Dynamiques de Lurbanisation Africaine 2020 (Oecd)

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Cahiers de l’Afrique de l’Ouest

Dynamiques de l’urbanisation
africaine 2020
AFRICAPOLIS, UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE URBAINE
Cahiers de l’Afrique de l’Ouest

Dynamiques
de l’urbanisation africaine
2020

AFRICAPOLIS, UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE


URBAINE

Sous la direction de
François Moriconi-Ebrard, Philipp Heinrigs
et Marie Trémolières
Cet ouvrage est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les opinions et les arguments exprimés
ici ne reflètent pas nécessairement les vues officielles des pays membres de l'OCDE.

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de
la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire,
ville ou région.

Merci de citer cet ouvrage comme suit :


OCDE/CSAO (2020), Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 : Africapolis, une nouvelle géographie urbaine, Cahiers de
l'Afrique de l'Ouest, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/481c7f49-fr.

ISBN 978-92-64-34902-5 (imprimé)


ISBN 978-92-64-68910-7 (pdf)

Cahiers de l'Afrique de l'Ouest


ISSN 2074-3564 (imprimé)
ISSN 2074-3556 (en ligne)

Crédits photo : Couverture © Delphine Chedru.

Les corrigenda des publications sont disponibles sur : www.oecd.org/about/publishing/corrigenda.htm.


© OCDE 2020

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : http://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.
Le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest

Le Club du Sahel et de
l’Afrique de l’Ouest

L e Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest


(CSAO) est une plateforme internationale
indépendante. Son Secrétariat est hébergé
Ses Membres et partenaires sont l’Autriche,
la Belgique, le Canada, la Commission
de la CEDEAO, le CILSS, les États-Unis,
au sein de l’Organisation de coopération et la Commission européenne, la France, le
de développement économiques (OCDE). Sa Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la
mission est de promouvoir des politiques Suisse et la Commission de l’UEMOA. Le CSAO
régionales à même d’améliorer le bien- a également conclu un protocole d’accord
être économique et social des populations (Memorandum of Understanding, MOU) avec
ouest-africaines. Ses objectifs spécifiques l’Université de Floride (Groupe de recherche
sont d’améliorer la gouvernance régionale sur le Sahel).
de la sécurité alimentaire et nutritionnelle,
et d’analyser les transformations en cours En savoir plus :
dans la région dont l’urbanisation et leurs www.oecd.org/csao
implications en matière de politiques publiques. www.africapolis.org

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 3


Avant-propos

Avant-propos

L ’Afrique connaît la plus forte croissance


urbaine au monde. La population du
continent devrait doubler d’ici à 2050. Les
aujourd’hui plus de 7 600 agglomérations dans
50 pays, brossant une image précise de la
vitesse de la croissance urbaine africaine. Elle
zones urbaines concentreront les deux tiers contribue également à une vision nouvelle,
de la croissance démographique ; et les villes plus réaliste des dynamiques urbaines sur le
vont compter 950 millions de personnes continent et des défis pour un développement
supplémentaires dans les 30 années à urbain durable.
venir. L’urbanisation est source de grandes Dynamiques de l’urbanisation africaine
opportunités, mais aussi de défis pour les 2020 analyse les leviers, tendances et formes
populations africaines, les entreprises, les d’urbanisation à partir des données Africapolis.
gouvernements et leurs partenaires. L’agenda Le rapport propose des options de politiques
politique du développement doit être repensé : territoriales plus inclusives et ciblées intégrant
les décisions d’aujourd’hui auront des les impacts sociaux et environnementaux du
conséquences durables pour les générations développement urbain et reconnaissant le rôle
futures. des villes en tant que moteurs économiques.
À l’échelle continentale, la transition en Il souligne que l’Afrique est déjà largement
cours vers une Afrique essentiellement urbaine urbaine – plus de 50 % des Africains vivent
est part de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. dans des agglomérations – et que les villes
Plus globalement, le Nouvel agenda urbain vont continuer à grandir. De nombreuses
d’ONU Habitat reconnaît les interactions nouvelles agglomérations émergeront suivant
entre urbanisation et développement ; et des processus parfois méconnus et propres au
l’accent porté sur l’urbanisation par l’Agenda continent.
2030 pour le développement durable reflète le L’approche spatiale adoptée permet
rôle central des villes dans la réalisation des d’identifier des processus de transformation
Objectifs de développement durable (ODD). territoriale sans précédent et multiscalaires :
De plus, elles s’affirment comme acteurs clés le développement de métropoles et de villes
dans la lutte contre le changement climatique intermédiaires, la fusion de villages au sein
et le renforcement de la durabilité. Les de méga-agglomérations et la formation
agglomérations urbaines africaines auront un de nouvelles régions métropolisées
rôle moteur à jouer. transnationales. Ces processus sont uniques et
L’OCDE soutient cette transition à travers variés. Ils appellent à des politiques adaptées
une production de savoirs qualitative et une aux réalités de l’Afrique urbaine.
base de données unique (Africapolis.org) Ces réalités se dégagent de l’ampleur
permettant la comparabilité à l’échelle africaine, des chiffres de l’urbanisation révélée par
produite par le Club du Sahel et de l’Afrique de Africapolis. Soixante-sept métropoles nationales
l’Ouest (CSAO). En incluant les agglomérations sont identifiées, représentant un tiers de la
de plus de 10 000 habitants, Africapolis identifie population urbaine totale (183 millions de

4 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Avant-propos

personnes) et 74 agglomérations urbaines de potentiel des dynamiques urbaines. Nous devons


plus d’un million d’habitants, soit l’équivalent investir dans les agglomérations notamment
des États-Unis et de l’Europe combinés. intermédiaires, maximisant les opportunités
Quatre-vingt-dix-sept pour cent des zones pour une croissance économique et urbaine
urbaines africaines comptent moins de durable.
300 000 habitants. Parmi elles, nombreuses sont La transition urbaine de l’Afrique peut
celles qui ne sont pas reconnues officiellement contribuer à construire de nouveaux modèles
comme zones urbaines, montrant la nature de développement sociaux, économiques,
fragmentée de l’urbanisation africaine. environnementaux et politiques à même de
Cela reflète également les déséquilibres répondre aux défis de la transformation digi-
persistants, notamment en termes de richesses tale et du changement climatique. Nous devons
et de ressources entre agglomérations proposer des statistiques plus fiables et des ou-
métropolitaines et intermédiaires, les deux tils innovants d’analyse qualitative. L’utilisation
jouant un rôle clé dans l’agenda social et la de nouvelles technologies est nécessaire pour
réduction des inégalités. contribuer à dessiner un futur urbain africain
De nombreuses agglomérations inter- inclusif, pour améliorer la capacité des États à pi-
médiaires sont absentes des bases de loter leur transition urbaine, et pour construire
données internationales. Elles sont cependant des villes meilleures pour une vie meilleure.
opportunes pour les réseaux urbains et la Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020
connexion des communautés locales aux écono- pose les bases sur lesquelles ces importantes
mies continentale et globale. De nombreuses décisions politiques et changements néces-
autres lacunes dans les données et les saires peuvent être formulés et orchestrés.
connaissances restreignent une élaboration
efficace des politiques. Le temps est donc
venu pour les décideurs et les partenaires au
développement d’exploiter l’extraordinaire

Angel Gurría Dr Ibrahim Assane Mayaki


Secrétaire général, Organisation de coopération Secrétaire exécutif, Agence de développement
et de développement économiques (OCDE) de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) et
Président honoraire, Club du Sahel et de
l’Afrique de l’Ouest (CSAO)

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 5


L’équipe et les remerciements

L’équipe et les
remerciements
L’équipe rédactionnelle et éditoriale du
Secrétariat du CSAO/OCDE est composée de : L’assistance scientifique et technique est
assurée par Dr Anissou BAWA, Université de
Philipp HEINRIGS et de Marie TRÉMOLIÈRES Kara, Togo ; Dr Cathy CHATEL, Université de
Paris, UMR CESSMA/GeoTeCa ; Dr José Maria
Avec les conseils avisés de Laurent BOSSARD, CHILAULE LANGA, Universidade Técnica
Directeur et l’appui de :
de Moçambique ; Yves KOMLAN ASSOGBA,
Lia BEYELER UNESP, Brésil ; Rémi PASCAL, Université
David BÉNAZÉRAF d’Avignon ; Alex Sander SILVA, UNOESTE,
Léopold GHINS Brésil ; et Tamires Eugenia BARBOSA, UNESP,
Inhoi HEO Brésil.
Sylvie LETASSEY
Des remerciements particuliers vont à Mme
Outre les financements réguliers de ses Susan Thompson et au Dr Ibrahim Mayaki,
Membres, la mise à jour Africapolis a bénéficié Président honoraire du Club du Sahel et de
d’un financement additionnel de l’USAID. l'Afrique de l'Ouest (CSAO).

Graphisme :
Wonjik YANG

Ce travail est réalisé dans le cadre du partenariat


avec l’équipe e-Geopolis (www.e-geopolis.org).

La direction scientifique et la rédaction


du rapport sont assurées par Pr François
MORICONI-EBRARD, Directeur de recherche
au CNRS, Université de Paris, Laboratoire
interdisciplinaire des énergies de demain
(LIED), Président de la l'institut e-Geopolis ;
avec l’expertise scientifique de Dr Hervé
GAZEL, Université de Lyon 3, Laboratoire EVS ;
et Dr José Luis SAN EMETERIO, Université de
Paris, UMR LIED.

6 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Table des matières

Table des matières

SIGLES ET ABRÉVIATIONS 13
RÉSUMÉ  14

CHAPITRE 1
DÉFIS ET MESURES DE L’URBANISATION EN AFRIQUE  17
LES LIMITES DES DÉFINITIONS OFFICIELLES DE L’URBAIN  18
Trois approches de l’urbain  18
L’absence d’une définition commune et reconnue   20
Un biais sur les grandes agglomérations dans les statistiques internationales  23

LES APPORTS D’UNE APPROCHE SPATIALE  25


Étalement spatial et limites urbaines administratives  26
Urbanisation in situ des zones rurales   29
Formation des régions métropolisées  30

AFRICAPOLIS, UNE VISION DE L’URBANISATION AFRICAINE  30


La méthodologie, une approche bottom up   30
Des résultats complémentaires des statistiques nationales  36
Notes  37
Références  37

CHAPITRE 2
ANALYSE GÉOSTATISTIQUE DE L’URBANISATION AFRICAINE  39
NIVEAU ET RYTHME D’URBANISATION   40
Niveau d’urbanisation   40
Rythme de la transition urbaine  41
Croissance de la population urbaine   44

TAILLE DES AGGLOMÉRATIONS ET SYSTÈMES URBAINS  45


Distribution des réseaux urbains   46

ÉVOLUTIONS DE LA GÉOGRAPHIE DES AGGLOMÉRATIONS URBAINES   50


Schémas transnationaux et nationaux des constellations urbaines   50
Émergence continue de nouvelles agglomérations   54
Proximité et distance  57

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 7


Table des matières

Notes  59
Références  59

CHAPITRE 3
HISTOIRE, POLITIQUES & ENVIRONNEMENT ET FORMES URBAINES AFRICAINES  61
CONTEXTE HISTORIQUE, POLITIQUE ET ENVIRONNEMENTAL   62
Les conditions démographiques de la croissance urbaine  63
Les contextes politiques du fait urbain  66
Contexte environnemental   69

FORMES URBAINES LOCALES  82


Les attracteurs spatiaux   82
Combinaison des attracteurs spatiaux  93
Quels modèles de développement pour les agglomérations ?  97
Notes  98
Références  99

CHAPITRE 4
NOUVELLES DYNAMIQUES URBAINES AFRICAINES  101
DES AGGLOMÉRATIONS PLUS GRANDES ET DE NOUVELLES FORMES URBAINES  102
La dominance des métropoles nationales   102
Une nouvelle échelle de l’urbanisation africaine, les régions métropolisées   105
L’apparition de « méga-agglomérations » spontanées  111

URBANISATION LITTORALE ET URBANISATION INTÉRIEURE  121


Une faible valorisation du littoral   121
Émergence d’une Afrique urbaine intérieure   123

L’ENVIRONNEMENT ET L’URBAIN   126


L’équilibre entre hommes et nature  126
Perspectives d’un développement durable entre l’urbain et le rural  127
Notes  132
Références  132

8 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Table des matières

ANNEXE A
LE TRAITEMENT DES IMAGES SATELLITES  134

ANNEXE B
POPULATION URBAINE  140

ANNEXE C
POPULATION URBAINE - TAUX DE CROISSANCE  142

ANNEXE D
NIVEAU D'URBANISATION  144

ANNEXE E
POPULATION MÉTROPOLITAINE  146

ANNEXE F
NOMBRE D'AGGLOMÉRATIONS URBAINES  148

ANNEXE G
DISTANCE MOYENNE ENTRE AGGLOMÉRATIONS  150

ANNEXE H
STATISTIQUES  152

GLOSSAIRE  203

Cartes
Carte 1.1 Maputo et Matola (Mozambique) : deux municipalités – une agglomération  22
Carte 1.2 Nampula (Mozambique) : une capitale régionale partiellement urbaine  23
Carte 1.3 Kinshasa (RDC) : ville-province, communes et agglomération  24
Carte 1.4 Empreinte spatiale du bâti dans le sud du Togo   28
Carte 1.5 Écart niveau d’urbanisation entre Africapolis et Banque mondiale en 2015  36
Carte 2.1 Niveau d’urbanisation en Afrique, 2015   41

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 9


Table des matières

Carte 2.2 Évolution du niveau d’urbanisation en Afrique, 1950, 1970, 1990 et 2010   42
Carte 2.3 Croissance de la population urbaine en Afrique, 1950-2015   44
Carte 2.4 Semis d’agglomérations en Afrique, 2015  51
Carte 2.5 Les grands pôles urbains en Afrique, 2015   52
Carte 2.6 Émergence de nouvelles agglomérations, 1950, 1980, 2000 et 2015   55
Carte 2.7 Les 100 agglomérations urbaines les moins connectées d’Afrique   56
Carte 2.8 Agglomérations frontalières de l’Afrique  58
Carte 3.1 Agglomérations de villages le long du lac Mweru (Zambie)   68
Carte 3.2 Occupation agricole dominante du sol et semis des agglomérations   70
Carte 3.3 2000 ans d’urbanisation africaine  71
Carte 3.4 Le corridor sahélien   73
Carte 3.5 Distribution des agglomérations et extension des zones hyperarides au Soudan  74
Carte 3.6 Agglomérations et zones en défens au Rwanda  79
Carte 3.7 Empreinte spatiale de l’agglomération de Kigali et limites administratives  81
Carte 3.8 L’agglomération de Sawula (Éthiopie) : attracteur linéaire et urbanisation in situ  90
Carte 3.9 Un cas d’ « étoilement » urbain : Shashemene (Éthiopie)   95
Carte 4.1 Les metropoles nationales, 2015  103
Carte 4.2 Densité et croissance demographique par localité, Bénin, 2015  107
Carte 4.3 Région métropolisée du Sénégal, 2015  108
Carte 4.4 La « metropolisation » de la Gambie, 2015  109
Carte 4.5 Le Greater Ibadan Lagos Accra Urban Corridor   110
Carte 4.6 La nébuleuse d’agglomérations autour de Johannesbourg  113
Carte 4.7 Relief et densité démographique de l’Éthiopie   115
Carte 4.8 Le confinement politique et naturel du Sud-Est nigérian   119
Carte 4.9 Population urbaine vivant dans les agglomérations littorales (%), 2015  120
Carte 4.10 Le Parcs nationaux à la frontière entre RDC, Rwanda et Ouganda  130
Carte 4.11 Urbanisation et zones en défens sud-africaines à la frontière du Mozambique  131

Encadré
Encadré 1.1 Limites administratives de Kinshasa (RDC) et urbanisationelle  24
Encadré 1.2 Limites territoriales et poids politique  26
Encadré 1.3 Le Togo, condensé des phénomènes spatiaux  28
Encadré 1.4 Pourquoi un seuil de 10 000 habitants ?  33
Encadré 2.1 La discontinuité urbain/rural  49
Encadré 2.2 Villes frontalières d’Afrique  58
Encadré 3.1 Planification urbaine selon le modèle chinois  67

10 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Table des matières

Encadré 3.2 Le corridor sahélien  72


Encadré 3.3 Les trois modèles de peuplement dans les définitions légales au Rwanda  94
Encadré 4.1 Régions métropolisées d’Afrique australe, outils politiques  112
Encadré 4.2 Sud-est Nigéria : d’une méga-agglomération à une mégalopole de
50 millions d’habitants en 2050  118
Encadré 4.3 Altitude, Afrique littorale et intérieure  124
Encadré 4.4 Environnement et géopolitique  130

Graphiques
Graphique 1.1 La manipulation des limites spatiales   26
Graphique 1.2 Étapes de la méthodology Africapolis  34
Graphique 2.1 Évolution du niveau d’urbanisation entre 1990 et 2015   43
Graphique 2.2 Croissance de la population urbaine par périodes, 1950-2015  45
Graphique 2.3 Répartition de la population urbaine par taille d'agglomération (1950-2015)  47
Graphique 2.4 Discontinuités et continuités des strates de peuplement, Niger 2012  49
Graphique 2.5 Distance à l’agglomération urbaine voisine, par taille, Afrique, 2015  57
Graphique 3.1 Évolution du taux de croissance de la population totale de l’Afrique par
grande région de 1910 à 2015  63
Graphique 3.2 Relation entre la densité et la couverture végétale   76
Graphique 4.1 Répartition de la densité régionale : agglomération isolée et aire métropolisée  106
Graphique 4.2 Population des agglomérations en fonction de l’altitude  124
Graphique A.1 Chaînes de traitement d’images simplifiées  135

Images
Image 1.1 Monshaat Al Bakkari : un ancien bourg rural absorbé dans la périphérie du Caire (Égypte)  25
Image 2.1 Densité du semis urbain en pays yoruba, Nigéria  54
Image 3.1 Zone « mixte » : périphérie ouest de Babati (Tanzanie)   67
Image 3.2 Chaînes d’agglomérations en bordure de désert (région d’Atbara, Soudan)   77
Images 3.3 et 3.4 Organisation spatiale d’une colline au Rwanda  80
Images 3.5 et 3.6 Groupement du peuplement au sud du scheme d’al-Rahâd (Soudan)   85
Images 3.7 et 3.8 Habitat groupé traditionnel « pur » Dan Kori (Niger) : Vue générale et détaillée  87
Images 3.9 et 3.10 Étalement urbain planifié au sud de l’agglomération de Bloemfontein  88
Image 3.11 Complexes balnéaires à l’ouest d’Alexandrie (Égypte)   89
Image 3.12 Peuplement épars dense près de Nkwerre (Nigéria), agglomération d’Onitsha   91
Image 3.13 Détail à l’intérieur de l’agglomération d’Aduel, Soudan du Sud   92
Image 3.14 Dispersion endorégulée à l’ouest de Bloemfontein (Afrique du Sud)  93

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 11


Table des matières

Image 3.15 Surimposition d’un axe routier dans une zone de peuplement épars :
la « C20 » dans l’agglomération de Kisii (Kenya)  94
Image 3.16 Combinaison de peuplement de linéaire et de peuplement et groupé, Balasfura, (Égypte)  96
Image 4.1 La limite bornée du sud de l’agglomération de Kisii (Kenya)   114
Image 4.2 L’empreinte urbaine des agglomérations au bord du Mont Kenya   128
Image 4.3 Le massif du Kilimandjaro cerné par l’urbanisation   129
Image A.1 Chaîne de traitement d’image (zone sèche), Zinder (Niger)  136
Image A.2 Chaîne de traitement d’image (zone humide), Lagos (Nigéria)   137
Image A.3 Agglomérations des zones humides  138
Image A.4 Agglomérations des zones sèches (avec exceptions)  139

Tableaux
Tableau 1.1 Les définitions de l’urbain en Afrique  21
Tableau 1.2 Liste des recensements utilisés (publiés par localité)   31
Tableau 2.1 Primatie de certains systèmes urbains monocéphales d’Afrique   48
Tableau 2.2 Primatie de certains systèmes urbains bicéphales d’Afrique   48
Tableau 3.1 Croissance de quelques villes au cours de la période coloniale  65
Tableau 3.2 L’urbanisation du corridor sahélien, 2015  72
Tableau 3.3 Densité apparente et densité réelle de la population de quelques pays d’Afrique (2015)   75
Tableau 3.4 Territoires au Rwanda  78
Tableau 3.5 Attracteurs et distribution du peuplement  82
Tableau 3.6 Exemples d’évolution du peuplement  84
Tableau 3.7 Évolution du nombre d’agglomérations de plus de 10 000 habitants dans 4 États du Sahel  87
Tableau 3.8 Combinaison d'attracteurs spatiaux et distribution du peuplement  98
Tableau 4.1 Méga-agglomérations spontanées de plus de
600 000 habitants en Afrique subsaharienne, 2015  112
Tableau 4.2 Nigéria : une population urbaine du Sud-Est sous-estimée  117
Tableau 4.3 Part des agglomérations littorales d’Afrique subsaharienne
en fonction du seuil de population  121
Tableau 4.4 L’urbanisation des littoraux en Afrique  123

12 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Sigles et abréviations

Sigles et abréviations
ANR Agence nationale de la recherche (France) Unités de mesure
CAPMAS Central Agency for Public Mobilization and
Statistics (Égypte) km Kilomètre
COP Conférence des parties (Nations Unies) km² Kilomètre carré
CSAO Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest m Mètre
FAIR Données Findable, Accessible, Interoperable, ha Hectare
Re-useable
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture
GILA Greater Ibadan-Lagos-Accra (Corridor)
INE Instituto Nacional de Estatistica (Mozambique)
INSEE Institut national de la statistique et des études
économiques (France)
LGA Local government area (Nigéria)
OCDE Organisation de coopération et de développement
économiques
ONU Organisation des Nations Unies
PIB Produit intérieur brut
PNUD Programme des Nations Unies pour le
développement
RNB Revenu national brut
RPHC Rwanda Population and Housing Census (Rwanda)
SIG Système d’information géographique
StatBel Office belge de statistique (Belgique)
UL Unité locale
UN DESA Département des affaires économiques et sociales
(Nations Unies)
USCB United States Census Bureau (États-Unis)
WUP World Urbanization Prospects (Nations Unies)

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 13


Résumé

Résumé

L e rythme de l’urbanisation en Afrique, ces


60 dernières années, est sans précedent.
En 2015, le Kenya compte plus de citadins que
contextes et des objectifs variés. Les limites
administratives sont fixes et précises. Les villes,
cependant, sont des « objets vivants », elles
l’ensemble du continent en 1950. La population évoluent et se développent au-delà de leurs
urbaine africaine en 2015 s’élève à 567 millions limites. Les données Africapolis homogènes,
de personnes contre 27 millions en 1950. systématiques et comparatives éclairent
L’Afrique continuera à afficher la croissance sous une nouvelle perspective les réalités de
urbaine la plus rapide au monde. Il est estimé l’urbanisation africaine et de sa croissance.
que la population africaine va doubler entre Africapolis s’appuie sur une approche spatiale
aujourd’hui et 2050 et que les deux tiers seront et applique un critère physique – continuité
absorbés par les villes. Cela signifie que dans du bâti – et démographique – plus de 10 000
les 30 prochaines années, les villes africaines habitants – pour définir une agglomération
accueilleront 950 millions de nouveaux urbaine. Au contraire des villes aux limites
urbains. Cette transition urbaine modifie la fixes, les agglomérations urbaines définies
géographie sociale, économique et politique du par Africapolis sont des unités dont la
continent. La gestion de l’urbain est un enjeu forme, le contenu et les frontières varient
de développement clé et les agendas politiques avec le temps et sont fonction de l’espace bâti
doivent se recentrer sur les opportunités et (Chapitre 1).
les défis que les villes et l’urbanisation offrent. Alors que la majorité des 7 617 agglomé-
Pour cela, il faut mieux comprendre les réalités rations urbaines identifiées par Africapolis
et les diversités des transformations à l’œuvre. chevauche une ville telle que définie par les
Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020 autorités nationales, l’approche spatiale intègre
montre la diversité des contextes et leviers les nombreuses extensions spontanées et les
urbains et leurs effets sur les schémas et formes banlieues débordant des limites administra-
d’urbanisation. tives, pas toujours reconnues comme urbaines.
La diversité urbaine africaine est Africapolis révèle également des centaines
peu appréhendée dans les analyses et les d’agglomérations urbaines non référencées
narratifs. Ceci s’explique en partie par un dans les statistiques officielles, dans des espaces
développement urbain en dehors des mesures dits « ruraux ». L’étendue de ce phénomène est
statistiques. Ces dernières s’appuyant sur les impressionnante et ne concerne pas seulement
divisions administratives, il en résulte une les petites villes ou les banlieues mais des
compréhension partielle du phénomène urbain. agglomérations de toutes tailles. Certaines
Le terme « ville » dans la plupart des cas réfère comptent plus de 1 million d’habitants :
à une unité politique et administrative dont Onitsha (Nigéria), Sodo et Hawassa (Éthiopie),
les limites et le statut legal sont définis par les Kisii et Kisumu (Kenya), Bafoussam (Cameroun)
gouvernements nationaux selon des critères et Mbale (Ouganda). Ces émergences sont
administratif, fonctionnel ou politique, des portées par les transformations rurales qui

14 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Résumé

mènent à une urbanisation in situ généralisée. dans la structuration des réseaux urbains et
L’étendue de ces tendances questionne le rôle la connexion des échelles locales et régionales
encore attribué à l’exode rural et à la migration avec celles continentales et mondiales. La
résidentielle dans la croissance urbaine. forte proximité des environnements ruraux et
Dans de nombreuses zones très denses, c’est urbains donne naissance à des formes nouvelles
l’absence ou la faiblesse de la migration rurale et uniques floutant les frontières entre les deux
qui entraînent l’urbanisation. espaces. Anticiper le futur urbain africain ne
En 2015, plus de 50 % des Africains vivent peut pas s’effectuer qu’à partir des observations
dans une agglomération urbaine. L’Afrique en du paysage urbain actuel mais doit également
compte 74 de plus de 1 million d’habitants, ce qui intégrer les dynamiques rurales (Chapitre 2).
équivaut aux populations urbaines combinées La forte croissance urbaine se comprend
américaine et européenne. Dans environ la par la lecture des différents processus en jeu,
moitié des 50 pays couverts par Africapolis, le historiques, environnementaux et politiques
niveau d’urbanisation dépasse 50 % avec le Niger dont les interactions se mêlent au cours des
sous la barre des 20 %. Au-delà de ce bref aperçu, différents stades de la transition urbaine.
ce qui rend l’urbanisation africaine unique est L’étalement et la densité du réseau découlent
son rythme et l’échelle des processus en cours. des lignes anciennes du peuplement et de la
La population urbaine a crû de 2 000 % depuis progression du front agricole. L’emplacement
1950 et le nombre d’agglomérations urbaines et le développement de nombreuses
est passé de 624 à 7 617 en 2015, transformant la métropoles sont liés aux périodes coloniales
géographie urbaine africaine. En une décennie, et de post-indépendance. Les contraintes
de nouvelles capitales nationales et quelques environnementales telle la disponibilité en
centres urbains ont explosé, dominant les eaux ou en terres ont une influence majeure
systèmes urbains nationaux. Leur ascension sur la croissance et la forme urbaines comme
au sein du système urbain mondial est rapide. pour les agglomérations le long du Nil ou au
Désormais, Kinshasa, Abidjan et Dakar sont Rwanda. Cependant, l’influence la plus forte
les plus grandes agglomérations francophones reste politique. L’effet des politiques et de la
du monde après Paris ; Le Caire, la plus gestion urbaine ou de leur absence est visible
grande agglomération arabophone ; Lagos dans la plupart des agglomérations urbaines.
et Johannesbourg parmi les 10 plus grandes L’intégration des éléments contextuels est
agglomérations anglophones. nécessaire pour une meilleure compréhension
Cependant la transformation majeure des des sources et de l’intensité des dynamiques
sociétés africaines résulte de l’émergence de urbaines à l’œuvre mais également pour leur
milliers de villes petites et intermédiaires. Ces modélisation (Chapitre 3).
nouvelles agglomérations issues du milieu rural La diversité des transitions urbaines
jouent un rôle crucial dans la réduction des contemporaines façonne l’apparition de
distances entre populations urbaines et rurales, nouvelles dynamiques, de nouvelles formes

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 15


Résumé

et de nouvelles échelles de développement. les processus, en cours, de redistribution


Dans plusieurs pays, de nouveaux schémas des densités de population et l’émergence de
de peuplement et de mobilité conduisent à nouveaux centres intérieurs modifient la balance
l’émergence de larges régions métropolisées urbaine entre côtes et intérieur (Chapitre 4).
dans des zones de fortes concentrations urbaines Le rapport Dynamiques de l’urbanisation
autour des métropoles. La régionalisation africaine 2020 décrit les transformations
des dynamiques urbaines, parfois au-delà majeures en Afrique. Ces dynamiques
des frontières (à l’exemple du corridor Ibadan, puissantes soulèvent des questions plus
Lagos, Accra – GILA) montre aussi bien une larges sur l’urbanisation et sa relation avec
réelle intégration fonctionnelle qui dépasse l’environnement. Le développement spontané de
l’agglomération qu’un déséquilibre territorial l’urbanisation, la densification des territoires et
et des discontinuités croissantes au sein des la forte croissance démographique accroissent
systèmes urbains nationaux. la pression sur les politiques de protection
Une nouvelle forme urbaine propre à environnementale. De nouvelles stratégies
l’Afrique émerge dans des zones denses, doivent émerger réconciliant les enjeux urbains
traditionnellement rurales. Les densités et durables s’appropriant les mécanismes
croissantes et la fusion d’agglomérations petites d’adaptation existants. Les nouveaux défis du
et intermédiaires entraînent des processus développement appellent à la définition de
d’agglomérations généralisés et l’émergence de politiques et d’actions fondées sur une meilleure
nouveaux types de méga-agglomérations. Leur compréhension et intégration de ces nouvelles
nature spontanée, combinée à une localisation réalités.
plutôt intérieure au continent, souffre d’une
faible reconnaissance politique et de peu
d’informations statistiques. Plus généralement,

16 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Chapitre 1

Défis et mesures
de l’urbanisation en Afrique
Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

La définition du phénomène urbain diffère selon les pays ou les institutions.


Différentes approches sont utilisées : politico-administrative, morphologique ou
fonctionnelle. La définition choisie influence les statistiques urbaines comme le
nombre de villes, la population urbaine ou la densité de population. L’hétérogénéité
des définitions ne permet pas la comparaison des statistiques urbaines entre
pays. C’est pourquoi Africapolis privilégie une approche spatiale basée sur la
combinaison de données de recensement et d’images satellites pour mesurer
l’urbain et une définition harmonisée. Cette approche permet d’identifier des
spécificités de l’urbanisation africaine, comme l’étalement urbain, l’urbanisation in
situ des zones rurales et l’apparition de régions métropolitaines. La compréhension
de ces nouvelles réalités urbaines devrait nourrir les réflexions futures sur les
politiques de développement.

LES LIMITES DES DÉFINITIONS OFFICIELLES DE L’URBAIN

Depuis le début des années 60, la densité de ou couramment admise de la ville ou de l’urbain.
population des pays africains a été multipliée La notion d’« urbain » est également confondue
en moyenne par 5 ou 6. Le peuplement évolue avec le sens du mot « ville ».
profondément, de manière spontanée, ou au Une définition harmonisée de l’urbain est
travers de politiques d’aménagement maîtrisées. nécessaire pour mettre en place des politiques
Plusieurs phénomènes s’observent : les villes de développement plus adaptées à la réalité du
s’étalent, des campagnes densément peuplées terrain, pour mesurer et comparer les phéno-
deviennent urbaines et se rapprochent jusqu’à mènes à l’échelle des territoires et dans le
former des conurbations. La coupure entre temps. Elle aura des conséquences notamment
rural et urbain est de moins en moins nette. La politiques, modifiant par exemple le classe-
pression démographique et environnementale ment des plus grandes villes du pays en termes
génère aussi l’émergence de nouvelles catégo- de population. L’introduction de la dimension
ries d’espace, ni urbaines, ni rurales : les réserves spatiale permet en effet de penser en termes de
d’écosystèmes naturels qu’il importe de protéger territoires plutôt que sectoriels (urbain versus
de l’urbanisation et de l’agriculture. rural) et d’observer la naissance de nouveaux
L’urbanisation se développe hors des défini- développements urbains comme la transfor-
tions statistiques basées sur les découpages mation et densification des zones rurales ou de
administratifs ; celles-ci ne permettant d’appré- nouvelles formes urbaines.
hender que partiellement le phénomène urbain.
L’approche spatiale d’Africapolis vise entre autres Trois approches de l’urbain
à combler ces lacunes et souligne des phéno-
mènes jusqu’alors ignorés et imperceptibles par Les définitions communément reconnues du
les statistiques nationales et internationales. De phénomène urbain peuvent être regroupées en
plus, en dépit de définitions communément recon- trois catégories : villes, agglomérations et régions
nues du phénomène urbain (ville, agglomération, métropolitaines (Moriconi-Ebrard, 2000). Ces
région métropolitaine), les statistiques urbaines définitions diffèrent selon les pays et se traduisent
nationales peuvent différer d’un pays à l’autre et par des résultats extrêmement divers en termes
au fil du temps, ce qui tronque les comparaisons. de statistiques : nombre d’unités identifiées,
Il n’existe pas de définition statistique universelle effectif de population, densité de population,

18 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

occupation, caractéristiques socio-économiques, depuis un demi-siècle. Le même constat prévaut


sociodémographiques, etc. dans tous les pays où le critère fonctionnel inter-
vient dans la définition, comme la Guinée ou le
La ville, un objet politico-administratif Malawi.
La notion de ville renvoie généralement à une
unité politico-administrative dont les limites L’agglomération, une approche
et le statut juridique sont définis par l’État morphologique par l’occupation du sol
en fonction de critères, contextes et objectifs Une agglomération est un milieu défini comme
administratifs, politiques et fonctionnels divers. un ensemble de constructions denses ; la densité
Historiquement, la « ville » désigne un territoire se mesurant soit en nombre d’habitants par unité
bien délimité où les habitants se sont libérés des de surface, soit par une distance maximum
pouvoirs des propriétaires terriens ; ils jouissent séparant les constructions.
notamment d’une justice séparée. Cette approche L’agglomération urbaine répond à certains
politico-administrative de la ville est à l’origine critères :
de la majorité des définitions sur tous les conti- • une taille minimum d’habitants fixée de
nents (Allemagne, Égypte, États-Unis, Inde, Iran, manière très variable selon les pays ;
Japon, République populaire de Chine, Russie, • parfois, un certain pourcentage de popula-
etc.). En Afrique, elle alimente les définitions de tions ou de ménages « non agricoles »,
nombreux pays francophones : les premières variable selon les États ;
« villes » sont issues des agglomérations dotées • la présence d’équipements, de services (santé,
du statut de « communes » à l’époque coloniale. culture, éducation, transports, sécurité…), de
Que l’approche soit administrative ou fonctions administratives (chef-lieu), intro-
fonctionnelle – prenant en considération les flux duite dans certaines définitions.
liés aux activités humaines, notamment les circu- Lorsqu’un ou plusieurs de ces critères sont
lations –, il en résulte un paradoxe : les limites remplis, le statut urbain s’applique généralement
d’une ville ne sont pas nécessairement visibles à l’ensemble de la ville ou des villes sur lesquelles
dans la nature. Elles peuvent notamment séparer s’étend l’agglomération. Cette approche prévaut
des tissus bâtis en continu, opposant dans ce cas dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest mais
la ville au faubourg ou à la banlieue. Inversement, avec des seuils différents (1 500 habitants en
une ville peut englober, outre une agglomération Guinée-Bissau, 2 500 habitants en Sierra Leone
principale, des bourgs, des champs, des forêts, et au Libéria, 5 000 au Ghana et en Algérie, 20 000
voire plusieurs agglomérations distinctes et au Nigéria).
d’importance égale. Historiquement, la notion d’agglomération
L’augmentation de la population favorise renvoie au concept d’urbs, donc littéralement
l’émergence de nouveaux centres urbains en d’« urbain ». À l’époque contemporaine, elle
plus de l’étalement des centres urbains existants. apparaît pour la première fois dans une définition
Or, le nombre d’unités administratives n’évolue nationale officielle en Angleterre, à l’occasion du
que si des unités administratives sont démem- recensement de 1841. À ce moment, la préoccu-
brées pour en créer de nouvelles qui reflètent les pation des statisticiens est de faire apparaître
réalités de l’accroissement urbain. En Égypte, la la taille réelle de Londres, dont les faubourgs
Central Agency for Public Mobilization And Statis- se sont largement développés en dehors de la
tics (CAPMAS) définit comme « ville » (madina) « city ».
tout chef-lieu de gouvernorat (muhafaza) ou de
district (markaz). Comme leur création est désor- La région métropolitaine, une approche
mais modérée, le nombre de « villes » n’a presque fonctionnelle
pas augmenté depuis le recensement de 1960. Les Cette approche est fondée sur les mouvements
villes étant elles-mêmes saturées, la croissance de personnes (généralement les migrations
s’opère donc en dehors du périmètre urbain domicile-travail), de biens matériels et immaté-
« officiel ». Il en résulte que le niveau d’urba- riels, ou parfois sur la densité des réseaux. Une
nisation officiel du pays stagne autour de 43 % région métropolitaine n’est donc, ni une ville,

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 19


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

ni une agglomération, mais un ensemble de Des critères nationaux hétérogènes


flux plus ou moins polarisés. Elle apparaît pour L’hétérogénéité des méthodes nationales limite la
la première fois aux États-Unis lors du recese- comparabilité des résultats et la généralisation de
ment de 1950. À ce moment, le débat sur la leurs conclusions. Comme mentionné, les défini-
« contre-ubanisation » fait rage. Les statisticiens tions établies par les États s’appuient tantôt sur
visent alors à montrer que le bassin d’influence des chiffres (un nombre d’habitants minimum),
des grandes villes ne s’arrête pas aux limites tantôt sur l’espace (des limites administratives),
de l’agglomération mais englobe des localités tantôt sur des fonctions (chef-lieu d’une grande
satellites parfois éloignées du centre, fortement division administrative) (Tableau 1.1). Elles sont
liées à celui-ci sur le plan fonctionnel. De cette aussi interdépendantes : il suffit de déplacer une
manière, même si la population d’une ville ou limite administrative pour changer le nombre
d’une agglomération baisse – ce qui est le cas d’habitants et certaines de ses caractéristiques.
dans le nord-est du pays –, les régions métro- Ces définitions peuvent aussi varier dans le temps
politaines peuvent éventuellement continuer en fonction des changements de gouvernement.
à s’étendre. Sur le continent africain, en 2015, Elles peuvent aussi refléter des stratégies
seule l’Afrique du Sud utilise officiellement cette politiques, des motivations idéologiques, ou
catégorie, en revanche de plus en plus présente une inertie de l’appareil administratif. Sièges du
dans les définitions statistiques dans le reste pouvoir et des décisions, les villes sont ainsi les
du monde (Canada, Corée, États-Unis, Europe, cibles privilégiées de l’appropriation politique
Mexique, etc.). des acteurs, publics et privés. Elles sont des
Dans certains pays, les trois niveaux de entités politisées avec une identification, une
définition (ville, agglomération et région métro- délimitation spatiale, un statut légal ou un niveau
politaine) sont utilisés. Cette hétérogénéité se d’autonomie définis par les directives internes
justifie par la diversité des pays : elle reflète propres à chaque État. Le cadre statistique est
celle de leurs dimensions spatiales et démogra- directement lié à des enjeux comme le respect
phiques, leurs milieux naturels, leurs structures des règlements d’urbanisme, la carte électorale,
de peuplement, leurs conditions de développe- la fiscalité ou les droits fonciers (droit national
ment, leurs systèmes politiques. Ainsi, il n’est pas et coutumier). C’est pourquoi, contrairement
étonnant que les définitions de l’urbain varient à d’autres indicateurs harmonisés à l’échelle
grandement entre, par exemple, le Nigéria mondiale – tels que le taux de chômage, le Produit
(187 millions d’habitants) et la Gambie (2 millions intérieur brut (PIB), les émissions de carbone,
d’habitants). etc. –, il n’existe pas d’instance, de bureau ou de
commission internationale chargée de l’harmo-
L’absence d’une définition commune et nisation des statistiques urbaines.
reconnue À cela s’ajoute un manque de capacité des
administrations en charge des statistiques. Les
Les statistiques urbaines internationales, issues données collectées et connues au niveau local
de données statistiques nationales aux défini- ne sont pas toujours transmises ou intégrées
tions hétérogènes, résultent de découpages au niveau national, révélant une discontinuité
politico-administratifs. Ceux-ci ne reflètent pas d’échelle dans la représentation des pays et de
nécessairement la réalité spatiale et démogra- leur peuplement. Dans la majorité des pays, les
phique du phénomène urbain et de ses statistiques urbaines ne sont pas accessibles
populations. Près de la moitié des aggloméra- ou disponibles. Les lacunes statistiques ont des
tions de plus de 10 000 habitants identifiées dans effets sur d’autres stratégies et plans de dévelop-
Africapolis (seuil urbain retenu) n’entrent dans pement sectoriels. Il peut en résulter un fossé
aucune catégorie urbaine officielle. Plusieurs entre logiques de décision et d’action.
centaines d’entre elles n’apparaissent sur En outre, résultant du rapide accroissement
aucune carte, aucun répertoire officiel, au point démographique des populations africaines,
que certaines agglomérations n’ont pas de nom dans des régions entières, il est de moins en
officiel. moins aisé d’isoler des territoires urbains et

20 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

Tableau 1.1
Les définitions de l’urbain en Afrique

Afrique du Sud Zones dotées d’une administration locale.

La délimitation des zones urbaines et rurales se fait après l’opération du recensement sur la base de la
Algérie classification des agglomérations. Regroupement de 100 constructions ou plus, distantes l’une à l’autre
de moins de 200 m considérées comme zones urbaines.v

Botswana Agglomération de 5 000 habitants ou plus dont 75 % de l’activité économique n’est pas de type agricole.

Tous les chefs-lieux de province (45 au total) plus 4 villes moyennes ont été considérées comme zones
Burkina Faso
urbaines.

Burundi Commune de Bujumbura.

Toute localité ou chef-lieu d’une île, région/préfecture disposant des infrastructures suivantes : route
Comores
bitumée, électricité, centre hospitalier, téléphone, etc.

Chefs-lieux des gouvernorats du Caire, d’Alexandrie, de Port Saïd, d’Ismaïlia, de Suez ; chefs-lieux des
Égypte gouvernorats frontaliers, autres chefs-lieux de gouvernorat et chefs-lieux de district (Markaz). La défini-
tion des zones urbaines pour le recensement de 2006 est celle de « shiakha », une partie d’un district.

Éthiopie Localités de 2 000 habitants ou plus.

Guinée Centres administratifs des préfectures et la ville capitale (Conakry).

Guinée équatoriale Chefs-lieux de district et localités comprenant 300 habitations et/ou 1 500 habitants ou plus.

Zone ayant une population de 2 000 habitants ou plus qui dispose de réseaux de transport, comporte
Kenya
des zones bâties, des structures industrielles ou manufacturières et d’autres équipements modernes.

Lesotho Tous les chefs-lieux administratifs et établissements en forte croissance.

Libéria Localités de 2 000 habitants ou plus.

Malawi Toutes les villes et zones urbanisées et tous les chefs-lieux de district.

Les cinq circonscriptions municipales, divisées en vingt arrondissements municipaux dont les limites ont
Maurice
été officiellement définies.

Zones urbaines déclarées pour lesquelles il existe des données cadastrales et autres zones d’habitat
Namibie
non planifié.

Niger Ville capitale, villes capitales de départements ou de districts.

Ouganda « Gazettes », villes, municipalités et bourgs.

Toutes les zones érigées en communes et les zones reconnues par les autorités gouvernementales
Tanzanie
comme urbaines.

Toutes les zones administratives reconnues comme urbaines par la loi. II s’agit de tous les chefs-lieux
Rwanda
des provinces, de la ville de Kigali ainsi que des villes de Nyanza, Ruhango et Rwamagana.

Sénégal Agglomérations de 10 000 habitants ou plus.

Soudan Centres administratifs et/ou commerciaux ou localités ayant une population de 5 000 habitants ou plus.

Zone géographique qui constitue une ville et se caractérise par une densité de population et de con-
Eswatini
structions humaines plus élevée que dans les zones qui l’entourent.

Tunisie Population vivant dans les communes.

Zambie Localités de 5 000 habitants ou plus dont l’activité économique prédominante n’est pas de type agricole.

