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A A
Axis (C2)
Apophyse
odontoïde
Source : Primal 3D. Interactive Series: Complete Human Anatomy. Londres : Primal
Pictures Ltd. Reproduction autorisée.
Figure 3
Vue craniocaudale du canal rachidien (A)
et des foramens transverses (B) d’une vertèbre cervicale
B
B Source : Primal 3D. Interactive Series: Complete Human Anatomy.
Londres : Primal Pictures Ltd. Reproduction autorisée.
Formation continue
1
Signaux d’alerte en présence de cervicalgie Causes non musculosquelettiques de cervicalgie
O Âge ⬎ 50 ans O Origine cardiaque
O Antécédents de cancer L Angine, infarctus du myocarde
O Perte de poids inexpliquée
O Origine vasculaire
O Durée de la douleur ⬎ 1 mois
L Dissection de la carotide interne (de 9 % à 19 %)
O Douleur non soulagée par le repos au lit L Dissection de l’artère vertébrale (80 %)
O Absence d’amélioration après trois mois de traitement
O Origine œsophagienne
O Trouble de la démarche
L Spasme, cancer
À considérer également L Abcès rétropharyngé
O Prédisposition aux infections (ex. : immunodépression,
O Atteinte pulmonaire
injection de drogue par voie intraveineuse)
L Lésion à l’apex pulmonaire, irritation de la plèvre
O Douleur nocturne
O Fièvre et frissons O Autres
axis, la rotation axiale de C1 sur C2. Ce segment contri- O Facteurs modifiant la douleur
bue pour plus de la moitié de la rotation du rachis O Atteinte neurologique
cervical1. Globalement, les vertèbres allant de C4 à C6
O Cervicalgies et examens complémentaires antérieurs
sont les plus mobiles.
O Résultats des traitements
Comment effectuer une anamnèse efficace ?
L’évaluation clinique a d’abord pour but d’éliminer L’anamnèse1-5
une affection grave (signaux d’alerte)1,2 (tableau I)1 et L’anamnèse a pour but de préciser la douleur du pa-
ensuite les causes non musculosquelettiques, puis de tient (tableau III)1-4 et de chercher des signaux d’alerte
confirmer une atteinte rachidienne et de localiser le ou spécifiques permettant de soupçonner ou d’éliminer
les niveaux vertébraux atteints (tableau II). Elle doit per- une tumeur, une infection, une myélopathie ou une
mettre de mettre en évidence ou d’infirmer une atteinte fracture comme cause de la cervicalgie2.
neurologique associée. Enfin, elle a aussi comme objec- Tout d’abord, l’âge sera évidemment pris en compte,
tif de rassurer le patient et de répondre à ses attentes. les phénomènes dégénératifs de la colonne cervicale
Une particularité importante du rachis cervical est la présence de la moelle épinière qui traverse le canal ra-
chidien cervical. Il faut toujours garder cet élément en tête lors de l’évaluation de la colonne cervicale.
Repère
Le Médecin du Québec, volume 48, numéro 1, janvier 2013 25
Figure 5
Trajectoire de projection de la douleur en fonction des niveaux atteints1
A B
Branche postérieure de C3
Branche postérieure de C2
(grand nerf occipital)
Branche antérieure de C2
Branche antérieure de C3
Sourcil C2, C3
A : Trajectoire de projection de la douleur en fonction des niveaux cervicaux atteints. B : Projection cutanée des branches antérieures
et postérieures de C2 et C3.
Source : Fortin L, Bogduk N, Bojanowski M et coll. Rachis cervical. Dans : Bergeron Y, Fortin L, Leclaire R, rédacteurs. Pathologie
médicale de l’appareil locomoteur. 2e éd. Saint-Hyacinthe, Paris : Edisem-Maloine ; 2008. p. 206, 216. Reproduction autorisée.
étant très fréquents chez la personne âgée. Certains socier une cervicalgie isolée d’une cervicobrachialgie. Le
antécédents pertinents sont importants à rechercher : territoire précis de cette brachialgie doit également être
cancer, immunodépression, intervention chirurgicale défini afin de départager une douleur radiculaire d’une
ou traumatisme dans cette région, vasculopathie, ma- douleur somatique irradiée (consécutive à la stimula-
ladie rhumatismale, etc. tion des terminaisons nerveuses de différentes structures
Le type de travail, les loisirs et les sports pratiqués du rachis cervical et non du nerf spinal) (tableau IV)1.
sont également examinés puisqu’ils peuvent constituer Une irradiation à la tête (hémicrânie) doit évoquer une
des facteurs causaux ou aggravants de la cervicalgie. atteinte cervicale haute alors qu’une irradiation aux tra-
Le mode d’apparition de la douleur est un élément pèzes ou aux régions interscapulaires doit plutôt faire
important. L’aspect traumatique, selon le mécanisme, penser à une atteinte cervicale moyenne ou inférieure1,2,4
évoque la possibilité d’une fracture ou d’un coup de la- (figure 5)1. À l’aide de son doigt, le patient peut nous in-
pin (whiplash) alors qu’une cervicalgie d’apparition diquer où se situe sa douleur principalement et où elle
progressive non traumatique s’apparente avant tout à irradie. Il peut aussi nous montrer, sur un schéma prévu
une atteinte dégénérative. L’évolution dans le temps est à cette fin, le siège de sa douleur.
