Dynamiques de Lurbanisation Africaine 2020 (Oecd)
Dynamiques de Lurbanisation Africaine 2020 (Oecd)
Dynamiques de Lurbanisation Africaine 2020 (Oecd)
Dynamiques de l’urbanisation
africaine 2020
AFRICAPOLIS, UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE URBAINE
Cahiers de l’Afrique de l’Ouest
Dynamiques
de l’urbanisation africaine
2020
Sous la direction de
François Moriconi-Ebrard, Philipp Heinrigs
et Marie Trémolières
Cet ouvrage est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les opinions et les arguments exprimés
ici ne reflètent pas nécessairement les vues officielles des pays membres de l'OCDE.
Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de
la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire,
ville ou région.
L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : http://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.
Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest
Le Club du Sahel et de
l’Afrique de l’Ouest
Avant-propos
L’équipe et les
remerciements
L’équipe rédactionnelle et éditoriale du
Secrétariat du CSAO/OCDE est composée de : L’assistance scientifique et technique est
assurée par Dr Anissou BAWA, Université de
Philipp HEINRIGS et de Marie TRÉMOLIÈRES Kara, Togo ; Dr Cathy CHATEL, Université de
Paris, UMR CESSMA/GeoTeCa ; Dr José Maria
Avec les conseils avisés de Laurent BOSSARD, CHILAULE LANGA, Universidade Técnica
Directeur et l’appui de :
de Moçambique ; Yves KOMLAN ASSOGBA,
Lia BEYELER UNESP, Brésil ; Rémi PASCAL, Université
David BÉNAZÉRAF d’Avignon ; Alex Sander SILVA, UNOESTE,
Léopold GHINS Brésil ; et Tamires Eugenia BARBOSA, UNESP,
Inhoi HEO Brésil.
Sylvie LETASSEY
Des remerciements particuliers vont à Mme
Outre les financements réguliers de ses Susan Thompson et au Dr Ibrahim Mayaki,
Membres, la mise à jour Africapolis a bénéficié Président honoraire du Club du Sahel et de
d’un financement additionnel de l’USAID. l'Afrique de l'Ouest (CSAO).
Graphisme :
Wonjik YANG
SIGLES ET ABRÉVIATIONS 13
RÉSUMÉ 14
CHAPITRE 1
DÉFIS ET MESURES DE L’URBANISATION EN AFRIQUE 17
LES LIMITES DES DÉFINITIONS OFFICIELLES DE L’URBAIN 18
Trois approches de l’urbain 18
L’absence d’une définition commune et reconnue 20
Un biais sur les grandes agglomérations dans les statistiques internationales 23
CHAPITRE 2
ANALYSE GÉOSTATISTIQUE DE L’URBANISATION AFRICAINE 39
NIVEAU ET RYTHME D’URBANISATION 40
Niveau d’urbanisation 40
Rythme de la transition urbaine 41
Croissance de la population urbaine 44
Notes 59
Références 59
CHAPITRE 3
HISTOIRE, POLITIQUES & ENVIRONNEMENT ET FORMES URBAINES AFRICAINES 61
CONTEXTE HISTORIQUE, POLITIQUE ET ENVIRONNEMENTAL 62
Les conditions démographiques de la croissance urbaine 63
Les contextes politiques du fait urbain 66
Contexte environnemental 69
CHAPITRE 4
NOUVELLES DYNAMIQUES URBAINES AFRICAINES 101
DES AGGLOMÉRATIONS PLUS GRANDES ET DE NOUVELLES FORMES URBAINES 102
La dominance des métropoles nationales 102
Une nouvelle échelle de l’urbanisation africaine, les régions métropolisées 105
L’apparition de « méga-agglomérations » spontanées 111
ANNEXE A
LE TRAITEMENT DES IMAGES SATELLITES 134
ANNEXE B
POPULATION URBAINE 140
ANNEXE C
POPULATION URBAINE - TAUX DE CROISSANCE 142
ANNEXE D
NIVEAU D'URBANISATION 144
ANNEXE E
POPULATION MÉTROPOLITAINE 146
ANNEXE F
NOMBRE D'AGGLOMÉRATIONS URBAINES 148
ANNEXE G
DISTANCE MOYENNE ENTRE AGGLOMÉRATIONS 150
ANNEXE H
STATISTIQUES 152
GLOSSAIRE 203
Cartes
Carte 1.1 Maputo et Matola (Mozambique) : deux municipalités – une agglomération 22
Carte 1.2 Nampula (Mozambique) : une capitale régionale partiellement urbaine 23
Carte 1.3 Kinshasa (RDC) : ville-province, communes et agglomération 24
Carte 1.4 Empreinte spatiale du bâti dans le sud du Togo 28
Carte 1.5 Écart niveau d’urbanisation entre Africapolis et Banque mondiale en 2015 36
Carte 2.1 Niveau d’urbanisation en Afrique, 2015 41
Carte 2.2 Évolution du niveau d’urbanisation en Afrique, 1950, 1970, 1990 et 2010 42
Carte 2.3 Croissance de la population urbaine en Afrique, 1950-2015 44
Carte 2.4 Semis d’agglomérations en Afrique, 2015 51
Carte 2.5 Les grands pôles urbains en Afrique, 2015 52
Carte 2.6 Émergence de nouvelles agglomérations, 1950, 1980, 2000 et 2015 55
Carte 2.7 Les 100 agglomérations urbaines les moins connectées d’Afrique 56
Carte 2.8 Agglomérations frontalières de l’Afrique 58
Carte 3.1 Agglomérations de villages le long du lac Mweru (Zambie) 68
Carte 3.2 Occupation agricole dominante du sol et semis des agglomérations 70
Carte 3.3 2000 ans d’urbanisation africaine 71
Carte 3.4 Le corridor sahélien 73
Carte 3.5 Distribution des agglomérations et extension des zones hyperarides au Soudan 74
Carte 3.6 Agglomérations et zones en défens au Rwanda 79
Carte 3.7 Empreinte spatiale de l’agglomération de Kigali et limites administratives 81
Carte 3.8 L’agglomération de Sawula (Éthiopie) : attracteur linéaire et urbanisation in situ 90
Carte 3.9 Un cas d’ « étoilement » urbain : Shashemene (Éthiopie) 95
Carte 4.1 Les metropoles nationales, 2015 103
Carte 4.2 Densité et croissance demographique par localité, Bénin, 2015 107
Carte 4.3 Région métropolisée du Sénégal, 2015 108
Carte 4.4 La « metropolisation » de la Gambie, 2015 109
Carte 4.5 Le Greater Ibadan Lagos Accra Urban Corridor 110
Carte 4.6 La nébuleuse d’agglomérations autour de Johannesbourg 113
Carte 4.7 Relief et densité démographique de l’Éthiopie 115
Carte 4.8 Le confinement politique et naturel du Sud-Est nigérian 119
Carte 4.9 Population urbaine vivant dans les agglomérations littorales (%), 2015 120
Carte 4.10 Le Parcs nationaux à la frontière entre RDC, Rwanda et Ouganda 130
Carte 4.11 Urbanisation et zones en défens sud-africaines à la frontière du Mozambique 131
Encadré
Encadré 1.1 Limites administratives de Kinshasa (RDC) et urbanisationelle 24
Encadré 1.2 Limites territoriales et poids politique 26
Encadré 1.3 Le Togo, condensé des phénomènes spatiaux 28
Encadré 1.4 Pourquoi un seuil de 10 000 habitants ? 33
Encadré 2.1 La discontinuité urbain/rural 49
Encadré 2.2 Villes frontalières d’Afrique 58
Encadré 3.1 Planification urbaine selon le modèle chinois 67
Graphiques
Graphique 1.1 La manipulation des limites spatiales 26
Graphique 1.2 Étapes de la méthodology Africapolis 34
Graphique 2.1 Évolution du niveau d’urbanisation entre 1990 et 2015 43
Graphique 2.2 Croissance de la population urbaine par périodes, 1950-2015 45
Graphique 2.3 Répartition de la population urbaine par taille d'agglomération (1950-2015) 47
Graphique 2.4 Discontinuités et continuités des strates de peuplement, Niger 2012 49
Graphique 2.5 Distance à l’agglomération urbaine voisine, par taille, Afrique, 2015 57
Graphique 3.1 Évolution du taux de croissance de la population totale de l’Afrique par
grande région de 1910 à 2015 63
Graphique 3.2 Relation entre la densité et la couverture végétale 76
Graphique 4.1 Répartition de la densité régionale : agglomération isolée et aire métropolisée 106
Graphique 4.2 Population des agglomérations en fonction de l’altitude 124
Graphique A.1 Chaînes de traitement d’images simplifiées 135
Images
Image 1.1 Monshaat Al Bakkari : un ancien bourg rural absorbé dans la périphérie du Caire (Égypte) 25
Image 2.1 Densité du semis urbain en pays yoruba, Nigéria 54
Image 3.1 Zone « mixte » : périphérie ouest de Babati (Tanzanie) 67
Image 3.2 Chaînes d’agglomérations en bordure de désert (région d’Atbara, Soudan) 77
Images 3.3 et 3.4 Organisation spatiale d’une colline au Rwanda 80
Images 3.5 et 3.6 Groupement du peuplement au sud du scheme d’al-Rahâd (Soudan) 85
Images 3.7 et 3.8 Habitat groupé traditionnel « pur » Dan Kori (Niger) : Vue générale et détaillée 87
Images 3.9 et 3.10 Étalement urbain planifié au sud de l’agglomération de Bloemfontein 88
Image 3.11 Complexes balnéaires à l’ouest d’Alexandrie (Égypte) 89
Image 3.12 Peuplement épars dense près de Nkwerre (Nigéria), agglomération d’Onitsha 91
Image 3.13 Détail à l’intérieur de l’agglomération d’Aduel, Soudan du Sud 92
Image 3.14 Dispersion endorégulée à l’ouest de Bloemfontein (Afrique du Sud) 93
Image 3.15 Surimposition d’un axe routier dans une zone de peuplement épars :
la « C20 » dans l’agglomération de Kisii (Kenya) 94
Image 3.16 Combinaison de peuplement de linéaire et de peuplement et groupé, Balasfura, (Égypte) 96
Image 4.1 La limite bornée du sud de l’agglomération de Kisii (Kenya) 114
Image 4.2 L’empreinte urbaine des agglomérations au bord du Mont Kenya 128
Image 4.3 Le massif du Kilimandjaro cerné par l’urbanisation 129
Image A.1 Chaîne de traitement d’image (zone sèche), Zinder (Niger) 136
Image A.2 Chaîne de traitement d’image (zone humide), Lagos (Nigéria) 137
Image A.3 Agglomérations des zones humides 138
Image A.4 Agglomérations des zones sèches (avec exceptions) 139
Tableaux
Tableau 1.1 Les définitions de l’urbain en Afrique 21
Tableau 1.2 Liste des recensements utilisés (publiés par localité) 31
Tableau 2.1 Primatie de certains systèmes urbains monocéphales d’Afrique 48
Tableau 2.2 Primatie de certains systèmes urbains bicéphales d’Afrique 48
Tableau 3.1 Croissance de quelques villes au cours de la période coloniale 65
Tableau 3.2 L’urbanisation du corridor sahélien, 2015 72
Tableau 3.3 Densité apparente et densité réelle de la population de quelques pays d’Afrique (2015) 75
Tableau 3.4 Territoires au Rwanda 78
Tableau 3.5 Attracteurs et distribution du peuplement 82
Tableau 3.6 Exemples d’évolution du peuplement 84
Tableau 3.7 Évolution du nombre d’agglomérations de plus de 10 000 habitants dans 4 États du Sahel 87
Tableau 3.8 Combinaison d'attracteurs spatiaux et distribution du peuplement 98
Tableau 4.1 Méga-agglomérations spontanées de plus de
600 000 habitants en Afrique subsaharienne, 2015 112
Tableau 4.2 Nigéria : une population urbaine du Sud-Est sous-estimée 117
Tableau 4.3 Part des agglomérations littorales d’Afrique subsaharienne
en fonction du seuil de population 121
Tableau 4.4 L’urbanisation des littoraux en Afrique 123
Sigles et abréviations
ANR Agence nationale de la recherche (France) Unités de mesure
CAPMAS Central Agency for Public Mobilization and
Statistics (Égypte) km Kilomètre
COP Conférence des parties (Nations Unies) km² Kilomètre carré
CSAO Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest m Mètre
FAIR Données Findable, Accessible, Interoperable, ha Hectare
Re-useable
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture
GILA Greater Ibadan-Lagos-Accra (Corridor)
INE Instituto Nacional de Estatistica (Mozambique)
INSEE Institut national de la statistique et des études
économiques (France)
LGA Local government area (Nigéria)
OCDE Organisation de coopération et de développement
économiques
ONU Organisation des Nations Unies
PIB Produit intérieur brut
PNUD Programme des Nations Unies pour le
développement
RNB Revenu national brut
RPHC Rwanda Population and Housing Census (Rwanda)
SIG Système d’information géographique
StatBel Office belge de statistique (Belgique)
UL Unité locale
UN DESA Département des affaires économiques et sociales
(Nations Unies)
USCB United States Census Bureau (États-Unis)
WUP World Urbanization Prospects (Nations Unies)
Résumé
mènent à une urbanisation in situ généralisée. dans la structuration des réseaux urbains et
L’étendue de ces tendances questionne le rôle la connexion des échelles locales et régionales
encore attribué à l’exode rural et à la migration avec celles continentales et mondiales. La
résidentielle dans la croissance urbaine. forte proximité des environnements ruraux et
Dans de nombreuses zones très denses, c’est urbains donne naissance à des formes nouvelles
l’absence ou la faiblesse de la migration rurale et uniques floutant les frontières entre les deux
qui entraînent l’urbanisation. espaces. Anticiper le futur urbain africain ne
En 2015, plus de 50 % des Africains vivent peut pas s’effectuer qu’à partir des observations
dans une agglomération urbaine. L’Afrique en du paysage urbain actuel mais doit également
compte 74 de plus de 1 million d’habitants, ce qui intégrer les dynamiques rurales (Chapitre 2).
équivaut aux populations urbaines combinées La forte croissance urbaine se comprend
américaine et européenne. Dans environ la par la lecture des différents processus en jeu,
moitié des 50 pays couverts par Africapolis, le historiques, environnementaux et politiques
niveau d’urbanisation dépasse 50 % avec le Niger dont les interactions se mêlent au cours des
sous la barre des 20 %. Au-delà de ce bref aperçu, différents stades de la transition urbaine.
ce qui rend l’urbanisation africaine unique est L’étalement et la densité du réseau découlent
son rythme et l’échelle des processus en cours. des lignes anciennes du peuplement et de la
La population urbaine a crû de 2 000 % depuis progression du front agricole. L’emplacement
1950 et le nombre d’agglomérations urbaines et le développement de nombreuses
est passé de 624 à 7 617 en 2015, transformant la métropoles sont liés aux périodes coloniales
géographie urbaine africaine. En une décennie, et de post-indépendance. Les contraintes
de nouvelles capitales nationales et quelques environnementales telle la disponibilité en
centres urbains ont explosé, dominant les eaux ou en terres ont une influence majeure
systèmes urbains nationaux. Leur ascension sur la croissance et la forme urbaines comme
au sein du système urbain mondial est rapide. pour les agglomérations le long du Nil ou au
Désormais, Kinshasa, Abidjan et Dakar sont Rwanda. Cependant, l’influence la plus forte
les plus grandes agglomérations francophones reste politique. L’effet des politiques et de la
du monde après Paris ; Le Caire, la plus gestion urbaine ou de leur absence est visible
grande agglomération arabophone ; Lagos dans la plupart des agglomérations urbaines.
et Johannesbourg parmi les 10 plus grandes L’intégration des éléments contextuels est
agglomérations anglophones. nécessaire pour une meilleure compréhension
Cependant la transformation majeure des des sources et de l’intensité des dynamiques
sociétés africaines résulte de l’émergence de urbaines à l’œuvre mais également pour leur
milliers de villes petites et intermédiaires. Ces modélisation (Chapitre 3).
nouvelles agglomérations issues du milieu rural La diversité des transitions urbaines
jouent un rôle crucial dans la réduction des contemporaines façonne l’apparition de
distances entre populations urbaines et rurales, nouvelles dynamiques, de nouvelles formes
Défis et mesures
de l’urbanisation en Afrique
Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique
Depuis le début des années 60, la densité de ou couramment admise de la ville ou de l’urbain.
population des pays africains a été multipliée La notion d’« urbain » est également confondue
en moyenne par 5 ou 6. Le peuplement évolue avec le sens du mot « ville ».
profondément, de manière spontanée, ou au Une définition harmonisée de l’urbain est
travers de politiques d’aménagement maîtrisées. nécessaire pour mettre en place des politiques
Plusieurs phénomènes s’observent : les villes de développement plus adaptées à la réalité du
s’étalent, des campagnes densément peuplées terrain, pour mesurer et comparer les phéno-
deviennent urbaines et se rapprochent jusqu’à mènes à l’échelle des territoires et dans le
former des conurbations. La coupure entre temps. Elle aura des conséquences notamment
rural et urbain est de moins en moins nette. La politiques, modifiant par exemple le classe-
pression démographique et environnementale ment des plus grandes villes du pays en termes
génère aussi l’émergence de nouvelles catégo- de population. L’introduction de la dimension
ries d’espace, ni urbaines, ni rurales : les réserves spatiale permet en effet de penser en termes de
d’écosystèmes naturels qu’il importe de protéger territoires plutôt que sectoriels (urbain versus
de l’urbanisation et de l’agriculture. rural) et d’observer la naissance de nouveaux
L’urbanisation se développe hors des défini- développements urbains comme la transfor-
tions statistiques basées sur les découpages mation et densification des zones rurales ou de
administratifs ; celles-ci ne permettant d’appré- nouvelles formes urbaines.
hender que partiellement le phénomène urbain.
L’approche spatiale d’Africapolis vise entre autres Trois approches de l’urbain
à combler ces lacunes et souligne des phéno-
mènes jusqu’alors ignorés et imperceptibles par Les définitions communément reconnues du
les statistiques nationales et internationales. De phénomène urbain peuvent être regroupées en
plus, en dépit de définitions communément recon- trois catégories : villes, agglomérations et régions
nues du phénomène urbain (ville, agglomération, métropolitaines (Moriconi-Ebrard, 2000). Ces
région métropolitaine), les statistiques urbaines définitions diffèrent selon les pays et se traduisent
nationales peuvent différer d’un pays à l’autre et par des résultats extrêmement divers en termes
au fil du temps, ce qui tronque les comparaisons. de statistiques : nombre d’unités identifiées,
Il n’existe pas de définition statistique universelle effectif de population, densité de population,
Tableau 1.1
Les définitions de l’urbain en Afrique
La délimitation des zones urbaines et rurales se fait après l’opération du recensement sur la base de la
Algérie classification des agglomérations. Regroupement de 100 constructions ou plus, distantes l’une à l’autre
de moins de 200 m considérées comme zones urbaines.v
Botswana Agglomération de 5 000 habitants ou plus dont 75 % de l’activité économique n’est pas de type agricole.
Tous les chefs-lieux de province (45 au total) plus 4 villes moyennes ont été considérées comme zones
Burkina Faso
urbaines.
Toute localité ou chef-lieu d’une île, région/préfecture disposant des infrastructures suivantes : route
Comores
bitumée, électricité, centre hospitalier, téléphone, etc.
Chefs-lieux des gouvernorats du Caire, d’Alexandrie, de Port Saïd, d’Ismaïlia, de Suez ; chefs-lieux des
Égypte gouvernorats frontaliers, autres chefs-lieux de gouvernorat et chefs-lieux de district (Markaz). La défini-
tion des zones urbaines pour le recensement de 2006 est celle de « shiakha », une partie d’un district.
Guinée équatoriale Chefs-lieux de district et localités comprenant 300 habitations et/ou 1 500 habitants ou plus.
Zone ayant une population de 2 000 habitants ou plus qui dispose de réseaux de transport, comporte
Kenya
des zones bâties, des structures industrielles ou manufacturières et d’autres équipements modernes.
Malawi Toutes les villes et zones urbanisées et tous les chefs-lieux de district.
Les cinq circonscriptions municipales, divisées en vingt arrondissements municipaux dont les limites ont
Maurice
été officiellement définies.
Zones urbaines déclarées pour lesquelles il existe des données cadastrales et autres zones d’habitat
Namibie
non planifié.
Toutes les zones érigées en communes et les zones reconnues par les autorités gouvernementales
Tanzanie
comme urbaines.
Toutes les zones administratives reconnues comme urbaines par la loi. II s’agit de tous les chefs-lieux
Rwanda
des provinces, de la ville de Kigali ainsi que des villes de Nyanza, Ruhango et Rwamagana.
Soudan Centres administratifs et/ou commerciaux ou localités ayant une population de 5 000 habitants ou plus.
Zone géographique qui constitue une ville et se caractérise par une densité de population et de con-
Eswatini
structions humaines plus élevée que dans les zones qui l’entourent.
Zambie Localités de 5 000 habitants ou plus dont l’activité économique prédominante n’est pas de type agricole.
non urbains. Cette séparation, encore claire considérées encore comme non urbaines, sont
il y a quelques décennies, devient de plus en déjà équivalentes à celle d’agglomérations exten-
plus arbitraire : dans le sud-est du Nigéria, sur sives des États-Unis ou d’Europe. Or, si le niveau
les hautes terres du Kenya et de l’Ouganda, sur de développement n’est certes pas comparable,
les collines du Rwanda et du Burundi, sur les la population continue d’y croître à des rythmes
plateaux d’Éthiopie, où les densités humaines, soutenus. Agriculture, industrie et services s’y
Municipio de Manhiça
Des définitions fluctuantes ou absentes
Les définitions statistiques urbaines peuvent
être lacunaires ou inexistantes. Certains pays
comme le Kenya, le Nigéria ou l’Afrique du
Sud ne possèdent plus de définition statistique
officielle de la « population urbaine ». D’autres
n’explicitent pas leurs critères de classification
(Cabo Verde). Certains changent de définition
entre deux recensements, de sorte qu’au niveau
Matola
national, les données ne sont pas comparables
entre deux dates (Kenya). D’autres encore
présentent des listes de villes obsolètes, non
Maputo
réactualisées (Ghana, Tchad). Enfin, certains
bureaux de recensement affichent des catégories Incassane
Vila de Boane
sans référer à un seuil statistique : au Rwanda, 0 5 10
au Mozambique
Au Mozambique, tout comme dans les autres Unité urbaine locale
Encadré 1.1
Limites administratives de Kinshasa (RDC) et urbanisationelle
Le recensement le plus récent date de 1984. Les densité moyenne de 20 habitants/km2. Trois autres
chiffres estimés par les Nations Unies et l’Institut communes incluent aussi de vastes secteurs très
national de la statistique de République démocra- peu denses : Mont-Ngalufa, Kimbanseke et Nsele.
tique du Congo (RDC) servent de référence en 2015 Suivant Africapolis, l’agglomération couvre seule-
pour les statistiques de population (RDC-INS/PNUD, ment 430 km2. Ainsi, en fonction de cette seule
2015). La densité de Kinshasa est estimée à partir question de délimitation, la capitale de la RDC,
de la superficie administrative légale de la province. devient la grande métropole la moins dense
Or, celle-ci s’étend sur 9 965 km car son territoire
2
d’Afrique si l’on se réfère à la définition par ville
englobe de vastes zones agricoles ou forestières très politico-administrative… ou au contraire la plus
peu peuplées (Carte 1.3). dense du continent si l’on seréfère à une définition
La commune de Maluku à l’est, couvre à morphologique d’agglomération.
elle seule 80 % de la superficie de la municipa-
lité (qui regroupe plusieurs communes) avec une
Carte 1.3
Kinshasa (RDC) : ville-province, communes et agglomération
CONGO (RD)
CONGO (RDC)
Brazzaville
Province de Kinshasa
Nsele
Kimbanseke Maluku
Mont Ngafula
0 10 20
km
Image 1.1
Monshaat Al Bakkari : un ancien bourg rural absorbé dans la périphérie du Caire (Égypte)
0 200 400
m
Note : L’ancien bourg rural de Monshaat Al Bakkari se retrouve dans la périphérie urbaine du Caire en raison de l’extension de la métropole.
Sources : Google Earth (consulté octobre 2015) ; Geopolis 2018
de l’Afrique (Nations Unies, 2018b). Ainsi, les seuil plus bas (100 000 habitants). Ce seuil permet
études basées à partir de ces données quali- d’inclure environ 10 % de la population urbaine
fient de « petites villes » des agglomérations de du continent africain, les 90 % restant se situant
500 000 habitants, parce qu’en bas de classement. dans des agglomérations comprises entre 10 000
À titre de comparaison, Africapolis compte plus de et 100 000 habitants (Nations Unies, 2018a). Cette
7 600 agglomérations urbaines. Les aggloméra- base de données est multilatérale et non interna-
tions retenues au sein du WUP ne représentent tionale : les annuaires se basent sur les données
que 3 % des agglomérations retenues par officielles fournies par les instituts de statistique
Africapolis avec le seuil de 10 000 habitants. nationaux, calculées selon des méthodes hétéro-
Les Annuaires démographiques de l’Organi- gènes. Or, il n’existe pas de définition homogène.
sation des Nations Unies (ONU), descendent à un
Encadré 1.2
Limites territoriales et poids politique
Le schéma proposé montre comment des limites spatiales et leur manipulation influencent les indicateurs
urbains. Soit un carroyage de 10 x 10, donc cent cellules : 24 cellules comportent un contenu, le « 1 ».
Chaque « 1 » peut représenter un immeuble, un bloc d’agglomération de population ou un bulletin de vote.
Dans chacun des quatre cas (A, B, C, D), les « 1 » sont disposés exactement dans les mêmes cases. Quatre
territoires contenants sont représentés par des couleurs différentes. Les seules manipulations du découpage
des contenants, produisent des résultats variables en termes de contrôle et de distribution des « 1 ».
Graphique 1.1
La manipulation des limites spatiales
A B C D
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
8 5 6 6 6 0 3 4
5 8 6 6 2 16 4 13
A : Carroyage simple – des contenants parfaitement B : Sans changer la superficie couverte par chaque
égaux (25 cellules) : du fait de l’inégale répartition contenant couleur (25 cellules), et seulement en
spatiale des « 1 », dans l’espace, le bleu et le jaune déplaçant légèrement les limites, chacune des
dominent à égalité avec huit « 1 » chacun. Le blanc quatre couleurs possède un nombre égal de « 1 ».
est le seul perdant avec seulement trois « 1 ».
pas quelque chose, c’est qu’on ne sait pas qu’on présentent une densité moyenne généralement
ne le voit pas ». supérieure aux villes officielles. De plus, la limite
Outre les limites statistiques, plusieurs entre les deux notions urbaines et rurales est
observations justifient l’approche spatiale. Il est souvent confuse du fait que peu de pays possède
impossible de séparer les zones « officielles » et des délimités géoréférencés et mis à jour des
« spontanées » des agglomérations. Tout d’abord, unités administratives rurales ou urbaines.
des milliers d’agglomérations possèdent une
partie « planifiée » et une ou plusieurs parties Étalement spatial et limites urbaines
« spontanées ». L’émergence de ces extensions administratives
spontanées résulte de plusieurs processus dont
l’étalement spatial, l’urbanisation in situ et l’appa- L’étalement spatial des agglomérations au-delà
rition de « régions métropolisées ». De nombreux des délimitations administratives est devenu l’un
exemples, notamment en Afrique australe, des principaux facteurs de la croissance urbaine.
montrent que les agglomérations spontanées Contrairement aux délimitations administratives
d’une ville, les limites spatiales d’une agglo- De nombreux exemples montrent que, même
mération fluctuent dans le temps. L’étalement en cas de croissance démographique nulle
urbain (urban sprawl) est traditionnellement ou négative, les agglomérations continuent à
conçu comme une extension sur des terres s’étendre en fusionnant avec des villages ou des
naturelles ou agricoles. Cette définition est en agglomérations de leurs périphéries.
partie restrictive : les agglomérations tendent de Étant donné qu’en Afrique, le phénomène
plus en plus à absorber des zones déjà habitées urban sprawl (étalement spatial) se cumule
(autres villes, villages, hameaux et construc- avec une croissance démographique forte, il
tions initialement hors de l’agglomération) s’explique de plus en plus par des mouvements
(Image 1.1). Celles-ci ne se réduisent pas à un centrifuges de population urbaine et rurale, et
« étalement », mais entraînent l’absorption d’un non plus seulement par des mouvements centri-
habitat rural préexistant ainsi que des fusions pètes de populations vers les villes . Ainsi, le
entre agglomérations urbaines, qui deviennent poids de certains leviers urbains dont les migra-
des conurbations où coexistent plusieurs centres. tions rurales doit être revu.
