PhotoTheoria14 201611
PhotoTheoria14 201611
PhotoTheoria14 201611
SOMMAIRE
SPÉCIAL PHOTO À PARIS 30
INTERVIEW : PETER PUKLUS 36
PUBLICATIONS 58
NOUVELLES EXPOSITIONS 70
EXPOSITIONS EN COURS 102
PHOTO-THEORIA
Magazine mensuel sur l'actualité de la photographie contemporaine
Rédaction : Nassim Daghighian • [email protected] • www.phototheoria.ch
Créé en 2011, Photo-Theoria est un site de ressources pédagogiques et un magazine en ligne. Historienne de
l’art spécialisée en photographie, Nassim Daghighian est membre de l'Association Internationale des Critiques
d’Art – AICA. Elle enseigne la photographie contemporaine, l’histoire de la photographie et l’analyse d’image à
l’École supérieure d’arts appliqués de Vevey – CEPV depuis 1997. De 1998 à 2004, elle a été conservatrice
associée au Musée de l’Elysée, Lausanne. Elle s’engage dès 1998 dans la promotion de la création actuelle,
en particulier comme membre fondateur et présidente de NEAR, association suisse pour la photographie
contemporaine de 2009 à 2013. Elle a été rédactrice en chef de NEXT, mensuel édité par NEAR, de 2008 à
2015. Dernier essai paru sur phototheoria.ch : " Réflexivité dans la photographie contemporaine ", janv. 2016 :
http://phototheoria.ch/up/reflexivite.pdf
Le premier portfolio de Photo-Theoria 14 est une présentation de quelques œuvres récentes proposées par
ème
les 178 exposants, galeries ou éditeurs, de la 20 édition de Paris Photo. Cette foire internationale dédiée
au médium photographique est l'événement incontournable du mois de novembre. De multiples expositions et
autres foires ont lieu à ce moment-là à Paris et je vous en propose ici une petite sélection. Le second
portfolio et l'interview de ce numéro sont consacrés à Handbook to the Stars de Peter Puklus, une œuvre
présentée à Paris Photo par la galerie berlinoise Robert Morat, qui représente l'artiste. Vous découvrirez
ainsi la genèse passionnante d'un livre d'artiste qui s'est mué en installation destinée à l'exposition. En 2017, je
développerai la thématique de l'exposition, non seulement dans mes comptes rendus liés à l'actualité suisse,
mais aussi dans un vaste projet éditorial sur l'exposition de la photographie contemporaine et son histoire…
Nassim Daghighian
À propos du triptyque inédit de Noémie Goudal, Les Mécaniques I, comme un clin d'œil à Robert Smithson :
" […] L’installation, qui prend la forme d’une centaine de facettes de miroirs intégrées dans un châssis en
bois, est photographiée dans une forêt tropicale, premier réservoir mondial de diversité biologique terrestre.
La structure est faite de telle sorte que les facettes des miroirs sont retirées au fur et à mesure, créant ainsi
de subtiles réflexions kaléidoscopiques des formations végétales que les miroirs projettent. La surface ainsi
fragmentée questionne l’acte même d’observer la nature comme notre perception de l’image qui porte en
elle une perspective décomposée. Les imperfections de la fabrication, délibérément laissées apparentes, se
mêlent au foisonnement vert de ce microcosme végétal constitué d’une variété de niveaux, de la terre à la
canopée. Comme une performance en temps réel, les trois photographies captent l’altération des strates de
la forêt. Tout en en pointant l’artificialité, ces images en soulignent la temporalité à l’ère anthropocène ; entre
changement, disparition et renouvellement. "
Source, à consulter pour lire l'intégralité du texte : http://www.parisphoto.com/fr/paris/exposants/les-filles-du-calvaire
Les images suivantes ont été proposées par les galeries qui exposent à Paris Photo et sont mentionnées dans la légende (courtoisie).
© Miki Kratsman, The Bedouin Visual Archive #2, 2015, tirage digital. Courtesy Chelouche Gallery, Tel Aviv
© Gohar Dashti, Stateless, 2015, tirage pigmentaire d'archive, 40x60 cm. Courtesy Robert Klein Gallery, Boston
Avec : Coline Amos, Cortis & Sonderegger, Lili range le chat, Lucas Olivet
Foire internationale dédiée à la photographie documentaire, What's Up Photo Doc présente cette année la
jeune photographie suisse. Salon créé en 2015 par Charlotte Flossaut, ex-directrice artistique de Photo Off,
il a pour but de favoriser la diffusion de la photographie documentaire, historique ou contemporaine.
L'exposition Les Usages du monde réunit des artistes rendant compte de la pluralité des démarches qui
interrogent le monde, son altérité, ses usages et nos existences, en écho avec l'écrivain iconographe et
voyageur Nicolas Bouvier, auteur en 1963 du magnifique et incontournable ouvrage L'usage du monde.
Curateur : Jeanmichel Jagot
Evénement : 09.11., 18h – 20h, vernissage du livre de Lucas Olivet, Black Water Ballad, éditions JB, Genève,
à la librairie du Centre culturel suisse, 32 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris
Colloque : 10.11.2016, 9h – 18h, La jeune photographie suisse, Auditorium de la Cité internationale des arts
Avec : Joerg Bader, directeur du Centre de la Photographie de Genève ;
Jörg Brockmann, photographe, galeriste, Genève ;
Nicolas Crispini, photographe, commissaire d'exposition et collectionneur ;
Hélène Joye-Cagnard, Journées photographiques de Bienne ;
Pauline Martin, commissaire d'exposition, Musée de l'Elysée, Lausanne ;
Virginie Otth, artiste enseignante, Ecole supérieure des Arts appliqués de Vevey et HEAD, Genève ;
Dr. Peter Pfrunder, directeur, Fotostiftung Schweiz, Winterthur ;
Nadine Wietlisbach, directrice, PhotoForum PasquArt, Bienne ;
Arno Camenisch, jeune auteur de langue romanche ;
Thomas Doubliez, consultant en photographie.
Table ronde en anglais menée par Duncan Forbes, co-directeur du Fotomuseum Winterthur.
Intervenants :
Melanie Bühler, curatrice indépendante, Amsterdam et New York ;
Joshua Chuang, New York Public Library ;
David Cunningham, Institute for Modern and Contemporary Culture, Londres ;
Camille Le Houezec et Joey Villemont, It’s Our Playground, Thorigny-sur-Marne ;
Nadine Wietlisbach, Photoforum PasquArt, Bienne.
Offprint
e
ENSBA, 14 Rue Bonaparte, 6 arr., 10.11. – 13.11.16
www.offprint.org
Cent-vingt éditeurs indépendants participent cette année au salon de
l'édition Offprint à l'École nationale des beaux-arts de Paris (ENSBA).
C'est une occasion unique pour découvrir des ouvrages originaux, des
éditeurs de livres de photographie alternatifs ou des auto-éditions.
Yannick Bouillis est à la base de ce projet créé à Paris en novembre
2010. Offprint est un "salon des pratiques émergentes de l’édition dans
la création contemporaine" qui a notamment été présent à Paris, Arles,
Londres et Milan.
Soulèvements
e
Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 8 arr., 18.10.16 – 15.1.17
www.jeudepaume.org
Georges Didi-Huberman, philosophe, historien de l’art et curateur a
réuni des œuvres anciennes et contemporaines en lien avec les défis
sociaux et politiques de la société. L'exposition Soulèvements est une
interrogation sur la représentation des peuples, au double sens
esthétique et politique. Georges Didi-Huberman s’appuie sur le travail
historique et théorique qu’il mène depuis quelques années en
parallèle d’une série d’ouvrages intitulés L’Œil de l’histoire et dont les
derniers abordent la question de l’" exposition des peuples " ainsi que
de l’émotion à ne pas exclure d’une anthropologie politique.
© Dennis Adams, Patriot, de la série Airborne, 2002, c-print, 102.5x137 cm, Coll. CNAP
Courtesy Galerie Gabrielle Maubrie
Ma Samaritaine 2016
Carte blanche aux jeunes artistes du Fresnoy
e
67-83 rue de Rivoli, 8-10 rue du Pont-Neuf, 1 arr., 4.11. – 4.12.16
www.lasamaritaine.com
Les jeunes artistes formés au studio national des arts contemporains Le
Fresnoy ont abordé très directement la matérialité du chantier de la
Samaritaine. Soit ils ont produit des œuvres clairement documentaires,
hésitant entre description fascinée de la destruction et évocation de
l’origine biblique du nom des lieux, soit ils ont récupéré des éléments
physiques pour les utiliser comme négatif. De très savantes
compositions, qui allient des techniques remontant aux origines de la
photographie à des points de vue très contemporains établissent ainsi
une tension temporelle très sensible, entre réalisme et fiction.
© Anaïs Boudot pour les Grands magasins de la Samaritaine, juin 2016 (lauréate du prix)
INTERVIEW
Peter Puklus. Handbook to the Stars
Peter Puklus (1980, Kolozsvár, Roumanie ; vit à Budapest, Hongrie) étudie dès 2000 à MOME – Université
d'art et de design Moholy-Nagy, Budapest, où il obtient en 2005 un Master of Fine Art en photographie. En
2004, il étudie à l'ESAG Penninghen, École supérieure d'arts graphiques, Paris, et en 2006, il finalise un
Master en nouveaux médias à l'ENSCI – Les Ateliers, École Nationale Supérieure de Création Industrielle,
Paris. Il prépare depuis 2006 une thèse en arts libéraux à l'école doctorale de MOME.
Peter Puklus a publié deux livres en 2012 : One and a half meter, Kehrer Verlag, Heidelberg et Handbook to
the Stars, Štokovec, Banská Štiavnica. Il a autoédité Maquette of a Monument Symbolizing the Liberation en
2014 et publié The Epic Love Story of a Warrior chez Self Publish, Be Happy, Londres, en 2016.
Parmi les nombreuses expositions personnelles de l'artiste en Europe, on peut mentionner la présentation
de Handbook to the Stars à la Lumen Gallery, Budapest, en 2011, au Fotomuseum Amsterdam en 2013 et
dans le cadre de l'exposition Unsafe to Dance au C/O Berlin en 2016. La série One and a half meter a été
présentée par la Robert Morat Galerie, Berlin, en 2016 et la série The Epic Love Story of a Warrior est
exposée à la Raster Gallery, Varsovie et au Capa Center, Budapest, en 2016 ainsi qu'au Riga Photomonth,
Riga, en 2017. Peter Puklus est en résidence artistique à New York de septembre à novembre 2016.
L'entretien entre l'artiste Peter Puklus et Nassim Daghighian a été réalisé en anglais par échange d'e-mails
entre mai et juillet 2016. Traduction de l'auteure, revue par l'artiste.
Les questions qui suivent avaient pour but de mieux comprendre le processus créatif de l'œuvre intitulée
Handbook to the Stars (2012), qui a d'abord été conçue comme un livre de photographie puis présentée en
tant qu'installation. L'idée est d'offrir au lecteur une analyse des différentes étapes qui ont mené à la
présentation de cette série dans l'espace d'exposition, en interaction avec la forme particulière du livre. Ce
travail constitue un tournant important dans la carrière artistique de Peter Puklus, mais malheureusement la
place manque ici pour discuter en détail des liens, très riches, entre cette œuvre et ses autres séries,
antérieures ou actuelles.
La prise de vue
Nassim Daghighian : Dans quelles conditions avez-vous réalisé les prises de vues de Handbook to the Stars ?
Peter Puklus : En fait, Handbook to the Stars a débuté en 2009 sous la forme d'un autre projet, intitulé
Budapest Eden, réalisé évidemment dans la ville où j'habite, Budapest, en Hongrie. Le projet a été
développé sous ce titre jusqu'à ce que je sois invité à une résidence artistique en 2011 au Banská St a nica
Contemporary dans la ville de Banská Štiavnica, Slovaquie, un espace géré par l'association culturelle
Štokovec. La résidence est organisée par un couple d'artistes-curateurs, Zuzana Bodnarova et Svätopluk
Mikyta, dans une gare encore en fonction. Comme la grande majorité des images ont été réalisées là-bas, il
m'était nécessaire de changer de titre.
La plupart des photographies ont été prises avec une appareil de grand format, la Linhof Technika 4x5 inch,
dès le début dans les rues de Budapest et en intérieur, dans mon logement qui à l'époque me servait aussi
d'atelier. Durant la résidence, je me suis focalisé sur des mises-en-scène en studio, des installations
temporaires, et j'ai commencé à expérimenter la combinaison de l'éclairage artificiel avec l'éclairage naturel.
Au cours de ce processus de création en atelier, j'ai réalisé que je voulais photographier des situations qui
n'existent pas, de sorte qu'il fallait les créer moi-même. Après avoir réalisé la prise de vue d'une installation
d'objets, je la démontais afin d'utiliser l'espace et les mêmes matériaux pour l'image suivante. Quelquefois, il
s'agissait d'un simple geste consistant à placer certains objets les uns sur les autres, mais parfois cela me
prenait des jours pour trouver la combinaison, l'éclairage et le point de vue qui conviennent. Ces situations
construites étaient tantôt inspirées par d'autres à travers le réemploi d'un objet, d'une couleur ou d'une idée.
Les photos sont de temps à autre recadrées et éditées, mais je dirais qu'en général, ce que vous voyez sur
les images est similaire à ce que je voyais sur le verre dépoli de la chambre photographique.
