"Astronomie Et Sciences Humaines": Publication
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PUBLICATION
de
Série
Observatoire Astronomique
11, r u e de l'université
67000 Strasbourg (France)
Table des Matières
Editorial i
Le dossier de l'étrange 33
GOYG.
Index 155
Volumes 1 à 7
Publ. Obs. Astron. Strasbourg
Ser. "Astron. & Se. Humaines" N° 8
Editorial
P. ERNY - C. JASCHEK
Publ. Obs. Astron. Strasbourg
Scr."Astron. & Se. Humaines" N° 8
La r e c h e r c h e de la u î e d a n s l ' U n i u e r s :
Enjeu» et perspectiues
DAVOUST Emmanuel
Observatoire du Pic du
Midi et de Toulouse
Toulouse (France)
m RECHERCHE DE LR U I E DRNS
L'UNIUERS :
E N J E U H ET PERSPECTIUES
This is a brief review of the search for life in the universe, with emphasis on the
more recent developments. I first give a few reasons to believe that there is life
outside Earth. The exploration of Mars, Europe and Titan by space probes should
soon provide an answer to ttie question of life near the Sun. There is incxreasing
evidence for planets (the most likely environment for life) outside the solar system.
progress in climatology suggests that the continuousiy habitable zones around
solar-type stars are wide. Finally, the search for artificiall radio- signais from
hypothetical extraterrestrial civilizations will enter a new phase as the NASA
Mega-SETI receiver starts operating.
La conviction que nous autres terriens ne sommes pas les seuls êtres vivants dans
l'univers est bien enracinée dans notre culture. Une abondante littérature de
science-fiction nous permet même de nous faire une idée assez précise des
habitants des autres planètes. Cependant, mis à part leur aspect physique, ces
extraterrestres nous ressemblent étrangement ; ils ont des qualités et des défauts
bien humains, et un film comme "la guerre des étoiles" pourrait, sans grands
changements, se dérouler dans un cadre terrestre.
Ce manque d'originalité est dû au simple fait que nous ignorons tout d'une vie
extraterrestre, et cela pose un double problème aux scientifiques qui veulent se
consacrer à la recherche de la vie dans l'univers. Tout d'abord, ils ne savent pas si
l'actuelle absence de preuves est en fait preuve d'absence, c'est à dire s'il est
raisonnable de poursuivre des recherches d'une vie dont on n'a aucun indice. En
outre, à supposer qu'une vie extraterrestre existe, ils ne savent pas comment la
définir. Ils se rabattent sur le seul cas connu, celui de la vie sur Terre, mais sans
savoir si cet anthropomorphisme est justifié.
Anthropomorphisme
Je pense que cet anthropomorphisme est justifié, et qu'il est légitime de rechercher
une forme de vie qui nous ressemble un tant soit peu. Le but ultime de la recherche
de la vie extraterrestre, au-delà de ses conséquences pour notre vision du monde,
est de communiquer avec "eux", du moins dans l'optique de la détection de signaux
artificiels. Or, il serait probablement impossible, et en tout cas sans intérêt, de
communiquer avec des êtres qui n'auraient rien de commun avec nous.
Imaginons un instant une forme de vie fondée, non pas comme notre vie sur des
réactions chimiques, mais sur des interactions gravitationnelles, et qui se
manifeste sous la forme de nuages de gaz géants, des millions de fois plus massifs
que la Terre. Au-delà, imaginons que les galaxies elles-mêmes, avec leurs dizaines
de milliards d'étoiles, puissent avoir atteint un niveau de complexité qui s'apparente
à la vie. Le temps pour ces systèmes "vivants" se compterait en centaines de
millions d'années et les distances en milliers d'années-lumière, des échelles sans
commune mesure avec les nôtres.
C'est un exemple extrême, mais qui illustre bien le problème. L'hypothèse ia plus
simple et la plus intéressante par ses conséquences est de supposer une vie
évoluant aux mêmes échelles de temps et de distances que nous. Ainsi, il est à mon
avis légitime de s'inspirer de la colonisation des îles de l'océan Pacifique pour
estimer le temps qu'une vague de colonisateurs extraterrestres mettrait pour
parvenir jusqu'au système solaire. Et pour tenter de percer les motivations qui
poussent ces hypothétiques civilisations à rester silencieuses, il ne faut pas hésiter
à mettre à contribution la littérature de science-fiction.
En pratique, cela ne veut pas dire que seuls des êtres ayant une tête, deux bras et
deux jambes peuvent envoyer des signaux artificiels. Il convient d'être plus nuancé,
et de tenter d'universaliser autant que possible la notion de vie. C'est d'ailleurs tout
l'intérêt de cette recherche, car elle relativise notre existence en la replaçant dans
un contexte plus vaste, et nous renvoie une image plus nette de nous mêmes.
Une uie e » t r a t e r r e $ t r e ?
Mais est-il légitime de supposer qu'il existe une vie ailleurs que sur Terre ? Cette
question constitue la deuxième pierre d'achoppement de l'exobiologie. Ma conviction
qu'il existe une vie extraterrestre repose sur trois points : l'universalité de la chimie
du carbone, le fait que la Terre n'a pas une place privilégiée dans l'univers, et le
phénomène de l'évolution, qui ne s'applique pas uniquement à la vie, mais à tous les
aspects de l'univers. Par contre, l'immensité de l'univers ne m'encourage pas
nécessairement à penser que la vie y soit très répandue. Reprenons ces quelques
points plus en détail.
Les molécules organiques dont sont constitués les êtres vivants se retrouvent en
abondance dans l'univers, principalement dans les nuages de poussières du milieu
interstellaire, mais aussi dans les régions extérieures de certaines étoiles. La
chimie du carbone, qui est à l'origine de ces molécules, se concocte dans les nuages
obscurs et denses où précisément se formeraient les étoiles avec leur cortège de
planètes, et nous savons même qu'elle se poursuit également dans la plupart des
galaxies voisines, pour ne pas dire dans tout l'univers. Il est donc légitime de penser
que cette chimie du carbone a pu donner naissance à des êtres vivants ailleurs
dans l'univers. Nous ne pouvons toutefois pas exclure a priori l'existence
d'organismes du même niveau de complexité que nous, mais fondés par exemple sur
la chimie du silicium ou d'un autre élément chimique.
Deuxième point, notre place dans l'univers n'a rien d'exceptionnel. L'homme a
longtemps placé la Terre au centre de l'univers ; mais, au fur et à mesure des
progrès de l'astronomie, il a progressivement dû la réléguer à une place et un rôle
de plus en plus mineurs dans l'univers. C'est ce que j'appelle la "déprovincialisation"
de la pensée occidentale. L'étape suivante ne serait-elle pas de dire que notre vie
n'est qu'une forme de vie parmi tant d'autres dans l'univers ?
Enfin, le fait remarquable de l'évolution n'est pas propre à la vie. En effet, si nous
replaçons notre histoire dans le cadre plus général de celle de l'univers, nous nous
apercevons que l'évolution de la vie n'est qu'un aspect de l'évolution de l'univers.
L'une des innovations les plus importantes de l'astronomie moderne a précisément
été de montrer que l'univers n'est pas immuable, qu'il est au contraire
continuellement en expansion et en évolution. La synthèse des atomes au coeur des
étoiles a fait apparaître des processus et des structures de plus en plus complexes,
au sommet desquelles il faut placer la vie humaine.
L'immensité de l'univers est un argument qui est parfois évoqué en faveur d'une vie
répandue dans l'univers ; autrement, à quoi servirait cet univers ? Tout d'abord, il
y a là de l'anthropomorphisme à vouloir attribuer une utilité à l'univers. De plus, un
autre univers, et en particulier un univers plus petit, ne pourrait pas donner
naissance à des étoiles comme le Soleil. Un univers où la force de gravitation serait
plus faible, serait un univers sans étoiles. Si au contraire les forces nucléaires
étaient différentes, l'univers serait composé d'étoiles évoluant très rapidement et
mourant avant qu'une forme de vie puisse se développer.
Des p l a n è t e s élusiues
Les progrès les plus marquants des dernières années concernent la détection
d'objets moins brillants que les étoiles : disques protoplanétaires, naines brunes et
planètes. Ce sont tous des objets relativements froids, tout en étant proches d'une
source d'énergie stellaire, et au voisinage desquels on pourrait concevoir que se
développe une forme de vie.
Les naines brunes sont des objets à la frontière incertaine entre étoile et planète,
ayant 6 à 10 % de la masse du Soleil et une température de l'ordre de 2000 à
3000° C. On connaît actuellement moins d'une dizaine de naines brunes confirmées
ou suspectées. Ce sont des objets très difficiles à détecter, puisqu'une naine brune
à la distance de Neptune n'apparaîtrait pas plus brillante que î^ars. L'astuce est de
les rechercher dans l'infrarouge. A ces longueurs d'ondes, les naines brunes
n'apparaissent que cent mille fois plus faibles qu'une étoile, alors que dans le visible
le contraste est de plusieurs centaines de millions.
Le contraste de brillance entre une étoile et une planète voisine de cette étoile est
encore plus important, et explique pourquoi il est impossible de détecter directement
des planètes : le détecteur est ébloui par l'étoile.
Si les planètes sont encore hors limites de nos détecteurs, les méthodes de
détection indirectes s'affinent. La plus prometteuse est de toute évidence la mesure
des variations de vitesse d'étoiles proches par effet Doppler. Si une étoile a un
compagnon planétaire ou stellaire, celui-ci perturbe légèrement sa trajectoire dans
la Galaxie. Il s'agit de détecter ces perturbations dont l'ampleur nous indiquera s'il
s'agit d'une étoile, d'une naine brune ou d'une planète. A titre de référence, la
présence de Jupiter induit des oscillations de la vitesse du Soleil avec une amplitude
de l'ordre de 13 m/s et une périodicité de 12 ans.
De toute façon, il ne suffit pas de détecter une planète pour pouvoir affirmer qu'on
a détecté un site présumé de la vie. L'étape suivante, décider si une planète est
habitable, dépend en tout rigueur de la définition que l'on se donne de la vie. Sur
Terre, le spectre de conditions de températures et de pressions permettant la vie
est très large, mais les organismes les plus complexes ne survivent que dans un
intervalle très modeste de température. C'est cet intervalle plus restreint qui doit
être considéré comme le plus favorable au maintien et à l'évolution de la vie vers
des formes de plus en plus complexes.
Mais comment expliquer que ce mécanisme n'ait pas joué sur Vénus et Mars ? En
effet, si ces planètes se sont formées à partir des mêmes planétoïdes que la
Terre, leur composition géologique doit être semblable à celle de notre planète. Pour
Mars, le problème semble être sa masse qui n'est que le dixième de celle de la
Terre. En raison de son rapport surface/volume élevé, la planète s'est refroidie
trop vite, empêchant ainsi le gaz carbonique de s'échapper des roches carbonées.
Pour Vénus, le problème est plus sérieux. La couche d'air froid qui sur Terre
empêche les nuages de monter dans la stratosphère n'existe pas sur Vénus. Les
océans s'évaporent alors irréversiblement, en quelques millions d'années,
supprimant l'un des éléments de la régulation.
Ces résultats doivent cependant être considérés avec prudence, en raison des
nombreux paramètres incertains ou inconnus. La dérive des continents, les
variations de la surface continentale (qui, sur Terre, a été de 20 % dans les
derniers 180 millions d'années) et les courants océaniques ont un effet non
négligeable sur le climat, ce qui complique singulièrement la tâche des théoriciens.
Enfin la composante biologique, qui est absente de ces modèles, a aussi son mot à
dire, du moins sur notre planète. En effet, si surprenant que cela paraisse, des
éléments de la biomasse comme les forêts et le plancton des océans semblent avoir
un rôle régulateur sur le climat de la Terre.
L'absence de cratères dans les plaines nordiques de Mars suggère aussi que ces
plaines seraient d'anciens océans profonds d'au moins 700 mètres, et qui auraient
disparu il y a environ 1,5 milliards d'années. Si cette date assez récente (par
rapport à l'âge présumé du système solaire qui est de 4,5 milliards d'années) est
correcte, il se pourrait que la vie ait eu le temps de se développer dans ces océans.
A défaut de vie sur Mars, on pourrait alors y trouver des fossiles.
Titan, l'un des satellites de Saturne, a d'autres raisons de nous intriguer. C'est,
avec Triton, le seul satellite de notre système solaire qui ait une atmosphère, et
celle-ci pourrait bien être favorable à une vie primitive de type terrestre. La
mission Cassini, un projet commun NASA--ASE, sera probablement lancée en 1996
vers Saturne, qu'elle atteindra en 2004. L'Agence Spatiale Européenne a la charge
de construire la sonde qui, lancée de l'orbiter de la NASA, descendra lentement
dans l'atmosphère de Titan pour en analyser la composition et, une fois posée,
analyser très rapidement celle du sol avant que l'émetteur radio ne défaille. De
l'avis unanime des planétologues, l'atmosphère de ce satellite serait le siège d'une
riche chimie organique, malgré une température au sol de - 179°C. Les sondes
Voyager y ont déjà détecté l'acide cyanhydrique, qui est par ailleurs l'un des
composants essentiels des acides aminés du vivant.