Encadré 1.3
Le Togo, condensé des phénomènes spatiaux
Carte 1.4
Empreinte spatiale du bâti dans le sud du Togo
Afagnagan
B ÉN I N
Attitogon
Hahotoé
CD
Vogan Aklakou
Anfoin
Tsévié
Va
lé
e
du
Houssoukoué
Zi
Lac
B
o
Tog Glidji
o Togoville
E Aného
TOGO
F
A
GHANA Lomé
Aflao B
Africapolis, version continentale de l’initiative force les populations à partager le même lieu et
mondiale e-Geopolis, est conçue pour permettre à s’adapter à de nouvelles situations en termes
des analyses comparatives et à long terme des d’habitat, d’utilisation du sol et de mobilité ;
dynamiques d’urbanisation en Afrique. Africa- d’autre part, parce qu’une fois contrainte par
polis repose sur une approche spatiale et ces choix, cette occupation dépend de logiques
applique un critère physique (une zone bâtie en intrinsèques à la spatialisation.
continu), ainsi qu’un critère démographique (plus La base de données Africapolis applique une
de 10 000 habitants) pour définir une aggloméra- seule et même définition de l’espace urbanisé à
tion urbaine. L’unité urbaine est définie par la l’ensemble des pays, quelles que soient les défini-
combinaison d’images satellites et aériennes, de tions nationales.
données officielles sur la population telles que les
recensements et autres sources cartographiques. La méthodologie,
Contrairement aux villes, dont les limites une approche bottom up
sont fixes, les agglomérations définies par Africa-
polis sont des unités dont la forme, le contenu et Africapolis qualifie une agglomération comme
les limites varient dans le temps, en fonction de urbaine si sa population est supérieure à
l’évolution de l’environnement bâti. 10 000 habitants et si son extension physique
L’approche spatiale novatrice de l’urbanisa- ne présente pas de rupture de l’espace bâti de
tion développée par Africapolis s’appuie sur ses plus de 200 m (Graphique 1.2). La méthode d’har-
manifestations concrètes dans l’espace (morpho- monisation croise deux types de source : 1) des
logie) permettant les comparaisons nationales données statistiques de population disponibles
et temporelles. Les approches économiques, pour chaque pays, et 2) des images satellites
démographiques, sociologiques ou politiques et des cartes en coordonnées géographiques
doivent être considérées simultanément : d’une terrestres permettant d’identifier les limites
part, parce que la finitude de l’espace disponible physiques de l’extension des agglomérations.
Tableau 1.2
Liste des recensements utilisés (publiés par localité)
Africapolis s’appuie sur des méthodes et • Traitement des images satellites : télédétec-
hypothèses scientifiques issues de la géogra- tion du bâti, délimitation des agglomérations
phie quantitative et utilisées par la communauté sous la forme de polygones, vérifications
scientifique depuis 1991 (Moriconi-Ebrard, manuelles, géoréférencement des polygones ;
1994, 1993 ; ANR, 2008) . Cette méthodologie • Croisement des unités locales (points) et des
s’appuie, d’une part, sur la nouvelle généra- zones urbanisées (polygones) pour déter-
tion des technologies entre imagerie satellite et miner l’ensemble des agglomérations de plus
bases de données-système d’information géogra- de 10 000 habitants.
phique (SIG) ; d’autre part, sur le plus gros fond
documentaire jamais réuni sur le continent en Le traitement des données
matière de données localisées de recensement démographiques par localité
(répertoires des villages et/ou des localités, Africapolis rassemble les données sur la popula-
census gazetters, village directories, etc.). tion urbaine des pays africains à l’échelle des
La combinaison de ces deux sources permet localités (municipalités, communes, bourgs,
d’accroître considérablement la connaissance villes, etc.) à partir de sources officielles dispo-
de la répartition de la population. Les données nibles : recensements nationaux, statistiques
morphologiques produites sont calées sur la électorales, données paroissiales, etc. Les
sphère terrestre et peuvent être vérifiées sur données démographiques collectées couvrent
Google Earth. Les données toponymiques et l’ensemble des localités des pays africains à
démographiques peuvent, quant à elles, être l’échelle spatiale la plus fine possible et par séries
vérifiées à partir des publications des recense- historiques de 10 ans (2000, 1990, 1980, etc.).
ments, sources publiques (Tableau 1.2). Chaque localité est convertie en Unité locale
La base de données Africapolis combine (UL) géoréférencée. Par exemple, la municipalité
trois types d’information : la liste des localités de Dakar (3 millions d’habitants) et la petite ville
d’un pays, la population par localité, le bâti de Marsabit (30 000 habitants) dans le centre du
continu formant une zone urbanisée. Ces infor- Kenya constituent chacune une UL. La popula-
mations sont obtenues à partir de deux sources : tion de chaque localité est estimée à une date
les données démographiques de la population fixe (1er juillet 2015), puis rétrospectivement au
à l’échelle des localités (recensements) et les 1er juillet des années millésimées en 0 (2000, 1990,
données de télédétection des zones urbaines 1980, etc.). La population est ensuite calculée
(images satellites). pour chaque année sur la base des données de
La méthodologie repose sur les principes et recensement. Les données de population d’une
critères du FAIR data (Findable, Accessible, UL dans le temps sont harmonisées. En cas de
Interoperable, Re-useable) et s’appuie sur un fusion ou démembrement d’unités locales dans
protocole scientifique précis : la base de données, la population est alors recal-
• Traitement des données démographiques par culée. La constitution de la base de données
localité : collecte et harmonisation des statis- Africapolis permet le géoréférencement d’un
tiques démographiques nationales ou locales ensemble de 9 082 UL par leurs coordonnées
disponibles, découpage en unités locales géographiques (sous la forme de points). Les
sous la forme de points, géoréférencement coordonnées géographiques correspondent au
des unités locales ; centre de la localité.
Encadré 1.4
Pourquoi un seuil de 10 000 habitants ?
Le seuil minimum de 10 000 habitants à partir secteur agricole au fur et à mesure que cette masse
duquel les agglomérations sont reconnues comme s’élève. Autour de ce seuil, les activités secondaires
« urbaines » peut être scientifiquement discuté. et tertiaires deviennent prépondérantes. Le gros
Aucune étude ne peut prouver l’existence d’un seuil bourg rural devient une petite agglomération urbaine.
précis permettant de distinguer un établissement Le seuil de 10 000 habitants agglomérés représente
rural d’un établissement urbain. Ce seuil varie non donc une « moyenne » minimale qui peut être relevée
seulement dans l’espace mais dans le temps. Dans selon les besoins d’une étude.
un même pays, il peut également varier selon les En Afrique subsaharienne, la taille des
régions. ménages étant très élevée, une agglomération
Néanmoins plusieurs auteurs ont montré qu’un de 10 000 habitants comporte de 1 000 à
changement qualitatif s’opère au-dessus du seuil des 1 200 ménages contre 3 500 à 4 000 en Europe.
10 000 habitants, seuil au-delà duquel la présence Un nombre réduit de ménages se traduisant par une
d’activités et de services nouveaux devient envisage- proportion moindre d’actifs et le poids du secteur
able. Dans un contexte structurellement agricole, le primaire étant encore prépondérant, il y a une forte
caractère « urbain » de l’agglomération est marqué proportion d’agriculteurs dans les plus petites
par la présence d’actifs non agriculteurs. Par un agglomérations. À cette échelle, les champs ne sont
effet de masse, une partie de la population sort du jamais éloignés du domicile.
Graphique 1.2
Étapes de la méthodology Africapolis
1
Images satellite
SOURCES
Cartes 2
HARMONISATION
SPATIALE ET TEMPORELLE
Délimitation
des agglomérations urbaines
A+B > 200 m = non aggloméré
plus de 200 m
Recensements
A B
4
CROISEMENT DES DONNÉES
3 CENSITAIRES ET DES AGGLOMÉRATIONS
GEORÉFÉRENCEMENT
DES UNITÉS LOCALES Accra
Koforidua Population : 4 452 000
Population : 201 000 Densité : 3 718 inhabs/km2
Densité : 3 316 inhabs/km2 Bâti urbain : 1 197 km2
Base
Bâti urbain : 60 km2
des agglomérations
urbaines
New Tafo Somanya
Population : 63 000
Aburi
Population : 111 000
Densité : 3 449 inhabs/km2
Densité : 3 556 inhabs/km2
Kibi Bâti urbain : 18 km2
Bâti urbain : 31 km2
Winneba
Population
Unité Locale
Population : 234 000
[ 4.6237°N, 0.1251°W ]
[ 13.6231°N, 0.2350°W ]
Population : 74 000
Population : 112 000
Population : 92 000
[ 3.1032°N, 0.3840°E ]
non urbanisées. L’ampleur du phénomène est World Bank élevé Africapolis élevé
au Nigéria, sur les Hautes terres d’Éthiopie, du surimposent localement produisant diverses
Kenya ou du Cameroun. combinaisons qui parfois s’équilibrent, parfois
Les processus observés à une échelle se cumulent, contribuant à construire une
ne s’appliquent pas sur d’autres. Celles-ci se urbanisation multifacette africaine.
Notes
1 Dans Africapolis « niveau d’urbanisation » est l’indicateur nommé par de nombreuses institutions, dont la Banque
mondiale, « taux d’urbanisation ». Dans ce rapport, le « taux d’urbanisation » est réservé à un processus et correspond
à la variation du niveau d’urbanisation au cours d’une période. On peut ainsi parler de taux d’urbanisation annuel ou
décennal.
Références
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Analyse géostatistique
de l’urbanisation africaine
Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine
Africapolis souligne le rythme puissant des Les pays aux niveaux les plus faibles sont le
transformations en cours. La population Niger (17 %), le Burundi (21 %), l’Érythrée (24 %),
urbaine d’Afrique est passée de 27 millions à le Lesotho (26 %) et le Soudan du Sud (27 %)
567 millions de personnes entre 1950 et 2015, soit (Annexe D). En dehors de l’Afrique, les seuls
une augmentation de 2 000 %. En 2015, le Kenya pays présentant des niveaux aussi faibles sont le
compte davantage de citadins que l’ensemble Népal, le Cambodge et le Sri Lanka. En 2015, 22
de l’Afrique en 1950. La moitié de la population pays africains affichent un niveau d’urbanisation
africaine vit dans l’une des 7 617 agglomérations supérieur à 50 %.
urbaines. Dans 9 pays, le niveau d’urbanisa- Globalement, les pays dont le niveau de
tion est supérieur à 66 %, et dans 30 autres il revenu est plus élevé tendent à enregistrer un
se situe entre 33 % et 65 %. En 1950, seulement niveau d’urbanisation plus élevé. Les 2 seuls
4 pays enregistraient un niveau d’urbanisation pays à faible revenu (en revenu national brut
supérieur à 33 %, et 35 étaient en dessous de par habitant) ayant un niveau d’urbanisation
10 %. supérieur à 50 % sont le Rwanda, pays où la densité
de population est la plus forte, et la Gambie, l’un
Niveau d’urbanisation des pays dont la superficie est la plus petite. De
même, les pays au plus haut niveau d’urbani-
En 2015, la moitié de la population d’Afrique sation, à savoir Djibouti, l’Égypte, le Gabon et
(50.4 %) vit dans une agglomération urbaine de la Libye, –affichent des revenus intermédiaires
plus de 10 000 habitants. L’Afrique du Nord est et possèdent des territoires quasi désertiques
la région la plus urbanisée du continent (78 %), ou dotés de vastes forêts, comme au Gabon. Ce
l’Égypte et la Libye affichant les niveaux d’urba- facteur s’explique par le faible nombre d’agricul-
nisation les plus élevés1, à, respectivement, 93 % teurs, premier groupe d’actifs de la population
et 81 % (Carte 2.1). Les 2 autres pays avec un rurale ; activité qui tend également à diminuer
niveau d’urbanisation supérieur à 80 % sont le dans les pays les plus développés, avec la mécani-
Gabon (81 %) et Sao Tomé-et-Principe (80 %). sation et l’intensification de l’agriculture, comme
Carte 2.2
Évolution du niveau d’urbanisation en Afrique, 1950, 1970, 1990 et 2010
1950 1970
1990 2010
(Farrell, 2017). Cependant, l’absence de prises en officiels pour définir les zones urbaines n’ont pas
compte des reclassifications des zones rurales changé depuis la fin des années 60.
pourrait expliquer la stagnation des chiffres
officiels du niveau d’urbanisation et les écarts
substantiels par rapport aux données Africapolis.
C’est le cas pour l’Égypte, où les paramètres
Graphique 2.1
Évolution du niveau d’urbanisation entre 1990 et 2015
1990 2015
Égypt
Gabon
Libye
Sao Tomé-et-Principe
Djibouti
Afrique du Sud
République du Congo
Algérie
Kenya
Angola
Tunisie
Guinée équatoriale
Maroc
Botswana
Gambie
Rwanda
Cameroun
Nigéria
Ghana
Sénégal
Cabo Verde
Togo
Afrique
Bénin
Côte d’Ivoire
République démocratique du Congo
Zambie
Soudan
Libéria
Mauritanie
Namibie
Ouganda
Tanzanie
République centrafricaine
Guinée
Sierra Leone
Somalie
Guinée-Bissau
Mozambique
Zimbabwe
Mali
Malawi
Burkina Faso
Tchad
Royaume d’Eswatini
Éthiopie
Soudan du Sud
Lesotho
Érythrée
Burundi
Niger Niveau
25 % 50 % 75 % d’urbanisation
dans 37 pays sur 50, le taux de croissance urbaine 3-4 4-4.8 4.8-6 6-7 7-8 8-9.3
excède 4.8 %, pour atteindre, voire dépasser 7 % [8] [5] [13] [12] [8] [4]
dans 12 pays, ce qui implique un doublement de Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)
la population tous les 10 ans (Annexe C). Parmi
ces 12 pays, 5 affichent les niveaux d’urbanisation
les plus bas du continent (le Niger, le Burundi,
le Lesotho, le Soudan du Sud et le Malawi). à 4.4 % pour le continent, avant de repartir à
Seul le Gabon a en 2015 un taux supérieur à la hausse entre 2000 et 2015, à 4.7 %. Au cours
66 % (Carte 2.3). Certains des pays aux niveaux de cette période, la croissance de la population
d’urbanisation les plus élevés en 2015 – l’Égypte, urbaine est particulièrement forte en Afrique de
la Libye, Sao Tomé et-Principe et l’Afrique du l’Est, à 6.5 %, avec une moyenne supérieure à 9 %
Sud – sont parmi ceux ayant le taux de crois- au Burundi, en Ouganda et au Soudan du Sud. La
sance urbaine le plus faible. Cette apparente croissance de la population urbaine est la plus
contradiction illustre les multiples facettes de la faible en Afrique du Nord et en Afrique australe,
transition urbaine en Afrique, et la distingue des où la moyenne est, respectivement, de 3.6 % et
autres processus d’urbanisation. Si, par le passé, 4.4 %. Dans toutes les régions sauf l’Afrique de
les migrations entre zones rurales et urbaines l’Ouest, c’est sur la période 2000-2015 que l’aug-
constituaient le principal levier de la croissance mentation du niveau d’urbanisation est la plus
urbaine, celle-ci résulte désormais davantage de rapide. À l’échelle de l’Afrique, le niveau d’urba-
l’intense accroissement naturel de population. nisation augmente de 0.9 point de pourcentage
C’est durant la période 1950-80 que la crois- entre 2000 et 2015, la croissance la plus rapide
sance de la population urbaine en Afrique est étant enregistrée en Afrique de l’Est et en
la plus rapide : +5.1 % par an. Dans les régions Afrique du Nord, respectivement à 1.1 et 1 point
les moins urbanisées de l’Afrique centrale, de de pourcentage.
l’Afrique de l’Est et de l’Afrique de l’Ouest, cette
période connaît des taux de croissance urbaine
très élevés, entre 6.4 % et 8 % (Graphique 2.2).
Entre 1980 et 2000, la croissance urbaine ralentit
Graphique 2.2
Croissance de la population urbaine par périodes, 1950-2015
Afrique
5
Afrique du Sud
Afrique du Nord
4
1950-1980
2
1980-2000
Croissance du niveau d’urbanisation (en point de percentage par an) 2000-2015
La division politique de l’Afrique en États-nations parmi les cinq plus grandes agglomérations
joue un rôle fondamental dans le développement anglophones. Les discontinuités quantitatives et
urbain. Celui-ci s’illustre dans l’émergence rapide qualitatives entre les grandes agglomérations et
de systèmes urbains hierarchisés et dominés par le reste du réseau urbain sont importantes et liées
des agglomérations gigantesques d’une perspec- à des interactions complexes politiques, écono-
tive territoriale et temporelle. En quelques miques et sociales. Les statistiques officielles ont
décennies, les nouvelles capitales nationales et tendance à minimiser l’existence de ces disconti-
quelques autres centres urbains grossissent bien nuités à travers les subdivisions administratives
au-delà de leur dimension initiale. La croissance et les catégories (par exemple urbain/rural).
des grandes villes se poursuit, rassemblant une Cependant, comprendre comment les systèmes
part croissante de la population continentale. urbains nationaux sont structurés et connectés
Ces dernières évoluent également rapidement au est clé pour les politiques régionales et l’équité
sein de la hiérarchie urbaine globale, non seule- socio-spatiale. Les données Africapolis montrent
ment en raison du poids de leurs populations la structure et les profonds déséquilibres des
mais également de leur importance économique. réseaux urbains nationaux en saisissant dans le
Aujourd’hui, Kinshasa, Abidjan et Dakar sont les temps les dynamiques des agglomérations et des
plus grandes agglomérations francophones après réseaux urbains.
Paris. Le Caire est la plus grande aggloméra-
tion du monde arabe, Lagos et Johannesbourg
Distribution des réseaux urbains croît rapidement (Graphique 2.3). Ainsi, en 2015,
il y avait plus de 700 agglomérations de plus de
En Afrique, comme ailleurs, il existe de 100 000 habitants pour 44 en 1950 ; 222 agglo-
nombreuses petites villes et seulement quelques mérations de plus de 300 000 habitants pour 10
grandes. En 2015, le continent compte 25 agglo- en 1950 ; et 74 de plus d’1 million d’habitants
mérations de plus de 3 millions d’habitants et pour 2 en 1950. Cependant, porté par l’émer-
5 000 de moins de 30 000 habitants. La population gence continue de nouvelles agglomérations, le
combinée des 10 plus grandes agglomérations schéma de distribution du nombre d’aggloméra-
égale celle des 5 000 plus petites (90 millions). tions par tranche est resté relativement stable ces
Les différences en taille au sein de la distribution six dernières décennies.
urbaine souligne l’importance de la dimension Le nombre total d’agglomérations urbaines
d’échelle. Au Nigéria, Lagos est 1 000 plus grande est passé de 624 en 1950 à 5 142 en 2000 pour
que Bunkure avec 11 600 habitants (une diffé- encore augmenter de 2 500 entre 2000 et 2015.
rence d’échelle comparable à celle du Produit Cette émergence continuer d’alimenter la tranche
intérieur brut (PIB) chinois et guinéen). Au-delà basse de la distribution urbaine et ainsi équilibre
des différences de taille, les différences d’ordre la croissance des agglomérations des tranches
qualitatif peuvent être encore plus remarquables. supérieures. Par conséquent, bien que le nombre
En 2015, la distribution de la population d’agglomérations urbaines entre 10 000 et 100 000
africaine se caractérise par une large et crois- habitants passe de 570 en 1950 à 6 910 en 2015,
sante proportion de la population vivant dans leur part au regard du nombre total d’agglomé-
les plus grandes villes (40 %), ici définies comme rations change peu et baisse légèrement de 93 %
excédant 1 million d’habitants. Trente-deux à 91 % (Graphique 2.3). Parmi les 9% restant,
pour cent vivent dans les petites aggloméra- la tranche 100 000-999 999 compte pour 8 %
tions urbaines entre 10 000 et 100 000 habitants (contre 7 % en 1950) et la tranche supérieure à
(Graphique 2.3). Ce fait souligne une autre carac- 1 million d’habitants pour 1 % (contre 0.3 % en
téristique de la distribution urbaine, la relative 1950). De même, la taille moyenne des agglomé-
faiblesse des agglomérations secondaires rations augmente lentement : de 63 % entre 1960
(comprises ici entre 100 000 et 1 million d’habi- et 2015 (46 000 à 74 000 habitants) tandis que la
tants). Seuls 27 % de la population urbaine vivent population urbaine a crû de plus de 1 000 %.
dans les agglomérations secondaires contre 33 %
selon la loi de répartition de puissance - distribu- Primatie urbaine, discontinuités et
tion rang-taille de la loi de Zipf. Ces distributions continuités
varient selon les pays, même si certaines caracté- La plupart des systèmes urbains nationaux
ristiques restent pour la plupart identiques. africains sont dominés par de larges aggloméra-
La distribution de la population urbaine tions en termes d’échelles spatiale et temporelle.
selon la taille de l’agglomération s’est inversée La ou les plus grandes agglomérations (2 au
depuis 1960. À cette période, environ la moitié Burkina Faso, République du Congo et Ghana ou
de la population urbaine totale vit dans de petites même 3 en Afrique du Sud) dominent la hiérarchie
agglomérations (47 %) et 15 % dans une agglo- par leur disparité qualitative et quantitative au
mération de plus d’1 million. La part croissante reste du système urbain. En Angola, la popula-
de la population vivant dans de grandes agglo- tion de la capitale Luanda (7 millions) équivaut à
mérations s’explique par la croissance continue la population des 27 plus grandes agglomérations
de ces dernières mais aussi par la croissance suivantes. Au Soudan, Khartoum a autant d’habi-
des agglomérations secondaires qui peuvent tants (5.3 millions) que l’ensemble des 248 plus
excéder 1 million d’habitants, changeant ainsi petites agglomérations sur un total de 301. Dans
de catégorie et mécaniquement réduisant la part certains pays, plus de la moitié de la population
des agglomérations secondaires. Cette expansion vit dans une seule agglomération (Djibouti, Sao
graduelle vers des catégories de taille plus impor- Tomé-et-Principe).
tante est visible à chaque niveau. Le nombre La primatie est l’une des mesures statis-
d’agglomérations au sommet de la distribution tiques de la hiérarchie urbaine dans les systèmes
Graphique 2.3
Répartition de la population urbaine par taille d'agglomération (1950-2015)
51 % 47 % 42 % 41 % 39 % 40 % 36 % 32 %
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
nationaux. Elle se définit comme le ratio entre la grande que l’agglomération classée au troisième
plus première et seconde villes dans les systèmes rang, Dolisie (97 000 habitants) ; de même qu’en
monocéphales, ou entre la seconde et la troisième Guinée équatoriale, au Burkina Faso, en Ouganda
villes dans les systèmes polycéphales, etc. Cette et au Ghana (Tableau 2.2).
mesure s’appuie sur la distribution rang-taille En Afrique, la primatie urbaine continue
(Loi de Zipf) avec un ratio qui devrait s’établir à 2 d’augmenter dans la plupart des pays. Dans
pour la Primatie 1 et à 1.5 pour la Primatie 2. Dans certains cas, notamment en ce qui concerne les
la moitié de pays (24), au moins une agglomération capitales, cela éclaire l’influence des politiques
se distingue par sa taille (monocéphalie). Dans sur la croissance et la hiérarchie urbaines. Cette
dix autres, deux agglomérations se démarquent tendance illustre également l’incapacité des
(bicéphalie) (Tableaux 2.1 et 2.2). agglomérations secondaires à se positionner
Dans plusieurs pays africains, la primatie comme métropoles sous-régionales légitimes
urbaine est parmi les plus élevées au monde. Le face à la dominance des grandes agglomérations.
Libéria est en tête avec la capitale Monrovia (1.2 La croissance des agglomérations secondaires
million d’habitants), 21 fois plus grande que la est plus lente, moins soutenue, plus irrégulière ;
deuxième agglomération de Buchanan (58 000 avec dans certains pays un changement de
habitants). Environ 6 pays ont une primatie 1 de seconde agglomération au cours du temps. Au
10 et plus (Tableau 2.1). Le Maroc, le Rwanda et le Togo, la seconde agglomération est Sokodé en
Soudan du Sud sont les trois pays monocéphales, 1960, puis Kara en 2010 et Tsévié depuis 2015.
mis à part le Soudan du Sud, avec une primatie Au Tchad, le second rang est occupé par Sarh
urbaine autour de 2. La primatie urbaine (de 1960 à 1970), Mondou (1990), Abéché (2010)
moyenne dans les 24 pays ayant une métropole et à nouveau Mondou (2015). En Sierra Leone,
nationale est de 8.7. Dans les pays aux réseaux de nombreux changements interviennent : Bo
urbains bicéphales, la primatie 1 est générale- (1960), Koidu (1970), Bo (2000) et Kenema en
ment plus faible, l’écart se situant plutôt entre les 2010. En Zambie, Kitwe et Ndola se disputent la
agglomérations suivantes, avec une primatie 2 seconde place. La position de la plus grandag-
moyenne de 5 . Le Congo a la primatie 2 la plus glomérationn’achangé que dans 2 pays ces 60
élevée, avec Pointe-Noire (850 000 habitants), la dernières années. Au Cameroun et au Burkina
deuxième plus grande agglomération 9 fois plus Faso, Yaoundé et Ouagadougou sont devenus
Tableau 2.1
Primatie de certains systèmes urbains monocéphales d’Afrique
Pays Plus grande agglomération Primatie 1 Part dans la population urbaine nationale
Libéria Monrovia 20.4 69 %
Djibouti Djibouti 12.5 81 %
Angola Luanda 11.3 44 %
Burundi Bujumbura 10.9 51 %
Guinée Conakry 10.8 54 %
Togo Lomé/Aflao [TGO] 10.7 51 %
Sao Tomé-et-Principe Sao Tome 10.3 84 %
Mali Bamako 10.0 49 %
République centrafricaine Bangui 9.9 52 %
Guinée-Bissau Bissau 9.3 78 %
Soudan Khartum 9.3 33 %
Lesotho Maseru 8.8 58 %
Côte d’Ivoire Abidjan 8.5 46 %
Mauritanie Nouakchott 8.2 69 %
Tchad Ndjamena/Kousséri [TCD] 7.6 31 %
Sierra Leone Freetown 7.3 56 %
Gambie Serrekunda 7.0 70 %
Tanzanie Dar es Salaam 6.4 29 %
Gabon Libreville 6.2 59 %
Mozambique Cidade de Maputo 5.1 30 %
Namibie Windhoek 5.0 40 %
Érythrée Asmara 4.7 40 %
Tunisie Tunis 4.3 35 %
Zambie Lusaka 4.0 52 %
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)
Tableau 2.2
Primatie de certains systèmes urbains bicéphales d’Afrique
Les données Africapolis soulignent que les 1 10 100 10 000 100 000
discontinuités majeures des structures de peuple- Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)
ment sont plus fortes entre strates urbaines et
métropolitaines qu’entre strates urbaines et
rurales. Quatre strates se superposent : également linéaire, mais ne se situe pas en
• La strate « métropolitaine », représentée continuité avec la précédente ;
généralement par une seule agglomération, • La strate « marginale » du peuplement, dont
le plus souvent la capitale politique ; la distribution forme une queue concave vers
• La strate « urbaine », dont la distribution est le bas (Graphique 2.4).
plus ou moins linéaire ; Ainsi l’ensemble « agglomérations urbaines »
• La strate « rurale », dont la distribution est n’apparaît pas comme un système homogène
Ces transformations ont massivement transformé nombreux réseaux urbains nationaux s’intègrent
la géographie du réseau urbain et la densité des dans des pôles et corridors urbains transnatio-
constellations urbaines. Toutefois, les modalités naux plus vastes.
de cette émergence ne sont pas homogènes et Au niveau continental, six grands pôles
soulignent l’importance des transformations urbains se dégagent (Carte 2.5) : 1) pôle Afrique
rurales et de la croissance démographique du Nord, 2) pôle du fleuve Nil, 3) pôle ouest-afri-
dans les processus d’urbanisation africains. cain, 4) pôle éthiopien, 5) pôle des Grands
Ces processus soulignés par l’approche spatiale lacs, et 6) pôle sud-africain. En 2015, ces pôles
d’Africapolis et leurs implications dans l’émer- urbains considérés ensemble couvrent 10 % de
gence de nouveaux types d’agglomérations la superficie du continent (2.7 millions de km 2),
urbaines sont peu étudiés et débattus. La mais représentent 60 % des agglomérations
capacité à anticipetr l’évolution urbaine future urbaines et 65 % de la population urbaine totale
de l’Afrique dépendra également d’une meilleure (370 millions de personnes) 2. La majorité des
intégration de ces dynamiques. 3 000 agglomérations restantes font partie de
constellations et territoires moins denses, tels
Schémas transnationaux et nationaux que le couloir du Sahel, la steppe et la savane
des constellations urbaines orientale entre la Somalie et le Mozambique, et
le bassin forestier du Congo.
L’évolution de la géographie des aggloméra- Le pôle ouest-africain est le plus grand en
tions urbaines permet aussi d’appréhender la termes de nombre d’agglomérations (1 700), de
croissance urbaine et les dynamiques d’urbani- population urbaine totale (134 millions d’habi-
sation. En Afrique, le nombre d’agglomérations tants) et de superficie (1.2 million de km 2)
continue de croître rapidement avec l’émergence (Carte 2.5). Le pôle du fleuve Nil, le seul pôle
de nouvelles agglomérations, suivant toutefois correspondant à un pays, est le deuxième en
des schémas non homogènes. Des pôles (clusters) termes de population urbaine (83 millions d’habi-
constitués par des constellations urbaines de tants) et le plus dense, avec une distance moyenne
forte densité se forment, tandis que d’autres entre les agglomérations de 4 km. Le pôle éthio-
zones affichent de faibles densités, d’où des pien, qui s’étend sur des pans de l’Érythrée, est
différences marquées entre les et au sein des le plus petit pour ce qui concerne la population
territoires en termes de densité et de distance. urbaine totale (23.5 millions d’habitants) et le
Les deux pays au réseau urbain le plus moins dense, avec une distance moyenne entre
étoffé, à savoir le Nigéria (1 236 aggloméra- agglomérations urbaines de 16 km. Le pôle éthio-
tions) et l’Égypte (1 061), représentent 30 % des pien et le pôle des Grands lacs enregistrent un
7 617 agglomérations urbaines recensées. Ils sont nombre analogue d’agglomérations, environ 440,
suivis par la République démocratique du Congo mais dans le second, la population urbaine est
(RDC), l’Éthiopie, l’Afrique du Sud et l’Algérie, 2 fois plus nombreuse (53 millions d’habitants,
qui représentent 25 % des autres agglomérations contre 23 millions d’habitants). Les deux sont
urbaines du continent (Carte 2.4). Les 44 autres situées à l’intérieur du continent, sans littoral, ce
pays forment les 45 % restant (3 280), dont qui illustre une caractéristique émergente de la
certains dotés de moins de 10 agglomérations géographie urbaine africaine, à savoir la relati-
urbaines (Sao Tomé-et-Principe, Cabo Verde, vement faible orientation côtière de son réseau
Eswatini, Guinée-Bissau, Djibouti) (Annexe F). De urbain.
