isothermes et isobares des diagrammes de phases.
La figure I.107 représente les coupes isothermes réalisées dans les plans (P, T ) et (T, x1 ).
La figure I.108 représente le diagramme de phases du binaire considéré pour une température à
peine inférieure à la température du P CT S (LL). On peut y constater la présence d’un équilibre
triphasique liquide-liquide-vapeur. La pente du LPC liquide-liquide (LP C3 ) étant négative, pour
T < TP CT S (LL) , il existe un point critique liquide-liquide.
– 103 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Comme déjà évoqué précédemment, le point critique terminal supérieur L∗α = L∗β est caractérisé
sur le diagramme de phases isotherme à T = TP CT S (LL) par un point d’inflexion à tangente
horizontale (voir figure I.109).
A la température T2 = Tc,1 du point critique C1 , il n’y a plus présence d’équilibre triphasique
sur le diagramme de phases.
– 104 –
I.7. DIAGRAMMES DE TYPE IV
d’un point critique terminal supérieur liquide-liquide aux précédentes températures. Toutefois,
on peut également interpréter ce point d’inflexion comme la marque de l’apparition prochaine
d’un point critique terminal. En effet, à la température T4 , sur le diagramme de phases isotherme
(voir figure I.110), on observe un second point critique qui est un point critique terminal inférieur
liquide-liquide L∗α = L∗β , noté P CT I (LL).
Figure I.111 – Diagrammes de phases isotherme aux températures T5 et T6 dans le cas d’un
D.E.P.G. de type IV.
– 105 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.113 – Diagrammes de phases isothermes aux températures T8 à T13 = Tc,2 dans le cas
d’un D.E.P.G. de type IV.
– 106 –
I.7. DIAGRAMMES DE TYPE IV
Passons à présent à l’étude des diagrammes isobares. Les coupes effectuées sont représentées
sur la figure I.114.
Les diagrammes de phases correspondants sont donnés sur les figures I.115 et I.116. Jusqu’à la
pression P4 , le comportement du système est similaire à un comportement de type II. Entre les
pressions P4 et P7 , on observe à l’instar des diagrammes isothermes la naissance d’un équilibre
triphasique. Une zone d’équilibre liquide-liquide fait son apparition. Celle-ci va augmenter tandis
que la zone diphasique liquide-vapeur sitée à sa droite diminue progressivement. Lorsque la
pression P7 est atteinte, l’équilibre triphasique est présent pour la dernière fois. Pour toute
pression supérieure, on observe à nouveau un comportement de type II.
– 107 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.115 – Diagrammes de phases isobares aux pressions P1 à P5 dans le cas d’un D.E.P.G.
de type IV. Les lignes pointillées rouge, verte et rose représentent les lieux des points critiques.
– 108 –
I.7. DIAGRAMMES DE TYPE IV
Figure I.116 – Diagrammes de phases isobares aux pressions P6 à P1 1 dans le cas d’un D.E.P.G.
de type IV. Les lignes pointillées rouge, verte et rose représentent les lieux des points critiques.
– 109 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Pour terminer avec les diagrammes de type IV, on notera qu’il existe quelques légères variantes
du cas que l’on vient d’étudier. Par exemple, la ligne triphasique 3ϕ2 qui joint les deux points
critiques terminaux, peut débuter à une température inférieure à la température Tc,1 . Dans ce
cas, la pression du P CT I est inférieure à la pression critique Pc,1 (voir figure I.117).
Ces diagrammes ont été expérimentalement découverts par Kuenen et Robson en 1899 [2]
qui étudiaient alors le comportement du systèmme binaire éthane(1)/propan-1-ol(2).
A présent que les diagrammes de type IV sont définis, il devient extrêment simple de définir
les diagrammes de type V [1, 3, 5]. Ceux-ci sont exactement identiques aux diagrammes de type
IV, à la différence que les diagrammes de type V ne possèdent pas de lieu des points critiques
liquide-liquide (noté LP C3 pour les diagrammes de type IV). Par conséquent, ils ne possèdent
donc pas de P CT S (LL), ni de ligne triphasique 3ϕ1 attachée à celui-ci.
La figure I.118 représente l’allure d’un diagramme de type V classique dans les plans (P, T )
et (T, x1 ).
Comme précédemment pour les diagrammes de type IV, il peut exister quelques légères va-
riantes dans l’allure des diagrammes de type V. En particulier, le point critique terminal inférieur
(P CT I (LL)) peut être situé soit au-dessus du point critiques du corps pur 1 (comme c’est le
cas sur la figure I.118), soit en dessous de celui-ci, comme montré sur la figure I.119.
Etant donné la grande similitude entre les types IV et V, on ne présente pas de diagrammes
isothermes et isobares pour illustrer le type V.
– 110 –
I.8. DIAGRAMMES DE TYPE V
Figure I.118 – D.E.P.G. de type V dans les plans (P, T ) et (T, x1 ). LP C1 et LP C2 : lieux des
points critiques. Ci , point critique du corps pur i. Pis (T ), courbe de pression de vapeur du corps
pur i. P CT S (LV ), point critique terminal supérieur liquide-vapeur, P CT I (LL), point critique
terminal inférieur liquide-liquide. 3ϕ, ligne triphasique.
Figure I.119 – D.E.P.G. de type V dans le plan (P, T ) tel que PP CT I (LL) < Pc,1 .
– 111 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Les diagrammes de type VI furent découverts par Van Laar en 1905 [2] qui après avoir modifié
l’équation de Van der Waals put les calculer. Il faut rappeler à ce stade que ces diagrammes
ne peuvent pas être générés à partir de l’équation de Van der Waals comme l’expliquent Van
Konynenburg et Scott [3].
Les diagrammes de type VI [1, 3, 5] sont identiques aux diagrammes de type I concernant le lieu
des points critiques liquide-vapeur (LP CLV ). Celui-ci est attaché aux points critiques des corps
purs 1 et 2. En revanche, ce type de diagramme possède à basse température, un lieu des points
critiques liquide-liquide (LP CLL ) dont la pression ne tend pas vers l’infini (contrairement au
type II).
Ce lieu des points critiques débute sur un point critique terminal inférieur (P CT I) et se termine
sur un point critique terminal supérieur (P CT S). De plus, une ligne triphasique joint le P CT I
et le P CT S.
Un exemple de comportement de type VI est représenté dans les plans (P, T ) et (T, x1 ) sur la
figure ci-après.
Figure I.120 – D.E.P.G. de type VI dans les plans (P, T ) et (T, x1 ). LP CLL et LP CLV :
lieux des points critiques. Ci , point critique du corps pur i. Pis (T ), courbe de pression de vapeur
du corps pur i. P CT S, point critique terminal supérieur liquide-liquide, P CT I, point critique
terminal inférieur liquide-liquide. 3ϕ, ligne triphasique.
Afin de mieux visualiser les phénomènes physiques, la figure I.121 représente ces mêmes dia-
grammes au voisinage de la ligne triphasique.
– 112 –
I.9. DIAGRAMMES DE TYPE VI
Pour décrire le comportement de ce système, on réalise des coupes isothermes comme indiqué
sur la figure I.122.
– 113 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
– 114 –
I.9. DIAGRAMMES DE TYPE VI
Figure I.124 – Diagrammes de phases isothermes à la température T4 telle que TP CT I < T4 <
TP CT S dans le cas d’un D.E.P.G. de type VI.
– 115 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.126 – Diagramme de phases isotherme à la température T6 dans le cas d’un D.E.P.G.
de type VI.
Figure I.127 – Diagrammes de phases isothermes aux températures T7 à T13 dans le cas d’un
D.E.P.G. de type VI.
– 116 –
I.9. DIAGRAMMES DE TYPE VI
Les figures I.129 et I.130 ci-après présentent les diagrammes isobares correspondant aux coupes
de la figure I.128. Entre les pressions P2 = PP CT I et P4 = PP CT S , les diagrammes de phases
isobares possèdent une ligne triphasique. Un domaine liquide-liquide naît à la pression P2 et
grandit aux pressions supérieures. Lorsque la pression P4 est atteinte, ce domaine est attaché
pour la dernière fois au fuseau liquide-vapeur. Le point d’attache est le P CT S (L∗α = L∗β ).
Par la suite, au fur et à mesure que la pression augmente et se rapproche de Pmax , le domaine
liquide-liquide diminue. Il est réduit à un seul point lorsque P = Pmax . Ce point est appelé point
critique elliptique à maximum en pression.
Il est intéressant de remarquer que concomitamment, les points critiques inférieur et supérieur
du domaine liquide-vapeur des diagrammes isobares se rapprochent l’un de l’autre pour venir
fusionner en un deuxième point critique elliptique à maximum en pression, situé à une pression
supérieure à Pmax .
– 117 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.129 – Diagrammes de phases isothermes aux pressions P1 à P6 dans le cas d’un D.E.P.G.
de type VI.
– 118 –
I.10. PHÉNOMÈNES ATYPIQUES SUR LES D.E.P.G.
Figure I.130 – Diagrammes de phases isothermes aux pressions P7 à P10 dans le cas d’un
D.E.P.G. de type VI.
Les six types de comportement que l’on vient de présenter correspondent tous à des situations
susceptibles d’être rencontrées expérimentalement. Toutefois, lorsqu’on utilise un modèle ther-
modynamique prédictif pour représenter le comportement d’un système binaire, il est possible
d’observer des types de comportement qui, bien que physiquement possibles, n’ont jamais été
observés expérimentalement.
Les cas qui sont représentés par la suite ont été calculés en utilisant le modèle prédictif PPR78.
Il n’existe pour la plupart, pas d’équivalent dans la classification de Van Konynenburg et
Scott.
Les points de Bancroft ont été définis précédemment comme l’intersection des deux courbes
de pression de vapeur saturante. La règle dite de Bancroft stipule que dans ce cas, à la
– 119 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
I.10.2 Interaction entre lieu des azéotropes et domaine triphasique dans les
diagrammes de type II
Tout d’abord, on notera que pour discuter ce point, on utilisera préférentiellement le plan
(T, x1 ) plutôt que le plan (P, T ) car les phénomènes y sont beaucoup plus visibles (pour cette
raison, les 3 diagrammes dans le plan (P, T ) présentés par la suite ne sont pas calculés afin que
les phénomènes y soient visibles).
Lorsque la présence d’un azéotrope sur les diagrammes de type II a été évoquée au paragraphe
I.5.5, plusieurs configurations ont été présentées sans qu’aucun lien ne soit fait entre elles. Ces
configurations sont en réalité assez proches les unes des autres et peuvent être comprises en
comparant simplement les positions relatives du lieu des azéotropes et du domaine triphasique.
Pour commencer, on présente un diagramme de type II dans lequel le lieu des azéotropes n’inter-
fère pas avec le domaine triphasique. Dans ce cas, la ligne azéotropique est en tout point séparée
du domaine triphasique comme l’illustre la figure I.132. Ce système binaire ne possède que des
azéotropes homogènes.
– 120 –
I.10. PHÉNOMÈNES ATYPIQUES SUR LES D.E.P.G.
Figure I.132 – D.E.P.G. de type II avec ligne azéotropique séparée du domaine triphasique. A
gauche, diagramme calculé dans le plan (T, x1 ). A droite, diagramme schématique dans le plan
(P, T ). B, point de Bancroft. B ′ , point de Bancroft de second type. Az, ligne azéotropique.
LP CLL , lieu des points critiques liquide-liquide. 3ϕ, ligne triphasique. Pis (T ), courbe de pression
de vapeur saturante du constituant i.
Lorsqu’un système binaire de type II possède des hétéroazéotropes, cela signifie que la ligne
azéotropique est venue percuter le domaine triphasique, au niveau d’un biazéotrope.
Un cas limite peut alors être envisagé : celui où, dans le plan (T,x1 ) la ligne azéotropique et le
domaine triphasique possèderaient un unique point de contact à tangentes communes. C’est ce
qu’illustre la figure I.133.
Figure I.133 – D.E.P.G. de type II avec tangence commune entre la ligne azéotropique et
la ligne triphasique. A gauche, diagramme calculé dans le plan (T, x1 ). A droite, diagramme
schématique dans le plan (P, T ). B, point de Bancroft. B ′ , point de Bancroft de second
type. Az, ligne azéotropique. Az ′ , biazéotrope. LP CLL , lieu des points critiques liquide-liquide.
3ϕ, ligne triphasique. Pis (T ), courbe de pression de vapeur saturante du constituant i.
– 121 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Enfin, on peut également imaginer le cas d’une ligne azéotropique venant intercepter le domaine
triphasique en deux points distincts Az ′ et Az ′′ . Dans ce cas, il existe en réalité deux lignes
azéotropiques sur le diagramme réel. C’est ce qu’illustre la figure I.134 ci-après.
Figure I.134 – D.E.P.G. de type II avec ligne azéotropique interceptant le domaine triphasique
en deux points. Az ′ et Az ′′ : biazéotropes. Azi : lignes azéotropiques. A gauche, diagramme calculé
dans le plan (T, x1 ). A droite, diagramme calculé dans le plan (P, T ) et zoom schématique au
voisinage du P CT S. B, point de Bancroft. B ′ , point de Bancroft de second type. LP CLL ,
lieu des points critiques liquide-liquide. 3ϕ, ligne triphasique. Pis (T ), courbe de pression de vapeur
saturante du constituant i. Ligne pointillée : azéotropes non stables.
La ligne azéotropique se décompose alors en trois parties : les deux lieux des azéotropes ho-
mogènes stables Az1 et Az2 et le troisième est le lieu des azéotropes homogènes non stables,
représenté en pointillés sur la figure précédente et situé à l’intérieur du domaine triphasique.
Les points tricritiques n’apparaissent que très rarement sur les diagrammes de phases binaires.
Un simple point critique correspond à la fusion de deux phases. Un point tricritique correspond
quant à lui à la fusion de trois phases : L∗α = L∗β = V ∗ . Au niveau d’un point tricritique (noté
P 3C) on vérifie alors :
2 3 4 5
∂ g ∂ g ∂ g ∂ g
2 = 3 = 4 = =0 (I.6)
∂x1 T,P ∂x1 T,P ∂x1 T,P ∂x51 T,P
Un point tricritique peut par exemple survenir lorsqu’un P CT SLV et un P CT ILL fusionnent,
i.e. au niveau de la transition entre les diagrammes de types V et I (ce que nous détaillerons par
la suite), ou entre les diagrammes de type II et IV.
On peut également l’observer au niveau de la rencontre de deux lieux des points critiques comme
l’illustre la figure I.135 ci-après.
Sur la figure I.136, on peut constater que le point tricritique se situe à l’intersection du point
critique terminal supérieur de la ligne critique LP C2 et du lieu des points critiques LP C1 . Au
niveau du point tricritique, les courbes LP C1 et LP C2 possèdent des tangentes horizontales dans
le plan (T, x1 ). De même, les lignes triphasiques qui viennent toutes les trois fusionner en P 3C,
possèdent en ce point une tangente horizontale.
– 122 –
I.10. PHÉNOMÈNES ATYPIQUES SUR LES D.E.P.G.
Figure I.135 – Plan (P, T ) d’un D.E.P.G. de type II possédant un point tricritique (P 3C).
P1s (T ), courbe de pression de vapeur saturante du constituant 1. Ci , points critiques des corps
purs i. Az, ligne azéotropique. LP Ci , lieux des points critiques. 3ϕ, ligne triphasique.
– 123 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Dans un diagramme de phases isotherme ou isobare, au voisinage d’un point tricritique les
courbes de bulle et de rosée sont extrêmement plates. Ceci peut être observé sur les diagrammes
de phases de la figure I.137 qui correspondent aux coupes isothermes du D.E.P.G. dans le plan
(P, T ) de la figure I.136.
Figure I.137 – Point tricritique (P 3C) issu de la rencontre des lieux des points critiques LP C1
et LP C2 . P1 , point critique de LP C1 et P2 , point critique de LP C2 . Coupes isothermes au
voisinage de P 3C.
Remarque :
La variance d’un point critique terminal est nulle : c’est un point critique auquel on impose de
se trouver en équilibre avec une troisième phase.
Un point tricritique est un point critique terminal auquel on impose en plus d’être en équilibre
avec une phase critique.
Dans le cas d’un système binaire (n = 2), une solution tricritique est monophasique (π = 1). Les
variables intensives des phases sont soumises à r = 4 relations supplémentaires [voir équation
(I.6)]. La variance d’un tel système est donc : ν = −1 ! Le problème est donc surdimensionné : il
y a plus d’équations que de variables. L’observation d’un point tricritique sur un système binaire
relève donc presque du hasard.
– 124 –
I.10. PHÉNOMÈNES ATYPIQUES SUR LES D.E.P.G.
En 1998, Bolz, Deiters, Peters et De Loos proposent une nouvelle nomenclature pour
les D.E.P.G. [7]. Cette nomenclature plus complexe que celle de Van Konynenburg et Scott
présente néanmoins l’avantage de pouvoir décrire n’importe quel comportement et de ne pas se
limiter aux six types décrits précédemment.
Voici succinctement quelques règles proposées par les auteurs :
– On se place dans le plan (P, T ).
– On commence toujours par nommer la ligne critique attachée au point critique du corps pur
donc la température critique est la plus grande.
– Lorsque des lignes critiques sont attachées entre elles par des lignes triphasiques, on les
représente par un chiffre i égal au nombre de lignes critiques mises en jeu dans la séquence.
Si la ligne n’est attachée à aucune ligne triphasique, on lui attribue le chiffre i = 1.
– Les séquences de lignes critiques sont représentées par la notation iX où X qualifie le com-
portement de la séquence de lignes critiques.
– X = C si le lieu des points critiques part vers les pressions infinies ; X = P si le LPC est
attaché au point critique du second constituant. X = Z si le LPC se termine sur un P CT S
auquel est connectée une ligne triphasique qui débute à basse température.
– Enfin, pour décrire les lignes critiques non attachées aux points critiques des corps purs, on
utilise la notation iX j où j qualifie la nature des lignes critiques non connectées aux points
critiques des corps purs.
– j = l pour les LPC issus des pressions infinies et connectés à un PCT ; j = n pour les LPC
limités par deux PCT ; j = u pour les LPC partant des pressions infinies, passant par un
minimum et repartant vers les pressions infinies.
– On peut rajouter la lettre A au nom du type pour décrire les systèmes azéotropiques.
On peut ainsi dresser une équivalence entre cette classification et celle de Van Konynenburg
et Scott :
Van Konynenburg et Scott Bolz et al.
Type I 1P
Type II 1P l
Type III 1C 1Z
Type IV 2P l
Type V 2P
Type VI 1P nl
Parmi les D.E.P.G. n’appartenant pas à la classification de Van Konynenburg et Scott qui
ont été rencontrés au cours de la mise au point du modèle PPR78, on peut citer le type 2P nu
qui est un cas hybride entre les types V et VI (voir figure I.138).
Le type 1C 2C , parfois appelé type VIII est un cousin du type III (voir figure I.139).
Sur le type 1P u représenté sur la figure I.141, la ligne azéotropique présente la (rare) caractéris-
tique de naître et de mourir sur la même courbe de pression de vapeur saturante.
Enfin, on peut citer également le type 1P ll, voisin du type II, qui possède un P CT I. On retrouve
sur la figure I.142 deux lignes azéotropiques interceptant le domaine triphasique.
– 125 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
– 126 –
I.10. PHÉNOMÈNES ATYPIQUES SUR LES D.E.P.G.
– 127 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Lorsqu’il écrivit sa thèse, Van Konynenburg étudia l’influence des coefficients a1 , a2 et a12
de l’équation d’état de Van der Waals sur le type de diagramme observé. En particulier, il
introduisit les coefficients :
a2 − a1 a1 − 2a12 + a2
ζ= et Λ = (I.7)
a2 + a1 a1 + a2
Ensuite, dans le plan (Λ,ζ), il représenta les lieux des différents types de diagrammes.
La figure ci-après est extraite de l’article [3] expliquant les résultats de la thèse de Van Kony-
nenburg. Ce type de représentation est appelé diagramme de phases global.
Cette figure permet d’expliquer les transitions de types, c’est-à-dire qu’elle montre l’influence
des paramètres de l’équation d’état sur le type de diagramme observé et explique comment passer
d’un type à l’autre.
On se propose à présent d’illustrer les transitions de types à partir de l’équation d’état de Peng-
Robinson utilisant les règles de mélange de Van der Waals. Pour observer les transitions, on
jouera sur un seul paramètre : le coefficient d’interaction binaire kij , tous les autres paramètres
étant maintenus constants.
Le binaire étudié est CO2 (1)/n-octane(2).
– 128 –
I.11. TRANSITIONS DE TYPES
Pour des valeurs de kij très négatives, le binaire possède un comportement de type V :
Plus le kij augmente, plus les PCT se rapprochent l’un de l’autre et plus la ligne triphasique
s’amenuise.
Figure I.145 – Binaire CO2 (1)/n-octane(2) avec kij = −0,55 (à gauche) et kij = −0,50 (à
droite).
Lorsque kij ≃ 0,488, les deux points critiques terminaux P CT I et P CT S se sont rejoints et
ont fusionné en un point tricritique P 3C.
Comme nous l’illustrerons par la suite, au niveau du point tricritique, on observe un point
d’inflexion à tangente horizontale dans le plan (T, x1 ).
Finalement, à ce stade, on peut donc affirmer que l’on observe des D.E.P.G. de type V lorsque
kij ≤ 0,488. Pour les kij juste supérieurs, des diagrammes de type I apparaissent :
La transition entre le type I et le type II s’effectue par l’apparition d’une ligne de points critiques
liquide-liquide, issue des pressions infinies et se terminant sur un point critique terminal supérieur
auquel est connectée une ligne triphasique. Ce phénomène se produit d’abord à température nulle
puis se décale vers les températures supérieures lorsque le kij augmente.
Au fur et à mesure que le kij augmente, un point d’inflexion vient se dessiner sur le lieu des
points critiques dans le plan (T, x1 ) (voir figure I.149). Ce point d’inflexion augure la présence
d’un futur point tricritique annonçant lui-même l’arrivée des diagrammes de type IV.
– 129 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.147 – Binaire CO2 (1)/n-octane(2) avec kij = −0,3, kij = −0,2, kij = −0,1.
Figure I.148 – Binaire CO2 (1)/n-octane(2) avec kij = 0,0 (à gauche) et kij = 0,12 (à droite).
Pour kij ≃ 0,129 un point tricritique se dessine sur le D.E.P.G. (voir figure I.150).
Pour tout kij légèrement supérieur, le D.E.P.G. est de type IV.
Les diagrammes de type IV que l’on observe dans ce cas méritent d’être étudiés avec attention.
On peut en réalité distinguer deux catégories de type IV que nous noterons par la suite type IV1
– 130 –
I.11. TRANSITIONS DE TYPES
et type IV2 . Le diagramme présenté sur la figure précédente est de type IV1 . Pour bien définir
ce sous-type, il est nécessaire de représenter les portions de lignes critiques non stables sur les
D.E.P.G.
– 131 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Sur la figure suivante, on présente donc les portions stables et non stables des lieux des points
critiques dans les plans (P, T ) et (T, x1 ).
Figure I.152 – Binaire CO2 (1)/n-octane(2) avec kij = 0,1320. Représentations des portions
stables et non stables sur les lieux des points critiques. P RC, point de rebroussement critique.
Les lieux des points critiques LP C1 et LP C2 sont en réalité situés sur un seul et même lieu
des points critiques. Ils sont simplement séparés par un lieu des points critiques non stable, non
représenté habituellement. La partie non stable de ce LPC est représentée par des pointillés roses.
Dans le plan (P, T ), sur le lieu des points critiques non stables liant LP C1 et LP C2 se trouvent
deux points de rebroussement critiques notés P RC1 et P RC2 . Ils vérifient :
2 3 4
∂ g ∂ g ∂ g
= = =0 (I.8)
∂x21 T,P ∂x31 T,P ∂x41 T,P
Ces points marquent en réalité la limite de stabilité entre les parties métastable et instable du
lieu des points critiques. On rappelle par ailleurs que les points P CT I et P CT S marquent eux
la limite de stabilité entre les parties stable et métastable du lieu des points critiques.
Autrement dit, le lieu des points critiques compris entre P CT I et P RC1 est métastable, celui
situé entre les points P RC1 et P RC2 est instable et celui situé entre P RC2 et P CT S est méta-
stable. Ces trois portions définissent le lieu des points critiques non stables.
Dans le plan (T, x1 ), les points P RC1 et P RC2 ne sont pas des points de rebroussement mais
– 132 –
I.11. TRANSITIONS DE TYPES
des extrema locaux sur le lieu des points critiques. Ils vérifient : dTc /dx1 = 0.
Enfin, la partie non stable du lieu des points critiques liquide-liquide LP C3 est représentée en
pointillés verts sur la figure I.152. Un point de rebroussement critique P RC3 est présent sur ce
lieu des points critiques. Ainsi, la partie reliant P CT S2 à P RC3 est métastable, celle reliant
P RC3 au point critique de pression nulle est instable.
Au fur et à mesure que le kij augmente, les points P RC1 et P RC3 se rapprochent l’un de
l’autre. Ils fusionnent à kij = 0,1322 comme illustré sur la figure ci-après :
Figure I.153 – Binaire CO2 (1)/n-octane(2) avec kij = 0,1322. Représentations des portions
stables et non stables sur les lieux des points critiques. P RC, point de rebroussement critique.
P RCD, point de rebroussement critique double.
Ce cas illustre la transition entre les diagrammes de type IV1 et IV2 . Le point de rebroussement
critique issu de la fusion des points de rebroussement P RC1 et P RC3 est appelé point de
rebroussement critique double (P RCD) [7].
Pour tout kij supérieur, la configuration des LPC est modifiée. La figure I.154 ci-après montre
un diagramme de type IV2 .
A présent, ce sont les lieux des points critiques LP C1 et LP C3 qui sont situés sur le même lieu
des points critiques et séparés par des points critiques métastables. LP C2 quant à lui possède une
– 133 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.154 – Binaire CO2 (1)/n-octane(2) avec kij = 0,1360. Représentations des portions
stables et non stables sur les lieux des points critiques. P RC, point de rebroussement critique.
partie non stable qui continue jusqu’à pression nulle. Tout se passe comme si les lignes critiques
du type IV1 s’étaient réorganisées entre elles après que les points de rebroussement critiques ont
fusionné.
Il est également intéressant de remarquer que dans le plan (T, x1 ), sur LP C3 , le minimum en
température étant situé sur la partie stable de la courbe n’est pas un point de rebroussement
critique mais un simple point critique hyperbolique à minimum en température.
Plus le kij augmente et plus les points critiques terminaux P T CS2 et P T CI tendent à se
rapprocher l’un de l’autre. Ils fusionnent en kij = 0,1397 marquant ainsi la transition entre les
diagrammes de type IV et ceux de type III.
Le point résultant de la fusion de ces deux points critiques terminaux est appelé point cri-
tique terminal double [7].
– 134 –
I.11. TRANSITIONS DE TYPES
Figure I.155 – Binaire CO2 (1)/n-octane(2) avec kij = 0,1397. Représentations des portions
stables sur les lieux des points critiques. P CT D, point critique terminal double.
N.B. : La fusion entre deux points critiques terminaux peut donc être soit un point critique
terminal double (transition types IV et III), soit un point tricritique (transition types V et I et
types II et IV). Dans le second cas, ce sont deux PCT de deux domaines triphasiques différents
qui fusionnent [un PCT (LL) et un PCT (LV)] tandis que dans le premier, les PCT qui fusionnent
appartiennent au même domaine triphasique [fusion de deux PCT (LL)].
On représente ci-après le diagramme de type III associé à kij = 0,145. Plus kij augmente et
plus le minimum local du LP C1 voit sa pression augmenter.
En comparant les graphes I.155 et I.156, tout se passe comme si dans le plan (P, T ), LP C1 et
LP C3 avaient fusionné tout comme 3ϕ1 et 3ϕ2 . Dans le plan (T, x1 ), on peut observer la fusion
de LP C1 et LP C3 ainsi que celle des courbes L∗α,1 et L∗α,2 , L∗β,1 et L∗β,2 , V1∗ et V2∗ .
Pour toute valeur de kij supérieure, on observe des diagrammes de type III.
– 135 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Sur cette figure, on assite à la déformation des diagrammes de type III. Pour les premières
valeurs de kij , un minimum m et un maximum M locaux apparaissent sur le diagramme. A
kij = 0,185, ces deux points viennent fusionner et former un point d’inflexion I à tangente hori-
zontale. Au-delà, les lieux des points critiques sont monotones en pression.
Nous venons donc de voir des transitions possibles entre les diagrammes de types I, II, III, IV
et V. Pour compléter cette partie, on propose de montrer quelques transitions de types autour
des diagrammes de type VI.
Pour terminer ce chapitre, on s’intéresse aux transitions de types mettant en jeu les dia-
grammmes de type VI, 1P ll et 1P nu.
Pour obtenir ces différents diagrammes, on doit impérativement utiliser un kij dépendant de la
– 136 –
I.11. TRANSITIONS DE TYPES
température. Pour observer ces transitions, on peut modifier par exemple, une des propriétés
critiques des corps purs, comme par exemple la pression critique.
Figure I.159 – Diagramme 1P ll. La ligne pointillée représente le LPC non stables.
Les deux lignes critiques liquide-liquide appartiennent au même LPC et sont simplement sé-
parées par une partie non stable. En augmentant légèrement la pression critique du constituant
2, les deux lignes critiques liquide-liquide se rapprochent juqu’à devenir tangentes :
Figure I.160 – Diagramme 1P ll avec tangence des LPC liquide-liquide. La ligne pointillée re-
présente le LPC non stables.
Le point de tangence est appelé point hypercritique [7]. Lorsque l’on continue d’augmenter
Pc,2 , deux lieux des points critiques liquide-liquide voient le jour, et l’on obtient un diagramme
de type 1P nu.
Par la suite, en continuant d’augmenter Pc,2 , le lieu des points critiques supérieur dans le plan
(P, T ) se déplace vers les pressions infinies. Seul reste le lieu des points critiques liquide-liquide
relié aux points critiques terminaux : c’est le type VI.
– 137 –
CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DE VAN KONYNENBURG ET SCOTT
Figure I.161 – Diagramme 1P nu. La ligne pointillée représente le LPC non stables.
Pour conclure, on notera que les transitions présentées sont simplement des exemples et ne pré-
tendent pas traiter de l’ensemble des transitions de types observables chez les binaires. Seules des
représentations des diagrammes de phases globaux peuvent permettre d’avoir une représentation
exhaustive des phénomènes.
– 138 –
I.12. ANNEXE : POSITIONS RELATIVES DES COURBES DE PRESSION DE VAPEUR
DE DEUX CORPS PURS
I.12 Annexe : positions relatives des courbes de pression de va-
peur de deux corps purs
Il est possible de classer les systèmes binaires suivant les positions relatives des courbes de
pression de vapeur saturante au voisinage des points critiques des corps purs en trois catégories,
notées A, B et C. Ces trois catégories sont présentées sur les figures I.162 et I.163. On note 1 et
2, les deux constituants du système. Le type A est tel que : Tc,1 > Tc,2 et Pc,1 > Pc,2 . Après avoir
6% 67 %
27 %
effectué des tests sur 3570 systèmes binaires (contenant des alcanes, des molécules aromatiques,
des cycloalcanes, des mercaptans, CO2 , N2 , H2 S), il ressort que ce type est présent dans la
nature à hauteur d’environ 6 %. Le type B est tel que : Tc,1 < Tc,2 et Pc,1 > Pc,2 . Ce type est le
plus répandu (à hauteur d’environ 67 %). Enfin, le type C vérifie : Tc,1 < Tc,2 et Pc,1 < Pc,2 . Ce
type est rencontré à hauteur d’environ 27 %.
– 139 –
BIBLIOGRAPHIE
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critical Fluids 39 (3) (2007) 287–295.
[9] J.-N. Jaubert, R. Privat, Possible existence of a negative (positive) homogeneous azeotrope
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(that is, when gE is positive (negative)), Ind. Eng. Chem. Res. 45 (2006) 8217–8222.
– 140 –
CHAPITRE II
Les équations d’état sont au centre de la thermodynamique des fluides. Depuis de nombreuses
décennies, des générations de scientifiques se succèdent, tentant d’en créer de nouvelles ou d’amé-
liorer celles déjà existantes. Pour le génie chimique, discipline majeure d’application de la ther-
modynamique des fluides, l’enjeu est de taille, puisque de la précision de l’équation d’état dépend
la précision de l’analyse et du contrôle des procédés de l’industrie.
L’histoire des équations d’état [1] commence véritablement en 1662, lorsque Robert Boyle, suite
à ses expériences sur l’élasticité de l’air, intuite la forme hyperbolique des isothermes dans le plan
(P, V ). Ce résultat sera d’ailleurs confirmé par l’abbé Edme Mariotte presque concomitam-
ment.
En février 1801, Joseph Louis Gay-Lussac démontre expérimentalement qu’à pression P constante,
le volume V d’un gaz dépend linéairement de la température T .
Ces deux découvertes vont permettre de découvrir une loi fondatrice de la thermodynamique
connue sous le nom d’équation d’état des gaz parfaits 1 et qui relie la pression P d’un gaz
au volume V qu’il occupe, à sa température T et à sa quantité de matière n :
P ·V =n·R·T (II.1)
où R, appelée constante des gaz parfaits, est une constante qui vaut : R = 8,314472 J ·K −1 ·mol−1 .
Cependant, cette équation d’état révèle assez rapidement ses limites. Au milieu du XIXème siècle,
Henri Victor Regnault montre que les gaz s’éloignent du comportement prédit par l’équation
des gaz parfaits quand il sont soumis à certaines conditions de température et de pression. Il
devient alors rapidement certain que cette loi est un cas limite uniquement valable à haute
température et faible pression. De plus, elle ne permet pas de représenter les liquides, ni les
1. parfois appelée loi de Boyle-Mariotte ou loi de Boyle-Gay-Lussac.
141
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
transitions de phases.
Le 14 juin 1873, un événement déterminant dans l’histoire des équations d’état se produit à
l’université de Leiden : le hollandais Johannes Diderik van der Waals expose son travail de
thèse sur la continuité des états liquide et gazeux [2]. Il présente notamment une nouvelle équation
d’état qui est une version modifiée de la loi des gaz parfaits et qui prend en compte les attractions
que les molécules d’un fluide exercent les unes sur les autres. En particulier, cette équation est
capable de représenter l’état liquide, ainsi que les transitions liquide - gaz.
Pour n moles de fluide, l’équation de Van der Waals s’écrit :
n2 · a
P+ · (V − n · b) = n · R · T (II.2)
V2
a est une constante positive qui quantifie les phénomènes d’attraction entre les molécules. Dans
les unités du système international, a s’exprime en kg · m5 · s−2 · mol−2 .
b, appelé volume d’exclusion ou covolume, est aussi une constante positive. Elle prend en compte
le fait que les molécules ne sont pas ponctuelles et s’exprime en m3 · mol−1 .
Par ailleurs, on suppose que les molécules du fluide sont des sphères dures.
Enfin, le volume V est nécessairement strictement supérieur à n · b (cf. remarque ci-après).
P• · V • = n · R · T
– 142 –
II.1. PETIT HISTORIQUE
Les paramètres a et b peuvent être ajustés sur des données expérimentales. Ils peuvent éga-
lement être exprimés en fonction des température Tc et pression Pc critiques en utilisant les
spécifications critiques :
Pc − P(Tc ,vc ) = 0
27 R2 · Tc2
∂P
=0
a= ·
∂v T v=vc ,T =Tc =⇒ 64 Pc (II.3)
2 1 R · Tc
∂ P b = ·
=0 8 Pc
∂v 2 T v=vc ,T =Tc
où v = V /n est le volume molaire du fluide.
Les constantes a et b de l’équation d’état sont donc calculables à partir des deux seules valeurs
de Tc et de Pc . Elle est donc qualifiée d’équation d’état à deux paramètres.
L’équation de Van der Waals est généralement écrite sous une forme plus maniable pour
les calculs qui met en avant qu’il s’agit d’une équation explicite en P , c’est-à-dire que l’on peut
exprimer directement P en fonction des variables T , V et n :
n·R·T n2 · a
P (T,V,n) = − (II.4)
V −n·b V2
On notera que cette expression est constituée de deux parties :
n·R·T
Partie répulsive :
Prép =
V −n·b
2
Partie attractive : Patt = − n · a
V2
Cette équation possède par ailleurs, la particularité de pouvoir être exprimée comme un polynôme
de degré 3 du volume V dont les coefficients dépendent de P , T et n :
3 R·T a a·b
V −n· b+ V 2 + n2 · V − n3 · =0 (II.5)
P P P
Si l’on se fixe la température, la pression et la quantité de matière du fluide, son volume est
obtenu par résolution d’une équation polynomiale de degré 3.
C’est pour cette raison que l’équation de Van der Waals est appelée équation d’état cu-
bique.
Bien que l’équation d’état de Van der Waals ne soit pas très performante quantitativement,
elle est extrêmement performante d’un point de vue qualitatif puisqu’elle prévoit à la fois les
– 143 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
phénomènes critiques et la continuité des états liquide et vapeur. Van der Waals a d’ailleurs
publié dans la version allemande de sa thèse, un graphe modélisant les fameuses isothermes me-
surées par le physicien Andrews en 1869, qui ne pouvaient jusqu’alors être représentées par
aucun modèle. En dépit de cela, l’équation de Van der Waals n’a pas été immédiatement
reconnue par la communauté scientifique et il fallut attendre que Maxwell publie en 1874 un
article dans la revue Nature sur cette équation pour qu’elle commence à être acceptée.
Le succès de cette équation a par la suite valu à Van der Waals un prix Nobel en 1910.
Initialement utilisée pour représenter le comportement des corps purs, Van der Waals étend
son équation aux mélanges binaires en 1890. Il propose pour cela de remplacer dans son équation
les paramètres a et b relatifs aux corps purs par des paramètres am et bm qui sont des fonctions
quadratiques des paramètres des deux corps purs et de la composition du mélange :
2 X
X 2
a = xi · xj · aij = x21 · a11 + 2x1 · x2 · a12 + x22 · a22
m
i=1 j=1
2 X
2 (II.6)
X
b = xi · xj · bij = x21 · b11 + 2x1 · x2 · b12 + x22 · b22
m
i=1 j=1
où aii et bii sont les paramêtres a et b du corps pur i. xi est la fraction molaire du constituant i
dans le mélange.
a12 et b12 sont des paramètres décrivant les interactions binaires.
L’expression (II.6) des deux coefficients am et bm est appelée règle de mélange de Van der
Waals.
Il est souvent coutume d’exprimer a12 en utilisant une moyenne géométrique des paramètres
des corps purs :
√
a12 = a11 · a22 (II.7)
Bien que Van der Waals juge cette expression restrictive, elle fut exclusivement utilisée par
la suite par le physycien Johannes Jacobus van Laar pour effectuer ses calculs.
Le paramêtre b12 , quant à lui, est souvent exprimé à partir d’une moyenne arithmétique sur les
paramètres des constituants purs.
b11 + b22
b12 = (II.8)
2
L’expression de bm n’est alors plus quadratique mais simplement linéaire : bm = x1 b11 + x2 b22 .
Les premiers calculs de diagrammes de phases à partir de l’équation d’état de Van der Waals
sont réalisés par Diderik Johannes Korteweg en 1891 et Van Laar en 1904-1906, tous deux
de l’école hollandaise.
Il faudra attendre les années 1960 pour que les calculs d’équilibre de phases à partir de cette
équation soient effectués informatiquement par Peter van Konynenburg et Robert Scott [3].
On note à présent v, le volume d’une mole de fluide. Le paragraphe suivant s’attache à décrire
les tentatives notables d’évolution de l’équation de Van der Waals [4] :
• Rudolf Clausius publie en 1880 [5] une équation dans laquelle le paramètre a est exprimé
– 144 –
II.1. PETIT HISTORIQUE
R2 · Tc3
a(T ) = Ω a ·
T · Pc
R·T a(T ) R · Tc
P = − 2 et b = Ωb · (II.9)
v−b v
Pc
Ωa = 27 et Ωb = 1
64 8
Les paramètres Ωa et Ωb sont déduits des spécifications critiques (c’est vrai pour toutes les
équations présentées par la suite).
Donnant de meilleurs résultats que l’équation de Van der Waals, la précision reste tou-
tefois assez médiocre.
Cette équation d’état est souvent appelée à tort équation de Berthelot. A la fin du XIXème
siècle, dans plusieurs de ses articles [6], Daniel Berthelot (fils de Marcelin) utilise cette
équation en précisant bien qu’il l’emprunte à Clausius.
• En 1949, Redlich et Kwong [7] publient une équation dérivée de celle de Van der
Waals dans laquelle ils modifient le dénominateur de la partie attractive de l’équation
(II.4) ainsi que le paramètre a qu’ils expriment en fonction de T . Pour une mole de fluide
pur :
c · α(T )
a(T ) = ap
α(T ) = Tc /T
R2 · Tc2
ac = Ωa ·
Pc
R·T a(T ) R · Tc
P = − et b = Ωb · (II.10)
v − b v · (v + b)
Pc
1
Ω a = √
3
≃ 0,42748
9( 2 − 1)
√
3
Ω = 2 − 1 ≃ 0,08664
b
3
• En 1972, l’ingénieur italien Giorgio Soave [8] propose d’améliorer l’équation de Redlich-
– 145 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
– 146 –
II.1. PETIT HISTORIQUE
Cette correction améliore assez notablement le calcul des volumes molaires et des propriétés
en découlant.
• Enfin, en 1991, T. Holderbaum et J. Gmehling proposent de ne plus utiliser des règles de
mélange classiques de type Van der Waals mais d’estimer la fonction a(T ) de l’équation
d’état des mélanges de Redlich-Kwong-Soave à partir de la méthode de contributions
de groupes UNIFAC.
Ce modèle porte le nom PSRK (en anglais : Predictive Soave-Redlich-Kwong).
Les méthodes de contributions de groupes étaient jusqu’alors souvent utilisées pour calculer
les propriétés des corps purs ou incorporées aux méthodes γ−ϕ mais rarement aux méthodes
ϕ−ϕ (on peut cependant citer la méthode de contributions de groupes de Abdoul et al. [13]
qui l’applique à l’équation de Peng-Robinson translatée en 1991).
On note nc , le nombre de constituants dans le mélange. Les règles de mélange du modèle
PSRK s’écrivent :
nc nc
!
a X a 1 g E X b
i 0
b·R·T =
xi + · + xi ln
bi · R · T A R·T bi
i=1 i=1 (II.15)
Xn c
b=
x i · bi
i=1
η
avec A = ln , où η = b/v = bi /vi désigne la compacité supposée constante pendant
η+1
le mélange. Les auteurs proposent de choisir η = 1,1 qui est une valeur moyenne obtenue
par régression sur des valeurs expérimentales de volumes molaires liquides à pression at-
mosphérique et température d’ébullition normale 3 . Donc : A = −0,64663.
Le terme g0E désigne l’énergie de Gibbs molaire calculée à partir du modèle UNIFAC (UNI-
versal Function for Activity Coefficients) qui est une méthode de contributions de groupes.
Afin d’améliorer le calcul des équilibres liquide-vapeur pour les composés polaires, le pa-
ramètre ai du corps pur est estimé de manière légèrement différente de celle utilisée dans
3. l’état de référence choisi par les auteurs est le liquide bouillant sous pression atmosphérique.
– 147 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
L’idée d’améliorer les équations d’état en utilisant des méthodes de contributions de groupes
s’est relativement popularisée depuis et de nombreux modèles utilisent aujourd’hui le
concept, à commencer par PPR78 qui sera présenté en détail par la suite.
– 148 –
II.2. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES ÉQUATIONS D’ÉTAT CUBIQUES
Conformément à ce que nous avons précédemment vu avec l’équation de Van der Waals, les
équations d’état cubiques peuvent être définies de la sorte :
Une équation d’état cubique est une équation d’état pour laquelle le facteur de compressi-
bilité molaire z (ou le volume molaire v) est solution d’une équation polynomiale de degré
trois à température T , pression P et composition x constantes :
z 3 + a0 · z 2 + b0 · z + c0 = 0 (II.17)
ou
v 3 + a′0 · v 2 + b′0 · v + c′0 = 0 (II.18)
où a0 , a′0 , b0 , b′0 , c0 et c′0 sont des réels qui ne dépendent que de T , P et x.
P ·v
z est défini par la relation : z = .
R·T
R · T · v 2 + k1 · v + k2
P = (II.19)
v 3 + k3 · v 2 + k4 · v + k5
Bien entendu, l’équation d’état doit impérativement tendre vers le gaz parfait lorsque la pres-
sion tend vers zéro ou de manière équivalent, lorsque le volume molaire tend vers l’infini. C’est
à
le cas de l’équation (II.19) :
R · T · v 2 + k1 · v + k2 R·T
P = P• = (II.20)
v 3 + k3 · v 2 + k4 · v + k5 v→+∞ v
Parmi toutes les équations dites cubiques, il existe un ensemble, appelé ensemble principal,
défini de la sorte :
Cet ensemble est constitué de toutes les équations d’état cubiques qui peuvent s’écrire sous
la forme :
R·T a
P = − , r1 ≥ r2 (II.21)
v − b (v − b · r1 )(v − b · r2 )
avec (r1 , r2 , a, b) ∈ R4 .
Comme expliqué auparavant pour l’équation de Van der Waals, le volume molaire v est
nécessairement strictement supérieur à b. Le domaine d’application des volumes molaires de
l’équation d’état est donc : v ∈]b; +∞[.
Aux bornes de ce domaine, on a :
lim P = +∞ et lim P = 0
v→b+ v→+∞
– 149 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
La fonction P devant être continue sur son domaine d’application, il est nécessaire que r1 soit
inférieur ou égal à 1 (sinon, les isothermes dans le plan (P, v) admettraient une asymptote ver-
ticale en v = b · r1 > b).
Toutes les équations présentées précédemment (Van der Waals, Clausius, Redlich-Kwong,
Redlich-Kwong-Soave, Peng-Robinson) peuvent s’écrire sous la forme générale de l’équa-
tion (II.21).
Le tableau ci-dessous récapitule les valeurs des paramètres r1 et r2 pour ces différentes équa-
tions. On indique également la valeur du facteur de compressibilité critique zc calculée par toutes
ces équations.
Equations r1 r2 zc
Table II.1 – Valeurs des paramètres r1 , r2 et zc pour quelques équations cubiques de l’ensemble
principal.
Pour les équations cubiques présentées, le facteur de compressibilité critique zc possède une
valeur constante. Ceci peut être considéré comme un de leurs inconvénients [14] car bien entendu,
ce facteur dépend en réalité de la nature de la molécule (et notamment de sa taille). Pour les
molécules de petite taille, il est proche de 0,30 (celui du méthane vaut 0,286) tandis que pour les
grosses molécules, il s’approche de 0,20 (celui du de l’eicosane (C20 H42 ) vaut 0,213).