Carte et constellation
ND : Comment vous est venue l'idée de la constellation d'images présentée sur votre site comme un
canevas ou une carte (" map " en anglais) ? Quel a été le rôle de Claudia Küssel, historienne de l'art et
curatrice, qui signe le texte au début du livre Handbook to the Stars ?
PP : L'idée de la carte est apparue en deux temps. Premièrement, lorsque j'ai trouvé le titre qui me plaisait
car il faisait référence au ciel nocturne, qui est souvent représenté sous forme de cartes. Plus tard, l'idée
s'est confirmée au cours du processus d'édition du livre avec Claudia Küssel. Nous avons pris conscience
de certaines images plus " importantes " que d'autres et nous les avons placées en premier sur le sol de
façon assez aléatoire (ces six photos sont devenues les " grandes " étoiles). Puis nous avons relié ces
images aux autres de notre sélection en conservant une connexion entre elles.
Le mélange de prises de vue réalisées à Budapest et à Banská Štiavnica a fait partie du processus dès le
début, lorsque j'ai été invité à la résidence sur la base de ce que j'avais déjà accompli avec Budapest Eden.
Je voulais finaliser ce projet et le changement de lieu géographique nécessitait que je m'adapte.
Au début du processus d'édition avec Claudia Küssel, nous avons déterminé quelles étaient les
photographies-clés. Ces six images sont devenues les plus " grandes " dans l'agencement du livre et elles
sont connectées aux petites pour guider le regard de l'observateur d'une grande image à l'autre. C'est
exactement ce qui se produit lorsqu'on regarde le ciel nocturne et en particulier sa représentation sur une
carte astrologique : les plus grandes étoiles sont connectées aux plus petites et forment un signe.
Dans le cadre de la résidence organisée par Štokovec, nous devions faire une demande de bourse pour
soutenir mes frais de séjour. Il était logique de s'adresser au Visegrad Fund, qui soutient les créateurs
culturels pour des collaborations entre Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie – les pays qui
constituent le groupe de Visegrad suite à un accord historique en 1335. C'était la procédure habituelle et,
dans le cas d'une résidence artistique, il est courant de présenter les travaux créés à cette occasion lors
d'une exposition. Alors que la fin de ma résidence approchait, il me semblait qu'il ne valait pas la peine de
monter une exposition dans une si petite ville. J'ai donc proposé de transformer le projet en utilisant notre
énergie et les moyens financiers (destinés à l'exposition) pour publier un livre.
PP : Pour compliquer encore plus les choses, le projet avait un titre différent pendant la résidence : How to
build a Sun. Je l'aimais beaucoup car il faisait référence à ce que je voulais dire : en tant qu'artiste, tu dois
être capable d'avoir ta propre signature, un style ou un univers – avec le soleil au centre de ton propre
système planétaire. Le projet était presque finalisé lorsqu'un ami m'a signalé que le titre existait déjà comme
intitulé d'un chapitre de livre d'un photographe allemand *. Après un bref moment de panique, il m'a fallu
trouver autre chose : c'est à ce moment-là qu'il a été très pratique de faire appel aux synonymes anglais de
www.wordreference.com. J'ai fait des recherches pour chaque mot du titre original afin d'établir une liste de
termes, puis j'ai commencé à relier les options appropriées. J'ai choisi les plus adéquates pour exprimer le
concept lorsqu'elles sonnaient bien à l'oreille. Pour moi, " handbook " (un manuel) est quelque chose qui
m'aide à comprendre certaines notions, idées ou messages créés par l'esprit humain ou en lien avec
l'humanité.
Le titre fait référence à plusieurs choses : lorsqu'on regarde le ciel nocturne, on voit de grandes et de petites
étoiles. À l'origine, les peuples leurs associaient différentes significations et histoires afin de comprendre ou
d'expliquer l'univers. Par exemple, ils reliaient de manière assez arbitraire un groupe d'étoiles et disaient qu'il
s'agissait d'un scorpion, d'un lion ou d'une vierge au-dessus de nous – pour moi, ce procédé me paraît
assez drôle et absurde, mais en même temps, cela m'a inspiré pour comprendre comment l'esprit humain
fonctionne. J'aime la capacité infinie de notre cerveau à connecter des choses sans lien apparent entre elles
et à inventer des histoires à partir d'elles. C'est aussi la raison pour laquelle le livre contient des images qui
représentent différents genres ou styles de photographie. Sommes-nous capables de les voir comme un
travail artistique formant un tout, alors qu'il y a toutes sortes de choses, de la nature morte au paysage, du
nu à l'installation ? Ainsi, le livre est également une tentative de symboliser ou de servir de modèle au
processus de la compréhension et au travail de la pensée.
* Edgar Leciejewski, NYC - ghosts and flowers - how to build a sun, Leipzig, Lubok Verlag, 2011.
La réalisation du livre
ND : Une fois que vous avez trouvé l'idée de la constellation, comment cela a-t-il été traduit sous forme de
livre. Comment avez-vous travaillé avec Claudia Küssel et le graphiste Palo Bálik ?
PP : La première étape de la carte était une sélection de photos sur le sol où sont mises en évidence les
images-clés censées devenir plus grandes et être reliées aux autres. Ensuite, le projet a été transposé sur
l'ordinateur, où j'ai recréé la carte en mettant les images à la taille voulue. Puis j'ai placé sur la carte trente-
deux " fenêtres ", des rectangles tracés au trait rouge qui représentent les doubles pages ouvertes du futur
livre. C'est ce qui se produit avec les cartes d'une ville imprimées dans un guide : chaque page propose une
fenêtre sur une certaine zone de la ville et lorsqu'on tourne la page, on déplace son regard sur la zone
voisine. Mais, au lieu de suivre le schéma très géométrique de la grille (comme c'est le cas des cartes de
ville ou, dans Illustrator, la grille tracé en gris clair), j'ai procédé selon une règle reposant sur l'esthétique de
la composition. Les cadres rouges indiquent les pages réelles du livre. La carte a ensuite été agrandie et mise
à l'échelle réelle pour que la hauteur de chaque cadre soit 21 cm (puisque le format du livre est 16x21 cm).
Les pages ont donc été imprimées à l'échelle 1 : 1, coupées, pliées et reliées pour obtenir la forme finale du
livre. **
Au début du processus, Claudia Küssel m'a été d'une grande aide pour résumer et adapter tout ce qui
jaillissait de mon esprit en ébullition, puis Palo Bálik m'a permis d'améliorer mes fichiers, de travailler sur le
projet en prépresse et la mise en page du texte, ainsi que de créer cette magnifique couverture.
J'ai rencontré Claudia en 2010 lors d'une lecture de portfolios à Budapest. À l'époque, elle était curatrice au
Fotomuseum Rotterdam, puis elle a joué un rôle curatorial important à FOAM – Fotografiemuseum
Amsterdam (2012-2015), avant d'être engagée par le Stedelijk Museum (2016). Palo est un designer
indépendant et un professeur de graphisme basé à Bratislava, Slovaquie. Il m'a été présenté par
l'association Štokovec, pour laquelle il avait réalisé le graphisme d'une majeure partie de leurs publications.
PP : Je n'ai pas du tout pensé à " recréer " la carte en utilisant des livres avant que je ne reçoive mon paquet
d'ouvrages de l'imprimeur. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à jouer avec les livres sur le sol de mon
studio et que j'ai découvert cette possibilité. Je sais, rétrospectivement cela ne semble pas très rationnel,
mais c'est ainsi que cela s'est passé.
Ensuite, j'ai été invité à une exposition collective à la Galerie Nationale de Hongrie, Budapest, en 2012 –
World Models, sous le commissariat de Mónika Kumin, Zsolt Petrányi et László Százados – et j'ai proposé
mon idée aux curateurs. Ils l'ont appréciée puis, avec l'équipe technique du musée, nous avons développé
un système d'accrochage des livres pour présenter l'installation. Celle-ci a par la suite été exposée dans dix
villes différentes, parfois parallèlement avec des images encadrées de la série, parfois sans – cela dépend
généralement de l'espace à disposition.
La manière idéale de présenter le projet est de pouvoir montrer, dans le même espace, l'installation de
livres, les photographies encadrées (ou une partie d'entre elles) ainsi que les objets tridimensionnels et les
sculptures. Cela fut le cas dans les expositions Handbook to the Stars au FOAM en 2013 (curatrice : Claudia
Küssel) et Unsafe to Dance au C|O Berlin en 2016 (curatrice : Ann-Christin Bertrand).
ND : En tant qu'artiste utilisant la photographie, est-ce que l'emploi d'une constellation d'images, dans un
livre ou une exposition, vous donne plus de liberté pour tester ou jouer avec les limites du médium
photographique ?
PP : J'ai conscience du fait que le tirage photographique, placé dans un cadre en bois et accroché sur un
mur blanc, puisse constituer une étape importante du médium. Cependant, j'ai personnellement toujours été
très intéressé par ce qui se passe devant ou derrière, avant ou après ce moment figé que l'on appelle
photographie. Je ne me suis jamais considéré comme un photographe, mais plutôt comme un artiste
utilisant principalement le médium photographique. Cette approche m'amène à bondir librement entre les
sujets, les médias ou les projets, et à tenter ainsi de repousser les frontières du médium. C'est ce qui s'est
passé pour la première fois alors que je travaillais sur Handbook to the Stars, puis cela est devenu plus
visible et c'est une caractéristique de ma pratique actuelle. Mon dernier projet ambitieux, The Epic Love
Story of a Warrior, en est également un bon exemple. Il contient non seulement des photographies, mais
aussi des sculptures, des installations, des ready-mades et des vidéos. Le projet est publié sous forme de
livre en septembre 2016 par l'éditeur Self Publish, Be Happy, basé à Londres.
© Peter Puklus, Handbook to the Stars, 2012, exposition Foam 3h, Fotomuseum Amsterdam, 2013, photo : Christian van der Kooy
© Peter Puklus, Handbook to the Stars, 2012, exposition Unsafe to Dance, C|O Berlin, 6.2. – 24.4.2016, photo : © David von Becker
Photographes : Anna Artaker, Roger Ballen, Stéphane Couturier, Lorenz Estermann, Hans-Peter Feldmann,
Arno Gisinger, Nilbar Güreş, Matthias Hoch, Horáková & Maurer, Orit Ishay, Eirik Johnson, Amar Kanwar,
Anastasia Khoroshilova, Taiyo Onorato & Nico Krebs, Louise Lawler, Andreas Müller-Pohle, Oliver Ressler,
Jana Romanova, Thomas Ruff, Gregor Sailer, Günther Selichar, Taryn Simon, Guy Tillim, Borjana
Ventzislavova, Christina Werner.
EIKON, magazine trimestriel bilingue (allemand / anglais), fête ses vingt-cinq ans en publiant un bel objet en
lien avec ses activités éditoriales : un coffret de cinq volumes de 40 pages, pour lesquels cinq auteurs ont
été invités à choisir cinq photographes par volume pour illustrer une piste thématique en lien avec les
pratiques photographiques contemporaines – d'où le titre quelque peu énigmatique de 5x5 Photo Tracks.
Depuis une quinzaine d'années, le photographe documentaire Edward Thompson (1980, GB) s'est intéressé
aux enjeux environnementaux, aux mouvements socio-politiques, aux sous-cultures et aux conséquences de
la guerre. Il donne souvent des conférences et a fondé la School of Punktum, une formation rapide pour les
photographes talentueux sans revenus. Sa première monographie, The Unseen, est un ouvrage ambitieux
et foisonnant, qui réunit une douzaine de séries ayant pour premier point commun l'utilisation d'un film
inversible à sensibilité infrarouge et à couleurs fausses Kodak Aerochrome, aujourd'hui en fin de stock. Le
photographe ne disposait ainsi que de 52 rouleaux pour réaliser son vaste projet de 2011 à 2016. L'autre
élément, essentiel, qui lie les travaux, est la forte implication d'Edward Thompson dans des sujets liés à
l'avenir de la planète. Son fil conducteur est l'idée d'explorer une partie des multiples usages possibles du
film infrarouge pour nous amener à réfléchir à des problématiques qui ne sont pas toujours visibles, mais
peuvent parfois être photographiées. L'infrarouge comme une mise en évidence des enjeux de demain !
à Présentation du projet par le photographe en anglais, 4'28'' : https://youtu.be/m1N1m8OnPJg
Le livre : https://youtu.be/hjRcYuEBu5c Lire un extrait : https://issuu.com/schiltpublishing/docs/issuu_edward_thompson
L'intention du photographe est claire dans sa dédicace à tous ceux qui firent appel à l'infrarouge pour
amener à une compréhension et à une amélioration de l'environnement humain. Pourtant, l'un des premiers
usages du film à infrarouge dans les années 1940 fut militaire, car il permettait de détecter les soldats
camouflés et d'effectuer des repérages aériens. Richard Mosse, photographe documentaire conceptuel,
s'était approprié l'infrarouge en le détournant de cet usage lorsqu'il réalisa la célèbre série Infra (2010-2011)
en RDC pour rendre visible une guerre peu présente dans les médias.
Edward Thompson a fait une recherche approfondie sur l'histoire de cette technique infrarouge et le récit de
ses découvertes accompagne les différents chapitres de l'ouvrage, ainsi qu'un choix intéressant de citations.