Source : Nations Unies 2018a

non urbains. Cette séparation, encore claire considérées encore comme non urbaines, sont
il y a quelques décennies, devient de plus en déjà équivalentes à celle d’agglomérations exten-
plus arbitraire : dans le sud-est du Nigéria, sur sives des États-Unis ou d’Europe. Or, si le niveau
les hautes terres du Kenya et de l’Ouganda, sur de développement n’est certes pas comparable,
les collines du Rwanda et du Burundi, sur les la population continue d’y croître à des rythmes
plateaux d’Éthiopie, où les densités humaines, soutenus. Agriculture, industrie et services s’y

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 21


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

développent et se globalisent, de sorte que conti- Carte 1.1


nuer à classer certaines zones en « rurales » n’est Maputo et Matola (Mozambique) : deux
plus approprié. municipalités – une agglomération

Municipio de Manhiça
Des définitions fluctuantes ou absentes
Les définitions statistiques urbaines peuvent
être lacunaires ou inexistantes. Certains pays
comme le Kenya, le Nigéria ou l’Afrique du
Sud ne possèdent plus de définition statistique
officielle de la « population urbaine ». D’autres
n’explicitent pas leurs critères de classification
(Cabo Verde). Certains changent de définition
entre deux recensements, de sorte qu’au niveau
Matola
national, les données ne sont pas comparables
entre deux dates (Kenya). D’autres encore
présentent des listes de villes obsolètes, non
Maputo
réactualisées (Ghana, Tchad). Enfin, certains
bureaux de recensement affichent des catégories Incassane
Vila de Boane
sans référer à un seuil statistique : au Rwanda, 0 5 10

la liste des villes officielles est nominative. Par km

ailleurs, quelques pays donnent le choix entre


Unité urbaine locale
plusieurs définitions possibles, telles les catégo-
ries « mixtes » de République Unie de Tanzanie, Agglomération urbaine de Maputo
qui ne sont par définition ni rurales ni à urbaines. Agglomération urbaine (zone bâtie)
L’exemple du Nigéria montre que le décou-
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis
page administratif complexifie le calcul des 2018 ; Fond administratif communiqué par INE « unidades locais »
indicateurs statistiques qui donnent une repré-
sentation précise de l’urbanisation. Le pays qui
rassemble 18 % de la population du continent, une fois redivisées, n’atteignent plus le seuil
ne publie désormais aucune liste de « villes ». requis. Elles sont de facto redevenues rurales.
Les cities, towns et autres municipalities histo- Au Tchad, la définition de l’urbain, basée sur
riques ont été dissoutes et le découpage en Local la reconnaissance d’un chef-lieu d’une division
Government Areas (LGA) – données les plus administrative, devient obsolète en 1999. En
détaillées – efface leurs limites, soit en les subdi- 2008, cette définition est à nouveau valide, avec
visant en LGA distinctes, soit en les associant à pour conséquence que certains espaces suffi-
des périphéries rurales. La LGA ne permet pas samment denses et grands pour être considérés
d’estimer la population d’une agglomération, sauf comme villes se retrouvent sous la classification
de manière exceptionnelle pour quelques villes rurale par manque de statut de chef-lieu.
moyennes. Les chiffres relatifs à un « niveau
d’urbanisation », des taux de croissance, densités, Des découpages administratifs arbitraires
hiérarchies et autres indicateurs « urbains », ne Les données et indicateurs statistiques spatia-
sont donc pas vérifiables. lisés ne varient pas seulement en fonction des
Au Ghana, la définition est basée sur la taille dynamiques de leur contenu, mais des limites
minimum des localities (plus de 5 000 habitants). de leur contenant : les statistiques urbaines
Or, entre les recensements de 2000 et de 2010, les sont intrinsèquement liées à la façon dont est
localities sont supprimées au profit de commu- délimité chaque espace urbain. En Afrique
nities, entités plus petites et qui subdivisent comme ailleurs, l’administration peut créer,
éventuellement le territoire des anciennes locali- modifier ou effacer statistiquement une ville et
ties. La définition de l’urbain n’a alors plus de ainsi masquer certains déséquilibres tels que la
base géostatistique. Certaines urban localities, taille des capitales vis-à-vis des agglomérations

22 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

secondaires. En déplaçant simplement les limites Carte 1.2


administratives du contenant, il est possible de Nampula (Mozambique) : une capitale régionale
changer radicalement la représentation statis- partiellement urbaine
tique du contenu .
En outre, les services statistiques et géogra-
phiques à la source de l’information sont souvent
Rapale
des institutions séparées. La cartographie des
recensements est parfois confiée au ministère de
l’agriculture, de l’eau, ou de l’armée. Le cadastre
Nulone
peut ne pas exister ou, lorsqu’il existe, ne pas
être géoréférencé. Enfin, comme la cartogra- Nampula
phie procède d’une opération coûteuse qui exige
du personnel formé, elle n’est pas régulièrement
mise à jour.
0 5 10
Les découpages administratifs km

au Mozambique
Au Mozambique, tout comme dans les autres Unité urbaine locale

pays lusophones, la « population urbaine » Unité locale rurale


est calculée sur la base de « périmètres Agglomération urbaine de Nampula
urbains » (barrios urbanos) définis au sein de Agglomération urbaine (zone bâtie)
chaque localité (localidade). Selon la liste des
localités, Maputo est une ville distincte de Matola, Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis
2018 ; Fond administratif communiqué par INE « unidades locais »
qui a été érigée en municipalité distincte en 1988
(Carte 1.1). Cependant, au niveau administratif,
selon les critères Africapolis, les deux villes
appartiennent à la même agglomération. Se illustre les conséquences politiques que peuvent
conformant aux statistiques mozambicaines, le avoir différentes définitions de l’urbain. Si la
World Urbanization Prospects (WUP) (Nations superficie de la municipalité (cidade) de Nampula
Unies, 2018b) représente Maputo et Matola est de 481 km 2, la superficie de l’agglomération
comme deux entités distinctes. est en réalité 4 fois plus petite (110 km 2).
L’agglomération retenue par Africapolis Au Mozambique, le critère morpholo-
(zone urbanisée) de Maputo et Matola, munici- gique retenu par Africapolis pour mesurer les
palités urbaines distinctes, s’étend au-delà des périmètres urbains modifie le classement des
limites administratives, compris dans des zones villes en termes de population, avec des consé-
considérées comme rurales. quences potentielles pour les systèmes de
La taille de la capitale d’après les données représentation politique.
officielles nationales est de 1.1 million d’habi-
tants, contre 2.6 millions d’après Africapolis. La Un biais sur les grandes agglomérations
deuxième agglomération du pays apparaît être, dans les statistiques internationales
selon Africapolis, Beira (501 000 habitants) et non
Nampula (423 000 habitants) contre officiellement À l’échelle du continent, la majorité des études
679 000, soit une surestimation de plus de 50 % sur l’urbanisation, les villes et la population
(Carte 1.2). Nampula est la capitale de la province urbaine sont appréhendées à partir de bases
officiellement la plus peuplée du pays en 2017, et de données internationales avec des seuils
ainsi affichée comme la première force politique supérieurs à 100 000 habitants. Le World Urbani-
et électorale du pays. À l’inverse de la capitale, la sation Prospects (WUP) est la première référence
population des principales agglomérations secon- en statistiques urbaines à l’échelle interna-
daires est surestimée par la prise en compte d’un tionale. Le WUP retient 210 agglomérations
périmètre administratif très étendu. Cet exemple de plus de 300 000 habitants pour l’ensemble

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 23


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

Encadré 1.1
Limites administratives de Kinshasa (RDC) et urbanisationelle

Le recensement le plus récent date de 1984. Les densité moyenne de 20 habitants/km2. Trois autres
chiffres estimés par les Nations Unies et l’Institut communes incluent aussi de vastes secteurs très
national de la statistique de République démocra- peu denses : Mont-Ngalufa, Kimbanseke et Nsele.
tique du Congo (RDC) servent de référence en 2015 Suivant Africapolis, l’agglomération couvre seule-
pour les statistiques de population (RDC-INS/PNUD, ment 430 km2. Ainsi, en fonction de cette seule
2015). La densité de Kinshasa est estimée à partir question de délimitation, la capitale de la RDC,
de la superficie administrative légale de la province. devient la grande métropole la moins dense
Or, celle-ci s’étend sur 9 965 km car son territoire
2
d’Afrique si l’on se réfère à la définition par ville
englobe de vastes zones agricoles ou forestières très politico-administrative… ou au contraire la plus
peu peuplées (Carte 1.3). dense du continent si l’on seréfère à une définition
La commune de Maluku à l’est, couvre à morphologique d’agglomération.
elle seule 80 % de la superficie de la municipa-
lité (qui regroupe plusieurs communes) avec une

Carte 1.3
Kinshasa (RDC) : ville-province, communes et agglomération

CONGO (RD)

CONGO (RDC)

Brazzaville

Province de Kinshasa
Nsele
Kimbanseke Maluku
Mont Ngafula

0 10 20
km

Province de Kinshasa Agglomération urbaine de Kinshasa


Commune de Kinshasa Agglomération urbaine (zone bâtie)

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

24 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

Image 1.1
Monshaat Al Bakkari : un ancien bourg rural absorbé dans la périphérie du Caire (Égypte)

0 200 400
m

Village d’origine Métropole du Caire Terres agricoles

Note : L’ancien bourg rural de Monshaat Al Bakkari se retrouve dans la périphérie urbaine du Caire en raison de l’extension de la métropole.
Sources : Google Earth (consulté octobre 2015) ; Geopolis 2018

de l’Afrique (Nations Unies, 2018b). Ainsi, les seuil plus bas (100 000 habitants). Ce seuil permet
études basées à partir de ces données quali- d’inclure environ 10 % de la population urbaine
fient de « petites villes » des agglomérations de du continent africain, les 90 % restant se situant
500 000 habitants, parce qu’en bas de classement. dans des agglomérations comprises entre 10 000
À titre de comparaison, Africapolis compte plus de et 100 000 habitants (Nations Unies, 2018a). Cette
7 600 agglomérations urbaines. Les aggloméra- base de données est multilatérale et non interna-
tions retenues au sein du WUP ne représentent tionale : les annuaires se basent sur les données
que 3 % des agglomérations retenues par officielles fournies par les instituts de statistique
Africapolis avec le seuil de 10 000 habitants. nationaux, calculées selon des méthodes hétéro-
Les Annuaires démographiques de l’Organi- gènes. Or, il n’existe pas de définition homogène.
sation des Nations Unies (ONU), descendent à un

LES APPORTS D’UNE APPROCHE SPATIALE

L’urbanisation est multiforme et de nombreux doivent être éclairées. La prise en considéra-


phénomènes urbains restent ignorés des statis- tion des dimensions spatiales de l’urbanisation
tiques internationales. Si son ampleur est déjà comble ces lacunes. Une citation attribuée au
bien identifiée (croissance urbaine, élévation du chimiste français Paul Vieille, éclaire leur
niveau d’urbanisation), d’autres caractéristiques apport : « Ce qui est frappant quand on ne voit

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 25


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

Encadré 1.2
Limites territoriales et poids politique

Le schéma proposé montre comment des limites spatiales et leur manipulation influencent les indicateurs
urbains. Soit un carroyage de 10 x 10, donc cent cellules : 24 cellules comportent un contenu, le « 1 ».
Chaque « 1 » peut représenter un immeuble, un bloc d’agglomération de population ou un bulletin de vote.
Dans chacun des quatre cas (A, B, C, D), les « 1 » sont disposés exactement dans les mêmes cases. Quatre
territoires contenants sont représentés par des couleurs différentes. Les seules manipulations du découpage
des contenants, produisent des résultats variables en termes de contrôle et de distribution des « 1 ».

Graphique 1.1
La manipulation des limites spatiales

A B C D
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1
8 5 6 6 6 0 3 4
5 8 6 6 2 16 4 13

A : Carroyage simple – des contenants parfaitement B : Sans changer la superficie couverte par chaque
égaux (25 cellules) : du fait de l’inégale répartition contenant couleur (25 cellules), et seulement en
spatiale des « 1 », dans l’espace, le bleu et le jaune déplaçant légèrement les limites, chacune des
dominent à égalité avec huit « 1 » chacun. Le blanc quatre couleurs possède un nombre égal de « 1 ».
est le seul perdant avec seulement trois « 1 ».

pas quelque chose, c’est qu’on ne sait pas qu’on présentent une densité moyenne généralement
ne le voit pas ». supérieure aux villes officielles. De plus, la limite
Outre les limites statistiques, plusieurs entre les deux notions urbaines et rurales est
observations justifient l’approche spatiale. Il est souvent confuse du fait que peu de pays possède
impossible de séparer les zones « officielles » et des délimités géoréférencés et mis à jour des
« spontanées » des agglomérations. Tout d’abord, unités administratives rurales ou urbaines.
des milliers d’agglomérations possèdent une
partie « planifiée » et une ou plusieurs parties Étalement spatial et limites urbaines
« spontanées ». L’émergence de ces extensions administratives
spontanées résulte de plusieurs processus dont
l’étalement spatial, l’urbanisation in situ et l’appa- L’étalement spatial des agglomérations au-delà
rition de « régions métropolisées ». De nombreux des délimitations administratives est devenu l’un
exemples, notamment en Afrique australe, des principaux facteurs de la croissance urbaine.
montrent que les agglomérations spontanées Contrairement aux délimitations administratives

26 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

C : Les superficies attribuées à chaque couleur son poids ou au contraire de le minimiser, de la


restent encore égales avec 25 % du territoire chacun. scinder en différentes unités ou de lui adjoindre des
Cependant, le bleu possède à lui seul les deux tiers unités périphériques pour renforcer son poids.
des « 1 », tandis que le blanc n’en compte aucun. On suppose que les 4 couleurs sont 4 entités
D : Les superficies sont ici inégales. Le bleu politiques – par exemple des communes – et que
semble pénalisé car il ne contrôle plus que 13 % le groupe des 13 « 1 » contigus représente un bloc
de la surface, mais il remporte à lui seul 54 % de continu de constructions habitées.
l’ensemble des « 1 ». A et B : L’agglomération est partagée entre quatre
subdivisions territoriales. Elle n’existe pas politique-
Les propriétés de chacun des ment. De plus, aucune des subdivisions ne possède
découpages à elle seule suffisamment de « 1 », pour être urbaine.
A : Le découpage est a priori neutre et impartial. La C’est donc tout le territoire qui est considéré comme
méthode du carroyage est d’ailleurs souvent utilisée rural.
comme filet « objectif » en analyse spatiale. Il met ici C et D : L’unité politique de l’agglomération est
en évidence une répartition inégale des « 1 ». préservée. En D, l’unité bleue coïncide exactement
B : Une simple petite manipulation des limites donne à son extension spatiale. Avec 13 « 1 », elle est
un résultat parfaitement égalitaire, mais met en « urbaine », tandis que les 3 autres sont « rurales ».
œuvre un découpage de forme arbitraire. En C, 3 « 1 » isolés en dehors de l’agglomération lui
C : La manipulation des limites permet au bleu de sont adjoints, ce qui augmente son poids statistique,
remporter une majorité écrasante de « 1 », mais ainsi que le niveau d’urbanisation de l’ensemble du
aussi de créer un territoire totalement dépourvu de territoire.
« 1 ». Entre les cas de C et de D, le niveau d’urbani-
D : Il représente une stratégie de compensation, dite sation de l’ensemble du carré varie par exemple de
« platonicienne » ; le fait que le bleu contrôle le plus 67 % à 52 %, mais la densité de la « ville » chute
de « 1 » est contrebalancé par le fait que son terri- d’un tiers en C.
toire est moins étendu que les autres. Ce genre de problème est indécelable si l’on
ne possède aucun élément cartographique pour
Les découpages appliqués aux compléter les données chiffrées.
agglomérations
Par le jeu des découpages, et sans même manipuler
la définition statistique de l’urbain, il est aisé de faire
disparaître ou apparaître une « ville », de renforcer

d’une ville, les limites spatiales d’une agglo- De nombreux exemples montrent que, même
mération fluctuent dans le temps. L’étalement en cas de croissance démographique nulle
urbain (urban sprawl) est traditionnellement ou négative, les agglomérations continuent à
conçu comme une extension sur des terres s’étendre en fusionnant avec des villages ou des
naturelles ou agricoles. Cette définition est en agglomérations de leurs périphéries.
partie restrictive : les agglomérations tendent de Étant donné qu’en Afrique, le phénomène
plus en plus à absorber des zones déjà habitées urban sprawl (étalement spatial) se cumule
(autres villes, villages, hameaux et construc- avec une croissance démographique forte, il
tions initialement hors de l’agglomération) s’explique de plus en plus par des mouvements
(Image 1.1). Celles-ci ne se réduisent pas à un centrifuges de population urbaine et rurale, et
« étalement », mais entraînent l’absorption d’un non plus seulement par des mouvements centri-
habitat rural préexistant ainsi que des fusions pètes de populations vers les villes . Ainsi, le
entre agglomérations urbaines, qui deviennent poids de certains leviers urbains dont les migra-
des conurbations où coexistent plusieurs centres. tions rurales doit être revu.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 27


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

Encadré 1.3
Le Togo, condensé des phénomènes spatiaux

Carte 1.4
Empreinte spatiale du bâti dans le sud du Togo

Afagnagan
B ÉN I N

Attitogon

Hahotoé
CD
Vogan Aklakou
Anfoin
Tsévié
Va

e
du

Houssoukoué
Zi

Lac
B
o

Tog Glidji
o Togoville

E Aného

TOGO
F
A
GHANA Lomé

Aflao B

Frontière Agglomération urbaine de Lomé Agglomération urbaine (zone bâtie) Agglomération

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

(A) Politique et frontière qu’une extension de Lomé. Ici, la limite de l’agglo-


Lomé, la capitale du Togo francophone, est située mération coïncide avec une contrainte « naturelle ».
près de la frontière d’un pays anglophone, le Ghana. Cette limite est moins radicale que celle, politique, de
Son centre n’est situé qu’à quelques centaines de la frontière. Les bas-fonds de la vallée du Zio sont en
mètres de la frontière. La discontinuité majeure qui effet des zones inondables, impropres à la construc-
marque le déploiement spatial de l’agglomération est tion. Cependant, les populations les plus démunies
de nature politique, et non pas « naturelle ». L’espace s’y installent, s’approchant des zones à risques et
bâti s’arrête sur la ligne frontalière. En revanche, le rendant les limites de l’agglomération plus floues.
long du littoral, l’agglomération se prolonge au Gha
na sur la petite ville d’Aflao, formant ainsi une agglo- (C) Le mitage anarchique des zones périur-
mération transnationale. baines
Soumises à un taux d’accroissement naturel de
(B) Les contraintes naturelles et les limites l’ordre de 2.5 % et à l’arrivée de migrants d’origine
administratives urbaine, les campagnes dans la proximité de Lomé
L’extension de l’agglomération de Lomé est inter- sont soumises à d’intenses mouvements d’occupa-
rompue au sud par le littoral, et au nord et nord-est tion. Localement, ceci se traduit par l’étalement des
par la vallée d’un petit fleuve côtier, le Zio. L’urba- bourgs existants, par la prolifération de nouveaux
nisation reprend sur le versant opposé avec villages et hameaux, et par une dissémination
l’agglomération de Tsévié, la deuxième du pays par le anarchique de constructions de toute nature dans
nombre d’habitants, mais qui fonctionnellement n’est les campagnes – maisons, immeubles, garages,

28 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

ateliers. Au terme de la densification, ce processus la population urbaine et 25 % de celle du pays. S’y


pourrait produire une agglomération généralisée de trouvent la quasi-totalité des médias et des sièges
pans entiers du territoire ; une partie des nouveaux d’entreprises ou de succursales de groupes inter-
habitants étant constituée par des habitants de Lomé nationaux, l’aéroport international, les ambassades,
en quête d’espace. Ces mouvements migratoires ne les organes du gouvernement, etc. La particula-
procèdent plus de l’exode rural. rité de Lomé est également qualitative et illustre le
décrochage commun en Afrique entre la capitale
(D) La reconnaissance politique du statut métropole et les agglomérations secondaires.
« urbain »
Parmi les agglomérations de plus de (F) L’émergence des régions métropolisées et
10 000 habitants, certaines sont des « villes » au le reste du territoire
sens de la définition officielle togolaise, d’autres des Les périphéries orientales de Lomé voient émerger
villages ou groupes de villages agglomérés. Dans de nombreuses nouvelles petites agglomérations
plusieurs pays d’Afrique, cette différence de statut au-delà des limites morphologiques des agglomé-
se traduit par des réglementations différentes en ce rations. Ces avant-postes de la métropole forment
qui concerne les conditions d’accès au foncier et de des ensembles géographiques étendus fortement
construction, illustrant l’importance des singularités interconnectés et dont les conditions de dévelop-
nationales et du contexte local. pement sont a priori différentes de celles des
petites agglomérations plus isolées et moins acces-
(E) L’opposition entre agglomérations métropo- sibles à l’économie globalisée de l’intérieur du pays
litaines et agglomérations secondaires (pressions foncières, mobilité aléatoire des habitants,
Fruits de mouvements à la fois centripètes et centri- hausse des prix du sol, mitage et disparition des
fuges, de densification des espaces extensifs et du terres agricoles et des espaces naturels, etc.).
centre saturé, les dimensions de la capitale sont
sans commune mesure avec celles des autres
agglomérations du pays. Lomé rassemble 51 % de

Urbanisation in situ des zones rurales L’émergence de ces agglomérations sponta-


nées n’est souvent pas intégrée par les autorités
La croissance démographique des zones rurales publiques et les statistiques. L’importance de ces
déjà densément peuplées, conduit à la formation phénomènes en Afrique questionne l’influence
de nouvelles agglomérations de taille secon- encore attribuée à l’exode rural et aux migrations
daire, ou urbanisation in situ. Ce processus se résidentielles dans la croissance urbaine.
manifeste lorsque la densité rurale atteint un Dans la plupart des espaces récemment
seuil satisfaisant les critères d’une reclassification urbanisés, c’est plutôt l’absence ou la faiblesse
urbaine. D’un point de vue spatial, l’urbanisation des migrations rurales qui conduit à la densifi-
reste avant tout un processus de concentration cation et à l’urbanisation in situ.
démographique et d’activités non agricoles à Les migrations rurales-urbaines contribuent
l’échelle micro-locale, résultant en la formation toujours pour certaines formes d’urbanisa-
d’une « agglomération ». La densification va de tion plus classiques et dans des zones rurales
pair avec la réorganisation des activités, notam- accueillent d’autres populations rurales. Ceci
ment la baisse graduelle des activités agricoles. s’observe pour des zones rurales périphériques
Au cours de ces transformations, la distinction de grands centres urbains. Il ne s’agit pas vérita-
entre agglomération et peuplement rural reste blement d’une migration vers une ville mais
floue et contestée. plutôt vers une région d’accueil.
Dans les régions où le peuplement rural est Ces migrations résultent également de
déjà dense, l’urbanisation in situ peut entrainer mouvements de populations hors des villes par
une urbanisation généralisée et massive. manque de logements comme au sud du Togo

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 29


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

et en Ouganda ; ces migrations peuvent n’être mais aussi à la proximité frontalière de


que temporaires et concernent les étudiants, nombreuses métropoles – N’Djaména, Bangui,
les fonctionnaires ou les employés de certaines Bujumbura, Banjul, Brazzaville, Kinshasa,
grandes compagnies (Wa Kabwe-Segatti, 2009 ; Gaborone, Mbabane, Maseru. Cette particularité
Mercandalli et Losch, 2018 ; Awumbila, 2017 ; engendre des mobilités transnationales de biens
Bakewell et Jónsson, 2011). et de personnes. À terme, les échanges entre
Cependant, au XXe siècle, les migrations métropoles l’emportent sur les échanges avec
découlent de plus en plus de crises locales et les villes secondaires de l’intérieur, aggravant
datées : guerres civiles, insécurité, catastrophes les disparités territoriales du développement.
naturelles. Les grandes agglomérations servent L’émergence de « régions métropolisées » dans
alors de refuges pour des flux de réfugiés natio- tous les pays d’Afrique subsaharienne, à l’excep-
naux ou étrangers chassés de leur région par tion du plus récent – le Soudan du Sud –, se
l’insécurité. manifeste par un décrochage d’échelle régio-
nale qui s’effectue entre de véritables régions
Formation des régions métropolisées métropolisées et le reste du pays qui peine à se
développer.
L’une des particularités de l’Afrique subsaha- L’Encadré 1.3 illustre les atouts de l’approche
rienne réside dans l’émergence de « régions spatiale à la mesure de l’urbain pour le cas du sud
métropolisées » d’envergure transfrontalière, du Togo, combinant étalement urbain, urbanisa-
comme Lomé par exemple. Ceci est lié à la tion in situ ainsi que l’apparition d’une région
fragmentation politique de la façade maritime, métropolisée centrée sur Lomé.

AFRICAPOLIS, UNE VISION DE L’URBANISATION AFRICAINE

Africapolis, version continentale de l’initiative force les populations à partager le même lieu et
mondiale e-Geopolis, est conçue pour permettre à s’adapter à de nouvelles situations en termes
des analyses comparatives et à long terme des d’habitat, d’utilisation du sol et de mobilité ;
dynamiques d’urbanisation en Afrique. Africa- d’autre part, parce qu’une fois contrainte par
polis repose sur une approche spatiale et ces choix, cette occupation dépend de logiques
applique un critère physique (une zone bâtie en intrinsèques à la spatialisation.
continu), ainsi qu’un critère démographique (plus La base de données Africapolis applique une
de 10 000 habitants) pour définir une aggloméra- seule et même définition de l’espace urbanisé à
tion urbaine. L’unité urbaine est définie par la l’ensemble des pays, quelles que soient les défini-
combinaison d’images satellites et aériennes, de tions nationales.
données officielles sur la population telles que les
recensements et autres sources cartographiques. La méthodologie,
Contrairement aux villes, dont les limites une approche bottom up
sont fixes, les agglomérations définies par Africa-
polis sont des unités dont la forme, le contenu et Africapolis qualifie une agglomération comme
les limites varient dans le temps, en fonction de urbaine si sa population est supérieure à
l’évolution de l’environnement bâti. 10 000 habitants et si son extension physique
L’approche spatiale novatrice de l’urbanisa- ne présente pas de rupture de l’espace bâti de
tion développée par Africapolis s’appuie sur ses plus de 200 m (Graphique 1.2). La méthode d’har-
manifestations concrètes dans l’espace (morpho- monisation croise deux types de source : 1) des
logie) permettant les comparaisons nationales données statistiques de population disponibles
et temporelles. Les approches économiques, pour chaque pays, et 2) des images satellites
démographiques, sociologiques ou politiques et des cartes en coordonnées géographiques
doivent être considérées simultanément : d’une terrestres permettant d’identifier les limites
part, parce que la finitude de l’espace disponible physiques de l’extension des agglomérations.

30 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

Tableau 1.2
Liste des recensements utilisés (publiés par localité)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010


Afrique du Sud 1950 1960 1970 1980 1991, 1996 2001 2011
Algérie 1954 1960, 1966 1977 1987 1998 2008
Angola 1950 1960 1970 2014
Bénin 1979 1992 2002 2013
Botswana 1964 1971 1981 1991 2001 2011
Burkina Faso 1975 2006
Burundi 1979 1990 2008
Cabo Verde 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010
Cameroun 1976 2006
Côte d’Ivoire 1975 2014
Djibouti 2009
Égypte 1947 1960, 1966 1976 1986 1996 2006 2017
Érythrée 1984 1997
Éthiopie 1984 1994 2004
Gabon 1970 1993 2003 2013
Gambie 1951 1963 1973 1983 1993 2003 2013
Ghana 1960 1970,1974 2000 2010
Guinée 1958 1996 2014
Guinée équatoriale 1950 1960 1970 1983 1994 2015
Guinée-Bissau 1991 2009
Kenya 1962, 1969 1979 1989 1999 2009
Lesotho 1956 1966 1976 1986 1996 2006 2016
Libéria 1962 1974 1984 2008
Libye 1954 1964 1973 1984 1995 2006
Malawi 1956 1966 1977 1987 1998 2008 2018
Mali 2009
Maroc 1951,1952 1960 1971 1982 1994 2014
Mauritanie 1977 1988 2000 2013
Mozambique 1950 1960 1970 1980 1997 2007 2017
Namibie 1950 1960 1970 1981 1991 2001 2010
Niger 1977 1988 2001 2012
Nigéria 1952 1963 1991 2006
Ouganda 2002 2014
République du Congo 1974 1996 2007
République centrafricaine 1975 1988 2003
République démocrtique
1970 1984
du Congo
Royaume d’Eswatini 1956 1966 1976 1986 1997 2007 2017
Rwanda 1970,1978 1991 2002 2012
Sao Tomé-et-Principe 1950 1960 1970 1981 2001 2012
Sénégal 1976 1988 2002 2013
Sierra Leone 1962 1974 1985 2005 2015
Somalie 1975
Soudan 1956 1973 1983 1993 2008
Soudan du Sud 1956 1973 1983 1993 2008
Tanzanie 1958 1967 1978 1988 2002 2012
Tchad 1968 1993 2009
Togo 1959 1970 1981 2010

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 31


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

Table 1.2 (cont.)


Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010
Tunisie 1956 1966 1975 1984 1994 2004 2014
Zambie 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010
Zimbabwe 1982 1992 2002 2012
Note : Sources disponibles de manière exhaustive à l’échelle du pays et ventilées par localité. Ces données peuvent être complétées ponctuellement par
d’autres sources, comme un recensement municipal, des dénombrements administratifs ou des estimations officielles.
Source : Geopolis 2018

Africapolis s’appuie sur des méthodes et • Traitement des images satellites : télédétec-
hypothèses scientifiques issues de la géogra- tion du bâti, délimitation des agglomérations
phie quantitative et utilisées par la communauté sous la forme de polygones, vérifications
scientifique depuis 1991 (Moriconi-Ebrard, manuelles, géoréférencement des polygones ;
1994, 1993 ; ANR, 2008) . Cette méthodologie • Croisement des unités locales (points) et des
s’appuie, d’une part, sur la nouvelle généra- zones urbanisées (polygones) pour déter-
tion des technologies entre imagerie satellite et miner l’ensemble des agglomérations de plus
bases de données-système d’information géogra- de 10 000 habitants.
phique (SIG) ; d’autre part, sur le plus gros fond
documentaire jamais réuni sur le continent en Le traitement des données
matière de données localisées de recensement démographiques par localité
(répertoires des villages et/ou des localités, Africapolis rassemble les données sur la popula-
census gazetters, village directories, etc.). tion urbaine des pays africains à l’échelle des
La combinaison de ces deux sources permet localités (municipalités, communes, bourgs,
d’accroître considérablement la connaissance villes, etc.) à partir de sources officielles dispo-
de la répartition de la population. Les données nibles : recensements nationaux, statistiques
morphologiques produites sont calées sur la électorales, données paroissiales, etc. Les
sphère terrestre et peuvent être vérifiées sur données démographiques collectées couvrent
Google Earth. Les données toponymiques et l’ensemble des localités des pays africains à
démographiques peuvent, quant à elles, être l’échelle spatiale la plus fine possible et par séries
vérifiées à partir des publications des recense- historiques de 10 ans (2000, 1990, 1980, etc.).
ments, sources publiques (Tableau 1.2). Chaque localité est convertie en Unité locale
La base de données Africapolis combine (UL) géoréférencée. Par exemple, la municipalité
trois types d’information : la liste des localités de Dakar (3 millions d’habitants) et la petite ville
d’un pays, la population par localité, le bâti de Marsabit (30 000 habitants) dans le centre du
continu formant une zone urbanisée. Ces infor- Kenya constituent chacune une UL. La popula-
mations sont obtenues à partir de deux sources : tion de chaque localité est estimée à une date
les données démographiques de la population fixe (1er juillet 2015), puis rétrospectivement au
à l’échelle des localités (recensements) et les 1er juillet des années millésimées en 0 (2000, 1990,
données de télédétection des zones urbaines 1980, etc.). La population est ensuite calculée
(images satellites). pour chaque année sur la base des données de
La méthodologie repose sur les principes et recensement. Les données de population d’une
critères du FAIR data (Findable, Accessible, UL dans le temps sont harmonisées. En cas de
Interoperable, Re-useable) et s’appuie sur un fusion ou démembrement d’unités locales dans
protocole scientifique précis : la base de données, la population est alors recal-
• Traitement des données démographiques par culée. La constitution de la base de données
localité : collecte et harmonisation des statis- Africapolis permet le géoréférencement d’un
tiques démographiques nationales ou locales ensemble de 9 082 UL par leurs coordonnées
disponibles, découpage en unités locales géographiques (sous la forme de points). Les
sous la forme de points, géoréférencement coordonnées géographiques correspondent au
des unités locales ; centre de la localité.

32 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

Encadré 1.4
Pourquoi un seuil de 10 000 habitants ?

Le seuil minimum de 10 000 habitants à partir secteur agricole au fur et à mesure que cette masse
duquel les agglomérations sont reconnues comme s’élève. Autour de ce seuil, les activités secondaires
« urbaines » peut être scientifiquement discuté. et tertiaires deviennent prépondérantes. Le gros
Aucune étude ne peut prouver l’existence d’un seuil bourg rural devient une petite agglomération urbaine.
précis permettant de distinguer un établissement Le seuil de 10 000 habitants agglomérés représente
rural d’un établissement urbain. Ce seuil varie non donc une « moyenne » minimale qui peut être relevée
seulement dans l’espace mais dans le temps. Dans selon les besoins d’une étude.
un même pays, il peut également varier selon les En Afrique subsaharienne, la taille des
régions. ménages étant très élevée, une agglomération
Néanmoins plusieurs auteurs ont montré qu’un de 10 000 habitants comporte de 1 000 à
changement qualitatif s’opère au-dessus du seuil des 1 200 ménages contre 3 500 à 4 000 en Europe.
10 000 habitants, seuil au-delà duquel la présence Un nombre réduit de ménages se traduisant par une
d’activités et de services nouveaux devient envisage- proportion moindre d’actifs et le poids du secteur
able. Dans un contexte structurellement agricole, le primaire étant encore prépondérant, il y a une forte
caractère « urbain » de l’agglomération est marqué proportion d’agriculteurs dans les plus petites
par la présence d’actifs non agriculteurs. Par un agglomérations. À cette échelle, les champs ne sont
effet de masse, une partie de la population sort du jamais éloignés du domicile.

Pour chaque UL, Africapolis dispose des (résidentielles, commerciales, administra-


informations suivantes : identifiant (code), tives, industrielles, etc.) ;
toponyme, affiliation administrative dans le • Les interruptions linéaires (axes routiers,
maillage administratif territorial, population échangeurs autoroutiers, cours d’eau,
en nombre d’habitants, coordonnées géogra- chemins de fer) ne coupent pas l’agglomé-
phiques ainsi que d’éventuelles données ration si les constructions sont à moins de
historiques (ancien toponyme, ancienne affilia- 200 mètres au total de part et d’autre.
tion administrative). Les unités locales forment Toutes les agglomérations occupant plus d’un
un ensemble harmonisé, géoréférencé, et compa- kilomètre de long sont systématiquement vectori-
rable à l’échelle du continent, entre pays et dans sées sous forme d’un polygone. Chaque polygone
le temps. est vérifié visuellement et, le cas échéant, corrigé
manuellement avant d’être géoréférencé. Les
Le traitement des images satellites polygones couvrent ainsi la totalité des zones
Le traitement des images satellites repose sur urbanisées du continent.
les techniques de télédétection, principale-
ment à partir de Google Earth. L’algorithme Le croisement des données
conçu par Africapolis permet de détecter les Le croisement de l’ensemble des unités locales
zones bâties dans les zones climatiques sèches avec l’ensemble des polygones permet de
et humides (Annexe A) et de créer des polygones faire apparaître les agglomérations de plus
pour délimiter les zones urbaines, ou « agglomé- de 10 000 habitants. Chaque agglomération
rations » telles que définies par Africapolis. Les obtenue reçoit le nom de la plus grande UL
polygones sont créés selon plusieurs critères : qu’elle recouvre. Les agglomérations Africapolis
• Les limites des agglomérations prennent en incluent les informations nouvellement obtenues
compte uniquement le bâti et ne tiennent pas suivantes :
compte des limites administratives ; • superficie de la zone urbanisée (km²),
• L’ensemble des constructions est intégré • nombre d’UL sur lesquelles elle s’étend,

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 33


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

Graphique 1.2
Étapes de la méthodology Africapolis

Digitalisation des agglomérations


Traitement des données censitaires

1
Images satellite
SOURCES

Cartes 2
HARMONISATION
SPATIALE ET TEMPORELLE

Délimitation
des agglomérations urbaines
A+B > 200 m = non aggloméré

plus de 200 m

Recensements
A B

34 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

4
CROISEMENT DES DONNÉES
3 CENSITAIRES ET DES AGGLOMÉRATIONS
GEORÉFÉRENCEMENT
DES UNITÉS LOCALES Accra
Koforidua Population : 4 452 000
Population : 201 000 Densité : 3 718 inhabs/km2
Densité : 3 316 inhabs/km2 Bâti urbain : 1 197 km2
Base
Bâti urbain : 60 km2
des agglomérations
urbaines
New Tafo Somanya
Population : 63 000
Aburi
Population : 111 000
Densité : 3 449 inhabs/km2
Densité : 3 556 inhabs/km2
Kibi Bâti urbain : 18 km2
Bâti urbain : 31 km2

Winneba

Population
Unité Locale
Population : 234 000

[ 4.6237°N, 0.1251°W ]

[ 13.6231°N, 0.2350°W ]

Population : 74 000
Population : 112 000
Population : 92 000

[ 3.1032°N, 0.3840°E ]

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 35


Chapitre 1 Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique

• population (somme de la population de ces Carte 1.5


mêmes UL). Écart niveau d’urbanisation entre Africapolis et
Banque mondiale en 2015
Des résultats complémentaires des
statistiques nationales

L’échantillon des « villes » issu des définitions


nationales peut être très différent de celui des
« agglomérations urbaines » selon Africapolis.
Dans tous les pays, les échantillons se recoupent,
à l’exception de la Mauritanie et de Djibouti.
D’une part, des agglomérations Africapolis
non reconnues officiellement comme urbaines
coexistent avec des villes officielles non recon-
nues comme des agglomérations de plus de
10 000 habitants. D’autre part, à l’intérieur même
des agglomérations de plus de 10 000 habitants,
certaines parties sont officiellement urbaines, et
d’autres rurales.
Africapolis révèle également l’existence
d’agglomérations absentes des statistiques Différence (point de pourcentage)
officielles, dans des régions considérées comme [Nombre de pays]

non urbanisées. L’ampleur du phénomène est World Bank élevé Africapolis élevé

frappant. Il ne concerne plus seulement de


< -33 -33 - -10 -10 - -3 -3 - 3 3 - 10 10 - 33 > 33
gros bourgs, ni des extensions spontanées de [0] [3] [14] [16] [12] [2] [3]
faubourgs de grandes villes, mais des agglo-
mérations ou conurbations de toutes tailles. Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ;
Geopolis 2018 ; Banque mondiale 2018
Certaines d’entre elles comptent aujourd’hui plus
d’un million d’habitants : au Nigéria (Onitsha,
Aba, Uyo), en Éthiopie (Sodo, Hawassa), au Kenya Au XXIe siècle, l’urbanisation africaine ne
(Kisii, Kisumu), au Cameroun (Bafoussam), et en peut pas être appréhendée seulement par un
Ouganda (Mbale). À côté des villes secondaires échantillon de grandes villes ou par des cas
« officielles » émergent des agglomérations d’études, tout comme elle ne peut pas se réduire
dont le statut n’est pas encore reconnu comme à une simple opposition rural/urbain. Parce que
« urbain ». Cette non-reconnaissance a un impact l’urbanisation est devenue une tendance conti-
politique conséquent freinant l’emprise que les nentale et globale, il n’est plus possible de ne
pouvoirs publics et les administrations natio- s’appuyer que sur des définitions statistiques
nales pourraient avoir sur leur développement. officielles trop hétérogènes par leur approche.
Au niveau macro, les niveaux d’urbanisation1 Par l’usage de données spatiales et d’images
observés dans Africapolis sont pour 25 pays satellites, Africapolis souligne la diversité
parmi les 50 étudiés, supérieurs aux niveaux des formes d’urbanisation : prolifération de
officiels (couleurs rouges, Carte 1.5). Les pays où centaines de petites agglomérations non officiel-
le niveau d’urbanisation estimé par Africapolis lement répertoriées en RDC, au Soudan du
est inférieur aux données officielles concernent, Sud et au Sahel, urbanisation généralisée du
à l’exception du Ghana et du Mali, les États peu Rwanda, dédoublement informel des agglomé-
peuplés et peu denses. Dans ces pays, la défini- rations entre « villes » officielles et quartiers
tion de la « ville » s’étend à de très petites localités spontanés de Zambie, extension anarchique des
étalées sur l’ensemble du territoire avec pour constructions dans les campagnes du Malawi,
effet d’augmenter l’effectif total de la population émergence d’immenses conurbations exten-
urbaine. sives et multi-centrées dans le delta du Niger

36 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Défis et mesures de l’urbanisation en Afrique Chapitre 1

au Nigéria, sur les Hautes terres d’Éthiopie, du surimposent localement produisant diverses
Kenya ou du Cameroun. combinaisons qui parfois s’équilibrent, parfois
Les processus observés à une échelle se cumulent, contribuant à construire une
ne s’appliquent pas sur d’autres. Celles-ci se urbanisation multifacette africaine.

Notes
1 Dans Africapolis « niveau d’urbanisation » est l’indicateur nommé par de nombreuses institutions, dont la Banque
mondiale, « taux d’urbanisation ». Dans ce rapport, le « taux d’urbanisation » est réservé à un processus et correspond
à la variation du niveau d’urbanisation au cours d’une période. On peut ainsi parler de taux d’urbanisation annuel ou
décennal.

Références
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DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 37


Chapitre 2

Analyse géostatistique
de l’urbanisation africaine
Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Avec 7 617 agglomérations urbaines de plus de 10 000 habitants en 2015,


identifiées par Africapolis, l’Afrique s’urbanise à un rythme particulièrement
soutenu. La transition urbaine de l’Afrique est plus variée et multidimensionnelle
qu’il ne semble. Ses leviers, schémas et effets ne suivent pas des processus
uniformes et passés. L’absence de données plus exhaustives a contribué à
de fausses perceptions de l’urbanisation. Pourtant, la définition de stratégies
politiques appropriées est subordonnée à une meilleure compréhension des
réalités et du contexte des dynamiques de l’urbanisation africaine.
Africapolis propose des données comparables de l’évolution de l’ensemble
du réseau urbain entre 1950 et 2015 dans 50 pays africains. Ces données
systématiques et homogènes forment une base permettant de mieux comprendre
les dynamiques actuelles, d’identifier les leviers et l’intensité de la croissance
urbaine, et d’anticiper les tendances futures. En particulier, l’approche spatiale
d’Africapolis permet d’appréhender les transformations les moins connues et les
plus inattendues.

NIVEAU ET RYTHME D’URBANISATION

Africapolis souligne le rythme puissant des Les pays aux niveaux les plus faibles sont le
transformations en cours. La population Niger (17 %), le Burundi (21 %), l’Érythrée (24 %),
urbaine d’Afrique est passée de 27 millions à le Lesotho (26 %) et le Soudan du Sud (27 %)
567 millions de personnes entre 1950 et 2015, soit (Annexe D). En dehors de l’Afrique, les seuls
une augmentation de 2 000 %. En 2015, le Kenya pays présentant des niveaux aussi faibles sont le
compte davantage de citadins que l’ensemble Népal, le Cambodge et le Sri Lanka. En 2015, 22
de l’Afrique en 1950. La moitié de la population pays africains affichent un niveau d’urbanisation
africaine vit dans l’une des 7 617 agglomérations supérieur à 50 %.
urbaines. Dans 9 pays, le niveau d’urbanisa- Globalement, les pays dont le niveau de
tion est supérieur à 66 %, et dans 30 autres il revenu est plus élevé tendent à enregistrer un
se situe entre 33 % et 65 %. En 1950, seulement niveau d’urbanisation plus élevé. Les 2 seuls
4 pays enregistraient un niveau d’urbanisation pays à faible revenu (en revenu national brut
supérieur à 33 %, et 35 étaient en dessous de par habitant) ayant un niveau d’urbanisation
10 %. supérieur à 50 % sont le Rwanda, pays où la densité
de population est la plus forte, et la Gambie, l’un
Niveau d’urbanisation des pays dont la superficie est la plus petite. De
même, les pays au plus haut niveau d’urbani-
En 2015, la moitié de la population d’Afrique sation, à savoir Djibouti, l’Égypte, le Gabon et
(50.4 %) vit dans une agglomération urbaine de la Libye, –affichent des revenus intermédiaires
plus de 10 000 habitants. L’Afrique du Nord est et possèdent des territoires quasi désertiques
la région la plus urbanisée du continent (78 %), ou dotés de vastes forêts, comme au Gabon. Ce
l’Égypte et la Libye affichant les niveaux d’urba- facteur s’explique par le faible nombre d’agricul-
nisation les plus élevés1, à, respectivement, 93 % teurs, premier groupe d’actifs de la population
et 81 % (Carte 2.1). Les 2 autres pays avec un rurale ; activité qui tend également à diminuer
niveau d’urbanisation supérieur à 80 % sont le dans les pays les plus développés, avec la mécani-
Gabon (81 %) et Sao Tomé-et-Principe (80 %). sation et l’intensification de l’agriculture, comme

40 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Carte 2.1 Rythme de la transition urbaine


Niveau d’urbanisation en Afrique, 2015
Une caractéristique essentielle des dynamiques
d’urbanisation réside dans le rythme des trans-
formations en cours. En 1950, la plupart des
pays d’Afrique étaient essentiellement des
sociétés agraires avec quelques centres urbains
servant de centres commerciaux, administratifs,
religieux et culturels. Sur 50 pays, seulement 8
ont alors un niveau d’urbanisation supérieur à
20 %, et 26 un niveau inférieur à 10 % (Carte 2.2).
Des transformations spectaculaires se
sont particulièrement opérées ces 25 dernières
années. Pour l’ensemble du continent, le niveau
d’urbanisation a augmenté de 31 % en 1990 à
50 % en 2015. En 1990, 31 pays ont encore un
faible niveau d’urbanisation, inférieur à 33 %
– dont 17 pays en dessous de 20 % . Ce chiffre
est tombé, en 2015, à 11 pays, seul le Niger étant
Part de la population urbaine sur total (%)
[Nombre de pays] en dessous de 20 % . Le Rwanda est passé de
5 % à 56 %, soit un niveau analogue à celui du
< 20% 20-32 33-49 50-65 66-79 > 79%
Maroc. Le niveau d’urbanisation du Kenya s’est
[1] [10] [17] [13] [5] [5]
accru de 49 points de pourcentage, passant de
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; 16 % à 65 %, et celui de l’Angola de 37 points de
Geopolis 2018
pourcentage, passant de 26 % à 63 % en seule-
ment 25 ans (Graphique 2.1).
en Afrique du Sud (70%). Les dix pays affichant Depuis les années 90, le principal moteur
les niveaux d’urbanisation les plus bas sont tous des dynamiques d’urbanisation est la forte
des pays à faible revenu, à l’exception du Lesotho croissance démographique. Celle-ci contribue
et du Royaume d’Eswatini. directement à la croissance naturelle de la
De multiples facteurs structurels et population urbaine. Cependant, de manière
socio-économiques influent sur les dynamiques indirecte, la reclassification des établissements
d’urbanisation : géographie et climat, crois- ruraux –lorsque le seuil de l’urbain est atteint ,
sance démographique, taille et densité, revenus à l’expansion des zones urbaines absorbe le rural
et structure économique, politiques publiques et lorsque la coalescence des établissements
et institutions ou facteurs cycliques, tels que les humains– expliquent pour part la croissance
catastrophes environnementales, les conflits ou observée. Ainsi, au Rwanda entre 1990 et 2015,
les cycles économiques, notamment. Ces facteurs la densité de population double et favorise la
n’ont pas tous le même poids et évoluent en coalescence d’établissements et la reclassification
fonction des contextes nationaux et des interac- de zones rurales, ce qui explique la hausse forte
tions. Certains jouent un rôle plus déterminant à et non progressive du niveau d’urbanisation. Des
des niveaux d’urbanisation plus faibles (Bairoch dynamiques similaires se développent sur tout
et Goertz, 1986 ;). De plus, la diversité des résultats le continent, notamment dans certaines régions
et des tendances souligne l’importance des États, du Kenya, du Nigéria et de l’Ouganda. L’impor-
des institutions et des contextes nationaux sur les tance de la reclassification des zones rurales au
dynamiques urbaines. Partant, si des tendances cours des récentes transitions urbaines s’observe
générales se dégagent, les analyses contextuelles dans d’autres régions du monde. En Chine, par
et structurelles demeurent nécessaires pour exemple, il est estimé que la reclassification de
identifier les leviers du développement urbain. zones rurales représente 40 % de l’accroissement
total de la population urbaine entre 1978 et 1990

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 41


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Carte 2.2
Évolution du niveau d’urbanisation en Afrique, 1950, 1970, 1990 et 2010

1950 1970

Part de la population urbaine sur total (%)


[Nombre de pays]

< 20% 20-32 33-49 50-65 66-79 > 79%


2010 [3] [12] [20] [8] [5] [2]
1990 [17] [14] [13] [3] [2] [1]
1970 [30] [13] [4] [3] [0] [0]
1950 [42] [4] [2] [1] [1] [0]

1990 2010

Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

(Farrell, 2017). Cependant, l’absence de prises en officiels pour définir les zones urbaines n’ont pas
compte des reclassifications des zones rurales changé depuis la fin des années 60.
pourrait expliquer la stagnation des chiffres
officiels du niveau d’urbanisation et les écarts
substantiels par rapport aux données Africapolis.
C’est le cas pour l’Égypte, où les paramètres

42 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Graphique 2.1
Évolution du niveau d’urbanisation entre 1990 et 2015

1990 2015
Égypt
Gabon
Libye
Sao Tomé-et-Principe
Djibouti
Afrique du Sud
République du Congo
Algérie
Kenya
Angola
Tunisie
Guinée équatoriale
Maroc
Botswana
Gambie
Rwanda
Cameroun
Nigéria
Ghana
Sénégal
Cabo Verde
Togo
Afrique
Bénin
Côte d’Ivoire
République démocratique du Congo
Zambie
Soudan
Libéria
Mauritanie
Namibie
Ouganda
Tanzanie
République centrafricaine
Guinée
Sierra Leone
Somalie
Guinée-Bissau
Mozambique
Zimbabwe
Mali
Malawi
Burkina Faso
Tchad
Royaume d’Eswatini
Éthiopie
Soudan du Sud
Lesotho
Érythrée
Burundi
Niger Niveau
25 % 50 % 75 % d’urbanisation

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 43


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Croissance de la population urbaine Carte 2.3


Croissance de la population urbaine en Afrique,
La croissance de la population urbaine constitue 1950-2015
probablement l’aspect le plus spectaculaire des
dynamiques d’urbanisation de l’Afrique. La
population urbaine est passée de 27 millions
en 1950 à 567 millions en 2015, soit une hausse
de 2 000 %. En 2015, le Kenya compte plus de
citadins (28.6 millions) que n’en dénombre
l’Afrique dans sa totalité en 1950. Dakar, la
capitale du Sénégal, compte autant d’habi-
tants (3.1 millions) que l’ensemble du pays il y
a un demi-siècle, tout comme Abidjan en Côte
d’Ivoire, et Lomé au Togo. Depuis 2010, la popula-
tion urbaine de l’Afrique croît de 21 millions de
personnes par an.
La croissance de la population africaine
montre également les fortes interactions des
différentes facettes qui la composent : croissance
naturelle, migration et reclassification rurale.
Entre 1950 et 2015, la population urbaine de Croissance urbaine moyenne (%)
l’Afrique augmente de 4.8 % par an. Cependant, [Nombre de pays]

dans 37 pays sur 50, le taux de croissance urbaine 3-4 4-4.8 4.8-6 6-7 7-8 8-9.3
excède 4.8 %, pour atteindre, voire dépasser 7 % [8] [5] [13] [12] [8] [4]
dans 12 pays, ce qui implique un doublement de Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)
la population tous les 10 ans (Annexe C). Parmi
ces 12 pays, 5 affichent les niveaux d’urbanisation
les plus bas du continent (le Niger, le Burundi,
le Lesotho, le Soudan du Sud et le Malawi). à 4.4 % pour le continent, avant de repartir à
Seul le Gabon a en 2015 un taux supérieur à la hausse entre 2000 et 2015, à 4.7 %. Au cours
66 % (Carte 2.3). Certains des pays aux niveaux de cette période, la croissance de la population
d’urbanisation les plus élevés en 2015 – l’Égypte, urbaine est particulièrement forte en Afrique de
la Libye, Sao Tomé et-Principe et l’Afrique du l’Est, à 6.5 %, avec une moyenne supérieure à 9 %
Sud – sont parmi ceux ayant le taux de crois- au Burundi, en Ouganda et au Soudan du Sud. La
sance urbaine le plus faible. Cette apparente croissance de la population urbaine est la plus
contradiction illustre les multiples facettes de la faible en Afrique du Nord et en Afrique australe,
transition urbaine en Afrique, et la distingue des où la moyenne est, respectivement, de 3.6 % et
autres processus d’urbanisation. Si, par le passé, 4.4 %. Dans toutes les régions sauf l’Afrique de
les migrations entre zones rurales et urbaines l’Ouest, c’est sur la période 2000-2015 que l’aug-
constituaient le principal levier de la croissance mentation du niveau d’urbanisation est la plus
urbaine, celle-ci résulte désormais davantage de rapide. À l’échelle de l’Afrique, le niveau d’urba-
l’intense accroissement naturel de population. nisation augmente de 0.9 point de pourcentage
C’est durant la période 1950-80 que la crois- entre 2000 et 2015, la croissance la plus rapide
sance de la population urbaine en Afrique est étant enregistrée en Afrique de l’Est et en
la plus rapide : +5.1 % par an. Dans les régions Afrique du Nord, respectivement à 1.1 et 1 point
les moins urbanisées de l’Afrique centrale, de de pourcentage.
l’Afrique de l’Est et de l’Afrique de l’Ouest, cette
période connaît des taux de croissance urbaine
très élevés, entre 6.4 % et 8 % (Graphique 2.2).
Entre 1980 et 2000, la croissance urbaine ralentit

