Hubert Reeves-Chroniques Des Atomes Et Des Galaxies-Points
Hubert Reeves-Chroniques Des Atomes Et Des Galaxies-Points
Hubert Reeves-Chroniques Des Atomes Et Des Galaxies-Points
net
Hubert Reeves
www.biblio-scientifique.net
www.biblio-scientifique.net
ISBN 978-2-7578-2297-5
ISBN 978-2-02-081299-3, 1 re publication
www.seuil.com
www.franceculture.com
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Avant-propos
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notre existence. L’hélium dont on gonfle les ballons d’enfant
nous permet de remonter jusqu’aux premières minutes de
notre univers, tandis que l’antimatière, par son extrême
rareté, nous promet l’exploration de moments encore plus
anciens.
Confronté au problème que pose un découpage quelque peu
arbitraire, j’ai indiqué entre parenthèses un renvoi aux
chroniques qui complètent ou qui se rapportent au même
sujet. Je renvoie également dans certaines chroniques aux
illustrations figurant dans le hors-texte couleurs de cet
ouvrage.
Ces chroniques des atomes et des galaxies nous parlent de
cet univers qui nous a engendrés. Elles s’adressent à la
question de notre origine : « D’où venons-nous et comment en
sommes-nous venus à exister ? » Les Chroniques du ciel et de
la vie publiées précédemment s’adressaient, elles, à la
question de notre destin : « Comment agir pour ne pas nous
éliminer nous-mêmes ? » Ces deux interrogations, sur le passé
comme sur l’avenir, se rejoignent dans le cadre de nos
préoccupations écologiques.
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COSMIQUE
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Tourisme cosmique
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spiraux (en particulier en haut à gauche). Les points bleus qui
saupoudrent le fond sombre de la photo sont encore et
toujours des galaxies, mais très lointaines, tout juste
perceptibles dans nos télescopes.
Voilà le monde où nous sommes nés, un beau jour, sur une
petite planète bleue tournant autour d’une étoile jaune dans
une galaxie blanche : la Voie lactée, une galaxie ordinaire
parmi des milliards d’autres. Un observateur situé sur un de
ces astres lointains verrait, dans son télescope, des images
semblables à celle-ci. Dans son champ visuel, un point bleu
pourrait être notre galaxie. Pourrait-il imaginer que, de là,
quelqu’un (nous !) le regarde ?
À quelle distance sont ces galaxies ?
En astronomie, on utilise comme unité de mesure l’année-
lumière : le trajet parcouru par la lumière en un an. Une
année-lumière équivaut à dix mille milliards de kilomètres.
Les points bleus (regardez-les encore !) sont à plusieurs
milliards d’années-lumière, donc plusieurs milliards de fois dix
mille milliards de kilomètres ! Ces chiffres nous donnent une
idée des dimensions vertigineuses de notre univers.
Ce document photographique ne nous en laisse voir qu’une
partie, ce que nous appelons par définition l’univers
observable. Comme au bord de la mer, notre regard est limité
par une « ligne d’horizon » imposée à la fois par nos
instruments et la physique elle-même. Sur la mer, un bateau
nous permettrait d’aller vérifier que la nappe aquatique
s’étend bien au-delà de cette ligne. Mais pour l’espace, aurons-
nous un jour semblable possibilité ?
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Les questions affluent : y a-t-il encore des myriades de
galaxies au-delà de notre horizon ? Quelle est la dimension
réelle de l’univers ? Serait-il infini ? Cette photo ne nous en
présenterait alors qu’une fraction infime… Si l’univers est fini,
nous pourrions — en principe — dénombrer les galaxies et les
étoiles. Mais s’il est infini ?
Comment arriver à savoir si l’univers est fini ou infini ? Des
méthodes indirectes pourraient nous permettre un jour de
répondre à la question, mais pour l’instant elles nous laissent
sur notre faim. Nous reviendrons abondamment sur le sujet.
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17 février 1600, sur le Campo dei Fiori à Rome, Giordano
Bruno fut brûlé sur un bûcher pour avoir publié (entre autres
hérésies) un ouvrage intitulé De l’infini, de l’univers et des
mondes. Grand provocateur, il tenait des propos inacceptables
pour les autorités religieuses de l’époque : « Si votre Dieu n’a
pas pu créer un monde infini, le mien l’a pu. » Trop, c’était
trop…
En l’absence de données d’observation, les passions, les
opinions philosophiques et les options religieuses dominaient
totalement ce débat et se traduisaient par des positions
d’autant plus radicales. Au XVII e siècle, les développements
de l’astronomie donnèrent à ces interrogations des dimensions
nouvelles. La théorie de la gravitation universelle permit à
l’esprit humain de se projeter dans l’espace et de comprendre
les mouvements de la Lune autour de la Terre, et des planètes
autour du Soleil. Mais les efforts de Newton pour y intégrer
aussi le monde des étoiles lointaines n’aboutirent pas. Au-delà
du système solaire s’étendait encore le mystère des astres
réfractaires à l’appréhension humaine.
Tout change en 1917, quand Einstein établit sa théorie de la
relativité générale (C-41) [1] dont le champ d’application
s’étend à l’univers tout entier, et à toute la matière qu’il
héberge. On peut maintenant poser sur des bases scientifiques
la question de la dimension du cosmos. Sans y répondre (il
faudra compléter la théorie par des observations), cette
théorie laisse toutefois entrevoir que l’univers pourrait être
infini. Einstein n’appréciait guère cette idée. Encore moins
l’idée que l’univers puisse être en expansion ; il s’en est
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exprimé ouvertement à plusieurs reprises. Pourquoi ? Était-il
influencé par l’esthétique apollinienne ? Après une longue
résistance, il finira par accepter la réalité de l’expansion et la
possibilité d’un univers infini.
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Claustrophobes, agoraphobes ?
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empêcher d’interpréter et d’apprécier correctement de
nouvelles observations. L’histoire des sciences offre de
nombreux exemples de situations où les préjugés de quelques
personnes ont longtemps bloqué, ou du moins
considérablement retardé, le développement de la recherche.
Il n’est pas anormal, lorsque nous explorons des
phénomènes et des dimensions bien au-delà de nos
perceptions habituelles — dans les domaines atomique ou
cosmique —, que nous soyons confrontés à des réalités
extravagantes, dépassant notre intelligence et notre
imagination. Ces facultés, cherchant alors à s’adapter aux
messages convoyés par de nouvelles observations, se
développent, s’enrichissent, et se préparent à la rencontre
d’idées et d’objets plus mystérieux encore.
Un scientifique anglais, John Eccles, a écrit : « Le monde
est non seulement plus étrange que nous l’imaginons, mais
plus étrange que nous sommes en mesure de l’imaginer. »
De grandes surprises nous attendent encore… Mais pour
les accueillir, il nous faut être à l’écoute et surtout nous méfier
des préjugés et des idées reçues.
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ont fusionné pour engendrer des astres plus massifs et, qu’en
conséquence, un grand nombre de ces points bleus ont
disparu. Nous observons les traces maintenant inexistantes
d’un des premiers chapitres du cosmos.
Ainsi, en regardant cette image de l’univers, nous voyons
non pas un cliché instantané de son présent, mais un film de
son déroulement temporel. Notre regard plonge dans le
passé… Les galaxies les plus rapprochées, avec leurs surfaces
blanches plus étalées, illustrent pour nous des temps
relativement récents (plusieurs dizaines de millions d’années),
contemporains, peut-être, de l’ère des dinosaures, tandis que
les plus lointaines nous donnent accès à des périodes proches
du début de l’univers. Entre ces deux extrêmes, d’autres
astres révèlent l’aspect du cosmos à des périodes
intermédiaires. Par exemple, si nous voulons observer le
moment correspondant à la naissance de notre planète, il y a
4,6 milliards d’années, il suffit, vous l’aurez compris,
d’observer des astres situés à 4,6 milliards d’années-lumière !
Ici apparaît, pour l’observateur, un problème technique
important : la difficulté d’étudier des objets astronomiques
situés à de telles distances. Comme notre photo le montre, leur
luminosité est très faible et elles apparaissent minuscules. D’où
la nécessité de construire des télescopes de très grande taille
pour recevoir davantage de lumière, et pour obtenir une
meilleure résolution. Les miroirs de nos télescopes actuels
avoisinent les dix mètres de diamètre, tandis que des projets
en cours prévoient qu’ils iront jusqu’à plusieurs dizaines de
mètres. En parallèle, des réseaux de radiotélescopes
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s’étendent sur une dizaine de milliers de kilomètres à la
surface de la Terre, bientôt sur des centaines de milliers de
kilomètres dans l’espace, en orbite autour de la Terre.
En peu de mots : la lenteur de la lumière, à l’échelle de
l’univers, donne aux chercheurs une véritable machine à
remonter le temps (le rêve inaccessible de tous les
historiens !). Ils entendent bien l’exploiter au maximum et
construisent avec enthousiasme des instruments de plus en
plus puissants. C’est tout le passé de l’univers qu’avec eux,
grâce à eux, nous avons hâte de découvrir…
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Un univers en expansion
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observable. De là est née l’expression : « L’univers est en
expansion. »
Cette constatation a mis à mal une affirmation énoncée par
Aristote il y a deux mille cinq cents ans, et implicitement
acceptée jusqu’au XXe siècle par la communauté scientifique :
« L’univers est toujours le même, dans le passé comme dans
l’avenir. » Le mouvement d’expansion des galaxies montre, au
contraire, que l’univers est en perpétuel changement. En effet,
si les galaxies s’éloignent les unes des autres, la densité de la
matière cosmique (le nombre de galaxies dans un certain
volume) diminue progressivement : l’univers se raréfie.
Ajoutons, à la décharge d’Aristote, que son affirmation du
caractère immuable de l’univers était fondée sur des siècles
d’observations par les astronomes des époques antérieures
(Sumériens, Chaldéens, Babyloniens… les fameux rois Mages).
Notant la course saisonnière des constellations dans le ciel, ils
avaient remarqué le retour annuel régulier des astres et en
avaient déduit l’absence de changement du cosmos.
Évidemment, leurs observations étaient limitées par l’absence
de télescopes. Tout se faisait à l’œil nu.
Imaginons maintenant la projection à l’envers du film de
l’expansion du cosmos. Nous verrions sur notre écran les
galaxies se rapprocher les unes les autres. Arriverait ainsi un
moment où, les astres se superposant, la matière cosmique
atteindrait des densités extrêmes, approchant une valeur
infinie. D’où l’idée d’un début de l’univers.
Cette idée était déjà présente dans de nombreuses
cosmogonies traditionnelles. Mais elle était, jusque-là,
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totalement absente de la littérature scientifique. Elle a
profondément perturbé nombre de chercheurs, y compris
Einstein lui-même.
Peut-on évaluer l’âge de l’univers ? Oui, et de plusieurs
façons. La première se fait à partir des observations des
galaxies elles-mêmes. On mesure, pour chacune, sa distance et
la vitesse à laquelle elle s’éloigne de nous. Un simple calcul
permet alors d’obtenir le temps qu’il lui a fallu pour arriver là
où elle se trouve maintenant. On obtient approximativement
quatorze milliards d’années. En affinant cette technique, on
arrive aujourd’hui à 13,7 milliards (à 2 % près).
D’autres méthodes se fondent sur une évidence : l’univers
doit être plus âgé que ses plus vieux habitants.
On sait aujourd’hui mesurer l’âge des étoiles. On en trouve
de tous les âges, jusqu’à treize milliards d’années environ, mais
pas au-delà.
Enfin, grâce à la radioactivité, on peut déterminer l’âge de
nombreux atomes (uranium, thorium), dont la durée de vie se
mesure en milliards d’années. La méthode, bien qu’assez
imprécise, nous indique qu’aucun n’est plus ancien que le
cosmos.
Ces résultats, notons-le, sont obtenus à partir de
technologies différentes : l’astronomie et la physique en
laboratoire. Leur cohérence est pour nous une confirmation de
la crédibilité de la théorie.
Les conséquences de la découverte de Hubble sont
prodigieuses. Elles impliquent que l’univers n’a pas toujours
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existé et qu’il a une histoire. Elles influencent profondément
non seulement l’astronomie elle-même, mais tout le domaine
de la science et, en définitive, toute la pensée humaine.
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Le Big Bang :
une explosion cosmique ?
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matière cosmique est en expansion uniforme, partout à la fois.
On peut conserver la comparaison de l’explosion si l’on
conçoit qu’au moment du Big Bang chaque point de l’espace
entre en explosion.
Il n’est pas facile de nous représenter un univers immense
(peut-être infini !) et en explosion partout. Pourtant, c’est la
meilleure image que nous puissions nous en faire.
Il est normal que notre imagination — qui a évolué dans le
cadre de grandeurs qui nous sont familières — soit un peu
dépassée, et que nous soyons perdus quand nous abordons des
dimensions aussi gigantesques. Mais, comme vous diront tous
les cosmologistes : « Il faut s’y faire et on finit par s’y faire ! »
Poursuivant le cours de notre histoire, il nous faut aller
chercher des renseignements du côté de la théorie d’Einstein
(C-41). Elle nous enseigne que le mouvement d’expansion
global (dont la récession des galaxies nous a confirmé
l’existence) a pour effet de refroidir l’univers. On reconnaît
facilement le comportement d’un gaz que l’on détend.
L’univers se comporte là comme un gaz dont les particules
seraient les galaxies.
L’univers du passé était donc plus chaud. Nous retrouvons
à nouveau l’analogie avec l’explosion et l’image d’un cosmos
primordial, où densités et températures atteignaient des
valeurs extrêmes.
Vers 1930, en combinant les observations de Hubble avec
la théorie d’Einstein, Georges Lemaître formula sa « théorie de
l’atome primitif », dont naîtra plus tard notre théorie du Big
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Bang.
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L’horizon cosmique
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Une comparaison nous aidera à comprendre. Imaginons
une immense membrane de caoutchouc, sur laquelle nous
dessinons de petites images de galaxies en les parsemant ici et
là, comme sur notre figure 1. Étirons maintenant cette
membrane dans toutes les directions à la fois. Bien que fixées
sur la membrane, les petites images paraîtront s’éloigner les
unes des autres, alors que c’est leur support qui s’étend. Si
cette membrane est suffisamment grande, rien n’empêche les
vitesses auxquelles les galaxies s’éloignent d’atteindre celle la
lumière et de la dépasser. Si notre membrane est infinie, les
vitesses pourraient elles-mêmes être infinies.
Mais les galaxies lointaines ne nous sont perceptibles que si
leur lumière arrive à nous atteindre. C’est-à-dire si leur
vitesse par rapport à nous est inférieure à la vitesse de la
lumière.
Ces réflexions nous permettent de revenir sur la notion
d’horizon de l’univers (C-7). C’est la distance la plus lointaine
observable par nous, là où les mouvements d’entraînement
des galaxies atteignent la vitesse de la lumière : on l’appelle
« rayon de l’univers observable ». Elle est voisine de celle
parcourue par la lumière depuis le début de l’univers (13,7
milliards d’années-lumière). Des considérations géométriques
liées à l’expansion lui assignent une valeur à peu près deux fois
plus grande : environ 25 milliards d’années-lumière.
Mais le temps passe et l’horizon s’éloigne. Dans quelques
milliards d’années, nous verrons beaucoup plus loin…
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Le rayonnement fossile :
une image en direct des premiers temps de
l’univers
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demandait : « Que reste-t-il aujourd’hui, après des milliards
d’années, de ce puissant flash qui a accompagné les premiers
instants de l’univers ? Cette lumière a-t-elle complètement
disparu du cosmos ? N’en resterait-il pas quelques traces ?