Certaines équations d’état tentent de corriger ce défaut mais elles sont en général beaucoup plus
compliquées.
L’équation (II.21) étant cubique, elle peut être réécrite sous la forme d’un polynôme de degré
3 du volume molaire dont les coefficients sont exprimés en fonction de R, T , P , a, b, r1 et r2 :
3 2 RT 2 RT b a
v −v b(r1 + r2 + 1) + + v b (r1 r2 + r1 + r2 ) + (r1 + r2 ) +
P P P
r1 r2 bRT a
−b r1 r2 b2 + + =0 (II.22)
P P
Ainsi, on met en évidence que si la température et la pression du fluide ainsi que les paramètres
a, b, r1 , r2 de l’équation d’état sont connus, le volume molaire est calculé en résolvant l’équation
ci-dessus.
– 150 –
II.2. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES ÉQUATIONS D’ÉTAT CUBIQUES
Par définition, résoudre une équation d’état cubique, c’est calculer le(les) volume(s) mo-
laire(s) solution(s) de l’équation à température, pression (et éventuellement composition)
fixées.
Lorsque l’on résout à pression P et température T positives l’équation d’état (et en se limitant
au domaine v ∈]b; +∞[), le nombre de solutions de l’équation varie entre 1 et 3.
Afin de mieux comprendre le comportement des équations d’état cubiques, on trace sur la figure
II.1, l’isotherme subcritique T = 290 K de l’éthane pur dans le plan (P, v).
– Pour une pression supérieure à Pmax , la résolution de l’équation d’état admet une unique
solution (ou racine) vL , représentative d’une phase liquide.
– Pour une pression exactement égale à la pression Pmax , l’équation admet deux racines. Seule
la plus petite des deux, notée vL est stable. La plus grande, notée vG ′ correspond à une racine
∂v T
> 0, autrement dit,
1 ∂v
le coefficient de compressibilité isotherme qui lui est associé est négatif : κT = − < 0.
v ∂P T
Tous les états qui lui sont associés sont instables.
Pour estimer la pression de vapeur saturante à la température T , Maxwell a proposé en
ö ÷
1875, une méthode graphique illustrée par la figure II.2. La pression de vapeur saturante est
la pression qui partage les portions LI et I V en deux parties d’aires égales. Autrement dit, au
niveau de la pression P s (T ), on vérifie : A1 = A2 .
Sur la figure II.3, des isothermes subcritiques, critique et supercritiques sont représentées.
Sur la figure II.3(a), les isothermes de l’éthane calculées par l’équations de Peng-Robinson
sont représentées en trait plein dans leur totalité. La ligne pointillée figure la pression de vapeur
saturante des isothermes subcritiques.
La figure II.3(b) représente ces mêmes isothermes en ne conservant que les portions stables. Pour
T ≥ Tc les isothermes sont entièrement stables. L’isotherme critique admet un point d’inflexion à
tangente horizontale au niveau du point critique C ce qui illustre les spécifications critiques précé-
– 151 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Figure II.1 – Isotherme à T = 290 K (courbe noire) de l’éthane à partir de l’équation de Peng-
Robinson. La courbe rouge représente le lieu de l’équilibre liquide-vapeur du corps pur. C, point
critique de l’éthane.
– 152 –
II.3. LES FONCTIONS A(T) UTILISABLES AVEC LES ÉQUATIONS D’ÉTAT CUBIQUES
Figure II.3 – Tracé des isothermes 270 K (orange), 290 K (noir), Tc = 305,3 K (bleu foncé),
340 K (violet) et 500 K (bleu ciel) de l’éthane à partir de l’équation de Peng-Robinson. La
courbe rouge représente le lieu de l’équilibre liquide-vapeur du corps pur. C, point critique de
l’éthane. A gauche, représentation des portions stables et non stables des isothermes. A droite,
représentation des portions stables uniquement.
Les équations d’état cubiques étant à présent définies, on s’attache dans ce qui suit :
– à présenter très succinctement les différentes fonctions a(T ) des corps purs utilisables avec
les équations de Redlich-Kwong-Soave et Peng-Robinson,
– à discuter les principales règles de mélange qui permettent d’étendre l’utilisation des équa-
tions d’état des corps purs aux systèmes multiconstituants.
II.3 Les fonctions a(T) utilisables avec les équations d’état cu-
biques
Les fonctions a(T ) utilisées dans les équations d’état de Redlich-Kwong-Soave et Peng-
Robinson s’écrivent sous la forme :
a(T ) = ac · α(T )
où ac = a(Tc ).
Elle intervient dans le terme attractif et joue un grand rôle dans la précision du calcul des
équilibres liquide-vapeur. Ainsi, Soave, en modifiant la fonction α de l’équation de Redlich-
Kwong a développé l’une des équations cubiques les plus réputées.
– 153 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Forts de l’expérience de Soave, de nombreux auteurs ont proposé de nouvelles fonctions α(T )
pour tenter à leur tour d’améliorer les équations d’état de Redlich-Kwong-Soave et Peng-
Robinson. Certaines d’entre elles sont spécifiques à certains types de molécules.
• La plus célèbre d’entre toutes est sans doute la fonction de Soave qui date de 1972 et que
l’on peut écrire sous la forme générale :
2
p
α(T ) = 1 + m 1 − T /Tc
avec : a0
a2
(0) T T
α = exp a1 1 −
Tc Tc
b0 ( " b2 #)
T T
α(1) = exp b1 1 −
Tc Tc
Toutes ces fonctions sont susceptibles de présenter un intérêt, de fonctionner mieux tantôt avec
des molécules polaires, tantôt avec des molécules apolaires, etc.
Pour mettre au point le modèle PPR78 (détaillé par la suite), la fonction de Soave a été conservée
car, en dehors du fait qu’elle ait été originellement utilisée par Peng et Robinson, elle offre un
très bon compromis entre complexité de la forme de la fonction α et précision des calculs. Elle
est, de plus, reconnue par l’ensemble de la communauté des thermodynamiciens des fluides.
– 154 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Pour les équations d’état cubiques de l’ensemble principal, elle peuvent être définies comme
suit :
Les règles de mélanges sont les expressions des paramètres a et b d’une équation d’état
cubique de l’ensemble principal, écrite sous la forme
R·T a
P = −
v − b Q(v)
Lorsque l’équation d’état est utilisée pour représenter un système multiconstituant, les
paramètres a et b sont appelés paramètres a et b du mélange.
Afin d’éviter toute confusion, nous noterons par la suite am et bm , les paramètres a et b d’une
équation d’état cubique utilisée pour décrire un système multiconstituant.
Comme expliqué dans l’historique, les premières règles de mélange ont été formulées par Van
der Waals (en 1890) qui a écrit les paramètres am et bm du mélange sous la forme de fonctions
quadratiques de la composition [cf. équation (II.6)].
nc X
nc
X
a = xi · xj · aij (1 − kij )
m
i=1 j=1
nc X
X nc (II.24)
b m = xi · xj · bij (1 − ℓij )
i=1 j=1
où les expressions de aij et bij dépendent des paramètres ai et bi des corps purs.
L’équation (II.24) définit l’un des cas les plus généraux de l’utilisation des règles de mélange de
Van der Waals.
N.B. : Un cas particulier fréquemment rencontré consiste à utiliser ces règles sans considérer
– 155 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
√
le paramètre ℓij et en prenant aij = ai · aj et bij = 12 (bi + bj ), ce qui amène :
nc X
nc
X √
m
a = xi · xj · ai · aj (1 − kij )
i=1 j=1
nc (II.25)
X
b m = x i · bi
i=1
C’est le choix d’utiliser l’équation (II.25) qui a été fait pour mettre au point le modèle PPR78.
Le paragraphe suivant présente différentes formes semi-empiriques ou empiriques du coefficient
d’interaction binaire kij .
Le paramètre kij des règles de mélange de Van der Waals est un paramètre essentiellement
empirique.
Il varie généralement entre −0,1 et +0,1.
De nombreux auteurs le déterminent à partir de données expérimentales pour des mélanges
spécifiques, pour des équations d’état données.
Il existe quelques corrélations dont le degré d’empirisme varie, qui permettent de l’estimer dans
des conditions données. A titre d’exemple, on en cite quelques-unes ci-après :
• Mélanges d’hydrocarbures :
Pour les mélanges d’hydrocarbures de tailles similaires, il est souvent coutume d’adopter
des valeurs de kij nulles ou très proches de zéro. Lorsque le mélange est dissymétrique,
l’utilisation d’un kij devient alors nécessaire.
– Chueh et Prausnitz [15] proposent en 1967 une corrélation applicable aux mélanges
d’alcanes, fondée sur la théorie de London. Elle nécessite la connaissance du volume
molaire critique (vc,i ) du corps pur i :
q n
1/3 1/3
2 vc,i · vc,j
kij = 1 − 1/3 1/3
(II.26)
vc,i + vc,j
Suivant ce formalisme, le kij est une constante d’un système donné (il ne dépend pas de
la température, ni de la composition).
– Dans la même lignée, Gao et al. donnent en 1992 [16], une expression du kij pour les
mélanges d’hydrocarbures légers (alcanes légers, alcènes légers, benzène, toluène, cyclo-
hexane) qui s’écrit :
p !zc,ij
2 Tc,i · Tc,j zc,i + zc,j
kij = 1 − , zc,ij = (II.27)
Tc,i + Tc,j 2
où Tc,i et zc,i sont resp. les température et facteur de compressibilité critiques du consti-
tuant i. Là encore, le kij est constant pour un système donné.
– On trouve également des corrélations purement empiriques [17] du type :
0 T
kij = kij + kij · (T − 273,15) (II.28)
L’intérêt de cette expression est d’introduire une dépendance du kij vis-à-vis de la tem-
pérature.
– 156 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
• Corrélations générales :
Signalons enfin qu’il existe un certain nombre de corrélations applicables non pas à des
mélanges de même nature mais à plusieurs types de mélanges. Afin d’illustrer ce point, on
peut citer la corrélation de Nishiumi et al. [21] qui permet d’estimer kij pour n’importe
quel mélange contenant des paraffines, des naphthènes, des aromatiques, des alcènes et les
trois principaux gaz permanent CO2 , N2 et H2 S :
2
vc,i vc,i C = c1 + c2 |ωj − ωi |
kij = 1 − C − D −E , avec : (II.31)
vc,j vc,j D = d1 + d2 |ωj − ωi |
Vers la fin des années 1970, de nouveaux types de règles de mélange font leur apparition. C’est
ce que décrivent les paragraphes suivants.
– 157 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Dans la suite du chapitre, on présente différentes règles de mélange compatibles avec les équa-
tions d’état cubiques. Pour les établir, il est nécessaire de posséder une expression de l’énergie
de Gibbs molaire totale d’excès d’un mélange à partir de ces équations.
Ce paragraphe définit les principales grandeurs utilisées dans les différents calculs qui suivent.
• Les grandeurs totales Z (Z ∈ {V,U,H,G,A,CP ,Cv ,...}), c’est-à-dire les grandeurs extensives
d’un système uniforme, sont représentées par une lettre majuscule.
• Les grandeurs molaires totales z (z ∈ {v,u,h,g,a,cP ,cv ,...}) sont représentées par une lettre
minuscule.
Z
En notant n, la quantité de matière totale présente dans le système, on a : z = .
n
• Les grandeurs relatives aux corps purs sont repérées par l’exposant ∗.
Par exemple, gi∗ désigne l’énergie de Gibbs molaire du constituant i pur.
• Les grandeurs molaires partielles z̄i (z̄i ∈ {v̄i ,ūi ,h̄i ,ḡi ,āi ,cP i ,cv i ,...}) des constituants pré-
sents dans le mélange sont définies par :
∂Z
z̄i = (II.32)
∂ni T,P,nj6=i
ou encore :
nc
X
z= xi · z̄i (II.34)
i=1
La grandeur molaire d’écart Υéc est la différence entre la grandeur molaire à l’état
fluide réel et la grandeur molaire à l’état gaz parfait, le fluide réel et le gaz parfait ayant
impérativement même température, même volume molaire et même composition :
N.B. : On utilise les grandeurs d’écart avec les équations d’état explicites en P .
Les anglosaxons les appellent grandeurs résiduelles à T et v constants.
4. Une fonction f homogène de degré k des variables xi vérifie : ∀λ ∈ R, f (λx1 ,..., λxp ) = λk · f (x1 ,..., xp ).
– 158 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
◮ Solutions idéales
D’après la thermodynamique statistique, une solution idéale est une solution dont les potentiels
chimiques de chaque constituant vérifient :
ḡi (T,P,x) = gi∗ (T,P ) + R · T · ln xi (II.37)
ce qui amène :
nc
X nc
X
g(T,P,x) = xi · gi∗ (T,P ) + R · T · xi · ln xi (II.38)
i=1 i=1
Les grandeurs d’une solution idéale, appelées grandeurs idéales, seront notées Υid .
Corrolaire : par définition de la grandeur de mélange idéal, l’énergie de Gibbs molaire partielle
de mélange idéal du constituant i vaut : ḡiM,id (T,P,x) = R · T · ln xi . On note par la suite ΥM,id ,
la grandeur de mélange idéal.
Par ailleurs, la relation entre grandeur de mélange idéal et grandeur idéale s’écrit :
nc
X
id
Z (T,P,x) = Zi∗ (T,P ) + Z M,id (T,P,x)
i=1
nc
id
X (II.39)
z (T,P,x) = xi · zi∗ (T,P ) + z M,id (T,P,x)
i=1
+ z̄iM,id (T,P,x)
id
z̄i (T,P,x) = zi∗ (T,P )
– 159 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Le but de ce paragraphe est de calculer l’énergie de Gibbs molaire totale d’excès, notée gE à
partir d’une équation cubique. Une fois obtenue, cette expression sera utilisée afin de justifier les
diverses règles de mélange présentées dans ce chapitre.
On se place dans le cas de l’étude d’un mélange à nc constituants en phase fluide de température
T , de pression P , de volume molaire total v et de composition x.
L’énergie de Gibbs molaire totale d’excès est par définition, la différence entre l’énergie de
Gibbs molaire totale du fluide et celle que le mélange aurait si la solution était idéale :
Le potentiel chimique du constituant i dans la solution idéale est par définition égal au potentiel
chimique du constituant pur pris dans les mêmes conditions de température et de pression que
le mélange augmenté du potentiel chimique de mélange idéal :
Pour calculer aisément le potentiel chimique ḡi du constituant i dans le mélange et le potentiel
chimique gi∗ du constituant i pur, on introduit les grandeurs d’écart :
ḡi = ḡi• (T,v,x) + ḡiéc
(II.45)
gi∗ = gi• (T,vi∗ ) + gi∗,éc
où vi∗ est le volume molaire du constituant i pur à la température T et sous la pression P ; v est
le volume molaire total du mélange à la température T et sous la pression P . On rappelle qu’une
grandeur d’écart représente la correction à apporter à la propriété du gaz parfait pris à même
température et même volume molaire que le fluide réel •pour obtenir• la propriété du fluide réel.
R · T R · T ḡi (T,v,x) = ḡ i (T,P2
• ,x)
On définit P1• = et P2• = . On a donc : .
vi∗ v gi• (T,vi∗ ) = gi• (T,P1• )
Le schéma II.4 résume les états associés au constituant i pur (réel ou gaz parfait) et ceux associés
au constituant i dans un mélange (réel ou de gaz parfaits).
En combinant les équations (II.44) et (II.45), il vient :
ḡi − ḡiid = ḡiéc − gi∗,éc + ḡi• (T,P2• ,x) − gi• (T,P1• ) − R · T · ln xi (II.46)
– 160 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Constituants purs : Mélanges :
Constituant i dans
Constituant i pur :
un mélange :
Température : T
Température : T
Volume molaire total : v
Volume molaire : vi∗
fraction molaire : xi
Pression : P (T,vi∗ ) Pression : P (T,v,x)
Potentiel chimique : gi∗ (T,vi∗ ) Potentiel chimique : ḡi (T,v,x)
Figure II.4 – Etats associés au constituant i pur (réel ou gaz parfait) ; états associés au consti-
tuant i dans un mélange (réel ou de gaz parfaits).
La variation isotherme de l’énergie de Gibbs molaire totale d’un constituant pur est donnée par
dP
l’identité : dg = v · dP . Pour un gaz parfait, il s’ensuit : dg• = R · T · . Par conséquent :
P
Z P• • ∗
• • • •
2
• P2 vi
gi (T,P2 ) − gi (T,P1 ) = dg = R · T ln • = R · T ln (II.49)
P1• P1 v
nc
X
qui, sachant que géc = xi · ḡiéc (théorème d’Euler), peut se réécrire,
i=1
nc nc
E éc
X X vi∗
g =g − xi · gi∗,éc +R·T xi · ln (II.51)
v
i=1 i=1
Les équations d’état cubiques étant explicites en P , le calcul des énergies de Helmholtz d’écart
est plus naturel que celui des énergies de Gibbs d’écart. Pour cette raison, on les introduit dans
l’expression de l’énergie de Gibbs molaire totale d’excès. Sachant que :
géc = aéc + P · v éc avec : v éc = v − R · T
∗,éc ∗,éc ∗,éc
gi = ai + P · vi avec : vi∗,éc = vi∗ − R · T
– 161 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Cette formule générale peut être appliquée à n’importe quelle équation d’état explicite en P . Il
suffit pour cela de calculer les grandeurs d’écart à partir de l’équation d’état choisie.
Remarque :
Il aurait également été possible d’exprimer l’énergie de Gibbs molaire totale d’excès gE en
partant de l’expression :
nc
X
gE = R · T · ln f − R · T xi · ln fi∗ (II.53)
i=1
où fi∗ est la fugacité du constituant i pur et f désigne la fugacité d’une phase définie par la
relation :
nc
•
X fi
R · T · ln f = g(T,P,x) − g (T,P = 1,x) = R · T · xi · ln
xi
i=1
fi est la fugacité du constituant i dans le mélange.
On notera que la relation (II.53) découle directement de l’expression des coefficients d’activité
γi en fonction des fugacités :
nc
E
X fi
g =R·T · xi · ln γi avec : γi =
xi · fi∗
i=1
Pour calculer, l’énergie de Helmholtz molaire totale d’écart, il suffit de revenir à la définition :
Le mélange réel possède le comportement d’un gaz parfait lorsque le volume molaire tend vers
l’infini [cf. equation (II.20)], donc :
aéc (T,v,x) = [a(T,v,x) − a(T,v → +∞,x)] − [a• (T,v,x) − a• (T,v → +∞,x)] (II.56)
– 162 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Z vi∗
R·T
aéc ∗
i (T,vi ) =− P (T,v) − dv (II.59)
+∞ v
R·T am
P (T,v,x) = − (II.60)
v − bm (v − bm · r1 )(v − bm · r2 )
soit :
éc v am v − bm · r2
a (T,v,x) = R · T · ln − ln (II.63)
v − bm (r1 − r2 )bm v − bm · r1
vi∗ ai vi∗ − bi · r2
aéc ∗
i (T,vi ) = R · T · ln − ln (II.64)
vi∗ − bi (r1 − r2 )bi vi∗ − bi · r1
L’énergie de Gibbs molaire totale d’excès de la solution peut alors être déduite de la relation
(II.52).
v am v − bm · r2
gE (T,v,x) = R · T · ln − ln
v − bm (r1 − r2 )bm v − bm · r1
n c n c ∗
X vi∗ X xi · ai vi − bi · r2
−R · T xi · ln + ln (II.65)
vi∗ − bi (r1 − r2 )bi vi∗ − bi · r1
i=1 i=1 !
nc nc
X v X
∗
−R · T xi · ln + P (T,v,x) · v − xi · vi
vi∗
i=1 i=1
– 163 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
qui se réarrange en :
nc
gE X
= xi · ln (vi∗ − bi ) − ln (v − bm )
R·T
i=1 "n
c ∗ #
1 X xi · ai vi − bi · r2 am v − bm · r2
+ ln − ln
r1 − r2 b ·R·T vi∗ − bi · r1 bm · R · T v − bm · r1
i=1 i !
n c
P (T,v,x) X
+ · v− xi · vi∗
R·T
i=1
(II.66)
II.4.7 Mise au point d’une règle de mélange à partir d’un modèle d’énergie
de Gibbs d’excès pour les phases liquides basse pression
Lorsque la méthode γ − ϕ de calcul des équilibres entre phases fluides, est utilisée, il est
nécessaire de disposer d’une équation d’état pour représenter la phase vapeur et d’un modèle
de gE (énergie de Gibbs molaire totale d’excès) pour représenter la phase liquide. En effet, les
relations d’équilibre liquide-vapeur s’écrivent alors :
Z P s (T ) !
ϕi,gaz (T,P,y) 1 i
P · yi · ∗ exp vi,liq (T,P ) · dP = Pis (T ) · xi · γi,liq (T,P,x), i ∈ J1; nc K
∗
ϕi (T,Pis (T )) R·T P
(II.69)
Les coefficients de fugacité sont estimés par l’équation d’état tandis que le coefficient γi,liq , ap-
E
E ∂G
pelé coefficient d’activé se calcule à partir de l’expression de g : R·T ·ln γi,liq = .
∂ni T,P,nj6=i
Ce type d’approche n’est utilisée que dans un domaine sur lequel la température et la pression
sont inférieures aux plus petites températures et pressions critiques des corps purs (il faut pou-
voir définir Pis (T ) pour chaque constituant du mélange). Par conséquent, la méthode γ − ϕ n’est
– 164 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
en général employée que pour des pressions faibles à modérées (typiquement P ∈ [0; 30 bar]).
Sur ces domaines, le liquide peut généralement être considéré incompressible. Pour cette raison,
tous les modèles d’énergie de Gibbs d’excès mis au point pour les méthodes γ − ϕ sont exclusi-
vement fonction de la composition et de la température mais pas de la pression.
A titre d’exemple, on cite quelques modèles de gE pour les mélanges binaires, parmi les plus
courants :
• Modèle de Margules à 1 paramètre :
C’est le plus simple possible. Il s’écrit :
gE (T,x)
= A(T ) · x1 · x2 (II.70)
R·T
gE (T,x)
= x1 · x2 [A21 (T )x1 + A12 (T )x2 ] (II.71)
R·T
• Modèle de Van Laar (1910) :
2
X
xi · τji (T ) · exp[−αji (T ) · τji (T )]
2
gE (T,x) X j=1
= xi , αii = τii = 0 (II.76)
R·T X2
i=1
xℓ · exp[−αℓi (T ) · τℓi (T )]
ℓ=1
– 165 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
gE (T,x) = gath
E E
(T,x) + grés (T,x) (II.77)
avec :
E 2 2
gath X ϕi zX θi
R·T =
xi · ln + qi · xi · ln
xi 2 ϕi
i=1 i=1 ! (II.78)
E 2 2
grés
X X
R·T =− qi · xi · ln θj τij
i=1 i=1
xi · ri
– ϕi est la fraction volumique du constituant i définie par : ϕi = P2 .
j=1 xj · rj
– ri est une mesure du volume de la molécule i. C’est un nombre sans dimension car les
volumes sont exprimés par rapport au volume du méthane.
xi · q i
– θi est la fraction de surface du constituant i : θi = P2 .
j=1 xj · qj
– qi est une mesure de la surface de la molécule i (nombre sans dimension car rapporté à
la surface du méthane).
– z est l’indice de coordination du quasi-réseau sur lequel sont supposées réparties les
molécules. On pose z = 10.
Aij
– τij est défini par : τij = exp où les Aij sont les paramètres du modèle.
R·T
N.B. : une solution athermique est en général définie comme une solution pour laquelle
hE = 0. Or, hE = gE − T (∂gE /∂T )P,x , donc si hE = 0, l’énergie de Gibbs d’une solution
athermique s’écrit : gE = T · f (x), ce qui est cohérent avec l’écriture de gathE .
gE (T,x) = gath
E E
(T,x) + grés (T,x) (II.79)
⋆ Le terme athermique est le même que celui de la méthode UNIQUAC [voir équation
(II.78)]. Les volumes ri et les surfaces qi des molécules sont calculés à partir des volumes
et des surfaces des groupes constituant ces molécules. Pour une molécule i, on a :
Ng
X (i)
ri =
ν k · Rk
k=1 (II.80)
Ng
X (i)
qi =
νk · Qk
k=1
où Ng est le nombre total de groupes définis par la méthode (en 1987, UNIFAC possédait
(i)
89 groupes), νk est le nombre de groupes de type k dans la molécule i, Rk et Qk sont resp.
des mesures du volume et de la surface du groupe k (valeurs tabulées par les auteurs de la
méthode).
– 166 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Dans cette équation, Γk est le coefficient d’activité du groupe k dans la solution étudiée,
(i)
Γk est le coefficient d’activité du groupe k dans une solution contenant le constituant i
pur.
Le coefficient Γk se calcule à partir de l’expression suivante qui dérive du modèle UNI-
QUAC :
Ng Ng
X X θ Ψ
j kj
ln Γk = Qk · 1 − ln θj · Ψjk − Ng
(II.82)
X
j=1 j=1
θℓ Ψℓj
ℓ=1
L’interaction
a en solution des groupes j et k est caractérisée par le coefficient : Ψjk =
mn
exp − . Les valeurs des amn sont tabulées par les auteurs.
T
De même :
Ng Ng (i)
(i)
X (i)
X θ j Ψ kj
ln Γk = Qk · 1 − ln θj · Ψjk − Ng
(II.84)
X
j=1 j=1 (i)
θℓ Ψℓj
ℓ=1
(i) (i)
où θj désigne la fraction de surface du groupe j dans une solution de i pur (on note Xk ,
la fraction molaire du groupe k dans une solution de i pur) :
(i) (i)
(i) Qj · Xj (i) νk
θj = Ng
et Xk = Ng
(II.85)
X (i)
X (i)
Qk · Xk νj
k=1 j=1
– 167 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Le modèle de Van Laar est donc un modèle pour des solutions régulières qui sont par définition
des solutions pour lesquelles sE = 0.
2
X xi · ai am
gE s’écrit alors : gE = − .
bi bm
i=1
• On suppose à présent une règle de mélange linéaire pour le paramètre bm de l’équation d’état :
√
bm = x1 b1 + x2 b2 et quadratique pour le paramètre am : am = a1 x21 + 2x1 x2 a1 a2 + a2 x22 .
• Finalement : √ √ 2
E x 1 x 2 b1 b2 a1 a2
g (x) = −
(x1 b1 + x2 b2 ) b1 b2
qui est similaire à l’équation (II.72) de Van Laar.
Plus tard, Scatchard et Hildebrand ont également déduit leur modèle de gE de l’équation
de Van der Waals. L’équation de Flory-Huggins dérive également de cette équation.
Les modèles de gE dits de composition locale (Wilson, N.R.T.L., UNIQUAC, etc.) reposent
eux sur l’utilisation de la loi de distribution de Boltzmann.
Au fur et à mesure des années, les modèles d’énergie de Gibbs d’excès se sont perfectionnés.
Pour construire des règles de mélange, Huron et Vidal ont imaginé en 1979 utiliser ces mo-
dèles de gE spécifiques aux basses pressions.
Leur idée consistait à confronter les expressions des énergies de Gibbs molaires des modèles
basse pression à celles obtenues à partir de l’équation d’état cubique afin d’en déduire la forme
des paramètres am et bm .
Le problème principal qui se posait à eux venait du fait que les modèles de gE ne dépendent que
de la température et de la composition [gE (T,x)] (ils ne dépendent pas de la pression) tandis que
l’expression du gE à partir d’une équation d’état dépend de la température T , de la composition
x et du volume molaire v de la phase. Pour raccorder ces deux modèles, il était donc
nécessaire de fixer le volume molaire (ou de manière équivalente, la pression) dans
l’expression de l’équation d’état. Ceci fait, les deux expressions de gE , d’une part par un
– 168 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
De nombreux auteurs ont par la suite suivi ce chemin pour construire de nouvelles règles de
mélange. Certains d’entre eux proposent pour raccorder les modèles, de faire tendre la pression
vers l’infini (c’est le cas de Huron et Vidal par exemple). D’autres proposent de faire tendre
la pression vers zéro (c’est par exemple, le cas de Michelsen puis de Dahl et Michelsen qui
ont mis au point les règles de mélange MHV-1 et MHV-2).
On notera qu’un article de revue assez complet a été écrit sur ce sujet par Robert A. Heidemann
[23] en 1996.
Huron et Vidal [24, 25] ont choisi, pour supprimer le volume molaire de l’expression (II.66)
du gE d’une équation cubique, de prendre comme état de référence le fluide sous pression
infinie. Pour justifier cet état de référence, les auteurs expliquent que les phases liquides sont des
phases condensées incompressibles (i.e. dont les propriétés ne dépendent pas de la pression). En se
plaçant sous pression infinie, ils possèdent la garantie de décrire nécessairement une phase liquide.
D’après l’équation (II.66), l’énergie de Gibbs molaire totale d’excès peut être décomposée en
trois termes :
gE (T,v,x) gE (T,v,x) g2E (T,v,x) g3E (T,v,x)
= 1 + + (II.86)
R·T R·T R·T R·T
avec :
nc
g1E (T,v,x) X
= xi · ln (vi∗ − bi ) − ln (v − bm )
R · T
i=1 "n
gE (T,v,x) c ∗ #
2 1 X xi · ai vi − bi · r2 am v − bm · r2
= ln − ln
R·T r1 − r2 b ·R·T vi∗ − bi · r1 bm · R · T v − bm · r1
i=1 i
n
!
g3E (T,v,x) P (T,v,x) X c
= · v − xi · vi∗
R·T R·T
i=1
(II.87)
P · (v − bm ) am · (v − bm )
=1− (II.88)
R·T R · T · (v − r1 · bm )(v − r2 · bm )
ou de manière équivalente :
R·T am · (v − bm )
v − bm = 1− (II.89)
P R · T · (v − r1 · bm )(v − r2 · bm )
– 169 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Par conséquent :
nc nc
X
∗
X ai · (vi∗ − bi )
xi · ln(vi − bi) − ln(v − bm ) = xi · ln 1 −
R · T · (vi∗ − r1 · bi )(vi∗ − r2 · bi )
i=1 i=1
am · (v − bm )
− ln 1 − (II.91)
R · T · (v − r1 · bm )(v − r2 · bm )
– 170 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
L’énergie de Gibbs sous pression infinie s’écrit, d’après (II.87), (II.93), (II.94) et (II.100) :
"X
nc
#
gE 1 1 − r2 xi · ai am
lim = ln − (II.101)
P →+∞ R · T r1 − r2 1 − r1 bi · R · T bm · R · T
i=1
Remarque : une règle de mélange linéaire sur le paramètre bm conduit à un volume d’excès nul
sous pression infinie :
nc
X
lim v E = bm − x i · bi = 0 (II.102)
P →+∞
i=1
On remarquera également que les énergies de Gibbs molaire totale d’excès et de Helmholtz
molaire totale d’excès sont égales sous pression infinie.
En effet : gE = aE + P · v E , et d’après (II.87) et (II.100) : lim P · v E = 0. Donc :
P →+∞
" nc
#
gE aE 1 1 − r2 X xi · ai am
lim = lim = ln − (II.103)
P →+∞ R · T P →+∞ R · T r1 − r2 1 − r1 bi · R · T bm · R · T
i=1
E E 1 1 − r2
On note : g∞ = lim g et C = ln .
P →+∞ r1 − r2 1 − r1
Redlich-Kwong
(ou Redlich-Kwong-Soave) ln 2 ≃ 0,6931
√
2 √
Peng-Robinson ln 1 + 2 ≃ 0,6232
2
Table II.2 – Valeurs du paramètre C de la règle de mélange de Huron-Vidal
N.B. : Pour calculer la valeur du paramètre C avec les équations deVan der Waals ou Clau-
1 1 − r2
sius, il est nécessaire de prendre la limite de l’expression ln quand (r1 ,r2 ) −→
r1 − r2 1 − r1
(0, 0). Ceci est détaillé dans la remarque qui suit.
– 171 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Le modèle choisi pour g∞ E peut être n’importe lequel des modèles de g E de la littérature
A titre d’exemple, si l’on considère un système binaire et que l’on choisit d’utiliser le modèle
de Wilson :
E
g∞
= −x1 ln(x1 + x2 Λ12 ) − x2 ln(x1 Λ21 + x2 ) (II.105)
R·T
il y aura exactement deux paramètres (Λ12 et Λ21 ) non fixés par le modèle (i.e. deux degrés de
liberté). Ces paramètres peuvent être éventuellement ajustés sur des données expérimentales.
N.B. : Huron et Vidal ont également montré [24] qu’à partir de n’importe quel modèle de
E , il était possible de retrouver les règles de mélange de Van der Waals en choisissant des
g∞
paramètres du modèle de gE appropriés.
Par exemple, en choisissant une expression de g∞ E proche de celle du modèle N.R.T.L. :
nc
X
xj · Gji · Cji
E
g∞
nc
X Cji = gji − gii
j=1
= nc , avec : Cji (II.106)
R·T X Gji = bj · exp −αji
i=1 xk · Gki R·T
k=1
L’un des problèmes posés par l’état de référence à pression infinie est de ne pas faire coïncider
les résultats d’une méthode γ − ϕ avec ceux obtenus par une méthode ϕ − ϕ dotée de règles de
mélange à pression infinie et utilisant le même modèle de gE que celui de la méthode γ − ϕ.
En réalité, les modèles de gE sont établis pour représenter correctement les basses pressions et
c’est en général aux alentours de la pression atmosphérique que leurs paramètres sont ajustés.
Comme le modèle de gE et l’équation d’état ne correspondent qu’à pression infinie, ils divergent
aux faibles pressions.
Ces règles de mélange ne permettent donc pas d’utiliser les valeurs empiriques des paramètres
des modèles de gE directement dans l’équation d’état. Il est en général nécessaire de les réajuster,
– 172 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Þ
nc
gE (T,v,x) X
xi · ln (vi∗ − bi ) − ln (v − bm )
R·T P →0
i=1 "n
c ∗ #
1 X xi · ai vi − bi · r2 am v − bm · r2
+ ln − ln
r1 − r2 b ·R·T vi∗ − bi · r1 bm · R · T v − bm · r1
i=1 i
(II.108)
5 bm bi
On introduit à présent les compacités η = et ηi = ∗ :
v vi
Þ
nc X nc
gE (T,η,x) X 1 − ηi 1−η bi
xi · ln − ln + xi · ln
R·T P →0 ηi η bm
i=1 "n i=1
c
X xi · ai #
1 1 − ηi · r2 am 1 − η · r2
+ ln − ln
r1 − r2 bi · R · T 1 − ηi · r1 bm · R · T 1 − η · r1
i=1
(II.109)
Sous pression nulle, l’équation d’état des mélanges (II.60) s’écrit :
R·T ·η am η 2
P =0= − 2 (II.110)
bm (1 − η) bm (1 − η · r1 )(1 − η · r2 )
am
On note Γ = . L’équation précédente devient :
bm · R · T
1 Γη
0= − (II.111)
1 − η (1 − η · r1 )(1 − η · r2 )
– 173 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Si ∆ ≥ 0, alors la plus grande racine de cette équation (i.e. la racine liquide sous pression nulle,
notée η0 ) est positive et s’écrit :
p
r1 + r2 + Γ + (r1 + r2 + Γ)2 − 4(r1 r2 + Γ)
η0 = (II.114)
2(r1 r2 + Γ)
On prouve ainsi que η ne dépend que de la valeur de Γ (r1 et r2 étant des constantes de l’équation
d’état) : η = η0 (Γ).
On ne s’intéresse bien entendu qu’aux valeurs de Γ > 0. ∆ sera donc positif si, et seulement si
√
Γ ≥ −r1 − r2 + 2 + 2 1 − r1 − r2 + r1 r2 (II.117)
Le tableau ci-après donne pour quelques équations cubiques, la valeur du paramètre Γ0 en-dessous
de laquelle on ne peut pas définir la fonction η0 .
Equation Γ0
Van der Waals 4
Redlich-Kwong √
(ou Redlich-Kwong-Soave) 3 + 2 2 ≃ 5,8284
√
Peng-Robinson 4 + 2 2 ≃ 6,8284
– 174 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Un raisonnement similaire au précédent permet de montrer que ηi = η0 (Γi ) (i.e. est seulement
ai
fonction de Γi = ).
bi · R · T
De même :
1 − ηi Γi 1 − ηi · r2
Q(Γi ) = − ln − ln , avec : ηi = η0 (Γi ) (II.120)
ηi r1 − r2 1 − ηi · r1
Þ
nc nc
gE (T,η,x) X X bi
Q(Γ) − xi · Q(Γi ) + xi · ln (II.121)
R·T P →0 bm
i=1 i=1
On désigne à présent par g0E , l’expression de l’énergie de Gibbs molaire totale d’excès sous
pression nulle. Ainsi :
n n
g0E Xc Xc
bi
= Q(Γ) − xi · Q(Γi ) + xi · ln (II.122)
R·T bm
i=1 i=1
Ainsi écrite, cette équation définit des règles de mélange. Il suffit pour les déterminer, de choi-
sir un modèle de gE parmi ceux de la litérature et de l’égaler à g0E . Ensuite, Γ = am /(bm · R · T )
peut être déterminé à partir de l’équation ci-dessus. En choisissant une expression pour le pa-
Xnc
ramètre bm (par exemple : bm = xi ·bi ), les paramètres am et bm sont alors entièrement connus.
i=1
Deux problèmes subsistent cependant qui viennent compliquer la mise en œuvre de ces règles :
– L’expression de g0E est implicite en Γ. Il faut a priori d’abord résoudre une équation avant
d’obtenir la valeur de Γ.
– Les règles de mélange ne sont définies qu’à partir de certaines valeurs de Γ (cf. remarque n˚2
page 174). Si Γ (ou Γi ) devient trop faible, l’équation d’état sous pression nulle ne sera plus
soluble et la compacité η (ou ηi ) ne pourra alors plus être calculée.
On trace sur la figure II.5, les courbes représentatives de la fonction Q avec les équations
cubiques de Redlich-Kwong et Peng-Robinson.
Les deux courbes de la figure II.5 ont presque l’allure de droites. Michelsen [26] propose alors
d’approximer la fonction Q par une fonction affine :
Q(Γ) ≃ q0 + q1 · Γ
(II.123)
Q(Γi ) ≃ q0 + q1 · Γi
– 175 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Figure II.5 – Allure de la fonction Q(Γ) pour les équations de Redlich-Kwong et Peng-
Robinson.
d’où :
n
" n #
am Xc
ai 1 g0E Xc
bi
Γ= = xi · + − xi · ln (II.125)
bm · R · T bi · R · T q1 R·T bm
i=1 i=1
Les règles de mélange sont à présent explicites ce qui résout le premier problème. La valeur
de q1 peut être déterminée par régression linéaire de la fonction Q(Γ). Dans ce cas, rien n’em-
pêche d’extrapoler la règle de mélange au domaine sur lequel l’équation d’état sous pression nulle
n’était plus soluble. Ceci résout le second problème.
Si l’on effectue une régression linéaire sur la fonction Q(Γ) pour l’équation d’état de Redlich-
Kwong sur le domaine Γ ∈ [Γ0 ,20] (qui est un domaine de variation raisonnable pour Γ), on
obtient : q1 = −0,593 [26].
Si cette régression est menée à partir de l’équation de Peng-Robinson, on obtient : q1 = −0,524
(d’après mes calculs).
Supposer qu’elle peut s’écrire : Q(Γ) ≃ q0 + q1 · Γ (r1 et r2 étant constants), c’est donc supposer
– 176 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
que :
1−η −1 1 − η · r2
q0 = − ln = constante et q1 = ln = constante (II.126)
η r1 − r2 1 − η · r1
Autrement dit, ont fait l’hypothèse que la compacité η = bm /v sous pression nulle ne
dépend pas de Γ et est une constante.
Autrement dit, quel que soit le mélange et quelle que soit sa température, sous pression nulle,
ces règles de mélange imposent une compacité unique que l’on pourrait par conséquent appeler
compacité universelle sous pression nulle.
Cette compacité sous pression nulle exprimée en fonction de q1 vaut :
Comme nous venons de le voir, les règles de mélange MHV-1 impliquent l’existence d’une
compacité unique (ou universelle) sous pression nulle.
Par ailleurs, toutes les équations d’état cubiques prévoient l’existence d’une compacité égale à
un sous pression infinie (P → +∞ ⇐⇒ η → 1).
Pour résumer, les équations d’état cubiques utilisées avec les règles de mélange de Huron-Vidal
prévoient l’existence d’une compacité universelle sous pression infinie.
Les équations d’état cubiques utilisées avec les règles de mélange MHV-1 prévoient l’existence
de deux compacités universelles : une sous pression nulle et une sous pression infinie.
Dahl et Michelsen [28] ont proposé en 1990 une modification de la fonction Q initiale des
règles de mélange MHV-1 permettant de les rendre plus précises :
Q(Γ) = q0 + q1 Γ + q2 Γ2 (II.128)
– 177 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Avec cette modification, les règles de mélange ne peuvent plus être directement déduites de
l’équation (II.122) qui devient une équation implicite en Γ.
Pour accéder à Γ, l’équation (II.122) est une équation de degré 2 en Γ qu’il faut résoudre pour
accéder aux règles de mélange.
Heidemann explique [23] que grâce à cette nouvelle règle de mélange, il n’y a plus besoin de
réajuster les paramètres des modèles de gE qui peuvent être insérés directement dans l’équation
d’état. Il constate cependant une perte de précision dans certains cas quand cette méthode est
comparée à l’approche rigoureuse (avec résolution de l’équation d’état à pression nulle pour
calculer la compacité).
Cette règle de mélange fut énoncée en 1992 [29]. Bien qu’elle se base sur les règles de mélange
de Huron-Vidal, les auteurs ont utilisé un approche particulière qui la classe à part.
– 178 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
VTPR 8 [32,33] et UMR-PR 9 [34] sont deux modèles récemment mis au point, très voisins l’un
de l’autre qui témoignent de l’évolution des règles de mélange des équations d’état cubiques. Ces
6. Linear Combination of Vidal and Michelsen (mixing rules) en anglais.
7. translated and modified Peng-Robinson (equation of state) en anglais
8. Volume Translated Peng-Robinson en anglais.
9. Universal Mixing Rule Peng-Robinson en anglais.
– 179 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Pour les deux méthodes, le gE s’inspire de celui du modèle UNIFAC. Dans le cas de la méthode
UNIFAC, gE peut être décomposé en un terme athermique (ou combinatoire) et un terme résiduel
(au sens d’écart à l’athermicité) :
gE = gath
E E
+ grés (II.141)
Le terme athermique peut être exprimé comme la somme d’un terme de Flory et d’un terme
de forme :
E 2 2
gath X ϕi zX θi
= xi · ln + qi · xi · ln (II.142)
R·T xi 2 ϕi
i=1 i=1
| {z } | {z }
E
gF E
gF
lory orme
N.B. : les quantités mises en jeu sont définies au paragraphe II.4.7 avec le modèle UNIQUAC.
Afin de comprendre les similitudes et les différences des deux modèles, on les compare à l’aide
du tableau suivant.
VTPR UMR-PR
Règles de mélange
Les auteurs remarquent que les termes bi /bm Pour établir leur modèle, les auteurs
et ϕi /xi ont le même sens physique. Ils effec- cherchent parmi les différents termes des
tuent alors l’approximation : équations (II.140) et (II.142) ceux qui, s’ils
nc étaient supprimés, permettraient d’améliorer
X bi
xi · ln ≃ gFElory le modèle. Ils concluent alors que les termes
bm nc
i=1 E
X bm
gF lory dans (II.142) et xi · ln dans
Ils supposent également négligeable, le terme bi
i=1
de forme devant le terme résiduel : (II.140) doivent être éliminés.
Ils obtiennent donc :
gFEorme ≪ grés
E
nc
X 1 gFEorme + grés
E
Les règles de mélange de ces deux modèles sont donc très proches l’une de l’autre.
Dans le tableau qui suit, on continue de définir chacun des modèles en présentant l’équation
d’état et les fonction a(T ) des corps purs utilisées.
– 180 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
VTPR UMR-PR
Equation d’état
Finalement, les règles de mélange de ces modèles récents possèdent incontestablement l’empreinte
marquée des travaux de Huron-Vidal et de Michelsen.
On aborde par la suite les règles de mélange à compacité constante énoncées par Péneloux
et al. [35] en 1989. Les principes de base d’établissement de ces règles de mélange sont notablement
différents de ceux énoncés jusqu’à présent. Péneloux et al. se sont inspirés du modèle quasi-
réticulaire, principalement dû à Guggenheim (1952) pour le calcul des propriétés des mélanges
liquides. On commence donc par énoncer très succinctement quelques résultats de cette théorie.
– 181 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Généralités :
Dans le modèle quasi-réticulaire, les molécules sont supposées réparties sur un réseau de sites
distribués dans l’espace. Parmi ces molécules, on distingue les monomères, qui occupent un seul
site, les dimères, qui en occupent deux, les trimères, qui en occupent trois, etc.
Les configurations réticulaires représentent les manières de répartir les différentes molécules sur le
réseau. A chaque configuration est associée une énergie qui est la somme des énergies de contact
entre les molécules (les interactions prises en compte sont celles d’un site et de ses proches voi-
sins). L’énergie configurationnelle d’un système se calcule en considérant la configuration la plus
probable.
Partant de ces principes, Guggenheim a mis au point une théorie qui a été utilisée par la
suite pour développer des modèles de gE (citons par exemple les modèles UNIQUAC et UNIFAC).
Dans cette théorie, il introduit des grandeurs de mélange et d’excès, non pas à pression
constante comme elle sont généralement définies, mais à volume constant.
Dans ce type de mélange, la pression des corps purs et du mélange n’est pas la même.
Le mélange possède une pression P et un volume V . Chaque corps pur possède avant mélange,
Xnc
une pression Pi 6= P et un volume Vi partiellement défini par la relation V = Vi . Vi est le
i=1
volume du constituant i dans l’état de référence adopté.
N.B. : on notera que les grandeurs de mélange idéal à pression constante ne dépendent pas de
la pression. Par conséquent, elles sont égales aux grandeurs de mélange idéal à volume constant.