44 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Graphique 2.2
Croissance de la population urbaine par périodes, 1950-2015

Taux de croissance de la population urbaine (%)


Afrique centrale
8
1950-1980
1980-2000
7 Afrique de l’Est
Afrique de l’Ouest 2000-2015

Afrique
5
Afrique du Sud
Afrique du Nord
4

1950-1980
2
1980-2000
Croissance du niveau d’urbanisation (en point de percentage par an) 2000-2015

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

TAILLE DES AGGLOMÉRATIONS ET SYSTÈMES URBAINS

La division politique de l’Afrique en États-nations parmi les cinq plus grandes agglomérations
joue un rôle fondamental dans le développement anglophones. Les discontinuités quantitatives et
urbain. Celui-ci s’illustre dans l’émergence rapide qualitatives entre les grandes agglomérations et
de systèmes urbains hierarchisés et dominés par le reste du réseau urbain sont importantes et liées
des agglomérations gigantesques d’une perspec- à des interactions complexes politiques, écono-
tive territoriale et temporelle. En quelques miques et sociales. Les statistiques officielles ont
décennies, les nouvelles capitales nationales et tendance à minimiser l’existence de ces disconti-
quelques autres centres urbains grossissent bien nuités à travers les subdivisions administratives
au-delà de leur dimension initiale. La croissance et les catégories (par exemple urbain/rural).
des grandes villes se poursuit, rassemblant une Cependant, comprendre comment les systèmes
part croissante de la population continentale. urbains nationaux sont structurés et connectés
Ces dernières évoluent également rapidement au est clé pour les politiques régionales et l’équité
sein de la hiérarchie urbaine globale, non seule- socio-spatiale. Les données Africapolis montrent
ment en raison du poids de leurs populations la structure et les profonds déséquilibres des
mais également de leur importance économique. réseaux urbains nationaux en saisissant dans le
Aujourd’hui, Kinshasa, Abidjan et Dakar sont les temps les dynamiques des agglomérations et des
plus grandes agglomérations francophones après réseaux urbains.
Paris. Le Caire est la plus grande aggloméra-
tion du monde arabe, Lagos et Johannesbourg

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 45


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Distribution des réseaux urbains croît rapidement (Graphique 2.3). Ainsi, en 2015,
il y avait plus de 700 agglomérations de plus de
En Afrique, comme ailleurs, il existe de 100 000 habitants pour 44 en 1950 ; 222 agglo-
nombreuses petites villes et seulement quelques mérations de plus de 300 000 habitants pour 10
grandes. En 2015, le continent compte 25 agglo- en 1950 ; et 74 de plus d’1 million d’habitants
mérations de plus de 3 millions d’habitants et pour 2 en 1950. Cependant, porté par l’émer-
5 000 de moins de 30 000 habitants. La population gence continue de nouvelles agglomérations, le
combinée des 10 plus grandes agglomérations schéma de distribution du nombre d’aggloméra-
égale celle des 5 000 plus petites (90 millions). tions par tranche est resté relativement stable ces
Les différences en taille au sein de la distribution six dernières décennies.
urbaine souligne l’importance de la dimension Le nombre total d’agglomérations urbaines
d’échelle. Au Nigéria, Lagos est 1 000 plus grande est passé de 624 en 1950 à 5 142 en 2000 pour
que Bunkure avec 11 600 habitants (une diffé- encore augmenter de 2 500 entre 2000 et 2015.
rence d’échelle comparable à celle du Produit Cette émergence continuer d’alimenter la tranche
intérieur brut (PIB) chinois et guinéen). Au-delà basse de la distribution urbaine et ainsi équilibre
des différences de taille, les différences d’ordre la croissance des agglomérations des tranches
qualitatif peuvent être encore plus remarquables. supérieures. Par conséquent, bien que le nombre
En 2015, la distribution de la population d’agglomérations urbaines entre 10 000 et 100 000
africaine se caractérise par une large et crois- habitants passe de 570 en 1950 à 6 910 en 2015,
sante proportion de la population vivant dans leur part au regard du nombre total d’agglomé-
les plus grandes villes (40 %), ici définies comme rations change peu et baisse légèrement de 93 %
excédant 1 million d’habitants. Trente-deux à 91 % (Graphique 2.3). Parmi les 9% restant,
pour cent vivent dans les petites aggloméra- la tranche 100 000-999 999 compte pour 8 %
tions urbaines entre 10 000 et 100 000 habitants (contre 7 % en 1950) et la tranche supérieure à
(Graphique 2.3). Ce fait souligne une autre carac- 1 million d’habitants pour 1 % (contre 0.3 % en
téristique de la distribution urbaine, la relative 1950). De même, la taille moyenne des agglomé-
faiblesse des agglomérations secondaires rations augmente lentement : de 63 % entre 1960
(comprises ici entre 100 000 et 1 million d’habi- et 2015 (46 000 à 74 000 habitants) tandis que la
tants). Seuls 27 % de la population urbaine vivent population urbaine a crû de plus de 1 000 %.
dans les agglomérations secondaires contre 33 %
selon la loi de répartition de puissance - distribu- Primatie urbaine, discontinuités et
tion rang-taille de la loi de Zipf. Ces distributions continuités
varient selon les pays, même si certaines caracté- La plupart des systèmes urbains nationaux
ristiques restent pour la plupart identiques. africains sont dominés par de larges aggloméra-
La distribution de la population urbaine tions en termes d’échelles spatiale et temporelle.
selon la taille de l’agglomération s’est inversée La ou les plus grandes agglomérations (2 au
depuis 1960. À cette période, environ la moitié Burkina Faso, République du Congo et Ghana ou
de la population urbaine totale vit dans de petites même 3 en Afrique du Sud) dominent la hiérarchie
agglomérations (47 %) et 15 % dans une agglo- par leur disparité qualitative et quantitative au
mération de plus d’1 million. La part croissante reste du système urbain. En Angola, la popula-
de la population vivant dans de grandes agglo- tion de la capitale Luanda (7 millions) équivaut à
mérations s’explique par la croissance continue la population des 27 plus grandes agglomérations
de ces dernières mais aussi par la croissance suivantes. Au Soudan, Khartoum a autant d’habi-
des agglomérations secondaires qui peuvent tants (5.3 millions) que l’ensemble des 248 plus
excéder 1 million d’habitants, changeant ainsi petites agglomérations sur un total de 301. Dans
de catégorie et mécaniquement réduisant la part certains pays, plus de la moitié de la population
des agglomérations secondaires. Cette expansion vit dans une seule agglomération (Djibouti, Sao
graduelle vers des catégories de taille plus impor- Tomé-et-Principe).
tante est visible à chaque niveau. Le nombre La primatie est l’une des mesures statis-
d’agglomérations au sommet de la distribution tiques de la hiérarchie urbaine dans les systèmes

46 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Graphique 2.3
Répartition de la population urbaine par taille d'agglomération (1950-2015)

Part de la population urbaine (%) Distribution des agglomérations


Part (%) [Nombre d’agglomérations]
0.3 % 0.3 % 0.5 % 0.5 % 0.7 % 0.6 % 0.8 % 1%
[2] [3] [8] [12] [24] [33] [55] [74]
13 % 15 %
21 % 7% 7% 7% 7% 7% 7% 7% 8%
22 % 28 % 29 % [42] [75] [110] [163] [234] [340] [475] [633]
36 % 40 %
35 %
37 %
35 % 35 % 31% 30 %
28 % 93 % 92 % 92 % 92 % 92 % 93 % 92 % 91 %
28 % [574] [931] [1 379] [2 111] [3 011] [4 719] [6 221] [6 899]

51 % 47 % 42 % 41 % 39 % 40 % 36 % 32 %

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

10 000-100 000 100 000-1 million > 1 million

Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)

nationaux. Elle se définit comme le ratio entre la grande que l’agglomération classée au troisième
plus première et seconde villes dans les systèmes rang, Dolisie (97 000 habitants) ; de même qu’en
monocéphales, ou entre la seconde et la troisième Guinée équatoriale, au Burkina Faso, en Ouganda
villes dans les systèmes polycéphales, etc. Cette et au Ghana (Tableau 2.2).
mesure s’appuie sur la distribution rang-taille En Afrique, la primatie urbaine continue
(Loi de Zipf) avec un ratio qui devrait s’établir à 2 d’augmenter dans la plupart des pays. Dans
pour la Primatie 1 et à 1.5 pour la Primatie 2. Dans certains cas, notamment en ce qui concerne les
la moitié de pays (24), au moins une agglomération capitales, cela éclaire l’influence des politiques
se distingue par sa taille (monocéphalie). Dans sur la croissance et la hiérarchie urbaines. Cette
dix autres, deux agglomérations se démarquent tendance illustre également l’incapacité des
(bicéphalie) (Tableaux 2.1 et 2.2). agglomérations secondaires à se positionner
Dans plusieurs pays africains, la primatie comme métropoles sous-régionales légitimes
urbaine est parmi les plus élevées au monde. Le face à la dominance des grandes agglomérations.
Libéria est en tête avec la capitale Monrovia (1.2 La croissance des agglomérations secondaires
million d’habitants), 21 fois plus grande que la est plus lente, moins soutenue, plus irrégulière ;
deuxième agglomération de Buchanan (58 000 avec dans certains pays un changement de
habitants). Environ 6 pays ont une primatie 1 de seconde agglomération au cours du temps. Au
10 et plus (Tableau 2.1). Le Maroc, le Rwanda et le Togo, la seconde agglomération est Sokodé en
Soudan du Sud sont les trois pays monocéphales, 1960, puis Kara en 2010 et Tsévié depuis 2015.
mis à part le Soudan du Sud, avec une primatie Au Tchad, le second rang est occupé par Sarh
urbaine autour de 2. La primatie urbaine (de 1960 à 1970), Mondou (1990), Abéché (2010)
moyenne dans les 24 pays ayant une métropole et à nouveau Mondou (2015). En Sierra Leone,
nationale est de 8.7. Dans les pays aux réseaux de nombreux changements interviennent : Bo
urbains bicéphales, la primatie 1 est générale- (1960), Koidu (1970), Bo (2000) et Kenema en
ment plus faible, l’écart se situant plutôt entre les 2010. En Zambie, Kitwe et Ndola se disputent la
agglomérations suivantes, avec une primatie 2 seconde place. La position de la plus grandag-
moyenne de 5 . Le Congo a la primatie 2 la plus glomérationn’achangé que dans 2 pays ces 60
élevée, avec Pointe-Noire (850 000 habitants), la dernières années. Au Cameroun et au Burkina
deuxième plus grande agglomération 9 fois plus Faso, Yaoundé et Ouagadougou sont devenus

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 47


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Tableau 2.1
Primatie de certains systèmes urbains monocéphales d’Afrique

Pays Plus grande agglomération Primatie 1 Part dans la population urbaine nationale
Libéria Monrovia 20.4 69 %
Djibouti Djibouti 12.5 81 %
Angola Luanda 11.3 44 %
Burundi Bujumbura 10.9 51 %
Guinée Conakry 10.8 54 %
Togo Lomé/Aflao [TGO] 10.7 51 %
Sao Tomé-et-Principe Sao Tome 10.3 84 %
Mali Bamako 10.0 49 %
République centrafricaine Bangui 9.9 52 %
Guinée-Bissau Bissau 9.3 78 %
Soudan Khartum 9.3 33 %
Lesotho Maseru 8.8 58 %
Côte d’Ivoire Abidjan 8.5 46 %
Mauritanie Nouakchott 8.2 69 %
Tchad Ndjamena/Kousséri [TCD] 7.6 31 %
Sierra Leone Freetown 7.3 56 %
Gambie Serrekunda 7.0 70 %
Tanzanie Dar es Salaam 6.4 29 %
Gabon Libreville 6.2 59 %
Mozambique Cidade de Maputo 5.1 30 %
Namibie Windhoek 5.0 40 %
Érythrée Asmara 4.7 40 %
Tunisie Tunis 4.3 35 %
Zambie Lusaka 4.0 52 %
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)

Tableau 2.2
Primatie de certains systèmes urbains bicéphales d’Afrique

Seconde Plus grande Part dans la population


Pays agglomération agglomération Primatie 1 Primatie 2 urbaine nationale
République du Congo Pointe Noire Brazzaville 1.9 8.7 78 %

Guinée équatoriale Malabo Bata 1.2 6.5 75 %

Burkina Faso Bobo-Dioulasso Ouagadougou 3.4 6.0 56 %

Ouganda Mbale Kampala 1.7 5.1 43 %

Royaume d’Eswatini Mbabane Manzini 1.2 4.6 82 %

Zimbabwe Bulawayo Harare 3.4 4.3 61 %

Ghana Kumasi Accra 1.6 4.1 51 %

Malawi Blantyre Lilongwe 1.0 3.7 45 %

Cabo Verde Mindelo Praia 2.0 3.3 85 %

Somalie Hargeisa Mogadisho 2.4 3.0 53 %


Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)

48 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

après les indépendances, les capitales politiques Graphique 2.4


avec une croissance dépassant désormais Douala Discontinuités et continuités des strates de
et Bobo Dioulasso. peuplement, Niger 2012

Discontinuités métropolitaines et 1 000 000 Métropole


continuités urbaines-rurales
La primatie urbaine importante observée en
100 000
Afrique souligne la discontinuité quantitative Villes secondaires

(taille de la population) et qualitative (socio-éco-


10 000
nomique et politique) entre métropoles et

Population (Échelle logarithmique)


agglomérations secondaires. Le réseau urbain est Villages

souvent perçu comme un continuum homogène, 1 000

cependant il se compose de plusieurs strates


séparées par des discontinuités importantes.
100
Ceci est particulièrement visible au travers des Establissements
marginaux
fortes primaties et de leur caractère systématique
10
en Afrique. La discontinuité entre aggloméra-
tions métropolitaines et secondaires s’illustre
notamment par leur évolution contrastée. 1 Rang (Échelle logarithmique)

Les données Africapolis soulignent que les 1 10 100 10 000 100 000

discontinuités majeures des structures de peuple- Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)
ment sont plus fortes entre strates urbaines et
métropolitaines qu’entre strates urbaines et
rurales. Quatre strates se superposent : également linéaire, mais ne se situe pas en
• La strate « métropolitaine », représentée continuité avec la précédente ;
généralement par une seule agglomération, • La strate « marginale » du peuplement, dont
le plus souvent la capitale politique ; la distribution forme une queue concave vers
• La strate « urbaine », dont la distribution est le bas (Graphique 2.4).
plus ou moins linéaire ; Ainsi l’ensemble « agglomérations urbaines »
• La strate « rurale », dont la distribution est n’apparaît pas comme un système homogène

caractéristiques du peuplement rural est d’une


Encadré 2.1 grande importance pour la prospective. Ce faible
La discontinuité urbain/rural intérêt pour le bas de la hiérarchie des établissements
humains se traduit dans les définitions statistiques
Les définitions soulignent une discontinuité entre nationales, où la catégorie « rurale » n’est pas définie
« villes » et « villages » qui représente deux univers : intrinsèquement, mais apparaît comme la population
l’urbain et le rural. Cette limite fortement politique « non urbaine », ou « reste de la population ». Le rural
et qualitative est représentée par un seuil minimum est souvent assimilé à tort à « agricole ». Au sein de
de population des localités présumées urbaines. Elle cette catégorie, le rapport met en avant deux strates.
illustre de manière incomplète les transformations D’un côté, la strate rurale se compose de villages
observées et le développement de certaines zones faiblement hiérarchisés entre eux. D’un autre, il y a
rurales en urbaines par l’effet de densification. des établissements de très petite taille comptant
La distribution hiérarchique des établissements de l’individu à quelques ménages – exploitation
ruraux est peu connue. Vu l’importance de l’éta- localisée d’une ressource agricole, pastorale, fores-
lement urbain sur le rural et la forte densification tière, artisanale ou minière ou occupation temporaire
de certaines campagnes qui engendre l’émer- par des populations itinérantes.
gence de nouvelles agglomérations, connaître les

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 49


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

et se compose de deux sous-ensembles claire- (settlements) biaise les stratégies politiques en


ment identifiables (métropolitain et urbain). favorisant une action homogène sur des terri-
L’hypothèse d’un continuum hiérarchique toires urbains qui ne le sont pas.
de la population des établissements urbains

ÉVOLUTIONS DE LA GÉOGRAPHIE DES AGGLOMÉRATIONS URBAINES

Ces transformations ont massivement transformé nombreux réseaux urbains nationaux s’intègrent
la géographie du réseau urbain et la densité des dans des pôles et corridors urbains transnatio-
constellations urbaines. Toutefois, les modalités naux plus vastes.
de cette émergence ne sont pas homogènes et Au niveau continental, six grands pôles
soulignent l’importance des transformations urbains se dégagent (Carte 2.5) : 1) pôle Afrique
rurales et de la croissance démographique du Nord, 2) pôle du fleuve Nil, 3) pôle ouest-afri-
dans les processus d’urbanisation africains. cain, 4) pôle éthiopien, 5) pôle des Grands
Ces processus soulignés par l’approche spatiale lacs, et 6) pôle sud-africain. En 2015, ces pôles
d’Africapolis et leurs implications dans l’émer- urbains considérés ensemble couvrent 10 % de
gence de nouveaux types d’agglomérations la superficie du continent (2.7 millions de km 2),
urbaines sont peu étudiés et débattus. La mais représentent 60 % des agglomérations
capacité à anticipetr l’évolution urbaine future urbaines et 65 % de la population urbaine totale
de l’Afrique dépendra également d’une meilleure (370 millions de personnes) 2. La majorité des
intégration de ces dynamiques. 3 000 agglomérations restantes font partie de
constellations et territoires moins denses, tels
Schémas transnationaux et nationaux que le couloir du Sahel, la steppe et la savane
des constellations urbaines orientale entre la Somalie et le Mozambique, et
le bassin forestier du Congo.
L’évolution de la géographie des aggloméra- Le pôle ouest-africain est le plus grand en
tions urbaines permet aussi d’appréhender la termes de nombre d’agglomérations (1 700), de
croissance urbaine et les dynamiques d’urbani- population urbaine totale (134 millions d’habi-
sation. En Afrique, le nombre d’agglomérations tants) et de superficie (1.2 million de km 2)
continue de croître rapidement avec l’émergence (Carte 2.5). Le pôle du fleuve Nil, le seul pôle
de nouvelles agglomérations, suivant toutefois correspondant à un pays, est le deuxième en
des schémas non homogènes. Des pôles (clusters) termes de population urbaine (83 millions d’habi-
constitués par des constellations urbaines de tants) et le plus dense, avec une distance moyenne
forte densité se forment, tandis que d’autres entre les agglomérations de 4 km. Le pôle éthio-
zones affichent de faibles densités, d’où des pien, qui s’étend sur des pans de l’Érythrée, est
différences marquées entre les et au sein des le plus petit pour ce qui concerne la population
territoires en termes de densité et de distance. urbaine totale (23.5 millions d’habitants) et le
Les deux pays au réseau urbain le plus moins dense, avec une distance moyenne entre
étoffé, à savoir le Nigéria (1 236 aggloméra- agglomérations urbaines de 16 km. Le pôle éthio-
tions) et l’Égypte (1 061), représentent 30 % des pien et le pôle des Grands lacs enregistrent un
7 617 agglomérations urbaines recensées. Ils sont nombre analogue d’agglomérations, environ 440,
suivis par la République démocratique du Congo mais dans le second, la population urbaine est
(RDC), l’Éthiopie, l’Afrique du Sud et l’Algérie, 2 fois plus nombreuse (53 millions d’habitants,
qui représentent 25 % des autres agglomérations contre 23 millions d’habitants). Les deux sont
urbaines du continent (Carte 2.4). Les 44 autres situées à l’intérieur du continent, sans littoral, ce
pays forment les 45 % restant (3 280), dont qui illustre une caractéristique émergente de la
certains dotés de moins de 10 agglomérations géographie urbaine africaine, à savoir la relati-
urbaines (Sao Tomé-et-Principe, Cabo Verde, vement faible orientation côtière de son réseau
Eswatini, Guinée-Bissau, Djibouti) (Annexe F). De urbain.

50 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Carte 2.4
Semis d’agglomérations en Afrique, 2015

Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)

En dehors de ces pôles, on peut discerner migratoires, des logiques de peuplement et des
des constellations moins denses, telles que le structures d’occupation des sols. La localisation
couloir du Sahel, où s’exerçait autrefois le pasto- et l’émergence de pôles urbains sont le produit
ralisme nomade entre le Sénégal et l’Érythrée. d’interactions multidimensionnelles entre l’envi-
Au nombre des autres zones caractérisées ronnement, le contexte socio-économique, la
par des constellations moins denses figurent croissance démographique et l’urbanisation. Les
le bassin forestier du Congo et la région de la zones affichant le plus grand nombre d’agglo-
savane orientale, qui s’étend entre la Somalie et mérations urbaines en Afrique subsaharienne
le Mozambique, qui sont des zones associées à se situent dans le sud-est du Nigéria, ce qui
l’agriculture forestière. correspond à la zone d’établissement yoruba,
Les schémas urbains émergents et leur hétéro- marquée par la présence traditionnelle d’activités
généité ne sont pas aléatoires, mais découlent agricoles (Image 2.1). De même, les pôles urbains
de l’histoire des établissements en Afrique. des hauts plateaux éthiopiens, des Grands lacs, et
Cette histoire a été façonnée par des schémas de l’Afrique du Sud sont tous des zones rurales

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 51


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Carte 2.5
Les grands pôles urbains en Afrique, 2015

Pôle Afrique du nord

Pôle fleuve Nil

Pôle
platéau éthiopien

Pôle ouest-africain Pôle des


Grands Lacs

Nombre d'agglomération par cellule


[Nombre de cellules]

> 10 [104]
7 - 9 [114]
4 - 6 [345] Pôle sud-africain
2 - 3 [750]
1 [1 208]
0 [5 488]

Population urbaine Nombre d’agglomérations

Autres 200 133 Autres 2 989 1 760

53 31 430 387
83 1 038
41 23 558 455

52 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Population urbaine

41 371 000

83 092 000

23 471 000

53 191 000

133 647 000

31 776 000

Pôle platéau éthiopien Pôle sud-africain Pôle Afrique du nord


Pôle ouest-africain Pôle fleuve Nil Pôle des Grands Lacs Autres

Zone totale (km2) Distance moyenne entre agglomération (km)

15.5 km
14.3 km
13.2 km
Autres 1 182 000
27 008 000 12.7 km
12.2 km
3.6 km
Autres 36 km
110 000
404 000 386 000 379 000 321 000
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 53


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Image 2.1
Densité du semis urbain en pays yoruba, Nigéria

Offa

I kirun

62.4km
Osogbo

I lesha Ado Ekiti

3 900 km2
I fe I kerre

Agglomération urbaine (plus de 300 000 habitants) Agglomération urbaine (moins de 300 000 habitants)

Note : Taille de 3 900 km 2, 38 agglomérations > 10 000 habitants.


Sources : Google Earth (consulté octobre 2015) ; OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

densément peuplées dans des zones de plateau au En 2015, le Nigéria comptait deux fois plus
climat tempéré, dont l’altitude est comprise entre d’agglomérations urbaines que l’ensemble du
1 200 m et 2 500 m, caractérisées par une longue continent en 1950, et le Soudan comptait autant
histoire d’activités agricoles. Le pôle sud-africain d’agglomérations que toute l’Afrique subsaha-
comprend aussi d’intenses et anciennes activités rienne en 1950. Cette émergence continue forme
minières et industrielles. une composante importante des dynamiques
d’urbanisation de l’Afrique. Ces nouvelles
Émergence continue de nouvelles agglomérations débouchent sur la formation
agglomérations d’un réseau urbain plus dense, augmentant la
proximité entre agglomérations ainsi qu’entre
En 1950, l’Afrique compte 624 agglomérations environnements urbains et ruraux.
urbaines de plus de 10 000 habitants. En 2000, ce La plupart des pays ont enregistré un
nombre avait été multiplié par 8, pour atteindre accroissement spectaculaire du nombre d’agglo-
5 142, et depuis, le continent s’est encore étoffé mérations depuis 1950. Dans 32 pays, le nombre
de quelque 2 500 agglomérations, dont le nombre d’agglomérations a augmenté d’au moins 1 000 %
total se montait à 7 617 en 2015 (Carte 2.6). entre 1950 et 2015. Les accroissements les plus

54 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Carte 2.6
Émergence de nouvelles agglomérations, 1950, 1980, 2000 et 2015

1950 1980
[624] + 1 769
[2 322]

2000 2015
+ 2 092 + 3 734
[5 142] [7 617]

Nombre d’agglomérations émergentes


[Nombre d’agglomérations existantes]

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

marqués ont été observés au Soudan du Sud (où nombre d’agglomérations urbaines, à l’exception
le nombre d’agglomérations est passé de 1 à 90), de l’Ouganda, du Burundi et du Kenya, où les
en Éthiopie (de 6 à 510) et au Mozambique (de 2 à agglomérations sont moindres, et à Sao Tomé
167). Les plus fortes hausses du nombre d’agglo- et-Principe, au Botswana et en Algérie, où au
mérations se sont produites au Nigéria et en contraire leur nombre est plus élevé).
Égypte, où l’on dénombrait respectivement 1 137 Entre 2000 et 2015, le nombre d’aggloméra-
et 851 agglomérations en 2015. Ces deux pays tions a augmenté de plus de 50 % dans 33 pays,
sont également ceux qui disposent du réseau et il a plus que doublé dans 16 pays. Les crois-
urbain le plus vaste. Le Nigéria est le pays le plus sances les plus rapides (supérieures à 300 %)
peuplé d’Afrique, et l’Égypte est le troisième pays ont été observées à Djibouti, au Burundi, au
le plus peuplé du continent. Il existe une corré- Soudan du Sud et au Malawi. Dans nombre de
lation très forte entre la population totale et le cas, de nouvelles agglomérations émergent en

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 55


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Carte 2.7
Les 100 agglomérations urbaines les moins connectées d’Afrique

Note : La carte montre les 100 agglomérations urbaines africaines les moins connectées. 80% de ces agglomérations se situent dans le Sahara et le
désert du Kalahari.
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)

conséquence de la transformation continue des processus, les distinctions entre rural et urbain
zones rurales, qui conduit à la reclassification se brouillent de plus en plus.
du rural en urbain. Ce processus d’urbanisation Par ailleurs, un fait que l’on observe de plus
in situ façonne des configurations très différentes en plus souvent est l’émergence d’agglomérations
en fonction du contexte local, en particulier de au sein de régions métropolitaines plus vastes.
la forme des structures d’établissement rural Cette réalité récente donne à voir une diversité
adaptées à l’environnement local. Les « agglomé- grandissante en termes de modèles de mobilité,
rations » qui voient ainsi le jour résultent d’une de processus d’urbanisation et de politiques
densité de population croissante, qui s’accom- urbaines. Un nombre croissant d’individus
pagne d’une réorganisation progressive des cherchant à s’installer dans les capitales et métro-
activités, des individus et de l’espace, notamment poles du continent s’installent dans les « zones
d’une réduction des activités agricoles. Durant ce métropolitaines ». Les personnes quittent les

56 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Graphique 2.5
Distance à l’agglomération urbaine voisine, par taille, Afrique, 2015

400 km
Distance à l’agglomération voisine

200 km

95% de la population urbaine totale


100 km

50 km

0
10 000 100 000 1 million 10 millions
Nombre d’habitants

Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données)

centres onéreux et encombrés, pour emménager agglomérations fusionnées se situent à l’intérieur


dans des « villes satellites » et des « banlieues ». de l’un des six pôles urbains.
Dans plusieurs pays, les stratégies d’urbanisme
favorisent ce processus par des investissements Proximité et distance
permettant de développer des zones commer-
ciales-industrielles, des logements et des services La distance moyenne entre les agglomérations
en dehors des centres-villes congestionnés. a chuté, passant de 58 km en 1950 à 20 km en
Corrélativement, au Rwanda, au Kenya, en 2015. Toutefois, ces moyennes masquent des
Libye et en Égypte, le nombre d’agglomérations écarts marqués entre pays ou entre régions,
a diminué entre 2000 et 2015. Ce déclin s’explique une grande majorité des populations urbaines
par la croissance spatiale des agglomérations africaines vivant près de l’agglomération voisine.
existantes, qui a conduit à la coalescence de Cette proximité entre agglomérations urbaines
deux agglomérations ou plus pour former une a des implications profondes sur la mobilité
agglomération continue. La coalescence et interurbaine, la connectivité et sur l’intégration
l’absorption d’agglomérations s’observent dans régionale.
tous les pays. Au total, 1 260 agglomérations En 2015, 368 millions d’Africains (soit 65 %
ont fusionné entre 2000 et 2015. Cependant, de la population urbaine totale) vivaient dans
puisque le nombre d’agglomérations émergentes une agglomération urbaine distante de moins de
dépasse celui des agglomérations absorbées, le 20 km d’une agglomération voisine. Pour compa-
nombre total continue d’augmenter. Entre 2000 raison, seulement 31 millions de citadins (soit 5 %
et 2015, 3 800 agglomérations sont apparues, de la population urbaine totale) vivent dans une
d’où un accroissement net du nombre d’agglo- agglomération située à plus de 50 km de l’agglo-
mérations. Les deux processus – émergence et mération voisine la plus proche (Graphique 2.5).
coalescence – sont fonction de la hausse de la Dans 13 pays, la distance moyenne entre agglomé-
densité (croissance démographique et afflux de rations est inférieure à la moyenne continentale.
population) et de la distance (proximité d’autres La distance moyenne entre agglomérations au
zones urbaines), ce qui explique leur corrélation sein des 6 principaux pôles de population est de
avec les constellations urbaines existantes. On 12 km. Seulement trois pays enregistrent une
observe que 60 % des agglomérations récem- distance moyenne moindre (Égypte, Gambie et
ment apparues entre 2000 et 2015, et 84 % des Sao Tomé-et-Principe).

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 57


Chapitre 2 Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine

Encadré 2.2
Villes frontalières d’Afrique

Une caractéristique remarquable du réseau urbain Togo, plus de la moitié des agglomérations sont à
de l’Afrique réside dans l’occurrence/la fréquence/ proximité d’une frontière.
la prévalence des villes frontalières. Lomé et Aflao, Cette caractéristique du réseau urbain de
à la frontière entre le Togo et le Ghana, sont deux l’Afrique, également héritée de son passé colonial
agglomérations que séparent à peine 50 mètres. et politique, met en lumière la proximité interurbaine
Il en va de même pour Cinkassi/Cinkansé entre grandissante entre pays. Des politiques urbaines
le Togo et le Burkina Faso, pour Pweto (RDC) et à même de réduire les frictions générées par les
Chilengi (Zambie), pour Busia (Ouganda) et Busia 32 000 milliers de kilomètres de frontières terrestres
(Kenya), ainsi que dans bien d’autres cas à la en Afrique permettront, en facilitant la mobilité des
frontière entre le Nigéria et le Niger, le Tchad et le individus, des biens, des capitaux et des idées,
Cameroun, la Zambie et la Tanzanie, l’Ouganda et de renforcer la contribution des villes et de leurs
le Soudan du Sud, le Sénégal et la Mauritanie, etc. habitants au processus d’intégration continentale.
On dénombre 47 villes frontalières situées à moins
de 10 km d’une autre agglomération dans un pays Carte 2.8
limitrophe. Au total, ce sont 635 villes frontalières Agglomérations frontalières de l’Afrique
qui se situent à moins de 40 kilomètres d’une autre.
Plus de 42 millions de personnes (l’équivalent de
la population de l’Espagne), soit près de 8 % de la
population urbaine totale du continent, vivent dans
ces agglomérations. Six de ces villes comptent
plus de 1 million d’habitants, dont Kinshasa,
la cinquième ville la plus peuplée du continent
(7.3 millions d’habitants). Les autres sont Lomé
(Togo), Brazzaville (Congo), N’Djaména (Tchad) et
Bujumbura (Burundi). En Afrique, neuf capitales
d’État sont situées à la frontière du pays : Bangui,
Population
Brazzaville, Gaborone, Kinshasa, Lomé, Maseru,
> 3 millions
Mbabane, N’Djaména et Porto-Novo.
1-3 millions
Toutefois, cette dimension frontalière est très
300 000-1 million
inégalement répartie sur le continent. L’Afrique du 100 000-300 000
Nord, par exemple, compte seulement 19 villes 30 000-100 000
frontalières au total, et de vastes pans de l’Afrique 10 000-30 000
australe n’en ont que quelques petites. Dans la
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données).
région des Grands lacs et en Afrique de l’Ouest, les
agglomérations frontalières sont une caractéristique
importante du réseau urbain. Au Burundi, 27 des
33 agglomérations sont frontalières. Au Bénin, en
Gambie, au Lesotho, au Royaume d’Eswatini et au

58 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Analyse géostatistique de l’urbanisation africaine Chapitre 2

Seulement 53 agglomérations, soit une de ces cellules de Voronoï dépasse 35 000 km 2.


population totale de 2.1 millions de personnes, Il existe donc en Afrique 100 zones de la taille
se situent à plus de 150 km d’une autre agglo- de la Belgique ayant une seule agglomération
mération urbaine. Les agglomérations les urbaine. Dans de nombreux cas, ces aggloméra-
plus grandes à ces niveaux d’éloignement tions découlent du désir étatique et administratif
sont Port-Gentil au Gabon (130 000 habitants), de contrôle militaire et public sur les territoires
Nouadhibou en Mauritanie (130 000 habitants), nationaux, ou de la décentralisation de la presta-
Agadez au Niger (120 000 habitants), Taman- tion de services publics de santé, d’éducation
rasset en Algérie (117 000 habitants) et Bosasso ou autres. Elles peuvent également résulter de
en Somalie (116 000 habitants). L’agglomération la l’activité économique et de l’exploitation des
plus isolée est al-Jawf en Libye, 43 000 habitants, ressources naturelles, ainsi que de projets de
à 565 km de l’agglomération voisine la plus développement agricole en région aride. Dans de
proche. Des cas d’isolement similaires existent tels cas, la croissance de la population naturelle
dans les zones désertiques et semi-désertiques et les tendances en matière d’établissement ne
du Sahara et du Kalahari (Afrique australe). constituent pas les moteurs premiers de la crois-
Toutefois, le cas de Ndélé, situé dans la savane sance urbaine.
de la République centrafricaine, à plus de
200 km de Maro, au Tchad, est plus surpre-
nant. Ces agglomérations urbaines les moins
connectées s'illustrent en repérant les 100 plus
grandes cellules de Voronoï 3 (Carte 2.7). Chacune

Notes
1 Le terme « niveau d’urbanisation » désigne la part de la population urbaine dans la population totale. Il est utilisé
pour distinguer clairement le processus d’urbanisation de la croissance urbaine : le premier renvoyant à une
augmentation de la part d’individus vivant en zone urbaine, tandis que la seconde se réfère à l’accroissement du
nombre de personnes vivant en zone urbaine.
2 La méthode utilisée consiste à diviser la superficie de l’Afrique par le nombre d’agglomérations. L’ensemble
de la zone s’étend sur 29.7 millions de kilomètres carrés avec plus de 7 600 agglomérations. Si le semis était
uniformément réparti, chacune d’elles se situerait au centre d’un carré de 29 700 000/7 600, soit environ
3 900 km² ce qui donne un côté d’environ 62.5 km. Une grille issue de ce calcul est créée, puis superposée à la
carte du semis des agglomérations.
3 Une cellule de Voronoï s’appuie sur le calcul du voisin le plus proche : chaque cellule correspond à la zone
rassemblant tous les points pour lesquels l’agglomération située à l’intérieur de la cellule est l’agglomération la
plus proche. Plus les cellules sont grandes, moins le réseau urbain est dense.

Références
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descriptive and Econometric Analysis », Urban Studies (1986) 23, pp. 285-305.
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DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 59


Chapitre 3

Histoire, politiques
& environnement
et formes urbaines
africaines
Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Dans sa première partie, le Chapitre 3 analyse les facteurs démographiques,


politiques et environnementaux qui façonnent la croissance urbaine en Afrique.
L’Afrique est passée d’une stagnation démographique durant l’ère précoloniale
à une croissance positive durant l’ère coloniale, suivie d’une croissance
exponentielle après les indépendances. Depuis le début des années 2000, la
globalisation impose sa marque au peuplement. Les conditions politiques influent
sur le phénomène urbain - l’impact de la planification urbaine (ou de son absence)
est bien visible sur les images satellites, et les découpages administratifs sont
souvent en décalage avec les agglomérations réellement observées. Enfin,
les contraintes environnementales, comme la disponibilité en eau et en terre
ont une influence majeure sur la croissance urbaine, comme le montrent les
agglomérations de la vallée du Nil ou du Rwanda. Dans une seconde partie,
le Chapitre présente différents « attracteurs spatiaux » (ponctuels, linéaires ou
surfaciques) qui permettent de modéliser les dynamiques urbaines. L’analyse des
facteurs de croissance et la modélisation soulignent de nouvelles facettes de la
croissance urbaine en Afrique : frontière floue entre rural et urbain, urbanisation
éparse et émergence d’agglomérations aux formes chaotiques.

CONTEXTE HISTORIQUE, POLITIQUE ET ENVIRONNEMENTAL

Les facteurs historiques, politiques et environ- que le climat, la qualité des sols et la topogra-
nementaux affectent les formes, la hiérarchie phie. Les stratégies d’adaptation des populations
et la concentration urbaines, le développement à leur milieu influencent ainsi le peuplement et
des agglomérations et donc les indicateurs de les logiques urbaines. Celles-ci se modèlent selon
l’urbanisation. Le continent traverse plusieurs des mobilités spontanées ou planifiées ou encore
phases démographiques influencées par l’his- s’adaptent aux accidents topographiques tels que
toire, avec une croissance ininterrompue les crêtes ou les espaces naturels protégés.
depuis le milieu du XXe siècle. L’analyse des Favorisée par une augmentation de la
dynamiques démographiques renseigne peu sur densité, l’agglomération souvent spontanée
l’établissement et le peuplement, dont la forme exprime des demandes de plus en plus fortes
obéit essentiellement à des règles politiques en d’accès aux services et équipements publics.
interaction avec l’économie, l’utilisation des Africapolis, en identifiant ces zones et les nouvelles
ressources et l’environnement. Ces formes formes d’urbanisation rarement référencées
peuvent résulter d’un étalement urbain planifié par les statistiques, souligne le fossé entre les
comme la création d’une ville nouvelle (Libye, politiques urbaines et les réalités fonctionnelles.
Égypte) ou de déclencheurs économiques tels Outre les aménagements nécessaires pour
que le développement d’une exploitation minière ; rendre ces territoires durables et accompagner
Lubumbashi est ainsi devenue la seconde leur développement, ces informations posent
plus grosse agglomération de la République la question de la gestion décentralisée et de la
démocratique du Congo (RDC) avec l’installation coordination entre les échelles décisionnaires
des industries extractives. Les sociétés africaines locale et nationale. Dans plusieurs pays africains,
sont particulièrement dépendantes de l’agricul- les agglomérations émergentes ne présentent ni
ture et donc des facteurs environnementaux tels les caractéristiques de l’urbain, ni celles du rural.

62 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Graphique 3.1
Évolution du taux de croissance de la population totale de l’Afrique par grande région de 1910 à 2015

4
Taux moyen de variation annuelle

0
1910 1930 1950 1970 1990 2010

Afrique australe Afrique subsaharienne Afrique occidentale sans Nigéria

Nigéria Afrique orientale Afrique centrale

Source : Geopolis 2018

Cependant, la densité continue à augmenter, de un taux de croissance démographique soutenu


sorte que l’équilibre bascule inexorablement en (3 % par an), et une population doublant sur les
faveur de l’urbain. Les caractéristiques urbaines 25 dernières années, l’effet politique peut être
et rurales en se rapprochant, donnent naissance à d’autant plus fort ; ce qu’illustrent déjà certains
des processus propres à chaque territoire. Gérer développements spatiaux urbains. En Afrique
la diversité des situations suppose des stratégies subsaharienne, trois phases historiques et
arbitrant entre les intérêts locaux et nationaux politiques se succèdent.
où la prise en compte de la dimension spatiale La première phase précoloniale se traduit
est essentielle. Elle suppose également de consi- par une croissance démographique négative qui
dérer les réalités locales de gestion raisonnée entraîne la destruction de la majeure partie des
et économe de ressources que développent déjà réseaux urbains préexistants. La seconde, plus
certains espaces pour accompagner les transfor- stable, correspond à l’appropriation des terri-
mations rapides liées à l’urbanisation. toires africains par les puissances coloniales.
Elle s’illustre par la fondation de villes, bases
Les conditions démographiques de la des grandes métropoles et des centres régio-
croissance urbaine naux actuels, souvent situées sur le littoral. La
troisième est celle des indépendances nationales,
Si la croissance démographique était nulle, les au cours de laquelle émerge l’architecture des
formes du peuplement ne dépendraient que systèmes urbains, notamment les petites villes
des migrations et des différentiels locaux entre par lesquelles les États reconquièrent l’intérieur
mortalité et natalité. Seules des politiques du territoire (Graphique 3.1).
stables et cohérentes pourraient alors influencer Les deux dernières phases ont un impact
cette répartition spatiale des populations. Avec majeur sur la configuration des systèmes

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 63


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

urbains actuels, justement du fait d’une crois- une baisse plus marquée de la population
sance démographique très forte. Au XXIe siècle, musulmane. En Libye, une baisse de popula-
une quatrième phase transparaît qui est celle tion de quelque 40 % est également probable,
de la mondialisation : encore embryonnaire avec les guerres et rébellions consécutives à
dans certains pays, mais engendrant parfois la colonisation italienne.
l’émergence de vastes « régions métropolisées » • Il ne subsiste donc que de très rares traces
(Chapitre 4) et de « corridors urbains ». de l’urbanisation antérieure à la période
coloniale dans les systèmes urbains actuels,
Une croissance démographique négative alors que l’Afrique subsaharienne a abrité
Quelques pays seulement disposent de de grandes cités, comme Djenné, Gao, Dia
statistiques de population antérieures à l’indé- et Tombouctou dans l’actuel Mali. Le seul
pendance, comme les anciennes colonies véritable réseau qui perdure en Afrique
britanniques depuis la fin du XIXe siècle (1871, subsaharienne est celui des villes-États
1881, ou 1891). Les données des protectorats yoruba au Nigéria. En Afrique de l’Est, les
sont disponibles deux à trois décennies plus villes coloniales de la côte de l’Océan indien
tard. L’administration française ne réalise aucun succèdent à des comptoirs connus depuis
recensement en Afrique, sauf en Algérie (1861 l’Antiquité, parfois réactivés par les Omanais
et 1872) et au Maroc (1936 et 1951). En revanche, et les Portugais, mais qui n’ont jamais été de
et de même que dans les colonies portugaises, grandes villes.
les résultats de dénombrements sont publiés par
l’administration coloniale à partir de 1900 et se L’essor des villes pendant la période
généralisent vers 1921. Ils donnent la population coloniale
des divisions administratives et des aggloméra- La croissance démographique de l’Afrique
tions principales. redevient positive à la fin du XIXe siècle, mais
À partir de ces données, le scénario avancé de façon inégale selon les régions (Tableau 3.1).
par nombre d’historiens est, pour les époques Entre 1900 et 1940, l’augmentation est plus forte
antérieures à 1920, celui de courbes plates en Afrique australe, avec un doublement de la
- présenté dans les premiers annuaires démogra- population. Dès le début du XXe siècle, les futures
phiques de l’Organisation des Nations Unies métropoles Johannesbourg, Durban et Le Cap
(ONU). Ce schéma est désormais contredit par s’imposent comme les trois principales villes. Les
nombre d’études. Ainsi, Louise Marie Diop-Maes populations ouest-africaines progressent plus
(1996), affirme que l’Afrique n’avait aucune raison modérément, la population ne doublant que dans
d’être moins dense que l’Inde, ce qui implique- les années 50. Les métropoles se développent
rait que la population africaine aurait baissé sur le littoral. Les chemins de fer pénètrent dans
lors des premiers dénombrements, cette baisse l’intérieur et un chapelet de villes secondaires
résultant des diverses répressions et interven- naît, comme Bobo Dioulasso et Ouagadougou
tions militaires. La traite des esclaves contribue (Burkina Faso). En Côte d’Ivoire, hormis la
probablement à une baisse de la population nouvelle capitale, Yamoussoukro fondée par
africaine sur le long terme, de même que les le président Houphouët-Boigny et San Pedro,
razzias opérées par les Arabes. les six premières agglomérations de 2015 sont
Quelques exemples de décroissance les mêmes qu’en 1960. En Afrique centrale, la
urbaine semblent confirmer ces thèses : population progresse à peine plus vite. Les villes
• La population de Klouka (Nigéria) est créditée minières et administratives sont les premières
de 100 000 habitants vers 1830, évaluée à fondations urbaines historiquement connues, ce
80 000 habitants par Barth vers 1850, puis qui ne signifie pas qu’aucun centre urbain n’ait
de 50 à 60 000 par Nachtigal en 1870. En existé auparavant.
Algérie, les recensements français de 1861 D’une manière générale, la période d’occupa-
et 1872 montrent une baisse de la popula- tion coloniale qui succède à celle de la conquête
tion. Celle-ci passe de près de 3 millions à est une période d’intense concentration de la
2.4 millions d’habitants en 11 ans (-20 %), avec population dans quelques villes (Alger, Tripoli,

64 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Tableau 3.1
Croissance de quelques villes au cours de la période coloniale

Population initiale Population en 1960 Croissance annuelle


Agglomération (en milliers) Année de base (en milliers) moyenne

Alger 62.9 1860 738.7 2%


Oran 30.5 1860 349 2%
Casablanca 8.5 1880 965.3 6%
Accra 15.5 1890 337.8 5%
Tunis 120 1890 485.3 2%
Bamako 4.3 1900 128.3 6%
Bobo Dioulasso 7.8 1900 52.6 3%
Dakar 10.8 1900 315.7 6%
Lomé 3.7 1900 126 6%
Mogadiscio 8 1900 101.5 4%
Monrovia 4 1900 64.9 5%
Nairobi 9 1900 295.2 6%
Niamey 0.6 1900 33.4 7%
Ouagadougou 3 1900 60.2 5%
Porto-Novo 19 1900 64 2%
Abidjan 1.2 1910 224.6 11 %
Conakry 6.5 1910 124.4 6%
Cotonou 2 1910 78.3 8%
N’Djaména 4 1910 65.6 6%
Tripoli 50 1910 288 4%
Bouaké 3.5 1920 59.3 7%
Brazzaville 4 1920 94 8%
Bulawayo 6.6 1920 279.1 10 %
Hararé 5.8 1920 375.6 11 %
Kinshasa 1.6 1920 451.1 15 %
Bangui 11.9 1930 84 7%
Blantyre 5.7 1930 76.3 9%
Kampala 7.3 1930 134.8 10 %
Lusaka 2.1 1930 113.1 14 %
Bujumbura 7.5 1940 49.2 10 %
Note : Les villes sont classées par ordre chronologique du début de la colonisation de leur territoire. Les villes littorales sont en bleu, celles de l’intérieur
en rouge. Le fait qu’il y est plus de bleu en début du tableau dénote la chronologie de la mise en valeur du continent : certaines villes étaient déjà des
comptoirs coloniaux avant d’être intégrées officiellement dans des territoires aux frontières délimitées. Les taux de croissance sont plus forts dans les villes
de l’intérieur, dont la plupart partent d’une faible urbanisation.
Source : Geopolis 2018

Tunis, Lagos). De nouveaux quartiers coloniaux La croissance exponentielle


s’y greffent. D’autres centres urbains sont fondés post-indépendance
sur l’emplacement d’anciens villages. Ces villes La période qui succède à la Seconde Guerre
constituent encore aujourd’hui la quasi-totalité mondiale est celle qui influence le plus la struc-
du réseau des grandes agglomérations actuelles, ture de l’urbanisation actuelle. Entre 1960 et
et surtout des centres de décision politiques 2015, la population africaine quintuple de XX
et économiques. Partout, la centralisation et à 1 126 millions. L’agglomération de Dakar
la hiérarchisation des réseaux administratifs rassemble en 2015 autant d’habitants que le
et d’une structure économique constituent le Sénégal un demi-siècle plus tôt. Le constat est
facteur fondamental d’une véritable « révolution identique pour Abidjan en Côte d’Ivoire, Lomé au
urbaine » à l’échelle du continent. L’émergence Togo, Ouagadougou au Burkina Faso et Bamako
des futurs grands centres urbains ne s’arrête pas au Mali. En 2015, il y a plus d’agglomérations de
au littoral (Tableau 3.1). plus de 10 000 habitants en Côte d’Ivoire que
dans l’Afrique subsaharienne entière en 1945.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 65


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Ces mouvements démographiques modifient la processus d’urbanisation et donc leur modélisa-


configuration continentale et les équilibres. Au tion. Certains États promeuvent ou ont longtemps
niveau national, ils illustrent le décrochage entre promu une idéologie ruraliste et tentent de freiner
la métropole et les villes secondaires, encore le développement urbain. D’autres, au contraire,
marqué aujourd’hui (Chapitre 4). La population misent sur les villes pour appuyer le développe-
de Luanda équivaut à celle des 27 aggloméra- ment, favorisant la concentration urbaine ou la
tions secondaires les plus peuplées d’Angola. Au décentralisation. Les États ont également parfois
Soudan, l’agglomération de Khartoum compte un intérêt stratégique à ne pas reconnaître le
autant d’habitants que les 248 agglomérations développement de certaines agglomérations ou
urbaines les moins peuplées du pays. d’un tissu urbain spontané. Le paysage urbain
La pression démographique pousse les africain montre l’hétérogénéité des situations
sociétés locales à se réorganiser et se réformer. locales, d’où l’importance d’en comprendre les
Qu’une planification urbaine soit menée ou non caractéristiques et les dimensions scalaires et de
résulte dans tous les cas d’une décision politique. mettre en place des politiques territorialisées qui
L’urbanisation peut également être guidée par lient les échelles nationales et locales.
des institutions qui ne sont pas nécessairement
contrôlées par l’État, mais se substituent à une Des effets hétérogènes
administration centrale absente ou débordée, Les populations frontalières appartiennent
depuis le chef de village jusqu’à la compagnie souvent au même groupe ethnolinguistique et
étrangère ou le groupe agroalimentaire multi- partagent des caractéristiques communes. Il en
national. Le facteur politique couvre alors un est différemment pour les institutions. La compa-
champ plus large que le seul État. raison entre pays a priori très semblables comme
le Togo et le Bénin, le Rwanda et le Burundi, ou le
Vers une nouvelle période ? Congo et la RDC, montre une différence radicale
Avec la globalisation, une nouvelle période de choix en termes de hiérarchie des décou-
apparaît, comptant de nouveaux acteurs pages administratifs, de définition de l’urbain
et surtout un changement de direction des et de politiques urbaines. Sur le terrain, il suffit
échanges. Aujourd’hui grâce à des compa- de franchir la frontière pour percevoir les diffé-
gnies multinationales agroalimentaires, des rences dans le traitement politique de l’espace
agriculteurs kenyans, égyptiens ou mozambi- urbain, même si certaines règles spatiales
cains produisent des fruits et légumes pour des généralisent l’influence de tels milieu naturel ou
consommateurs européens ou chinois. La trans- caractéristique anthropologique sur les logiques
formation des noix de palmiste et du cuir d’Aba d’agglomération. Le premier facteur explicatif de
(Nigéria) fournit directement les entreprises ces disparités est la politique nationale d’urba-
de mode italiennes. La main-d’œuvre éduquée nisme et d’accès au foncier ou l’absence de
francophone, anglophone ou lusophone travaille cette dernière. Ainsi, en 2015 au Togo, il suffit
pour des compagnies de services occidentales. d’acquérir une terre, de construire, puis de faire
Ces nouvelles activités induisent en Afrique des entériner les faits par les autorités locales. De
logiques de localisation particulières, expliquant même, un groupe d’habitants, une fois organisé,
parfois le développement soudain d’une région peut réclamer le statut de « localité ». Le réper-
agricole, d’une ville, voire de tout un réseau toire des localités de 2010 recense officiellement
urbain régional. La dynamique des aggloméra- plus de 14 000 localités, ce qui est le record
tions pourrait se transformer une nouvelle fois, d’Afrique compte tenu de la faible taille du pays.
comme le suggère par exemple la formation des Cette absence de planification urbaine engendre
régions métropolisées (Chapitre 4). un étalement anarchique autour des villes et
des noyaux villageois, ce qui abaisse la densité
Les contextes politiques du fait urbain moyenne urbaine. Cette tendance très visible sur
la carte explique les différences de schémas de
Les effets des politiques nationales – ou de peuplement entre le Togo et les pays limitrophes.
leur absence – sont complexes et variés sur les Cependant, l’absence de planification ne se

66 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Encadré 3.1
Planification urbaine selon le modèle chinois

En Tanzanie et au Mozambique, les dernières décennies affichent une très forte croissance démographique,
phase décisive pour la mise en place de l’architecture du territoire national. Le découpage administratif du
territoire est inspiré par le modèle de la Chine. De vastes zones rurales sont ainsi placées sous la juridiction
d’une ville. La Tanzanie fait une distinction entre les wards « urbains » - véritable noyau urbain dense de la
ville -, les wards « ruraux » et les wards « mixtes » - périphérie prévue pour l’accueil de futures extensions
(Image 3.1). L’étalement des constructions dans les zones mixtes n’est pas anarchique. La voirie et les lots
y sont alignés et planifiés. À un temps « t », le caractère de l’urbanisation y est particulièrement extensif, se
manifestant par le côtoiement des équipements, des fermes, champs, garages, maisons, écoles. Lorsque
leur densité s’élève et que sont remplies les conditions de la définition de Geopolis, les wards « mixtes » se
fondent dans l’urbain et forment une agglomération. L’une des conséquences est la faiblesse de la densité
moyenne des agglomérations. Celle-ci ne s’explique donc pas par l’étalement spontané, mais par la stratégie
de planification (Image 3.1), qui est appliquée dès qu’une agglomération émerge sur le territoire.
Au Mozambique, la politique conduit également à des agglomérations de faible densité mais le processus
diffère de la Tanzanie, par manque de création de « villes » officielles. En dehors de la capitale, deux niveaux
hiérarchiques co-existent : les cidades (cités) analogues au jiedao (街道) chinois, et les vilas (villes) équiva-
lentes au zhen (镇). Comme la population du pays a fortement augmenté, et que l’économie décolle depuis
la fin de la guerre civile, le nombre de cidades prévu est insuffisant pour mailler le territoire. Les vilas, trop
petites et peu équipées, ne parviennent pas à polariser le peuplement. De multiples agglomérations sponta-
nées comblent ainsi les vides du territoire. La plupart se composent de chaînes de villages agglomérés par
des constructions éparses le long des routes et des pistes. Ceci se traduit également à la périphérie des
villes officielles par des débordements anarchiques formant d’interminables filaments dans les campagnes ;
à l’image des villes minières (charbon), où s’agglutinent les habitants des zones rurales voisines. Les cidades
et les vilas officielles constituent la priorité du développement urbain mais leur nombre est insuffisant pour
mailler l’étendue du territoire national et l’État peine à reconnaître les développements spontanés qui se
poursuivent.