Rien ne peut disparaître de l’univers ! »
Appuyés sur la théorie d’Einstein, des calculs l’amenèrent à
la conclusion qu’il devait encore subsister à notre époque un
faible rayonnement résiduel, une sorte de fossile cosmique,
comme un pâle écho de cette luminescence primordiale, un
rayonnement observable, en principe, avec des
radiotélescopes. Mais pourrait-t-on le débusquer parmi
l’ensemble des rayonnements émis par tous les astres du ciel ?
Gamow en doutait sérieusement.
Et pourtant, ce rayonnement fut bel et bien observé en
1965. Un nouveau type de radiotélescope, mis au point pour
suivre le mouvement des satellites, permit à deux ingénieurs,
Penzias et Wilson, de le détecter et d’en faire les premières
études. Il correspondait exactement à ce que Gamow avait
prévu !
Depuis cette période, ce rayonnement est devenu un
document astronomique de la plus haute importance. On
l’étudie avec des techniques toujours plus précises. On en fait
des images qui reconstituent, avec des résolutions accrues,
l’aspect du cosmos dans son plus lointain passé. En direct :
l’univers des premiers temps ! Le voici en figure 2. (Je précise
qu’il ne s’agit pas d’images de synthèse, mais bien
d’authentiques documents photographiques. Seules les
couleurs sont artificielles.)
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L’existence même de ce rayonnement a magnifiquement
confirmé la théorie du Big Bang. Elle a suffi à convaincre la
communauté scientifique de la haute crédibilité de ce scénario
des débuts du cosmos. D’autres observations, dans des
domaines totalement différents (physique nucléaire et
atomique), ont par la suite encore conforté cette vision du
monde.
Rappelons que, dans ses grandes lignes, la théorie affirme
que l’univers n’a pas toujours existé, qu’il a un âge, qu’il est en
évolution, que depuis ses premiers temps il se refroidit, se
raréfie et s’obscurcit. Il y a de bonnes raisons de penser que
ces affirmations continueront à tenir la route, même si des
avancées devaient modifier de façon importante le cadre
conceptuel dans lequel la théorie s’inscrit aujourd’hui.
Ajoutons pourtant que cette thèse n’est pas sans problème.
Elle rencontre plusieurs difficultés de cohérence interne, et
laisse quantité de questions sans réponse. Mais, ne l’oublions
pas, la science est un processus en développement, et la
théorie du Big Bang, comme toutes les théories de la physique,
n’est pas définitive. La science n’est pas un domaine de
certitude et de vérité, mais plutôt de plausibilité.
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La naissance de l’hydrogène
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Germes de galaxies
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aussi la densité sont plus élevées, sont les lieux où vont naître
les grandes structures de l’univers. Ce sont les « germes » des
galaxies.
Attirée par la force de gravitation, la matière qui les
environne va venir s’agglutiner sur chacun de ces germes,
augmentant sa masse. Ainsi, par une sorte d’effet boule de
neige, très lent au début, puis s’accélérant progressivement
jusqu’à devenir une véritable avalanche, des régions de hautes
densités vont se former dans un espace où, aux alentours, la
matière se raréfie. S’effondrant ensuite sous leur propre poids,
ces masses se fragmenteront pour donner naissance aux
premières galaxies et aux premières étoiles. Puis, se
contractant encore davantage, ces astres se réchaufferont au
point de pouvoir émettre de la lumière et, plus tard, devenir
semblables aux étoiles de nos cieux actuels. On estime que les
premières étoiles ont commencé à briller environ quatre cents
millions d’années après le Big Bang.
Il est émouvant de penser que l’image du rayonnement
fossile illustre la germination de tout ce qui compose l’univers
d’aujourd’hui. Les galaxies, les étoiles, les planètes y sont
virtuellement présentes…
Nous est-il possible d’observer des moments encore plus
anciens de l’univers ?
En principe, oui. Non pas avec les photons que détectent
nos télescopes, mais avec d’autres particules, beaucoup plus
pénétrantes. Comme les rayons X peuvent traverser le corps
humain alors que la lumière visible en est incapable, les
neutrinos (C-56) et les gravitons (C-59) (qui véhiculent la
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gravité) pourraient nous donner accès à des périodes bien
antérieures. L’astronomie neutrinique pourrait nous ramener
à la première seconde de l’univers, tandis que l’astronomie
gravitationnelle nous donnerait pratiquement accès au Big
Bang lui-même.
Les difficultés ne sont pas d’ordre théorique, mais
technique. Le principal problème vient de la très faible énergie
des neutrinos émis au début de l’univers, ce qui les rend très
difficilement détectables par nos instruments de mesure.
Pour les gravitons, la situation est meilleure, des télescopes
gravitationnels seront bientôt opérationnels aux États-Unis et
en Europe. Une nouvelle phase de l’astronomie s’ouvre, riche
de promesses pour notre exploration du cosmos. Les premiers
signaux devraient être enregistrés d’ici quelques années.
Au départ, il s’agira vraisemblablement d’événements
récents, d’origines stellaire et galactique. Et ensuite peut-être,
espérons-le, d’événements beaucoup plus anciens, reliés aux
premières millisecondes, ou même microsecondes, de la vie de
l’univers. Tout est possible.
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atomes.
Expliquons-nous. Dans les années 1920-1930, les
physiciens ont réussi à comprendre le comportement des
atomes en formulant une nouvelle théorie appelée « physique
quantique ». Cette théorie s’est révélée être une mine d’or.
Elle a permis de découvrir l’existence de quantité de
phénomènes parfaitement inconnus jusqu’alors, comme
l’antimatière (C-48).
Mais elle prévoit également l’existence de nouvelles formes
d’énergies, que nous appelons « énergies quantiques » ou
encore « énergies du vide ». L’important pour nous, c’est que
de telles énergies peuvent se transformer en chaleur.
Le Big Bang aurait été provoqué par la transformation en
chaleur d’une forme d’énergie quantique répandue dans tout
l’espace.
Cette hypothèse est aujourd’hui prise au sérieux par la
majorité des astrophysiciens. Sous une forme ou sous une
autre, elle a de bonnes chances de n’être pas sans rapport avec
la réalité.
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Les énergies liées à cette activité s’appellent énergies
quantiques ou « énergies du vide ».
Ces énergies résiduelles existent partout dans l’univers.
Elles pourraient avoir joué un rôle dans l’histoire du cosmos.
En particulier, elles seraient responsables de la très grande
chaleur qui régnait au moment du Big Bang.
Remarquons en passant que, dans ce contexte, c’est en
étudiant le comportement des minuscules atomes que nous
avons découvert des phénomènes qui s’étendent à la
dimension du cosmos et qui pourraient en déterminer le
comportement global. De l’infiniment petit à l’infiniment
grand !
Développée par des physiciens comme Bohr, Heisenberg,
Schrödinger, Louis de Broglie, la théorie quantique a
rapidement connu un immense succès grâce à sa capacité de
décrire avec une extraordinaire précision non seulement le
monde atomique, mais aussi toutes les manifestations de la
lumière, et bien d’autres choses encore. À tel point qu’on peut
dire que toute la nature est essentiellement quantique.
Mais, demanderons-nous, d’où proviennent ces énergies
quantiques ? La réponse à cette question nous permettrait de
reculer encore un peu plus dans le temps et d’aborder, peut-
être enfin, la période de l’avant Big Bang !
Maints scénarios ont été proposés dans le but de
reconstituer la séquence des événements qui auraient précédé
le Big Bang et qui auraient amené à son avènement. Mais,
jusqu’ici, aucun n’a pu passer les tests de la validation
incontournable des théories scientifiques : la confrontation
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avec les observations. Ce sont, pour l’instant, des spéculations
en attente de confirmation (ou d’infirmation). Nous sommes
dans la terra incognita, la région encore à explorer au-delà de
l’horizon de la connaissance qui est le nôtre au début du XXI e
siècle.
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La courbure de l’univers
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fondamentales de géométrie :
— les lignes, les surfaces et les volumes. Une ligne est un
espace à une dimension ; une surface, un espace à deux
dimensions ; et un volume, un espace à trois dimensions ;
— la notion de courbure. Une ligne peut être droite ou
courbe. Sa courbure peut être différente en divers points. Une
surface peut être plate (la page de votre livre) ou courbe (la
surface d’un ballon). Et la courbure peut avoir plusieurs
valeurs (selon la grosseur du ballon).
On a longtemps cru que la Terre était plate. Pourtant, dès
450 avant Jésus-Christ, un astronome grec, Ératosthène, en
observant la différence entre les positions du Soleil dans le ciel
à midi, entre Alexandrie et Syène (Assouan), a pu estimer la
circonférence de la Terre, montrant ainsi qu’elle est ronde.
Aujourd’hui, les photos de notre planète vue de l’espace nous
le confirment. Il suffit de les observer pour connaître sa
courbure. Soulignons encore une fois le rôle essentiel des
observations pour obtenir une réponse fiable.
Jusqu’ici, rien de bien malin. Et voici le passage délicat.
Tout comme les lignes et les surfaces sont plates ou courbes,
les volumes aussi (espaces à trois dimensions) peuvent être
plats ou courbes ! C’est ce qu’ont découvert deux grands
mathématiciens allemands, Gauss et Riemann, au XIXe siècle.
Mais, problème : comment nous représenter un volume
courbe ? Impossible ! Pourtant, le fait que nous ne le puissions
pas n’est dû qu’aux limites de notre imagination… Notre
intelligence peut le concevoir et y effectuer des quantités de
calculs.
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Alors, comment pourrions-nous savoir si notre cosmos, tel
que nous le présentent les figures 1 et 2, est un espace plat ou
courbe ?
Imaginons que nous naviguons parmi les galaxies à bord
d’une fusée ultrarapide. Par le hublot, nous les observons qui
défilent au loin. Si l’espace est plat et l’univers infini, nous
verrons continuellement et indéfiniment de nouvelles galaxies
entrer dans notre champ de vision. Mais si l’espace est fini et
courbe, après un certain temps, selon la courbure, nous
pourrions revoir les mêmes galaxies revenir et se succéder
dans l’ordre où nous les avions rencontrées la première fois.
Comme tout passager d’un avion survolant le globe terrestre,
nous entrerions à nouveau dans la même région. L’univers
serait alors illimité, comme la surface de la Terre, mais,
également comme elle, de dimensions finies. Évidemment, un
tel voyage est encore techniquement impossible, mais son
évocation illustre bien la différence entre un espace plat et un
espace courbe.
Et de notre espace cosmique, que pouvons-nous savoir ?
Que nous dit à ce sujet notre guide Albert Einstein ? Deux
choses importantes :
— d’abord, qu’il pourrait effectivement avoir une courbure
(être courbe). Autrement dit, il n’y a pas de raison qu’il n’en
soit pas ainsi et rien ne justifierait l’affirmation qu’il n’ait pas
de courbure ;
— ensuite, que la valeur de cette courbure pourrait
vraisemblablement être mesurée à partir des observations
appropriées (encore inaccessibles au début du XXe siècle).
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Mais je rappelle qu’Ératosthène mesurait la courbure de la
surface terrestre (géométrie à deux dimensions), alors qu’ici
nous cherchons la courbure du volume de l’espace cosmique
(espace à trois dimensions). Et je rappelle aussi que la difficulté
d’imaginer cette courbure n’enlève rien à son hypothétique
réalité.
Or il se trouve que, tout comme Ératosthène, nous avons
maintenant sous la main une observation qui nous permet de
déterminer la courbure de l’espace cosmique. C’est l’étude de
l’image du rayonnement fossile (figure 2).
La distribution des points rouges (les régions les plus
chaudes) et des points bleus (les régions les plus froides)
contient des informations qui nous permettent de répondre à
notre question. Et que nous dit-elle ? Elle nous apprend que
l’espace cosmique a une courbure nulle ! (Presque nulle, aux
incertitudes observationnelles près.) C’est ce que signifient les
mots « l’espace cosmique est plat ». (Les calculs requis pour
arriver à cette conclusion ne sont pas simples et ne peuvent
être explicités dans le cadre de ces chroniques.)
Résumons ce point difficile à appréhender. La théorie
d’Einstein, sur laquelle repose la théorie du Big Bang, nous dit
que l’espace cosmique pourrait être courbe, mais ne donne
aucune indication sur la valeur de sa courbure. Les
observations (l’étude du rayonnement fossile) nous ont appris
que cette courbure est nulle (ou quasi nulle). La géométrie de
l’espace cosmique est « plate » dans l’espace à trois
dimensions.
Argumentation difficile à suivre ? Bien sûr ! Conseil au
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lecteur : relire ce texte plusieurs fois. Se familiariser avec un
point obscur aide souvent à y voir plus clair.
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Au début du XXe siècle, des astrophysiciens ont imaginé
que l’univers ne contenait qu’un tout petit nombre de galaxies
occupant un espace restreint, et qu’au-delà d’une certaine
distance on revoyait les mêmes galaxies, puis plus loin encore,
et de nombreuses fois, jusqu’à l’infini.
Bien sûr, dans l’univers, il n’y a pas de miroirs comme chez
le barbier de mon enfance. Mais des mathématiciens ont
démontré qu’il était possible que certaines propriétés de son
espace puissent jouer un rôle équivalent. C’est-à-dire faire se
répéter les images d’une source lumineuse, donnant ainsi
l’impression d’un espace infini, alors qu’il ne le serait pas. Une
sorte de mirage qui en engendrerait d’autres… On parle alors
des propriétés « topologiques » de l’espace.
Dans la boutique du barbier, les miroirs pourraient aussi
être placés d’une autre façon. Un coiffeur imaginatif pourrait
avoir un salon en forme de pyramide triangulaire, d’hexagone
ou de sphère, comme certaines salles de cinéma. La réflexion
des murs en serait alors totalement modifiée, et ce que l’on
verrait n’aurait plus rien de similaire avec les images de mon
enfance.
De même, il existe un grand nombre de topologies possibles
de l’espace, qui donneraient des représentations très diverses
des archipels galactiques. Certaines topologies pourraient avoir
un effet semblable à celui des miroirs dans la boutique du
barbier. C’est-à-dire reproduire un grand nombre de fois
l’image d’une même galaxie. On pourrait ainsi imaginer que
certaines galaxies lointaines de la figure 1 soient des images-
fantômes de notre galaxie, la Voie lactée… Nous ne la verrions
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donc non pas telle qu’elle est maintenant, mais telle qu’elle
était dans un lointain passé. En effet, l’image étant située très
loin dans l’espace, la lumière qui en émerge aurait mis
beaucoup de temps à nous rejoindre. Nous pourrions ainsi voir
l’aspect de notre galaxie il y a des milliards d’années et, si ces
images sont nombreuses, obtenir des visions à plusieurs
périodes de son histoire, que l’on pourrait ainsi reconstituer.
Maintenant, revenons à notre espace cosmique, qui
pourrait avoir un grand nombre de topologies, de la plus
simple, qui est équivalente à « pas de miroir du tout », à toutes
les configurations possibles.
Comment pourrions-nous tenter de savoir ce qu’il en est ?
D’abord en observant les galaxies lointaines (figure 1), en
essayant de constater s’il y a des répétitions. Si, par exemple,
on pouvait prouver que l’image de la galaxie d’Andromède,
une de nos plus proches voisines, se retrouve plus loin, et plus
loin encore, on aurait une observation capable de nous éclairer
sur la topologie de notre espace. Mais les images du cosmos
que nous avons sont encore trop imprécises pour pouvoir nous
en assurer. Il faudrait améliorer considérablement la
résolution des télescopes.