Trente ans d'écoutes radioastronomiques, pour la plupart ciblées sur des étoiles de
type solaire, n'ont encore donné aucun résultat. Mais ces observations ont été
réalisées avec des récepteurs conventionnels qui sont optimisés pour capter les
rayonnements radio naturels de l'univers. Dans la majorité des cas, un tel
rayonnement est émis dans un très large domaine de fréquences. Pour sortir du
bruit naturel de l'univers et avoir des chances d'être détecté, un signal radio
artificiel devrait au contraire n'être émis qu'à une seule fréquence. Une telle
stratégie d'émission maximise aussi l'intensité du signal pour un budget énergétique
donné.
Les détracteurs de la recherche de vie intelligente dans l'univers objecteront que les
ondes radio ne constituent pas nécessairement le seul mode de communication
interstellaire, ce qui nous ramène au problème de l'anthropomorphisme évoqué plus
haut. S'il est vrai que d'autres ondes peuvent transporter des messages avec
autant d'efficacité que les ondes radio, ces dernières ont tout de même la
particularité d'être le siège de rayonnement de l'atome d'hydrogène, l'élément le plus
répandu dans l'univers, et du radical OH, à 21 et 18 centimètres de longueur d'onde,
domaine qui a été baptisé "le point d'eau" par les exobiologistes parce qu'il constitue
en quelque sorte un point de ralliement symbolique des êtres qui ont un besoin vital
d'eau.
Quoi qu'il en soit, la seule méthode pour tester l'hypothèse de l'existence des
civilisations extraterrestres est expérimentale, et il faut persévérer dans ces
écoutes jusqu'à ce qu'une proportion significative de la "meule de foin cosmique" ait
été explorée,
Mais il est peut-être déjà trop tard ; l'utilisation de plus en plus courante
d'émetteurs d'ondes radio sur Terre et même autour de la Terre rend toute écoute
de plus en plus difficile. Certaines bandes de fréquences, d'importance cruciale pour
la radioastronomie, sont protégées, dont les deux limites du fameux "point d'eau".
Mais l'allumage des moteurs à essence et ce nouveau gadget qui permet d'ouvrir
votre portail sans quitter votre voiture ne sont pas concernés par ces mesures de
protection. Or un radiotélescope peut détecter l'émission d'ouverture de portail à 40
000 km. Autre exemple, le système soviétique de 12 satellites de navigation
"Glonass" qui émet au voisinage de 18 centimètres, empêche le radiotélescope de
Nançay d'observer à cette longueur d'onde 12 heures par jour. Lorsque les 24
satellites seront en orbite dans quelques années, cette longueur d'onde sera
totalement condamnée à Nançay.
13
Conclusion
Venons-en maintenant au but de cette recherche. Tout a déjà été dit sur l'impact
d'un contact et la littérature de science-fiction joue sur la fascination d'une
éventuelle vie interstellaire. Certains promoteurs de l'exobiologie vivent dans
l'attente messianique d'un contact ; une telle attitude m'est totalement étrangère.
Je suis convaincu que, si nous découvrons un jour une forme de vie extraterrestre,
la surprise sera totale. Il est donc inutile de tenter d'imaginer ce que sera cette
rencontre. Les images du système solaire renvoyées par les sondes Voyager nous
ont déjà montré un monde d'une variété insoupçonnée, et je ne doute pas que
l'univers saura nous surprendre à nouveau. J'attends de la recherche que mène
l'exobiologie, et quel qu'en soit le résultat, une meilleure compréhension du rôle de la
vie sur Terre. L'inventaire de l'univers du point de vue de ses ressources vitales
place notre existence dans une perspective plus vaste, et cette interrogation de
l'univers constitue un dialogue, au cours duquel l'univers nous renvoie une image de
nous-mêmes. Le but de l'exobiologie est de préciser cette image.
* * *
BIOGRBPHIE
• "La recherche de la vie extraterrestre", La Recherche, vol. 20, p.828 - 834 (1989)
Le d é u e l o p p e m e n t de la m é c a n i q u e
STIERLIN H.
Genève (Suisse)
17
D'emblée cette colonnade circulaire, cette pièce d'eau annulaire et cet îlot
central évoquèrent pour moi la description que donne Terentius Varro de
la prétendue "volière" de sa villa de Casinum telle qu'elle figure dans le
Res Rusticae (III, 5). Varron (116-27 avant J.-C.) dépeignait, entre 45 et
40, son "oisellerie" dans un texte dont on ne retiendra ici, pour plus de
clarté, que les éléments essentiels à notre démarche.
18
Volière
19
L'édifice "en forme de tablette à écrire dont le haut est arrondi" est
entouré d'un mur. Il est large de 48 pieds (14 m), long de 72 pieds (21 m)
pour la partie rectangulaire, ainsi que de 27 pieds (8 m) pour la partie
arrondie. De la porte, située sur le petit côté, un chemin conduit -entre
deux bassins ou viviers- à une structure ronde entourée d'une promenade
circulaire large de 5 pieds (1,5 m) que borde une colonnade de pierre. Le
dallage sur lequel reposent les colonnes présente une bordure de pierre
dominant de deux pieds la surface d'un bassin annulaire, profond d'un
pied, qui entoure un îlot central.
Cette île forme un socle circulaire avec, en son milieu, une tholos
-édifice rond- à colonnes de bois. Au centre de cette construction, une
table - comme une roue munie de rayons- peut tourner. Elle est disposée
entre les lits d'un triclinium. De là on peut faire s'écouler de l'eau à
volonté.
La s c i e n c e m é c a n i q u e
Que signifie cette allusion à un mécanisme tournant dans une tholos ?
Quelles connaissances les Gréco-Romains avaient-ils des lois du
mouvement imitant artificiellement la marche des astres ? De quelles
ressources technologiques disposaient les constructeurs pour édifier de
telles machines ?
Textes à l'appui
Il existe pourtant une série d'écrits anciens qui font état de machines. Les
descriptions qu'ils fournissent sont parfois d'une rigueur et d'une
précision qui surprennent. II semble difficile de ne les qualifier que de
fables. C'est pourquoi il vaut la peine de les mentionner ici.
Suit, hélas, une longue lacune qui empêche le lecteur de connaître les
développements de la démonstration cicéronienne. Mentionnons que
l'exposé de Sulpicius Gallus relaté par l'écrivain se situe avant 149 avant
J.-C., date de la mort de Sulpicius Gallus, lequel était célèbre pour ses
connaissances en mathématiques et en astronomie, qui fut, en outre,
légat de Paul-Emile. Varron, pour sa part, cite un ouvrage que ce savant
aurait consacré à l'astronomie grecque.
Le m é c a n i s m e d ' f l n t i c y t h è r e
Si les capacités des savants hellénistico-romains quant aux machines
cosmologiques pouvaient encore être mises en doute il y a deux
décennies, il n'est plus permis aujourd'hui de croire que les textes de
Cicéron relèvent d'affabulations lyriques ou d'exagérations poétiques. En
effet, l'interprétation récente d'un vestige archéologique fournit la preuve
du savoir faire technologique des Anciens dans le domaine de la
"micromécanique" de précision.
Il s'agit d'un appareil de bronze retrouvé dans l'épave d'un navire grec
coulé dans la passe d'Anticythère et que des pêcheurs d'épongés
découvrirent, en 1900, parmi des statues antiques en marbre et en
bronze. Celles-ci retinrent naturellement tout l'intérêt des chercheurs, au
point qu'il fallut attendre près de soixante-quinze ans pour que paraisse
une étude scientifique sérieuse consacrée au "Mécanisme d'Anticythère".
Intitulée Gears from the Greek, et datant de 1974, elle est le résultat
des patients travaux de Derek de Solla Price, de l'Université de Yale.
Mécanisme d'Anticythère
24
Derek de Solla Price écrit que "le mécanisme d'Anticythère semble avoir
été utilisé de manière que l'on puisse l'ajuster manuellement à une date
du passé ou du futur, afin d'obtenir, au moyen des engrenages, des
informations sur les divers phénomènes de l'astronomie et du calendrier
à l'instant envisagé". Il s'agit donc d'une sorte de "computer" destiné à la
consultation du ciel.
"Décrire les choeurs de danse des astres, faire connaître leurs positions
voisines, près de l'horizon, quand leurs trajectoires rebroussent chemin,
ou quand elles se devancent les unes les autres, montrer quels sont, dans
les conjonctions et les oppositions, ceux de ces astres qui se placent en
face les uns des autres et ceux qui se mettent à l'opposite, lesquels
d'entre eux passent les uns devant les autres et peuvent ainsi être cachés
et en quels temps, puis nous apparaître à nouveau, épouvanter de la
sorte ou instruire des événements à venir les hommes incapables de
raisonner, ce serait se donner une peine inutile que d'entreprendre de
l'exposer, si on ne faisait voir, en même temps, quelque modèle construit
à l'imitation de ces phénomès" (je souligne ces mots qui ont échappé
aux divers commentateurs du Tiniée).
"Lucullus laissa intacts les monuments qui ornaient la ville, mais enleva
le globe céleste de Billaros et la statue d'Autolycos, réalisée par
S t hennis."
dotée d'un plafond à dispositifs mobiles, d'où tombent, par des tuyaux
(fistulae), des parfums qui aspergent (spargerentur) les convives. On
notera tout d'abord que le mécanisme tournant n'affecte plus simplement
les armilles mobiles d'une sphère, mais entraîne toute une salle, oii
l'empereur reçoit ses convives.
Quant aux tuyaux cachés permettant de faire tomber des gouttes d'eau
sur l'assistance, ils servaient à simuler le pouvoir divin sur la pluie,
exprimant une sorte de hieros gamos placé sous l'autorité impériale.
"Le ciel, avec ses étoiles, telle a été, Rabirius, la conception de ton esprit
pieusement dévoué, toi dont l'art merveilleux bâtit sur la colline
d'Evandre (le Palatin) la demeure impériale."
Et Stace de s'exclamer, lorsqu'il est reçu au palais, qu'il "se trouve avec
Jupiter (Domitien) au milieu des étoiles". Partout, le thème stellaire est
associé à celui de trône impérial et du pouvoir.
Les deux chercheurs ont constaté que ce cylindre creux devait contenir
un système hydraulique actionnant une horloge à eau. Alimenté par la
source nommée Clepsydre (sic), un réservoir occupait la partie haute du
cylindre. Il fonctionnait selon un cycle de 24 heures (formule
nycthémérale), l'écoulement actionnant, au moyen d'un flotteur, un
mécanisme à chaîne s'enroulant sur un axe qui entraînait à son tour un
disque disposé à l'intérieur de la Tour des Vents. Ce disque forme le
cadran d'une horloge anaphorique.
Sans s'étendre outre mesure sur cette Tour des Vents qui semble
conjuguer une girouette, une horloge anaphorique et un planétarium,
formant ainsi un appareil complexe de mesures scientifiques, on est en
30
Quoi qu'il en soit, la Tour des Vents, avec son triton tournant au sommet
du bâtiment, évoque la girouette de la "Volière" de Casinum. En quoi la
direction des vents était-elle si importante aux yeux des Gréco-Romains?
La réponse dent au rôle des "météorologues" dans la société andque, tel
qu'il découle de la fonction des réalisadons mécaniques étudiées.
Bien que sous une forme poétique, souvent elliptique, le texte de Nonnos
de Pannopolis démontre bien quelle était la fonction des mécanismes
cosmologiques antiques. Ils permettaient de reconstituer l'aspect du ciel à
n'importe quel moment du passé ou de l'avenir pour en faciliter la
consultation par les astrologues. Cette curiosité manifestée par les
32
Or, dans ce système où l'on admet que les astres influencent les hommes
par "sympathie", selon le concept des stoïciens, les influx stellaires
parviennent sur terre par l'entremise des vents. Ce sont ces "vents
cosmiques" (dirions-nous) qui apportent le message de chaque planète.
D'oii l'importance de la connaissance "météorologique" : il est capital de
déterminer d'où soufflent les vents lorsque l'on veut savoir sous quelle
influence se trouve un individu.
Si l'on se place donc dans la perspective qui était celle des Anciens, une
absolue logique préside à la consultation horoscopique. Le caractère
géométrique du tracé du thème astral, fondé sur le cercle, le carré et le
triangle équilateral, sur les alignements ou les oppositions, devait
d'ailleurs conforter l'aspect scientifique du processus. Et l'apport de la
mécanique -avec tout ce que la création d'automates peut comporter de
magique- achevait de donner à l'astrologie un caractère rigoureux lui
assurant sa pleine légitimité.
Bibliographie
Le lecteur trouvera une orientation bibliographique dans l'ouvrage
suivant :
• • •
33
GOY G.