Il ne s'agit pas réellement d'un Atlas et le photographe a volontairement " déstructuré " la séquence des
images en introduisant entre deux chapitres des photos appartenant à d'autres séries, ce qui permet de
tisser des liens entre différentes parties du livre. Quelques impressions sur papier calque viennent
également apporter une autre lecture des images. À la série The Village (le village anglais de Pluckley, qui
serait hanté) répond The City (Londres, très polluée), à l'astrophotographie de la série The Beginning and
the End succèdent les apiculteurs semblables à des cosmonautes de The Apiary, série qui soulève la
question de la fragilité de l'écosystème (mort des abeilles), alors que notre propre vulnérabilité est mise en
évidence dans The Vein et dans les vues pathologiques d'organes de la série The Gross Specimen.
Dans la série After the Flood, After the Red River Valley, réalisée en Inde après de graves inondations et
des conflits humains entre indigènes et réfugiés, le photographe subvertit l'usage de l'infrarouge des années
1970 (la photographie aérienne servant à constater les dégats dans les cultures), pour placer les humains
au centre de ses photographies. Dans The War, ce sont des peintures, réalisées lors de divers conflits par
l'unité de camouflage des ingénieurs royaux, qui sont soumises à l'infrarouge.
Les questions liées à l'environnement ont une place de choix dans l'ouvrage, non seulement dans la série
The Apiary, mais aussi dans Hellir consacrée à la fonte des glaces en Islande – seule série imprimée sur
papier glacé pour mettre en évidence la profondeur et l'intensité des bleus – et dans The Red Forest, qui
revient sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. En regardant les images de près, on observe de petits
points provoqués par la radioactivité encore présente à Pripyat.
Chaque chapitre comporte de nombreuses photographies, soigneusement légendées en fin d'ouvrage. Le
travail documentaire est ici associé à un grand soin apporté à l'esthétique de la publication. Bien que
l'infrarouge donne un aspect très artificiel aux images, parfois même spectaculaire, le contenu l'emporte et
l'on se rend compte que le procédé nous amène à une lecture plus attentive des phénomènes en cours. Le
tour d'horizon auquel nous a invité Edward Thompson nous laisse perplexes quant à l'évolution de la vie sur
terre. S'y ajoute un véritable chant du cygne du film infrarouge, procédé analogique qui disparaît et possède,
selon le photographe, une richesse inégalée par les techniques numériques.
Nassim Daghighian
Photographes : Sarah Moon, Lise Dua, Stanley Greene, Jeannie Abert, Jean-Christian Bourcart, Matthieu
Rosier, Françoise Huguier, Sajede Sharifi, Antoine d’Agata, Santiago Torres, Denis Rouvre, Steven Daniel,
Paolo Woods, Elsa Leydier, Dorothée Smith, Rébecca Topakian, Denis Darzacq, Swen Renault.
Ce petit ouvrage au graphisme élégant constitue une première synthèse d'une collaboration particulière
établie entre l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles et Olympus, qui apporte depuis huit
ans son soutien à l'institution. En 2013, le projet de parrainage entre trois étudiants de dernière année et
trois photographes de renommée internationale est lancé. Au début de leur troisième année, les étudiants
intéressés à participer présentent un portfolio et proposent un photographe de parrainage. Celui-ci choisit
dans son travail personnel une quinzaine d’images, auxquelles l'étudiant devra répondre par de nouvelles
photos. Un dialogue photographique et des conversations nourrissent les relations qui se nouent entre les
participants, souvent vécues comme très enrichissantes de part et d'autre. Le modèle maître-disciple peut
impressionner certains jeunes au début, mais rapidement des échanges francs et constructifs s'établissent.
Ces " échanges de vues " sont exposés chaque été dans le cadre des Rencontres de la photographie d'Arles
et les dix-huit photographes ayant participé de 2013 à 2015 ont également été présentés à la Galerie Les
filles du calvaire en décembre 2015, peu après la sortie de l'ouvrage. Celui-ci contient une présentation de
Fany Dupêchez, directrice artistique, et un entretien mené par Natacha Wolinski entre Didier Quilain,
président d'Olympus France-Benelux, et Rémy Fenzy, directeur de l'ENSP, qui permettent de comprendre les
motivations des partenaires et leur évaluation positive de ce pari audacieux sur les talents émergents.
La partie portfolio du livre est très clairement structurée de manière chronologique avec, pour chaque duo de
photographes, un bref texte d'introduction sur leur démarche artistique et une quinzaine de pages avec les
images du photographe renommé puis celles du diplômé. La plupart des jeunes photographes ont acquis un
style personnel qui se distingue nettement de celui de leur " référent ". Leurs stratégies d'appropriation peuvent
être de l'ordre du déplacement (du global chez Paolo Woods au local chez Elsa Leydier) comme du collage
et de la déchirure (Jeannie Abert avec les photos de Stanley Greene). Certains travaux sont parfois moins
aboutis, mais l'ensemble fournit une belle palette de démarches artistiques prometteuses.
L'ouvrage se clôt sur une belle collaboration entre Denis Darzacq et Swen Renault qui proposent des
diptyques de leurs photographies de Recomposition(s), dans une approche ludique des objets du quotidien.
Nassim Daghighian
à Échanges de vues à la Galerie Les filles du calvaire, Paris, 4.12.2015 –16.1.2016, 5'18'' : https://vimeo.com/151648652
" Lise Dua répond au noir et blanc inquiet de Sarah Moon par la pâleur lactée d'images suspendues, elles
aussi, aux rêves d'enfance. À tout moment, le merveilleux peut basculer dans l'étrange. Il suffit d'un voilage,
d'une mappemonde, d'une lumière d'aurore pour transformer la chambre en bateau ivre, et le réel en fiction. "
" Swen Renault répond à deux séries de Denis Darzacq fondées sur le détournement d'objets anodins tels
que des cartons d'emballage ou des éléments de chaises Ikea. Opérant une cueillette sauvage, à ras de
trottoir, Swen Renault s'approprie quant à lui des objets trouvés auxquels il insuffle une seconde vie. Le
jeune photographe ensemence une réflexion sur la société de consommation en déconnectant ces objets de
leurs usages et de leurs contextes. Entre contenu et contenant se glisse un équilibre précaire, une poésie de
l'absurde. "
Source : Échanges de vues, Trézélan, Filigranes, 2016, p.28 et p.122
NOUVELLES EXPOSITIONS
Temps continu
MBAL – Musée des beaux-art du Locle, Le Locle, 06.11.2016 – 29.01.2017 ; vernissage 05.11., 18h
www.mbal.ch
Le cycle d'expositions Temps continu explore – à travers les médias de la photographie, la gravure, la
peinture ou l'installation, – la notion de temporalité, d'espace et de son au travers du regard singulier de
quatre artistes contemporains.
Stephen Gill (1971, GB) présente les séries Best Before End et Energy Field, qui est exposée pour la
première fois. Plusieurs travaux de l'artiste sont inspirés par l'arrondissement de Hackney à Londres et sont
des tentatives de refléter et de réagir à des aspects divers de l'existence de ce quartier à l'est de la ville qui
change sans cesse. Dans ces deux séries, la prise de vue est réalisée sur un film négatif couleur, qui subit
ensuite un processus de transformation visant à préserver quelque chose de l'intensité émotionnelle vécue,
même si les couches photosensibles ont été complètement altérées. Dans Best Before End, l'artiste utilise
des boissons énergisantes lors du développement pour, peu après, intervenir sur l'image (voir texte de l'artiste
page suivante), alors que dans le cas de Energy Field, les négatifs " énergisés " par les mêmes boissons
ont été séchés pendant trois ans avant d'être rephotographiés pour réaliser un tirage unique et une épreuve
d'artiste avant que le négatif original soit inséré dans un bloc de résine. Avec sa démarche expérimentale,
Stephen Gill mêle subtilement, et avec un brin d'humour, approches documentaire, conceptuelle et poétique.
Nassim Daghighian
" La série Best Before End est une tentative de montrer l'emprise grandissante des boissons énergisantes
sur la vie citadine en réponse à son accélération. Ces boissons énergisantes aussi potentiellement
dangereuses que puissantes sont vendues et utilisées en quantités phénoménales comme support à une vie
en société qui dure de plus en plus longtemps et n'offre plus jamais la perspective d'être fatigué.
Avec Best Before End j'ai décidé de donner une présence physique au sujet dans les images. Les négatifs
en phase de développement ont été trempés dans des boissons énergisantes avant d'être rincées, causant
à la pellicule divers dommages et la ramollissant. Cela m'a permis de tordre les films et de jouer avec les
couches de couleurs ou encore de les manipuler à la brosse pour obtenir d'autres textures. Toutes les
boissons utilisées à cette fin provenaient d'East London, là même ou les clichés furent pris. "
Stephen Gill
Source : http://www.nuitetjour.xyz/gratuit/2016/4/19/op5paoaj0pshp2rabaspvabmx3wze6
“Nobody has made a better record of the energy field of this provocative place than the photographer
Stephen Gill. Stephen reveals himself, through his modest determination, his stalking and circling of the
subject, as a major documentarist, responder, playful conceptualist and dazzling visual poet. More than any
other bounty hunter of the margins, this man has recognised the obligation to collaborate with chaos, to
make art from difficulty, to mix forensic science (the microscope, the high-resolution medical camera) with
river mud, bugs, stones, and ribbons. Gill has become the absolute master of cultural superimposition: the
mundane with the lyrical seizure, ordinary folk going about their business alongside floral explosions, ants
crawling across unexposed film. Best Before End, is a Stephen Gill apotheosis. It is hard to discuss these
painterly prints without returning to the metaphor of alchemy – which has always been a part of London’s
occulted history, from the Elizabethan magus John Dee to the libertarian filmmaker Derek Jarman. Alchemy,
the serious practitioners understood, is about process, repetition, going through the same rituals, time after
time, to achieve the golden light within your own consciousness. It was never about the vulgar
metamorphosis of dirt into gold. It was about understanding how we must keep on, following our blind
instincts, refining our craft, until the craft refines us, burning off everything unnecessary and false. Gill’s
brilliant intuition here is to involve toxic energy drinks, Hackney’s junk Viagra of the supermarkets, as an
active agent in the process of layering an image. Territorial descriptions, low key by intention, records of persons
and places, are developed and then finessed in a bath of fizzing sugars. The cellular damage is spectacular.
The large prints are the fulfilment of Gill’s alchemical marriage between photography and painting, local
particulars and corporate marketing. I think they are among the finest things Stephen has done. The
crowning glory of an astonishing and perhaps definitive account of the argument between artist and place. "
Iain Sinclair
" […] Death is shown to be the only viable strategy for separating matter from its subject. The most sensual
of dances emerges as the final sleep speeds towards us. One day I sat down with Stephen to witness the
cooking of the images in the different energy drinks. The process was extraordinary as the amphetamine like
juices of our cultural wasteland became part of the history of alchemy. Stephen coughed a lot I coughed and
felt nauseous. Through an effort of the will Stephen finished the book as his body was breaking. Of course
he ended up in hospital. This was his last work made in London. New horizons of a redemptive nature are
now his favoured habitat and laboratories. Even in this new environment his forensic analysis of the
metropolitan dilemma continues apace. "
Timothy Prus
Source : dossier de presse
Pour sa série The Raw and the Cooked (2011) Peter Bialobrzeski a parcouru quatorze pays différents à
travers l’Asie, dont la Chine. Manille, Singapour, Shanghai, Djakarta… Avec leur population passant la barre
des 10 millions d’habitants, certaines villes d’Asie sont de véritables fourmilières. Des citadelles symboles à
la fois du progrès et de la folie des grandeurs des hommes. Ces mégapoles (ou Méga Cités), le photographe
Peter Bialobrezski les a arpentées, en long, en large et en hauteur. En capturant le gigantisme étourdissant
de ces hyper villes, le photographe met en lumière les différentes problématiques qui les habitent. Si
l’expansion de ces villes a été fulgurante, elle a aussi manqué cruellement d’organisation et de rigueur. Ce
fut le fruit d’une réflexion de l’instant, et aujourd’hui des problèmes commencent à apparaitre. Comme à
Bangkok, où certains quartiers sont construits sur des zones inondables. Et enfin, dans une telle
concentration de modernité où les soucis d’efficacité et de rapidité priment sur le reste, comment donner à la
nature la place indispensable qu’elle mérite? Désormais, toutes ces villes doivent faire face aux difficultés
qu’elles ont engendrées. Il faut trouver des solutions, rapidement, mais toujours en s’inspirant du passé pour
préparer les succès du futur.
Les photographies de Peter Bialobrezski révèlent les sublimes et déroutantes contradictions de la ville
asiatique, sa splendeur, sa monstruosité, la rapidité de sa modernisation, son inquiétante insalubrité, sa
population dense, sa pollution lumineuse, ses contrastes improbables. Le travail à la chambre
photographique et les longs temps de poses brouillent les notions de jour et de nuit qui semblent ne plus se
distinguer. Dans une telle confusion spatio-temporelle, le paysage urbain paraît atemporel et global tout en
conservant les caractéristiques propres aux villes asiatiques. Entre ruines d’immeubles anciens et
immaculées constructions modernes, les villes représentées par Bialobrzeski semblent mélanger visions
dystopiques et exaltations de l’urbanisme asiatique.