Image 3.1
Zone « mixte » : périphérie ouest de Babati (Tanzanie)

Note : La trame viaire est préparée à accueillir de futures extensions urbaines et les parcelles peuvent être facilement viabilisées et raccordées aux
réseaux. Certains blocs n’étant pas encore occupés, la densité urbaine est provisoirement très faible. La Tanzanie est l’un des pays où la croissance
urbaine est la plus rapide et où le gouvernement anticipe le développement des petites agglomérations.
Source : GoogleEarth, (consulté septembre 2017), y = -4.219, x = 35.722, Alt. 1 740 m

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 67


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

traduit pas nécessairement par une « faible Carte 3.1


densité », tout comme une politique urbaine Agglomérations de villages le long du lac Mweru
ne se traduit pas obligatoirement par une forte (Zambie)
densité urbaine.
En matière d’urbanisme, plusieurs types
de politiques nationales s’illustrent. Ainsi, en
Ouganda, le pays s’urbanise rapidement en
dehors des trading centres, municipalities, ou
towns councils planifiés par les schémas natio- Mwatishi
Lac Mweru
naux. Dans le sud du pays, sur les collines qui
dominent le lac Victoria, de nombreuses agglo-
mérations se sont formées sous la pression de
la densité. En 2015, 310 communautés consti-
tuent ainsi une agglomération de plus de
10 000 habitants sans statut officiel « urbain ».
Cent dix-sept se situent dans l’agglomération
de Mbale, réparties en 2 municipalities et 6
town councils. À titre de comparaison, 62 town
councils possèdent un statut officiel urbain avec
une densité largement moindre, sans aggloméra- Nchelenge
tion de plus de 10000 habitants.
Le processus d’urbanisation de Mbale
illustre les limites floues entre urbain et rural.
Avec une densité moyenne de 2 200 habitants/
km 2 en 2015, il s’agit d’un modèle extensif pour
0 2.5 5
un espace urbain, mais déjà trop dense pour être km

rural. La croissance se poursuivant à un taux de


2.8 %, Mbale apparaît cependant plus « urbaine » Frontières administratives
que des dizaines de « villes » officielles . L’urba- Agglomération urbaine (zone bâtie)
nisation y est déjà un fait, mais l’urbanité
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ;
apparaîtra avec le développement économique Geopolis 2018 ; Demarcation Board (limites en 2010)
et social. Africapolis identifie ainsi en Afrique Cartographie : François Moriconi-Ébrard

de nombreuses agglomérations qui, malgré


leur faible densité, ne peuvent être considé- de leur fonctionnalité. En 2015, les effectifs de
rées comme rurales. Bien que spontanées, elles population des quartiers spontanés hors des
possèdent une logique spatiale rationnelle. La périmètres planifiés ont rattrapé, voire dépassé,
plupart ne sont pas référencées et leur dévelop- ceux de la « ville » officielle à laquelle ils sont
pement échappe aux stratégies politiques et agglomérés. Ces habitants, pour la plupart
aux statistiques. Africapolis permet d’en saisir pauvres, n’apparaissent pas dans les statistiques
la réalité et les caractéristiques et d’éclairer les urbaines, soulignant l’effet du politique dans
effets de ce développement sur l’économie, l’amé- l’appréhension du territoire et du développement
nagement du territoire ou l’accès aux services. urbain.
Ce biais ne s’applique pas seulement aux
L’effacement statistique d’agglomérations localités urbaines officielles. Il occulte des
La Zambie est divisée en neuf régions, subdi- agglomérations entières, notamment lorsque
visées en districts, puis en constituencies et en l’urbanisation spontanée n’est en marge d’aucune
wards, qui sont des unités électorales. Le pays ville reconnue (Carte 3.1). En Zambie, les agglo-
publie une liste officielle de localités urbaines mérations qui bordent le lac Mweru ne comptent
indépendante des différentes subdivisions et pas de villes officielles et donc n’apparaissent pas

68 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

dans la catégorie « urbaine ». Certaines d’entre d’une linéarisation autour d’un élément struc-
elles peuvent compter plus de 40 000 habitants et turant comme une route, une voie d’eau, la
atteindre plus de 20 kilomètres de longueur, avec ligne de rupture de pente au pied d’un massif
une densité dépassant les 3 000 habitants / km 2. montagneux, une forêt. Très souvent enfin, la
Ces agglomérations sont issues de la fusion de succession de cycles économiques ou politiques
petites unités de peuplement nucléées, dont – colonisation puis indépendance, l’Apartheid
l’habitat dominant est circulaire. Même si la et son abandon – et l’apparition d’innovations
piste longeant le bord du plateau qui domine le technologiques engendrent une superposition
lac guide la croissance du bâti, il ne s’agit pas à locale de strates historiques de peuplement.
proprement parler de « villages-rues » à l’image En raison de ces superpositions, la carte et le
des collines du Rwanda et du Burundi, mais de paysage de l’urbanisation prennent parfois un
vraies agglomérations comparables à celles de la aspect chaotique. Il est possible d’isoler ces
RDC. En l’absence de régulation, une agglomé- niveaux d’échelles, d’acteurs ou de temporalités
ration continue de se former de poche en poche pour les recombiner de façon logique dans la
et ce processus ne cesse de s’amplifier au fur et à carte actuelle de l’urbanisation.
mesure que la population croît.
Les territoires historiques de l’urbanisation
Contexte environnemental Malgré un accroissement rapide de la popula-
tion, le peuplement conserve une organisation
L’environnement et les facteurs climatiques & spatiale issue de logiques et de mise en valeur
géographiques influent sur les configurations de l’espace bien marquée1 : par une extension de
spatiales du peuplement et ses évolutions tempo- proximité progressive, des densifications le long
relles. Leurs effets sont d’autant plus grands dans d’une zone climatique homogène ou d’un fleuve,
les sociétés encore largement dépendantes de de mosaïques ou d’îlots dans les milieux monta-
l’agriculture, comme en Afrique. Chaque milieu gnards. C’est à partir de la partie nord-orientale
impose un type de mise en valeur, donc d’orga- de l’Afrique et en direction de l’’Ouest que se
nisation sociale et de peuplement, sédentaire, seraient répandus l’élevage et l’agriculture, entre
semi-sédentaire ou nomade. Certains territoires zones arides constituées de dunes, de déserts
favorisent l’élevage, d’autres l’agriculture, ou les sableux, rocheux ou de roches nues, vastes
deux. Les savoir-faire impliquent une plus ou espaces inadaptés aux pratiques agropasto-
moins grande spécialisation ou une diversité rales, et zones forestières ou zones privées de
des productions, avec des conséquences sur les pâtures réclamant des défrichements techni-
échanges, le commerce, les régimes fonciers, quement irréalisables jusqu’à l’invention du fer.
les systèmes agricoles d’attribution des terres et Les progrès techniques notamment relatifs à la
l’organisation du travail. Chaque territoire porte gestion des ressources ont ouvert de nouvelles
des optima de densité pour le bon fonction- perspectives d’expansion, d’échanges et de circu-
nement du système et des conditions plus ou lation inédites, qui influencent les dynamiques
moins favorables à l’urbanisation. Les systèmes urbaines. La forme générale de ce scénario de
agricoles sont ainsi plus ou moins « urbani- peuplement est encore visible aujourd’hui par
sants ». la superposition de la localisation des agglomé-
Certains types de peuplement favorisent la rations de plus de 10 000 habitants et de celle
répartition de nombreux petits marchés régio- de Global Land Cover (GLC) 2000 (Carte 3.2). Les
naux distribués régulièrement sur le territoire et trois foyers préhistoriques les plus adaptés à la
qui ont vocation à devenir des centres urbains. logique « agropastorale » sont :
D’autres sont plus adaptés à la centralisation au • le foyer « soudanais » de la moyenne vallée
sein de pôles d’échanges importants, mais moins du Nil,
nombreux et plus éloignés les uns des autres. • le foyer des hautes terres d’Éthiopie,
D’autres encore ne s’accommodent d’aucun mode • le foyer des montagnes du Niger-Cameroun.
d’urbanisation et se caractérisent par une disper- Tandis que le premier et le troisième se sont
sion absolue des ménages dans la campagne ou constitués à partir des « réfugiés climatiques »

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 69


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Carte 3.2
Occupation agricole dominante du sol et semis des agglomérations

0 777.2
km

Agglomérations
Agriculture Mosaique agriculture forêt humide Mosaique agriculture végétation sèche

Note : La répartition des densités humaines de l’Éthiopie ou de la vallée du Nil illustre l’influence des contraintes naturelles liées à la pluviométrie, à
l’altitude, aux pentes, sur le peuplement.
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; Commission européenne 2003 - Cartographie : Hervé Gazel

de la cuvette saharo-tchadienne à la suite de grandes familles linguistiques. Cette perspec-


la désertification du Sahara qui commença il y tive par les territoires urbains et les semis de
a 5 000-7 000 ans, le second aurait bénéficié de peuplement donne une lecture autre que natio-
la migration des peuples couchitiques depuis le nale ou locale des processus, en s’appuyant sur le
Yémen via la mer Rouge. temporel (histoire) mais aussi le spatial.
L’approche de l’espace africain par les La cartographie de l’ensemble des agglomé-
systèmes agricoles renvoie à une très longue rations d’Africapolis souligne l’hétérogénéité de
histoire du peuplement. Elle identifie la forma- leur semis en termes de distance et de densité
tion de régions fortement contrastées en (Carte 3.3) Cette hétérogénéité souligne un
termes de densité et d’urbanisation. Plusieurs peuplement ancien et une certaine organisa-
logiques de peuplement (cueillette, agropasto- tion de l’espace. Les mailles les plus denses se
ralisme, colonies et traites) se sont succédées situent dans la zone de peuplement yoruba avec
dont la combinaison cumulée aux évolutions une présence séculaire d’agglomérations et une
d’aujourd’hui expliquent la formation de terri- très ancienne pratique agricole en milieux fores-
toires transnationaux de l’urbanisation. Cette tiers. À partir de ce foyer, se déploie un espace
histoire mobilise le passé migratoire des peuples de fortes densités qui s’étend de la Côte d’Ivoire
africains et la répartition géographique des à l’ouest du Cameroun, couvrant la quasi-totalité

70 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Carte 3.3
2000 ans d’urbanisation africaine

0 777.2
km

Agglomérations Agriculture et élevage Agriculture et forêt Déploiement agro-pastoral

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; Commission européenne 2003 - Cartographie : Hervé Gazel

du Nigéria. Outre ces deux foyers nigérians, les diminuer la pression démographique qui pesait
foyers éthiopiens, des Grands lacs et d’Afrique du sur les terres cultivables, avec une augmenta-
Sud, sont aisément identifiables. Il s’agit partout tion du niveau d’urbanisation. Ces contraintes
de hautes terres, où le climat est tempéré par une s’illustrent différemment selon le milieu
altitude comprise entre 1 200 et 2 500 mètres. naturel, mais aussi selon l’étendue des pays. Le
Tous sont très fortement associés à des espaces cas du Soudan montre de façon claire l’impact
ruraux denses avec une importante activité des contraintes naturelles sur le peuplement
agricole depuis des siècles, y compris en Afrique (Carte 3.5).
du Sud où s’ajoute une intense activité minière Il faut distinguer les pays où le principal
et industrielle et une colonisation de peuplement problème n’est pas le manque d’espace, mais
européen. d’eau. Appuyés par des financements interna-
tionaux, certains États élaborent d’ambitieux
Urbanisation et agriculture projets de mise en valeur agricoles régionaux,
L’espèce humaine sait depuis longtemps adapter voire nationaux, en utilisant l’eau de nouveaux
les contraintes naturelles à son profit, à condi- barrages et de pompage dans les aquifères
tion qu’il existe une volonté politique et des pour accroître la surface des terres irriguées.
capitaux suffisants pour en supporter les coûts. Ces projets planifiés entraînent de vastes dépla-
Cette capacité se manifeste à toutes les échelles. cements internes de population pour élargir
Localement, l’exode rural a longtemps permis de l’espace cultivable. Au-delà de l’agriculture, ils

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 71


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Encadré 3.2
Le corridor sahélien

Tableau 3.2
L’urbanisation du corridor sahélien, 2015

Superficie (km²) 3 000 000

Population urbaine (hab.) 69 242 923

Nombre d’agglomérations 1 289


Population de la plus grande agglomération (hab.) 3 888 582
Taille moyenne des agglomérations (hab.) 53 718
Distance moyenne du plus proche voisin (km) 21,3

Le corridor sahélien court d’est en ouest, de l’Est sont traversés par le corridor sahélien : d’ouest
l’Éthiopie et du Soudan jusqu’au lac Tchad et au-delà en est, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali,
en Afrique de l’Ouest. Deux voies se distinguent : le Burkina, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Niger, le
• La voie septentrionale où se rencontrent les Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Cameroun, le
steppes et pseudo-steppes subarides mais Tchad, le Soudan du Sud, le Soudan, l’Éthiopie et
aussi des savanes herbacées ouvertes, voire l’Érythrée. Cet espace long de 6 000 km et large
faiblement arbustives. Cet espace est celui des de 500 km s’étend sur une superficie de 3 millions
éleveurs et de leurs bétails. de km². Son centre n’est pas un « point » mais une
• La voie méridionale, avec ses savanes boisées, « ligne », vers le nord. La couverture herbeuse s’y
arborées à arbustes, arbustives, herbacées éclaircit de même que la densité des habitants, des
denses, est le lieu de l’agriculture pluviale. champs, des troupeaux et des agglomérations.
Ces deux voies se complètent : les échanges entre En se dirigeant vers le sud, les arbustes espacés
populations d’éleveurs et d’agriculteurs sont réguliers deviennent des arbres, ils poussent de plus en plus
et suscitent de nombreuses traverses méridiennes serrés, puis deviennent forêt. Les populations et
(perpendiculaires). Des conflits d’usage pour la terre les pratiques agropastorales y sont graduellement
se succèdent aux rythmes des variations interan- moins adaptées que les pratiques agroforestières.
nuelles de la pluviométrie et donc des avancées et Les densités rurales chutent, les agglomérations
reculs des zones de pâture et de culture. Le régime sont rares, le semis urbain se fait lâche.
des précipitations des zones arides et semi-arides En 2015, le peuplement du corridor sahélien
ne se caractérise pas seulement par le déficit de est encore majoritairement rural bien que l’urbani-
la pluviométrie, mais aussi par leur irrégularité, et sation progresse rapidement. 1 289 agglomérations
notamment leur variabilité interannuelle. En cas de de plus de 10 000 habitants sont dénombrées
sécheresse, les éleveurs cherchent des pâtures (69.24 millions d’habitants). La plus grande agglom-
plus au sud. De leur côté, après quelques années ération est Kano (Nigéria), avec 3.9 millions
humides, les agriculteurs tendent à étendre les terres d’habitants contre 120 000 en 1950. Elle se situe à
cultivées vers le nord. l’articulation du bassin intérieur du lac Tchad (plus
Depuis des siècles, ce « Sahel » ou « rivage » de 4 millions de km²) avec le bassin du fleuve Niger
a ses ports, ses portes du désert qui ouvrent des (plus de 4 millions de km²). Elle est ainsi à l’intersec-
routes vers le nord, notamment. En Mauritanie, au tion d’une route du Nord vers Agadez, les Tassili,
Mali, au Niger, au Tchad, au Soudan et en mer Rouge, l’Aïr et une route du Sud vers les terres du bas-Niger
les routes caravanières ont largement contribué à la et les eaux du golfe de Guinée. Haut-lieu historique
traite transsaharienne, créatrice de foyers urbains du pays haoussa, Kano est le centre d’une région
et destructrice de communautés agropastorales. d’ampleur sous-continentale bien avant la colonisa-
Dix-huit États d’Afrique de l’Ouest, du centre et de tion. Les autres agglomérations majeures sont Dakar

72 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Carte 3.4
Le corridor sahélien

0 920
km

Agriculture
> 5 millions
2.5-5 millions Mosaique Agriculture Savane

1-2.5 millions Extension du corridor sahélien


500 000-1 million
100 000-500 000
10 000-100 000

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; Commission européenne 2003 - Cartographie : Hervé Gazel

(3,1 millions d’habitants), à l’extrémité occidentale et « foyer éthiopien ». La légende de sa fondation au


Bamako (2,8 millions d’habitants) sur le Haut-Niger. XIIe siècle par l’union de quatre clans ou la naissance
Toutes deux sont des créations coloniales qui ne en ce lieu de Ménélik, fils de la Reine de Sabah et
comptaient à peine plus de 10 000 habitants ans il y du Roi Salomon, en témoigne. Parmi les agglom-
un siècle. Devenues capitales politiques, elles sont érations du semis urbain désormais relativement
situées dans la moitié occidentale du corridor de dense du corridor sahélien, se rencontrent aussi des
Dakar à Kano (2 700 km). À l’est, de Kano à la mer places anciennes de marchés issues des réseaux
Rouge (3 300 km), les principales agglomérations séculaires de la traite transsaharienne tel al-Ubayd
sont N’Djaména (1,3 millions d’habitants en comptant (361 000 habitants, et déjà 40 000 en 1800).
Kousséri au Cameroun), Nyala (570 000 habitants) et
Asmara (470 000) à l’extrémité orientale du corridor.
Ici encore, la marque de l’histoire est bien
visible. N’Djaména résulte de la logique coloniale
française. La logique coloniale italienne s’est super-
posée à celle du corridor sahélien à Asmara qui, à
2 350 m d’altitude, relève aussi des confins du

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 73


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Carte 3.5
Distribution des agglomérations et extension des zones hyperarides au Soudan

ÉGYPTE
LIBYE

Rivière Nil

Port-Soudan

TCHAD SOUDAN
Khartoum Kassala
ÉRYTHRÉE

al-Ubayd

Nyala

ÉTHIOPIE

RÉPUBLIQUE SOUDAN DU SUD


CENTRAFRICAINE

Population
> 3 millions Frontière
1 - 3 millions Zone désertique
300 000 - 1 million
100 000 - 300 000
30 000 - 100 000
10 000 - 30 000

Note : les villes sont présentes uniquement dans les zones cultivables du sud. Dans les déserts (en jaune sur la carte), elles jalonnent le cours du Nil et
quelques oasis de piémont à l’est.
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie: François Moriconi-Ébrard 2018

ont un impact sur l’urbanisation avec la création agricole (sucre, coton, céréales), certains projets
de nouvelles villes pour accueillir les popula- incluent la filière de transformation industrielle
tions déplacées comme New Bussa dans la et le réseau de distribution, qui s’appuient sur
vallée du Niger (Nigéria), dans la vallée du Nil de nouveaux centres urbains. Des villes sont
ou du Zambèze. Des barrages sont construits, créées ex-nihilo dans les zones désertiques
des marécages incultes et des terres salinisées nigériennes (Arlit, Akokan), mauritaniennes
sont bonifiés dans les deltas, de vastes schemes 2 (Zouerat, Nouakchott) et dans les pays d’Afrique
d’irrigation sont aménagés afin que les cultures du Nord (Algérie, Libye, Égypte) répondant
intensives se substituent à l’agropastoralisme. De à des motifs de sécurité militaire, de contrôle
véritables fronts pionniers agricoles sont ouverts policier, de services administratifs ou d’extrac-
au Soudan, au Tchad (Salamat) et dans les pays tion minière.
d’Afrique du Nord. En aval de la production

74 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Tableau 3.3
Densité apparente et densité réelle de la population de quelques pays d’Afrique (2015)

Superficie (km²)
Densité Densité
Pays Totale Dont : sols nus Eaux intérieures apparente réelle
Égypte 987 360 903 366 8 561 92 1203
Rwanda 25 505 0 1 604 444 473
Djibouti 21 792 19 067 304 44 395
Burundi 26 857 0 1 971 364 393
Cabo Verde 4 255 1 379 469 124 219
Gambie 11 151 15 939 180 197
Ouganda 243 233 4 37 433 148 175
Algérie 2 317 761 2 087 811 1 744 17 174
Malawi 119 473 124 24 373 135 170
Tunisie 155 651 89 037 838 71 169
Éthiopie 1 136 063 72 537 7 704 79 85
Libye 1 627 227 1 561 685 766 3 84
Érythrée 121 799 48 952 742 40 68
Tanzanie 946 838 2 551 60 915 52 55
Niger 1 189 491 798 879 412 16 48
Soudan 1 854 608 981 912 4 734 21 44
Mali 1 259 401 700 409 3 851 14 32
Somalie 637 794 55 079 1 033 20 22
Tchad 1 270 972 637 040 3 613 11 21
Mauritanie 1 043 962 846 013 713 4 21
Note : Les eaux de surface incluent les zones côtières, estrans, lacs, étangs et cours d’eau identifiés par télédétection et inclus dans les limites officielles
du territoire national reconnues par l’ONU.
Sources : Geopolis 2018 ; OCDE 2015

À l’opposé de ces vastes projets, il existe des Le manque d’espace reste un réel problème
zones où l’agriculture dépend de la pluviométrie, à l’échelle nationale dans des pays tels que le
et où l’espace est limité. Les sociétés confrontées Rwanda et le Burundi, où le territoire national
très tôt à la finitude des ressources locales en entier devient saturé. Dans ce cas, urbanisation et
terre et en eau, savent depuis longtemps utiliser agriculture sont en concurrence directe et la mise
des modes de mise en valeur et d’organisation en défens des espaces naturels pour la protection
adaptés. Le succès de l’adaptation aux contraintes de la flore et de la faune sauvages. Ces territoires
microlocales du milieu est à l’origine même d’une gèlent des superficies cultivables considérables
forte densité rurale. Néanmoins, la densification dans certains pays (Kenya, Tanzanie, Afrique
exponentielle de la population des zones rurales du Sud, Kenya, Ouganda, Botswana, Namibie,
atteint inévitablement un seuil critique. À l’heure Malawi, Côte d’Ivoire, Togo…). La densité de
actuelle, de nouvelles agglomérations émergent population serait donc plus élevée. Ainsi, le
à partir de l’intensification des constructions Tableau 3.3 ne prend pas en compte les superfi-
de zones rurales. Ce processus engendre des cies des territoires mis en défens à des fins de
paysages à mi-chemin entre rural et urbain qui protection de l’environnement. Soustraits à l’agri-
marquent des régions entières sur les plateaux culture et à l’urbanisation par décision politique
éthiopiens, dans le bassin du lac Victoria, dans le et non par contrainte naturelle, ces territoires ont
sud-est du Nigéria et dans la basse vallée du Nil. un avenir fragile. Le statut d’interdit peut être
mal accepté par des populations à la recherche de
terres et être remis en question par des tensions
telles qu’un conflit armé, une crise politique ou
humanitaire.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 75


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Entre ces deux stratégies (vastes irriga- Graphique 3.2


tion schemes ou dépendance à la pluviométrie), Relation entre la densité et la couverture végétale
certains pays favorisent des projets hydrauliques
de micro-retenues gérées par des communautés,
qui permettent d’accroître localement la produc- Première phase Seconde phase Troisième phase

Couverture végétale
tion agricole. Ces activités plus respectueuses
de l’environnement, et plus proches des sociétés
vlocales, favorisent la persistance de populations
dans les zones rurales. Les plus gros villages se
transforment rapidement en petites aggloméra-
tions urbaines selon une logique d’urbanisation Densité de population
in situ. L’urbanisation naît alors non pas de
Source : Chao Li, Yaoqiu Kuang, Ningsheng Huang et Chao Zhang 2013
l’exode rural, mais de son absence.
Partout, la croissance urbaine est forte-
ment liée à la disponibilité en eau et en terres,
ainsi qu’à la productivité agricole. Le continent montrent que l’accroissement de la densité
africain dispose globalement d’un potentiel de population est une contrainte qui pousse
de ressources considérable dont l’exploitation les sociétés à réorganiser radicalement leurs
dépend de la volonté politique et de la capacité modes de production et d’organisation ; Malthus
des sociétés à s’organiser. Les principales straté- considérant lui que la population d’un pays
gies d’adaptation sont gérées à trois échelles augmente toujours plus vite que la production
territoriales, depuis de vastes projets d’aména- des ressources nécessaires à son alimenta-
gement nationaux jusqu’au savoir-faire local, tion. L’expression « consommation d’espace »
en passant par des projets communautaires. est d’abord malthusienne. Elle implique l’idée
Chacune de ces stratégies engendre l’émergence de destruction de terres agricoles nourricières
de nouvelles agglomérations urbaines, dans des et aujourd’hui, de disparition d’écosystèmes
conditions variées en termes de migrations, naturels. Cependant, de nombreux contre-
de coûts financiers et environnementaux. Ces exemples existent. Aux États-Unis, Los Angeles
formes d’urbanisation différenciées en termes a été créée dans le désert. Aujourd’hui, l’exten-
de volume de population, de superficie des villes sion de l’agglomération est volontiers qualifiée
ou de densité urbaine appellent à l’articulation de tentaculaire, mais l’urbanisation s’y est
entre les intérêts nationaux et locaux. accompagnée d’une augmentation du couvert
végétal à l’échelle régionale. Plantation d’arbres,
Urbanisation et adaptation à parcs, pelouses et agriculture irriguée se sont
l’environnement développés corrélativement à la croissance
Bien avant l’arrivée de règlements modernes urbaine de sorte que la région est plus verte que
d’urbanisme, les pratiques vernaculaires de lorsqu’il n’existait aucune ville. De même, en
préservation des terres les plus fertiles condi- Chine, des chercheurs montrent que l’impact de
tionnent la survie et assurent le développement la pression anthropique sur le couvert végétal ne
des populations. Cependant, elles sont implantées suit pas une relation linéaire. Cette relation serait
à une époque où la vallée du Nil, de Khartoum positive ou négative en fonction de la densité
à la Méditerranée, pendant des siècles, oscille démographique suivant une courbe en forme de
entre 5 et 12 millions d’habitants. Ces modes n inversé (Graphique 3.2).
d’occupation urbaine et agricole sont-ils encore Cette relation est illustrée par le cas égyptien.
soutenables de nos jours, lorsque la population a Dès 1990, Le Caire a autant d’habitants que
été multipliée par 10, voire par 20 ? l’Égypte entière en 1900. Les localités situées à
Plusieurs approches s’opposent sur la l’intérieur du delta ou de la vallée sont les plus
capacité des sociétés à assurer le développement fertiles et donc les densités rurales les plus élevées.
économique suffisant à une forte croissance La croissance démographique et urbaine devrait
démographique. Les travaux d’Ester Boserup entraîner la destruction de terres agricoles.

76 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Image 3.2 pas nécessairement incompatible, ni avec l’aug-


Chaînes d’agglomérations en bordure de désert mentation de la production agricole, ni avec une
(région d’Atbara, Soudan) consommation raisonnable des ressources en
eau, ni même avec la diminution de la couverture
végétale. Même si les schémas de développement
soulèvent de nouveaux problèmes, l’urbanisation
al-Bawgah peut et doit servir de levier pour la modernisa-
al-Ibydiya
tion des méthodes de production et de profondes
réorganisations politiques et sociales.
Rivière Nil Ce constat vaut également pour les régions
arides d’Afrique, où l’urbanisation ne détruit
Barbar
pas nécessairement des terres agricoles et des
espaces végétalisés, mais peut au contraire en
al-Makaylab
apporter. Dans le Sahel, les taches de verdure
dans l’immensité jaune des steppes permettent
Darmali
de repérer l’emplacement de villages et de villes
Banat sur les images satellites. L’empreinte spatiale des
agglomérations s’accompagne d’une micro-pro-
Atbara
duction agricole familiale qui contraste avec
Ri

l’aridité des environs voués au parcours des


viè
re

al-Damir troupeaux. Dans ces cas très localisés, mais


At
ba

al-Damir I reproduits sur des millions de kilomètres carrés,


ra

les « villes » africaines ne consomment pas de


terres agricoles mais contribuent de la photo-
synthèse là où ne poussait auparavant qu’une
Aaliyab végétation sèche impropre à la consommation
humaine. La densité de ces agglomérations
al-Kitayab Shamal reste couramment élevée (entre 3 500 et 6 000
al-Qabati habitants/km 2), se situant au point de rencontre
al-Kitayab Janub
entre les avantages d’une forte densité résiden-
tielle liée à la nécessité de se grouper autour des
points d’eaux, et celle de préserver des espaces
réservés aux arbres et à une micro-agriculture.
Agglomération urbaine (zone bâtie)
À l’échelle continentale, la vallée du Nil peut
Sources : Google Earth (consulté avril 2018); OCDE/CSAO 2018,
être qualifiée de super-oasis. Les populations
Africapolis (base de donnees) ; Geopolis 2018 locales qui économisent les terres irrigables
ont construit, autant que possible, les habita-
tions et les nécropoles sur les rebords incultes
Pourtant, force est de constater que les surfaces du désert pendant des millénaires. Sous l’effet
cultivées de l’Égypte et du Soudan ne régressent de la croissance démographique, ceci se traduit
pas (Image 3.2). Au contraire, elles augmentent aujourd’hui par une urbanisation caractéristique
tout en étant plus économes en consommation en chaînes d’agglomérations, rencontrée depuis
d’eau que les techniques traditionnelles d’irriga- Khartoum jusqu’à la Méditerranée. Ces pratiques
tion. De nos jours, la bonification de nouvelles prévalent également dans la vallée du Limpopo
terres désertiques donne l’occasion d’introduire (Mozambique), du fleuve Sénégal (Sénégal et
des technologies avancées. Elles sont cependant Mauritanie), et plus généralement le long des
extrêmement coûteuses en capitaux et requièrent mayo et des oueds des bordures sud-sahéliennes
une main-d’œuvre qualifiée, ce qui transforme (Tchad, nord du Cameroun, Nigéria, Maroc) et
profondément les sociétés rurales et marginalise de Somalie. Ces agglomérations de bordure de
l’agriculture traditionnelle. L’urbanisation n’est désert artificialisent des sols, de toute façon

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 77


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Tableau 3.4
Territoires au Rwanda

Types de bloc Superficie en km 2 Source

Territoires en défens 2 597 Cadastre


Lacs et plans d’eau FAO (waterbodies),
1 604
(hors territoires en défens) Cadastre

Disponible 21 304

Source : Calculs ad hoc réalisés à partir du SIG Geokhoris.

incultivables. (Image 3.2). Des interactions se faune (Carte 3.6). Il en résulte que la densité réelle
nouent parfois entre les éléments politiques, du pays (calculée en soustrayant les territoires
l’environnement et les formes de peuplement. mis en défens de la superficie) est encore plus
Ainsi, en Égypte, le désert n’est pas seulement forte que la densité apparente, qui atteint déjà
inhabitable « naturellement », mais, placé sous la 444 habitants/km 2. Le territoire habitable se
propriété de l’armée. À ce titre, il est frappé d’un réduit à 21 300 km 2, soit une densité moyenne de
interdit politique d’établissement et de circula- 531 habitants/km 2 (Tableau 3.4).
tion immédiat en situation de guerre (comme L’unité de base est appelée colline et non pas
avec Israël). Cet interdit est peu à peu levé à la village, tout comme au Burundi. L’utilisation de
périphérie des terres cultivables de la vallée du l’espace est localement guidée par les qualités
Nil, leur remise sur le marché générant de formi- et les contraintes naturelles de la topogra-
dables ressources financières pour les militaires. phie, des sols, du drainage, etc. Cette logique
est locale. Dépendant presque exclusivement
Ordre ou chaos ? L’organisation scalaire de de l’agriculture, les Rwandais optent pour un
l’urbain peuplement linéaire le long des lignes de crêtes
L’étude des processus locaux d’urbanisation du (Images 3.3 et 3.4). La circulation et la construc-
Rwanda donne à voir une stratégie locale d’adap- tion de bâtiments s’opèrent au sommet des
tation au contexte environnemental, extrêmement interfluves, sur la ligne de partage des eaux entre
rationnelle et ordonnée. L’utilisation d’espace, de deux versants, réservant le haut des flancs aux
circulation et de préservation des terres agricoles cultures vivrières, le bas aux cultures commer-
aussi bien que des derniers espaces naturels sont ciales (thé, bananes) et les éventuels fonds de
optimisés au niveau local. Cependant, à l’échelle vallée plats aux cultures irriguées. La forme
régionale, cette politique engendre l’émer- linéaire favorise les échanges entre collines.
gence d’agglomérations gigantesques de forme L’urbanisation rwandaise illustre la collision
pouvant sembler chaotique. Cette contradiction entre deux échelles spatiales, locales et régionales.
illustre la nécessité de comprendre les dimen- Soumis à une forte croissance démographique,
sions scalaires du fait urbain et l’articulation des ce système de peuplement linéaire engendre une
échelles d’organisation du territoire. Le Rwanda forme urbaine particulière. Avec l’augmentation
est emblématique d’une stratégie répandue en du nombre de ménages, et donc de nouvelles
Afrique qualifiée de « potager ». La population constructions, les agglomérations s’allongent
du pays est passée de 2 à 11.3 millions d’habi- démesurément. Les collines finissent par inter-
tants entre 1950 et 2015. Au début du XXIe siècle, connecter des massifs entiers entre eux. Les
la densité rurale est devenue telle que, guidés agglomérations émergeant par coalescence
par un attracteur linéaire, des centaines de atteignent immédiatement une population très
villages-rues se sont rejoints, formant d’intermi- supérieure à 10 000 habitants. À l’opposé des
nables filets d’agglomérations. Le gouvernement régions d’habitat groupé d’Afrique, il y a un déficit
rwandais a, de son côté, mis en défens de d’agglomérations de moins de 20 000 habitants.
vastes territoires (2 600 km 2), afin de protéger Si l’émergence des agglomérations rwandaises
les dernières réserves naturelles de flore et de statistiquement urbaines, selon les critères de

78 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Carte 3.6
Agglomérations et zones en défens au Rwanda

OUGANDA

RÉPUBLIQUE Parc National


DÉMOCRATIQUE des Volcans
DU CONGO

Parc National
de l’Akagera
Forêt de
Gishwati

RWANDA

Parc National
Nyungwe
TANZANIE

BURUNDI

0 25 50

km

Frontière Parcs/forêts Eaux Agglomération urbaine (zone bâtie)

Sources : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)(Waterbodies) ; Gouvernement du Rwanda (cadastre) ; Geopolis 2018
(agglomérations) ; OCDE/CSAO, Africapolis 2018 (base de données) - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

Geopolis, procède de la forme rurale, elle pose du territoire est maximisé, surtout lorsque le
la question de l’urbanité – ou du caractère perçu territoire national est peu étendu. La densité des
comme « urbain » - de sa population – tout comme agglomérations, certes inférieure à la moyenne
en Ouganda (« Effets hétérogènes »). L’origine africaine, reste cependant élevée. Celle de Kigali
morphologique de l’urbanisation est fondamen- atteint 2 550 habitants/km 2.
talement locale, tandis que les agglomérations en La forme « chaotique » de la tache urbaine
s’étalant conduisent à terme à une urbanisation (Carte 3.7) devient plus lisible à l’échelle locale.
généralisée du territoire analogue à celle de la Elle montre une post-urbanité qui émerge
Belgique, et des grandes pleines d’Asie du Sud. de la ruralité avec des formes d’urbanisation
Le Rwanda est encore un exemple de territoire particulièrement rationnelles en termes de
africain où la croissance des agglomérations ne « consommation » de terres agricoles. Comme
se fonde pas sur l’exode rural. Lorsque celui-ci illustré précédemment, l’urbanisation observable
diminue, le risque d’urbanisation généralisée et repérable sur le terrain, précède l’urbanité qui

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 79


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Images 3.3 et 3.4


Organisation spatiale d’une colline au Rwanda

Note : La piste centrale est bordée de maisons rectangulaires sur toute sa longueur. Le haut des flancs est occupé par les plantations commerciales (thé,
bananes…) et les parties basses par les cultures vivrières. La colline est cernée par des vallées à fond plat, humides et empâtées par les alluvions. À
droite, le peuplement déborde en direction de la colline voisine. L’habitat le long de la rue est dense et continu. Il n’y a plus aucune parcelle libre d’un bout
à l’autre de l’image, au point que les nouvelles constructions doivent désormais être édifiées en deuxième ligne, en particulier les équipements (toits blancs
plus récents, visibles sur l’image). Ce schéma est multiplié à quelque 2 000 exemples au Rwanda. Il s’observe également dans les régions voisines du
Burundi, dans l’est de la RDC et en Ouganda.
Source : GoogleEarth (consulté novembre 2012) Vue inclinée à 60°

se manifestera avec les transformations écono- aucune agglomération de plus de 10 000 habitants
miques et sociales incombant au développement. – à une société urbanisée selon l’approche
La dynamique des formes urbaines revêtant morphologique. Jusque vers 1990, voire 2000
une caractéristique spatiale très identifiable pour les régions les moins denses, il est rare que
(linéaire), il est possible de la modéliser pour les constructions débordent des parties hautes
comprendre comment le pays passe d’une société de la colline. Ceci explique le niveau record de la
totalement rurale en 1960 – il n’existait alors population rurale du Rwanda et a contrario l’un

80 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Carte 3.7
Empreinte spatiale de l’agglomération de Kigali et limites administratives

TANZANIE

OUGANDA

Katabagemu

RWANDA

Kabarore

Kiramuruzi

Gahini

Mu sha
Rukoma
Rwinkwavu
Kigali

Rubona

Ruhango
Juru
Mu gesera
Niamiyaga
Nyamata
Rukumberi

Kinazi
Sake
Gashora
Jarama
0 10 20
Rweru
Busoro Ngeruka km

Province de Kigali Agglomération urbaine de Kigali Agglomération urbaine (zone bâtie)

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

des plus bas taux d’urbanisation mondiaux avec


5 % de la population en 1990.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 81


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Tableau 3.5
Attracteurs et distribution du peuplement
Distributon du peup
Attracteur Situation géographique et contraintes Exemples Modèle

Centrale Dan Kori (Niger)


Point (sans contrainte géographique)

groupé
Marginale Dakar (Sénégal)
(avec contrainte géographique) (habitat groupé contraint par le site de Dakar)

Ligne Littoral Ouest d’Alexandrie

linéaire
Ligne de crête Collines d’Ethiopie, du Rwanda et du Burundi

Surface Conrainte sur les bords Sud du parc national des Virunga

épars
Sans contrainte géographique Nkwerre (Nigeria)

Source : Chatel, C. (2012), « Dynamiques de peuplement et transformations institutionnelles. Une mesure de l’urbanisation
en Europe de 1800 à 2010 » (https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00765004/).

FORMES URBAINES LOCALES

Les modélisations de la croissance urbaine aux conditions naturelles et aux ressources.


dépendent des trois leviers que sont l’histoire, la Ceci confirme qu’il est alors possible d’adapter
politique et l’environnement et leurs interactions. la forme de développement urbain à une autre
Les formes de peuplement liées à l’environnement trajectoire politique.
sont cependant plus facilement modélisables,
notamment parce qu’elles peuvent être ratta- Les attracteurs spatiaux
chées à des attracteurs spatiaux. Ces formes ou
attracteurs sont intimement liés à l’organisation Trois types d’attracteurs spatiaux coexistent
de la société locale, dans le cas rwandais par et expliquent les formes groupées, linéaires
exemple à une utilisation rationnelle de l’espace, et éparses de la répartition de la population
notamment des terres agricoles qui constituent (Tableau 3.5). Cette répartition influe sur la taille,
la ressource principale. Les attracteurs résultent la densité, la forme et la hiérarchie des agglomé-
donc davantage de tendances que de mécanique, rations. Dans des perspectives de modélisation,
comme l’illustre l’adoption d’une forme linéaire ces attracteurs peuvent être représentés par trois
le long des collines du Rwanda. L’attracteur formes élémentaires géométriques – point, ligne,
montre le succès de l’adaptation d’une société surface - qui guident localement la croissance

82 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Distributon du peuplement : Modèle et réalité Distribution du peuplement aux échelles locales et régionales
Modèle Image satelitaire Tissu infra-urbain Distribution régionale
groupé

site de Dakar)
linéaire

et du Burundi

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE

ga DU CONGO
OUGANDA
Parc National
des Gorilles de Mgahinga

Parc National des Virunga


épars

Parc National des Volcans

RWANDA

0 5 10
km

Frontière Agglomération urbaine (zone bâtie)

d’une agglomération. La modélisation de ces trois caractérise toutes les zones sahéliennes et souda-
formes permet de prévoir et d’anticiper la crois- niennes, mais aussi d’autres régions comme celles
sance des agglomérations urbaines. de part et d’autre de la frontière Tanzanie-Mo-
zambique ou le sud de la Côte d’Ivoire. Il peut
Le peuplement groupé être spontané ou planifié. La forme générale des
Le peuplement groupé se structure à partir villages est spontanément circulaire. Lorsqu’il
d’un attracteur ponctuel. La population désire y a planification, le peuplement peut adopter un
minimiser la distance à ce point appelé « centre ». plan en damier. Le bâti est compact, la trame
Chaque centre tend à réunir sur une surface viaire étroite et les parcelles inoccupées rares
minimale toutes les formes de pouvoir, public ou au cœur de l’agglomération. La densité du bâti
privé, les services, le nœud des lignes de trans- atteint fréquemment les 1 000 habitations par
port, les commerces, ainsi que des logements. km 2 dans les petites villes, ce qui donne une
À l’échelle régionale, l’habitat groupé absolu densité de 6 000 à 8 000 habitants/km 2 au niveau
se présente comme un semis de gros bourgs d’agglomérations entières.
denses séparé par des zones agricoles dépour-
vues de toute habitation. Ce type de peuplement

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 83


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Tableau 3.6
Exemples d’évolution du peuplement

Trois formes spatiales


élémentaires
Point Ligne Surface

Une dynamique
spatiale élémentaire
Tropisme
Temps

Trois structures spatiales


résultant du tropisme
Centre Axe structurant Surface appropriée

Deux dynamiques spatiales


entrent en jeu
Aire d’extension (circulaire et linéaire) Emergence, dissémination

Les formes d’agglomération


résultantes
Agglomération centrée Agglomération linéaire Agglomération en nappes

Le groupement planifié La surface constructible du quadrilatère non


cultivé ne se remplit pas à la même vitesse dans
L’exemple du scheme d’al-Rahâd au Soudan tous les villages. Les terrains vagues provisoi-
illustre un processus d’urbanisation par groupe- rement inoccupés servent saisonnièrement à
ment planifié de la population (Images 3.5 et 3.6). stocker le coton. Parmi la quarantaine de villages
À l’intérieur du périmètre irrigué, les villages situés dans le périmètre du scheme, 8 dépassent
(qura) sont disposés dans des quadrilatères non déjà les 10 000 habitants en 2015, leur population
irrigués. Le toponyme officiel est un numéro. variant de 3 000 à 18 000 habitants. Il est probable
Les terres agricoles du scheme sont indemnes qu’à terme, tous dépasseront les 10 000 habitants.
de constructions. L’urbanisation va de pair Même si chaque agglomération est officiellement
avec une augmentation des surfaces végétali- « rurale », les services et équipements majeurs
sées. Les constructions se groupent dans des sont présents, l’extension des constructions bien
agglomérations spontanément très denses. Les maîtrisée, et chaque agglomération reliée aux
constructions y sont serrées mais le plan de la autres par des routes rectilignes. Les enfants
voirie n’est pas orthogonal, ce qui contraste avec peuvent être scolarisés et les services de santé
la géométrie du parcellaire agricole (Image 3.6). sont accessibles. En grossissant, elles deviennent
Ceci illustre que si l’espace agricole est planifié de véritables agrovilles.
à l’échelle régionale du scheme, l’accès au foncier
est pour sa part contrôlé par des instances coutu-
mières locales à l’échelle de l’agglomération.

84 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Images 3.5 et 3.6


Groupement du peuplement au sud du scheme d’al-Rahâd (Soudan)

Village 27

Village 26

al-Fao
Village 19
Village 18

Village 13

Village 10

Village 08

Village 03

Village 10

Agglomération urbaine de Village 10 Agglomération urbaine (zone bâtie)

Note : L’extension des l’agglomération est surimposée en jaune sur l’image.


Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; GoogleEarth (consulté fevrier 2016), y = 13.92, x = 34.22. Alt. 3 150 m

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 85


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Habitat traditionnel groupé spontané Extensions denses à la périphérie d’une


grande ville
Dans les régions arides du Sahel comme aux L’extension des agglomérations existantes,
alentours de Dan Kori (Niger), l’habitat est stric- rendue nécessaire par la croissance interne des
tement groupé (Images 3.7 et 3.8). Il n’y a dans villes, ne s’opère pas forcément par l’inclusion de
cette forme de peuplement aucune habitation en zones rurales habitées. Elle peut elle-même suivre
dehors des bourgs, et aucune linéarisation des une logique de peuplement dense et groupé.
constructions le long des voies d’accès. Les terres, Les images 3.9 et 3.10 montrent est un quartier
dépourvues d’accès à l’eau, n’ont de valeur que planifié au sud de Bloemfontein (Afrique du Sud).
parce que leur usage agropastoral est extensif et Le lotissement de terres auparavant indemnes de
collectif. La seule stratégie résidentielle possible constructions s’opère en très peu de temps.
est d’habiter au plus près du centre du bourg.
Strictement séparées par les terres agricoles
ou des terrains de parcours de bétail, les agglo-
mérations ont peu de probabilité de fusionner
entre elles, sauf si la densité démographique
régionale devient extrême ou que les centres
sont initialement très proches les uns des autres.
La croissance démographique entraîne donc
une prolifération du nombre de petites agglo-
mérations : les bourgs les plus importants, en
grossissant, atteignent une taille critique qui
permet de les considérer comme « urbains ».
L’habitat groupé entraîne ici une hausse modérée
de la taille moyenne des agglomérations à
l’échelle de l’ensemble du système urbain, car ce
dernier est sans cesse alimenté par de nouvelles
petites agglomérations au bas de la hiérarchie
urbaine. Les pays du Sahel, dominés par ce
type d’habitat, voient ainsi le nombre d’agglo-
mérations augmenter à un rythme exponentiel
( Tableau 3.7). D’autres types d’habitats peuvent
coexister dans un même pays. La fréquence de
cet habitat à l’échelle d’un pays entier explique le
grand nombre de petites agglomérations comme
au Nigéria (Nord), au Burkina Faso et au Soudan.

86 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Images 3.7 et 3.8


Habitat groupé traditionnel « pur » Dan Kori (Niger) : Vue générale et détaillée

Note : Les tâches sombres des bourgs se distinguent au milieu de la steppe.


Source : GoogleEarth, (consulté mai 2018), y = 13.91, x = 7.97, Alt. 17 020 m (image du haut) et 485 m (image du bas)

Tableau 3.7
Évolution du nombre d’agglomérations de plus de 10 000 habitants dans 4 États du Sahel

Pays 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015


Mauritanie 0 4 7 15 12 20 22
Mali 5 14 18 24 41 79 93

Niger 4 6 10 24 37 48 67
Tchad 4 9 14 25 37 77 92
Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 87


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Images 3.9 et 3.10


Étalement urbain planifié au sud de l’agglomération de Bloemfontein

28 décembre 2000

4 julliet 2018

Note : Le lotissement d’un quartier planifié au sud de l’agglomération de Bloemfontein en Afrique du Sud, entre 2000 et 2018 illustre le premier cas. Les
deux images montrent l’occupation de la même zone, à la même échelle en 2000 puis en 2018. Les terres agricoles ont totalement disparu. Le nouveau
quartier populaire est loti de petites maisons rectangulaires familièrement appelées « matchbox » (boîtes d’allumettes) (Images 3.8 et 3.9).
Source : GoogleEarth, y = -29.215, x = 26.235, Alt. 1 600 m

Le peuplement linéaire un chemin est dégagé dans la forêt et les habita-


Le peuplement linéaire est structuré par un tions sont disposées de part et d’autre. L’habitat
attracteur linéaire. L’attracteur est une ligne linéaire domine également dans les régions
idéalement sans épaisseur. Il caractérise les irriguées, où il suit les bourrelets des berges
régions forestières de l’Afrique, mais aussi de des canaux et des cours d’eau. Il se calque sur
Russie, de l’Europe germanique à l’époque des les lignes de crêtes dans les régions de collines
grands défrichements ou du Canada. À l’origine, et de moyennes montagnes (Rwanda, Burundi,

88 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Image 3.11
Complexes balnéaires à l’ouest d’Alexandrie (Égypte)

Note : À l’échelle nationale, le linéaire côtier égyptien est totalement approprié. La privatisation de la plage est autorisée. Même en l’absence de
constructions, l’accès au littoral n’est accessible que dans de rares fenêtres de plages publiques. À l’ouest d’Alexandrie, les villages de vacances et hôtels
sont investis par les classes aisées égyptiennes ou en provenance des pays du Moyen-Orient. L’urbanisation du littoral se déploie sans interruption sur un
linéaire de 100 kilomètres. En arrière de la route, un habitat précaire et inorganisé loge les familles des personnels domestiques et autres employés.
Source : GoogleEarth, (consulté mars 2016), y = 30.81 x = 29.13 Alt. 3 440 m

Ouganda, RDC), les fonds de vallée dans les Linéarisation en grappes : combinaison
régions de haute montagne, la bordure du désert d’attracteurs linéaires et ponctuels
dans les zones hyperarides. L’attracteur linéaire peut également être
La densité des zones bâties s’établit entre matérialisé par une discontinuité de pentes,
3 500 et 5 000 habitants/km 2, soit un peu moins dite « piémont » en géographie. Ce processus
que dans l’habitat groupé. provoque la fusion entre différentes agglo-
mérations urbaines ou rurales qui conservent
Le littoral : un attracteur linéaire « pur » cependant chacune leur identité politique.
L’exemple de Sawula (Éthiopie) illustre ce cas,
L’attracteur linéaire « pur » est représenté par également très répandu en Afrique (Carte 3.8).
une ligne à l’image de la « colline » du Rwanda, La v i l le compte of ficiel lement
où le chemin traverse le territoire, ou par une 43 000 habitants, mais l’agglomération englobe
plage. Dans une station balnéaire, la stratégie 13 villages comptant chacun entre 730 et
de localisation consiste à être au plus près de 10 000 habitants (83 000 habitants). L’ensemble
l’interface terre/mer (Image 3.11). La forme de forme un alignement de bourgs dont le bâti
l’agglomération peut ensuite s’épaissir, mais s’étale sur un ensemble continu de 19 kilomètres,
le gradient de valorisation décroît au fur et à situé à 1 400 mètres d’altitude en moyenne, sur
mesure qu’on s’éloigne du littoral. La centralité un piémont parallèle à une ligne de crêtes culmi-
dans une telle agglomération n’émerge que dans nant à 2 700 mètres. La situation de piémont est
un second temps, avec l’apparition d’un nouvel favorable à la fois à l’agriculture grâce à l’écou-
attracteur ponctuel qui n’introduit pas forcé- lement des eaux en provenance du massif, et au
ment de gradient de valorisation. Au contraire, commerce, grâce aux facilités de communication
certains résidents préféreront une localisation le long de la ligne de rupture des pentes. Les
éloignée du centre, jouissant davantage de calme périmètres administratifs laniérés des villages
et de discrétion valorisent la position d’interface du centre entre

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 89


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

crêtes et fond de vallée. Les territoires villageois Carte 3.8


favorisent ainsi la diversité locale des produc- L’agglomération de Sawula (Éthiopie) : attracteur
tions agricoles et pastorales grâce à l’étagement linéaire et urbanisation in situ
climatique naturel des cultures, poussant l’éco-
nomie locale à l’autarcie. Le centre de chaque
Zengadormale
bourg est situé au point exact de l’inflexion des Zanga Awande
pentes. Autour de ce centre, chaque aggloméra-
Karza
tion villageoise a grossi jusqu’à rejoindre celle Bola
Dembe
du village voisin. La probabilité de coalescence Zal Zitsila
entre noyaux villageois est maximisée par le Borda
finage communal laniéré perpendiculaire- Turga
Suka
ment au piémont. Ceci minimise la distance de Gurede
centre-bourg à centre-bourg, qui varie de 1 à 2 Sawula town
kilomètres seulement.
La modélisation du processus d’urbanisation Yela

se conçoit donc à deux échelles. À l’échelle régio- Seziga


Tsela Tsemba
nale, l’attracteur « piémont » est bien linéaire : la
0 2 500 5 000
disposition alignée des centres de chaque bourg m

en témoigne. À l’échelle locale, il existe cependant


des attracteurs ponctuels, qui sont les centres des Frontières administratives

bourgs, et donnent de l’habitat groupé. L’interac- Agglomération urbaine de Sawula town


tion entre ces deux échelles produit une forme
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ;
en grappe. La forme de la tache urbaine dénote Geopolis 2018
l’importance égale des grains et des ligaments
qui les relient. Selon ce processus, la croissance
urbaine s’effectue in situ par soustraction de ses voisins. L’objectif est essentiellement de
villages de la catégorie « rurale ». Le moteur de maximiser la superficie de l’espace qui entoure le
ce processus repose sur l’addition de populations domicile. Pour comprendre comment ce modèle
rurales à une « ville » officielle, mais sans exode peut aboutir à des formes d’urbanisation parmi
rural. les plus chaotiques, il faut rappeler l’opposition
entre la finitude des territoires et la croissance
Le peuplement épars constante de la population. Cette forme d’urba-
Le peuplement épars se caractérise par l’éparpil- nisation apparaît lorsque le nombre de ménages
lement des ménages en une multitude de fermes a atteint un point critique et qu’elle est confinée
isolées abritant une seule famille, ou une famille à l’intérieur d’un territoire limité. Les nouvelles
élargie. Il aboutit à l’émergence d’agglomérations constructions se logent dans des interstices de
de taille spectaculaire, quoique d’une densité plus en plus petits. Lorsque la densité atteint un
relativement faible et d’une texture trouée par point critique, la distance qui sépare le voisin
de nombreux terrains non bâtis. Ce type de tombe sous les 200 mètres, de sorte que le terri-
peuplement est présent dans diverses régions toire entier se transforme en une agglomération.
du monde, depuis les anciennes régions celtiques
de l’Europe (nord du Portugal, Galice, Bretagne, La dispersion absolue : les « pays sans
Irlande…) jusqu’au Kerala en Inde. En Afrique, il village »
se trouve de l’ouest du Kenya à l’Ituri de la RDC, Le sud-est du Nigéria représente l’un des
en pays bamiléké au Cameroun, et dans certaines exemples les plus spectaculaires de peuplement
régions d’Éthiopie. Le peuplement épars se épars (Image 3.12). Cette région est qualifiée dès
structure à partir d’un attracteur surfacique, qui 1962 de « pays sans village » (Laroche, 1962). Elle
fonctionne à l’inverse des précédents. L’attrac- est déjà densément peuplée. Cette densité est
teur est de signe négatif et chaque ménage ne désormais multipliée par 4.
cherche pas à s’approcher, mais à s’éloigner de

90 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Image 3.12
Peuplement épars dense près de Nkwerre (Nigéria), agglomération d’Onitsha

Note : Le paysage est un patchwork de constructions anarchiques entrecoupées par des plantations de palmistes, d’usines et de bâtiments divers. La
trame viaire inorganisée est constituée par des chemins ruraux.
Source : GoogleEarth, (consulté mars 2016), y = 5.75, x = 7.06, Alt. 1 700 m

Cette région confirme quelques constantes duquel bascule un territoire, du rural à l’urbain –
anthropologiques de sociétés qui privilégient avec une diminution de la distance entre habitats
l’habitat épars, comme les communautés ibo à 200 m ou moins.
qui constituent plus de 95 % de la population
de l’agglomération d’Onitsha. Dans les États Peuplement épars exorégulé dans des zones
du nord du Nigéria, dominés par les groupes de refuge
haoussa, fulani et kanouri, le peuplement est L’agglomération d’Aduel (Soudan du Sud) couvre
au contraire strictement groupé. La popula- 57 km 2, rassemble 34 000 habitants en 2015 et se
tion des agglomérations urbaines de la région classe parmi les agglomérations les moins denses
sud-est est systématiquement sous-estimée. du continent (Image 3.13). Elle apparaît comme
Suivant la définition d’Africapolis, l’aggloméra- un îlot topographique légèrement surélevé, isolé
tion d’Onitsha réunit 8,5 millions d’habitants au milieu d’une dépression marécageuse. Ce
en 2015, contre 1.1 million selon les WUP (World regroupement des populations est une réponse
Urbanization Prospects). De même, Uyo compte à l’insécurité qui règne dans le pays, en proie à
2.3 millions d’habitants contre 1.1, Aba est la guerre civile depuis plusieurs décennies. La
estimée à 1.7 million de personnes contre 0.94, zone constitue un refuge pour des populations
Enugu, 900 000 pour 680 000, respectivement agropastorales qui préfèrent traditionnellement
selon Africapolis et les WUP. (Tableau 4.2) l’habitat épars. Les habitants n’ont pas choisi
À l’échelle régionale ou nationale, ce spontanément de se grouper, mais y ont été
processus particulier d’émergence d’agglo- contraints par les circonstances. Ils conservent
mération qu’est le peuplement épars rend cependant le réflexe de maximiser la distance
imprédictible l’augmentation du niveau d’urba- qui les sépare des voisins. L’habitat est fait de
nisation à partir des scénarios classiques de cases végétales dont l’emprise au sol est minus-
croissance urbaine. Par l’observation morpholo- cule. Chacune d’elles est auréolée par une zone
gique, il semble cependant possible de simuler de piétinement plus claire. La taille des ménages
comment s’opère ce processus en estimant la est très élevée (plus de 8 personnes), ce qui donne
valeur du « point critique » de densité à partir une densité démographique beaucoup plus

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 91


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Image 3.13
Détail à l’intérieur de l’agglomération d’Aduel, Soudan du Sud

Source : GoogleEarth, (image décembre 2003, consulté décembre 2016), x = 6.528, y = 29.841, Alt. 1 600 m

élevée que ne le laisse paraître l’emprise du bâti. Peuplement épars endorégulé


Ici, le point critique de la distance – 200 mètres
au maximum – qui fonde la définition d’agglo- Contrairement au cas précédent, certains groupes
mération dans la base de données Geopolis, est de population choisissent volontairement un type
atteint puisque la distance moyenne entre les d’habitat épars. Ce type de trajectoire maîtrisée
cases est d’environ 140 mètres. On est toutefois est dit endorégulé. Il s’agit de maximiser la
en limite du concept d’agglomération « urbaine » distance avec le voisin en occupant la propriété
dans ce pays qui compte par ailleurs très peu la plus vaste possible, mais sans s’éloigner exces-
de vraies villes et dont la concentration dans la sivement du centre d’une agglomération. De ce
métropole est la plus faible d’Afrique : absence de fait, les dimensions des propriétés ne sont pas
constructions en dur et de rues, distance entre les excessives et ont été limitées lors de la planifica-
constructions à la limite de la définition morpho- tion (Image 3.14).
logique, économie locale quasi exclusivement
agropastorale, état désastreux des communica-
tions, etc. Néanmoins, à une échelle régionale
ou nationale, Aduel apparaît bien comme une
agglomération, par contraste avec les régions
désertées qui l’entourent. Comme l’espace est
exigu, cela conduit à une forte densification du
peuplement. Il s’agit d’une stratégie d’adaptation
à l’échelle locale face à une contrainte politique
d’échelle globale.

92 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Image 3.14
Dispersion endorégulée à l’ouest de Bloemfontein (Afrique du Sud)

Source : GoogleEarth, (image décembre 2003, consulté décembre 2016), x = 6.528, y = 29.841, Alt. 1 600 m

Combinaison des attracteurs spatiaux prioritaire. Enfin, ces priorités évoluent avec le
temps, de sorte qu’elles peuvent s’inverser. Il faut
Les exemples précédents montrent que le facteur donc porter attention à l’ordre chronologique
« spatial » est déterminant pour quantifier et dans lequel les différents attracteurs élémen-
anticiper la croissance urbaine. Chacune des taires ont organisé le peuplement, autant qu’à
formes d’attracteurs optimisent une fonction : l’échelle à laquelle ils répondent. Il existe ainsi
commander un lieu (point), circuler (ligne), une infinité de combinaisons possibles, dont
produire (surface). Ces trois fonctions sont seulement quelques exemples sont présentés
indispensables au fonctionnement de toute ci-dessous ( Tableau 3.8). L’interaction entre les
société. Cependant, leur dosage est plus ou différentes échelles d’intervention qui perturbent
moins équilibré en fonction des circonstances. ou accentuent les tendances des dynamiques
Ainsi, dans une région où la circulation est diffi- locales du peuplement sont les éléments clés
cile, l’appropriation d’une route peut être une de la modélisation. Il est donc indispensable de
stratégie plus intéressante que celle de la terre, décrypter chaque niveau afin de formuler des
dans une région où l’espace cultivable manque, logiques compréhensibles et modélisables.
l’appropriation des terres arables est l’élément

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 93


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Encadré 3.3
Les trois modèles de peuplement dans les définitions légales au Rwanda

La plupart des systèmes politiques s’appuient sur • « umudugu : vieil établissement traditionnel,
des découpages traditionnels. En raison de leur lien c’est-à-dire la colline ; habitat dispersé. Il est très
étroit avec l’agriculture, ces derniers tiennent compte rare au Rwanda mais existe dans les régions les
des configurations naturelles de l’environnement, plus escarpées ou dans l’est du pays ;
de ses ressources et de ses contraintes. Ils sont • plan urbain planifié. C’est cette forme d’occupa-
basés sur une interaction entre l’homme, l’histoire et tion qui permet de définir la catégorie « urbaine »
la nature. Ainsi, la linéarité du peuplement rural au politique des localités au Rwanda ;
Rwanda illustre qu’entre « nature » et « société », la • akajari : habitat spontané ou squatter. L’État
notion d’attracteur permet de modéliser et de prévoir rwandais distingue cette catégorie, qui échappe
l’évolution de l’urbanisation. Le vocabulaire de l’admi- à la forme traditionnelle bien organisée de l’umu-
nistration rwandaise prévoit bien les catégories de dugu »
lieux (RPHC4, 2012) :

Image 3.15
Surimposition d’un axe routier dans une zone de peuplement épars : la « C20 » dans l’agglomération de
Kisii (Kenya)

Note : Cette image montre une partie de l’agglomération de Kisii, l’une des plus vastes et des moins denses d’Afrique. Le tracé rectiligne d’une grande
route asphaltée s’est surimposé à un lacis d’étroits chemins ruraux préexistants. La nouvelle route introduit une révolution dans la mobilité régionale. Il
s’agit d’un élément linéaire attractif pour un grand nombre d’activités comme le commerce, la restauration et les services (pneus, mécanique, etc.). Elle
risque d’introduire un bouleversement dans les dynamiques du peuplement. Contrairement au cas de la « colline » du Rwanda ou du parcellaire irrigué de
Balasfûrâ (Égypte), l’élément linéaire est introduit tardivement dans un habitat fondamentalement épars.
Source : GoogleEarth, (consulté juin 2017), y = -0.57, x = 34.47. Alt. 1 230 m

Linéarisation d’un peuplement épars nouvelles logiques susceptibles de bouleverser


Un peuplement épars est généralement surfa- ces dynamiques locales. Dans le cas de Kisii
cique. Dans les régions de peuplement diffus, (Kenya), l’aménagement de la route est récent 3, il
la surimposition de nouvelles routes, dans un n’a pas encore eu d’impact sur le peuplement et
lacis de mauvais chemins ruraux, introduit de influencera la modélisation (Image 3.15).

94 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Carte 3.9
Kuyera town
Un cas d’ « étoilement » urbain : Shashemene (Éthiopie)

Kerara Felicha

Oine Chefo Unbure

Ale Luilu Bute Felicha

Turre Wetera El

Meja Dema

Shashemene town
Awasho Dangu

Bulchana Deneba

Adola Burqa

Alecha Harebabo

Mudeta

Shere Horera

0 2 4

km

Frontières administratives
Agglomération urbaine de Shashemene town Agglomération urbaine (zone bâtie)

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

Habitat groupé étoilé à Dan Kori (Niger), l’étalement de l’aggloméra-


L’habitat groupé (affilié à un attracteur ponctuel) tion de Shashemene associe deux modalités :
sur des terres dominées par la petite exploitation une inflation du noyau groupé primitif qui
agricole, illustre la concurrence entre urbanisa- grossit par cercles concentriques ; une linéari-
tion et agriculture dans l’usage du sol. Dans le cas sation qui longe les voies d’accès au centre. La
de Shashemene (Éthiopie), l’étalement spontané forme compacte d’origine tend ainsi à se trans-
des agglomérations prend la forme d’une étoile former en étoile. Bien que sans carte ancienne
dont les branches se développent le long des de la ville, l’étude des tissus urbains indique
voies d’accès, envahissant les campagnes et que l’agglomération de Shashemene (Carte 3.9)
enkystant les villages les plus proches dans un était à l’origine toute entière, contenue dans le
tissu continu de construction. Contrairement périmètre administratif, de forme compacte. Le

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 95


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Image 3.16
Combinaison de peuplement de linéaire et de peuplement et groupé, Balasfura, (Égypte)

Note : Dans cet exemple, l’urbanisation émerge directement d’un interdit d’établissement qui frappe les terres agricoles par une loi de 1966. À cette
époque, ces dernières étaient rares : seulement 5 % de la superficie du pays était cultivable grâce à l’irrigation. Les constructions sont donc rejetées sur
les digues des canaux et les talus des bords de route.
Source : GoogleEarth, 4/9/2017, x = 26.529, y = 31.765, Alt. 6 140 m

linéaire optimise l’accès au centre. Ce modèle préserver les terres agricoles, tandis que l’adap-
de croissance spatiale classique est considéré tation à cet interdit est une réponse d’échelle
comme l’archétype même de l’étalement urbain. locale.
Il est relativement facile à prédire et à modéliser. Cet exemple appelle deux remarques : l’une
concerne le rôle de l’échelle spatiale dans la
Linéarisation marginale : une urbanisation modélisation, l’autre l’irréversibilité de l’urba-
par défaut nisation. Ce processus est relativement facile
Cette forme mixte de peuplement est fréquente à modéliser, mais seulement en théorie car
chaque fois qu’un interdit de construction frappe certains effets ne sont pas prédictibles. En effet,
la terre dans l’intérêt public. Il s’agit des parcs en Égypte, la loi nationale de 1966 interdisant la
nationaux ou des espaces naturels mis en défens construction sur les terres agricoles est plus ou
(Chapitre 4), ou également des terres agricoles moins respectée à l’échelle locale, pour des motifs
comme en Égypte (Image 3.16). La croissance de corruption et de clientélisme politique. Ces
démographique combinée à la rareté des terres perturbations peuvent être prévisibles à l’échelle
constructibles entraîne la densification extrême individuelle, mais ils deviennent aléatoires, donc
du bâti dans une combinaison de formes imprévisibles, à toute autre échelle. De plus,
groupées et linéaires. L’interdit d’établissement la destruction des constructions informelles
n’est pas « naturel » mais politique. Il engendre ne résout pas le problème contre lequel la loi
des formes plutôt rectangulaires ou carrées en entend lutter, c’est-à-dire de la disparition de
raison de la géométrie des parcelles, adaptées terres agricoles très fertiles. Trop longtemps
à celle des canaux d’irrigation. Il s’agit d’un privés d’eau, les sols limoneux perdent en effet
autre exemple d’interaction d’échelle : l’interdit irrémédiablement leurs qualités agronomiques.
politique est institué à l’échelle nationale afin de Contrairement aux exemples des agglomérations

96 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

de certaines régions, où l’urbanisation s’accom- – État, région, municipalité – pour le secteur


pagne d’un reverdissement de l’environnement, public, et de la firme multinationale à l’entrepre-
ici le couvert végétal est détruit. La plupart des neur local pour le secteur privé. Une seule échelle
structures de peuplement résultent non pas permet rarement de modéliser l’ensemble des
de l’influence d’un seul attracteur, mais d’une dynamiques observées, mais il est fréquent que
combinaison de formes élémentaires. Cette l’une d’elles domine.
superposition d’attracteurs spatiaux sur un Cette prise en compte des échelles d’action,
territoire engendrent les logiques d’occupation révélée dans les travaux Africapolis par les
actuelles. Le Tableau 3.8 résument sous forme dynamiques spatiales, renvoie donc à des
schématisée et simplifiée quelques formes et échelles de l’action politique, de la produc-
combinaisons élémentaires, qui renvoient aux tion économique, des circuits commerciaux
exemples concrets présentés précédemment. et des flux financiers. L’analyse des leviers des
phénomènes urbains et les opportunités de
Quels modèles de développement pour modélisation qu’offrent les attracteurs spatiaux
les agglomérations ? sont autant d’outils à développer au service des
structures locales et nationales, des politiques et
des partenaires.
Penser des outils d’observation adaptés
aux échelles spatiales
Pour comprendre les fonctionnements urbains
africains et les développements existants tels les
habitats informels ou l’aménagement durable, il
convient de dresser un état des lieux et de se doter
d’outils d’observation adaptés à plusieurs échelles
spatiales. Les observations réalisées à partir de
la base de données Africapolis permettent de
proposer des cadres de modélisation de l’urba-
nisation en Afrique. Pour formuler ces cadres,
la méthodologie s’appuie sur la déconstruction
des phénomènes urbains afin de comprendre les
logiques et leurs articulations, notamment celles
du milieu naturel et l’organisation de la société.
La prise en compte du milieu naturel –
orographie, qualité des sols, pluviométrie,
températures – est particulièrement importante
dans des sociétés dépendantes de l’agriculture et
du pastoralisme. De nos jours, les technologies
permettent de s’affranchir d’un certain nombre
de contraintes – construction de barrages,
drainage, bonification et nivellement des sols,
pompage en nappes profondes, désalinisation de
l’eau. Elles ont cependant un coût financier, social
et environnemental élevé. Du côté de l’organi-
sation des sociétés, plusieurs logiques sont à
l’œuvre, et chacune correspond à une échelle
d’action, laquelle renvoie à des acteurs d’enver-
gure spatiale différente. Cette envergure s’étend
des institutions internationales aux commu-
nautés locales – quartier, village – en passant
par différents niveaux politiques intermédiaires

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 97


Chapitre 3 Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines

Tableau 3.8
Combinaison d'attracteurs spatiaux et distribution du peuplement

Distributon du peup
Attracteur Situation géographique Exemples Modèle

Point Centrale Shashemene (Ethiopie) : habitat étoilé,


(sans contrainte géographique) le linéaire au service du ponctuel

Ligne
Marginale Conakry (Guinée) : habitat groupé dans
(avec contrainte géographique) un angle, linéarisé vers l’intérieur

Ligne

Contrainte de la ligne qui encadre une Al-Bilîna (Egypte) : Habitat linéaire rejeté
Surface surface fortement contrainte car appropriée en bord de parcelle agricole

Surface
Aduel (Sud Soudan)
Contrainte du peuplement:
être le plus loin possible
du plus proche voisin
Point
Sud du scheme d’al-Rahâd (Soudan)

Notes
1 Le terme « logique » de peuplement employé est plus général que « système », « structure » ou « complexe »,
mais peut inclure partiellement ces notions.
2 Le mot anglais scheme désigne des projets de mise en valeur agricoles entrepris à l’échelle de vastes régions.
3 L’axe Homa Bay Rongo Road a été asphalté en 2015, dans le cadre de la mise aux normes de l’aéroport de
Homa Bay. Il s’agit donc d’un axe lourd, d’intérêt national.

98 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Histoire, politiques & environnement et formes urbaines africaines Chapitre 3

Distributon du peuplement : Modèle et réalité Distribution du peuplement aux échelles locales et régionales
Modèle Image satelitaire Tissu infra-urbain Distribution régionale Kuyera town

Kerara Felicha

Oine Chefo Unbure

Ale Luilu Bute Felicha

Turre Wetera El

Meja Dema

tat étoilé,
Shashemene town
Awasho Dangu

Bulchana Deneba

tuel
Adola Burqa

Alecha Harebabo

Mudeta

Shere Horera

0 2 4

km

Administrative boundaries
Shashemene town agglomeration (built-up area) Agglomeration (built-up area)

oupé dans
ieur

éaire rejeté

Soudan)

Références
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en Europe de 1800 à 2010 », https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00765004.
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Rohlfs G. (1868), “Reisen durch Nord-Afrika vom Mitteländischen Meere bis zum Busen von Guinea 1865-1867”,
Ergänzhungsheft n° 25 zu Petermanns Geographischen Mitteilungen.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 99


Chapitre 4

Nouvelles dynamiques
urbaines africaines
Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Cette partie explore les caractéristiques des grandes agglomérations et la diversité


des récentes formes d’urbanisation sur le continent africain. La hiérarchie des
systèmes urbains nationaux est caractérisée par la grande taille des métropoles
par rapport aux villes secondaires et un indice de primatie plus élevé que dans le
reste du monde.
De nouvelles formes d’urbanisation apparaissent : développement de petites et
moyennes agglomérations formant de larges régions métropolisées, conurbations,
mégapoles. Ces agglomérations se diffusent de manière spontanée dans des
zones considérées comme rurales, déjà très denses, notamment dans l’intérieur
du continent. Le passage de métropoles à des régions métropolisées entraîne
une redistribution des densités. De nouveaux pôles secondaires émergent loin
des côtes redistribuant les équilibres entre Afrique intérieure et Afrique littorale.
La densification des territoires fragilise certaines politiques de protection des
ressources naturelles. Elle se manifeste par une forte urbanisation périphérique
peu intégrée dans les stratégies d’aménagement du territoire. Avec la forte
démographie et la densification de ces espaces, se pose de manière plus large la
question de l’urbanisation et de son rapport à l’environnement.

DES AGGLOMÉRATIONS PLUS GRANDES ET DE NOUVELLES FORMES


URBAINES
Les grandes agglomérations qui émergent telles les conurbations et dessinent une urbani-
spontanément en Afrique ne bénéficient bien sation propre à l’Afrique, à ses enjeux et ses
souvent d’aucune reconnaissance politique, et besoins.
par conséquent statistique. Leurs processus et
leurs conditions sont particulières puisqu’elles La dominance des métropoles nationales
émergent dans des zones traditionnellement
rurales, où la densité atteint désormais une valeur La plupart des réseaux urbains des pays africains
critique favorable à une urbanisation massive. sont dominés par une métropole, parfois deux
Elles forment ainsi un panorama varié tant du ou trois. En Angola, la population de la capitale
point de vue des facteurs de leur émergence que Luanda (7 millions) équivaut à la population
de leur fonction et empreinte spatiale ; panorama des 27 plus grandes agglomérations suivantes.
qu’il est important d’analyser pour une meilleure Au Soudan, Khartoum compte autant d’habi-
anticipation des transformations induites sur tants (5.3 millions) que l’ensemble des 248 plus
l’économie, le développement et la société. La petites villes du pays (sur un total de 301). Ces
dimension spatiale se distingue à nouveau, métropoles dominent les hiérarchies urbaines
illustrée aux niveaux national et régional, aussi nationales. Leur taille exceptionnelle reflète leur
bien par les discontinuités au sein des systèmes position dominante politique et économique et
nationaux que par les régions métropolisées leur rôle d’interface entre les échelles nationale
s’étendant au-delà des frontières. Ces nouvelles et globale.
formes urbaines, dont les méga-agglomérations,
se distinguent des schémas plus traditionnels

102 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Carte 4.1 être plus élevée dans les pays de faible super-
Les metropoles nationales, 2015 ficie avec une faible population et/ou de faibles
niveaux d’urbanisation. Le Soudan du Sud repré-
sente une exception avec la part la plus basse de
population métropolitaine en Afrique (11 %). Le
pays ayant acquis son indépendance seulement
en 2008 et la situation politique restant fragile,
ceci ne permet pas encore à Juba d’acquérir une
position dominante dans le système urbain.
Dans les pays avec des larges populations
urbaines et des réseaux urbains plus développés,
le poids relatif des métropoles a tendance à
baisser. Ceci s’observe par exemple en Algérie,
au Maroc, en Égypte et au Nigéria. De même,
les pays avec de grandes populations urbaines
peuvent avoir plus d’une métropole. En Afrique
du Sud, en plus de l’immense conurbation
minière et industrielle de Johannesbourg, les
villes portuaires de Durban et du Cap sont des
22 millions 1 million moins de métropoles importantes. Au Nigéria, Onitsha et
100 000
Kano sont les deux autres métropoles en plus
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 de la capitale Lagos. Elles correspondent à trois
aires de peuplement historiques yoruba, ibo et
haoussa et jouent un rôle dominant dans la struc-
La plupart des métropoles actuelles sont ture politique du pays.
d’anciennes capitales de l’époque coloniale. Leur Deux remarques caractérisent ces processus de
démographie augmente réellement après les métropolisation :
indépendances. Le processus de métropolisation • Leur caractère systématique en Afrique : un
avec un territoire politique délimité autour de la seul pays fait exception, le Soudan du Sud.
cité mère conjugué à une croissance démogra- • L’ampleur du déséquilibre entre les agglo-
phique forte, se traduisent par leur croissance mérations métropolitaines nationales et
spectaculaire. Aujourd’hui, la taille des plus les agglomérations secondaires les plus
grandes villes peut apparaître comme exces- peuplées, dont certaines sont cependant clés
sive, non en taille absolue, mais plutôt au regard dans leur pays, telles Bouaké (Côte d’Ivoire),
d’un système urbain national (macrocéphalie), Touba (Sénégal), Lubumbashi (République
de la seconde plus grande ville (primatie) ou démocratique du Congo - RDC), Kitwe
d’un territoire politique. Ainsi, dans des pays (Zambie), Lubango (Angola)... Dans les
aux populations totales faibles (Cabo Verde, pays monocéphales, le record est atteint au
Sao Tomé-et-Principe, Guinée équatoriale ou Libéria, avec Monrovia 21 fois plus grande
Namibie), les métropoles comptent moins d’1 que Buchanan. Neuf autres systèmes urbains
million d’habitants ; cependant leur hiérarchie nationaux affichent une primatie supérieure
au sein du système urbain est élevée. à 10. Dans les pays bicéphales, le record est
Africapolis identifie 67 métropoles natio- atteint en RDC, avec Pointe-Noire, deuxième
nales, comptabilisant un tiers de la population métropole du pays, par rapport à Dolisie.
urbaine totale (183 millions) (Carte 4.1). En Dans les pays tricéphales, il n’y a aucune
moyenne, elles comptent pour environ 51 % exception.
de la population urbaine de leur pays. Dans 10
pays, cette part excède 66 % et plus de 80 % au Les systèmes urbains polycéphales
Cabo Verde, Sao Tomé-et-Principe, Eswatini et L’importance des facteurs historiques, politiques
Djibouti. La concentration métropolitaine tend à et géographiques sur la structure et la hiérarchie

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 103


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

des systèmes urbains nationaux est particuliè- « parties » du système urbain, et non pas une
rement visible dans les pays à primatie urbaine partie, la métropole avec le tout (« la population
polycéphale. L’existence de plus d’une agglomé- urbaine »). En Afrique, la primatie métropoli-
ration urbaine caractérisée par son ampleur et taine continue ainsi d’augmenter dans la plupart
son importance peut être attribuée à des carac- des pays. En Côte d’Ivoire, alors que la part de
téristiques de nature politique. Au Cameroun et la population d’Abidjan passe de 57 % à 41 %
au Congo, les secondes agglomérations sont des entre 1960 et 2015, l’indice de primatie augmente
villes portuaires (Douala et Pointe-Noire), tandis de 3.8 à 9. Ce fossé s’explique par le moindre
que les capitales sont situées à l’intérieur du pays. dynamisme de la croissance de la population de
Au Zimbabwe, Bulawayo est une ville minière la deuxième agglomération Bouaké, par rapport
importante. Au Cabo Verde et en Guinée équato- à Abidjan.
riale, la géographie particulière – archipel et La taille disproportionnée de nombreuses
continent / île – favorise l’émergence de plusieurs métropoles africaines questionne l’importance
villes de primatie 1 (Chapitre 2). des indicateurs urbains. Qu’est-ce que le niveau
À long terme, cependant, la primatie urbaine d’urbanisation national permet d’appréhender
des plus grandes villes tend à croître vers une dans un pays où plus de 50 % de la population
structure monocéphale, confirmant l’impor- urbaine vit dans une seule agglomération ? Ainsi,
tance de la localisation du pouvoir politique. Au la République centrafricaine ne comporte qu’une
Burkina Faso, Bobo Dioulasso, située à l’extrémité trentaine d’agglomérations d’une moyenne de
d’une ligne de chemin de fer reliant le territoire 30 000 habitants en-deçà de la capitale Bangui
à un port, était un peu plus grande que Ouaga- (1 million d’habitants), pour un pays plus grand
dougou. Après l’indépendance, la hiérarchie que la France. Dans plus de 30 pays africains,
change et la primatie de la capitale nationale, une seule agglomération inclut plus d’un tiers
Ouagadougou, l’emporte avec une primatie de de la population urbaine totale, et plus des
3.4 en 2015. Des tendances similaires se dégagent deux tiers, dans cinq pays. Des indicateurs tels
en Guinée équatoriale, Bata dépassant Malabo ; que la taille moyenne des agglomérations, la
au Zimbabwe, Harare dépassant Bulawayo ; au densité moyenne et le niveau d’urbanisation se
Cabo Verde, Praia l’emportant sur Mindelo. Dans trouvent dans de nombreux cas biaisés à l’échelle
certains cas, des décisions politiques réduisent nationale en raison de la métropole. La taille
la concurrence potentielle avec la plus grande moyenne continentale des agglomérations est
agglomération. Ainsi, en Côte d’Ivoire, Bouaké de 75 000 habitants – en incluant la métropole
est de loin la deuxième ville du pays depuis les principale – contre 50 000 habitants en excluant
années 60. Pourtant, lorsque la capitale politique la métropole principale.
est déplacée à l’intérieur du pays pour accroître La forte primatie des métropoles trouve dans
sa proximité avec l’ensemble du territoire, certains cas son équivalent dans les inégalités
Yamoussoukro est choisie et non Bouaké. Depuis sociales de pouvoirs, de statuts et en matière de
lors, la primatie d’Abidjan continue de grandir. santé. La forte densité démographique se traduit
Au Sénégal, le seconde agglomération, Touba, par de fortes concentrations en termes écono-
centre religieux des frères mourides, n’a pas de miques, politiques et sociétaux. Dans les pays les
statut urbain officiel. moins urbanisés et les moins peuplés, la concen-
tration des services, infrastructures et pouvoirs
Des indicateurs biaisés politiques peut atteindre 100 %. Cette domina-
La croissance d’un système urbain s’accompagne tion est particulièrement prononcée dans les pays
d’une diminution relative du poids de la popula- monocéphales. Le Produit intérieur brut (PIB)
tion métropolitaine dans la population urbaine moyen par habitant de Kinshasa (PNUD, 2017)
totale. Cette diminution ne se reflète cependant se situe 50 % au-dessus de la moyenne nationale.
pas sur l’évolution de la primatie métropolitaine Avec 30 % de la population nationale, Monrovia
puisque l’indice de primatie met en rapport la génère 80 % du PIB du Libéria (Backiny-Yetna et
population de deux agglomérations (par exemple, al, 2012). Au Mali, le PIB moyen par habitant de
la première et la seconde villes), donc de deux Bamako s’élève à 1 550 dollars US pour un PIB/

104 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

hab. de 490 USD à l’échelle nationale ; Bamako de « petites villes », alors qu’elles se classent les
génère 40 % du PIB, avec seulement 12 % de la 2 % les plus hauts de la distribution dans la base
population totale (Banque mondiale, 2015). Au de données Africapolis. La distinction entre
Sénégal, Dakar concentre 60 % du PIB et 83 % agglomérations « métropolitaines » et « intermé-
des entreprises enregistrées dans le pays.1 Des diaires » et leur documentation est cruciale pour
pays avec des systèmes urbains nationaux plus les stratégies et politiques urbaines et pour la
équilibrés peuvent également présenter des mise en œuvre d’un aménagement du territoire
niveaux de concentration élevés. En Afrique du adapté.
Sud, le PIB/hab.de la région du Gauteng – qui
inclut Johannesbourg – se situe 50 % au-dessus Une nouvelle échelle de l’urbanisation
de la moyenne nationale et contribue à 33 % du africaine, les régions métropolisées
PIB du pays. 2 Au Nigéria, Lagos a un PIB/hab.
80 % au-dessus de la moyenne nationale, et Lorsque l’urbanisation se concentre dans
supérieur de 50 % au Sud du Nigéria (en incluant certaines régions, de nouvelles logiques de
Onitsha). 3 peuplement se développent telles les régions
métropolisées. Émergent au sein d’une région
Métropoles et agglomérations entière, non seulement de grandes aggloméra-
intermédiaires tions, mais aussi des agglomérations petites et
En 2015, les agglomérations entre 300 000 et moyennes. À l’échelle de ces régions, l’impres-
1 million d’habitants représentent seulement sion qui domine est celle d’un étalement urbain.
13% de la population urbaine totale. Cependant, à des échelles plus locales (par
La dominance des métropoles nationales exemple, celle des provinces ou des districts,
combinée à la multiplication des petites villes ou de zones-frontières), la régionalisation des
conduit à la relative faiblesse des villes inter- dynamiques urbaines fait apparaître de nouvelles
médiaires, visible au niveau de la hiérarchie du formes de concentration qui peuvent être dotées
système urbain. La stabilité de la croissance d’une densité humaine moindre mais d’une
des métropoles contraste avec l’évolution plus forte intégration économique et sociale. Ces
irrégulière de la population des agglomérations transformations et nouvelles formes urbaines
intermédiaires. Sur le long terme, et même sur se manifestent par le développement rapide des
une durée aussi courte que la période post-in- aires en cours de métropolisation et le décro-
dépendance, la trajectoire de la croissance chage du reste du territoire.
démographique des agglomérations métropo-
litaines se caractérise par sa persistance et sa Émergence et dynamiques
relative régularité. Cependant, la population Tout comme pour les « aggloméra-
combinée des agglomérations intermédiaires tions urbaines », il n’existe pas de définition
croît plus vite que celle des métropoles natio- statistique harmonisée des régions « métro-
nales. Ceci est dû au fait que leur nombre croît polisées » au niveau international. En Afrique,
plus vite : les quatre cinquièmes des agglomé- cette notion n’apparaît officiellement qu’en
rations identifiées en 2015 correspondent à des Afrique du Sud avec les municipalités métro-
lieux encore inhabités en 1960 ou des villages. politaines, qui sont avant tout des entités
L’une des conséquences de ces dévelop- politiques. Les aires ou régions métropolisées
pements est que la principale discontinuité sont des zones qui dépassent les limites des
du peuplement africain actuel est non entre agglomérations mères, englobant à la fois des
« urbain » et « rural », mais bien entre métro- campagnes densément peuplées, des villages et
poles et agglomérations urbaines intermédiaires. des agglomérations secondaires qui présentent
L’immense majorité des études sur l’urbanisa- un degré élevé d’intégration économique et
tion mettent en avant les grandes villes, dont sociale. Le territoire concerné est défini par
les chiffres de population sont les plus – voire l’intensité des flux polarisés par le centre d’une
les seuls – accessibles. Les agglomérations de grande ville. Cette intégration se mesure à partir
500 000 habitants sont alors considérées comme des statistiques de flux, notamment les navettes

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 105


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

domicile-travail. Elle se complète par des caracté- Graphique 4.1


ristiques liées à l’attractivité du centre – nombre Répartition de la densité régionale : agglomération
d’emplois offerts, commerces, services, équipe- isolée et aire métropolisée
ments. Faute de données, l’étendue d’une région
métropolisée s’évalue approximativement par la
carte des densités et la vigueur de la croissance
démographique. Les régions métropolisées
ne sont pas seulement des espaces polarisés Région métropolisée

Densité
par un grand centre urbain, mais des zones où
Agglomération isolée
éclosent de nouvelles petites agglomérations.4
Cités dortoirs (autour de capitales telle Lomé),
relais commerciaux se greffant aux flux entre
l’agglomération métropolitaine et l’hinterland
Distance au centre
national (telle Diamniadio à 30 km de Dakar),
leur émergence s’opère en lien avec une grande
agglomération proche, ou une position intermé-
diaire entre deux grands centres. qui correspond approximativement à la « région
L’émergence de régions métropolisées introduit métropolisée » de Ouagadougou. Elle s’étend
deux changements majeurs dans l’urbanisation : sur 2 800 km 2 et compte 2.5 millions d’habitants.
• Un processus de lissage des densités. La La couronne péri-urbaine rajoute donc environ
densité moyenne y est plus faible, particu- 200 000 habitants, incluant 3 agglomérations de
lièrement pour les zones à mi-distance du plus de 30 000 habitants, mais surtout 2 400 km 2
centre de la région métropolisée (entre les supplémentaires, ce qui a pour effet de diviser
différents relais urbains) (Graphique 4.1). Ce la densité par 6 par rapport à celle l’aggloméra-
modèle illustre le brouillage de la frontière tion. Les zones périurbaines représentent ainsi
entre « urbain » et « rural » (Chapitre 3) à une 8 % de la population mais 86 % de la superficie
échelle régionale entre la région métropo- de la « région » dont la densité moyenne tombe à
lisée et le reste du territoire. 900 habitants/km 2.
• De nouvelles centralités secondaires Cette densité – autour de 1 000 habitants km 2
émergent à l’intérieur de la région. À partir – représente le seuil limite inférieur de
d’une certaine dimension, une aggloméra- nombreuses définitions statistiques ou politiques
tion ne peut plus fonctionner autour d’un de la région métropolisée dans le monde. Elle
centre unique, au risque de s’engorger. Des est comparable à celle de l’Ile-de-France, à la
relais apparaissent en périphérie, voire sur Comunidad de Madrid (Espagne), à Durban
les franges des agglomérations (edge cities) Metropolis (Afrique du Sud), à la région métro-
plus accessibles. politaine de Montréal (Canada), ou de Monterrey
Le passage de l’agglomération à la région métro- Metropolitana (Mexique). En dehors des sphères
polisée se traduit par une redistribution des des régions métropolisées, qui regroupent la
densités à l’échelle régionale. L’inclusion des zone d’influence directe d’une métropole, les
zones périurbaines accroît la population d’une densités chutent brutalement. Les densités plus
métropole, mais elle a surtout pour effet de faibles se traduisent par un étalement spatial
démultiplier sa superficie. Les densités extrêmes beaucoup plus vaste, lequel influence la mobilité
sont moins élevées et les gradients de densité ont et les besoins en termes de politiques d’urba-
une pente moins forte. Les périphéries sont très nisme (transport, infrastructures, etc.).
denses en dehors de l’agglomération. Ainsi, la
population de l’agglomération de Ouagadougou Des déséquilibres territoriaux
est estimée à 2.3 millions d’habitants pour une Les régions métropolisées représentent une
superficie de 400 km 2 en 2015. Elle s’inscrit nouvelle échelle spatiale de l’urbanisation. Le
dans la région Centre, qui est à la fois la moins développement de régions où dominent les
étendue et la plus peuplée du Burkina Faso, et mobilités et les échanges s’oppose à des territoires

106 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Carte 4.2
Densité et croissance demographique par localité, Bénin, 2015

Malanville Malanville

Natitingou Natitingou

Djougou Djougou

Parakou Parakou

Abomey Abomey

Porto-Novo Porto-Novo

Cotonou Cotonou

0 50 100 0 50 100
km km

Densité de population hab./km2 Croissance de la population 2000-2015 hab./km2


[Nombre de cellules] [Nombre de cellules]
> 1 000 [370] 120 - 31 560 [493]
316 - 1 000 [743] 60-120 [381]
100 - 316 [931] 30-60 [466]
31.6 - 100 [690] 15-30 [489]
10 - 31.6 [323] 0-15 [1 175]
3.16 - 10 [78] Croissance négative [144]
Moins de 316 [12]
Source : Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

encore plus vastes qui décrochent. Cette nouvelle se développe entre ces deux pôles littoraux
tendance soulève la question de l’inégalité de et Abomey, ancienne capitale avant l’époque
distribution des richesses à l’échelle de pays coloniale, située à une centaine de kilomètres
entiers. Au Bénin, la primauté de la capitale dans l’intérieur. Cette « région » occupe 10 %
économique, Cotonou, sur la capitale politique, du territoire national et regroupe la moitié de la
Porto-Novo, est faible. Ces deux agglomérations population du pays. Elle accapare l’essentiel de la
sont situées à 25 kilomètres de centre à centre. croissance démographique et la moitié des agglo-
Quelques centaines de mètres non urbanisés mérations intermédiaires du pays y sont situées.
les séparent. Une véritable région métropolisée Les deux tiers des habitants vivent déjà dans une

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 107


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Carte 4.3
Région métropolisée du Sénégal, 2015

Dakar Touba

Mbour

Kaolack

GAMBIE

Frontière Région métropolitaine Agglomération urbaine (zone bâtie) Agglomération

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

agglomération de plus de 10 000 habitants, soit territoire (Carte 4.3). En 1960, la proportion est
plus du double du niveau d’urbanisation du reste inverse, avec 55 % de la population dans le reste
du pays. La distance moyenne entre les agglomé- du pays. En 2015, un tiers des agglomérations
rations s’élève à 7 kilomètres (Carte 4.2). urbaines du Sénégal s’y trouve, dont les cinq
Des tendances similaires s’observent au plus peuplées du pays. Le niveau d’urbanisation
Sénégal, où les agglomérations de Dakar- s’élève à 73 %, contre 22 % dans le reste du terri-
Mbour-Touba-Kaolack accaparent l’essentiel de toire (Carte 4.3).
la croissance urbaine. Les neuf départements La concentration de l’urbanisation est encore
concernés (Bambey, Diourbel, M’Backé, M’Bour, plus spectaculaire en Gambie, où la capitale, de
Thiès, Fatick, Tivaouane, Guinguinéo et Kaolack) 33 000 habitants, est un hyper-centre isolé sur
rassemblent 7 millions d’habitants sur 17 100 km 2 une presqu’île rattachée au continent par une
en 2015, soit 55 % de la population sur 9 % du route surélevée de 8 kilomètres de long (Carte 4.4).