On peut à présent définir les grandeurs d’excès à volume constant par la relation :
Z E,V (T,V,n) = Z M,V (T,V,n) − Z M,id (T,n) (II.147)
– 182 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Cas général :
" nc
# " nc
#
X X
gM − aM,V = g(T,P,x) − xi · gi∗ (T,P ) − a(T,v,x) − xi · a∗i (T,vi )
i=1 i=1
nc
X
= g(T,P,x) − a(T,v,x) + xi · [a∗i (T,vi ) − gi∗ (T,P )]
| {z }
i=1
P ·v
nc
X
= P ·v+ xi · [gi∗ (T,Pi ) − gi∗ (T,P ) − Pi · vi ]
i=1
Finalement :
nc
X Z Pi nc
X
gM − aM,V = P · v + xi · vi · dP − xi · Pi · vi (II.148)
i=1 P i=1
nc
X
Par définition, v M,V = v − xi · vi = 0. On obtient alors :
i=1
De même, en écrivant que, gM = gE + gM,id , que aM,V = aE,V + aM,id et sachant que
gM,id= aM,id , on déduit :
L’approximation d’ordre zéro est une simplification du modèle quasi-réticulaire. Dans ces condi-
tions, l’énergie de Helmholtz molaire totale d’excès à volume constant peut s’écrire [35] comme
la somme de deux contributions :
Le premier terme est appelé terme athermique (ou combinatoire). Il tient compte des effets
dus aux différences de taille et de forme des molécules. Ce terme peut lui même être décomposé
en deux termes : le terme de Flory plus un terme de forme :
nc
X v
E,V i
aF lory = R · T · x i · ln
v
aE,V E,V E,V
ath = aF lory + aF orme , avec : i=1
nc (II.152)
E,V z X θi
aF orme = R · T · 2 · xi · ln
ϕi
i=1
– 183 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
N.B. : dans la théorie des solutions, le mot résiduel a un sens différent de celui de la théorie des
équations d’état. Dans ce cas, il désigne l’écart à l’athermicité et non l’écart au gaz parfait.
Le terme résiduel représente les effets des interactions moléculaires et prend la forme de la fonction
d’excès de Van Laar :
X nc Xnc
qi · qj · xi · xi · Φij
1 i=1 j=1
aE,V
rés = nc (II.153)
2 X
q j · xj
i=1
qi est une mesure de la surface de la molécule i et Φij représente une énergie dite d’interéchange.
Préambule :
Le but de cette partie est de dresser une écriture généralisée des équations d’état cubiques
en incorporant à l’équation d’état des éléments de la théorie quasi-réticulaire de Guggenheim.
Ceci fait, une expression des règles de mélange à compacité constante dans le cas des équations
d’état cubiques de l’ensemble principal pourra être formulée.
Les deux éléments pris à la théorie des solutions pour parvenir au but fixé sont les suivants :
– Hypothèse de compacité constante :
la validité du modèle quasi-réticulaire repose sur l’hypothèse que le réseau sur lequel sont
placées les molécules ne subit pas de déformation pendant le processus de mélange, qui
s’effectue alors à compacité constante :
bm bi
η= = (II.154)
v vi
On notera que le volume vi est ici le volume molaire du constituant i pur dans l’état de
référence, avant mélange à compacité constante. Il ne doit pas être confondu avec le volume
molaire vi∗ du constituant i pur à la même température et la même pression que le mélange.
– Expression de l’énergie de Helmholtz d’excès à volume constant :
On suppose qu’elle suit le formalisme de l’équation (II.151).
Notation :
On note l’équation d’état cubique des mélanges sous la forme générale suivante (somme d’un
terme répulsif et d’un terme attractif) :
P ·v 1 f (T,η,x)
z= = zrép + zatt = − (II.155)
R·T 1 − η bm · R · T
– 184 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Par conséquent, en dérivant par rapport à η puis en réarrangeant cette équation, on obtient
l’expression suivante de l’équation d’état :
η ∂aéc
z= +1 (II.157)
R·T ∂η T,n
nc
X
•
D’après le théorème d’Euler : a (T,v,x) = xi · ā•i (T,v,x).
i=1
Donc :
nc
X nc
X nc
X
E,V
a (T,v,x) = xi · [ā•i (T,v,x) − a•i (T,vi )] + aéc (T,v,x) − xi · aéc
i (T,vi ) − R · T · xi · ln xi
i=1 i=1 i=1
Démonstration :
A T , v et vi fixés, on définit les pressions : P • = RT /v et Pi• = RT /vi . On a :
• •
āi (T,v,x) = ḡi• (T,v,x) − P • · v̄i = ḡi• (T,v,x) − R · T
|{z}
v
• (II.160)
ai (T,vi ) = gi• (T,vi ) − Pi• · vi = gi• (T,vi ) − R · T
ā•i (T,v,x) − a•i (T,vi ) = ḡi• (T,v,x) − gi• (T,vi )
– 185 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Par ailleurs :
Finalement :
nc
X nc
X v
E,V éc i
a (T,v,x) = a (T,v,x) − xi · aéc
i (T,vi ) +R·T xi · ln (II.162)
v
i=1 i=1
On suppose à présent que les fractions de surface θi et les fractions de volume ϕi de l’équation
(II.152) peuvent être confondues. Il s’ensuit alors : aE,V
F orme = 0.
Au final :
Xnc
éc E,V
a (T,v,x) = xi · aéc
i (T,vi ) + arés (II.165)
i=1
En combinant les équations (II.157) et (II.165), il vient l’expression générale d’une équation
d’état en fonction de aE,V
rés :
!
nc
η X ∂aéc
i ∂aE,V
rés
z= xi · + (II.166)
R·T ∂η T ∂η
i=1 T,n
– 186 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
n
!
f (T,η,x) Xc
fi (T,η) ∂aE,V
rés
= xi · −η· (II.170)
bm bi ∂η
i=1 T,n
Les équations d’état cubiques de l’ensemble principal peuvent être écrites sous la forme suivante
[cf. équation (II.21)] :
1 am (T,x) η
z= − × (II.171)
1 − η bm (x) · R · T (1 − η · r1 )(1 − η · r2 )
En identifiant cette équation avec l’équation (II.155), il vient :
η
f (T,η,x) = am (T,x) × (II.172)
(1 − η · r1 )(1 − η · r2 )
η
On note : Q′ (η) = . On a alors :
(1 − η · r1 )(1 − η · r2 )
f (T,η,x) = am (T,x) × Q′ (η)
(II.173)
fi (T,η) = ai (T,x) × Q′ (η)
c n
am (T,x) X ai (T )
= xi · − E(T,x) (II.176)
bm (x) bi
i=1
Cette équation est une première expression des règles de mélange à compacité constante. Il
suffit ensuite de choisir une fonction d’excès appropriée pour le terme E(T,x).
– 187 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
En intégrant la relation (II.175), il est possible de trouver la relation liant les fonctions E et
aE,V
rés :
Z η Z η ′
E,V E(T,x) × Q′ (η) Q (η)
arés (T,η,x) = dη = E(T,x) × dη (II.177)
0 η 0 η
| {z }
Q(η)
On a précédemment montré [cf. équation (II.150)] que pour un liquide incompressible (i.e. η →
1) :
aE,V E
rés (T,η → 1,x) = grés (T,η → 1,x) (II.179)
E (T,η → 1,x) E
g∞,rés
grés
E(T,x) = = (II.180)
Q(1) C
Cette relation prouve que E possède, à une constante 1/Q(1) près, la même forme que gE sous
pression infinie. On peut donc utiliser pour représenter la fonction E, n’importe quelle expression
de la partie résiduelle d’un modèle de g∞E.
Règles de mélange :
1) à compacité constante 2) de Huron-Vidal
nc E nc E (T,x)
am X ai (T ) g∞,rés am X ai (T ) g∞
= xi · − versus = xi · −
bm bi C } bm bi C
i=1 | {z i=1
E(T,x)
Bien que d’aspects similaires, il existe cependant une différence importante entre ces deux règles
de mélange. La fonction E(T,x) n’est en théorie constituée que de la partie résiduelle (i.e. non
athermique) de l’expression de gE , tandis que dans les règles de Huron-Vidal, on utilise la
totalité de l’expression de gE (partie athermique + partie résiduelle).
Cette différence ne peut bien entendu s’exprimer que lorsque le modèle de gE se décompose natu-
rellement en une partie résiduelle et une partie athermique (UNIFAC, UNIQUAC par exemple).
Pour les autres modèles (Margules, Van Laar, N.R.T.L., etc.), la fonction grés E est par défaut,
E
remplacée par l’expression globale de g . Les règles de mélange à compacité constante sont alors
rigoureusement identiques aux règles de mélange de Huron-Vidal.
– 188 –
II.4. RÈGLES DE MÉLANGE
Compatibilité des règles de mélange de Van der Waals avec les règles de mélange
à compacité constante :
nc X
nc
X √
a
m
= xi · xj · ai · aj · (1 − kij )
i=1 j=1
nc (II.181)
X
bm =
x i · bi
i=1
Ces règles de mélange sont compatibles avec la règle de mélange à compacité constante [équa-
tion (II.176)]. Pour le prouver, il suffit de remplacer les paramètres am et bm dans l’expression
(II.176) par les expressions de la règle de mélange de Van der Waals.
On obtient ainsi deux résultats :
– On montre que la fonction E s’écrit alors comme une fonction d’excès de type Van Laar.
– On peut exprimer le coefficient d’interaction binaire kij en fonction d’un paramètre Eij qui
est l’équivalent de l’énergie d’interéchange Φij de l’équation (II.153).
C’est ce que montrent les calculs qui suivent.
On commence donc par exprimer le terme d’excès E(T,x) dans le cas où am et bm suivent les
règles de mélange de Van der Waals.
nc
X ai am
E(T,x) = xi · −
bi bm
i=1
nc X
nc
X √
xi · xj · ai · aj · (1 − kij )
nc
X ai i=1 j=1
= xi · − nc
bi X
i=1 x j · bj
j=1
nc c n c Xc n n
X ai X X √
xi · × x j · bj − xi · xj · ai · aj · (1 − kij )
bi
i=1 j=1 i=1 j=1
E(T,x) = nc
X
x j · bj
j=1
A ce stade, on utilise une petite astuce de calcul qui permet d’obtenir une expression finale de
kij plus élégante :
nc n
c nc X
nc
X ai X X ai · bj
xi · × x j · bj = xi · xj ·
bi bi
i=1 j=1 i=1 j=1
nc X
nc c Xc n n
1 X ai · bj 1X aj · bi
= xi · xj · + xi · xj ·
2 bi 2 bj
i=1 j=1 i=1 j=1
– 189 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Il vient finalement :
nc X
X nc
xi · xj · bi · bj · Eij
i=1 j=1
E(T,x) = nc (II.184)
X
2 x j · bj
j=1
En comparant les équations (II.184) et (II.153), il apparaît clairement que la fonction E(T,x)
est une fonction d’excès de type Van Laar 10 . On confirme par ailleurs que le terme Eij est
l’équivalent de l’énergie d’interéchange Φij à la constante C près (voir remarque ci-dessous) dans
l’expression (II.153) de Van Laar. En utilisant l’équation (II.183), il est à présent possible d’ex-
primer le paramètre kij des règles de mélange de Van der Waals en fonction du paramètre Eij
de la fonction d’excès de Van Laar.
On trouve :
Eij − (δi − δj )2
kij = (II.185)
2δi · δj
Remarque :
E
g∞,rés
On a précédemment montré que : E(T,x) = . Comme le modèle de Van Laar ne se dé-
C
compose pas naturellement en une partie résiduelle et une partie athermique (ou combinatoire),
10. On a d’ailleurs vu au paragraphe II.4.7 que l’équation de Van Laar dérive de l’équation d’état cubique
de Van der Waals avec les règles de mélange de Van der Waals. Il est donc intéressant de constater que
l’utilisation des règles de mélange de Van der Waals permet systématiquement d’obtenir une expression de
type Van Laar pour la fonction E.
– 190 –
II.5. ESTIMATION DU COEFFICIENT D’INTERACTION BINAIRE À PARTIR D’UNE
MÉTHODE DE CONTRIBUTIONS DE GROUPES
E = gE
on suppose que : g∞ E
∞,rés . Le modèle de g réellement incorporé dans la règle de mélange
s’écrit donc :
Xnc X nc
xi · xj · bi · bj · Φij
E i=1 j=1
g∞ = nc avec : Φij = C · Eij
X
2 x j · bj
j=1
Le principe de base des méthodes de contributions de groupes repose sur le fait que toute
molécule peut être construite à partir d’un nombre fini de groupes élémentaires, un groupe
étant un morceau de molécule, un motif de base. Les groupes sont donc des unités moléculaires
(qui regroupent un nombre fini d’atomes dans une configuration voire une conformation donnée)
et qui permettent lorsqu’on les assemble de former n’importe quelle molécule existante.
On peut décomposer cette molécule en trois groupes différents (ou trois unités constitutives) :
un groupe CH3 , deux groupes CH2 et un groupe OH.
A partir de ces groupes, il est possible de former d’autres molécules comme le pentan-1-ol par
exemple, constitué d’un groupe CH3 , d’un groupe OH et de quatre groupes CH2 :
N.B. : On notera que les décompositions en groupes (c’est-à-dire les manières de décomposer
les molécules) ne sont pas uniques et peuvent varier d’une méthode à l’autre.
Les méthodes de contributions de groupes supposent qu’il est possible de calculer les propriétés
physico-chimiques des molécules ou des mélanges en décomposant ces propriétés en contributions
des différents groupes intervenant dans la molécule ou le mélange.
Lorsque les valeurs des différentes contributions pour une propriété donnée sont connues (à par-
tir de mesures expérimentales par exemple), on peut alors déduire la valeur de cette propriété
physico-chimique pour l’infinité de molécules formées à partir des groupes définis par la méthode.
Par exemple, considérons une propriété physico-chimique intensive P donnée. Supposons que
l’on connaisse la valeurs des contributions Pi des trois groupes intervenant dans la molécule
de propan-1-ol et que la relation liant les contributions à la propriété soit une simple somme
pondérée par l’occurrence ni de présence des groupes dans la molécule :
3
X
PC3 H7 OH = ni · Pi = PCH3 + POH + 2PCH2
i=1
– 191 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Il est alors possible de déduire la valeur de la propriété P pour n’importe qu’elle molécule
constituée des groupes CH3 , CH2 et OH. Par exemple, pour le pentan-1-ol :
C’est pour cette raison que les méthodes de contributions de groupes sont dites prédictives. A
partir de la connaissance d’un minimum d’informations (les contributions des groupes), on peut
estimer les propriétés de toutes les molécules sans les mesurer.
Initialement, ces méthodes étaient assez simples : les groupes étaient traités indépendamment
de leur arrangement au sein de la molécule. Autrement dit, les groupes étaient censés toujours
apporter la même contribution quels que soient les groupes voisins. Ces méthodes ont assez rapi-
dement montré leurs limites et il est vite apparu important de tenir compte de l’environnement
des groupes pour calculer la propriété plus précisément. Les méthodes récentes permettent géné-
ralement de corriger la contribution d’un groupe lorsque celle-ci est susceptible d’être modifiée
par les groupes avoisinants.
Bien entendu, plus le nombre de groupes définis par la méthode de contributions de groupes
est grand et plus la méthode est précise (et plus son degré de raffinement est grand et tient
compte de l’influence du voisinage des groupes). Cependant, il convient de ne pas tendre vers le
cas extrême qui consisterait à faire de chaque molécule un groupe, faisant ainsi perdre l’aspect
prédictif de la méthode.
Remarque :
On notera que les méthodes de contributions de groupes s’appliquent souvent mal aux premières
molécules d’une série homologue. Pour cette raison, ces premières molécules (par exemple le mé-
thane et l’éthane pour les alcanes linéaires) sont parfois traitées comme des groupes indépendants,
permettant ainsi d’améliorer la méthode de contributions.
Lorsqu’un mélange est décrit par une méthode de contributions de groupes, il ne doit plus être
vu comme un mélange de plusieurs molécules mais comme un mélange de groupes élémentaires.
Conséquemment, les interactions moléculaires sont alors interprétées en terme d’interactions
– 192 –
II.5. ESTIMATION DU COEFFICIENT D’INTERACTION BINAIRE À PARTIR D’UNE
MÉTHODE DE CONTRIBUTIONS DE GROUPES
entres groupes.
L’avantage de ce type de méthode est, comme précédemment, de prédire le comportement de
n’importe quels systèmes, constitués de n’importe quelles molécules, à partir d’un nombre réduit
d’informations : les contributions de groupes.
Les méthodes de contributions de groupes furent initialement utilisées avec les approches γ − ϕ
pour estimer les énergies de Gibbs molaires d’excès et les coefficients d’activité des constituants
du mélange dans les phases liquides.
Parmi ces méthodes, les plus connues sont ASOG (Analytical Solution of Groups) et UNIFAC
(Universal quasichemical Functionnal group Activity Coefficients). Utilisant la théorie des solu-
tions de Guggenheim, ces méthodes décomposent l’énergie de Gibbs d’excès en deux parties,
l’une dite athermique, l’autre résiduelle :
gE = gath
E E
+ grés (II.186)
Les méthodes de contributions de groupes permettent d’estimer le terme grés E . Le terme ather-
mique (aussi appelé combinatoire) est fonction de la taille et de la forme des molécules.
Dans les années 1990, les méthodes de contributions de groupes sont appliquées aux équations
d’état des mélanges. Abdoul et al. [13] mettent au point une équation d’état prédictive qui se
base sur l’équation de Peng-Robinson translatée (i.e. avec correction volumique). Ils utilisent
le concept de contributions de groupes pour calculer le paramètre d’interéchange Eij du modèle
de Van Laar. Toutefois, en raison de la complexité de la décomposition en groupes proposée
par les auteurs, cette méthode n’a pas connu un franc succès.
Holderbaum et Gmehling utilisent eux la méthode UNIFAC dans leurs règles de mélange ce
qui permet de rendre la méthode PSRK prédictive.
On se place dans le cas d’une équation d’état cubique de l’ensemble principal utilisant les
règles de mélange de Van der Waals couplées à une fonction d’excès de Van Laar (ce qui est
équivalent à utiliser les règles de mélange à compacité constante).
Dans ce cas, le coefficient d’interaction binaire kij est donné par la formule (II.185).
Pour le déterminer complètement, il est nécessaire d’estimer le paramètre Eij qui intervient dans
la fonction d’excès de Van Laar [équation (II.184)].
Lorsqu’ils ont mis au point leur méthode prédictive, Abdoul et al. [13], qui utilisaient les règles de
mélange précitées, ont choisi d’estimer le paramètre Eij à partir d’une méthode de contributions
de groupes.
Pour cela, ils utilisèrent une expression proposée par Redlich, Derr et Pierotti en 1959 [36]
qui permettait de calculer le paramètre Eij de l’équation de Van Laar à partir d’une méthode
de décomposition en groupes.
Ng Ng
1 XX
Eij = − (αik − αjk ) · (αiℓ − αjℓ )A0kℓ (II.187)
2
k=1 ℓ=1
– 193 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Par exemple, dans la molécule de propan-1-ol (notée 1), il y a trois groupes différents : (1)
CH3 , présent une fois. (2) CH2 , présent deux fois. (3) OH, présent une fois. En tout, la
molécule contient quatre groupes. On a donc : α1,1 = 1/4, α1,2 = 2/4 = 1/2 et α1,3 = 1/4.
• A0kℓ est un paramètre qui quantifie les interactions entre les groupes k et ℓ. Abdoul et al.
l’expriment en fonction de la température à partir de l’équation suivante :
Bkℓ
−1
298,15 Akℓ
A0kℓ = Akℓ (II.188)
T /K
Akℓ et Bkℓ sont deux paramètres constants ne dépendant que de la nature des groupes k
et ℓ.
On notera que : Akk = Bkk = 0 et par ailleurs, Akℓ = Aℓk et Bkℓ = Bℓk .
– 194 –
II.6. LE MODÈLE PPR78
PPR78 est l’acronyme anglais de Predictive Peng-Robinson 1978. Ce modèle utilise l’équation
d’état de Peng-Robinson dans sa version de 1978, les règles de mélange de Van der Waals,
et suppose que le coefficient d’interaction binaire kij est uniquement fonction de la température
T . La méthode est rendue prédictive par le calcul de kij à partir d’une méthode de contributions
de groupes. On donne ci-après les différentes équations du modèle (qui ont toutes déjà été pré-
sentées séparément auparavant).
Les paramètres am et bm sont estimés à partir des règles de mélange de Van der Waals :
nc X nc
X √
m
a (T,x) = xi · xj · ai · aj (1 − kij )
i=1 j=1
nc (II.190)
X
bm (x) =
x i · bi
i=1
Le paramètre d’interaction binaire kij , intervenant dans l’équation (II.190) est calculé à partir
de la formule suivante [obtenue en réunissant les équations (II.185) et (II.187)] :
Ng Ng Bkℓ
−1 √ √ 2
1 XX 298,15 Akℓ ai aj
− (αik − αjk ) · (αiℓ − αjℓ )Akℓ − −
2 T /K bi bj
k=1 ℓ=1
kij (T ) = √ (II.192)
ai · aj
2
bi · bj
La signification des termes de la double somme est rappelée page 193. Un exemple de calcul
de kij est proposé en annexe. Les valeurs des paramètres d’interactions entre groupes Akℓ et Bkℓ
– 195 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
pour les différents groupes définis par la méthode sont donnés dans le tableau II.4. On notera que
la matrice des paramètres Akℓ et Bkℓ est symétrique, autrement dit : Akℓ = Aℓk et Bkℓ = Bℓk .
De plus Akk = Bkk = 0. Ces groupes sont présentés dans le paragraphe suivant.
◮ Bilan :
Pour mettre en œuvre la méthode PPR78 de calcul des équilibres entre phases fluides, il suffit
de disposer :
– de la température critique Tc,i , de la pression critique Pc,i et du facteur acentrique ωi des
différents constituants du mélange (i ∈ J1; nc K).
– de la valeur des paramètres d’interactions entre groupes Akℓ et Bkℓ pour les groupes impliqués
dans les molécules du mélange.
– 196 –
II.6. LE MODÈLE PPR78
A l’heure actuelle, quinze groupes sont définis pour le modèle PPR78 (Ng = 15).
• Groupe 1 : CH3
C’est le groupement méthyle. Il est présent deux fois dans tous les alcanes linéaires, on le
trouve dans les alcanes ramifiés. Il peut également être présent chez les cycloalcanes ou les
molécules aromatiques.
Par exemple, le groupe 1 est présent deux fois dans la molécule de propane, trois fois dans
celle de méthylpropane et une fois dans celle de toluène :
CH3 ...........
...... ............
...
.
.......
.......
........
.......
. ......
...... ............... ................ ............. ............
.
CH3
... ...... .. .... ....
.. .... ..... ... .....
.. ... ... ... ..
.. ...
... ... .. ..
... ...
CH3 .................CH2.................... CH3 CH3 ................. CH .................... CH3 ... ...
... ....
.. ..
.. ...
... ...
... ... ... ....
.
.... ..... ..
. ...
....... ...... ... ...
....... ........... ................ ............
....... ........ ......
....... .
...
.
....... ..........
.........
• Groupe 2 : CH2
C’est le groupement méthylène. Il est présent dans les alcanes linéaires, ramifiés. Il n’est
jamais impliqué dans une insaturation (cycle ou liaison double). Il ne figure donc que dans
les groupements alkyles des cycloalcanes et des molécules aromatiques.
N.B. : A partir des groupes 1 et 2, on peut construire, entre autres, toute la série des
alcanes linéaires.
A titre d’exemple, il est présent trois fois dans la molécule de 3-éthylpentane et une seule
fois dans la molécule d’éthylcyclohexane.
3-éthylpentane Ethylcyclohexane
• Groupe 3 : CH
C’est le groupement méthyne. Comme le précédent, ce groupe est rencontré chez les alcanes
ramifiés (mais pas linéaires) ou dans les groupements alkyles des molécules. Il n’est jamais
impliqué dans une insaturation.
Par exemple, il est présent une fois dans la molécule de 3-éthylpentane ainsi que dans la
molécule d’isopropylbenzène.
CH2 .................
CH3 ...
...........................................
.
CH3
.... .. ..................... ..... ....
... .......... ...... ...
... ... ....... .... .. ...
... ... ....
. ... .... ...
. . . ... ...
... .. ... ...
.
... ... .. ....
..... .....
CH3 ................. CH2 .................CH................. CH2 .................
CH3 ... ...
... ..
.
... ...
.. ..
.....................
CH .................CH3
... ... .
.. .....
.
... ... .. ....
... ..... .
.
... ........ ..... ..
... ............................ .....
...
..............................................
3-éthylpentane Isopropylbenzène
– 197 –
PP 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
PP ℓ 15
k PP (CH3 ) (CH2 ) (CH) (C) (CH4 ) (C2 H6 ) (CHaro ) (Caro ) (Cpoly aro ) (CH2,cycl ) (CHcycl /Ccycl ) (CO2 ) (N2 ) (H2 S)
(SH)
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78 1 A=0 − − − − − − − − − − − − − −
(CH3 ) B=0 − − − − − − − − − − − − − −
2 A=74,81 A=0 − − − − − − − − − − − − −
(CH2 ) B=165,74 B=0 − − − − − − − − − − − − −
– 198 –
8 A=62,80 A=3,77 A=6,18 A=79,61 A=139,32 A=−3,09 A=−13,38 A=0 − − − − − − −
(Caro ) B=41,86 B=144,81 B=−33,97 B=−325,99 B=464,28 B=13,04 B=20,25 B=0 − − − − − − −
10 A=40,38 A=12,78 A=101,91 A=177,06 A=36,37 A=8,58 A=29,17 A=34,31 A=34,31 A=0 − − − − −
(CH2,cycl ) B=95,90 B=28,37 B=−90,93 B=601,88 B=26,42 B=76,86 B=69,32 B=95,39 B=95,39 B=0 − − − − −
11 A=98,48 A=−54,90 A=−226,48 A=17,84 A=40,15 A=10,29 A=−26,42 A=−105,69 A=−105,69 A=−50,10 A=0 − − − −
(CHcycl /Ccycl ) B=231,62 B=−319,47 B=−54,47 B=−109,46 B=255,30 B=−52,84 B=−789,24 B=−286,53 B=−286,53 B=−891,15 B=0 − − − −
12 A=164,02 A=136,92 A=184,27 A=287,90 A=137,26 A=135,54 A=102,60 A=110,15 A=267,31 A=130,05 A=91,28 A=0 − − −
(CO2 ) B=269,03 B=254,61 B=762,13 B=346,23 B=194,22 B=239,52 B=161,28 B=637,56 B=444,37 B=225,79 B=82,01 B=0 − − −
13 A=52,74 A=82,28 A=365,38 A=263,92 A=37,90 A=61,59 A=185,16 A=284,03 A=718,06 A=179,47 A=100,88 A=98,42 A=0 − −
(N2 ) B=87,19 B=202,82 B=521,87 B=772,63 B=37,20 B=84,92 B=490,59 B=1892,48 B=1891,93 B=546,63 B=249,81 B=221,40 B=0 − −
14 A=158,40 A=134,62 A=193,88 A=305,06 A=181,18 A=157,20 A=21,96 A=1,03 A=1,03 A=120,79 A=−16,13 A=134,86 A=319,47 A=0 −
(H2 S) B=241,23 B=138,29 B=307,80 B=−143,09 B=288,93 B=217,07 B=13,04 B=−8,58 B=−8,58 B=162,99 B=−147,55 B=201,43 B=550,06 B=0 −
15 A=799,87 A=459,47 A=425,50 A=682,86 A=706,02 ND A=285,49 A=1071,51 A=1071,51 A=446,09 A=411,77 ND ND A=−77,21 A=0
(SH) B=2108,97 B=627,27 B=514,72 B=1544,16 B=1482,56 ND B=391,97 B=1094,03 B=1094,03 B=549,03 B=−308,83 ND ND B=156,13 B=0
Table II.4 – Matrice des paramètres d’interactions entre groupes Akℓ et Bkℓ (en MPa) du modèle PPR78. ND = Non déterminé.
II.6. LE MODÈLE PPR78
• Groupe 4 : C
Comme les deux précédents groupes, le groupe 4 figure dans les alcanes ramifiés (mais pas
linéaires) et les groupements alkyles. Il n’est pas mis en jeu dans une insaturation. N.B. :
A partir des groupes 1, 2, 3 et 4, on peut construire, entre autres, toute la série des alcanes
ramifiés.
On illustre ci-après ce groupe 4 par les molécules de 3-éthyl-3-méthylpentane et de tertio-
butylbenzène qui le contiennent chacune une fois.
CH2 .................
CH3 ............................................. CH3
... ..
.... ... ................................ ..... ...
.... ... ...... ..... .. ...
.. ... ......
. ... ... ..
. .. . ... ... ..
... .. ... ...
... ... .. ...
..... .... .. ........................
CH3 ................. CH2 ................. C .................
CH2 .................
CH3 ... ...
... .. .
.. ..
.. .... C .................
CH3
... ... ... .. .....
.
.
...
.. ... ... ... .. ..
... ... .... . .
... ........ ..... ... ...
... ... .............................. .... ...
... .
..
........................................... .
CH3 CH3
3-éthyl-3-méthylpentane Tertiobutylbenzène
• Groupe 5 : CH4
Le groupe méthane est particulier. C’est une molécule qui a été exclue de la série homo-
logue des alcanes linéaires (représentables à partir des groupes 1 et 2) car elle possède un
comportement atypique et n’est pas représentée correctement lorsqu’elle est incluse avec
les autres molécules de la même série. Cette spécificité a déjà été évoquée précédemment :
les premières molécules d’une série homologue doivent souvent faire l’objet d’un traitement
spécifique dans la mise en œuvre des méthodes de contributions de groupes.
• Groupe 6 : C2 H6
Le cas de la molécule d’éthane est complètement identique à celui de la molécule de mé-
thane. Sa représentation par deux groupes 1 n’étant pas convaincante en terme de contri-
butions de groupes, elle constitue un groupe à elle seule.
• Groupe 7 : CHaro
Le groupe 7 décrit tous les groupes CH impliqués dans un cycle aromatique (à la différence
du groupe 3, où les groupements CH sont impliqués dans des chaîne alkyles mais pas dans
des cycles ou noyaux aromatiques).
On illustre ce groupe par la molécule de benzène qui le contient six fois et la molécule de
toluène qui le contient cinq fois.
CH..........
.......
CH..........
.......
...... .......
..................
.
.......
....
...... .......
..................
.
.......
.... ......
.... CH3
HC CH HC C
.. ... ... .. ... ...
... ... ... ... ... ...
.. .. ... .. .. ...
.... ... ... .... ... ...
. .. . ..
HC .................... .......
CH HC .................... .......
CH
....... ...... ...... ....... ...... ......
........ ....... ........ .......
CH CH
Benzène Toluène
• Groupe 8 : Caro
De même que le groupe 7, ce groupe C n’est présent que dans les noyaux aromatiques.
A titre d’exemple, on le retrouve deux fois dans la molécule de 1,4-xylène ci-après et 1 fois
– 199 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
CH..........
.
.......
...... .......
.................
.......
.... ...
.......
CH3
HC ..
C
.. ... ...
.... ... ...
.. ... ...
... ... ...
.. ..
......
C ................... ......
CH
.......
CH3 .... ....... .......
....... .......
CH
1,4-xylène
Naphthalène
• Groupe 10 : CH2,cycl
Ce groupe CH n’est présent qu’à l’intérieur du cycle d’un cycloalcane. Il ne doit pas être
confondu avec le groupe 2.
Il est par exemple présent six fois dans la molécule de cyclohexane.
......
CH
....... 2
...... ... .......
....... ...
H2 C CH2
...
.... ...
.... ...
.. ...
... ..
H2 C .......... .......
CH2
....... .......
.... ......
CH2
Cyclohexane
– 200 –
II.6. LE MODÈLE PPR78
un groupement CH imbriqués dans le cycle donc le groupe 11 y est présent deux fois. De
même, dans la molécule de décaline, le groupe 11 (représenté par un point noir) est présent
deux fois.
CH3
CH
.......2 .... .......
....... .............
.......
....... .............
.......
......
....... ... .......
....
...
....
......
CH3 .
........
.......
....... .......
.......
....... ............
.......
....... .......
.......
.......
H2 C C ....
...
......
•
........
..
...
.....
...
...
... ... ... ... ...
... ... ... ... ...
.. ...
.. ... ... ... ...
... ... ... ... ...
... ... ...
... ...
.
......
CH
....... ......
CH2 .......
.......
....... .........
.. .
....•
... .........
.
...
.
....... .... ....
.......... .
... .......
CH3 ... .......
.... .......
.......
....... .......... ..... ..
. ........
... ...
.. .
....
. ..
. ..
1,1,4-triméthylcyclohexane Décaline
• Groupe 12 : CO2
Comme les groupes 5 et 6, ce groupe est une molécule à lui seul : le dioxyde de carbone.
• Groupe 13 : N2
Le groupe 13 est la molécule de diazote (ou simplement azote).
• Groupe 14 : H2 S
Il décrit la molécule de sulfure d’hydrogène.
• Groupe 15 : SH
Ce groupe sulfhydrile caractérise la fonction chimique thiol (équivalent de la fonction alcool
dans laquelle l’atome d’oxygène est remplacé par le soufre). Il est impliqué dans toutes les
molécules de mercaptans (R − SH, où R désigne un groupement alkyle quelconque).
A titre d’illustration, on représente la molécule d’éthylmercaptan qui contient une fois le
groupe 15.
CH3 .................CH2................... SH
Ethylmercaptan
– 201 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
L’expression (II.192) du coefficient d’interaction binaire kij (T ) par le modèle PPR78 est rela-
tivement complexe. Elle fait apparaître une dépendance quadratique du coefficient avec l’inverse
de la température. Cette fonction est assez flexible et permet de représenter des évolutions ra-
pides du kij avec la température.
La figure ci-après représente l’allure de la fonction kij (T ) pour trois systèmes binaires formés
d’alcanes linéaires.
Pour ces trois systèmes, kij (T ) est une fonction d’abord décroissante, qui atteint un minimum
puis croît.
Comme expliqué précédemment, expérimentalement, le kij prend très généralement des valeurs
comprises entre −0,1 et +0,1. L’un des inconvénients de cette fonction est de pouvoir prendre
ses valeurs en dehors de ce domaine. Le kij peut même devenir supérieur à 1,0 (aux très faibles
ou aux très fortes températures, voir graphe ci-dessus).
Il convient donc de garder une certaine réserve vis-à-vis des valeurs de kij prédites. Celles-ci ne
peuvent être considérées que tant qu’elles restent physiquement acceptables.
On notera que ce type de phénomène est susceptible de se produire en dehors des domaines de
températures utilisés pour l’ajustement des paramètres d’interactions entre groupes.
Pour illustrer ce cas, on considère la série des n-alcanes. La figure ci-après représente l’évolution
de la valeur du kij de systèmes méthane(1)/n-alcane(2) (n ≥ 2) à température réduite de n-alcane
fixée en fonction du nombre n de carbones du n-alcane.
– 202 –
II.6. LE MODÈLE PPR78
On constate donc que dans la famille des alcanes linéaires, pour des systèmes peu asymétriques,
le kij augmente avec la différence de taille entre les molécules du système binaire (i.e. avec le
nombre d’atomes de carbones du n-alcane). Pour un nombre d’atomes de carbone environ égal à
14, le kij atteint un maximum puis diminue. Donc pour des systèmes asymétriques, le kij diminue
lorsque la différence de taille entre les molécules du système binaire augmente.
La construction du modèle PPR78 par Jaubert et al. a débuté en 2003 et les premiers résul-
tats sont parus en 2004 [37]. Ce premier article expose les bases du modèle et présente les valeurs
des paramètres d’interactions entre groupes, Akℓ et Bkℓ pour les groupes 1 à 6, c’est-à-dire pour
les systèmes binaires constitués d’alcanes linéaires ou ramifiés. Ces constituants sont regroupés
sous le terme générique de paraffines.
En 2005, une extension du modèle aux systèmes aromatiques est proposée [38] par Jaubert et
al. (calcul des interactions des groupes 7, 8 et 9). Pour la première fois dans l’étude, des compor-
tements azéotropiques sont rencontrés. Des lieux des points critiques originaux avec minimum
en température sont également observés pour la première fois depuis le début de ce travail.
En 2006, les auteurs proposent l’extension de PPR78 aux naphthènes [39], c’est-à-dire aux cy-
cloalcanes (groupes 10 et 11).
En 2007, le groupe CO2 (groupe 12) est incorporé au modèle [40]. En 2008, la matrice des contri-
butions de groupe est étendue à N2 (groupe 13) [41], H2 S [42] (groupe 14) et au groupe SH
(groupe 15) [43].
On notera enfin qu’en utilisant les groupes 1 à 15, il est désormais possible de décrire les fluides
pétroliers avec le modèle PPR78 (voir le dernier chapitre).
L’objet de ce paragraphe est de présenter succinctement les premiers résultats du modèle (des
groupes 1 à 11) qui ne font pas partie du travail de cette thèse. L’extension de PPR78 aux
groupes 12 à 15 est présentée dans le chapitre IV.
– 203 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Mélanges paraffiniques :
Les quelques graphes qui suivent servent à illustrer des comportements généraux observés dans
les différentes familles. Les résultats numériques sur les écarts relatifs moyens entre valeurs ex-
périmentale et calculée sont donnés par la suite.
Les figures II.8 et II.9 représentent deux systèmes, l’un ne contenant que des alcanes linéaires,
l’autre formé d’un alcane linéaire et d’un alcane ramifié.
La figure II.8 montre le comportement d’un système paraffinique à travers des diagrammes de
phases isothermes à des températures subcritiques. La courbe de bulle semble être une droite
reliant les pressions de vapeur saturante des corps purs ce qui caractérise une phase liquide idéale.
Les deux constituants mis en jeu ont des tailles quasi similaires, le système binaire est donc peu
dissymétrique ce que confirment les représentations isothermes (fuseaux classiques d’ELV).
Les valeurs des coefficients d’interactions binaires restent assez faibles. Elles sont d’abord posi-
tives puis négatives.
N.B. : on rappelle que lorsque l’on utilise une équation d’état cubique avec paramètres d’inter-
actions binaires, la solution idéale n’est pas obtenue pour kij = 0.
On peut cependant remarquer qu’en valeur absolue, le kij est multiplié par presque dix entre
283,15 K et 313,15 K. Ceci prouve qu’il est nécessaire, pour avoir une description fine du système
de disposer d’un kij fonction de la température. Il est toutefois certain qu’en utilisant un kij nul
pour ce type de systèmes, comme le font nombre d’auteurs, on obtient des résultats assez corrects.
La figure II.9 représente un autre système paraffinique dans le domaine supercritique à présent.
Les premiers diagrammes de phases isothermes ont presque l’allure de triangles rectangles, ce
qui caractérise une grande dissymétrie du système binaire : les constituants ont des tailles très
– 204 –
II.6. LE MODÈLE PPR78
différentes. Cette fois-ci, les valeurs des kij sont assez importantes et doublent entre 410,93 K
et 583,05 K. Il devient donc difficile d’espérer des résultats satisfaisants avec un kij constant et
nul.
Figure II.10 – Lieux des points critiques de systèmes binaires constitués d’alcanes linéaires. Cn ,
n-alcane. Trait continu : calculé avec PPR78. (+), point critique du n-alcane pur. ( ), points
critiques expérimentaux.
– 205 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Enfin, pour juger de l’aptitude du modèle à représenter les données expérimentales, Jaubert
et al. utilisent fréquemment les représentations des lieux des points critiques (LPC) dans le plan
(P, T ). Ils considèrent en effet que ces lieux constituent un excellent indicateur de la qualité du
modèle dans le domaine supercritique.
La figure II.10 représente les LPC d’alcanes linéaires avec l’éthane. Il est certain qu’une bonne
représentation des données critiques expérimentales est obtenue à partir du modèle PPR78,
même pour les systèmes très dissymétriques comme éthane(1)/n-décane(2). Tous ces systèmes
possèdent un comportement de type I ou II d’après la classification de Van Konynenburg et
Scott [3]. C’est souvent le cas des systèmes binaires paraffiniques. Lorsque les systèmes binaires
sont très dissymétriques (comme le système méthane(1)/n-hexane(2) par exemple), on observe
parfois un comportement de type III.
Systèmes aromatiques :
Dans cette partie, les systèmes binaires utilisés pour caler les paramètres d’interactions entre
groupes contiennent au moins une molécule aromatique.
Sur la figure II.11. on observe des équilibres isobares à des pressions subcritiques inférieures ou
égales à l’atmosphère. On observe sur le volet gauche de la figure, un comportement azéotropique
ce qui est assez fréquent avec les aromatiques.
On peut constater que pour ces systèmes peu dissymétriques, PPR78 représente leur comporte-
ment très fiablement.
– 206 –
II.6. LE MODÈLE PPR78
Figure II.13 – Lieux des points critiques de systèmes binaires constitués de deux molécules
aromatiques à gauche, et d’alcanes linéaires à i carbones (n-Ci ) et de molécules aromatiques
à droite. Trait continu : calculé avec PPR78. (+), point critique du n-alcane pur. ( ), points
critiques expérimentaux.
– 207 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
calculés par PPR78. On constate à l’instar des systèmes paraffiniques que les systèmes binaires
avec au moins une molécule aromatique possèdent souvent un comportement de type I ou II
d’après la classification de Van Konynenburg et Scott. Pour les systèmes constitués de deux
molécules aromatiques, une très bonne représentation des LPC est obtenue. On remarquera que
ces systèmes sont peu dissymétriques.
Concernant la représentation des systèmes n-alcane/benzène, la représentation des LPC pour les
systèmes peu dissymétriques est très satisfaisante. Plus la différence de taille entre les molécules
augmente et moins le LPC est correctement représenté par le modèle.
Systèmes naphthéniques :
La figure II.14 représente des diagrammes isobares et isothermes de système peu dissymétriques
dans le domaine subcritique. On observe une excellente représentation des équilibres de phases.
Sur le volet droit, on peut constater que les azéotropes sont prédits avec une grande précision.
La figure II.15 ci-après représente des systèmes peu et très dissymétriques dans le domaine su-
percritique. Pour les systèmes peu dissymétriques (à droite), on restitue les équilibres de phases
et les points critiques des mélanges très finement. A gauche, en revanche, bien que la prédiction
reste satisfaisante, les écarts entre les points expérimentaux et ceux du modèle sont plus impor-
tants au voisinage des points critiques.
Enfin, sur la figure II.16, quelques LPC sont représentés. Comme précédemment, on observe à
nouveau des comportements de type I ou II. Le bon accord entre les valeurs expérimentales et
calculées garantit la fiabilité du modèle.
– 208 –
II.6. LE MODÈLE PPR78
Figure II.16 – Lieux des points critiques de systèmes binaires constitués d’un cycloalcane et
d’un alcane linéaire à i carbones (n-Ci ) ou d’une molécule aromatique ou d’un cycloalcane.
Trait continu : calculé avec PPR78. (+), point critique du n-alcane pur. ( ), points critiques
expérimentaux.
– 209 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Conclusion :
Les paramètres d’interactions donnés dans le tableau II.4 entre groupes ont été ajustés sur un
nombre très important de données expérimentales :
– Points de bulle : nbulle = 21139,
– Points de rosée : nrosée = 15297,
– Points critiques : ncrit = 652.
Ainsi, en tout, 37088 points expérimentaux ont été considérés.
Afin d’évaluer la précision du modèle, on définit des écarts moyens relatifs et absolus. Ces
écarts sont précisément définis par la suite au paragraphe IV.2.3.
On peut donc conclure que le modèle PPR78 possède une précision moyenne d’environ 5 % sur
la représentation de systèmes binaires contenant des molécules de types paraffines, naphthènes
et aromatiques.
– 210 –
II.7. ANNEXES
II.7 Annexes
L’équation d’état de Peng-Robinson doit vérifier au point critique les spécifications sui-
vantes :
P (Tc ,vc ) = Pc
∂P
(Tc ,vc ) = 0
∂v T (II.196)
∂ 2P
(Tc ,vc ) = 0
∂v 2 T
Les inconnues du problème sont : les coefficients Ωa et Ωb intervenant dans les expres-
sions des paramètres a et b de l’équation d’état ainsi que le volume molaire critique
vc , ou de manière équivalente zc , le facteur de compressibilité molaire critique, défini
Pc · vc
par zc = .
R · Tc
– 211 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
En combinant les deux équations du système (II.199), on obtient une équation polynomiale
de degré 3 par rapport à b :
b
Le changement de variable ηc = s’impose.
vc
L’équation (II.200) devient :
b
ηc =
vc
Ωb · R · Tc / Pc
= (II.203)
vc
Ωb
=
zc
• Seconde partie :
D’après (II.199) :
R · Tc 2(vc + b)(vc − b)2
=
a(Tc ) [vc (vc + b) + b(vc − b)]2
Le membre de gauche de cette équation peut s’écrire, en utilisant l’expression de a(Tc ) :
R · Tc zc
= (II.204)
a(Tc ) Ωa vc
zc 2v 3 (1 + ηc )(1 − ηc )2
= c (II.205)
Ωa vc vc4 [(1 + ηc )2 − 2ηc2 ]2
Posons :
Ωa
A= (II.206)
zc · ηc
L’équation (II.205) devient :
1 2(1 + ηc )(1 − ηc )2
= (II.207)
Aηc [(1 + ηc )2 − 2ηc2 ]2
– 212 –
II.7. ANNEXES
• Troisième partie :
En partant de l’équation de Peng-Robinson écrite au point critique :
R · Tc a(Tc )
Pc = − (II.208)
vc − b vc (vc + b) + b(vc − b)
et en utilisant les deux changements de variables précités [ηc = b / vc et A = Ωa / (zc ηc )],
on montre que l’équation II.208 s’écrit :
1 Aηc
zc = − (II.209)
1 − ηc 1 + 2ηc − ηc2
• Bilan :
Les trois inconnues du problème sont Ωa , Ωb et zc .
b
ηc =
En effectuant les deux changements de variables précités : vc
Ωa , les trois
A =
zc · ηc
inconnues du problème deviennent A, ηc et zc .
Les trois équations permettant la détermination de ces trois inconnues sont :
P (Tc ,vc ) = Pc
∂P
(Tc ,vc ) = 0
∂v T (II.210)
∂2P
(Tc ,vc ) = 0
∂v 2 T
Ce système est équivalent au système suivant dans les variables (A,ηc ,zc ) :
1 Aηc
zc = −
1 − ηc 1 + 2ηc − ηc2
1 2(1 + ηc )(1 − ηc )2 (II.211)
=
Aηc [(1 + ηc )2 − 2ηc2 ]2
0 = 3ηc3 + 3ηc2 + 3ηc − 1
– 213 –
CHAPITRE II. DE L’ÉQUATION D’ÉTAT DE VAN DER WAALS AU MODÈLE PPR78
Les température et pression critiques, ainsi que le facteur acentrique sont donnés dans le tableau
ci-après :
◮ Décomposition en groupes :
A l’heure actuelle, Ng = 15 groupes sont définis par le modèle PPR78. Tous les paramètres
αik autres que α11 , α12 , α21 et α22 sont nuls.