Peter Bialobrezski (1961, Wolfsbourg, DE ; vit à Hambourg) a étudié la politique et la sociologie avant de
devenir le photographe attitré d’un journal local de sa ville natale. Après presque quinze ans dans le
domaine du photojournalisme, période durant laquelle il sillonne une grande partie de l’Asie, il décide de se
consacrer entièrement à ses projets personnels. Il étudie la photographie à la Folkwangschule à Essen et au
London College of Printing (LCP) à Londres. En 2002, il a été nommé professeur de photographie à
l’université des arts de Brême (HfK Bremen) ; il intervient lors de workshops sur le plan international. Il est le
lauréat du Erich Salomon Award de la Société allemande de photographie (DGPh) en 2012.
Peter Bialobrezski a publié de nombreux ouvrages dont, récemment, trois "City Diaries" : Cairo Diary, 2014,
Athens Diary et Wolfsburg Diary, 2015 ; ainsi que les livres édités par Hatje Cantz : Nail Houses or the
Destruction of Lower Shanghai, 2014, The Raw and the Cooked, 2011, Informal Arrangements, 2010,
Paradise Now et Case Study Homes, 2009, Lost in Transition, 2007, Heimat, 2005, Neontiger. Photographs
of Asian Megacities, 2004 et, chez Kurse Verlag, XXX Holy-Journeys into the Spiritual Heart of India, 2004.
Evénement : 05.12.2016, 10h – 18h, Masterclass avec Peter Bialobrezski (en allemand et anglais) organisée
par Photobastei, Zurich ; 5 à 12 personnes, CHF 300.- (l'inscription est validée après paiement de montant).
Le workshop est destiné à des photographes possédant de bonnes connaissances techniques. Prière de
s'inscrire en incluant un portfolio d'au moins 10 photos et un bref CV à : [email protected]
Sources au 2016 10 27 : http://www.festivalphoto-lagacilly.com/ et http://photographyofchina.com/blog-fr/peter-bialobrzeski
à À propos de l'enseignement de Peter Bialobrezski, voir (en allemand) : bialobrzeski-studenten.de et cultureandidentity.hfk-bremen.de
Vidéos sous-titrées en français à propos de Méga Cités, exposition lors du Festival Photo Peuples et Nature, La Gracilly, été 2012 :
https://www.youtube.com/playlist?list=PL71D3A6913934D465
Tous les jours, nous découvrons de nouvelles images de personnes qui ont été contraintes de fuir. Mais
savons-nous ce que signifie vraiment abandonner sa maison, son travail, sa famille et sa patrie ?
L’exposition Fuir permet aux visiteurs de se mettre dans la situation de réfugiés et de mieux comprendre ce
qu’ils vivent. Cette exposition est un projet commun de la Commission fédérale des migrations (CFM), du
Secrétariat d'État aux migrations (SEM), du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)
et de la Direction du développement et de la coopération (DDC). Elle met en lumière le destin des réfugiés et
explique qui peut bénéficier d'une protection en Suisse et dans d'autres pays. En outre, les visiteurs en
apprennent plus sur l'aide internationale, dont sont tributaires plus de 90 % des réfugiés dans le monde,
ainsi que sur le soutien apporté par la Suisse et sur le fonctionnement de ses procédures d'asile.
Source : communiqué de presse
On les appelle des électrosensibles: des gens qui réagissent par un malaise physique aux ondes
magnétiques. Ces personnes se réfugient dans des abris souterrains pour éliminer la charge magnétique et
cherchent des lieux pour se rétablir loin des wifi, antennes et transformateurs. Par exemple ici, dans des
endroits désertiques des départements français de la Drôme ou des Hautes-Alpes.
Jean Revillard a été formé à l’école d’Yverdon, où il a suivi les enseignements de Luc Chessex, Jesus
Moreno et Christian Caujolle. Par la suite, il se consacre principalement à la photographie, en tant que
photographe, galeriste (Europa à Genève, Focale à Nyon) et journaliste (Le Nouveau Quotidien, L’Hebdo).
En 2001, il fonde l’agence Rezo.ch, au sein de laquelle il remporte un World Press Award avec son travail
sur les cabanes des migrants de Calais, ainsi qu’un Swiss Press Award. En 2009, il est à nouveau
récompensé d’un World Press Award et du prix de la Ville de Prague. Actuellement, En 2010 il realise
"Sarah on the bridge" le Parcours d'une esclave sexuelle dans les forêts italiennes et gagne le grand prix du
publique des boutographies. En 2010 Il est engagé comme photographe du Projet Solar Impulse de
Bertrand Piccard. En 2011 il gagne le Prix Nicolas Bouvier pour l'ensemble de son travail. En 2014 il realise
Ondes reportage sur les éléctrosensibles.
L’artiste suisse Ursula Mumenthaler (née en 1955 à Staffelbach) vit et travaille à Genève. Dans son œuvre,
il s’agit souvent du jeu de la lumière et de l’architecture dans l’espace qu‘elle exprime par son médium favori,
la photographie. Cela a commencé par son intérêt pour l’espace intérieur, dans lequel l’artiste crée, au
moyen de l’installation et de la photographie, de nouvelles illusions de l’espace.
Depuis 2008, le rôle de l’architecture dans l’espace extérieur, en corrélation avec la nature, est un sujet qui
préoccupe fortement l’artiste. Elle s’inspire des images de presse de catastrophes naturelles qui inondent
presque quotidiennement nos média. C’est l’esthétique angoissante et tout à la fois captivante de ces
images qui inspire Ursula Mumenthaler pour ses travaux : l’être humain dans son combat constant contre la
force de la nature, à laquelle il essaie constamment de se soustraire, tout en échouant.
C’est ainsi que dans Area l’accent est mis sur le choc entre la nature et l’artificiel créé par l’homme. Dans
ses dernières œuvres photographiques, Ursula Mumenthaler montre des formations de bâtiments nichées
dans un paysage à l’allure souvent apocalyptique. Les villes en carton pour maquettes sont entourées de
photographies de façades existant réellement à Berlin et à Paris, auxquelles sont superposées des
photographies de paysages réels. L’effet de la superposition et le choix de la perspective aérienne confèrent
aux images une beauté destructrice.
La ville est envahie par les éléments de la nature, un peu comme dans le livre de l’auteur suisse allemand
Franz Hohler Die Rückeroberung (la reconquête). Elle paraît abandonnée, la lutte contre la nature semble
perdue. Seuls les bâtiments rappellent une civilisation autrefois existante.
Dans la série Journal en revanche, Ursula Mumenthaler utilise les images réelles de catastrophes
écologiques sous une forme abstraite. Le travail est montré comme une installation avec la publication
«Journal» qui en fait partie. Il s’agit d’images de presse que l’artiste a modifiées de façon telle qu’en tant que
négatifs colorés, elles suscitent une ambiance de fin du monde d’une grâce toute particulière. La fragilité de
notre monde, dans lequel nous essayons de tout contrôler, se ressent d’une manière insistante.
Marina Huonker, octobre 2016 ; traduction : Liliane Vindret
Source : communiqué de presse
Flowers
Fabian & Claude Walter, Zurich, 22.10. – 12.11.2016
www.fabian-claude-walter.com
Landscapes
Fabian & Claude Walter, Zurich, 02.11. – 12.11.2016
www.fabian-claude-walter.com
Avec : Sonja Braas, Balthasar Burkhard, Carlos Crespo, Georg Gerster, Peter Hebeisen, Hugo Suter,
Christian Vogt
The world is a book and those who do not travel read only one page (St. Augustine)
Bernheimer Fine Art, Lucerne, 20.10.2016 - 21.01.2017
www.bernheimer.com
Avec : Mirella Ricciardi, Jan C. Schlegel, Sebastian Copeland, Michael Kenna, Mat Hennek, Nick Brandt,
Silke Lauffs
" Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page "
Saint Augustin d'Hippone (354-430)
Cette exposition de groupe développe les thèmes du voyage, de la nature et du paysage dans les images de
sept principaux photographes. Mirella Ricciardi (1931, IT) est née au Kenya, dont elle a portraituré les six
tribus dans les années 1950-1960 ; elle publia en 1971 le livre Vanishing Africa avec ses plus belles prises
de vue. Jan C. Schlegel (1965, DE) est également fasciné par les cultures tribales d'Afrique ainsi que d'Asie.
Les changements rapides ont incités le photographe à garder une trace de leurs traditions et de leurs modes
de vie ancestraux. Attiré par les pôles Nord et Sud, Sebastian Copeland (1964, USA) documente les
paysages de glace avec des images très séduisantes. La photographe Silke Lauffs (1969, DE), le grand
voyageur-photographe Michael Kenna (1953, GB) ainsi que Mat Hennek (1969, DE) ont parcouru l'Europe,
l'Asie comme l'Afrique pour réaliser des vues fascinantes du monde naturel. Nick Brandt (1964, GB) est un
spécialiste de la vie sauvage en Afrique qu'il montre dans toute sa beauté et fragilité. Il s'est ainsi distingué
des autres photographes animaliers en réalisant de véritables portraits des bêtes les plus difficiles à prendre
en photo, au grand plaisir des amateurs de ce genre d'images.
Source : dossier de presse
OnPhotography
OnArte, Minusio, 16.10. – 26.11.2016
www.onarte.ch
Avec : Mariapia Borgnini (CH), Paolo Foletti (CH), Françoise & Daniel Cartier (CH), Gabriele Jardini (IT),
Alessandra Calò (IT), vidéo : Piritta Martikainen (FIN)
Le titre OnPhotography a été inventé sur le modèle de OnArte, l'espace d'exposition d'art contemporain à
Minusio, mais est plus précisément destiné à faire référence au titre du recueil d'essais publié en 1977 par
Susan Sontag, On Photography / Sur la photographie, qui est considéré comme un texte fondamental sur la
photographie et la lecture des images. L'exposition propose un dialogue ouvert et montre des œuvres de
divers styles, partageant un point commun : l'inscription du médium photographique au sein des beaux-arts.
Commissariat : Galleria Cons Arc, Chiasso
Source : site onarte.ch
Deuxième artiste présentée cette année à la galerie du Balkkon, Sandrine Gutierrez nous plonge dans un
univers intemporel où la matière prend forme lorsque la lumière manque. Première photographe accueillie
dans notre galerie, elle nous précipite dans le clair obscur d’un travail qui questionne autant notre perception
que le medium photographique contemporain. Sandrine Gutierrez (née en 1988 à Vevey où elle vit et
travaille) développe une recherche avec laquelle elle représente, sous une forme à la fois contrôlée et
hasardeuse, un regard étrange, une vision narrative sur l’être et la nature. L’exposition présente notamment
des projections et des éditions à la sauce DIY.
Après le vernissage, l'exposition est visible les mercredis de 17h à 19h.
Source : dossier de presse
" Une sorte d’évidence m’a poussé vers Las Vegas. Quand j’y ai réalisé mon premier voyage, nous étions en
pleine crise financière ; on nous avait expliqué en long et en large qu’elle nous venait des Etats-Unis, dont le
système économique semble demeurer un modèle pour l’Europe. J’ai ressenti le besoin de me confronter à
un emblème de la fabrication de l’illusion, au symbole même de l’entertainment made in USA. D’aller voir
derrière les lumières d’un système de valeurs délétère. "
Christian Lutz
De 2011 à 2014, Christian Lutz effectue plusieurs voyages à Las Vegas pour réaliser la série Insert Coins.
Cette ville est l’une des destinations les plus touristiques des Etats-Unis. Cité de tous les possibles,
scintillante, ultra-libérale, siège des plus grands casinos du monde et d’une architecture fantasque et
monumentale, Las Vegas est aussi un haut lieu du crime et de la prostitution. Figures hagardes sous les
lumières criardes, fêtards avinés endormis sur un trottoir, sans-abris déguisés dans l’espoir d’empocher
quelques pièces ou sosie hasardeux d’Elvis Presley, cette galerie de portraits dépeint les laissés pour
compte, les excès et les extrêmes d’une société anomique, les illusions et désillusions de ces destins
individuels. C’est de stupeur qu’a été frappé le photographe au cours de ses multiples voyages dans la ville
qui ne s’éteint jamais. Son observation incisive décape le vernis des joies artificielles, laissant apparaître des
êtres isolés, recrachés par des casinos carnassiers comme autant de fracas silencieux. Ici, tout semble
possible, surtout l’indifférence.
Christian Lutz (Genève, 1973) s’est formé à la photographie au 75, l’Ecole supérieure des arts de l’image de
Bruxelles. Sa démarche se base sur une observation scrupuleuse des dynamiques de notre société, en
étudiant des thèmes comme le pouvoir politique, économique et religieux. Distingué par de nombreuses
récompenses dont le Grand Prix Images Vevey 2009/2010 pour sa série Tropical Gift, son travail est exposé
dans le monde entier et fait régulièrement l’objet de publications.
Publication : La série Insert Coins fait l’objet d’une publication éditée chez André Frère en mai 2016.