108 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Carte 4.4
La « metropolisation » de la Gambie, 2015

SÉNÉGAL

Essau

Banjul

Serrekunda
GAMBIE

Tanjeh Fleuve Gambie

Sangyang Sare Biji


Brikama

Gunjur

SÉNÉGAL

Frontière
Agglomération urbaine (plus de 300 000 habitants) Agglomération urbaine (moins de 300 000 habitants)

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

Faute de place, la croissance urbaine s’est opérée le triangle Accra-Kumasi-Takoradi, à l’extrême


à l’autre bout de la route, à partir de l’agglomé- sud du pays. Le nord du pays reste une périphérie
ration de Serrekunda ou Kanifing, qui domine peu développée et sous urbanisée, où n’émer-
la hiérarchie urbaine avec 800 000 habitants gent que de petits centres urbains isolés. Son
en 2015. Désormais, celle-ci essaime dans une principal centre régional, Tamalé dépasse à peine
véritable région métropolisée, de sorte que les 300 000 habitants en 2015.
quatre agglomérations les plus peuplées du pays Ces exemples illustrent des réalités nationales
ne sont séparées que par quelques centaines de différentes. Ils montrent le fossé entre les agglo-
mètres de terrains vierges. En ajoutant l’agglo- mérations métropolitaines et les agglomérations
mération d’Essau, située en face de Banjul sur secondaires d’un pays. Les agglomérations des
la rive nord de l’estuaire, cette région est passée régions métropolisées comblent les interstices
de 14 % à 53 % de la population nationale entre laissés par les grands centres urbains. Même
1960 et 2015. La population y est à 95 % urbaine. si celles-ci sont encore petites, elles augmen-
À contrario, l’intérieur du pays ne compte que tent le poids relatif des régions métropolisées et
3 agglomérations de plus de 10 000 habitants et le accroissent les inégalités territoriales à l’échelle
taux d’urbanisation dépasse à peine 10 %. de pays entiers.
Au Ghana, 80 % des agglomérations et un Cette tendance ne peut toutefois pas être
tiers de la population nationale s’inscrivent dans généralisée à tous les pays africains. Certaines

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 109


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Carte 4.5
Le Greater Ibadan Lagos Accra Urban Corridor

Oyo

TOGO BÉNIN NIGÉRIA Ibadan


GHANA
Abomey
Abeokuta

Loburo

Ikorodu
Lagos
B
E
N
IN

Porto Novo
T
O
G
O

Cotonou
Tsévié
Lomé

Accra
0 50 100

km

Frontière Agglomération urbaine (plus de 300 000) Agglomération urbaine (moins de 300 000)

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données); Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard 2017

métropoles n’engendrent aucune région métro- connectées à l’économie globale. Les flux finan-
polisée. Les périphéries de N’Djaména, Niamey, ciers, commerciaux et humains s’étendent aux
Nouakchott, Kinshasa, Bangui et Lusaka sont grandes métropoles d’Europe, d’Amérique du
ainsi entourées de zones de très faible densité. Nord, d’Asie via les ports et les aéroports. De
Même si l’influence de l’agglomération métropo- même, émergent également de véritables régions
litaine sur sa périphérie n’est jamais totalement métropolisées transnationales. Ainsi, les régions
nulle, aucune agglomération satellite, aucun métropolisées du sud du Ghana, du Bénin, du
corridor de développement n’est encore apparu. Togo et du Nigéria, se juxtaposent et forment
L’augmentation continue du nombre d’agglo- « The GILA Urban Corridor » (ONU Habitat,
mérations urbaines dans un pays ne signifie 2008) (Carte 4.5).
donc pas que l’urbanisation se diffuse de Leur formation s’observe également dans
manière homogène à l’échelle nationale. Elle les hautes terres de la région des Grands lacs,
peut au contraire révéler une concentration dans entre le Rwanda et l’est de la RDC (Kivu), et
certaines régions au détriment d’autres parties entre l’Ouganda et l’ouest du Kenya. Certains
du territoire. Seule l’approche spatiale permet binômes de villes transfrontalières telles que
d’informer ces dynamiques car elle désagrège Kinshasa-Brazzaville, N’Djaména-Kousséri,
les indicateurs à plusieurs échelles. Ces exemples Bangui-Zongo ou Bujumbura-Uvira, peuvent
illustrent à nouveau le besoin d’intégrer les diffé- également être considérés comme des régions
rentes strates de territoires. métropolisées transnationales. Les aggloméra-
tions de Nairobi et de Johannesbourg s’étendent
Des régions métropolisées transnationales et sont entourées d’autres agglomérations
Le développement de régions métropolisées conduisant à des formations d’aires métropo-
illustre un changement d’échelle des échanges. litaines. Elles participent de l’intégration des
Les métropoles de l’Afrique sont de plus en plus territoires et à l’échelle des régions à renforcerles

110 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

flux commerciaux et de personnes entre les pays l’économie spatiale tels que les conurbations et
appelant à un renforcement de la fluidité de circu- les desakota.
lation et d’une meilleure application des traités.
Facteurs d’émergence
L’apparition de « méga-agglomérations » Les grandes agglomérations spontanées se
spontanées trouvent dans quatre régions de l’Afrique
subsaharienne :
Dès 1991, l’approche morphologique proposée • les hautes terres autour des Grands lacs au
par e-Geopolis souligne l’existence de méga-ag- Burundi, à l’ouest du Kenya, au Rwanda,
glomérations non encore reconnues – ainsi la dans le sud de l’Ouganda, et émargeant
conurbation entre Bruxelles, Anvers et Gand, sur une petite partie du nord-ouest de la
établissant une jonction avec Lille en France Tanzanie et de l’extrême nord-est de la RDC
(INSEE, 1991), confirmée depuis par la Direction (nouvelle province de l’Ituri) ;
générale Statistique de Belgique (STATBEL 5) ; de • les hautes terres d’Éthiopie ;
même, en 2001, e-Geopolis montre la fusion de • les hautes terres du Cameroun ;
plusieurs « urbanized areas » des États-Unis - • le sud-est du Nigéria, à l’amont du delta du
New York et Philadelphie ainsi que Washington fleuve Niger.
et Baltimore. En 2018, cette unité est forma- La situation de l’Égypte est différente et
lisée par United States Census Bureau (USCB) à ancienne, dans la mesure où, parmi les construc-
travers le concept de « combined metropolitan tions de la vallée du Nil, deux grands centres
areas ». urbains métropolitains denses se concentrent
La mise en évidence de méga-aggloméra- depuis longtemps : Le Caire et Alexandrie.
tions sur le continent africain est l’un des aspects Bien que chaque agglomération spontanée
les plus intéressants de ce travail. En Afrique connaisse une évolution particulière, de
subsaharienne, 15 agglomérations de plus de nombreux facteurs communs peuvent être
600 000 habitants sont identifiées (Tableau 4.1). dégagés :
La base de données Africapolis, en les
identifiant, informe les politiques sur les trans- Une densité rurale très élevée
formations en cours et leurs impacts. Pour
faciliter l’identification, un nom est proposé La densité moyenne des conurbations est de 1 300
par les auteurs pour chaque méga-aggloméra- habitants/km 2, tombant à 500 à Bomet (Kenya)
tion, souvent celui d’une petite agglomération, et culminant à 3 500 à Gisenyi (Rwanda). Trop
au sommet de la hiérarchie du découpage denses pour être considérées comme rurales,
administratif. À l’intérieur de ces vastes unités ces agglomérations spontanées restent en deçà
morphologiques, seuls quelques petits centres des seuils des agglomérations urbaines. Cette
urbains sont parfois identifiés officiellement. forte densité en milieu rural résulte d’excellentes
Ces 15 agglomérations urbaines d’Afrique conditions pour l’agriculture (pluviométrie ou
subsaharienne représentent 8 % de la popula- irrigation comme en Égypte). C’est pourquoi les
tion urbaine et 35.7 millions d’habitants, d’où foyers majeurs du peuplement se rencontrent sur
l’importance de la prise en compte du critère l’Afrique des hautes terres, au-dessus du delta
morphologique. En Afrique, l’évolution du du Niger dans le golfe de Guinée. Il s’agit égale-
peuplement est si rapide que tout indique que ment des régions où l’agriculture sédentaire est
leur processus d’émergence va s’intensifier. Les ancienne, et où la population s’est accumulée
méga-agglomérations partagent certaines carac- pendant des siècles, voire des millénaires. Cette
téristiques communes, ce qui permet de prévoir origine particulière des agglomérations entraîne
et d’anticiper leur développement. De plus, sur deux conséquences :
un plan plus théorique, ces objets morpholo- • Un peuplement linéaire ou épars dominant
giques nouveaux tant pour les chercheurs que Les rendements élevés autorisent le morcel-
les acteurs peuvent être confrontés à différents lement du parcellaire car la qualité agraire
modèles connus de la géographie urbaine et de compense la petite taille des exploitations.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 111


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Encadré 4.1
Régions métropolisées d’Afrique australe, outils politiques

Certaines régions métropolisées se sont construites municipalité. La carte montre que chaque agglo-
à partir d’aménagements politiques de l’espace. mération est une petite conurbation organisée en
Dans les pays d’Afrique australe, l’urbanisme hérite différents blocs. Le nouveau gouvernement d’Afrique
de l’idéologie ruraliste et d’une politique de ségréga- du Sud entreprend dès 1996 un vaste programme
tion raciale qui prévaut jusqu’au début des années de réforme de l’organisation territoriale du pays. Les
90. La « Cité jardin » dotée d’une agglomération bantoustans6 sont supprimés, la carte des divisions
peu dense et de petite dimension prime. Lorsque administratives refondue, les schémas d’urbanisme
la concentration humaine devient trop importante, repensés.
les plans d’urbanisme découpent les zones urbani- Johannesbourg-Prétoria (8.3 millions d’habitants)
sées en agglomérations distinctes, séparées par de se prolonge au nord par Soshanguve, qui dépasse
larges couloirs non constructibles. La non-conti- elle-même le million d’habitants. Duduza, Evaton,
nuité des agglomérations appuie les politiques de Vanderbijlpark, Vereeniging, Saulsville, Etwatwa,
ségrégation raciale, mais aussi socio-économiques. Madibeng « A » et « B » comptent de 100 000 à
Depuis la fin des régimes ségrégationnistes, certains 785 000 habitants. Une véritable région métropo-
couloirs se peuplent avec la construction de centres lisée s’est formée, rassemblant en 2015 plus de 13
commerciaux, d’aires de sport et de loisir. Certaines millions d’habitants dans une nébuleuse d’agglo-
agglomérations sont ainsi reconnectées entre elles. mérations. Cette organisation de l’espace influence
Ainsi, les taches urbaines présentent un plan singu- également l’urbanisme au Zimbabwe, au Malawi, en
lièrement morcelé. La condition morphologique de Zambie, en Tanzanie, au Kenya, au Botswana et en
continuité du bâti respecté par Africapolis (200 m) Namibie.
distingue plusieurs agglomérations dans une même

Tableau 4.1
Méga-agglomérations spontanées de plus de 600 000 habitants en Afrique subsaharienne, 2015

Agglomération Population Population


(2015) État agglomérée du centre éponyme Superficie (km 2 ) Nombre d’UL* Densité
Onitsha Nigéria 8 530 514 176 200 2867 46 2 976
Aba Nigéria 1 687 158 136 000 754 14 2 237
Nsukka Nigéria 1 430 312 390 525 699 9 2 047
Bafoussam Cameroun 1 146 320 248 377 1 318 43 607
Sodo Town Éthiopie 2 261 958 145 100 1930 318 1 172
Hawassa City Éthiopie 2 182 604 300 100 1302 236 1 677
Kisumu aggl. Kenya 5 040 159 n.d. 5863 655 860
Kisii aggl. Kenya 3 407 476 n.d. 5001 466 681
Uyo Nigéria 2 271 025 414 600 997 22 2 277
Mbale Ouganda 2 228 643 98 746 1060 125 2 109
Embu aggl. Kenya 2 046 897 n.d. 1555 361 1 317
Gisenyi/Kisoro Rwanda/Ouganda 1 255 024 21 348 355 48 3 534
Maua aggl. Kenya 848 272 n.d. 943 137 899
Bomet aggl. Kenya 753 093 n.d. 1504 179 501
Busia Ouganda 612 696 57 354 366 43 1 675
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

112 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Carte 4.6
La nébuleuse d’agglomérations autour de Johannesbourg

Makapanstad

Jericho Motle

Thembisile
Soshanguve
Madibeng “B”
Moloto

Madibeng “A”
Brits Doornpoort
Pretoria North Ekangala

Pretoria (B)

Saulsville
Bronkhorstspruit

Etwata
Botleng
Johannesbourg
Kagiso Central
Carletonville Central
Finsbury

Lenasia
Duduza Central
Ennerdale

Evaton Central Henley-on-Klip Heidelberg Central

Vereeniging Central

Vanderbiljlpark Central

Sasolburg Central
Parys Central

Tumahole
0 15 30

km

Municipalité métropolitaine de Johannesbourg


Agglomération urbaine de Johannesbourg
Agglomération urbaine (zone bâtie)

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis, 2018 – Cartographie : François Moriconi-Ebrard

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 113


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Image 4.1
La limite bornée du sud de l’agglomération de Kisii (Kenya)

Note : L’image montre un détail de la limite sud de l’agglomération spontanée. Cette limite est une longue droite presque rectiligne naturelle de 50
kilomètres. Elle est surimposée à un parcellaire agricole qui épouse les courbes de niveau afin de minimiser l’érosion dans cette région équatoriale
particulièrement arrosée. Cette discontinuité spatiale correspond en fait à la limite administrative entre deux provinces : au nord, celle de Nyanza, petite et
très dense ; au sud, celle de la Rift Valley. Bien que les provinces soient abolies par la réforme des échelons territoriaux de 2013, leur limite visible sur la
carte subsiste au même emplacement dans le nouveau découpage en counties : elle sépare le county de Kisii de celui de Narok.
Source : GoogleEarth, (consulté julliet 2017), y = -0.919, x = 34.900, alt = 4 700 m

En milieu tropical, deux rotations – voire maximum la valeur de la densité limite. Le


plus – de culture, sont possibles pourvu confinement du groupe sur un territoire peut
que la qualité des sols soit soigneusement résulter également de limites territoriales
entretenue. Le peuplement épars maximise strictes. Parfois une frontière internationale
la proximité des cultures et domine tradi- bloque l’étalement urbain, comme à Mbale
tionnellement dans toutes les zones de très en Ouganda voisine du Kenya (Chapitre 3) ou
forte densité. L’Égypte est une exception, au Togo dans les extensions ouest de Lomé.
puisque le mode de production lié à l’irri- La limite peut également correspondre à une
gation favorise, pour sa part, le peuplement discontinuité naturelle, comme les rebords
linéaire et groupé, comme dans les grandes des hauts plateaux d’Éthiopie (Carte 4.7) ou le
plaines asiatiques. désert dans la vallée du Nil. Dans ce cas, des
terres sont disponibles à la périphérie, mais
• Une rétention et un bornage du territoire incultes. Ce cantonnement des populations,
Confrontées au manque de place réservée du fait de découpages administratifs ou
à l’agriculture, les populations doivent physiques, peut engendrer de fortes concen-
élargir leur territoire, ou émigrer. Ceci trations urbaines comme l’illustrent les
implique soit la mise en valeur de terres réserves naturelles et les espaces en défens.
aux qualités agronomiques ou climatiques Ainsi, Kisii (Kenya) émerge comme un
toutefois moins bonnes, soit des tensions de bloc continu de bâti vers 2010. En 2015,
voisinage pour les terres. Quelle que soit la elle rassemble 3.4 millions d’habitants sur
stratégie adoptée, elle tend à faire reculer au 5 000 km 2, ce qui en fait l’une des grandes

114 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Carte 4.7
Relief et densité démographique de l’Éthiopie

Densité de population hab./km2

0-3 3-10 10-31 31-100 100-316 316-1 000 1 000-100 000

Source : Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

agglomérations les moins denses du monde, organisations soulignent désormais l’effet


à l’égal d’Atlanta (États-Unis). Cependant, pervers de cette politique qui n’a pas pris en
contrairement à cette dernière, à l’intérieur compte les conséquences de la croissance rapide
de l’espace borné, la densification se poursuit de la population. Constante en termes de taux,
au rythme de 2.5 à 3 % par an. À ce rythme, cette croissance linéaire devient exponentielle
les 5 millions d’habitants seront atteints. dès lors qu’elle est rapportée à une superficie
bornée.
Une émigration faible En se référant à la moyenne des 15 grandes
agglomérations spontanées du (Tableau 4.1), pour
À l’échelle nationale, la pression démographique une région rurale en 1975, de 5 habitants par
qui anime le processus d’émergence d’agglo- hectare (1 300 habitants/km 2), la densité atteint
mérations spontanées est d’autant plus forte 13 habitants par hectare en 2015 au taux de
que l’émigration et l’exode rural sont faibles. croissance naturel constant de 2 .5 % par an. En
Depuis le milieu des années 70, les stratégies 2050, si la croissance linéaire se poursuit et en
des États et des partenaires au développement l’absence de mouvements migratoires, la densité
consistent à limiter l’exode rural. De nombreuses passe à 3 200 habitants/km 2. La question est

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 115


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

donc, non pas de savoir si cette région rurale leur unité fonctionnelle et statistique est souvent
deviendra urbaine, mais à quel moment elle va questionnée. En Afrique, la seule conurbation
le devenir. De la même façon, plusieurs régions industrielle est celle du Witwatersrand, où un
d’Afrique où le peuplement est encore épars, et ensemble de villes se sont développées corréla-
où les densités sont encore inférieures au seuil tivement à l’industrialisation : Johannesbourg,
critique d’agglomération, pourraient anticiper Germiston, Brakpan, Krugersdorp, Roodepoort,
une urbanisation prochaine. Bokspburg.
Avec une densité de l’ordre de D’un point de vue structurel et fonctionnel,
3 000 habitants/km 2, l’ensemble d’agglomé- trois formes génériques de conurbations sont
rations englobant Onistha (Nigéria) n’est plus présentes en Afrique :
identifié comme rural. Le taux d’accroissement • Le type 1 caractérise les conurbations sans
naturel prévoit le triplement de la population en véritable centre : ces dernières ne se sont pas
35 ans. Au rythme actuel, en 2050, l’aggloméra- développées à partir d’une grande ville, mais
tion abriterait plus de 25 millions d’habitants simultanément, synchroniquement à partir
dans son périmètre et sa densité atteindrait de tous les centres d’un bassin. L’exemple
9 000 habitants/km 2. De surcroît, les tendances le plus représentatif est celui de la Ruhr en
actuelles de l’étalement conduisent à la forma- Allemagne. Les agglomérations éthiopiennes
tion d’une seule agglomération qui s’étendrait de Sodo et Hawassa, au sein desquelles
dans l’ensemble du triangle Port Harcourt- n’émerge aucune centralité significative, sont
Uyo-Nsukka. Elle devrait atteindre quelque de ce type.
50 millions d’habitants en 2050. Elle surpasse- • Le type 2 distingue les conurbations qui
rait alors en taille les agglomérations de Lagos et associent une nébuleuse de petites villes
de Kano. Identifiées dans le cadre de ce rapport, industrielles ou tertiaires périphériques à
ces agglomérations ne sont pas prises en compte un centre plus important. Chaque petite
par les institutions politiques nationales ou ville conserve une forte identité locale, des
internationales, bien qu’elles se positionnent spécialisations pointues, des sièges sociaux
parmi les 10 plus peuplées du pays. Le territoire d’entreprises performantes, mais leur
des conurbations du sud-est nigérian est géré rayonnement politique régional, national
comme un ensemble d’unités rurales sans tenir voire international est réduit. Les capitaux
compte de l’augmentation de la densité et de la de la ville-centre ont corrélativement à son
transformation progressive de l’économie et des décollage, alimenté les villages et villes de la
sociétés. Cette évolution rend la « reconnais- région. L’archétype est Manchester, Birmin-
sance politique » des villes et des agglomérations gham, Naples, Milan. En Afrique, Aba
d’autant plus importante (Tableau 4.2). (Nigéria) appartient à cette catégorie.
• Le type 3 caractérise les conurbations qui
Méga-agglomérations et similarités avec associent deux « centres » d’importance
certaines formes urbaines comparable dotés d’une identité locale forte,
comme les twin cities de Leeds-Bradford,
Caractéristiques des conurbations Minneapolis-St-Paul (Minnesota), Dallas-
Fort Worth (Texas), Miami-Fort Lauderdale
Popularisé au début du XXe siècle, le mot « conur- (Floride). Les conurbations ou méga-agglomé-
bation » désigne des agglomérations industrielles rations telles Onitsha et Uyo correspondent
bâties pendant la révolution industrielle. Il s’agit à ce type.
d’une forme d’urbanisation de la « Rust Belt » En Europe et en Amérique du Nord, la « ville »
nord-américaine, des « Black Countries » anglais condense en son centre les sièges symboliques
et de l’Europe du Nord. Elles se caractérisent de la spiritualité, du pouvoir politique et finan-
par la faiblesse des services et par une polari- cier, ou encore de la culture. Faute de véritable
sation moindre de l’espace urbanisé avec de centralité et de fonction politique, les conurba-
nombreux petits centres. L’absence de structu- tions d’origine industrielle souffrent d’un déficit
ration économique, politique et sociale fait que d’urbanité (au sens de la sociologie anglo-saxonne

116 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Tableau 4.2
Nigéria : une population urbaine du Sud-Est sous-estimée

Région Agglomération km 2 2015 Africapolis 2015 WUP 2015

Sud-est
Onitsha 2 867 8 531 000 1 109 000
Nnewi 770 000
Owerri 716 000
Uyo 997 2 271 000 1 114 000
Port Harcourt 368 1 845 000 2 343 000
Aba 754 1 687 000 944 000
Nsukka 699 1 430 000 n.d.
Enugu 178 905 000 681 000
Umuahia 96 393 000 580 000
Total 17 062 000 8 257 000 - 52%

Autres régions

Lagos 1 093 11 811 000 13 123 000


Kano 282 3 889 000 3 587 000
Ibadan 608 3 088 000 3 160 000
Abuja 489 1 999 000 2 440 000
Benin City 438 1 570 000 1 496 000
Kaduna 271 1 447 000 1 048 000
Maiduguri 139 1 012 000 728 000
Ilorin 220 891 000 857 000
Jos 184 870 000 810 000
Sokoto 87 840 000 552 000
Zaria 88 796 000 703 000
Osogbo 182 764 000 650 000
Abeokuta 179 748 000 495 000
Ikorodu 273 732 000 706 000
Gombe 72 601 000 417 000
Warri 141 586 000 663 000
Akure 158 533 000 556 000
Bauchi 96.08 528 000 496 000
Calabar 80.64 517 000 467 000
Total 33 222 000 32 954 000 -1 %
Note : Selon, les résultats du WUP (Éditions annuelles) :
- Enugu, Port Harcourt, et Calabar sont identifiées comme villes. Leurs chiffres de population dérivent des données du rapport Africapolis 2008.
- Aba et Uyo sont répertoriées, mais leur population est minorée de moitié par rapport à Africapolis.
- Onitsha est découpée en trois « agglomérations » (Onitsha, Nnewi et Owerri) perdant 5.9 millions d’habitants et rétrogradant dans la hiérarchie urbaine
nationale.
- Nsukka : agglomération de 1.4 million d’habitants selon Africapolis, mais n’est pas citée dans les WUP (World Urbanization Prospects).
52 % de la population du sud-est n’est de fait pas considérée comme « urbaine ». À l’opposé, la population d’Abuja, capitale politique de la fédération,
a, quant à elle, une population surestimée. Dans ce cas, contrairement à la définition annoncée, les WUP se réfèrent non plus à une agglomération, mais
à l’ensemble du district fédéral qui s’étend sur 7 800 km 2. De même, Port Harcourt affiche une population supérieure de 27 % aux chiffres d’Africapolis
(Tableau 4.3). Cette agglomération abrite les sièges des compagnies pétrolières et gazières. Ainsi, la reconnaissance ou non de la taille des agglomérations
pourrait revêtir une dimension politique.
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (database) ; Geopolis 2018 et Nations Unies 2018

de Louis Wirth, 1938). Ce déficit de reconnais- Les méga-agglomérations spontanées


sance s’amplifie si, à l’image du contexte africain, d’Afrique présentent des caractéristiques
les agglomérations ne naissent pas d’une impul- communes, mais aussi des différences avec les
sion industrielle mais d’une densification du conurbations. Par exemple, le fait qu’elles ne
monde rural. possèdent pas de véritable centre est un point

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 117


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Encadré 4.2
Sud-est Nigéria : d’une méga-agglomération à une mégalopole de 50 millions d’habitants en 2050

Le développement urbain du sud-est nigérian réunit toutes les particularités des méga-agglomérations
spontanées. Au confinement politique qui borne la région, s’ajoutent les discontinuités naturelles : les
mangroves du delta au sud et les bas-fonds inondables de la vallée du Niger à l’ouest, couverts de forêts
de palmistes (Oil River). À l’est, la région butte sur un massif escarpé couvert de forêt dense, plus ou moins
protégé, que le Nigéria partage avec le Cameroun, constituant un dispositif géopolitique de glacis analogue
aux cas du Kruger Park ou au Parc des Virunga. Cet ensemble réunit plusieurs conurbations très proches
les unes des autres (Cartes 4.8).

L’agglomération d’Onitsha réunit morphologique- Au nord de cette aire, Nsukka (1.43 million
ment quelques centres urbains historiques noyés d’habitants) se développe à plus de 450 mètres
dans une immense zone d’habitat épars suffisam- d’altitude sur le plateau. Elle est considérée comme
ment dense pour être agglomérée. Située à l’extrême l’un des centres principaux de la culture ibo, et
nord-ouest de l’agglomération, le centre est décrit abrite le siège de la première université nigériane.
dès les années 50-60 comme « le marché le plus L’agglomération compte quelques petits centres
actif de toute l’Afrique occidentale » (Laroche, 1962, secondaires : Enugu-Ezike, Obolo, Ibegwa.
op.cit.). Il est identifiable sur la carte par un habitat Le noyau central d’Onitsha est divisé en deux
urbain très dense. Un lacis anomique de chemins Local Government Areas (LGA), Onitsha South
bordés de constructions diverses le réunit à Awka, et Onitsha North. Cet ensemble ne compte que
capitale de l’État d’Anambra à l’est, et à Nnewi au 340 000 habitants en 2015. Il ne correspond pas à
sud, laquelle, de par sa situation géographique au l’ancienne municipality, qui comportait déjà 165 000
milieu de la conurbation, pourrait être considérée habitants en 1962 et 657 500 en 1991 et atteindrait
comme le centre de toute l’agglomération. Des au moins un million d’habitants en 2015 si elle n’avait
centres plus petits, comme Ihiala, Nkwerre et Orlu pas été démembrée. À l’intérieur de la conurbation,
sont également englobés. Nnewi rassemble autour de 200 000 habitants dans
À l’est du delta, l’agglomération d’Uyo se un noyau dense. Celui d’Akwa compte environ
déploie sur des terrasses alluviales à environ 300 000 habitants, Orlu, 150 000, et Nkwerre,
60 mètres au-dessus du niveau de la vallée 100 000. À l’extrême sud de la conurbation, Owerri
inondable de la Cross River. Les 2.3 millions d’hab- se distingue avec un toponyme qui subsiste dans
itants de l’agglomération sont majoritairement de 3 LGA (Municipal, North et West) et un noyau urbain
langue ibibio auxquels s’associent les Anang dans dense d’environ 550 000 habitants. Ces chiffres sont
les centres secondaires d’Ikot Ekpene et d’Abak. estimés à ce stade très approximativement sur la
Entre ces deux agglomérations, Aba, située au base de la présence de noyaux d’habitat compact,
sud du State d’Abia est à 95 % ibo. L’aggloméra- organisés par une voirie régulière de type urbain.
tion rassemble 1.7 million d’habitants et possède un
centre dense. Des zones industrielles et ateliers s’y
déploient produisant cosmétiques, textile, plastique,
ciment, produits pharmaceutiques, transformation
de l’huile de palme, bière... Le Ariaria International
Market d’Aba, surnommé « la Chine de l’Afrique »
traite des millions de transactions au niveau inter-
national dans la cordonnerie et l’habillement. Avec
7 000 boutiques, il est le plus gros marché d’Afrique
de l’Ouest, avec celui d’Onitsha.

118 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Carte 4.8
Le confinement politique et naturel du Sud-Est nigérian

Nsukka

Enugu

Benin City
Asaba
Onitsha

Warri

Aba

Uyo
Galabar
Port Harcourt

Bonny 0 35 70

km

Étendues d’eau Frontières administratives Agglomération urbaine (zone bâtie)

Plaines inondables (Palmeraies) Marécages et mangroves

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

commun. Ceci indique que le processus d’urba- d’un accroissement de la population locale. Enfin,
nisation ne s’est pas effectué suivant un mode de les méga-agglomérations ouest-africaines ne sont
diffusion centrifuge du centre vers la périphérie. pas nées d’un exode rural comme la plupart des
Pour ce qui est des différences : historiquement, conurbations observées à l’échelle de l’Europe ou
les conurbations souvent de nature industrielle de l’Amérique du Nord. Il s’agit plutôt de zones
se sont densifiées grâce à l’arrivée de populations d’émigration que d’immigration, dont la diaspora
extérieures, d’autres régions ou pays. En Afrique, a contribué au développement, comme à l’est du
la densification des méga-agglomérations procède Nigéria.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 119


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Méga-agglomérations et « Desakota » Carte 4.9


Population urbaine vivant dans les agglomérations
« Desakota » naît des vocables de la langue littorales (%), 2015
bahasat d’Indonésie, dans laquelle desa signifie
village et kota, ville (McGee, 1991). Les traduc-
tions anglaises et françaises restent imparfaites
puisque urban village ou village urbain ne trans-
crivent pas exactement l’idée de desakota, le
substantif village, donc le « rural », primant sur
l’adjectif urbain.
À l’échelle micro-locale, les desakota d’Asie
du Sud associent des fermes, des habitations ou
des concessions jouxtant des parcelles cultivées,
des entreprises industrielles, des commerces, ou
des écoles. La circulation y est intense. À l’échelle
régionale, leur développement prend appui sur
de grandes villes, comme Djakarta en Indonésie,
Hanoï et Ho-Chi-Minh ville au Viet Nam. Ce
concept désigne donc la périphérie de ces villes.
Le développement des méga-agglomérations
Part de la population littorale urbaine/totale (%)
spontanées d’Afrique diffèrent dans le sens où [Nombre de pays]
il ne s’appuie sur aucune ville comparable à ces
Agglomérations littorale
capitales. 0 0-20 20-40 40-60 60-80 80-100
Toutefois, elles bénéficient d’une agriculture [16] [8] [6] [9] [6] [5]
très performante au sein même de l’agglomé-
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ;
ration à l’image des desakota. La production Geopolis 2018
agricole complète la consommation alimentaire
locale, mais aussi les filières de transformation
d’exportation de produits industriels. Ainsi, « méga » désignant leur étalement surfacique et
les agglomérations des hautes terres du Kenya « spontané », le fait que leur émergence ne fait
produisent des légumes de contre-saison qui partie d’aucun plan d’aménagement urbain. Une
fournissent les grandes firmes de distribution autre de leurs caractéristiques est leur localisa-
de produits surgelés occidentales (haricots tion à l’intérieur du continent, et non le long des
verts, poids gourmands…). L’élevage en batterie côtes de l’Afrique. La nature, les facteurs et les
et la culture hors sol complètent ces productions formes propres des méga-agglomérations en font
adaptées à une main-d’œuvre locale nombreuse des territoires urbains nouveaux. La vision des
et optimisent les rendements des faibles surfaces. processus d’urbanisation s’en trouve modifiée.
Ces économies entre production de cultures et En informant de manière continue sur leur
industries, propres aux méga-agglomérations morphologie et leur statut territorial, Africapolis
spontanées et aux « desakota », inscrivent ces et le réseau mis en œuvre par le CSAO visent à
dernières dans l’économie mondiale et des identifier les lieux de peuplement en croissance
échelles d’échanges étendues. spatiale et démographique. L’hétérogénéité
L’originalité des facteurs et les conditions morphologique, économique et territoriale de ces
d’émergence des méga-agglomérations sponta- nouvelles formes doit être analysée et projetée
nées les rendent difficilement classifiables dans afin de pouvoir anticiper et accompagner les
le vocabulaire du développement et des sciences évolutions en cours et leurs impacts spatiaux
géographiques. Elles ne se rapprochent qu’en au-delà de l’échelle nationale.
partie des leviers des conurbations ou desakota.
L’usage du terme « méga-agglomérations sponta-
nées » renvoie à leurs caractéristiques majeures ;

120 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Tableau 4.3
Part des agglomérations littorales d’Afrique subsaharienne en fonction du seuil de population

Population Population littorale Nombre Part du nombre


de l’agglomération (en millions) d’agglomérations d’agglomérations Part de la population
Plus d’un million d’habitants 86.3 28 38 % 38 %
Plus de 500 000 habitants 98.3 47 34 % 36 %
Plus de 100 000 habitants 115 113 16 % 29 %
Plus de 10 000 habitants 121 424 6% 21 %

Source : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018

URBANISATION LITTORALE ET URBANISATION INTÉRIEURE

La plupart des grandes villes coloniales, Une faible valorisation du littoral


portes d’entrée du continent pour les grandes
puissances, étaient en effet des ports. Elles sont La représentation de la « littoralisation » des
à l’origine de nombreuses agglomérations parmi réseaux urbains d’Afrique est biaisée par deux
les plus peuplées du continent. Cette représenta- facteurs. Le premier procède d’une perception
tion littorale est cependant à nuancer. La période subjective des élites africaines résidant dans les
coloniale a vu émerger des villes intérieures : métropoles littorales, aussi bien que par celle des
Nairobi, Kinshasa, Brazzaville, Kampala, Bangui, étrangers qui pénètrent dans le pays par l’aéro-
Bujumbura, N’Djaména, Niamey, Bamako, port international. Le deuxième est lié aux cartes
Johannesbourg, Lusaka, Hararé, Bulawayo, les plus couramment utilisées se concentrant
Lubumbashi, Le Caire fondées à l’intérieur des sur la population des villes officielles les plus
terres. À cette liste s’ajoute celle de grandes villes peuplées et donc littorales.
anciennes comme Addis-Abeba, Khartoum, Certaines méga-agglomérations spontanées
Kano, Ibadan ou Sokoto. identifiées par Africapolis, situées dans l’inté-
De plus, les villes littorales ne sont pas rieur du continent, n’apparaissent pas du fait de
nécessairement en contact étroit avec le littoral leur non-reconnaissance. Par ailleurs, environ les
maritime. Il est quasi nul à Nouakchott, dont la quatre cinquièmes des petites agglomérations
tache urbaine effleure à peine la côte. Le centre ne sont pas comptabilisées dans la catégorie
de Lagos est situé sur une lagune et non au « urbaine » et sont situées pour la plupart dans
bord de l’océan, tout comme Cotonou, Porto- l’intérieur.
Novo, Saint-Louis, Boma, Abidjan ou Tunis. Plus le seuil minimum de la population des
Port Harcourt et Douala se développent en fond agglomérations s’élève, plus le poids relatif des
d’estuaire. À l’échelle locale, dans de nombreux agglomérations littorales augmente. Au seuil de
cas, les constructions urbaines du littoral sont 1 million habitants, les agglomérations littorales
davantage tournées vers l’intérieur que vers la représentent plus du quart des agglomérations.
mer. Au seuil de 100 000, la proportion chute de
Enfin, la forte croissance urbaine dans les moitié avec 16 % du nombre d’agglomérations
étendues intérieures du continent s’affirme. Y et 29 % de la population urbaine. Au seuil de
émergent non seulement de petites aggloméra- 10 000 habitants, les agglomérations littorales
tions et des capitales politiques, mais également représentent respectivement 6 % du nombre
des méga-agglomérations spontanées. Ces total d’agglomérations et 21 % de la population
deux visages urbains littoral/intérieur et leurs urbaine africaine (Tableau 4.3, Carte 4.9). Au niveau
dynamiques éclairent les enjeux politiques de régional, l’Afrique comprend 17 pays enclavés,
l’urbanisation et les nouvelles dynamiques à dont le niveau de littoralisation est nul, et qui
l’œuvre, aussi bien sociales qu’économiques. représentent 29 % de la population africaine.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 121


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

L’occupation du littoral reste discontinue et de Nyala. De manière significative, Hargeisa,


non homogène. L’Afrique australe est la région « capitale » de l’État autoproclamé du Somaliland,
la plus littoralisée, avec 100 agglomérations ville champignon de plus de 700 000 habitants,
réunissant 29 % de la population urbaine, dont prospère loin des côtes, à 1 268 mètres d’altitude,
Luanda, Le Cap, Durban, Maputo et Dar-es-Sa- à l’inverse de Djibouti fondée par les Français. Au
laam ( Tableau 4.4). Elle dispose également du Kenya, la région de Mombasa est la seule portion
littoral le plus développé, avec 8 440 km de de littoral où se développe un réseau parallèle-
côtes. Les deux régions véritablement « litto- ment à la côte, mais l’agglomération elle-même
ralisées » sont les environs de Durban, avec de n’arrive plus qu’au 5e rang national en 2015, loin
nombreuses stations balnéaires, et le triangle derrière les méga-agglomérations spontanées qui
Dar-es-Salaam-Bagamoyo-Zanzibar, qui préfi- ont émergé dans les hautes terres de l’intérieur.
gure l’émergence d’une région métropolisée en En Afrique centrale, le littoral de la RDC
Tanzanie. Les autres points d’urbanisation du (40 km) ne compte que deux agglomérations,
littoral ne forment qu’un archipel distendu. totalisant 300 000 habitants, soit 1 % de la popula-
En Afrique de l’Ouest, la littoralisation ne tion urbaine du pays. En Angola, quatre grandes
concerne que des portions limitées du littoral : agglomérations de plus de 500 000 habitants sont
de Dakar à Mbour, la façade maritime du Togo, situées sur le littoral (Luanda, Cabinda, Benguela
quelques secteurs du littoral ghanéen. La carto- et Lobito). Ce réseau urbain d’origine colonial
graphie des zones urbanisées du corridor urbain est désormais complété par Lubango (616 000
Greater Ibadan-Lagos-Accra (GILA) révèle que habitants) et Huambo (600 000), situées à plus de
les tâches urbaines ne suivent qu’occasionnelle- 1 700 mètres d’altitude et hissées aux deuxième et
ment le trait de côte (contrairement à l’Amérique troisième rangs nationaux ainsi que par Malanje
du Nord, l’Europe ou l’Asie du Sud). À l’inté- (470 000) à plus de 1 100 mètres. Le développe-
rieur du corridor, les voies de communication ment urbain intérieur se confirme.
majeures évitent cependant les cordons littoraux La faible littoralisation de l’urbanisation
des régions lagunaires et contournent le delta du est une caractéristique commune des sociétés
fleuve Volta. africaines, également présente en Amérique
L’un des exemples les plus frappants de la centrale. Dans des sociétés majoritairement
faible littoralisation urbaine de l’Afrique est agraires et pastorales, les littoraux sont moins
celui du Nigéria, pays le plus urbanisé d’Afrique attractifs, du fait de la mauvaise qualité agraire
et doté de 853 km de côtes. Le nombre de points des sols, sablonneux, voire salinisés. La pêche en
de contacts urbains avec l’océan s’est légère- mer est peu développée. De plus, la circulation
ment accru au XXe siècle, mais plutôt au fond des biens et des hommes s’effectue par la terre,
des lagunes et des immenses bras d’eau libre et à bonne distance d’un littoral troué par de
du delta du Niger. Même en incluant la notion nombreuses embouchures difficiles à franchir.
de « littoral » à ces agglomérations, les inter- Pour l’instant, il y a peu d’artificialisation des
faces urbaines terre/mer restent très limitées, côtes du fait de l’urbanisation. À l’exception de
se résumant à peu près à Lagos, Warri, Port l’Afrique australe et du nord, la littoralisation
Harcourt et Calabar. En extrayant les aggloméra- des populations africaines est donc récente mais
tions de fond d’estuaire et de lagunes, seulement ne doit cependant pas être négligée. Elle s’opère
10 agglomérations sur les 1 160 que compte le selon deux modalités. La première est allochtone
pays sont situées sur le littoral au sens strict. et encore marginale : l’appropriation récente du
L’Afrique de l’Est, où certaines villes se front de mer par la construction d’immeubles
développent sur le littoral depuis l’Antiquité, près des grands centres urbains (Lagos,
est la moins littoralisée (Tableau 4.4). Au Soudan, Abidjan, Durban, Mombasa). Elle intéresse
Port-Soudan, l’un des deux seuls grands ports une frange limitée de la population, essentiel-
du pays, n’arrive qu’au troisième rang national, lement les classes moyennes émergentes. Ces
avec une population de 423 000 habitants, soit 12 strates socio-économiques de la population sont
fois moins que la métropole nationale Khartoum. plus nombreuses dans les pays les plus riches,
Port-Soudan ne supplante pas la ville sahélienne en particulier en Afrique du Sud, mais elles

122 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Tableau 4.4
L’urbanisation des littoraux en Afrique

Population des
Agglomérations Part de agglomeration agglomérations Part de la population
Régions* littorales littorales/total littorales urbaine littorale/totale Littoral (km)
Centrale 15 2% 4 700 000 8% 1 998
Est 36 2% 11 600 000 10 % 8 386
Nord 178 10 % 40 000 000 28 % 8 201
Australe 100 10 % 24 100 000 29 % 8 440
Ouest 96 4% 40 700 000 25 % 6 065
Total Afrique 424 6% 121 100 000 21 % 33 090
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (based de données) ; Geopolis 2018
* Afrique du Nord : Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Tunisie
Afrique centrale : Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, République centrafricaine, RDC, Guinée équatoriale, Sao Tome-et-Principe
Afrique de l’Est : Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Rwanda, Ouganda, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tanzanie
Afrique australe : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Eswatini, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Zambie, Zimbabwe
Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Cote d’Ivoire, Cabo Verde, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie, Libéria, Mali, Niger, Nigéria,
Sénégal, Sierra Leone, Tchad, Togo

émergent dans quelques stations au sud le long une île de l’archipel de Bijagos, toujours hors du
de l’Atlantique Sud entre Kribi (Cameroun) et continent. Ce n’est qu’en 1941 que la capitale est
Namibe (Angola), sur l’Océan indien en Afrique transférée sur le continent à Bissau.
du Sud et à Mombasa (Kenya), sur les littoraux Le long des côtes, les sites naturels les plus
méditerranéens qui attirent les touristes natio- propices à l’installation d’un port profond, bien
naux et étrangers (Égypte, Tunisie). abrité et accessible sont relativement rares.
La seconde modalité se manifeste par des Ils sont rapidement convoités par les grandes
programmes de construction de logements puissances pour le développement d’une
neufs. Ce nouvel attrait pour le littoral signale économie d’exportation. Cette rareté a donné
un changement sociétal important. peu de villes mais à forte concentration urbaine.
La valeur de cette position venait cependant de
Émergence d’une Afrique urbaine richesses exploitables de l’intérieur. Ainsi, les
intérieure réseaux ont tourné le dos à l’océan, progressant
perpendiculairement au littoral. Cette logique
La présence de grandes agglomérations sur le spatiale persiste après l’indépendance, et les
littoral est un héritage de la période coloniale. Le mêmes agglomérations deviennent les têtes de
choix de la fondation des tout premiers sites est pont d’un commerce de plus en plus globalisé.
insulaire. Dakar prend son origine dans l’île de Les échanges avec l’extérieur sont de plus en plus
Gorée ; Conakry dans celle de Tombo ; Moçam- tournés vers les économies émergentes comme la
bique est fondée dans l’île de même nom à bonne Chine, la Thaïlande ou les pays du golfe persique.
distance de la côte. De même, Banjul, Monrovia, Les principaux foyers historiques du peuple-
Freetown et Le Cap sont difficilement accessibles ment de l’Afrique subsaharienne sont situés
depuis le continent. Lorsque ces sites initiaux se dans l’intérieur du continent, principalement
révèlent trop exigus, l’urbanisation se déploie sur les hautes terres longtemps dominées par
sur le continent. Elle procède alors perpendicu- un peuplement rural dense. Les grands couloirs
lairement à la côte, et non parallèlement, comme de circulation et d’échanges sont situés loin des
l’illustre la « continentalisation » de la Guinée- littoraux, mettant en contact ces grands foyers.
Bissau. Le territoire est administré d’abord de Les indicateurs montrent que le plus fort poten-
l’extérieur comme une dépendance des îles du tiel de croissance urbaine de l’Afrique se situe
Cabo Verde. Devenue une colonie autonome dans ces territoires intérieurs, ce qui influence
(1879), sa capitale est implantée à Bolama, sur la donne politique.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 123


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Encadré 4.3
Altitude, Afrique littorale et intérieure

L’opposition entre l’Afrique des littoraux et l’Afrique graphiques, un hiatus est visible entre les deux
de l’intérieur s’exprime sur le Graphique 4.2. Les groupes. Il signale un déficit relatif d’aggloméra-
agglomérations de chaque région y sont classées tions dans les altitudes intermédiaires. Ce hiatus
par ordre décroissant d’altitude. Chacune est repré- est particulièrement marqué en Afrique centrale,
sentée par une boule de taille proportionnelle à sa en Afrique de l’Est et en Afrique australe. Il est plus
population en 2015. Les agglomérations africaines atténué au Nigéria et surtout dans le reste de l’Afrique
se distribuent entre des altitudes de -43 mètres dans de l’Ouest, car les reliefs y sont moins marqués. Il
la dépression du Fayoum en Égypte et jusqu’à 3 372 apparaît également bien en Afrique du Nord, où il
mètres en Éthiopie. Cependant, tous les graphiques correspond également à une réalité politique : les
mettent en valeur deux attracteurs d’altitude : la populations du Rift, de l’Atlas marocain, de Kabylie
faible altitude des plaines côtières ; l’altitude élevée sont historiquement des régions rebelles au pouvoir
des foyers de peuplement des hautes terres. central qui siègent dans les grandes aggloméra-
L’attracteur « bas » correspond aux villes de tions « basses ». Il faut également tenir compte ici
fondation coloniale. Elles poursuivent aujourd’hui du fait que le pourtour méditerranéen n’appartient
leur trajectoire en bénéficiant d’un monde globalisé. pas à la zone intertropicale, de sorte que le climat
L’attracteur « haut » correspond aux régions des de montagne y est beaucoup plus rigoureux que
hautes terres qui s’urbanisent à grande vitesse. dans le reste de l’Afrique. De ce point de vue, les
L’information la plus remarquable de cette hautes terres d’Afrique du Nord appartiennent moins
représentation statistique est que, sur tous les au domaine climatique africain que méditerranéen.