– 214 –
II.7. ANNEXES
Bkℓ
15 15 −1
1 XX 298,15 Akℓ
E12 =− (αik − αjk ) · (αiℓ − αjℓ )Akℓ
2 T /K
k=1 ℓ=1
B12
−1
1 298,15 A12
E12 = − (α11 − α21 )(α12 − α22 ) × A12
2 T /K
B21
−1
298,15 A21
+(α12 − α22 )(α11 − α21 ) × A21
T /K
Sachant que A12 = A21 = 74,81 · 106 P a et B12 = B21 = 165,7 · 106 P a :
B12
−1
298,15 A12
E12 = −(α11 − α21 )(α12 − α22 ) × A12 = 16,85 · 106 P a (II.215)
T /K
√
On note δi = ai /bi . En utilisant l’équation (II.192) :
E12 − (δ1 − δ2 )2
k12 (290,0 K) = = 1,7970 · 10−2 (II.216)
2δ1 · δ2
– 215 –
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– 218 –
CHAPITRE III
Introduction
Dans ce chapitre, on s’attache à décrire les procédures de calcul des diagrammes de phases
isothermes et isobares ainsi que des diagrammes d’équilibre de phases globaux. Pour ce faire, on
définit pour chaque type de calcul (calcul d’un LPC, d’une ligne triphasique, etc.) le jeu d’équa-
tions ainsi que le nombre de variables et d’inconnues du problème, puis on présente une méthode
numérique adaptée à sa résolution.
Tous les calculs sont réalisés à partir d’une équation d’état cubique (Redlich-Kwong-Soave,
ou Peng-Robinson). Dans la plupart des cas, ces calculs admettent plusieurs solutions. Parmi
ces solutions multiples, l’une d’entre elles correspond à la solution stable, c’est-à-dire physique-
ment réaliste tandis que les autres correspondent à des états non stables. L’analyse de la stabilité
des phases est donc une étape déterminante dans la phase de recherche des solutions. Pour cette
raison, la première partie de ce chapitre décrit la stabilité thermodynamique des mélanges et
passe en revue toutes les notions nécessaires à la compréhension des algorithmes de calcul décrits
dans la seconde partie.
219
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
La stabilité d’une solution est une étude qui a pour but de déterminer si une solution de
température, pression et composition données existe à l’état monophasique ou conduit à un
équilibre entre plusieurs phases. Pour ce faire, plusieurs voies sont envisageables :
• on peut faire l’étude de la stabilité locale, c’est-à-dire comparer la stabilité de la solution
monophasique à celle d’une solution multiphasique infiniment voisine de la première. Cette
étude permet de dire si une solution est instable ou pas.
• on peut également faire l’étude de la stabilité globale. Celle-ci consiste à comparer la
stabilité de la solution monophasique avec la stabilité d’une solution multiphasique non
nécessairement infiniment voisine de la précédente. Cette étude permet de distinguer parmi
les états non instables, les états stables et les états métastables.
instable
Pour résumer, une solution peut être : métastable .
non instable
stable
Nous allons à présent montrer que le problème de stabilité est complètement lié au second
principe de la thermodynamique et à la création d’entropie.
Pour cela, considérons une transformation amenant un système isolé (i.e. un système n’échan-
geant ni travail, ni matière, ni chaleur avec le milieu extérieur) d’un état α à un état β. Le
second principe de la thermodynamique appliqué à ce système stipule que la variation d’entropie
du système est égale à l’entropie créée à l’intérieur du système :
∆S = Sβ − Sα = SC ≥ 0 (III.1)
L’entropie créée au cours d’une transformation est une grandeur positive ou nulle. Toute trans-
formation subie par un système isolé dans l’état α conduit à un état β d’entropie nécessairement
supérieure :
Sβ ≥ Sα (III.2)
L’évolution d’un système thermodynamique vers un état stable est régie par le second principe
de la thermodynamique. Quelle que soit la nature de la transformation subie par le système,
l’entropie créée en son sein doit nécessairement être positive.
Afin d’illustrer ce propos, on considère un système fermé contenant un fluide (soit un constituant
pur, soit un mélange). Le premier et le second principe de la thermodynamique appliqués à ce
système s’écrivent : (
dU = δW + δQ
δQ (III.3)
dS = + δSC
T
où :
– U et S sont resp. l’énergie interne et l’entropie du système,
– W est le travail échangé entre le système et le milieu extérieur. On se limite dans cet exemple
au travail réversible des forces de pression et dans ce cas : δW = −P · dV ,
– Q est la quantité de chaleur échangée entre le système et le milieu extérieur,
– T et V sont resp. les température et volume du système,
– SC désigne l’entropie créée dans le système.
Le second principe peut être écrit :
δQ = T · dS − T · δSC (III.4)
En injectant cette relation dans l’expression du premier principe, il vient :
dU = −P · dV + T dS − T · δSC (III.5)
– 220 –
III.2. STABILITÉ LOCALE D’UNE PHASE
On appelle potentiel thermodynamique, une grandeur d’état Φ qui, pour certains modes
d’évolution, est astreinte par le second principe à ne jamais croître (dΦ ≤ 0).
Par exemple, dans le cas d’une transformation adiabatique, −S est potentiel thermodynamique.
De même, d’après la relation (III.5), l’énergie interne U est un potentiel thermodynamique pour
les transformations isentropiques et isochores. C’est le potentiel thermodynamique à S et
V constants.
L’enthalpie du système est définie par la relation :
H = U +P ·V (III.6)
Par différentiation et, en tenant compte de l’équation (III.5), on obtient :
dH = T · dS + V · dP − T · δSC (III.7)
L’enthalpie est donc potentiel thermodynamique à S et P constants.
L’énergie de Helmholtz est définie par la relation :
A =U −T ·S (III.8)
Par différentiation et, toujours en tenant compte de l’équation (III.5), on trouve :
dA = −S · dT − P · dV − T · δSC (III.9)
L’énergie de Helmholtz est donc potentiel thermodynamique à T et V constants.
Enfin, l’énergie libre de Gibbs est définie par :
G=H −T ·S =A+P ·V (III.10)
En différentiant cette relation et en utilisant l’équation (III.9), il vient :
dG = −S · dT + V · dP − T · δSC (III.11)
L’énergie de Gibbs est donc potentiel thermodynamique à T et P constants.
Les inégalités que l’on vient d’établir [équation (III.12)] sont très importantes pour les études
de stabilité des systèmes. On les applique dans ce qui suit à l’étude de la stabilité des phases.
Une condition nécessaire d’existence d’un système monophasique est qu’il soit plus
stable que tous les systèmes diphasiques infiniment voisins (ou adjacents).
On s’intéresse à présent aux deux critères de stabilité locale des phases. Ces deux critères
permettent de savoir si un système monophasique est instable ou pas. Il y a tout d’abord le
critère de stabilité thermomécanique, puis le critère de stabilité par rapport à la diffusion. Ils
font l’objet des deux paragraphes qui suivent.
– 221 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Considérons un système monophasique que l’on caractérise par les variables d’état (S,V,n).
Divisons-le arbitrairement en deux sous-systèmes (S1 ,V1 ,n1 ) et (S2 ,V2 ,n2 ) que nous perturbons
comme indiqué sur la figure III.1 afin d’obtenir un état ajacent constitué de deux phases (S1 −
δS, V1 − δV, n1 ) et (S2 + δS, V2 + δV, n2 ), de sorte que l’entropie et le volume du système global
ne varient pas.
Système monophasique Système diphasique adjacent
n2 ,
n 2 , S 2 , V2 S2 + δS,
V2 + δV
δU ✲
n 1 , S 1 , V1 n1 , S1 − δS, V1 − δV
– 222 –
III.2. STABILITÉ LOCALE D’UNE PHASE
De même :
1 ∂2U
U (n2 ,S2 + δS, V2 + δV ) − U (n1 ,S1 , V1 ) = T · δS − P · δV + δS 2
2 ∂S 2 n,V
n2 ,S2 ,V2
2 2
1 ∂ U ∂ U
+ 2
δV 2 + δV δS + o(kδS,δV k2 )
2 ∂V n,S ∂V ∂S n2 ,S2 ,V2
n2 ,S2 ,V2
∂2U T ∂2U T
Par ailleurs : = et = , où cv
∂S 2 n,V n ,S ,V n1 · cv ∂S 2 n,V n ,S ,V n2 · cv
1 1 1 2 2 2
désigne la capacité calorifique molaire à volume constant du système monophasique.
On note alors :
′′ 1 1 T
USS = + (III.13)
n1 n2 cv
De la même manière, on peut montrer que :
∂2U cP ∂2U −α · T
= et =
∂V 2 n,S n ,S ,V ni · cv · κT · v ∂S∂V ni ,Si ,Vi ni · κT · cv
i i i
1 ∂v 1 ∂v
avec v, le volume molaire du système monophasique, α = et κT = − .
v ∂T P v ∂P T
On définit alors :
′′ 1 1 cP ′′ 1 1 α·T
UV V = + et USV = − + (III.14)
n1 n2 cv · κT · v n1 n2 κT · cv
1 ′′
δU = (U δS 2 + 2USV
′′
δSδV + UV′′ V δV 2 ) + o(kδS,δV k2 ) (III.15)
2 SS
La solution monophasique sera stable si et seulement si cette forme quadratique est positive quels
que soient δS et δV . En utilisant la méthode de réduction des formes quadratiques de Gauss,
on peut montrer : ′′
USS > 0
δU > 0 ⇐⇒ ′′ U ′′ − (U ′′ )2 > 0 (III.17)
∆ = USS VV SV
′′ > 0 amène immédiatement c > 0 qui est la condition de stabilité thermique.
• USS v
1 1 T
• En remarquant que ∆ s’écrit ∆ = + , on déduit la condition de stabilité
n1 n2 cv · κT · v
mécanique : κT > 0.
Avec une équation d’état cubique, il est possible de calculer des états instables, c’est-à-dire des
états violant les conditions précédemment énoncées.
A titre d’exemple, on trace l’isotherme de Van der Waals d’un corps pur (voir figure III.2).
∂P
D’après la définition de κT , κT > 0 ⇐⇒ < 0.
∂v T
– 223 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Figure III.2 – Isotherme subcritique de Van der Waals d’un corps pur. Représentation des
états stables, métastables et instables. C, point critique. A et B, bornes du domaine des états
instables.
ø
Le critère de stabilité mécanique impose donc que la pression soit une fonction décroissante du
volume molaire. Sur la figure III.2, on constate que le long de l’arc AB, ce n’est pas le cas. Les
états calculés par l’équation d’état compris entre les points A et B de l’isotherme violent donc
le critère de stabilité mécanique. Ce sont des états instables.
Bien entendu, ces critères de stabilité thermomécanique s’appliquent de la même façon aux
mélanges multiconstituants.
Dans le cas des mélanges de deux constituants ou plus, un critère de stabilité lié à la compo-
sition du système est à prendre en compte.
En effet, le système sera déclaré instable si une perturbation créée par un un changement de com-
position rend le système plus stable (i.e. fait diminer son énergie de Gibbs à T et P constantes).
– 224 –
III.2. STABILITÉ LOCALE D’UNE PHASE
Système monophasique Système diphasique adjacent
n2,i − δni ,
n2,i , T , P
T, P
δG ✲
n1,i , T , P n1,i + δni , T , P
Figure III.3 – Création d’un état diphasique adjacent dans un système multiconstituant mono-
phasique.
avec :
∂G
• µ0i = , le potentiel chimique du constituant i dans le mélange
∂ni T,P,nj6=i solution
monophasique
monophasique. Le potentiel chimique du constituant i étant une grandeur intensive, il est
identique dans chacun des sous-systèmes de la solution monophasique.
2
∂ G ∂µi
• G0ij,k = = est la dérivée se-
∂ni ∂nj T,P sous-système k ∂nj T,P,nk6=j sous-système k
dans solution dans solution
monophasique monophasique
conde de G par rapport aux quantités de matière des constituants i et j dans le sous-système
k du mélange monophasique. Cette grandeur étant extensive, elle n’est pas identique dans
chacun des sous-systèmes du mélange monophasique.
De même, pour l’énergie de Gibbs du sous-système 2 dans la solution diphasique, on a :
nc n
c Xc n
X 1X
G(T,P,n2,i − δni ) − G(T,P,n2,i ) = µ0i · (−δni ) + G0ij,2 · δni · δnj + o(kδnk2 ) (III.20)
2
i=1 i=1 j=1
– 225 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
N.B. : les fractions molaires sont ici traitées comme des quantités de matière, c’est-à-dire que
nc
X
les dérivées ne tiennent pas compte de la relation : xi = 1.
i=1
Le potentiel chimique µi du constituant i et la fraction molaire xj sont
des grandeurs intensives
∂µi
et sont donc uniformes dans le mélange monophasique. La dérivée est donc une
∂xj T,P,xk6=j
grandeur intensive, uniforme dans tout le système monophasique. On a donc :
1 1 ∂µi n ∂µi
G0ij,1 + G0ij,2 = + ′ = ′
′
n1 n2 ∂xj T,P,xk6=j solution n1 · n′2 ∂xj T,P,xk6=j solution
monophasique monophasique
nc X
nc
n X
0
δG = gij · δni · δnj + o(kδnk2 ) (III.22)
2n′1 · n′2
i=1 j=1
Pour que la solution soit stable par rapport à la diffusion, il est nécessaire que le système dipha-
sique ne puisse jamais se former, ou autrement dit que sa formation soit toujours accompagnée
d’une augmentation de l’énergie de Gibbs totale de la solution à T et P fixées (δG > 0).
Considérons le cas d’une solution binaire (nc = 2). δG s’écrit alors :
n 0
δG = g11 · δn21 + 2g12
0 0
· δn1 · δn2 + g22 · δn22 + o(kδn1 ,δn2 k2 )
2n′1 · n2
′
Pour que cette forme quadratique soit positive quelles que soient les valeurs de δn1 et δn2 , il
0 ) soit semi-
est nécessaire que la matrice hessienne qui lui est associée (constituée d’éléments gij
définie positive.
On note ∆, le déterminant de cette matrice hessienne :
0
g11 0
g12 0 0
∆= 0 0 avec : g12 = g21 (III.23)
g21 g22
– 226 –
III.2. STABILITÉ LOCALE D’UNE PHASE
(III.25)
∂µ1 ∂µ2
x1 +x2 =0
∂x2 T,P,x1 ∂x2 T,P,x1
| {z } | {z }
0 0
g12 g22
0 = g0 :
Par conséquent, sachant que g12 21
0 0
g12 = −x1 · g11 /x2
0 0
g12 = −x2 · g22 /x1 (III.26)
0 2 0 0
(g12 ) = g11 · g22
On a donc toujours :
0 0 0 2
∆ = g11 · g22 − (g12 ) =0 (III.27)
L’unique condition restante s’écrit :
0 ∂µ1 ∂2g
g11 = = ≥0 (III.28)
∂x1 T,P,x2 ∂x21 T,P,x2
C’est le critère de stabilité par rapport à la diffusion. Il fait intervenir la dérivée partielle
formelle de l’énergie de Gibbs molaire totale.
Remarque : cas des systèmes multiconstituants à plus de deux constituants
Pour traiter les systèmes multiconstituants en général, il suffit de repartir de l’expression générale
(III.22) de δG. Pour que cette forme quadratique soit positive quelles que soient les valeurs des
0 ) doit être semi-définie positive. Ceci équivaut
δni , la matrice hessienne (constituée d’éléments gij
à dire que tous ses termes diagonaux (gii0 ) doivent être positifs ou nuls ainsi que tous les déter-
minants que l’on peut construire sur la diagonale de cette matrice hessienne.
Pour les systèmes binaires, on trouve parfois écrit le critère de stabilité par rapport à la dif-
fusion en utilisant une vraie dérivée partielle de g (i.e. une dérivée qui tient compte de la relation
x1 + x2 = 1). Autrement dit, on supprime la variable x2 du problème en tenant compte de la
relation qui l’unie à x1 . Les fractions molaires ne sont plus considérées comme des quantités de
matière.
Afin de différencier la vraie dérivée partielle de la dérivée partielle formelle, on indique en in-
dice que la dérivation se fait, non plus à (T,P,x2 ) constants, mais seulement à (T,P ) constants.
Etablissons l’expression de cette vraie dérivée partielle. D’après le théorème d’Euler :
g(T,P,x1 ) = x1 · µ1 + x2 · µ2 = µ2 + x1 · (µ1 − µ2 )
– 227 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Autrement dit, pour un système binaire de température et pression données, les états monopha-
siques instables correspondent aux parties concaves de la courbe g(x1 ).
Il existe de nombreux critères équivalents à celui-ci faisant intervenir d’autres grandeurs ther-
modynamiques.
En voici quelques-uns :
2 M
∂ g
• en terme d’énergie de Gibbs molaire totale de mélange : ≥ 0,
∂x21 T,P
2 E
∂ g 1
• en terme d’énergie de Gibbs molaire totale d’excès : 2 + ≥ 0,
∂x1 T,P x1 · x2
∂ ln γ1 1
• en terme de coefficient d’activité du constituant 1 dans une phase : + ≥ 0,
∂x1 T,P x1
∂a1
• en terme d’activité du constituant 1 dans une phase : ≥ 0,
∂x1 T,P
∂f1
• en terme de fugacité du constituant 1 dans une phase : ≥ 0,
∂x1 T,P
∂µ1
• en terme de potentiel chimique du constituant 1 dans une phase : ≥ 0.
∂x1 T,P
Sur la figure III.4, on illustre le critère de stabilité mécanique et le critère de stabilité par rapport
à la diffusion sur le système binaire méthane(1)/H2 S(2) à température et pression fixées dans le
plan (énergie de Gibbs molaire totale de mélange, composition). Pour ce faire, on a résolu pour
chaque composition l’équation d’état et on a représenté les états associés aux racines liquide,
vapeur et intermédiaire (racine de l’équation d’état comprise entre celle du liquide et de la
vapeur) quand ils existaient.
Les courbes rouges et violette de la figure III.4 correspondent aux racines liquides de l’équation
d’état. La courbe bleu clair correspond aux racines vapeur. Enfin, la courbe verte est associée à la
ø
racine intermédiaire. Comme nous l’avons vu auparavant, cette racine intermédiaire est toujours
associée à des états thermomécaniquement instables. La branche E D représente donc tous les
états instables par violation du critère de stabilité thermomécanique.
Le critère de stabilité par rapport à la diffusion est quant à lui violé lorsque la courbe gM /(RT )
ø
vs. x1 est concave. Les points B et C sont les points d’inflexion de la courbe (ils vérifient
(∂ 2 gM /∂x21 )T,P = 0). L’arc B C est l’ensemble des points vérifiant (∂ 2 gM /∂x21 )T,P ≤ 0, c’est-à-
dire l’ensemble des points ne satisfaisant pas le critère de stabilité par rapport à la diffusion.
ø ø
Pour conclure, dans ces conditions, le binaire méthane/H2 S possède deux domaines d’instabilité
en composition : B C et E D.
– 228 –
III.3. STABILITÉ GLOBALE D’UNE PHASE
ø
l’équation d’état de Redlich-Kwong-Soave en utilisant un coefficient d’interaction binaire
ø
kij = 0,08. Arc B C : états violant le critère de stabilité par rapport à la diffusion. Arc D E :
états violant le critère de stabilité thermomécanique. Courbes rouge et violette : racines de la
phase liquide de l’équation d’état. Courbe bleu clair : racines vapeur. Courbe verte : racine
intermédiaire.
III.3.1 Préambule
Nous venons d’étudier la stabilité locale d’une phase, c’est-à-dire la possibilité de formation
d’un état adjacent plus stable que l’état initial. On sait donc à présent distinguer les états
instables des états non instables. Les états non instables sont-ils pour autant stables ? Pour ré-
pondre à cette question, on se propose à présent d’étudier la stabilité globale d’une solution,
c’est-à-dire la possibilité de formation d’un état diphasique non adjacent à l’état étudié.
Pour mener cette étude, nous utiliserons les principes suivants, rappelés en début de chapitre :
• Une solution binaire monophasique à la température T , la pression P et de composition
globale z = (z1 ,z2 ) est dite stable si elle est à son minimum d’énergie de Gibbs molaire
totale.
• Autrement dit, une solution binaire monophasique est dite stable s’il n’est pas possible
d’abaisser son énergie de Gibbs molaire totale en formant une solution diphasique (voire
triphasique) de mêmes température, pression et composition globale z.
On considère dans un premier temps, l’exemple de la figure III.5.
On considère la solution monophasique S, de composition z, stable thermomécaniquement
– 229 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Figure III.5 – Représentation de l’énergie de Gibbs molaire totale d’une solution binaire {1-2}.
Comparaison de la stabilité de la solution monophasique S avec la solution diphasique dont les
phases sont représentées par les points L et V .
(pour cette composition, l’équation d’état ne calcule qu’une seule racine) et stable par rapport à
la diffusion (pour cette composition, g vs. z1 est convexe). On cherche à voir s’il existe une solu-
tion diphasique plus stable que cette solution monophasique. Pour cela, on considère la solution
diphasique S ′ dont les phases sont matérialisées par les points L et V sur la figure III.5. x1 est
la fraction molaire du constituant 1 dans la phase L, y1 est la fraction molaire du constituant 1
dans la phase V .
Le point S ′ , représentatif de la solution diphasique se situe à l’intersection de la droite (LV ) et
de la droite verticale d’abscisse z1 . On le prouve dans la remarque qui suit.
GS ′ = GL + GV
– 230 –
III.3. STABILITÉ GLOBALE D’UNE PHASE
Il est manifeste sur la figure III.5 que la solution diphasique possède une énergie de Gibbs
molaire totale supérieure à celle de la solution monophasique : gS ′ > gS . La solution diphasique
est donc moins stable que la solution monophasique.
Pour s’assurer que la solution soit réellement monophasique, il faudrait donc tester toutes les
compositions (x1 ,x2 ) possibles pour la phase L avec toutes les compositions (y1 ,y2 ) possibles
pour la phase V et vérifier qu’il n’existe aucune solution diphasique de potentiel gS ′ inférieur à
celui de la solution S.
Figure III.6 – Représentation de l’énergie de Gibbs molaire totale d’une solution binaire {1-2}.
Comparaison de la stabilité de la solution monophasique S avec la solution diphasique dont les
phases sont représentées par les points L et V .
ø
Les points I1 et I2 délimitent le domaine concave I1 I2 . La solution monophasique S ne viole ni
le critère de stabilité thermomécanique, ni le critère de stabilité par rapport à la diffusion. Pour-
tant, comme l’illustre la figure III.6, il existe des solutions diphasiques S ′ , formées des phases L
et V , plus stables que la solution S : gS ′ < gS . La solution est donc monophasique non stable.
Cet exemple illustre donc l’insuffisance des critères de stabilité thermomécanique et par rapport
– 231 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
à la diffusion pour juger de la stabilité d’une phase de température, pression et composition fixées.
Pour tester la stabilité globale d’une phase, il est donc nécessaire d’utiliser un autre critère :
le critère du plan tangent.
Démonstration [1] :
On considère à température T et pression P fixées, un système monophasique de fractions mo-
laires globales z et de quantités de matières n. On s’intéresse au calcul de la variation de l’énergie
de Gibbs totale δG accompagnant la formation à T et P fixées d’une solution diphasique consti-
tuée d’une quantité infinitésimale ǫ de phase II et d’une quantité n − ǫ de phase I.
Système monophasique Système diphasique à mêmes
T , P et composition globale
Phase I
T , P , n i − ǫi
Fractions molaires : yi ≃ zi
T , P , ni
δG
Fractions molaires : zi ✲ Phase II
T , P , ǫi
Quantités infinitésimales : ǫi ≪ ni
Fractions molaires : xi 6= yi
⑦
Figure III.7 – Création d’un état diphasique dans un système multiconstituant monophasique.
– 232 –
III.3. STABILITÉ GLOBALE D’UNE PHASE
On note à présent :
∂G ∂G
µi (T,P,z) = et µi (T,P,x) = Phase II de la
∂ni T,P,nj6=i solution ∂ni T,P,nj6=i solution
monophasique
diphasique
(III.38)
δG s’écrit alors :
nc
X
δG = ǫi · [µi (T,P,x) − µi (T,P,z)] + o(kǫk) (III.39)
i=1
nc
X
En notant que ǫi = xi × ǫT , avec ǫT = ǫi , on obtient :
i=1
nc
X
δG = ǫT · xi · [µi (T,P,x) − µi (T,P,z)] + o(kǫk) (III.40)
i=1
ǫT est une quantité de matière (donc une grandeur positive). Le signe de δG est celui de la somme.
Si, quel que soit le vecteur x, cette somme est positive, la solution diphasique ne se formera pas
et le système sera déclaré monophasique stable. S’il existe une valeur de x telle que cette somme
devienne négative, il existe une solution diphasique plus stable que la solution monophasique. La
solution monophasique est alors déclarée non stable.
Comme pour le critère de stabilité par rapport à la diffusion, il existe de nombreuses écritures
du critère du plan tangent à T et P constants, dont :
nc
X
• en termes de fugacités : ∀xi ∈ [0; 1] : xi · R · T · [ln fi (T,P,x) − ln fi (T,P,z)] ≥ 0,
i=1
• en termes de coefficients de fugacité :
nc
X
∀xi ∈ [0; 1] : xi · R · T · [ln(xi · ϕi (T,P,x)) − ln(zi · ϕi (T,P,z))] ≥ 0
i=1
nc
X
• en termes d’activités : ∀xi ∈ [0; 1] : xi · R · T · [ln ai (T,P,x) − ln ai (T,P,z)] ≥ 0,
i=1
– 233 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
◮ Conséquence graphique :
Figure III.8 – Représentation de la courbe gM /(RT ) vs. x1 d’un système binaire à température
et pression données et de quatre tangentes à la courbe aux points A, B, C et D. I1 et I2 points
d’inflexion de la courbe.
On y applique le critère du plan tangent sur la fonction gM /(RT ). Il est bien entendu qu’à T
et P fixées, l’utilisation de la fonction g ou de la fonction gM pour représenter les phénomènes
– 234 –
III.3. STABILITÉ GLOBALE D’UNE PHASE
Figure III.9 – Représentation de la courbe gM /(RT ) vs. x1 d’un système binaire à température
et pression données et des états stables, métastables et instables.
Les points α et β de la courbe gM /(RT ) vs. x1 possèdent une tangente commune (αβ). L’équa-
tion de la tangente au point A quelconque a pour équation : (TA ) : y = x1 · [ḡ1,A M − ḡ M ] + ḡ M .
2,A 2,A
Sachant que ḡiM = R · T ln ai (où ai est l’activité du constituant
i dans la solution), l’équation
a1,A
de la tangente s’écrit : (TA ) : y = R · T · x1 · ln + R · T · ln a2,A .
a2,A
La tangence commune aux points α et β implique l’égalité des coefficients directeurs et des
ordonnées à l’origine des tangentes aux points α et β, ce qui amène l’égalité des activités des
constituants dans chaque phase : a1,α = a1,β et a2,α = a2,β , ce qui est équivalent à l’égalité des
– 235 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Sur la figure III.10, on représente les distances au plan tangent δ(T,P,z,x) vs. x1 associées aux
quatre points A, B, C et D de la figure III.8.
Figure III.10 – Représentation des distances aux plans tangents associés aux points A, B, C et
D de la figure III.8. La flêche indique la composition de la phase testée.
La stabilité de ces points peut être discutée en considérant la position du minimum global
de ces fonctions. Si ce minimum correspond à une valeur de δ(T,P,z,x) positive ou nulle, la
solution étudiée est monophasique stable, sinon elle est non stable. On notera qu’au niveau de
la composition z de la phase testée, la distance au plan tangent est bien entendu nulle et admet
une tangente horizontale. Le critère du plan tangent peut également être énoncé de la sorte :
On peut facilement montrer 1 que les extrema de la fonction δ(T,P,z,x) à T , P , z fixées corres-
pondent dans le plan (gM /(RT ) ; x1 ) aux positions des tangentes parallèles à la tangente de la
1. il suffit de dériver la relation δ(T,P,z,x) = g(T,P,x) − t(T,P,z,x) par rapport à x1 pour se rendre compte
– 236 –
III.3. STABILITÉ GLOBALE D’UNE PHASE
La figure III.11 montre trois tangentes parallèles dans le plan (gM /(RT ) ; x1 ).
Figure III.11 – Représentation de tangentes parallèles sur la courbe gM /(RT ) vs. x1 pour
discuter la stabilité des phases.
Si la solution testée possède la composition du point C, alors elle est monophasique stable car
il n’existe pas de tangente parallèle à celle du point C en dessous de celle-ci. En revanche, si
la solution possède la composition du point A ou celle du point B, elle est monophasique non
stable car il existe une ou deux tangentes parallèles situées en dessous de celles des points A et B.
L’analyse de la stabilité peut se révéler essentielle dans certains cas pour discerner les solu-
tions physiquement réalistes (c’est-à-dire correspondant à des états stables) de celles qui ne le
sont pas (états métastables et instables). Afin d’illustrer cette remarque, on considère la courbe
gM /(RT ) vs. x1 de la figure III.12 tracée à T et P fixées. Il existe dans ces conditions trois
équilibres diphasiques A − B, C − D et E − F susceptibles d’être calculés à partir des conditions
d’équilibre entre phases (µi,α = µi,β pour i ∈ J1 ; nc K). Sur ces trois équilibres, deux sont non
stables et un seul est stable. Sur la figure III.13, on illustre l’application d’un critère du plan
tangent en chacune des fractions molaires associées aux phases en équilibre (i.e. pour z1 = xA 1
ou xB C D E F
1 , z1 = x1 ou x1 , z1 = x1 ou x1 ).
que les points du plan (g M /(RT ) ; x1 ) ayant des tangentes parallèles à celle du point de composition z possèdent
tous une tangente horizontale dans le plan (δ(T,P,z,x) ; x1 ).
– 237 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Figure III.12 – Courbe gM /(RT ) vs. x1 dans le cas où il existe plusieurs états diphasiques
A − B, C − D et E − F vérifiant les conditions d’équilibre entre phases à T et P fixées. Ligne
noire : tangente commune aux points A et B. Ligne pointillée bleue : tangente commune aux
points C et D. Ligne pointillée rouge : tangente commune aux points E et F .
Figure III.13 – Analyse de la stabilité à l’aide du critère du plan tangent dans le cas où il existe
plusieurs états diphasiques vérifiant les conditions d’équilibre entre phases à T et P fixées.
– 238 –
III.3. STABILITÉ GLOBALE D’UNE PHASE
On constate que le seul équilibre stable est l’équilibre A − B car c’est le seul pour lequel la
distance au plan tangent δ ne devient pas négative sur une partie de la gamme de compositions.
Cet équilibre stable est celui qui possède dans le plan gM /(RT ) vs. x1 une ligne d’équilibre [AB]
située en-dessous de celle des autres équilibres ([CD] et [EF ]).
Bien que très pratique dans bon nombre de cas, le critère du plan tangent à température et
pression fixées n’est pas forcément toujours le mieux adapté à l’étude de la stabilité. En parti-
culier, avec les équations d’état cubiques, les variables de prédilection sont la température et le
volume. Il est donc plus facile dans ce cas d’utiliser un critère du plan tangent à température et
volume fixés. Celui-ci s’énonce de la sorte :
Démonstration :
On considère à température T et volume total V0 fixés, un système monophasique de fractions
molaires globales z et de quantités de matières n (voir figure III.14). On s’intéresse au calcul
de la variation de l’énergie de Helmholtz totale δA accompagnant la formation d’une solution
diphasique constituée d’une quantité infinitésimale ǫ de phase II et d’une quantité n − ǫ de phase
I.
Système monophasique Système diphasique à mêmes
T , V0 et composition globale
Phase I
T , V0 − δV , ni − ǫi
Fractions molaires : yi ≃ zi
Volume molaire : v0
Volume
′
Pression : P 6= P
T , V0 , n i molaire
δA✲ Phase II
Fractions molaires : zi
global
T , δV , ǫi
v0
Volume molaire total : v0
Quantités infinitésimales : ǫi ≪ ni
Pression P0 = P (T,V0 ,ni )
Fractions molaires : xi
Volume molaire : v0
Pression P ⑦
Figure III.14 – Création d’un état diphasique dans un système multiconstituant monophasique.
– 239 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
∂A
Or : = −P0 (car à T et n fixés : dA = −P · dV ). La quantité δA vaut
∂V T,n solution
monophasique
alors :
nc
X ∂A
δA = A(T,δV,ǫ) + P0 · δV − ǫi · + o(kǫ,δV k) (III.45)
∂ni T,V,nj6=i solution
i=1
monophasique
nc
X
On note : ǫT = ǫi . Sachant que : ǫi = xi × ǫT , et que δV = v0 × ǫT , on obtient :
i=1
(n )
X c
ǫT est une quantité de matière (donc une grandeur positive). Le signe de δA est celui du terme
entre accolades. On le note :
nc
X
δ(T,v,z,x) = xi · [µi (T,v0 ,x) − µi (T,v0 ,z)] + (P0 − P ) · v0 (III.50)
i=1
– 240 –
III.3. STABILITÉ GLOBALE D’UNE PHASE
Si, quel que soit le vecteur x, δ(T,v,z,x) est positif, la solution diphasique ne se formera pas
et le système sera déclaré monophasique stable. S’il existe une valeur de x telle que δ(T,v,z,x)
devienne négatif, il existe une solution diphasique plus stable que la solution monophasique. La
solution monophasique est alors déclarée non stable.
Pour conclure, on peut remarquer que les critères de stabilité locale (thermomécanique et
par rapport à la diffusion) qui permettent de détecter les états instables peuvent être remplacés
par le critère de stabilité globale (critère du plan tangent) qui à l’instar des critères précédem-
ment énoncés déclare les états instables comme non stables mais qui de surcroît, déclare les états
métastables comme non stables.
A présent que les bases des principes d’étude de la stabilité des systèmes thermodynamiques
sont posées, on se propose de discuter des procédures utilisées pour calculer les diagrammes
d’équilibre de phases globaux, les diagrammes de phases isothermes et isobares des systèmes
binaires.
– 241 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Toutes les procédures présentées par la suite sont spécifiques aux équations d’état cubiques de
l’ensemble principal.
Les calculs des diagrammes de phases isothermes et isobares sont essentiels pour développer une
méthode de contribution de groupes. Ils permettent le calcul des écarts entre les points de bulle
et de rosée expérimentaux et ceux calculés par le modèle. Ils sont également idéaux pour se
faire une idée précise des capacités de modélisation du modèle thermodynamique utilisé. L’outil
principalement utilisé pour les construire est un algorithme de flash. Lorsque celui-ci est couplé
à un programme de calcul des diagrammes de phases globaux (i.e. des points de variance zéro et
un du système binaire), il devient aisé de construire ces diagrammes.
On présente donc très succinctement par la suite l’algorithme de flash utilisé.
Les calculs des différents éléments présents sur les diagrammes de phases globaux sont ensuite
présentés : d’abord les éléments relatifs au corps pur : calcul des courbes de pression de va-
peur saturante et des points de Bancroft puis le calcul des éléments spécifiques aux systèmes
binaires : les lignes critiques, les points critiques terminaux, les lignes triphasiques, les lignes
azéotropiques et les enveloppes de phases à composition constante.
Enfin, on notera que pour que ces calculs soient rendus possibles, il est primordial de posséder
une méthode très robuste de résolution de l’équation d’état. Celle-ci est exposée en annexe III.5.1.
Un calcul de flash à température et pression fixées est une méthode de calcul des équilibres
entre phases connaissant la composition globale du système.
Autrement dit, on se fixe T , P et n0 = (n01 ,...,n0nc ), les quantités de matière globales présentes
dans le système et on cherche à savoir si le système est monophasique ou diphasique. Dans ce
dernier cas, on détermine alors la composition des phases en équilibre et leurs proportions. Un
calcul de flash diphasique peut être décrit par les 2nc + 4 équations ci-après :
0 = ni,L + ni,G − n0i ∀i ∈ J1,nc K
ni,L ni,G
0 = yi − Ki · xi ∀i ∈ J1,nc K avec : xi = et yi =
nL nG
Xn c
0 =
(xi − yi )
i=1 (III.51)
nc
X
n0i
0 = nT − nL − nG avec : nT =
i=1
0 = P − P (T,vL ,x)
0 = P − P (T,vG ,y)
où nL et nG sont les quantités de matière de chacune des deux phases (notées L et G), vL et
vG sont leurs volumes molaires. xi est la fraction molaire du constituant i et ni,L est sa quantité
de matière dans la phase L. yi est la fraction molaire du constituant i et ni,G est sa quantité
de matière dans la phase G. Ki , est le coefficient de partage calculé à partir de la relation :
ϕi (T,vL ,x) ϕi,L
Ki = = .
ϕi (T,vG ,y) ϕi,G
Les 2nc + 4 inconnues du problème sont nL , nG , vL , vG , ni,G et ni,L (pour i ∈ J1 ; nc K).
– 242 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
Résolution du système
L’algorithme de flash a été proposé en 1952 par Rachford et Rice [2]. Au centre de cette
procédure se trouve l’équation dite de Rice-Rachford :
nc
X
(xi − yi ) = 0 (III.52)
i=1
C’est de cette équation que l’on déduit la procédure itérative utilisée dans la procédure de
résolution du flash.
Les variables du système (III.51) sont extensives (ce sont des quantités de matière). Ce système
peut être réécrit en variables intensives en introduisant les proportions molaires des phases, notées
τL et τG :
nL nG
τL = et τG = (III.53)
nT nT
Les fractions molaires globales du système sont notées z = (z1 , ..., znc ) et se calculent par l’équa-
tion :
n0
zi = i (III.54)
nT
Les équations (III.51) peuvent être réécrites :
0 = xi · τL + yi · τG − zi ∀i ∈ J1,nc K
0 = yi − Ki · xi ∀i ∈ J1,nc K
Xnc
0 = (xi − yi )
(III.55)
i=1
0 = 1 − τL − τG
0 = P − P (T,vL ,x)
0 = P − P (T,vG ,y)
Les 2nc + 4 inconnues sont alors : xi , yi , τL et τG , vL et vG .
Des équations :
yi = Ki · xi ; 1 = τL + τG et xi · τL + yi · τG = zi
on déduit :
zi zi · Ki
xi = et yi = xi · Ki = (III.56)
Ki + τL (1 − Ki ) Ki + τL (1 − Ki )
L’équation de Rice-Rachford, notée RR(τL ), s’écrit alors :
nc
X zi · (1 − Ki )
RR(τL ) = =0 (III.57)
Ki + τL (1 − Ki )
i=1
Sur la figure III.15, on donne un exemple d’algorithme de flash mettant en œuvre la méthode
itérative que l’on vient de présenter.
– 243 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Entrées : P,T,z
❄
Initialisations :
P s (T )
τL ←− 0,5 et Ki ←− i
P
zi
xi ←−
Ki + τL · (1 − Ki )
yi ←− xi × Ki
❄
Détermination de vL et vG :
P = P (T,vL ,x) et P = P (T,vG ,y
Calcul des constantes d’équilibre : ✛
ϕi (T,P,x)
Ki =
ϕi (T,P,y)
❄
Calcul des fractions molaires :
zi
xi ←−
Ki + τL · (1 − Ki )
yi ←− xi · Ki
nc
X
OUI (xi − yi ) < ǫ ?
i=1
❄ NON
❄
Sortie : Incrémentation de τL :
τL ; x ; y [k+1] [k]
τL ←− f (τL ) [eq. (III.58)]
✻ ❄
OUI
0 < τL < 1 ?
NON
❄
État monophasique :
• Si τL < 0 Alors τL = 0 ; xi = 0 ; yi = zi
• Si τL > 1 Alors τL = 1 ; xi = zi ; yi = 0
– 244 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
Une fois les valeurs de τL , τG , x et y calculées, on peut alors aisément repasser en grandeurs
extensives nL , nG , ni,L et ni,G en utilisant les relations précédemment présentées.
L’algorithme de flash implémenté dans les programmes utilisés au cours de cette thèse est celui
proposé par A.Gramajo [3] qui ne se contente pas de l’algorithme qui vient d’être présenté,
appelé méthode de substitution classique. Pour éviter des problèmes de non convergence ou d’échec
du calcul de flash, il fonde sa résolution sur le couplage de quatre procédures différentes :
1. La méthode de substitution classique. Elle permet généralement d’approcher la so-
lution du calcul de flash en un nombre raisonnable d’itérations pourvu que le calcul soit
convenablement initialisé.
2. La méthode de substitution simple. Cette méthode est utilisée notamment pour ini-
tialiser convenablement le calcul du flash. Dans certains cas, l’initialisation solution idéale
proposée dans l’algorithme de la figure III.15 n’est pas satisfaisante (en particulier quand
le système réel est diphasique tandis que le système idéal est monophasique). Pour mettre
en œuvre cette méthode de substitution simple, on introduit les rapports des quantités de
ni,G y i · τG
matière : Li = = .
ni,L xi · τ L
yi ϕi,L
En utilisant la relation Ki = = , on obtient :
xi ϕi,G
ϕi,L · xi yi · τG
Li = ×
ϕi,G · yi xi · τL
| {z }
Li
n0i · Li zi · Li
ni,G = ⇐⇒ y i · τG =
1 + Li 1 + Li
Idem, pour la phase L :
n0i zi
ni,L = ⇐⇒ xi · τ L =
1 + Li 1 + Li
Finalement :
zi zi · Li
xi · τ L 1 + Li y i · τG 1 + Li
xi = n c = nc et yi = nc = nc (III.60)
X X zi X X zi · Li
xi · τ L y i · τG
1 + Li 1 + Li
i=1 i=1 i=1 i=1
et
nc nc
X X zi
τL = xi · L i = et τG = 1 − τL (III.61)
1 + Li
i=1 i=1
– 245 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
∂Fi
méthode. On note J, la matrice jacobienne associée à la fonction F : Jij = .
∂nj T,P,nj6=k
On note ∆nG , le vecteur d’éléments ni,G et ∆nL , le vecteur d’éléments ni,L .
Le système à résoudre, d’inconnue ∆n s’écrit alors :
J · ∆n = −F (III.62)
Les quantités de matière des phases sont obtenues par les relations :
[k+1] [k] [k+1] [k]
nG = nG + ∆n et nL = nL − ∆n (III.63)
– 246 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
pression P2 , le binaire présente un équilibre triphasique L∗α L∗β V ∗ . Dans le plan (gM /(RT ) ; x1 ,
on observe donc une tritangente, c’est-à-dire une tangente commune à trois points de la courbe.
Enfin, à P = P3 , on observe un équilibre diphasique liquide-liquide stable.
Avec l’algorithme de flash précédent, des problèmes peuvent survenir au voisinage de la pression
triphasique. Afin de comprendre les phénomènes conduisant à une résolution erronée du flash, on
trace le diagramme gM /(RT ) vs. x1 à la température T0 et sous une pression P2 + ǫ très proche
de P2 .
On peut constater sur le graphe qu’il existe trois équilibres diphasiques vérifiant les conditions
d’équilibre entre phases (∀i, µαi = µβi ). Sur ces trois équilibres, un seul est associé à des états
stables (celui représenté par une bitangente grise). Les deux autres sont associés à des états moins
stables. A la température T0 , dans le voisinage de la pression triphasique, on constate qu’il est
très délicat pour un algorithme de flash d’effectuer la résolution des conditions d’équilibre. Il
existe un grand risque que les calculs convergent vers un état diphasique non stable.
Pour résoudre ce type de problèmes, la première étape consiste à les détecter. Pour cela, on
vérifie systématiquement les solutions du flash en utilisant le critère du plan tangent à T et P .
Pour chacune des phases en équilibre, on teste la stabilité en traçant la distance au plan tangent
à la composition, la pression et la température des phases et on cherche la position du minimum
global dont le signe permet de statuer sur la stabilité de la phase testée. Pour ce faire on utilise
– 247 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Figure III.18 – Diagrammes gM /(RT ) vs. x1 à T = T0 et sous une pression comprise entre P2
et P3 . La ligne pointillée grise représente une bitangente associée à des états stables en équilibre.
Les lignes pointillées rouge et bleue sont des bitangente associées à des états non stables en
équilibre.
Si un équilibre diphasique non stable, caractérisé par les compositions x01 et y10 de chacune
des deux phases, a été détecté, on cherche les compositions des phases stables en équilibre. Pour
cela, on cherche par dichotomie à température et pression fixées, une transition entre des états
stables et non stables en faisant varier la composition x1 entre 0 et x01 . On obtient une nouvelle
composition x′1 d’une phase en équilibre diphasique. De même, on cherche par dichotomie, une
transition stable/non stable en faisant varier à température et pression fixées, la composition y1
entre y10 et 1. La fraction molaire obtenue est notée y1′ .
Enfin, on vérifie l’égalité des potentiels chimiques des constituants 1 et 2 du système binaire entre
les deux nouvelles phases calculées.
Si ces potentiels chimiques ne sont pas égaux, c’est qu’il existe dans les conditions de température
et de pression imposées, deux équilibres diphasiques. C’était par exemple le cas pour la pression
P1 de la figure III.16. Dans ce cas, pour calculer la composition x′′1 de la phase en équilibre avec
celle de composition x′1 , on utilise le critère du plan tangent à la composition x′1 et on cherche la
position du minimum global ayant une composition différente de x′1 . De même, pour calculer la
composition y1′′ de la phase en équilibre avec celle de composition y1′ , on utilise un critère du plan
– 248 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
tangent à la composition y1′ et on cherche la position du minimum global ayant une composition
différente de y1′ .
Cette procédure, certes un peu laborieuse, permet d’avoir un algorithme de flash diphasique
très robuste, convergeant convenablement dans presque 100 % des cas.
III.4.2 Calcul des courbes de pression de vapeur saturante des corps purs
Pour effectuer le calcul des pressions de vapeur saturante, on fixe la température T du corps
pur à une valeur comprise entre la température du point triple (si elle est connue) et la tempé-
rature critique (qui est nécessairement connue lorsque l’on utilise des équations d’état cubiques
de l’ensemble principal).
Les trois inconnues du problème sont : la pression de vapeur saturante du binaire, notée P s , et
les volumes molaires des phases liquide et vapeur en équilibre notés vL et vG .
Pour résoudre les équations d’état, on utilise les méthodes présentées en annexe III.5.1. Pour
l’équation Ψ = ln ϕ∗L (T,vL ) − ln ϕ∗L (T,vG ), on utilise une méthode de Newton en itérant sur la
variable P s :
[k] [k]
Ψ[k] ln ϕG − ln ϕL
P [k+1] = P [k] − = P [k]
− R · T
∂Ψ [k] [k] [k]
vG − vL (III.65)
∂P T
Dans certains cas, lorsque la pression recherchée est très faible, la formule de Newton est
susceptible de conduire à des valeurs de pressions négatives. Pour éviter ce problème, il est
commode d’itérer non plus sur P s mais sur la variable ln P s . La formule de newton s’écrit
alors : !
[k] [k]
[k+1] [k] R · T ln ϕG − ln ϕL
P = P · exp − [k] · [k] [k]
(III.66)
P v −v
G L
Le calcul des coefficients de fugacité s’effectue à partir des expressions données en annexe III.5.3.
Les points de Bancroft, on le rappelle, sont les points d’intersection des courbes de pression
de vapeur saturante de deux constituants, appelés 1 et 2, dans le plan (P, T ).
Les inconnues du problème sont la température du point d’intersection, notée TB et la pression
PB .