Événement : lors du vernissage, concert de Louis Jucker & Emilie Zoé, le 08.11 dès 18h30
Les deux songwriters joueront un set inédit et intimiste, guitares et voix. De la folk de salon qui grince
comme une porte de grange. Folk / Lo-Fi - Hummus Records (CH), vernissage du nouvel EP The Hollow
Fourth de Louis Jucker, avec une image de couverture de Christian Lutz
Tony Kunz est le lauréat de la cinquième édition du Prix Focale – Ville de Nyon 2016. Grâce au soutien de la
ville, l'association Focale offre à un photographe talentueux un lieu d'exposition et un soutien à la production
d'un montant de CHF 5'000.-. Même si ce prix ne revient qu'à un seul photographe, le jury tient également à
féliciter Neige Sanchez et François Vermot pour leurs travaux respectifs.
" Wolfgang a 50 ans. Il me dit en avril 2013 qu'il a un cancer du colon. Je lui propose de l'accompagner et de
le photographier à l'hôpital ainsi qu'à son domicile.
À l'hôpital, le rituel est toujours le même: prise de sang, salle d'attente, rencontre avec ses docteurs, chimio,
parfois une radio, parfois une IRM. « Tout ce que j'ai fait et ce que j'ai vécu devait-il me conduire là ? À quoi
cela sert d'être malade ? » me dit-il dans la salle d'attente.
À son domicile, je retrouve Wolfgang envahi d'objets qu'il n'arrive pas à débarrasser. Dans ce capharnaüm
méthodiquement arrangé, je le fais poser, pour quelques minutes seulement, car il est trop affaibli.
Cette confusion entre la mise en scène dans son appartement et le pris sur le vif à l'hôpital apporte une
vision très personnelle sur la fin de son existence, la solitude et la mort. "
Tony Kunz
Tony Kunz (1969, CH) aime la photographie qui met en lumière l'être humain, la société, ainsi que le portrait.
Dès l'âge de 16 ans, il s'intéresse à l'image et aux voyages, puis étudie la photographie à Lyon. Il devient
freelance en 1999. Le photographe collabore avec différents stylistes et magazines dans le milieu de la
mode, dont Edelweiss et Profil Femme, pour des marques horlogères (Parmigiani, Hublot) et différentes
institutions (UBS, Nestlé). En 2006, il participe au Festival Images, avec une série sur un voyage de deux
mois en Amazonie. En 2007, il expose à Lyon un reportage réalisé au Sénégal sur les lépreux, les talibés et
les tirailleurs.
Source : dossier de presse
Pour la quatrième année consécutive, le Château de Prangins présente simultanément les deux principales
expositions dans le domaine de la photographie de presse : World Press Photo 16 et Swiss Press Photo 16.
Sous forme de photo isolée ou de reportage, des clichés de grande qualité rappelant les moments forts de
l’année écoulée seront à découvrir dès le 18 novembre 2016. Afin de promouvoir la photo de presse auprès
du jeune public, un parcours-jeu inédit est mis gracieusement à disposition. De même, une journée spéciale
permet aux photographes lauréats de présenter leur travail et de partager leurs expériences avec le public.
Les images primées de World Press Photo 16 ont été sélectionnées parmi 83’000 photos prises par 5’775
photojournalistes et photographes documentaires de 128 pays ! Images très fortes qui racontent la guerre,
l’exode de milliers de personnes, voire des destins particuliers. Ces photographies attirent l’attention sur une
réalité parfois très dure, mais elles évoquent aussi l’espoir, à l’instar du cliché de Warren Richardson devenu
photo de l’année 2015
e
Le Château de Prangins présente la 25 édition de l’exposition Swiss Press Photo consacrée aux meilleures
photos de presse suisses de 2015. L’afflux de réfugiés, le changement climatique ou le scandale au sein de
la FIFA sont autant de sujets couverts par le photojournalisme l’année dernière. D’autres thèmes plus
inattendus – la jeunesse des environs de Tchernobyl (Niels Ackermann photographe de l’année) ou les
sports de l’extrême – figurent dans la sélection d’images à voir jusqu'au 26.02.2017.
" Quels que soient les thèmes, sujets d’actualité suisse – conférence internationale sur le nucléaire à
Montreux, courses tests dans le tunnel du Gothard, arrestation à Zurich de certains membres influents de la
FIFA – ou sujets mondiaux – pollution en Asie, luttes entre gangs en Amérique du sud, afflux de réfugiés en
Europe –, les photographes de presse ont tous la même passion : raconter le monde, la réalité, parfois
difficile d’accès, en images. Pourquoi ? « Pas pour changer le monde, mais pour aider les gens à voir le
monde et peut-être à le comprendre un tout petit peu mieux afin qu’ils puissent décider s’ils s’en
préoccupent ou non, s’ils essaient ou non de le changer », réponse très pertinente de Kathy Gannon,
journaliste expérimentée qui a beaucoup travaillé avec des photographes, notamment avec Anja
Niedringhaus tuée en Afghanistan en 2014.
Les gagnants des deux concours photographiques, le Genevois Niels Ackermann pour son reportage sur les
enfants de Tchernobyl et l’Australien Warren Richardson pour sa photographie d’un homme faisant passer
un bébé de l’autre côté d’une frontière de barbelés, nous donnent à voir quelques facettes de la réalité du
monde. Niels Ackermann s’est intéressé aux jeunes gens qui vivent dans la ville de Slavoutytch construite
après la catastrophe de Tchernobyl. Le jeune photographe n’a donc pas voulu prendre des images de
Tchernobyl mais, comme il le dit lui-même, a tourné son objectif à 180 degrés sur Slavoutytch et sa jeune
population qui a hérité des problèmes de la génération précédente. Pour être au plus près de cette réalité,
Niels Ackermann est allé vivre en Ukraine : " Il faut défendre l’expérience journalistique qui consiste à passer
du temps sur place. C’est le meilleur moyen de sortir des idées reçues. "
C’est aussi ce qu’a l’habitude de faire Warren Richardson, le gagnant de World Press Photo 16,
photographe autodidacte spécialisé dans les projets à long terme consacrés, notamment, à des problèmes
humains. Il raconte à propos de la photographie primée : " J’ai campé cinq jours avec les réfugiés à la
frontière (frontière entre la Serbie et la Hongrie). Un groupe de près de deux cents personnes […] s’est
réparti sous les arbres le long de la clôture […]. Ça faisait bien cinq heures que j’étais là avec eux, et nous
avons joué toute la nuit au chat et à la souris avec la police. J’étais épuisé quand j’ai pris la photo. […] Il
devait être trois heures du matin et je ne pouvais pas utiliser le flash, car la police était à l’affût : ces gens
auraient été immédiatement repérés. Je ne pouvais donc me servir que de la lueur de la lune. " Comme
Niels Ackermann, Richardson a pris le temps nécessaire, malgré des conditions difficiles, pour réaliser une
image qui suscite chez le spectateur non pas une émotion, mais plusieurs : de la douleur pour le migrant, de
la crainte pour la sécurité de l’enfant et enfin de la colère face à l’égoïsme d’un monde qui érige des fils
barbelés. L’intérêt de ce cliché réside également dans le fait qu’il nous raconte plusieurs histoires et non une
seule en particulier : il y a celle bien sûr d’un homme obligé de se séparer de son bébé, mais il y a aussi
celle d’une solidarité entre êtres humains déracinés et enfin celle de tout un peuple fuyant son pays en
guerre. C’est cette lecture multiple − individuelle et universelle − qui contribue à la grande qualité de cette
image. De même, le reportage de Niels Ackermann rend compte à la fois du désespoir de ces habitants de
Slavoutytch sans avenir, mais aussi de leurs aspirations banales de jeune femme et de jeune homme :
travail, mariage, enfants …[…] C’est ce qui fait la force et l’émotion de ces photographies de presse : certes,
elles plongent le spectateur dans une réalité souvent dure, voire insoutenable, mais elles lui donnent aussi à
voir l’espoir qui continue à faire vivre même les plus démunis d’entre nous. "
Source : " Raconter le monde en images ", Magazine du Musée National Suisse, n°3, 2016, p.10-11 (article non signé)
" Lorsque Francisco de Orellana, conquistador espagnol, part à la recherche de canneliers en 1541, il ne se
doute pas que le hasard le mènera jusque dans les méandres du plus grand cours d’eau du monde :
l’Amazone. Campagnes d’évangélisation, construction de routes, fièvre du caoutchouc, extraction de pétrole
ou ruée vers l’or : cette zone fluviale n’a cessé d’être un carrefour d’échanges et d’attirer les convoitises. En
remontant les traces d’expéditions passées et grâce à des mises en scène discrètes, ce carnet de voyage
révèle diverses facettes de l’Amazonie contemporaine et de ses périphéries. Mes différentes collaborations
avec des communautés locales m’ont permis d’explorer la complexité des hybridations et des mystères qui
traversent la forêt. Une fois plongé dans cet univers domestiqué, les clichés romantiques des terres oubliées
ou du bon sauvage sont vite oubliés. Cette errance visuelle questionne plus largement la notion de progrès
et de développement. "
Yann Gross
Source : https://www.rencontres-arles.com/CS.aspx?VP3=CMS3&VF=ARLAR1_460_VForm&FRM=Frame%3AARLAR1_373
The random series est un projet photographique ouvert qui se construit sur une méthode spécifique répétée
dans différentes villes (Madrid, Berlin et Rome). Dans chacune d’elles, Miguel Angèl Tornero a documenté
de façon intuitive et spontanée ses activités journalières. Tel un touriste avide, il s’est arrêté sur tout ce qui
captait et interrogeait son regard. Ses prises de vue serviront d'éléments de base à l'élaboration de collages
digitaux à l'aide d'un logiciel de stitching. Dans le processus de création, l’artiste utilise à son avantage
l’erreur induite par le logiciel qui n’est pas développé pour mettre ensemble des images qui n’ont pas de lien
apparent direct. En ce sens l’imprévu prend le dessus créatif et devient le protagoniste principal de l’oeuvre.
Miguel Angèl Tornero (1978, ES) a fait ses études à l’Université de Grenade. Il vit et travaille à Madrid. Son
parcours d’artiste l’a amené à faire des résidences à l’Académie d’Espagne à Rome (2012/2013) et à la
Künstlerhaus Bethanien à Berlin (2010). Il a reçu des prix notamment : Grünenthal (2011), Generaciones
(2009), Purificacion Garcia (2007) et ABC (2003).
Source : dossier de presse
EXPOSITIONS EN COURS
Douglas Mandry. Unseen Sights
Bildhalle, Zurich, 07.10. – 12.11.2016
www.bildhalle.ch
Unseen Sights est la première exposition personnelle de Douglas Mandry. Elle réunit plusieurs séries liées à
la thématique du voyage à l'époque actuelle. Le titre de l'exposition joue sur l'expression “sightseeing” en la
détournant car il s'agit ici plutôt d'une visite dans un territoire irréel. Le photographe utilise divers procédés
analogiques pour manipuler ses prises de vue afin d'interroger nos relations aux images. Ses interventions,
qu'elles soient subtiles ou évidentes, transforment des lieux touristiques célèbres de manière ludique : une
façon de remettre en question le statut de la photographie dans la société du tout numérique.
La série en cours intitulée Unseen Sights est une réflexion sur la relation entre présent et passé. Les prises
de vue sont réalisées sur des sites archéologiques du Moyen-Orient, notamment au sud de la Turquie.
Chaque paysage original est retravaillé dans l'atelier de l'artiste, il est colorisé à la main avec de la peinture
ou du spray, éventuellement modifié avec de l'éclairage de studio additionnel.
Nassim Daghighian
Douglas Mandry est né en 1989 à Genève ; il vit et travaille à Zurich. Il a obtenu en 2013 son Bachelor en
Communication visuelle, département Photographie, à l'ECAL – École cantonale d'art de Lausanne.
" The reference to botanical and scientific illustration of the subject lead me towards a use of cyanotype to
develop my pictures. Yet rather than exposing the negatives to sunlight as per the classic cyanotype printing
process, I exposed each frame to the light of a solarium cabin for 5 minutes — the minimum amount of time
allowed by the machine. The development, on which I have no control, leads to the creation of 'wrong'
images, sometimes too bright, others not bright enough. By applying on the photographic body what is
normally used on the human body as an ersatz of tropical feeling, the pictures became an ethereal, ghost —
like echo of the saturated posters of tropical imagery. The title Five Minutes to the Sun refers to the process
as would the title of a utopist novel, an idealistic journey in which none of these pictures have actually seen
the sun, since they’re generated through artificial light. It’s a systematic way to generate other types of
pictures, using known settings of photography to actually reverse them, and try to give another meaning to
pictures we think we know."