La figure 2 offre déjà plus d’espoir. La topologie de l’univers
pourrait être lisible dans le dessin que forment les points
chauds et les points froids. L’étude de leur distribution se
poursuit avec vigueur. Les résultats préliminaires ne donnent
pas d’informations précises. Mais la mise en orbite prochaine
d’un nouveau radiotélescope spatial puissant pourrait bientôt
nous renseigner sur la possibilité que notre univers soit un
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univers miroir. Ce qui signifierait vraisemblablement, en
analogie avec la boutique du barbier, qu’il n’est pas infini. Pour
l’instant, nous n’en sommes pas là. Nous ne savons pas encore
si l’espace cosmique possède une topologie simple ou une
topologie complexe et si l’univers est infini ou fini. On peut
encore parier…
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de diverses façons. D’abord en émettant de la lumière, c’est-à-
dire en envoyant des photons. C’est le cas des étoiles. Émises
par les atomes de ces astres, ces particules voyagent jusqu’à
nous. Nos détecteurs (yeux, plaques photographiques) les
enregistrent. C’est ainsi que nous connaissons l’existence des
galaxies que nous voyons dans la figure 1.
On appelle « matière ordinaire » celle qui nous est
perceptible de cette façon. Elle est composée, comme vous et
moi, d’électrons, de protons et de neutrons (C-52) formant des
atomes. Elle ne représente, répétons-le, que 5 % de notre
univers. Mais la présence de la matière peut également se
manifester par l’action de la gravité qu’elle exerce sur ce qui
l’entoure. Imaginons, pour illustrer ce phénomène, que la nuit
prochaine le Soleil s’éteigne. Demain matin : pas de lever de
Soleil ; il ne nous envoie plus de lumière. Comment pourrions-
nous savoir s’il est encore là ? Parce que, même s’il ne brillait
plus, il attirerait toujours la Terre, qui continuerait
inlassablement son périple annuel autour de lui.
Nous pourrions le vérifier en observant le mouvement des
constellations dans le ciel. Elles reviendraient à leur saison,
comme avant. Rien ne changerait dans leur parcours, perçu
dorénavant dans une nuit perpétuelle.
En effet, nous savons depuis Newton et Einstein que toute
matière, quelle que soit sa nature, qu’elle émette de la lumière
ou non, exerce une force de gravité sur les corps avoisinants.
Cette force régit leurs mouvements. Si ces corps ainsi
influencés émettent de la lumière, nous pouvons connaître
indirectement l’existence de la matière non visible qui les
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attire.
C’est de cette manière que les astronomes ont débusqué la
présence d’un trou noir (C-29) au centre de notre galaxie.
C’est par des méthodes semblables que nous avons découvert
l’existence de ces substances invisibles qui constituent la
majeure partie de la densité de l’univers, l’analogue de l’eau
sombre sous l’écume des vagues.
Et nous savons maintenant qu’il en existe deux variétés
différentes. On les appelle respectivement la « matière
sombre » et l’« énergie sombre ».
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des étoiles autour du centre de la galaxie. Notre Soleil, par
exemple, décrit une orbite en deux cents millions d’années, à
une vitesse d’environ 200 km/s autour du centre de la Voie
lactée.
Mais, cette fois, il y a un problème. La masse visible de la
galaxie (étoiles, nébuleuses, etc.) qui attire les étoiles vers son
centre n’est pas suffisante pour les maintenir sur leur orbite. Il
faudrait environ dix fois plus de matière entre elles et le cœur
galactique. En d’autres termes, si la galaxie ne contenait que
les étoiles et les nébuleuses que nous observons avec nos
télescopes, les étoiles s’en échapperaient rapidement pour
s’envoler dans les espaces intergalactiques ! Ce même
problème se retrouve dans les autres galaxies pour lesquelles
des études similaires ont été faites.
Que conclure ? Les galaxies doivent contenir une autre
composante, invisible celle-là (c’est-à-dire n’émettant pas de
photons), environ dix fois plus massive que la somme des
étoiles et des nébuleuses, et qui, au même titre que la matière
qui nous est familière, a la propriété d’attirer les corps qui
l’entourent. C’est ce que nous appelons la « matière sombre ».
Plusieurs autres observations, portant non pas sur le
mouvement des étoiles mais sur les mouvements des galaxies
elles-mêmes au sein des amas de galaxies, nous ont amenés
aux mêmes conclusions qualitative (il y a de la matière
invisible) et quantitative (il y en a environ dix fois plus que de
matière visible).
Quelle peut être la nature de cette étrange composante et
quelles en sont les propriétés ?
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l’échelle du système solaire (très inférieure à une année-
lumière), où elle a été bien confirmée par les observations.
Mais si elle n’est pas applicable aux grandes échelles du
cosmos, alors le problème disparaîtrait de lui-même puisque
c’est la théorie qui serait en faute. En science, les
extrapolations sont toujours dangereuses et demandent à être
confirmées.
Cette question a été explorée en détail par les physiciens.
Bien que les résultats ne soient pas définitifs (rien ne l’est
jamais complètement dans la recherche), on a d’excellentes
raisons de faire confiance à la théorie de la gravité aux plus
grandes échelles du cosmos. On peut, avec un haut degré de
crédibilité, accepter l’idée qu’il faut plus de matière que ce que
nous voyons.
La démarche qui consiste à inventer une nouvelle entité (ici
la matière sombre) à partir d’une seule observation (ici, la
mesure de la vitesse des étoiles) laisse toujours insatisfait. On
peut évoquer la période alexandrine où, pour rendre compte
du mouvement des planètes, on palliait chaque difficulté en
inventant un nouvel élément d’orbite appelé « épicycle ». La
panoplie des épicycles a disparu quand Kepler a montré que
les orbites planétaires ne sont pas circulaires mais elliptiques.
L’introduction dans le domaine de la connaissance de
nouveaux éléments doit d’abord être regardée comme
provisoire, et demande à être pleinement critiquée et justifiée.
Heureusement, nous pouvons vérifier l’existence et
estimer la densité de la matière sombre de plusieurs autres
manières, établies à partir d’observations différentes. Le
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résultat est toujours sensiblement le même : environ 25 % de
la densité totale de l’univers. Une telle concordance
d’estimations nous amène à prendre vraiment au sérieux
l’existence d’une telle substance.
Mais de quoi est-elle constituée ?
S’agit-il de particules, sous forme gazeuse comme l’air ?
Elles devraient alors être extrêmement discrètes. Elles
n’émettraient ni n’absorberaient de lumière. Leurs
interactions avec la matière ordinaire devraient être
excessivement faibles. Sinon, nous les aurions déjà décelées
avec les techniques de nos laboratoires !
Une course à la découverte et à l’identification de ces
mystérieuses particules se poursuit grâce à différents
accélérateurs dans le monde. On cherche à améliorer la
sensibilité des appareils pour atteindre des niveaux de
détection toujours meilleurs. En parallèle, les théoriciens
s’évertuent à imaginer des candidates possibles dans le cadre
de la physique contemporaine. Les travaux vont bon train,
mais rien de sérieux ne se profile encore à l’horizon. Une autre
affaire à suivre…
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cette distance calculée à la distance mesurée. À cause de la
décélération prévue, la galaxie devrait être moins loin que si
elle n’avait subi aucune décélération. La différence devrait
donc nous renseigner sur sa perte de vitesse, provoquée par
l’attraction que produit sur elle l’ensemble des autres galaxies
de l’univers, comme la décélération du caillou nous renseigne
sur la masse de la Terre qui l’attire.
Les premières observations datent de 1995. À la
stupéfaction générale, les galaxies se trouvent non pas moins
loin que prévu si leur vitesse n’avait pas changé, mais plus
loin ! Scepticisme de la communauté scientifique : on
soupçonne des erreurs de mesures ! On teste tout, on vérifie
chaque point. Rien à faire. Les résultats tiennent la route.
Pendant le même temps, une autre équipe d’astronomes fait
les mêmes mesures et obtient des résultats tout à fait
concordants. Dans le domaine de la recherche, on tient
beaucoup à ce que les mesures soient confirmées par plusieurs
équipes indépendantes, surtout si elles introduisent des
éléments importants pour la connaissance.
La question maintenant se pose : qu’est-ce qui provoque
cette force de répulsion qui amène les galaxies à se déplacer
toujours plus vite ? Qu’est-ce qui fait qu’au lieu de la
décélération prévue, nous constatons une accélération ? Il doit
exister une force qui est capable non seulement de neutraliser
la force d’attraction entre les galaxies, mais de prévaloir sur
elle… C’est à partir de ces observations que l’on a été amenés à
introduire l’idée de l’existence d’une nouvelle composante de
l’univers. On la nomme « énergie sombre ». Contrairement à
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la matière sombre, elle n’attire pas, elle exerce un effet de
répulsion !
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niveau de 25 % !
La seconde méthode fait intervenir le rayonnement fossile
qui nous apprend que l’univers n’a pas de courbure. Cette
propriété implique que l’espace renferme une certaine densité
de matière et d’énergie. Or la somme des densités de matière
ordinaire (5 %) et de matière sombre (25 %) fait apparaître un
déficit important par rapport aux exigences de la géométrie
plate du cosmos ! Par ailleurs, l’observation de la distance des
galaxies les plus distantes montre qu’elles s’éloignent plus
rapidement que prévu. Le calcul de la densité d’énergie
sombre requise pour expliquer cet effet donne une valeur de
70 % ! Une simple addition montre donc que la somme de la
matière ordinaire (5 %), de la matière sombre (25 %) et de
l’énergie sombre (70 %) suffit à rendre compte de la géométrie
du cosmos ! Tout cela concorde agréablement.
Une troisième argumentation nous est venue récemment
de l’étude du rayonnement X émis par les amas de galaxies.
Sans entrer dans les détails, l’analyse des résultats confirme
bien la présence et la densité de l’énergie sombre.
Résumons-nous. Trois phénomènes différents, découverts
par des techniques différentes (1. l’accélération des galaxies, 2.
la géométrie du cosmos, 3. les émissions X des amas de
galaxies), nous amènent à la même conclusion : l’existence
dans notre univers d’une composante d’énergie sombre qui
domine le cosmos (70 % de sa densité).
Découverte il y a à peine dix ans, l’énergie sombre fait
maintenant partie du bestiaire des cosmologistes.
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d’Einstein, l’accélération est reliée à une courbure
« intrinsèque » de l’espace-temps, une sorte de donnée
fondamentale de l’univers qui n’a rien à voir avec son contenu
matériel et énergétique. Elle porte alors le nom de « constante
cosmologique ». Dans la version de la physique quantique, elle
est reliée aux énergies des champs quantiques. En principe, les
deux éléments — l’un géométrique, l’autre physique —
pourraient présenter des données d’observations différentes,
qui permettraient d’identifier le véritable responsable de
l’accélération cosmique. Pour l’instant, rien ne permet de le
savoir. Mais les études se poursuivent…
La théorie du Big Bang nous apprend que l’effet de l’énergie
sombre sur le cosmos augmente avec le temps. Les galaxies
vont aller de plus en plus vite et se retrouver de plus en plus
loin. Elles seront donc de plus en plus difficiles à observer au
télescope.
Les plus distantes vont passer au-delà de notre horizon
cosmique et deviendront invisibles. Nous aurons alors un ciel
où les galaxies seront de plus en plus rares : l’image du champ
profond (figure 1) se dépeuplera progressivement. Mais… pas
de panique ! Nous avons encore plusieurs millions d’années
avant que cette raréfaction ne soit réellement perceptible…
On peut se demander pourquoi nous ne sentons pas la force
répulsive de cette énergie sombre, puisqu’elle domine la
dynamique de l’univers. C’est que, contrairement à la force
d’attraction exercée par la matière ordinaire et par la matière
sombre, qui, elle, est d’autant plus forte que les corps sur
lesquels elle s’exerce sont rapprochés, celle de l’énergie
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sombre est d’autant plus forte que ces corps sont éloignés. En
pratique, elle ne se fait sentir qu’à des distances de milliards
d’années-lumière. Nous n’avons donc aucune chance de la
percevoir avec notre corps…
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Mais il est tout à fait possible que l’accélération du cosmos
soit provoquée par la présence des énergies quantiques.
Il est intéressant de raconter quelques-unes des péripéties
rencontrées lors de cet essai d’évaluation de la somme des
densités des énergies quantiques dans l’univers. Les
premières estimations donnaient des résultats gigantesques,
en désaccord total avec le simple fait que nous existons :
l’univers n’aurait duré que quelques secondes… Problème de
taille !
Plus tard, on découvrit que cette somme contenait des
termes positifs et d’autres négatifs. Et que, par conséquent,
elle pourrait bien donner un résultat nul, donc pas
d’accélération du tout !
Mais, là aussi, problème ! Les observations effectuées sur
l’accélération des galaxies montrent bien que la somme des
densités des énergies quantiques n’est ni très grande ni nulle,
sans que l’on ait la moindre idée de pourquoi elle vaut ce
qu’elle vaut !
On remarqua aussi que si cette somme des densités avait
été un peu plus grande, l’accélération de l’espace aurait inhibé
la formation des galaxies et que les étoiles, les planètes et la
vie sur la Terre ne seraient jamais apparues !
Il est également possible qu’il s’agisse de tout autre chose.
De nombreux chercheurs mettent en avant l’hypothèse d’une
autre substance, appelée « quintessence » (un clin d’œil à
Aristote, qui utilisait ce terme) et qui jouerait dans l’univers le
rôle répulsif mis en évidence par les observations.
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Des programmes de recherches sont en préparation. D’ici
quelques années, les résultats pourraient nous en apprendre
un peu plus sur cette énergie sombre et nous dire si elle
correspond vraiment à une énergie quantique ou à quelque
mystérieuse quintessence, qui ferait alors son entrée dans le
domaine de la physique…
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Le « rayonnement fossile » de photons, découvert en 1965
(C-8), sera notre premier fossile cosmologique. Il témoigne du
fait que l’univers a été assez chaud dans le passé pour que sa
matière ait existé sous la forme d’un plasma de protons et
d’électrons. Il marque aussi le moment où les premiers atomes
d’hydrogène se sont formés à partir de ces particules qui,
jusque-là, erraient solitaires dans l’espace. Pour cela, il devait
régner une température supérieure à trois mille degrés.
L’univers venait d’atteindre un âge de quatre cent mille ans…
Un second fossile provient des populations respectives des
atomes d’hydrogène et d’hélium.
L’hélium n’existait pas aux premiers temps du cosmos. Il
s’est formé à partir des protons (les noyaux d’hydrogène), par
une séquence de réactions nucléaires. Or celles-ci ne se
produisent spontanément qu’à des températures supérieures
au milliard de degrés. D’où notre nouvelle conclusion :
l’univers a été porté à de telles températures. À cette époque,
il était âgé de quelques minutes.
Deux autres observations constituent des fossiles qui nous
permettent de remonter encore plus loin, donc plus tôt et plus
chaud :
1) dans la matière cosmique, les photons sont dix milliards
de fois plus nombreux que les électrons ;
2) les galaxies et les étoiles sont constituées
essentiellement de matière ordinaire. L’antimatière en est
absente (C-49).
On a de bonnes raisons de penser — sans pouvoir le
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prouver définitivement — que ces observations pourraient
s’expliquer si l’univers avait atteint des températures
supérieures à un million de milliards de degrés.
A-t-il été plus chaud encore ? Selon la théorie du Big Bang :
oui. Il pourrait avoir débuté à la température dite « de
Planck » (C-66), soit cent mille milliards de milliards de
milliards de degrés. Certaines propriétés du cosmos semblent
le suggérer. Mais là, les arguments sont encore bien
insatisfaisants.