Observatoire de Genève
Genève (Suisse)
35
LE DOSSIER DE L'ETRANGE
* * *
1.INTRODUCTION
Un observatoire est un lieu où travaillent physiciens et mathématiciens
spécialisés dans le domaine de l'astronomie. La correspondance reçue couvre
un très large domaine d'activité : astrophysique et sciences annexes,
administration, enseignement, publications périodiques, ouvrages, colloques,
publicité, bibliothèque, presse etc...
36
Chaque jour ouvrable ce sont environ six kilos de documents qui nous arrivent.
Dans cette masse imposante nous trouvons parfois une correspondance
inclassable : lettre étrange, texte hermétique, théorie ahurissante, histoire sans
queue ni tête, substitution d'identité, réfutation d'une découverte, etc...
Depuis 1955, jour après jour, nous avons classé tous ces documents dans un
dossier qui pèse aujourd'hui 6,8 kg. Dans la grande majorité ce sont des lettres
avec en plus quelques dizaines de fascicules imprimés.
Les astronomes ne sont pas la seule cible des imaginations débordantes. Les
mathématiciens et les biologistes ont aussi leur lot de courrier étrange. Mais
nous battons tous les records d'abondance.
2 . P E R I O D E COUUERTE
De 1955 a 1990. J'ai arrêté à l'année 1984 la photocopie d'échantillons pour des
raisons de respect humain. J'ai toujours effacé les noms des auteurs pour
assurer un anonymat qui me paraît indispensable.
3 . RNfiLVSE TEHTUELLE
Aux sept catégories de documents décrites plus haut, correspondent des
caractères communs qu'il est intéressant de décrire.
3 . 1 . Les l e t t r e s m a n u s c r i t e s
Elles ont un caractère spontané, parfois brouillon. Elles sont souvent difficiles à
lire, raturées, surchargées de signes, de croquis, de renvois. Le français est
parfois chaotique, entrecoupé d'exclamations et d'incises qui suggèrent tout un
37
3 . 2 . Les l e t t r e s à la m a c h i n e
Elles sont beaucoup moins spontanées car plus "léchées". Il est généralement
possible de deviner où l'auteur veut en venir mais les raisonnements restent
hermétiques et les objectifs déconcertants.
3 . 3 . Les t e K t e s t h é m a t i q u e s m a n u s c r i t s , les
t e K t e s t h é m a t i q u e s t a p é s à la m a c h i n e
Comme pour les lettres, le manuscrit est plus spontané que l'imprimé, mais il est
rare. En règle générale, nous recevons des doubles au carbone. Cela peut
signifier que nous ne sommes pas les uniques destinataires mais aussi que
l'auteur tient à garder une preuve de sa primeur dans les idées exprimées. En
fait, ces correspondants se présentent quelquefois comme des "découvreurs" et
beaucoup plus souvent comme des "réfuteurs". Le français est généralement
cohérent mais le contenu scientifique général hermétique. Ces documents se
rapprochent beaucoup de ceux décrits dans le paragraphe ci-dessous mais ils
sont beaucoup plus courts (1 à 3 pages).
3 . 4 . Les f a s c i c u l e s i m p r i m é s
Ils sont imprimés à frais d'auteur. Ils sont impeccablement présentés.
L'orthographe y est bonne, les phrases bien construites et grammaticalement
cohérentes. Dans l'ensemble, la rédaction me semble bien supérieure à celle des
journaux. Le volume est agrafé ou broché et peut contenir jusqu'à une centaine
de pages. Manifestement, ces documents sont produits par des gens cultivés qui
ont beaucoup lu, aussi bien dans le domaine littéraire que scientifique. Le texte
est un assemblage de phrases où l'on retrouve des expressions courantes en
astronomie, comme :
Voici quelques titres que nous avons sélectionnés parmi une cinquantaine :
3 . 5 . Les c a r t e s de u i s i t e p u b l i c i t a i r e s
Ces documents sont, au contraire, parfaitement cohérents. Ils nous sont envoyés
par des astrologues, chefs de sectes ou autres gourous des "sciences occultes".
Ils résultent d'une technique commerciale très éprouvée : rechercher la caution
des scientifiques pour consolider leur propre crédibilité vis-àvis de leurs clients.
Leur espoir est simple : obtenir une réponse sur papier à en-tête de notre Institut.
Notre éventuelle lettre deviendrait alors la preuve que l'Observatoire de Genève
fait partie de leurs "correspondants scientifiques".
Nous reproduisons, trois signatures qui ont sûrement un sens. Les auteurs,
quand ils nous écrivent plusieurs fois, utilisent généralement le même graphisme,
sauf dans le cas cité plus bas. Il faut relever un point remarquable : les
documents reçus ne sont jamais anonymes. Les documents sont signés et
contiennent le nom et l'adresse de l'expéditeur.
Ces signatures reproduisent celle d'un grand personnage réel ou mythique. Nous
avons retenu celles de Nicolai Copernic et X. Géométras.
Un cas particulier
"schizophrénie 12%'0
• psychose maniaco depressive 2%
• psychose délirante chronique 64 %
Cette statistique n'est évidemment pas très significative. Genève est en effet une
ville très internationale et il n'est pas possible de distinguer les étrangers
domiciliés dans la région genevoise de ceux qui habitent réellement à l'étranger.
5 . CONCLUSION
Cette première étude n'est qu'un survol général des point les plus marquants
d'un dossier très hétéroclite. L'essentiel reste à faire : une étude en profondeur
du contenu.
• * •
43
LEVY M.L.
Institut National d'Etudes
Démographiques
Paris (France)
45
Obscurantisme
L'ignorance générale s'étend même à la Lune, qu'on ne regarde plus. Un célèbre
dessin de Sempé, du temps où l'Homme marchait sur la Lune, montrait
d'innombrables couples figés devant leurs téléviseurs montrant le disque lunaire,
tandis que l'astre brillait solitaire dans le ciel nocturne, au dessus des immeubles.
46
Si je vous demandais quel jour de la Lune nous sommes, il est probable que
beaucoup d'entre vous plongeraient la main vers leur agenda, au lieu de se
demander quelle forme avait la Lune hier soir. Plus généralement, il serait piquant
qu'un sondage teste les connaissances de nos contemporains et de nos enfants
sur ce sujet. Combien sauraient dire correctement la durée de son cycle, expliquer
le premier et le dernier quartier, montrer en quel point cardinal et à quel moment
de la journée elle se lève et se couche, selon ses phases ? On sait en général que
les marées, et spécialement les grandes, ont à voir avec elle, mais mieux vaut ne
pas trop approfondir ce savoir.
On les divise en général en deux types, l'un dit "solaire" et l'autre "lunaire". Or
l'année a une définition astronomique seulement solaire - durée que met
47
Le cycle lunaire, beaucoup plus court et plus concret que le cycle solaire, s'impose
évidemment comme première forme de mesure de la succession des jours. Au
collège, les filles réglées, une fois informées de la coïncidence troublante - dont je
n'ai pas d'explication - entre le cycle féminin et le cycle lunaire, pourraient en être
des utilisatrices naturelles, mais les garçons aussi, grands amateurs de westerns
et d'histoires d'Indiens, qui comme chacun sait, mesurent les durées en nombre de
lunes.
Il n'y a aucune raison de nommer les lunes en français avec des noms arabes,
ceux du calendrier musulman, ou persans, ceux du calendrier juif adopté pendant
l'Exil de Babylone. Il se trouve qu'en France, on dispose d'une liste de noms de
mois, à la fois populaires et désuets, ceux du calendrier, dit par erreur
révolutionnaire, et qui s'appelait républicain. Ces douze noms, prévus à l'origine
pour des "mois" solaires, évoquent de façon poétique les saisons de nos contrées.
48
Si on les utilise, les lunes correspondantes ne devraient donc pas remonter l'année
à la manière des douze mois musulmans, mais rester aussi fixes que possible
dans les saisons, comme les mois juifs.
Ce résultat est obtenu, dans le calendrier israélite, par l'adjonction, à peu près
tous les trois ans d'une treizième lune. Exactement c'est 7 fois en 19 ans, en
vertu de la constatation du "cycle de Méton", selon laquelle 19 années solaires,
soit 228 mois, valent 235 lunes (sept mois lunaires de plus que de mois solaires).
La lune intercalée dans le calendrier juif ne porte pas un treizième nom, mais
redouble le nom de la douzième lune, celle-ci étant comptée en partant de celle de
Nisan, lune de la Pâque. Cette douzième lune, est dite Adar, selon le nom figurant
dans le Livre d'Esther (3,7). La treizième, quand elle est nécessaire, est donc dite
Veadar, ou Adar II.
Les trois années précédentes, le fîamadan musulman, qui revient toutes les douze
lunes, a coïncidé avec la Lune que les Juifs appellent Nisan, et qui serait celle de
Germinal ôans notre proposition. Mais l'année prochaine, le calendrier juif intercale
sa treizième lune. Le prochain Ramadan coïncidera donc avec la lune d'Adar II,
que je propose d'appeler Eglantine, allant du 4 mars au 3 avril prochains. (Il se
trouve que le 4 mars 1992 sera aussi le mercredi des Cendres, premier jour du
Carême catholique. Cette coïncidence entre la période d'abstinence musulmane et
catholique, dont je ne sais quelle est la fréquence serait évidemment propice à
La lune de printemps
Notre proposition, qui consiste à "traduire" dans les noms du calendrier républicain
les noms des lunes du calendrier juif, n'est qu'une commodité de départ. Si l'usage
proposé avait quelque succès, il faudrait évidemment remplacer par une règle
astronomique la règle d'intercalation de la treizième lune que respecte le calendrier
juif, et qui est d'ailleurs légèrement erronée : l'année solaire juive (il serait plus
correct de dire " la 19ème partie d'un cycle de 19 années - 235 lunes - juives " )
mesure 365,24696 jours au lieu de 365,24220, soit un excès de 0,00476 jour par an
([3], p. 113) :tous les 210 ans, soit 11 cycles de 19 ans (11x19=209), il y a un jour
d'écart, et le cycle annuel des fêtes juives recommence un jour trop tard. Depuis
la "mise en service" du système actuellement en usage, vers l'an 4600 de la
Création du monde (840 ap. J.-C.), voici 11 siècles, la dérive n'est que de 5,5
jours, alors que la dérive julienne était, en 1582, de 10 jours en 12 siècles. Mais il
arrive aujourd'hui que Pessah, la Pâque juive censée marquer la Pleine Lune de
Printemps, commence après le 21 avril, c'est-à-dire plus d'un mois après
l'équinoxe de printemps. C'est arrivé le 24 avril 1986 (5746), cela arrivera le 22
avril 1997 (5757) [4].
Pour Germinal, il vaudrait mieux éviter une telle anomalie, et décider de façon
autonome par rapport au calendrier juif si l'intercalation de la lune d'Eglantine est
nécessaire. En 1997, il ne devrait pas y avoir de lune d'Eglantine, de façon que la
Pleine Lune du 23 mars soit celle de Germinal. Peut-être verrait-on le judaïsme
adopter alors une mini-réforme de calendrier, qui réalignerait la détermination de
l'intercalation de la treizième lune sur la constatation d'un phénomène
astronomique, comme au temps du Temple de Jérusalem. Mais ceci est une autre
histoire..
50
Quant aux (vlusulmans, ils n'auraient rien à modifier, sauf à réexpliquer comment
Mahomet supprima l'intercalation qui maintenait le pèlerinage à la saison des
récoltes ([7], p. 131), et à bien vouloir indiquer, à chaque intercalation de la
treizième lune, la nouvelle correspondance entre leurs douze désignations, y
compris celle de Ramadan, et les désignations juive et républicaine.
* * *
Références
[3] Lettre de MAIMONIDE sur le calendrier hébraïque, traduite par Robert WEIL,
annotée par Simon GERSTENKORN, Editions Meir, 1988.
[4] Roger STIOUI "Le calendrier hébraïque", Les éditions Coibo, 1988.
[5] Daniel S. MILO "Trahir le temps (Histoire) ", Les belles lettres, 1991.
[6] Paul COUDERC "Le calendrier". Que Sais-je, n° 203, 5ème édition, PUF,
1981
[7] Slimane ZEGHIDOUR "La vie quotidienne à La Mecque ", Hachette, 1989
BIOGRRPHIE
VERDIER J.P.
(France)
55
LES C A L E N D R I E R S INDO-EUROPEENS
La seconde idée des hommes a été de considérer que tout être incréé et
étemel de nature a été à l'origine de l'apparition de l'autre partie du réel: il
y a toujours, parmi l'ensemble de l'Incrée éternel, un démiurge qu'on
appela créateur de notre monde. Il y aurait beaucoup à dire sur le
phénomène même de la Création: contentons-nous d'affirmer que le
démiurge ne se livre pas à une création ex nihilo mais à une sorte de tri
dans la matière et dans l'esprit incréés, à un aménagement du Chaos
originel: matière et esprit préexistent à la Création, le démiurge y met
seulement un ordre de type rationnel...