Graphique 4.2
Population des agglomérations en fonction de l’altitude
Altitude

Afrique australe

2 000
Population

1 000 10 000 30 millions

0
0 500 1 000 1 500 2 000 Rang
Altitude

Altitude

Afrique de l’Ouest Afrique du Nord

2 000 2 000

1 000 1 000

0 0
0 500 1 000 1 500 2 000 Rang 0 500 1 000 1 500 2 000 Rang

124 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Altitude

Altitude
Afrique de l’Est Afrique centrale

2 000 2 000

1 000 1 000

0 0
0 500 1 000 1 500 2 000 Rang 0 500 1 000 1 500 2 000 Rang

Source : Geopolis 2018

La dynamique des grandes villes des terri- L’altitude influence les conditions de
toires dont la capitale est située dans l’intérieur développement des villes : santé, épidémiologie,
depuis avant l’indépendance illustre le rôle consommation d’énergie, approvisionnement,
fondamental des fonctions politiques. Ainsi, risques naturels, accessibilité. En zone inter-
au Cameroun, Yaoundé désormais supplante tropicale, elle tempère les chaleurs extrêmes
le port de Douala en termes de population. Au et donc la prolifération de certaines maladies
Congo, Brazzaville s’affirme face à Pointe-Noire. et de parasites qui ont longtemps décimé le
La Namibie ne compte que deux agglomérations bétail et les hommes. La contrepartie de cette
sur le littoral, la capitale prospérant loin dans situation est un isolement relatif, par rapport à
l’intérieur sur les plateaux. Enfin, les capitales des civilisations qui ne cessaient de s’étendre
de 17 pays enclavés affichent une croissance et de s’interconnecter entre elles par les voies
urbaine tout aussi rapide que celle des pays ayant maritimes. De toutes les zones d’Afrique, les
une façade littorale. hautes terres sont longtemps restées les plus
Ce changement des dynamiques entre rurales : avec l’augmentation continue de leur
intérieur et villes littorales avec un accroisse- population, c’est désormais celles où le potentiel
ment de plus en plus rapide des premières se de croissance urbaine est le plus fort.
mesure également en introduisant une troisième En dépit du renversement des circuits des
variable spatiale, l’altitude. En sus des variables échanges au profit des littoraux impulsés par
longitude et latitude, cette dimension de l’espace la colonisation puis la globalisation, les hautes
est rarement utilisée dans l’analyse spatiale. Elle terres continuent à concentrer les foyers majeurs
est introduite dans Africapolis par l’altitude du peuplement de l’Afrique subsaharienne. Ces
moyenne de chaque agglomération au regard du zones renferment les plus hauts potentiels de
niveau de la mer (Encadré 4.3). croissance urbaine.
L’Afrique est aussi le plus élevé de tous les Les équilibres politiques se trouvent
continents en termes d’altitude moyenne. En influencés par les développements urbains,
zone intertropicale, l’altitude a un impact consi- notamment dans les territoires intérieurs.
dérable sur le climat, donc sur les conditions de Certaines des agglomérations intermédiaires
l’agriculture, et sur le développement urbain. de l’intérieur, comme Kumasi au Ghana et Kano
L’altitude altère profondément les températures au Nigéria, Touba au Sénégal, Bouaké en Côte
et le régime des précipitations. Les zones d’alti- d’Ivoire se hissent au sommet des agglomérations
tude élevée sont mieux arrosées et l’évaporation secondaires, en concurrence avec la métropole
y est moins forte. Elles offrent des conditions nationale. Elles abritent de vigoureux foyers de
propices à des formes d’agriculture moins prati- contestation du régime politique qui siège dans la
cables dans les zones basses, plus sèches ou capitale sur le littoral. Dans une moindre mesure,
couvertes de forêt dense. au Togo, Kara, « ville du Président » et Abomey,

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 125


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

siège du Royaume de même nom, représentent Décrite à partir de la variable de l’altitude


des foyers politiques intérieurs importants. et de la position dans l’intérieur du continent,
La vigueur de la croissance d’Hargeisa en cette bipolarité de l’Afrique se charge d’enjeux
Somalie témoigne également de ces tensions politiques et de potentielles aggravations des
entre une Afrique de l’intérieur, tournée sur des tensions avec l’urbanisation croissante des terri-
circuits intracontinentaux et une Afrique litto- toires intérieurs. Ces enjeux pourraient n’être pas
rale, développée au temps des Colonies, comme seulement économiques et financiers, mais aussi
Mogadiscio. Au Cameroun, les Bamiléké de signaler le début d’un basculement des rapports
Bafoussam, agglomération « informelle » de plus de forces politiques au profit de groupes de l’inté-
d’un million d’habitants se différencient tradi- rieur longtemps soumis aux élites coloniales puis
tionnellement par leur position topographique, nationales de la côte.
entre le « haut » et le « bas ».

L’ENVIRONNEMENT ET L’URBAIN

Ces dernières décennies, la protection des activité touristique régulée et contrôlée. Cette
milieux naturels s’est développée ainsi que de posture apparaît dans les pays industrialisés avec
nouvelles politiques d’urbanisme corrélées. l’instauration de réserves et de parcs naturels,
Les premières réalisations de type cités jardins notamment au nord de l’Europe, dès les années
émergent au début du XXe siècle et influencent 30. Aux États-Unis, le Yellowstone National Park
l’urbanisme colonial, notamment en Afrique du est instauré dès 1872. Avec près de 9 000 km 2, il
Sud, en Rhodésie (Zimbabwe, Zambie, Malawi) est aussi étendu que la Gambie.
et au Kenya. Au XXIe siècle, l’idée de conserver La seconde approche considère que la
la nature en ville est part de nombreux projets présence humaine fait partie de la nature,
d’urbanisme dans les pays développés du nord. pourvu que ses activités soient respectueuses des
L’enjeu des pouvoirs publics est alors que équilibres environnementaux. Cependant, ces
les différentes échelles s’intègrent harmonieu- derniers sont remis en question lorsque la densité
sement, depuis l’unité de voisinage jusqu’à celle démographique atteint des valeurs critiques. En
de l’agglomération entière. Cette intégration Afrique, ces deux approches existaient bien avant
permet de responsabiliser le citoyen, de réduire la colonisation européenne. Pendant des millé-
une mobilité excessive dispendieuse en termes naires, hommes et faune sauvage cohabitent sans
de consommation d’énergie, de raccourcir les se détruire. Il existe également des cultures où
circuits d’approvisionnement, de promouvoir l’établissement humain dans certains espaces est
de nouvelles pratiques durables et économes en interdit, telle la forêt sacrée des pygmées Mbuti.
effluents. Tandis que dans les pays technologi- Héritant de la tradition juridique française,
quement les plus avancés, la ville abandonne certaines anciennes colonies envisagent les parcs
de son urbanité, dans les pays d’Afrique, les nationaux et régionaux davantage comme des
campagnes les plus denses abandonnent une conservatoires du milieu rural que comme un
part de leur ruralité. Dans les deux cas, cette sanctuaire interdit. Dans les anciennes colonies
évolution conduit à reconsidérer la frontière britanniques, de vastes réserves sont au contraire
urbain/rural. La ville africaine de demain est créées où la population résidente est nulle. Ces
part de ce nouveau cadre. territoires disposent d’un statut administratif
particulier, équivalent à la commune, au canton,
L’équilibre entre hommes et nature voire au département. Ces diverses stratégies de
protection évoluent ensuite au gré des change-
Au sein des territoires ruraux, l’introduction de ments de régime. Aujourd’hui elles convergent.
la pensée écologiste suit deux approches. D’un La première tente d’intégrer davantage de
côté, celle qui exclut des espaces naturels tout gestion participative avec la participation des
peuplement et activité humaine – hormis une populations locales. La seconde introduit des

126 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

zonages allant de la protection absolue à des compensatoires, comme des programmes de


zones où la présence de certaines formes d’agri- relogement. En leur absence, deux solutions
culture est tolérée. s’offrent aux populations : l’exode rural vers une
Dans le contexte actuel, l’impact des terres ville ou le déplacement spontané des agriculteurs
soustraites à l’occupation humaine contribue de zones rurales à rurales, susceptibles de créer
cependant à une surdensification des périphéries des tensions communautaires si non anticipées
des territoires en défens. Ces formes croissantes et accompagnées.
d’urbanisation non maîtrisées représentent un
défi pour les élus locaux et les politiques. Perspectives d’un développement
durable entre l’urbain et le rural
Territoires en défens et urbanisation
Les territoires en défens illustrent un processus Tant que les villes sont éloignées les unes des
d’agglomération engendré par un interdit spatial autres dans un environnement rural peu dense,
d’établissement. En excluant toute habitation et elles peuvent être représentées comme des
toute activité d’un bloc de territoire, des terres points sur une carte. Jusque dans les années
habitables et cultivables sont ainsi « soustraites » 90, les approches a-spatiales - démographiques
à l’échelle régionale. La cartographie des espaces ou économiques - donnent des résultats satis-
agglomérés montre l’émergence d’agglomé- faisants. Elles s’appuient sur les dynamiques
rations qui se collent sur ces bordures de naturelles et les bilans migratoires de la
territoire protégé comme au Malawi, au Kenya, population et sur des paramètres de croissance
en Ouganda, en Afrique du Sud, en RDC (Kivu), économique, sans intégrer les facteurs spatiaux.
en Tanzanie, voire au Botswana. Ces processus Avec la croissance démographique, la situation
se rapprochent des formes hyper-urbaines de évolue et les facteurs liés à la répartition du
certaines grandes métropoles davantage que des territoire sont désormais clés. De par le double-
formes rurales (Images 4.2 et 4.3). ment de la population, l’urbanisation se poursuit
Les visiteurs des parcs nationaux viennent en dehors des périmètres administratifs des
des métropoles internationales, tandis que les villes et par densification du monde rural. Les
populations sont sensibilisées par des campagnes surfaces urbanisées incorporent les espaces
de communication internationales. Ces flux périphériques et ses populations dans des agglo-
génèrent des services – transport et héberge- mérations urbaines de plus en plus vastes. La
ment – des devises, des productions artisanales densité de zones auparavant rurales atteint un
ou industrielles. L’activité agricole est orientée seuil critique, de sorte qu’une urbanisation se
vers l’exportation – thé, café, bananes, légumes généralise que les politiques ont insuffisamment
surgelés de contresaison. L’afflux d’argent anticipée aussi bien en termes de nature, que
supporte en partie les coûts sociaux et écono- de forme ou de volume. Ces régions à la densité
miques de la conservation, de la surveillance et croissante concentrent les stocks de population
de la protection des réserves naturelles. rurale les plus importants du continent. Ainsi, la
Cependant, la stratégie d’exclusion des basse vallée du Nil, les hautes terres de l’Afrique
populations déplace parfois la concentration des Grands lacs, d’Éthiopie et du sud-est du
urbaine et ses enjeux. Le coût social peut alors Nigéria regroupent environ un tiers de la popula-
devenir trop lourd. Il y a polarisation du peuple- tion du continent.
ment sur ses bords, établissant ainsi les conditions La frontière entre espace urbain et rural
optimum d’un processus d’urbanisation. Ce devient de plus en plus floue : le développement
schéma est plus ou moins altéré ou au contraire d’agglomérations par la densification in situ de
renforcé selon les conditions locales. Il est toute- zones rurales conduit à des formes d’urbanité
fois partout générateur d’agglomérations en caractérisées par une densité relativement faible.
Afrique à l’image des pourtours du Mont Kenya Ce nouveau type de développement questionne le
et des pentes sud et est du Kilimandjaro. La mise lien urbain-densité et donc le concept morpho-
en défens d’espaces naturels devrait s’accom- logique d’agglomération fondé sur la seule
pagner plus systématiquement de mesures concentration de constructions, d’activités ou

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 127


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Image 4.2
L’empreinte urbaine des agglomérations au bord du Mont Kenya

10 000 - 30 000 30 000 - 100 000 100 000 - 300 000 300 000 - 1 million 1 - 3 millions

Note : L’attraction exercée par les bords de la réserve est renforcée par la qualité agronomique des sols volcaniques et des conditions climatiques
favorables aux cultures (café, thé, cultures vivrières). Les pentes nord, plus sèches, sont moins prisées. La forme en « peau de zèbre » des tissus
agglomérés dénote une forte adéquation du peuplement avec les contraintes naturelles du relief des versants volcaniques, entaillées par de profondes
vallées délaissées par le bâti au profit des interfluves. Enfin, le contraste est très net entre le bord de la réserve situé à l’amont, où l’agglomération
s’interrompt brutalement le long de la limite du parc, et l’aval, où des filaments d’inégale longueur se dissolvent dans les confins ruraux au bas des pentes.
Ceci illustre notamment que la proximité immédiate de la réserve est la position spatiale la plus prisée.
Sources : Google Earth (consulté décembre 2018) ; OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 ; MNT : World Resources Institute
Cartographie : François Moriconi-Ebrard.

de population sur un espace restreint. Une fois d’adaptation déjà existantes deviennent un enjeu
encore, l’intégration du contexte et des interac- majeur pour les politiques de développement en
tions d’échelles en amont de la définition des Afrique. Un territoire peut s’urbaniser tout en
politiques urbaines est cruciale. ayant une densité modérée, avec le développe-
Du point de vue environnemental, les ment d’un modèle d’urbanisation et d’urbanité
interactions entre les milieux naturels illustrent plus adapté aux caractéristiques et diversités
une tendance mondiale de l’intégration des africaines et remplissant les objectifs de dévelop-
problématiques notamment climatiques avec pement durable et ceux des Conférences des
des manifestations diverses, fonction des parties (COP). De nombreux défis et opportunités
formes d’urbanisation déjà en place. Tandis que se posent avec des réponses locales qui, pour
les campagnes africaines s’urbanisent, les pays certaines, existent et doivent être valorisées.
de l’OCDE tentent de réintroduire la nature, la Le résultat des trois dernières décennies
micro-agriculture ainsi qu’une nouvelle socio- d’urbanisation africaine montre une extension
logie de proximité dans leurs villes. Trouver un spatiale considérable des agglomérations. Les
équilibre et concilier les préoccupations urbaines villes sont pour la plupart - sauf celles arabes
et durables en s’appuyant sur les stratégies - horizontales incitant à des déplacements

128 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Image 4.3
Le massif du Kilimandjaro cerné par l’urbanisation

KENYA

TANZANIE

Masama
Mbomai

Moshi

Hai Mjini

Himo

Frontière Frontières administratives


Agglomération urbaine (plus de 300 000) Agglomération urbaine (moins de 300 000)

Note : Au bas des pentes enneigées et sauvages du Kilimandjaro, le massif est entouré par des agglomérations urbaines totalisant un million d’habitants en
2015.
Le scénario du Kilimandjaro est analogue à celui du mont Kenya, avec une forte dissymétrie entre le sud et l’est et le nord-ouest, due aux inégales
conditions de la pluviométrie. En 2015, l’agglomération de Moshi rassemble 480 000 habitants dont la moitié vit dans la ville. Celle de Mbomai est en
revanche totalement spontanée et exceptionnelle, non reconnue comme « urbaine », ni même « semi-urbaine » par la définition statistique tanzanienne.
Elle compte pourtant 454 000 habitants. À la différence du Kenya, le massif protégé n’est pas érigé en unité administrative, mais au contraire partagé entre
les communautés périphériques. La forme laniérée des finages (traits gris) s’étend en éventail le long des pentes, depuis les crêtes jusqu’à la plaine. Les
agglomérations s’interrompent brutalement le long de la frontière du Kenya, qui limite également l’espace disponible.
La dissymétrie entre l’amont et l’aval, visible dans les deux exemples, trahit la valeur intrinsèque inégale des terres, et donc la hiérarchie des trajectoires
d’appropriation face à un attracteur de nature purement politique : la limite légale d’un parc.
Sources : Google Earth, (consulté décembre 2018) ; OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018
Cartographie : François Moriconi-Ebrard

quotidiens plus ou moins longs et soulevant des La ville est un système complexe qui ne se
problématiques d’engorgement, de transports, réduit donc pas à une seule dimension, qu’elle
d’aménagements intelligents, de pollution et de soit démographique, économique ou sociale
désagrégation sociale. L’urbanisation rapide, (Champaud, 1991). Plusieurs aspects doivent
notamment dans les pays en développement, être considérés simultanément et en cohérence,
pose de plus en plus des défis d’équilibre entre malgré la rapidité de la croissance urbaine.
populations et ressources, et entre foncier et Les villes dont celles africaines sont reconnues
utilisation efficace des sols. D’aucun questionne depuis la COP 21 et les accords de Paris comme
l’horizontalité des villes et leur durabilité et donc acteurs moteurs de la résilience au changement
les formes et la nature des étalements urbains. climatique. Cet élan de la part des populations,

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 129


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Encadré 4.4
Environnement et géopolitique

Plusieurs parcs nationaux se partagent entre les territoires de la RDC (Parc national des Virunga) du Rwanda
et de l’Ouganda. Cet ensemble constitue l’une des dernières réserves de gorilles de montagnes de la planète
(Carte 4.10). Dans cette région, la densité humaine est très élevée. Le parc est, en 2015, quasiment entiè-
rement encerclé par des agglomérations, par ailleurs non reconnues comme urbaines selon les statistiques
officielles.

Carte 4.10
Le Parcs nationaux à la frontière entre RDC, Rwanda et Ouganda

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
OUGANDA
Parc National
des Gorilles de Mgahinga

Parc National des Virunga

Parc National des Volcans

RWANDA

0 5 10
km

Frontière Agglomération urbaine (zone bâtie)

Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

des gouvernants, des acteurs internationaux Le besoin de poursuivre sur le moyen et le


peut ouvrir la porte à des opportunités à saisir long termes l’analyse et l’observation de la crois-
en termes de développement, notamment par la sance urbaine au regard de son environnement
finance climatique.Les agglomérations urbaines se confirme. Il s’agit de l’un des nombreux défis
sont un facteur essentiel du développement ; non pour un environnement commun à relever par
seulement par les emplois du secteur des services l’ensemble des pays et leurs diversités urbaines.
en pleine expansion ou industriels mais aussi
par les activités de transformations et donc par
l’impulsion donnée au développement rural et
aux territoires en général.

130 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nouvelles dynamiques urbaines africaines Chapitre 4

Carte 4.11
Urbanisation et zones en défens sud-africaines à
la frontière du Mozambique

ZIMBABWE Cet ensemble protégé se situe sur un tripoint aux

MO
fortes implications géopolitiques, établissant une

ZAM
AFRIQUE DU SUD
distance de fait entre des pays ayant connu des

BIQ
Parc
épisodes de guerres et de tension. De même, le

UE
Kruger National Park et ses zones adjacentes forment

N
ation
un bloc de plus 20 000 km2 d’un seul tenant, vidé
de sa population résidente. Cet espace-tampon

al de
dont l’accès et la circulation sont contrôlés, se situe

Limp
entre les populations d’Afrique du Sud et du Mozam-
o
po bique, pays ravagé pendant des années par la guerre
civile. En instaurant des no man’s lands le long des
Phalaborwa frontières, la géographie des zones en défens pourrait
s’apparenter à la stratégie militaire du glacis.
Parc National Kruger
L’inoccupation d’un territoire implique une densi-
fication de la population humaine dans les zones
Manyeleti
périphériques. La proximité immédiate des bordures
des zones convoitées peut aussi faire l’affaire des
populations les plus riches, élites nationales ou
groupes internationaux. L’interdit spatial érigé au nom
de préoccupations publiques peut alors enclencher
Mbombela
des mécanismes de spéculations foncières.

Agglomération urbaine (zone bâtie)

Note : Les espaces protégés sont classés de I à VI suivant leur niveau de protection, qui va de l’interdit d’accès à différentes formes d’occupations
légales. Le parc du Kruger est entouré par des territoires de différentes catégories, incluant des réserves de chasse et des grandes propriétés pour
les touristes. Des agglomérations spontanées très extensives émergent plus loin, où la population vit de l’agriculture de subsistance et des transferts
de salaires d’un membre de la famille. La plupart de ces agglomérations sont nées à l’époque de l’Apartheid. Aujourd’hui, par l’effet de l’exode rural,
elles présentent une croissance démographique très faible, voire négative.
Sources : OCDE/CSAO 2018, Africapolis (base de données) ; Geopolis 2018 - Cartographie : François Moriconi-Ebrard

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 131


Chapitre 4 Nouvelles dynamiques urbaines africaines

Notes
1 Cité par Joan Clos, Habitat III, Quito, octobre 2016.
2 Produit intérieur brut: estimations annuelles 2002-10, estimations régionales 2002-10, troisième trimestre 2011
(PDF) (rapport). Statistics South Africa (29 novembre 2011. p. 31).
3 https://www.nigerianstat.gov.ng
4 Cette notion est employée officiellement seulement dans certains pays et sous des expressions différentes :
Metropolitan area aux États-Unis, Aire urbaine en France, Région métropolitaine au Brésil, etc. D’une manière
générale, ce concept renvoie à celui d’extended metropolis.
5 https://statbel.fgov.be/fr/open-data/agglomerations-200m
6 Les bantoustans étaient les régions créées durant la période d'apartheid en Afrique du Sud et au Sud-ouest
africain, réservées aux populations noires et qui jouissaient à des degrés divers d'une certaine autonomie.

Références
Banque mondiale (2015), « Géographie de la pauvreté au Mali », rapport n° 88880-ML Mali.
Backiny-Yetna, P. et al. (2012), « Poverty in Liberia: Level, Profile, and Determinants », dans Poverty and the Policy
Response to the Economic Crisis in Liberia, World Bank, Washington, DC, pp. 9-34.
Clos, J. (2016), Habitat III, Quito, octobre.
Champaud, J. (1991), « Les villes africaines et l’environnement », Colloque sur l’écologie urbaine, Mions, septembre,
ORSTOM.
Desmarais, G. (2005), « Des prémisses de la théorie de la forme urbaine au parcours morphogénétique de
l’établissement humain », Cahiers de géographie du Québec, vol. 36, n° 98, pp. 251-273.
Geopolis (2018), E-geopolis (base de données), http://e-geopolis.org.
Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (1991), Économie et Statistiques, n°245, juillet-
août.
Laroche H. (1962), « Le Nigéria », Que-sais-je, Presses universitaires de France, Paris.
McGee, T.G. (1991), « The Emergence of Desakota Regions in Asia: Expanding a Hypothesis », The Extended
Metropolis: Settlement Transition Is Asia. University of Hawaii Press, Honolulu, pp. 3-25.
Nations Unies (2018), 2018 Revision of World Urbanization Prospects, Population Division of the UN Department of
Economic and Social Affairs (UN DESA).
OCDE/CSAO (2018), Africapolis (base de données), www.africapolis.org.
ONU HABITAT (2008), « Emerging Urban Corridor: the Ibadan-Lagos-Accra Urban Corridor ». The State of African
Cities, p. 93.
PNUD (2017), Rapport national sur le développement humain 2016: Croissance inclusive, développement durable
et défi de la décentralisation en République démocratique du Congo, Programme des Nations Unies pour le
développement, https://www.undp.org/content/dam/dem_rep_congo/docs/povred/UNDP-CD-RNDH%20
2016-%20final.pdf.
Potts, D. (2017), « Conflict and Collisions in Sub-Saharan African Urban. Definitions: Interpreting Recent
Urbanization Data From Kenya », World Development, vol. 97, Elsevier Ltd, pp. 67-78
Wirth, L. (1938), « Urbanism as a way of life », The American Journal of Sociology, vol. 44, n° 1, juillet, The University
of Chicago Press, pp. 1-24.

132 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Annexe A Le traitement des images satellites

Annexe A

Le traitement
des images satellites
L’objectif de ces chaînes de traitement est adaptés ont été appliqués pour soustraire les
de remplacer la digitalisation manuelle des parties de certaines structures (routes, fleuves
agglomérations urbaines réalisée à partir de ou plages) qui peuvent occasionnellement être
l’application Google Earth. Pour y parvenir, il classifiées comme urbaines et contribuer de
a été décidé d’utiliser ces mêmes images satel- cette manière à surestimer la surface des zones
lites, qui représentent une source incomparable urbaines (« 2e » et « 3e »). Après le remplissage
d’images à très haute résolution sur l’ensemble des trous au sein de l’image binaire résultante,
du continent africain. le produit final est croisé avec une base vecto-
Le processus d’extraction des taches urbaines rielle de points représentant les centroïdes des
est subdivisé en deux chaînes de traitement agglomérations de plus de 10 000 habitants, de
principales : la première chaîne correspond aux sorte à ne garder que les agglomérations ciblées
écosystèmes secs (environ <800 mm de précipi- par Africapolis. Les contours des aggloméra-
tations par an) et la deuxième aux écosystèmes tions sont montrés dans les Images A.1 (« f »)
humides (environ >800 mm de précipitations) et A.2 (« f »). Une vérification visuelle finale est
(Graphique A.1) effectuée afin de corriger d’éventuelles erreurs
de classification.
Initialement, les images (la taille typique des La chaîne d’extraction d’agglomérations
images est de 4 800 x 3 500 pixels) sont conver- urbaines dans les zones humides adopte les
ties en images en teintes de gris (« 2a » et « 3a », démarches déjà énoncées tout en proposant
Graphique A.1). Ces images sont géoréférencées quelques ajouts supplémentaires significatifs. Le
automatiquement à partir des coordonnées contraste spectral accentué entre la zone urbaine
centrales de l’image et des coordonnées du coin et son environnement permet, dans les zones
inférieur droit. Le rehaussement du contraste humides, d’utiliser un « seuillage haut » à partir
entre les zones urbaines et leur environnement de l’image en teintes de gris (« b », Image A.2).
est fait à l’aide d’une méthode proposée par L’intersection entre les deux masques binaires
Mering et al. (2010), qui est basée sur l’utilisa- (« d », Image A.2) permet d’extraire les zones
tion de filtres morphologiques. La combinaison urbaines en appliquant une sélection basée aussi
des filtres « White Top Hat » et « Black Top Hat » bien sur la texture que sur la réponse spectrale
(« 2b ») permet d’extraire la texture « poivre des surfaces (les niveaux de gris). Certaines
et sel » qui résulte de « l’enchevêtrement des zones mal classées du lac de Lagos ont pu ainsi
bâtiments aux teintes claires, de routes et être éliminées (en jaune « d », Image A.2). Pour
d’ombres portées des bâtiments aux teintes terminer, un algorithme spécifique est utilisé,
sombres » (Baro et al., 2014). Par la suite, une permettant de rassembler tous les pixels apparte-
fermeture par reconstruction sert à lisser l’image nant à une agglomération et étant situés à moins
(« 2c »). Enfin, l’application d’un « seuillage haut » de 200 mètres les uns des autres. L’application de
rend possible l’isolation des zones urbaines cet algorithme est particulièrement importante
dans un masque binaire (« 2d » et « 3c »). Dans dans les zones humides où les populations sont
un deuxième temps, des traitements d’images souvent très dispersées (« f », Image A.2).

134 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Le traitement des images satellites Annexe A

Graphique A.1
Chaînes de traitement d’images simplifiées

Zones sèches Zones humides

[ 2a ]
Image en teintes de gris White Top Hat Black Top Hat
[ 3a ]
Image en teintes de gris
[ 2b ] Femerture par reconstruction
White Top Hat Black Top Hat
[ 3b ] [ 3c ]
Seuillage haut Seuillage haut
[ 2c ]
Fermerture par reconstruction
[ 3d ]
Intersection
[ 2d ]
Seuillage haut
[ 3e ]
Soustraction de pixels
mal classés
[ 2e ]
Soustration de pixels
mal classés Rassemblement à
partir de la règle de
200 mètres

Remplissage des trous (par taille)


Remplissage des trous (par taille)

Intersection avec les centroides des


agglomérations extraites par Geopolis [ 3f ]
Intersection avec les centroïdes des
agglomérations extraites par Geopolis

[ 2f ]
Polygones en sortie Polygones en sortie

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 135


Annexe A Le traitement des images satellites

Image A.1
Chaîne de traitement d’image (zone sèche), Zinder (Niger)

a) b)

c) d)

e) f) Échelle : 2 km

Notes : a) Image originale en teintes de gris ; b) Application des filtres morphologiques sur l’image en teintes de gris. Somme de White Top Hat et Black
Top Hat ; c) Fermeture par reconstruction de l’image « 2b » ; d) Image binaire obtenue par « seuillage haut » de l’image « c » ; e) Extraction de pixels
susceptibles d’être mal classés ; f) Contour final de l’agglomération après l’intersection avec la base de points Geopolis.
Source : Google Earth (consulté février 2018)

136 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Le traitement des images satellites Annexe A

Image A.2
Chaîne de traitement d’image (zone humide), Lagos (Nigéria)

a) b)

c) d)

e) f) Échelle : 12 km

Notes : a) Image originale en teintes de gris ; b) Masque binaire obtenu à partir d’un « seuillage haut » de l’image en teintes de gris ; c) Masque binaire
obtenu à partir d’un « seuillage haut » du résultat du traitement avec filtres morphologiques ; d) Intersection de « b » et « c ». En rouge l’intersection, en
jaune le masque présent seulement en « b », en bleu le masque présent seulement en « c » ; e) Extraction de pixels susceptibles d’être mal classés ; f)
Contour final de l’agglomération après l’intersection avec la base de points Geopolis.
Source : Google Earth (consulté février 2018)

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 137


Annexe A Le traitement des images satellites

Image A.3
Agglomérations des zones humides

a) Échelle : 20 km b) Échelle : 20 km

c) Échelle : 10 km d) Échelle : 20 km

e) Échelle : 4 km f) Échelle : 4 km

Notes : a) Accra (Ghana), b) Kumassi (Ghana), c) Abidjan (Côte d’Ivoire), d) Onitsha (Nigéria),z e) Ziguinchor (Sénégal), f) Kenema (Sierra Leone).
Source : Google Earth (consulté février 2018)

138 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Le traitement des images satellites Annexe A

Image A.4
Agglomérations des zones sèches (avec exceptions)

a) Échelle : 10 km b) Échelle : 7 km

c) Échelle : 2 km d) Échelle : 3 km

e) Échelle : 1,5 km f) Échelle : 6 km

Notes : a) N’Djaména (Tchad), b) Banjul (Gambie), c) Tambawel (Nigéria), d) Kaolack (Sénégal), e) cluster de petites agglomérations urbaines (Togo), f)
cluster de petites agglomérations urbaines (Nigéria).
Source : Google Earth (consulté février 2018)

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 139


Annexe B Population urbaine

Annexe B

Population urbaine

(en millions)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Afrique du Sud 4.1 5.7 7.8 10.8 14.4 24.6 33.7 38.2
Algérie 1.5 3.1 4.6 6.9 10.9 16.2 22.4 26.3
Angola 0.2 0.4 0.8 1.5 2.6 4.2 10.3 15.9
Bénin 0.1 0.2 0.4 0.8 1.3 2.1 3.6 5.3
Botswana - - 0.1 0.2 0.5 0.8 1.1 1.2
Burkina Faso 0.1 0.1 0.3 0.7 1.4 2.4 4.1 5.3
Burundi 0.02 0.05 0.1 0.2 0.3 0.5 1.7 2.1
Cabo Verde 0.01 0.03 0.1 0.1 0.1 0.2 0.2 0.3
Cameroun 0.3 0.5 1.1 2.2 4.1 5.9 10.3 12.8
Côte d’Ivoire 0.1 0.4 1.2 2.8 4.7 7.0 9.8 11.5
Djibouti 0.03 0.04 0.1 0.2 0.3 0.4 0.6 0.7
Égypte 8.5 12.2 17.2 24.6 36.0 47.0 68.5 84.4
Érythrée 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.7 0.9 1.2
Éthiopie 0.5 0.8 1.3 2.4 3.9 6.5 11.1 24.3
Gabon 0.01 0.05 0.1 0.2 0.5 0.9 1.2 1.5
Gambie 0.03 0.03 0.1 0.1 0.3 0.6 0.9 1.1
Ghana 0.4 1.1 2.1 2.9 4.3 7.1 11.9 14.2
Guinée 0.1 0.2 0.6 1.0 1.7 2.4 3.3 4.0
Guinée équatoriale 0.05 0.1 0.1 0.1 0.1 0.4 0.5 0.8
Guinée-Bissau 0.05 0.05 0.1 0.1 0.2 0.3 0.5 0.5
Kenya 0.3 0.5 1.0 2.1 3.6 10.6 19.1 28.6
Lesotho - 0.01 0.1 0.1 0.2 0.3 0.5 0.5
Libéria 0.02 0.1 0.2 0.5 0.8 1.0 1.5 1.7
Libye 0.6 0.8 1.1 2.0 3.3 4.2 4.4 4.4
Malawi 0.02 0.1 0.2 0.5 0.9 1.4 3.8 4.8
Mali 0.2 0.2 0.4 1.0 1.5 2.5 4.6 5.7
Maroc 2.2 3.2 4.8 7.3 10.5 14.1 17.2 19.9
Mauritanie - - 0.1 0.3 0.7 0.8 1.3 1.7
Mozambique 0.1 0.3 0.6 1.6 2.4 4.8 7.1 8.9
Namibie 0.02 0.05 0.1 0.2 0.3 0.5 0.8 0.9
Niger 0.02 0.1 0.2 0.5 1.1 1.7 2.5 3.3
Nigéria 3.6 8.4 12.4 20.2 32.7 48.6 76.9 99.0
Ouganda 0.04 0.2 0.5 0.7 1.9 3.4 5.7 14.0
République du Congo 0.1 0.2 0.4 0.8 1.3 1.9 2.8 3.1
République centrafricaine 0.04 0.1 0.4 0.7 0.9 1.3 1.6 1.8
République démocratique du Congo 0.6 1.7 4.7 6.9 10.6 13.9 21.7 32.0
Royaume d’Eswatini - - 0.04 0.1 0.1 0.3 0.3 0.3

140 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Population urbaine Annexe B

(en millions)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Rwanda 0.02 - 0.1 0.2 0.4 2.0 5.3 6.3


Sao Tomé-et-Principe 0.01 0.01 0.03 0.05 0.1 0.1 0.1 0.2
Sénégal 0.4 0.6 1.1 2.0 3.1 4.0 5.9 7.2
Sierra Leone 0.1 0.2 0.3 0.6 0.9 1.3 1.9 2.6
Somalie 0.2 0.3 0.5 0.8 1.3 2.1 3.4 4.6
Soudan 0.5 0.9 1.7 3.0 5.4 8.9 13.2 16.3
Soudan du Sud 0.02 0.04 0.2 0.3 0.5 0.8 2.4 3.4
Tanzanie 0.2 0.4 0.9 2.1 3.8 10.0 15.4 18.6
Tchad 0.1 0.1 0.3 0.6 1.0 1.6 2.9 3.9
Togo 0.1 0.2 0.4 0.7 0.9 1.3 2.6 3.4
Tunisie 0.8 1.0 1.5 2.3 3.6 4.8 6.0 7.0
Zambie 0.3 0.6 1.1 2.1 2.5 3.4 5.2 6.9
Zimbabwe 0.4 0.9 0.9 1.5 2.5 3.4 4.2 4.8
Afrique 27.2 46.3 74.5 119.9 186.5 285.3 436.8 567.1
Afrique australe 5.2 7.9 11.7 18.5 26.3 43.7 66.8 82.4
Afrique centrale 1.1 2.7 6.8 11.1 17.8 24.8 40.0 54.1
Afrique de l’Ouest 5.3 12.1 20.3 34.9 56.5 85.0 134.3 170.6
Afrique du Nord 13.6 20.3 29.1 43.1 64.2 86.3 118.6 142.0
Afrique de l'Est 1.9 3.3 6.5 12.2 21.6 45.4 77.1 117.9

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 141


Annexe C Population urbaine - taux de croissance

Annexe C

Population urbaine -
taux de croissance

(croissance annuelle composée en %)

Pays 1950-60 1960-70 1970-80 1980-90 1990-2000 2000-10 2010-15

Afrique du Sud 3.3 3.3 3.3 2.9 5.5 3.2 2.6


Algérie 7.3 4.0 4.2 4.7 4.0 3.3 3.2
Angola 5.7 7.3 7.1 5.3 4.9 9.4 9.1
Bénin 11.2 4.9 8.5 4.8 4.8 5.3 8.1
Botswana 0.0 0.0 12.0 7.7 4.4 2.9 2.8
Burkina Faso 5.3 8.3 8.4 7.0 5.7 5.4 5.0
Burundi 10.0 6.9 6.5 4.7 5.1 13.8 4.0
Cabo Verde 12.1 4.8 4.5 3.4 4.6 3.1 2.8
Cameroun 4.6 8.7 7.0 6.1 3.9 5.6 4.4
Côte d’Ivoire 13.9 12.1 8.4 5.5 4.1 3.4 3.3
Djibouti 1.6 9.0 7.6 4.0 3.6 4.3 3.0
Égypte 3.7 3.5 3.7 3.9 2.7 3.8 4.3
Érythrée 2.5 6.2 1.9 2.6 4.2 2.3 4.7
Éthiopie 4.5 5.6 5.9 5.0 5.3 5.4 17.1
Gabon 16.0 8.3 8.6 8.1 5.4 3.7 3.9
Gambie -0.2 9.7 8.3 7.7 6.7 4.6 4.7
Ghana 10.7 6.3 3.4 3.9 5.2 5.3 3.7
Guinée 9.8 9.7 5.5 5.5 4.0 3.1 4.0
Guinée équatoriale 1.7 1.0 1.3 2.3 15.2 3.4 7.5
Guinée-Bissau 0.8 9.1 0.9 5.0 4.6 3.6 2.2
Kenya 7.4 6.0 8.0 5.6 11.4 6.1 8.3
Lesotho 0.0 16.1 5.6 6.4 6.7 4.1 2.5
Libéria 11.0 12.5 8.8 4.6 3.1 3.5 3.2
Libye 2.9 3.3 5.6 5.2 2.7 0.4 0.0
Malawi 15.2 7.6 8.1 6.9 4.9 10.2 5.1
Mali 3.5 7.5 8.2 4.2 5.5 6.3 4.4
Maroc 3.7 4.2 4.2 3.7 3.0 2.0 2.9
Mauritanie 0.0 0.0 14.2 8.8 1.6 4.8 5.2
Mozambique 6.8 8.4 10.6 4.0 7.1 4.0 4.7
Namibie 9.1 8.2 4.8 6.5 4.9 4.2 2.9
Niger 13.7 9.8 9.2 7.7 4.6 3.9 5.5
Nigéria 8.8 4.0 5.0 4.9 4.0 4.7 5.2
Ouganda 17.0 9.8 3.2 10.1 6.1 5.4 19.8
République du Congo 5.4 8.0 8.0 5.1 3.7 3.9 2.2

142 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Population urbaine - taux de croissance Annexe C

(croissance annuelle composée en %)

Pays 1950-60 1960-70 1970-80 1980-90 1990-2000 2000-10 2010-15

République centrafricaine 14.1 10.4 5.7 3.3 3.2 2.7 2.2


République démocratique du Congo 11.7 10.5 4.0 4.4 2.8 4.6 8.0
Royaume d’Eswatini 0.0 0.0 5.4 5.1 9.2 1.4 0.9
Rwanda 0.0 0.0 12.3 4.9 18.5 10.3 3.8
Sao Tomé-et-Principe 1.1 10.5 4.6 3.3 2.0 5.0 3.9
Sénégal 3.1 5.8 6.5 4.5 2.8 3.8 4.0
Sierra Leone 5.7 7.8 6.4 4.0 3.4 3.9 6.5
Somalie 5.7 5.7 6.0 4.6 4.7 5.2 5.8
Soudan 5.0 6.9 5.8 6.1 5.0 4.1 4.3
Soudan du Sud 9.5 13.5 7.1 4.8 5.3 10.9 7.4
Tanzanie 8.0 7.7 9.1 6.1 10.1 4.4 3.8
Tchad 9.2 8.7 6.3 5.2 4.8 6.5 5.9
Togo 11.9 9.3 5.3 2.7 3.8 7.5 5.5
Tunisie 2.7 3.6 4.8 4.4 3.0 2.2 3.1
Zambie 7.1 6.3 6.2 1.9 3.4 4.3 5.6
Zimbabwe 8.0 0.0 5.5 5.5 2.9 2.1 2.8
Afrique 5.5 4.9 4.9 4.5 4.3 4.4 5.4
Afrique australe 4.3 3.9 4.7 3.6 5.2 4.3 4.3
Afrique centrale 9.2 9.8 5.0 4.8 3.3 4.9 6.2
Afrique de l’Ouest 8.5 5.3 5.6 5.0 4.2 4.7 4.9
Afrique du Nord 4.1 3.7 4.0 4.1 3.0 3.2 3.7
Afrique de l'Est 5.8 6.9 6.5 5.8 7.7 5.4 8.9

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 143


Annexe D Niveau d'urbanisation

Annexe D

Niveau d'urbanisation

(en %)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Afrique du Sud 33 36 42 45 40 56 66 70
Algérie 17 30 34 39 44 53 62 66
Angola 5 8 14 21 26 30 50 63
Bénin 5 10 14 24 28 33 40 49
Botswana 0 0 13 28 41 49 53 56
Burkina Faso 3 3 6 11 16 21 25 29
Burundi 1 2 3 4 6 7 20 21
Cabo Verde 7 16 19 26 31 39 47 50
Cameroun 9 11 19 27 35 39 52 55
Côte d’Ivoire 4 12 23 34 41 46 48 49
Djibouti 64 48 61 75 80 82 71 72
Égypte 41 47 53 61 69 74 86 93
Érythrée 12 12 18 16 15 26 23 24
Éthiopie 3 4 5 7 8 11 14 27
Gabon 3 10 20 30 55 65 73 81
Gambie 9 8 15 23 33 45 52 56
Ghana 8 17 25 26 30 39 49 52
Guinée 4 8 14 18 25 32 34 37
Guinée équatoriale 25 24 25 25 26 43 47 62
Guinée-Bissau 9 9 24 16 22 28 31 34
Kenya 5 7 9 13 16 36 49 65
Lesotho 0 2 5 6 10 17 25 26
Libéria 3 7 16 28 32 35 40 42
Libye 65 60 56 64 76 80 81 81
Malawi 1 3 5 7 10 14 27 30
Mali 4 5 9 15 18 23 30 32
Maroc 25 27 32 38 45 51 55 60
Mauritanie 0 0 7 21 36 33 41 42
Mozambique 2 4 7 14 18 29 33 34
Namibie 5 9 14 17 23 29 37 40
Niger 1 3 5 9 14 16 16 17
Nigéria 11 21 25 31 38 42 48 53
Ouganda 1 3 5 6 11 15 18 39
République du Congo 15 20 33 50 60 65 66 66
République centrafricaine 3 12 22 29 33 35 36 37
République démocratique du Congo 5 12 22 25 29 29 35 45

Royaume d’Eswatini 0 0 9 11 13 26 28 28

144 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Niveau d'urbanisation Annexe D

(en %)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Rwanda 1 0 2 4 5 26 59 56
Sao Tomé-et-Principe 17 7 42 52 58 60 74 80
Sénégal 21 24 28 35 42 42 47 51
Sierra Leone 5 7 14 20 24 28 32 37
Somalie 8 12 14 17 17 23 32 36
Soudan 8 11 15 21 30 36 40 43
Soudan du Sud 1 2 6 7 8 12 25 27
Tanzanie 2 4 7 11 16 31 36 38
Tchad 3 5 9 13 17 19 26 29
Togo 5 11 20 25 25 28 43 50
Tunisie 23 25 29 37 45 51 57 63
Zambie 13 19 27 36 33 34 40 44
Zimbabwe 18 26 17 21 26 30 33 34
Afrique 13 18 22 27 32 38 44 50
Afrique australe 17 21 24 28 29 39 48 52
Afrique centrale 6 11 19 23 29 30 38 46
Afrique de l’Ouest 9 15 20 26 32 37 42 46
Afrique du Nord 32 38 42 49 57 63 72 79
Afrique de l'Est 4 6 8 11 14 23 30 39

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 145


Annexe E Population métropolitaine

Annexe E

Population métropolitaine

(part de la population métropolitaine dans la population urbaine totale, en %)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Afrique du Sud 47 52 50 48 43 36 40 39
Algérie 28 24 25 22 17 13 14 15
Angola 64 59 61 50 47 46 50 44
Bénin 63 62 68 60 58 55 44 40
Botswana 0 0 18 21 26 26 28 30
Burkina Faso 88 79 74 64 60 56 57 56
Burundi 100 100 100 94 79 77 52 51
Cabo Verde 100 100 100 100 100 94 87 85
Cameroun 48 40 42 43 44 49 44 51
Côte d’Ivoire 60 57 47 45 45 43 42 41
Djibouti 100 100 100 100 100 100 82 81
Égypte 30 32 33 31 28 25 24 27
Érythrée 73 71 69 75 73 54 47 39
Éthiopie 72 70 59 54 46 37 27 15
Gabon 100 60 70 64 69 61 58 59
Gambie 0 0 44 59 69 69 71 70
Ghana 60 46 46 45 43 47 52 51
Guinée 41 55 63 61 54 51 53 54
Guinée équatoriale 100 100 100 100 100 93 81 75
Guinée-Bissau 100 100 100 89 87 91 82 78
Kenya 88 84 81 58 51 35 28 25
Lesotho 0 100 74 80 70 71 56 58
Libéria 100 100 71 61 69 73 67 69
Libye 27 35 39 37 36 38 44 44
Malawi 100 87 85 83 74 69 44 45
Mali 54 59 45 51 51 50 48 49
Maroc 39 40 40 37 33 29 29 30
Mauritanie 0 0 50 60 59 67 64 62
Mozambique 69 70 75 44 44 31 27 29
Namibie 100 75 58 54 44 43 41 40
Niger 0 40 47 50 39 39 36 33
Nigéria 8 10 12 14 15 16 16 14
Ouganda 75 66 65 65 46 43 42 27
République du Congo 100 93 89 84 81 81 79 78
République centrafricaine 100 60 53 51 49 50 51 52
République démocratique du Congo 45 37 33 37 41 39 33 29
Royaume d’Eswatini 0 0 100 100 100 79 81 82

146 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Population métropolitaine Annexe E

(part de la population métropolitaine dans la population urbaine totale, en %)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Rwanda 53 0 82 62 66 39 35 35
Sao Tomé-et-Principe 0 0 63 73 76 77 68 84
Sénégal 52 53 53 49 52 49 45 43
Sierra Leone 81 71 60 58 58 57 56 56
Somalie 51 52 61 65 63 61 57 53
Soudan 43 39 39 40 40 39 35 32
Soudan du Sud 100 38 25 23 22 20 13 11
Tanzanie 40 38 40 37 32 22 26 29
Tchad 42 48 47 49 47 44 33 31
Togo 81 77 48 56 55 53 54 51
Tunisie 53 47 42 34 33 33 31 35
Zambie 13 19 23 26 31 34 37 35
Zimbabwe 75 75 72 65 61 61 53 61
Afrique 42 41 40 40 38 36 33 30
Afrique australe 61 61 58 52 49 43 41 41
Afrique centrale 57 45 41 45 47 48 42 40
Afrique de l’Ouest 26 26 30 32 32 32 31 28
Afrique du Nord 38 38 39 36 32 30 28 26
Afrique de l'Est 62 59 56 52 47 40 34 27

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 147


Annexe F Nombre d'agglomérations urbaines

Annexe F

Nombre d'agglomérations
urbaines

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Afrique du Sud 48 66 85 126 162 452 456 502


Algérie 34 72 105 147 238 385 460 475
Angola 5 7 11 18 26 40 75 96
Bénin 4 7 9 20 27 42 80 122
Botswana 0 0 6 11 17 21 23 25
Burkina Faso 3 4 6 16 30 53 77 101
Burundi 1 1 1 2 4 6 26 33
Cabo Verde 1 2 2 2 2 3 4 4
Cameroun 12 19 32 48 70 76 137 147
Côte d’Ivoire 3 9 29 54 76 119 180 220
Djibouti 1 1 1 1 1 1 6 7
Égypte 210 284 385 595 894 1 194 1 293 1 061

Érythrée 4 5 6 6 7 17 19 26
Éthiopie 6 11 24 45 78 147 288 510
Gabon 1 2 2 5 7 12 13 14
Gambie 1 1 2 3 4 9 11 11
Ghana 10 35 50 63 86 138 181 209
Guinée 5 7 11 17 22 32 37 42
Guinée équatoriale 2 2 2 2 2 3 8 13
Guinée-Bissau 1 1 1 2 3 3 4 6
Kenya 4 6 11 26 48 145 235 126
Lesotho 0 1 2 2 4 6 10 10
Libéria 1 1 5 13 14 14 21 21
Libye 23 25 25 31 42 52 46 46
Malawi 1 3 4 6 13 19 65 77
Mali 5 5 14 18 24 42 79 94
Maroc 33 49 60 80 104 153 153 167
Mauritanie 0 0 4 7 15 12 20 23
Mozambique 2 3 6 15 15 65 138 167
Namibie 1 2 4 7 12 16 18 17
Niger 2 4 6 10 24 37 48 68
Nigéria 99 210 310 478 583 784 1 013 1 236
Ouganda 2 5 10 12 37 69 101 125
République du Congo 2 3 4 9 15 16 24 27

148 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Nombre d'agglomérations urbaines Annexe F

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

République centrafricaine 1 5 11 16 22 28 31 31
République démocra- 14 36 91 109 130 145 351 553
tique du Congo
Royaume d’Eswatini 0 0 2 2 2 5 5 5
Rwanda 2 0 2 6 8 52 40 41
Sao Tomé-et-Principe 1 1 2 2 2 2 4 3
Sénégal 8 9 13 27 36 45 59 74
Sierra Leone 2 4 6 9 12 16 20 25
Somalie 4 11 13 16 22 28 42 49
Soudan 13 21 35 50 77 142 221 301
Soudan du Sud 1 3 7 11 14 18 68 90
Tanzanie 7 13 19 43 77 233 264 249
Tchad 3 4 9 14 25 36 70 93
Togo 2 4 15 17 19 25 45 53
Tunisie 17 24 31 50 68 73 82 89
Zambie 8 9 14 23 25 41 58 80
Zimbabwe 8 13 14 18 26 30 50 53
Afrique 618 1 010 1 519 2 310 3 271 5 102 6 759 7 617
Afrique australe 73 104 148 228 302 695 898 1 032
Afrique centrale 34 69 145 193 252 288 594 821
Afrique de l’Ouest 150 307 492 770 1 002 1 410 1 949 2 402
Afrique du Nord 317 454 606 903 1 346 1 857 2 034 1 838
Afrique de l'Est 44 76 128 216 369 852 1 284 1 524

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 149


Annexe G Distance moyenne entre agglomérations

Annexe G

Distance moyenne
entre agglomérations

(en km)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

Afrique du Sud 61 61 48 30 29 16 18 17
Algérie 62 40 38 32 28 20 19 19
Angola 189 179 199 127 93 73 57 54
Bénin 45 62 43 40 34 25 17 14
Botswana 0 0 79 92 59 53 59 55
Burkina Faso 141 143 135 58 52 38 34 28
Burundi 0 0 0 64 44 48 17 15
Cabo Verde 0 270 270 270 270 216 118 118
Cameroun 76 54 51 50 44 42 28 27
Côte d’Ivoire 211 98 57 43 40 30 23 20
Djibouti 0 0 0 0 0 0 35 31
Égypte 8 7 8 6 5 5 5 5
Érythrée 50 144 126 126 119 56 52 43
Éthiopie 174 123 72 56 47 37 24 19
Gabon 0 150 150 127 138 88 79 95
Gambie 0 0 11 14 38 28 11 11
Ghana 72 41 28 29 25 19 19 17
Guinée 113 97 85 72 68 53 50 45
Guinée équatoriale 240 240 240 240 240 193 53 34
Guinée-Bissau 0 0 0 110 69 69 50 40
Kenya 217 136 65 75 58 28 15 28
Lesotho 0 0 64 64 24 40 22 23
Libéria 0 0 33 68 59 56 32 35
Libye 47 45 66 82 57 56 62 63
Malawi 0 114 156 119 82 60 23 22
Mali 267 267 135 108 93 65 39 39
Maroc 51 42 43 45 37 28 29 29
Mauritanie 0 0 356 237 155 183 122 107
Mozambique 719 804 257 134 122 55 26 29
Namibie 0 266 342 162 162 133 126 134
Niger 418 259 227 132 78 57 44 38
Nigéria 39 29 24 20 19 16 14 14
Ouganda 70 115 84 79 36 28 22 21
République du Congo 376 168 116 100 86 83 67 65