En résumé : une physique solidement établie nous autorise
à affirmer que l’univers a dépassé les températures de trois
mille degrés (le rayonnement fossile) et d’un milliard de
degrés (l’hélium). Des arguments moins solides nous
permettent de remonter jusqu’à un million de milliards de
degrés, et peut-être jusqu’à la température de Planck.
C’est ainsi que, de proche en proche, et avec l’aide des
fossiles laissés par le refroidissement de l’univers, on peut
arriver à décrypter son histoire thermique.
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— Dans le second, après une époque d’expansion et de
refroidissement prolongée (celle dans laquelle nous sommes
aujourd’hui), les galaxies ralentissent leurs mouvements,
s’arrêtent un temps et entament une marche arrière,
revenant les unes vers les autres, à l’image du caillou lancé à la
verticale et retombant ensuite vers le sol. À l’expansion
cosmique succéderait alors une contraction. Dans le même
temps, la température cesserait de se refroidir, se stabiliserait,
puis augmenterait de nouveau jusqu’à atteindre les valeurs
extrêmes qu’elle a connues lors du Big Bang. C’est le « Big
Crunch » : le grand effondrement.
Donc, pour l’avenir, ce sera soit Big Chili, soit Big Crunch.
Mais lequel ? Cela, la théorie ne le dit pas. Seules les
observations pourront nous renseigner.
Avant la découverte de l’énergie sombre, tout semblait
favoriser le scénario du Big Chili. Les mouvements des galaxies
paraissaient être trop rapides pour pouvoir s’arrêter et
revenir en arrière.
L’observation de l’énergie sombre (C-18) peut-elle
modifier cette conclusion ? A priori, elle semble la rendre plus
plausible encore puisque, à cause de ses effets, les galaxies
s’éloignent de plus en plus rapidement les unes des autres. On
semble donc tourner le dos à toute possibilité d’arrêt et
d’inversion de leurs mouvements, de transformation de
l’expansion en contraction.
Mais les choses ne sont pas si simples. Nous ne connaissons
pas la nature de l’énergie sombre. Nous ne savons pas si elle
garde toujours la même densité. Elle pourrait soit augmenter,
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soit diminuer au cours des milliards d’années à venir. De tels
changements affecteraient d’une façon imprévisible les
mouvements des galaxies.
Big Crunch ou Big Chili ? Personne, aujourd’hui, ne peut le
dire. Mais rassurons-nous, la phase actuelle d’expansion
durera vraisemblablement encore pendant plusieurs milliards
d’années. D’ici là, de nouvelles observations pourraient nous
éclairer et permettre de répondre à la question : quel avenir
pour le cosmos ?
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de leur existence (ou de leur non-existence). S’ils sont sans
contacts possibles avec nous, comment le savoir ? Mais,
comme dit le dicton : « Absence de preuve n’est pas preuve
d’absence. » Quand les observations manquent, les théories
peuvent fournir des suggestions. Celle du Big Bang n’est
nullement incompatible avec la présence d’une multitude
d’univers.
Le fait qu’il y ait des trous noirs dans notre univers (C-27)
nous invite à envisager l’existence d’autres univers et nous
donne même, en principe, des moyens d’aller les visiter.
Disons seulement ici que les trous noirs sont des astres qui ne
peuvent pas émettre de lumière. Celle-ci reste captive de la
gigantesque gravité qui s’exerce à leur surface ; il y en a en
grande quantité dans la Voie lactée, comme dans les galaxies
extérieures à la nôtre.
Ces trous noirs se comportent comme de puissants
aspirateurs qui absorbent tout ce qui tombe sur leurs surfaces.
La gravité interdit toute communication avec leur intérieur.
Toutefois, on pourrait y accéder. Des cosmonautes téméraires
pourraient pénétrer sans trop de dommages dans les
immenses trous noirs des galaxies massives. Par contre, à
l’inverse de Marco Polo revenant de Chine, ils ne rentreraient
jamais pour nous raconter ce qu’ils auraient vu.
Pourtant, il serait possible de ressortir des trous noirs si
ceux-ci tournent assez vite sur eux-mêmes (c’est très
vraisemblablement le cas pour nombre d’entre eux). Mais où
réapparaîtrait-on ? Nous n’avons évidemment aucune réponse
à cette question.
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On peut imaginer que les cosmonautes éjectés d’un trou
noir par sa rotation se retrouveraient quelque part aux confins
de notre propre univers. On aurait donc là le moyen
d’atteindre des distances qui, jusqu’ici, paraissent inaccessibles
à cause de la durée du voyage. Cette possibilité séduit déjà les
auteurs de science-fiction et peut-être, plus tard, intéressera-
t-elle les agences de voyages intergalactiques !
Mais on peut aussi imaginer se retrouver dans des univers
parallèles, complètement déconnectés du nôtre, dont les trous
noirs seraient les portes d’entrée…
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Le principe anthropique
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physique auraient toutes les formulations possibles. Seuls ceux
où ces lois seraient très semblables aux nôtres seraient
susceptibles d’héberger des interrogateurs. Les autres
seraient muets, puisque la complexité et la vie n’auraient pas
pu s’y développer. La théorie des supercordes appuie cette
hypothèse.
Ainsi, rien d’étonnant à ce que les lois de la physique chez
nous soient finement ajustées pour permettre la prise de
conscience. Nous avons tout simplement la chance d’habiter un
univers « fertile ». Les autres sont stériles, et il n’y a personne
pour poser des questions.
Quel que soit l’attrait de ces hypothèses et suggestions,
force nous est de reconnaître que l’existence des univers
parallèles restera du domaine de la fiction tant que nous
n’aurons rien de plus satisfaisant que ces considérations
théoriques.
Notre univers est le seul dont nous sommes certains qu’il
existe !
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___
STELLAIRE ET GALACTIQUE
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noirs géants (C-29) situés au centre de ces galaxies.
Grâce aux télescopes à rayons X, on a découvert
récemment que les amas de galaxies baignent dans un
rayonnement thermique de plusieurs millions de degrés. On
ne connaît pas bien l’origine de ce rayonnement. Provient-il de
l’activité des étoiles, particulièrement au moment de
l’explosion qui accompagne la fin de leur vie (supernovæ) ? Ou
d’un reste de la chaleur émise par l’effondrement de la matière
à la naissance de l’amas ? Peut-être des deux ? Observation
étonnante : les galaxies ne constituent qu’une faible partie de
la masse d’un amas : environ 5 %. L’énergie associée au gaz
chaud qui émet le rayonnement X atteint 20 %, tandis que le
reste (75 %) est constitué de cette fameuse matière sombre
dont nous avons déjà parlé (C-16).
Question : existe-t-il dans l’univers des structures plus
grandes que les amas de galaxies ? Des amas d’amas ? Rien ne
l’indique aujourd’hui. En ses grandes dimensions, l’univers
devient de plus en plus homogène, de plus en plus « partout
pareil ». Entre celles des amas de galaxies, qui atteignent
jusqu’à des centaines de millions d’années-lumière, et celle de
la taille de l’univers observable (dizaines de milliards
d’années-lumière), aucune concentration de matière ne se
distingue dans le ciel.
Le rayonnement fossile émis aux limites de l’univers
observable quelque quatre cent mille ans après le Big Bang
nous apprend l’extrême homogénéité de l’univers à grande
échelle, les fluctuations de densité n’y dépassant pas un dix
millième de la valeur moyenne (C-10).
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toutefois à l’esprit que ces termes mathématiques pourraient
ne correspondre à aucune réalité.
Nous en avons déjà rencontré un exemple lors de la
découverte de l’énergie sombre (C-18). La théorie d’Einstein
laissait entrevoir son éventualité sous la forme d’un terme
mathématique appelé la « constante cosmologique » (C-46).
D’une façon analogue, la théorie quantique impliquait dans sa
formulation mathématique l’existence possible d’énergies
quantiques du vide (C-21) et d’antimatière (C-48). Les deux
ont été observées. C’est à voir au cas par cas.
Mais revenons à notre pauvre Soleil écrabouillé entre les
mains du génie malfaisant. Résultat : demain matin, pas de
lever du jour. Ce serait encore la nuit. La nuit indéfiniment.
Comment pourrions-nous savoir que l’astre noir est pourtant
toujours là ? Simplement en observant que la course
saisonnière des constellations se poursuivrait tout comme
avant. Cette constatation suffirait à montrer que la Terre
continue son orbite annuelle sous l’attraction de son étoile. En
d’autres mots : même s’il ne nous envoyait plus de lumière,
notre astre continuerait sans défaillir à exercer son influence
gravitationnelle sur les planètes du système planétaire.
Selon un schéma qui nous est familier depuis que nous
avons parlé de la matière sombre (C-17) dans l’univers, toute
matière, qu’elle émette ou non de la lumière, exerce sur les
corps de son voisinage une attraction gravitationnelle qui
influence leurs mouvements. Et les effets révélant les causes,
nous pouvons donc détecter les trous noirs. Indirectement,
mais sûrement !
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L’idée vient naturellement de nous demander si la matière
sombre de l’univers ne serait pas elle-même due à une
population de trous noirs essaimés un peu partout. Cette
hypothèse a fait l’objet d’études sérieuses, qui ne l’ont
cependant pas confirmée.
Pourtant, nous savons maintenant que la notion de trous
noirs n’est pas qu’une pure création de l’esprit. Ils existent
vraiment. Et ils sont même légion…
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dans certains cas, former un trou noir. Ainsi, depuis la
naissance d’une galaxie, des générations d’étoiles engendrent
de tels astres inertes dans l’immensité interstellaire. Il y en a
vraisemblablement plus d’un milliard dans la Voie lactée,
comme dans chacune des galaxies de l’univers. Mais leur
masse totale ne représente pas plus de 1 % de la masse totale
des galaxies.
Comment connaissons-nous leur présence ? Ces astres
condensés agissent comme des aspirateurs géants qui
engouffrent tout ce qui passe à leur proximité. La matière,
prise au piège comme dans un maelström, est attirée par le
trou noir, tournoie autour de lui, tourbillonnant comme l’eau
d’une baignoire aspirée dans le trou de vidange. Le tout
constitue ce que nous appelons un « disque d’accrétion ». Plus
les masses capturées approchent du trou noir, plus le
mouvement des masses capturées s’accélère. À cause de cette
agitation croissante, elles s’échauffent rapidement. Elles
s’illuminent alors et émettent des rayonnements de plus en
plus intenses et de plus en plus énergétiques, jusqu’à devenir
de puissantes sources de rayonnements.
C’est sous cet aspect que nous les détectons avec des
télescopes appropriés, installés à bord de satellites en orbite
au-dessus de notre atmosphère. C’est ainsi que ces trous noirs,
qui n’émettent aucune lumière, nous deviennent
indirectement visibles. Leur étude fait l’objet d’un grand
chapitre de l’astronomie contemporaine.
Comme tous les astres, les trous noirs tournent sur eux-
mêmes. Déterminer leur vitesse de rotation est très difficile à
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cause justement de l’impossibilité de les observer directement.
Mais, encore une fois, l’étude détaillée de la lumière émise par
le disque formé par la matière aspirée vers le trou noir
pourrait nous venir en aide. Des techniques nouvelles sont en
préparation pour déterminer leurs périodes de rotation et
connaître ainsi, de mieux en mieux, ces étranges habitants du
cosmos.
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Terre se déplace à 30 km/s, cette étoile voyage à 30000
km/s, soit un dixième de la vitesse de la lumière…
Les trous noirs d’un bon nombre d’autres galaxies
s’expriment beaucoup plus intensément que le nôtre. Certains
sont — indirectement ! — responsables d’une luminosité
équivalente à celle d’un milliard de soleils. Et sur toutes les
longueurs d’onde : du rayonnement radio jusqu’aux émissions
gamma, en passant par l’infrarouge, le visible, l’ultraviolet et le
rayonnement X. Ces astres portent le nom de « quasar »,
abréviation de « quasi-star », parce qu’à cause de leur taille
très réduite on les a pris, au départ, pour des étoiles. D’autres
émettent également des jets de matière qui s’étalent sur des
millions d’années-lumière, quelquefois torsadés sur eux-
mêmes (figure 3). On pense que ces jets sont émis à partir des
régions polaires du quasar, et qu’ils sont guidés par de
puissants champs magnétiques corrélés à la rotation du trou
noir central.
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Ce sont les collisions de galaxies qui vont provoquer ses
réveils. Attirées par la gravité qui s’exerce entre elles, des
galaxies relativement voisines arrivent à remonter le
mouvement d’expansion de l’univers et à fusionner : on dit
qu’elles entrent en coalescence. Résultat : un nouvel apport de
matière alimente les trous noirs et les réactive pour un temps.
La discrétion de notre trou noir s’explique alors tout
naturellement : il est présentement au régime sec !
Pour longtemps encore ? Nul ne peut le dire avec certitude.
Mais nous savons que la galaxie d’Andromède, une voisine
située à trois millions d’années-lumière, fonce sur nous à 40
km/s. À cette vitesse, elle nous atteindra dans environ quatre
milliards d’années. Si nous avons vraiment bien compris le
processus, elle offrirait alors à notre trou noir une occasion de
se manifester énergiquement.
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proches de la Terre, donc libérant relativement peu d’énergie,
ou éloignées et, en conséquence, dégageant une énergie
beaucoup plus intense. Des dizaines d’hypothèses furent
formulées, confrontées aux données et réfutées les unes après
les autres. Pendant plusieurs années, les observations
s’accumulèrent, devinrent de plus en plus précises, sans pour
autant donner d’explication, sauf sur un point important : les
sources étaient situées à des distances gigantesques. On en a
déduit que l’intensité énergétique des sources devait être
extrêmement élevée, comparable à celle des explosions
d’étoiles massives à la fin de leur vie (les supernovæ).
Pour en savoir plus, il importait d’observer ces sursauts sur
d’autres longueurs d’onde, c’est-à-dire de tourner rapidement
vers la source détectée, des radiotélescopes, des télescopes
optiques et des télescopes à rayons X. On espérait ainsi
percevoir les phénomènes qui accompagneraient ces
« flashes ».
On réussit maintenant de mieux en mieux ces manœuvres,
et les renseignements abondent sur la nature des physiques
qui accompagnent ces sursauts. On en reçoit plus d’un par
jour.
On admet aujourd’hui que ces sursauts accompagnent la
mort explosive d’étoiles extrêmement massives sans que,
pour autant, les mécanismes de l’émission gamma soient
correctement élucidés. Leur gigantesque puissance en fait des
événements du plus grand intérêt pour l’étude de l’univers des
premiers temps. Certains se sont produits à une période où
l’univers avait moins d’un milliard d’années, alors qu’il en a
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maintenant 13,7 milliards. On s’attend à ce qu’ils jouent un
rôle de plus en plus important dans l’élucidation des
phénomènes qui ont donné naissance aux premières étoiles et
aux premières galaxies.
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de la présence d’électrons rapides. Les particules éjectées par
la violence de l’explosion seraient accélérées par les champs
magnétiques en mouvement dans la galaxie.
Les phénomènes brusques qui se produisent à la surface du
Soleil (sursauts, protubérances, orages magnétiques, etc.) sont
souvent accompagnés d’émissions de faisceaux de particules
rapides qui se propagent dans tout le système solaire. Ces
éjections pourraient avoir pour cause des mouvements de
champs magnétiques dans les masses gazeuses des couches
superficielles de notre astre. Elles durent plusieurs heures et
présentent des dangers pour les cosmonautes en orbite, ainsi
que pour les systèmes de télécommunications.
On pense aussi, sans en avoir la certitude, que les trous
noirs massifs qui occupent la position centrale des galaxies
sont, indirectement, des sources de rayons cosmiques. Les jets
puissants qu’on observe souvent en provenance de ces régions
pourraient s’accompagner de mécanismes d’accélération des
particules de très hautes énergies.