Carte 2.4
Semis d’agglomérations en Afrique, 2015
En dehors de ces pôles, on peut discerner migratoires, des logiques de peuplement et des
des constellations moins denses, telles que le structures d’occupation des sols. La localisation
couloir du Sahel, où s’exerçait autrefois le pasto- et l’émergence de pôles urbains sont le produit
ralisme nomade entre le Sénégal et l’Érythrée. d’interactions multidimensionnelles entre l’envi-
Au nombre des autres zones caractérisées ronnement, le contexte socio-économique, la
par des constellations moins denses figurent croissance démographique et l’urbanisation. Les
le bassin forestier du Congo et la région de la zones affichant le plus grand nombre d’agglo-
savane orientale, qui s’étend entre la Somalie et mérations urbaines en Afrique subsaharienne
le Mozambique, qui sont des zones associées à se situent dans le sud-est du Nigéria, ce qui
l’agriculture forestière. correspond à la zone d’établissement yoruba,
Les schémas urbains émergents et leur hétéro- marquée par la présence traditionnelle d’activités
généité ne sont pas aléatoires, mais découlent agricoles (Image 2.1). De même, les pôles urbains
de l’histoire des établissements en Afrique. des hauts plateaux éthiopiens, des Grands lacs, et
Cette histoire a été façonnée par des schémas de l’Afrique du Sud sont tous des zones rurales
Carte 2.5
Les grands pôles urbains en Afrique, 2015
Pôle
platéau éthiopien
> 10 [104]
7 - 9 [114]
4 - 6 [345] Pôle sud-africain
2 - 3 [750]
1 [1 208]
0 [5 488]
53 31 430 387
83 1 038
41 23 558 455
Population urbaine
41 371 000
83 092 000
23 471 000
53 191 000
31 776 000
15.5 km
14.3 km
13.2 km
Autres 1 182 000
27 008 000 12.7 km
12.2 km
3.6 km
Autres 36 km
110 000
404 000 386 000 379 000 321 000
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018
Image 2.1
Densité du semis urbain en pays yoruba, Nigéria
Offa
I kirun
62.4km
Osogbo
3 900 km2
I fe I kerre
Agglomération urbaine (plus de 300 000 habitants) Agglomération urbaine (moins de 300 000 habitants)
densément peuplées dans des zones de plateau au En 2015, le Nigéria comptait deux fois plus
climat tempéré, dont l’altitude est comprise entre d’agglomérations urbaines que l’ensemble du
1 200 m et 2 500 m, caractérisées par une longue continent en 1950, et le Soudan comptait autant
histoire d’activités agricoles. Le pôle sud-africain d’agglomérations que toute l’Afrique subsaha-
comprend aussi d’intenses et anciennes activités rienne en 1950. Cette émergence continue forme
minières et industrielles. une composante importante des dynamiques
d’urbanisation de l’Afrique. Ces nouvelles
Émergence continue de nouvelles agglomérations débouchent sur la formation
agglomérations d’un réseau urbain plus dense, augmentant la
proximité entre agglomérations ainsi qu’entre
En 1950, l’Afrique compte 624 agglomérations environnements urbains et ruraux.
urbaines de plus de 10 000 habitants. En 2000, ce La plupart des pays ont enregistré un
nombre avait été multiplié par 8, pour atteindre accroissement spectaculaire du nombre d’agglo-
5 142, et depuis, le continent s’est encore étoffé mérations depuis 1950. Dans 32 pays, le nombre
de quelque 2 500 agglomérations, dont le nombre d’agglomérations a augmenté d’au moins 1 000 %
total se montait à 7 617 en 2015 (Carte 2.6). entre 1950 et 2015. Les accroissements les plus
Carte 2.6
Émergence de nouvelles agglomérations, 1950, 1980, 2000 et 2015
1950 1980
[624] + 1 769
[2 322]
2000 2015
+ 2 092 + 3 734
[5 142] [7 617]
marqués ont été observés au Soudan du Sud (où nombre d’agglomérations urbaines, à l’exception
le nombre d’agglomérations est passé de 1 à 90), de l’Ouganda, du Burundi et du Kenya, où les
en Éthiopie (de 6 à 510) et au Mozambique (de 2 à agglomérations sont moindres, et à Sao Tomé
167). Les plus fortes hausses du nombre d’agglo- et-Principe, au Botswana et en Algérie, où au
mérations se sont produites au Nigéria et en contraire leur nombre est plus élevé).
Égypte, où l’on dénombrait respectivement 1 137 Entre 2000 et 2015, le nombre d’aggloméra-
et 851 agglomérations en 2015. Ces deux pays tions a augmenté de plus de 50 % dans 33 pays,
sont également ceux qui disposent du réseau et il a plus que doublé dans 16 pays. Les crois-
urbain le plus vaste. Le Nigéria est le pays le plus sances les plus rapides (supérieures à 300 %)
peuplé d’Afrique, et l’Égypte est le troisième pays ont été observées à Djibouti, au Burundi, au
le plus peuplé du continent. Il existe une corré- Soudan du Sud et au Malawi. Dans nombre de
lation très forte entre la population totale et le cas, de nouvelles agglomérations émergent en
Carte 2.7
Les 100 agglomérations urbaines les moins connectées d’Afrique
Note : La carte montre les 100 agglomérations urbaines africaines les moins connectées. 80% de ces agglomérations se situent dans le Sahara et le
désert du Kalahari.
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)
conséquence de la transformation continue des processus, les distinctions entre rural et urbain
zones rurales, qui conduit à la reclassification se brouillent de plus en plus.
du rural en urbain. Ce processus d’urbanisation Par ailleurs, un fait que l’on observe de plus
in situ façonne des configurations très différentes en plus souvent est l’émergence d’agglomérations
en fonction du contexte local, en particulier de au sein de régions métropolitaines plus vastes.
la forme des structures d’établissement rural Cette réalité récente donne à voir une diversité
adaptées à l’environnement local. Les « agglomé- grandissante en termes de modèles de mobilité,
rations » qui voient ainsi le jour résultent d’une de processus d’urbanisation et de politiques
densité de population croissante, qui s’accom- urbaines. Un nombre croissant d’individus
pagne d’une réorganisation progressive des cherchant à s’installer dans les capitales et métro-
activités, des individus et de l’espace, notamment poles du continent s’installent dans les « zones
d’une réduction des activités agricoles. Durant ce métropolitaines ». Les personnes quittent les
Graphique 2.5
Distance à l’agglomération urbaine voisine, par taille, Afrique, 2015
400 km
Distance à l’agglomération voisine
200 km
50 km
0
10 000 100 000 1 million 10 millions
Nombre d’habitants
Encadré 2.2
Villes frontalières d’Afrique
Une caractéristique remarquable du réseau urbain Togo, plus de la moitié des agglomérations sont à
de l’Afrique réside dans l’occurrence/la fréquence/ proximité d’une frontière.
la prévalence des villes frontalières. Lomé et Aflao, Cette caractéristique du réseau urbain de
à la frontière entre le Togo et le Ghana, sont deux l’Afrique, également héritée de son passé colonial
agglomérations que séparent à peine 50 mètres. et politique, met en lumière la proximité interurbaine
Il en va de même pour Cinkassi/Cinkansé entre grandissante entre pays. Des politiques urbaines
le Togo et le Burkina Faso, pour Pweto (RDC) et à même de réduire les frictions générées par les
Chilengi (Zambie), pour Busia (Ouganda) et Busia 32 000 milliers de kilomètres de frontières terrestres
(Kenya), ainsi que dans bien d’autres cas à la en Afrique permettront, en facilitant la mobilité des
frontière entre le Nigéria et le Niger, le Tchad et le individus, des biens, des capitaux et des idées,
Cameroun, la Zambie et la Tanzanie, l’Ouganda et de renforcer la contribution des villes et de leurs
le Soudan du Sud, le Sénégal et la Mauritanie, etc. habitants au processus d’intégration continentale.
On dénombre 47 villes frontalières situées à moins
de 10 km d’une autre agglomération dans un pays Carte 2.8
limitrophe. Au total, ce sont 635 villes frontalières Agglomérations frontalières de l’Afrique
qui se situent à moins de 40 kilomètres d’une autre.
Plus de 42 millions de personnes (l’équivalent de
la population de l’Espagne), soit près de 8 % de la
population urbaine totale du continent, vivent dans
ces agglomérations. Six de ces villes comptent
plus de 1 million d’habitants, dont Kinshasa,
la cinquième ville la plus peuplée du continent
(7.3 millions d’habitants). Les autres sont Lomé
(Togo), Brazzaville (Congo), N’Djaména (Tchad) et
Bujumbura (Burundi). En Afrique, neuf capitales
d’État sont situées à la frontière du pays : Bangui,
Population
Brazzaville, Gaborone, Kinshasa, Lomé, Maseru,
> 3 millions
Mbabane, N’Djaména et Porto-Novo.
1-3 millions
Toutefois, cette dimension frontalière est très
300 000-1 million
inégalement répartie sur le continent. L’Afrique du 100 000-300 000
Nord, par exemple, compte seulement 19 villes 30 000-100 000
frontalières au total, et de vastes pans de l’Afrique 10 000-30 000
australe n’en ont que quelques petites. Dans la
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données).
région des Grands lacs et en Afrique de l’Ouest, les
agglomérations frontalières sont une caractéristique
importante du réseau urbain. Au Burundi, 27 des
33 agglomérations sont frontalières. Au Bénin, en
Gambie, au Lesotho, au Royaume d’Eswatini et au
Notes
1 Le terme « niveau d’urbanisation » désigne la part de la population urbaine dans la population totale. Il est utilisé
pour distinguer clairement le processus d’urbanisation de la croissance urbaine : le premier renvoyant à une
augmentation de la part d’individus vivant en zone urbaine, tandis que la seconde se réfère à l’accroissement du
nombre de personnes vivant en zone urbaine.
2 La méthode utilisée consiste à diviser la superficie de l’Afrique par le nombre d’agglomérations. L’ensemble
de la zone s’étend sur 29.7 millions de kilomètres carrés avec plus de 7 600 agglomérations. Si le semis était
uniformément réparti, chacune d’elles se situerait au centre d’un carré de 29 700 000/7 600, soit environ
3 900 km² ce qui donne un côté d’environ 62.5 km. Une grille issue de ce calcul est créée, puis superposée à la
carte du semis des agglomérations.
3 Une cellule de Voronoï s’appuie sur le calcul du voisin le plus proche : chaque cellule correspond à la zone
rassemblant tous les points pour lesquels l’agglomération située à l’intérieur de la cellule est l’agglomération la
plus proche. Plus les cellules sont grandes, moins le réseau urbain est dense.
Références
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Pumain, D. (2006), « Alternative explanations of hierarchical differentiation in urban systems », Pumain D. in
Hierarchy in natural and social sciences, 3, Springer pp. 169-222, 2006 Methodos series.
Histoire, politiques
& environnement
et formes urbaines
africaines
Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines
Les facteurs historiques, politiques et environ- que le climat, la qualité des sols et la topogra-
nementaux affectent les formes, la hiérarchie phie. Les stratégies d’adaptation des populations
et la concentration urbaines, le développement à leur milieu influencent ainsi le peuplement et
des agglomérations et donc les indicateurs de les logiques urbaines. Celles-ci se modèlent selon
l’urbanisation. Le continent traverse plusieurs des mobilités spontanées ou planifiées ou encore
phases démographiques influencées par l’his- s’adaptent aux accidents topographiques tels que
toire, avec une croissance ininterrompue les crêtes ou les espaces naturels protégés.
depuis le milieu du XXe siècle. L’analyse des Favorisée par une augmentation de la
dynamiques démographiques renseigne peu sur densité, l’agglomération souvent spontanée
l’établissement et le peuplement, dont la forme exprime des demandes de plus en plus fortes
obéit essentiellement à des règles politiques en d’accès aux services et équipements publics.
interaction avec l’économie, l’utilisation des Africapolis, en identifiant ces zones et les nouvelles
ressources et l’environnement. Ces formes formes d’urbanisation rarement référencées
peuvent résulter d’un étalement urbain planifié par les statistiques, souligne le fossé entre les
comme la création d’une ville nouvelle (Libye, politiques urbaines et les réalités fonctionnelles.
Égypte) ou de déclencheurs économiques tels Outre les aménagements nécessaires pour
que le développement d’une exploitation minière ; rendre ces territoires durables et accompagner
Lubumbashi est ainsi devenue la seconde leur développement, ces informations posent
plus grosse agglomération de la République la question de la gestion décentralisée et de la
démocratique du Congo (RDC) avec l’installation coordination entre les échelles décisionnaires
des industries extractives. Les sociétés africaines locale et nationale. Dans plusieurs pays africains,
sont particulièrement dépendantes de l’agricul- les agglomérations émergentes ne présentent ni
ture et donc des facteurs environnementaux tels les caractéristiques de l’urbain, ni celles du rural.
Graphique 3.1
Évolution du taux de croissance de la population totale de l’Afrique par grande région de 1910 à 2015
4
Taux moyen de variation annuelle
0
1910 1930 1950 1970 1990 2010
urbains actuels, justement du fait d’une crois- une baisse plus marquée de la population
sance démographique très forte. Au XXIe siècle, musulmane. En Libye, une baisse de popula-
une quatrième phase transparaît qui est celle tion de quelque 40 % est également probable,
de la mondialisation : encore embryonnaire avec les guerres et rébellions consécutives à
dans certains pays, mais engendrant parfois la colonisation italienne.
l’émergence de vastes « régions métropolisées » • Il ne subsiste donc que de très rares traces
(Chapitre 4) et de « corridors urbains ». de l’urbanisation antérieure à la période
coloniale dans les systèmes urbains actuels,
Une croissance démographique négative alors que l’Afrique subsaharienne a abrité
Quelques pays seulement disposent de de grandes cités, comme Djenné, Gao, Dia
statistiques de population antérieures à l’indé- et Tombouctou dans l’actuel Mali. Le seul
pendance, comme les anciennes colonies véritable réseau qui perdure en Afrique
britanniques depuis la fin du XIXe siècle (1871, subsaharienne est celui des villes-États
1881, ou 1891). Les données des protectorats yoruba au Nigéria. En Afrique de l’Est, les
sont disponibles deux à trois décennies plus villes coloniales de la côte de l’Océan indien
tard. L’administration française ne réalise aucun succèdent à des comptoirs connus depuis
recensement en Afrique, sauf en Algérie (1861 l’Antiquité, parfois réactivés par les Omanais
et 1872) et au Maroc (1936 et 1951). En revanche, et les Portugais, mais qui n’ont jamais été de
et de même que dans les colonies portugaises, grandes villes.
les résultats de dénombrements sont publiés par
l’administration coloniale à partir de 1900 et se L’essor des villes pendant la période
généralisent vers 1921. Ils donnent la population coloniale
des divisions administratives et des aggloméra- La croissance démographique de l’Afrique
tions principales. redevient positive à la fin du XIXe siècle, mais
À partir de ces données, le scénario avancé de façon inégale selon les régions (Tableau 3.1).
par nombre d’historiens est, pour les époques Entre 1900 et 1940, l’augmentation est plus forte
antérieures à 1920, celui de courbes plates en Afrique australe, avec un doublement de la
- présenté dans les premiers annuaires démogra- population. Dès le début du XXe siècle, les futures
phiques de l’Organisation des Nations Unies métropoles Johannesbourg, Durban et Le Cap
(ONU). Ce schéma est désormais contredit par s’imposent comme les trois principales villes. Les
nombre d’études. Ainsi, Louise Marie Diop-Maes populations ouest-africaines progressent plus
(1996), affirme que l’Afrique n’avait aucune raison modérément, la population ne doublant que dans
d’être moins dense que l’Inde, ce qui implique- les années 50. Les métropoles se développent
rait que la population africaine aurait baissé sur le littoral. Les chemins de fer pénètrent dans
lors des premiers dénombrements, cette baisse l’intérieur et un chapelet de villes secondaires
résultant des diverses répressions et interven- naît, comme Bobo Dioulasso et Ouagadougou
tions militaires. La traite des esclaves contribue (Burkina Faso). En Côte d’Ivoire, hormis la
probablement à une baisse de la population nouvelle capitale, Yamoussoukro fondée par
africaine sur le long terme, de même que les le président Houphouët-Boigny et San Pedro,
razzias opérées par les Arabes. les six premières agglomérations de 2015 sont
Quelques exemples de décroissance les mêmes qu’en 1960. En Afrique centrale, la
urbaine semblent confirmer ces thèses : population progresse à peine plus vite. Les villes
• La population de Klouka (Nigéria) est créditée minières et administratives sont les premières
de 100 000 habitants vers 1830, évaluée à fondations urbaines historiquement connues, ce
80 000 habitants par Barth vers 1850, puis qui ne signifie pas qu’aucun centre urbain n’ait
de 50 à 60 000 par Nachtigal en 1870. En existé auparavant.
Algérie, les recensements français de 1861 D’une manière générale, la période d’occupa-
et 1872 montrent une baisse de la popula- tion coloniale qui succède à celle de la conquête
tion. Celle-ci passe de près de 3 millions à est une période d’intense concentration de la
2.4 millions d’habitants en 11 ans (-20 %), avec population dans quelques villes (Alger, Tripoli,
Tableau 3.1
Croissance de quelques villes au cours de la période coloniale
Encadré 3.1
Planification urbaine selon le modèle chinois
En Tanzanie et au Mozambique, les dernières décennies affichent une très forte croissance démographique,
phase décisive pour la mise en place de l’architecture du territoire national. Le découpage administratif du
territoire est inspiré par le modèle de la Chine. De vastes zones rurales sont ainsi placées sous la juridiction
d’une ville. La Tanzanie fait une distinction entre les wards « urbains » - véritable noyau urbain dense de la
ville -, les wards « ruraux » et les wards « mixtes » - périphérie prévue pour l’accueil de futures extensions
(Image 3.1). L’étalement des constructions dans les zones mixtes n’est pas anarchique. La voirie et les lots
y sont alignés et planifiés. À un temps « t », le caractère de l’urbanisation y est particulièrement extensif, se
manifestant par le côtoiement des équipements, des fermes, champs, garages, maisons, écoles. Lorsque
leur densité s’élève et que sont remplies les conditions de la définition de Geopolis, les wards « mixtes » se
fondent dans l’urbain et forment une agglomération. L’une des conséquences est la faiblesse de la densité
moyenne des agglomérations. Celle-ci ne s’explique donc pas par l’étalement spontané, mais par la stratégie
de planification (Image 3.1), qui est appliquée dès qu’une agglomération émerge sur le territoire.
Au Mozambique, la politique conduit également à des agglomérations de faible densité mais le processus
diffère de la Tanzanie, par manque de création de « villes » officielles. En dehors de la capitale, deux niveaux
hiérarchiques co-existent : les cidades (cités) analogues au jiedao (街道) chinois, et les vilas (villes) équiva-
lentes au zhen (镇). Comme la population du pays a fortement augmenté, et que l’économie décolle depuis
la fin de la guerre civile, le nombre de cidades prévu est insuffisant pour mailler le territoire. Les vilas, trop
petites et peu équipées, ne parviennent pas à polariser le peuplement. De multiples agglomérations sponta-
nées comblent ainsi les vides du territoire. La plupart se composent de chaînes de villages agglomérés par
des constructions éparses le long des routes et des pistes. Ceci se traduit également à la périphérie des
villes officielles par des débordements anarchiques formant d’interminables filaments dans les campagnes ;
à l’image des villes minières (charbon), où s’agglutinent les habitants des zones rurales voisines. Les cidades
et les vilas officielles constituent la priorité du développement urbain mais leur nombre est insuffisant pour
mailler l’étendue du territoire national et l’État peine à reconnaître les développements spontanés qui se
poursuivent.
Image 3.1
Zone « mixte » : périphérie ouest de Babati (Tanzanie)
Note : La trame viaire est préparée à accueillir de futures extensions urbaines et les parcelles peuvent être facilement viabilisées et raccordées aux
réseaux. Certains blocs n’étant pas encore occupés, la densité urbaine est provisoirement très faible. La Tanzanie est l’un des pays où la croissance
urbaine est la plus rapide et où le gouvernement anticipe le développement des petites agglomérations.
Source : GoogleEarth, (consulté septembre 2017), y = -4.219, x = 35.722, Alt. 1 740 m
dans la catégorie « urbaine ». Certaines d’entre d’une linéarisation autour d’un élément struc-
elles peuvent compter plus de 40 000 habitants et turant comme une route, une voie d’eau, la
atteindre plus de 20 kilomètres de longueur, avec ligne de rupture de pente au pied d’un massif
une densité dépassant les 3 000 habitants / km 2. montagneux, une forêt. Très souvent enfin, la
Ces agglomérations sont issues de la fusion de succession de cycles économiques ou politiques
petites unités de peuplement nucléées, dont – colonisation puis indépendance, l’Apartheid
l’habitat dominant est circulaire. Même si la et son abandon – et l’apparition d’innovations
piste longeant le bord du plateau qui domine le technologiques engendrent une superposition
lac guide la croissance du bâti, il ne s’agit pas à locale de strates historiques de peuplement.
proprement parler de « villages-rues » à l’image En raison de ces superpositions, la carte et le
des collines du Rwanda et du Burundi, mais de paysage de l’urbanisation prennent parfois un
vraies agglomérations comparables à celles de la aspect chaotique. Il est possible d’isoler ces
RDC. En l’absence de régulation, une agglomé- niveaux d’échelles, d’acteurs ou de temporalités
ration continue de se former de poche en poche pour les recombiner de façon logique dans la
et ce processus ne cesse de s’amplifier au fur et à carte actuelle de l’urbanisation.
mesure que la population croît.
Les territoires historiques de l’urbanisation
Contexte environnemental Malgré un accroissement rapide de la popula-
tion, le peuplement conserve une organisation
L’environnement et les facteurs climatiques & spatiale issue de logiques et de mise en valeur
géographiques influent sur les configurations de l’espace bien marquée1 : par une extension de
spatiales du peuplement et ses évolutions tempo- proximité progressive, des densifications le long
relles. Leurs effets sont d’autant plus grands dans d’une zone climatique homogène ou d’un fleuve,
les sociétés encore largement dépendantes de de mosaïques ou d’îlots dans les milieux monta-
l’agriculture, comme en Afrique. Chaque milieu gnards. C’est à partir de la partie nord-orientale
impose un type de mise en valeur, donc d’orga- de l’Afrique et en direction de l’’Ouest que se
nisation sociale et de peuplement, sédentaire, seraient répandus l’élevage et l’agriculture, entre
semi-sédentaire ou nomade. Certains territoires zones arides constituées de dunes, de déserts
favorisent l’élevage, d’autres l’agriculture, ou les sableux, rocheux ou de roches nues, vastes
deux. Les savoir-faire impliquent une plus ou espaces inadaptés aux pratiques agropasto-
moins grande spécialisation ou une diversité rales, et zones forestières ou zones privées de
des productions, avec des conséquences sur les pâtures réclamant des défrichements techni-
échanges, le commerce, les régimes fonciers, quement irréalisables jusqu’à l’invention du fer.
les systèmes agricoles d’attribution des terres et Les progrès techniques notamment relatifs à la
l’organisation du travail. Chaque territoire porte gestion des ressources ont ouvert de nouvelles
des optima de densité pour le bon fonction- perspectives d’expansion, d’échanges et de circu-
nement du système et des conditions plus ou lation inédites, qui influencent les dynamiques
moins favorables à l’urbanisation. Les systèmes urbaines. La forme générale de ce scénario de
agricoles sont ainsi plus ou moins « urbani- peuplement est encore visible aujourd’hui par
sants ». la superposition de la localisation des agglomé-
Certains types de peuplement favorisent la rations de plus de 10 000 habitants et de celle
répartition de nombreux petits marchés régio- de Global Land Cover (GLC) 2000 (Carte 3.2). Les
naux distribués régulièrement sur le territoire et trois foyers préhistoriques les plus adaptés à la
qui ont vocation à devenir des centres urbains. logique « agropastorale » sont :
D’autres sont plus adaptés à la centralisation au • le foyer « soudanais » de la moyenne vallée
sein de pôles d’échanges importants, mais moins du Nil,
nombreux et plus éloignés les uns des autres. • le foyer des hautes terres d’Éthiopie,
D’autres encore ne s’accommodent d’aucun mode • le foyer des montagnes du Niger-Cameroun.
d’urbanisation et se caractérisent par une disper- Tandis que le premier et le troisième se sont
sion absolue des ménages dans la campagne ou constitués à partir des « réfugiés climatiques »
Carte 3.2
Occupation agricole dominante du sol et semis des agglomérations
0 777.2
km
Agglomérations
Agriculture Mosaique agriculture forêt humide Mosaique agriculture végétation sèche
Note : La répartition des densités humaines de l’Éthiopie ou de la vallée du Nil illustre l’influence des contraintes naturelles liées à la pluviométrie, à
l’altitude, aux pentes, sur le peuplement.
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; Commission européenne 2003 - Cartographie : Hervé Gazel
Carte 3.3
2000 ans d’urbanisation africaine
0 777.2
km
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; Commission européenne 2003 - Cartographie : Hervé Gazel
du Nigéria. Outre ces deux foyers nigérians, les diminuer la pression démographique qui pesait
foyers éthiopiens, des Grands lacs et d’Afrique du sur les terres cultivables, avec une augmenta-
Sud, sont aisément identifiables. Il s’agit partout tion du niveau d’urbanisation. Ces contraintes
de hautes terres, où le climat est tempéré par une s’illustrent différemment selon le milieu
altitude comprise entre 1 200 et 2 500 mètres. naturel, mais aussi selon l’étendue des pays. Le
Tous sont très fortement associés à des espaces cas du Soudan montre de façon claire l’impact
ruraux denses avec une importante activité des contraintes naturelles sur le peuplement
agricole depuis des siècles, y compris en Afrique (Carte 3.5).
du Sud où s’ajoute une intense activité minière Il faut distinguer les pays où le principal
et industrielle et une colonisation de peuplement problème n’est pas le manque d’espace, mais
européen. d’eau. Appuyés par des financements interna-
tionaux, certains États élaborent d’ambitieux
Urbanisation et agriculture projets de mise en valeur agricoles régionaux,
L’espèce humaine sait depuis longtemps adapter voire nationaux, en utilisant l’eau de nouveaux
les contraintes naturelles à son profit, à condi- barrages et de pompage dans les aquifères
tion qu’il existe une volonté politique et des pour accroître la surface des terres irriguées.
capitaux suffisants pour en supporter les coûts. Ces projets planifiés entraînent de vastes dépla-
Cette capacité se manifeste à toutes les échelles. cements internes de population pour élargir
Localement, l’exode rural a longtemps permis de l’espace cultivable. Au-delà de l’agriculture, ils
Encadré 3.2
Le corridor sahélien
Tableau 3.2
L’urbanisation du corridor sahélien, 2015
Le corridor sahélien court d’est en ouest, de l’Est sont traversés par le corridor sahélien : d’ouest
l’Éthiopie et du Soudan jusqu’au lac Tchad et au-delà en est, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali,
en Afrique de l’Ouest. Deux voies se distinguent : le Burkina, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Niger, le
• La voie septentrionale où se rencontrent les Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Cameroun, le
steppes et pseudo-steppes subarides mais Tchad, le Soudan du Sud, le Soudan, l’Éthiopie et
aussi des savanes herbacées ouvertes, voire l’Érythrée. Cet espace long de 6 000 km et large
faiblement arbustives. Cet espace est celui des de 500 km s’étend sur une superficie de 3 millions
éleveurs et de leurs bétails. de km². Son centre n’est pas un « point » mais une
• La voie méridionale, avec ses savanes boisées, « ligne », vers le nord. La couverture herbeuse s’y
arborées à arbustes, arbustives, herbacées éclaircit de même que la densité des habitants, des
denses, est le lieu de l’agriculture pluviale. champs, des troupeaux et des agglomérations.