C'est que le démiurge n'opère la Création de notre réel que parce qu'il a
des raisons impérieuses pour le faire et l'homme religieux doit chercher à
les comprendre au mieux à travers la religion : on ne vénère bien que ce
que l'on comprend...
57
Le premier astre qu'apparemment les hommes ont utilisé fut la lune; peut-
être parce qu'on était à la période de l'élevage et que le cycle lunaire est
l'instrument nécessaire à la mesure de la gestation.
1. Toute mesure du temps, observée à partir des astres, est faite dans un
double but :
- il s'agit de gérer un calendrier des hommes et de la société ;
- et de déterminer de manière précise les fêtes religieuses où se
retrouvera l'ensemble de la société.
3. La révolution lunaire :
Du fait que la lune prend quatre formes différentes durant sa révolution,
on en a tiré un moyen simple de cadrage du mois ; celui-ci a généralement
commencé avec la néoménie, c'est-à-dire l'observation du jour où se voit
la plus petite faucille, au lendemain donc de la NL. On a pu voir que la
révolution lunaire dure, en jours pleins inscrits dans un calendrier, soit 29
soit 30 j. Sans que ce décompte soit exact, il est cependant satisfaisant.
4. La révolution solaire :
On s'aperçut aussi que le soleil, qui gère les saisons de la terre observées
dans l'agriculture, passe également par quatre phases que sont les solstices
et équinoxes durant sa révolution annuelle :
. quand le lever du soleil, observé dans un site, est le plus
au nord possible, on est au solstice d'été et les jours sont les plus longs
de l'année ;
. quand le soleil levant est le plus au sud possible, on est au
solstice d'hiver et les jours sont les plus courts de l'année ;
. quand le lever ou le coucher de l'astre se produit à la
bissextrice de l'angle formé par les deux points précédents et dont la
position de l'observateur est le sommet, on est aux équinoxes et les jours
sont alors égaux aux nuits.
Une telle observation valant pour le soleil, comme pour la lune ou les
autres astres errants, on détemiina,
a), une bande de ciel réputée fixe servant de toile de fond,
de part et d'autre de l'écliptique;
b). la course étant réputée circulaire, on avait ainsi une
circonférence que l'on puvait découper en autant d'arcs égaux que l'on
voulait.
59
Une telle comparaison, sous cette forme, ne pouvait être que partielle : elle
pouvait suffire, grosso modo, pour un calendrier civil ne servant qu'à
mesurer le temps approximatif des hommes... On recalait tant bien que
mal les valeurs des deux années par adjonction de jours épagomènes au
décompte lunaire. Mais une démarche aussi grossière ne pouvait suffire
pour l'exacte mesure du temps des dieux qui justifiait toute théologie.
De tels cycles peuvent être fort longs: ils sont conditionnés par des choix
importants laissés au libre arbitre des hommes, notamment le décompte
des jours représentés dans la structure vide de la plaque de calendrier ;
. les cycles les plus brefs, les plus aisés à concevoir, furent
cependant utilisés dans tout le Bassin méditerranéen, puisqu'on s'aperçut
très vite d'une autre réalité :
- les mois lunaires étant tous identiques, il n'y a aucune raison
pour en arrêter le décours à douze ;
- de même pour les années solaires.
C'est que l'on peut ajouter aux exigences minimales qui viennent d'être
données pour la définition du système en double comptage toute une série
d'autre critères, tout aussi conventionnels mais exigeants...
Mais le mythe est très discret à son sujet ; je ne prendrai d'exemple que
chez les Grecs, mais les explications qui sont données ailleurs sont
sensiblement de même nature... Un Géant, -et c'est évidemment Héraklès-
tout bébé, a été abandonné par sa mère parce qu'il est un enfant adultérin
du Roi des Dieux et que l'épouse de celui-ci est d'une jalousie qui
passerait pour maladive si elle n'était pas totalement justifiée. Pour que
son destin s'accomplisse, il faut qu'il soit, de fait, reconnu par l'Epouse
du Roi des Dieux et c'est par une ruse que ce résultat est atteint ; la
Déesse-Reine le prend dans ses bras et lui donne à têter ; mais l'enfant est
d'une force peu commune et, dans son ardeur, il mord tellement fort la
poitrine de sa mère adoptive que celle-ci a un mouvement de recul qui
arrache le mamelon de la bouche du bébé. Une giclée de lait se répand à
travers l'azur et, depuis lors, y est restée sous l'apparence de cette Voie
Lactée.
Une autre source indique qu'il s'agit d'un fleuve mystérieux et primordial,
dangereux comme tous les Fleuves des origines et dont la fonction est de
séparer deux continents célestes, ceux qui viennent d'être nommés
précédemment. On notera avec intérêt que cette source se retrouve dans
62
tandis que l'équinoxe d'automne vient, lui, dans une étoile de la Queue du
Serpent que tient Ophiucus, un géant de la mythologie grecque.
63
Or, nous sommes actuellement dans l'Ere astronomique des Poissons qui
a débuté en l'An 1 ; une Ere zodiacale dure 2144 ans environ... Le
franchissement de la Voie Lactée par le soleil levant des équinoxes a pu se
produire au début de l'Ere astronomique du Taureau, à la fin de notre
Préhistoire, dans l'Age du Bronze, et à l'époque de l'épopée chaldéenne
de Gilgamesh à peu près... On voit ainsi que ce franchissement pourrait
encore être une clé d'explicitation de l'épopée en question avec l'apparition
du second Géant, frère et complément de Gilgamesh...
On notera pourtant que tous les éléments exposés plus haut pour définir le
double comptage s'y retrouvent, même l'aspect de conte populaire que j'ai
indiqué.
C'est à partir d'une telle analyse qu'on peut chercher des comparaisons
dans le reste du Bassin méditerranéen ; elles s'y rencontrent aisément:
Moïse, sur l'ordre de Yahwé et avec sa puissance, libère le peuple par les
Dix-Douze Plaies d'Egypte qui sont autant de pratiques magiques; et que
fait d'autre Héraklès avec ses Douze Travaux ? On pourrait aussi voir,
dans le déroulement même de ceux-ci, qu'on arrive de fait à une nouvelle
organisation du temps annuel par l'intervention du Géant.
Dans le récit des Douze Travaux, Héraklès n'est pas toujours l'acteur
principal, bien qu'il en soit toujours le héros. C'est que, si l'on rapporte
ces textes à l'observation du ciel, on sait bien que dans le décours d'une
année de douze mois/douze travaux la constellation ne sera pas toujours
présente dans le ciel nocturne... Aussi le mythe a-t-il certains subterfuges
qui lui permettent d'exposer une telle réalité qu'il doit suivre à la lettre
puisqu'elle est observée... Notamment dans les derniers Travaux, le héros
divin est surtout dans l'Au-delà du monde.
La précession fut théorisée seulement au Ile siècle avant notre Ere par le
Grec Hipparque, cela est connu; mais il semble que son observation était
accomplie depuis bien longtemps.
* *
BIOGRRPHIE
* * *
67
68
69
71
icudurrus c a s s i t e s en M é s o p o t a m i e
IWANISZEWSKI S.
State Archaeological Muséum
Warszawa (Pologne)
73
OBSERURTIONS SUR
L ' I C O N O G R R P H I E DES KUDURRUS
CRSSITES EN M E S O P O T A M I E
Introduction
L'étude des kudurrus, c'est-à-dire des pierres de bornage, repose sur une longue
tradition et reflète différentes tendances en assyriologie. Des analyses philologiques
furent entreprises au début du siècle par Scheil (1900-1908) et King (1912). Ces
études philologiques furent suivies par les études des représentations symboliques
placées sur les kudurrus (Frank 1906, Zimmern 1906). Puis on vit bientôt apparaître
plusieurs tentatives de décryptage de leurs significations astronomiques ou
zodiacales (Hinke 1907 et Hommel cité par Seid11989,17), études caractéristiques
des tendances de l'époque. Tout ceci fut suivi par Steinmetzer (1922) qui se
concentra sur la signification légale et administrative des kudurrus. Après cela on a
vu tomber le nombre d'études sur les kudurrus. A part la tentative isolée de Watelin
(1953) pour expliquer le sens ésotérique des symboles divins, les années suivantes
n'apportèrent qu'une étude innovatrice et monumentale, celle de SeidI (1968,1989)
qui se concentra sur le développement d'une forme idéale standardisée des pierres
de bornage. En 1978 à partir des stèles publiées par Seidl (1968) et en leur
appliquant un traitement systématique, j'ai mis au point un modèle de description du
ou des processus qui ont contribué à la formation de ces monuments tels que nous
les connaissons (Iwaniszewski 1978). Avec le développement de
l'archéoastronomie, les interprétations astronomiques sont réapparues (Cullens et
Tuman, 1986).
P r é s e n t a t i o n du p r o b l è m e
Le problème principal de l'aspect astronomique des kudurrus est celui de
l'éventuelle signification astronomique des symboles divins. Alors que certains
symboles représentent assurément des étoiles ou des planètes, d'autres peuvent
figurer des constellations ou des groupes d'étoiles. De plus, beaucoup de symboles
de dieux, (par exemple le scorpion, le poisson-chèvre, le pêcheur) présentent une
74
Au début du 20ème siècle, Hommel (1900 and 1920, cité par SeidI 1989, 17)
discute l'hypothèse selon laquelle, à part les représentations planétaires et peut-être
celles de la Voie Lactée, toutes les autres figureraient les signes du zodiaque. Pour
sa part, Hinke (1907, 98-101) était bien d'accord que quelques signes du zodiaque
pouvaient se trouver sur les monuments mais qu'en fin de compte, seuls quelques
signes et non le zodiaque entier y seraient représentés. Il soutenait également
(1907, 115) qu'il s'y trouvait des représentations du dodekaoros plutôt que du
zodiaque.
kudurru analysé par Borger (1970), celui publié aussi par SeidI (1989, 222, table
33). Les autres kudurrus mentionnés par Brinkman (1976) et SeidI (1989)
n'apparaissent pas dans cette étude.
Un kudurru ou pierre de bornage peut être défini comme une stèle de pierre portant
une inscription gravée, traitant d'habitude d'une transaction légale, de dons ou
privilèges royaux (propriété terrienne, exemptions d'impôts) et se terminant par des
menaces détaillées. Les représentations des symboles divins sont d'habitude
placées sur l'autre face de la stèle.
L'usage du terme "kudurru" médio-babylonien fut conservé dans les dialectes plus
tardifs. Dans le dialecte médio-babylonien il portait les sens suivants (selon CAD et
AHW) :
Le document inscrit sur la stèle est un texte légal qui se termine par des
malédictions qui en appellent aux dieux contre les individus qui menaceraient de
changer ou mutiler l'inscription ou la pierre de borne elle-même. Le nombre des
divinités invoquées se situe en général entre dix et vingt (le kudurru SB 26 constitue
la seule exception). Parmi les divinités les plus fréquemment invoquées on trouve :
Adad, Anu, Sin, Ea, Enlil, Samas, Marduk, "tous les dieux qui sont marqués sur la
pierre", viennent ensuite Gula, Sumalia et Suqamuna (voir table 1 )
Un nombre équivalent de symboles divins est placé sur l'autre face de la pierre.
Parmi les signes les plus fréquents, on trouve : la tiare, le croissant, l'étoile, la lance,
le serpent, l'éclair, le lion-serpent, le disque solaire, le scorpion, la lampe, le chien et
l'oiseau perché sur un béton (voir table 2). Ils représentent respectivement : Anu et
Enlil, Sin, Istar, Marduk, Istaran, Adad, Marduk et Nabu, Samas, Nusku, Gula,
Sumalia et Suqamuna.
Le rapport entre les arrangements des deux séries constitue le sujet de la présente
analyse.
76
Noms diuins et s y m b o l e s
La première impression est que les deux listes correspondent approximativement,
mais un examen plus détaillé montre que cela est loin de refléter la vérité. Déjà
Hinke (1907,92-93,115) et Thureau-Dangin (1919,135) avaient noté le manque de
corrélation étroite entre les noms des dieux et leur symbole. Pour tenter de répondre
à cette question, j'ai mis ici en oeuvre un test simple de corrélation selon la formule
de Kolchin etSher(1970,14) et Kamienietskii et al (1975,50-51) :
s2
kx
BM 90 829 f= 0.251
BM 90 827 f= 0.200
SB 22 f= 0.266
SB 21 f= 0.347
SB 26 f= 0.247
BM 90 850 f= 0.134
L7076 f= 0.400
Ces résultats confirment l'impression d'une faible association entre les noms des
dieux et les signes placés sur les mêmes kudurrus. Il semble que nous ayons, là à
faire avec deux groupes de divinités similaires mais arrangées différemment.
77
Mais ont-elles été placées dans un ordre intentionnel ? Je suppose que l'ordre
d'apparition des éléments de chaque catégorie n'est pas le fruit du hasard ; pour
chaque élément, on devait avoir tenu compte du contexte des éléments voisins.