Certaines particules du rayonnement cosmique, fort rares
d’ailleurs, possèdent autant d’énergie qu’une balle de golf
lancée par un joueur expert. On n’a, jusqu’ici, aucune
hypothèse réaliste quant à leur source ; ce point reste sans
réponse depuis plusieurs décennies. Pour les étudier, on met
aujourd’hui en chantier des batteries de détecteurs couvrant
des centaines de kilomètres carrés dans les pampas
argentines. Les résultats devraient commencer à nous
parvenir dans les prochaines années. Ils pourraient nous
donner des informations fondamentales aussi bien en
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astrophysique qu’en physique des particules.
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Tremblements d’étoiles
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minutes. Au télescope, on enregistre ces variations de la
lumière en différents endroits de la surface solaire.
De même que l’observation des ondes sismiques de la
Terre nous permet d’ausculter les zones internes de notre
planète, ces oscillations solaires nous donnent de précieux
renseignements sur la constitution de notre étoile. En effet,
selon les milieux qu’elles traversent, ces ondes ne se
propagent pas à la même vitesse. Grâce à l’analyse détaillée
des variations de leur intensité, on connaît maintenant avec
une grande précision les profils de densité, de température, de
pression, de composition chimique et de champ magnétique de
notre astre, pratiquement jusqu’en son centre.
On a pu ainsi confirmer les modèles théoriques,
précédemment bâtis sur la seule base des observations de la
surface solaire, en y associant les lois de la physique.
Une nouvelle science est née, appelée « héliosismologie ».
Elle a joué un rôle de premier plan dans la résolution d’une
question qui se posait déjà, depuis plusieurs décennies, « le
mystère des neutrinos solaires ». La détection de neutrinos
solaires (C-57) montrait, en effet, un déficit important par
rapport aux prévisions des théoriciens : il en manquait plus de
la moitié. À présent, nous connaissons la cause de ce déficit : il
y a trois variétés de neutrinos et les télescopes neutriniques
n’en détectaient alors qu’une seule. Aujourd’hui, grâce à
l’héliosismologie, la physique solaire et la physique des
particules sont réconciliées.
On s’intéresse maintenant aux vibrations d’autres étoiles.
La situation est beaucoup plus difficile : on ne peut pas encore
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observer les détails de leur surface comme on le fait pour le
Soleil. Mais les projets progressent rapidement, et on peut
espérer avoir bientôt des renseignements sur leur structure
interne.
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Étoiles mortes
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rayon passer d’un million de kilomètres (aujourd’hui) à
environ mille kilomètres (dans cinq milliards d’années). Il ne
sera alors pas plus gros que la Lune.
Qu’est-ce qui empêche la contraction de se poursuivre ?
C’est la physique quantique qui nous l’a appris. Il existe un
« principe d’exclusion », découvert par Wolfgang Pauli, qui dit
à peu près ceci : deux électrons de même vitesse ne peuvent
pas se trouver au même endroit en même temps. Plus
exactement, ils ne peuvent pas s’approcher en deçà d’une
certaine distance. Cet effet d’exclusion engendre, dans l’étoile,
ce que l’on appelle une « pression quantique », qui joue le
même rôle que la pression thermique auparavant. La
contraction s’arrête et le volume se stabilise.
L’étoile est devenue une « naine blanche » de quelques
milliers de kilomètres de diamètre. Nous en avons plusieurs à
proximité de notre Soleil, la plus connue étant la compagne de
Sirius, à huit années-lumière.
Tel est le sort prévu pour les petites étoiles comme le
Soleil. Pour les grosses, c’est différent. Le principe d’exclusion
s’applique aussi aux protons et aux neutrons, mais, à cause de
leurs grandes masses, la distance minimale d’exclusion est
environ deux mille fois plus faible que pour les électrons.
L’effondrement de ces étoiles, à leur mort, se poursuit jusqu’à
une nouvelle limite. On a alors une « étoile à neutrons » de
quelques dizaines de kilomètres de diamètre.
Pour les étoiles vraiment très massives, de plus de dix fois
la masse du Soleil, aucune pression, même quantique, n’est en
mesure d’arrêter la contraction. L’étoile devient un trou noir
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(C-28).
« Naines blanches », « étoiles à neutrons », « trous noirs »
sont les noms des cadavres stellaires qui hantent les
profondeurs des galaxies.
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Les pulsars
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nos yeux la nuit avec une parfaite régularité, et pourtant ne
s’éteint jamais ?
— La lumière d’un phare ! »
Tournant sur elle-même, la source lumineuse balaie le ciel
et ses rayons rencontrent notre regard avec une parfaite
régularité. « Imaginons, disait Gold, une étoile qui n’émettrait
de la lumière qu’à partir de régions bien délimitées de sa
surface (contrairement au Soleil, par exemple, dont toute la
surface est lumineuse). Supposons que cette étoile tourne sur
elle-même à grande vitesse. Elle serait comme un phare
céleste et semblerait, à nos yeux, s’allumer, “bip”, chaque fois
que sa lumière rencontrerait les radiotélescopes ! »
L’idée fut acceptée avec enthousiasme… Aujourd’hui, nous
avons répertorié une centaine de ces astres intermittents que
nous appelons des « pulsars ». Certains pulsent près de mille
fois par seconde.
Un pulsar est une étoile de très petite dimension, quelques
kilomètres de diamètre à peine, appelée « étoile à neutrons ».
Il s’agit du résidu stellaire qui apparaît après la mort explosive
d’une étoile (supernova). Alors que ses couches supérieures
sont projetées avec violence dans l’espace, son noyau central
se contracte et se met à tourner à grande vitesse. Pour des
raisons que nous connaissons mal, seules les régions de ses
pôles magnétiques émettent encore de la lumière. D’où la
configuration de phare (à condition toutefois que, comme pour
notre planète, ses pôles magnétiques ne coïncident pas avec
l’axe de rotation).
Pour la petite histoire, rappelons que, pour cette
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découverte, le prix Nobel fut attribué non pas à Jocelyn Bell
mais à son patron, provoquant un mini scandale dont on parle
encore dans la communauté scientifique.
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Les exoplanètes
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décrivent des parcours hautement elliptiques, qui les amènent
successivement très près, puis très loin de l’astre central.
La question se pose aujourd’hui de savoir si ces
caractéristiques sont communes aux systèmes planétaires de
notre galaxie et si le nôtre, tellement régulier, constitue une
exception, ou si c’est l’inverse. En effet, pour des raisons
d’ordre technique, il est plus facile de débusquer la présence
de grosses planètes, proches de leur étoile centrale, que de
petites, plus éloignées. On a observé, au départ de cette
recherche, des corps comparables à nos planètes géantes
(Jupiter, Saturne), des centaines de fois plus massives que la
Terre. La recherche d’objets de plus petite taille se poursuit
grâce à l’amélioration de la sensibilité des détecteurs. On a
récemment repéré des planètes à peine dix fois plus grosses
que la nôtre. Il paraît vraisemblable que, d’ici à quelques
années, on aura observé de telles planètes « terrestres ».
On admet généralement (mais peut-être à tort !) que la vie
telle que nous la connaissons ne pourrait se développer que
sur des planètes d’une taille comparable ou plus petite à celle
de la Terre. Mais comment pourrons-nous savoir si la vie est
apparue sur de tels corps célestes quand nous les aurons dans
notre champ d’observation ? Réponse : en analysant la lumière
que nous en recevrons.
Observée à distance, l’analyse de la lumière émise par nos
planètes solaires offre des indices caractéristiques. La Terre
est en effet la seule à montrer dans son spectre lumineux la
présence de molécules d’oxygène et d’ozone. C’est la vie
terrestre qui maintient ces molécules dans notre atmosphère.
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Si on les observe ailleurs, on aura de bonnes raisons de penser
que la vie y existe.
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___
HISTORIQUE
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L’Année Einstein
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par le mouvement de l’observateur. Est-ce qu’elle paraîtrait
aller plus vite quand on va dans le même sens que la lumière
ou plus lentement lorsqu’on va en sens inverse ?
On a tenté de répondre à la question en observant une
même étoile deux fois, à six mois d’intervalle (par exemple,
d’abord au mois de juin puis au mois de décembre). Pourquoi ?
Rappelons que la Terre se déplace dans l’espace sur une orbite
elliptique autour du Soleil, à 30 km/s. Si son mouvement est
dirigé dans la direction de l’étoile à un moment donné, six mois
plus tard, il sera dans la direction opposée. On s’attendait donc
à voir une différence de vitesse de 30 km/s en plus la
première fois, et de 30 km/s en moins la deuxième fois. Soit
une différence totale de 60 km/s.
On mesure. Résultat : zéro ! Aucune différence dans la
vitesse de la lumière quel que soit le moment de l’année où l'on
effectue l’évaluation.
Ce résultat paradoxal est resté inexpliqué pendant
quelques années. On a mis en cause la méthode d’observation,
la crédibilité des résultats. Rien n’y fit. Le mystère restait
entier.
Cette observation a joué un rôle majeur dans l’élaboration
de la théorie d’Einstein. Il s’est dit : « Quel message la nature
nous envoie-t-elle là ? Lesquels de nos préjugés, que nous
érigeons trop facilement en certitudes, faut-il remettre en
question ? »
La réflexion a porté ses fruits : c’est en réexaminant les
notions les plus fondamentales sur la nature même du temps
et de l’espace qu’il a pu résoudre le problème. Mais comment ?
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L’espace-temps
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Considérons, pour illustrer la situation, le contexte d’une
pièce de théâtre. Il y a d’abord la scène où l’action se passe, un
volume de x mètres cubes : c’est l’espace du théâtre. Il y a
aussi la durée de la pièce, disons deux heures : c’est le temps
du théâtre. Pendant la pièce, des acteurs se déplacent sur
scène et disent leur texte à un moment exactement prévu
dans le scénario.
L’univers d’avant Einstein est un grand théâtre dans lequel
des événements se passent quelque part à un moment donné.
Comme au théâtre, le temps et l’espace sont des entités
apparemment indépendantes.
Einstein découvre qu’on ne peut pas comprendre la
constance de la vitesse de la lumière si l’on maintient ce point
de vue. Il faut abandonner quelque chose. Il montre que si l’on
accepte que ces entités de temps et d’espace soient
intimement et inextricablement reliées, alors tout devient
clair.
Mais il faudra admettre alors que le temps ne passe pas à la
même vitesse pour tout le monde. Admettre que le rythme
d’écoulement du temps sur le rivage paraisse plus lent pour un
navigateur en mouvement que pour un observateur au repos.
Plus tard, Einstein montrera que le temps passe plus
lentement au fond des vallées qu’au sommet des montagnes
(on y est plus près du centre de la Terre et, en conséquence,
l’attraction de la Terre y est plus forte). Les différences sont
extrêmement minimes (quelques milliardièmes de seconde
par année), totalement indécelables par nos sens, mais
parfaitement mesurables grâce aux instruments de précision
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de la technique contemporaine. Elles ont été mesurées
plusieurs fois et les résultats confirment toujours parfaitement
les prévisions de la théorie d’Einstein…
Plusieurs auteurs se sont opposés à cette théorie au nom
du bon sens. Mais le bon sens doit s’incliner devant les faits.
Accepter la réalité telle qu’elle est, en science (et ailleurs…),
c’est le début de la sagesse.
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E = mc 2
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transformer en chaleur. C’est exactement ce qui se passe à
l’intérieur du Soleil comme à l’intérieur de toutes les étoiles de
l’univers. À chaque seconde, le Soleil perd quatre cents
millions de tonnes de sa masse (l’équivalent d’une colline
terrestre) qui devient de la lumière (énergie lumineuse). Sa
masse diminue d’autant. Mais comme, heureusement, elle est
très grande, le Soleil peut ainsi perdurer, et cela encore des
milliards d’années…
Dans le cas du Soleil, la masse devient énergie lumineuse.
Inversement, de l’énergie lumineuse peut devenir masse : en
laboratoire, on engendre des particules massives, des
électrons, par exemple, à partir de l’énergie lumineuse. Les
transformations se font aussi bien dans un sens que dans
l’autre.
Mais revenons à notre équation E = mc 2. C’est en quelque
sorte un bilan comptable. Comme un cours des devises dans la
vitrine des agents de change. Elle dit combien d’énergie
(lumineuse, thermique, cinétique) on obtient en échange d’un
gramme de masse. Reprenons l’exemple du Soleil : c’est avec
cette formule qu’on calcule que la lumière émise chaque
seconde par le Soleil équivaut à la perte de quatre cents
millions de tonnes de sa propre masse.
Cette formule a joué un rôle fondamental dans l’élaboration
de la physique nucléaire. Elle permet de dresser des bilans
corrects des phénomènes étudiés dans les accélérateurs de
particules. Mais elle ne se limite pas à la physique nucléaire.
Elle s’applique également dans un grand nombre de situations
de la vie courante. Ainsi, une comptabilité correcte et complète
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de ce qui se passe dans un feu de bois montrerait qu’elle décrit
fort bien, par exemple, la transformation de la matière
ligneuse en chaleur, en lumière et en fumée. Ajoutons
cependant que, dans ce cas, la fraction de masse perdue est
infime.
Cette équation fait partie de la moisson de résultats
fondamentaux obtenus par Einstein quand il a cherché à
comprendre pourquoi la vitesse de la lumière est la même
pour tous les observateurs.
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La vitesse de la lumière
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masse nulle… En fait, la lumière ne peut qu’aller à cette vitesse
limite de 300000 km/s.
Dans plusieurs contextes, l’idée de vitesse de la lumière
comme vitesse limite n’est pas applicable. Un exemple très
simple : la vitesse de l’ombre d’un objet en mouvement. Si
l’écran qui reçoit cette ombre est assez loin de l’objet, celle-ci
peut atteindre une vitesse bien supérieure à celle de la
lumière. Mais cette ombre ne transporte aucune information.
C’est à ce titre qu’elle ne viole pas le principe de la vitesse
limite, lequel ne s’applique pas dans ce cas.
Nous avons abordé le sujet des vitesses des galaxies (C-7).
Les observations astronomiques montrent que plus les
galaxies sont éloignées, plus elles s’éloignent rapidement. Au-
delà d’une certaine distance — quelques dizaines de milliards
d’années-lumière —, elles atteignent la vitesse de la lumière.
Au-delà, elles vont encore plus vite, de sorte qu’elles nous sont
invisibles.
La théorie de la relativité est-elle prise en défaut ? Non.
Les mouvements des galaxies ne sont pas des mouvements au
sens ordinaire du mot. Elles ne se déplacent pas dans l’espace,
comme la Terre autour du Soleil, elles se déplacent avec
l’espace. C’est l’espace lui-même qui est en expansion et les
galaxies sont entraînées dans cet espace (C-5). Ainsi les
galaxies peuvent se déplacer les unes par rapport aux autres à
des vitesses relatives bien supérieures à celle de la lumière
sans violer la théorie de la relativité.
Plus exotique encore, la théorie de la relativité admet la
possibilité d’existence de particules très singulières dont la
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vitesse de la lumière serait une limite inférieure. Ces particules
appelées tachyons (le mol grec pour « vite ») ne pourraient se
déplacer qu’à des vitesses plus grandes que celle de la lumière.
On n’en a jamais observé. On ne sait pas si elles existent
vraiment. Il n’est pas impossible qu’un jour elles soient
détectées en laboratoire. Pourtant, l’idée même de leur
existence pose des problèmes assez troublants. Cela
supposerait implicitement que l’on puisse reculer dans le
temps, revenir en arrière, remonter dans le passé. Beau sujet
de science-fiction…
Conclusion : les principes de la physique ne doivent pas
être extrapolés d’autorité au-delà de leur domaine
d’application. Sinon, gare aux confusions !