également un élément important à vérifier. Les caractéristiques de la douleur seront aussi défi-
La topographie de la douleur cervicale et son irradia- nies. Une douleur mécanique sera volontiers ressentie
tion doivent être précisées afin de mieux définir le ou les à la sollicitation, tant lors des mouvements cervicaux
niveaux cervicaux atteints1,2,4 (figure 5)1 et visent à dis- que pendant des postures statiques prolongées, alors
Le but premier de l’évaluation clinique est d’éliminer la présence d’une affection grave (signaux d’alerte).
Repère
26 Pour une évaluation clinique optimale à coup sûr !
Tableau IV
Formation continue
Différences entre une douleur radiculaire et une douleur somatique irradiée1
Douleur radiculaire Douleur somatique irradiée
Irradiation au membre supérieur plus distale Irradiation diffuse au membre supérieur proximale plus que distale
Voyage en bande plus mince Localisation assez diffuse avec contours mal définis
Douleur lancinante, décharge électrique Pression douloureuse profonde
Douleur profonde et superficielle Douleur sourde
Exacerbation possible par la manœuvre de Valsalva Aucune modification par la manœuvre de Valsalva
L’examen physique ne permet pas de statuer avec certitude sur la cause et l’origine de la douleur, mais demeure
un complément essentiel pour exclure une affection grave, confirmer une atteinte rachidienne et éliminer ou
confirmer une atteinte neurologique associée.
Repère
Le Médecin du Québec, volume 48, numéro 1, janvier 2013 27
Tableau VI L’observation de la posture fournit des indices sur la
gravité du problème (réel blocage avec perte des mou-
Examen neurologique chez le patient vements spontanés, attitude antalgique et déformation
présentant une cervicobrachialgie1 plutôt rare). Elle permet également la mise en évidence
O Force segmentaire des membres supérieurs de caractéristiques morphologiques (lordose cervicale,
(et des membres inférieurs au besoin) protraction de la tête, cyphose dorsale, protraction des
O Dermatomes des membres supérieurs épaules) comme facteur contributif potentiel.
O Réflexes ostéotendineux des quatre membres
Lorsque le patient est en position assise, on commen-
cera par évaluer la mobilité articulaire active, soit en
O Clonus achiléen
flexion (50 degrés) et en extension (60 degrés), en laté-
O Réflexes cutanés plantaires roflexion droite et gauche (45 degrés) et enfin en rota-
O Manœuvre de Spurling (figure 6) tion droite et gauche (80 degrés de chaque côté)1. On
O Manœuvre de traction notera tous les mouvements provoquant des douleurs
O Signe de Lhermitte
en précisant bien la région et on évaluera les limitations
à la recherche d’une atteinte latéralisée.
O Démarche : recherche d’une instabilité,
Un examen neurologique sera effectué, surtout en
d’une spasticité ou d’une faiblesse
présence d’une brachialgie ou au moindre doute d’une
O Toucher rectal en cas de présomption
atteinte médullaire à l’anamnèse (tableaux VI et VII,
d’une atteinte médullaire
figure 6)1. Chacun des dermatomes et des myotomes
(de C5 à C8) seront évalués afin de déceler une éven-
grave, confirmer une atteinte du rachis et éliminer ou tuelle radiculopathie cervicale (tableau VII)1.
confirmer une atteinte neurologique associée. En décubitus dorsal, les mobilités articulaires pas-
Idéalement, l’examen doit venir corroborer le ou les sives seront évaluées.
segments atteints soupçonnés à l’anamnèse. Un examen L’examen palpatoire viendra compléter l’examen et
bien programmé (tableau V)1-8 doit permettre de ré- sera exécuté avec la pulpe des doigts. On s’assurera
pondre à ces éléments la plupart du temps. d’abord que le patient est bien relâché, puis on palpera
Tableau VII
Signes cliniques de radiculopathie cervicale1
Espace
Racine intervertébral Irradiation Myotomes Dermatomes Réflexes
C8 C7-T1 Face interne du bras Faiblesse des fléchisseurs Hypoesthésie Diminution ou abolition
et de l’avant-bras, des doigts de l’auriculaire du réflexe des fléchisseurs
de l’auriculaire des doigts (rarement
et de l’annulaire évalué)
Adapté de : Fortin L, Bogduk N, Bojanowski M et coll. Rachis cervical. Dans : Bergeron Y, Fortin L, Leclaire R, rédacteurs. Pathologie médicale de l’ap-
pareil locomoteur. 2e éd. Saint-Hyacinthe, Paris : Edisem-Maloine ; 2008. p. 209. Adaptation et reproduction autorisée.