Douglas Mandry
Source : dossier de presse
Promised Land : " C’est en réaction à une standardisation de la représentation du paysage et à une possible
perte de repères matériels dans l’ère digitale que mon projet se développe. Dans une volonté de me
rapprocher des procédés de retouche analogiques, mes photographies sont d’abord imprimées, puis
retravaillées en exploitant leurs propriétés physiques : le tirage est troué, frotté, modifié par l’ajout de
lumière, de fumée. J’ai recours à des jeux d’échelles et de perception. Fixées par l’appareil photographique,
ces expériences transfigurent des représentations traditionnelles du paysage, oscillant entre visions
fantastiques et apocalyptiques, états critiques et sublimes, nature déréglée et idéalisée. "
Douglas Mandry
Source : http://www.ecal.ch/download/wysiwyg/daa9743f3f6617e7a456234edd996654.pdf/ECALDiplomes2013Brochurelight.pdf
" The idea of transformation is central in my work. Based on multiple explorations of archeological sites in the
Near East, Unseen Sights is a new and on-going project focusing on the earth’s changes and the traces of
time seen from the digital era. I aim to create a link between past and present by using the illusionary
capacities of photography. In one part of my work, original landscape photographs are manipulated in the
studio through various interventions. I make use of the traditional technique of photographic colorization, a
method popular in oriental visual culture. Initially, this method served to enhance the realism of black and
white photographs, but unlike the original purpose of this technique I use it to abstract the photographs
instead. These interventions underline both the process of image making, as well as the archetypes linked to
oriental landscape photography. "
Douglas Mandry
Source : dossier de presse
Avec : Arunà Canevascini, Michel Pretterklieber, Evan Charles Antoine Ruetsch, Sara de Campos, Johanna
Kotlaris, Youqine Lefèvre, Florian Luthi, Kostas Maros, Nico Müller, Jessica Wolfelsperger.
Le vfg est une association de créateurs photographes basée à Zurich. Depuis vingt ans, elle permet aux
jeunes talents de promouvoir leur travail grâce à ce prix de la relève ; une publication accompagne chaque
édition. Le jury a primé les travaux suivants :
er
1 prix : Arunà Canevascini
ème
2 prix : Michel Pretterklieber
ème
3 prix : Evan Ruetsch
Prix MML : Sara de Campos
Depuis le début de sa carrière à la fin des années 1970, Roni Horn, née à New York en 1955, utilise des
moyens d'expression d'une grande diversité visuelle et matérielle : elle réalise des dessins, des
photographies, des textes, des livres d'artiste et des sculptures. Certains thèmes reviennent dans un grand
nombre de ses travaux. Citons avant tout la question de la faculté de transformation et de la pluralité de
l'identité, ainsi que la démonstration par des moyens artistiques des divergences entre l'essence des choses
et leur aspect visuel. Roni Horn accorde toujours une fonction majeure à la manipulation délibérée et en
même temps ludique du langage et du texte.
The Selected Gifts, 1974-2015 est une œuvre rassemblant 67 photographies différentes et présentée pour la
première fois à partir du 11 juin 2016 à la Fondation Beyeler. Comme son titre suffit à l'indiquer, il s'agit de
clichés de cadeaux que Roni Horn a reçus au cours des 40 dernières années, approximativement depuis le
début de sa carrière artistique. Ils regroupent aussi bien des livres, qu'une lettre d'amour, des dessins et des
photos d'amis, un œuf de dinosaure fossilisé ou un cygne empaillé. Ils sont immortalisés isolément par la
photographie, fixés par un regard "objectif2 et tirés dans cinq formats de hauteur identique (33, 35.6, 40.6,
45.7 ou 48.3 x 33 cm). À quelques exceptions près, ces objets si divers sont reproduits grandeur nature. Les
photographies des cadeaux sélectionnés ont une fonction documentaire. En même temps, elles constituent –
surtout considérées dans leur intégralité – un portrait possible de l'artiste, reflété par le choix des donateurs.
L'exposition Rani Horn, que l'on pourra voir parallèlement à la présentation des Selected Gifts, 1974- 2015 à
partir du 2 octobre 2016, réunit des ensembles d'œuvres choisis, nouveaux pour certains, qui englobent son
œuvre aussi bien dessinée que sculptée. Cette exposition est conçue dans un dialogue étroit entre Roni
Horn et Theodora Vischer, Senior Curator de la Fondation Beyeler, et est élaborée tout spécialement pour
les locaux du musée.
Curatrice : Theodora Vischer
Source : dossier de presse
La nouvelle série de Situations présente sous le titre de Filtre des images politiques traitant des mécanismes
de pouvoir dans la société, des systèmes de valeurs et de la manière de les produire, de les sélectionner et
de les faire circuler. Quelles structures et quels mécanismes s'inscrivent de manière invisible dans les
medias technologiques et nos représentations ? Comme filtrons-nous ce que nous regardons et comment
voyons-nous le monde ? Qui détient le pouvoir de déterminer les significations ? Telles sont quelques unes
des questions soulevées par les huit projets présentés dans Situations.
In the 1950s, Kodak’s “Shirley card”, showing a light-skinned woman, was used as a reference for
determining the “optimal” representation of colour. The chemical composition of the relationship between
colour and light was thus based on Caucasian, white skin types considered “ideal”, whereas only little
attention was paid to the depiction of darker skin in the production of colour film at the time. To Photograph
the Details of a Dark Horse in Low Light by the artist duo Adam Broomberg & Oliver Chanarin addresses the
problematic relationship between the history of photography and sociopolitical, ethnographic injustices. In the
series they made in Central Africa, the objectivity that the medium of photography has been said to embody
is unmasked as a myth as they deconstruct the racial biases inscribed into the technical apparatus. The
supposedly “natural image” is exposed as a social construct – itself in turn contributing to the reproduction of
discriminatory perception of the world. The “Strip Tests” invert the photographic reproduction process and
declare the test strip as the work of art itself: The development process turns into a dramatic presentation of
various shades of grey – and an emblem of thinking beyond black and white.
Source : http://situations.fotomuseum.ch/portfolio/broomberg-chanarin/
" Thinspiration Mosaic consists of a series of portraits of young anorexic girls from Pro-Ana groups. These
online communities advocate anorexia as a lifestyle and propagate eating disorders through a glorification of
the emaciated female body. Laia Abril captured their visual language by taking photographs of the thousands
of vernacular self-portraits shared by Pro-Ana members on their blogs and websites. In this act of re-
photographing, the artist turns their bodies into an abstract landscape of compulsion and destruction. Devoid
of individuality, they are transformed into a shocking document of our society’s obsession with control and
self-optimisation. Part of a larger project on the topic, Thinspiration Mosaic questions the consequences of
aesthetic and social standards that are imposed and reinforced by mediated images. The project reveals the
complex economy of images that shape our ideas of beauty and definitions of gender, questioning the role of
photography and its circulation in social networks.
Source : http://situations.fotomuseum.ch/portfolio/abril/
Black Code/Code Noir revolves around the murders of Michael Brown and Kajieme Powell, two Afro-
Americans killed by US-police officers in Missouri in 2014. Through an intricate layering of historical events,
the British film director Louis Henderson puts them in a larger perpective to critically reflect on them as latest
manifestations of a long history of slavery and racial oppression. Like an archaeologist, Henderson digs for
material in the World Wide Web, using circulating images and mobile footage, news fragments, graphics and
animations to draw a line to the current upheavels in Ferguson. Even today, social interactions continue to
be determined by the history of slavery and the “black codes” restricting human rights of blacks in the United
States. Internalised social codes and racist structures are furthermore inscribed into algorithmic culture and
the surveillance mechanisms controlled by Big Data, on the basis of which the American police state decides
between life and death of Afro-Americans. Yet for Henderson, looking back into history also provides hope
for the future: Can the anti-slavery insurrection that took place in the former French colony of Saint
Domingue in the eighteenth century be a guide on how to hack the “black code”?
Source : http://situations.fotomuseum.ch/portfolio/henderson/
B-ROLL with Andre by James N. Kienitz Wilkins takes us on a journey in search of a filterless representation.
Through the testimonial of a mysterious hooded witness we learn about the prisoner, Andre, and his
obsession with image resolution. From the low-res images of Google Street View to GoPro footage and the
commercial showcasing of 4K cameras, the film navigates through the varying definitions of our current
image universe as we listen to stories of one man’s attempt to transcend the limits of visual experience. With
increasing image resolution information becomes bigger than the human eye can process, leading to a state
of perception where “it’s not about our eyes anymore”. As in Andre’s carceral dream, higher resolutions
would allow us to break free from the chains of Plato’s cave, free from the shadows of Standard Definition, to
reach pure ideas and pure form. B-ROLL with Andre offers up the moral possibility of a world with no lens,
no focus, no filter, a world of Super High Definition with no flaws and no B-roll.
Source : http://situations.fotomuseum.ch/portfolio/wilkins/
Jungjin Lee (1961, Corée) a étudié la céramique à Séoul puis la photographie à New York, où elle a
déménagé en 1988. Elle fit la connaissance de Robert Frank et fut son assistante. Après être retournée vivre
à Séoul de 1997 à 2009, elle est depuis établie à New York. L'exposition Echo permet de découvrir onze
groupes de travaux et d'avoir ainsi un regard rétrospectif sur une démarche visuelle originale développée
avec une grande cohérence pendant plus de vingt-cinq ans. Au début des années 1990, l'artiste a parcouru
les vastes étendues des Etats-Unis où elle a photographié le désert pour sa série American Desert (1990–
1995). Robert Frank écrit à son propos : "Jungjin Lee est la Voyageuse du désert Américain […] Comme
réalisées à la lumière de la lune, un calme instantané émane de ses images […] Sur son chemin, traversant
le vide, Jungjin a écouté une voix en elle. Sans carte, elle est capable de nous montrer la réalité de son
obsession – et cela me touche." (Préface du livre Desert, 2002).
Jungjin Lee explore également les frontières entre les cultures et leurs rencontres dans les importantes
séries Pagodas (1998) et Thing (2003–2007). L'artiste développe son sens de la composition et des subtiles
atmosphères méditatives dans les séries Ocean (1999), On Road (2000–2001) et Wind (2004–2007). Elle
aborde en toute modestie son évolution : " À une époque, je pensais que l'art était une poignée de main
avec l'absolu, ou l'essence de ma vie... Au fil du temps, j'ai sans cesse tenté, dans mon travail, de retomber
de ces hauteurs. "
L'artiste travaille avec l'émulsion photosensible Liquid Light – chauffée en chambre noire sous éclairage
inactinique et appliquée au pinceau ou à la brosse sur le papier – et du papier coréen traditionnel en fibre de
mûrier à papier fabriqué à la main. Les tirages argentiques mesurent souvent un à deux mètres de long,
évoquant les paysages asiatiques peints sur rouleaux. La matérialité des objets photographiques ainsi
obtenus est d'une sensualité quasi tactile et les images, poétiques, en deviennent encore plus suggestives.
Pour citer encore Jungjin Lee : " Mes images doivent être vues comme des métaphores : ni représentation
du monde réel, ni expression de sa beauté visuelle, elles sont une forme de méditation ".
Nassim Daghighian
" Ce que je cherche dans mes photographies est quelque chose sur la vie, sur l'état de solitude que cela
représente. La vie change en surface. Elle est comme un océan. Vous voyez le constant mouvement de
l'eau à la surface, mais dans les profondeurs, dans le cœur, il n'y a pas de mouvement. " *
Jungjin Lee
Publication : Un catalogue est édité par Spector Books, Leipzig, avec une brève introduction de Thomas
Seelig, co-directeur du Fotomuseum, et des essais de Lena Fritsch, Hester Keijser et Liz Wells.
L'artiste a déjà publié une dizaine d'ouvrages, dont un livre d'artiste sur la série Wind.
Curateur : Thomas Seelig
Sources : dossiers de presse du Fotomuseum Winterthur et de la galerie Camera Obscura, 2012 (citations de Jungjin Lee) :
https://www.galeriecameraobscura.fr/artistes/lee/dossier_de_presse/dossier_presse.pdf
* Entretien avec Didier Brousse, dans Camera, 2015 ; en ligne sur Télérama :
http://www.telerama.fr/sortir/dans-les-photos-jungjin-lee-le-temps-suspend-son-vol,144983.php
Thomas Kern (1965, CH), cofondateur de l’agence photographique suisse Lookat Photos, s’est fait un nom
dans les années 1990 avec des reportages qui traitent des effets de la guerre, des conflits et autres
séismes. Il se rend pour la première en Haïti en 1997 pour le compte du magazine culturel du. Depuis, il y
retourne régulièrement pour documenter par l’image l’histoire tourmentée de ce pays malmené, autrefois
avantageusement connue sous le nom de «Perle des Antilles». Les photos noir-blanc de Thomas Kern
documentent la lutte quotidienne pour la survie dans une des régions les plus pauvres de la planète avec
une discrète empathie. Elles montrent les efforts sisyphiens de la population haïtienne pour sortir de la
misère, mais aussi les petites joies d’un quotidien marqué par les catastrophes naturelles, l’instabilité
politique et un désastre écologique rampant. Elles racontent en outre l’histoire de l’esclavage, la consolation
recherchée dans le monde spirituel du vaudou. L’exposition de la Fondation suisse pour la photographie, un
panorama photographique qui s’étend sur plus de quinze ans, met un point d’orgue au projet actuellement le
plus important de Thomas Kern : le portrait d’un pays où l’extrême pauvreté et la fureur de vivre se côtoient.
Source : dossier de presse
L'exposition réunit trois artistes autour du thème du voyage, dont la photographe Shannon Guerrico. Celle-ci
s'est imprégnée des paysages, cieux et légendes de l'Islande qu'elle a traduits en images, scans et objets.
Des pays qu'il arpente, Benoît Billotte récolte toutes sortes de données qu'il détourne formellement et
conceptuellement pour créer dessins et installations. Les Etats-Unis ont profondément marqué Bernard
Grandgirard qui en restitue au dessin des images très précises aux cadrages cinématographiques.