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aux 300000 km/s de la lumière : elle est dix mille fois
inférieure.
Mais la théorie de Newton est complètement inapte à
décrire les mouvements des électrons à des vitesses voisines
de celle de la lumière dans un accélérateur. Il faut alors
impérativement utiliser la « relativité générale ». Déjà, quand
on étudie le mouvement de la planète Mercure autour du
Soleil (40 km/s), la théorie de Newton commence à montrer
ses insuffisances. L’explication correcte de l’orbite de Mercure
fut l’une des premières victoires de la « relativité générale ».
Profitons-en pour prendre en considération une remarque
importante : les progrès de la physique ne consistent
généralement pas en une négation simple des théories
préexistantes. On ne peut pas dire, dans le cas de Mercure :
« Newton avait tort et Einstein a raison. » Il s’agit plutôt d’une
extension du champ d’application d’une théorie physique. On
peut comprendre plus de choses avec Einstein qu’avec
Newton. Ainsi la théorie de Newton reste parfaitement valable
et utilisable pour les mouvements de faible vitesse par rapport
à celle de la lumière, mais, quand on veut étudier les
mouvements à grande vitesse, il faut la compléter par celle
d’Einstein.
En abordant la relativité générale, nous allons à nouveau
nous trouver dans une situation similaire. La « relativité
générale » est en fait une extension de la « relativité
restreinte ». Cette extension est rendue nécessaire quand on
considère les mouvements des objets plongés dans une région
où les champs de gravité sont considérables. Un de ses
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avantages pour l’astronome, c’est qu’elle permet d’étudier non
seulement les comportements d’astres particuliers, mais aussi
celui de l’univers entier, c’est-à-dire de l’ensemble des
galaxies qui sont soumises à la gravité qu’elles exercent les
unes sur les autres (C-18). Cette théorie est le socle sur lequel
repose la théorie du Big Bang…
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La tour de Pise
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Mais en quoi cette simultanéité était-elle étonnante ? Pourquoi
surprenait-elle et posait-elle question ?
C’est qu’a priori on pourrait penser que les boules les plus
lourdes arriveraient les premières. La force de gravité entre
les corps étant à la mesure de leur masse, on imaginerait
volontiers que les boules plus lourdes chuteraient plus
rapidement que les autres.
Mais, par ailleurs, on sait que plus les corps sont massifs,
plus il est difficile de les mettre en mouvement. Exemple : les
bicyclettes démarrent plus vite que les trains ! Cette propriété
des corps s’appelle l’« inertie », un mot qui décrit leur aptitude
(ou inaptitude) à se mettre en mouvement.
L’expérience de Galilée montre que l’inertie des grosses
boules compense exactement l’accroissement de la gravité
qu’entraîne leur masse. De sorte que toutes les boules, petites
ou grosses, arrivent en même temps. (En faisant, bien sûr,
abstraction de la résistance de l’air.) Einstein pressent que ce
fait, d’apparence anodine, cache une réalité beaucoup plus
profonde. Il se demande quel rapport il peut y avoir entre les
propriétés d’une boule particulière (sa masse, son inertie) et le
phénomène de la gravité universelle.
La réponse bouleverse la physique tout entière. Elle remet
en question la notion même de force de gravité au sens
habituel de cette expression.
Pour faire simple, voici ce que dit la théorie de la relativité
générale : la masse des objets modifie la géométrie de l’espace
autour d’eux. Cette déformation se manifeste sous la forme
d’une courbure locale de l’espace. Cette courbure influence les
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mouvements des corps existant dans cet espace. Un exemple :
la courbure de l’espace provoquée par la masse de la Terre
contraint la Lune (et tous les satellites artificiels) à tourner
autour de notre planète plutôt qu’à fuir vers les espaces
lointains. Cette courbure est la chaîne qui les retient
prisonniers. En fait, on peut exprimer la situation de la façon
suivante : la Lune se déplace sur des rails immatériels, courbés
par le champ de gravité terrestre, qui la ramènent sans fin sur
la même orbite.
Ainsi en est-il de la Terre et des planètes autour du Soleil.
Ainsi en est-il aussi de toutes les étoiles qui gravitent autour
du centre de notre galaxie et du trou noir qu’elle héberge.
Rappelons, pour faire un lien avec la cosmologie, la question
de la courbure globale de l’espace cosmique (C-13). L’analyse
du rayonnement fossile a montré qu’à l’échelle de l’univers
observable l’espace cosmique n’a pas de courbure.
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premier.
Retournons maintenant à la tour de Pise où Galilée observe
le mouvement des boules métalliques de diverses masses qu’il
a laissées tomber. En quoi la nouvelle conception d’Einstein
explique-t-elle la simultanéité de leur arrivée au sol ? La
réponse est simple : si le mouvement des corps n’est pas relié
à leurs propriétés individuelles mais à la géométrie de l’espace,
on peut comprendre que toutes les boules qui se meuvent
dans cet espace se comportent de la même façon quelle que
soit leur masse respective.
Cette théorie d’Einstein a connu un grand succès de
popularité en 1919, lors d’une éclipse de Soleil. Le mouvement
de la lumière elle-même est soumis à la courbure de l’espace
imposée par les corps massifs. À partir de cette idée, Einstein
avait prévu qu’au moment où le Soleil allait disparaître
derrière le disque de la Lune on pourrait, dans le ciel obscurci,
voir des étoiles situées derrière le disque du Soleil. En effet, la
lumière de ces étoiles allait être déviée par la masse du Soleil
lors de son passage auprès de lui et ainsi être obligée à le
contourner et à nous parvenir.
Les observations de l’éclipse par l’astronome anglais
Eddington allaient confirmer cette prédiction. Ce succès,
annoncé dans les journaux du globe, donna à Einstein une
célébrité mondiale. On dit qu’en apprenant la bonne nouvelle
de la confirmation de sa théorie il n’en fut nullement surpris.
On a ici un bel exemple du processus scientifique mis en
œuvre dans toute recherche. Une théorie nouvelle, ici la
relativité générale, est confrontée à l’épreuve des faits. Les
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prédictions de la théorie sont confirmées par l’observation. Par
la suite, elle a remporté bien d’autres succès qui l’ont
hautement crédibilisée aux yeux des scientifiques.
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d’Einstein. Sa confiance illimitée en sa façon de voir le monde.
Il est profondément convaincu de la toute-puissance de la
rationalité. Pour lui, fidèle à la tradition philosophique installée
depuis deux millénaires par Pythagore, Platon, et plus
expressément énoncée par Galilée, le monde est totalement
compréhensible en termes de concepts, d’idées claires et de
mathématiques. Le principe de causalité règne en maître : une
cause provoque un effet, un effet est provoqué par une cause.
Le hasard n’est qu’un alibi de notre ignorance. Comme Simon
de Laplace, il croit que l’avenir est complètement déterminé.
De plus, il est convaincu de la « réalité du monde » au sens le
plus ordinaire du terme. Le monde existe objectivement, en
dehors de nos perceptions.
Ces convictions vont exercer sur lui une profonde influence.
Elles vont lui insuffler un dynamisme mental extraordinaire
qui va lui permettre de poursuivre les élaborations ardues de
son projet jusqu’à leur achèvement : modifier notre vision du
temps, de l’espace, de l’énergie et de tous les mouvements
provoqués par la force de gravité.
La théorie de la relativité explique d’une façon simple le
comportement de la matière soumise à la gravité. Les
anomalies de l’orbite de Mercure, les déviations de la lumière
et l’existence des trous noirs peuvent se dériver à partir d’une
équation fondamentale qui relie la courbure de l’espace à la
matière et à l’énergie qu’il héberge. Les mathématiques sont
complexes, mais l’idée qui les sous-tend est lumineusement
simple. Pourtant, ses efforts pour incorporer la physique
quantique à sa vision du monde se sont soldés par un échec.
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Paraphrasant Guy de Maupassant à propos de la vie, on
pourrait dire « la réalité n’est jamais ni aussi compliquée ni
aussi simple qu’on croit ».
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matière.
Einstein, fidèle à la vision déterministe qui l’a porté si loin
dans son exploration du cosmos, persiste à penser que la
théorie quantique est transitoire. Qu’en creusant plus profond
on finira bien par se débarrasser du hasard quantique.
Il y travaille pendant trente ans. En vain. Il dira à Niels
Bohr : « Je ne peux pas croire que Dieu joue aux dés. » Et Bohr
lui répondra gentiment « Albert, cessez de dire à Dieu
comment il doit se comporter ! »
La physique quantique remet en cause la valeur d’une
autre de ses convictions : la réalité objective du cosmos. La
méthode utilisée pour observer la nature influence les
résultats obtenus. Force nous est d’admettre que l’idée d’un
monde extérieur à nous, indépendant de notre mode
d’exploration, n’est pas compatible avec les observations en
laboratoire. Quand Einstein, perplexe, dira à Bohr : « Ne me
dites pas que la Lune n’existe pas quand je ne la regarde pas »,
Bohr lui répondra, toujours gentiment : « Comment voulez-
vous que je le sache ? »
Le monde n’est pas aussi simple que l’a cru Einstein, les lois
de la physique ne déterminent pas complètement l’avenir. La
causalité ne se présente pas sous forme rigide : à chaque cause
correspond non pas un et un seul effet, mais plusieurs effets
possibles. Celui qui se réalisera ne peut pas être prévu par des
équations mathématiques. On peut tout au plus en calculer la
probabilité. Le futur n’est pas complètement inscrit dans le
présent.
Résumons-nous. Einstein possède des convictions
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profondes et inébranlables sur le comportement de la réalité
matérielle. Aussi longtemps que ces convictions
correspondront à la réalité, ses efforts seront extrêmement
fertiles et couronnés de succès éclatants. C’est la première
partie de sa carrière. Mais quand il abordera des territoires où
elles ne s’appliquent plus, ses efforts seront stériles. Il a bien
apprécié la simplicité inhérente à la réalité ; il a sous-estimé sa
toute aussi inhérente complication.
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Einstein et la cosmologie
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après les années 1920 que l’univers est effectivement doté
d’un mouvement global. Il est en expansion !
Vers 1928, Georges Lemaître, un chanoine belge, élabore la
théorie de l’atome primitif, l’ancêtre du Big Bang. Einstein
réagit mal. Il écrit : « Vos mathématiques sont correctes, mais
vos idées sont abominables. » Mais il s’inclinera plus tard
devant l’accumulation des observations. Il participera lui-
même à l’élaboration de la nouvelle cosmologie.
Nous avons là un nouvel exemple de la puissance
potentiellement positive et négative des convictions
préalables. Positive, parce qu’elle a amené Einstein à la
cosmologie. Négative, parce que, en persistant dans son idée
d’un univers statique, il avait refusé d’écouter le message de
ses équations. Il aurait pu prévoir l’expansion du cosmos dix
ans avant sa confirmation observationnelle. Einstein croyait à
la fois trop et pas assez à la puissance des mathématiques
quand elles sont appliquées à la réalité. De sa constance
cosmologique qu’il reniera plus tard, il dira : « C’est la plus
grande bévue de ma carrière. »
Malgré son désir d’en finir avec elle, la constante
cosmologique allait renaître plusieurs fois de ses cendres. On
l’invoque aujourd’hui pour rendre compte du fait que non
seulement l’univers est en expansion, mais que son expansion
est elle-même en accélération. Elle était en quelque sorte une
prémonition de l’existence de l’énergie sombre (C-18).
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L’équation de Dirac
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arrive. Son équation, appelée « équation de Dirac », est d’un
aspect hautement rébarbatif. Très sophistiquée, elle fait appel
à des formes de mathématiques bien peu familières à cette
époque. La réalité serait-elle si compliquée ? Dirac est
décontenancé.
Les solutions à cette équation promettent d’être très
difficiles à interpréter. Pourtant, un premier résultat semble
d’excellent augure. Il concerne le mouvement des électrons
dans les champs magnétiques (figure 5).
On savait déjà depuis quelque temps que les électrons sont
déviés quand ils traversent un champ magnétique. D’une façon
tout à fait imagée, on avait imaginé l’électron comme un petit
« aimant ». Plus précisément, comme une petite sphère
tournant rapidement sur elle-même, une représentation
miniature de la Terre, par exemple. Ce mouvement de
rotation d’une particule chargée, appelé « spin », était, dans
cette optique, responsable du mouvement particulier de
l’électron dans le champ magnétique. L’électron pouvant
tourner sur lui-même dans le sens des aiguilles d’une montre
ou dans le sens inverse, il pourrait être dévié dans deux
directions différentes.
Or l’équation de Dirac montre, et c’est là un premier grand
succès, que le spin est une propriété qui se déduit
naturellement de son équation. Il découle de l’intégration des
acquis de la relativité et de la physique quantique. Inutile
maintenant d’en postuler arbitrairement l’existence…
Précisons, pour ne pas trop simplifier les choses, que le spin
n’a rien à voir avec une rotation quelconque de l’électron… À
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ce niveau de réalité, il faut toujours se méfier des images
simplistes.
Ajoutons toutefois que la réunification accomplie par Dirac
ne touche que la théorie de la relativité restreinte, formulée en
1905 par Einstein. Elle ne s’applique que dans des contextes
où la force de gravité est absente, ou très faible (à la surface de
la Terre, par exemple). La réunification de la physique
quantique et de la théorie de la relativité générale (incluant
l’influence de la gravité) reste l’un des problèmes majeurs de
la physique contemporaine (C-66).
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particules rapides circulant dans l’espace, les « rayons
cosmiques » (C-32), on découvre la présence de traces
sombres, divergentes, laissées par le passage de deux
particules semblables, mais de charges opposées : un électron
et… un antiélectron (figure 5). Il existe vraiment !
On note aussi que, dans ces émulsions, les électrons et les
positrons apparaissent toujours ensemble. Ils forment ce que
l’on appelle une paire particule-antiparticule.
Résumons-nous. Dirac est convaincu que si la réalité
présente, au travers des équations qui la décrivent, des
apparences d’incompatibilités ou d’incohérences, c’est que les
théories sont incomplètes. À partir de cette conviction, il
montre que ces difficultés peuvent être aplanies et il reçoit
deux informations qui vont enrichir la physique et
l’astronomie :
— la première concerne une propriété des électrons déjà
connue : leur déflexion dans un champ magnétique (figure 5).
L’image trop simpliste d’une sphère chargée tournant sur elle-
même est remplacée par la notion d’une propriété intrinsèque
de l’électron, appelée « spin », dont l’existence dérive
automatiquement et sans imagerie de son équation ;
— la seconde information est, cette fois, entièrement
inattendue : la prédiction de l’existence d’une sorte de jumeau
de l’électron, mais de charge électrique positive (l’électron
ordinaire est négatif). Cette prédiction a été confirmée
quelques années plus tard. Elle a inauguré un nouveau
chapitre de la physique dont le sujet est le monde de
l’antimatière.
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La découverte de l’antimatière
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Cette gémellité s’étend également aux neutrinos et aux
quarks (C-53 et C-56).
Propriété importante de la matière et de l’antimatière : les
particules et les antiparticules doivent obligatoirement se tenir
à distance pour perdurer. Si elles se trouvent au même endroit
au même moment, elles disparaissent immédiatement. On dit
qu’elles « s’annihilent ». En fait, elles se transmutent en
lumière ou en d’autres particules.
Ce phénomène dégage beaucoup d’énergie. Les masses des
particules se transforment en énergie lumineuse (rappelez-
vous : E = mc 2 !). En termes de particules, la paire s’est
transmutée en photons.