Formation continue
Manœuvre de Spurling Signes palpatoires
Compression axiale au niveau de la tête lors de la latéroflexion des céphalées d’origine cervicale
du côté des symptômes. Elle vise à reproduire la douleur radi-
culaire ou les dysesthésies connues du patient par la mise en
tension de la racine atteinte. Sa sensibilité est faible (30 %), A
mais sa spécificité est élevée (93 %).
Sure-fire Way to Optimize the Clinical Evaluation. The clinical evaluation of a patient with cervical pain or radicular
pain in the arm is primordial. It will help raise the suspicion of a more serious lesion, if any, ensure the spinal etiology
of the pain, and confirm or rule out an associated neurological condition. While it may still be difficult to incriminate
a specific structure as the source of the cervical pain, following this evaluation, it should help target the affected segment(s),
allowing a more focused therapeutic approach.
à l’examen cutané à l’aide de la technique du pincé- plus ou moins élaboré selon les résultats de l’anamnèse
roulé à la recherche d’irritation des branches dorsales doit faire partie intégrante de cette évaluation. 9
des nerfs rachidiens responsables de la sensibilité dans
la région interscapulaire (atteinte des segments C5, Date de réception : le 3 juillet 2012
Date d’acceptation : le 24 juillet 2012
C6 et C7) et au niveau du trapèze supérieur (nerf su-
praclaviculaire ou niveau C4). On pourra également Le Dr Martin Lamontagne a été conférencier et formateur pour
tenter de mettre en évidence une douleur dans la ré- Pfizer, Purdue Pharma, Sanofi et SonoSite en 2011-2012.
gion T5-T6 (point interscapulaire d’origine cervicale).
De plus, on palpera la musculature paracervicale en
portant une attention particulière au trapèze, à l’angu- Bibliographie
laire de l’omoplate (branches dorsales des niveaux C3 1. Fortin L, Bogduk N, Bojanowski M et coll. Rachis cervical. Dans :
et C4), au sternocléidomastoïdien et aux rhomboïdes Bergeron Y, Fortin L, Leclaire R, rédacteurs. Pathologie médicale de l’ap-
(branches dorsales des niveaux C4 et C5), qui sont sou- pareil locomoteur. 2e éd. Saint-Hyacinthe, Paris : Edisem-Maloine ; 2008.
p. 214.
vent le siège de myalgies associées.
2. Bogduk N, McGuirk B. Management of acute and chronic neck pain. An
Dans certains cas, l’examen des carotides et de l’épaule evidence-based approach. 1re éd. Amsterdam, New York : Elsevier ; 2006.
ainsi qu’un complément d’examen neurologique (nerfs 3. Devereaux MW. Neck pain. Prim Care Clin Office Pract 2004 ; 31 (1) :
crâniens, épreuves cérébelleuses) ou des manœuvres spé- 19-31.
cifiques (ex. : manœuvres du syndrome du défilé thora- 4. Maigne JY. Soulager le mal de dos. Paris : Masson ; 2001.
5. Lecacheux J. Examen programmé du cou. Dans : Samy Bendaya, Jean-
cique) pourront être effectués selon le contexte clinique. Claude Goussard, rédacteurs. Le rachis cervical vieillissant. 1re éd. Paris :
Après une anamnèse ciblée et un examen programmé, Springer ; 2009. p. 1-20.
vous êtes en mesure d’expliquer à Mme Coutu qu’elle ne 6. Magee DJ. Orthopedic physical assessment. 5e éd. Missouri : Elsevier ;
présente pas de radiculopathie et que la brachialgie res- 2008. p. 130-200.
7. Cook CE, Wilhem BS, Cook AE et coll. Clinical tests for screening
sentie est plutôt une douleur somatique irradiée. Vous la and diagnosis of cervical spine myelopathy: A systematic review. J
rassurez sur ses craintes quant à une éventuelle parésie de Manipulative Physiol Ther 2011 ; 34 (8) : 539-46.
son bras. 8. Cook C, Hegedus E. Diagnostic utility of clinical tests for spinal dys-
function. Man Ther 2011 ; 16 (1) : 21-5.
9. Maigne JY. Signes cliniques des céphalées cervicales. Médecine et
OMME POUR BIEN d’autres affections musculosque-
C lettiques, une évaluation clinique bien conduite
chez un patient atteint de cervicalgie ou de cervicobra-
Hygiène 1981 ; 39 : 1174-85.