Ces deux voies se complètent : les échanges entre En se dirigeant vers le sud, les arbustes espacés
populations d’éleveurs et d’agriculteurs sont réguliers deviennent des arbres, ils poussent de plus en plus
et suscitent de nombreuses traverses méridiennes serrés, puis deviennent forêt. Les populations et
(perpendiculaires). Des conflits d’usage pour la terre les pratiques agropastorales y sont graduellement
se succèdent aux rythmes des variations interan- moins adaptées que les pratiques agroforestières.
nuelles de la pluviométrie et donc des avancées et Les densités rurales chutent, les agglomérations
reculs des zones de pâture et de culture. Le régime sont rares, le semis urbain se fait lâche.
des précipitations des zones arides et semi-arides En 2015, le peuplement du corridor sahélien
ne se caractérise pas seulement par le déficit de est encore majoritairement rural bien que l’urbani-
la pluviométrie, mais aussi par leur irrégularité, et sation progresse rapidement. 1 289 agglomérations
notamment leur variabilité interannuelle. En cas de de plus de 10 000 habitants sont dénombrées
sécheresse, les éleveurs cherchent des pâtures (69.24 millions d’habitants). La plus grande agglom-
plus au sud. De leur côté, après quelques années ération est Kano (Nigéria), avec 3.9 millions
humides, les agriculteurs tendent à étendre les terres d’habitants contre 120 000 en 1950. Elle se situe à
cultivées vers le nord. l’articulation du bassin intérieur du lac Tchad (plus
Depuis des siècles, ce « Sahel » ou « rivage » de 4 millions de km²) avec le bassin du fleuve Niger
a ses ports, ses portes du désert qui ouvrent des (plus de 4 millions de km²). Elle est ainsi à l’intersec-
routes vers le nord, notamment. En Mauritanie, au tion d’une route du Nord vers Agadez, les Tassili,
Mali, au Niger, au Tchad, au Soudan et en mer Rouge, l’Aïr et une route du Sud vers les terres du bas-Niger
les routes caravanières ont largement contribué à la et les eaux du golfe de Guinée. Haut-lieu historique
traite transsaharienne, créatrice de foyers urbains du pays haoussa, Kano est le centre d’une région
et destructrice de communautés agropastorales. d’ampleur sous-continentale bien avant la colonisa-
Dix-huit États d’Afrique de l’Ouest, du centre et de tion. Les autres agglomérations majeures sont Dakar
Carte 3.4
Le corridor sahélien
0 920
km
Agriculture
> 5 millions
2.5-5 millions Mosaique Agriculture Savane
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; Commission européenne 2003 - Cartographie : Hervé Gazel
Carte 3.5
Distribution des agglomérations et extension des zones hyperarides au Soudan
ÉGYPTE
LIBYE
Rivière Nil
Port-Soudan
TCHAD SOUDAN
Khartoum Kassala
ÉRYTHRÉE
al-Ubayd
Nyala
ÉTHIOPIE
Population
> 3 millions Frontière
1 - 3 millions Zone désertique
300 000 - 1 million
100 000 - 300 000
30 000 - 100 000
10 000 - 30 000
Note : les villes sont présentes uniquement dans les zones cultivables du sud. Dans les déserts (en jaune sur la carte), elles jalonnent le cours du Nil et
quelques oasis de piémont à l’est.
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie: François Moriconi-Ébrard 2018
ont un impact sur l’urbanisation avec la création agricole (sucre, coton, céréales), certains projets
de nouvelles villes pour accueillir les popula- incluent la filière de transformation industrielle
tions déplacées comme New Bussa dans la et le réseau de distribution, qui s’appuient sur
vallée du Niger (Nigéria), dans la vallée du Nil de nouveaux centres urbains. Des villes sont
ou du Zambèze. Des barrages sont construits, créées ex-nihilo dans les zones désertiques
des marécages incultes et des terres salinisées nigériennes (Arlit, Akokan), mauritaniennes
sont bonifiés dans les deltas, de vastes schemes 2 (Zouerat, Nouakchott) et dans les pays d’Afrique
d’irrigation sont aménagés afin que les cultures du Nord (Algérie, Libye, Égypte) répondant
intensives se substituent à l’agropastoralisme. De à des motifs de sécurité militaire, de contrôle
véritables fronts pionniers agricoles sont ouverts policier, de services administratifs ou d’extrac-
au Soudan, au Tchad (Salamat) et dans les pays tion minière.
d’Afrique du Nord. En aval de la production
Tableau 3.3
Densité apparente et densité réelle de la population de quelques pays d’Afrique (2015)
Superficie (km²)
Densité Densité
Pays Totale Dont : sols nus Eaux intérieures apparente réelle
Égypte 987 360 903 366 8 561 92 1203
Rwanda 25 505 0 1 604 444 473
Djibouti 21 792 19 067 304 44 395
Burundi 26 857 0 1 971 364 393
Cabo Verde 4 255 1 379 469 124 219
Gambie 11 151 15 939 180 197
Ouganda 243 233 4 37 433 148 175
Algérie 2 317 761 2 087 811 1 744 17 174
Malawi 119 473 124 24 373 135 170
Tunisie 155 651 89 037 838 71 169
Éthiopie 1 136 063 72 537 7 704 79 85
Libye 1 627 227 1 561 685 766 3 84
Érythrée 121 799 48 952 742 40 68
Tanzanie 946 838 2 551 60 915 52 55
Niger 1 189 491 798 879 412 16 48
Soudan 1 854 608 981 912 4 734 21 44
Mali 1 259 401 700 409 3 851 14 32
Somalie 637 794 55 079 1 033 20 22
Tchad 1 270 972 637 040 3 613 11 21
Mauritanie 1 043 962 846 013 713 4 21
Note : Les eaux de surface incluent les zones côtières, estrans, lacs, étangs et cours d’eau identifiés par télédétection et inclus dans les limites officielles
du territoire national reconnues par l’ONU.
Sources : Geopolis 2018 ; OCDE 2015
À l’opposé de ces vastes projets, il existe des Le manque d’espace reste un réel problème
zones où l’agriculture dépend de la pluviométrie, à l’échelle nationale dans des pays tels que le
et où l’espace est limité. Les sociétés confrontées Rwanda et le Burundi, où le territoire national
très tôt à la finitude des ressources locales en entier devient saturé. Dans ce cas, urbanisation et
terre et en eau, savent depuis longtemps utiliser agriculture sont en concurrence directe et la mise
des modes de mise en valeur et d’organisation en défens des espaces naturels pour la protection
adaptés. Le succès de l’adaptation aux contraintes de la flore et de la faune sauvages. Ces territoires
microlocales du milieu est à l’origine même d’une gèlent des superficies cultivables considérables
forte densité rurale. Néanmoins, la densification dans certains pays (Kenya, Tanzanie, Afrique
exponentielle de la population des zones rurales du Sud, Kenya, Ouganda, Botswana, Namibie,
atteint inévitablement un seuil critique. À l’heure Malawi, Côte d’Ivoire, Togo…). La densité de
actuelle, de nouvelles agglomérations émergent population serait donc plus élevée. Ainsi, le
à partir de l’intensification des constructions Tableau 3.3 ne prend pas en compte les superfi-
de zones rurales. Ce processus engendre des cies des territoires mis en défens à des fins de
paysages à mi-chemin entre rural et urbain qui protection de l’environnement. Soustraits à l’agri-
marquent des régions entières sur les plateaux culture et à l’urbanisation par décision politique
éthiopiens, dans le bassin du lac Victoria, dans le et non par contrainte naturelle, ces territoires ont
sud-est du Nigéria et dans la basse vallée du Nil. un avenir fragile. Le statut d’interdit peut être
mal accepté par des populations à la recherche de
terres et être remis en question par des tensions
telles qu’un conflit armé, une crise politique ou
humanitaire.
Couverture végétale
tion agricole. Ces activités plus respectueuses
de l’environnement, et plus proches des sociétés
vlocales, favorisent la persistance de populations
dans les zones rurales. Les plus gros villages se
transforment rapidement en petites aggloméra-
tions urbaines selon une logique d’urbanisation Densité de population
in situ. L’urbanisation naît alors non pas de
Source : Chao Li, Yaoqiu Kuang, Ningsheng Huang et Chao Zhang 2013
l’exode rural, mais de son absence.
Partout, la croissance urbaine est forte-
ment liée à la disponibilité en eau et en terres,
ainsi qu’à la productivité agricole. Le continent montrent que l’accroissement de la densité
africain dispose globalement d’un potentiel de population est une contrainte qui pousse
de ressources considérable dont l’exploitation les sociétés à réorganiser radicalement leurs
dépend de la volonté politique et de la capacité modes de production et d’organisation ; Malthus
des sociétés à s’organiser. Les principales straté- considérant lui que la population d’un pays
gies d’adaptation sont gérées à trois échelles augmente toujours plus vite que la production
territoriales, depuis de vastes projets d’aména- des ressources nécessaires à son alimenta-
gement nationaux jusqu’au savoir-faire local, tion. L’expression « consommation d’espace »
en passant par des projets communautaires. est d’abord malthusienne. Elle implique l’idée
Chacune de ces stratégies engendre l’émergence de destruction de terres agricoles nourricières
de nouvelles agglomérations urbaines, dans des et aujourd’hui, de disparition d’écosystèmes
conditions variées en termes de migrations, naturels. Cependant, de nombreux contre-
de coûts financiers et environnementaux. Ces exemples existent. Aux États-Unis, Los Angeles
formes d’urbanisation différenciées en termes a été créée dans le désert. Aujourd’hui, l’exten-
de volume de population, de superficie des villes sion de l’agglomération est volontiers qualifiée
ou de densité urbaine appellent à l’articulation de tentaculaire, mais l’urbanisation s’y est
entre les intérêts nationaux et locaux. accompagnée d’une augmentation du couvert
végétal à l’échelle régionale. Plantation d’arbres,
Urbanisation et adaptation à parcs, pelouses et agriculture irriguée se sont
l’environnement développés corrélativement à la croissance
Bien avant l’arrivée de règlements modernes urbaine de sorte que la région est plus verte que
d’urbanisme, les pratiques vernaculaires de lorsqu’il n’existait aucune ville. De même, en
préservation des terres les plus fertiles condi- Chine, des chercheurs montrent que l’impact de
tionnent la survie et assurent le développement la pression anthropique sur le couvert végétal ne
des populations. Cependant, elles sont implantées suit pas une relation linéaire. Cette relation serait
à une époque où la vallée du Nil, de Khartoum positive ou négative en fonction de la densité
à la Méditerranée, pendant des siècles, oscille démographique suivant une courbe en forme de
entre 5 et 12 millions d’habitants. Ces modes n inversé (Graphique 3.2).
d’occupation urbaine et agricole sont-ils encore Cette relation est illustrée par le cas égyptien.
soutenables de nos jours, lorsque la population a Dès 1990, Le Caire a autant d’habitants que
été multipliée par 10, voire par 20 ? l’Égypte entière en 1900. Les localités situées à
Plusieurs approches s’opposent sur la l’intérieur du delta ou de la vallée sont les plus
capacité des sociétés à assurer le développement fertiles et donc les densités rurales les plus élevées.
économique suffisant à une forte croissance La croissance démographique et urbaine devrait
démographique. Les travaux d’Ester Boserup entraîner la destruction de terres agricoles.
Tableau 3.4
Territoires au Rwanda
Disponible 21 304
incultivables. (Image 3.2). Des interactions se faune (Carte 3.6). Il en résulte que la densité réelle
nouent parfois entre les éléments politiques, du pays (calculée en soustrayant les territoires
l’environnement et les formes de peuplement. mis en défens de la superficie) est encore plus
Ainsi, en Égypte, le désert n’est pas seulement forte que la densité apparente, qui atteint déjà
inhabitable « naturellement », mais, placé sous la 444 habitants/km 2. Le territoire habitable se
propriété de l’armée. À ce titre, il est frappé d’un réduit à 21 300 km 2, soit une densité moyenne de
interdit politique d’établissement et de circula- 531 habitants/km 2 (Tableau 3.4).
tion immédiat en situation de guerre (comme L’unité de base est appelée colline et non pas
avec Israël). Cet interdit est peu à peu levé à la village, tout comme au Burundi. L’utilisation de
périphérie des terres cultivables de la vallée du l’espace est localement guidée par les qualités
Nil, leur remise sur le marché générant de formi- et les contraintes naturelles de la topogra-
dables ressources financières pour les militaires. phie, des sols, du drainage, etc. Cette logique
est locale. Dépendant presque exclusivement
Ordre ou chaos ? L’organisation scalaire de de l’agriculture, les Rwandais optent pour un
l’urbain peuplement linéaire le long des lignes de crêtes
L’étude des processus locaux d’urbanisation du (Images 3.3 et 3.4). La circulation et la construc-
Rwanda donne à voir une stratégie locale d’adap- tion de bâtiments s’opèrent au sommet des
tation au contexte environnemental, extrêmement interfluves, sur la ligne de partage des eaux entre
rationnelle et ordonnée. L’utilisation d’espace, de deux versants, réservant le haut des flancs aux
circulation et de préservation des terres agricoles cultures vivrières, le bas aux cultures commer-
aussi bien que des derniers espaces naturels sont ciales (thé, bananes) et les éventuels fonds de
optimisés au niveau local. Cependant, à l’échelle vallée plats aux cultures irriguées. La forme
régionale, cette politique engendre l’émer- linéaire favorise les échanges entre collines.
gence d’agglomérations gigantesques de forme L’urbanisation rwandaise illustre la collision
pouvant sembler chaotique. Cette contradiction entre deux échelles spatiales, locales et régionales.
illustre la nécessité de comprendre les dimen- Soumis à une forte croissance démographique,
sions scalaires du fait urbain et l’articulation des ce système de peuplement linéaire engendre une
échelles d’organisation du territoire. Le Rwanda forme urbaine particulière. Avec l’augmentation
est emblématique d’une stratégie répandue en du nombre de ménages, et donc de nouvelles
Afrique qualifiée de « potager ». La population constructions, les agglomérations s’allongent
du pays est passée de 2 à 11.3 millions d’habi- démesurément. Les collines finissent par inter-
tants entre 1950 et 2015. Au début du XXIe siècle, connecter des massifs entiers entre eux. Les
la densité rurale est devenue telle que, guidés agglomérations émergeant par coalescence
par un attracteur linéaire, des centaines de atteignent immédiatement une population très
villages-rues se sont rejoints, formant d’intermi- supérieure à 10 000 habitants. À l’opposé des
nables filets d’agglomérations. Le gouvernement régions d’habitat groupé d’Afrique, il y a un déficit
rwandais a, de son côté, mis en défens de d’agglomérations de moins de 20 000 habitants.
vastes territoires (2 600 km 2), afin de protéger Si l’émergence des agglomérations rwandaises
les dernières réserves naturelles de flore et de statistiquement urbaines, selon les critères de
Carte 3.6
Agglomérations et zones en défens au Rwanda
OUGANDA
Parc National
de l’Akagera
Forêt de
Gishwati
RWANDA
Parc National
Nyungwe
TANZANIE
BURUNDI
0 25 50
km
Sources : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)(Waterbodies) ; Gouvernement du Rwanda (cadastre) ; Geopolis 2018
(agglomérations) ; OCDE/CSAO, Africapolis 2018 (base de données) - Cartographie : François Moriconi-Ebrard
Geopolis, procède de la forme rurale, elle pose du territoire est maximisé, surtout lorsque le
la question de l’urbanité – ou du caractère perçu territoire national est peu étendu. La densité des
comme « urbain » - de sa population – tout comme agglomérations, certes inférieure à la moyenne
en Ouganda (« Effets hétérogènes »). L’origine africaine, reste cependant élevée. Celle de Kigali
morphologique de l’urbanisation est fondamen- atteint 2 550 habitants/km 2.
talement locale, tandis que les agglomérations en La forme « chaotique » de la tache urbaine
s’étalant conduisent à terme à une urbanisation (Carte 3.7) devient plus lisible à l’échelle locale.
généralisée du territoire analogue à celle de la Elle montre une post-urbanité qui émerge
Belgique, et des grandes pleines d’Asie du Sud. de la ruralité avec des formes d’urbanisation
Le Rwanda est encore un exemple de territoire particulièrement rationnelles en termes de
africain où la croissance des agglomérations ne « consommation » de terres agricoles. Comme
se fonde pas sur l’exode rural. Lorsque celui-ci illustré précédemment, l’urbanisation observable
diminue, le risque d’urbanisation généralisée et repérable sur le terrain, précède l’urbanité qui
Note : La piste centrale est bordée de maisons rectangulaires sur toute sa longueur. Le haut des flancs est occupé par les plantations commerciales (thé,
bananes…) et les parties basses par les cultures vivrières. La colline est cernée par des vallées à fond plat, humides et empâtées par les alluvions. À
droite, le peuplement déborde en direction de la colline voisine. L’habitat le long de la rue est dense et continu. Il n’y a plus aucune parcelle libre d’un bout
à l’autre de l’image, au point que les nouvelles constructions doivent désormais être édifiées en deuxième ligne, en particulier les équipements (toits blancs
plus récents, visibles sur l’image). Ce schéma est multiplié à quelque 2 000 exemples au Rwanda. Il s’observe également dans les régions voisines du
Burundi, dans l’est de la RDC et en Ouganda.
Source : GoogleEarth (consulté novembre 2012) Vue inclinée à 60°
se manifestera avec les transformations écono- aucune agglomération de plus de 10 000 habitants
miques et sociales incombant au développement. – à une société urbanisée selon l’approche
La dynamique des formes urbaines revêtant morphologique. Jusque vers 1990, voire 2000
une caractéristique spatiale très identifiable pour les régions les moins denses, il est rare que
(linéaire), il est possible de la modéliser pour les constructions débordent des parties hautes
comprendre comment le pays passe d’une société de la colline. Ceci explique le niveau record de la
totalement rurale en 1960 – il n’existait alors population rurale du Rwanda et a contrario l’un
Carte 3.7
Empreinte spatiale de l’agglomération de Kigali et limites administratives
TANZANIE
OUGANDA
Katabagemu
RWANDA
Kabarore
Kiramuruzi
Gahini
Mu sha
Rukoma
Rwinkwavu
Kigali
Rubona
Ruhango
Juru
Mu gesera
Niamiyaga
Nyamata
Rukumberi
Kinazi
Sake
Gashora
Jarama
0 10 20
Rweru
Busoro Ngeruka km
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard
Tableau 3.5
Attracteurs et distribution du peuplement
Distributon du peup
Attracteur Situation géographique et contraintes Exemples Modèle
groupé
Marginale Dakar (Sénégal)
(avec contrainte géographique) (habitat groupé contraint par le site de Dakar)
linéaire
Ligne de crête Collines d’Ethiopie, du Rwanda et du Burundi
Surface Conrainte sur les bords Sud du parc national des Virunga
épars
Sans contrainte géographique Nkwerre (Nigeria)
Source : Chatel, C. (2012), « Dynamiques de peuplement et transformations institutionnelles. Une mesure de l’urbanisation
en Europe de 1800 à 2010 » (https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00765004/).
Distributon du peuplement : Modèle et réalité Distribution du peuplement aux échelles locales et régionales
Modèle Image satelitaire Tissu infra-urbain Distribution régionale
groupé
site de Dakar)
linéaire
et du Burundi
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
ga DU CONGO
OUGANDA
Parc National
des Gorilles de Mgahinga
RWANDA
0 5 10
km
d’une agglomération. La modélisation de ces trois caractérise toutes les zones sahéliennes et souda-
formes permet de prévoir et d’anticiper la crois- niennes, mais aussi d’autres régions comme celles
sance des agglomérations urbaines. de part et d’autre de la frontière Tanzanie-Mo-
zambique ou le sud de la Côte d’Ivoire. Il peut
Le peuplement groupé être spontané ou planifié. La forme générale des
Le peuplement groupé se structure à partir villages est spontanément circulaire. Lorsqu’il
d’un attracteur ponctuel. La population désire y a planification, le peuplement peut adopter un
minimiser la distance à ce point appelé « centre ». plan en damier. Le bâti est compact, la trame
Chaque centre tend à réunir sur une surface viaire étroite et les parcelles inoccupées rares
minimale toutes les formes de pouvoir, public ou au cœur de l’agglomération. La densité du bâti
privé, les services, le nœud des lignes de trans- atteint fréquemment les 1 000 habitations par
port, les commerces, ainsi que des logements. km 2 dans les petites villes, ce qui donne une
À l’échelle régionale, l’habitat groupé absolu densité de 6 000 à 8 000 habitants/km 2 au niveau
se présente comme un semis de gros bourgs d’agglomérations entières.
denses séparé par des zones agricoles dépour-
vues de toute habitation. Ce type de peuplement
Tableau 3.6
Exemples d’évolution du peuplement
Une dynamique
spatiale élémentaire
Tropisme
Temps
Village 27
Village 26
al-Fao
Village 19
Village 18
Village 13
Village 10
Village 08
Village 03
Village 10
Tableau 3.7
Évolution du nombre d’agglomérations de plus de 10 000 habitants dans 4 États du Sahel
Niger 4 6 10 24 37 48 67
Tchad 4 9 14 25 37 77 92
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018
28 décembre 2000
4 julliet 2018
Note : Le lotissement d’un quartier planifié au sud de l’agglomération de Bloemfontein en Afrique du Sud, entre 2000 et 2018 illustre le premier cas. Les
deux images montrent l’occupation de la même zone, à la même échelle en 2000 puis en 2018. Les terres agricoles ont totalement disparu. Le nouveau
quartier populaire est loti de petites maisons rectangulaires familièrement appelées « matchbox » (boîtes d’allumettes) (Images 3.8 et 3.9).
Source : GoogleEarth, y = -29.215, x = 26.235, Alt. 1 600 m
Image 3.11
Complexes balnéaires à l’ouest d’Alexandrie (Égypte)
Note : À l’échelle nationale, le linéaire côtier égyptien est totalement approprié. La privatisation de la plage est autorisée. Même en l’absence de
constructions, l’accès au littoral n’est accessible que dans de rares fenêtres de plages publiques. À l’ouest d’Alexandrie, les villages de vacances et hôtels
sont investis par les classes aisées égyptiennes ou en provenance des pays du Moyen-Orient. L’urbanisation du littoral se déploie sans interruption sur un
linéaire de 100 kilomètres. En arrière de la route, un habitat précaire et inorganisé loge les familles des personnels domestiques et autres employés.
Source : GoogleEarth, (consulté mars 2016), y = 30.81 x = 29.13 Alt. 3 440 m
Ouganda, RDC), les fonds de vallée dans les Linéarisation en grappes : combinaison
régions de haute montagne, la bordure du désert d’attracteurs linéaires et ponctuels
dans les zones hyperarides. L’attracteur linéaire peut également être
La densité des zones bâties s’établit entre matérialisé par une discontinuité de pentes,
3 500 et 5 000 habitants/km 2, soit un peu moins dite « piémont » en géographie. Ce processus
que dans l’habitat groupé. provoque la fusion entre différentes agglo-
mérations urbaines ou rurales qui conservent
Le littoral : un attracteur linéaire « pur » cependant chacune leur identité politique.
L’exemple de Sawula (Éthiopie) illustre ce cas,
L’attracteur linéaire « pur » est représenté par également très répandu en Afrique (Carte 3.8).
une ligne à l’image de la « colline » du Rwanda, La v i l le compte of ficiel lement
où le chemin traverse le territoire, ou par une 43 000 habitants, mais l’agglomération englobe
plage. Dans une station balnéaire, la stratégie 13 villages comptant chacun entre 730 et
de localisation consiste à être au plus près de 10 000 habitants (83 000 habitants). L’ensemble
l’interface terre/mer (Image 3.11). La forme de forme un alignement de bourgs dont le bâti
l’agglomération peut ensuite s’épaissir, mais s’étale sur un ensemble continu de 19 kilomètres,
le gradient de valorisation décroît au fur et à situé à 1 400 mètres d’altitude en moyenne, sur
mesure qu’on s’éloigne du littoral. La centralité un piémont parallèle à une ligne de crêtes culmi-
dans une telle agglomération n’émerge que dans nant à 2 700 mètres. La situation de piémont est
un second temps, avec l’apparition d’un nouvel favorable à la fois à l’agriculture grâce à l’écou-
attracteur ponctuel qui n’introduit pas forcé- lement des eaux en provenance du massif, et au
ment de gradient de valorisation. Au contraire, commerce, grâce aux facilités de communication
certains résidents préféreront une localisation le long de la ligne de rupture des pentes. Les
éloignée du centre, jouissant davantage de calme périmètres administratifs laniérés des villages
et de discrétion valorisent la position d’interface du centre entre
Image 3.12
Peuplement épars dense près de Nkwerre (Nigéria), agglomération d’Onitsha
Note : Le paysage est un patchwork de constructions anarchiques entrecoupées par des plantations de palmistes, d’usines et de bâtiments divers. La
trame viaire inorganisée est constituée par des chemins ruraux.
Source : GoogleEarth, (consulté mars 2016), y = 5.75, x = 7.06, Alt. 1 700 m
Cette région confirme quelques constantes duquel bascule un territoire, du rural à l’urbain –
anthropologiques de sociétés qui privilégient avec une diminution de la distance entre habitats
l’habitat épars, comme les communautés ibo à 200 m ou moins.
qui constituent plus de 95 % de la population
de l’agglomération d’Onitsha. Dans les États Peuplement épars exorégulé dans des zones
du nord du Nigéria, dominés par les groupes de refuge
haoussa, fulani et kanouri, le peuplement est L’agglomération d’Aduel (Soudan du Sud) couvre
au contraire strictement groupé. La popula- 57 km 2, rassemble 34 000 habitants en 2015 et se
tion des agglomérations urbaines de la région classe parmi les agglomérations les moins denses
sud-est est systématiquement sous-estimée. du continent (Image 3.13). Elle apparaît comme
Suivant la définition d’Africapolis, l’aggloméra- un îlot topographique légèrement surélevé, isolé
tion d’Onitsha réunit 8,5 millions d’habitants au milieu d’une dépression marécageuse. Ce
en 2015, contre 1.1 million selon les WUP (World regroupement des populations est une réponse
Urbanization Prospects). De même, Uyo compte à l’insécurité qui règne dans le pays, en proie à
2.3 millions d’habitants contre 1.1, Aba est la guerre civile depuis plusieurs décennies. La
estimée à 1.7 million de personnes contre 0.94, zone constitue un refuge pour des populations
Enugu, 900 000 pour 680 000, respectivement agropastorales qui préfèrent traditionnellement
selon Africapolis et les WUP. (Tableau 4.2) l’habitat épars. Les habitants n’ont pas choisi
À l’échelle régionale ou nationale, ce spontanément de se grouper, mais y ont été
processus particulier d’émergence d’agglo- contraints par les circonstances. Ils conservent
mération qu’est le peuplement épars rend cependant le réflexe de maximiser la distance
imprédictible l’augmentation du niveau d’urba- qui les sépare des voisins. L’habitat est fait de
nisation à partir des scénarios classiques de cases végétales dont l’emprise au sol est minus-
croissance urbaine. Par l’observation morpholo- cule. Chacune d’elles est auréolée par une zone
gique, il semble cependant possible de simuler de piétinement plus claire. La taille des ménages
comment s’opère ce processus en estimant la est très élevée (plus de 8 personnes), ce qui donne
valeur du « point critique » de densité à partir une densité démographique beaucoup plus
Image 3.13
Détail à l’intérieur de l’agglomération d’Aduel, Soudan du Sud
Source : GoogleEarth, (image décembre 2003, consulté décembre 2016), x = 6.528, y = 29.841, Alt. 1 600 m
Image 3.14
Dispersion endorégulée à l’ouest de Bloemfontein (Afrique du Sud)
Source : GoogleEarth, (image décembre 2003, consulté décembre 2016), x = 6.528, y = 29.841, Alt. 1 600 m
Combinaison des attracteurs spatiaux prioritaire. Enfin, ces priorités évoluent avec le
temps, de sorte qu’elles peuvent s’inverser. Il faut
Les exemples précédents montrent que le facteur donc porter attention à l’ordre chronologique
« spatial » est déterminant pour quantifier et dans lequel les différents attracteurs élémen-
anticiper la croissance urbaine. Chacune des taires ont organisé le peuplement, autant qu’à
formes d’attracteurs optimisent une fonction : l’échelle à laquelle ils répondent. Il existe ainsi
commander un lieu (point), circuler (ligne), une infinité de combinaisons possibles, dont
produire (surface). Ces trois fonctions sont seulement quelques exemples sont présentés
indispensables au fonctionnement de toute ci-dessous ( Tableau 3.8). L’interaction entre les
société. Cependant, leur dosage est plus ou différentes échelles d’intervention qui perturbent
moins équilibré en fonction des circonstances. ou accentuent les tendances des dynamiques
Ainsi, dans une région où la circulation est diffi- locales du peuplement sont les éléments clés
cile, l’appropriation d’une route peut être une de la modélisation. Il est donc indispensable de
stratégie plus intéressante que celle de la terre, décrypter chaque niveau afin de formuler des
dans une région où l’espace cultivable manque, logiques compréhensibles et modélisables.
l’appropriation des terres arables est l’élément
Encadré 3.3
Les trois modèles de peuplement dans les définitions légales au Rwanda
La plupart des systèmes politiques s’appuient sur • « umudugu : vieil établissement traditionnel,
des découpages traditionnels. En raison de leur lien c’est-à-dire la colline ; habitat dispersé. Il est très
étroit avec l’agriculture, ces derniers tiennent compte rare au Rwanda mais existe dans les régions les
des configurations naturelles de l’environnement, plus escarpées ou dans l’est du pays ;
de ses ressources et de ses contraintes. Ils sont • plan urbain planifié. C’est cette forme d’occupa-
basés sur une interaction entre l’homme, l’histoire et tion qui permet de définir la catégorie « urbaine »
la nature. Ainsi, la linéarité du peuplement rural au politique des localités au Rwanda ;
Rwanda illustre qu’entre « nature » et « société », la • akajari : habitat spontané ou squatter. L’État
notion d’attracteur permet de modéliser et de prévoir rwandais distingue cette catégorie, qui échappe
l’évolution de l’urbanisation. Le vocabulaire de l’admi- à la forme traditionnelle bien organisée de l’umu-
nistration rwandaise prévoit bien les catégories de dugu »
lieux (RPHC4, 2012) :
Image 3.15
Surimposition d’un axe routier dans une zone de peuplement épars : la « C20 » dans l’agglomération de
Kisii (Kenya)
Note : Cette image montre une partie de l’agglomération de Kisii, l’une des plus vastes et des moins denses d’Afrique. Le tracé rectiligne d’une grande
route asphaltée s’est surimposé à un lacis d’étroits chemins ruraux préexistants. La nouvelle route introduit une révolution dans la mobilité régionale. Il
s’agit d’un élément linéaire attractif pour un grand nombre d’activités comme le commerce, la restauration et les services (pneus, mécanique, etc.). Elle
risque d’introduire un bouleversement dans les dynamiques du peuplement. Contrairement au cas de la « colline » du Rwanda ou du parcellaire irrigué de
Balasfûrâ (Égypte), l’élément linéaire est introduit tardivement dans un habitat fondamentalement épars.