Dans les données écrites, l'ordre linéaire des noms est facile à établir mais l'analyse
des symboles divins est beaucoup plus complexe. Dans le cas des kudurrus
cubiques où les symboles divins sont placés sur des registres horizontaux, chacun
de ces registres a été analysé séparément sans tentative de les lier aux précédents
ou aux suivants. Dans le cas de kudurrus coniques, où les symbols divins sont
arrangés autour du sommet de la pierre, les signes voisins, supérieurs et inférieurs,
précédents et suivants ont été pris en compte. La table des contigences a été
composée et un test de corrélation appliqué selon la même formule.
L i s t e de d i e u » e t de n o m s d i u i n s
Quelles étaient donc ces règles d'ordonnancement des noms divins et des
symboles ? Au second millénaire avant J.C. commença un processus de
classification de différentes sortes d'informations. Cette tendance peut-être suivie
jusqu'à la période paléo-babylonienne lorsque le calendrier fut unifié. Les noms
babyloniens qui désignaient les mois furent adoptés dans le Sud de la
Mésopotamie.
Après l'invasion hittite de Babylone vers 1595 avant J.C. ce processus fut
suspendu. Babylone fut occupé par les Cassites, un peuple venu des montagnes de
l'Est. Mais la culture originale des Cassites fut lentement babylonisée. Lorsque la
période d'acculturation fut terminée la tendance à la standarisation reprit. Quelque
part entre les I 4 è m e et I 2 è m e siècles, des traditions plus anciennes furent
rassemblées et ordonnées systématiquement (Pallis : 1956, 726-727 ; Soden :
1960, 9 ; Qppenheim : 1964, 18). Des mythes, des croyances religieuses, des
prières, des listes de phénomènes naturels furent collectées, restructurées et de
nouvelles normes furent établies. SeidI (1968, 73-93 ; 1989, 73- 93) a démontré
qu'un mouvement de standarisation avait pris place dans l'évolution stylistique des
bornes. Une forme canon standard apparaît à la fin de l'époque cassite.
J'ai ici comparé les listes des noms divins et des symboles avec les listes standard
des dieux de la même époque. Ces listes de dieux sont de simples suites de noms
dans une sorte d'ordre qui peut relever de règles léxicales ou théologiques (Lambert
: 1969, 473). L'une de ces listes, connue sous le nom de "Weidner //sf"fut compilée
dans les périodes Ur II et Isin Larsa et son usage se maintenant jusqu'à l'époque
néobabylonienne (Weidner : 1924, 5). L'autre est une liste paléobabylonienne bien
78
Le coefficient de corrélation est environ deux fois plus élevé pour les noms divins
que pour les symboles divins. Ce résultat montre que l'ordre des noms divins sur les
kudurrus pourrait dépendre de celui de la composition des noms divins sur les listes
standards. Un examen plus attentif de l'arrangement des noms de dieux (Table 3)
montre que pour leur établissement on se référait aux mêmes règles (théologiques)
que les compilations des listes de Weidner et AN = 'I Anum. La suite de noms des
kudurrus définit clairement les groupes de Nergal et Sin. La section d'Ea semble elle
aussi marquée de manière prononcée. Moins important semble l'entourage de
Ninurta qui est séparé et se compose de deux groupes. Par contre, les dieux des
sections d'Enlil et Istar sont dispersés et ceux qui appartiennent aux sections d'Anu
et Belet ili sont très rares.
Les noms des dieux sont indubitablement arrangés selon l'ordre des listes de dieux,
toutefois ce n'est pas exactement l'ordre de la liste An = ''Anum. Elle ressemble
plutôt aux suites de la liste de Weidner en cela que les groupes de dieux d'un même
entourage sont séparés par des suites de dieux appartenant à d'autres sections.
Une tendance générale s'observe ici : après les trois dieux Anu, Enlil, Ea suivent les
groupes de Sin, Ea, Ninurta et Nergal. Les dieux qui appartiennent à la section
d'Istar ne semblent pas occuper une place constante, ils apparaissent souvent
insérés dans le groupe de Sin. Afin de montrer plus clairement cet arrangement, j'ai
présenté les plus longues suites de noms de dieux placés sur des kudurrus (SB 26,
SB 21 et BM 90 827) avec leurs affiliations respectives selon AN = "Anum (Table 6).
Je dois mentionner ici une approche assez similaire de l'étude des arrangements
des noms divins et des symboles par Steinmetzer (1922, 192-198). Selon son
étude, 10 groupes de dieux furent établis (ceux de grands dieux, Sin, Sama§,
Marduk, Nabu, Ninurta, Istar, Adad, Nergal and Istaran) et au moins un représentant
de chaque groupe devrait être placé sur chaque pierre. Mais, on doit remarquer que
les groupes mentionnés ci-dessus ne semblent pas tant avoir été voulus
délibérément par les savants - théologiens de l'époque qu'issus des prémisses de
l'auteur.
Si à partir des mêmes kudurrus, on compare les symboles des dieux et la liste AN =
''Anum on montre (voir Table 6) que les symboles n'ont pas été ordonnés d'après
les listes canoniques de dieux. Ainsi, se trouve confirmé la conclusion précédente
qu'aucun lieu n'existe entre l'ordre de répartition des groupes de symboles de dieux
et ceux de leurs noms. Mais puisque les listes des noms de dieux étaient arrangées
selon une forme standard, il est raisonnable de suggérer que les symboles étaient
aussi placés d'une manière systématique. C'est ici que l'on doit tester l'hypothèse
de la possible origine astronomico- astrologique des motifs d'arrangement.
79
a) la série de "^uIapin (le plus vieil exemple date de 687 avant J.C.). C'est une liste
astronomique qui énumère les étoiles fixes placées dans les régions de Enlil, Anu et
Ea;
b) les séries de présages astrologiques "Enuma Anu Enlit' qui nomment aussi des
étoiles fixes ;
Tous ces documents marquent les dernières étapes avant l'introduction des signes
du zodiaque : ils décrivent des constellations situées sur la trajectorie de la lune et
des saisons astronomiques. Il faut souligner que ces listes d'étoiles fixes furent
gravées pendant la période néoassyrienne (722 - 611), c'est-à-dire, environ six
siècles après la chute de la dynastie cassite. Par contre les datations
paléographiques et astronomiques des séries "^uIapin suggèrent qu'elles auraient
pu être composées vers 1000 avant J.C. à la latitude de Ninive (Reiner 1981, 6). De
même les séries "Enuma Anu En//7" peuvent être datées plus tôt (Reiner 1981, 1
discute la possibilité que le groupe d'origine des présages et des phénomènes
astronomiques dateraient même de la période paléobabylonienne (1894-1595 avant
J.C.)).
Les données assemblées dans la Table 4 ont été comparées avec les séries
"^uiAPIN. Il est notoire que les Babyloniens divisaient tout le ciel en trois zones
nommées les voies d'Anu, Enlil et Ea. La plus septentrionale était la voie d'Enlil. A
quelques exceptions près, toutes les étoiles d'Anu sont situées dans une bande
allant de + 12.5° à - 25.8°. Puisque les étoiles les plus septentrionales de la voie
d'Ea sont situées à la déclinaison -11.3° on ne peut affirmer qu'elles représentent
trois bandes rigides parallèles à l'équateur. Une des listes standard de la série
n^uiAPIN contient une liste de 33 étoiles d'Enlil, 23 étoiles d'Anu et 15 étoiles d'Ea.
Cette liste fut comparée aux symboles divins placés sur les kudurrus. Et puisque
nous sommes en présence de deux types différents de kudurrus, les calculs ont été
effectués séparément (voir Tables 8 et 9).
Les symboles divins placés sur les formes cubiques se répartissent en cinq groupes
différents. Presque toutes les constellations identifiées se trouvent aussi dans les
séries i^uIapin pourtant les groupes ne sont pas agencés selon leurs affiliations. Si
toutefois, les positions des constellations et des étoiles sont comparées avec leurs
arrangements en astrolabes, un paradigme intéressant émerge. Dans les astrolabes
trois étoiles marquent chaque mois. Elles sont divisées en trois ensembles de
douze : les étoiles d'Ea, Anu et Enlil. Selon les listes le coucher héliaque des étoiles
se situe six mois après le lever héliaque. Inutile de dire que cette supposition n'est
pas vraie pour la majorité des étoiles. Les douze étoiles de chaque groupe forment
six paires qui marquent leur coucher et lever simultanés. On observe que les étoiles
et les constellations qui apparaissent dans les mêmes sections ont tendance à être
situées à 5-6 mois ou 1-2 mois de distance (voir Table 8b). Si on les marque sur
une carte du ciel, ces constellations et ces étoiles révèlent les mêmes tendances
(voir Table 8c).
A part la constellation d'Orion il n'y a pas de corps célestes situés entre l'ascension
droite 0 h et 6 h, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas distribués régulièrement (voir Table
8c), la plupart des constellations sont situées entre 8 h et 24 h. Les axes principaux
d'étoiles groupées par paires sont localisés dans la zone 8 h-ll h, 20 h - 23 h
(Groupe II) ;11 h - 1 5 h, 23 h-24 h (Groupe III) ; 4 h - 6 h, 15-19 : (Groupe IV) et 6
-8,16-22 (Groupe V).
81
Il est encore possible de chercher une autre sorte de paradigme qui aurait influencé
l'ordonnancement des symboles divins sur les formes cubiques. Je suggère que
dans ce cas nous avons affaire à un modèle de division verticale du monde. Il ne
semble pas accidentel que les symboles divins désignent des dieux astraux (le
croissant de lune de Sin, le disque solaire de §amas, l'étoile à huit branches d'Istar)
ou des dieux célestes de type météorologiques [la tiare d'Anu, le dieu du ciel et
d'Enlil, le dieu de l'air, le bélier-chèvre d'Ea qui sous cet aspect dénote
probablement un dieu des eaux célestes, et aussi l'objet en forme de bande de
Ninhursanga (yVelorum)] qui sont ordinairement placés dans la partie supérieure
de la stèle et les dieux associés au monde inférieur et à la mort (la tortue d'Ea, qui
désigne peut-être celle-ci comme une divinité des eaux souterraines) le serpent
d'Istaran (dieu du monde inférieur), le dragon-lion de Nergal (dieu du monde
inférieur), le chien de Gula (la déesse de la santé et de la mort) et le scorpion
d'Ishara (la déesse de justice et des oracles, Buren 1937, 39,3) se trouvent sur le
registre inférieur. Comme nous ne possédons que de très rares informations, ce
sujet demanderait à être étudié avec plus d'attention.
La disposition des étoiles et des constellations placées sur les kudurrus de forme
conique est un peu différente. Leur ascension droite varie entre 6 h et 23 h.
D'habitude on leur trouve associé les corps célestes qui sont situés dans le
voisinage ou à l'opposé du ciel (voir Table 9c). Ceci suggère que les monuments de
forme conique ne représentent pas un "modèle" de la voûte céleste ni une carte du
ciel. Les associations entre les symboles indiquent des différences par rapport aux
arrangements sur les kudurrus cubiques. Des recherches plus approfondies sont
encore nécessaires.
Conclusion
L'étude de la distribution des motifs de noms de dieux et de leurs symboles sur les
kudurrus suggère que les listes standard de noms de dieux de la même époque
d'une part et les séries d'étoiles composant ce que l'on appelle les astrolabes
d'autre part, furent parmi les facteurs qui ont guidé les sculpteurs cassites dans leur
choix et l'arrangement des pierres de borne. Puisque il est possible d'expliquer ces
dispositions par les connaissances astronomiques de l'époque cela prouve que les
symboles représentent vraiment des étoiles et des constellations.
Il semble aussi que les étoiles et les constellations tracées sur les kudurrus ne
représentent ni les étoiles ziqpu (en culmination) ni les étoiles dans le passage de la
lune, ni les étoiles équatoriales ou zodiacales. Ceci correspond bien aux tendances
de l'époque : la nécessité de standardisation et d'unification de traditions
antérieures. Il est bien connu que ce n'est qu'après que ce processus se soit
terminé, que s'est mis en place le mouvement dynamique d'une "astronomie
scientifique" (dans le sens d'Aaboe 1974). Compte tenu de cela les pierres de
bornes cassites témoignent d'une étape importante dans le développement de
l'astronomie mésopotamienne.
References
Aaboe A. : 1974, Scientific Astronomy in Antiquity. In : "The Place ofAstronomy in
theAncient World", F. R. Hodson (ed), pp 21-42 Philosophical Transactions ot the
Royal Society of London, vol. 276, n° 1257.
Brinkman J.A. : 1976, l^aterials and Studies forKassite History Vol. I. The Oriental
Institute of the University of Chicago, Chicago.
Kamienieckiy I.S., B.l. Marschak and Y.A. Sher : 1975, Analiz arkheologicheskikh
istochnikov. Nauka, Moskva.