Pour les calculer, il suffit de résoudre le système de deux équations à deux inconnues suivant :
P1s (TB ) − P2s (TB ) = 0
(III.67)
P1s (TB ) = PB
– 249 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Pour calculer les points critiques des mélanges, il est nécessaire de disposer d’équations ca-
ractérisant les conditions critiques. Pour cela, on utilise le critère du plan tangent à T et V
(voir paragraphe III.3.3) pour lequel l’expression de la distance au plan tangent est donnée par
l’expression :
nc
X
δ(T0 ,V0 ,n0 ,n) = ni · [µi (T0 ,V0 ,n) − µi (T0 ,V0 ,n0 )] + (P0 − P ) · V0 (III.70)
i=1
– 250 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
On obtient alors :
nc X
nc
X 1
δ(T0 ,V0 ,n0 ,n) = M 0 · ∆ni · ∆nj
2 ij
i=1 j=1
nc Xnc Xnc (III.75)
X 1 0
+ N · ∆ni · ∆nj · ∆nk + o(k∆nk3 )
6 ijk
i=1 j=1 k=1
On représente sur la figure III.19, un point de bulle, un point de rosée et un point critique du
système méthane(1)/propane(2) situés sur l’enveloppe de phase à la composition z1 = 0,8 dans
le plan (P,T ).
Sur la figure III.20, les distances au plan tangent associées aux points B, R et C sont repré-
sentées. On peut constater que les courbes associées aux points B et R possèdent deux points
d’inflexion chacune. Ces points d’inflexion viennent fusionner en un point de tangente horizontale
au niveau du point critique C en s = 0.
Le point critique d’un mélange binaire vérifie donc :
2
∂ δ
= 0 (point d’inflexion en s = 0) (III.77)
∂s2 T,v
Tc ,vc ,s=0
et
∂3δ
= 0 (les points d’inflexions fusionnent à tangente horizontale en s = 0)
∂s3 T,v T ,v ,s=0
c c
(III.78)
– 251 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Figure III.19 – Courbe bleue : enveloppe de phase à composition constante z1 = 0,8 du système
méthane(1)/propane(2). Courbe pointillée : lieu des points critiques du binaire. Point B : point
de bulle au voisinage du point critique C de composition z1,c = 0,8. Point R : point de rosée au
voisinage du point critique C. C1 et C2 : points critiques des corps purs.
Figure III.20 – Distances au plan tangent à la composition z1 = 0,8 associées aux solutions
représentées par les points B (en vert), C (en bleu ciel) et R (en rouge) sur la figure III.19.
– 252 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
◮ Pour résumer :
Les conditions critiques pour un système binaire peuvent s’écrire :
∂ 2δ ∂2δ
=0
=0
∂s2 T,v
∂x21 T,v
Tc ,vc ,s=0 Tc ,vc ,z1,c
3 ou 3 (III.79)
∂ δ
∂ δ
= 0
=0
∂s3 T,v ∂x31 T,v
Tc ,vc ,s=0 Tc ,vc ,z1,c
◮ Résolution numérique :
Pour commencer, il est nécessaire de remarquer que les points critiques possèdent une variance
égale à un. Par conséquent, pour calculer un point critique, il est nécessaire de se fixer une
variable parmi les inconnues du problème qui sont : la température Tc , le volume molaire vc et
la composition zc . On peut alors résoudre les deux conditions critiques par rapport aux deux
inconnues restantes.
⋆ On s’intéresse à présent à la méthode de résolution numérique proposée par Heidemann
et Khalil en 1980 [4].
Les auteurs choisissent dans leur algorithme de spécifier la composition critique.
Par ailleurs, ils modifient la spécification critique sur les termes du second ordre de la sorte :
nc X
X nc
b= Mij0 · ∆ni · ∆nj = 0 ⇐⇒ ∆nT · M · ∆n = 0 ⇐⇒ M · ∆n = 0 ⇐⇒ det M = 0
i=1 j=1
– 253 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
⋆ En 1984, Michelsen [5] propose un algorithme de calcul des points critiques reposant sur
la méthode proposée par Heidemann et Khalil en améliorant certains aspects de la procédure
d’origine.
et
1 ∂2δ 2 1 ∂3δ
δ(Tc ,vc ,s) = s + s3 + o(s3 )
2 ∂s2 T,v T ,v ,s=0 6 ∂s3 T,v T ,v ,s=0
0 0 0 0
Il obtient alors :
nc X
nc
∂2δ X
s2 = Mij0 · ∆ni · ∆nj (III.81)
∂s2 T,v T ,v ,s=0
0 0 i=1 j=1
Afin de pouvoir identifier les deux expressions, on choisit s (qui représente l’écart entre la com-
position de la phase de référence et celle de la phase inspectée) sous la forme suivante :
ni − zi
s= √ (III.82)
ui zi
où ui est choisi tel que le paramètre s soit constant quel que soit i. Nous verrons par la suite
comment le déterminer.
On a donc :
√
∆ni = ni − zi = s · ui · zi
Par conséquent, d’après (III.81) :
nc X
nc
∂2δ X √
s2 = Mij0 · ui · uj · zi · zj · s2 (III.83)
∂s2 T,v T ,v ,s=0
c c i=1 j=1
et finalement :
nc X
nc
∂2δ X √
= Mij0 · zi · zj ·ui · uj (III.84)
∂s2 T,v T ,v ,s=0 | {z }
c c i=1 j=1 ∗
Mij
– 254 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
Pour calculer simplement cette dérivée, on cherche u comme un vecteur propre de M∗ i.e. :
M∗ · u = λ · u (III.86)
où λ est une valeur propre de M∗ . Ainsi :
2
∂ δ
= λ · uT · u = λkuk (III.87)
∂s2 T,v
Tc ,vc ,s=0
Enfin, on choisit de normer u : kuk = 1. On a donc défini ce vecteur comme un vecteur propre
normé de M∗ .
Finalement :
2
∂ δ
b= =λ (III.88)
∂s2 T,v
Tc ,vc ,s=0
En résumé :
On se place dans le cas d’un système binaire.
Lorsque l’on souhaite calculer les paramètres b et c connaissant la température Tc , le volume
molaire vc et la composition zc du point critique, voici les étapes à suivre :
1. Calcul de b :
Recherche de b = λ1 , la plus petite valeur propre de la matrice M∗ évaluée en s = 0 :
On résout l’équation det(M∗ − λ · I2 = 0). Les solutions s’écrivent sous la forme :
∗ + M∗ ) ± ∆
√
(M11 22 ∗ ∗ 2 ∗ 2 ∗ ∗
λ= avec : ∆ = (M11 + M22 ) + 4[(M12 ) − M11 · M22 ]
2
b = λ1 est la plus petite des deux valeurs propres.
2. Calcul de c :
Pour cela,
∗ Calcul du u, vecteur propre défini par M∗ · u = λ · u : u = (1 ; (λ1 − M11 ∗ )/M ∗ ).
12
Normation : u = u/kuk.
√
∗ Calcul de ni = zi + s zi ui avec s = ±ǫ.
∗ Calcul de M∗ pour une composition n (i.e. pour s = ±ǫ) puis de λ1 pour s = ±ǫ.
∗ Calcul de c par la formule des différences centrées.
– 255 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
∂Fi
Jij = (III.91)
∂Xj
dX
Lorsqu’un point critique a été calculé, le vecteur des sensibilités est estimé (ce vecteur
dS
renseigne sur la variable la plus sensible aux variations de S parmi les trois). Pour le calculer, on
résout l’équation suivante :
0
dX
J· = 0 (III.93)
dS
1
Le plus grand élément de ce vecteur (en absolu) a même position que la variable à spécifier pour
le prochain calcul.
Ce vecteur permet également une estimation des valeurs des variables du prochain point critique
calculé :
dX
Xnew = Xold + ∆S (III.94)
dS
où ∆S a une valeur fixée par l’utilisateur.
On notera que pour chaque point critique calculé, on teste la stabilité suivant la procédure
décrite au paragraphe III.5.2. L’algorithme complet de calcul des LPC est donné sur la figure
III.21.
La procédure est la même que celle que l’on vient de décrire à l’exception de l’initialisation
qui est différente. Toute la difficulté vient de la recherche de l’existence de la ligne des points
critiques sous haute pression. Pour ce faire, on cherche l’existence d’un point critique à pression
fixée, typiquement 2000 bar. On cherche donc à résoudre à pression constante les équations
b = λ1 = 0 et ∂b/∂s = 0. On peut montrer que dans ces conditions, la fonction b s’écrit :
∂ ln ϕ1
b = λ1 = 1 − (III.95)
∂n2 T,P
Pour cela, on fixe la température à 300 K et on cherche le minimum de la fonction λ1 (x1 ) (ce
minimum vérifie ∂b/∂s = 0). A la composition de ce minimum (qui est généralement très proche
de la composition critique), on recherche par dichotomie la température à laquelle λ1 = 0 (si
λ1 > 0, on la diminue, sinon on l’augmente).
Une fois cette procédure effectuée, on possède une initialisation très correcte des coordonnées du
point critique sous 2000 bar que l’on peut injecter dans l’algorithme de Michelsen précédem-
ment décrit.
– 256 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
Initialisation des
variables T , P , v :
Entrée : T ←− Tc,2
Tc,1 ; Tc,2 ; Pc,1 ✲ P ←− Pc,2
Pc,2 ; ω1 ; ω2 v ←− v(T,P ) = z · R · T / P
z2 ←− 0.9999
z1 ←− 1 − z2
❄
Initialisation de Initialisation du
la variable spécifiée : vecteur des variables :
✛
XS = z1 z1
Valeur de la spécification : X(0) = ln T
S = z1 ln v
❄
Calcul du vecteur
des résidus : Calcul de la
XS − S matrice jacobienne :
F[k] = b ✲ [k]
!
∂F
c J[k] ←− i
∂Xj 1≤i≤3
∂λ1 1≤j≤3
avec : b = λ1 et c =
∂s s=0 Etude de la
✻ sensibilité :
Recherche de XS , puis
❅ Non estimation de Xnew
❅ et S ←− XS
❅
❅
❅ ❄ ✻
❅
3 [k+1] [k] ❅ Méthode de Newton-Raphson :
X |Xi − Xi |
< ǫ ? ❅✛ J[k] · ∆X[k] = −F[k]
❅ [k+1]
Xi
❅i=1 X [k+1] ←− X[k] + ∆X[k]
❅
❅
❅
❅
❅ ❅
❅ Oui ❅
Analyse de stabilité
❅
✲ Test de la stabilité ✲ z1 ≤ z1,max ?❅Non
du point ❅
critique calculé. ❅
❅
❅ Oui
✲ Fin
– 257 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Au niveau d’un point critique terminal, la phase critique (caractérisée par une température Tc ,
un volume molaire vc et une composition molaire zc ) est en équilibre avec une autre phase, de
composition y1 , de volume vy et de température Tc . Le problème possède donc cinq inconnues.
Les cinq équations à résoudre sont :
b(zc ,Tc ,vc ) = 0
c(z c ,Tc ,vc ) = 0
P (zc ,Tc ,vc ) − P (y1 ,Tc ,vy ) = 0 (III.96)
ln f 1 (zc ,Tc ,vc ) − ln f 1 (y 1 ,Tc ,vy ) = 0
ln f2 (zc ,Tc ,vc ) − ln f2 (y1 ,Tc ,vy ) = 0
Les points critiques terminaux sont détectés à partir des transitions stable/non stable sur les
lieux des points critiques. Lorsque ce type de transition se produit, les points critiques situés
au voisinage sont utilisés pour initialiser les valeurs des inconnues du calcul du point critique
terminal. Une méthode de Newton-Raphson est alors mise en œuvre pour déterminer avec
précision ces inconnues.
Cette fois-ci, le problème possède sept variables : la température T de l’équilibre, les volumes
molaires des trois phases vx , vy , vz et leurs compositions x1 , y1 , z1 . Dans ce type de calculs, la
température est généralement spécifiée, de sorte que les six inconnues restantes sont déterminées
par résolutions des six équations suivantes :
P (x1 ,T,vx ) = P (y1 ,T,vy ) = P (z1 ,T,vz )
ln f1 (x1 ,T,vx ) = ln f1 (y1 ,T,vy ) = ln f1 (z1 ,T,vz ) (III.97)
ln f2 (x1 ,T,vx ) = ln f2 (y1 ,T,vy ) = ln f2 (z1 ,T,vz )
La procédure est initialisée à partir d’un point critique terminal. Là encore, une méthode de
Newton-Raphson est utilisée.
Les cinq variables à considérer sont dans ce cas la température T , la composition des phases
liquide et vapeur x1 et y1 et leurs volumes molaires vL et vG . Comme pour les lignes triphasiques,
on spécifie généralement la température dans ce type de calcul. Les quatre équations à résoudre
sont alors :
x1 = y 1
P (x1 ,T,vL ) = P (y1 ,T,vG )
(III.98)
ln f1 (x1 ,T,vL ) = ln f1 (y1 ,T,vG )
ln f2 (x1 ,T,vL ) = ln f2 (y1 ,T,vG )
Celles-ci sont résolues à partir là encore d’un algorithme de Newton-Raphson. Le problème
majeur de cette méthode est dans ce cas l’initialisation. Pour le résoudre, on propose la solution
suivante :
• on considère 100 températures comprises entre 50 K et Tc,1 .
• pour chacune de ces températures, on calcule à l’aide d’un algorithme de pression de bulle
les pentes des courbes de bulle au voisinage des constituants purs. Si le produit de ces
pentes est négatif, il existe à la température considérée un azéotrope positif ou négatif.
– 258 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
• dans le cas où l’azéotrope existe, on calcule ses coordonnées toujours en utilisant un algo-
rithme de pression de bulle.
• une fois le premier azéotrope calculé, on utilise la méthode de Newton-Raphson pour
suivre la ligne azéotropique.
Lorsqu’un calcul d’azéotrope est réalisé, il est nécessaire de tester systématiquement la stabilité
du point calculé. En effet, un azéotrope peut être stable mais peut également être métastable ou
instable. Afin d’illustrer ce propos, on considère le système CO2 (1)/éthane(2) à la température
T = 150 K modélisé à partir de l’équation d’état de Peng-Robinson avec kij = 0,15 dont le
diagramme de phases est représenté sur la figure III.22.
Figure III.22 – Diagramme isotherme CO2 (1)/éthane(2) à T = 150 K calculé par l’équation
d’état de Peng-Robinson avec kij = 0,15. A gauche, diagramme de phases calculé sans tester
la stabilité des phases. Courbe bleue : courbe de bulle ; courbe rouge : courbe de rosée. Ligne
pointillée bleue : ligne d’équilibre triphasique. A droite, diagramme de phases calculé après
test de la stabilité des phases à partir du critère du plan tangent. Ligne pointillée bleue : ligne
d’équilibre triphasique. Ligne pointillée noire : états non stables sur les courbes de bulle et de
rosée. Trait continu : état stables.
Sur le volet de gauche, la courbe de bulle est représentée par une ligne bleue. L∗α représente
la phase liquide α triphasique. Ce point de la courbe de bulle matérialise la transition entre les
états stables et métastables. C’est également le cas du point L∗β . Les transitions entre les états
ù ù
métastable et instable sont repérées par les points B ′ et C ′ . Finalement :
ù ù
– les branches stables de la courbe de bulle sont : AL∗α et L∗β D,
– les branches métastables sont L∗α B ′ et C ′ L∗β ,
ù
– l’unique branche instable (qui correspond à la racine intermédiaire entre les racines liquide
et vapeur lorsque l’équation d’état est résolue) est : B ′ C ′ .
ù ù ù ù
De même, sur la courbe de rosée (matérialisée en rouge), une analyse similaire peut être réalisée :
– les branches stables de la courbe de rosée sont : AV ∗ et V ∗ D,
ø
– les branches métastables sont V ∗ B et C V ∗ ,
– l’unique branche instable est : B C.
On notera que les états B et B ′ sont en équilibre (égalité des potentiels chimiques des consti-
tuants dans chaque phase), tout comme les points C et C ′ . Sur la courbe de bulle l’arc instable
est encadré par deux maxima (B ′ et C ′ ), tandis que sur la courbe de rosée, il est encadré par
– 259 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Afin de comprendre le comportement global des lignes azéotropiques (et les transitions stable
/ non stable), on s’intéresse au D.E.P.G. du système binaire CO2 (1)/éthane(2) représenté sur la
figure III.23. Comme le montre le D.E.P.G. dans le plan (T,x1 ), les azéotropes homogènes non
Figure III.23 – D.E.P.G. du système CO2 (1)/éthane(2) dans les plans (P,T ) et (T,x1 ).
stables sont calculés lorsque la température du système est inférieure à celle du biazéotrope Az ′ .
Au voisinage du biazéotrope, on trace trois diagrammes isothermes donnés sur la figure III.24.
Pour un température inférieure à TAz ′ , l’azéotrope homogène est non stable (à T = 193 K,
l’azéotrope définit un point de rebroussement ; il matérialise donc dans ce cas la transition entre
– 260 –
III.4. CALCUL DES DIAGRAMMES DE PHASES À PARTIR D’ÉQUATIONS D’ÉTAT
CUBIQUES
Figure III.24 – Diagrammes isothermes (sans tester la stabilité) du système CO2 (1)/éthane(2)
à T = 193 K < TAz ′ , à T = 197,4 K = TAz ′ , à T = 198 K > TAz ′ .
les états métastables et non stables). A la température TAz ′ = 197,4 K, azéotropes homogène
et hétérogène sont exactement confondus. L’azéotrope marque à présent la transition entre les
états stables et métastables. Pour une température légèrement supérieure, l’azéotrope se situe
sur des parties stables des courbes de bulle et de rosée.
Les enveloppes de phases sont le lieu des points de bulle et de rosée d’un système à composition
z donnée. On se fixe donc initialement la composition x = z de la phase liquide, ou la composition
y = z de la phase vapeur. L’une des deux compositions étant fixée, la seconde est obtenue par
application de la relation : Ki = yi /xi , i ∈ {1; 2}, où Ki est la constante de partage. Dans le cas
d’un système binaire, les quatre inconnues du problème sont : les logarithmes des coefficients de
partage ln K1 et ln K2 , le logarithme de la température ln T et le logarithme de la pression ln P .
Les enveloppes de phases décrivent des solutions de variance 1, donc il est nécessaire de se fixer
une variable parmi les quatre inconnues. Pour ce faire, à l’instar du calcul des points critiques,
on utilise une équation de spécification : XS − S = 0 où XS est l’une des quatre variables
précédemment mentionnées, et S la valeur qui lui est attribuée. Toujours comme pour le calcul
des points critiques, le choix de la variable à spécifier se fait à l’aide d’une étude de sensibilité.
– 261 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
III.4.9 Conclusion
Toutes les procédures que nous venons de présenter ont été implémentées dans un programme
fortran permettant de construire les diagrammes de phases globaux des systèmes binaires. Pour
y parvenir, un programme principal gérant l’articulation entre les différents sous-programmes
calculant chaque élément du diagramme a été réalisé. Les règles de construction utilisées sont
calquées sur l’observation des comportements de ces diagrammes décrits au chapitre I.
Les principes généraux sont les suivants :
• On commence par construire la ligne des points critiques attachée au point critique du
corps pur 2 (c’est-à-dire le plus lourd). Plusieurs cas sont alors envisageables :
– si cette ligne est attachée au point critique du corps pur le plus léger, on a affaire à un
type I ou II.
– si cette ligne part vers des pressions infinies, il s’agit d’un type III.
– si une transition stable/non stable est observée, alors le diagramme est de type IV ou V.
• Dans le cas où le diagramme est de type I ou II, on cherche l’existence d’une ligne de
points critiques liquide-liquide sous haute pression. Si elle existe, le diagramme est de type
II ; sinon, il est de type I.
• Si le diagramme est de type III, on cherche le lieu des points critiques connecté au point
critique du corps pur 1.
• Si une transition stable/non stable est observée, alors on recherche un point critique ter-
minal inférieur et on construit la ligne triphasique attachée à ce point critique terminal.
Celle-ci se termine sur un point critique supérieur auquel est connectée une ligne critique
reliée au corps pur 1.
• Dans le cas de diagrammes de type IV ou V, on recherche l’existence d’une ligne de points
critiques liquide-liquide. Si elle existe, le diagramme est de type IV ; sinon, il est de type
V.
• Enfin, quel que soit le type de diagramme, on cherche l’existence d’une ligne azéotropique.
– 262 –
III.5. ANNEXES
III.5 Annexes
Les équations d’état cubiques peuvent être résolues de deux manières distinctes :
• par une résolution analytique (utilisation de la méthode générale de Cardan de résolution
d’une équation polynomiale de degré trois),
• numériquement, à partir de la méthode de Newton par exemple, ou par dichotomie.
Par la suite, on illustrera la résolution d’une équation d’état dans le cas du corps pur. Le cas
des mélanges de composition donnée est exactement similaire à celui des corps purs.
Les isothermes calculées par une équation d’état cubique possèdent trois formes particulières
suivant que T < Tc , T = Tc et T > Tc (voir figure III.25).
Figure III.25 – Allures des isothermes subcritique, critique et supercritique à partir d’une
équation d’état cubique de l’ensemble principal.
Si T < Tc , l’équation peut posséder une, deux ou trois solutions distinctes. Lorsque T = Tc et
T > Tc , l’équation d’état ne possède qu’une racine. Le paragraphe qui suit expose la résolution
d’une équation d’état par la méthode analytique de Cardan. Afin d’illustrer les situations ou
l’équation d’état possède une, deux ou trois racines, on se place dans le cas d’une isotherme
subcritique. Par la suite, on appelle Pmax , la pression du maximum local et Pmin , la pression du
minimum local sur l’isotherme subcritique.
– 263 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
L’équation d’état cubique se présente sous la forme générale suivante (polynôme monique dont
les coefficients sont des fonctions de la température T du mélange et de sa pression P ) :
v 3 + b0 · v 2 + c0 · v + d0 = 0 (III.100)
avec :
1
× 3c0 − b20
p =
3 (III.103)
1
q = × 27d0 − 9b0 c0 + 2b30
27
On appelle discriminant de l’équation polynomiale de degré 3 la quantité :
p 3 q 2
r= + (III.104)
3 2
Figure III.26 – Solution de l’équation P (v,T0 ) = P0 : cas de la racine réelle unique (liquide)
– 264 –
III.5. ANNEXES
Ce cas se produit lorsque l’équation d’état est résolue à une pression P0 > Pmax . La
solution analytique de cette équation est :
q √ 1 q √ 1 b
3 3 0
vliq = − + r + − − r − (III.105)
2 2 3
– Si q < 0 : cette racine réelle unique vgaz correspond à la phase vapeur comme l’illustre
la figure III.27.
Figure III.27 – Solution de l’équation P (v,T0 ) = P0 : cas de la racine réelle unique (vapeur)
Dans ce cas, l’équation (III.100) a été résolue pour une valeur de la pression P0 < Pmin .
La solution analytique de cette équation est :
q √ 1 q √ 1 b
3 3 0
vgaz = − + r + − − r − (III.106)
2 2 3
• Si r = 0 :
Ce cas est illustré par la figure III.28 :
Il se produit lorsque l’équation d’état est résolue à la pression P0 égale à Pmax ou à Pmin .
Si P0 = Pmin , la racine simple est une racine gaz vgaz et la racine double est une racine
∗ . Si P = P
liquide notée vliq 0 max , la racine simple est une racine liquide vliq et la racine
double est une racine gaz notée vgaz∗ .
Dans ce cas, seule la racine réelle simple possède une réalité physique.
La racine simple a pour expression :
q1 b
3 0
v = +2 × − − (III.107)
2 3
tandis que pour la racine double :
q 1 b
3 0
v ∗ = −2 × − − (III.108)
2 3
– 265 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
Figure III.28 – Solution de l’équation P (v,T0 ) = P0 : cas des racines simple et double
• Si r < 0 :
L’équation admet trois racines.
Cette situation est illustrée par la figure III.29 :
Cette fois-ci, l’équation (III.100) a été résolue pour une valeur de la pression P0 ∈]Pmin ; Pmax [.
On pose :
−q / 2
cos θ = r (III.109)
p3
−
27
Les trois racines s’écrivent alors :
r
b0 p θ + 2kπ
vk = − + 2 − × cos k ∈ {1; 2; 3} (III.110)
3 3 3
La racine liquide est toujours la plus petite des trois, la racine gaz est toujours la plus grande
des trois. La racine intermédiaire est une racine instable (notée vinstable ) qu’il convient de
ne jamais considérer. On note P s (T0 ) la valeur de la pression de vapeur saturante du corps
pur à T0 . Trois cas sont à distinguer suivant la valeur de P0 :
– Si P0 > P s (T0 ), il existe une seule racine physiquement acceptable (i.e. stable) : la racine
liquide. Les deux autres correspondent à des états non stables.
– Si P0 < P s (T0 ), il existe une seule racine stable : la racine gaz. Les deux autres corres-
pondent à des états non stables.
– Si P0 = P s (T0 ), il existe deux racines stables : les racines liquide et gaz.
– 266 –
III.5. ANNEXES
Figure III.29 – Solution de l’équation P (v,T0 ) = P0 : cas des trois racines distinctes
La résolution analytique pose donc des problèmes numériques. Elle peut être cependant utilisée
pour fournir une bonne approximation des valeurs des racines de l’équation. Pour affiner ces
valeurs, on utilise généralement une méthode numérique de Newton.
L’équation d’état cubique que l’on cherche à résoudre s’écrit sous la forme générale :
R·T a
P (T,v) = −
v − b (v − b · r1 )(v − b · r2 )
Les volumes molaires obtenus par résolution de l’équation d’état appartiennent au domaine
v ∈]b ; +∞[. Il est commode de remplacer le volume molaire v par le covolume η = b/v afin de
borner le domaine de recherche des solutions η ∈]0 ; 1[.
– 267 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
R·T ·η aη2
P (T,η) = − 2 (III.111)
1−η b · (1 − η · r1 )(1 − η · r2 )
1
ηliq = (ηliq + 1)
2
jusqu’à ce qu’on ait : P (T,ηliq ) > P0 .
• La racine côté liquide est recherchée par la méthode de Newton. Si ηliq devient une fois
inférieure à la densité critique ηc , elle est ramenée à ηc . Si ηliq devient une seconde fois
inférieure à ηc , on conclut que la racine liquide n’existe pas.
• Une densité gaz ηgaz est prise égale à 0,001 (ou à la valeur calculée par la méthode analy-
tique de Cardan). Si la pression P (T,ηgaz ) calculée est supérieure à la pression P0 , alors
ηgaz est recalculée par la formule :
ηgaz
ηgaz =
2
jusqu’à ce qu’on ait : P (T,ηgaz ) < P0 .
• La racine côté gaz est recherchée par la méthode de Newton. Si ηgaz devient une fois
supérieure à la densité critique ηc , elle est ramenée à ηc . Si ηgaz devient une seconde fois
supérieure à ηc , on conclut que la racine gaz n’existe pas.
– 268 –
III.5. ANNEXES
Lorsque l’on étudie à T et P fixées, la stabilité d’une phase de composition z donnée à l’aide
du critère du plan tangent, le problème est équivalent à rechercher le minimum global de la
distance au plan tangent δ(T,P,z,x) [telle que définie par l’équation (III.41)]. Cette minimisation
s’effectue sous contrainte puisque la composition x de la phase associée au minimum global doit
nc
X
satisfaire : xi = 1.
i=1
Présentation du critère :
En 1982, M.L. Michelsen [1] propose un critère du plan tangent modifié dont la recherche
du minimum n’est plus contrainte par une relation de sommation, ce qui simplifie le problème
d’optimisation. La distance au plan tangent a pour expression :
nc
X
δ(T,P,z,x) = xi · [ln(xi · ϕi (T,P,x)) − ln(zi · ϕi (T,P,z))]
i=1
Remarque :
Pour prouver cette implication, il faut effectuer la recherche des points stationnaires de la fonc-
nc
X
tion δ soumise à la contrainte xi = 1.
i=1
Xnc
On introduit le lagrangien : L = δ − λ · ( xi − 1), avec λ, le coefficient multiplicateur de
i=1
Lagrange associé à la contrainte, et on écrit que les points stationnaires vérifient :
∂L ∂L
= 0 et =0
∂xi ∂λ
La première condition amène :
ln(xi · ϕi ) − ln(zi · ϕ0i ) = λ − 1 = constante
où di est une quantité qui ne dépend pas de x. On notera qu’au niveau des points stationnaires,
la fonction δ vaut : δ∗ = k.
La recherche des points stationnaires passe donc par la résolution de l’équation :
ln xi + ln ϕi − di = k (III.116)
– 269 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
ln Wi + ln ϕi − di = 0 (III.117)
Wi
On notera que : xi = nc , ce que implique que les quantités Wi peuvent être considérées
X
Wi
i=1
comme des pseudo-quantités de matière du constituant i.
Michelsen a alors proposé un nouveau critère du plan tangent, noté δm dont les points station-
naires vérifient l’équation (III.117) sans contrainte sur les quantités Wi (mis à part Wi > 0). Ce
critère s’écrit :
Xnc
δm (T,P,z,W) = 1 + Wi · (ln Wi + ln ϕi − di − 1) (III.118)
i=1
Au niveau des points stationnaires, la fonction δm vaut :
nc
X nc
X
∗
δm =1+ Wi · (ln Wi + ln ϕi − di −1) = 1 − Wi = 1 − e−k (III.119)
| {z }
i=1 0 i=1
que k.
La recherche des points stationnaires en utilisant l’un ou l’autre des critères est donc équivalente.
Procédure de minimisation :
Un processus itératif de recherche des points stationnaires de la fonction δm peut être déduit de
l’équation (III.117) : h i
[k+1] [k]
Wi = exp di − ln ϕi Wi (III.120)
Pour cela, on utilise l’algorithme suivant :
1. Itération k = 0.
Calcul de di (di = ln zi + ln ϕ0i ) pour chaque constituant i.
[0]
2. Initialisation des variables Wi (la meilleure possible).
[0] [0] [0]
X [0]
3. Calcul des compositions xi correspondantes : xi = Wi / Wi .
i
4. On se fixe un seuil de convergence ǫ.
nc
X [k] [k−1]
Faire tant que : |xi − xi | > ǫ où k = 0 :
i=1
– Calcul de ϕi (T,P,x[k] ), h i
[k+1] [k+1] [k]
– Calcul de Wi : Wi = exp di − ln ϕi Wi ,
[k+1] [k+1]
X [+1]
– Recalcul des variables xi : xi = Wi / Wi ,
i
– k = k + 1.
Fin de faire
Cette recherche itérative des points stationnaires est susceptible de diverger dans quelques rares
cas [6]. De plus, dans certains domaines (au voisinage des points critiques par exemple), cette
recherche est susceptible d’être extrêmement lente. Il faut alors envisager une autre méthode.
– 270 –
III.5. ANNEXES
Figure III.30 – Points de tangentes parallèles sur la courbe gM /(RT ) vs. x1 et représentation
de ces points sur les courbes δ vs. x1 et (∂δ/∂x1 )T,P vs. x1 .
– 271 –
CHAPITRE III. CALCUL DES DIAGRAMMES D’ÉQUILIBRE DE PHASES
En effet, en posant X = 1 − r1 · η et Y = 1 − r2 · η, on a :
1 v − bm · r1 bm ln Y − ln X bm
lim ln =− lim =−
r1 →0 r − r v − bm · r2 v Y →1 Y − X
X→1 v
r →0
1 2
2
Par conséquent :
bi P am bi
ln ϕi (T,v,x) = · (z − 1) − ln · (v − bm ) − · δi − (III.124)
bm R·T R·T ·v bm
• Pour les corps purs :
∗ P a
ln ϕ (T,v) = z − 1 − ln · (v − b) − (III.125)
R·T R·T ·v
– 272 –
BIBLIOGRAPHIE
Bibliographie
[1] M. L. Michelsen, The isothermal flash problem. Part I. Stability, Fluid Phase Equilibria 9
(1982) 1–19.
[2] H. Rachford, J. Rice, Procedure for use of electronic digital computers in calculating flash
vaporization hydrocarbon, J. Pet. Technol. 14 (1952) 19(1)–3(2).
[3] A. Gramajo Antonio, Algorithmes pour le calcul des équilibres liquide-vapeur et l’ajus-
tement des paramètres caractérisant les fractions lourdes des fluides pétroliers, Ph.D. thesis,
Université de droit, d’économie et des sciences d’Aix-Marseille, faculté des sciences et tech-
niques de Saint-Jérôme, Marseille, France (1986).
[4] R. Heidemann, A. Khalil, The calculation of critical points, AIChE Journal 26(5) (1980)
769–779.
[5] M. L. Michelsen, Calculation of critical points and phase boundaries in the critical region,
Fluid Phase Equilibria 16 (1984) 57–76.
[6] M. L. Michelsen, J. M. Mollerup, Thermodynamics Models : Fundamentals and Com-
putational Aspects, GP-Tryk A/S, Denmark, 2004.
[7] M. Cismondi, M. L. Michelsen, Global phase equilibrium calculations : Critical lines,
critical end points and liquid-liquid-vapour equilibrium in binary mixtures, Journal of Super-
critical Fluids 39 (3) (2007) 287–295.
– 273 –
BIBLIOGRAPHIE
– 274 –
CHAPITRE IV
IV.1 Préambule
L’un des principaux objectifs de cette thèse a consisté à étendre le modèle PPR78 aux consti-
tuants présents dans les fluides pétroliers qui ne sont pas des hydrocarbures (i.e. qui ne sont pas
constitués uniquement d’atomes de carbone et d’hydrogène).
Pour ce faire, les groupes suivants ont été ajoutés :
• Groupe 12 : Dioxyde de carbone (CO2 ),
• Groupe 13 : Diazote (N2 ),
• Composés soufrés :
– Groupe 14 : sulfure d’hydrogène (H2 S),
– Groupe 15 : groupe sulfhydryle (SH, rencontré dans les mercaptans de formule
générale R − SH où R est un groupement alkyle).
Ce chapitre a pour but de présenter la méthodologie utilisée pour déterminer les paramètres
d’interactions (Akℓ et Bkℓ ) entre :
– le groupe 12 et les groupes 1 à 11,
– le groupe 13 et les groupes 1 à 12,
– le groupe 14 et les groupes 1 à 13,
– le groupe 15 et les groupes 1 à 14,
ainsi que les résultats obtenus pour chacun de ces groupes.
275
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
N.B. : On rappelle que pour mettre en œuvre la méthode PPR78, il est nécessaire de disposer :
1. de la température critique Tc,i , de la pression critique Pc,i , ainsi que du facteur acentrique
ωi de chaque constituant i pur,
2. des paramêtres d’interactions entre groupes des groupes présents dans le mélange.
Le calcul pratique des paramètres d’interactions entre groupes Akℓ et Bkℓ s’effectue en ajus-
tant ces paramètres de manière à restituer au mieux des données expérimentales d’équilibre
liquide-vapeur, d’équilibre liquide-liquide, mais également des données critiques et éventuelle-
ment azéotropiques de systèmes binaires.
Pour que la méthode de contribution de groupes soit la plus fiable possible, il est évidemment
impératif que les données relatives aux corps purs (Tc , Pc et ω) soient très précises.
Les valeurs des températures critiques, pressions critiques et facteurs acentriques des corps purs
sont essentiellement issues du livre The properties of gases and liquids 5ème édition [1] ou éventuel-
lement 4ème édition [2]. Cependant, lorsqu’une molécule n’apparaît pas dans ce livre ou lorsque
certaines données en sont absentes, c’est la banque DIPPR 1 qui est alors utilisée. Par souci
de cohérence, les trois données du triplet {Tc , Pc , ω} proviennent toujours de la même source,
c’est-à-dire soit de [1], soit de [2], soit de la banque DIPPR.
Les valeurs de Tc , Pc et ω utilisées pour les 91 constituants de la banque de données corps pur
du modèle PPR78 sont indiquées dans le tableau IV.1 ci-après.
Les formules développées de certaines molécules sont données en annexe (voir paragraphe IV.5.2).
1. Design Institute for Physical PRoperties.
– 276 –
IV.2. DÉTERMINATION PRATIQUE DES PARAMÈTRES D’INTERACTIONS ENTRE
GROUPES
– 277 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
– 278 –
IV.2. DÉTERMINATION PRATIQUE DES PARAMÈTRES D’INTERACTIONS ENTRE
GROUPES
Pour constituer notre banque de données, le plus grand nombre possible de points expérimen-
taux fut considéré. On peut aujourd’hui affirmer que la quasi totalité des données de la littérature
concernées par notre étude ont été prises en compte.
Quelques données ont parfois été écartées, souvent en raison d’une précision expérimentale insa-
tisfaisante ou d’un manque de cohérence avec les autres données expérimentales disponibles. Il
s’agissait en général de données expérimentales anciennes (typiquement antérieures à 1950).
Dans l’historique de l’établissement du modèle, une grande importance a toujours été accordée
aux points critiques, leur bonne restitution étant un très bon indicateur de la fiabilité du modèle.
Les points azéotropiques n’ont pas subi le même traitement. Pour calculer les paramètres d’in-
teractions des groupes 1 à 14 (i.e. groupes des paraffines, naphthènes, aromatiques, CO2 , N2
et H2 S), les azéotropes ont été considérés comme n’importe quels points de bulle ou de rosée :
ils n’étaient pas pris en compte spécifiquement dans la fonction objectif. Pour tous les systèmes
binaires concernés, peu de données expérimentales sur les azéotropes étaient disponibles dans la
littérature, comparativement aux données relatives aux points de bulle, de rosée et critiques.
Cependant, pour l’ajustement des paramètres d’interaction avec le groupe sulfhydryle (dans les
molécules de mercaptan), un grand nombre de données azéotropiques étaient disponibles et il
– 279 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
nous est alors apparu nécessaire de les prendre en compte spécifiquement dans la fonction ob-
jectif. C’est la raison pour laquelle notre base de données ne recense des azéotropes que pour les
systèmes impliquant des mercaptans.
Finalement, la répartition des points expérimentaux suivant les familles de molécules est la
suivante :
Table IV.2 – Répartition des points expérimentaux suivant les familles de molécules dans la
banque de données d’équilibre ayant servi à mettre au point le modèle PPR78.
Pour ajuster les paramètres Akℓ et Bkℓ sur les données de la littérature, on commence par
quantifier les écarts entre les points de bulle, les points de rosée, les points critiques, les points
azéotropiques expérimentaux et ceux calculés par le modèle PPR78.
Les points du bulle et de rosée calculés à partir de PPR78 sont estimés à partir d’un calcul
de flash à la pression et la température expérimentales. Les compositions de bulle et de rosée
obtenues par le calcul peuvent ensuite être comparées aux compositions de bulle et de rosée
expérimentales.
Concernant les points azéotropiques et critiques, on se place à la température expérimentale
et on calcule leurs pression et composition (si elles existent). Ces deux valeurs (pression et
composition) sont ensuite comparées aux valeurs expérimentales.
Si à température donnée, il existe deux points critiques sur un même diagramme isotherme, on
les différencie en point critique inférieur et point critique supérieur.
Une fois déterminés les écarts entre points expérimentaux et points calculés par PPR78, on les
minimise en utilisant une méthode numérique d’optimisation. Les détails de la mise en œuvre de
cette méthode sont expliqués par la suite.
– 280 –
IV.2. DÉTERMINATION PRATIQUE DES PARAMÈTRES D’INTERACTIONS ENTRE
GROUPES
◮ Notations :
On désigne par l’indice 1, le constituant le plus volatil du système binaire, et par 2, le constituant
le plus lourd. On note par la suite :
• xexp
i et xcalc
i , resp. les fractions molaires du constituant i de la phase liquide expérimentale
et calculée,
• yiexp et yicalc , resp. les fractions molaires du constituant i de la phase vapeur expérimentale
et calculée,
• xexp calc
c,i et xc,i , resp. les fractions molaires du constituant i critiques expérimentale et calculée,
• Pcexp et Pccalc , resp. les pressions critiques expérimentale et calculée,
• xexp calc
az,i et xaz,i , resp. les fractions molaires du constituant i azéotropiques expérimentale et
calculée,
exp calc , resp. les pressions azéotropiques expérimentale et calculée,
• Paz et Paz
• nbulle , nrosée , ncrit et naz désignent resp. le nombre de points expérimentaux de bulle, de
rosée, critiques et azéotropiques.
◮ Procédure d’optimisation :
Pour quantifier les écarts entre les points expérimentaux et ceux calculés par le modèle PPR78,
on introduit les grandeurs suivantes :
– Ecart relatif global sur la composition de la phase liquide :
On pose : ∆x = xexp1 − x1
calc
= xexp
2 − x2
calc
.
nXbulle
1 ∆x ∆x
Fobj,bulle = 100 × + exp (IV.2)
2 xexp
1 x2 i
i=1
n
!
crit
X 1 ∆xc ∆xc
Fobj,comp crit = 100 × exp + exp (IV.4)
2 xc,1 xc,2
i=1 i
– Ecart relatif global sur la pression critique :
On pose : ∆Pc = Pcexp − Pccalc .
n crit
X ∆Pc
Fobj,pres crit = 100 × (IV.5)
Pcexp i
i=1
naz
!
X 1 ∆xaz ∆xaz
Fobj,comp az = 100 × exp + exp (IV.6)
2 xaz,1 xaz,2
i=1 i
– 281 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Le but de la méthode d’optimisation est d’ajuster les paramètres Akℓ et Bkℓ de sorte que
cette fonction soit la plus petite possible (i.e. la plus proche de zéro possible). Il s’agit donc de
minimiser cette fonction.
On notera que les écarts intervenant dans la fonction objectif sont tous relatifs. Cela permet de
pouvoir comparer des écarts sur des fractions molaires et sur des pressions.
Par ailleurs, les points critiques et les points azéotropiques ont une influence deux fois plus
importante que les points de bulle et de rosée dans la fonction objectif. En effet, les concernant,
des écarts sont calculés à la fois en pression et en composition tandis que pour les points de
bulle et de rosée, seuls des écarts en composition sont pris en compte. La raison de ce traitement
est à relier à la variance. Les points critiques et azéotropiques ont un seul degré de liberté, par
conséquent, à température fixée, leur pression et leur composition sont calculables. Les points
de bulle et de rosée ont une variance égale à 2 donc il est nécessaire de fixer la pression et la
température pour calculer leur composition.
Enfin, on notera que les écarts en composition sont moyennés sur les deux constituants afin
d’éviter une influence trop grande des points expérimentaux dont la composition est très faible
ou très grande. exp
x1 = 0,999
Prenons un exemple : supposons que la composition expérimentale vaille : et
xexp
2 = 0,001
calc
x1 = 0,998
que la composition calculée soit égale à . On a : ∆x = 0,001. L’écart relatif en
xcalc
2 = 0,002
composition par rapport au constituant 1 vaut : ∆x/xexp 1 = 0,1 %. En revanche, par rapport au
constituant 2, ∆x/xexp 2 = 100 %. Dans ce cas, bien que l’erreur absolue sur la composition du
constituant 2 puisse être jugée très acceptable, l’erreur relative est très importante. Afin de ne
pas privilégier un constituant par rapport à l’autre dans le calcul des écarts relatifs, on effectue
une moyenne des écarts par rapport aux deux constituants. Dans le cas proposé, l’écart retenu
serait donc 50,05 %.
Remarque concernant les systèmes binaires très dissymétriques :
Dans ce cas, il n’est pas rare que les compositions de la phase vapeur (points de rosée) soient
extrêmement proches de l’unité. En relation directe avec l’explication précédente, les écarts,
même moyennés par rapport aux deux constituants, peuvent facilement atteindre des valeurs
excessivement importantes.
Afin que la fonction objectif ne se concentre pas de manière disproportionnée sur ces points de
rosée, il a donc été décidé d’exclure de l’ajustement les points dont la composition est supérieure
à 0,99 et qui induisent un écart relatif Fobj,rosée supérieur à 75 %.
Pour réaliser l’optimisation, on utilise la méthode BFGS 4 [3] appartenant à la famille des
méthodes de quasi-Newton. Cette méthode, décrite très succinctement en annexe IV.5.1, est
4. BFGS pour Broyden, Fletcher, Goldfard, Shanno, les auteurs de la méthode.
– 282 –
IV.2. DÉTERMINATION PRATIQUE DES PARAMÈTRES D’INTERACTIONS ENTRE
GROUPES
très sensible à l’initialisation des paramètres Akℓ et Bkℓ . Dans la plupart des cas, sous réserve
d’avoir testé un grand nombre d’initialisations différentes, elle réalise l’optimisation de manière
satisfaisante. Afin de vérifier la qualité de l’optimisation, une seconde méthode, très coûteuse en
temps de calcul, est mise en œuvre. Elle consiste à effectuer un maillage du plan (Akℓ , Bkℓ ) et à
évaluer la fonction objectif en chacun des points du maillage. Un minimum global approximatif
peut alors être estimé. La détermination de ce minimum est bien entendu fonction de la finesse
du maillage. On notera que cette méthode pourrait être remplacée par une méthode numérique
d’optimisation globale moins laborieuse et plus fiable comme par exemple un algorithme de
« recuit simulé » ou un algorithme génétique.
Pour analyser les résultats de la méthode d’optimisation, on définit les quantités suivantes :
– Déviation moyenne absolue sur la composition de la phase liquide :
nX
bulle
(∆x)i
i=1
∆x1 = (IV.9)
nbulle
Fobj,bulle
Ecart relatif moyen : ∆x1 (%) = .
nbulle
– Déviation moyenne absolue sur la composition de la phase vapeur :
nX
rosée
(∆y)i
i=1
∆y1 = (IV.10)
nrosée
Fobj,rosée
Ecart relatif moyen : ∆y1 (%) = .
nrosée
– Déviation moyenne absolue sur la composition critique :
n
X crit
(∆xc )i
i=1
∆xc,1 = (IV.11)
ncrit
Fobj,comp crit
Ecart relatif moyen : ∆xc (%) = .
ncrit
– Déviation moyenne absolue sur la pression critique :
n
X crit
(∆Pc )i
i=1
∆Pc = (IV.12)
ncrit
Fobj,pres crit
Ecart relatif moyen : ∆Pc (%) = .
ncrit
– Déviation moyenne absolue absolue sur la composition azéotropique :
naz
X
(∆xaz )i
i=1
∆xaz,1 = (IV.13)
naz
– 283 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Fobj,comp az
Ecart relatif moyen : ∆xaz (%) = .
naz
– Déviation moyenne absolue sur la pression azéotropique :
naz
X
(∆Paz )i
i=1
∆Paz = (IV.14)
naz
Fobj,pres az
Ecart relatif moyen : ∆Paz (%) = .
naz
Les résultats des ajustements des paramètres d’interactions des groupes 1 à 11 sont succinc-
tement présentés dans la dernière partie du chapitre II ainsi que dans les trois premiers articles
de Jaubert et al. présentant le modèle PPR78 et sa capacité à représenter les mélanges de
molécules paraffiniques, naphthéniques et aromatiques (voir [4], [5] et [6]).