150 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Distance moyenne entre agglomérations Annexe G

(en km)

Pays 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

République centrafricaine 0 228 105 90 79 81 82 82


République démocra- 211 146 81 72 67 66 34 29
tique du Congo
Royaume d’Eswatini 0 0 31 31 31 16 16 18
Rwanda 81 0 73 43 37 10 12 13
Sao Tomé-et-Principe 0 0 7 7 7 7 10 12
Sénégal 61 59 65 45 42 35 30 25
Sierra Leone 175 93 48 39 43 40 34 31
Somalie 249 77 107 118 104 86 70 65
Soudan 211 115 73 61 49 34 29 25
Soudan du Sud 0 471 167 131 121 121 40 32
Tanzanie 217 150 145 80 56 23 22 24
Tchad 312 380 160 95 82 81 46 46
Togo 41 107 42 35 35 29 21 18
Tunisie 44 35 31 25 22 22 21 20
Zambie 95 84 109 93 99 74 70 56
Zimbabwe 125 85 83 62 59 59 39 34
Afrique 58 48 43 35 29 23 21 20
Afrique australe 95 98 86 62 56 33 30 30
Afrique centrale 163 140 83 73 67 66 38 34
Afrique de l’Ouest 69 52 43 35 33 27 22 21
Afrique du Nord 23 20 23 19 16 13 13 14
Afrique de l'Est 174 133 95 76 57 33 25 24

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 151


Annexe H Statistiques

Annexe H

Statistiques

152 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 152


Statistiques Annexe H

Soshanguve

Johannesbourg

Durban

Cape Town Port Elizabeth

Afrique du Sud

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
54 647 000 38 201 000 70 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
502 39 % 17 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 098 hab./km2 12 330 km2 1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Cape Town [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
3 662
63% 34% 47% 45% 26% 19% 31% 39%
[1 930] [1 600] [3 190] [4 320] [3 340] [4 110] [10 420] [15 060]

22%
[4 750]
23%
[2 990] 12% 3%
29% 6%
[1 280] [4 020] [1 290]
[1 370] 8% 10%
Durban 5%
15% [630] [2 820] [3 720]
3 089 18% 12%
[1 470] [2 580]
[1 240] 15% 16%
18% [5 200]
13% [2 280] [6 030]
10% 11% 22%
[530] 8% [1 250] [4 840]
[290]
[550] 18% 17%
14% 19% [6 080] [6 570]
16% 14% 16%
[420] [750] [1 510] [2 470]
Johannesbourg [940] 19%
Soshanguve 15%
8 314 13% 12% [4 160] 14%
1 293 11% 11% 9% [5 110] [5 520]
[400] [840] [1 070] [1 230]
[520]
Port Elizabeth 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
788

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 153


Annexe H Statistiques

Alger
Annaba
Blida
Oran Constantine

Algérie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
39 963 000 26 303 000 66 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
475 15 % 19 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 744 hab./km2 7 025 km2 0.3 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Alger [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
3 886
29% 36% 26% 23% 18% 15% 15% 15%
[430] [1 090] [1 150] [1 520] [1 810] [2 180] [3 060] [3 890]
4%
8% 14% [1 040]
13% 11% [1 240] [2 820]
8% [890] [1 070] 11%
[380] [2 920]
17% 20% 27%
10% 15% [5 520]
[250] 11% [2 050] 28%
[310] [650] [750] [4 200]
32% 27%
27% 31% 31% [7 170]
29% 24%
[490] [800]
[1 280] [2 050] [3 180] 24%
[3 580] 23%
704 [4 980]
Constantine

Oran [6 130]
1 043
27%
22% 25%
[820] 22% 21% 20% 21%
[3 640] 20%
[340] [970] [1 430] [2 090] [4 420] [5 150]
Blida Annaba
1950 1950 1950 437 396 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

154 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Cabinda

Luanda

Benguela
Huambo

Lubango

gérie Angola

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
24 993 000 15 863 000 63 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
96 44 % 54 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
6 771 hab./km2 2 343 km2 0.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Luanda [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
6 979
64% 59% 61% 50% 47% 46% 50% 44%
[140] [220] [480] [770] [1 220] [1 920] [5 140] [6 980]

30% 26%
29%
24% [1 240] 16% [4 070]
[740]
[370] [1 600]
23%
29%
36% [90] 16% 15%
[230]
[80] [1 660] [2 440]
16% 15% 16%
Lubango Huambo Benguela Cabinda [240] 11%
18% [390] [690] 10%
616 600 569 569 10% [1 180] [1 590]
[70] 10% 9% 8%
[80] [160] 7% 5%
[240] [340] [700] [780]
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 155


Annexe H Statistiques

Djougou
Parakou

Abomey

Cotonou Porto Novo

ngola Bénin

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
10 749 000 5 272 000 49 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
122 41 % 14 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
4 325 hab./km2 1 219 km2 1.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Porto Novo [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
572
100% 62% 45% 43% 41% 56% 31% 29%
[80] [140] [160] [340] [530] [1 160] [1 090] [1 530]

11%
14%
[570]
[470] 10%
19% 12% [520]
20%
26% [400] 22%
Parakou [160] [240]
[90] 6% 18% [1 160]
260 [130]
14% [610]
38% 11% 10%
Cotonou [90] [180] [200]
[90]
1 527 29% 28% 28%
26% 26% 26%
Abomey [100] [1 490]
[210] [330] [570] [900]
257

Djougou 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015


83

156 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Maun

Francistown

Molepolole Mochudi
Gaborone

Bénin Botswana

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
2 195 000 1 224 000 56 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
25 30 % 55 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
1 607 hab./km2 762 km2 0.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Francistown [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
107
100% 21% 26% 26% 29% 30%
[80] [50] [130] [210] [300] [370]

79%
26% 48% 9%
[190] 50%
Molepolole [130] [380] [110]
[530]
71 41%
[510]
48%
[250]
Maun
Gaborone
67
365
26%
[210] 21% 20%
Mochudi [220] [250]
58
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 157


Annexe H Statistiques

Ouahigouya

Ouagadougou
Koudougou

Bobo−Dioulasso

Banfora

wana Burkina Faso

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
18 450 000 5 272 000 29 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
101 56 % 28 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
4 470 hab./km2 1 179 km2 0.4 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Ouagadougou [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 299
88% 79% 46% 64% 42% 56% 44% 44%
[70] [110] [150] [460] [580] [1 360] [1 810] [2 300]

13% 13%
19%
39% [560] [670]
[260]
[120] 2%
17% 17% [110]
10% [410] 17%
10% [700]
[140] [910]
Bobo−Dioulasso Koudougou [70] 30%
25% 27% 26%
111 [410] 24%
668 21% [660] [1 070]
Ouahigouya [180] [1 280]
12% [30] 15%
94 [10]
[50]
Banfora
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
99

158 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Ngozi

Ruyange
Muramwiya

Bujumbura Gitega

Faso Burundi

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
9 824 000 2 054 000 21 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
33 51 % 15 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 879 hab./km2 529 km2 2.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bujumbura [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 044
100% 100% 100% 94% 84% 77% 52% 51%
[20] [50] [100] [170] [240] [360] [880] [1 040]

32% 34%
[550] [700]

7%
Muramwiya Gitega Ngozi
[30]
95 88 67
6% 16% 16% 15% 15%
[10] [50] [70] [260] [310]
Ruyange
57 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 159


Annexe H Statistiques

Mindelo
Espargos

Assomada

Praia

abwe Cabo Verde

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
525 000 264 000 50 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
4 85 % 118 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 391 hab./km2 49 km2 1.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Praia Mindelo
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
149 75
100% 100% 100% 100% 100% 94% 57% 56%
[10] [30] [50] [80] [110] [160] [130] [150]

30% 28%
[70] [70]
Espargos Assomada
22 18 15%
13%
[40]
6% [30]
[10]

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

160 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Garoua

Bamenda
Bafoussam

Douala Yaoundé

rundi Cameroun

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
22 180 000 12 754 000 55 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
147 51 % 27 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 134 hab./km2 4 070 km2 0.9 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Douala [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 568
36% 26% 43% 44% 45% 50% 54% 31%
[110] [130] [480] [970] [1 800] [2 900] [5 590] [3 900]

14%
[70] 29%
12%
[40] [3 710]
59%
22% 29% 3%
[290] 14%
52% [250] [300]
[640] [550] 18% 5%
Yaoundé [170] 11%
[1 030] [630]
Bamenda 23% [1 180] 9%
3 902 Bafoussam 312
35% [910] [1 090]
19% 15%
1 146 [390] 27% [1 100] [1 570] 14%
[590] [1 730]
18% 16%
[710] 14% 13%
[800] [1 630]
[1 700]
Garoua
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
317

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 161


Annexe H Statistiques

Korhogo

Bouake

Daloa Yamoussoukro

Abidjan

Côte d’Ivoire

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
23 300 000 11 490 000 49 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
220 46 % 20 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
7 776 hab./km2 1 478 km2 0.5 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Abidjan
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
4 717
60% 57% 48% 46% 46% 44% 42% 41%
[60] [220] [580] [1 250] [2 110] [3 040] [4 110] [4 720]

5% 5%
8% 7% [550]
10% 8% [470] [520]
[360]
[120] [220] 12% 13%
12%
8% [870] [1 180] [1 540]
13% 21% [370]
15% 17%
40% [550] 21% 18%
[60] [150] 17%
[40] [960] [1 800] [1 900]
29% [1 190]
28%
25% 24%
[110] [350] 22%
[670] 20%
Bouake Daloa Korhogo
18% [2 170] [2 780]
[1 420]
552 261 250 [820]

Yamoussoukro
220
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

162 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Tadjourah

Arta Djibouti

Ali Sabieh
Dikhil

lique Djibouti
ongo
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
956 000 689 000 72 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
7 81 % 31 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
9 608 hab./km2 72 km2 0.3 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Djibouti Ali Sabieh
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
555 44
100% 100% 100% 100% 100% 100% 82% 81%
[30] [40] [90] [180] [270] [390] [490] [560]

Dikhil
29

7% 6%
[40] [40]
Tadjourah 13%
11%
17 [90]
[70]
Arta
15 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 163


Annexe H Statistiques

Alexandria al−Mansura

Cairo

Asyut
Suhag

bouti Égypte

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
90 627 000 84 376 000 93 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
1 061 27 % 5 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
12 282 hab./km2 6 870 km2 0.7 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Cairo [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
22 996
53% 39% 41% 39% 36% 43% 38% 40%
[3 590] [3 880] [5 710] [7 660] [9 930] [15 150] [20 640] [33 330]

10%
15% 12% 13% 6%
14% [2 910] 9%
[1 500] [2 400] [6 940] [5 450]
[1 910] [3 030]
5% 8% 9%
8% [2 300]
[980] 8% 10% [7 860]
[560] 13% 14% 8% [2 820] [5 380]
[1 270] [2 010] 10% [2 280] 13%
16% [2 040] 15% 18% [11 280]
13% [5 310] [9 530]
Alexandria Suhag [1 070] 12% 11% [3 660]
10% [2 180] 17%
6 585 3 750 [1 170] [1 470] [14 680]
23% 24% 26%
21% 21% 22% 21%
[1 590] [6 700] [9 030] 14%
[2 050] [2 920] [4 270] [11 590]
al−Mansura [11 780]
2 019
Asyut
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
1 346

164 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Keren
Tessenei Asmara
Barentu Dekemehari

Érythrée

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
4 847 000 1 185 000 24 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
26 40 % 43 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
8 482 hab./km2 140 km2 0.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Asmara Tessenei [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
465 98
73% 71% 69% 75% 73% 54% 47% 39%
[100] [120] [220] [290] [360] [410] [440] [470]

Keren
72
36%
30% [420]

17% [280]
Barentu [130]
63 31% 15%
27% 29% 28%
[100] 25% [80] 25%
[40] [50] [210] 23%
[100] [300]
12% [220]
Dekemehari
[60]
57
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 165


Annexe H Statistiques

Harare Urban
Addis Ababa City
Adama Town

Sodo Town
Hawassa City

thrée Éthiopie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
90 078 000 24 292 000 27 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
510 34 % 19 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 264 hab./km2 7 442 km2 0.7 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Sodo Town
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 262
72% 70% 60% 55% 48% 39% 29% 15%
[360] [540] [800] [1 290] [1 800] [2 410] [2 990] [3 710]
18%
[4 440]
6%
20% [1 460]
[2 030] 13%
6% 17% [3 120]
Hawassa City
[240] [1 080]
2 183 21%
22% 22%
24% 17% [2 170]
23% [840] [5 300]
[560] [1 050]
[300]
17% 31%
18% 27% 26%
[130] 24% [3 180]
[90] 21% [1 690] [6 250]
14% 17% [890]
10% [110] [500]
Addis Ababa City [230]
Harare Urban [50]
3 711 465
Adama Town 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
340

166 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Oyem

Libreville

Port−Gentil

Moanda Franceville

iopie Gabon

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
1 866 000 1 506 000 81 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
14 59 % 95 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
4 212 hab./km2 358 km2 0.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Libreville Port−Gentil [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
886 144
100% 100% 100% 64% 69% 62% 59% 59%
[10] [50] [100] [150] [350] [530] [730] [890]

Franceville
112

19% 17%
27%
20% [230] [260]
Oyem 14% [230]
[50] 19%
[70] 14%
68 [280]
17% [170]
16% 11%
8% 6%
Moanda [40] [90] [100] [90]
[100]
63
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 167


Annexe H Statistiques

Banjul

Serrekunda Basse Santo−Su


Tanjeh
Brikama

Gambie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
2 024 000 1 126 000 56 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
11 70 % 11 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 962 hab./km2 284 km2 2.8 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Brikama [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
Serrekunda
113
789 100% 100% 56% 89% 69% 69% 71% 70%
[30] [30] [40] [130] [210] [400] [630] [790]

Tanjeh
44%
40 [30] 14% 10%
26% 17% [120] [110]
Banjul [80] [100] 9%
14% 15% [110]
33 11% [80] [140]
[20] 6% 10%
Basse [20] [120]
Santo−Su
33 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

168 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Tamale

Kumasi

Accra

Cape Coast
Takoradi

Ghana

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
27 403 000 14 236 000 52 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
209 51 % 17 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 901 hab./km2 3 650 km2 1.6 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Kumasi Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 802
42% 33% 54% 52% 32% 53% 33% 31%
[160] [340] [970] [1 300] [1 190] [3 380] [3 880] [4 450]

20%
18% 19% 20% [2 800]
[180] [680] [2 380]
25% 7%
5%
[90] 9% 8% [990]
15% [550]
18% [220] [290] 10%
Accra [160] 16% 9% 11%
[330] [610]
4 452 11% [1 010] [1 550]
34% 34% [270] [600] 17%
[1 080] 16%
[130] [340] 28% 29% [1 920] 14%
Takoradi 25% [2 030]
Cape Coast

[500] [720]
680 [920] 20%
17% 17%
[1 260]
[2 050] [2 410]

Tamale
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
313 217

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 169


Annexe H Statistiques

Kankan
Kindia
Conakry
Kissidougou

Nzérékoré

Guinée

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
10 924 000 4 045 000 37 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
42 54 % 45 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 020 hab./km2 806 km2 0.3 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Conakry [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 187
41% 55% 63% 62% 55% 52% 53% 54%
[40] [120] [360] [590] [900] [1 240] [1 760] [2 190]

59%
[50]
14% 14%
45% 35% 16%
[340] [460]
[100] 15% 14% [580] [640]
23% 22%
Kankan Nzérékoré [90] [140] 19%
[560] [710]
203 202
Kissidougou

22% 24% [760]


[130] [220]
10% 11% 11% 11%
[160] [270] [380] [450]
Kindia
135 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
105

170 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Malabo

Ebebiyin/Kye Ossi

Bata
Evinayong
Aconibe

gypte Guinée équatoriale

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
1 222 000 762 000 62 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
13 75 % 34 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 256 hab./km2 234 km2 0.8 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bata [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
311
100% 64% 58% 100% 100% 93% 81% 41%
[50] [40] [40] [70] [90] [350] [430] [310]

34%
[260]

Malabo Ebebiyin/Kye Ossi [GNQ]


42%
40
257 36% [30] 5%
[20] 6% [40]
[30] 20%
Aconibe Evinayong [150]
24 23 7% 13%
[30] [70]

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 171


Annexe H Statistiques

Gabu
Bafata
Canchungo

Bissau
Ondame

uinée Guinée-Bissau

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
1 531 000 525 000 34 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
6 78 % 40 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
4 968 hab./km2 106 km2 0.4 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bissau Gabu [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
411 44
100% 100% 100% 89% 87% 91% 82% 78%
[50] [50] [120] [120] [180] [300] [390] [410]

Bafata
31

Canchungo
17
14%
9% [70]
13% [40]
Ondame 11% [30] 9% 9%
[10] [30] 8%
14 [40] [40]
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

172 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Kisumu

Kisii Embu
Nairobi

Mombasa

ssau Kenya

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
44 157 000 28 559 000 65 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
126 25 % 28 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
1 235 hab./km2 23 131 km2 4.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kisumu [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
5 040
52% 84% 55% 63% 43% 40% 49% 50%
[140] [460] [530] [1 210] [1 380] [3 020] [8 050] [14 320]

Kisii Embu 19% 20%


15% 12%
3 407 2 047 [1 470] [3 380] [3 300]
[480]
36% 8% 14%
[90] 26% 13%
[250] [160] 19% [3 960]
[1 010] 5%
[610] [780]
Nairobi 12%
23% 9% [3 520]
5 877 9% 19% [1 450]
6% [450] 13%
[90] [1 400] 11%
[30] [430] 9%
12% [1 900] [2 490]
[30] 9% 9% 10% 9% 3%
[50] [90] 6% [320] [650] 6%
[120] [970] [950]
Mombasa
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
1 258

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 173


Annexe H Statistiques

Butha Buthe
Hlotse
Maputsoe

Maseru

Mafeteng

Lesotho

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
1 999 000 525 000 26 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
10 58 % 23 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
1 644 hab./km2 319 km2 1.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Maseru Maputsoe [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
307 35
100% 74% 80% 70% 71% 58% 58%
[10] [40] [70] [110] [220] [260] [310]

Butha Buthe
34

Mafeteng 15% 13%


30 [70] [70]
30% 29% 29%
26% 27%
[50] [90] [150]
[10] 20% [120]
Hlotse [20]
27

1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

174 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Ganta
Gbarnga

Monrovia Harbel

Buchanan

sotho Libéria

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
4 045 000 1 716 000 42 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
21 69 % 35 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
4 039 hab./km2 425 km2 0.4 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Monrovia [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 191
100% 100% 79% 66% 70% 73% 69% 69%
[20] [60] [150] [320] [530] [760] [1 010] [1 190]

6%
Buchanan Ganta 5%
[30] [40] 3% 13%
58 55 [30] 15%
27% 25% [190]
23% [250]
21% [130] [190] [240] 18% 16%
[40]
Gbarnga Harbel [260] [280]
55 41
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 175


Annexe H Statistiques

Tarâbulus
Misrata
Zlîtan Banghâzî

Sabha

béria Libye

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
5 467 000 4 411 000 81 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
46 44 % 63 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
1 428 hab./km2 3 089 km2 0.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Tarâbulus Banghâzî
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 949 594
37% 60% 44% 42% 40% 41% 44% 44%
[160] [390] [440] [720] [1 170] [1 640] [1 950] [1 950]

24%
29% 17% 15% 13% 13%
[110] 17%
Misrata [500] [490] [580] [590] [590]
11% [170]
288 13% 15%
[70] 19% 19%
39% 17% [380] [610]
[840] [840]
[180] [160]
29% 17% 19% 17%
Zlîtan Sabha [190] 22% [290] [540] [690] 12% 12%
115 [510] [510]
229 [220]
12% 12% 12% 12% 12%
[200] [340] [500] [520] [520]

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

176 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Mzuzu

Mogadisho
Lilongwe

Zomba
Mpama/Likoswe
Blantyre

Libye Malawi

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
16 310 000 4 836 000 30 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
77 45 % 22 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 949 hab./km2 1 224 km2 1.3 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Blantyre
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 058
100% 76% 68% 83% 42% 69% 44% 45%
[20] [80] [140] [380] [370] [990] [1 650] [2 180]

32% 10% 13%


[370] [620]
[280]
28%
[1 070] 27%
Mpama/ [1 310]
Zomba 11%
Lilongwe Likoswe UA 17%
284 104 12% [160]
1 125 24% [40] [100]
[20] 19% 18%
15% 17% 15% 15%
[270] [680]
Mzuzu [30] [80] [130] [720]
236
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 177


Annexe H Statistiques

Kayes
Ségou

Bamako Koutiala
Sikasso

alawi Mali

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
17 819 000 5 697 000 32 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
94 49 % 39 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 068 hab./km2 1 124 km2 0.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bamako [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 782
54% 59% 47% 52% 52% 51% 49% 49%
[80] [130] [200] [490] [750] [1 230] [2 200] [2 780]

Part de la population urbaine (%)


[Population urbaine] (en milliers)

24% 11% 16% 17%


46% [100] 30% 32% [270] [720] [980]
[70] 41% [290] [460]
23%
[90] 15% 14%
[570]
29% [660] [790]
Sikasso Ségou Koutiala [130]
279 215 198 20% 20%
17% 16% 15% [900] [1 150]
[170] [220] [370]
Kayes
177 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

178 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Tanger

Rabat Fes
Casablanca

Marrakech

tanie Maroc

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
34 165 000 19 876 000 60 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
167 20 % 29 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
7 065 hab./km2 2 875 km2 0.6 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Rabat [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 925
31% 41% 31% 28% 35% 31% 20% 21%
[680] [1 270] [1 430] [1 990] [3 530] [4 140] [3 320] [4 180]

17% 26%
27% [2 780] [5 120]
38% 24% 32%
Fes [840] [1 880] 27%
[1 120] [4 320] 26%
1 175 32% [2 680]
[1 010] [4 260]
17%
21% 19% [3 350]
[980] [1 320] 9%
Tanger 12% 13% 12%
[1 210] [1 190] [2 110]
1 008 17% [2 330]
[380] 11% 19%
[350] 12% 16% 18% 18% 18%
Casablanca [540] [1 120] [1 830] [2 550]
[2 930] [3 490]
4 183 14% 16%
Marrakech [490] 12% 10% 8% 9%
[310] [700] 7% 7%
1 007 [570] [840] [1 140] [1 230] [1 400]
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 179


Annexe H Statistiques

Nouadhibou

Nouakchott
Kiffa

Kaedi Mbera
(Camp de refugies)

Mauritanie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
4 034 000 1 713 000 42 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
23 69 % 107 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
4 408 hab./km2 389 km2 0 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Nouakchott [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 061
50% 60% 59% 67% 64% 62%
[40] [180] [420] [560] [850] [1 060]

50% 13%
Mbera 8% 8%
Nouadhibou [40] [90]
(Camp de 40% [110] [130]
130 refugies) [120] 16%
[140] 12% 16%
50 29% [160] [270]
[200]
Kaedi 17% 16% 15%
49 [140] [220] [260]
Kiffa
57 1970 1980 1990 2000 2010 2015

180 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Cidade de Nampula

Cidade de Quelimane
Cidade de Chimoio
Cidade da Beira

Cidade de Maputo

Maroc Mozambique

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
26 961 000 8 927 000 34 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
167 30 % 29 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 133 hab./km2 2 850 km2 0.4 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Cidade de Maputo
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 607
100% 70% 75% 44% 44% 31% 29% 29%
[140] [180] [440] [720] [1 060] [1 490] [2 060] [2 610]

11%
16% 18%
[790]
[750] [1 570]
13% 17%
22% 10%
[310] 18% [1 180] [910]
[360]
[870]
23% 20% 21%
Cidade da Beira Cidade de [560] 20% [1 410] [1 850]
30%
509 Chimoio 22% [480] [930]
329 [60] 15% 18% 23%
[90] 22%
[430] [1 640] [1 990]
10% 15%
Cidade de Nampula Cidade de 8% 4% 2% [720]
Quelimane [20] [60] [60] [40]
423
304 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 181


Annexe H Statistiques

Oshakati
Rundu

Swakopmund
Windhoek
Walvis Bay

bique Namibie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
2 210 000 891 000 40 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
17 40 % 134 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
2 804 hab./km2 318 km2 0 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Windhoek Rundu [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
357 71
100% 75% 58% 54% 44% 44% 42% 40%
[20] [40] [60] [90] [140] [220] [310] [360]

Walvis Bay
69

26% 42%
56% 15%
[200] [380]
[180] [80]
46%
Oshakati 42% 41%
[80]
62 [40] [210]
32%
25% [240]
[10] 18%
Swakopmund [160]
50
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

182 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Agadez

Tahoua
Zinder
Niamey
Maradi

mibie Niger

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
18 851 000 3 270 000 17 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
68 33 % 38 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 946 hab./km2 550 km2 0 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Maradi [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
361
100% 40% 47% 50% 40% 39% 37% 33%
[20] [30] [100] [260] [430] [660] [910] [1 070]

11%
27% [360]
Zinder 60% 22% 18%
[660] 16%
260 [50] 18% [240] [310]
31% [510]
[40]
Niamey [160] 17%
13% 16%
1 071 16% [290]
36% [310] [520]
[170]
[80]
25% 24% 25%
Tahoua Agadez 22%
18% [430] [600] [800]
134 120 [240]
[100]

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 183


Annexe H Statistiques

Kano

Ibadan

Lagos
Onitsha

Uyo

Niger Nigéria

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
186 940 000 98 951 000 53 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
1 236 21 % 14 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 023 hab./km2 19 698 km2 2.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Lagos [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
11 848
13% 18% 13% 21% 16% 16% 28% 28%
[440] [1 350] [1 490] [3 810] [4 860] [7 240] [20 340] [27 360]
10%
22% [1 160] 10% 12%
[770] 24% 14% [2 940] [5 520]
[1 880] 28% [2 630] 14% 13%
19%
[3 210] 21%
[5 770] [10 240] [13 260]
36% 21% [9 330]
Onitsha
[1 230] 33% [3 840] 17% 17%
8 531 17%
[2 570] 15% [12 740] [16 460]
21% [4 970]
17% [6 940] 10% 13%
[2 440] [12 420]
[3 200] 19% [7 640]
17%
[5 650] 16% 16%
Kano Uyo 29% 27% [7 750]
27%
2 271 [1 010] 24% [11 750] [15 470]
3 889 [3 080] [5 080] 19%
[1 870] 18%
[5 800] 15% 14%
[8 300]
[10 960] [13 980]
Ibadan
3 088 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

184 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Arua

Mbale
Fort Portal
Busia
Kampala

Ouganda

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
35 551 000 14 041 000 39 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
125 27 % 21 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 015 hab./km2 4 658 km2 2.3 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Mbale
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 229
75% 70% 70% 68% 52% 48% 44% 27%
[30] [130] [340] [460] [860] [1 470] [2 420] [3 790]

16%
[2 230]
5%
[250] 8%
[1 140]
31% 35%
25% 26%
[970] [1 910]
7% [410] [3 590]
[50]
Kampala 10%
Busia [UGA] Fort Portal 17% [50]
3 791 432 371
25% [30] 25%
[10] 22% 18%
20% [170] 21% [2 470]
[370] [650]
[100] 16%
13% [880] 6%
[30] [830]
Arua
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
333

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 185


Annexe H Statistiques

Kindamba

Dolisie
Nkayi Brazzaville
Pointe Noire

géria République du Congo

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
4 688 000 3 108 000 66 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
27 78 % 65 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 489 hab./km2 566 km2 0.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Brazzaville [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000

1 588
79% 93% 89% 56% 81% 54% 52% 51%
[80] [160] [330] [450] [1 070] [1 020] [1 450] [1 590]

27% 27%
28%
28% [850]
[540] [760]
[220]
Dolisie Nkayi
Pointe Noire 97 83 8% 9% 10%
845 9% 9%
21% [100] [170] [320]
11% [70] [260]
[20] 7% [40] 7% 11% 11% 11%
[10] [60] 9%
[150] [180] [320] [350]
Kindamba
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
70

186 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Bambari

Carnot
Bangui
Berbérati Bangui 7ème Arr.

République
centrafricaine
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
4 972 000 1 833 000 37 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
31 52 % 82 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
7 483 hab./km2 245 km2 0.04 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Bangui [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
946
100% 60% 53% 51% 49% 50% 51% 52%
[40] [80] [200] [340] [450] [630] [840] [950]

24% 27%
47% 15% 27% 28%
[220] [330]
[180] [100] [440] [520]
40%
[60] 33%
Berbérati Bangui 7ème Arr. [220] 27%
63 24% 22%
95 [240] 20%
[300] [360] [370]
Carnot
60 Bambari
52 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 187


Annexe H Statistiques

Butembo

Bukavu
Kinshasa

Mbuji−Mayi

Lubumbashi

voire République
démocratique du Congo
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
71 246 000 31 968 000 45 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
553 30 % 29 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
7 398 hab./km2 4 321 km2 0.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kinshasa
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
7 270
45% 26% 27% 30% 34% 32% 27% 23%
[260] [450] [1 250] [2 100] [3 630] [4 430] [5 750] [7 270]
6%
7%
[2 080]
25% 32% [1 470]
17% 18%
[430] [1 500] 19% 17%
22% [5 680]
[1 170] [2 640]
[2 340] [3 720]
32% 13%
16%
[180] 25% 26% 15%
[1 090] [4 190]
[440] 13% [3 550] [3 250]
19% 20%
Lubumbashi Bukavu 19% [1 420]
[900] 15% [6 350]
2 077 754 [1 280] 17% [3 270]
12%
23% 23% 22% [1 800]
[1 710] 19% 20%
[130] [400] 18%
[1 010] 11% [6 410]
Butembo [1 230] 13% [4 220]
[1 380] [1 530]
691
Mbuji−Mayi
901 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

188 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Mbabane
Manzini Mafutseni

Mahamba
Nhlangano

Verde Royaume d’Eswatini

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
1 079 000 301 000 28 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
5 82 % 18 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
797 hab./km2 377 km2 2.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Manzini Mbabane [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
136 110
100% 55% 100% 42% 81% 82%
[40] [30] [100] [100] [230] [250]

37%
[90]
45%
[30]

Mafutseni Nhlangano
24 20 21%
19% 18%
[50]
[50] [50]

Mahamba
1970 1980 1990 2000 2010 2015
10

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 189


Annexe H Statistiques

Gisenyi/Kisoro
Kabarore

Kigali

Ruhango

Butare

Rwanda

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
11 346 000 6 335 000 56 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
41 35 % 13 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 021 hab./km2 2 097 km2 8.5 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kigali Gisenyi/Kisoro[RWA]
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 202 1 070
100% 100% 83% 86% 48% 39% 52%
[10] [60] [130] [220] [790] [2 050] [3 270]

7% 21%
[120] [1 110]
9%
Ruhango [600]
600 45%
[750] 14% 18%
[740] [1 130]

20%
[1 050] 17%
17% [1 050]
Butare [30] 14% 6%
[40] 5%
218 [300] [290]
Kabarore
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
215

190 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Neves Sao Tome


Santana

watini Sao Tomé-et-Principe

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
199 000 160 000 80 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
3 84 % 12 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 710 hab./km2 43 km2 4.5 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Sao Tome Neves
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
135 13
100% 100% 100% 100% 80% 84%
[20] [40] [50] [60] [90] [130]

Santana
12

20%
16%
[20]
[30]

1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 191


Annexe H Statistiques

Thiès Touba
Dakar

Mbour
Kaolack

Sénégal

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
14 143 000 7 157 000 51 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
74 55 % 25 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
7 465 hab./km2 959 km2 0.5 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Dakar Touba [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
3 068 873
57% 57% 57% 53% 52% 49% 44% 43%
[230] [320] [560] [970] [1 590] [1 960] [2 610] [3 070]

12%
[680] 22%
8%
[330] [1 550]
Thiès 14% 25%
32% 29% 34% [250] 20% 21%
359 [740]
[130] [160] [330] [810] [1 240] 15%
23%
[1 060]
Mbour [410] 12% 10% 12% 9%
[360] [400] [680]
317 [620]
12% 14% 9% 11% 11% 12% 11% 12%
[50] [80] [90] [190] [330] [480] [670] [870]
Kaolack
260 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

192 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Makeni

Koidu
Freetown

Bo
Kenema

Sierra Leone

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
7 092 000 2 592 000 37 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
25 56 % 31 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 780 hab./km2 448 km2 0.6 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Freetown Kenema [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 457 200
81% 71% 62% 59% 59% 57% 57% 56%
[70] [110] [210] [370] [540] [740] [1 060] [1 460]

Bo
186

17% 29% 26%


Makeni 33% 31%
21% [230] [530] [680]
154 [210] [280]
[70]
29%
15% 8%
[50] 2%
[40] [210]
19% 17% [190]
Koidu [20] 11% 12% 10%
[60] 8% 10% [220]
138 [50] [90] [140] [250]

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 193


Annexe H Statistiques

Hargeisa Burao

Galcaayo

Baledweyne

Mogadisho

Somalie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
12 675 000 4 554 000 36 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
49 53 % 65 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
8 795 hab./km2 518 km2 0.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Mogadisho [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 712 Hargeisa
91% 38% 50% 55% 51% 47% 41% 38%
706
[140] [100] [230] [460] [670] [970] [1 420] [1 710]

14% 16%
[40] 15% [710]
19% [520]
11% 12% [400]
48% [50] 22%
Burao Galcaayo [130] 25% [160] 17%
[210] [990]
235 183 39% 19% [580]
[180] [250] 19%
[400]
15% 16%
21% [500] [730]
[170] 18%
9% [240] 14% 9%
[300] 12%
[10] [410] [420]
Baledweyne
177 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

194 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Port Sudan

Khartoum Kassala

al−Ubayd

Nyala

Soudan

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
38 435 000 16 335 000 43 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
301 33 % 25 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
4 917 hab./km2 3 322 km2 0.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Khartoum [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
5 265
43% 39% 39% 40% 40% 39% 35% 32%
[230] [340] [660] [1 180] [2 170] [3 450] [4 660] [5 260]

6% 8% 15%
14%
[110] [680] [2 400]
35% 22% 28% [1 880]
32% 13%
[300] 31% [670] [1 500] 17% 14%
[170] [2 040]
[520] [1 500] [1 840]
19%
17% 18% 18%
17% [3 190]
[510] [1 590] [2 350]
25% 26% 24% [940]
Nyala Port Sudan [140] [220] 21% 21%
Kassala
[410] 19% 19%
565 424
357 [630] 15% [3 450]
[1 650] [2 490]
[810]
al−Ubayd
361 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 195


Annexe H Statistiques

Malakal

Wau

Rumbek

Yambio Juba

Soudan du Sud

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
12 408 000 3 362 000 27 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
90 11 % 32 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
2 936 hab./km2 1 145 km2 0.2 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Rumbek [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
240
100% 100% 52% 53% 22% 20% 13% 11%
[20] [40] [80] [170] [110] [170] [300] [380]

23% 26%
[550] [870]
65%
51%
[540]
Wau [250]
193 28% 33%
[660] [1 090]
48% 47%
[80] [150]
Yambio 36%
169 [840] 30%
27%
[1 020]
[130]
15%
Malakal
[130]
Juba 137
382 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

196 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Mwanza
Arusha

Zanzibar

Dar es Salaam

Mbeya

Tanzanie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
48 786 000 18 567 000 38 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
249 29 % 24 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 357 hab./km2 5 531 km2 0.6 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Dar es Salaam [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
5 326
64% 38% 40% 38% 32% 24% 27% 29%
[130] [160] [350] [790] [1 230] [2 210] [3 940] [5 330]

16%
23% 22%
22% [1 510]
11% [3 420] [4 120]
25% [850]
36% [230] 15%
[100] [320] [1 440]
30% 12%
15%
[640] 22% 19% [1 750]
[2 750]
38% [840] [1 750] 21%
36% 19%
Arusha Zanzibar [160] [3 070]
[70] [3 580]
733 26%
834 24% 23%
21% [2 480]
[210] [870] 18%
[450] 15%
[2 670]
Mwanza Mbeya [2 790]
742z 530 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 197


Annexe H Statistiques

Abeche

Ndjamena
Am Timan

Sarh
Moundou

lique Tchad
caine
Population Population Niveau
totale urbaine d’urbanisation
Population
13 670 000 3 899 000 29 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
93 31 % 46 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
5 026 hab./km2 776 km2 0.1 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Ndjamena/Kousséri [TCD]
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 210
100% 48% 47% 49% 47% 45% 34% 31%
[60] [70] [150] [280] [460] [690] [1 010] [1 210]

10%
12%
[390]
[350]
7% 31%
52% 23% 21% [120] 24% [1 200]
26%
[70] [210] 17% [700]
[70] [150]
[260]

30% 31% 31% 30% 28%


Moundou 26% [300] [480] [870]
Abeche [90] [1 100]
159 [150]
124

Sarh
Am Timan
109 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
83

198 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Kara

Sokode

Kpalime

Lomé/Aflao Tsevie

mbie Togo

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
6 835 000 3 402 000 50 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
53 51 % 18 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 513 hab./km2 968 km2 1.8 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Lomé/Aflao [TGO] [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
1 733
81% 77% 48% 56% 55% 53% 55% 51%
[40] [130] [190] [370] [470] [670] [1 400] [1 730]

8%
[30]
7% 4%
44% [50] [110] 15%
19% 24% [520]
[180] [300]
[170] 19%
37% [490]
[250] 15%
[520]
Tsevie Kara Kpalime 26%
103 23% [230] 23% 21%
161 143 19% [40] [290] 18%
[540]
[10] [620]
Sokode
116 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 199


Annexe H Statistiques

Tunis
Nabeul
Sousse
Moknine
Sfax

Tunisie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
11 119 000 7 010 000 63 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
89 35 % 20 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
2 609 hab./km2 2 687 km2 1.7 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Sousse [Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
568
53% 47% 42% 47% 34% 33% 31% 35%
[410] [490] [620] [1 110] [1 210] [1 580] [1 890] [2 440]

10% 9%
[380] [440]
16%
Sfax 9% 7% 16%
[140] [980]
521 [270] 23% [1 090]
27% 27% [1 110] 20%
26% 26% 17%
26% [270] [640] [1 190]
[380] [920] [1 190]
Tunis [200]
2 443 19%
17% 19%
[930]
26% 25% [1 010] [1 350]
Nabeul 21% [270] 22% [590] 23%
[160] [330] [810]
220 16% 16%
[760] [940] 13%
[940]
Moknine
191 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

200 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Statistiques Annexe H

Chingola

Kitwe Ndola

Kabwe
Lusaka

Zambie

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
15 474 000 6 878 000 44 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
80 52 % 56 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 180 hab./km2 2 163 km2 0.3 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Kitwe
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
601
77% 36% 63% 26% 44% 34% 37% 35%
[240] [220] [710] [540] [1 100] [1 180] [1 930] [2 430]

52%
[1 060] 21%
Ndola 59% 18% 16%
516 [360] [740] [1 120]
33% [950]
[830] 21%
Lusaka 16% 19%
[1 420]
2 427 31% [560] [1 020]
[350] 13% 15% 18% 15%
[280] [370] 15%
Kabwe 23% [640] [1 030]
227 [70] 9% [780]
7% 7% 11% 13%
5% [180] 10% [890]
[80] [180] [330] [560]
Chingola [30]
215 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 201


Annexe H Statistiques

Part de la population urbaine (%)


[Population urbaine] (en milliers)

Harare
Kadoma
Kwekwe
Mutare

Bulawayo

mbie Zimbabwe

Population Population Niveau


totale urbaine d’urbanisation
Population
13 943 000 4 801 000 34 %

Nombre Population Distance moyenne entre


d’agglomérations métropolitaine les agglomérations
Agglomérations
53 61 % 34 km

Densité urbaine Superficie Superficie urbaine /


moyenne urbaine superficie totale
Densité
3 251 hab./km2 1 477 km2 0.4 %

> 3 millions
1-3 millions
Les principales agglomérations Distribution de la population 300 000-1 million
100 000-300 000
Part de la population urbaine (%) 30 000-100 000
Harare Bulawayo
[Population urbaine] (en milliers) 10 000-30 000
2 273 664
75% 43% 45% 72% 46% 48% 44% 47%
[300] [380] [380] [970] [1 040] [1 480] [1 640] [2 270]

15%
22% 19% [570] 14%
32% [490] [580] [660]
29%
[280] [250] 5% 8%
[180] [360]
5% 5%
16% [110] [160] 24%
8% 5% 9%
Mutare [210] [890] 22%
[30] [50] [70] 20%
154 18% [1 050]
[400] [600]
20%
17% [170] 17%
Kwekwe [70] [150] 13% 9% 8% 12% 10%
107 [170] [190] [260] [450] [460]
Kadoma
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2015
100

202 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Glossaire

Glossaire

Absorption Endorégulé
Disparition d’une unité locale ou d’une agglomération Désigne une trajectoire dans l’espace qui est maîtrisée
par apport de son extension bâtie et de sa population à par ses propres acteurs. Par exemple, un processus
une autre unité locale ou agglomération. d’urbanisation résultant de trajectoires endorégulées
sera qualifié de rassemblement.
Accessibilité
Possibilité qu’a un habitant de se déplacer vers une Étalement urbain
agglomération. Extension spatiale d’un espace bâti d’une aggloméra-
tion urbaine au détriment d’espaces non bâtis.
Agglomération
Milieu géographique défini par la continuité des Exorégulé
constructions et/ou la densité démographique. Dans Désigne une trajectoire dans l’espace qui est influen-
certaines définitions, ces deux critères peuvent être cée par des acteurs ou phénomènes extérieurs (par
associés ou non. exemple, un camp de réfugiés).
Dans Africapolis, sont considérés comme agglo-
mération tous les ensembles urbanisés d’au moins Fonctionnel (approche fonctionnelle)
10 000 habitants sans rupture de l’espace bâti de plus Cette approche est fondée sur la fonction d’une ag-
de 200 mètres, sans autre critère. glomération. Cette fonction est définie par la présence
de sièges de décision politique (chef-lieu de division
Attracteur administrative). La notion est étendue à des fonctions
On distingue trois grands types géométriques de struc- commerciales (de marché), d’emploi (industriels, com-
tures locales de peuplement : le peuplement groupé, le merciaux, administratifs). L’approche fonctionnelle est
peuplement linéaire et le peuplement épars. Au niveau basée sur les mouvements centre-périphérie de per-
local, ces structures ont un impact fondamental sur l’ur- sonnes (généralement migrations domicile-travail), de
banisation. Ces trois formes élémentaires de la géomé- biens matériels et immatériels, ou parfois sur la densité
trie – point, ligne, surface – permettent de formaliser les des réseaux.
tendances qui guident localement la croissance spatiale
d’une agglomération (taille, densité, forme et hiérarchie Fusion
des agglomérations). Regroupement d’agglomérations urbaines entre elles.

Bicéphale Interpolation / rétropolation


« Qui a deux têtes ». Caractère d’un système urbain Une interpolation est une opération mathématique per-
national dominé par deux grandes agglomérations. mettant de construire une courbe à partir des données
d’un nombre fini de points, ou une fonction à partir de
Conurbation la donnée d’un nombre fini de valeurs. La rétropolation
Agglomération possédant plusieurs centres fonction- consiste à prolonger la courbe dans le passé ; la pro-
nels. jection, vers le futur.

Densité démographique Localité


Nombre d’habitants par km². Une localité représente un espace géographique déter-
miné.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 203


Glossaire

Macrocéphale Peuplement épars


« Pourvu d’une tête de taille disproportionnée par Forme de peuplement se caractérisant par la maximisa-
rapport au reste du corps ». Caractère d’un système tion de la distance entre voisins.
urbain national dont la population d’une grande ville
ou de quelques grandes villes écrase celle des autres Peuplement groupé
agglomérations. Forme de peuplement se caractérisant par la minimisa-
tion de la distance entre voisins.
Mégalopole
Très grande région urbaine comportant un grand Peuplement linéaire
nombre d’agglomérations proches les unes des autres. Forme de peuplement se caractérisant par la disposi-
tion de la population suivant des lignes (littoral, routes,
Mégapole crêtes, etc.).
« Très grande » ville ou agglomération comptant en
général plus de 10 millions d’habitants. Polycéphale
« Qui a plusieurs têtes ». Caractère d’un système urbain
Métadonnée national dominé par plusieurs grandes agglomérations.
Information sur une donnée.
Pression démographique
Métropole, agglomération métropolitaine Pression exercée par un fort accroissement de la
Agglomération dont la population est nettement élevée population sur un territoire donné. À croissance dé-
par rapport au système urbain national auquel elle ap- mographique égale, plus un territoire est exigu, plus la
partient, la distinguant des villes secondaires. La grande pression par unité de surface est forte.
majorité des États ne compte qu’une agglomération
métropolitaine, mais certains pays en comptent deux.. Primatie (indice de)
Indicateur calculé en divisant la population de la plus
Mitage grande agglomération par celle de la deuxième pour
Paysage rural parsemé de constructions. mesurer l’importance de la première ville d’un pays par
rapport aux autres, au sein d’un même système urbain
Monocéphale (un pays, en général). Par extension, on peut calculer
« Qui a une seule tête ». Caractère d’un système urbain les rapports entre les agglomérations suivantes. Ces
national dominé par une seule grande agglomération. rapports sont appelés Prim2, Prim3, etc.

Naturalité Région métropolisée (ou aire métropolitaine)


Caractère de ce qui relève de la nature, par opposition Aire qui inclut un ensemble de localités urbaines ou
à l’humain. rurales fortement connectées au cœur de l’aggloméra-
tion morphologique. Le territoire concerné est défini par
Orographie l’intensité des flux polarisés par le centre d’une grande
Étude des reliefs montagneux. ville.

Périmètre planifié Rural


Limites d’un territoire selon un schéma d’organisation Catégorie d’espace ou de population vivant hors des
prévu par un acteur public (municipalité, État). agglomérations urbaines. « Rural » ne doit pas être
confondu avec « agricole ».

204 DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020


Glossaire

Scalaire
Qui relève d’une échelle spatiale.

Spatialisation
Localisation dans l’espace.

Strate de peuplement
À l’échelle d’un territoire, ensemble des établissements
humains relevant d’une même échelle : strate « mé-
tropolitaine » (centre politique ou économique), strate
« urbaine », strate « rurale », etc.

Système de peuplement
Ensemble des établissements humains d’un territoire.

Toponyme
Nom d’un lieu.

Unité locale (UL)


Dans Africapolis, la plus petite des divisions territoriales
administratives d’un État.

Urbain
Ce qui relève de l’« urbis », c’est-à-dire de l’intérieur
des remparts. Désigne la partie dense agglomérée
d’une ville ou d’un village.

Urbanité
Caractère perçu ou attendu de ce qui est urbain.

Ville
Dans Africapolis, unité territoriale disposant d’un statut
politique ou administratif utilisé légalement par la statis-
tique nationale pour définir la population « urbaine » du
pays. Il ne faut pas confondre cette notion avec celle
d’agglomération, qui est purement morphologique.

DYNAMIQUES DE L’URBANISATION AFRICAINE 2020 © OCDE 2020 205


Cahiers de l’Afrique de l’Ouest
Dynamiques de l’urbanisation africaine 2020
AFRICAPOLIS, UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE URBAINE
D’ici 2050, l’Afrique devrait connaître le taux de croissance urbaine le plus rapide du monde. À cet horizon,
les villes africaines devraient abriter 950 millions d’habitants supplémentaires. Cette croissance s’opère
en grande partie dans les petites et moyennes agglomérations. La transition urbaine africaine est porteuse
de grandes opportunités ; elle pose également d’importants défis. Les agglomérations urbaines africaines se
développent le plus souvent sans bénéficier de politiques ou d’investissements à la hauteur de ces enjeux.
L’aménagement et la gestion urbains sont par conséquent des enjeux de développement prioritaires.
Comprendre l’urbanisation, ses moteurs, ses dynamiques et ses impacts est essentiel pour concevoir
des politiques — locales, nationales et continentales — ciblées, inclusives et tournées vers l’avenir. Ce rapport,
basé sur la base de données géospatiale Africapolis (www.africapolis.org) couvrant 7 600 agglomérations
urbaines de 50 pays africains, analyse les dynamiques urbaines sous des angles historiques, politiques
et environnementaux. Il couvre l’ensemble des strates du réseau urbain — des villes petites et intermédiaires
aux métropoles. Il propose ainsi des options de politiques plus inclusives et ciblées qui intègrent les échelles
locale, nationale et régionale du développement urbain en phase avec les réalités africaines.

Veuillez consulter cet ouvrage en ligne : https://doi.org/10.1787/481c7f49-fr.


Cet ouvrage est publié sur OECD iLibrary, la bibliothèque en ligne de l’OCDE, qui regroupe tous les livres, périodiques
et bases de données statistiques de l’Organisation.
Rendez-vous sur le site www.oecd-ilibrary.org pour plus d’informations.

ISBN 978-92-64-34902-5

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