Watelin L. Ch. : 1933, Observations nouvelles sur les kudurru. Paul Geuthher,
Paris.
Weidner E.F. : 1927, Eine Beschreibung des Sternenhimmels aus Assur. Archiv fur
Orientforschung 4 :73-85.
00
TABLE 3. COnt
00
00
TABLE 4. Analyse statistique de l'arrangement des symboles divins disposés sur les kudurrus
cassites.
00
90
TABLE 6. Un choix des plus longues suites de noms de dieux placés sur des
kudurrus cassites avec leur affiliations selon AN=iIAnum.
kudurru SB 26
Ea Ea Sala Sin
Marduk Ea Ninbad
Sarpanitu Ea Tispak
Kudurru BM 90827
Bau Ninurta
92
K u d u r r u SB 21
<e
05
TABLE 8b. Analyse statistique de l'arrangement des symboles divins disposés sur les kudurrus de forme conique. Les
symboles sont associés avec les corps célestes et comparés avec leur arrangements en l'astrolabe B. Les nombres
indiquent les positions des moins dans l'année babylonienne.
co
TABLE 8c. Analyse statistique de l'arrangement des symboles divins disposés sur les kudurrus coniques. Les symboles sont
associés avec les corps célestes. Les nombres marquent les valeurs de l'ascension droite (heure) à l'époque de référence
(l'an 1950) .
«o
00
TABLE 9a. Analyse statistique de l'arrangement des symboles divins disposés sur les kudurrus coniques.
»
TABLE 9b. Analyse statistique de l'arrangement des symboles divins disposés sur les kudurrus coniques. Les symboles sont
associés avec les corps célestes et comparés avec leur arrangements en l'astrolabe B. Les nombres indiquent les
positions des moins dans l'année babylonienne.
O
o
101
P r o b l è m e s d ' a s t r o n o m i e de p o s i t i o n
p o u r les r e c h e r c h e s à c a r a c t è r e
historique
MORANDO B.
Bureau des Longitudes
Paris (France)
103
PROBLEMES D'ASTRONOMIE DE P O S I T I O N
HISTORIQUE
A la lumière des demandes faites depuis trente ans au Bureau des longitudes
on peut établir la liste suivante, non exhaustive, des besoins des historiens
en ce domaine.
Il est intéressant de noter que si les historiens ont souvent besoin des
astronomes, inversement les astronomes peuvent avoir besoin des
historiens. C'est le cas par exemple quand on veut établir la loi qui préside
au ralentissement de la durée de la rotation de la Terre autour de son axe. Ce
phénomène, très lent puisque la durée du jour s'accroît de deux millièmes
de seconde par siècle environ, a pour conséquence qu'une éclipse de Soleil
ancienne n'a pas été vue à l'endroit prévu par un calcul s'appuyant sur la
valeur actuelle de la durée du jour. Les astronomes recherchent donc les
récits anciens d'éclipsés dont ils espèrent de précieux renseignement. C'est
ainsi que l'astronome américain Newcomb, à la fin du siècle dernier, a
étudié les éclipses décrites par Xénophon. Un travail récent par Stephenson
et Yau sur une éclipse de Soleil vue dans le nord de la Chine en 1221 doit
paraître dans Astronomy and Astrophysics. Par ailleurs des chroniques
chinoises anciennes décrivent le passage de la planète Vénus sur le disque
du Soleil, observé fortuitement alors que le Soleil rouge sur le point de se
coucher pouvait être regardé sans danger. Cette observation est également
précieuse pour mesurer le ralentissement de la Terre.
105
On peut classer les renseignements cherchés par les historiens sous les
rubriques suivantes :
Ces calculs exigent de manipuler des algorithmes assez complexes pour les
profanes. Il existe cependant des descriptions des opérations à effectuer que
des amateurs entraînés peuvent programmer eux-même sur calculette
programmable ou micro ordinateur mais ce n'est pas facile, surtout pour la
Lune.
L'utilisation de programmes tout faits n'est pas non plus évidente car on
peut commettre des erreurs en rentrant les coordonnées du lieu (signe de la
longitude, en général négatif à l'est de Greenwich, unités : heures minutes
et secondes ou degrés minutes et secondes). Les Ephémerides du Bureau
des longitudes ( désignées par EPHBDL dans la suite) ne donnent ces
heures que pour l'année en cours et pour Paris ainsi que des méthodes de
corrections pour d'autres lieux. Si les heures du lever et du coucher du
Soleil varient peu pour une date donnée d'une année à l'autre, ceci est tout à
fait faux pour la Lune et les planètes. Pour obtenir les heures de lever et de
coucher des astres pour des lieux quelconques et des dates quelconques le
mieux est de s'adresser au Service minitel du Bureau des longitudes, 36 16
BDL (voir plus loin) ou d'écrire au BDL.
Ceci permet de savoir par exemple si une planète se trouvait dans telle ou
telle constellation ou au voisinage de telle étoile brillante à telle époque. Ceci
permet également de calculer la hauteur et l'azimut des astres.
à -90° vers le pôle sud. L'ascension droite de l'astre est l'angle que fait la
projection de la direction de l'astre sur le plan de l'équateur avec la direction
du point g. Elle est comptée de 0° à 360° (ou de Oh à 24h) dans le sens direct
(ou sens trigonométrique).
L'angle que fait la direction d'un astre à un instant donné avec le plan de
l'horizon est appelé hauteur de l'astre, il est compté de 0° à 90° au dessus de
l'horizon, de -0° à -90° en dessous. Le point de hauteur +90°, point situé à
la verticale de l'observateur, s'appelle le zénith du lieu. Le plan passant par
la verticale de l'observateur et par la direction du pôle s'appelle le méridien
du lieu, il coupe le cercle de l'horizon en deux points, un point appelé nord
du côté du pôle nord et un point appelé sud du côté opposé. L'angle que fait
la projection de la direction d'un astre sur l'horizon avec la direction du sud
s'appelle Vazimut de l'astre. 11 es compté en général de 0° à 360° à partir du
sud positivement vers l'ouest.
Pour un passé plus lointain, ou même pour un passé récent ou pour l'avenir
on utilisera l'ouvrage Planetary programs and Tables from -4000 to + 2800
de P. Bretagnon et J.-L. Simon (cf. bibliographie). Pour le Soleil et les
planètes Mercure, Vénus et Mars on doit faire la somme de séries
trigonométrique dont les coefficients figurent dans des tables, pour les
autres planètes on doit sommer les termes d'un polynômes dont les
coefficients sont à choisir selon la période de temps envisagée. Des
disquettes pour micro ordinateur accompagnent le livre ce qui permet de
réduire au minimum l'intervention de l'utilisateur.
programs from 4000 BC to 8000 AD. les précisions données dans ces deux
ouvrages qui sont au pire d'un centième de degré (de presque un degré pour
la Lune il y a 4000 ans) sont largement suffisantes pour les besoins des
historiens.
Quand on connaît ces trois ensembles de données le calcul n'est pas très
difficile. Il est décrit dans les EPHBDL, mais on peut l'obtenir au 3616
BDL.
Les éclipses de Lune sont visibles de tout l'hémisphère terrestre pour lequel
la Lune est levée. En général il suffit de savoir s'il y a eu une éclipse de
Lune à une date donnée. On consulte les "canons d'écIipses", soit le Canon
der Finsîernisse d'Oppolzer paru en 1887 et republié par Dover
publications en 1962, soit le Canon of lunar éclipsés de J. Meeus et H.
Mucke publié par l'Astronomisches Buro de Vienne en 1983.
En ce qui concerne les éclipses de Soleil le problème est plus difficile car
leur visibilité dépend du lieu. Les canons, et en particulier le Canon ofsolar
éclipsés de H. Mucke et J. Meeus (1983), donnent non seulement les dates
des éclipses mais les éléments de Bessel permettant de calculer les
circonstances locales de l'éclipsé (heures de début et de fin par exemple)
ainsi que la façon d'utiliser ces données. Des explications analogues
figurent dans les EPHBDL. Les calculs ne sont pas très compliqués.
Les comètes visibles à l'œil nu sont assez rares mais elles ont toujours attiré
l'attention et ce d'autant plus qu'on leur a longtemps donné valeur de
présage. De ce fait elles peuvent jouer un grand rôle pour la chronologie.
Les éléments de l'orbite héliocentrique d'une comète permettent, soit par
calcul programmé, soit à l'aide du logiciel Voyager, de connaître
l'éphéméride de la comète et donc de savoir oii et quand elle a été vue. Pour
une orbite parabolique ces éléments sont : la distance périhélie, l'inclinaison
108
6) C a l ç n d r i ç r ^ , ÇhrgnQlpgiç
2) Calculs d'éphémérides
Si l'on ne veut pas programmer soi -même on trouve des programmes tout
faits en Basic dans certains ouvrages. De toute façon les bureaux
d'éphémérides, en particulier en France le Bureau des longitudes, effectuent
des calculs à la demande, si les demandes sont raisonnables. Les
renseignements que demandent les historiens sont en général les plus
appréciés par nos collègues car ils se présentent souvent sous forme de
problèmes curieux et inattendus.
4) Le logiciel Voyager
donné, ces paramètres étant choisis par l'utilisateur. Le Soleil, la Lune et les
planètes y figurent et de plus l'utilisateur peut introduire les éléments
d'autres astres tels que des comètes dont l'icône apparaît alors parmi les
étoiles. Il est impossible de donner la liste complètes des possibilités de ce
logiciel remarquable. 11 nous sert constamment en particulier pour satisfaire
des demandes faites par des historiens.
Bibliographie
* * îH
113
PARISOT J.P.
Observatoire de Bordeaux
FLOIRAC (France)
115
1) Généralités.
2 1 1 1 1 1
1 ft 3 fi 34 3? 31 30 ?9 ?fi ?1 ?fi P3 72 7\ 20 19 1 fi 17 1 fi 1 -i 14 13 12 11 1 0 9 fi 7 f, •i 4 ^ p l
? R h "Ifi 34 33 3? 31 30 ?7 ?fi ?4 ? 3 77 ?1 20 1 9 1 fi 1 7 1 fi 1,'î 1 4 13 12 n 10 9 fi 7 6 5 4 3 2
^ c R ft i^fi 3'i 34 33 3? 31 30 7A ?3 22 21 20 19 Ifi 17 1 fi Ti 14 13 12 11 10 9 fi 7 fi 5 4 3
4 P r R ft 3fi 3fi 34 33 3? 31 30 ?1 ?fi 7"^ ?4 ?3 ?? 21 20 19 Ifi 17 Ifi Ifi 14 13 12 11 10 9 fi 7 6 5 4
F, p c p A 3fi 34 33 3? 31 30 ?9 71 7fi 24 23 22 21 20 19 Ifi 17 1 fi 1 -i 14 13 12 11 10 9 fi 7 6 5
f, F F P C R h 3 fi 3^7 34 33 3? 31 30 ?9 71 7^ ?4 23 22 21 20 19 Ifi 17 1 fi 1 14 13 12 11 10 9 fi 7 6
7 Ti F F, D r R ft 3fi 3*1 34 33 3? 31 30 ?fi 71 ?fi 7^ 24 23 22 21 20 19 Ifi 17 16 l.'i 14 13 17 11 10 9 fi 7
B H n F F p G R A 3 fi 3*1 34 33 3;^ 31 30 ?9 ?R 27 ?fi 2*1 24 23 22 21 20 19 1 fi 17 1 fi 1 fi 14 13 12 11 10 9 fi
9 T H G F F p r R A 3fi 3=) 34 33 3? 31 30 ?9 2fl 27 2fi 2fi 24 23 22 21 20 19 Ifi 17 1 fi Ti 14 13 17 11 10 9
10 ,7 T H G F R p G R A 36 3'i 34 33 3? 31 30 29 2R 27 ?fi 2*1 24 23 22 21 20 19 1 fi 17 16 15 14 13 12 1 1 10
11 K ,T T H G F F P G R A 3 fi .31 30 29 2B 27 2fi 2*1 24 23 22 21 20 19 1 fi 17 1 fi 15 14 13 12 n
12 II K J I H G f E D C B h 36 35 34 33 32 3 1 30 29 2S 27 26 25 24 23 22 21 20 19 1 fi 17 1 fi 15 14 1 3 12
Le principe du calendrier diagonal est basé sur la constatation suivante : si l'année contient exactement 360 jours, tous les 10 jours
les étoiles et constellations qui passent au méridien à minuit se décalent de 10°. Ainsi, toutes les décades les décans se décaleirt h-
d'une unité. Dans la réalité le décalage est plus subtil et ceci pour 2 raisons -a
Les égyptiens avaient semble-t'il traité ces 2 difficultés en utilisant 36 + 12 décans en introduisant une 37ème décade durant les 5
jours épagomènes. Dans le calendrier diagonal, les décans sont notés 1, 2, .., 35, 36, A, B, ..., K, L. Le tableau donne l'heure de lever
de 12 décans durant chacune des 37 décades (une par colonne). Par exemple, durant la lOème décade (lOème colonne) le lOème
décan se lève à la 1ère heure de la nuit, le l l è m e à la 2ème heure,..