On s’intéresse dans ce paragraphe aux développements ayant fait l’objet de cette thèse. Ceux-ci
ont donné lieu aux articles [7] pour l’extension au groupe CO2 , [8] pour l’extension au groupe
N2 , [9] pour l’extension au groupe H2 S et [10] pour l’extension au groupe SH.
Le groupe CO2 est le groupe 12. Les paramètres d’interactions A12−i et B12−i (i ∈ J1,11K),
déterminés après ajustement sur les données d’équilibre de systèmes binaires CO2 /(2), où (2)
représente des PNA, sont fournis dans le tableau II.4.
Le tableau ci-après donne les écarts moyens calculés entre le modèle et les points expérimentaux :
Table IV.3 – Ecarts relatifs et absolus entre points de bulle, de rosée, critiques expérimentaux et
calculés par le modèle PPR78 pour les systèmes binaires contenant du CO2 avec des paraffines,
naphthènes et aromatiques.
Le tableau IV.4 récapitule les systèmes binaires pris en compte pour l’ajustement des para-
mètres d’interaction du groupe CO2 (les références des points expérimentaux sont données dans
l’annexe IV.5.3).
– 284 –
Domaine de x1 Domaine de y1
Système Domaine de Domaine de (fraction molaire du (fraction molaire du Points de Points de Points
binaire températures (K) pressions (bar) constituant 1 en constituant 1 en bulle (T,P,x1 ) rosée (T,P,y1 ) critiques (T,P,x1,c ) Références
phase liquide) phase liquide)
Table IV.4 – Description des systèmes binaires de la banque de données du groupe CO2
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Pour ce groupe, on disposait de 8533 points de bulle, 6646 points de rosée, 261 points critiques [cf.
tableau IV.2]. Le nombre de points expérimentaux est très important car les systèmes binaires
contenant du dioxyde de carbone ont été très largement mesurés par de nombreux auteurs.
La fonction objectif, calculée par l’équation (IV.8) vaut dans ce cas : Fobj = 8,1 %.
Le modèle PPR78 distingue les deux premiers alcanes, le méthane et l’éthane, des autres
alcanes linéaires. Les équilibres polyphasiques entre le CO2 et ces deux alcanes calculés par
PPR78 sont présentés sur la figure IV.1. Les courbes calculées, décrites par les traits continus,
sont confrontées aux points expérimentaux, représentés par divers motifs.
La figure IV.1(b) montre que le binaire méthane(1)/CO2 (2) est de type II d’après la classification
de Van Konynenburg et Scott. En accord avec les mesures expérimentales, PPR78 calcule
pour ce système un points critique elliptique à maximum en pression. La prédiction des courbes
de bulle et de rosée est globalement satisfaisante [voir figure IV.1(a)] cependant, on constate
qu’au voisinage du point critique à maximum en pression, les pressions critiques sont moins bien
restituées qu’au voisinages des points critiques des corps purs.
Le système binaire CO2 (1)/éthane(2) peut être considéré comme un cas d’école. Il présente ex-
périmentalement un azéotrope homogène permanent ainsi qu’un point critique hyperbolique à
minimum en température. Les premières mesures effectuées sur ce mélange [11] ont été réalisées
en 1896 par Johannes Petrus Kuenen, de l’école hollandaise. Ces mesures remarquablement
précises mettent très clairement en évidence la présence d’un minimum en température sur le
lieu des points critiques [voir figure IV.1(f)]. Les diagrammes isothermes des figures IV.1(c), (d)
et (e) sont très bien reproduits par PPR78 y compris dans le domaine critique. Sur la sous-figure
(e) est représenté le lieu des points critiques dans le plan (P, x1 ) qui suit de près la tendance des
points expérimentaux.
Les mélanges de CO2 avec les alcanes linéaires légers (propane, n-butane, n-pentane) sont illus-
trés par la figure IV.2. Sur la figure IV.3, les comportements de mélanges binaires de CO2 et
d’alcanes compris entre l’hexane et le dodécane sont représentés. Là encore, une bonne repré-
sentation de ces systèmes est obtenue à la fois aux températures subcritiques et supercritiques.
Les lieux des points critiques sont continus entre les points critiques des corps purs ; les systèmes
sont pour la plupart de type II d’après la classification de Van Konynenburg et Scott.
Afin d’obtenir un meilleur aperçu du comportement global de ces systèmes, il est très pratique
d’utiliser les D.E.P.G., en particulier lorsque des données expérimentales susceptibles d’y être
représentées (comme des points critiques par exemple) sont disponibles. La figure IV.4 représente
15 de ces diagrammes pour ces systèmes CO2 /n-alcanes avec n ∈ J1; 19K.
Le tableau IV.5 compare les comportements réels à ceux prédits par PPR78 pour les systèmes
CO2 /n-alcane (n ≤ 20).
Ce tableau met donc en évidence le fait que le modèle PPR78 prévoit des transitions de types
tout à fait correctes pour les mélanges binaires de CO2 et de n-alcanes (i.e. type II puis type
IV puis type III). Cependant, on constate un décalage entre les types calculés et expérimentaux
dans la série homologue des n-alcanes.
Le système CO2 /n-décane calculé par PPR78 est déclaré de type IV tandis qu’expérimentale-
ment, ce type n’est rencontré que 3 atomes de carbones plus tard, c’est-à-dire pour le système
CO2 /tridécane. En regardant la figure IV.4, il semble évident que pour les systèmes formés de
CO2 et d’alcanes légers (jusqu’au n-décane) PPR78 réalise de très bonnes prédictions sur toute
la gamme de températures critiques. Au-delà (à partir de l’undécane), la prédiction devient un
peu incertaine au voisinage de la branche quasi-verticale du lieu des points critiques issu du
– 286 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.1 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques pour
les systèmes binaires : {méthane + CO2 } et {CO2 + éthane} à partir du modèle PPR78. (+)
points de bulle expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expéri-
mentaux. Trait continu : courbes prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de
vaporisation des constituants purs. (a) system méthane(1)/CO2 (2) à 6 températures différentes :
T1 = 191,20 K (kij = 0,0931), T2 = 210,15 K (kij = 0,0956), T3 = 240,00 K (kij = 0,100),
T4 = 270,00 K (kij = 0,106), T5 = 288,50 K (kij = 0,109), T6 = 301,00 K (kij = 0,112). (b)
lieu des points critiques méthane/CO2 . (c) CO2 (1)/éthane(2) à 4 températures : T1 = 210,00 K
(kij = 0,133), T2 = 220,00 K (kij = 0,131), T3 = 230,00 K (kij = 0,130), T4 = 241,45 K
(kij = 0,129). (d) système CO2 (1)/éthane(2) à 4 températures : T1 = 250,00K (kij = 0,128),
T2 = 260,00 K (kij = 0,127), T3 = 270,00 K (kij = 0,127), T4 = 283,15 K (kij = 0,126), (e)
système CO2 (1)/éthane(2) à 4 températures : T1 = 288,15 K (kij = 0,126), T2 = 291,15 K
(kij = 0,126), T3 = 293,15 K (kij = 0,126), T4 = 298,15 K (kij = 0,126). (f) lieu des points
critiques du système CO2 /éthane.
– 287 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.2 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques pour
les systèmes binaires : {CO2 + propane}, {CO2 + n-butane} et {CO2 + n-pentane} à partir
du modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( )
points critiques expérimentaux. Trait continu : courbes prédites par le modèle PPR78. (a) système
CO2 (1)/propane(2) à 3 températures : T1 = 230,00 K (kij = 0,127), T2 = 240,00 K (kij = 0,127),
T3 = 252,95 K (kij = 0,127). (b) système CO2 (1)/propane(2) à 4 températures : T1 = 311,05 K
(kij = 0,129), T2 = 327,75 K (kij = 0,130), T3 = 344,43 K (kij = 0,131), T4 = 361,15 K
(kij = 0,133). (c) système CO2 (1)/n-butane(2) à 3 températures : T1 = 250,00 K (kij = 0,119),
T2 = 260,00 K (kij = 0,119), T3 = 270,00 K (kij = 0,119). (d) système CO2 (1)/n-butane(2)
à 4 températures : T1 = 311,09 K (kij = 0,120), T2 = 344,43 K (kij = 0,122), T3 = 387,62 K
(kij = 0,126), T4 = 418,48 K (kij = 0,129). (e) système CO2 (1)/n-pentane(2) à 4 températures :
T1 = 252,67 K (kij = 0,115), T2 = 273,41 K (kij = 0,115), T3 = 294,09 K (kij = 0,115),
T4 = 310,15 K (kij = 0,116). (f) système CO2 (1)/n-pentane(2) à 4 températures : T1 = 311,59 K
(kij = 0,116), T2 = 344,34 K (kij = 0,118), T3 = 394,31 K (kij = 0,122), T4 = 442,53 K
(kij = 0,127).
– 288 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.3 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée pour 5 systèmes binaires {CO2 +
n-alcane} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux, (∗) points de rosée
expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux. Trait continu : courbes prédites par le mo-
dèle PPR78. (a) système CO2 (1)/n-hexane(2) à 3 températures : T1 = 283,15K (kij = 0,112),
T2 = 298,15K (kij = 0,112), T3 = 313,15K (kij = 0,113). (b) système CO2 (1)/n-hexane(2)
à 3 températures : T1 = 323,15K (kij = 0,113), T2 = 353,15K (kij = 0,115), T3 = 393,15K
(kij = 0,118). (c) système CO2 (1)/n-heptane(2) à 3 températures : T1 = 310,65K (kij = 0,110),
T2 = 323,20K (kij = 0,110), T3 = 343,10K (kij = 0,111). (d) système CO2 (1)/n-octane(2)
à 3 températures : T1 = 288,70K (kij = 0,107), T2 = 323,15K (kij = 0,107), T3 = 348,15K
(kij = 0,109). (e) système CO2 (1)/n-décane(2) à 5 températures : T1 = 288,70K (kij = 0,102),
T2 = 310,93K (kij = 0,102), T3 = 344,30K (kij = 0,103), T4 = 377,59K (kij = 0,105),
T5 = 477,59K (kij = 0,117). (f) système CO2 (1)/n-dodécane(2) à T1 = 313,15K (kij = 0,0967).
– 289 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.4 – Prédiction du lieu des points critiques de 15 systèmes binaires contenant du CO2
avec un n-alcane, à partir du modèle PPR78. Trait continu : courbes prédites par PPR78. (+)
points critiques des corps purs. ( ) points critiques des mélanges binaires. Lignes pointillées :
courbe de vaporisation des corps purs.
– 290 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
n ∈ J1; 9K II II
n = 10 II IV
n ∈ {11; 12} II III
n = 13 IV III
n = 14 III III
n ∈ J15; 20K III III
Table IV.5 – Types de D.E.P.G. des systèmes CO2 /n-alcanes (n ≤ 20) d’après la classification
de Van Konynenburg et Scott.
point critique de l’alcane pur. En revanche, une fois passée cette zone, les résultats redeviennent
satisfaisants.
De manière générale, alors que les D.E.P.G. de type I ou II peuvent être modélisés très précisé-
ment par les équations d’état cubiques classiques, il est généralement assez difficile de représenter
les D.E.P.G. de type III. Cette constatation est pleinement illustrée par les systèmes CO2 /n-
alcane : tant que le diagramme expérimental est de type I ou II, le modèle PPR78 est globalement
très fiable ; en revanche, pour les systèmes CO2 /n-alcane voisins des transitions type II / type
IV et type IV / type III, la qualité de la prédiction se dégrade notablement sur certaines gammes
de températures. A partir de là, tous les systèmes contenant des alcanes linéaires plus lourds
possèdent un comportement de type III que le modèle PPR78 ne parvient pas à représenter de
manière vraiment satisfaisante.
Pour conclure sur cette partie, on notera que de nombreuses études sur la modélisation des
équilibres de phases des systèmes CO2 /n-alcane sont récemment parues. On peut citer à titre
d’exemple les approches GPDA [12, 13], PSRK [12], LCVM [12], SAFT-VR [14], PC-SAFT [15–
18], soft-SAFT [19], GC-SAFT [20], PRSV-WS [21].
En comparant PPR78 aux autres approches prédictives comme PSRK, LCVM ou GC-SAFT, il
ressort que PPR78 conduit systématiquement à de meilleurs résultats. De même, dans la plupart
des cas, PPR78 s’avère plus performant que les modèles nécessitant l’ajustement de jeux de
paramètres sur des données expérimentales.
Enfin, pour les systèmes CO2 /n-alcane très dissymétriques (avec n = 21, 22, 24, 28), pour
lesquels des données expérimentales sont disponibles, PPR78 conduit à des résultats imprécis
à basse température. Seule l’approche GPDA, précédemment mentionnée semble capable de
représenter correctement ces données. En revanche, il a pu être constaté que PPR78 prédit avec
une étonnante précision le comportement des systèmes CO2 /n-C32 , CO2 /n-C36 et CO2 /n-C44 .
Quelques exemples sont proposés sur la figure IV.5. Pour effectuer les ajustements, les seuls
six systèmes répertoriés dans la littérature expérimentale ont été utilisés. Tous ces systèmes
possèdent expérimentalement un comportement de type II. Comme expliqué précédemment, ce
comportement est généralement assez bien prédit par le modèle PPR78. On notera toutefois, en
regardant la figure IV.5 une légère surestimation de la pression critique de ces mélanges binaires.
Pour ces systèmes, les coefficients d’interaction binaire varient assez fortement. Par exemple,
pour le système CO2 (1)/2-méthylpropane(2), kij passe de 0,13 à 0,08 entre 250 K et 383 K.
– 291 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Dans ces conditions, l’utilisation d’un kij constant ne permettrait pas d’obtenir des résultats
précis.
La figure IV.6 représente les diagrammes de phases isothermes de quatre systèmes binaires
contenant du CO2 et une molécule aromatique. Pour ces quatre systèmes, on observe un com-
portement de type II. Les résultats sont relativement fiables bien que la pression critique soit
encore surestimée dans la plupart des cas. Cependant, en comparant à nombre d’atomes de car-
bones constant les systèmes CO2 /n-alcanes et CO2 /molécule aromatique, on constate que dans
le second cas, les résultats des modélisations sont moins précis.
Pour ces systèmes, le coefficient d’interaction binaire varie peu avec la température. Par exemple,
pour CO2 /benzène, kij passe de 0,09 à 0,1 entre 273 K et 550 K.
Sur la figure IV.7(a) et (b), on représente le système CO2 /n-octylbenzène.
Les mesures relatives à ce système [22, 23] n’ont pas été utilisées pour la détermination des
paramètres Akℓ et Bkℓ car les caractéristiques physico-chimiques Tc , Pc , ω du n-octylbenzène
n’ont jamais été déterminées expérimentalement. Pour pouvoir le représenter à partir de PPR78,
nous avons donc choisi d’utiliser la méthode de contributions de groupes de Constantinou et
Gani [24, 25] pour estimer les paramètres critiques et le facteur acentrique des corps purs. Le
comportement de ce système prédit par PPR78 est assez atypique : le binaire est de type VIII
(ou 1C 2C d’après la nomenclature IUPAC). Les diagrammes de type VIII sont similaires à ceux
de type III à ceci près qu’il existe un point critique terminal inférieur sur la ligne triphasique
duquel part un second lieu des points critiques liquide-liquide. Comme l’illustre la figure IV.7, les
résultats sont assez précis concernant ce binaire. La ligne triphasique semble correctement resti-
tuée par le modèle. Toutefois, il est probable que si les mesures avaient été réalisées au voisinage
des points critiques sur les diagrammes isothermes, la prédiction des équilibres diphasique dans
cette zone aurait été moins satisfaisante.
Concernant le groupe carbone polyaromatique 5 (groupe 9), quatre systèmes binaires ont été
utilisés pour ajuster les paramètres d’interactions entre groupes. Historiquement, nous avons
décidé de faire apparaître ce groupe pour la première fois pendant l’étude de l’extension de PPR78
au groupe CO2 [auparavant, un carbone polyaromatique était considéré comme n’importe quel
carbone aromatique (groupe 8)]. Cette décision fut adoptée après avoir constaté que les systèmes
binaires contenant du CO2 et ce type de carbones n’étaient pas très bien représentés par PPR78.
L’introduction du groupe 9 a donc permis d’introduire un degré de flexibilité supplémentaire
dans la méthode.
Dans la matrice des Akℓ et des Bkℓ (tableau II.4), la ligne donnant les paramètres du groupe 9
est identique à la ligne donnant ceux du groupe 8. Seuls les paramètres d’interaction A9−11 et
B9−11 sont différents de A8−11 et B8−11 .
A titre d’exemple, le système CO2 /1-méthylnaphthalène est représenté sur la figure IV.7(c). Pour
les systèmes binaires contenant du CO2 et des carbones polyaromatiques, le coefficient kij est
généralement très élevé. Par exemple, pour le système CO2 /phénanthrène, kij (700 K) = 0,225.
– 292 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.5 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques pour
3 systèmes binaires {CO2 + alcane ramifié} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle
expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux. Trait
continu : courbes prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisation des
constituants purs. (a) système CO2 (1)/2-méthylpropane(2) à 5 températures : T1 = 250,00K
(kij = 0,132), T2 = 280,00K (kij = 0,111), T3 = 310,93K (kij = 0,0978), T4 = 344,26K
(kij = 0,0891), T5 = 383,15K (kij = 0,0834). (b) système CO2 (1)/2,2-diméthylpropane(2) à
6 températures : T1 = 220,00K (kij = 0,0792), T2 = 260,00K (kij = 0,0908), T3 = 300,00K
(kij = 0,102), T4 = 363,15K (kij = 0,121), T5 = 393,15K (kij = 0,130), T6 = 423,55K (kij =
0,139). (c) système CO2 (1)/2-méthylbutane(2) à 5 températures : T1 = 253,15K (kij = 0,124),
T2 = 293,16K (kij = 0,105), T3 = 343,69K (kij = 0,0933), T4 = 408,15K (kij = 0,0886),
T5 = 453,15K (kij = 0,0889). (d) système CO2 (1)/2,5-diméthylhexane(2) à 4 températures :
T1 = 278,15K (kij = 0,0975), T2 = 298,15K (kij = 0,0874), T3 = 333,15K (kij = 0,0759),
T4 = 363,15K (kij = 0,0701). (e) système CO2 (1)/2,2,4-triméthylpentane(2) à 5 températures :
T1 = 278,15K (kij = 0,0967), T2 = 298,15K (kij = 0,0956), T3 = 333,15K (kij = 0,0966), T4 =
363,15K (kij = 0,0995), T5 = 393,15K (kij = 0,104). (f) lieux des points critiques des systèmes
CO2 /2-méthylpropane(2m3), CO2 /2,2-diméthylpropane(22m3), CO2 /2-méthylbutane(2m4).
– 293 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.6 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques pour
4 systèmes binaires {CO2 + molécule aromatique} à partir du modèle PPR78. (+) points de
bulle expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux.
Trait continu : courbes prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisa-
tion des constituants purs. (a) système CO2 (1)/benzène(2) à 6 températures : T1 = 273,15K
(kij = 0,0933), T2 = 298,15K (kij = 0,0936), T3 = 344,30K (kij = 0,0946), T4 = 393,20K
(kij = 0,0961), T5 = 540,38K (kij = 0,101), T6 = 550,30K (kij = 0,101). (b) système
CO2 (1)/toluène(2) à 5 températures : T1 = 253,12K (kij = 0,110), T2 = 308,16K (kij = 0,0946),
T3 = 353,18K (kij = 0,0914), T4 = 477,04K (kij = 0,0963), T5 = 542,85K (kij = 0,103). (c)
système CO2 (1)/méta-xylène(2) à 4 températures : T1 = 303,15K (kij = 0,0967), T2 = 333,00K
(kij = 0,0901), T3 = 366,15K (kij = 0,0869), T4 = 392,60K (kij = 0,0862). (d) système
CO2 (1)/isopropylbenzène(2) à 5 températures : T1 = 299,25K (kij = 0,0903), T2 = 316,25K
(kij = 0,0861), T3 = 338,35K (kij = 0,0825), T4 = 363,15K (kij = 0,0801), T5 = 393,10K (kij =
0,0789). (e) lieux des points critiques des systèmes CO2 /benzène + CO2 /isopropylbenzène. (f)
lieu des points critiques du système CO2 /toluène.
– 294 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.7 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et du lieux des points critiques des sys-
tèmes {CO2 + n-octylbenzène} et {CO2 + 1-méthylnaphthalène} à partir du modèle PPR78. (+)
points de bulle expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux. Lignes pointillées : courbes de
vaporisation des constituants purs. (a) lieu des points critiques du système CO2 /n-octylbenzène.
Les trois lignes verticales matérialisent les températures auxquelles les diagrammes de phases iso-
thermes de la figure (b) sont tracés. (b) système CO2 (1)/n-octylbenzène(2) à 3 températures :
T1 = 288,15K (kij = 0,0881), T2 = 308,15K (kij = 0,0868), T3 = 531,60K (kij = 0,107).
(c) système CO2 (1)/1-méthylnaphthalène(2) à 4 températures : T1 = 373,55K (kij = 0,123),
T2 = 473,35K (kij = 0,130), T3 = 623,55K (kij = 0,151), T4 = 703,55K (kij = 0,168).
Les cycloalcanes 6 font intervenir les groupes 10 et 11. Lorsque les systèmes binaires possèdent
expérimentalement un comportement de type II, le modèle PPR78 est capable de les modéliser
précisément (voir figure IV.8). En revanche, lorsque ces systèmes sont de type III, des déviations
importantes sont observées, notamment au voisinage du point critique terminal supérieur [voir
figure IV.9(b)]. Toutefois, pour des températures plus importantes, la prédiction par le modèle
PPR78 redevient satisfaisante [voir figure IV.8(c)], même si la pression critique semble quelque
peu surestimée par le modèle.
– 295 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.8 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques pour 4
systèmes binaires {CO2 + cycloalcane} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle ex-
périmentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux. Trait
continu : courbes prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisation
des constituants purs. (a) système CO2 (1)/cyclopentane(2) à 6 températures : T1 = 276,64K
(kij = 0,123), T2 = 293,14K (kij = 0,123), T3 = 313,08K (kij = 0,122), T4 = 358,06K
(kij = 0,122), T5 = 403,07K (kij = 0,123), T6 = 493,11K (kij = 0,126). (b) système
CO2 (1)/n-propylcyclohexane(2) à 4 températures : T1 = 313,10K (kij = 0,110), T2 = 393,10K
(kij = 0,117), T3 = 472,80K (kij = 0,129), T4 = 560,10K (kij = 0,144). (c) lieu des
points critiques du système CO2 /cyclohexane. (d) système CO2 (1)/cyclohexane(2) à 6 tem-
pératures : T1 = 273,15K (kij = 0,123), T2 = 303,15K (kij = 0,123), T3 = 344,30K
(kij = 0,123), T4 = 410,90K (kij = 0,125), T5 = 483,15K (kij = 0,128), T6 = 533,15K
(kij = 0,131). (e) lieu des points critiques du système CO2 /méthylcyclohexane. (f) système
CO2 (1)/méthylcyclohexane(2) à 3 températures : T1 = 280,00K (kij = 0,127), T2 = 310,00K
(kij = 0,117), T3 = 340,00K (kij = 0,117).
– 296 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.9 – Prédiction du lieu des points critiques et des courbes de bulle et de rosée du sys-
tème CO2 (1)/tétraline(2). (+) points de bulle expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux.
Lignes pointillées : courbes de vaporisation des constituants purs. (a) lieu des points critiques du
système CO2 /tétraline. Les cinq lignes verticales matérialisent les cinq températures auxquelles
sont tracés les diagrammes isothermes des figures (b) et (c). (b) système CO2 (1)/tétraline(2)
à 2 températures : T1 = 313,20K (kij = 0,0980), T2 = 344,25K (kij = 0,0939). (c) sys-
tem CO2 (1)/tétraline(2) à 3 températures : T1 = 373,20K (kij = 0,0923), T2 = 544,15K
(kij = 0,0985), T3 = 664,65K (kij = 0,109).
– 297 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Le groupe N2 constitue le groupe 13. Les paramètres d’interactions A13−i et B13−i (i ∈ J1,12K),
déterminés après ajustement sur les données d’équilibre de systèmes binaires N2 /(2), où (2)
représente des PNA ou du CO2 , sont fournis dans le tableau II.4.
Le tableau ci-après donne les écarts moyens calculés entre le modèle et les points expérimentaux :
∆x1 0,025 10 %
Table IV.6 – Ecarts relatifs et absolus entre points de bulle, de rosée, critiques expérimentaux
et calculés par le modèle PPR78 pour les systèmes binaires contenant N2 avec des paraffines,
naphthènes, aromatiques et du CO2 .
Le tableau IV.7 récapitule les systèmes binaires pris en compte pour l’ajustement des para-
mètres d’interaction du groupe N2 (les références des points expérimentaux sont données dans
l’annexe IV.5.4).
Pour ce groupe, on disposait de 4095 points de bulle, 4328 points de rosée, 91 points critiques
[cf. tableau IV.2]. Autrement dit, pour ce groupe, on recense environ deux fois moins de données
que pour le groupe CO2 .
La fonction objectif, calculée par l’équation (IV.8) vaut : Fobj = 8,7 %.
Tous les binaires {N2 (1) + hydrocarbure(2)} développent, à l’exception du binaire N2 /méthane,
un D.E.P.G. de type III d’après la classification de Van Konynenburg et Scott. D’une part,
ces comportements sont connus pour être généralement difficilement représentables à partir d’une
équation d’état cubique. D’autre part, s’agissant des systèmes binaires contenant de l’azote, une
difficulté supplémentaire se pose. Toutes les courbes de bulle et de rosée isothermes possèdent
pour des températures supercritiques, au voisinage des pressions critiques des mélanges, des
formes très singulières. Ceci est illustré par la figure IV.10.
La forme très plate du diagramme de phases au voisinage du point critique est difficile à re-
présenter par une équation d’état cubique avec un kij ne dépendant que de la température. Sur
la figure IV.10, plusieurs valeurs de kij sont testées avec l’équation de Peng-Robinson dans sa
version de 1978 (PR78). Sur le panneau (b) de cette figure, la pression critique est exactement
restituée par PR78 avec kij = −0,03. La courbe de rosée est alors très bien décrite ; en revanche
les courbes de bulle expérimentale et calculée sont très différentes. La composition critique n’est
pas bien restituée par le modèle dans ce cas. En augmentant la valeur de kij [voir figure IV.10(c),
(d) et (e)], on diminue globalement les écarts entre les points de bulle expérimentaux et calculés.
– 298 –
Domaine de x1 Domaine de y1
Système Domaine de Domaine de (fraction molaire du (fraction molaire du Points de Points de Points
binaire températures (K) pressions (bar) constituant 1 en constituant 1 en bulle (T,P,x1 ) rosée (T,P,y1 ) critiques (T,P,x1,c ) Références
phase liquide) phase liquide)
– 300 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
La courbe de rosée reste quant à elle, bien calculée. Cependant, au voisinage du point critique
expérimental, on observe des écarts très importants. Plus le kij augmente et plus la pression
critique calculée s’éloigne de la valeur expérimentale. On peut également remarquer que, quelle
que soit la valeur de kij , la composition critique calculée reste à peu près la même et PR78 semble
donc incapable de restituer cette composition correctement.
Remarque :
L’incapacité des équations d’état cubiques à représenter avec précision ce type de comportement
ne saurait a priori être levée en modifiant la fonction a(T ) des corps purs dans l’équation d’état.
A titre d’exemple, on fournit sur la figure IV.11 les graphes correspondant à l’utilisation des
fonctions a(T ) de Twu-Bluck-Cunningham-Coon et de Soave (voir paragraphe II.3) avec
l’équation PR78. Quelle que soit la valeur de kij et quelle que soit la fonction a(T ) des corps
purs utilisée, on peut constater que les modèles ne représentent pas correctement les domaines
diphasiques au voisinage des points critiques.
Suite à ces constatations, un choix entre deux orientations s’est donc imposé pour déterminer
les paramètres Akℓ et Bkℓ de PPR78 :
– soit on choisit de parfaitement restituer la presque totalité de la courbe de bulle et de
dégrader fortement la pression critique,
– soit on choisit de mieux restituer la pression critique quitte à dégrader un peu la prédiction
de la courbe de bulle.
C’est cette deuxième option qui a été retenue pour mettre au point le modèle PPR78. On peut
illustrer ce choix par l’exemple de la figure IV.10(d) : kij = −0,02 correspond à la valeur de kij
estimée par PPR78 pour le binaire {N2 + n-hexane} à une température T = 377,9 K. Il s’agit
d’une situation médiane entre le cas de la figure IV.10(b) où la pression critique est parfaitement
restituée, et celui de la figure IV.10(e) où la majeure partie de la courbe de bulle est prédite avec
précision.
Concrêtement, pour effectuer les ajustements des paramètres Akℓ et Bkℓ et aboutir aux valeurs
correspondant à ce compromis, un poids plus important a été exceptionnellement donné aux
points critiques dans la fonction objectif :
Fobj,bulle + Fobj,rosée + k · Fobj,comp crit + k · Fobj,pres crit
Fobj = , avec k > 1 (IV.15)
nbulle + nrosée + 2k · ncrit
N.B. : concernant les systèmes utilisés pour ajuster les paramètres d’interaction du groupe N2 ,
il n’y a pas de données azéotropiques.
– 301 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
que Tc,N2 = 126,2 K ≪ Tc,C2 H6 = 305,3 K). Par expérience, les diagrammes de type III sont
toujours moins bien prédits par les équations d’état cubiques que ceux de types I ou II. Ceci
se vérifie par exemple sur le système {N2 + éthane}, représenté sur les figures IV.12(c), (d)
et (e). Pour ce système, les points relativement éloignés en pression du point critique semblent
plutôt bien reproduits. Au voisinage du point critique, il est certain que le modèle PPR78 tend
à surestimer les pressions de bulle et de rosée.
D’autres binaires {N2 + n-alcane} sont représentés sur les figures IV.13 et IV.14. Pour tous ces
systèmes, le kij diminue lorsque la température augmente. Les lieux des points critiques sur les
figures IV.12(e), IV.13(c), IV.13(f) et IV.14(c) sont prédits par PPR78 assez précisément. Il peut
d’ailleurs être constaté que le modèle semble garder la même précision, quelle que soit la longueur
de l’alcane. Sur tous les diagrammes isothermes représentés, les pressions au voisinage du point
– 302 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.12 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques pour
les systèmes binaires {N2 + méthane} et {N2 + éthane} à partir du modèle PPR78. (+) points
de bulle expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux.
Trait continu : courbes prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisation
des constituants purs. (a) système N2 (1)/méthane(2) à 6 températures : T1 = 90,68 K (kij =
0,0314), T2 = 110,93 K (kij = 0,0326), T3 = 130,00 K (kij = 0,0338), T4 = 150,00 K (kij =
0,0349), T5 = 170,00 K (kij = 0,0360), T6 = 183,15 K (kij = 0,0367). (b) lieu des points
critiques du système N2 /méthane. (c) système N2 (1)/éthane(2) à 2 températures : T1 = 129,72 K
(kij = 0,0535), T2 = 230,00 K (kij = 0,0362). (d) système N2 (1)/éthane(2) à 2 températures :
T1 = 172,04 K (kij = 0,0453), T2 = 290,00 K (kij = 0,0278). (e) lieu des points critiques du
système N2 /éthane.
– 303 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.13 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques
de deux systèmes binaires {N2 + n-alcane} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle
expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux. Trait
continu : courbes prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisation des
constituants purs. (a) système N2 (1)/n-pentane(2) à 2 températures : T1 = 255,40 K (kij =
0,0557), T2 = 398,30 K (kij = −0,00511). (b) système N2 (1)/n-pentane(2) à 2 températures :
T1 = 344,30 K (kij = 0,0154), T2 = 447,90 K (kij = −0,0235). (c) lieu des points critiques du
système N2 /n-pentane. (d) système N2 (1)/n-hexane(2) à 2 températures : T1 = 344,60 K (kij =
0,0330), T2 = 444,90 K (kij = −0,00474). (e) système N2 (1)/n-hexane(2) à 2 températures :
T1 = 377,90 K (kij = 0,0200), T2 = 488,40 K (kij = −0,0207). (f) lieu des points critiques du
système N2 /n-hexane.
– 304 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.14 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques de deux
systèmes binaires {N2 + n-alcane} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux,
(∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux. Trait continu : courbes
prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisation des constituants
purs. (a) système N2 (1)/n-heptane(2) à 2 températures : T1 = 305,45 K (kij = 0,0658), T2 =
452,90 K (kij = 0,00853). (b) système N2 (1)/n-heptane(2) à 2 températures : T1 = 376,35 K
(kij = 0,0362), T2 = 523,70 K (kij = −0,0168). (c) lieu des points critiques du système N2 /n-
heptane. (d) système N2 (1)/n-hexadécane(2) à 2 températures : T1 = 473,15 K (kij = 0,101),
T2 = 623,15 K (kij = 0,0665). (e) système N2 (1)/n-hexadécane(2) à 2 températures : T1 =
523,15 K (kij = 0,0894), T2 = 703,40 K (kij = 0,0466). (f) lieux des points critiques du système
N2 /n-hexadécane.
– 305 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
La banque de données constituée ne contient que cinq binaires {N2 + alcane ramifié}. Comme
avec les alcanes linéaires, ces systèmes sont de type III. On retrouve par conséquent ce même
phénomène de surestimation des pressions de bulle et de rosée au voisinage du point critique de
mélange (voir figure IV.15). Les résultats sont cependant globalement satisfaisants.
Seuls 9 binaires contenant du N2 et un composé aromatique sont répertoriés dans notre base
de données. Sur les 916 points expérimentaux d’équilibre liquide-vapeur disponibles, il n’y a
aucun point critique et la plupart des données décrivent les basses pressions. La détermination
des six paramètres d’interaction (3 Akℓ et 3 Bkℓ ) permettant de représenter ces systèmes est
donc extrêmement difficile. Sur les diagrammes présentés sur la figure IV.16, on retrouve les
mêmes problèmes que ceux rencontrés précédemment. On notera que tous les binaires en question
possèdent un comportement de type III.
Pour tous ces systèmes, le kij est une fonction décroissante de la température, positif à faible
température puis devenant négatif à haute température.
Le cas des cycloalcanes est similaire à celui des composés aromatiques (voir figure IV.17). Il
existe peu de données (sept systèmes binaires et 539 points expérimentaux). Aucun point critique
n’a été mesuré sur ces systèmes. Encore une fois, tous les binaires possèdent un comportement
de type III. kij est là encore une fonction décroissante de la température.
Pour ce système binaire, il existe de nombreuses données (593 points expérimentaux dont
quelques points critiques). Bien que ce système soit de type III, la modélisation par PPR78
s’avère assez satisfaisante. Ce système est représenté sur la figure IV.18. La fonction objectif
calculée à partir de l’équation (IV.8) vaut 4,41 % ce qui représente à peu près moitié moins que
la valeur de la fonction objectif calculée sur la totalité de la base de données du groupe N2 .
Au voisinage de Tc,CO2 , le comportement du binaire est parfaitement reproduit par PPR78. Au
fur et à mesure que l’on s’éloigne de ce point, le modèle surestime de plus en plus les pressions
critiques.
– 306 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.15 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques de
trois systèmes binaires {N2 + alcane ramifié} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle
expérimentaux, (∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux. Trait
continu : courbes prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisation
des constituants purs. (a) système N2 (1)/2-méthylpropane(2) à 3 températures : T1 = 255,37 K
(kij = 0,113), T2 = 310,87 K (kij = 0,105), T3 = 366,32 K (kij = 0,0993). (b) système
N2 (1)/2-méthylpropane(2) à 3 températures : T1 = 283,21 K (kij = 0,109), T2 = 338,71 K
(kij = 0,102), T3 = 394,26 K (kij = 0,0964). (c) système N2 (1)/2-méthylbutane(2) à 2 tem-
pératures : T1 = 310,82 K (kij = 0,0956), T2 = 377,37 K (kij = 0,0837). (d) système
N2 (1)/2,2,4-triméthylpentane(2) à T = 376,45 K (kij = 0,0887). (e) système N2 (1)/2,2,4-
triméthylpentane(2) à T = 413,15 K (kij = 0,0806). (f) lieu des points critiques du système
N2 /2,2-diméthylpropane (22m3).
– 307 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.16 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée de quatre systèmes binaires {N2 +
molécule aromatique} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux, (∗) points
de rosée expérimentaux. Trait continu : courbes prédites par le modèle PPR78. (a) système
N2 (1)/benzène(2) à 2 températures : T1 = 348,15 K (kij = 0,0612), T2 = 398,15 K (kij =
0,00358). (b) système N2 (1)/benzène(2) à 2 températures : T1 = 373,15 K (kij = 0,0314),
T2 = 423,15 K (kij = −0,0230). (c) système N2 (1)/toluène(2) à 2 températures : T1 = 478,15 K
(kij = −0,0696), T2 = 545,20 K (kij = −0,123). (d) système N2 (1)/toluène(2) à 2 températures :
T1 = 498,15 K (kij = −0,0860), T2 = 548,15 K (kij = −0,125). (e) système N2 (1)/méta-
xylène(2) à 2 températures : T1 = 472,60 K (kij = −0,0643), T2 = 584,60 K (kij = −0,140).
(f) système N2 (1)/1-méthylnaphthalène(2) à 2 températures : T1 = 624,00 K (kij = −0,0802),
T2 = 703,30 K (kij = −0,144).
– 308 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.17 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée de cinq systèmes binaires {N2
+ cycloalcane} à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux, (∗) points
de rosée expérimentaux. Trait continu : courbes prédites par le modèle PPR78. (a) système
N2 (1)/cyclopentane(2) à 2 températures : T1 = 366,40 K (kij = 0,0733), T2 = 410,20 K
(kij = 0,0183). (b) système N2 (1)/méthylcyclohexane(2) à 2 températures : T1 = 352,59 K
(kij = 0,118), T2 = 453,15 K (kij = 0,0185). (c) système N2 (1)/méthylcyclohexane(2) à 2
températures : T1 = 376,45 K (kij = 0,0914), T2 = 497,15 K (kij = −0,0190). (d) système
N2 (1)/éthylcyclohexane(2) à 2 températures : T1 = 394,25 K (kij = 0,101), T2 = 477,55 K
(kij = 0,0286). (e) système N2 (1)/n-propylcyclohexane(2) à 2 températures : T1 = 393,20 K
(kij = 0,106), T2 = 472,90 K (kij = 0,0384). (f) système N2 (1)/tétraline(2) à 2 températures :
T1 = 544,00 K (kij = −0,144), T2 = 662,80 K (kij = −0,253).
– 309 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.18 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée et du lieu des points critiques du
système binaire {N2 + CO2 } à partir du modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux,
(∗) points de rosée expérimentaux, ( ) points critiques expérimentaux. Trait continu : courbes
prédites par le modèle PPR78. Lignes pointillées : courbes de vaporisation des constituants purs.
(a) T1 = 218,15 K (kij = −0,00856) et T2 = 253,15 K (kij = −0,0325). (b) T1 = 232,85 K
(kij = −0,0194) et T2 = 273,20 K (kij = −0,0437). (c) T1 = 240,00 K (kij = −0,0242) et
T2 = 288,20 K (kij = −0,0514). (d) T1 = 248,15 K (kij = −0,0294) et T2 = 298,80 K (kij =
−0,0564). (e) lieu des points critiques. (f) kij vs. température (le carré indique la température à
laquelle kij = 0).
– 310 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
En 2007, Janish et al. [26] ont publié des mesures sur les systèmes {N2 + méthane}, {N2
+ éthane} et {méthane + éthane}. Pour modéliser leurs résultats, ils ont utilisé les méthodes
prédictives 7 VTPR 8 [27–29] et PSRK 9 [30–32].
Concomitamment, Fernando García-Sánchez, chercheur mexicain ayant effectué beaucoup de
mesures d’équilibre liquide-vapeur sur les systèmes binaires {N2 + n-alcane} [33–36] a accepté de
nous communiquer les résultats de ses dernières mesures, non encore publiées, sur le système {N2
+ n-décane} [37]. Ces mesures n’ont bien entendu pas été prises en compte pour l’ajustement
des paramètres d’interactions entre groupes A13−1 , A13−2 , B13−1 et B13−2 .
En utilisant toutes ces nouvelles données, nous avons alors pu tester la fiabilité de notre modèle
PPR78 et le comparer aux modèles VTPR et PSRK. Les résultats de cette étude ont donné lieu
à une publication [38].
Quelques données de Janisch et al. [26] ainsi que leur représentation par le modèle PPR78
figurent sur le graphe ci-après.
Figure IV.19 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée pour deux systèmes binaires
N2 (1)/méthane(2) et N2 (1)/éthane(2) en utilisant le modèle PPR78. Trait continu : courbes
prédites par le modèle PPR78. (a) systéme N2 (1)/méthane(2) à 4 températures : T1 = 130,00 K
(kij = 0,0338), T2 = 150,00K (kij = 0,0349), T3 = 160,00 K (kij = 0,0354), T4 = 170,00K
(kij = 0,0360). (+) points expérimentaux de Kidnay et al. [39], ( ) points expérimentaux de
Janisch et al. [26]. (b) système N2 (1)/éthane(2) à 2 températures : T1 = 170,00 K (kij = 0,0456)
et T2 = 270,00 K (kij = 0,0305). (+) points expérimentaux de Gupta et al. [40] et Brown et
al. [41], ( ) points expérimentaux de Janisch et al. [26].
Cette figure est la réplique exacte de celle proposée par Janisch et al. dans [26] à l’exception
près du modèle choisi pour représenter les données, qui dans leur cas est VTPR.
Janisch et al. ont fabriqué une banque de données contenant leurs mesures expérimentales ainsi
7. appelées « Group Contribtion Equation Of State » (GCEOS) en anglais.
8. « Volume Translated Peng-Robinson equation of state » en anglais.
9. « Predicitve Soave-Redlich-Kwong equation of state » en anglais.
– 311 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
que quelques points d’équilibre liquide-vapeur issus de la littérature 10 (que nous possédions déjà
dans notre propre banque de données). Pour chaque système, ils ont alors calculé en utilisant les
modèles prédictifs VTPR et PSRK, un écart relatif moyen ∆Pbulle % entre les pressions de bulle
expérimentales et calculées ainsi que l’écart absolu moyen ∆y1 sur la composition de la phase
vapeur. En utilisant exactement la même banque de données que Janisch et al., nous avons
alors pu comparer PPR78 aux modèles PSRK et VTPR. Les résultats de cette étude se trouvent
dans le tableau IV.8.
Table IV.8 – Comparaison de la capacité des 3 modèles PPR78, PSRK et VTPR à prédire
des données d’équilibre liquide-vapeur (les valeurs en gras mettent en évidence les plus petites
déviations en pression et en composition de la phase vapeur, pour un système donné).
Ces résultats prouvent que le modèle PPR78 prédit les données d’équilibre avec plus de préci-
sion (en particulier dans la région critique) que les deux autres modèles dans presque 100 % des
cas.
Les mesures effectuées par F. García-Sánchez couvrent le domaine 344 K – 563 K et décrivent
l’ensemble de la gamme de composition. Ces données, qui n’ont pas été utilisées pour les ajus-
tements des paramètres d’interactions entre groupes, couvrent une gamme de températures plus
large que celle des données expérimentales du binaire {N2 + n-décane} utilisées pour ajuster les
paramètres Akℓ et Bkℓ .
Les résultats de la modélisation sont donnés sur les figures IV.20 et IV.21.
On retrouve bien entendu sur ces diagrammes les mêmes problèmes de surestimation de la pres-
sion critique des mélanges que précédemment. La fonction objectif calculée à partir de l’équation
(IV.8) sur l’ensemble de ces points vaut : Fobj = 8,79 %, valeur sensiblement identique à celle
obtenue sur l’ensemble de la banque de données du groupe azote (8,65 %).
Dans le tableau ci-dessous, on donne les écarts ∆x1 , ∆y1 , ∆xc,1 , ∆Pc (définis en début de cha-
pitre) entre points expérimentaux et calculés par les modèles PPR78 et PSRK.
Table IV.9 – Comparaison de la capacité des modèles PPR78 et PSRK à prédire des données
d’équilibre liquide-vapeur du binaire N2 /n-décane.
Concernant les écarts sur les compositions de la phase liquide, PSRK est environ deux fois
plus précis que PPR78. En revanche, concernant l’estimation de la pression critique, PPR78 est
10. pour plus de détails concernant ces points, se référer à [26].
– 312 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.20 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée du système binaire N2 (1)/n-décane(2)
en utilisant les modèles PSRK et PPR78. Trait continu : courbes prédites par le modèle PPR78.
Ligne pointillée : courbe prédite par le modèle PSRK. (+), point de bulle, (∗), point de rosée,
( ), point critique expérimental. (a) T1 = 344,60K (kij = 0,0878). (b) T2 = 377,40K (kij =
0,0751). (c) T3 = 410,90K (kij = 0,0633). (d) T4 = 463,70K (kij = 0,0463). (e) T5 = 503,00K
(kij = 0,0341). (f) T6 = 533,50K (kij = 0,0246). (g) T7 = 563,10K (kij = 0,0153).
– 313 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.21 – Prédiction du lieu des points critiques du système N2 (1)/n-décane(2). Trait
continu : courbe prédite par PPR78. Ligne pointillée : courbe prédite par PSRK. ( ) point
critique expérimental. (a) Pression critique vs. Température critique. (b) Température critique
vs. Composition critique en azote.
bien meilleur que PSRK. Les écarts sur les compositions des phases vapeur et critiques sont
sensiblement identiques.
Ces différences observées sont à rattacher aux problèmes inhérents à la représentation des sys-
tèmes binaires contenant de l’azote avec des équations d’état cubiques. Le dilemme, on le rappelle,
consiste à choisir de représenter correctement la courbe de bulle quitte à dégrader fortement la
zone critique (option retenue par les auteurs du modèle PSRK) ou à choisir de mieux représenter
la zone critique au risque de dégrader de la prédiction de la courbe de bulle (option retenue pour
PPR78).
Afin de tester la capacité prédictive de PPR78 sur les systèmes multiconstituants, nous nous
sommes intéressés aux deux systèmes ternaires {N2 (1) + CH4 (2) + C2 H6 (3)} et {CH4 (1) +
N2 (2) + n-décane(3)}. Concernant le premier de ces systèmes ternaires, il existe 346 points de
bulle et de rosée expérimentaux dans la littérature [42–48] qui peuvent être comparés à ceux
prédits par PPR78. Pour le second, 174 points de bulle et de rosée [49] peuvent être utilisés.