La lumière joue ici un rôle particulier. Les « photons » (les
grains de lumière) n’ont pas de jumeaux. Il n’y a pas
d’antiphotons. Plus exactement, on dit que les photons sont
leurs propres antiparticules.
On peut considérer la lumière comme formant un monde
intermédiaire entre la matière et l’antimatière. Une paire de
particules peut s’annihiler en lumière. Mais l’inverse est
également possible. De la lumière, on peut faire naître des
paires formées d’une particule et d’une antiparticule par un
phénomène appelé « création de paires ». Les deux
phénomènes, annihilation et création de paires, se produisent
en grande abondance aussi bien dans les accélérateurs
terrestres que dans les étoiles et les galaxies du cosmos.
Les premiers antiélectrons découverts en 1932
provenaient des collisions de rayons cosmiques dans les
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plaques photographiques envoyées dans la haute atmosphère.
Il s’agissait effectivement d’une création de paires dont les
partenaires s’étaient signalés par des traces différentes dans
les émulsions. Ils nous apprenaient par là une propriété qui
allait prendre par la suite une grande importance
cosmologique : la génération d’une antiparticule s’accompagne
obligatoirement de la génération de la particule
correspondante — un antiélectron est toujours associé à un
électron (figure 5).
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laboratoire, on a toutes les raisons de penser qu’il en a été ainsi
lors des réactions à haute température des débuts du cosmos
(C-22) qui ont créé les électrons de la nature, ceux de notre
corps comme ceux des étoiles. Comment expliquer alors
l’extrême rareté de l’antimatière par rapport à la matière
ordinaire ?
Reconnaissons d’abord que nous n’avons, à ce jour, aucune
réponse satisfaisante à cette question. Elle reste une des
énigmes de la cosmologie actuelle. Pourtant, nous avons une
ébauche de scénario que nous devons au physicien Sakharov,
célèbre pour ses démêlés avec les dirigeants de l’ex-URSS.
Dans l’immense chaleur du Big Bang, les réactions de création
et d’annihilation de paires, semblables à celles que nous
provoquons en laboratoire, étaient omniprésentes et
innombrables. En conséquence, aux premiers temps de
l’univers, les populations de particules de matière et
d’antimatière devaient être strictement égales.
Pourtant, au cours du refroidissement, pendant les
premières microsecondes du cosmos, des phénomènes appelés
« transitions de phase » se sont produits qui ont eu beaucoup
d’effets sur l’évolution ultérieure. Ils ont engendré un peu plus
de matière que d’antimatière, une infime différence de
population favorisant la matière sur l’antimatière : un milliard
et une particule de matière pour chaque milliard de particules
d’antimatière. Mais cette différence, provoquée par l’existence
d’une légère dissimilitude dans le comportement de la matière
et de l’antimatière, allait jouer plus tard un rôle fondamental.
Telle fut la situation jusqu’à la première seconde du
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cosmos. Alors la matière, refroidie par l’expansion, n’était plus
assez chaude (n’avait plus assez d’énergie thermique) pour
engendrer de nouvelles créations de paires. Ce phénomène est
en effet très coûteux en énergie puisqu’il faut créer la masse
des particules de la paire (E = mc 2 !!). A l’inverse, les
annihilations de paires, qui, elles, n’exigent pas d’énergie mais
au contraire en dégagent beaucoup, continuaient à se produire.
Ainsi, par la suite, chaque particule d’antimatière a pu se
trouver un partenaire de matière et s’annihiler avec lui.
L’antimatière a disparu de l’univers à cette période. C’est
pourquoi on n’en trouve plus. Mais, et c’est là le point crucial,
le minuscule surplus de matière produit auparavant n’a pas pu
trouver de partenaire pour s’annihiler. Il est donc demeuré
intact. Et c’est de ce petit surplus que notre univers est formé.
Sans lui, notre univers ne contiendrait aujourd’hui que de la
lumière. Donnons un coup de chapeau aux « transitions de
phase » qui ont provoqué ce petit supplément !
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de puissants champs magnétiques. On fabrique d’immenses
tubes circulaires appelés « anneaux de collisions » dans
lesquels particules et antiparticules circulent séparément. Le
plus grand anneau, situé à Genève au Centre européen pour la
recherche nucléaire (CERN), atteint dix-sept kilomètres de
diamètre.
Le but de ces expériences est de précipiter ces
antiparticules, préalablement accélérées à de très hautes
énergies (milliards d’électronvolts), sur des cibles de matière
pour observer les effets de ces collisions. Ainsi on a pu voir
apparaître des quantités de particules inconnues jusqu’alors.
L’étude des propriétés de ces objets nous a permis de faire
d’immenses progrès dans notre connaissance de la matière.
Des accélérateurs toujours plus puissants sont en préparation
dans différents pays pour aller encore plus loin dans ce projet.
Rappelons que l’annihilation d’une paire particule-
antiparticule dégage beaucoup d’énergie. À peu près cent fois
plus d’énergie, par unité de masse, que les réactions nucléaires
d’une bombe atomique. Pourrait-on utiliser ce mode d’énergie
à des fins civiles ? Y a-t-il là un espoir de solution de nos
problèmes énergétiques à l’échelle planétaire ?
Le problème, c’est qu’il faut d’abord engendrer
l’antimatière ! Contrairement à l’uranium de nos réacteurs,
elle n’existe pas dans la nature qui nous entoure. Il faut mettre
en opération des accélérateurs de haute énergie, capables de
provoquer des collisions de particules chargées. L’antimatière
fournirait au mieux un moyen de stockage de l’énergie. De
toute façon, le coût de l’opération a vite dissuadé les autorités
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civiles et militaires qui auraient pu s’y intéresser.
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ATOMIQUE
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Atomes
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mot, ou ne s’agit-il que d’une imagerie commode pour la
compréhension de phénomènes observés à notre échelle ?
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, de grands esprits comme Ernst et
Nietzsche rejetaient leur existence réelle.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle, en particulier grâce aux
travaux de Jean Perrin, que la réalité des atomes comme
corpuscules individuels s’impose définitivement. L’idée de ses
expériences est simple et astucieuse. Il dénombre les atomes
dans un volume déterminé de matière, disons, par exemple,
dans un centimètre cube d’eau. L’estimation peut se faire de
nombreuses façons, toutes différentes, qui donnent toujours, à
peu de chose près, le même résultat. Une telle concordance ne
pourrait se concevoir si elle ne correspondait pas à la réalité.
Le mot atome, il faut ici le mentionner, veut dire
littéralement « insécable ». En grec, atomos est formé du mot
tomos (couper), précédé du a privatif : que l’on ne peut pas
couper. L’atome est une sorte d’ultime réalité, de particule
élémentaire qui ne serait pas elle-même composée de parties
plus infimes.
Tout allait profondément changer au XXe siècle.
À scruter les atomes plus à fond, on arrivera à les
décortiquer. Ils comportent un noyau central entouré
d’électrons orbitaux. On peut leur enlever leurs électrons et
laisser leur noyau à nu. Celui-ci, soumis à l’observation,
montre qu’il est lui-même composé de particules : des protons
et des neutrons que l’on peut extraire séparément. Avions-
nous trouvé là les véritables atomes dont rêvaient les Grecs :
les corpuscules irréductibles ?
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Protons et quarks
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charges électriques qui correspondent à un ou deux tiers de
celle de l’électron. À chaque quark correspond un antiquark.
Il y en a diverses variétés. On les distingue par leurs
« saveurs » et leurs « couleurs ». Il y a six saveurs différentes
auxquelles on a donné les noms suivants : u comme up, d
comme down, s comme strange (étrange), c comme charmed
(charmé), t comme top (sommet), b comme bottom (bas). Et
trois couleurs : bleu, vert, rouge. Ajoutons que ces qualificatifs
n’ont aucun rapport avec le sens usuel des mots « saveurs » et
« couleurs » : ce sont des termes conventionnels pour
différencier les variétés de quarks.
Dans la nature, les quarks existent en triplets ou en
couples. Le proton est composé de deux quarks u et d’un
quark d, le neutron de deux quarks d et d’un quark u. Les
couples de quarks, appelés mésons, sont des particules de
brève durée que l’on fabrique dans les accélérateurs.
Le quark serait-il alors enfin la véritable et insécable
particule élémentaire recherchée depuis si longtemps ?
Assagis par les désillusions antérieures au sujet des atomes et
des protons, les physiciens sont devenus plus prudents et,
aujourd’hui, aucun ne proposerait le pari de Gamow !
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Électrons
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avec ceux des planètes est trompeuse. Il ne s’agit pas d’un
simple modèle réduit. Les lois qui régissent le microcosme et
celles du macrocosme sont bien différentes…
Le nombre d’électrons autour d’un atome en détermine la
nature ; l’hydrogène n’en a qu’un seul ; l’uranium en a quatre-
vingt-douze. Tous les éléments chimiques sont compris entre
ces deux extrêmes (sauf quelques noyaux plus lourds encore,
mais extrêmement instables).
Si on augmente la température, l’atome perd
progressivement ses électrons. On dit qu’il « s’ionise ». On
peut ainsi extraire les électrons des atomes, les isoler et en
faire des faisceaux. Ces faisceaux projetés sur des cibles
appropriées servent à étudier la structure de la matière sous
toutes ses formes.
Les électrons et les photons ont une intime parenté.
Des électrons en mouvement émettent des photons.
L’absorption de photons par des électrons peut les mettre en
mouvement. C’est ce qui se passe dans les antennes
émettrices ou réceptrices. Votre antenne de radio reçoit des
ondes composées de photons provenant de la chaîne que vous
écoutez.
La physique inscrit les électrons, les quarks et les neutrinos
sur la liste des particules élémentaires. Elle les considère, à
toutes fins pratiques, comme des êtres « irréductibles », c’est-
à-dire non composés d’éléments en lesquels on pourrait les
séparer. Mais après les déconvenues des recherches
antécédentes (l’atome peut être cassé, le proton n’est pas
« premier »…), les physiciens restent prudents. Pour casser
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une particule (si elle est cassable…), il faut utiliser un marteau
très puissant. C’est-à-dire la bombarder avec des bolides
d’une grande énergie. Les accélérateurs contemporains n’y
suffisent pas. Nous attendons des instruments plus
performants (par exemple, au CERN à Genève) pour en avoir
le cœur net. Nous saurons peut-être alors si les électrons et les
quarks sont de vraies particules élémentaires ou si, au
contraire, il faut poursuivre plus loin la recherche de ces
éventuelles entités ultimes…
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faire une image. Mais il n’est peut-être pas étonnant que des
phénomènes relatifs à des échelles si éloignées de nos
perceptions habituelles persistent à nous paraître étranges.
Les photons sont des particules de masse nulle. Ils se
meuvent — comme on peut s’y attendre — à la vitesse de la
lumière. Les photons du rayonnement fossile (figure 2) ont
voyagé près de quatorze milliards d’années avant d’être
absorbés dans nos détecteurs. Pendant toute la durée de
l’histoire du cosmos (Big Bang, naissance des galaxies,
formation du système solaire, évolution de la vie sur la
Terre…), ils filaient droit devant eux, imperturbables, affectés
seulement par l’expansion de l’espace, qui réduisait
progressivement leur énergie.
Les photons ont un curieux rapport au temps. On peut dire
que, pour eux, le temps n’existe pas. Si on pouvait leur
attacher un chronomètre, on découvrirait qu’entre le moment
où ils sont émis (leur apparition dans le cosmos) et le moment
où ils sont absorbés (leur disparition), il ne s’écoule aucun
temps (durée zéro). Ce phénomène se retrouve chez toute
particule voyageant à la vitesse de la lumière. C’est la théorie
de la relativité d’Einstein qui nous l’a révélé.
L’onde lumineuse est caractérisée par une longueur d’onde
qui spécifie l’énergie du photon qui lui est associé. Cela va du
kilomètre pour les ondes radio au nanomètre (millionième de
millimètre) pour les rayons gamma. À mi-chemin environ
(autour du micron), on trouve la lumière visible à nos yeux :
toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. L’espace interstellaire et
intergalactique est rempli de photons de toutes énergies. Il y
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en a environ cinq cents par centimètre cube. La plupart
viennent directement du Big Bang ou, mais en quantités
moindres, des milliards d’étoiles réparties dans les milliards de
galaxies.
Le cosmos est loin d’être vide…
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caractère prétendu absolu de ce principe ? Fallait-il admettre
qu’en certains cas ce principe puisse être violé ? Après tout,
pourquoi pas ?
Pourtant, dans un ultime effort pour sauvegarder cette loi
si chère et si commode aux physiciens, Pauli avance une
hypothèse téméraire : et s’il y avait aussi une troisième
particule, mais indétectable par les techniques de l’époque ? Et
si cette particule emportait avec elle l’énergie manquante dans
le bilan ? Le principe serait sauvé ! Que pouvait-on dire de
cette particule hypothétique ? D’abord, qu’elle devait avoir
une très faible masse (le déficit d’énergie était quand même
faible). Ensuite qu’elle ne devait pas être électriquement
chargée. Sinon on l’aurait observée ! Cette particule se
présentait comme une sorte de petit neutron que l’on baptisa
« neutrino ».
Victoire de l’analyse théorique, les neutrinos furent
détectés quelques années plus tard au voisinage des réacteurs
nucléaires. On en fabrique maintenant des faisceaux de grande
intensité. En les projetant sur des cibles choisies, on les utilise
pour analyser la constitution intime de la matière. On sait
aujourd’hui qu’il en existe trois variétés avec des propriétés
différentes.
Et tout cela à partir d’une particule inventée pour sauver le
sacro-saint principe de la conservation de l’énergie ! Lavoisier
avait vu grand le jour où il a énoncé ce principe.
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1956. Quelques années plus tard, la détection de neutrinos en
provenance du Soleil a été un grand moment de l’astronomie.
Elle apportait une réponse définitive à la question : d’où le
Soleil tire-t-il son énergie ? Les travaux des théoriciens
avaient montré que, selon toute vraisemblance, des réactions
nucléaires dans le cœur torride des astres en étaient la source.
Là, on en avait la confirmation expérimentale ! Ces neutrinos
en fournissaient la preuve.
Le Soleil nous inonde de ces particules. À chaque seconde,
quarante-cinq milliards de neutrinos, en provenance de notre
étoile, traversent notre corps sans que nous en ressentions le
moindre effet. Gage de leur immense discrétion. On observe
en permanence le flux de neutrinos qui arrive de l’astre solaire
(figure 6) et qui nous donne accès à son cœur même, alors que
la lumière reçue par les télescopes optiques ne provient que de
sa surface. En combinant ces techniques, nous avons
maintenant une connaissance précise de l’état de la matière
(température, pression, composition chimique, champ
magnétique) dans tout le volume du Soleil.
Comme lui, les étoiles émettent de grandes quantités de
neutrinos. Les flux sont particulièrement intenses lors de
l’explosion (C-34) qui marque la mort des étoiles massives
(supernovæ). En 1987, une supernova d’une grande brillance
optique (trente millions de fois la luminosité du Soleil) a éclaté
dans le Grand Nuage de Magellan, une petite galaxie située à
cent soixante-dix mille années-lumière. Cet événement a été
accompagné d’un puissant jet de neutrinos que nos
instruments ont repéré. Les observations combinées de ces
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particules et de la lumière-(photons) nous ont permis
d’étudier ce phénomène comme jamais on n’avait pu le faire
auparavant.
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d’échographie d’un des lieux les plus mal connus de notre
univers.