118
On pense que jusqu'en 4236 avant J.-C. (ou 4228 suivant les auteurs) le
calendrier, qui remonte à plus de 10 millénaires, est très simple : l'année
de 360 jours est constituée de 12 mois de 30 jours. Puis lui succède le
calendrier vague de 365 jours : 12 mois de 30 jours répartis en 3 saisons,
complétés par 5 jours que les Grecs appelleront épagonèmes. Bien que la
dérive du calendrier dissocie les mois des saisons réelles, les mois sont
répartis de la manière suivante :
119
Dans les textes, les dates sont précisées par l'année de règne du roi. Par
exemple "L'an 2, le 3e de l'Inondation, le 1er jour sous la majesté
Amenemhat III...". La première année d'entrée en fonction est donnée
par rapport au jour de l'An, c'est-à-dire par rapport au premier jour des
crues du Nil : la chronologie est établie comme en Chine et en Inde : la
mort du pharaon le comptage repart à zéro !
2 ) D é f a u t du c a l e n d r i e r u a g u e .
Les Egyptiens n'ont jamais réalisé la correspondance entre leur année
civile et l'année tropique comme nous le faisons avec nos années
bissextiles. Grâce à l'ancienneté de leur calendrier, ils étaient conscients
de l'écart et on connaît plusieurs propositions d'amélioration qui ont
échoué : en 46 avant J.-C., quand Jules César fait appel à l'astronome
Sosigène pour r é f o r m e r le calendrier r o m a i n , celui-ci propose
naturellement un calendrier égyptien améHoré qui deviendra le calendrier
julien. Durant les années bissextiles, le jour supplémentaire est placé
curieusement entre le 24 et le 25 février. En faisant démarrer l'année le
1er mars, le 24 février est le 360e jour de l'année et le jour bissextil serait
placé entre les 12 mois normaux et les 5 jours épagonèmes.
120
• C'est un point de repère facile à localiser dans le temps car Sirius est
l'étoile la plus brillante du ciel. Le lever héliaque se produit quelques
jours avant le solstice d'été. Il annonçait le retour des grandes chaleurs :
la constellation du Grand Chien où se situe Sirius a donné naissance au
mot canicule (de "Canis Major").
toute l'époque qui nous intéresse, le lever héliaque de Sîrius a eu lieu aux
alentours du 21 juillet si on rapporte la date dans un calendrier julien.
4) Concordances j u l i e n - é g y p t i e n
Malgré son grave défaut, l'année "vague" a été utilisée pendant plus de
4000 ans sans tenir compte des saisons. La coïncidence des crues du Nil
123
Soit JJ/MM/AA une date dans ce calendrier. Le jour julien est donnée
par :
F = JJ - 1 448 242
Année = INT (F/365)
Mois - INT ((F - 365 A)/30)
Jour = F - 365 A - 30 M
124
Exemple :
5 ) Les f ê t e s s o t h i a q u e s
En sachant que le 1er Thot de la première année (26/2/-746) est le jour
julien 1448 638, si y est l'année égyptienne comptée à partir de l'ère de
Nabonassar, le jour julien du premier Thot de l'année y se calcule
simplement :
J = 365 (3968 + y) - 47
J - I N T (365.25 Y) + 1721259
y ^ Y ^ ( ) . 2 5 Y + 272 986
365
Pour rechercher les couples (Y, y) qui vérifient cette égalité, on opère de
la manière suivante. La fraction de droite étant un entier et si on appelle
n' cet entier on peut écrire :
y = Y + n'
Y = 1460 n - 1 091 944
ou encore
Y = 1 4 6 0 n - 1324
365
Y - 1460 n - 1 3 2 4 - 4 x
-3 19 5700 -4956
-2 19 4240 -3495 1460
-1 19 2780 -2034 1460
0 19 1320 -573 1460
1 20 136 884 1456
2 22 1588 2337 1452
3 25 3036 3786 1448
L'année sothiaque avait la même durée que l'année julienne entre -5000
et 2000. A cette époque, le lever était fixe dans le calendrier julien.
127
LAZARIDES Ch.
Strasbourg (France)
131
m D A T A T I O N DE LA U I E DU
CHAIST
C'est là une question qui fait l'objet de débats depuis pratiquement le début de
l'ère chrétienne (déjà au Ile siècle, chez Irénée ou chez Tertullien). Dans le
cadre d'un exposé de trois quarts d'heure il ne pourra s'agir que de donner
quelques indications "programmatiques" pour ainsi dire, car sur chaque élément
(la date de la naissance, la date de la Crucifixion, la date du Baptême, la
question de "l'Étoile", etc...) il existe une très vaste littérature. Il s'agit vraiment
d'un thème pluridisciplinaire tout à fait en rapport avec l'intitulé de nos réunions
"Astronomie et Sciences Humaines" : s'y sont consacrés des historiens, des
théologiens, des chronologistes, et d'autre part des astronomes car les deux
dates déterminantes, la naissance et la mort, sont liées -directement et
indirectement- à des phénomènes astronomiques. Notons aussi que cette
question a pu intéresser des "astrologues" ou des "ésotéristes"
Une e n q u ê t e à r e b o n d i s s e m e n t s
On sait que les données historiques sur le Christ -en dehors des textes du
Nouveau Testament- sont pratiquement inexistantes, et les quelques rares
mentions sont sujettes à caution. C'est donc uniquement dans les données des
quatre Évangiles et de quelques passages des Actes des Apôtres que nous
trouvons les éléments pouvant servir à une datation et à une chronologie. Il
existe en effet quelques "synctironismes" nous permettant de faire le pont avec
la réalité historique connue par ailleurs. Un "synchronisme" est la mise en
parallèle, dans le texte du Nouveau Testament, d'un fait de la vie de Jésus-
Christ avec un fait repérable historiquement : ainsi la naissance (Matthieu, 2,1)
a lieu "au temps du roi Hérode", la Crucifixion à l'époque où Ponce Pilate était
gouverneur (ou préfet) de la Judée, etc... Il y a ainsi un tout petit nombre
éléments dont on pourrait penser avoir fait rapidement le tour ; et l'on pourrait
escompter ainsi soit arriver rapidement à une datation indiscutable, soit devoir
renoncer définitivement -par manque de documents- à toute datation. Mais le
132
paradoxe, et la véritable fascination que peut exercer ce sujet, c'est que depuis
pratiquement 2000 ans l'enquête rebondit sans cesse. Les progrès, ou les
solutions temporaires, en histoire, en chronologie, en astronomie, ont fait sans
arrêt réviser des choses qui paraissaient définitives. Nous ne saurions rendre
compte ici de cette histoire des déterminations chronologiques car c'est par
dizaines de milliers que se comptent les travaux sur le sujet.
La q u a d r a t u r e du c e r c l e
L'équation à résoudre se pose en gros de la manière suivante. La naissance est
principalement reliée à deux synchronismes :
Luc, 2,1. "Or, en ce temps-là parut un décret de César Auguste pour faire
recenser le monde entier. Ce premier recensement eut lieu à l'Epoque où
Quirinlus était gouverneur de Syrie." (Jraà. T.O.B)
A cela s'ajoute la mention de l'étoile des Mages, qui a fait couler beaucoup
d'encre mais qui, au départ, ne permet aucun synchronisme évident.
Luc, 3,1-3. "L'an quinze du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant
gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de Galilée, Ptiilippe son frère
tétrarque du pays d'Iturée et de Trachonitide, et Lysanias tétrarque d'Abilène,
sous le sacerdoce de Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée à Jean
fils de Zacharie dans le désert. Il vint dans toute la région du Jourdain,
proclamant un baptême de conversion..." (Trad. T.O.B.)
Luc, 3,23. "Jésus, à ses débuts, avait environ trente ans" (Trad. T.O.B)
Mais cela ne nous dit pas précisément depuis combien de temps Jean-Baptiste
baptisait lorsque Jésus vint à lui. D'autre part la quinzième année de Tibère peut
être déterminée de plusieurs façons :
- d u 1-10-27au 30-9-28
- d u 1- 1-28 au 31-12-28
- d u 19- 8-28au 18- 8-29
133
Sachant par ailleurs que l'on n'a pas de renseignement sur la durée précise de
la vie de Jésus-Christ (33 ans est une tradition qui ne repose sur aucun passage
des Évangiles), et que l'on n'a pas non plus la durée exacte du "ministère" du
Christ (c'est-à-dire de son activité à partir du Baptême dans le Jourdain), nous
avons ainsi affaire à un système qui est au départ assez mobile : les
déterminations peuvent remonter jusqu'à pratiquement l'an 12 avant Jésus-
Christ pour la naissance et aller jusqu'à l'an 36 après Jésus-Christ pour la mort,
ce qui, dans l'hypothèse la plus extrême, pourrait conduire à une vie de près de
50 ans.
La d a t e de la C r u c i f i K i o n
L'absence de J.P. Parisot, qui devait parler plus spécialement de la datation de
la naissance, va m'obliger à développer plus moi-même cette question, et de ce
fait je passerai rapidement sur le problème de la date de la Crucifixion, non pas
qu'il ne soit pas important et passionnant -loin de là I- mais parce qu'il est
aujourd'hui pratiquement résolu et que je ne pourrais que répéter ce qui a été
bien établi par plusieurs chercheurs, en particulier Humphreys et Waddington
(voir bibliographie) et repris par J.P. Parisot justement, dans un article de la
revue Ciel et Espace (voir bibliographie).
signalé dans le Nouveau Testament que le soleil s'est obscurci. Une éclipse de
soleil est de toute façon une impossibilité au moment de la Pâque juive puisque
celle-ci se situe à un moment de pleine-lune (où seules sont possibles des
éclipses de lune). Tout un débat s'est ouvert récemment sur la visibilité de cette
éclipse de lune depuis Jérusalem le soir de la Crucifixion car elle s'est déroulée
très près de l'horizon et c'est "au millimètre près" que l'on peut discuter de ces
conditions de visibilité. Ivlais cela ne change rien au problème de datation. Quant
au phénomène d'obscurcissement du soleil, plusieurs hypothèses pourraient
l'expliquer sans faire appel à une erreur ou à une confusion de l'Évangéliste.
Le p r o b l è m e de le d a t a t i o n du B a p t ê m e
Je passerai très rapidement aussi sur ce problème. Sur la base du passage cité
plus-haut concernant le synchronisme avec Tibère, et en tenant compte du fait
que trois pâques différentes sont mentionnées dans l'Évangile de Jean, on peut
situer le Baptême en l'an 31, ou bien en l'an 30 si l'on admet une pâque qui
n'aurait pas été mentionnée (thème de "l'année silencieuse du Christ"). A quel
moment de l'année ? C'est toute une nouvelle série d'hypothèses qui se
présentent là. La date traditionnelle du 6 janvier a-t-elle quelque valeur
historique ?
En situant -par hypothèse- le Baptême le 6 janvier de l'an 30, nous aurions 3 ans
et 1/4 pour la durée du "ministère" ; en la situant le 6 janvier de l'an 31, nous
aurions une durée de 2 ans 1/4. C'est une question essentielle car c'est vraiment
à ce moment du Baptême que, pour ainsi dire, naît le Christ proprement dit:
Luc, 3,22. "Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré" (Jraô. T.O.B)
Le p r o b l è m e de la datation de la
naissance
Nous passons donc à ce moment qui représente l'autre borne de la biographie et
dont la détermination pose des problèmes très complexes.
d'Hérode, et même "d'un certain temps", car il faut justifier le fait qu'Hérode fait
tuer tous les enfants de moins de 2 ans. Si l'on avait donc la date de la mort
d'Hérode, on aurait une sorte de terminus ante quem, avant lequel il faudrait
chercher la naissance. Or, Flavius Josèphe (voir bibliographie apporte des
éléments concernant le règne d'Hérode et sa mort. Il y a en particulier la mention
d'une éclipse de lune (encore ! ou déjà I) qui aurait précédé de peu cette mort
d'Hérode. Après divers recoupements -dans le détail desquels je n'entrerai pas
ici- deux solutions s'avèrent possibles : l'éclipsé de lune du 12/13 mars de l'an 4
avant J.C. et l'éclipsé totale de lune du 9/10 janvier de l'an 1 avant J.C. En
étudiant par ailleurs les deux déterminations chronologiques du règne d'Hérode
données par Flavius Josèphe, la plupart des chercheurs ont cru pouvoir affirmer
que c'est la date de 4 avant J.C. qui était la bonne. Et, à partir de là, ils ont
supposé vers 6 avant J.C. la naissance de Jésus.