Source : carton d'invitation
Wade Guyton
Mamco – Musée d’art moderne et contemporain, Genève, 12.10.2016 – 29.01.2017
www.mamco.ch
L’artiste américain Wade Guyton présente une trentaine d’œuvres inédites dans les espaces réaménagés
er
du 1 étage du Mamco. Né en 1972 à Hammond, Indiana, Wade Guyton, qui vit et travaille à New York, est
l’un des représentants les plus importants d’une génération d’artistes qui pense et produit des images à l’ère
du numérique. Si certaines de ses œuvres renvoient à la structure et au langage de la peinture, au sens
traditionnel du terme, elles en modifient néanmoins radicalement les codes et les modes de production. Les
tableaux de Wade Guyton sont en effet réalisés à l’aide de grandes imprimantes jet d’encre dans lesquelles
il fait passer plusieurs fois la toile, un processus dont les erreurs et défauts font partie du programme général
de composition et en assurent l’unicité.
" Les premiers travaux que j’ai réalisés sur ordinateur, c’était comme de l’écriture, le clavier remplaçant le
stylo. Au lieu de dessiner un ‘X’, j’ai décidé d’appuyer sur une touche " (Wade Guyton, entretien avec
Nicolas Trembley, avril 2016). Répétés dans plusieurs formats, les signes générés par ordinateur qu’il utilise,
que ce soit des 'X', des 'U' ou encore l’image d’une flamme, font désormais partie des icônes de l’art de ces
dernières décennies. Wade Guyton produit également des sculptures, des dessins et des installations, mais
il a choisi pour ce projet de se restreindre au format "peinture". Car, il aborde ici, avec cet ensemble de
pièces conçues entre 2015 et 2016, un nouveau chapitre de sa démarche.
L’image centrale de l’exposition, déclinée sous divers formats, est une photographie que l’artiste a réalisée
dans son atelier : au premier plan, se dresse l’une de ses sculptures, l’armature tubulaire d’une chaise de
Marcel Breuer modifiée et posée à même le sol ; à l’arrière-plan, on aperçoit la partie droite d’une des
peintures de la série des Black Paintings, ainsi que le mur sur lequel l’œuvre est adossée.
" Pour comprendre mon travail autrement, j’ai commencé à le photographier dans l’atelier et à produire des
peintures à partir de ces images. C’est parfaitement logique d’utiliser une image photographique avec les
outils dont je me sers. Mes imprimantes ont été conçues pour remplacer la photographie qu’on développait
en chambre noire… une sorte d’opération commerciale hostile déguisée en progrès technologique et en
amélioration de l’image. " (Ibid.)
D’autres images représentant le sol de son atelier new yorkais ainsi que différents zooms dans des fichiers
'bitmap' complètent l’ensemble. L’irruption d’éléments issus du réel et la dimension biographique qu’ils prennent
dans le contexte de l’atelier bouleversent l’iconographie à laquelle l’artiste nous avait habitués et ouvrent de
nouvelles perspectives. A travers la mise en abyme de son propre travail, Wade Guyton interroge l’ensemble
de la chaîne de production et de représentation de l’art – confronté à son inéluctable devenir image.
Curateur invité : Nicolas Trembley, en collaboration avec le Consortium de Dijon.
Source : dossier de presse
à Vidéo présentant l'exposition au Consortium de Dijon, 2016, 8'36'' : https://vimeo.com/180720413
EQ2. Identité
Enquête photographique valaisanne, Château de St-Maurice, 15.10. – 13.11.2016
www.eq2.ch
Avec : Anne Golaz, Julie Langenegger Lachance, Vincent Levrat, Jay Louvion, Olivier Lovey, Marc Renaud,
Jean Revillard, François Schaer, Cédric Widmer.
Identité. Nom féminin. Du latin classique idem, " le même ". Caractère d'une seule et même réalité qui se
manifeste de différentes façons. Caractère permanent et fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait sa
singularité.
Un caractère indomptable comme un long fleuve. Un tourbillon de langues, de cultures, de coutumes. Une
plaine et des vallées bercées de jeux économiques et politiques, de flux tant migratoires que touristiques. Un
équilibre fragile, entre esprits de clocher et génies de l'innovation. Tels sont les terrains accidentés où se
e
forge l'âme valaisanne. À l'heure où avance ce XXl siècle et sa globalisation effrénée, en ces temps où
tombent des frontières que certains souhaitent davantage contrôler, trouvera-t-on vraiment, désenclavée de
ses clichés, une seule et même identité à ce canton ?
Les travaux des lauréats du thème annuel 2016 d'EQ2, l'Enquête photographique valaisanne, nous offrent
des éléments de réponse.
Publication : Identité, préface : Daniel Stucki, président du comité d'EQ2, textes : Thomas Dayer, graphisme :
Eddy Pelfini Graphie Design sàrl, Sion, impression : Schmid Imprimeurs, Sion, 2016, 96 pages.
Source des textes : dossier de presse
Le dispositif d’exposition qui rassemble les dix-neuf propositions privilégie la proximité et l’immersion dans
les images. C’est un espace architectural à l’intérieur duquel le visiteur est invité à participer à l’apparition
des photographies projetées. Par l’intermédiaire d’un tableau de commande, il prend la fonction d’un
opérateur devenu soudain maître des lieux ; l’espace se modifie alentour, dans une alternance de séquences
lumineuses ou obscures, colorées ou achromes, sonores ou plongées dans le silence, à sa guise. Ce
dispositif singulier met ainsi en perspective les enjeux de pouvoir inhérents à toute entreprise utopique. La
visite s’achève dans un espace où l’utopie prend cette fois une dimension très tangible, un jardin aménagé
collectivement lui aussi, matérialisation d’une vision positive archétypale qui invite à s’y attarder.
Par ce kaléidoscope changeant de propositions d’utopies, Des mondes meilleurs est l’occasion d’affirmer
encore que la posture adoptée par l’artiste peut être à la fois celle d’observer, de déconstruire le monde, ou
d’y intervenir en tant que force de proposition, moteur de changement. Ici, chaque auteur, par son regard,
les questionnements essentiels qui l’habitent, nous donne à voir d’autres alternatives, échafaude des
mondes meilleurs... et peut-être nous permet d’y croire.
Une exposition du Centre d’Enseignement Professionnel de Vevey (CEPV).
Curateurs : Virginie Otth et Mathieu Bernard-Reymond.
Source : dossier de presse
L’exposition Viewfinder est constituée d’une série de paysages lacustres, réalisée en 2013 dans la région
des Grands Lacs entre le Canada et les Etats-Unis. Susan Dobson superpose à ses images des scans de
viseurs d’appareils photographiques (viewfinder en anglais), sélectionnés dans les collections historiques de
la prestigieuse George Eastman House. Elle traite volontairement ces étendues d’eau comme un lieu
commun et universel, préférant porter l’attention sur les marques, les grilles, les taches et les empreintes de
doigts laissés par les anciens propriétaires des verres dépolis. Le spectateur est amené à regarder ces
paysages au travers du principal élément technique permettant le cadrage et la composition de l’image.
Viewfinder nous plonge au cœur de l’analogique au travers d’une relecture de l’histoire et des techniques du
e e
médium aux XIX et XX siècles. A l’ère du numérique et du règne de l'instantané, ces photographies
rappellent une époque révolue où la prise de vue nécessitait encore un véritable savoir-faire, un matériel
volumineux et des temps de pose de longue durée.
Une exposition du Festival Images Vevey 2016 au Musée suisse de l’appareil photographique.
Susan Dobson (1965, Moncton, Canada) a étudié les arts appliqués à Toronto et les beaux-arts à Guelph,
où elle vit, travaille et enseigne la photographie. Sa pratique artistique est principalement centrée sur la
photographie et l’installation avec pour sujets de prédilection les paysages suburbains. Son travail a été
exposé dans de nombreux pays notamment dans le cadre des festivals de photographie à Toronto, Mexico,
Montréal et Bruxelles.
La démarche de Christian Lutz (1973, CH) se base sur une observation scrupuleuse des dynamiques de
notre société, en étudiant des thèmes comme le pouvoir politique, économique ou religieux. Distingué par de
nombreux prix dont le Grand Prix Images Vevey 2009/2010 pour sa série Tropical Gift, son travail est
exposé dans le monde entier et fait régulièrement l’objet de publications. L’exposition réunit des extraits de
plusieurs séries d’images que Christian Lutz a consacrées aux itinéraires, aux rêves et aux illusions des
migrants fuyant guerres, oppressions ou famines et pour qui l’Europe occidentale représente l’espoir d’une
vie meilleure. Comme à son habitude, son regard est sans concession: en interpellant le spectateur, il lui
rappelle que la Suisse a toujours accueilli de nombreux migrants, aujourd’hui devenus des acteurs
indispensables de son développement économique et culturel.
Collaboration avec le Festival Images Vevey 2016.
Source : www.images.ch
Provisional Arrangement est la concrétisation du projet soumis par Martin Kollar au Prix Elysée lancé en
2014 avec le soutien de Parmigiani Fleurier. Comme le prévoit le prix, dont il est le premier lauréat, le
photographe slovaque a reçu une contribution financière pour finaliser son projet et en publier un livre. Libre
de choisir un éditeur, il a souhaité travailler avec MACK à Londres avec lequel le Musée de l’Elysée s’est
associé pour cette publication. Convaincu par la qualité de son travail, le musée lui a en plus proposé d’en
produire une exposition.
Provisional Arrangement concrétise ainsi deux années de travail avec Martin Kollar (1971, Žilina, Slovaquie)
et confirme l’engagement du musée auprès de la production contemporaine. Pendant plusieurs mois, Martin
Kollar a arpenté les routes européennes et ses archives personnelles dans le but de réunir en un riche
corpus son idée de provisoire. Sujet difficile à traiter visuellement, Kollar a toutefois maintenu le cap et
propose, avec Provisional Arrangement, une trentaine d’images qui toutes, à leur façon, explorent la notion
de temporaire – et, en filigrane, celle, plus vaste, d’une mémoire en cours de (dé)construction.
Élevé dans la Tchécoslovaquie de l’ère communiste, l’artiste s’intéresse depuis toujours à la collision entre
les aspects immuables de notre société et ceux qui s’y ajoutent, de manière éphémère, pour en pallier les
vicissitudes. Une manière de mettre en images le décor d’une génération pour qui le provisoire régit le
quotidien, lorsqu’il s’agit plus de s’acclimater à des variations sans fin qu’à s’ancrer durablement dans un
temps et un lieu définis. Un monde où le sentiment de pérennité fait défaut, poétiquement rendu par ce
voyage photographique qui capte la désintégration du permanent vers le temporaire et le provisoire.
Curatrice : Lydia Dorner, conservatrice assistante, département des expositions, Musée de l’Elysée
Publication : L’ouvrage édité par MACK, conçu par l’artiste et Grégoire Pujade-Lauraine, est à lui seul
l’expression du sujet traité. La conception tout entière de la publication, de la sélection des matériaux au
mode d’apparition des photographies jouant fréquemment sur la double page, se fait l’écho du thème et lui
en offre l’écrin. Un bref essai de Lydia Dorner apporte un éclairage sur la démarche de l'artiste.
Source : dossier de presse
Andrea Stultiens (1974, Roermond, NL) décrit ses pratiques comme des " travaux avec des photographies ".
Elle collectionne des images photographiques et écrit dessus, entamant une réflexion sur les différentes
formes de représentation du soi et des autres. La publication Duc in Altum tirée de la série Ebifananyi, un
projet à long terme mené par l’artiste depuis 2014 en Ouganda, constitue le point de départ de son
exposition.
Sa vie entière, Flurina Rothenberger (1977, Zurich, CH) l’a passée entre deux continents. Née en Suisse,
l’artiste a grandi en Côte d’Ivoire. Cela transparaît dans sa narration originale, qui affirme qu’il ne peut
exister une représentation unique de l’Afrique, mais au contraire une multitude. Ses recherches thématiques
la portent vers l’urbanisme, l’exode rural, le développement économique et l’avenir de la part jeune de la
population, en croissance constante.
Capturer et raconter
Les deux photographes se consacrent au continent africain depuis des années et il arrive que les
préoccupations principales qui animent leurs méthodes et leurs travaux se recoupent. Stultiens associe ses
propres images avec des photographies d’archives, replaçant en contexte des représentations tirées de
liasses restées oubliées pendant longtemps. Les images de Flurina Rothenberger décrivent des
événements, et dans le même temps, la photographe a développé au fil des années son propre langage
visuel, qui se manifeste entre autres dans des travaux collaboratifs.
Source : communiqué de presse
© Signer Roman, Detroit, USA, 1997, de la série Reisefoto. Courtesy de l'artiste et du CPG
Organisée en collaboration avec l’agence Magnum Photos, l’exposition Picture Yourself à Quartier Libre SIG
présente le travail de six portraitistes célèbres et invite à une réflexion sur la représentation de soi. Académique
e
à ses débuts, la photographie gagne en naturel au cours du 20 siècle. Les images se diversifient, comme pour
mieux correspondre à la face de l’humanité dans ce qu’elle a de différent et d’universel. Elles existent
désormais filtrées, floutées, uniformisées, sous forme d’egoportraits qui se partagent à l’infini.