Source : GoogleEarth, (consulté juin 2017), y = -0.57, x = 34.47. Alt. 1 230 m
Carte 3.9
Kuyera town
Un cas d’ « étoilement » urbain : Shashemene (Éthiopie)
Kerara Felicha
Turre Wetera El
Meja Dema
Shashemene town
Awasho Dangu
Bulchana Deneba
Adola Burqa
Alecha Harebabo
Mudeta
Shere Horera
0 2 4
km
Frontières administratives
Agglomération urbaine de Shashemene town Agglomération urbaine (zone bâtie)
Image 3.16
Combinaison de peuplement de linéaire et de peuplement et groupé, Balasfura, (Égypte)
Note : Dans cet exemple, l’urbanisation émerge directement d’un interdit d’établissement qui frappe les terres agricoles par une loi de 1966. À cette
époque, ces dernières étaient rares : seulement 5 % de la superficie du pays était cultivable grâce à l’irrigation. Les constructions sont donc rejetées sur
les digues des canaux et les talus des bords de route.
Source : GoogleEarth, 4/9/2017, x = 26.529, y = 31.765, Alt. 6 140 m
linéaire optimise l’accès au centre. Ce modèle préserver les terres agricoles, tandis que l’adap-
de croissance spatiale classique est considéré tation à cet interdit est une réponse d’échelle
comme l’archétype même de l’étalement urbain. locale.
Il est relativement facile à prédire et à modéliser. Cet exemple appelle deux remarques : l’une
concerne le rôle de l’échelle spatiale dans la
Linéarisation marginale : une urbanisation modélisation, l’autre l’irréversibilité de l’urba-
par défaut nisation. Ce processus est relativement facile
Cette forme mixte de peuplement est fréquente à modéliser, mais seulement en théorie car
chaque fois qu’un interdit de construction frappe certains effets ne sont pas prédictibles. En effet,
la terre dans l’intérêt public. Il s’agit des parcs en Égypte, la loi nationale de 1966 interdisant la
nationaux ou des espaces naturels mis en défens construction sur les terres agricoles est plus ou
(Chapitre 4), ou également des terres agricoles moins respectée à l’échelle locale, pour des motifs
comme en Égypte (Image 3.16). La croissance de corruption et de clientélisme politique. Ces
démographique combinée à la rareté des terres perturbations peuvent être prévisibles à l’échelle
constructibles entraîne la densification extrême individuelle, mais ils deviennent aléatoires, donc
du bâti dans une combinaison de formes imprévisibles, à toute autre échelle. De plus,
groupées et linéaires. L’interdit d’établissement la destruction des constructions informelles
n’est pas « naturel » mais politique. Il engendre ne résout pas le problème contre lequel la loi
des formes plutôt rectangulaires ou carrées en entend lutter, c’est-à-dire de la disparition de
raison de la géométrie des parcelles, adaptées terres agricoles très fertiles. Trop longtemps
à celle des canaux d’irrigation. Il s’agit d’un privés d’eau, les sols limoneux perdent en effet
autre exemple d’interaction d’échelle : l’interdit irrémédiablement leurs qualités agronomiques.
politique est institué à l’échelle nationale afin de Contrairement aux exemples des agglomérations
Tableau 3.8
Combinaison d'attracteurs spatiaux et distribution du peuplement
Distributon du peup
Attracteur Situation géographique Exemples Modèle
Ligne
Marginale Conakry (Guinée) : habitat groupé dans
(avec contrainte géographique) un angle, linéarisé vers l’intérieur
Ligne
Contrainte de la ligne qui encadre une Al-Bilîna (Egypte) : Habitat linéaire rejeté
Surface surface fortement contrainte car appropriée en bord de parcelle agricole
Surface
Aduel (Sud Soudan)
Contrainte du peuplement:
être le plus loin possible
du plus proche voisin
Point
Sud du scheme d’al-Rahâd (Soudan)
Notes
1 Le terme « logique » de peuplement employé est plus général que « système », « structure » ou « complexe »,
mais peut inclure partiellement ces notions.
2 Le mot anglais scheme désigne des projets de mise en valeur agricoles entrepris à l’échelle de vastes régions.
3 L’axe Homa Bay Rongo Road a été asphalté en 2015, dans le cadre de la mise aux normes de l’aéroport de
Homa Bay. Il s’agit donc d’un axe lourd, d’intérêt national.
Distributon du peuplement : Modèle et réalité Distribution du peuplement aux échelles locales et régionales
Modèle Image satelitaire Tissu infra-urbain Distribution régionale Kuyera town
Kerara Felicha
Turre Wetera El
Meja Dema
tat étoilé,
Shashemene town
Awasho Dangu
Bulchana Deneba
tuel
Adola Burqa
Alecha Harebabo
Mudeta
Shere Horera
0 2 4
km
Administrative boundaries
Shashemene town agglomeration (built-up area) Agglomeration (built-up area)
oupé dans
ieur
éaire rejeté
Soudan)
Références
Chatel, C. (2012), « Dynamiques de peuplement et transformations institutionnelles. Une mesure de l’urbanisation
en Europe de 1800 à 2010 », https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00765004.
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https://forobs.jrc.ec.europa.eu/products/glc2000/glc2000.php.
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Petermanns Geographischen Mitteilungen, Justus Perthes, Gotha, 1855, pp.3-40.
Rohlfs G. (1868), “Reisen durch Nord-Afrika vom Mitteländischen Meere bis zum Busen von Guinea 1865-1867”,
Ergänzhungsheft n° 25 zu Petermanns Geographischen Mitteilungen.
Nouvelles dynamiques
urbaines africaines
Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines
Carte 4.1 être plus élevée dans les pays de faible super-
Les metropoles nationales, 2015 ficie avec une faible population et/ou de faibles
niveaux d’urbanisation. Le Soudan du Sud repré-
sente une exception avec la part la plus basse de
population métropolitaine en Afrique (11 %). Le
pays ayant acquis son indépendance seulement
en 2008 et la situation politique restant fragile,
ceci ne permet pas encore à Juba d’acquérir une
position dominante dans le système urbain.
Dans les pays avec des larges populations
urbaines et des réseaux urbains plus développés,
le poids relatif des métropoles a tendance à
baisser. Ceci s’observe par exemple en Algérie,
au Maroc, en Égypte et au Nigéria. De même,
les pays avec de grandes populations urbaines
peuvent avoir plus d’une métropole. En Afrique
du Sud, en plus de l’immense conurbation
minière et industrielle de Johannesbourg, les
villes portuaires de Durban et du Cap sont des
22 millions 1 million moins de métropoles importantes. Au Nigéria, Onitsha et
100 000
Kano sont les deux autres métropoles en plus
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 de la capitale Lagos. Elles correspondent à trois
aires de peuplement historiques yoruba, ibo et
haoussa et jouent un rôle dominant dans la struc-
La plupart des métropoles actuelles sont ture politique du pays.
d’anciennes capitales de l’époque coloniale. Leur Deux remarques caractérisent ces processus de
démographie augmente réellement après les métropolisation :
indépendances. Le processus de métropolisation • Leur caractère systématique en Afrique : un
avec un territoire politique délimité autour de la seul pays fait exception, le Soudan du Sud.
cité mère conjugué à une croissance démogra- • L’ampleur du déséquilibre entre les agglo-
phique forte, se traduisent par leur croissance mérations métropolitaines nationales et
spectaculaire. Aujourd’hui, la taille des plus les agglomérations secondaires les plus
grandes villes peut apparaître comme exces- peuplées, dont certaines sont cependant clés
sive, non en taille absolue, mais plutôt au regard dans leur pays, telles Bouaké (Côte d’Ivoire),
d’un système urbain national (macrocéphalie), Touba (Sénégal), Lubumbashi (République
de la seconde plus grande ville (primatie) ou démocratique du Congo - RDC), Kitwe
d’un territoire politique. Ainsi, dans des pays (Zambie), Lubango (Angola)... Dans les
aux populations totales faibles (Cabo Verde, pays monocéphales, le record est atteint au
Sao Tomé-et-Principe, Guinée équatoriale ou Libéria, avec Monrovia 21 fois plus grande
Namibie), les métropoles comptent moins d’1 que Buchanan. Neuf autres systèmes urbains
million d’habitants ; cependant leur hiérarchie nationaux affichent une primatie supérieure
au sein du système urbain est élevée. à 10. Dans les pays bicéphales, le record est
Africapolis identifie 67 métropoles natio- atteint en RDC, avec Pointe-Noire, deuxième
nales, comptabilisant un tiers de la population métropole du pays, par rapport à Dolisie.
urbaine totale (183 millions) (Carte 4.1). En Dans les pays tricéphales, il n’y a aucune
moyenne, elles comptent pour environ 51 % exception.
de la population urbaine de leur pays. Dans 10
pays, cette part excède 66 % et plus de 80 % au Les systèmes urbains polycéphales
Cabo Verde, Sao Tomé-et-Principe, Eswatini et L’importance des facteurs historiques, politiques
Djibouti. La concentration métropolitaine tend à et géographiques sur la structure et la hiérarchie
des systèmes urbains nationaux est particuliè- « parties » du système urbain, et non pas une
rement visible dans les pays à primatie urbaine partie, la métropole avec le tout (« la population
polycéphale. L’existence de plus d’une agglomé- urbaine »). En Afrique, la primatie métropoli-
ration urbaine caractérisée par son ampleur et taine continue ainsi d’augmenter dans la plupart
son importance peut être attribuée à des carac- des pays. En Côte d’Ivoire, alors que la part de
téristiques de nature politique. Au Cameroun et la population d’Abidjan passe de 57 % à 41 %
au Congo, les secondes agglomérations sont des entre 1960 et 2015, l’indice de primatie augmente
villes portuaires (Douala et Pointe-Noire), tandis de 3.8 à 9. Ce fossé s’explique par le moindre
que les capitales sont situées à l’intérieur du pays. dynamisme de la croissance de la population de
Au Zimbabwe, Bulawayo est une ville minière la deuxième agglomération Bouaké, par rapport
importante. Au Cabo Verde et en Guinée équato- à Abidjan.
riale, la géographie particulière – archipel et La taille disproportionnée de nombreuses
continent / île – favorise l’émergence de plusieurs métropoles africaines questionne l’importance
villes de primatie 1 (Chapitre 2). des indicateurs urbains. Qu’est-ce que le niveau
À long terme, cependant, la primatie urbaine d’urbanisation national permet d’appréhender
des plus grandes villes tend à croître vers une dans un pays où plus de 50 % de la population
structure monocéphale, confirmant l’impor- urbaine vit dans une seule agglomération ? Ainsi,
tance de la localisation du pouvoir politique. Au la République centrafricaine ne comporte qu’une
Burkina Faso, Bobo Dioulasso, située à l’extrémité trentaine d’agglomérations d’une moyenne de
d’une ligne de chemin de fer reliant le territoire 30 000 habitants en-deçà de la capitale Bangui
à un port, était un peu plus grande que Ouaga- (1 million d’habitants), pour un pays plus grand
dougou. Après l’indépendance, la hiérarchie que la France. Dans plus de 30 pays africains,
change et la primatie de la capitale nationale, une seule agglomération inclut plus d’un tiers
Ouagadougou, l’emporte avec une primatie de de la population urbaine totale, et plus des
3.4 en 2015. Des tendances similaires se dégagent deux tiers, dans cinq pays. Des indicateurs tels
en Guinée équatoriale, Bata dépassant Malabo ; que la taille moyenne des agglomérations, la
au Zimbabwe, Harare dépassant Bulawayo ; au densité moyenne et le niveau d’urbanisation se
Cabo Verde, Praia l’emportant sur Mindelo. Dans trouvent dans de nombreux cas biaisés à l’échelle
certains cas, des décisions politiques réduisent nationale en raison de la métropole. La taille
la concurrence potentielle avec la plus grande moyenne continentale des agglomérations est
agglomération. Ainsi, en Côte d’Ivoire, Bouaké de 75 000 habitants – en incluant la métropole
est de loin la deuxième ville du pays depuis les principale – contre 50 000 habitants en excluant
années 60. Pourtant, lorsque la capitale politique la métropole principale.
est déplacée à l’intérieur du pays pour accroître La forte primatie des métropoles trouve dans
sa proximité avec l’ensemble du territoire, certains cas son équivalent dans les inégalités
Yamoussoukro est choisie et non Bouaké. Depuis sociales de pouvoirs, de statuts et en matière de
lors, la primatie d’Abidjan continue de grandir. santé. La forte densité démographique se traduit
Au Sénégal, le seconde agglomération, Touba, par de fortes concentrations en termes écono-
centre religieux des frères mourides, n’a pas de miques, politiques et sociétaux. Dans les pays les
statut urbain officiel. moins urbanisés et les moins peuplés, la concen-
tration des services, infrastructures et pouvoirs
Des indicateurs biaisés politiques peut atteindre 100 %. Cette domina-
La croissance d’un système urbain s’accompagne tion est particulièrement prononcée dans les pays
d’une diminution relative du poids de la popula- monocéphales. Le Produit intérieur brut (PIB)
tion métropolitaine dans la population urbaine moyen par habitant de Kinshasa (PNUD, 2017)
totale. Cette diminution ne se reflète cependant se situe 50 % au-dessus de la moyenne nationale.
pas sur l’évolution de la primatie métropolitaine Avec 30 % de la population nationale, Monrovia
puisque l’indice de primatie met en rapport la génère 80 % du PIB du Libéria (Backiny-Yetna et
population de deux agglomérations (par exemple, al, 2012). Au Mali, le PIB moyen par habitant de
la première et la seconde villes), donc de deux Bamako s’élève à 1 550 dollars US pour un PIB/
hab. de 490 USD à l’échelle nationale ; Bamako de « petites villes », alors qu’elles se classent les
génère 40 % du PIB, avec seulement 12 % de la 2 % les plus hauts de la distribution dans la base
population totale (Banque mondiale, 2015). Au de données Africapolis. La distinction entre
Sénégal, Dakar concentre 60 % du PIB et 83 % agglomérations « métropolitaines » et « intermé-
des entreprises enregistrées dans le pays.1 Des diaires » et leur documentation est cruciale pour
pays avec des systèmes urbains nationaux plus les stratégies et politiques urbaines et pour la
équilibrés peuvent également présenter des mise en œuvre d’un aménagement du territoire
niveaux de concentration élevés. En Afrique du adapté.
Sud, le PIB/hab.de la région du Gauteng – qui
inclut Johannesbourg – se situe 50 % au-dessus Une nouvelle échelle de l’urbanisation
de la moyenne nationale et contribue à 33 % du africaine, les régions métropolisées
PIB du pays. 2 Au Nigéria, Lagos a un PIB/hab.
80 % au-dessus de la moyenne nationale, et Lorsque l’urbanisation se concentre dans
supérieur de 50 % au Sud du Nigéria (en incluant certaines régions, de nouvelles logiques de
Onitsha). 3 peuplement se développent telles les régions
métropolisées. Émergent au sein d’une région
Métropoles et agglomérations entière, non seulement de grandes aggloméra-
intermédiaires tions, mais aussi des agglomérations petites et
En 2015, les agglomérations entre 300 000 et moyennes. À l’échelle de ces régions, l’impres-
1 million d’habitants représentent seulement sion qui domine est celle d’un étalement urbain.
13% de la population urbaine totale. Cependant, à des échelles plus locales (par
La dominance des métropoles nationales exemple, celle des provinces ou des districts,
combinée à la multiplication des petites villes ou de zones-frontières), la régionalisation des
conduit à la relative faiblesse des villes inter- dynamiques urbaines fait apparaître de nouvelles
médiaires, visible au niveau de la hiérarchie du formes de concentration qui peuvent être dotées
système urbain. La stabilité de la croissance d’une densité humaine moindre mais d’une
des métropoles contraste avec l’évolution plus forte intégration économique et sociale. Ces
irrégulière de la population des agglomérations transformations et nouvelles formes urbaines
intermédiaires. Sur le long terme, et même sur se manifestent par le développement rapide des
une durée aussi courte que la période post-in- aires en cours de métropolisation et le décro-
dépendance, la trajectoire de la croissance chage du reste du territoire.
démographique des agglomérations métropo-
litaines se caractérise par sa persistance et sa Émergence et dynamiques
relative régularité. Cependant, la population Tout comme pour les « aggloméra-
combinée des agglomérations intermédiaires tions urbaines », il n’existe pas de définition
croît plus vite que celle des métropoles natio- statistique harmonisée des régions « métro-
nales. Ceci est dû au fait que leur nombre croît polisées » au niveau international. En Afrique,
plus vite : les quatre cinquièmes des agglomé- cette notion n’apparaît officiellement qu’en
rations identifiées en 2015 correspondent à des Afrique du Sud avec les municipalités métro-
lieux encore inhabités en 1960 ou des villages. politaines, qui sont avant tout des entités
L’une des conséquences de ces dévelop- politiques. Les aires ou régions métropolisées
pements est que la principale discontinuité sont des zones qui dépassent les limites des
du peuplement africain actuel est non entre agglomérations mères, englobant à la fois des
« urbain » et « rural », mais bien entre métro- campagnes densément peuplées, des villages et
poles et agglomérations urbaines intermédiaires. des agglomérations secondaires qui présentent
L’immense majorité des études sur l’urbanisa- un degré élevé d’intégration économique et
tion mettent en avant les grandes villes, dont sociale. Le territoire concerné est défini par
les chiffres de population sont les plus – voire l’intensité des flux polarisés par le centre d’une
les seuls – accessibles. Les agglomérations de grande ville. Cette intégration se mesure à partir
500 000 habitants sont alors considérées comme des statistiques de flux, notamment les navettes
Densité
par un grand centre urbain, mais des zones où
Agglomération isolée
éclosent de nouvelles petites agglomérations.4
Cités dortoirs (autour de capitales telle Lomé),
relais commerciaux se greffant aux flux entre
l’agglomération métropolitaine et l’hinterland
Distance au centre
national (telle Diamniadio à 30 km de Dakar),
leur émergence s’opère en lien avec une grande
agglomération proche, ou une position intermé-
diaire entre deux grands centres. qui correspond approximativement à la « région
L’émergence de régions métropolisées introduit métropolisée » de Ouagadougou. Elle s’étend
deux changements majeurs dans l’urbanisation : sur 2 800 km 2 et compte 2.5 millions d’habitants.
• Un processus de lissage des densités. La La couronne péri-urbaine rajoute donc environ
densité moyenne y est plus faible, particu- 200 000 habitants, incluant 3 agglomérations de
lièrement pour les zones à mi-distance du plus de 30 000 habitants, mais surtout 2 400 km 2
centre de la région métropolisée (entre les supplémentaires, ce qui a pour effet de diviser
différents relais urbains) (Graphique 4.1). Ce la densité par 6 par rapport à celle l’aggloméra-
modèle illustre le brouillage de la frontière tion. Les zones périurbaines représentent ainsi
entre « urbain » et « rural » (Chapitre 3) à une 8 % de la population mais 86 % de la superficie
échelle régionale entre la région métropo- de la « région » dont la densité moyenne tombe à
lisée et le reste du territoire. 900 habitants/km 2.
• De nouvelles centralités secondaires Cette densité – autour de 1 000 habitants km 2
émergent à l’intérieur de la région. À partir – représente le seuil limite inférieur de
d’une certaine dimension, une aggloméra- nombreuses définitions statistiques ou politiques
tion ne peut plus fonctionner autour d’un de la région métropolisée dans le monde. Elle
centre unique, au risque de s’engorger. Des est comparable à celle de l’Ile-de-France, à la
relais apparaissent en périphérie, voire sur Comunidad de Madrid (Espagne), à Durban
les franges des agglomérations (edge cities) Metropolis (Afrique du Sud), à la région métro-
plus accessibles. politaine de Montréal (Canada), ou de Monterrey
Le passage de l’agglomération à la région métro- Metropolitana (Mexique). En dehors des sphères
polisée se traduit par une redistribution des des régions métropolisées, qui regroupent la
densités à l’échelle régionale. L’inclusion des zone d’influence directe d’une métropole, les
zones périurbaines accroît la population d’une densités chutent brutalement. Les densités plus
métropole, mais elle a surtout pour effet de faibles se traduisent par un étalement spatial
démultiplier sa superficie. Les densités extrêmes beaucoup plus vaste, lequel influence la mobilité
sont moins élevées et les gradients de densité ont et les besoins en termes de politiques d’urba-
une pente moins forte. Les périphéries sont très nisme (transport, infrastructures, etc.).
denses en dehors de l’agglomération. Ainsi, la
population de l’agglomération de Ouagadougou Des déséquilibres territoriaux
est estimée à 2.3 millions d’habitants pour une Les régions métropolisées représentent une
superficie de 400 km 2 en 2015. Elle s’inscrit nouvelle échelle spatiale de l’urbanisation. Le
dans la région Centre, qui est à la fois la moins développement de régions où dominent les
étendue et la plus peuplée du Burkina Faso, et mobilités et les échanges s’oppose à des territoires
Carte 4.2
Densité et croissance demographique par localité, Bénin, 2015
Malanville Malanville
Natitingou Natitingou
Djougou Djougou
Parakou Parakou
Abomey Abomey
Porto-Novo Porto-Novo
Cotonou Cotonou
0 50 100 0 50 100
km km
encore plus vastes qui décrochent. Cette nouvelle se développe entre ces deux pôles littoraux
tendance soulève la question de l’inégalité de et Abomey, ancienne capitale avant l’époque
distribution des richesses à l’échelle de pays coloniale, située à une centaine de kilomètres
entiers. Au Bénin, la primauté de la capitale dans l’intérieur. Cette « région » occupe 10 %
économique, Cotonou, sur la capitale politique, du territoire national et regroupe la moitié de la
Porto-Novo, est faible. Ces deux agglomérations population du pays. Elle accapare l’essentiel de la
sont situées à 25 kilomètres de centre à centre. croissance démographique et la moitié des agglo-
Quelques centaines de mètres non urbanisés mérations intermédiaires du pays y sont situées.
les séparent. Une véritable région métropolisée Les deux tiers des habitants vivent déjà dans une
Carte 4.3
Région métropolisée du Sénégal, 2015
Dakar Touba
Mbour
Kaolack
GAMBIE
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard
agglomération de plus de 10 000 habitants, soit territoire (Carte 4.3). En 1960, la proportion est
plus du double du niveau d’urbanisation du reste inverse, avec 55 % de la population dans le reste
du pays. La distance moyenne entre les agglomé- du pays. En 2015, un tiers des agglomérations
rations s’élève à 7 kilomètres (Carte 4.2). urbaines du Sénégal s’y trouve, dont les cinq
Des tendances similaires s’observent au plus peuplées du pays. Le niveau d’urbanisation
Sénégal, où les agglomérations de Dakar- s’élève à 73 %, contre 22 % dans le reste du terri-
Mbour-Touba-Kaolack accaparent l’essentiel de toire (Carte 4.3).
la croissance urbaine. Les neuf départements La concentration de l’urbanisation est encore
concernés (Bambey, Diourbel, M’Backé, M’Bour, plus spectaculaire en Gambie, où la capitale, de
Thiès, Fatick, Tivaouane, Guinguinéo et Kaolack) 33 000 habitants, est un hyper-centre isolé sur
rassemblent 7 millions d’habitants sur 17 100 km 2 une presqu’île rattachée au continent par une
en 2015, soit 55 % de la population sur 9 % du route surélevée de 8 kilomètres de long (Carte 4.4).
Carte 4.4
La « metropolisation » de la Gambie, 2015
SÉNÉGAL
Essau
Banjul
Serrekunda
GAMBIE
Gunjur
SÉNÉGAL
Frontière
Agglomération urbaine (plus de 300 000 habitants) Agglomération urbaine (moins de 300 000 habitants)
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard
Carte 4.5
Le Greater Ibadan Lagos Accra Urban Corridor
Oyo
Loburo
Ikorodu
Lagos
B
E
N
IN
Porto Novo
T
O
G
O
Cotonou
Tsévié
Lomé
Accra
0 50 100
km
Frontière Agglomération urbaine (plus de 300 000) Agglomération urbaine (moins de 300 000)
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données); Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard 2017
métropoles n’engendrent aucune région métro- connectées à l’économie globale. Les flux finan-
polisée. Les périphéries de N’Djaména, Niamey, ciers, commerciaux et humains s’étendent aux
Nouakchott, Kinshasa, Bangui et Lusaka sont grandes métropoles d’Europe, d’Amérique du
ainsi entourées de zones de très faible densité. Nord, d’Asie via les ports et les aéroports. De
Même si l’influence de l’agglomération métropo- même, émergent également de véritables régions
litaine sur sa périphérie n’est jamais totalement métropolisées transnationales. Ainsi, les régions
nulle, aucune agglomération satellite, aucun métropolisées du sud du Ghana, du Bénin, du
corridor de développement n’est encore apparu. Togo et du Nigéria, se juxtaposent et forment
L’augmentation continue du nombre d’agglo- « The GILA Urban Corridor » (ONU Habitat,
mérations urbaines dans un pays ne signifie 2008) (Carte 4.5).
donc pas que l’urbanisation se diffuse de Leur formation s’observe également dans
manière homogène à l’échelle nationale. Elle les hautes terres de la région des Grands lacs,
peut au contraire révéler une concentration dans entre le Rwanda et l’est de la RDC (Kivu), et
certaines régions au détriment d’autres parties entre l’Ouganda et l’ouest du Kenya. Certains
du territoire. Seule l’approche spatiale permet binômes de villes transfrontalières telles que
d’informer ces dynamiques car elle désagrège Kinshasa-Brazzaville, N’Djaména-Kousséri,
les indicateurs à plusieurs échelles. Ces exemples Bangui-Zongo ou Bujumbura-Uvira, peuvent
illustrent à nouveau le besoin d’intégrer les diffé- également être considérés comme des régions
rentes strates de territoires. métropolisées transnationales. Les aggloméra-
tions de Nairobi et de Johannesbourg s’étendent
Des régions métropolisées transnationales et sont entourées d’autres agglomérations
Le développement de régions métropolisées conduisant à des formations d’aires métropo-
illustre un changement d’échelle des échanges. litaines. Elles participent de l’intégration des
Les métropoles de l’Afrique sont de plus en plus territoires et à l’échelle des régions à renforcerles
flux commerciaux et de personnes entre les pays l’économie spatiale tels que les conurbations et
appelant à un renforcement de la fluidité de circu- les desakota.
lation et d’une meilleure application des traités.
Facteurs d’émergence
L’apparition de « méga-agglomérations » Les grandes agglomérations spontanées se
spontanées trouvent dans quatre régions de l’Afrique
subsaharienne :
Dès 1991, l’approche morphologique proposée • les hautes terres autour des Grands lacs au
par e-Geopolis souligne l’existence de méga-ag- Burundi, à l’ouest du Kenya, au Rwanda,
glomérations non encore reconnues – ainsi la dans le sud de l’Ouganda, et émargeant
conurbation entre Bruxelles, Anvers et Gand, sur une petite partie du nord-ouest de la
établissant une jonction avec Lille en France Tanzanie et de l’extrême nord-est de la RDC
(INSEE, 1991), confirmée depuis par la Direction (nouvelle province de l’Ituri) ;
générale Statistique de Belgique (STATBEL 5) ; de • les hautes terres d’Éthiopie ;
même, en 2001, e-Geopolis montre la fusion de • les hautes terres du Cameroun ;
plusieurs « urbanized areas » des États-Unis - • le sud-est du Nigéria, à l’amont du delta du
New York et Philadelphie ainsi que Washington fleuve Niger.
et Baltimore. En 2018, cette unité est forma- La situation de l’Égypte est différente et
lisée par United States Census Bureau (USCB) à ancienne, dans la mesure où, parmi les construc-
travers le concept de « combined metropolitan tions de la vallée du Nil, deux grands centres
areas ». urbains métropolitains denses se concentrent
La mise en évidence de méga-aggloméra- depuis longtemps : Le Caire et Alexandrie.
tions sur le continent africain est l’un des aspects Bien que chaque agglomération spontanée
les plus intéressants de ce travail. En Afrique connaisse une évolution particulière, de
subsaharienne, 15 agglomérations de plus de nombreux facteurs communs peuvent être
600 000 habitants sont identifiées (Tableau 4.1). dégagés :
La base de données Africapolis, en les
identifiant, informe les politiques sur les trans- Une densité rurale très élevée
formations en cours et leurs impacts. Pour
faciliter l’identification, un nom est proposé La densité moyenne des conurbations est de 1 300
par les auteurs pour chaque méga-aggloméra- habitants/km 2, tombant à 500 à Bomet (Kenya)
tion, souvent celui d’une petite agglomération, et culminant à 3 500 à Gisenyi (Rwanda). Trop
au sommet de la hiérarchie du découpage denses pour être considérées comme rurales,
administratif. À l’intérieur de ces vastes unités ces agglomérations spontanées restent en deçà
morphologiques, seuls quelques petits centres des seuils des agglomérations urbaines. Cette
urbains sont parfois identifiés officiellement. forte densité en milieu rural résulte d’excellentes
Ces 15 agglomérations urbaines d’Afrique conditions pour l’agriculture (pluviométrie ou
subsaharienne représentent 8 % de la popula- irrigation comme en Égypte). C’est pourquoi les
tion urbaine et 35.7 millions d’habitants, d’où foyers majeurs du peuplement se rencontrent sur
l’importance de la prise en compte du critère l’Afrique des hautes terres, au-dessus du delta
morphologique. En Afrique, l’évolution du du Niger dans le golfe de Guinée. Il s’agit égale-
peuplement est si rapide que tout indique que ment des régions où l’agriculture sédentaire est
leur processus d’émergence va s’intensifier. Les ancienne, et où la population s’est accumulée
méga-agglomérations partagent certaines carac- pendant des siècles, voire des millénaires. Cette
téristiques communes, ce qui permet de prévoir origine particulière des agglomérations entraîne
et d’anticiper leur développement. De plus, sur deux conséquences :
un plan plus théorique, ces objets morpholo- • Un peuplement linéaire ou épars dominant
giques nouveaux tant pour les chercheurs que Les rendements élevés autorisent le morcel-
les acteurs peuvent être confrontés à différents lement du parcellaire car la qualité agraire
modèles connus de la géographie urbaine et de compense la petite taille des exploitations.