A ces deux synchronismes sont venus s'ajouter deux éléments beaucoup plus
aléatoires, mais qui -par une sorte de renforcement mutuel entre eux, ainsi
qu'avec les deux synchronismes- ont fini par créer une sorte de pseudo-
évidence qui a bloqué la recherche pendant des décennies. Ces deux autres
éléments sont :
3) - ladite "erreur"6e Denys le Petit (5® siècle), qui se serait trompé de 6 ans en
déterminant le début de l'ère chrétienne
Nous voyons donc s'instituer une sorte de "cercle vicieux" entre ces quatre
éléments qui semblent se soutenir l'un l'autre. Mais est-ce sur une base solide ?
En fait dès 1880 Florian Riess (voir bibliographie.) avait remis en question l'un
après l'autre ces quatre éléments et il était arrivé à la conclusion que rien
n'interdisait -et même que tout justifiait- de situer la naissance en l'an 1 avant
J.C.
Une petite précision sur le comptage des années s'avère nécessaire ici. Il y a
deux manières de compter les années "préchrétiennes"-.
137
- le mode "astronomique", avec une année "0" puis, en remontant, les années
-1,-2, -3, etc....
1) - selon la façon dont on comptabilise les années du règne d'Hérode selon les
deux indications différentes de Josèphe, on peut aboutir, pour sa mort, à l'an 1
avant J.C. Par ailleurs, les conditions de la mort d'Hérode relatées par Josèphe,
et en particulier la mention de l'éclipsé de lune, peuvent aussi être situées -de
façon tout à fait cohérente- en l'an 1 avant J.C.
3) - ladite "erreur" ûe Denys le Petit pourrait bien alors ne pas être une erreur,
ou bien se limiter -tout au plus- à un problème d'ajustement sur une année
(précisément l'an 0 des astronomes qui n'existe pas en chronologie historique). Il
faudrait ici étudier en détail par quelles voies on en est arrivé à supposer cette
prétendue "erreur".
Or, par rapport à ces phénomènes qui parlent en effet un langage symbolique
singulièrement précis, et qui sont astronomiquement remarquables, on peut se
situer d'une tout autre manière que de chercher à tout prix au moment de quel
phénomène particulier la naissance a pu avoir lieu.
Tout d'abord, il est assez évident que l'étoile, avant d'avoir une signification
astronomique, signifie l'âme qui, dans les mondes spirituels, s'approche de la
naissance. Cela n'empêche pas d'ailleurs -toujours dans le sens même d'une
symbolique religieuse-astrale- que ce processus se lie précisément aux
phénomènes astronomiques. Dans ce sens, les Mages ont bien pu voir le début
de ce processus spirituel dans la fameuse triple conjonction de l'an 7 avant J.C.,
comme un signe annonciateur de la Venue du Messie. Ensuite, les divers autres
phénomènes, et en particulier les conjonctions Jupiter-Régulus, ont pu marquer
des étapes de ce processus de préparation ou de gestation spirituelle. Quant à
la naissance elle-même, elle aurait eu lieu à proximité d'un autre événement qui
n'est jamais évoqué dans les études sur le sujet mais qui prend en fait une
grande signification dans la logique de l'astronomie-astrologie antique,
babylonienne en particulier : la triple quadrature Jupiter-Saturne de l'an 0. En
effet il existe un lien organique entre la triple conjonction et la triple quadrature
(qui a toujours lieu environ 7 ans après), qui certes est moins spectaculaire mais
qui, dans la logique astrologique, représente en quelque sorte la concrétisation
142
de ce qui n'était que signe annonciateur dans la conjonction. Certains auteurs -et
ne versant pas obligatoirement dans des spéculations ésotériques- ont
remarqué que Jupiter pouvait être pris comme une sorte de guide au cours de
ces 7 ans ; en suivant ses diverses rencontres avec les autres planètes et avec
les étoiles fixes, il semble raconter une sorte d'histoire symbolique, qui se
réalisera par la suite de façon plus concrète, (voir schéma)
Ils sont en effet souvent pris dans une logique contradictoire : d'un côté, ils
veulent bien voir dans l'étoile le signe de la naissance, mais ensuite ils ne tirent
pas les conséquences épistémologiques de cela : car si Jésus naît vraiment et
que le signe en est manifesté par l'Univers, cela cautionne toute une forme
d'astrologie. Ou bien alors il faut supposer que des prêtres manipulateurs ont
construit tout un mythe sur la base des phénomènes astronomiques. Souvent,
les astronomes éludent ces implications. Il est intéressant de noter qu'un
directeur de planétarium où se pratiquait depuis des années le classique
spectacle d'avant Noël sur "l'étoile de Bethléem" s'est un jour aperçu qu'en fait
toute la logique du spectacle était une caution implicite de la logique
astrologique et s'est empressés de "rectifier"ce programme du planétarium. En
fait la plupart des travaux d'astronomes sur l'Etoile des Mages flirtent avec les
mêmes ambiguïtés. Personnellement, cela ne me gène pas car je n'ai pas à
défendre une logique rationaliste pure et dure mais je pose la question aux
intéressés.
Une n a i s s a n c e ? Ou deuK n a i s s a n c e s ?
Je voudrais -pour conclure- aborder une question qui va aller encore plus loin
dans l'hérésie, et qui va sûrement déclencher une certaine épouvante chez
certains. Et je le ferai pour deux raisons :
- d'abord parce que c'est un auteur scientifique -au départ non suspect de
complaisance pour les spéculations mystiques- qui aboutit à cette hypothèse
après des années de travaux sur le sujet. Il s'agit de David Hughes (voir
bibliographie.)
143
144
- ensuite, surtout, parce que cette donnée -toute paradoxale qu'elle soit- éclaire
une foule de choses dans les récits de la Nativité. En bref, dans les textes de
Matthieu et de Luc, tout se passe comme si cette idée était implicite.
"Hughes lui-même n'en exclut pour autant pas d'autres hypothèses. Il va même
jusqu'à rappeler que Steiner, pour concilier des textes contradictoires sans avoir
à les interpréter ou à changer leur traduction traditionnelle, avait émis
l'hypothèse qu'il y ait eu deux messies dénommés Jésus, nés à des temps peu
différents..."
Les indications de Steiner (voir bibliographie.) prennent tout leur sens dans un
contexte ésotériques fort complexe qui ne saurait être résumé en quelques
mots. Mais, pour nous en tenir aux aspects immédiats de la question, on peut
dire qu'il affirme que les récits de Matthieu et de Luc décrivent deux naissances
différentes, ce qui explique les "variantes" qui sont en fait bien plus que des
variantes. Il y a en particulier le problème des deux généalogies, différentes
chez Matthieu et chez Luc, problème qui ne peut être résolu en disant que l'une
serait celle du père et l'autre celle de la mère (solution qui contredit le texte des
Évangiles). D'autre part, cela permettrait de résoudre le problème de la présence
d'Hérode dans Matthieu, son absence dans Luc -du moins son absence en
rapport avec la naissance, puisqu'il est mentionné en Luc, 1,5, mais alors en
rapport avec l'Annonciation de la naissance de Jean Baptiste-. Tous ces petits
détails chronologiques s'harmoniseraient de façon remarquable dans la solution
par les deux Jésus. C'est ce que Steiner résume ainsi dans "L'Évangile selon
Saint Luc" (1909) :
" Deux enfants Jésus sont donc nés à quelques mois de distance. Ma/s l'enfant
Jésus de Luc, ainsi d'ailleurs que Jean Baptiste, naquit assez tard pour que le
massacre des Innocents n'ait pu l'atteindre ; en effet aviez-vous jamais réfléchi
au fait que ceux qui lisent ce qui nous est dit du massacre des enfants de
Béthléem devraient se demander comment il se fait que Jean Baptiste a pu
survivre ? Car vous verrez que tous les faits concordent (...) les événements
racontés par l'évangile de St Matthieu et ceux que rapporte l'évangile de St Luc
n'ont pas eu lieu en même temps, si bien que la naissance du Jésus de la lignée
de Nathan ne tombe pas au moment du massacre des Innocents. Il en est de
même pour Jean Baptiste. Bien qu'il n'y ait eu que quelques mois de différence,
cela suffit pour rendre la chose possible..."
ce serait donc bien une question de mois et non d'années. Hérode étant mort en
février ou mars de cet an 1 avant J.C. il serait compréhensible que Luc n'évoque
plus ledit "massacre des Innocents".
Nous aurions donc au cours de l'An Zéro (1 avant J.C.) les deux naissances,
voire les trois, dans l'ordre : celle du Jésus de Matthieu au tout début de l'année,
celle de Jean Baptiste vers le moment du solstice d'été, et celle du Jésus de Luc
à la fin de l'année.
Or, il est à remarquer -et on peut avoir un aperçu de ce débat jusque dans la
très respectable revue "Nature" (voir bibliographie.)- que plusieurs textes
hébraïques anciens contiennent des éléments indiscutables sur l'attente des
deux messies et du prophète. Il semble que ces trois naissances étaient la base
de l'attente messianique juive au 1 er siècle avant J.C. : l'Annonciateur, le Messie
Royal, le Messie Sacerdotal. Or c'est bien ce qui apparaît dans la double
généalogie : Messie Royal -par Salomon- chez Matthieu, Messie Sacerdotal -par
Nathan- chez Luc. C'est aussi dans ce sens que pourraient être interprétés
certains éléments astronomiques des 7 ans préparatoires.
Des éléments de réflexion sur cette question des deux messies se trouvent dans
les articles de Beasiey-Murray et de Philonenko (voir bibliographie) ainsi que
dans le texte gnostique "Pistis Sophia" et dans les Manuscrits de la Mer Morte.
Je termine donc sur cette hypothèse osée mais qui -je le répète- a attiré
l'attention de plusieurs chercheurs tout à fait rigoureux, dont des astronomes, qui
ont été conduits à l'envisager, on peut dire : sous l'évidence même des faits
rencontrés en approfondissant le sujet de la datation de la naissance de J.C.
Bien sûr, ils ont éventuellement plus de problèmes ensuite en ce qui concerne la
logique ésotérique qui va avec... Mais il est clair qu'au niveau purement formel,
tout se passe comme si les choses étaient ainsi.
146
59. Borgognone : Jesus a douze ans dans le Temple (S. Ambrogio. Milan)
147
Conclusion-résumé
La mort du Christ peut être maintenant datée avec une quasi certitude au 3 avril
de l'an 33. Le problème de la datation de la naissance est plus complexe. Quatre
pseudo-évidences ont longtemps bloqué la recherche. En fait, certains auteurs
de la fin du XIX© siècle étaient sur la bonne voie mais leurs travaux ont été
curieusement "occultés". C'est à partir des années 1970 que l'on revient à l'idée
que la naissance a pu avoir lieu au cours de l'an 1 avant J.C. (An "Zéro" des
astronomes) à condition de réviser les quatre idées reçues mentionnées :
datation de la mort d'Hérode, datation du "recensement" de Quirinius, prétendue
"erreur de Denys le Petit", simultanéité de la naissance et d'un phénomène
astronomique spectaculaire (en particulier triple conjonction Jupiter-Saturne de 7
avant J.C.).
Dans le cadre d'une telle datation, Jésus-Christ serait bien mort à 33 ans (ou 33
ans et 3 mois), durée retenue par la tradition.
On ne peut pas dire que cette datation est absolument "démontrée" mais ce qui
est sûr maintenant, c'est qu'elle n'est pas impossible -ce que l'on a cru pendant
des décennies-. Elle respecte parfaitement les synchronismes^du Nouveau
Testament, et elle permet d'expliquer nombre de détails des Évangiles qui
pouvaient apparaître superflus, voire contradictoires.
L'enquête a une fois de plus rebondi, elle n'en est que plus passionnante.
148
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Goetheanum, n"2,1981
*VETTER S. : "Johannes Kepler und der Stern des Weisen" - Das Goetheanum
17-1-1982, p. 21
>t« * *
155
INDEK
Uolumes 1 à 7
Uolume 1
Editorial 1
P. Erny et C. Jaschek
Temps et Devenir I et II 23
H. Barreau
Uolume 2
Editorial 1
P. Erny et C. Jaschek
Le Zodiaque de Denderah 3
H. Andrillat
•kick
157
Uolume 2
Editorial 1
P. Erny et C. Jaschek
Uolume 4
Editorial 1
P. Erny et C. Jaschek
Le Songe de Kepler 27
H. Andrillat
* * *
158
Uolume 5
Editorial 1
P. Erny et C. Jaschek
* * *
159
Uolume 2
Editorial i
P. Erny et C. Jaschek
Uolume 2
Editorial i
P. Erny P. - Jaschek C.
INDEK
RUTEURS
Nadal R. 7,11
Navet R. 7,43
OudetJ.F. 7,79
ParizotJ.P. 1,3, 95 ; 2,27
Radoslavova T. 7,95
RozelotJ.P. 1,51
SchlosserW. 3,79
Schmidt-Kaler Th. 5,73
Simanov A. 7,95
SuagherF. 1,95
Triomphe R. 1,65 ; 3,3 ; 5,5
Verdier P. 2,117 ; 3,23 ; 4,35
Viret J. 4,13
Wagner E.H. 1,81
Ziolkowski M.S. 5,91 ; 7,23