Pour effectuer les comparaisons, pour chaque couple de points de bulle et de rosée expérimentaux
à la température T et à la pression P , on se place à la composition médiane entre celle de la
phase liquide et celle de la phase vapeur : x̄ = 21 (x1 + y1 ; x2 + y2 ; x3 + y3 ). On effectue alors
un calcul de flash à T , P et x̄. Ensuite les compositions de bulle et de rosée expérimentales et
calculées par le flash peuvent être comparées. Pour ce faire, on définit les grandeurs suivantes :
nX
bulle nX
bulle nX
bulle
xexp
1 − xcalc
1 i
xexp
2 − xcalc
2 i
xexp calc
3 − x3 i
i=1 i=2 i=3
δx1 = , δx2 = , δx3 = (IV.16)
nbulle nbulle nbulle
nX
rosée nX
rosée nX
rosée
y1exp − y1calc i
y2exp − y2calc i
y3exp − y3calc i
i=1 i=2 i=3
δy1 = , δy2 = , δy3 = (IV.17)
nrosée nrosée nrosée
– 314 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
nbulle et nrosée sont resp. les nombres de points de bulle et de rosée expérimentaux.
Le tableau IV.10 donne les valeurs numériques des quantités que l’on vient de définir, calculées
sur l’ensemble de la banque de données des systèmes ternaires.
Les figures IV.22 et IV.23 donnent un aperçu des résultats obtenus à l’aide de représentations
des équilibres des mélanges ternaires dans des triangles équilatéraux.
Table IV.10 – Capacité du modèle PPR78 à prédire des données d’équilibre liquide-vapeur de
deux ternaires contenant de l’azote.
Figure IV.22 – Prédiction des diagrammes de phases du ternaire {N2 (1) + CH4 (2) + C2 H6 (3)}.
Traits continus : courbes prédites par PPR78. Lignes rouges encadrées par deux cercles : lignes
d’équilibre liquide-vapeur expérimentales. (), point critique de mélange calculé. (a) T = 160 K
et P = 20 bar. (b) T = 140 K et P = 20 bar. (c) T = 200 K et P = 40 bar. (d) T = 200 K et
P = 80 bar.
– 315 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.23 – Prédiction des diagrammes de phases du ternaire {CH4 (1) + N2 (2) + n-
décane(3)}. Traits continus : courbes prédites par PPR78. Lignes rouges encadrées par deux
cercles : lignes d’équilibre liquide-vapeur expérimentales. (a) T = 310,93 K et P = 68,95 bar.
(b) T = 344,26 K et P = 137,90 bar. (c) T = 377,59 K et P = 206,84 bar. (d) T = 377,59 K et
P = 344,74 bar.
Comme indiqué dans le tableau IV.10, toutes les déviations entre PPR78 et les points expéri-
mentaux sont inférieures à 1 % exceptées celles de la phase liquide du ternaire {N2 (1) + CH4 (2)
+ C2 H6 (3)} qui peuvent avoisiner les 5 %. On peut donc considérer que PPR78 représente les
équilibres de ces systèmes ternaires de manière très satisfaisante.
– 316 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Le groupe H2 S est le groupe 14. Les paramètres d’interactions A14−i et B14−i (i ∈ J1,13K),
déterminés après ajustement sur les données d’équilibre de systèmes binaires H2 S/(2), où (2)
représente des PNA, CO2 ou N2 sont fournis dans le tableau II.4.
Le tableau ci-après donne les écarts moyens calculés entre le modèle et les points expérimentaux :
∆x1 0,025 10 %
Table IV.11 – Ecarts relatifs et absolus entre points de bulle, de rosée, critiques expérimentaux
et calculés par le modèle PPR78 pour les systèmes binaires contenant H2 S avec des paraffines,
naphthènes, aromatiques, CO2 ou N2 .
Le tableau IV.12 récapitule les systèmes binaires pris en compte pour l’ajustement des para-
mètres d’interaction du groupe H2 S (les références des points expérimentaux sont données dans
l’annexe IV.5.5).
Pour ce groupe, on disposait de 2299 points de bulle, 1561 points de rosée, 63 points critiques
[cf. tableau IV.2].
La fonction objectif, calculée par l’équation (IV.8) vaut : Fobj = 9,2 %.
Cette valeur de la fonction objectif est plus importante que celles des fonctions objectif des
précédents groupes. La raison principale vient de la non consistence de certaines données de
la littérature. Comme nous le verrons par la suite, certaines données mesurées par des auteurs
différents sont en conflit direct. A moins d’effectuer ses propres expériences, il est impossible de
trancher entre les auteurs. Il devient alors extrêmement difficile de mettre au point une méthode
de contributions de groupes précise puisque les paramètres Akℓ et Bkℓ sont alors, bien malgré
nous, ajustés sur des données peu fiables. La fonction objectif prend donc en compte des écarts
entre les points calculés par PPR78 et des points expérimentaux tantôt précis, tantôt peu fiables,
ce qui fait par conséquent augmenter sa valeur plus notablement qu’à l’accoutumée.
– 317 –
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
Domaine de x1 Domaine de y1
Système Domaine de Domaine de (fraction molaire du (fraction molaire du Points de Points de Points
binaire températures (K) pressions (bar) constituant 1 en constituant 1 en bulle (T,P,x1 ) rosée (T,P,y1 ) critiques (T,P,x1,c ) Références
phase liquide) phase liquide)
– 318 –
H2 S-10 277,59-523,15 1,01-133,42 0,0181-0,9940 0,9000-0,9990 98 44 3 [c30,c33,c35]
H2 S-12 288,15-434,40 1,01-56,75 0,0267-0,9020 - 39 0 0 [c30,c36]
H2 S-13 323,15-523,15 2,02-11,23 0,0187-0,3047 - 25 0 0 [c33]
H2 S-14 288,15-343,15 1,01-1,01 0,0284-0,0615 - 6 0 0 [c30]
H2 S-15 422,60-422,60 11,30-91,00 0,1670-0,7610 0,9975-0,9987 5 5 0 [c29]
H2 S-16 298,15-523,15 1,01-74,14 0,0205-0,8780 - 54 0 0 [c30,c33,c37]
H2 S-20 323,10-423,30 4,04-76,74 0,0669-0,9080 - 28 0 0 [c38]
H2 S-B 304,30-422,65 1,02-98,00 0,0339-0,9360 0,4370-0,9966 46 24 0 [c29,c39]
H2 S-mB 310,93-477,59 2,03-115,76 0,0310-0,9540 0,3520-0,9990 27 27 0 [c31]
H2 S-13mB 310,90-477,60 1,46-131,20 0,0206-0,9888 0,5592-0,9997 29 29 0 [c40]
H2 S-prB 313,20-473,50 3,95-129,70 0,0930-0,9210 0,7870-0,9999 25 25 0 [c41]
H2 S-135mB 310,90-477,60 1,31-137,50 0,0280-0,9953 0,6247-0,9999 44 44 0 [c36,c40]
H2 S-C6 283,16-422,65 0,20-94,95 0,0020-0,8900 0,4770-0,9895 48 24 0 [c29,c42]
H2 S-mC6 310,90-477,60 2,50-94,53 0,0290-0,9700 0,4110-0,9990 29 29 0 [c43]
H2 S-eC6 310,93-477,59 1,70-125,00 0,0163-0,9841 0,3444-0,9998 28 28 0 [c44]
H2 S-prC6 310,93-477,59 1,77-130,52 0,0418-0,9832 0,6356-0,9998 35 35 0 [c44]
H2 S-iprC6 310,93-477,59 1,12-29,65 0,0389-0,1937 0,5779-0,9970 18 18 0 [c34]
Figure IV.24 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée du système {méthane(1) + H2 S(2)}
à partir du modèle PPR78. Traits continus : courbes de bulle et de rosée prédites par le modèle
PPR78. (a) Diagrammes isothermes aux deux températures : T1 = 223,15 K (kij = 0,0899),
T2 = 252,00 K (kij = 0,0828) ; points de bulle et de rosée expérimentaux à T1 = 223,15 K
(+) et T2 = 252,00 K (×). (b) diagrammes isothermes aux trois températures : T1 = 277,60 K
(kij = 0,0776), T2 = 310,90 K (kij = 0,0719), T3 = 344,30 K (kij = 0,0674) ; points de bulle
et de rosée expérimentaux à T1 = 277,60 K (+), à T2 = 310,90 K (×), et à T3 = 344,30 K
(∗) ; points critiques expérimentaux ( ). (c) P = 27,58 bar, (+) points de bulle expérimentaux,
(∗) points de rosée expérimentaux. (d) P = 41,37 bar, (+) points de bulle expérimentaux, (∗)
points de rosée expérimentaux. (e) diagrammes isobares aux deux pressions P = 55,16 bar
et P = 82,74 bar, (+) points de bulle expérimentaux à P = 55,16 bar, (∗) points de rosée
expérimentaux à P = 55,16 bar, (×) points de bulle expérimentaux à P = 82,74 bar, (♦) points
de rosée expérimentaux à P = 82,74 bar. (f) P = 110,32 bar, (+) points de bulle expérimentaux,
(∗) points de rosée expérimentaux.
– 319 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Pour cette raison, ce système est bien représenté par PPR78 (voir figures IV.24 et IV.25). Le
paramètre d’interaction binaire décroît avec la température.
Les mélanges H2 S/n-alcane (pour n ≥ 2) ont un comportement de type I ou II (ceci se vérifie
au moins jusque n = 20). Alors que ces systèmes sont généralement assez simples à représenter,
la fonction objectif qui leur est associée est un peu supérieure à 10 %, ce qui peut paraître
étonnant. En effet, les figures IV.26 et IV.27 montrent par exemple que les systèmes H2 S/éthane
et H2 S/propane sont parfaitement modélisés par PPR78. Certains phénomènes assez délicats
à représenter comme de l’azéotropie critique ou un point critique hyperbolique à minimum en
température semblent très bien reproduits par notre modèle.
Pour expliquer la raison principale de la valeur élevée de la fonction objectif, il faut se reporter au
graphe IV.28 : de nombreux auteurs ont effectué des mesures expérimentales d’équilibre liquide-
vapeur sur des systèmes identiques dans des conditions similaires. En confrontant ces différentes
mesures, on peut observer des différences assez notables entre les points des différents auteurs,
différences qui ne relèvent pas de l’incertitude expérimentale. Lorsque les données expérimentales
manquent de cohérence entre elles, ajuster des paramètres sur ces données devient une tâche
extrêmement délicate. Il est en effet impossible de discriminer les différentes mesures. Dans le
doute, nous avons donc été contraints de considérer toutes les données expérimentales disponibles
pour ajuster nos paramètres y compris les séries non cohérentes entre elles dont nous savions
pertinemment qu’au moins l’une d’entre elles aurait dû être rejetée.
Sur les graphes de la figures IV.28, une grande dispersion existe entre les mesures des différents
auteurs et le modèle PPR78 semble souvent chercher un compromis entre ces mesures.
La figure IV.29 montre que pour d’autres systèmes H2 S/n-alcane, les prédictions restent satis-
faisantes, même si certains diagrammes isothermes calculés manquent de précision au voisinage
du point critique de mélange. Ce manque de précision induit également une augmentation de
la fonction objectif. Comme expliqué auparavant, le modèle possède parfois des difficultés à
représenter les zones diphasiques au voisinage des points critiques. Afin de bien comprendre
pourquoi PPR78 rencontre ces difficultés, on utilise l’exemple du système H2 S(1)/n-pentane(2)
– 320 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.26 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée du système {éthane(1) + H2 S(2)}
à partir du modèle PPR78. Traits continus : courbes de bulle et de rosée prédites par le modèle
PPR78. Ligne pointillée : ligne azéotropique prédite. ( ), points critiques expérimentaux. (a)
Prédiction à quatre températures : T1 = 199,93 K (kij = 0,0889), T2 = 227,93 K (kij = 0,0874),
T3 = 255,32 K (kij = 0,0865), T4 = 283,15 K (kij = 0,0860) ; points de bulle et de rosée
expérimentaux à T1 = 199,93 K (+), T2 = 227,93 K (×), T3 = 255,32 K (∗) et T4 = 283,15 K
(♦). (b) Prédiction à six températures : T1 = 306,62 K (kij = 0,0859), T2 = 309,54 K (kij =
0,0859), T3 = 313,90 K (kij = 0,0859), T4 = 323,77 K (kij = 0,0860), T5 = 341,48 K (kij =
0,0862), T6 = 360,39 K (kij = 0,0865). (c) Prédiction à sept pressions : P1 = 27,58 bar, P2 =
37,92 bar, P3 = 48,26 bar, P4 = 51,71 bar, P5 = 58,61 bar, P6 = 65,50 bar, P7 = 72,40 bar, points
de bulle et de rosée expérimentaux à P1 = 27,58 bar (+), P2 = 37,92 bar (×), P3 = 48,26 bar
'
(∗), P4 = 51,71 bar (♦), P5 = 58,61 bar (), P6 = 65,50 bar (•), P7 = 72,40 bar (). ( ), points
critiques des corps purs.
– 321 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.27 – Prédiction du diagramme de phase global des systèmes {éthane(1) + H2 S(2)}
[panneau (a)] et {propane(1) + H2 S(2)} [panneau (b)] à partir du modèle PPR78. Ligne conti-
nue rouge : lieux des points critiques prédits par le modèle PPR78. Ligne continue verte : ligne
azéotropique. Lignes pointillées : courbes de pression de vapeur saturante. ( ), points critiques
expérimentaux. (♦), azéotrope critique. (), point critique hyperbolique à minimum de tempé-
'
rature, noté Cmin . ( ), points critiques des corps purs.
– 322 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.28 – Comparaison de points expérimentaux mesurés dans des conditions similaires
et provenant de différentes sources. Lignes continues : courbes de bulle et de rosée calculées
avec le modèle PPR78. (a) Système H2 S(1)/propane(2) à T = 243,2 K, (+) points de bulle
et de rosée expérimentaux provenant de [50], (∗) points de bulle expérimentaux provenant de
[51], (♦) point azéotropique expérimental provenant de [50]. (b) Système H2 S(1)/propane(2) à
T = 273,1 K, (∗) points de bulle et de rosée expérimentaux provenant de [50], (+) points de
bulle expérimentaux provenant de [51], (♦) point azéotropique expérimental provenant de [50].
(c) Système H2 S(1)/propane(2) à T = 288,5 K, (+) points de bulle et de rosée expérimentaux
provenant de [50], (∗) points de bulle expérimentaux provenant de [52], (♦) point azéotropique
expérimental provenant de [50]. (d) Système H2 S(1)/n-butane(2) à T = 263,1 K, (+) et (∗) :
points de bulle expérimentaux provenant de [51].(e) Système H2 S(1)/n-butane(2) à T = 283,2 K,
(+) et (∗) : points de bulle expérimentaux provenant de [51]. (f) Système H2 S(1)/n-butane(2)
à T = 293,4 K, (+) et (∗) : points de bulle expérimentaux provenant de [51].
– 323 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.29 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée et du lieu des points critiques de
systèmes H2 S/n-alcane à partir du modèle PPR78. Traits continus : courbes prédites par le
modèle PPR78. ( ), points critiques expérimentaux. (a) Système H2 S(1) + n-pentane(2) à 4
températures : T1 = 223,2 K (kij = 0,0364), T2 = 243,1 K (kij = 0,0383), T3 = 263,1 K
(kij = 0,0403), T4 = 277,6 K (kij = 0,0417) ; points de bulle et de rosée expérimentaux à
T1 = 223,2 K (+), T2 = 243,1 K (×), T3 = 263,1 K (∗) et T4 = 277,6 K (♦). (b) Système H2 S(1)
+ n-pentane(2) à 5 températures : T1 = 310,9 K (kij = 0,0449), T2 = 344,3 K (kij = 0,0482),
T3 = 377,6 K (kij = 0,0516), T4 = 410,9 K (kij = 0,0551), T5 = 446,3 K (kij = 0,0588) ;
points de bulle et de rosée expérimentaux à T1 = 310,9 K (+), T2 = 344,3 K (×), T3 =
377,6 K (∗), T4 = 410,9 K (♦) et T5 = 444,3 K (). (c) Système H2 S(1) + n-décane(2) à
4 températures : T1 = 277,6 K (kij = 0,0118), T2 = 310,9 K (kij = 0,153), T3 = 377,6 K
(kij = 0,0225), T4 = 444,3 K (kij = 0,0302) ; points de bulle et de rosée expérimentaux à
T1 = 277,6 K (+), T2 = 310,9 K (×), T3 = 377,6 K (∗), T4 = 444,3 K (♦). ( ), points critiques
expérimentaux. (d) lieux des points critiques de six systèmes H2 S(1) + n-alcane(2). ( ), points
'
critiques expérimentaux. ( ), points critiques des corps purs.
– 324 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.30 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée du système {H2 S(1) + n-pentane(2)}
à T = 444,3 K à partir de l’équation de Peng-Robinson avec règles de mélange de Van der
Waals et kij constant. Traits continus : courbes de bulle et de rosée prédites par le modèle
PPR78 (kij = 0,0588). Courbes pointillées rouges et bleues : courbes de bulle et de rosée obtenues
à partir de valeurs du kij restituant la pression critique expérimentale (i.e. kij = 0,4850 et
kij = −0,2870). Courbes pointillées vertes : courbes de bulle et de rosée obtenues à partir d’une
valeur du kij restituant la composition critique expérimentale (i.e. kij = −0,1550). (+), points
de bulle expérimentaux. (∗), points de rosée expérimentaux.
Notre banque de données ne contient que 4 systèmes binaires formés de H2 S et d’un alcane
ramifié. Tous les D.E.P.G. possèdent un comportement de type I ou II. Pour ces systèmes, PPR78
reste assez précis (voir figure IV.31). Toutefois, on peut penser que, comme pour les systèmes
H2 S/n-alcane, un manque de précision sur la détermination des courbes de bulle et de rosée des
diagrammes de phases au voisinage des points critiques risque de se faire sentir de plus en plus
– 325 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.31 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée et du lieu des points critiques du
système {H2 S(1) + méthylpropane(2)} à partir du modèle PPR78. (a) Traits continus : courbes
de bulle et de rosée prédites par le modèle PPR78. T1 = 310,9 K (kij = 0,0310), T2 = 344,3 K
(kij = 0,0285), T3 = 371,2 K (kij = 0,0268), T4 = 383,2 K (kij = 0,0261), T5 = 398,2 K
(kij = 0,0253). Points de bulle et de rosée expérimentaux à T1 = 310,9 K (+), T2 = 344,3 K
(×), T3 = 371,2 K (∗), T4 = 383,2 K (♦) et T5 = 398,2 K (). ( ) point critique expérimental.
(b) Prédiction du lieu des points critiques. ( ) point critique expérimental. (), point critique
'
hyperbolique à minimum en température (Cmin ). ( ), points critiques des corps purs.
Seuls cinq systèmes de ce type sont présents dans la banque de données. Ceux-ci possèdent
tous un comportement de type I ou II et sont correctement prédits par notre modèle [voir figure
IV.32(a) et (b)]. Comme il n’existe pas de molécule contenant un carbone polyaromatique dans
la banque de données relative au groupe H2 S, tous les paramètres Akℓ et Bkℓ entre les groupes
14 et 9 sont identiques aux paramètres entre les groupes 14 et 8.
Là encore, seuls cinq systèmes binaires sont présents dans la banque de données. Les résultats
obtenus pour ce type de mélange semblent assez convenables [voir figure IV.32(c)]. Aux tem-
pératures subcritiques, PPR78 prédit parfaitement le comportement du binaire. Sur certaines
gammes de températures supercritiques, la pression critique du mélange est sous-estimée par
PPR78.
11. comme expliqué dans le chapitre I, de nombreux auteurs pensent à tort qu’un point critique hyperbolique à
minimum dans les diagrammes de type I est nécessairement associé à un comportement azéotropique du système.
– 326 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.32 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée et de lieux des points critiques de
systèmes H2 S/composé aromatique, H2 S/cycloalcane et H2 S/CO2 à partir du modèle PPR78.
Traits continus : courbes de bulle et de rosée prédites par le modèle PPR78. Ligne pointillée :
courbes de pression de vapeur des constituants purs. ( ), points critiques des mélanges ex-
'
périmentaux. ( ), points critiques des corps purs. (a) Système H2 S(1)/benzène(2) à 4 tem-
pératures : T1 = 304,30 K (kij = 0,0013), T2 = 323,15 K (kij = 0,0021), T3 = 373,65 K
(kij = 0,0045), T4 = 422,65 K (kij = 0,0071). Points de bulle et de rosée expérimentaux
à T1 = 304,30 K (+), T2 = 323,15 K (×), T3 = 373,65 K (∗) et T4 = 422,65 K (♦).
(b) Système H2 S(1)/propylbenzène(2) à 3 températures : T1 = 313,20 K (kij = −0,0070),
T2 = 393,40 K (kij = 0,0003), T3 = 473,50 K (kij = 0,0154). Points de bulle et de rosée
expérimentaux à T1 = 313,20 K (+), T2 = 393,40 K (×), T3 = 473,50 K (∗). (c) Système
H2 S(1)/propylcyclohexane(2) à 4 températures : T1 = 310,93 K (kij = 0,0215), T2 = 352,59 K
(kij = 0,0242), T3 = 394,26 K (kij = 0,0280), T4 = 477,59 K (kij = 0,0365). Points de bulle
et de rosée expérimentaux à T1 = 310,93 K (+), T2 = 352,59 K (×), T3 = 394,26 K (∗) et
T4 = 477,59 K (♦). (d) Système CO2 (1)/H2 S(2) à 4 pressions : P1 = 6,90 bar, P2 = 13,79 bar,
P3 = 20,68 bar, P4 = 30,40 bar. Points de bulle et de rosée expérimentaux à P1 = 6,90 bar (+),
P2 = 13,79 bar (×), P3 = 20,68 bar (∗), P4 = 30,40 bar (♦). (e) Système CO2 (1)/H2 S(2) à 4
pressions : P1 = 40,53 bar, P2 = 55,16 bar, P3 = 70,93 bar, P4 = 82,74 bar. Points de bulle et
de rosée à P1 = 40,53 bar (+), P2 = 55,16 bar (×), P3 = 70,93 bar (∗), P4 = 82,74 bar (♦). (f)
Lieu des points critiques du système CO2 (1)/H2 S(2).
– 327 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.33 – Prédiction des courbes de bulle et de rosée isothermes du système {H2 S(1) +
N2 (2)} à 5 températures à partir du modèle PPR78. Traits continus : courbes de bulle et de rosée
prédites par le modèle PPR78, T1 = 256,43 K (kij = 0,1682), T2 = 277,65 K (kij = 0,1503),
T3 = 300,04 K (kij = 0,1327), T4 = 321,87 K (kij = 0,1168), T5 = 344,26 K (kij = 0,1013).
Points de bulle et de rosée expérimentaux à T1 = 256,43 K (+), T2 = 277,65 K (×), T3 =
300,04 K (∗), T4 = 321,87 K (♦), T5 = 344,26 K ().
Ces mélanges ont été assez notablement étudiés et de nombreuses données sont disponibles
sur ce système. Les figures IV.32(d) et (e) montrent huit diagrammes isobares très bien prédits
par PPR78, tant aux basses pressions qu’aux pressions supercritiques. Ceci est confirmé par
l’observation du D.E.P.G. de ce système dans le plan (P, T ) [voir figure IV.32(f)].
Ce système possède un comportement de type III. Les seules données d’équilibre liquide-vapeur
disponibles décrivent des pressions éloignées des pressions critiques des mélanges (voir figure
IV.33). Pour cette raison, une grande précision est obtenue à partir de PPR78. En raison du
manque de données, il est difficile de spéculer sur la précision du modèle au voisinage du domaine
critique.
– 328 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Le groupe SH est le groupe 15. Les paramètres d’interactions A15−i et B15−i (i ∈ J1,14K),
déterminés après ajustement sur les données d’équilibre de systèmes binaires mercaptan/(2), ou
(2) représente des PNA, CO2 ou N2 ou H2 S sont fournis dans le tableau II.4.
Le tableau ci-après donne les écarts moyens calculés entre le modèle et les points expérimentaux :
∆x1 0,022 11 %
∆xaz 0,045 14 %
Table IV.13 – Ecarts relatifs et absolus entre points de bulle, de rosée, azéotropiques expéri-
mentaux et calculés par le modèle PPR78 pour les systèmes binaires contenant un mercaptan
avec des paraffines, naphthènes, aromatiques ou H2 S.
Le tableau IV.14 récapitule les systèmes binaires pris en compte pour l’ajustement des para-
mètres d’interaction du groupe SH (les références des points expérimentaux sont données dans
l’annexe IV.5.6).
Pour ce groupe, on disposait seulement de 731 points de bulle, 320 points de rosée, 0 point cri-
tique et 58 azéotropes [cf. tableau IV.2].
La fonction objectif, calculée par l’équation (IV.8) vaut : Fobj = 9,7 %.
L’extension de PPR78 au groupe sulfhydryle n’a pas été aisée. Il existe en effet extrêment peu
de données d’équilibre liquide-vapeur disponibles dans la littérature.
Dans l’idéal, pour ajuster les paramètres d’interactions entre groupes du modèle PPR78, il est
nécessaire de disposer d’une banque de données contenant de nombreux points critiques ainsi que
des données d’équilibre liquide-vapeur décrivant la gamme la plus large possible de températures
et de pressions. Malheureusement, malgré une recherche minutieuse parmi les données de la lit-
térature, la banque de données constituée ne contient aucun point critique et décrit des gammes
de températures et de pressions très restreintes. Tous les points expérimentaux sont situés dans
le domaine subcritique et sont mesurés le plus souvent à pression atmosphérique.
Etant ajustés dans des conditions assez défavorables, les paramètres d’interactions entre groupes
des mercaptans sont donc à considérer avec précaution.
N.B. : en raison du manque de données, aucun paramètre d’interaction n’a pu être ajusté sur les
systèmes mercaptan/éthane, mercaptan/CO2 et mercaptan/N2 , c’est-à-dire que les paramères
Akℓ et Bkℓ avec (k; ℓ) ∈ {15; 6}2 , (k; ℓ) ∈ {15; 12}2 et (k; ℓ) ∈ {15; 13}2 n’ont pas pu être déter-
minés.
Par ailleurs, après consultation des données de la littérature, il semble évident que les systèmes
binaires contenant des mercaptans avec des paraffines, ou des naphthènes ont le plus souvent un
comportement azéotropique. De nombreuses données azéotropiques sont disponibles pour ces
systèmes. Les azéotropes des systèmes binaires possèdent une variance égale à 1. Par conséquent,
– 329 –
Domaine de x1 Domaine de y1
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Système Domaine de Domaine de (fraction molaire du (fraction molaire du Points de Points de Points Points
binaire températures (K) pressions (bar) constituant 1 en constituant 1 en bulle (T,P,x1 ) rosée (T,P,y1 ) critiques (T,P,x1,c ) azéotropiques (T,P,x1,az ) Références
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
– 330 –
3m5-3sh 334,41-334,41 1,01-1,01 0,6300-0,6300 0,6300-0,6300 0 0 0 1 [d2]
3sh-22m5 340,35-340,35 1,01-1,01 0,8510-0,8510 0,8510-0,8510 0 0 0 1 [d2]
3sh-24m5 340,63-340,63 1,01-1,01 0,8820-0,8820 0,8820-0,8820 0 0 0 1 [d2]
3sh-223m4 340,72-340,72 1,01-1,01 0,9010-0,9010 0,9010-0,9010 0 0 0 1 [d2]
iprsh-22m4 320,56-320,56 1,01-1,01 0,4060-0,4060 0,4060-0,4060 0 0 0 1 [d2]
iprsh-23m4 324,39-324,39 1,01-1,01 0,7000-0,7000 0,7000-0,7000 0 0 0 1 [d2]
iprsh-2m5 324,85-324,85 1,01-1,01 0,7810-0,7810 0,7810-0,7810 0 0 0 1 [d2]
iprsh-3m5 325,55-325,55 1,01-1,01 0,8830-0,8830 0,8830-0,8830 0 0 0 1 [d2]
23m5-4sh 362,68-362,68 1,01-1,01 0,8350-0,8350 0,8350-0,8350 0 0 0 1 [d2]
2m6-4sh 362,89-362,89 1,01-1,01 0,8320-0,8320 0,8320-0,8320 0 0 0 1 [d2]
3m6-4sh 364,35-364,35 1,01-1,01 0,7550-0,7550 0,7550-0,7550 0 0 0 1 [d2]
4sh-224m5 368,65-368,65 1,01-1,01 0,5620-0,5620 0,5620-0,5620 0 0 0 1 [d2]
4sh-22m6 371,16-371,16 1,01-1,01 0,8250-0,8250 0,8250-0,8250 0 0 0 1 [d2]
4sh-25m6 371,37-371,37 1,01-1,01 0,9030-0,9030 0,9030-0,9030 0 0 0 1 [d2]
4sh-33m6 371,71-371,71 1,01-1,01 0,9810-0,9810 0,9810-0,9810 0 0 0 1 [d2]
22m5-sbush 351,75-351,75 1,01-1,01 0,7500-0,7500 0,7500-0,7500 0 0 0 1 [d2]
24m5-sbush 352,70-352,70 1,01-1,01 0,6970-0,6970 0,6970-0,6970 0 0 0 1 [d2]
sbush-23m5 357,31-357,31 1,01-1,01 0,7080-0,7080 0,7080-0,7080 0 0 0 1 [d2]
sbush-2m6 357,45-357,45 1,01-1,01 0,7420-0,7420 0,7420-0,7420 0 0 0 1 [d2]
sbush-3m6 357,85-357,85 1,01-1,01 0,8240-0,8240 0,8240-0,8240 0 0 0 1 [d2]
22m5-ibush 352,27-352,27 1,01-1,01 0,8870-0,8870 0,8870-0,8870 0 0 0 1 [d2]
24m5-ibush 353,43-353,43 1,01-1,01 0,8460-0,8460 0,8460-0,8460 0 0 0 1 [d2]
223m4-ibush 353,75-353,75 1,01-1,01 0,8210-0,8210 0,8210-0,8210 0 0 0 1 [d2]
Enfin, on notera que de nombreuses données sont assez anciennes et par conséquent pas aussi
précises que l’on pourrait le souhaiter pour mettre au point PPR78.
Remarque :
En général, les premières molécules d’une série homologue se comportent différemment des sui-
vantes. Pour cette raison, les molécules de méthane et d’éthane ont été séparées des autres alcanes
linéaires dans la méthode PPR78. Il aurait donc pu sembler légitime de séparer le méthylmer-
captan et l’éthylmercaptan des autres n-alkylmercaptans. Ceci n’a pas été effectué en raison du
manque crucial de données expérimentales qui nous a contraint à simplifier au maximum l’ap-
proche.
– 332 –
IV.3. RÉSULTATS DES AJUSTEMENTS
Figure IV.35 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée isothermes et isobares pour 5 systèmes
formés d’un mercaptan et d’un n-alcane, à partir du modèle PPR78. (+), points de bulle expéri-
mentaux. (∗), points de rosée expérimentaux. (♦), point azéotropique calculé. Trait continu :
courbe prédite par PPR78. (a) et (a′ ) système méthane(1)/méthylmercaptan(2) à 3 tempé-
ratures : T1 = 258,00 K (kij = 0,0863), T2 = 272,98 K (kij = 0,0901), T3 = 293,12 K
(kij = 0,0957). (b) et (b′ ) système méthane(1)/éthylmercaptan(2) à 3 températures : T1 =
272,94 K (kij = 0,0802), T2 = 293,36 K (kij = 0,0806), T3 = 313,41 K (kij = 0,0815). (c)
système méthylmercaptan(1)/n-hexane(2) à 4 températures : T1 = 223,15 K (kij = 0,0016),
T2 = 243,15 K (kij = 0,0102), T3 = 273,15 K (kij = 0,0206), T4 = 293,15 K (kij = 0,0262). (d)
système n-butane(1)/propylmercaptan(2) à 2 températures : T1 = 343,15 K (kij = 0,0372),
T2 = 383,15 K (kij = 0,0309). (e) système éthylmercaptan(1)/n-pentane(2) à la pression
P = 1,01 bar. (f) système éthylmercaptan(1)/n-pentane(2) à la pression P = 2,94 bar. (g)
système éthylmercaptan(1)/n-pentane(2) à la pression P = 5,88 bar.
Concernant les mélanges mercaptan/n-alcane, les résultats sont présentés sur la figure IV.35.
D’après la classification de Van Konynenburg et Scott, les binaires méthane(1)/ méthylmer-
captan(2) et méthane(1)/éthylmercaptan(2) possèdent un comportement de type III. Ce type
de comportement semble cependant assez rare avec les mercaptans ; on observe généralement
– 333 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
davantage de diagrammes de type I ou II. On peut remarquer sur la figure IV.35 que les données
basse pression semblent assez bien prédites, en revanche, rien ne garantit que ce soit le cas des
diagrammes sous haute pression.
Comme aucune donnée n’était présente pour les systèmes éthane/mercaptan, les paramètres
A6−15 et B6−15 n’ont pu être déterminés.
IV.4 Epilogue
L’extension du modèle PPR78 aux groupes dioxyde de carbone (CO2 ), azote (N2 ), sulfure
d’hydrogène (H2 S) et sulfhydryle (SH) fut une étape très délicate dans son processus de dé-
veloppement. Bien que constitués de molécules peu polaires, peu associées, tous ces systèmes
possèdent des comportements spécifiques qui sont loin d’être faciles à représenter. Les équations
d’état cubiques sont en général capables d’assez bien décrire qualitativement les phénomènes
mais sont souvent trop peu précises.
L’incorporation des molécules précitées à notre modèle constituait donc un véritable défi.
Bien que dans certains cas, sur quelques domaines de températures, la précision obtenue sur la
représentation de certains systèmes binaires par PPR78 ne soit pas toujours pleinement satisfai-
sante, ce modèle semble cependant avoir globalement relevé le défi. La précision obtenue sur la
– 334 –
IV.4. EPILOGUE
Figure IV.36 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée isothermes et isobares pour 3 sys-
tèmes formés d’un mercaptan et d’un alcane ramifié ou d’un mercaptan ramifié et d’un n-
alcane (i.e. systèmes impliquant les groupes 1 à 4 et 15 dans notre système de décomposi-
tion en groupes), à partir du modèle PPR78. (+), points de bulle expérimentaux. (∗), points
de rosée expérimentaux. (), point azéotropique expérimental. (♦), point azéotropique calculé.
Trait continu : courbe prédite par PPR78. (a) système propane(1)/tertiobutylmercaptan(2)
à 2 températures : T1 = 283,15 K (kij = 0,0302), T2 = 333,15 K (kij = 0,0282). (b)
système 2-méthylbutane(1)/éthylmercaptan (2) à pression atmosphérique (P = 1,013 bar).
(c) système 2-méthylbutane(1)/éthylmercaptan (2) à la pression P = 2,94 bar. (d) sys-
tème 2-méthylbutane(1)/éthylmercaptan (2) à la pression P = 5,88 bar. (e) système 2-
méthylpentane(1)/propylmercaptan (2) à pression atmosphérique (P = 1,013 bar).
– 335 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
Figure IV.37 – Prédiction de courbes de bulle et de rosée isothermes et isobares pour 4 systèmes
formés d’un mercaptan et d’un composé aromatique ou d’un mercaptan et d’un cycloalcane, à
partir du modèle PPR78. (+), points de bulle expérimentaux. (∗), points de rosée expérimentaux.
(), point azéotropique expérimental. (♦), point azéotropique calculé. Trait continu : courbe pré-
dite par PPR78. (a) système méthylmercaptan(1)/benzène(2) à la température : T1 = 313,15 K
(kij = −0,0101). (b) système propylmercaptan(1)/benzène(2) à 3 températures : T1 = 303,15 K
(kij = −0,0101), T2 = 320,65 K (kij = −0,0046), T3 = 338,15 K (kij = −0,0020). (c) système
propylmercaptan(1)/méthylcyclohexane(2) à 3 températures : T1 = 313,15 K (kij = 0,0188),
T2 = 323,15 K (kij = 0,0207), T3 = 333,15 K (kij = 0,0231). (d) système propylmercap-
tan(1)/méthylcyclopentane(2) à pression atmosphérique (P = 1,013 bar)).
– 336 –
IV.4. EPILOGUE
Nombre de points
Ecart Absolu Relatif
expérimentaux considérés
Table IV.15 – Ecarts relatifs et absolus entre points de bulle, de rosée, critiques expérimentaux
et calculés par le modèle PPR78 pour tous les systèmes binaires de notre banque de données (i.e.
PNA + CO2 + N2 + H2 S + mercaptans).
Table IV.16 – Répartition des types de D.E.P.G. prédits par PPR78 sur la totalité des binaires
de la banque de données utilisée pour développer PPR78.
En réalisant la même étude sur les 4095 systèmes binaires qu’il est possible de former à partir
des 91 corps purs de la banque de données corps purs utilisée pour développer PPR78, on
augmente le pourcentage de D.E.P.G. de type I aux dépens de ceux de type III.
Table IV.17 – Répartition des types de D.E.P.G. prédits par PPR78 sur la totalité des binaires
que l’on peut former avec les 91 corps purs utilisés pour développer PPR78.
N.B. : On notera cependant que le programme réalisé ne détecte pas les diagrammes de type
VI. Par défaut, il déclare ces diagrammes de type I. Ce type VI est très peu fréquent dans la
nature. Il est très probable que sur l’ensemble de la base de données, on le rencontre dans moins
de 1 % des cas.
– 337 –
CHAPITRE IV. EXTENSION DU MODÈLE PPR78 PAR AJOUT DES GROUPES
DIOXYDE DE CARBONE, AZOTE, SULFURE D’HYDROGÈNE ET SULFHYDRYLE
IV.5 Annexes
0/ Première itération : k = 1.
1/ on considère le vecteur xk des variables à l’itération k. On agit sur ces variables pour réaliser
l’optimisation . On suppose la fonction f connue (au moins numériquement).
On calcule alors numériquement ∇f (xk ).
On appelle Bk l’approximation du hessien ∇2 f (xk ) de la fonction f au point xk .
N.B. : pour que le problème soit soluble, il suffit que le hessien soit symétrique défini positif.
2/ On cherche alors la direction dk de descente. Cette direction de descente est définie par la
relation : h i−1
dk = − ∇2 f (xk ) · ∇f (xk ) (IV.20)
Notons gk = ∇f (xk ).
dk est alors solution du système linéaire suivant :
Bk dk = −gk (IV.21)
où αk minimise la fonction f (xk + αk dk ) (la valeur optimale de αk est obtenue par recherche
linéaire).
4/ Si f (xk+1 ) < f (xk ) alors xk+1 convient et on passe à l’itération suivante (k ←− k + 1).
Sinon : on recalcule la matrice hessienne.
Remise à jour de la matrice hessienne : Bk+1 = ηk Bk + Uk .
et dans le cas de la méthode BFGS :
ηk = 1
yk (yk )T Bk sk (sk )T Bk (IV.22)
Uk = −
(yk )T sk (sk )T Bk sk
– 338 –
IV.5. ANNEXES
Biphényle Diphénylméthane
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Tétraline
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Décaline
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(cis ou trans)
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Tertiobutylbenzène Cumène
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.
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.......................... ....
..
CH3
............................................. .............................................
CH3
– 339 –
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IV.5. ANNEXES
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containing systems, Sven. Kem. Tidskr. 57 (1945) 209–216.
– 368 –
BIBLIOGRAPHIE
– 369 –
BIBLIOGRAPHIE
– 370 –
CHAPITRE V
V.1 Contexte
Depuis 2004, date de la création du modèle PPR78 jusqu’à aujourd’hui, Jaubert et al. ont
développé un modèle prédictif dans le but de pouvoir représenter avec le maximum de préci-
sion les fluides pétroliers. Après avoir calculé les interactions entre les hydrocarbures [1–3], les
auteurs ont étendu leur modèle aux trois molécules CO2 , N2 et H2 S fréquemment regroupées
sous l’appellation gaz permanents [4–6]. Pour compléter le modèle, d’autres composés soufrés,
les mercaptans, ont été introduits dans PPR78 [7].
Au terme de ce travail, il est désormais possible de modéliser les fluides pétroliers puisque les
interactions principalement présentes dans ces mélanges ont été calculées au fur et à mesure des
étapes de développement du modèle.
Le but de ce chapitre est de confronter par PPR78 les prédictions de comportement de fluides
pétroliers synthétiques aux mesures expérimentales publiées dans la littérature.
Quelques rappels sur le vocabulaire utilisé par les pétroliers ainsi que sur le type d’expériences
couramment réalisées sur les pétroles sont présentées en annexe V.3.
On présente par la suite les résultats de la modélisation de fluides pétroliers par PPR78. Il
s’agit alors de prédiction pure puisqu’aucun paramètre du modèle n’est ajusté sur des données
expérimentales.
Afin de quantifier la capacité prédictive du modèle PPR78, on utilise par la suite des écarts
moyens en pression (relatifs et absolus). Si pour un système donné, on dispose de N valeurs
expérimentales de pression de saturation, l’écart moyen en pression entre PPR78 et les mesures
371
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
où i
Pexp désigne la ième pression de saturation expérimentale mesurée à une température T pour
i
un système donné et PPPR78 désigne la pression de saturation correspondante, calculée à la même
température T à partir du modèle PPR78.
Pour calculer un écart relatif, on utilise la formule :
N i − Pi
1 X Pexp PPR78
∆P % = i
(V.2)
N Pexp
i=1
Enfin, pour utiliser le modèle PPR78, il est nécessaire de disposer des température et pression
critiques ainsi que du facteur acentrique de chaque molécule mise en jeu dans le mélange étudié.
Par défaut, ces paramètres sont toujours issus du livre The properties of gases and liquids [8]. Si
ces information ne figurent pas dans ce livre, on se réfère alors à la banque de données DIPPR.
Enfin, si cette banque ne les contient pas, on utilise une méthode de contributions de groupes
telle que celle de Constantinou et Gani [9, 10] pour les déterminer.
– 372 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Les résultats sont présentés par type de fluides : les gaz naturels, les bruts et les gaz à condensat.
En 1984, Acosta et al. [11] ont mesuré 25 pressions de rosée sur le système ternaire {CO2 (1) +
méthane(2) + propane(3)} de composition molaire globale : x1 = 0,048, x2 = 0,723 et x3 = 0,229.
Comme le prouve la figure V.1, PPR78 peut parfaitement représenter ces données. La déviation
moyenne en pression pour l’ensemble de ces points de rosée vaut 0,8 bar (soit 4,8 %).
Figure V.1 – Représentation du mélange de Acosta et al. [11]. Trait continu : enveloppe de
phases (P, T ) du système CO2 (4,8 mol %) + méthane (72,3 mol %) + propane (22,9 mol %)
prédite par le modèle PPR78. () points de rosée expérimentaux. ( ) point critique calculé.
En 1984, Parikh et al. [12] mesurent 14 points de bulle, 20 points de rosée et le point critique
d’un gaz naturel constitué de 85,11 % de méthane, 10,07 % d’éthane et 4,82 % de propane.
Ce système est très bien prédit par PPR78. Les écarts maximum entre les pressions de satu-
ration expérimentales et calculées sont observés au voisinage du maxcondenbar. Sur l’ensemble
des pressions de bulle et de rosée, l’écart moyen avec le modèle PPR78 vaut 0,93 bar (soit 2,1 %)
ce qui confirme la qualité de la prédiction. Concernant le point critique, PPR78 sur-estime sa
température de 1,3 K (soit 0,60 %) et sa pression de 2,6 bar (soit 3,7 %).
– 373 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.2 – Trait continu : enveloppe de phases (P, T ) du mélange {85,11 % de méthane +
10,07 % d’éthane + 4,82 % de propane} de Parikh et al. [12] prédite par le modèle PPR78.
(+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) point critique calculé. () point critique
expérimental.
Fluides de Haynes
W.M. Haynes a mesuré en 1982, 71 points de bulle [13] sur 17 mélanges renfermant entre 3
et 8 constituants et contenant du méthane (plus de 70 % dans tous les systèmes) avec de l’azote,
de l’éthane, du propane, de l’isobutane, du n-butane, du 2-méthylbutane et du n-pentane. La
composition des 17 fluides est donnée dans le tableau V.1 ci-après.
Les points de bulle sont mesurés à faible température (n’excédant pas 135 K). Les figures V.3
et V.4 ci-après représentent les 17 enveloppes de phases prédites par PPR78.
La déviation moyenne de PPR78 sur les pressions du bulle est de 0,050 bar soit 2,3 %. Ces
systèmes sont donc très bien prédits par PPR78 en dépit des faibles températures.
– 374 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.3 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des mélanges n˚1 à 8 de Haynes [13]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points critiques calculés.
– 375 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.4 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des mélanges n˚9 à 17 de Haynes [13]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points critiques calculés.
– 376 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Fluide n˚ x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7 x8
1 0,05931 0,89071 - - - 0,04998 - -
2 - 0,86040 0,04600 0,04790 0,04570 - - -
3 - 0,85378 0,05178 0,04703 0,04741 - - -
4 - 0,85133 0,05759 0,04808 - 0,04300 - -
5 - 0,84566 0,07924 0,05060 - 0,02450 - -
6 0,04801 0,80940 0,04542 0,05050 0,04667 - - -
7 0,02628 0,81249 0,08484 0,04931 - 0,02708 - -
8 - 0,85890 0,11532 0,01341 0,00530 0,00705 - -
9 - 0,84558 0,08153 0,04778 0,01259 0,01252 - -
10 0,00601 0,90613 0,06026 0,02154 0,00300 0,00306 - -
11 0,00973 0,88225 0,07259 0,02561 0,00490 0,00492 - -
12 0,01383 0,85934 0,08477 0,02980 0,00519 0,00707 - -
13 - 0,85341 0,07898 0,04729 0,00854 0,00992 0,00097 0,00089
14 - 0,75442 0,15401 0,06950 0,00978 0,01057 0,00089 0,00083
15 0,00859 0,75713 0,13585 0,06742 0,01336 0,01326 0,00223 0,00216
16 0,00801 0,74275 0,16505 0,06547 0,00843 0,00893 0,00069 0,00067
17 0,00599 0,90068 0,06537 0,02200 0,00291 0,00284 0,00010 0,00011
Fluides de Yarborough
En 1970, Yarborough et al. [14] mesurent 52 pressions de saturation sur 45 gaz naturels
différents contenant entre 2 et 7 constituants dont l’azote, le dioxide de carbone, le méthane,
l’éthane, le propane, le n-butane et le n-pentane.
La composition des 45 mélanges est donnée dans le tableau V.2. Les résultats de la modélisation
de ces mélanges par PPR78 sont montrés sur les figures V.5 à V.10.
Fluide n˚ x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7
– 377 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Fluide n˚ x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7
Sur les 52 pressions de saturation mesurées, PPR78 permet une prédiction moyenne à 2,0 bar
(soit 3,2 %), ce qui n’est sans doute pas très éloigné de la précision expérimentale.