Encadré 4.1
Régions métropolisées d’Afrique australe, outils politiques
Certaines régions métropolisées se sont construites municipalité. La carte montre que chaque agglo-
à partir d’aménagements politiques de l’espace. mération est une petite conurbation organisée en
Dans les pays d’Afrique australe, l’urbanisme hérite différents blocs. Le nouveau gouvernement d’Afrique
de l’idéologie ruraliste et d’une politique de ségréga- du Sud entreprend dès 1996 un vaste programme
tion raciale qui prévaut jusqu’au début des années de réforme de l’organisation territoriale du pays. Les
90. La « Cité jardin » dotée d’une agglomération bantoustans6 sont supprimés, la carte des divisions
peu dense et de petite dimension prime. Lorsque administratives refondue, les schémas d’urbanisme
la concentration humaine devient trop importante, repensés.
les plans d’urbanisme découpent les zones urbani- Johannesbourg-Prétoria (8.3 millions d’habitants)
sées en agglomérations distinctes, séparées par de se prolonge au nord par Soshanguve, qui dépasse
larges couloirs non constructibles. La non-conti- elle-même le million d’habitants. Duduza, Evaton,
nuité des agglomérations appuie les politiques de Vanderbijlpark, Vereeniging, Saulsville, Etwatwa,
ségrégation raciale, mais aussi socio-économiques. Madibeng « A » et « B » comptent de 100 000 à
Depuis la fin des régimes ségrégationnistes, certains 785 000 habitants. Une véritable région métropo-
couloirs se peuplent avec la construction de centres lisée s’est formée, rassemblant en 2015 plus de 13
commerciaux, d’aires de sport et de loisir. Certaines millions d’habitants dans une nébuleuse d’agglo-
agglomérations sont ainsi reconnectées entre elles. mérations. Cette organisation de l’espace influence
Ainsi, les taches urbaines présentent un plan singu- également l’urbanisme au Zimbabwe, au Malawi, en
lièrement morcelé. La condition morphologique de Zambie, en Tanzanie, au Kenya, au Botswana et en
continuité du bâti respecté par Africapolis (200 m) Namibie.
distingue plusieurs agglomérations dans une même
Tableau 4.1
Méga-agglomérations spontanées de plus de 600 000 habitants en Afrique subsaharienne, 2015
Carte 4.6
La nébuleuse d’agglomérations autour de Johannesbourg
Makapanstad
Jericho Motle
Thembisile
Soshanguve
Madibeng “B”
Moloto
Madibeng “A”
Brits Doornpoort
Pretoria North Ekangala
Pretoria (B)
Saulsville
Bronkhorstspruit
Etwata
Botleng
Johannesbourg
Kagiso Central
Carletonville Central
Finsbury
Lenasia
Duduza Central
Ennerdale
Vereeniging Central
Vanderbiljlpark Central
Sasolburg Central
Parys Central
Tumahole
0 15 30
km
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis, 2018 – Cartographie : François Moriconi-Ebrard
Image 4.1
La limite bornée du sud de l’agglomération de Kisii (Kenya)
Note : L’image montre un détail de la limite sud de l’agglomération spontanée. Cette limite est une longue droite presque rectiligne naturelle de 50
kilomètres. Elle est surimposée à un parcellaire agricole qui épouse les courbes de niveau afin de minimiser l’érosion dans cette région équatoriale
particulièrement arrosée. Cette discontinuité spatiale correspond en fait à la limite administrative entre deux provinces : au nord, celle de Nyanza, petite et
très dense ; au sud, celle de la Rift Valley. Bien que les provinces soient abolies par la réforme des échelons territoriaux de 2013, leur limite visible sur la
carte subsiste au même emplacement dans le nouveau découpage en counties : elle sépare le county de Kisii de celui de Narok.
Source : GoogleEarth, (consulté julliet 2017), y = -0.919, x = 34.900, alt = 4 700 m
Carte 4.7
Relief et densité démographique de l’Éthiopie
donc, non pas de savoir si cette région rurale leur unité fonctionnelle et statistique est souvent
deviendra urbaine, mais à quel moment elle va questionnée. En Afrique, la seule conurbation
le devenir. De la même façon, plusieurs régions industrielle est celle du Witwatersrand, où un
d’Afrique où le peuplement est encore épars, et ensemble de villes se sont développées corréla-
où les densités sont encore inférieures au seuil tivement à l’industrialisation : Johannesbourg,
critique d’agglomération, pourraient anticiper Germiston, Brakpan, Krugersdorp, Roodepoort,
une urbanisation prochaine. Bokspburg.
Avec une densité de l’ordre de D’un point de vue structurel et fonctionnel,
3 000 habitants/km 2, l’ensemble d’agglomé- trois formes génériques de conurbations sont
rations englobant Onistha (Nigéria) n’est plus présentes en Afrique :
identifié comme rural. Le taux d’accroissement • Le type 1 caractérise les conurbations sans
naturel prévoit le triplement de la population en véritable centre : ces dernières ne se sont pas
35 ans. Au rythme actuel, en 2050, l’aggloméra- développées à partir d’une grande ville, mais
tion abriterait plus de 25 millions d’habitants simultanément, synchroniquement à partir
dans son périmètre et sa densité atteindrait de tous les centres d’un bassin. L’exemple
9 000 habitants/km 2. De surcroît, les tendances le plus représentatif est celui de la Ruhr en
actuelles de l’étalement conduisent à la forma- Allemagne. Les agglomérations éthiopiennes
tion d’une seule agglomération qui s’étendrait de Sodo et Hawassa, au sein desquelles
dans l’ensemble du triangle Port Harcourt- n’émerge aucune centralité significative, sont
Uyo-Nsukka. Elle devrait atteindre quelque de ce type.
50 millions d’habitants en 2050. Elle surpasse- • Le type 2 distingue les conurbations qui
rait alors en taille les agglomérations de Lagos et associent une nébuleuse de petites villes
de Kano. Identifiées dans le cadre de ce rapport, industrielles ou tertiaires périphériques à
ces agglomérations ne sont pas prises en compte un centre plus important. Chaque petite
par les institutions politiques nationales ou ville conserve une forte identité locale, des
internationales, bien qu’elles se positionnent spécialisations pointues, des sièges sociaux
parmi les 10 plus peuplées du pays. Le territoire d’entreprises performantes, mais leur
des conurbations du sud-est nigérian est géré rayonnement politique régional, national
comme un ensemble d’unités rurales sans tenir voire international est réduit. Les capitaux
compte de l’augmentation de la densité et de la de la ville-centre ont corrélativement à son
transformation progressive de l’économie et des décollage, alimenté les villages et villes de la
sociétés. Cette évolution rend la « reconnais- région. L’archétype est Manchester, Birmin-
sance politique » des villes et des agglomérations gham, Naples, Milan. En Afrique, Aba
d’autant plus importante (Tableau 4.2). (Nigéria) appartient à cette catégorie.
• Le type 3 caractérise les conurbations qui
Méga-agglomérations et similarités avec associent deux « centres » d’importance
certaines formes urbaines comparable dotés d’une identité locale forte,
comme les twin cities de Leeds-Bradford,
Caractéristiques des conurbations Minneapolis-St-Paul (Minnesota), Dallas-
Fort Worth (Texas), Miami-Fort Lauderdale
Popularisé au début du XXe siècle, le mot « conur- (Floride). Les conurbations ou méga-agglomé-
bation » désigne des agglomérations industrielles rations telles Onitsha et Uyo correspondent
bâties pendant la révolution industrielle. Il s’agit à ce type.
d’une forme d’urbanisation de la « Rust Belt » En Europe et en Amérique du Nord, la « ville »
nord-américaine, des « Black Countries » anglais condense en son centre les sièges symboliques
et de l’Europe du Nord. Elles se caractérisent de la spiritualité, du pouvoir politique et finan-
par la faiblesse des services et par une polari- cier, ou encore de la culture. Faute de véritable
sation moindre de l’espace urbanisé avec de centralité et de fonction politique, les conurba-
nombreux petits centres. L’absence de structu- tions d’origine industrielle souffrent d’un déficit
ration économique, politique et sociale fait que d’urbanité (au sens de la sociologie anglo-saxonne
Tableau 4.2
Nigéria : une population urbaine du Sud-Est sous-estimée
Sud-est
Onitsha 2 867 8 531 000 1 109 000
Nnewi 770 000
Owerri 716 000
Uyo 997 2 271 000 1 114 000
Port Harcourt 368 1 845 000 2 343 000
Aba 754 1 687 000 944 000
Nsukka 699 1 430 000 n.d.
Enugu 178 905 000 681 000
Umuahia 96 393 000 580 000
Total 17 062 000 8 257 000 - 52%
Autres régions
Encadré 4.2
Sud-est Nigéria : d’une méga-agglomération à une mégalopole de 50 millions d’habitants en 2050
Le développement urbain du sud-est nigérian réunit toutes les particularités des méga-agglomérations
spontanées. Au confinement politique qui borne la région, s’ajoutent les discontinuités naturelles : les
mangroves du delta au sud et les bas-fonds inondables de la vallée du Niger à l’ouest, couverts de forêts
de palmistes (Oil River). À l’est, la région butte sur un massif escarpé couvert de forêt dense, plus ou moins
protégé, que le Nigéria partage avec le Cameroun, constituant un dispositif géopolitique de glacis analogue
aux cas du Kruger Park ou au Parc des Virunga. Cet ensemble réunit plusieurs conurbations très proches
les unes des autres (Cartes 4.8).
L’agglomération d’Onitsha réunit morphologique- Au nord de cette aire, Nsukka (1.43 million
ment quelques centres urbains historiques noyés d’habitants) se développe à plus de 450 mètres
dans une immense zone d’habitat épars suffisam- d’altitude sur le plateau. Elle est considérée comme
ment dense pour être agglomérée. Située à l’extrême l’un des centres principaux de la culture ibo, et
nord-ouest de l’agglomération, le centre est décrit abrite le siège de la première université nigériane.
dès les années 50-60 comme « le marché le plus L’agglomération compte quelques petits centres
actif de toute l’Afrique occidentale » (Laroche, 1962, secondaires : Enugu-Ezike, Obolo, Ibegwa.
op.cit.). Il est identifiable sur la carte par un habitat Le noyau central d’Onitsha est divisé en deux
urbain très dense. Un lacis anomique de chemins Local Government Areas (LGA), Onitsha South
bordés de constructions diverses le réunit à Awka, et Onitsha North. Cet ensemble ne compte que
capitale de l’État d’Anambra à l’est, et à Nnewi au 340 000 habitants en 2015. Il ne correspond pas à
sud, laquelle, de par sa situation géographique au l’ancienne municipality, qui comportait déjà 165 000
milieu de la conurbation, pourrait être considérée habitants en 1962 et 657 500 en 1991 et atteindrait
comme le centre de toute l’agglomération. Des au moins un million d’habitants en 2015 si elle n’avait
centres plus petits, comme Ihiala, Nkwerre et Orlu pas été démembrée. À l’intérieur de la conurbation,
sont également englobés. Nnewi rassemble autour de 200 000 habitants dans
À l’est du delta, l’agglomération d’Uyo se un noyau dense. Celui d’Akwa compte environ
déploie sur des terrasses alluviales à environ 300 000 habitants, Orlu, 150 000, et Nkwerre,
60 mètres au-dessus du niveau de la vallée 100 000. À l’extrême sud de la conurbation, Owerri
inondable de la Cross River. Les 2.3 millions d’hab- se distingue avec un toponyme qui subsiste dans
itants de l’agglomération sont majoritairement de 3 LGA (Municipal, North et West) et un noyau urbain
langue ibibio auxquels s’associent les Anang dans dense d’environ 550 000 habitants. Ces chiffres sont
les centres secondaires d’Ikot Ekpene et d’Abak. estimés à ce stade très approximativement sur la
Entre ces deux agglomérations, Aba, située au base de la présence de noyaux d’habitat compact,
sud du State d’Abia est à 95 % ibo. L’aggloméra- organisés par une voirie régulière de type urbain.
tion rassemble 1.7 million d’habitants et possède un
centre dense. Des zones industrielles et ateliers s’y
déploient produisant cosmétiques, textile, plastique,
ciment, produits pharmaceutiques, transformation
de l’huile de palme, bière... Le Ariaria International
Market d’Aba, surnommé « la Chine de l’Afrique »
traite des millions de transactions au niveau inter-
national dans la cordonnerie et l’habillement. Avec
7 000 boutiques, il est le plus gros marché d’Afrique
de l’Ouest, avec celui d’Onitsha.
Carte 4.8
Le confinement politique et naturel du Sud-Est nigérian
Nsukka
Enugu
Benin City
Asaba
Onitsha
Warri
Aba
Uyo
Galabar
Port Harcourt
Bonny 0 35 70
km
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard
commun. Ceci indique que le processus d’urba- d’un accroissement de la population locale. Enfin,
nisation ne s’est pas effectué suivant un mode de les méga-agglomérations ouest-africaines ne sont
diffusion centrifuge du centre vers la périphérie. pas nées d’un exode rural comme la plupart des
Pour ce qui est des différences : historiquement, conurbations observées à l’échelle de l’Europe ou
les conurbations souvent de nature industrielle de l’Amérique du Nord. Il s’agit plutôt de zones
se sont densifiées grâce à l’arrivée de populations d’émigration que d’immigration, dont la diaspora
extérieures, d’autres régions ou pays. En Afrique, a contribué au développement, comme à l’est du
la densification des méga-agglomérations procède Nigéria.
Tableau 4.3
Part des agglomérations littorales d’Afrique subsaharienne en fonction du seuil de population
Tableau 4.4
L’urbanisation des littoraux en Afrique
Population des
Agglomérations Part de agglomeration agglomérations Part de la population
Régions* littorales littorales/total littorales urbaine littorale/totale Littoral (km)
Centrale 15 2% 4 700 000 8% 1 998
Est 36 2% 11 600 000 10 % 8 386
Nord 178 10 % 40 000 000 28 % 8 201
Australe 100 10 % 24 100 000 29 % 8 440
Ouest 96 4% 40 700 000 25 % 6 065
Total Afrique 424 6% 121 100 000 21 % 33 090
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (based de données) ; Geopolis 2018
* Afrique du Nord : Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Tunisie
Afrique centrale : Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, République centrafricaine, RDC, Guinée équatoriale, Sao Tome-et-Principe
Afrique de l’Est : Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Rwanda, Ouganda, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tanzanie
Afrique australe : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Eswatini, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Zambie, Zimbabwe
Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Cote d’Ivoire, Cabo Verde, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie, Libéria, Mali, Niger, Nigéria,
Sénégal, Sierra Leone, Tchad, Togo
émergent dans quelques stations au sud le long une île de l’archipel de Bijagos, toujours hors du
de l’Atlantique Sud entre Kribi (Cameroun) et continent. Ce n’est qu’en 1941 que la capitale est
Namibe (Angola), sur l’Océan indien en Afrique transférée sur le continent à Bissau.
du Sud et à Mombasa (Kenya), sur les littoraux Le long des côtes, les sites naturels les plus
méditerranéens qui attirent les touristes natio- propices à l’installation d’un port profond, bien
naux et étrangers (Égypte, Tunisie). abrité et accessible sont relativement rares.
La seconde modalité se manifeste par des Ils sont rapidement convoités par les grandes
programmes de construction de logements puissances pour le développement d’une
neufs. Ce nouvel attrait pour le littoral signale économie d’exportation. Cette rareté a donné
un changement sociétal important. peu de villes mais à forte concentration urbaine.
La valeur de cette position venait cependant de
Émergence d’une Afrique urbaine richesses exploitables de l’intérieur. Ainsi, les
intérieure réseaux ont tourné le dos à l’océan, progressant
perpendiculairement au littoral. Cette logique
La présence de grandes agglomérations sur le spatiale persiste après l’indépendance, et les
littoral est un héritage de la période coloniale. Le mêmes agglomérations deviennent les têtes de
choix de la fondation des tout premiers sites est pont d’un commerce de plus en plus globalisé.
insulaire. Dakar prend son origine dans l’île de Les échanges avec l’extérieur sont de plus en plus
Gorée ; Conakry dans celle de Tombo ; Moçam- tournés vers les économies émergentes comme la
bique est fondée dans l’île de même nom à bonne Chine, la Thaïlande ou les pays du golfe persique.
distance de la côte. De même, Banjul, Monrovia, Les principaux foyers historiques du peuple-
Freetown et Le Cap sont difficilement accessibles ment de l’Afrique subsaharienne sont situés
depuis le continent. Lorsque ces sites initiaux se dans l’intérieur du continent, principalement
révèlent trop exigus, l’urbanisation se déploie sur les hautes terres longtemps dominées par
sur le continent. Elle procède alors perpendicu- un peuplement rural dense. Les grands couloirs
lairement à la côte, et non parallèlement, comme de circulation et d’échanges sont situés loin des
l’illustre la « continentalisation » de la Guinée- littoraux, mettant en contact ces grands foyers.
Bissau. Le territoire est administré d’abord de Les indicateurs montrent que le plus fort poten-
l’extérieur comme une dépendance des îles du tiel de croissance urbaine de l’Afrique se situe
Cabo Verde. Devenue une colonie autonome dans ces territoires intérieurs, ce qui influence
(1879), sa capitale est implantée à Bolama, sur la donne politique.
Encadré 4.3
Altitude, Afrique littorale et intérieure
L’opposition entre l’Afrique des littoraux et l’Afrique graphiques, un hiatus est visible entre les deux
de l’intérieur s’exprime sur le Graphique 4.2. Les groupes. Il signale un déficit relatif d’aggloméra-
agglomérations de chaque région y sont classées tions dans les altitudes intermédiaires. Ce hiatus
par ordre décroissant d’altitude. Chacune est repré- est particulièrement marqué en Afrique centrale,
sentée par une boule de taille proportionnelle à sa en Afrique de l’Est et en Afrique australe. Il est plus
population en 2015. Les agglomérations africaines atténué au Nigéria et surtout dans le reste de l’Afrique
se distribuent entre des altitudes de -43 mètres dans de l’Ouest, car les reliefs y sont moins marqués. Il
la dépression du Fayoum en Égypte et jusqu’à 3 372 apparaît également bien en Afrique du Nord, où il
mètres en Éthiopie. Cependant, tous les graphiques correspond également à une réalité politique : les
mettent en valeur deux attracteurs d’altitude : la populations du Rift, de l’Atlas marocain, de Kabylie
faible altitude des plaines côtières ; l’altitude élevée sont historiquement des régions rebelles au pouvoir
des foyers de peuplement des hautes terres. central qui siègent dans les grandes aggloméra-
L’attracteur « bas » correspond aux villes de tions « basses ». Il faut également tenir compte ici
fondation coloniale. Elles poursuivent aujourd’hui du fait que le pourtour méditerranéen n’appartient
leur trajectoire en bénéficiant d’un monde globalisé. pas à la zone intertropicale, de sorte que le climat
L’attracteur « haut » correspond aux régions des de montagne y est beaucoup plus rigoureux que
hautes terres qui s’urbanisent à grande vitesse. dans le reste de l’Afrique. De ce point de vue, les
L’information la plus remarquable de cette hautes terres d’Afrique du Nord appartiennent moins
représentation statistique est que, sur tous les au domaine climatique africain que méditerranéen.
Graphique 4.2
Population des agglomérations en fonction de l’altitude
Altitude
Afrique australe
2 000
Population
0
0 500 1 000 1 500 2 000 Rang
Altitude
Altitude
2 000 2 000
1 000 1 000
0 0
0 500 1 000 1 500 2 000 Rang 0 500 1 000 1 500 2 000 Rang
Altitude
Altitude
Afrique de l’Est Afrique centrale
2 000 2 000
1 000 1 000
0 0
0 500 1 000 1 500 2 000 Rang 0 500 1 000 1 500 2 000 Rang
La dynamique des grandes villes des terri- L’altitude influence les conditions de
toires dont la capitale est située dans l’intérieur développement des villes : santé, épidémiologie,
depuis avant l’indépendance illustre le rôle consommation d’énergie, approvisionnement,
fondamental des fonctions politiques. Ainsi, risques naturels, accessibilité. En zone inter-
au Cameroun, Yaoundé désormais supplante tropicale, elle tempère les chaleurs extrêmes
le port de Douala en termes de population. Au et donc la prolifération de certaines maladies
Congo, Brazzaville s’affirme face à Pointe-Noire. et de parasites qui ont longtemps décimé le
La Namibie ne compte que deux agglomérations bétail et les hommes. La contrepartie de cette
sur le littoral, la capitale prospérant loin dans situation est un isolement relatif, par rapport à
l’intérieur sur les plateaux. Enfin, les capitales des civilisations qui ne cessaient de s’étendre
de 17 pays enclavés affichent une croissance et de s’interconnecter entre elles par les voies
urbaine tout aussi rapide que celle des pays ayant maritimes. De toutes les zones d’Afrique, les
une façade littorale. hautes terres sont longtemps restées les plus
Ce changement des dynamiques entre rurales : avec l’augmentation continue de leur
intérieur et villes littorales avec un accroisse- population, c’est désormais celles où le potentiel
ment de plus en plus rapide des premières se de croissance urbaine est le plus fort.
mesure également en introduisant une troisième En dépit du renversement des circuits des
variable spatiale, l’altitude. En sus des variables échanges au profit des littoraux impulsés par
longitude et latitude, cette dimension de l’espace la colonisation puis la globalisation, les hautes
est rarement utilisée dans l’analyse spatiale. Elle terres continuent à concentrer les foyers majeurs
est introduite dans Africapolis par l’altitude du peuplement de l’Afrique subsaharienne. Ces
moyenne de chaque agglomération au regard du zones renferment les plus hauts potentiels de
niveau de la mer (Encadré 4.3). croissance urbaine.
L’Afrique est aussi le plus élevé de tous les Les équilibres politiques se trouvent
continents en termes d’altitude moyenne. En influencés par les développements urbains,
zone intertropicale, l’altitude a un impact consi- notamment dans les territoires intérieurs.
dérable sur le climat, donc sur les conditions de Certaines des agglomérations intermédiaires
l’agriculture, et sur le développement urbain. de l’intérieur, comme Kumasi au Ghana et Kano
L’altitude altère profondément les températures au Nigéria, Touba au Sénégal, Bouaké en Côte
et le régime des précipitations. Les zones d’alti- d’Ivoire se hissent au sommet des agglomérations
tude élevée sont mieux arrosées et l’évaporation secondaires, en concurrence avec la métropole
y est moins forte. Elles offrent des conditions nationale. Elles abritent de vigoureux foyers de
propices à des formes d’agriculture moins prati- contestation du régime politique qui siège dans la
cables dans les zones basses, plus sèches ou capitale sur le littoral. Dans une moindre mesure,
couvertes de forêt dense. au Togo, Kara, « ville du Président » et Abomey,
L’ENVIRONNEMENT ET L’URBAIN
Ces dernières décennies, la protection des activité touristique régulée et contrôlée. Cette
milieux naturels s’est développée ainsi que de posture apparaît dans les pays industrialisés avec
nouvelles politiques d’urbanisme corrélées. l’instauration de réserves et de parcs naturels,
Les premières réalisations de type cités jardins notamment au nord de l’Europe, dès les années
émergent au début du XXe siècle et influencent 30. Aux États-Unis, le Yellowstone National Park
l’urbanisme colonial, notamment en Afrique du est instauré dès 1872. Avec près de 9 000 km 2, il
Sud, en Rhodésie (Zimbabwe, Zambie, Malawi) est aussi étendu que la Gambie.
et au Kenya. Au XXIe siècle, l’idée de conserver La seconde approche considère que la
la nature en ville est part de nombreux projets présence humaine fait partie de la nature,
d’urbanisme dans les pays développés du nord. pourvu que ses activités soient respectueuses des
L’enjeu des pouvoirs publics est alors que équilibres environnementaux. Cependant, ces
les différentes échelles s’intègrent harmonieu- derniers sont remis en question lorsque la densité
sement, depuis l’unité de voisinage jusqu’à celle démographique atteint des valeurs critiques. En
de l’agglomération entière. Cette intégration Afrique, ces deux approches existaient bien avant
permet de responsabiliser le citoyen, de réduire la colonisation européenne. Pendant des millé-
une mobilité excessive dispendieuse en termes naires, hommes et faune sauvage cohabitent sans
de consommation d’énergie, de raccourcir les se détruire. Il existe également des cultures où
circuits d’approvisionnement, de promouvoir l’établissement humain dans certains espaces est
de nouvelles pratiques durables et économes en interdit, telle la forêt sacrée des pygmées Mbuti.
effluents. Tandis que dans les pays technologi- Héritant de la tradition juridique française,
quement les plus avancés, la ville abandonne certaines anciennes colonies envisagent les parcs
de son urbanité, dans les pays d’Afrique, les nationaux et régionaux davantage comme des
campagnes les plus denses abandonnent une conservatoires du milieu rural que comme un
part de leur ruralité. Dans les deux cas, cette sanctuaire interdit. Dans les anciennes colonies
évolution conduit à reconsidérer la frontière britanniques, de vastes réserves sont au contraire
urbain/rural. La ville africaine de demain est créées où la population résidente est nulle. Ces
part de ce nouveau cadre. territoires disposent d’un statut administratif
particulier, équivalent à la commune, au canton,
L’équilibre entre hommes et nature voire au département. Ces diverses stratégies de
protection évoluent ensuite au gré des change-
Au sein des territoires ruraux, l’introduction de ments de régime. Aujourd’hui elles convergent.
la pensée écologiste suit deux approches. D’un La première tente d’intégrer davantage de
côté, celle qui exclut des espaces naturels tout gestion participative avec la participation des
peuplement et activité humaine – hormis une populations locales. La seconde introduit des
Image 4.2
L’empreinte urbaine des agglomérations au bord du Mont Kenya
10 000 - 30 000 30 000 - 100 000 100 000 - 300 000 300 000 - 1 million 1 - 3 millions
Note : L’attraction exercée par les bords de la réserve est renforcée par la qualité agronomique des sols volcaniques et des conditions climatiques
favorables aux cultures (café, thé, cultures vivrières). Les pentes nord, plus sèches, sont moins prisées. La forme en « peau de zèbre » des tissus
agglomérés dénote une forte adéquation du peuplement avec les contraintes naturelles du relief des versants volcaniques, entaillées par de profondes
vallées délaissées par le bâti au profit des interfluves. Enfin, le contraste est très net entre le bord de la réserve situé à l’amont, où l’agglomération
s’interrompt brutalement le long de la limite du parc, et l’aval, où des filaments d’inégale longueur se dissolvent dans les confins ruraux au bas des pentes.
Ceci illustre notamment que la proximité immédiate de la réserve est la position spatiale la plus prisée.
Sources : Google Earth (consulté décembre 2018) ; OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; MNT : World Resources Institute
Cartographie : François Moriconi-Ebrard.
de population sur un espace restreint. Une fois d’adaptation déjà existantes deviennent un enjeu
encore, l’intégration du contexte et des interac- majeur pour les politiques de développement en
tions d’échelles en amont de la définition des Afrique. Un territoire peut s’urbaniser tout en
politiques urbaines est cruciale. ayant une densité modérée, avec le développe-
Du point de vue environnemental, les ment d’un modèle d’urbanisation et d’urbanité
interactions entre les milieux naturels illustrent plus adapté aux caractéristiques et diversités
une tendance mondiale de l’intégration des africaines et remplissant les objectifs de dévelop-
problématiques notamment climatiques avec pement durable et ceux des Conférences des
des manifestations diverses, fonction des parties (COP). De nombreux défis et opportunités
formes d’urbanisation déjà en place. Tandis que se posent avec des réponses locales qui, pour
les campagnes africaines s’urbanisent, les pays certaines, existent et doivent être valorisées.
de l’OCDE tentent de réintroduire la nature, la Le résultat des trois dernières décennies
micro-agriculture ainsi qu’une nouvelle socio- d’urbanisation africaine montre une extension
logie de proximité dans leurs villes. Trouver un spatiale considérable des agglomérations. Les
équilibre et concilier les préoccupations urbaines villes sont pour la plupart - sauf celles arabes
et durables en s’appuyant sur les stratégies - horizontales incitant à des déplacements
Image 4.3
Le massif du Kilimandjaro cerné par l’urbanisation
KENYA
TANZANIE
Masama
Mbomai
Moshi
Hai Mjini
Himo
Note : Au bas des pentes enneigées et sauvages du Kilimandjaro, le massif est entouré par des agglomérations urbaines totalisant un million d’habitants en
2015.
Le scénario du Kilimandjaro est analogue à celui du mont Kenya, avec une forte dissymétrie entre le sud et l’est et le nord-ouest, due aux inégales
conditions de la pluviométrie. En 2015, l’agglomération de Moshi rassemble 480 000 habitants dont la moitié vit dans la ville. Celle de Mbomai est en
revanche totalement spontanée et exceptionnelle, non reconnue comme « urbaine », ni même « semi-urbaine » par la définition statistique tanzanienne.
Elle compte pourtant 454 000 habitants. À la différence du Kenya, le massif protégé n’est pas érigé en unité administrative, mais au contraire partagé entre
les communautés périphériques. La forme laniérée des finages (traits gris) s’étend en éventail le long des pentes, depuis les crêtes jusqu’à la plaine. Les
agglomérations s’interrompent brutalement le long de la frontière du Kenya, qui limite également l’espace disponible.
La dissymétrie entre l’amont et l’aval, visible dans les deux exemples, trahit la valeur intrinsèque inégale des terres, et donc la hiérarchie des trajectoires
d’appropriation face à un attracteur de nature purement politique : la limite légale d’un parc.