À partir des images mythiques de Philippe Halsman, Elliott Erwitt, Martin Parr, Paolo Pellegrin, Steve
McCurry et Bruce Gilden, Picture Yourself propose un panorama de la photographie contemporaine que ces
maîtres du genre ont contribué à façonner. Elle convie aussi à une expérience qui en appelle à notre
mémoire collective. Machine à portraits forcés et anonymes, le Photomaton devient ici partie prenante de
l’exposition. Adoptant le style des photographes de Magnum, il permet au visiteur d’être immortalisé " à la
manière de… ". Chacun se révèle à lui-même, à la fois modèle et auteur artistique d’un portrait singulier qu’il
peut conserver et diffuser.
Baroudeur discret, Steve McCurry (1950, USA) arpente le monde en quête d’Histoire(s) à raconter.
Certaines de ses photos possèdent le clair-obscur des toiles de maîtres. Toutes disent l’humanité de ce
photoreporter d’une rare sensibilité. Né à Philadelphie, Pennsylvanie, Steve McCurry a étudié le cinéma au
Pennsylvania State University, avant de travailler pour un journal local. Après plusieurs années de travail
indépendant, Steve McCurry a fait son premier voyage en Inde, explorant le pays et le sous-continent à
l’aide de son appareil photo. C’est après plusieurs mois de voyage qu’il a traversé la frontière du Pakistan où
il a rencontré un groupe de réfugiés provenant d’Afghanistan. Ils lui ont fait passer clandestinement la
frontière dans leur pays, juste quand l’invasion russe fermait les frontières du pays à tous les journalistes
occidentaux. Apparaissant en costume traditionnel, avec une barbe et les traits tirés après des semaines
avec les Moudjahidines, McCurry a apporté au monde les premières images du conflit en Afghanistan, lui
donnant un visage humain dans chaque une. Depuis lors, McCurry a continué de créer de superbes images
à travers les six continents, parcourant d’innombrables pays. Son travail porte sur des conflits, la disparition
des cultures, les anciennes traditions et la culture contemporaine, mais il conserve pourtant l’élément
humain qui fait de sa célèbre photo de la jeune fille afghane une image aussi puissante.
Entre reportage documentaire et photographie d’art, le travail de Paolo Pellegrin (1964, IT) brouille les pistes
sans jamais perdre de vue la réalité. Il se veut témoin de notre époque, de sa beauté autant que de sa
brutalité. Paolo Pellegrin est né en 1964 à Rome. Il a étudié l’architecture à L’Università la Sapienza, Rome,
Italie, avant d’étudier la photographie à l’Istituto Italiano di Fotografia, à Rome. De 1991 à 2001, Paolo
Pellegrin a été représenté par l’Agence VU, à Paris. En 2001, il devient un candidat de Magnum Photos et
membre à part entière en 2005. Il a été photographe professionnel pour Newsweek pendant dix ans. Paolo
Pellegrin est lauréat de nombreux prix, dont dix prix World Press Photo et de nombreux prix comme
photographe de l’année, une médaille d’excellence Leica, un prix Olivier Rebbot, le prix Hansel-Meith et le
prix Robert Capa Gold Medal. En 2006, il a reçu la bourse W. Eugene Smith de la photographie humaniste.
Source : dossier de presse
Dans son travail expérimental combinant des images de différents types, Alessandra Calò (1977, IT) explore
de manière très subjective l'univers de l'hôpital et du corps vulnérable. Pour Fotoscopia, elle a effectué ses
recherches iconographiques dans les archives de l'hôpital Santa Maria Nuova di Reggio Emilia (région dont
l'artiste est originaire) à l'occasion de leur cinquantième anniversaire.
Camere in Prestito
Photographica FineArt, Lugano, 15.09. – 30.11.2016
www.photographicafineart.com
Avec : Vincenzo Agnetti, Giorgio Ciam, Cioni Carpi, Bruno Di Bello, Paolo Gioli, Ketty La Rocca, Maurizio
Nannucci, Giulio Paolini, Claudio Parmiggiani, Luca Maria Patella, Giuseppe Penone, Aldo Tagliaferro,
Franco Vaccari, Franco Vimercati, Michele Zaza, Gilberto Zorio.
L'exposition réunit les travaux de quinze artistes italiens importants des années 1960 et 1970 qui ont exploré
les possibilités des médias technologiques tels que la photographie, le film, puis la vidéo. Que la
photographie serve à documenter une œuvre éphémère, qu'elle soit incluse dans un photocollage ou utilisée
dans une démarche conceptuelle, la multiplicité des pratiques révèle l'intensité des expérimentations
artistiques de l'époque faisant appel au médium.
Curatrice : Angela Madesani
Source : dossier de presse
Photolittérature
Fondation Jan Michalski, Montricher, 14.10. – 30.12.2016
www.fondation-janmichalski.com
1839. La photographie s’invente et s’invite dans les arts pour en bouleverser les relations. Qualifié à l’origine
d’" art industriel ", ce procédé de duplication du réel vient modifier les modes de représentation de l’espace,
du temps, de la mémoire, et interroger, au-delà des peintres, les écrivains dans un mélange de rejet et de
fascination.
Au point de rencontre de la photographie et de la littérature, se tissent des liens aussi complexes que
féconds. C’est cette variété des interactions entre image et texte que se propose d’explorer
l’expositionPhotolittérature, à travers un choix d’ouvrages en langue française : des dialogues photographes-
écrivains, des écrivains photographes, des photographes écrivains, des textes illustrés de photographies
anonymes, ainsi que des livres sans illustrations dans lesquels la photographie est un thème et l’image,
absente, un embrayeur de récit.
Récit de voyage, fiction, poésie, autobiographie… tout un parcours à travers les époques et les courants
esthétiques, au gré des frictions, des hybridations et de l’évolution des supports éditoriaux, pour rendre
compte des phénomènes photolittéraires, depuis l’invention de la Modernité – que la photographie contribue
à constituer – aux nouvelles potentialités numériques.
Curateurs : Marta Caraion, maître d’enseignement à l’Université de Lausanne
et Jean-Pierre Montier, professeur à l’Université de Rennes
Source : http://www.fondation-janmichalski.com/exposition/exposition-photolitterature/
Wojciech Zamecznik fait figure de pionnier dans l'association de la photographie aux arts graphiques.
L'exposition, organisée en collaboration avec la Fondation Archeologia Fotografii qui conserve les archives
de l'artiste à Varsovie, est la première présentation internationale de sa pratique photographique.
L'artiste Wojciech Zamecznik (1923-1967) est une figure influente de la scène artistique polonaise d'après-
guerre. Il est célèbre pour ses nombreuses affiches, et son champ d'activité couvre l'édition, la musique, le
cinéma et la scénographie d'exposition. Photographe autodidacte, Zamecznik réalise quelques milliers
d'images depuis la fin des années 1940, dont une sélection est présentée dans une première partie. La
deuxième est consacrée à l'intégration et la transformation de la photographie dans son œuvre graphique.
La dernière révèle une approche plus expérimentale du médium afin de créer un nouveau répertoire formel
et typographique.
Curatrices : Anne Lacoste et Karolina Puchala-Rojek.
Source : dossier de presse
Né à Grandsivaz en 1829, Pierre Joseph Rossier est envoyé en Chine en 1858 par la firme Negretti &
Zambra de Londres pour y documenter la seconde guerre de l’opium. Il parcourt alors l’Extrême-Orient, du
Japon des samouraïs au royaume de Siam jusqu’aux Philippines, en réalisant de nombreux clichés, diffusés
ensuite en Europe. Cette exposition dévoile pour la première fois une sélection de l’œuvre exceptionnelle et
rarissime du photographe fribourgeois, dont les vues stéréoscopiques du Japon et de Fribourg ont été
assemblées dans de magiques diaporamas en 3D.
Avant l’année 2004, Pierre Joseph Rossier n’est connu en Suisse que grâce à la mention de son nom ou de
son studio sur ses tirages de vues stéréoscopiques et de portraits en format carte de visite. Il fait alors figure
d’un petit artisan photographe local sans envergure, avec un studio à Fribourg et à Einsiedeln. On estime
aussi que ses photos sont relativement tardives, datant des années 1870 ou 1880, alors qu’il fait en réalité
partie des pionniers des années 1860. L’envergure internationale de l’œuvre de Rossier sort de l’ombre en
2004, grâce à Terry Bennett, historien britannique de la photographie ancienne d’Extrême Orient, et de
Gérard Bourgarel, président de Pro Fribourg, qui aboutira à la publication du cahier Pierre Joseph Rossier,
photographe : une mémoire retrouvée (Pro Fribourg, n°153, 2006). Terry Bennett arrive à confirmer l’identité
d’un photographe qu’on croyait français, P. Rossier, connu au Japon pour y avoir introduit la stéréoscopie,
réalisé le premier panorama et enseigné la technique du collodion humide à de jeunes japonais, dont Ueno
Hikoma, l’un des pionniers de la photographie au Pays du Soleil Levant. Cette découverte a eu deux autres
conséquences : elle a permis d’attribuer à Pierre Joseph Rossier une série de vues stéréoscopiques de la
Chine prises en 1858 et d’établir que le mystérieux P. Rossier – si longtemps "non identifié" –, avait
également voyagé au Siam (Thaïlande). La découverte du Passeport pour voyager à l’étranger (en France
et en Angleterre) délivré à Pierre Joseph Rossier en 1855, dans lequel il se déclare "photographe" alors
qu’aucun professionnel n’est encore recensé dans le canton, est tout aussi surprenante.
Rossier figure donc parmi les tous premiers photographes professionnels suisses. Établit à Londres, Rossier
devient le photographe officiel et le représentant en Extrême-Orient de la célèbre firme Negretti & Zambra,
spécialisée dans la production et le commerce de matériel photographique et de vues stéréoscopiques
inédites du monde entier. Rossier n’est ni un globetrotter ni un touriste, mais un artiste photographe
travaillant pour une agence à laquelle il envoie ses négatifs et pour laquelle il vend du matériel, notamment
au roi du Siam. Rossier n’a pas laissé de journal et il n’a rien écrit sur les cinq années passées en Asie.
Nous n’avons toujours aucun portrait de lui et il n’existe que très peu de tirages de ses studios ouverts en
1862 à Fribourg et à Einsiedeln. Enfin, nous avons aussi perdu les traces de sa collection ethnographique
du Siam, offerte au Musée de Fribourg en 1863.
Curateur : Philippe Dallais, ethnologue.
Source : dossier de presse
" [… Le] photographe américain Mike (Meyer) Disfarmer [1884-1959 ] reste partiellement une énigme. Ce fils
de fermiers autodidacte, excentrique et solitaire a photographié quarante années durant les habitants de
Heber Springs, petite commune rurale de l’Arkansas qu’il n’a jamais quittée. A l’instar d’un Ghisoland ou
d’un Chambi, Disfarmer incarne cette lignée particulière de modestes artisans photographes qui ont su, dans
la quotidienneté de leurs travaux et de leur commerce, créer un style, un genre qui leur est spécifique, et
dont l’importance s’est révélée au fil du temps. Son art du portrait se fonde sur une technique simple : un
drap, noir ou blanc, un cadrage et une focale qui ne varient pas, l’attente scrupuleuse de la bonne lumière,
aucun effet de mise en scène. Dans cette économie de moyens, Disfarmer est parvenu à dresser le
panorama saisissant et comme intemporel de l’Amérique profonde en s’élevant au rang des meilleurs
e
portraitistes du XX siècle. "
Source : http://www.actes-sud.fr/catalogue/beaux-livres/mike-disfarmer
L'exposition choisit de se focaliser sur la fascinante relation des stars à leur automobile…
" Aucun photographe n’a été un témoin aussi exhaustif, aussi lucide et aussi subtilement ironique de la vie
sociale et culturelle des Golden Fifties sur la Côte d’Azur que l’irlandais Edward Quinn (1920-1997).
Explorateur aussi discret qu’obstiné, Edward Quinn a parcouru pendant plus de dix ans la jungle mondaine
de la Riviera française et a déniché des trésors incomparables dans cet épicentre chatoyant de la « grande
vie », du « Big Business », de l’art, de la musique et de la littérature. Quinn a laissé un héritage de plus de
cent mille négatifs, des dizaines de milliers de planches contact, des milliers de tirages de tous les formats,
ainsi que des documents, des lettres et des photos. […]" Heinz Bütler
" Ce qui était vraiment bien, c’est que les gens me faisaient tellement confiance qu’ils ne demandaient même
pas à voir les photos. Ils savaient que je ne publierai pas de photos disgracieuses. Et les mauvaises photos
sont faciles à faire. Tout se joue au moment où on appuie sur le déclencheur. C’est cela qui est unique dans
la photographie. À chaque fraction de seconde, on a une image différente. La personne à bougé, la lumière
a légèrement changé. On n’est jamais apaisé, car la photo parfaite n’existe pas. Il faut se contenter de tirer
le meilleur parti possible de chaque situation. J’ai été influencé par toute une série de grands photographes,
en premier lieu par Cartier-Bresson. Tous les éléments sont réunis dans ses photos. L’arrière-plan est juste,
le choix du moment est parfait. Il parvenait à ce résultat en attendant des heures, tout en étant totalement
absent. Il cherchait toujours à rester invisible. C’est cette posture photographique que j’ai toujours essayé
d’avoir, même quand mes sujets étaient des stars et que j’essayais de les montrer sous leur meilleur jour. "
Source : http://edwardquinn.com/Text/Texts/Riviera_Cocktail_f.html