Dans un article daté de 1954, Davis et al. [15] montrent les résultats de mesures de pressions
de saturation réalisées sur sept gaz naturels différents appelés A-1, A-2, A-3, A-4, AB-1, AB-2
et AB-3. Ces gaz contiennent du dioxyde de carbone, de l’azote ainsi que des alcanes renfermant
de 1 à 6 atomes de carbones. Quelques alcanes de tailles supérieures sont présents en très faibles
quantités dans les mélanges (moins de 0,2 % en moles à chaque fois) et sont regroupés sous
l’appellation « heptanes + ». Aucun détail concernant la composition de cette coupe n’est fourni
dans la publication de Davis et al. Par conséquent, afin de s’affranchir de cette inconnue du
problème, nous avons décidé, pour modéliser ces sept mélanges, de répartir la composition de la
– 378 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.5 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚1 à 8 de Yarborough
et al. [14] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( )
points critiques calculés.
– 379 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.6 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚9 à 16 de Yarborough
et al. [14] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( )
points critiques calculés.
– 380 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.7 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 17 à 24 de Yarbo-
rough et al. [14] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux.
( ) points critiques calculés.
– 381 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.8 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 25 à 32 de Yarbo-
rough et al. [14] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux.
( ) points critiques calculés.
– 382 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.9 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 33 à 40 de Yarbo-
rough et al. [14] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux.
( ) points critiques calculés.
– 383 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.10 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 40 à 45 de Yarbo-
rough et al. [14] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux.
( ) points critiques calculés.
coupe heptanes + sur l’ensemble des autres constituants de chaque gaz naturel. En agissant de
la sorte, les compositions des sept mélanges sont celles données dans le tableau V.3.
Sur les 54 pressions de bulle et de rosée mesurées, on observe un écart moyen en pression de
1,7 bar (soit 3,3 %) avec le modèle PPR78. La figure V.11 montre que ces systèmes sont très
bien prédits par PPR78.
– 384 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.11 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides de Davis et al. [15]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points critiques
calculés.
– 385 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Fluide n˚ x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7 x8 x9 x10
A-1 1,202 - 91,054 4,408 1,913 0,331 0,601 0,210 0,130 0,150
A-2 1,092 8,854 82,994 4,016 1,743 0,300 0,551 0,190 0,120 0,140
A-3 1,002 16,134 76,365 3,696 1,602 0,280 0,511 0,180 0,110 0,120
A-4 0,911 24,444 68,797 3,335 1,442 0,300 0,401 0,160 0,100 0,110
AB-1 0,440 - 96,748 1,601 0,700 0,140 0,200 0,070 0,050 0,050
AB-2 0,300 11,307 85,852 1,501 0,600 0,120 0,180 0,060 0,040 0,040
AB-3 0,200 24,012 73,677 1,201 0,530 0,100 0,150 0,050 0,040 0,040
Table V.3 – Compositions molaires des 7 fluides de Davis et al. Indices : 1 = CO2 , 2 = N2 ,
3 = méthane, 4 = éthane, 5 = propane, 6 = isobutane, 7 = n-butane, 8 = 2-méthylbutane,
9 = n-pentane, 10 = n-hexane.
En 1982, Oscarson et Saxey [16] s’intéressent, dans le cadre d’une étude pour le G.P.A. 1 , à
un gaz naturel consitué d’azote, de méthane, d’éthane et de propane. Sur ce système, ils mesurent
6 points de bulle et le point critique. Comme le montre la figure V.12, ces points sont parfaitement
prédits par PPR78. En particulier, on notera que le point critique est prédit avec une erreur de
l’ordre de 2 % en température et inférieure au pourcent en pression.
Figure V.12 – Trait continu : enveloppe de phases (P, T ) du gaz naturel de Oscarson et
Saxey [16] prédite par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. () point critique
expérimental. ( ) point critique calculé.
– 386 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
En 2004, Jarne et al. ont mesuré 110 points de rosée (inférieurs et supérieurs) sur deux
gaz naturels constitués d’azote, de dioxyde de carbone et d’alcanes légers. Les résultats de la
prédiction sont montrés sur la figure V.13.
Figure V.13 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides de Jarne et al. [17]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de rosée expérimentaux. ( ) points critiques calculés.
D’un point de vue quantitatif, l’écart moyen en pression sur l’ensemble de ces points avec le
modèle PPR78 vaut 2,0 bar (soit 9,6 %). Un si bon accord est d’autant plus méritant que de
nombreux points de rosée se situent au voisinage du maxcondentherm. A proximité de ce point
la pente de l’enveloppe de phases est très raide (et même infinie au niveau du maxcondentherm).
– 387 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Dans ce domaine, une faible variation de la température induit une grande variation de la pression
de saturation.
En 2006, Zhou et al. [18] ont mesuré 6 points de rosée sur un gaz naturel constitué d’azote, de
dioxyde de carbone et de sept alcanes. La figure V.14 confronte points expérimentaux et calculés.
Figure V.14 – Trait continu : enveloppe de phases (P, T ) du fluide de Zhou et al. [18] prédite
par le modèle PPR78. (+) points de rosée expérimentaux. ( ) point critique calculé.
La déviation moyenne en pression avec le modèle PPR78 pour ce fluide vaut 1,2 bar (soit
1,5 %). On constate à nouveau une très fidèle prédiction du comportement de ce fluide par le
modèle PPR78.
En 1968 Gonzalez et Lee ont mesuré 146 pressions de bulle et de rosée sur six systèmes
différents constitués d’azote et d’alcanes linéaires légers (jusqu’au n-hexane). La composition des
six fluides est donnée dans le tableau V.4 ci-après.
On représente sur la figure V.15, la modélisation des six systèmes de Gonzalez et Lee par
PPR78. On constate que les fluides 1, 3 et 4 sont très bien représentés par notre modèle. Le fluide
5 est représenté avec une assez bonne précision sur les pressions de bulle et une moins bonne
précision sur les pressions de rosée. Enfin, les fluides 2 et 6 sont assez mal décrits par PPR78.
– 388 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Table V.4 – Compositions molaires (en %) des six fluides de Gonzalez et Lee.
Globalement, l’écart moyen entre les pressions expérimentales et calculées est égal à 7,6 bar (soit
29 %). L’écart type entre les écarts moyens des six systèmes est dans ce cas assez important. Par
exemple, l’écart moyen en pression pour les points du fluide 3 est de 1,2 bar (7,1 %) tandis que
pour le fluide 2, il est de 24 bar (74 %).
Fluides de Gu et al.
En 1993, Gu et al. [20] ont mesuré dix points de bulle et douze points de rosée sur trois
systèmes différents : un système binaire (CH4 /H2 S) et deux gaz à neuf constituants riches en
sulfure d’hydrogène. Les points expérimentaux modélisés par PPR78 sont représentés sur la figure
V.16.
On peut constater que PPR78 prédit de manière très satisfaisante le comportement de ces
systèmes. On observe une déviation moyenne en pression de 2,3 bar (soit 3,6 %) entre les points
expérimentaux et PPR78.
– 389 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.15 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides de Gonzalez et Lee [19]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points critiques
calculés.
– 390 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.16 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides de Gu et al. [20] prédites
par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points critiques calculés.
Jensen et al. ont mesuré en 2003, 31 pressions de saturation (i.e. 4 pressions de bulle et 27
pressions de rosée) sur trois gaz à condensat synthétiques différents. Ces fluides possèdent des
proportions identiques en méthane, n-pentane, 2-méthylbutane, n-hexane. Ces quatre consti-
tuants représentent 99,5 % de la composition molaire. Les 0,5 % restant sont répartis entre le
n-tétracosane (n-C24 ) et le naphthalène.
Les propriétés physico-chimiques du tétracosane sont issues de la banque DIPPR. La figure V.17
présente les résultats de la prédiction par PPR78 de ces points. Le modèle prévoit un écart moyen
en pression de 15 bar (soit 7,7 %).
Gozalpour et al. effectuent en 2003 [22] les mesures de six points de rosée sur un gaz à
condensat formé de cinq alcanes linéaires allant du méthane au n-hexadécane. Comme le montre
la figure V.18, PPR78 est capable de prédire avec précision le comportement de ce système (voir
– 391 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.17 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides de Jensen et al. [21]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points critiques
calculés.
figure V.18).
On notera que la gamme de pressions et de températures représentées sur la figure V.18 ne
permet pas de faire apparaître le point critique du mélange.
– 392 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.18 – Trait continu : enveloppe de phases (P, T ) du fluide de Gozalpour et al. [22]
prédite par le modèle PPR78. (+) points de rosée expérimentaux.
En 1998, Ruffier-Meray et al. [23] ont mesuré six points de la courbe de gonflement d’un
pétrole brut P par un gaz d’injection G à la température T = 393,15 K.
Les compositions des fluides P et G sont indiquées dans le tableau V.5.
Concernant la décaline, on a supposé, en l’absence de précision, qu’elle était constituée de 50 %
de cis-décaline et de 50 % de trans-décaline.
Dans leur article [23], les auteurs précisent que sur les six pressions de saturation mesurées,
deux sont des pressions de rosée et les quatre autres sont des pressions de bulle. En regardant la
figure V.19, on peut constater que PPR78 prédit parfaitement cette classification des pressions
expérimentales. Notre modèle prévoit une déviation moyenne en pression de 17 bar par rapport
aux données expérimentales (soit 4,9 %).
En 1995, Ungerer et al. ont effectué des mesures de 36 pressions de rosée sur quatre bruts
différents dont on donne la composition dans le tableau V.6 ci-après.
Les auteurs ont utilisé comme brut de référence le fluide 1. Dans les expériences 2, 3 et 4, ils
ont utilisé leur brut de référence auquel ils ont ajouté des petites quantités de phénanthrène ou
de n-hexatriacontane.
– 393 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
CO2 3,07 -
méthane 75,83 42,87
éthane 15,00 8,27
propane 5,12 4,72
n-butane 0,98 3,53
n-hexane - 4,96
méthylcyclohexane - 4,19
toluène - 4,14
n-décane - 5,44
décaline - 4,46
1-méthylnaphthalène - 4,39
n-hexadécane - 6,54
n-eicosane - 2,32
n-tétracosane - 0,56
squalane 2 - 3,61
La figure V.20 montre les résultats de la modélisation de ces 36 points par PPR78.
On peut constater que les petites quantités de phénanthrène et de n-hexatriacontane injectées
– 394 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.20 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides de Ungerer et al. [24]
prédite par le modèle PPR78. (+) points de rosée expérimentaux.
dans le brut de référence (le fluide 1) ont une très grande influence sur le comportement du
pétrole, tant sur la forme de l’enveloppe de phases que sur la valeur des pressions de saturation.
La représentation de ces systèmes est donc très délicate. PPR78 restitue le comportement de ces
fluides avec une déviation moyenne en pression valant 36 bar (soit 7,8 %).
On notera également que les résultats de la prédiction sont extrêmement sensibles aux paramètres
Tc , Pc et ω du n-triacontane. On peut par exemple montrer [3] qu’en utilisant les valeurs de Tc
et ω obtenues par la méthode de contribution de groupes de Constantinou et Gani [9, 10] et
en ajustant la pression critique sur des données expérimentales, il est possible de parfaitement
– 395 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
prédire le comportement des 4 fluides de Ungerer et al. Dans notre cas, les valeurs des propriétés
physico-chimiques du n-triacontane sont issues de la banque DIPPR. En raison de l’incertitude
sur la valeur de ces paramètres du corps pur, cet exemple ne permet donc pas vraiment de
conclure sur les capacités prédictives de PPR78.
En 1989, Al-Sahhaf et al. ont mesuré 48 pressions de bulle sur le système ternaire {CO2 +
cyclohexane + naphthalène} [25] à trois températures différentes (348,15 K ; 368,15 K ; 393,15
K). Afin de modéliser leurs systèmes, les auteurs ont décidé d’utiliser l’équation d’état de Peng-
Robinson et d’ajuster quatre paramètres d’interactions binaires (2 kij et 2 ℓij ) sur leurs données.
En faisant de la sorte, ils obtiennent une déviation moyenne d’environ 8 %. Avec le modèle PPR78
la déviation moyenne entre points expérimentaux et calculés est de 5 bar (soit 5,8 %). Le modèle
prédictif PPR78 permet donc d’obtenir des résultats plus précis qu’un modèle dont les paramètres
sont directement ajustés sur les données expérimentales à modéliser. Ces résultats sont illustrés
par la figure V.21.
Figure V.21 – Courbes de bulle et de rosée du mélange pseudo-binaire CO2 (1) + [cyclohexane
+ naphthalène](2) [25]. Les proportions molaires des hydrocarbures sont renseignées sur chaque
sous-figure. Les trois températures étudiées sont : T1 = 348,15 K, T2 = 368,15 K, T3 = 393,15 K.
Trait continu : prédit par le modèle PPR78. ( ) points de bulle expérimentaux. (∗) points
critiques calculés.
En 2001, Fenghour et al. [26, 27] mesurent six pressions de bulle sur trois systèmes ternaires
et trois systèmes quaternaires constitués d’alcanes linéaires possédant entre 1 et 16 atomes de
carbones.
Les six systèmes sont représentés sur la figure V.22. PPR78 permet de très bien modéliser leurs
comportements. La déviation moyenne en pression entre points expérimentaux et calculés à partir
de PPR78 vaut 0,5 bar (soit 1,8 %).
– 396 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.22 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides de Fenghour et
al. [26,27] prédites par le modèle PPR78. (+) points de rosée expérimentaux. ( ) points critiques
calculés.
– 397 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
En 1990, Han et al. [28] se sont intéressés à la solubilité du dioxyde de carbone dans des
mélanges de n-octane et d’isooctane (2,2,4-triméthylpentane) de composition fixée. Pour ce sys-
tème, 76 pressions de bulle furent mesurées. La déviation moyenne entre les pressions calculées
par PPR78 et les pressions expérimentales vaut dans ce cas 1,34 bar, soit 4,47 % (voir figure
V.23), ce qui met à nouveau en évidence le très bon pouvoir prédictif de PPR78.
Figure V.23 – Courbes de bulle et de rosée du mélange pseudo-binaire CO2 (1) + [n-octane
+ isooctane](2) [28]. Les compositions molaires des alcanes sont renseignées sur chaque sous-
figure. Les quatre températures étudiées sont : T1 = 303,15 K, T2 = 318,15 K, T3 = 333,15 K,
T4 = 346,35 K. Trait continu : prédit par le modèle PPR78. ( ) points de bulle expérimentaux.
En 1996, Jennings et Schucker [29] ont mesuré 25 points de bulle et un point de rosée
sur des mélanges ternaires {CO2 + n-nonane + cumène 3 }. Les résultats correspondant à la
modélisation de ces systèmes sont montrés sur la figure V.24. La précision du modèle PPR78 est
dans ce cas très proche de l’incertitude expérimentale. En effet, la déviation moyenne en pression
est à peine de 1,6 bar soit 1,6 %.
3. isopropylbenzène
– 398 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.24 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des mélanges de Jennings et
al. [29] prédites par le modèle PPR78. () points de de bulle et de rosée expérimentaux. ( )
points critiques calculés.
– 399 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
En 2006, Qiu et al. [30] ont mesuré 25 températures et pressions critiques de systèmes multi-
constituants contenant du CO2 et des n-alcanes (de n-C4 à n-C7 ). Ces expériences s’apparentent
à du gonflement (swelling 4 ) : des quantités croissantes de CO2 sont ajoutées à un mélange qua-
ternaire de composition constante. A chaque addition de CO2 , les propriétés critiques du mélange
ainsi défini sont mesurées. Comme la proportion des n-alcanes dans le mélange d’alcanes ne varie
pas, ce mélange peut être traité en pseudo-binaire. La figure V.25 représente les lieux des points
critiques expérimentaux des pseudo-binaires ainsi que ceux prédits par le modèle PPR78. Les
températures critiques sont estimées avec une précision moyenne de 2,6 %. Les pressions quant
à elles sont estimées avec une précision moyenne de 6,6 %. Il est donc clair que l’utilisation d’un
kij dépendant de la température permet de très bien prédire les lieux des points critiques de
mélanges complexes.
Figure V.25 – Lieux des points critiques de trois systèmes contenant du CO2 et un mélange
quaternaire paraffinique traités comme des pseudo-binaires. Composition molaire des mélanges
de n-alcanes : M1 : constituants n-C4 , n-C5 , n-C6 et n-C7 de compositions respectives 48,9 %,
34,9 %, 12,9 %, 3,3 % ; M2 : constituants n-C4 , n-C5 , n-C6 et n-C7 de compositions respectives
35,0 %, 40,0 %, 15,0 %, 10,0 % ; M3 : constituants n-C4 , n-C5 , n-C6 et n-C7 de compositions
respectives 25,0 %, 25,0 %, 25,0 %, 25,0 %. Trait continu : prédiction par le modèle PPR78.
Ligne pointillée : courbe de vaporisation du CO2 . ( ) points critiques expérimentaux [30]. (+)
point critique du CO2 pur et de chaque mélange quaternaire d’alcanes (M1 , M2 , M3 ).
En 1998, Shariati et al. [31] ont mesuré 102 pressions de bulle sur six mélanges synthétiques
C6+ en présence de CO2 (à hauteur d’environ 25 % en moles). Le mélange C6+ peut contenir
des paraffines, des naphthènes et des aromatiques. Là encore, la précision du modèle PPR78 est
très satisfaisante puisque la pression est prédite en moyenne à 1,51 bar près (soit 4,03 %). Les
4. Pour être tout à fait exact, les expériences de swelling servent à mesurer des pressions de bulle et de rosée.
Dans le cas de ces expériences, on ne mesure que des points critiques. On pourrait donc parler de swelling critique.
– 400 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.26 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des mélanges C6+ /CO2 de Shariati
et al. [31] prédites par le modèle PPR78. () points de bulle expérimentaux. ( ) points critiques
calculés.
– 401 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.27 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des mélanges C6+ /CH4 de Shariati
et al. [32] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points critiques
calculés.
– 402 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Cramer et Swift [33] ont mesuré en 1985 à la température 344 K, les pressions de bulle de
22 mélanges multiconstituants (de 2 à 5 constituants) contenant entre 58 et 78,2 % en moles de
CO2 . Les autres constituants du mélange sont le n-butane, le n-décane, le n-butylcyclohexane
et le n-butylbenzène. La composition des 22 fluides de Cramer et Swift est donnée dans le
tableau V.7 ci-après.
n˚ du n˚ du
x1 x2 x3 x4 x5 x1 x2 x3 x4 x5
fluide fluide
Table V.7 – Composition molaire des 22 fluides de Cramer et Swift. Indices : 1 = CO2 ,
2 = n-butane, 3 = n-décane, 4 = n-butylcyclohexane, 5 = n-butylbenzène.
Les résultats graphiques de la modèlisation par PPR78 des 22 fuides de Cramer et Swift
sont présentés sur les figures V.28, V.29 et V.30.
Finalement, le modèle PPR78 prédit précisément ces points de bulle avec une déviation moyenne
en pression de 2,9 bar (i.e. 3,0 %) ce qui est très encourageant.
En 1984, Turek et al. [34] ont effectué des expériences de gonflement à deux températures
différentes sur un brut constitué de dix alcanes linéaires allant du méthane au tétradécane. Le
gaz d’injection utilisé est le dioxyde de carbone. 22 pressions de saturation ont été mesurées. La
figure V.31 montre que ces pressions sont bien restituées par le modèle PPR78. Sur les volets (a)
et (b) de cette figure, on représente les courbes de bulle et de rosée isothermes expérimentales
et calculées pour les deux températures étudiées. On a considéré pour cela le mélange comme
un pseudo-binaire CO2 (1)/brut(2). Sur le volet (c), on a représenté l’enveloppe de phases du
brut pur (i.e. sans présence de gaz d’injection) et les deux points de bulle expérimentaux. Sur
l’ensemble des 22 points expérimentaux la déviation en pression est de 2,8 bar (soit 2,3 % en
relatif) ce qui témoigne de la très bonne précision obtenue à partir du modèle. Nous travaillons
en effet sur des systèmes complexes (bruts synthétiques) et de manière totalement prédictive.
– 403 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.28 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 1 à 8 de Cramer
et Swift [33] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 404 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.29 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 9 à 16 de Cramer
et Swift [33] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 405 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.30 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 17 à 22 de Cramer
et Swift [33] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 406 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.31 – Mélanges de Turek et al. [34] modélisés par PPR78. () points de bulle et
de rosée expérimentaux. ( ) point critique calculé. (∗) FCMP calculée. (a) et (b) Courbes de
gonflement isothermes du brut [tel que défini sur la sous-figure (a)] par le CO2 à T = 322,0 K
et T = 338,7 K. (c) enveloppes de phases (P, T ) du brut sans gaz d’injection.
En 1977, un an après avoir publié la première version de leur équation d’état, Peng et Ro-
binson, ont proposé [35] une méthode de calcul efficace des points critiques des systèmes multi-
constituants s’inspirant des travaux de W. Gibbs. Afin d’illustrer cette méthode, ils ont calculé
à partir de leur propre équation d’état, les points critiques de 32 fluides différents dont les co-
ordonnées critiques étaient expérimentalement connues. Les compositions molaires de ces fluides
sont données dans le tableau V.8.
Les figures V.32 à V.35 représentent les points critiques expérimentaux et calculés sur les enve-
loppes de phases des 32 fluides.
Dans tous les cas, les points critiques sont bien voire très bien prédits par PPR78. Sur l’ensemble
des données critiques, les déviations en température et en pression entre le modèle et les points
expérimentaux valent :
∆Tc = 3,0 K = 0,91 %
∆Pc = 1,8 bar = 2,2 %
Contrairement à certaines idées reçues, nous démontrons donc qu’en utilisant un kij fonction de
– 407 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE Fluide n˚ x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7 x8 x9 x10 x11 x12 x13 x14 x15
– 408 –
18 0,4345 0,0835 0,4330 - - - - - - - - - 0,0490 - -
19 0,9100 0,0560 0,0012 - - - - - - - - - 0,0330 - -
20 0,9590 0,0260 0,0001 - - - - - - - - - 0,0150 - -
21 0,9500 0,0260 0,0078 - - - - - - - - - 0,0160 - -
22 0,9450 0,0260 0,0081 - 0,0052 - - - - - - - 0,0160 - -
23 - - - - - - 0,2465 0,2176 0,1925 0,1779 0,1656 - - - -
24 0,6626 0,1093 0,1057 - - - 0,0616 0,0608 - - - - - - -
25 0,7057 0,0669 0,0413 - 0,0508 - 0,1353 - - - - - - - -
26 0,2019 0,2029 0,2033 - 0,2038 - 0,1881 - - - - - - - -
27 - 0,3977 0,2926 - 0,1997 - 0,0713 0,0369 - - - - - - -
28 0,1015 0,3573 0,2629 - 0,1794 - 0,0657 0,0332 - - - - - - -
29 0,3160 0,3880 0,2230 - 0,0430 - 0,0080 - - - - - 0,0220 - -
30 0,9430 0,0270 0,0074 - 0,0049 - 0,0010 0,0027 - - - - 0,0140 - -
31 - - - - - 0,1989 0,1963 0,1483 0,1344 0,1213 0,1137 0,1142 - - -
32 0,6870 0,0333 0,0144 0,0030 0,0040 0,0016 0,0010 0,0011 0,0006 0,0008 - - 0,2441 0,0091 -
Table V.8 – Compositions molaires des 32 fluides de Peng et Robinson. Indices : 1 = méthane, 2 = éthane, 3 = propane, 4 = isobutane,
5 = n-butane, 6 = 2-méthylbutane, 7 = n-pentane, 8 = n-hexane, 9 = n-heptane, 10 = n-octane, 11 = n-nonane, 12 = n-décane, 13 = N2 ,
PPR78
14 = CO2 , 15 = H2 S.
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.32 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 1 à 8 de Peng-
Robinson [35] prédites par le modèle PPR78. (+) points critiques expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 409 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.33 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 9 à 16 de Peng-
Robinson [35] prédites par le modèle PPR78. (+) points critiques expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 410 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.34 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 17 à 24 de Peng-
Robinson [35] prédites par le modèle PPR78. (+) points critiques expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 411 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.35 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 25 à 32 de Peng-
Robinson [35] prédites par le modèle PPR78. (+) points critiques expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 412 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
la température, les équations d’état cubiques sont capable de prédire de façon très précise les
points critiques de mélanges complexes.
En 1991, Danesh et al. [36] ont mesuré 4 pressions de bulle à T = 373,15 K sur quatre bruts
synthétiques différents formés de 25 constituants. La composition de ces fluides est donnée dans
le tableau V.9.
Par ailleurs, une expérience de gonflement (swelling) a été réalisée sur le fluide 1 en lui injectant
à 373,15 K des quantités croissantes de gaz G dont la composition est également définie dans
le tableau V.9. Concernant la prédiction par PPR78 des quatre pressions de bulle des fluides
synthétiques, l’erreur moyenne en pression est de 9,9 bar (soit 4,2 %). Les résultats sont montrés
sur la figure V.36.
Concernant l’expérience de swelling, les pressions de saturation sont prédites en moyenne à 6,9 bar
(soit 3,0 %). Les résultats sont montrés sur la figure V.37.
Table V.9 – Compositions molaires (en %) des 4 fluides de Danesh et al. et du gaz d’injection
G utilisé pour l’expérience de swelling sur le fluide 1.
Nous pouvons donc constater une fois de plus, un pouvoir prédictif très satisfaisant de notre
– 413 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.36 – Traits continus : enveloppes de phasess (P, T ) des fluides de Danesh et al. [36]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) points critiques calculés.
Figure V.37 – Courbe de gonflement à T = 373,15 K du fluide 1 de Danesh et al. [36] par le
gaz d’injection G, modélisée par PPR78. () points de bulle expérimentaux. ( ) point critique
calculé. (∗) FCMP calculée.
– 414 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
modèle.
En 1996, Daridon et al. [37] étudient des bruts composés de méthane, de n-décane et d’alcanes
lourds contenant entre 18 et 30 atomes de carbones. Ils mesurent ainsi 54 pressions de bulle sur
quatre mélanges différents (repérés par les lettres A, B, C et D par la suite). La composition
molaire de ces mélanges est fournie dans le tableau V.10 ci-après.
En 2007, Yang et al. [38] ont mesuré à deux températures, les pressions minimales de miscibilité
dynamiques (M M P ) lorsque du CO2 est injecté dans un brut {43 % n-pentane + 57 % n-
hexadécane}. Ces deux températures sont : T1 = 313,15 K et T2 = 323,15 K. Ils obtiennent :
En utilisant le modèle PPR78, il est possible de prévoir très précisément ces valeurs :
Par conséquent, PPR78 est capable de prédire ces deux pressions minimales de miscibilité avec
une erreur inférieure à 5 % (4 % à la température T1 et 0,7 % à la température T2 ).
Ces résultats sont d’autant plus intéressants que nous savons par expérience qu’il est difficile de
prédire ce type de données.
– 415 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.38 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des 4 fluides de Daridon et al. [37]
prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle expérimentaux. ( ) point critique calculé.
En 1970, Wiese et al. [39] ont mesuré 61 pressions de bulle et 61 pressions de rosée sur 122
systèmes ternaires différents. Pour pouvoir tester les capacités de prédiction du modèle PPR78,
il est nécessaire d’évaluer les écarts entre les pressions expérimentales et celles calculées par le
modèle PPR78 aux températures des expériences.
Pour une température supérieure à celle du point critique, il existe à température fixée deux
pressions de rosée : l’une inférieure, l’autre supérieure. Pour pouvoir calculer des écarts corrects,
il est donc nécessaire de savoir si la pression de rosée expérimentale est de type inférieure ou de
type supérieure. S’il existe le moindre doute (i.e. si on ne sait pas si la pression de saturation
expérimentale est une pression de rosée supérieure ou inférieure), le point expérimental ne peut
pas être utilisé pour être comparé aux valeurs prédites par PPR78. Pour cette raison, sur le 61
points de rosée mesurés, nous n’en avons considéré que 54. 7 points de rosée n’ont en effet pas
pu être classés en point de rosée supérieur ou point de rosée inférieur.
Au final nous avons donc considéré 115 pressions de saturation : 61 pressions de bulle et 54
pressions de rosée. Le tableau V.11 donne la composition molaire des 115 mélanges associés à
ces 115 pressions de saturation.
La déviation moyenne en pression calculée pour les 61 pressions de bulle est de 3,0 bar (soit
2,2 %). Pour les 54 pressions de rosée, la déviation moyenne en pression est de 11 bar (soit
11 %). Les résultats des prédictions du modèle PPR78 pour ces 115 mélanges sont montrés sur
les figures V.39 à V.48.
– 416 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Table V.11 – Compositions molaires (en %) des 115 fluides de Wiese et al.
– 417 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.39 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 1 à 12 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 418 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.40 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚13 à 24 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 419 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.41 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚25 à 36 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 420 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.42 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚37 à 48 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 421 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.43 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚49 à 60 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 422 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.44 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚61 à 72 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 423 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.45 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚73 à 84 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 424 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.46 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚85 à 96 de Wiese et
al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( ) points
critiques calculés.
– 425 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.47 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚ 97 à 108 de Wiese
et al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( )
points critiques calculés.
– 426 –
V.2. CAPACITÉ DE PRÉDICTION DU COMPORTEMENT DES PÉTROLES PAR LE
MODÈLE PPR78
Figure V.48 – Traits continus : enveloppes de phases (P, T ) des fluides n˚109 à 115 de Wiese
et al. [39] prédites par le modèle PPR78. (+) points de bulle et de rosée expérimentaux. ( )
points critiques calculés.
– 427 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
V.2.4 Bilan
Le modèle PPR78 a initialement été mis au point pour permettre de prédire les comportements
des fluides pétroliers avec davantage de précision que les autres modèles. A travers les différents
fluides pétroliers dont la modélisation a été étudiée en détail dans ce chapitre, il est à présent
possible de se faire une idée précise des capacités de représentation de PPR78.
On peut à présent affirmer que notre modèle garantit dans l’immense majorité des cas une
prédiction fiable des comportements des mélanges pétroliers. La bonne précision du modèle ne
semble d’ailleurs pas affectée par le nombre de constituants présents dans les mélanges modélisés
par PPR78.
– 428 –
V.3. ANNEXE DU CHAPITRE : EXPÉRIENCES CLASSIQUEMENT RÉALISÉES SUR
LES FLUIDES PÉTROLIERS
Dans le vocabulaire pétrolier, le terme G.O.R. 5 désigne pour un pétrole, le rapport du volume
de gaz sur celui d’huile (i.e. de brut).
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CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
mesure que le volume augmente, la pression diminue et le fluide finit par atteindre le domaine
diphasique. La pression de saturation (i.e. pression de bulle ou de rosée supérieure) peut être
déterminée visuellement en observant l’apparition d’une phase gaz à l’intérieur de la cellule. Si
l’on continue d’augmenter le volume, on peut déterminer en observant la disparition de la phase
liquide, la pression de rosée ou la pression de rosée inférieure.
Les détentes isothermes à masse constante permettent de construire les enveloppes de phases à
composition constante telle que celle présentée sur la figure V.49.
L’injection de gaz dans un pétrole brut est une méthode couramment utilisée pour augmenter
le taux de récupération du brut. Le gaz injecté peut être de l’azote, du dioxyde de carbone,
un gaz naturel, etc. L’intérêt de l’opération est de rendre le mélange brut/gaz plus léger que
le pétrole brut et miscible afin de former un fluide homogène qui pourra alors être extrait du
gisement avec un taux de récupération pouvant atteindre les 90 %.
L’expérience de gonflement permet de déterminer la quantité maximale de gaz qui peut être
dissoute dans le brut de gisement à la température et à la pression de fond.
Les figures V.50 et V.51 représentent des courbes de gonflement. On utilise une représentation
pseudo-binaire. Le constituant le plus volatil est le gaz injecté dans le brut. Le brut de compo-
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V.3. ANNEXE DU CHAPITRE : EXPÉRIENCES CLASSIQUEMENT RÉALISÉES SUR
LES FLUIDES PÉTROLIERS
sition fixée est considéré comme un pseudo constituant. On trace sur cette figure l’évolution des
pressions de saturation (pressions de bulle, de rosée, de rosée inférieure, de rosée supérieure) en
fonction de la quantité Xgaz de gaz injectée dans le brut. La définition exacte de cette quantité
est :
Quantité molaire de gaz injecté
Xgaz =
Quantité molaire de pétrole + Quantité molaire de gaz
Si la pression de la roche réservoir est P0 , la quantité maximale de gaz que l’on peut injecter
dans le brut pour que le mélange brut/gaz reste monophasique est la valeur de Xgaz correspondant
au point de bulle de pression P0 à la température du gisement, c’est-à-dire X0 .
En utilisant ce type de représentations, le point critique de mélange (C) ne constitue pas un
maximum commun des courbes de bulle et de rosée. La pression maximale de saturation est
appelée pression minimale de miscibilité directe 6 (F CM P ). Pour toute pression supérieure
ou égale à la F CM P , les mélanges de pétrole brut et de gaz d’injection sont monophasiques
quelles que soient les proportions du mélange.
Contrairement aux représentations des binaires, les courbes de saturation ne se rejoignent pas
en Xgaz = 0 et en Xgaz = 1.
– En Xgaz = 0, le brut ne contient pas de gaz d’injection. Les pressions de saturation sont
donc celles du brut pur à la température du réservoir.
– En Xgaz = 1, le gaz d’injection est pur. Si la température du résevoir est supérieure à la
température du maxcondentherm du gaz, il n’existe pas de pression de saturation en Xgaz =
1 (voir figure V.50). La courbe de gonflement admet alors une quantité de gaz maximale
au delà de laquelle le mélange brut/gaz est monophasique quelle que soit la pression. Cette
quantité est appelée maxcondencomp.
Si la température du gisement est inférieure à celle du maxcondentherm du gaz, il existe une
ou deux pressions de saturation en Xgaz = 1 (voir figure V.51).
N.B. : le terme gonflement 7 s’explique par le fait que lorsqu’un gaz est injecté dans un pétrole
brut de réservoir sous-saturée, une partie de ce gaz peut se dissoudre dans le brut, ce qui a pour
effet d’accroître son volume.
Pour récupérer un pétrole dans un gisement, une technique couramment employée consiste à
injecter un gaz miscible afin que celui-ci se dissolve dans le pétrole et qu’il le pousse en direction
du puits de production. Un paramètre essentiel lors de la conception d’une opération d’injection
de gaz dans un brut est la pression minimale de miscibilité dynamique (MMP). Cette
pression ne doit pas être confondue avec la pression minimale de miscibilité directe (présentée
dans le paragraphe précédent) : lorsqu’un gaz est injecté dans un brut, les deux fluides ne sont
généralement pas miscibles en toutes proportions. Il se crée alors un équilibre diphasique local
au sein du brut. Les compositions de chacune des deux phases en équilibre étant différentes de
la composition du brut, il se crée alors des échanges de matière locaux successifs entre les diffé-
rents fluides à l’intérieur du réservoir. Ces échanges peuvent permettre d’aboutir à un système
monophasique. On parle alors de miscibilité dynamique. La pression minimale de miscibilité
est la première pression à partir de laquelle le brut et le gaz, au terme des échanges de matière
dans le réservoir, deviennent miscibles en toutes proportions.
Afin de mieux comprendre les mécanismes mis en jeu, on se propose d’illustrer la notion de mis-
cibilité dynamique en supposant que le brut L˚ et le gaz d’injection G˚ constituent un ternaire
6. first contact minimum miscibility pressure en anglais.
7. swelling en anglais.
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CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Figure V.50 – Courbe de gonflement isotherme dans le cas où le gaz d’injection pur est per-
manent à la température du réservoir. Xgaz , quantité de gaz injectée. C, point critique. M C,
maxcondencomp (). F CM P , pression minimale de miscibilité directe. Trait rouge : courbe de
bulle. Trait vert : courbe de rosée.
Figure V.51 – Courbe de gonflement isotherme dans le cas où le gaz d’injection pur est un
gaz à condensat à la température du réservoir. Xgaz , quantité de gaz injectée. C, point critique.
F CM P , pression minimale de miscibilité directe. Trait rouge : courbe de bulle. Traits verts :
courbe de rosée. (), pressions de rosée inférieure et supérieure du gaz à condensat pur à la
température du gisement.
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V.3. ANNEXE DU CHAPITRE : EXPÉRIENCES CLASSIQUEMENT RÉALISÉES SUR
LES FLUIDES PÉTROLIERS
Lorsque le gaz G˚est mis en contact avec le brut, 3 situations sont susceptibles de se produire.
Elles sont illustrées par les figures V.52 et V.53. Si la pression du réservoir est supérieure à
la pression de miscibilité directe (F CM P ), alors quelle que soit la quantité de gaz injectée, le
mélange brut/gaz est monophasique (cf. figure V.52).
Figure V.52 – Miscibilité directe des fluides L˚et G˚. La pression du diagramme est supérieure
à la pression de miscibilité directe.
Figure V.53 – A gauche : miscibilité directe des fluides L˚et G˚. La pression du diagramme est
égale à la pression de miscibilité directe. A droite : immiscibilité des fluides L˚et G˚. La pression
du diagramme est inférieure à la pression de miscibilité directe.
– 433 –
CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
diphasique (cf. figure V.53). Pour toute pression inférieure à F CM P , le segment [L˚G˚] intercepte
le domaine diphasique. Le brut et le gaz d’injection ne sont plus miscibles en toutes proportions.
Dans ce cas, il se peut que le mélange soit tout de même miscible à la sortie du réservoir,
et ce en raison du phénomène de miscibilité dynamique. Autrement dit, il se peut que suite
à de nombreux échanges compositionnels successifs entre les deux phases, le mélange brut/gaz
devienne monophasique.
Pour comprendre le fonctionnement de ce mécanisme, on considère le schéma de la figure V.54.
G˚ G˚
• t = t0 :
G1
L˚ L˚ L˚ L˚ L˚
L1
G˚ G˚
• t = t1 :
G1 G′1 G2
L1 L˚ L˚
L˚ L′1 L2
• t = tf :
Gf
L˚
ARRIERE AVANT
Figure V.54 – Echanges compositionnels lors de l’injection d’un gaz G˚ dans un brut L˚.
Sur le schéma ci-dessus, on représente la roche réservoir comme une succession discrête de
tranches de brut L˚. A l’instant t = t0 , on mélange le gaz G˚au brut L˚à l’arrière du réservoir. De
ce mélange résulte un équilibre liquide-vapeur L1 /G1 . Poussé par le gaz G˚, le gaz G1 se mélange
à l’instant suivant (t = t1 ) au brut L˚ situé dans la tranche de réservoir d’à côté. Il apparaît
alors dans la seconde tranche du réservoir un équilibre diphasique L2 /G2 . Ce phénomène se
poursuit ensuite et lorsque la tranche avant du réservoir est atteinte (à t = tf ), le fluide sortant
du réservoir est un mélange de gaz Gf et de brut L˚. Toute la question consiste à savoir si ce
mélange est monophasique ou diphasique. Deux cas peuvent se présenter.
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V.3. ANNEXE DU CHAPITRE : EXPÉRIENCES CLASSIQUEMENT RÉALISÉES SUR
LES FLUIDES PÉTROLIERS
Dans ce cas, le point représentatif du brut L˚ se situe à gauche de la ligne d’équilibre passant
par le point critique C.
Le point représentatif du mélange L˚/G˚est noté M1 . Ce point est traversé par la ligne d’équilibre
L1 /G1 . Le point représentatif du mélange L˚/G1 est noté M2 . Ce point est traversé par la ligne
d’équilibre L2 /G2 . En poursuivant ce processus itératif, on constate qu’au bout d’une infinité
d’itérations, le processus de miscibilité dynamique est limité par la ligne d’équilibre passant par
L˚. La phase gazeuse ne peut donc dépasser le point Gf situé sur cette ligne d’équilibre. Au cours
du processus, la composition de la phase gazeuse s’est rapprochée de celle du liquide L˚. Le gaz
s’est essentiellement enrichi en composés intermédiaires. Dans la mesure où la phase gazeuse est
limitée par Gf , on parle de miscibilité partielle.
Ce phénomène se produit pour des pressions inférieures à la pression minimale de miscibilité
dynamique (M M P 8 ).
Ce cas se présente lorsque la pression du réservoir est supérieure ou égale à la pression minimale
de miscibilité (M M P ). Le processus de miscibilité dynamique est présenté dans ces deux cas sur
les figures V.56 et V.57.
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CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Dans le cas où la pression du réservoir est exactement égale à la presion minimale de miscibi-
lité dynamique, le processus itératif tel que décrit auparavant converge vers la ligne d’équilibre
passant par le point critique du mélange ternaire. Dans ces conditions, on aboutit en sortie de
réservoir à un fluide monophasique issu du mélange d’une phase gaz critique Gf avec le brut L˚.
Dans le cas où la pression est supérieure à la M M P , la miscibilité totale est atteinte après plu-
sieurs contacts entre le pétrole brut L˚et les différents gaz G1 , G2 , ..., qui étaient de plus en plus
riches en composés intermédiaires.
– 436 –
V.3. ANNEXE DU CHAPITRE : EXPÉRIENCES CLASSIQUEMENT RÉALISÉES SUR
LES FLUIDES PÉTROLIERS
Les mécanismes de miscibilité qui viennent d’être décrits sont connus sous le nom de mis-
cibilité avant (ou frontale) 9 . Ceux-ci se produiront lorsque le liquide L˚ sera plus riche en
composés intermédiaires que le gaz G˚.
Le schéma ci-après permet de conclure sur la miscibilité avant du mélange L˚/G˚ suivant la
position du point L˚ dans le diagramme ternaire.
Miscibilité arrière
Lorsque le gaz G˚ est plus riche en constituants intermédiaires que le liquide L˚, se met en
place un mécanisme de miscibilité arrière 10 . Ce mécanisme est complètement similaire au
mécanisme de miscibilité avant si ce n’est que le gaz et le liquide ont des rôles inversés. La
miscibilité se produit alors à l’arrière du réservoir. Ce cas est illustré sur les figures V.59 et V.60.
On constate donc qu’au cours du temps, la composition de la phase liquide s’enrichit en composés
intermédiaires et se rapproche de la composition de la phase gaz G˚. Comme précédemment, la
pression minimale de miscibilité est la première pression à laquelle on observe une miscibilité
totale entre le gaz G˚ et le liquide L′f à l’arrière du réservoir.
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CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
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V.3. ANNEXE DU CHAPITRE : EXPÉRIENCES CLASSIQUEMENT RÉALISÉES SUR
LES FLUIDES PÉTROLIERS
Le schéma ci-après permet de conclure sur la miscibilité arrière du mélange L˚/G˚ suivant la
position du point G˚ dans le diagramme ternaire.
Dans le paragraphe traitant de la modèlisation des fluides pétroliers par PPR78, seules des
données de M M P sur des systèmes ternaires sont présentées.
Pour les systèmes ternaires, la M M P peut être calculée à partir de l’algorithme dit mono-
cellule :
On se place à une pression inférieure à la pression F CM P . A l’aide d’un algorithme de flash,
on calcule l’équilibre diphasique obtenu en mélangeant le brut L˚ avec le gaz G˚. On obtient un
équilibre L1 /G1 .
• Détermination de la M M P par le mécanisme avant :
On calcule à présent l’équilibre diphasique obtenu en mélangeant L˚ et G1 . On obtient un équi-
libre L2 /G2 . On calcule alors l’équilibre diphasique entre L˚ et G2 et ainsi de suite.
Si on constate après un grand nombre i d’itérations que l’équilibre Li /Gi est identique à l’équi-
libre Li−1 /Gi−1 , alors on a convergé sur une ligne d’équilibre limitante et donc la pression est
inférieure à la M M P .
Si au contraire, quelle que soit la quantité de gaz injectée, le mélange entre le brut L˚ et le gaz
Gi est toujours monophasique, la pression est supérieure à la M M P .
On peut alors déterminer par dichotomie, la valeur de la M M P par le mécanisme avant.
• Détermination de la M M P par le mécanisme arrière :
On calcule l’équilibre diphasique obtenu en mélangeant G˚et L1 . On obtient un équilibre L′2 /G′2 .
On calcule alors l’équilibre diphasique entre G˚ et L′2 et ainsi de suite.
Comme précédemment, la M M P par le mécanisme arrière peut être évaluée par dichotomie.
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CHAPITRE V. MODÉLISATION DES FLUIDES PÉTROLIERS À PARTIR DU MODÈLE
PPR78
Une fois les deux M M P (par les mécanismes avant et arrière) connues, la vraie M M P est la
plus petite des deux pressions. L’autre est la F CM P .
Conclusion
Pour les systèmes ternaires, il existe deux types de mécanismes possibles lors de l’injection
d’un gaz dans un gisement : soit une miscibilité avant (la plus fréquente), soit une miscibilité
arrière (plus rare).
Dans le cas général, il existe 2nc −2 mécanismes possibles pour un mélange de nc constituants.
N.B. : Pour un système binaire, il n’existe qu’un seul mécanisme possible. La MMP et la FCMP
sont confondues au niveau du point critique de mélange.
– 440 –
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– 443 –
BIBLIOGRAPHIE
– 444 –
Conclusion
445
CONCLUSION
Dans le futur, le modèle PPR78 devrait être étendu aux composés polaires tels que les alcools
ou l’eau, constituants parfois rencontrés dans les procédés impliquant les fluides pétroliers.
Pour ce faire, il sera très certainement nécessaire de modifier les règles de mélanges utilisées
jusqu’à présent et de faire dépendre le coefficient d’interaction binaire kij non seulement de la
température du mélange, mais également de sa composition.
– 446 –
Résumé
Résumé en français
Résumé en anglais
A predictive thermodynamic model, based on the group contribution concept, and called
PPR78, has been developed in order to be able to predict, with high accuracy, the behaviour
of petroleum fluids. PPR78 uses the Peng-Robinson equation of state with Van der Waals
mixing rules and a temperature dependent binary interaction parameter kij . This method is the
equivalent to the constant packing fraction mixing rules with a Van Laar excess Gibbs energy
447
RÉSUMÉ
model (gE ). To develop the model, an in-depth study on binary systems fluid phase equilibria,
was carried out. It was divided into two parts. Firstly, a phenomenological study made a reap-
praisal of the Van Konynenburg and Scott classification possible. Secondly, some general
rules for the calculation of isothermal, isobaric and global phase equilibrium diagrams were de-
monstrated. It is important to note that the study of the global thermodynamic stability is
essential in the calculations. Once these preliminary steps were realized, the extension of the
model to the CO2 , N2 , H2 S and sulfhydryl groups was performed. The fluid phase behaviour
of binary systems involving these four groups was accurately calculated by the PPR78 model.
Finally, the properties of petroleum fluids were predicted by PPR78 with an accuracy close to
the experimental uncertainty.
Keywords : equation of state, predictive model, group contribution method, binary interaction
parameter, critical locus, stability, Van Konynenburg and Scott.
– 448 –
RÉSUMÉ
– 449 –