Sources : Google Earth, (consulté décembre 2018) ; OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018
Cartographie : François Moriconi-Ebrard
quotidiens plus ou moins longs et soulevant des La ville est un système complexe qui ne se
problématiques d’engorgement, de transports, réduit donc pas à une seule dimension, qu’elle
d’aménagements intelligents, de pollution et de soit démographique, économique ou sociale
désagrégation sociale. L’urbanisation rapide, (Champaud, 1991). Plusieurs aspects doivent
notamment dans les pays en développement, être considérés simultanément et en cohérence,
pose de plus en plus des défis d’équilibre entre malgré la rapidité de la croissance urbaine.
populations et ressources, et entre foncier et Les villes dont celles africaines sont reconnues
utilisation efficace des sols. D’aucun questionne depuis la COP 21 et les accords de Paris comme
l’horizontalité des villes et leur durabilité et donc acteurs moteurs de la résilience au changement
les formes et la nature des étalements urbains. climatique. Cet élan de la part des populations,
Encadré 4.4
Environnement et géopolitique
Plusieurs parcs nationaux se partagent entre les territoires de la RDC (Parc national des Virunga) du Rwanda
et de l’Ouganda. Cet ensemble constitue l’une des dernières réserves de gorilles de montagnes de la planète
(Carte 4.10). Dans cette région, la densité humaine est très élevée. Le parc est, en 2015, quasiment entiè-
rement encerclé par des agglomérations, par ailleurs non reconnues comme urbaines selon les statistiques
officielles.
Carte 4.10
Le Parcs nationaux à la frontière entre RDC, Rwanda et Ouganda
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
OUGANDA
Parc National
des Gorilles de Mgahinga
RWANDA
0 5 10
km
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard
Carte 4.11
Urbanisation et zones en défens sud-africaines à
la frontière du Mozambique
MO
fortes implications géopolitiques, établissant une
ZAM
AFRIQUE DU SUD
distance de fait entre des pays ayant connu des
BIQ
Parc
épisodes de guerres et de tension. De même, le
UE
Kruger National Park et ses zones adjacentes forment
N
ation
un bloc de plus 20 000 km2 d’un seul tenant, vidé
de sa population résidente. Cet espace-tampon
al de
dont l’accès et la circulation sont contrôlés, se situe
Limp
entre les populations d’Afrique du Sud et du Mozam-
o
po bique, pays ravagé pendant des années par la guerre
civile. En instaurant des no man’s lands le long des
Phalaborwa frontières, la géographie des zones en défens pourrait
s’apparenter à la stratégie militaire du glacis.
Parc National Kruger
L’inoccupation d’un territoire implique une densi-
fication de la population humaine dans les zones
Manyeleti
périphériques. La proximité immédiate des bordures
des zones convoitées peut aussi faire l’affaire des
populations les plus riches, élites nationales ou
groupes internationaux. L’interdit spatial érigé au nom
de préoccupations publiques peut alors enclencher
Mbombela
des mécanismes de spéculations foncières.
Note : Les espaces protégés sont classés de I à VI suivant leur niveau de protection, qui va de l’interdit d’accès à différentes formes d’occupations
légales. Le parc du Kruger est entouré par des territoires de différentes catégories, incluant des réserves de chasse et des grandes propriétés pour
les touristes. Des agglomérations spontanées très extensives émergent plus loin, où la population vit de l’agriculture de subsistance et des transferts
de salaires d’un membre de la famille. La plupart de ces agglomérations sont nées à l’époque de l’Apartheid. Aujourd’hui, par l’effet de l’exode rural,
elles présentent une croissance démographique très faible, voire négative.
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard
Notes
1 Cité par Joan Clos, Habitat III, Quito, octobre 2016.
2 Produit intérieur brut: estimations annuelles 2002-10, estimations régionales 2002-10, troisième trimestre 2011
(PDF) (rapport). Statistics South Africa (29 novembre 2011. p. 31).
3 https://www.nigerianstat.gov.ng
4 Cette notion est employée officiellement seulement dans certains pays et sous des expressions différentes :
Metropolitan area aux États-Unis, Aire urbaine en France, Région métropolitaine au Brésil, etc. D’une manière
générale, ce concept renvoie à celui d’extended metropolis.
5 https://statbel.fgov.be/fr/open-data/agglomerations-200m
6 Les bantoustans étaient les régions créées durant la période d'apartheid en Afrique du Sud et au Sud-ouest
africain, réservées aux populations noires et qui jouissaient à des degrés divers d'une certaine autonomie.
Références
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Response to the Economic Crisis in Liberia, World Bank, Washington, DC, pp. 9-34.
Clos, J. (2016), Habitat III, Quito, octobre.
Champaud, J. (1991), « Les villes africaines et l’environnement », Colloque sur l’écologie urbaine, Mions, septembre,
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Desmarais, G. (2005), « Des prémisses de la théorie de la forme urbaine au parcours morphogénétique de
l’établissement humain », Cahiers de géographie du Québec, vol. 36, n° 98, pp. 251-273.
Geopolis (2018), E-geopolis (base de données), http://e-geopolis.org.
Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (1991), Économie et Statistiques, n°245, juillet-
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McGee, T.G. (1991), « The Emergence of Desakota Regions in Asia: Expanding a Hypothesis », The Extended
Metropolis: Settlement Transition Is Asia. University of Hawaii Press, Honolulu, pp. 3-25.
Nations Unies (2018), 2018 Revision of World Urbanization Prospects, Population Division of the UN Department of
Economic and Social Affairs (UN DESA).
OCDE/CSAO (2018), Africapolis (base de données), www.africapolis.org.
ONU HABITAT (2008), « Emerging Urban Corridor: the Ibadan-Lagos-Accra Urban Corridor ». The State of African
Cities, p. 93.
PNUD (2017), Rapport national sur le développement humain 2016: Croissance inclusive, développement durable
et défi de la décentralisation en République démocratique du Congo, Programme des Nations Unies pour le
développement, https://www.undp.org/content/dam/dem_rep_congo/docs/povred/UNDP-CD-RNDH%20
2016-%20final.pdf.
Potts, D. (2017), « Conflict and Collisions in Sub-Saharan African Urban. Definitions: Interpreting Recent
Urbanization Data From Kenya », World Development, vol. 97, Elsevier Ltd, pp. 67-78
Wirth, L. (1938), « Urbanism as a way of life », The American Journal of Sociology, vol. 44, n° 1, juillet, The University
of Chicago Press, pp. 1-24.
Annexe A
Le traitement
des images satellites
L’objectif de ces chaînes de traitement est adaptés ont été appliqués pour soustraire les
de remplacer la digitalisation manuelle des parties de certaines structures (routes, fleuves
agglomérations urbaines réalisée à partir de ou plages) qui peuvent occasionnellement être
l’application Google Earth. Pour y parvenir, il classifiées comme urbaines et contribuer de
a été décidé d’utiliser ces mêmes images satel- cette manière à surestimer la surface des zones
lites, qui représentent une source incomparable urbaines (« 2e » et « 3e »). Après le remplissage
d’images à très haute résolution sur l’ensemble des trous au sein de l’image binaire résultante,
du continent africain. le produit final est croisé avec une base vecto-
Le processus d’extraction des taches urbaines rielle de points représentant les centroïdes des
est subdivisé en deux chaînes de traitement agglomérations de plus de 10 000 habitants, de
principales : la première chaîne correspond aux sorte à ne garder que les agglomérations ciblées
écosystèmes secs (environ <800 mm de précipi- par Africapolis. Les contours des aggloméra-
tations par an) et la deuxième aux écosystèmes tions sont montrés dans les Images A.1 (« f »)
humides (environ >800 mm de précipitations) et A.2 (« f »). Une vérification visuelle finale est
(Graphique A.1) effectuée afin de corriger d’éventuelles erreurs
de classification.
Initialement, les images (la taille typique des La chaîne d’extraction d’agglomérations
images est de 4 800 x 3 500 pixels) sont conver- urbaines dans les zones humides adopte les
ties en images en teintes de gris (« 2a » et « 3a », démarches déjà énoncées tout en proposant
Graphique A.1). Ces images sont géoréférencées quelques ajouts supplémentaires significatifs. Le
automatiquement à partir des coordonnées contraste spectral accentué entre la zone urbaine
centrales de l’image et des coordonnées du coin et son environnement permet, dans les zones
inférieur droit. Le rehaussement du contraste humides, d’utiliser un « seuillage haut » à partir
entre les zones urbaines et leur environnement de l’image en teintes de gris (« b », Image A.2).
est fait à l’aide d’une méthode proposée par L’intersection entre les deux masques binaires
Mering et al. (2010), qui est basée sur l’utilisa- (« d », Image A.2) permet d’extraire les zones
tion de filtres morphologiques. La combinaison urbaines en appliquant une sélection basée aussi
des filtres « White Top Hat » et « Black Top Hat » bien sur la texture que sur la réponse spectrale
(« 2b ») permet d’extraire la texture « poivre des surfaces (les niveaux de gris). Certaines
et sel » qui résulte de « l’enchevêtrement des zones mal classées du lac de Lagos ont pu ainsi
bâtiments aux teintes claires, de routes et être éliminées (en jaune « d », Image A.2). Pour
d’ombres portées des bâtiments aux teintes terminer, un algorithme spécifique est utilisé,
sombres » (Baro et al., 2014). Par la suite, une permettant de rassembler tous les pixels apparte-
fermeture par reconstruction sert à lisser l’image nant à une agglomération et étant situés à moins
(« 2c »). Enfin, l’application d’un « seuillage haut » de 200 mètres les uns des autres. L’application de
rend possible l’isolation des zones urbaines cet algorithme est particulièrement importante
dans un masque binaire (« 2d » et « 3c »). Dans dans les zones humides où les populations sont
un deuxième temps, des traitements d’images souvent très dispersées (« f », Image A.2).
Graphique A.1
Chaînes de traitement d’images simplifiées
[ 2a ]
Image en teintes de gris White Top Hat Black Top Hat
[ 3a ]
Image en teintes de gris
[ 2b ] Femerture par reconstruction
White Top Hat Black Top Hat
[ 3b ] [ 3c ]
Seuillage haut Seuillage haut
[ 2c ]
Fermerture par reconstruction
[ 3d ]
Intersection
[ 2d ]
Seuillage haut
[ 3e ]
Soustraction de pixels
mal classés
[ 2e ]
Soustration de pixels
mal classés Rassemblement à
partir de la règle de
200 mètres
[ 2f ]
Polygones en sortie Polygones en sortie
Image A.1
Chaîne de traitement d’image (zone sèche), Zinder (Niger)
a) b)
c) d)
e) f) Échelle : 2 km
Notes : a) Image originale en teintes de gris ; b) Application des filtres morphologiques sur l’image en teintes de gris. Somme de White Top Hat et Black
Top Hat ; c) Fermeture par reconstruction de l’image « 2b » ; d) Image binaire obtenue par « seuillage haut » de l’image « c » ; e) Extraction de pixels
susceptibles d’être mal classés ; f) Contour final de l’agglomération après l’intersection avec la base de points Geopolis.
Source : Google Earth (consulté février 2018)
Image A.2
Chaîne de traitement d’image (zone humide), Lagos (Nigéria)
a) b)
c) d)
e) f) Échelle : 12 km
Notes : a) Image originale en teintes de gris ; b) Masque binaire obtenu à partir d’un « seuillage haut » de l’image en teintes de gris ; c) Masque binaire
obtenu à partir d’un « seuillage haut » du résultat du traitement avec filtres morphologiques ; d) Intersection de « b » et « c ». En rouge l’intersection, en
jaune le masque présent seulement en « b », en bleu le masque présent seulement en « c » ; e) Extraction de pixels susceptibles d’être mal classés ; f)
Contour final de l’agglomération après l’intersection avec la base de points Geopolis.
Source : Google Earth (consulté février 2018)
Image A.3
Agglomérations des zones humides
a) Échelle : 20 km b) Échelle : 20 km
c) Échelle : 10 km d) Échelle : 20 km
e) Échelle : 4 km f) Échelle : 4 km
Notes : a) Accra (Ghana), b) Kumassi (Ghana), c) Abidjan (Côte d’Ivoire), d) Onitsha (Nigéria),z e) Ziguinchor (Sénégal), f) Kenema (Sierra Leone).
Source : Google Earth (consulté février 2018)
Image A.4
Agglomérations des zones sèches (avec exceptions)
a) Échelle : 10 km b) Échelle : 7 km
c) Échelle : 2 km d) Échelle : 3 km
Notes : a) N’Djaména (Tchad), b) Banjul (Gambie), c) Tambawel (Nigéria), d) Kaolack (Sénégal), e) cluster de petites agglomérations urbaines (Togo), f)
cluster de petites agglomérations urbaines (Nigéria).
Source : Google Earth (consulté février 2018)
Annexe B
Population urbaine
(en millions)
Afrique du Sud 4.1 5.7 7.8 10.8 14.4 24.6 33.7 38.2
Algérie 1.5 3.1 4.6 6.9 10.9 16.2 22.4 26.3
Angola 0.2 0.4 0.8 1.5 2.6 4.2 10.3 15.9
Bénin 0.1 0.2 0.4 0.8 1.3 2.1 3.6 5.3
Botswana - - 0.1 0.2 0.5 0.8 1.1 1.2
Burkina Faso 0.1 0.1 0.3 0.7 1.4 2.4 4.1 5.3
Burundi 0.02 0.05 0.1 0.2 0.3 0.5 1.7 2.1
Cabo Verde 0.01 0.03 0.1 0.1 0.1 0.2 0.2 0.3
Cameroun 0.3 0.5 1.1 2.2 4.1 5.9 10.3 12.8
Côte d’Ivoire 0.1 0.4 1.2 2.8 4.7 7.0 9.8 11.5
Djibouti 0.03 0.04 0.1 0.2 0.3 0.4 0.6 0.7
Égypte 8.5 12.2 17.2 24.6 36.0 47.0 68.5 84.4
Érythrée 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.7 0.9 1.2
Éthiopie 0.5 0.8 1.3 2.4 3.9 6.5 11.1 24.3
Gabon 0.01 0.05 0.1 0.2 0.5 0.9 1.2 1.5
Gambie 0.03 0.03 0.1 0.1 0.3 0.6 0.9 1.1
Ghana 0.4 1.1 2.1 2.9 4.3 7.1 11.9 14.2
Guinée 0.1 0.2 0.6 1.0 1.7 2.4 3.3 4.0
Guinée équatoriale 0.05 0.1 0.1 0.1 0.1 0.4 0.5 0.8
Guinée-Bissau 0.05 0.05 0.1 0.1 0.2 0.3 0.5 0.5
Kenya 0.3 0.5 1.0 2.1 3.6 10.6 19.1 28.6
Lesotho - 0.01 0.1 0.1 0.2 0.3 0.5 0.5
Libéria 0.02 0.1 0.2 0.5 0.8 1.0 1.5 1.7
Libye 0.6 0.8 1.1 2.0 3.3 4.2 4.4 4.4
Malawi 0.02 0.1 0.2 0.5 0.9 1.4 3.8 4.8
Mali 0.2 0.2 0.4 1.0 1.5 2.5 4.6 5.7
Maroc 2.2 3.2 4.8 7.3 10.5 14.1 17.2 19.9
Mauritanie - - 0.1 0.3 0.7 0.8 1.3 1.7
Mozambique 0.1 0.3 0.6 1.6 2.4 4.8 7.1 8.9
Namibie 0.02 0.05 0.1 0.2 0.3 0.5 0.8 0.9
Niger 0.02 0.1 0.2 0.5 1.1 1.7 2.5 3.3
Nigéria 3.6 8.4 12.4 20.2 32.7 48.6 76.9 99.0
Ouganda 0.04 0.2 0.5 0.7 1.9 3.4 5.7 14.0
République du Congo 0.1 0.2 0.4 0.8 1.3 1.9 2.8 3.1
République centrafricaine 0.04 0.1 0.4 0.7 0.9 1.3 1.6 1.8
République démocratique du Congo 0.6 1.7 4.7 6.9 10.6 13.9 21.7 32.0
Royaume d’Eswatini - - 0.04 0.1 0.1 0.3 0.3 0.3
(en millions)
Annexe C
Population urbaine -
taux de croissance
Annexe D
Niveau d'urbanisation
(en %)
Afrique du Sud 33 36 42 45 40 56 66 70
Algérie 17 30 34 39 44 53 62 66
Angola 5 8 14 21 26 30 50 63
Bénin 5 10 14 24 28 33 40 49
Botswana 0 0 13 28 41 49 53 56
Burkina Faso 3 3 6 11 16 21 25 29
Burundi 1 2 3 4 6 7 20 21
Cabo Verde 7 16 19 26 31 39 47 50
Cameroun 9 11 19 27 35 39 52 55
Côte d’Ivoire 4 12 23 34 41 46 48 49
Djibouti 64 48 61 75 80 82 71 72
Égypte 41 47 53 61 69 74 86 93
Érythrée 12 12 18 16 15 26 23 24
Éthiopie 3 4 5 7 8 11 14 27
Gabon 3 10 20 30 55 65 73 81
Gambie 9 8 15 23 33 45 52 56
Ghana 8 17 25 26 30 39 49 52
Guinée 4 8 14 18 25 32 34 37
Guinée équatoriale 25 24 25 25 26 43 47 62
Guinée-Bissau 9 9 24 16 22 28 31 34
Kenya 5 7 9 13 16 36 49 65
Lesotho 0 2 5 6 10 17 25 26
Libéria 3 7 16 28 32 35 40 42
Libye 65 60 56 64 76 80 81 81
Malawi 1 3 5 7 10 14 27 30
Mali 4 5 9 15 18 23 30 32
Maroc 25 27 32 38 45 51 55 60
Mauritanie 0 0 7 21 36 33 41 42
Mozambique 2 4 7 14 18 29 33 34
Namibie 5 9 14 17 23 29 37 40
Niger 1 3 5 9 14 16 16 17
Nigéria 11 21 25 31 38 42 48 53
Ouganda 1 3 5 6 11 15 18 39
République du Congo 15 20 33 50 60 65 66 66
République centrafricaine 3 12 22 29 33 35 36 37
République démocratique du Congo 5 12 22 25 29 29 35 45
Royaume d’Eswatini 0 0 9 11 13 26 28 28
(en %)
Rwanda 1 0 2 4 5 26 59 56
Sao Tomé-et-Principe 17 7 42 52 58 60 74 80
Sénégal 21 24 28 35 42 42 47 51
Sierra Leone 5 7 14 20 24 28 32 37
Somalie 8 12 14 17 17 23 32 36
Soudan 8 11 15 21 30 36 40 43
Soudan du Sud 1 2 6 7 8 12 25 27
Tanzanie 2 4 7 11 16 31 36 38
Tchad 3 5 9 13 17 19 26 29
Togo 5 11 20 25 25 28 43 50
Tunisie 23 25 29 37 45 51 57 63
Zambie 13 19 27 36 33 34 40 44
Zimbabwe 18 26 17 21 26 30 33 34
Afrique 13 18 22 27 32 38 44 50
Afrique australe 17 21 24 28 29 39 48 52
Afrique centrale 6 11 19 23 29 30 38 46
Afrique de l’Ouest 9 15 20 26 32 37 42 46
Afrique du Nord 32 38 42 49 57 63 72 79
Afrique de l'Est 4 6 8 11 14 23 30 39
Annexe E
Population métropolitaine
Afrique du Sud 47 52 50 48 43 36 40 39
Algérie 28 24 25 22 17 13 14 15
Angola 64 59 61 50 47 46 50 44
Bénin 63 62 68 60 58 55 44 40
Botswana 0 0 18 21 26 26 28 30
Burkina Faso 88 79 74 64 60 56 57 56
Burundi 100 100 100 94 79 77 52 51
Cabo Verde 100 100 100 100 100 94 87 85
Cameroun 48 40 42 43 44 49 44 51
Côte d’Ivoire 60 57 47 45 45 43 42 41
Djibouti 100 100 100 100 100 100 82 81
Égypte 30 32 33 31 28 25 24 27
Érythrée 73 71 69 75 73 54 47 39
Éthiopie 72 70 59 54 46 37 27 15
Gabon 100 60 70 64 69 61 58 59
Gambie 0 0 44 59 69 69 71 70
Ghana 60 46 46 45 43 47 52 51
Guinée 41 55 63 61 54 51 53 54
Guinée équatoriale 100 100 100 100 100 93 81 75
Guinée-Bissau 100 100 100 89 87 91 82 78
Kenya 88 84 81 58 51 35 28 25
Lesotho 0 100 74 80 70 71 56 58
Libéria 100 100 71 61 69 73 67 69
Libye 27 35 39 37 36 38 44 44
Malawi 100 87 85 83 74 69 44 45
Mali 54 59 45 51 51 50 48 49
Maroc 39 40 40 37 33 29 29 30
Mauritanie 0 0 50 60 59 67 64 62
Mozambique 69 70 75 44 44 31 27 29
Namibie 100 75 58 54 44 43 41 40
Niger 0 40 47 50 39 39 36 33
Nigéria 8 10 12 14 15 16 16 14
Ouganda 75 66 65 65 46 43 42 27
République du Congo 100 93 89 84 81 81 79 78
République centrafricaine 100 60 53 51 49 50 51 52
République démocratique du Congo 45 37 33 37 41 39 33 29
Royaume d’Eswatini 0 0 100 100 100 79 81 82
Rwanda 53 0 82 62 66 39 35 35
Sao Tomé-et-Principe 0 0 63 73 76 77 68 84
Sénégal 52 53 53 49 52 49 45 43
Sierra Leone 81 71 60 58 58 57 56 56
Somalie 51 52 61 65 63 61 57 53
Soudan 43 39 39 40 40 39 35 32
Soudan du Sud 100 38 25 23 22 20 13 11
Tanzanie 40 38 40 37 32 22 26 29
Tchad 42 48 47 49 47 44 33 31
Togo 81 77 48 56 55 53 54 51
Tunisie 53 47 42 34 33 33 31 35
Zambie 13 19 23 26 31 34 37 35
Zimbabwe 75 75 72 65 61 61 53 61
Afrique 42 41 40 40 38 36 33 30
Afrique australe 61 61 58 52 49 43 41 41
Afrique centrale 57 45 41 45 47 48 42 40
Afrique de l’Ouest 26 26 30 32 32 32 31 28
Afrique du Nord 38 38 39 36 32 30 28 26
Afrique de l'Est 62 59 56 52 47 40 34 27
Annexe F
Nombre d'agglomérations
urbaines
Érythrée 4 5 6 6 7 17 19 26
Éthiopie 6 11 24 45 78 147 288 510
Gabon 1 2 2 5 7 12 13 14
Gambie 1 1 2 3 4 9 11 11
Ghana 10 35 50 63 86 138 181 209
Guinée 5 7 11 17 22 32 37 42
Guinée équatoriale 2 2 2 2 2 3 8 13
Guinée-Bissau 1 1 1 2 3 3 4 6
Kenya 4 6 11 26 48 145 235 126
Lesotho 0 1 2 2 4 6 10 10
Libéria 1 1 5 13 14 14 21 21
Libye 23 25 25 31 42 52 46 46
Malawi 1 3 4 6 13 19 65 77
Mali 5 5 14 18 24 42 79 94
Maroc 33 49 60 80 104 153 153 167
Mauritanie 0 0 4 7 15 12 20 23
Mozambique 2 3 6 15 15 65 138 167
Namibie 1 2 4 7 12 16 18 17
Niger 2 4 6 10 24 37 48 68
Nigéria 99 210 310 478 583 784 1 013 1 236
Ouganda 2 5 10 12 37 69 101 125
République du Congo 2 3 4 9 15 16 24 27
République centrafricaine 1 5 11 16 22 28 31 31
République démocra- 14 36 91 109 130 145 351 553
tique du Congo
Royaume d’Eswatini 0 0 2 2 2 5 5 5
Rwanda 2 0 2 6 8 52 40 41
Sao Tomé-et-Principe 1 1 2 2 2 2 4 3
Sénégal 8 9 13 27 36 45 59 74
Sierra Leone 2 4 6 9 12 16 20 25
Somalie 4 11 13 16 22 28 42 49
Soudan 13 21 35 50 77 142 221 301
Soudan du Sud 1 3 7 11 14 18 68 90
Tanzanie 7 13 19 43 77 233 264 249
Tchad 3 4 9 14 25 36 70 93
Togo 2 4 15 17 19 25 45 53
Tunisie 17 24 31 50 68 73 82 89
Zambie 8 9 14 23 25 41 58 80
Zimbabwe 8 13 14 18 26 30 50 53
Afrique 618 1 010 1 519 2 310 3 271 5 102 6 759 7 617
Afrique australe 73 104 148 228 302 695 898 1 032
Afrique centrale 34 69 145 193 252 288 594 821
Afrique de l’Ouest 150 307 492 770 1 002 1 410 1 949 2 402
Afrique du Nord 317 454 606 903 1 346 1 857 2 034 1 838
Afrique de l'Est 44 76 128 216 369 852 1 284 1 524
Annexe G
Distance moyenne
entre agglomérations
(en km)
Afrique du Sud 61 61 48 30 29 16 18 17
Algérie 62 40 38 32 28 20 19 19
Angola 189 179 199 127 93 73 57 54
Bénin 45 62 43 40 34 25 17 14
Botswana 0 0 79 92 59 53 59 55
Burkina Faso 141 143 135 58 52 38 34 28
Burundi 0 0 0 64 44 48 17 15
Cabo Verde 0 270 270 270 270 216 118 118
Cameroun 76 54 51 50 44 42 28 27
Côte d’Ivoire 211 98 57 43 40 30 23 20
Djibouti 0 0 0 0 0 0 35 31
Égypte 8 7 8 6 5 5 5 5
Érythrée 50 144 126 126 119 56 52 43
Éthiopie 174 123 72 56 47 37 24 19
Gabon 0 150 150 127 138 88 79 95
Gambie 0 0 11 14 38 28 11 11
Ghana 72 41 28 29 25 19 19 17
Guinée 113 97 85 72 68 53 50 45
Guinée équatoriale 240 240 240 240 240 193 53 34
Guinée-Bissau 0 0 0 110 69 69 50 40
Kenya 217 136 65 75 58 28 15 28
Lesotho 0 0 64 64 24 40 22 23
Libéria 0 0 33 68 59 56 32 35
Libye 47 45 66 82 57 56 62 63
Malawi 0 114 156 119 82 60 23 22
Mali 267 267 135 108 93 65 39 39
Maroc 51 42 43 45 37 28 29 29
Mauritanie 0 0 356 237 155 183 122 107
Mozambique 719 804 257 134 122 55 26 29
Namibie 0 266 342 162 162 133 126 134
Niger 418 259 227 132 78 57 44 38
Nigéria 39 29 24 20 19 16 14 14
Ouganda 70 115 84 79 36 28 22 21
République du Congo 376 168 116 100 86 83 67 65
(en km)
Annexe H
Statistiques
Soshanguve
Johannesbourg
Durban
Afrique du Sud
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Cape Town [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
3 662
63% 34% 47% 45% 26% 19% 31% 39%
[1 930] [1 600] [3 190] [4 320] [3 340] [4 110] [10 420] [15 060]
22%
[4 750]
23%
[2 990] 12% 3%
29% 6%
[1 280] [4 020] [1 290]
[1 370] 8% 10%
Durban 5%
15% [630] [2 820] [3 720]
3 089 18% 12%
[1 470] [2 580]
[1 240] 15% 16%
18% [5 200]
13% [2 280] [6 030]
10% 11% 22%
[530] 8% [1 250] [4 840]
[290]
[550] 18% 17%
14% 19% [6 080] [6 570]
16% 14% 16%
[420] [750] [1 510] [2 470]
Johannesbourg [940] 19%
Soshanguve 15%
8 314 13% 12% [4 160] 14%
1 293 11% 11% 9% [5 110] [5 520]
[400] [840] [1 070] [1 230]
[520]
Port Elizabeth 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
788
Alger
Annaba
Blida
Oran Constantine
Algérie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Alger [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
3 886
29% 36% 26% 23% 18% 15% 15% 15%
[430] [1 090] [1 150] [1 520] [1 810] [2 180] [3 060] [3 890]
4%
8% 14% [1 040]
13% 11% [1 240] [2 820]
8% [890] [1 070] 11%
[380] [2 920]
17% 20% 27%
10% 15% [5 520]
[250] 11% [2 050] 28%
[310] [650] [750] [4 200]
32% 27%
27% 31% 31% [7 170]
29% 24%
[490] [800]
[1 280] [2 050] [3 180] 24%
[3 580] 23%
704 [4 980]
Constantine
Oran [6 130]
1 043
27%
22% 25%
[820] 22% 21% 20% 21%
[3 640] 20%
[340] [970] [1 430] [2 090] [4 420] [5 150]
Blida Annaba
1950 1950 1950 437 396 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Cabinda
Luanda
Benguela
Huambo
Lubango
gérie Angola
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Luanda [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
6 979
64% 59% 61% 50% 47% 46% 50% 44%
[140] [220] [480] [770] [1 220] [1 920] [5 140] [6 980]
30% 26%
29%
24% [1 240] 16% [4 070]
[740]
[370] [1 600]
23%
29%
36% [90] 16% 15%
[230]
[80] [1 660] [2 440]
16% 15% 16%
Lubango Huambo Benguela Cabinda [240] 11%
18% [390] [690] 10%
616 600 569 569 10% [1 180] [1 590]
[70] 10% 9% 8%
[80] [160] 7% 5%
[240] [340] [700] [780]
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Djougou
Parakou
Abomey
ngola Bénin
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Porto Novo [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
572
100% 62% 45% 43% 41% 56% 31% 29%
[80] [140] [160] [340] [530] [1 160] [1 090] [1 530]
11%
14%
[570]
[470] 10%
19% 12% [520]
20%
26% [400] 22%
Parakou [160] [240]
[90] 6% 18% [1 160]
260 [130]
14% [610]
38% 11% 10%
Cotonou [90] [180] [200]
[90]
1 527 29% 28% 28%
26% 26% 26%
Abomey [100] [1 490]
[210] [330] [570] [900]
257
Maun
Francistown
Molepolole Mochudi
Gaborone
Bénin Botswana
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Francistown [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
107
100% 21% 26% 26% 29% 30%
[80] [50] [130] [210] [300] [370]
79%
26% 48% 9%
[190] 50%
Molepolole [130] [380] [110]
[530]
71 41%
[510]
48%
[250]
Maun
Gaborone
67
365
26%
[210] 21% 20%
Mochudi [220] [250]
58
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Ouahigouya
Ouagadougou
Koudougou
Bobo−Dioulasso
Banfora
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Ouagadougou [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 299
88% 79% 46% 64% 42% 56% 44% 44%
[70] [110] [150] [460] [580] [1 360] [1 810] [2 300]
13% 13%
19%
39% [560] [670]
[260]
[120] 2%
17% 17% [110]
10% [410] 17%
10% [700]
[140] [910]
Bobo−Dioulasso Koudougou [70] 30%
25% 27% 26%
111 [410] 24%
668 21% [660] [1 070]
Ouahigouya [180] [1 280]
12% [30] 15%
94 [10]
[50]
Banfora
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
99
Ngozi
Ruyange
Muramwiya
Bujumbura Gitega
Faso Burundi
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bujumbura [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 044
100% 100% 100% 94% 84% 77% 52% 51%
[20] [50] [100] [170] [240] [360] [880] [1 040]
32% 34%