La détection des neutrinos en provenance du Soleil nous a
également fourni un renseignement d’une grande importance :
notre astre est fait, comme nous, de matière et non pas
d’antimatière. Comme les électrons et les protons, les
neutrinos ont leurs antiparticules : les antineutrinos (C-49). Ce
sont eux qu’un Soleil d’antimatière projetterait. Or les
évaluations maintenant nombreuses et détaillées des
émissions solaires montrent qu’il s’agit de neutrinos, indiquant
par là même que le Soleil est bel et bien fait de matière. Nous
le supposions déjà, mais, en science, les confirmations ne sont
jamais de trop…
Ainsi en est-il des neutrinos émis par la supernova de 1987
dans le Grand Nuage de Magellan. Ces détections nous
suggèrent que l’univers est composé de matière et non pas
d’antimatière, au moins dans notre proche espace galactique.
Nous avons des raisons de penser que cette prédominance de
la matière sur l’antimatière s’étend, en fait, à tout l’univers
observable.
Selon la théorie du Big Bang, il doit exister dans le cosmos
un rayonnement fossile de neutrinos, analogue à celui des
photons découvert en 1965. Il porterait la trace d’événements
qui se sont produits pendant les premières secondes de
l’univers (C-10).
Contrairement au flux émanant du Soleil, ce rayonnement
contiendrait la même quantité (à très peu de chose près) de
neutrinos et d’antineutrinos. Leur énergie, un milliard de fois
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plus faible que celle des neutrinos solaires, les rend beaucoup
plus difficiles à détecter, au point qu’aucune technologie
actuelle n’est encore capable de le faire. On peut cependant
espérer que des progrès techniques nous le permettront dans
les décennies à venir. Leur détection confirmerait
magnifiquement la valeur de la théorie.
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La force de gravité
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La force la plus perceptible à nos sens est la gravité : les
pommes tombent. Les animaux en ont déjà une connaissance
pratique diffuse et s’en servent depuis longtemps. Les
mouettes en vol lâchent les coquillages sur les rochers pour les
fracasser. Et, plus littérairement, le renard de Jean de La
Fontaine compte sur la gravité pour récupérer le fromage que
le corbeau laissera choir de son bec.
Grâce à Newton, nous savons que la gravité est
responsable du mouvement de la Lune et des planètes dans le
système solaire. À partir de cette découverte, des quantités de
phénomènes terrestres et astronomiques qui n’avaient cessé
d’intriguer les humains depuis toujours — les marées dans les
océans, les marches arrière apparentes de Jupiter et de
Saturne sur la voûte céleste — deviennent compréhensibles. Si
les astres sont sphériques (la Terre, la Lune, le Soleil), c’est
aussi dû à l’action de cette force (figure 6).
Les propriétés spécifiques de la force de gravité se
décrivent en termes particulièrement simples. Selon la loi
proposée par Newton, son intensité dépend seulement de la
masse des corps en présence et de la distance entre eux : elle
est proportionnelle à l’inverse du carré de cette distance.
La gravité domine l’interaction entre les grandes structures
de l’univers. Elle gouverne le mouvement des planètes du
système solaire, des astéroïdes jusqu’aux comètes les plus
lointaines. Elle contrôle les mouvements des centaines de
milliards d’étoiles autour du centre de notre galaxie, la Voie
lactée, comme dans toutes les galaxies du ciel. Elle est
responsable des mouvements des galaxies entre elles et elle
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est intimement reliée à la dynamique d’ensemble de l’univers.
Si les grandes distances et les grandes masses de l’univers
sont son domaine d’action privilégié, tel n’est pas le cas pour
des dimensions plus faibles. Dans les prochaines pages, nous
décrirons les forces qui prennent alors le dessus.
L’agitation des corps massifs engendre des ondes
gravitationnelles qui se propagent à la vitesse de la lumière et
vont affecter les autres corps. Cependant, cet effet est
extrêmement faible. Il ne devient important qu’au niveau des
très grandes masses, à hautes densités et en très forts
mouvements. Par exemple, une explosion de supernova ou
une collision entre deux étoiles à neutrons.
On a construit des télescopes appropriés qui vont entrer en
opération dans les années qui viennent. On compte ainsi
détecter des ondes gravitationnelles provenant de tels
événements. Et peut-être même des émissions reliées
directement au Big Bang (C-10).
Comme les photons sont associés aux ondes
électromagnétiques (la lumière), on pense qu’une particule
appelée « graviton » serait associée aux ondes
gravitationnelles. Mais, à cause de notre incapacité à formuler
une théorie quantique de la gravité, nous ne sommes pas en
mesure d’être affirmatifs à ce sujet.
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La force électromagnétique
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profonde de cette différence est passablement mystérieuse.
Le domaine de la force électromagnétique s’étend des
dimensions atomiques à celles des astres. C’est à elle
qu’incombe le fait que les petits corps célestes (astéroïdes,
comètes) ne sont pas sphériques alors que les planètes et les
étoiles (où la gravité domine) le sont.
La force électromagnétique est responsable des
phénomènes à l’échelle atomique et moléculaire. C’est elle qui
maintient les électrons en orbite autour des noyaux atomiques
et qui maintient les atomes dans les molécules. À ce titre, elle
contrôle toutes les réactions chimiques et toute la biologie. Nos
corps sont le siège d’innombrables phénomènes gouvernés par
cette force. Il existe un moyen, peu recommandé il est vrai, de
percevoir directement la force électromagnétique : mettre le
doigt dans une prise de courant.
L’immense gamme des ondes associées aux photons est
une manifestation de la force électromagnétique. Elle contrôle
le comportement des rayonnements, des plus puissants
(rayons X et gamma) aux plus faibles (micro-ondes, radio).
Les phénomènes magnétiques jouent des rôles importants
dans les planètes et les étoiles. Notre planète possède un
champ magnétique qui oriente les boussoles et guide les
oiseaux et les tortues dans leurs migrations.
Le magnétisme de la Terre est provoqué par les
mouvements de la matière ferreuse à l’intérieur de son
volume. Ces matières contiennent des atomes chargés
électriquement dont le déplacement cause l’apparition de pôles
magnétiques au voisinage des pôles géographiques Nord et
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Sud.
Notre Soleil est aussi le siège d’intenses phénomènes
magnétiques qui se manifestent par l’apparition et la
disparition, selon un cycle de onze ans, de taches solaires, de
gigantesques protubérances qui s’élèvent à des centaines de
milliers de kilomètres dans l’espace et d’orages aussi soudains
que violents. Leurs effets se font sentir dans tout le système
solaire. Les magnifiques aurores boréales en sont une des
conséquences les plus spectaculaires.
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Sa puissance se manifeste par les actions dont elle est
responsable. Un gramme d’uranium peut dégager autant
d’énergie qu’une tonne de pétrole (énergie d’origine
électromagnétique), ou encore qu’un barrage pendant une
période prolongée (énergie d’origine gravitationnelle). C’est
elle qui permet aux réacteurs nucléaires d’alimenter certains
réseaux électriques. Dans le ciel, elle est la source de l’énergie
des étoiles, leur assurant une longévité de millions, voire de
milliards d’années.
Quand son énergie est amenée à se dégager rapidement,
elle provoque des explosions. Sur la Terre par les bombes
nucléaires, et dans le ciel par des phénomènes associés à la
mort des étoiles massives. Il s’agit alors de supernovæ qui
peuvent devenir en quelques heures des milliards de fois plus
lumineuses que le Soleil. On peut les voir jusqu’à des milliards
d’années-lumière.
La force nucléaire joue un grand rôle dans un chapitre
majeur de l’histoire de l’univers : la formation des atomes (la
nucléosynthèse). La puissante attraction qu’elle exerce entre
les nucléons leur permet de se combiner pour fabriquer tous
les noyaux atomiques jusqu’aux plus lourds.
C’est dans le cœur torride des étoiles que ces réactions ont
lieu. L’intense chaleur (dizaines, voire centaines de millions de
degrés) provoque d’incessantes collisions. Dans certains cas,
les particules entrent en fusion pour former des composés
nouveaux. C’est ainsi qu’à partir des protons initiaux du Big
Bang, la grande variété des atomes présents aujourd’hui dans
le cosmos s’est progressivement constituée. Le matériau des
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planètes solides — silicium, fer — et les éléments
fondamentaux de la vie — carbone, azote, oxygène — sont nés
dans les étoiles géantes rouges semblables à Bételgeuse et
Antarès. Toujours, rappelons-le, grâce à la très grande
puissance de cohésion de la force nucléaire.
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stellaires seraient plus rapides. Notre Soleil serait mort bien
avant l’apparition des mammifères sur la Terre.
Le comportement des neutrinos est entièrement dominé
par la force faible. En parallèle, celle-ci affecte aussi les quarks.
La désintégration des neutrons passe par la transformation
d’un de ses quarks d en un quark u (rappelons que le neutron
est composé de deux quarks d et d’un quark u, alors que le
proton est constitué de deux quarks u et d’un quark d) (C-53).
La figure 6 illustre l’influence des quatre forces sur notre
Soleil.
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suite, montré qu’elle est responsable de tous les phénomènes
lumineux et de toutes les réactions chimiques et
physiologiques.
Dans les premières décennies du XXe siècle, on a mis en
évidence l’existence de deux autres forces qui s’exercent au
voisinage des noyaux atomiques : la force nucléaire forte (celle
qui soude les protons et les neutrons dans les noyaux) et la
faible (qui, entre autres manifestations, régit le comportement
des neutrinos).
Un événement très important de l’histoire de la physique a
lieu en 1972 quand, grâce au travail de nombreux physiciens,
on montre que la force faible et la force électromagnétique
sont intimement liées. Tout comme les phénomènes
magnétiques et électriques sont des manifestations de la seule
force électromagnétique, les manifestations de la force
électromagnétique et celles de la force faible sont associées à
une force commune appelée « électrofaible ».
Dans le lointain passé du cosmos, quand la température
dépassait un million de milliards de degrés (C-22), l’intensité
de la force faible était comparable à celle de la force
électromagnétique. Par la suite, elles se sont différenciées, la
première faiblissant progressivement alors que la seconde se
maintenait.
Au début des années 1980, de grands efforts sont faits pour
unifier la force nucléaire forte et la force électrofaible. On
parlait alors d’une « grande unification ». Bien que des liens
intéressants aient été révélés entre ces deux forces, les
observations n’ont pas confirmé la formulation précise
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présentée à cette époque. Mais les théoriciens s’y affairent
encore. Le grand problème reste l’intégration de la force de
gravité dans ces schémas unificateurs. Curieusement, cette
force en apparence si simple, la première à avoir été identifiée,
reste la pierre d’achoppement de la physique contemporaine.
Nous retrouvons le problème de l’absence d’une théorie
quantique de la gravité.
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— Le jour se définit par la rotation de la Terre sur elle-
même.
— Les divisions du jour en heures, minutes et secondes
sont conventionnelles (douze, soixante, et encore soixante).
— Le mètre est, au départ, la quarante millionième partie
de la longueur de l’équateur terrestre. Plus tard, il est associé
à des fréquences d’atomes spécifiques.
Rien dans tout cela qui soit en rapport avec des
phénomènes à l’échelle du cosmos, rien qui touche aux
propriétés fondamentales de la matière.
Une belle idée de Planck fut de trouver des unités de temps
et de distance, et aussi de masse et de température, qui ne
soient pas associées à des phénomènes locaux, mais qui soient
en relation avec des caractéristiques universelles. Trois
propriétés, liées aux trois physiciens qui ont pris conscience de
leur universalité, vont servir de base au choix de ces nouvelles
unités :
— la gravité universelle. Découverte par Newton, elle régit
la force d’attraction dans le monde céleste. Elle est
représentée par la constante G, dite constante de Newton ;
— la vitesse de la lumière : c. Elle est à la base de la théorie
de la relativité d’Einstein ;
— et enfin la constante de Planck : h. Nous venons d’en
parler, elle est omniprésente dans la structure des atomes, des
molécules et de leurs interactions avec le rayonnement.
L’unité de temps ainsi construite est appelée « le temps de
Planck ». Elle est excessivement courte. Elle correspond
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approximativement à dix millionièmes de milliardième de
milliardième de milliardième de milliardième de seconde (10-
4 3 seconde). Mais, si petite soit-elle, cette unité occupe une
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notre échelle : les petits grains de sable ont à peu près cette
masse ;
— la température de Planck : elle est de cent mille milliards
de milliards de milliards de degrés (103 2 degrés), soit des
milliers de milliards de degrés plus élevée que la température
des étoiles les plus chaudes.
Quel sens peut-on donner à ces unités ? Posons-nous la
question : « Peut-on diviser l’espace en unités toujours plus
petites : millimètre, micron, nanomètre, etc. ? » En principe,
rien ne nous en empêche. Mais quel sens pratique cela peut-il
avoir ? Pourrait-il exister des particules aussi petites ? Des
événements peuvent-ils être confinés dans des espaces aussi
restreints ? Ou bien existe-t-il une limite concrète à la division
de l’espace ? Et une limite à la division du temps ?
La définition du temps de Planck nous fait toucher du doigt
une des difficultés fondamentales de notre physique
contemporaine. Nous n’avons pas de théorie apte à décrire le
comportement d’atomes soumis à une force de gravité très
intense. En d’autres mots, il n’existe pas de théorie quantique
de la gravité. Résultat net : nous ne savons pas si les notions
mêmes de temps (et d’espace, et d’énergie) ont encore un sens
au-delà de ces valeurs limites. Est-ce que ces concepts sont
encore utilisables ? Peuvent-ils encore servir à décrire la
réalité ?
De grands efforts sont effectués par des physiciens
théoriciens pour combler cette lacune et arriver à comprendre
comment la gravité (le G de Newton) et la physique quantique
(le h de Planck) peuvent s’harmoniser dans le cadre d’une
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théorie encore plus générale de la relativité (le c d’Einstein).
Beaucoup d’espoirs ont été placés du côté de la théorie dite des
supercordes. Cette théorie suppose l’existence d’éléments
primordiaux ayant la forme de cordes dont la longueur est
précisément la longueur de Planck. Mais la confirmation par
l’expérimentation de la valeur de cette théorie reste encore à
venir. Elle demeure pour l’instant largement spéculative.
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Le mur de Planck :
frontière actuelle de la physique et de la
cosmologie
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Planck définie à partir des propriétés du cosmos (103 2 degrés,
soit cent mille milliards de milliards de milliards de degrés).
En quel sens s’agit-il d’une limite ? C’est que la physique
moderne est inapte à décrire ce qui se passerait dans une
matière portée à une telle température ; le concept même de
température perd tout sens.
De là vient l’expression « le mur de Planck » : la borne
imposée dans notre démarche pour explorer l’univers ancien.
Répétons cependant qu’en science les situations ne sont jamais
définitives. Un jour, peut-être bientôt, nous pourrons dépasser
cette borne. Mais c’est devant elle que nous sommes
maintenant, en attente de la franchir.
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FIGURES
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Lectures recommandées
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— De la matière : relativiste, quantique, interactive, Paris,
Seuil, « Traces écrites », 2006.
Luminet, Jean-Pierre, L’Invention du Big Bang, Paris,
Seuil, « Points Sciences », 2004.
—, L’Univers chiffonné, Paris, Gallimard, « Folio Essais »,
2005.
Vauclair, Sylvie, La Symphonie des étoiles : l’humanité
face au cosmos, Paris, Albin Michel, 2000.
—, La Chanson du Soleil : l’intimité de notre étoile, Paris,
Albin Michel, 2002.
—, La Naissance des éléments, Paris, Odile Jacob, 2006.
—, et Audouze, Jean, L’Astrophysique nucléaire, Paris,
PUF, « Que sais-je ? », 2003.
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Notes
[1]
Je renvoie ici à la chronique 41 par cette notation.
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