[550] [700]
7%
Muramwiya Gitega Ngozi
[30]
95 88 67
6% 16% 16% 15% 15%
[10] [50] [70] [260] [310]
Ruyange
57 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Mindelo
Espargos
Assomada
Praia
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Praia Mindelo
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
149 75
100% 100% 100% 100% 100% 94% 57% 56%
[10] [30] [50] [80] [110] [160] [130] [150]
30% 28%
[70] [70]
Espargos Assomada
22 18 15%
13%
[40]
6% [30]
[10]
Garoua
Bamenda
Bafoussam
Douala Yaoundé
rundi Cameroun
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Douala [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 568
36% 26% 43% 44% 45% 50% 54% 31%
[110] [130] [480] [970] [1 800] [2 900] [5 590] [3 900]
14%
[70] 29%
12%
[40] [3 710]
59%
22% 29% 3%
[290] 14%
52% [250] [300]
[640] [550] 18% 5%
Yaoundé [170] 11%
[1 030] [630]
Bamenda 23% [1 180] 9%
3 902 Bafoussam 312
35% [910] [1 090]
19% 15%
1 146 [390] 27% [1 100] [1 570] 14%
[590] [1 730]
18% 16%
[710] 14% 13%
[800] [1 630]
[1 700]
Garoua
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
317
Korhogo
Bouake
Daloa Yamoussoukro
Abidjan
Côte d’Ivoire
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Abidjan
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
4 717
60% 57% 48% 46% 46% 44% 42% 41%
[60] [220] [580] [1 250] [2 110] [3 040] [4 110] [4 720]
5% 5%
8% 7% [550]
10% 8% [470] [520]
[360]
[120] [220] 12% 13%
12%
8% [870] [1 180] [1 540]
13% 21% [370]
15% 17%
40% [550] 21% 18%
[60] [150] 17%
[40] [960] [1 800] [1 900]
29% [1 190]
28%
25% 24%
[110] [350] 22%
[670] 20%
Bouake Daloa Korhogo
18% [2 170] [2 780]
[1 420]
552 261 250 [820]
Yamoussoukro
220
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Tadjourah
Arta Djibouti
Ali Sabieh
Dikhil
lique Djibouti
ongo
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
956 000 689 000 72 %
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Djibouti Ali Sabieh
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
555 44
100% 100% 100% 100% 100% 100% 82% 81%
[30] [40] [90] [180] [270] [390] [490] [560]
Dikhil
29
7% 6%
[40] [40]
Tadjourah 13%
11%
17 [90]
[70]
Arta
15 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Alexandria al−Mansura
Cairo
Asyut
Suhag
bouti Égypte
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Cairo [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
22 996
53% 39% 41% 39% 36% 43% 38% 40%
[3 590] [3 880] [5 710] [7 660] [9 930] [15 150] [20 640] [33 330]
10%
15% 12% 13% 6%
14% [2 910] 9%
[1 500] [2 400] [6 940] [5 450]
[1 910] [3 030]
5% 8% 9%
8% [2 300]
[980] 8% 10% [7 860]
[560] 13% 14% 8% [2 820] [5 380]
[1 270] [2 010] 10% [2 280] 13%
16% [2 040] 15% 18% [11 280]
13% [5 310] [9 530]
Alexandria Suhag [1 070] 12% 11% [3 660]
10% [2 180] 17%
6 585 3 750 [1 170] [1 470] [14 680]
23% 24% 26%
21% 21% 22% 21%
[1 590] [6 700] [9 030] 14%
[2 050] [2 920] [4 270] [11 590]
al−Mansura [11 780]
2 019
Asyut
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
1 346
Keren
Tessenei Asmara
Barentu Dekemehari
Érythrée
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Asmara Tessenei [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
465 98
73% 71% 69% 75% 73% 54% 47% 39%
[100] [120] [220] [290] [360] [410] [440] [470]
Keren
72
36%
30% [420]
17% [280]
Barentu [130]
63 31% 15%
27% 29% 28%
[100] 25% [80] 25%
[40] [50] [210] 23%
[100] [300]
12% [220]
Dekemehari
[60]
57
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Harare Urban
Addis Ababa City
Adama Town
Sodo Town
Hawassa City
thrée Éthiopie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Sodo Town
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 262
72% 70% 60% 55% 48% 39% 29% 15%
[360] [540] [800] [1 290] [1 800] [2 410] [2 990] [3 710]
18%
[4 440]
6%
20% [1 460]
[2 030] 13%
6% 17% [3 120]
Hawassa City
[240] [1 080]
2 183 21%
22% 22%
24% 17% [2 170]
23% [840] [5 300]
[560] [1 050]
[300]
17% 31%
18% 27% 26%
[130] 24% [3 180]
[90] 21% [1 690] [6 250]
14% 17% [890]
10% [110] [500]
Addis Ababa City [230]
Harare Urban [50]
3 711 465
Adama Town 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
340
Oyem
Libreville
Port−Gentil
Moanda Franceville
iopie Gabon
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Libreville Port−Gentil [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
886 144
100% 100% 100% 64% 69% 62% 59% 59%
[10] [50] [100] [150] [350] [530] [730] [890]
Franceville
112
19% 17%
27%
20% [230] [260]
Oyem 14% [230]
[50] 19%
[70] 14%
68 [280]
17% [170]
16% 11%
8% 6%
Moanda [40] [90] [100] [90]
[100]
63
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Banjul
Gambie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Brikama [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
Serrekunda
113
789 100% 100% 56% 89% 69% 69% 71% 70%
[30] [30] [40] [130] [210] [400] [630] [790]
Tanjeh
44%
40 [30] 14% 10%
26% 17% [120] [110]
Banjul [80] [100] 9%
14% 15% [110]
33 11% [80] [140]
[20] 6% 10%
Basse [20] [120]
Santo−Su
33 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Tamale
Kumasi
Accra
Cape Coast
Takoradi
Ghana
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Kumasi Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 802
42% 33% 54% 52% 32% 53% 33% 31%
[160] [340] [970] [1 300] [1 190] [3 380] [3 880] [4 450]
20%
18% 19% 20% [2 800]
[180] [680] [2 380]
25% 7%
5%
[90] 9% 8% [990]
15% [550]
18% [220] [290] 10%
Accra [160] 16% 9% 11%
[330] [610]
4 452 11% [1 010] [1 550]
34% 34% [270] [600] 17%
[1 080] 16%
[130] [340] 28% 29% [1 920] 14%
Takoradi 25% [2 030]
Cape Coast
[500] [720]
680 [920] 20%
17% 17%
[1 260]
[2 050] [2 410]
Tamale
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
313 217
Kankan
Kindia
Conakry
Kissidougou
Nzérékoré
Guinée
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Conakry [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 187
41% 55% 63% 62% 55% 52% 53% 54%
[40] [120] [360] [590] [900] [1 240] [1 760] [2 190]
59%
[50]
14% 14%
45% 35% 16%
[340] [460]
[100] 15% 14% [580] [640]
23% 22%
Kankan Nzérékoré [90] [140] 19%
[560] [710]
203 202
Kissidougou
Malabo
Ebebiyin/Kye Ossi
Bata
Evinayong
Aconibe
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bata [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
311
100% 64% 58% 100% 100% 93% 81% 41%
[50] [40] [40] [70] [90] [350] [430] [310]
34%
[260]
Gabu
Bafata
Canchungo
Bissau
Ondame
uinée Guinée-Bissau
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bissau Gabu [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
411 44
100% 100% 100% 89% 87% 91% 82% 78%
[50] [50] [120] [120] [180] [300] [390] [410]
Bafata
31
Canchungo
17
14%
9% [70]
13% [40]
Ondame 11% [30] 9% 9%
[10] [30] 8%
14 [40] [40]
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Kisumu
Kisii Embu
Nairobi
Mombasa
ssau Kenya
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kisumu [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
5 040
52% 84% 55% 63% 43% 40% 49% 50%
[140] [460] [530] [1 210] [1 380] [3 020] [8 050] [14 320]
Butha Buthe
Hlotse
Maputsoe
Maseru
Mafeteng
Lesotho
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Maseru Maputsoe [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
307 35
100% 74% 80% 70% 71% 58% 58%
[10] [40] [70] [110] [220] [260] [310]
Butha Buthe
34
Ganta
Gbarnga
Monrovia Harbel
Buchanan
sotho Libéria
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Monrovia [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 191
100% 100% 79% 66% 70% 73% 69% 69%
[20] [60] [150] [320] [530] [760] [1 010] [1 190]
6%
Buchanan Ganta 5%
[30] [40] 3% 13%
58 55 [30] 15%
27% 25% [190]
23% [250]
21% [130] [190] [240] 18% 16%
[40]
Gbarnga Harbel [260] [280]
55 41
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Tarâbulus
Misrata
Zlîtan Banghâzî
Sabha
béria Libye
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Tarâbulus Banghâzî
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 949 594
37% 60% 44% 42% 40% 41% 44% 44%
[160] [390] [440] [720] [1 170] [1 640] [1 950] [1 950]
24%
29% 17% 15% 13% 13%
[110] 17%
Misrata [500] [490] [580] [590] [590]
11% [170]
288 13% 15%
[70] 19% 19%
39% 17% [380] [610]
[840] [840]
[180] [160]
29% 17% 19% 17%
Zlîtan Sabha [190] 22% [290] [540] [690] 12% 12%
115 [510] [510]
229 [220]
12% 12% 12% 12% 12%
[200] [340] [500] [520] [520]
Mzuzu
Mogadisho
Lilongwe
Zomba
Mpama/Likoswe
Blantyre
Libye Malawi
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Blantyre
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 058
100% 76% 68% 83% 42% 69% 44% 45%
[20] [80] [140] [380] [370] [990] [1 650] [2 180]
Kayes
Ségou
Bamako Koutiala
Sikasso
alawi Mali
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bamako [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 782
54% 59% 47% 52% 52% 51% 49% 49%
[80] [130] [200] [490] [750] [1 230] [2 200] [2 780]
Tanger
Rabat Fes
Casablanca
Marrakech
tanie Maroc
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Rabat [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 925
31% 41% 31% 28% 35% 31% 20% 21%
[680] [1 270] [1 430] [1 990] [3 530] [4 140] [3 320] [4 180]
17% 26%
27% [2 780] [5 120]
38% 24% 32%
Fes [840] [1 880] 27%
[1 120] [4 320] 26%
1 175 32% [2 680]
[1 010] [4 260]
17%
21% 19% [3 350]
[980] [1 320] 9%
Tanger 12% 13% 12%
[1 210] [1 190] [2 110]
1 008 17% [2 330]
[380] 11% 19%
[350] 12% 16% 18% 18% 18%
Casablanca [540] [1 120] [1 830] [2 550]
[2 930] [3 490]
4 183 14% 16%
Marrakech [490] 12% 10% 8% 9%
[310] [700] 7% 7%
1 007 [570] [840] [1 140] [1 230] [1 400]
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Nouadhibou
Nouakchott
Kiffa
Kaedi Mbera
(Camp de refugies)
Mauritanie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Nouakchott [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 061
50% 60% 59% 67% 64% 62%
[40] [180] [420] [560] [850] [1 060]
50% 13%
Mbera 8% 8%
Nouadhibou [40] [90]
(Camp de 40% [110] [130]
130 refugies) [120] 16%
[140] 12% 16%
50 29% [160] [270]
[200]
Kaedi 17% 16% 15%
49 [140] [220] [260]
Kiffa
57 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Cidade de Nampula
Cidade de Quelimane
Cidade de Chimoio
Cidade da Beira
Cidade de Maputo
Maroc Mozambique
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Cidade de Maputo
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 607
100% 70% 75% 44% 44% 31% 29% 29%
[140] [180] [440] [720] [1 060] [1 490] [2 060] [2 610]
11%
16% 18%
[790]
[750] [1 570]
13% 17%
22% 10%
[310] 18% [1 180] [910]
[360]
[870]
23% 20% 21%
Cidade da Beira Cidade de [560] 20% [1 410] [1 850]
30%
509 Chimoio 22% [480] [930]
329 [60] 15% 18% 23%
[90] 22%
[430] [1 640] [1 990]
10% 15%
Cidade de Nampula Cidade de 8% 4% 2% [720]
Quelimane [20] [60] [60] [40]
423
304 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Oshakati
Rundu
Swakopmund
Windhoek
Walvis Bay
bique Namibie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Windhoek Rundu [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
357 71
100% 75% 58% 54% 44% 44% 42% 40%
[20] [40] [60] [90] [140] [220] [310] [360]
Walvis Bay
69
26% 42%
56% 15%
[200] [380]
[180] [80]
46%
Oshakati 42% 41%
[80]
62 [40] [210]
32%
25% [240]
[10] 18%
Swakopmund [160]
50
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Agadez
Tahoua
Zinder
Niamey
Maradi
mibie Niger
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Maradi [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
361
100% 40% 47% 50% 40% 39% 37% 33%
[20] [30] [100] [260] [430] [660] [910] [1 070]
11%
27% [360]
Zinder 60% 22% 18%
[660] 16%
260 [50] 18% [240] [310]
31% [510]
[40]
Niamey [160] 17%
13% 16%
1 071 16% [290]
36% [310] [520]
[170]
[80]
25% 24% 25%
Tahoua Agadez 22%
18% [430] [600] [800]
134 120 [240]
[100]
Kano
Ibadan
Lagos
Onitsha
Uyo
Niger Nigéria
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Lagos [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
11 848
13% 18% 13% 21% 16% 16% 28% 28%
[440] [1 350] [1 490] [3 810] [4 860] [7 240] [20 340] [27 360]
10%
22% [1 160] 10% 12%
[770] 24% 14% [2 940] [5 520]
[1 880] 28% [2 630] 14% 13%
19%
[3 210] 21%
[5 770] [10 240] [13 260]
36% 21% [9 330]
Onitsha
[1 230] 33% [3 840] 17% 17%
8 531 17%
[2 570] 15% [12 740] [16 460]
21% [4 970]
17% [6 940] 10% 13%
[2 440] [12 420]
[3 200] 19% [7 640]
17%
[5 650] 16% 16%
Kano Uyo 29% 27% [7 750]
27%
2 271 [1 010] 24% [11 750] [15 470]
3 889 [3 080] [5 080] 19%
[1 870] 18%
[5 800] 15% 14%
[8 300]
[10 960] [13 980]
Ibadan
3 088 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Arua
Mbale
Fort Portal
Busia
Kampala
Ouganda
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Mbale
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 229
75% 70% 70% 68% 52% 48% 44% 27%
[30] [130] [340] [460] [860] [1 470] [2 420] [3 790]
16%
[2 230]
5%
[250] 8%
[1 140]
31% 35%
25% 26%
[970] [1 910]
7% [410] [3 590]
[50]
Kampala 10%
Busia [UGA] Fort Portal 17% [50]
3 791 432 371
25% [30] 25%
[10] 22% 18%
20% [170] 21% [2 470]
[370] [650]
[100] 16%
13% [880] 6%
[30] [830]
Arua
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
333
Kindamba
Dolisie
Nkayi Brazzaville
Pointe Noire
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Brazzaville [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 588
79% 93% 89% 56% 81% 54% 52% 51%
[80] [160] [330] [450] [1 070] [1 020] [1 450] [1 590]
27% 27%
28%
28% [850]
[540] [760]
[220]
Dolisie Nkayi
Pointe Noire 97 83 8% 9% 10%
845 9% 9%
21% [100] [170] [320]
11% [70] [260]
[20] 7% [40] 7% 11% 11% 11%
[10] [60] 9%
[150] [180] [320] [350]
Kindamba
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
70
Bambari
Carnot
Bangui
Berbérati Bangui 7ème Arr.
République
centrafricaine
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
4 972 000 1 833 000 37 %
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bangui [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
946
100% 60% 53% 51% 49% 50% 51% 52%
[40] [80] [200] [340] [450] [630] [840] [950]
24% 27%
47% 15% 27% 28%
[220] [330]
[180] [100] [440] [520]
40%
[60] 33%
Berbérati Bangui 7ème Arr. [220] 27%
63 24% 22%
95 [240] 20%
[300] [360] [370]
Carnot
60 Bambari
52 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Butembo
Bukavu
Kinshasa
Mbuji−Mayi
Lubumbashi
voire République
démocratique du Congo
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
71 246 000 31 968 000 45 %
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kinshasa
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
7 270
45% 26% 27% 30% 34% 32% 27% 23%
[260] [450] [1 250] [2 100] [3 630] [4 430] [5 750] [7 270]
6%
7%
[2 080]
25% 32% [1 470]
17% 18%
[430] [1 500] 19% 17%
22% [5 680]
[1 170] [2 640]
[2 340] [3 720]
32% 13%
16%
[180] 25% 26% 15%
[1 090] [4 190]
[440] 13% [3 550] [3 250]
19% 20%
Lubumbashi Bukavu 19% [1 420]
[900] 15% [6 350]
2 077 754 [1 280] 17% [3 270]
12%
23% 23% 22% [1 800]
[1 710] 19% 20%
[130] [400] 18%
[1 010] 11% [6 410]
Butembo [1 230] 13% [4 220]
[1 380] [1 530]
691
Mbuji−Mayi
901 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Mbabane
Manzini Mafutseni
Mahamba
Nhlangano
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Manzini Mbabane [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
136 110
100% 55% 100% 42% 81% 82%
[40] [30] [100] [100] [230] [250]
37%
[90]
45%
[30]
Mafutseni Nhlangano
24 20 21%
19% 18%
[50]
[50] [50]
Mahamba
1970 1980 1990 2000 2010 2015
10
Gisenyi/Kisoro
Kabarore
Kigali
Ruhango
Butare
Rwanda
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kigali Gisenyi/Kisoro[RWA]
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 202 1 070
100% 100% 83% 86% 48% 39% 52%
[10] [60] [130] [220] [790] [2 050] [3 270]
7% 21%
[120] [1 110]
9%
Ruhango [600]
600 45%
[750] 14% 18%
[740] [1 130]
20%
[1 050] 17%
17% [1 050]
Butare [30] 14% 6%
[40] 5%
218 [300] [290]
Kabarore
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
215
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Sao Tome Neves
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
135 13
100% 100% 100% 100% 80% 84%
[20] [40] [50] [60] [90] [130]
Santana
12
20%
16%
[20]
[30]
Thiès Touba
Dakar
Mbour
Kaolack
Sénégal
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Dakar Touba [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
3 068 873
57% 57% 57% 53% 52% 49% 44% 43%
[230] [320] [560] [970] [1 590] [1 960] [2 610] [3 070]
12%
[680] 22%
8%
[330] [1 550]
Thiès 14% 25%
32% 29% 34% [250] 20% 21%
359 [740]
[130] [160] [330] [810] [1 240] 15%
23%
[1 060]
Mbour [410] 12% 10% 12% 9%
[360] [400] [680]
317 [620]
12% 14% 9% 11% 11% 12% 11% 12%
[50] [80] [90] [190] [330] [480] [670] [870]
Kaolack
260 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Makeni
Koidu
Freetown
Bo
Kenema
Sierra Leone
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Freetown Kenema [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 457 200
81% 71% 62% 59% 59% 57% 57% 56%
[70] [110] [210] [370] [540] [740] [1 060] [1 460]
Bo
186
Hargeisa Burao
Galcaayo
Baledweyne
Mogadisho
Somalie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Mogadisho [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 712 Hargeisa
91% 38% 50% 55% 51% 47% 41% 38%
706
[140] [100] [230] [460] [670] [970] [1 420] [1 710]
14% 16%
[40] 15% [710]
19% [520]
11% 12% [400]
48% [50] 22%
Burao Galcaayo [130] 25% [160] 17%
[210] [990]
235 183 39% 19% [580]
[180] [250] 19%
[400]
15% 16%
21% [500] [730]
[170] 18%
9% [240] 14% 9%
[300] 12%
[10] [410] [420]
Baledweyne
177 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Port Sudan
Khartoum Kassala
al−Ubayd
Nyala
Soudan
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Khartoum [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
5 265
43% 39% 39% 40% 40% 39% 35% 32%
[230] [340] [660] [1 180] [2 170] [3 450] [4 660] [5 260]
6% 8% 15%
14%
[110] [680] [2 400]
35% 22% 28% [1 880]
32% 13%
[300] 31% [670] [1 500] 17% 14%
[170] [2 040]
[520] [1 500] [1 840]
19%
17% 18% 18%
17% [3 190]
[510] [1 590] [2 350]
25% 26% 24% [940]
Nyala Port Sudan [140] [220] 21% 21%
Kassala
[410] 19% 19%
565 424
357 [630] 15% [3 450]
[1 650] [2 490]
[810]
al−Ubayd
361 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Malakal
Wau
Rumbek
Yambio Juba
Soudan du Sud
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Rumbek [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
240
100% 100% 52% 53% 22% 20% 13% 11%
[20] [40] [80] [170] [110] [170] [300] [380]
23% 26%
[550] [870]
65%
51%
[540]
Wau [250]
193 28% 33%
[660] [1 090]
48% 47%
[80] [150]
Yambio 36%
169 [840] 30%
27%
[1 020]
[130]
15%
Malakal
[130]
Juba 137
382 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Mwanza
Arusha
Zanzibar
Dar es Salaam
Mbeya
Tanzanie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Dar es Salaam [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
5 326
64% 38% 40% 38% 32% 24% 27% 29%
[130] [160] [350] [790] [1 230] [2 210] [3 940] [5 330]
16%
23% 22%
22% [1 510]
11% [3 420] [4 120]
25% [850]
36% [230] 15%
[100] [320] [1 440]
30% 12%
15%
[640] 22% 19% [1 750]
[2 750]
38% [840] [1 750] 21%
36% 19%
Arusha Zanzibar [160] [3 070]
[70] [3 580]
733 26%
834 24% 23%
21% [2 480]
[210] [870] 18%
[450] 15%
[2 670]
Mwanza Mbeya [2 790]
742z 530 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Abeche
Ndjamena
Am Timan
Sarh
Moundou
lique Tchad
caine
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
13 670 000 3 899 000 29 %
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Ndjamena/Kousséri [TCD]
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 210
100% 48% 47% 49% 47% 45% 34% 31%
[60] [70] [150] [280] [460] [690] [1 010] [1 210]
10%
12%
[390]
[350]
7% 31%
52% 23% 21% [120] 24% [1 200]
26%
[70] [210] 17% [700]
[70] [150]
[260]
Sarh
Am Timan
109 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
83
Kara
Sokode
Kpalime
Lomé/Aflao Tsevie
mbie Togo
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Lomé/Aflao [TGO] [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 733
81% 77% 48% 56% 55% 53% 55% 51%
[40] [130] [190] [370] [470] [670] [1 400] [1 730]
8%
[30]
7% 4%
44% [50] [110] 15%
19% 24% [520]
[180] [300]
[170] 19%
37% [490]
[250] 15%
[520]
Tsevie Kara Kpalime 26%
103 23% [230] 23% 21%
161 143 19% [40] [290] 18%
[540]
[10] [620]
Sokode
116 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Tunis
Nabeul
Sousse
Moknine
Sfax
Tunisie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Sousse [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
568
53% 47% 42% 47% 34% 33% 31% 35%
[410] [490] [620] [1 110] [1 210] [1 580] [1 890] [2 440]
10% 9%
[380] [440]
16%
Sfax 9% 7% 16%
[140] [980]
521 [270] 23% [1 090]
27% 27% [1 110] 20%
26% 26% 17%
26% [270] [640] [1 190]
[380] [920] [1 190]
Tunis [200]
2 443 19%
17% 19%
[930]
26% 25% [1 010] [1 350]
Nabeul 21% [270] 22% [590] 23%
[160] [330] [810]
220 16% 16%
[760] [940] 13%
[940]
Moknine
191 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Chingola
Kitwe Ndola
Kabwe
Lusaka
Zambie
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kitwe
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
601
77% 36% 63% 26% 44% 34% 37% 35%
[240] [220] [710] [540] [1 100] [1 180] [1 930] [2 430]
52%
[1 060] 21%
Ndola 59% 18% 16%
516 [360] [740] [1 120]
33% [950]
[830] 21%
Lusaka 16% 19%
[1 420]
2 427 31% [560] [1 020]
[350] 13% 15% 18% 15%
[280] [370] 15%
Kabwe 23% [640] [1 030]
227 [70] 9% [780]
7% 7% 11% 13%
5% [180] 10% [890]
[80] [180] [330] [560]
Chingola [30]
215 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
Harare
Kadoma
Kwekwe
Mutare
Bulawayo
mbie Zimbabwe
> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Harare Bulawayo
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 273 664
75% 43% 45% 72% 46% 48% 44% 47%
[300] [380] [380] [970] [1 040] [1 480] [1 640] [2 270]
15%
22% 19% [570] 14%
32% [490] [580] [660]
29%
[280] [250] 5% 8%
[180] [360]
5% 5%
16% [110] [160] 24%
8% 5% 9%
Mutare [210] [890] 22%
[30] [50] [70] 20%
154 18% [1 050]
[400] [600]
20%
17% [170] 17%
Kwekwe [70] [150] 13% 9% 8% 12% 10%
107 [170] [190] [260] [450] [460]
Kadoma
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
100
Glossaire
Absorption Endorégulé
Disparition d’une unité locale ou d’une agglomération Désigne une trajectoire dans l’espace qui est maîtrisée
par apport de son extension bâtie et de sa population à par ses propres acteurs. Par exemple, un processus
une autre unité locale ou agglomération. d’urbanisation résultant de trajectoires endorégulées
sera qualifié de rassemblement.
Accessibilité
Possibilité qu’a un habitant de se déplacer vers une Étalement urbain
agglomération. Extension spatiale d’un espace bâti d’une aggloméra-
tion urbaine au détriment d’espaces non bâtis.
Agglomération
Milieu géographique défini par la continuité des Exorégulé
constructions et/ou la densité démographique. Dans Désigne une trajectoire dans l’espace qui est influen-
certaines définitions, ces deux critères peuvent être cée par des acteurs ou phénomènes extérieurs (par
associés ou non. exemple, un camp de réfugiés).
Dans Africapolis, sont considérés comme agglo-
mération tous les ensembles urbanisés d’au moins Fonctionnel (approche fonctionnelle)
10 000 habitants sans rupture de l’espace bâti de plus Cette approche est fondée sur la fonction d’une ag-
de 200 mètres, sans autre critère. glomération. Cette fonction est définie par la présence
de sièges de décision politique (chef-lieu de division
Attracteur administrative). La notion est étendue à des fonctions
On distingue trois grands types géométriques de struc- commerciales (de marché), d’emploi (industriels, com-
tures locales de peuplement : le peuplement groupé, le merciaux, administratifs). L’approche fonctionnelle est
peuplement linéaire et le peuplement épars. Au niveau basée sur les mouvements centre-périphérie de per-
local, ces structures ont un impact fondamental sur l’ur- sonnes (généralement migrations domicile-travail), de
banisation. Ces trois formes élémentaires de la géomé- biens matériels et immatériels, ou parfois sur la densité
trie – point, ligne, surface – permettent de formaliser les des réseaux.
tendances qui guident localement la croissance spatiale
d’une agglomération (taille, densité, forme et hiérarchie Fusion
des agglomérations). Regroupement d’agglomérations urbaines entre elles.
Scalaire
Qui relève d’une échelle spatiale.
Spatialisation
Localisation dans l’espace.
Strate de peuplement
À l’échelle d’un territoire, ensemble des établissements
humains relevant d’une même échelle : strate « mé-
tropolitaine » (centre politique ou économique), strate
« urbaine », strate « rurale », etc.
Système de peuplement
Ensemble des établissements humains d’un territoire.
Toponyme
Nom d’un lieu.
Urbain
Ce qui relève de l’« urbis », c’est-à-dire de l’intérieur
des remparts. Désigne la partie dense agglomérée
d’une ville ou d’un village.
Urbanité
Caractère perçu ou attendu de ce qui est urbain.
Ville
Dans Africapolis, unité territoriale disposant d’un statut
politique ou administratif utilisé légalement par la statis-
tique nationale pour définir la population « urbaine » du
pays. Il ne faut pas confondre cette notion avec celle
d’agglomération, qui est purement morphologique.
ISBN 978-92-64-34902-5
9HSTCQE*dejacf+